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Algérie Bouteflika forever

numéro double en vente deux semaines

No 2920-2921 • du 25 décembre 2016 au 7 janvier 2017

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LE PLUS

de Jeune Afrique

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année

2017 L’année de la RD Congo

jeuneafrique.com

Croissance Qu’avons-nous fait de nos quinze glorieuses ? Une autre

Côte d’Ivoire JEUNE AFRIQUE

24 pages

N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

La nouvelle Afrique Sciences, culture, affaires, sports, tendances, high-tech… Loin des clichés et des idées reçues, portrait d’un continent décomplexé, énergique, créatif, optimiste et… mondialisé. Spécial 14 pages ÉDITION INTERNATIONALE France 6 € • Algérie 360 DA • Allemagne 8 € • Autriche 8 € • Belgique 6 € • Canada 11,90 $ CAN • DOM 8 € • Espagne 7,20 € • Éthiopie 95 birrs • Grèce 8 € Italie 7,20 € • Luxembourg 8 € • Maroc 40 DH • Mauritanie 2 000 MRO • Norvège 75 NK • Pays-Bas 7,20 € • Portugal cont. 7,20 € • RD Congo 11 $ US • Royaume-Uni 6 £ • Suisse 11,80 FS • Tunisie 6 DT • USA 13 $ US • Zone CFA 3 2 00 F CFA • ISSN 1950-1285



LE PLUS

de Jeune Afrique

PANORAMA Les rendez-vous de 2017

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OPINION Franck Hermann Ekra, analyste politique ÉCONOMIE De bonnes notes et quelques avertissements CINÉMA Bien(re)venue dans les salles obscures

Côte d’Ivoire

JEUNE AFRIQUE

N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

© JOE PENNEY/REUTERS

Une autre



Le Plus de Jeune Afrique

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LE PLUS

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de Jeune Afrique

H aby Niakate

Une autre

Temps réel

D

imanche 18 décembre, fin de matinée, au lycée Sainte-Marie de Cocody, commune résidentielle d’Abidjan. Le président, Alassane Ouattara, et son épouse, Dominique, viennent accomplir leur devoir de citoyens. Le chef de l’État, d’humeur badine, feint de demander au scrutateur qui lui présente le bulletin de vote de ne pas influencer son choix. Tout le monde rit. Devant l’isoloir en carton bringuebalant qui menace de s’écrouler, il plaisante encore: « C’est cela, l’isoloir ? » Puis, en lui passant le relais, toujours sur le même ton, il met en garde la première dame sur la fragilité du dispositif. La scène peut paraître anodine, mais, dans un pays aussi politisé et aussi croyant que la Côte d’Ivoire, certains observateurs présents y ont inévitablement vu un mauvais présage, et les adeptes de la polémique, tout un symbole. « Cette journée de vote est mal partie… », commentent immédiatement les uns. « C’est un peu à l’image de l’état actuel du pays, en apparence merveilleux, en réalité assez précaire », tranchent les autres.

Pour les premiers, les superstitieux, le soulagement est venu rapidement, au fur et à mesure de la publication des résultats de ce scrutin législatif, durant les deux jours suivants. En effet, pour le camp présidentiel, le Rassemblement des républicains (RDR), et la coalition qu’il forme avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), de l’ex-président Henri Konan Bédié, la victoire est nette: ils remportent 167 sièges sur 254. Une performance moindre, cependant, que cellede2011,oùlePDCIetleRDRavaientàeux seuls remporté 204 sièges. Même si ce scrutin, le premier de la IIIe République, n’a pas passionné les citoyens (un taux de participation de 34 %), il restera peut-être dans les annales pour avoir été celui d’un tournant, avec l’élection de 75 députés dits indépendants. Autrement dit, des députés, jeunes pour la plupart, qui, n’ayant pas été investis par la direction de leurs partis respectifs – en particulier le RDR et le PDCI –, ont décidé de concourir seuls – même si certains ont quand même été financés en sous-main par des barons desdits partis – et se sont imposés. Preuve des dissensions JEUNE AFRIQUE

Côte d’Ivoire JEUNE AFRIQUE

internes et des rivalités qui s’accentuent dans chacune des deux grandes familles politiques de la majorité. Que feront ces députés indépendants de leur mandat ? Pour certains, l’objectif est de créer un groupe parlementaire, indépendant, pour peser dans la vie politique du pays. Pourraient-ils ravir la place de deuxième force politique au principal parti d’opposition, le Front populaire ivoirien, de l’ex-président Gbagbo, qui s’enlise dans sa propre crise entre l’aile de ceux qui ont purement et simplement boycotté le scrutin et celle, conduite par Pascal Affi N’Guessan, qui s’est effondrée dans les urnes en ne remportant que 3 sièges ? Rien n’est moins sûr. Certains parmi ces nouveaux députés indépendants ont déjà annoncé, en coulisses, qu’ils rejoindront tranquillement les rangs de leurs partis respectifs. Sur une scène politique dominée depuis deux décennies par trois grands partis – PDCI, RDR, FPI –, difficile de faire bouger les lignes. Mais revenons à l’isoloir de guingois et à ces analystes pour lesquels la Côte d’Ivoire ne se développerait qu’en façade, dans les médias, à travers les campagnes de communication destinées aux étrangers et dans les quartiers chics de la capitale économique. La critique est en fait récurrente. Et ce ne sont pas ces diplomates étrangers venus observer les législatives du 18 décembre à Abidjan, restés bouche bée devant l’état de nombreuses écoles (où se déroulait le vote) des communes populaires d’Abobo ou de Yopougon, qui diront le contraire. Pourtant, à l’inverse, force est de constater que le pays avance dans de nombreux secteurs: infrastructures, transports, agriculture, santé, sécurité, etc. Les mues sont nombreuses, belles. Elles sont aussi, souvent, longues, tortueuses, fractionnées… Elles font cette Côte d’Ivoire d’aujourd’hui, cette Côte d’Ivoire réelle, celle que Jeune Afrique a voulu présenter dans des domaines aussi variés que la politique, les médias, les transports, la finance, les mines, le tourisme ou l’agriculture. Rien n’y est totalement blanc ou noir. Une Côte d’Ivoire ni en dentelle ni en carton. N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

PANORAMA Les rendez-vous de 2017 p. 84 OPINION « Le deuil d’avenir, un syndrome ivoirien ? » par Franck Hermann Ekra, analyste politique p. 91 ÉCONOMIE De bonnes notes et quelques avertissements p. 98 AGROALIMENTAIRE Le commerce équitable colle-t-il avec le cacao ? p. 102 INDUSTRIES EXTRACTIVES Des perspectives en or côté mines p. 106 BANQUE Abidjan gagne au change p. 110 TRIBUNE « Une stratégie pour de nouveaux champions », par Alain Kouadio, viceprésident de la CGECI p. 112 INNOVATION Quipux, entre saut technologique et polémique

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AUDIOVISUEL

Bien(re)venue dans les salles obscures

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LOISIRS ET TOURISME Jacqueville en habits neufs p. 120


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Le Plus de Jeune Afrique

ANNÉE 2017

Défis en série La Constitution de la IIIe République adoptée, le président Ouattara va pouvoir mettre en place les nouvelles institutions et lancer les grands chantiers sociaux promis.

L

année2016quis’achèvelaisseplace à une nouvelle Côte d’Ivoire, celle de la IIIe République voulue par le président Alassane Dramane Ouattara (ADO). Les législatives du 18 décembre désormais passées, le chef de l’État, dont les pouvoirs ont été renforcés, peut s’atteler à la mise en place des nouvelles institutions : nomination du vice-président – qui devrait entraîner un large remaniement ministériel –, création de la Haute Cour de justice, adoption d’une loi organique précisant les contours du futur Sénat, notamment le nombre de ses membres et la désignation de son président – poste pour lequel le ministre de la Justice, Jeannot Ahoussou Kouadio, membre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), semble tenir la corde… Selon la nouvelle Constitution, la chambre haute abrite les représentants des collectivités territoriales. Un tiers des sénateurs seront nommés par N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

VINCENT DUHEM, envoyé spécial

le président de la République et les autres seront élus par les conseillers municipaux et régionaux. Elle devrait pouvoir siéger au plus tard en avril. Au-delà de cette nouvelle République et de ces changements institutionnels, l’année 2017 verra advenir un bouleversement politique. Depuis vingt ans, la scène ivoirienne est profondément marquée du sceau de trois partis, le Front populaire ivoirien (FPI), de Laurent Gbagbo, le PDCI, de feu Félix Houphouët-Boigny et de l’ancien président Henri Konan Bédié (HKB), et le Rassemblement des républicains (RDR, issu d’une scission avec le PDCI en 1994), du président en exercice, ADO. Or ce triptyque va prendre fin avec l’union du PDCI et du RDR, qui pourrait être scellée dans le courant du premier trimestre de l’année. « La création du parti unifié était initialement prévue pour 2016 – ses textes fondateurs sont d’ailleurs prêts depuis septembre –, mais on a finalement préféré participer d’abord aux élections sous la JEUNE AFRIQUE


ISSOUF SANOGO/AFP

bannière commune du RHDP [Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix] », confie un conseiller du chef de l’État. FRUSTRATIONS. Le scrutin législatif a donc consti-

tué un test grandeur nature. La cohabitation entre les cadres des deux grands partis ivoiriens n’a pas été simple, mais, pour les stratèges du RDR, le plus dur est fait: un groupe RHDP siégera désormais au Parlement. Le chantier n’en demeure pas moins ouvert. Si Alassane Ouattara va sans doute en tenir les rênes, quel nom et quelle forme prendra ce nouveau parti ? Sera-t-il un « groupement politique », comme l’a appelé Henri Konan Bédié le 10 décembre lors de l’ouverture de la campagne des législatives à Daoukro ? ou une confédération de partis ? Et comment la base du PDCI, qui traverse une grave crise interne, va-t-elle réagir ? Le score décevant du camp Bédié, le 18 décembre, est un sérieux avertissement. JEUNE AFRIQUE

Le chef de l’État vient de signer la nouvelle loi fondamentale, le 8 novembre.

De fait, la campagne des législatives a vu se creuser les frustrations d’une frange du parti de HKB. Ce dernier n’a d’ailleurs pas hésité à suspendre une dizaine de membres du bureau politique. « L’appel de Daoukro s’est fait contre la volonté du 12e congrès extraordinaire. On ne peut pas faire comme si la volonté des chefs était celle des militants, estime un quadra du PDCI. Le RHDP est l’autre nom du RDR, résume-t-il. Or si le RDR peut avoir intérêt à changer d’identité, ce n’est pas le cas du PDCI. Avec cette fusion, que deviendra notre patrimoine ? » Conclusion : la création du parti unifié pourrait entraîner la naissance de nouvelles formations animées par les nombreux déçus. QUESTION SENSIBLE. Si le chef de l’État aura, avec Henri Konan Bédié, la haute main sur l’architecture de la IIIe République, il est attendu sur d’autres sujets. Après une année très politique qui aura permis de moderniser et de renouveler N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017


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Le Plus de JA Une autre Côte d’Ivoire les institutions, n’a-t-il pas à cœur de mettre en œuvre les grandes lignes du projet pour lequel les Ivoiriens l’ont réélu en avril 2015 ? ADO avait fait de « l’Ivoirien nouveau » son grand thème de campagne et avait promis d’axer ses efforts sur la transformation de l’économie, sur les jeunes et les femmes, sur la lutte contre la corruption et sur la réconciliation. La Constitution ayant été adoptée, il dispose désormais de tous les outils pour agir. « En 2016, l’agenda politique était tel qu’il n’a pas pu commencer à décliner son programme. Il va maintenant s’attaquer aux problèmes des Ivoiriens, à l’amélioration de leurs conditions de vie », soutient l’un de ses conseillers. De nouvelles actions visant à favoriser la transformation locale des matières premières, des mesures spécifiques en faveur des jeunes et des femmes seront notamment annoncées. Sur le plan de la réconciliation, des négociations ont lieu depuis plusieurs mois et pourraient mener à des concessions de la part du régime, comme la libération de cadres du FPI emprisonnés. Quid de la justice ? Alors que Laurent Gbagbo a été transféré à la Cour pénale internationale (CPI), que plusieurs de ses proches, dont son

30 octobre 2016

Adoption de la nouvelle Constitution par référendum avec 93,42 % de oui Taux de participation : seulement 42,42 %, notamment en raison de l’appel au boycott lancé par l’opposition

Les 5 fortes têtes de la IIIe République Le président Le vice-président

Nouveau pôle de l’exécutif, créé par la Constitution de 2016. Ses prérogatives seront définies par le chef de l’État, auquel il succédera en cas d’empêchement ou de décès, jusqu’à la fin du mandat en cours

Le président de l’Assemblée nationale

Ses pouvoirs sont renforcés

Le Premier ministre

Le président du Sénat

Fondée par la nouvelle Constitution, la chambre haute représente les collectivités territoriales et les Ivoiriens établis à l’étranger. Le nombre de sénateurs sera fixé par une loi organique : deux tiers seront élus au suffrage universel indirect, un tiers sera désigné par le président de la République, et ils éliront leur président lors de leur première séance

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épouse Simone, ont été condamnés en mars à des peines de prison très lourdes, certains s’étonnent de ce que « seulement » une quinzaine d’inculpations visent les chefs militaires du camp Ouattara ayant joué un rôle important dans la crise postélectorale et qu’aucun procès n’ait encore commencé. « La question est sensible pour le pouvoir. Il y a encore 40 000 démobilisés, qui considèrent avoir été injustement traités et sont facilement manipulables. C’est un foyer de problèmes. Comment vont-ils réagir si on commence à s’en prendre à leur chef ? » s’interroge un diplomate en poste à Abidjan. SENTIMENT D’INÉGALITÉ. Enfin et surtout, la question sociale devrait rythmer 2017 tant les attentes de la population sont grandes. Certes, les résultats économiques restent satisfaisants. À la mi-décembre, l’agence Fitch Ratings a maintenu la note de la Côte d’Ivoire à B+ avec une perspective stable, justifiant sa décision par les performances du pays depuis 2011, qui sont largement supérieures à celles de ses voisins (lire pp. 98-100). Fitch pointe cependant la faiblesse du développement humain. « La société revit, l’économie reprend. La légitimité d’un président, dont l’identité a fait l’objet de beaucoup de tensions, est reconnue. Mais il y a un sentiment répandu d’inégalité dans la répartition des revenus, l’idée qu’il y a une oligarchie qui n’a pas le souci des autres », estime l’Ivoiro-Béninois Francis Akindès, professeur de sociologie à l’université Alassane-Ouattara (UAO) de Bouaké. Cela s’exprime notamment via des mouvements sociaux récurrents lors desquels les rapports entre le gouvernement et les syndicats sont souvent tendus (lire p. 88). EN RUPTURE. « Le gouvernement mise tout sur la

croissance. Quand on leur parle de réconciliation, les ministres répondent progrès économiques, classement “Doing Business”… Or tout le monde ne profite pas de la même façon de ces bons résultats. Le problème le plus sérieux est posé par l’impression qu’une élite profite du système. », constate un observateur étranger. Beaucoup s’inquiètent de voir une société de plus en plus violente et en rupture avec les institutions. Les consultations menées par la Commission dialogue, vérité et réconciliation avaient déjà laissé apparaître un déficit de confiance chez les Ivoiriens de tous bords envers leurs institutions, ce que confirme le faible taux de participation aux législatives (34 %). « Les échauffourées qui se multiplient sont autant de signes montrant qu’il faut se poser des questions, chercher à comprendre ces formes d’expression de mécontentement qui montent en puissance », souligne Francis Akindès. Au risque, si rien n’est fait, de voir se constituer une Côte d’Ivoire du refus. JEUNE AFRIQUE



Le Plus de JA Une autre Côte d’Ivoire

Gouvernement et syndicats: mésentente cordiale Dans de nombreux secteurs, les débrayages se multiplient. Les enseignants ont cependant suspendu leur mot d’ordre. Prêts à reprendre le mouvement si un accord n’est pas rapidement trouvé.

S

yndicats d’enseignants du primaire, du secondaire et du supérieur, fonctionnaires de la justice, agents du ministère du Pétrole et de l’Énergie, entreprises publiques comme la Société nationale d’opérations pétrolières de Côte d’Ivoire (Petroci)… Depuis le début de 2016, les mouvements de grève se sont multipliés dans de nombreux secteurs. Et entre le gouvernement et les partenaires sociaux, c’est souvent le bras de fer. Quand le mouvement de colère des fonctionnaires contre la mise en œuvre de la réforme des retraites – une mesure actée en 2012 mais qui n’a commencé à se faire sentir que cette année – s’est durci en novembre, leur grève a été jugée « illégale ». Quelques semaines plus tôt, lorsque la réforme des rythmes scolaires instituant les cours le mercredi a provoqué la grogne des instituteurs, les discussions avec le gouvernement ont rapidement pris un tour explosif. La ministre de l’Éducation, Kandia Camara, s’en est

nos enfants à l’école et de leur donner vivement prise aux grévistes, notamment une instruction », a-t‑il déclaré, avant à Mesmin Comoé, le secrétaire général du Mouvement des instituteurs pour la de poursuivre : « Quand les enseignants, les fonctionnaires se lèvent comme ça défense de leurs droits (MIDD). « Allez dire à Mesmin Comoé que si lui et des enseignants À une grève sauvage, la riposte de son bord mènent une sera sauvage, prévient Kandia grève sauvage et illimitée, la riposte sera sauvage et Camara, la ministre de l’Éducation. inoubliable pour lui et ses sans suivre les procédures légales pour sbires, a-t‑elle déclaré en septembre. aller en grève, cela est totalement inadÉcrivez-le noir sur blanc. Dites-lui que missible. Bien sûr, la loi sera appliquée trop, c’est trop ! La récréation est termide manière intégrale et sans exception, née. […] S’il enclenche cette grève, ça va comme je l’avais d’ailleurs annoncé le être sa dernière grève au ministère de 1er mai 2015. Donc, les uns et les autres l’Éducation nationale. » ont le droit de grève, mais il faut suivre les procédures définies par la loi, et cela INADMISSIBLE. Le président, Alassane a été bien établi. Je me souviens que, Ouattara, a personnellement évoqué quand j’étais Premier ministre, c’est en cette question le 11 novembre. « Je suis 1992 que nous avons défini ensemble entièrement d’accord que ces grèves, notamment quand elles sont illégales avec les syndicats le droit, les procédures à suivre pour aller en grève. » et intempestives, sont une violation de Les enseignants ont finalement susnos droits. Parce que, tout de même, c’est un droit fondamental d’envoyer pendu leur mot d’ordre après le dialogue ouvert par le gouvernement. « Nous en sommes seulement à la mise en place d’un cadre de discussions. Si nous ne trouvons pas de solution avant le début de l’année 2017, nous prendrons de nouvelles dispositions », affirme Mesmin Comoé, rappelant qu’« une centaine de responsables syndicaux ont été suspendus depuis septembre ». COQUILLES VIDES. La situation dans

SIA KAMBOU/AFP

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Célébration du 1er mai 2016 par l’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire. N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

l’enseignement est révélatrice des tensions entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Des cadres de dialogue existent pourtant dans certains ministères techniques, comme le Conseil consultatif de l’éducation nationale, le Comité de dialogue social de la fonction publique (CDFFP) et la Conseil national du dialogue social (CNDS), installé à la primature. « Ce sont des coquilles vides, affirme Mesmin Comoé. Aucune rencontre sur le fond des problèmes ne s’y tient. Des décisions qui devraient être prises par consensus sont décidées de façon unilatérale. En Côte d’Ivoire, on aime prôner le dialogue quand bien même on ne compte pas dialoguer. » VINCENT DUHEM JEUNE AFRIQUE


© PEATHEGEE INC LLC

Orange Côte d’Ivoire, une entreprise citoyenne

Opérateur télécom numéro 1, la compagnie multiplie les projets d’utilité sociale pour aider au développement de la Côte d’Ivoire et contribuer au bien-être des populations locales. La compagnie confirme un peu plus chaque jour son rôle d’entreprise citoyenne…

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Orange Côte d’Ivoire conduit une démarche RSE en intégrant le social, l’environnement et l’économie à ses activités. L’entreprise a ainsi réalisé plusieurs projets d’envergure afin de :

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DIFCOM/DF - PHOTO : DR SAUF MENTION.

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Le Plus de JA Une autre Côte d’Ivoire

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TRIBUNE

ISSAM ZEJLY POUR JA

Le deuil d’avenir, un syndrome ivoirien ?

FRANCK HERMANN EKRA Analyste politique, consultant en stratégies d’images, membre du PDCI-RDA

I

mpression. « Quel bonheur d’être ivoirien et d’avoir 20 ans! » s’enflammait Jacques Raphaël Leygues, un ambassadeur de France accrédité auprès du président Houphouët-Boigny de 1963 à 1979. Un autre monde. C’était l’époque du boom économique, d’un âge d’or postcolonial qui valait à notre pays de figurer au chapitre des États en expansion dans les manuels scolaires de son ancienne tutelle, au même titre que l’Algérie, le Brésil ou la Corée du Sud. Le label Côte d’Ivoire était alors une référence. Le pays portait les promesses d’une société de progrès, ouverte et décomplexée. Son prestige et son influence diplomatique, sa tradition d’hospitalité faisaient l’objet d’une fierté ivoirienne à l’intérieur et à l’extérieur. Chacun louait ces bonnes performances et rivalisait de superlatifs, allant jusqu’à l’évocation d’un miracle ivoirien. Le principal artisan de ce succès réfutait quant à lui cet éloge fort immodeste, considérant qu’il n’y avait en l’espèce « ni miracle ni mirage, Jésus de Nazareth [n’étant] pas de tous les siècles ». Le comparatisme flamboyant a vécu, et avec lui notre exemplarité. À force d’additionner exclusion et division, notre modèle de société et notre culture du dialogue n’inspirent plus. Notre pays subit le déclassement. Il est sorti du planisphère avec la disparition de celui qui incarna sa grandeur, son unité, son sens de la liberté, soit une certaine idée de la Côte d’Ivoire. Par une loi de 1946 portant abolition du travail forcé, Félix Houphouët-Boigny a su se hisser au rang des héros messianiques du XXe siècle. C’est le point de départ du mythe d’émancipation. Son spectre hante le roman national à la manière d’un fantasme enivrant, d’une hallucination nostalgique, au point de donner de notre pays l’image en trompe-l’œil d’un îlot mélancolique, passéiste et figé. Obsession. Au miroir des années Houphouët, l’expérience ivoirienne contemporaine ressemble à une histoire projetée en négatif. En 1997, à l’issue d’un entretien avec Guy Nairay, inamovible directeur de cabinet du président, un dialogue prémonitoire se noua entre nous. Prémonitoire car les recompositions politiques qui s’annoncent dès 2017 résonnent en écho à cette conversation. « Je vois que vous n’êtes pas houphouétiste », me dit-il, surpris par une distance critique qu’il assimilait à de la défiance. « Ce n’est pas de mon âge », répondis-je impassiblement.

JEUNE AFRIQUE

Nairay était la plume du président et l’un des principaux concepteurs d’un dogme dont il ne se faisait qu’exceptionnellement l’exégète. Face à l’ironie d’une comparaison d’Houphouët-Boigny avec le Petit Père des peuples, il protesta par l’une des formules ramassées dont il avait le secret : « Ni livre rouge ni livre vert. » Après un temps d’introspection, il ponctua cet échange par une confession d’une étonnante actualité : « Nous avions une nation à bâtir. » L’houphouétomania est un indicateur d’angoisse, de mal-être social. Elle tient lieu de comble quand point la peur du vide et remplit l’office d’un catalyseur, d’un rêve évanescent. Vision. « Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu », prévenait d’ailleurs Houphouët-Boigny dans une maxime volontariste, une incitation à tirer parti du réel. Or déjà se dessine sous nos yeux une Côte d’Ivoire 3.0 ! Porteuse de nouvelles tendances, de nouveaux marqueurs, de nouvelles opportunités créatives, elle résulte de la digitalisation et des bouleversements provoqués par une société du flux. Désireuse de parler en son nom propre, elle ne s’exprime malheureusement que sur le mode nihiliste du refus, s’éloigne de l’Histoire, fait progressivement son deuil de l’avenir. Sa composition sociale recoupe celle du dividende démographique, du rajeunissement vertigineux de la population. Cette Côte d’Ivoire 3.0 regorge d’énergie, c’est un potentiel à convertir en richesse. Nous ne pouvons pas nous permettre de passer à côté. Elle représente une ultime chance de donner de l’avenir à notre pays. Ce pays réel, sorti de luimême, laissé à l’abandon par nos politiques publiques, peine à se reconnaître sous les traits du pays légal. Un pays légal que caractérisent les discours convenus, les institutions flambant neuves et autres utopies hors sol du storytelling managérial. Dans tous les secteurs, ces nouvelles générations se préparent à la relève de la génération « cabri-mort », celle qui a vu le pays renaître au multipartisme à l’orée de ses 20 ans, celle des plus improbables sacrifices. Nous avons vis‑à-vis d’elles devoir et responsabilité. Le devoir de sortir du somnambulisme pour accompagner lucidement cette transition inouïe. La responsabilité de promouvoir une société d’insertion et de transformation tournée vers le futur. N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017



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Le Plus de JA PORTRAITS

Mariatou Koné, dame des cœurs Chargée de la Solidarité, de la Cohésion sociale et de l’Indemnisation des victimes, la ministre sait que retisser les liens entre les Ivoiriens prendra du temps. Et que c’est sur le terrain que ça se joue.

N

ommée à la tête du Programme national de cohésion sociale (PNCS) en mai 2012, Mariatou Koné s’est vu confier, le 12 janvier 2016, l’inédit et délicat portefeuille de la Solidarité, de la Cohésion sociale et de l’Indemnisation des victimes, créé pour « apaiser les cœurs, soulager les douleurs, réduire les frustrations, les rancœurs et les ressentiments », comme elle le confiait à Jeune Afrique en avril. Un travail complexe, difficile, qui se joue sur des cordes ultrasensibles, après plus d’une décennie de crises politico-militaires et alors que le tissu social est loin d’être réparé. Mais pour l’anthropologue, que l’on surnomme désormais « Madame Cohésion sociale », la mission n’est pas impossible. Originaire de Boundiali, dans le nord du pays, Mariatou Koné est l’aînée d’une famille de huit enfants. Elle a commencé son cursus primaire à Daoukro

ISSOUF SANOGO/AFP

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l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), porte ses fruits. Les populations acceptent de se parler à nouveau. Depuis, Mariatou Koné est sur tous les fronts, prônant la cohésion sociale. Pour y parvenir, elle bénéficie désormais du soutien À son actif, le retour au pays d’Aïchatou Mindaoudou, de trois faucons du FPI après chef de la mission onusienne, avec laquelle ses cinq années d’exil au Ghana. rapports sont excellents. À son actif également, le retour sur le gie à l’université nationale d’Abidjan, sol ivoirien, le 30 juin 2016, après cinq à Cocody (qui deviendra ensuite l’université Félix-Houphouët-Boigny). ans d’exil au Ghana, de trois faucons du Front populaire ivoirien (FPI) : Bertin Grâce à une bourse du ministère de la Recherche scientifique, la jeune Kadet, ex-ministre de la Défense ; Kacou Brou (alias KB), ex-commandant des universitaire s’envole pour la France afin de poursuivre ses études à l’École Affaires maritimes; et Watchard Kédjébo, des hautes études en sciences sociales figure de la Galaxie patriotique, qu’elle (EHESS) de Marseille. En 1994, elle y a elle-même accueillis à leur descente d’avion, en compagnie d’Alain Richard soutient sa thèse de doctorat en anthropologie, qui lui ouvre les portes du déparDonwahi, ministre auprès du président de la République chargé de la Défense. tement d’anthropologie et de sociologie Un retour qui survient à la suite des de l’université de Cocody, dont elle missions d’information et de sensibiliintègre l’Institut d’ethnosociologie (IES) en 1995, en tant qu’enseignantesation effectuées par Mariatou Koné au Liberia, du 3 au 6 mai, puis au Ghana, chercheuse. Premier professeur titulaire du 11 au 15 mai. d’un doctorat d’anthropologie du pays, Autre grand défi pour la ministre : elle deviendra, en juin 2009, la première femme directrice de l’IES. l’indemnisation des victimes et la réparation des préjudices subis lors des crises survenues dans le pays. Officiellement RÉPARATION. Aux commandes du PNCS, Mariatou Koné et son équipe – dont lancée le 4 août 2015 à Abidjan, l’opéraKouamé N’Guessan, l’un de ses tion se poursuit dans toutes les régions. Le 20 novembre par exemple, l’anthroplus proches collaborateurs, égapologue mettait le cap sur Bloléquin, lement professeur d’anthropolocalité de l’Ouest réputée favorable logie – mesurent rapidement à Laurent Gbagbo, où 83 ayants droit les réalités du terrain. Premier de personnes tuées pendant la crise test à Angovia (Centre), en de 2010-2011 ont reçu une enveloppe juillet 2013. Un conflit lié à l’orpaillage clandestin globale de 83 millions de F CFA (environ 126 500 euros), soit 1 million de F CFA éclate entre autochchacun. tones et allogènes. Mariatou Koné en est parfaitement La médiation de la consciente, les chantiers de la réconcidirectrice-coordinatrice du PNCS, appuyée par liation nationale sont loin d’être achevés et ne seront pas de tout repos. Mais, répétant que « l’unique parti politique, L’enseignante-chercheuse c’est la Côte d’Ivoire », elle reste détera été la première femme minée à les mener jusqu’au bout. directrice de l’Institut (Centre) en 1971 et effectué ses études secondaires à Korhogo (Nord) puis à Sassandra (Sud) pour les achever au lycée de Man (Ouest), où elle obtient en 1984 un baccalauréat A4. En 1988, elle décroche sa maîtrise de sociolo-

d’ethnosociologie.

ANICET BEKROU, à Abidjan JEUNE AFRIQUE


YOURI LENQUETTE POUR JA

Une autre Côte d’Ivoire

L’ancien ministre de la Santé, le 16 décembre, à Abidjan.

Bamba Moriféré toujours au combat Porte-parole de la coalition du non à la nouvelle Constitution, le président du Rassemblement du peuple de Côte d’Ivoire reste bien décidé à défendre sa vision de la démocratie.

S

il avait quelque peu disparu du devant de la scène politique ivoirienne ces dernières années, Bamba Moriféré, 72 ans, y est revenu de plus belle en 2016 à la faveur du débat sur la nouvelle Constitution, au cours duquel il a pris le leadership de la coalition du « non ». Quitte à mettre dans l’embarras sa propre fille, Affousiatta Bamba-Lamine, ministre de la Communication et porteparole adjointe du gouvernement. Le référendum passé et la Constitution adoptée, l’heure de la retraite n’a toujours pas sonné pour l’infatigable militant. « J’apporte mon expérience au combat pour la démocratie. Et j’entends bien continuer mon combat politique », prévient le président du Rassemblement du peuple de Côte d’Ivoire (RPCI), par ailleurs professeur agrégé de pharmacie. Dans sa résidence de plus de 4000 m2 du quartier huppé des Deux-Plateaux-Vallons, dans la non moins cossue commune de Cocody, Bamba Moriféré enchaîne les audiences et les consultations. JEUNE AFRIQUE

Aujourd’hui opposé au chef de l’État ivoirien, qu’il a pourtant soutenu en 2010 lors de la présidentielle face à son (ex-)grand ami Laurent Gbagbo, Bamba Moriféré justifie ses changements de cap. « En 2010, j’ai soutenu Alassane Ouattara par défaut, parce qu’il était le moindre mal », lance-t‑il. Sa divergence profonde avec le chef de l’État résulte du « forcing » – dit-il – opéré par ce dernier pour que soit élaborée une nouvelle loi fondamentale. « Ce n’était pas dans les prérogatives du président Ouattara d’initier une nouvelle Constitution. Il fallait créer une Assemblée constituante pour débattre du sujet, comme ce fut le cas en Tunisie et comme c’est le cas au Burkina Faso », explique l’opposant. FER DE LANCE. Longtemps contesté par l’un de ses lieutenants, Mathias Kakou, au sein du Parti pour le progrès et le socialisme (PPS) – qu’il avait fondé –, Bamba Moriféré a préféré, en 2012, lancer une nouvelle formation : le RPCI, qui est

actuellement l’un des fers de lance de la contestation contre la Constitution de la IIIe République. Avant le référendum, avec vingt-cinq partis, il a créé une coalition pour le « non », le Collectif démocratique de Côte d’Ivoire (Code), dont il est le porte-parole, et qui a été rejoint par le Front du refus – mené les frondeurs du Front populaire ivoirien (FPI) d’Abdoudramane Sangaré. Et que l’on ne vienne plus le titiller à propos de sa fille Affoussiatta BambaLamine. « Ma fille, c’est ma fille ; moi, c’est moi. Chacun de nous a pris ses engagements, tranche-t‑il. Affoussiatta avait rejoint la rébellion et, à un moment donné, ils ont choisi comme méthode de lutte de prendre les armes. J’ai respecté cet engagement. Donc, on ne peut pas prétexter sa présence au gouvernement pour exercer des pressions sur moi. Elle ne peut exercer aucune pression sur moi ! » LE DERNIER DES MOHICANS. Surnommé

par ses amis « le dernier des Mohicans », Bamba Moriféré a été de tous les combats démocratiques en Côte d’Ivoire. En 1990, avec son compère d’alors, Laurent Gbagbo, ils avaient réussi à arracher le multipartisme à Félix Houphouët-Boigny au soir de son règne. Cet activiste de la démocratie a aidé à la création de plusieurs organisations majeures, comme le puissant syndicat des enseignants de l’université (Synares) ou encore la Fédération estudiantine de Côte d’Ivoire (Fesci). « Nous faisons partie de ceux qui ont inspiré la création du Rassemblement des républicains [RDR], en 1994, et nous avons lancé le Front républicain », confie-t‑il. Chez les Bamba, aller au combat, c’est dans les gènes. Son neveu, Yacouba Bamba, proche de l’ex-rébellion, a été porte-parole de la Commission électorale indépendante (CEI) et s’était imposé pour donner les résultats sortis des urnes de l’élection de 2010, malgré les menaces du président sortant, Laurent Gbagbo. Son père, El Hadj Tiemoko Bamba, a fait partie des fondateurs du syndicat agricole africain, à la tête de la contestation anticolonialiste. Quant au grand-père de Bamba Moriféré, Daouda Bamba, militaire dans l’armée coloniale, il avait créé le commandement de Daloa, le fief des Bamba, dans le Centre-Ouest, avant de tomber au combat en France, lors de la Première Guerre mondiale. BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

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98

Le Plus de JA ÉCONOMIE

De bonnes notes et quelques avertissements Croissance forte, exportations en hausse, réformes constructives… Les résultats sont très positifs. Pourtant, beaucoup sont encore loin d’en percevoir tous les bénéfices.

I

l ne faut pas chipoter: la Côte d’Ivoire présente un risque faible de nonremboursement pour les investisseurs qui lui confient leur argent. Les agences de notation internationales lui accordent en général la note B+ à long terme, estimant sa dette risquée mais pas trop, comme Fitch Ratings en juin. L’agenceivoirienneBloomfieldInvestment Corporation, elle, se montre plus optimiste avec un A– à long terme attribué en septembre, soulignant l’absence de risque sérieux et, pour la première fois, calculé en devise locale, le franc CFA. « Cela permet d’évaluer la vraie valeur du crédit du pays et sa capacité à rembourser », explique Stanislas Zézé, PDG fondateur de l’agence. Cependant, ce n’est pas tant la note obtenue par la Côte d’Ivoire qui est inté-

Réunion pour la collecte de fonds en vue du financement du Programme national de développement 2016-2020, à Paris, le 17 mai. Les intentions d’investissements des bailleurs ont atteint 7 700 milliards de F CFA, au lieu des 4 425 milliards escomptés.

2016 grâce à des investissements publics et privés importants et à une inflation très sage. La Côte d’Ivoire en paix profite à plein de sa position de pivot régional et dégage unexcédentcommercialgrâceàdesexportations agricoles de rente assez diversifiées (cacao, café, anacarde, hévéa…). PALMARÈS. Devant ce regain, le pays

n’est pas resté les deux pieds dans le même sabot. Des réformes des finances publiques et de l’administration fiscale, ainsi qu’une plus grande rigueur budgétaire, qui contient les déficits, ont permis d’amorcer une baisse crédible de la dette en pourcentage du PIB. Le volontarisme gouvernemental s’est manifesté sur tous les fronts. Dans l’agriculture vivrière, où la production de riz a progressé de près de moitié par rapport à 2012. Dans les mines, où celle d’or a quasi doublé dans le même laps de temps. Ces quatre dernières années, Dans l’éducation, où le taux de le PIB a connu une hausse réussite au baccalauréat est passé de 20,59 % en 2011 à 39,66 % en de plus de 9 % en moyenne. 2015. Dans les routes, l’électricité, les transports publics, etc. ressante – si ce n’est pour les investisseurs, Tout en dressant ce palmarès, les anabien sûr – que les analyses qui ont permis lystes soulignent qu’il n’améliore pas aux experts des agences de la déterminer. Et elles convergent de façon frappante. beaucoup le quotidien des ménages et des entreprises. La microéconomie et le Des indicateurs macroéconomiques et microsocial souffrent toujours. La paumacrosociaux mirobolants confirment le spectaculaire redressement ivoirien qui vreté ne régresse guère, notamment en s’effectue selon la trajectoire voulue par milieu urbain. L’espérance de vie de l’Ivoile gouvernement dès le Plan national de rien est de 52 ans, la plus basse de toute développement 2012-2015. Fitch fait état l’Union économique et monétaire ouestafricaine (UEMOA). Et les suppressions d’une croissance de 9,2 % en moyenne par de subvention ont fait bondir les prix de an au cours des quatre dernières années et Bloomfield de 9,3 % de 2012 à 2014, avec l’électricité, suscitant des manifestations une accélération à 9,8 % attendue pour dans tous les pays.

Pour les entreprises, la fiscalité ivoirienne demeure trop complexe et le crédit est toujours aussi rare, en particulier pour les PME. Du coup, l’emploi salarié, en progrès de 25 % en quatre ans, ne semble pas dépasser la proportion de 10 % du marché du travail total, l’immense majorité des postes demeurant dans le secteur informel, sans retraite ni protection sociale. MICROBES. Tous les experts redoutent

une montée de l’insécurité, mais pas tant en raison des menaces terroristes, qui semblent contenues, que d’une


Une autre Côte d’Ivoire

VINCENT FOURNIER/JA

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dégradation du climat social pour cause de pauvreté urbaine grandissante. Les « microbes », ces gamins qui dévalisent les passants dans certaines communes d’Abidjan et contre lesquels le gouvernement a lancé en mai une opération policière, pourraient en être le signe avant-coureur. Enfin, tous les analystes regrettent l’absence de réconciliation entre les partisans de l’ancien président Laurent Gbagbo et le régime actuel, entre les victimes des deux camps et leurs agresseurs. Les dédommagements se font attendre et la justice ne semble pas à la hauteur de la tâche. Certes,

les exilés rentrent les uns après les autres. Certes, l’élection présidentielle de 2015 a vu les opposants affronter normalement le président sortant Alassane Dramane Ouattara, qui a été réélu sans contestation. Mais la réforme constitutionnelle adoptée par référendum fin octobre et les législatives de ce mois de décembre ont de nouveau crispé les positions. Si les frustrations politiques des vaincus de 2011 venaient à s’ajouter à une grogne sociale vigoureuse, les perspectives de croissance s’en trouveraient assombries, et les risques multipliés.

Cet important décalage entre la macroéconomie et la microéconomie, entre une économie qui galope et une majorité d’Ivoiriens en difficulté à la fin du mois, n’est-il pas le péril majeur qui guette la Côte d’Ivoire ? INTELLIGENCE DU PEUPLE. « Il existe deux façons de développer une économie, répond Stanislas Zézé. La première est de se consacrer à la microéconomie. Dans ce cas, tout le monde a de quoi manger, mais le pays ne se développe pas à long terme. La seconde voit plus loin en


Le Plus de JA Une autre Côte d’Ivoire Autrement dit, « ventre repu ne descend pas dans la rue » ? Les Ivoiriens ont pourtant été des milliers à manifester cette année, notamment pour protester contre les fortes hausses des tarifs de l’électricité… « Le gouvernement aurait dû leur dire: “Voulez-vous de la mauvaise électricité pas chère avec des délestages à répétition ou de la bonne électricité plus chère et qui éclaire aussi vos parents restés dans votre village lointain – aujourd’hui privé de courant – pour permettre aux

se focalisant sur les infrastructures et les réformes. Cela finit par créer des opportunités pour tout le monde. Comme dans tous les grands pays émergents, le président et son gouvernement ont choisi cette voie. Oui, la pauvreté est encore élevée en Côte d’Ivoire, mais elle se réduit. Oui, il n’est pas fait grand-chose pour la réconciliation, mais si l’économie continue à bien se porter, les gens l’oublieront. L’Histoire nous enseigne que les conflits sont du domaine de l’alimentaire. »

écoliers de faire leurs devoirs le soir ?” rétorque Stanislas Zézé. Le gouvernement a fait machine arrière parce que les hommes politiques ont peur, poursuit-il. Il sera pourtant obligé d’aller jusqu’au bout de cette rationalité. Il sous-estime l’intelligence du peuple quand on prend la peine de lui expliquer ce qui est en jeu. » Effectivement, les politiques redoutent l’impatience du peuple. Et ils n’ont pas complètement tort. ALAIN FAUJAS

LE FMI AUSSI ATTEND PLUS DE DÉVELOPPEMENT SOCIAL

L

e 12 décembre, le conseil d’administration du FMI a approuvé deux accords triennaux au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) et du mécanisme élargi de crédit (MEC) en faveur de la Côte d’Ivoire. Montant total : 658,9 millions de dollars (623,7 millions d’euros), dont un décaissement immédiat de 94,1 millions. L’objectif est de soutenir le Plan national de développement (PND) 2016-2020, qui a pour priorité de parvenir à une croissance inclusive centrée sur la transformation structurelle et tirée par le secteur privé, d’améliorer la qualité de vie et de réduire la pauvreté en investissant dans les infrastructures et

les projets sociaux prioritaires. « La Côte d’Ivoire a connu un impressionnant redressement économique depuis 2012, et les perspectives restent bien orientées, a constaté Mitsuhiro Furusawa, directeur général adjoint et président par intérim du conseil. Néanmoins, il faudra du temps pour faire reculer la pauvreté, développer le capital humain et combler les lacunes des infrastructures. En outre, les goulots d’étranglement structurels sont problématiques. » Par ce nouveau programme, le FMI veut permettre au pays d’assurer la viabilité de la balance des paiements, de

restreindre les dépenses courantes et de mobiliser les financements publics et privés, tout en ménageant des marges de manœuvre pour financer les infrastructures et les dépenses sociales. Le document annexe du Fonds confirme que la croissance enregistrée entre 2012 et 2015 « a permis de freiner le recul du revenu par habitant, qui a duré près d’une décennie ». Il souligne cependant que « la robuste reprise de l’activité économique depuis 2012 n’a pas complètement effacé les séquelles socio-économiques des décennies de croissance molle et de recul des

revenus. Il subsiste de fortes disparités au sein du pays et sur le plan des niveaux d’instruction, d’emploi et de revenu ». Pour l’institution, il est crucial que le pays continue à améliorer le climat des affaires, notamment en matière d’administration et de recouvrement des impôts ainsi que sur le plan de la facilitation des échanges commerciaux. Elle préconise en outre de renforcer le cadre juridique des partenariats publicprivé, de poursuivre la réforme des entreprises publiques et de renforcer le contrôle de l’ensemble des activités publiques pour en améliorer la transparence. CÉCILE MANCIAUX

PROJECTIONS 2016-2020 PIB

(croissance en %, à prix constants)

PIB par habitant

(en dollars)

Solde budgétaire global

1 970 1 709

–4

–3

– 3,7

Investissement brut

(en % du PIB) dont dette extérieure

– 3,4

1 835

1 589

Dette du secteur public

(en % du PIB)

– 2,8

48,3

47,9

46,4

44,9

(en % du PIB) dont administration centrale

1 477 2016

2017

2018

2019

2020

Total des recettes et dons Total des dépenses 24,8

24,7 20,7

7,9

2016

7,9

2017

21,1

24,8 21,4

25,5 21,5

24,5 21,7

23

23,5

23,8

23,9

23,8

7,8

2018

7,3

7,2

2019

2020

N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

2016

2017

2018

2019

2016

19,4

7,5

2017

20,2

7,8

2018

21,2

8,3

2019

21,2

8,2

2020

21,4

8,4

43,4

2020 JEUNE AFRIQUE

SOURCE : FMI, DÉC. 2016

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Le Plus de JA AGROALIMENTAIRE

Du commerce équitable dans le cacao Elles étaient 18 en 2013. Elles sont aujourd’hui 113. Les coopératives de la filière labellisées « Fairtrade » gagnent du terrain. Quel est leur impact financier, social et environnemental ?

P

ermettre aux producteurs du Sud d’avoir plus de poids dans les négociations internationales et leur donner accès aux marchés étrangers : c’est pour prêcher cette bonne parole que Fortin Bley sillonne les villages de Côte d’Ivoire. Producteur de cacao depuis 2004, il dirige l’une des coopératives ivoiriennes labellisées « commerce équitable ». L’an dernier, il est devenu le représentant en Afrique de l’Ouest de Fairetrade Africa, branche continentale de l’association Fairtrade International, qui promeut les labels équitables depuis 1997. Fortin Bley a certifié ses produits progressivement. L’idée de se lancer dans le commerce équitable lui est venue lorsqu’il a entendu parler des actions sociales en faveur des producteurs de Kavokiva, la première coopérative ivoirienne, créée en 1999 dans la région du Haut-Sassandra (qui obtiendra sa première certification pour le cacao en 2004). À l’époque, les faux billets circulent en masse sur le territoire, et les producteurs sont souvent escroqués. Plusieurs années se sont ensuite écoulées avant qu’il remplisse tous les critères exigés par le cahier des charges de Fairtrade International : formation des producteurs, meilleure visibilité sur les contrats de vente, priorité donnée aux intrants naturels, etc. « Au départ, c’est un investissement et cela demande un travail différent, nouveau, souligne l’exploitant. Il faut sensibiliser les producteurs, expliquer la démarche. Mais quand on leur dit qu’il y aura un prix minimal appliqué et une prime de développement, il devient plus facile de changer les méthodes. » RENTE. Après avoir longtemps eu du mal à percer, depuis deux ans, le cacao équitable a littéralement le vent en poupe en Côte d’Ivoire, qui compte désormais le plus grand nombre de coopératives labellisées Fairtrade en Afrique de l’Ouest : 113 actuellement, contre seulement 18 en 2013. Aujourd’hui, selon la Banque centrale des États N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

ZHAO YINGQUAN/XINHUA/GAMMA

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En se regroupant, les producteurs peuvent devenir eux-mêmes exportateurs.

de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), plus de 25 000 planteurs ivoiriens de cacao, sur un total de 600 000 producteurs recensés dans le pays, appliquent donc les principes du cahier des charges de Fairtrade International. Depuis le mois d’avril, la filière ouest-africaine de cacao labellisée « commerce équitable » bénéficie d’un financement de 3,9 millions d’euros de l’Agence française de développement (AFD) et du Fonds français pour l’environnement mondial. « Être en coopérative permet aux planteurs de regrouper leurs productions pour les vendre ensemble et, parfois même, de devenir eux-mêmes des exportateurs. De toute façon, pour les producteurs, le cacao est En cinquante ans, environ

13 millions d’hectares de forêt ont disparu en partie à cause des plantations de cacaoyers

une culture de rente. L’idée est qu’elle puisse être mieux développée, afin d’augmenter les bénéfices, car c’est la seule source d’argent liquide », précise Valeria Rodriguez, responsable de la communication du système FairtradeMax Havelaar France. Max Havelaar, qui délivre des certifications « commerce équitable », est la branche la plus connue de Fairtrade International. FACE CACHÉE. L’une des plus impor-

tantes parmi celles présentes en Côte d’Ivoire est Ecookim, qui soutient 8 coopératives dans le sud-ouest du pays pour la vente et l’exportation du cacao, soit 7 000 tonnes vendues en 2015, dont presque la moitié sous le label Fairtrade. Ces dernières années, ses membres ont alloué une partie de la prime Fairtrade à des séances de formation sur les droits des enfants pour que les producteurs et leurs familles soient davantage sensibilisés aux effets néfastes du travail des enfants. JEUNE AFRIQUE


Une autre Côte d’Ivoire

MARCHÉ DE NICHE. L’autre défi est

de garantir une certification rigoureuse. Ainsi, les critères des deux autres organismes opérant en Côte d’Ivoire, Rainforest et Utz, sont différents. Dans ses audits, Fairetrade contrôle l’organisation des coopératives,alorsqu’UtzetRainforestportent davantage leur attention sur le développement durable. Le problème soulevépardenombreuxobservateursest que quand le producteur est certifié, l’acheteur l’est automatiquement, sans être lui-même audité. Enfin, la demande, même si elle augmente, est marginale. Les producteurs vendent en moyenne moins de la moitié de leur production aux conditions du commerce équitable, qui est encore un marché de niche. Difficile alors de convaincre une majorité de producteurs de s’engager, de faire l’effort de changer leurs pratiques et de se mettre aux normes.

Un excellent p’tit choc’ Spécialisés dans la fabrication artisanale et les emballages personnalisés, trois jeunes entrepreneurs ont fait du chocolat leur affaire, de la fève à la tablette.

A

la tablette (« Nous sommes les premiers xel Emmanuel, Yvan Patrick producteurs de cacao, pourquoi n’en Akré et Mac Arthur Kouassi se irait-il pas de même pour le chocolat ? » souviendront longtemps de leur première participation au Salon du chodisent-ils), le trio de tête d’Instant Choc colat, fin octobre 2016, à Paris. Une nouveut aussi démocratiser le chocolat, qui velle étape dans le développement de leur est encore perçu en Côte d’Ivoire comme jeune entreprise, Instant Chocolat, alias un produit de luxe. Instant Choc. Et un voyage qu’ils ont pu Axel Emmanuel fabrique des chocolats financer en partie grâce au succès de la au gingembre, au coco, à la banane plantain, au baobab, au piment ou au poivre campagne lancée sur le site de crowdfunde Penja, des tablettes de chocolat noir ding KissKissBankBank, qui leur a permis sans sucre, etc. Dernière nouveauté, la de récolter près de 8 000 euros. Champion de Côte fève de cacao séchée, torréDes saveurs d’Ivoire de chocolatfiée,caramélisée et enrobée baobab, banane de chocolat. Se réclamant pâtisserie, vice-champion plantain ou chantre de « l’architecture d’Afrique dans la catégorie chocolat-pâtisserie et gustative », l’artisan sculpte poivre de jeune talent engagé de la aussi des pièces artistiques Penja… Et des Francophonie en 2014, en forme de masques créations superlauréat du prix Zaouli, de peignes afros, de tabourets ou encore Alassane-Ouattaradujeune artistiques. entrepreneur émergent de boîtes. Ses créations en 2015… Depuis sa création en 2014, la ont été exposées pour la première fois à Abidjan le 15 juillet. Mais elles sont déjà start-up spécialisée dans la fabrication de chocolat artisanal et d’emballages perbien connues des habitués du showroom sonnalisés a enchaîné les récompenses. près de l’Allocodrome (à Cocody) comme C’est Axel Emmanuel qui est à l’orides expos-ventes et des ateliers chocolat régulièrement organisés par la start-up gine du projet. L’ancien banquier, titulaire à Abidjan. d’un master en fiscalité, diplômé en droit public et sciences politiques, a décidé de Tout en restant adepte du travail artitout plaquer pour devenir artisan chosanal, le trio de trentenaires cherche colatier. Il commence dans la cuisine des investisseurs pour s’agrandir, car, de sa mère, avant d’être rejoint par Yvan avec 10 salariés et 5 tonnes de chocolat Akré, graphiste, et Mac Arthur Kouassi, produites par an, la capacité de fabripublicitaire. Désireux de promouvoir le cation est désormais bien en deçà de la processus « bean-to-bar », de la fève à demande. V.D. Au Salon du chocolat, en octobre, à Paris.

BRUNO LEVY/DIVERGENCE-IMAGES

En mai, un rapport de l’association Le Basic (Bureau d’analyse sociétale pour une information citoyenne) intitulé « La Face cachée du chocolat » a tenté d’évaluer les progrès qu’a permis ou non le commerce équitable. Selon cette étude, si la démarche est le levier le plus efficace pour réduire les « coûts cachés » du cacao, comme le travail des enfants et la déforestation, ceuxci ne diminuent que de 12 %. « Le commerce équitable change peu la donne, car il ne permet pas de modifier la structuration de la filière, expliquent les auteurs du rapport. En Côte d’Ivoire, par exemple, malgré la mise en place d’une certification équitable, les producteurs de cacao ne parviennent pas à dépasser le seuil de pauvreté, avec un revenu supérieur de seulement 6 % à la filière conventionnelle. » Par ailleurs, seuls 30 % de la prime équitable sont directement versés aux producteurs et 20 % sont investis dans des services de base locaux (école, santé, transport, etc.). Les coûts cachés ne diminuent ainsi que de 6 % par rapport aux filières certifiées « durables ». Un constat que nuance Valeria Rodriguez : « Le commerce équitable n’a que dix ans en Côte d’Ivoire. C’est un processus long. »

VINCENT DUHEM JEUNE AFRIQUE

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Le Plus de JA Une autre Côte d’Ivoire

Les juteux revenus de la mangue Le pays est devenu le troisième fournisseur du marché européen. Pour ne pas perdre le rythme, l’État soutient la filière et envisage de financer l’introduction de nouvelles variétés. agricoles (Firca), le gouvernement envisage de financer l’introduction de nouvelles variétés : les manguiers ont aujourd’hui un rendement maximal de 3 à 7 t par hectare, les nouveaux plants devraient permettre de passer à une production de 10 à 15 t par ha pour la variété Kent et de 15 à 20 t par ha pour les variétés Keitt et Palmer. Il prévoit par ailleurs la création d’une plateforme logistique spécialisée de 5 ha au port d’Abidjan, qui permettra d’absorber une bonne quantité de mangues destinées à l’exportation, ainsi que la création d’une unité de production de jus concentré spécifiquement destiné au marché saoudien. Comme dans les autres filières agricoles, l’un des objectifs pour gagner en valeur ajoutée est de développer la transformation locale. Plusieurs projets d’unités de séchage de mangues sont La campagne d’exportation 2016 a rapporté près de 10 millions d’euros. à l’étude, qui doivent aussi permettre de créer des emplois. Une phase pilote financée par le Firca, la Banque mona Côte d’Ivoire continue d’enrecontre 11,3 t en 2010. « Après la ruée diale et le Programme de productivité sur l’anacarde, aujourd’hui, c’est la gistrer des records agricoles. Elle a agricole en Afrique de l’Ouest (PPAO) ruée sur la mangue, qui est une source notamment consolidé sa première est en cours d’exécution. importante de revenus, d’autant que place africaine d’exportateur de mangues, L’un des principaux défis reste de troisième fruit d’exportation du pays, le coton est relégué au second plan », gagner la lutte contre la mouche des après l’ananas et la banane, avec lesexplique Yéo Klotiona, un membre de fruits, véritable fléau pour les producla coopérative Gninnangnon, établie quels il contribue à 4 % de son PIB. Avec une production de 100 000 tonnes cette teurs ouest-africains : aux portes à Korhogo. Le verger est concentré de l’Union européenne, si dans la zone nord du pays, année, dont plus de 32 600 t exportées en la présence d’un seul Europe (contre 22 700 en 2015 et 9 800 en dans les régions de savanes insecte est constatée à 2011), le pays s’est hissé au rang de troi(Korhogo, Sinématiali, C’est aujourd’hui l’intérieur d’un conteFerkessédougou et sième fournisseur de mangues du marché neur de mangues, la européen, après le Brésil (100 000 t) et le Odienné). Il est cultivé l’un des cinq fruits totalité de sa cargaiPérou (80 000 t). Une campagne d’exporpar environ 7 000 proles plus consommés tation 2016 qui a rapporté 6,5 milliards ducteurs regroupés son est alors « interdans le monde de F CFA (près de 10 millions d’euros) au sein de coopéraceptée » et détruite. avec l’orange, la banane, aux producteurs ivoiriens. tives villageoises, qui Au début de 2015, le le raisin et la pomme ministère de l’AgriculPrincipalement destinée à la consomassurent 90 % de la proture a notamment lancé mation locale jusqu’au début des années duction nationale, et par 1990, la production de mangues s’est une campagne de traitequelques exploitants privés. ensuite tournée vers l’exportation pour ment phytosanitaire à base de le marché européen, qui a cependant KENT, KEITT OU PALMER. Ayant pesticides biologiques sur 20 000 ha plafonné en moyenne à 10 000 t par an de vergers dans le nord du pays. Les perçu son caractère stratégique pour les régions de production, le gouvernede 2002 jusqu’à la fin de la crise politicoefforts ont permis de réduire le nombre ment a engagé plusieurs projets afin de militaire, en 2011. Les performances de d’interceptions de mangues ivoiriennes de trente-quatre en 2014 à dix en 2015. structurer la filière mangue, qui est insla filière ces dernières années sont dues Ils devraient s’intensifier grâce au plan au retour de la paix, mais aussi à l’entrée crite au Plan national de développement de la mangue dans le top 5 des fruits les (PND), dans le cadre du Plan national régional de lutte de 15,4 milliards de plus consommés au monde. d’investissement agricole (PNIA). F CFA qui vient d’être engagé contre ce Résultat : dès 2014, les exportations Avec l’appui du Fonds interprofesfléau par la Cedeao. sionnel pour la recherche et le conseil BAUDELAIRE MIEU vers l’Europe ont atteint plus de 20 000 t, LUCAS BERBESSON

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JEUNE AFRIQUE



Le Plus de JA

RANDGOLD

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INDUSTRIES EXTRACTIVES

Des perspectives en or

Le site de Tongon, géré par Randgold, a produit près de 6,9 tonnes d’or en 2015.

Malgré la chute des cours des minerais et des métaux, les revenus du secteur sont en forte hausse. Et c’est la filière aurifère qui en dope le chiffre d’affaires.

E

n moins de cinq ans, malgré la chute des cours mondiaux, la Côte d’Ivoire est parvenue à attirer les investissements des compagnies minières étrangères, en particulier dans la filière aurifère. Si les volumes produits sont encore loin derrière ceux de l’Afrique du Sud (170 tonnes en 2015), du Ghana (107 t), du Mali (50 t) et du Burkina Faso (31,2 t), la production industrielle d’or du pays s’est établie à 23,5 t en 2015, en hausse de 15 % par rapport à 2014 (20 t) et de 44,7 % par rapport à 2013 (13 t). Selon le ministère des Mines et de l’Industrie, dont l’ambition est que le pays compte dix-sept mines d’or opérationnelles à l’horizon 2020, pour une production annuelle de plus de 30 t, les réserves prouvées nationales sont estimées à 600 t. Actuellement, quatre mines industrielles sont exploitées dans le pays, N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

dont les principaux actionnaires sont approvisionnement erratique en énergie le britannique Randgold Resources, à au cours du premier semestre, elle table Tongon (Nord), l’australien NewCrest sur une production de 7,3 à 7,9 t en 2016 Mining, à Bonikro (Centre-Ouest), ainsi et de 8,5 t en 2017. que, à Ity (Ouest) et à Agbaou (CentreLa société ayant remboursé son emprunt l’an dernier, elle distribue en Ouest), La Mancha, société de l’Égyptien Naguib Sawiris devenue en 2015 le pre2016 ses premiers dividendes (22 millions mier actionnaire du canadien Endeavour Mining (opérateur Deux nouveaux gisements d’Agbaou) avec lequel il forme doivent entrer en exploitation une alliance stratégique dans la région. l’an prochain. PREMIERS DIVIDENDES. Après six ans d’exploitation à Tongon – qui est pour le moment le plus important gisement dans cette phase –, la Société des mines de Tongon (Tongon), filiale de Randgold, achève la modernisation du site et continue d’augmenter sa production. Elle a extrait près de 6,9 t d’or en 2015, et, malgré un broyeur en réparation et un

de dollars, soit 20,7 millions d’euros) à ses actionnaires, parmi lesquels l’État ivoirien (10 % du capital). Elle a par ailleurs créé une coentreprise d’exploration avec NewCrest pour mener des opérations de recherche près d’Aboisso (Sud-Est), sur les extensions des ceintures aurifères ghanéennes, et continue d’investir sur d’autres sites, notamment à Boundiali JEUNE AFRIQUE


Une autre Côte d’Ivoire (Nord) et à Mankono (Nord-Ouest), des « permis à haut potentiel », selon le SudAfricain Mark Bristow, directeur exécutif de Randgold, qui n’hésite pas à dire du code minier ivoirien qu’il est « le plus moderne et le meilleur sur le continent ». Il faut dire que ce nouveau code, adopté en mars 2014, a été élaboré de manière consensuelle avec les représentants des acteurs publics et privés du secteur, de banques, de la société civile et d’institutions internationales. Parmi les principales réformes : l’accélération des procédures de délivrance des permis d’exploration et de recherche, qui ne doivent plus excéder soixante jours, l’allongement de la validité des permis (qui peut aller de quatre à dix ans) et le plafonnement à 10 % des parts de l’État dans le capital des sociétés minières. Ces dernières, ainsi que leurs sous-traitants, seront en outre exonérées de taxes et d’impôts pendant cinq ans. Des changements notables qui ont valu à la Côte d’Ivoire de remporter le « prix du meilleur code minier du monde » lors de la conférence Mines and Money de Londres, en décembre 2014, devant la Finlande et le

Pérou. « Nous poursuivrons les initiatives pour rendre le secteur encore plus attractif. Nous nous attaquerons notamment aux clandestins et aux orpailleurs pour démanteler les exploitations illégales et permettre au secteur formel d’opérer », explique Jean-Claude Brou, le ministre des Mines et de l’Industrie. Toutes filières confondues, le secteur minier ivoirien a enregistré un chiffre d’affaires global en hausse de

24 % en 2015

Sur la même période, sa contribution au PIB est passée de

1 % 5 %,

à et les activités d’exploration et d’exploitation minières ont attiré

77 milliards de F CFA

(117,4 millions d’euros) d’investissements

Quelque 200 permis de recherche, dont les trois quarts pour l’or, sont en cours de validité, détenus par des compagnies internationales, mais aussi par quelques juniors ivoiriennes. Parmi elles, B&F Minerals, dont l’actionnaire majoritaire est l’Ivoirien Bamba Tahi, explore le permis de Zoukougbeu (Centre-Ouest), dont les réserves estimées sont d’environ 23 t, en partenariat avec l’australien Tietto Minerals. EXCEPTIONNEL. Déjà deux nouvelles

mines, gérées par l’australien Perseus Mining, à Sissengue (Nord, réserves estimées à 12,2 t), et par la filiale de l’américain Tau Capital Investment, Taurus Gold Limited, à Afema (Sud-Est, 36 t), devraient entrer en exploitation dans le courant de 2017. Quant au britannique Amara Mining, il a découvert un gisement exceptionnel à Yaouré (Centre) – le plus important du pays avec plus de 70,5 t de réserves d’or estimées – et continue de mobiliser les financements pour réaliser les investissements nécessaires au développement du site (estimés à 305 millions BAUDELAIRE MIEU d’euros).

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Le Plus de JA Une autre Côte d’Ivoire

YOURI LENQUETTE POUR JA

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BANQUE

Abidjan gagne au change Signe que la capitale économique est en train de conforter sa position de plateforme financière, la SGBCI vient d’y ouvrir une salle de marchés régionale. Une première en zone Uemoa.

L

a Société générale de banques en Côte d’Ivoire (SGBCI), premier établissement bancaire du pays, vient d’ouvrir une salle de marchés régionale qui, à terme, pourrait gérer les activités de change de l’ensemble des filiales du groupe en Afrique subsaharienne. Installée au deuxième étage de l’agence SGBCI Pyramide, sur l’avenue Delafosse, dans le quartier d’affaires du Plateau, elle a été calquée sur le modèle des salles de marchés de Genève, en Suisse, et intègre donc tous les standards internationaux liés à cette activité, en particulier en matière de sécurité et de télécommunications : caméras de surveillance, reconnaissance digitale et code pour tous les employés qui doivent y accéder, téléphones IP de dernière génération pouvant supporter jusqu’à trente conversations simultanées, système front-to-back (qui assure le traitement sécurisé des opérations en temps réel), site de repli vers le siège de la Société générale à Paris pour sauvegarder toutes les opérations en cas de dysfonctionnement du système… « Nous sommes équipés pour que la salle soit aussi organisée, aussi efficace et aussi sûre qu’en Europe ou en Amérique, pour donner plus d’assurance à nos clients et aux milieux d’affaires », N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

Le nouveau service, au sein de l’agence Pyramide, au Plateau.

moment elle se limite à celles de la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Par la suite, elle centralisera également les activités de change des filiales de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (Cemac). La plateforme permet de mieux gérer les règlements à l’international, de proposer des solutions adaptées à la couverture du risque de change et d’optimiser la trésorerie, en accompagnant les clients sur les meilleurs rendements qu’offrent les marchés financiers ivoirien et sousrégional. Dans un environnement des affaires en plein développement, son rôle est de satisfaire les opérations des clients (multinationales ou PME) avec

confirme Harold Coffi, le directeur général adjoint de SGBCI chargé de la clientèle entreprises et des marchés financiers. Avec son directeur général, Hubert de Saint Jean, il est l’un des principaux artisans de la création de cette salle de marchés. Harold Coffi a quitté NSIA Bank pour rejoindre SGBCI en 2014. Le banquier, qui a démarré sa carrière chez JPMorgan Chase, aux États-Unis, fait partie des symboles de la profonde mutation de Société générale sur le continent, où le groupe confie désormais une bonne part des postes stratégiques à des cadres locaux. Traders et conseillers de vente Sur la nouvelle platesont pour la plupart des Ivoiriens forme d’Abidjan, la plupart des recrues sont d’ailleurs de la diaspora rentrés au pays. des Ivoiriens de la diaspora des services sur mesure, « en proposant rentrés au pays. Outre les sales experts notamment des solutions au comptant (conseillers de vente) et les traders, [spot] et des produits dérivés, comme les deux principaux métiers présents, le change à terme ou le change à terme quelques superviseurs veillent au grain pour prévenir les éventuelles fraudes, flexible », explique Harold Coffi. Elle vient et les équipes assurent en permanence par ailleurs compléter l’offre de financement et d’investissement proposée par des activités de veille concurrentielle, réglementaire et technologique. les deux filiales – Sogebourse, chargée de l’intermédiation boursière, et Sogespar, MEILLEURS RENDEMENTS. La salle a spécialisée dans la gestion d’actifs –, dont SGBCI compte également étendre les été dimensionnée pour gérer toutes les activités à toute la zone Uemoa. activités de change des filiales du groupe en Afrique subsaharienne, mais pour le BAUDELAIRE MIEU JEUNE AFRIQUE


Roche Diabetes Care

Président de Roche Diabetes Care France (RDCF)

« Nous nous impliquons durablement sur le continent africain pour la prise en charge du diabète » Quelle est l’importance du diabète en Afrique ? On estime qu’entre 9,5 et 29,4 millions de personnes sont atteintes de diabète aujourd’hui sur ce continent. Il s’agit d’ un véritable problème de santé publique. Surtout qu’en Afrique plus des deux tiers des patients diabétiques ne sont pas diagnostiqués. Et selon les dernières estimations, les chiffres pourraient doubler d’ici 2040. La situation est évidemment contrastée en fonction des régions mais elle reste très préoccupante. Près de 320 000 décès liés au diabète ont ainsi été répertoriés en Afrique en 2015.

COMMUNIQUÉ

Quel est le savoir-faire du groupe Roche concernant cette pandémie ? L’une de nos trois divisions se consacre entièrement à cette maladie, et ce depuis plus de quarante ans. Roche Diabetes Care (RDC) est actuellement le leader mondial en matière d’autosurveillance glycémique. Avec un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros, cette activité représente 4 % du chiffre d’affaires total du groupe. Nous commercialisons des pompes à insuline et des lecteurs de glycémie. Le matériel d’autosurveillance glycémique est essentiel à une bonne prise en charge du diabète. Comment l’entité Roche Diabetes Care est-elle organisée en Afrique ? Nous sommes présents sur le continent dans 28 pays francophones du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne. Nous avons mis en place en octobre 2014 un « management center » responsable de l’importation, de la distribution et de la vente de nos produits. Nous avons une équipe dédiée et nos distributeurs travaillent sur place en s’appuyant sur les structures locales là où cela est possible, en fonction des dynamiques de développement propres à chaque pays. Il est évidemment

plus facile de travailler dans les pays où il existe de véritables infrastructures sanitaires, comme en Algérie ou au Sénégal. Quelles sont les principales missions de RDC sur le continent ? Notre travail en collaboration avec les services de santé de ces pays nous permet de mieux sensibiliser les populations de manière adaptée à chaque pays. Le diabète n’est pas toujours perçu comme une urgence en Afrique. Cette maladie reste encore largement méconnue aussi bien au sein des populations que des administrations. Il y a un travail important à mener en matière d’éducation aussi bien auprès des structures de santé que des patients et nous nous appuyons pour cela sur une équipe de formateurs. De plus, nous sommes également partenaire du laboratoire NovoNordisk pour les projets « Changing Diabetes® in Children » (CDiC) et « Buddy Doctor Initiative » (BDI). Ces deux projets touchent de nombreux pays d’Afrique afin de favoriser une meilleure prise en charge du diabète : en aidant les jeunes patients diabétiques de type 1 d’une part et en participant à la structuration du réseau de prise en charge du diabète d’autre part.

« Nous travaillons sur des solutions spécifiquement adaptées au contexte africain. Nous espérons d’ailleurs être en mesure de proposer une solution abordable et efficace dès 2017 » Comment qualifiez-vous l’engagement de Roche Diabetes Care en Afrique ? Nous sommes là pour nous impliquer durablement sur le continent. Roche Diabetes Care est aujourd’hui l’un des seuls groupes de taille mondiale à s’investir ainsi localement. Signe de cette volonté, nous travaillons sur des solutions spécifiquement adaptées au contexte africain. Les lecteurs de glycémie, avec leurs bandelettes, sont par exemple très chers pour ces pays. Il faut donc s’en affranchir et développer de nouvelles technologies, fiables et bon marché. Nous espérons d’ailleurs être en mesure de proposer une solution abordable et efficace dès 2017. Nous souhaitons également rendre l’autosurveillance glycémique plus accessible aux patients, pour assurer une meilleure prise en charge de la maladie. 

Roche Diabetes Care France - 2, avenue du Vercors - 38240 Meylan - www.accu-chek.fr

DIFCOM/ DF - PHOTO : © VALE.

Frédéric Jacquey,


Le Plus de JA Une autre Côte d’Ivoire

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ALEXANDRE DUPEYRON POUR JA

TRIBUNE

Une stratégie pour faire naître de nouveaux champions ALAIN KOUADIO Président du groupe Kaydan, administrateur de la CGECI

L

a Côte d’Ivoire a par le passé fait l’expérience de diverses initiatives censées favoriser l’émergence de champions nationaux des affaires et de l’industrie. Malheureusement, malgré toute la hargne et la bonne volonté du président Félix Houphouët-Boigny, le succès n’a pas été au rendez-vous. Le système mis en place n’a pas réussi à rendre pérenne un dispositif qui assure l’éclosion de champions nationaux. Il a créé l’entreprise plutôt que de créer l’entrepreneur. Je ne nie pas les ambitions des promoteurs de PME, mais le constat est qu’ils cherchent plus à être des hommes d’affaires à la recherche du bon filon que des chefs d’entreprise qui ont le goût des initiatives. Avec un poids de plus de 40 % dans l’économie de la région ouestafricaine, la Côte d’Ivoire donne l’image d’un pays moteur. Mais son secteur privé ne reflète pas encore cette influence. Les modèles des entrepreneurs ivoiriens de l’époque n’ont pas fait école. Vingt-trois ans après le décès de Félix Houphouët-Boigny, un nouveau mouvement est enclenché pour que les hommes

marge préférentielle de 5 %. Le montant du cautionnement provisionnel de la valeur du marché a été réduit pour amener les Ivoiriens à postuler aux marchés publics. De son côté, en concertation avec le gouvernement, la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) a élaboré un plan stratégique pour favoriser l’émergence des champions nationaux, afin de préparer la relève des grands businessmen ivoiriens que sont notamment Jean Kacou Diagou (NSIA Bank), Bernard Koné Dossongui (AFG Group) ou encore l’actuel président du patronat ivoirien, Jean-Marie Ackah (groupe Sipra). L’objectif est de permettre l’éclosion de nouveaux tycoons, de faire naître de nouveaux entrepreneurs, qui écriront de belles histoires de réussite, comme celle du Nigérian Aliko Dangote, dont les générations futures pourront s’inspirer. Pour que cette stratégie soit efficace, elle doit se donner les moyens de déceler celles et ceux des Ivoiriennes et des Ivoiriens qui présentent un fort potentiel entrepreneurial. À l’image du domaine sportif aux États-Unis ou en France, où les meilleurs éléments sont identifiés à travers des programmes sport-études, la Côte d’Ivoire doit lancer des programmes « entrepreneuriat-études », qui devraient permettre de repérer dès leur plus jeune âge ses meilleurs espoirs. En attendant la mise en œuvre concrète de cette stratégie, les actions engagées par le patronat ivoirien, comme la CGECI Academy ou la compétition de « Business Plan », ont permis de détecter les meilleurs jeunes entrepreneurs, qui reçoivent un accompagnement permanent à travers un incubateur et un accélérateur. Pour renforcer ce dispositif et soutenir la formation continue des managers, le patronat a par ailleurs signé des partenariats avec des écoles d’élites, comme HEC Paris.

Comme dans le domaine sportif, il faut lancer des programmes « entrepreneuriat-études ». d’affaires ivoiriens deviennent de vrais entrepreneurs, dans tous les segments de l’économie nationale. Dans le cadre de sa vision, qui est de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 en se fondant sur le secteur privé, le chef de l’État, Alassane Ouattara, a réformé l’environnement des affaires. Le 15 juillet 2015, un décret a été adopté en Conseil des ministres pour « booster » la participation des entreprises ivoiriennes aux marchés publics. Un quota annuel de 20 % de marchés est consacré aux entreprises nationales, avec l’octroi d’une

N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

JEUNE AFRIQUE


1978-2016 2016 - 2020 LE BNETD 3.0, UN PÔLE D’EXPERTISE DE HAUT NIVEAU AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT Entretien avec Kinapara Coulibaly, Directeur Général Quelles sont les grandes missions du BNETD ? Comment évoluentelles ? Créé en 1978 sous la dénomination de Direction et Contrôle des Grands Travaux (DCGTx), le Bureau National d’Études Techniques et de Développement (BNETD) a contribué à plus de 80 % à la réalisation des infrastructures de base et autres grands projets de développement de la Côte d’Ivoire à travers ses missions d’Assistance-conseil, de conception et d’Études, de suivi et contrôle de grands travaux. Le BNETD est un outil de développement de référence et un pôle d’expertise de haut niveau, non seulement pour la Côte d’Ivoire, mais aussi pour l’Afrique. Aujourd’hui encore, le positionnement du BNETD reste stratégique pour la Côte d’Ivoire. Son expertise acquise depuis près d’une quarantaine d’années est fondamentale dans l’atteinte des objectifs de l’émergence de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020. En outre, depuis plus de quinze ans, l’expertise du bureau est fortement sollicitée hors de nos frontières. Ce qui a prévalu à la création de succursales au Bénin, au Congo, au Gabon et en Guinée Équatoriale. Nous intervenons également sur des projets dans la sous-région, notamment au Mali, au Sénégal, au Burkina Faso, en Guinée Conakry, en Guinée Bissau…

MESSAGE

En termes d’opérationnalité, le BNETD couvre tous les secteurs de l’économie et est structuré en quatre pôles que sont les Transports, Infrastructures et Environnement, les Bâtiments et Aménagement Territorial, l’Agriculture, Informations Géographiques et du Numérique et l’Innovation et Développement International. Quelle vision du BNETD à l’horizon 2020 ? Dans la perspective de construire un BNETD beaucoup plus compétitif et à l’écoute de ses clients, nous avons, depuis janvier 2016 initié des actions en terme de réflexion stratégique,

notamment l’élaboration du Plan Stratégique 2016-2020 – BNETD 3.0. qui ambitionne de faire du BNETD « un pôle d’expertise de haut niveau au service du développement et un partenaire privilégié de l’État de Côte d’Ivoire ». Ce plan stratégique BNETD 3.0 repose sur 5 axes stratégiques qui sont : L’opérationnalisation de l’émergence ; l’excellence opérationnelle ; l’innovation pour l’Émergence ; la force spéciale de développement et la rentabilité et pérennité. Comment le BNETD peut-il contribuer à l’émergence de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020 ? Dans la continuité des mutations successives du BNETD inspirées par les programmes de développement nationaux, le BNETD nouveau, « le BNETD 3.0 », sera un centre d’excellence orienté sur des actions stratégiques prioritaires de portée nationale et internationale. Fidèle à son identité originelle, il se définira par les caractéristiques de réactivité, qualité, innovation, efficience opérationnelle et viabilité économique. Nous serons une « force spéciale du développement » apportant des solutions novatrices qui permettent d’accélérer la marche vers l’émergence. Spécifiquement, le BNETD 3.0 se veut un acteur qui contribuera à l’atteinte de cet objectif via trois leviers qui sont : le développement des infrastructures stratégiques ; la croissance de la part de l’industrie dans le PIB et l’amélioration de l’indice de développement humain. Pensez-vous que les perspectives de développement des infrastructures en Côte donnent de vraies opportunités aux investisseurs ? Oui il y a de véritables opportunités offertes aux investisseurs. Le secteur privé est déjà fortement impliqué dans le processus à travers des projets majeurs aujourd’hui. C’est le cas du transport urbain ; la concession à deux nouveaux opérateurs (Compagnie Ivoirienne de Transports, Société de Transport Lagunaire) en 2015, de l’exploitation du plan d’eau lagunaire pour le transport de personnes en plus de la SOTRA, le métro d’Abidjan concédé à un groupement franco-Sud-coréen pour le transport ferroviaire de personnes et la concession de la construction de la gare routière interurbaine de voyageurs d’Abidjan en 2013 à l’Entreprise Générale d’Afrique.

Bd Hassan II, Abidjan Cocody, 04 - BP 945 Abidjan 04 République de Côte d’Ivoire Tél. : +225 22 48 34 00 / 35 00 / 36 00 - Fax : +225 22 44 56 66 E-mail : contact@bnetd.ci - www.bnetd.ci


Le Plus de JA

Un centre de gestion intégrée du ministère des Transports géré par l’opérateur privé.

QUIPUX

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INNOVATION

Entre saut technologique et polémique Grand gagnant de l’appel d’offres sur la réforme du secteur routier, Quipux Afrique multiplie les activités. Même s’il a dû suspendre la fabrication des nouveaux permis de conduire.

E

n cette froide journée de début novembre au cours de laquelle il rencontre Jeune Afrique à Paris, Ibrahima Koné a le sourire. Et pourcause:legouvernementivoirienvient d’adopter un décret sur les transports routiers instaurant notamment un permis de conduireàpoints,etc’estsasociété,Quipux Afrique, qui est l’opérateur technique de ce nouveau système. Chaque détenteur d’un permis sera désormais crédité d’un capital de points, lequel sera amputé en cas d’infraction au code de la route. Filiale du groupe colombien éponyme, Quipux Afrique, dont le capital est détenu à 35 % par le gouvernement ivoirien, a été chargé dès 2014 de fournir aux conducteurs de nouveaux permis (au format carte de crédit et à puce électronique). Il s’agissait alors de poser les premiers jalons de la réforme portée par Gaoussou Touré, le ministre des Transports. « Le gouvernement vient de nous donner un signal très fort, annonce Ibrahima Koné. Le permis à points, c’est l’aboutissement de tout ce que nous avons mis en place depuis deux ans. » Un signal fort N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

Pour le ministère des Transports et son opérateur technique, Quipux Afrique, même si on ne l’avoue pas, c’est la douche froide… D’autant plus qu’à l’époque l’affaire est bien engagée et que plus de 200 000 permis ont déjà été renouvelés. et surtout, il l’espère, l’assurance qu’il va enfin pouvoir mener sa mission et Mauvaise compréhension de la réforme redémarrer entièrement son activité. et de ses enjeux, problèmes de communication, contexte social tendu, soupçons de connivence entre le ministre DOUCHE FROIDE. En mai, afin de calmer une grogne sociale croissante contre la des Transports et le directeur général de cherté de la vie, Alassane Ouattara annonQuipux Afrique – que ce dernier a toujours çait, entre autres, la suspension pure et réfutés en assurant que son entreprise simple de la réforme du permis avait remporté l’appel d’offres à la loyale… « Toutes ces poléde conduire. Pour se procurer En 2015, le nouveau document, les miques sont derrière nous », les accidents Ivoiriens doivent en effet se réjouit aujourd’hui de la circulation débourser 13 600 F CFA Ibrahima Koné. ont fait plus de Désormais, sa seule (environ 21 euros), une p ré o c c u p a t i o n e s t somme que les syndicats et près de 14 000 blessés estiment trop élevée et l’avenir, pour confirmer dans le pays, le positionnement et inutile dans bien des cas. premier du continent les ambitions de Quipux « Le renouvellement à instaurer un permis Afrique. Une entreprise des permis de conduire à points que le jeune patron (il a ne devrait pas viser tous les 41 ans), ex-directeur commercial conducteurs », tranche alors le chef du concessionnaire Société d’équipede l’État, à la surprise générale, dans son ments techniques automobiles de Côte discours du 1er mai, avant de demander d’Ivoire (Setaci) et expatrié au Brésil à la au gouvernement de lui faire « dans les prochaines semaines des propositions fin de 2008, dirige depuis deux ans, après avoir convaincu les dirigeants de la maisur les conditions de poursuite de cette son mère de tenter l’aventure africaine. opération ».

800 morts

JEUNE AFRIQUE


Une autre Côte d’Ivoire « C’était un choix risqué. Nous étions en 2012, juste après la crise, et personne ne connaissait Quipux en Côte d’Ivoire, raconte-t-il. Mais j’étais convaincu de la pertinence d’une coopération Sud-Sud. Nous avons des réalités, des contextes, des profils économiques similaires, et nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. » Quelles sont les activités de l’entreprise et quel sera son rôle dans le cadre de la nouvelle réglementation en matière de transportsroutiers?«Malgrélasuspension de la réforme, nous continuons à travailler, car le renouvellement des permis n’est qu’un aspect de la réforme globale du secteur, sur laquelle nous planchons avec le ministère, précise Ibrahima Koné. La Côte d’Ivoire s’est engagée auprès des Nations unies à réduire de 50 % les accidents de la route mortels d’ici à 2020 et, pour y parvenir, nous devons travailler sur plusieurs fronts: éducation routière, sensibilisation aux dangers, sanctions des mauvais conducteurs, etc. Les défis sont énormes et seront plus importants encore au vu de l’urbanisation galopante. » SÉCURISER. Avec un chiffre d’affaires

de 15 milliards de F CFA en 2015, l’entreprise, qui bénéficie de l’expertise et des solutions technologiques éprouvées par sa maison mère en Colombie et au Brésil, a en effet un champ d’activité particulièrement large : formation d’agents de police à la sécurité routière, renforcement de la capacité des autoécoles, création d’une base de données regroupant toutes les informations (y compris médicales) sur les conducteurs ivoiriens, etc. L’entreprise a par ailleurs été chargée d’installer 31 centres de gestion intégrée sur l’ensemble du territoire, dont la plupart sont déjà construits : des plateformes où les conducteurs, particuliers et professionnels, peuvent effectuer toutes leurs démarches (permis, plaques d’immatriculation, titres de transporteurs, etc.). Ce maillage va permettre de sécuriser les procédures, de réduire les intermédiaires, les délais et les frais. « En deux ans, nous avons déjà investi plus de 20 millions d’euros en Côte d’Ivoire et créé près de 1 000 emplois », affirme Ibrahima Koné, qui compte désormais étendre le champ d’action de Quipux Afrique à la sous-région voire au continent. Il espère ouvrir un bureau à Dakar dès le premier semestre de 2017. HABY NIAKATE JEUNE AFRIQUE

Obtenir un ticket sans se fatiguer Fini l’attente en gare pour acheter son billet de car. Sur le site de mTick, il suffit d’un clic.

L

idée est tellement simple que l’on se demande pourquoi personne n’y avait pensé plus tôt. Imaginez: vous êtes à Abidjan et voulez rejoindre en car Korhogo, dans le Nord, Daloa, dans l’Ouest, ou Abengourou, dans l’Est. Auparavant, il vous aurait d’abord fallu vous rendre à la gare routière pour acheter votre ticket. File d’attente, stress, incertitude d’obtenir un billet delacompagnievoulueet aux horaires adéquats… Une sorte d’avant-voyage avant le vrai voyage ! Pour remédier à cette situation, quatre trentenaires originaires de Côte d’Ivoire, du Gabon, du Sénégal et de France ont lancé mi-2016, après plus d’un an de développement sur fonds propres (une dizaine de milliers d’euros), une plateforme de réservation en ligne de tickets pour cars : mTick (contraction de mobile ticket). « Il nous a semblé naturel de lancer notre

plateforme en priorité à Abidjan, là où le marché était le plus mûr et le plus organisé en Afrique de l’Ouest », explique Bill Diara, diplômé de l’Inseec Business School (Paris) et cofondateur de la start-up. CHAP CHAP. Pour ce

faire, le site s’appuie sur six transporteurs bien connus des Ivoiriens (AVS, BKL, OT-CI, UTS, Léopard Transport et GTI) au départ d’Abidjan et d’autres agglo-

Les usagers, eux, particuliers ou professionnels, peuvent consulter les horaires, comparer les prix et réserver en ligne depuis leur ordinateur, leur smartphone ou leur tablette. Ils paient via leur opérateur téléphonique (Orange Money, Moov Money ou MTN Mobile Money) et reçoivent leur ticket sous forme de SMS ou d’e-mail. En contrat régulier avec les opérateurs téléphoniques, mTick se rémunère en tou-

Consulter les horaires, comparer les prix, payer via son opérateur téléphonique… sans se déplacer. mérations, et capables de desservir une soixantaine de villes à travers le pays. Pour ces derniers, l’intérêt n’est pas négligeable puisqu’ils peuvent ainsi prévoir le volume de passagers, gérer les réservations et, au besoin, ajuster le nombre de cars prévus.

Page d’accueil de la plateforme d’achat en ligne de billets de bus.

chant une commission sur chaque réservation. « Pas de quoi faire flamber les prix pour autant », rassure Bill Diara. Au contraire, « une collaboration intelligente avec les transporteurs permet de lancer régulièrement des promotions, notamment en période de fête, où l’affluence est plus importante », assure-t-il. L a s t a r t- u p, q u i compte une dizaine de collaborateurs, souhaite réaliser une levée de fonds au cours du premier semestre de 2017 afin d’optimiser encore son service puis de se lancer chap chap (« vite vite », en nouchi, l’argot abidjanais, devenu le slogan de mTick), au second semestre de 2017, au Sénégal, au Burkina Faso, et au Gabon. H.N.

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Le Plus de JA Une autre Côte d’Ivoire AUDIOVISUEL

Bien(re)venue dans les salles obscures En 2015, le groupe Majestic a ouvert trois cinémas dans la capitale économique. Et les Abidjanais ne se font pas prier pour en profiter.

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Lors de la projection de Rogue One au Majestic Ivoire.

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lus de quinze ans après la fermeture de ses grands cinémas, parmi lesquels Les Studios, Le Paris et L’Ivoire, sans parler des salles de quartier reconverties en commerces ou en églises évangéliques, Abidjan a enfin retrouvé de grands écrans. En mai 2015, le groupe Majestic Cinéma, fondé par le jeune entrepreneur Jean-Marc Bejani, est parvenu à rouvrir la mythique et magnifique salle de 385 places logée dans l’enceinte du Sofitel Ivoire, fermée depuis le début des années 2000. L’engouement des Abidjanais a été tel qu’il a convaincu le groupe d’aménager et d’ouvrir, dès le mois de décembre suivant, deux autres salles : le Majestic Sococé (180 places), situé au centre commercial Sococé, dans le quartier des Deux-Plateaux, à Cocody, et le Majestic Prima (233 places), dans la galerie Prima, à Marcory. Les Abidjanais ont ainsi pu découvrir dès le début de décembre 2015, au moment de sa sortie planétaire, Star Wars. Le réveil de la force, l’épisode VII de la célèbre saga.

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Les trois salles ont été dotées d’équipements répondant aux derniers standards internationaux tant en matière de confort que d’un point de vue technologique (3D, son digital…), pour un maximum d’émotions et de sensations. BLOCKBUSTERS. Le groupe Majestic

clientèle est très diverse, les spectateurs viennent en famille, en couple. Les adolescents non accompagnés fréquentent aussi les salles du Majestic », poursuit Sylvain Agbré. Pour le groupe, la priorité est de consolider ces acquis avant de songer à ouvrir d’autres salles à Abidjan ou dans les grandes villes du pays. Pour attirer plus de spectateurs, il organise régulièrement de grandes campagnes de communication dans toute l’agglomération pour annoncer les sorties, qu’il a choisi de programmer les week-ends plutôt qu’en milieu de semaine comme c’est le cas en France. Pour un ticket d’entrée de 4 000 à 5 000 F CFA (de 6,10 à 7,60 euros), les trois salles sont ouvertes sept jours sur sept et proposent chaque semaine quarante-cinq films, dont des blockbusters américains et des films pour enfants les mercredis, dimanches et jours fériés. « GONDWANA ». Outre les jeux et les événements organisés à la sortie de certains films, le groupe crée des animations en partenariat avec la société Unifrance, chargée de la promotion de films français à l’étranger. Du 8 au 10 décembre, le Majestic Ivoire a ainsi accueilli la première édition des Rendezvous du cinéma francophone, avec une sélection de six films (de France, de Suisse, de Côte d’Ivoire et du Sénégal) pour un tarif unique de 2 000 F CFA la séance. Les spectateurs ont pu y rencontrer des réalisateurs, des comédiens et

reste pour le moment le seul opérateur sur le créneau dans la capitale économique. En Familles, couples, adolescents… 2014, l’Institut français a Le public est très varié, d’après bien ouvert un grand auditorium au cœur du Plateau, le directeur d’exploitation. qui sert quelquefois de salle des producteurs (Aïssa Maïga, Daouda de cinéma, sans en avoir ni l’équipement ni l’ambiance. « Le constat est positif. Coulibaly, Ibrahim Koma…), à comLes Ivoiriens ont répondu favorablemencer par l’équipe de Bienvenue au ment, et nous avons des accords avec Gondwana, tourné en Côte d’Ivoire, une major française qui nous fournit qui a fait l’ouverture de l’événement des films au moment de leur sortie en en présence de son producteur, Éric Europe, ce qui nous permet de les proAltmayer, de son réalisateur, Mamane, jeter dans nos salles simultanément », et de toute l’équipe ivoirienne du film, explique Sylvain Agbré, le directeur dont les stars Michel Gohou, Digbeu d’exploitation du groupe. On est encore Cravate et Prudence Maïdou. Et le public loin du million d’entrées, mais le taux était au rendez-vous. de fréquentation est satisfaisant. « La BAUDELAIRE MIEU JEUNE AFRIQUE


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P ré fa b ri q u é s, entreprise créée en 2007 fournit des préfabriqués en béton structurel destinés principalement au secteur de la construction résidentielle, industrielle et du génie civil. Le sérieux et l’efficacité sont notre raison d’être. Nous proposons une large gamme de produits et de solutions intégrant les technologies les plus récentes et parfaitement adaptés à la nouvelle réglementation et aux exigences de qualité. Tous nos produits et procédés ont été conçus et optimisés dès l’origine pour répondre aux besoins les plus exigeants et proposer des solutions techniquement et économiquement compétitives. Avec IConkrete, société créée en 2012, dont la mission est de fournir des produits et services innovants à l’échelle mondiale en utilisant des systèmes industriels et béton préfabriqué durable, nous apportons à nos clients un service complet, de la phase de conception initiale (conseil, réalisation de plans, rap-

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Le Plus de JA Une autre Côte d’Ivoire

Claude Lecat (à g.), concepteur et coréalisateur de la série, et l’acteur Ghislain « Gianni » Cian.

En voiture avec « Taximan Kpakpato » Avec ce chauffeur indiscret et bavard, les trajets dans Abidjan sont désopilants. Plébiscitée, la série d’Africabox TV va se poursuivre sur une deuxième saison.

D

epuis la diffusion de son premier épisode sur YouTube en avril, la série Taximan Kpakpato fait le buzz et, surtout, elle fait mourir de rire les Ivoiriens. Avec plus de 4 millions de vues, sans compter les partages sur les réseaux sociaux, les quelque 240 épisodes de la saison 1 se sont propagés au-delà du pays pour aller chatouiller les zygomatiques de la diaspora ivoirienne et africaine francophone de par le monde, où, en attendant la saison 2, on continue de se repasser en boucle les dizaines de saynètes déjà cultes. En argot local, le « kpakpato », c’est celui qui raffole des commérages, se mêle de discussions qui ne le regardent pas et passe son temps à critiquer les autres : la marque de fabrique du chauffeur de taxi abidjanais, rôle-titre de la série tenu par Célestin N’goran Yao. Un casting de 80 personnes a permis de retenir une dizaine de comédiens amateurs pour jouer les passagers, parmi lesquels Orelly Djamat Dubois, Mariam Merry Saka, Marina Mahan Ipoté ou encore Ghislain Séhoué, jusqu’alors illustres inconnus dans le gotha de la comédie. À l’instar de Célestin Yao, qui, dans la « vraie vie », est comptable dans une entreprise locale. N 0 2920-2921 • DU 25 DÉCEMBRE 2016 AU 7 JANVIER 2017

La réussite de ce programme court (un épisode dure environ cinq minutes) n’est pas si étonnante : les spectateurs y retrouvent leur quotidien caricaturé et l’on se souvient que, en 2008 déjà, le duo de musique urbaine zouglou de Yodé et Siro avait fait un tabac en raillant l’attitude des « taximen kpakpato » dans leur titre Taximètre. Ce qui est plus surprenant, c’est que le succès persiste sur autant d’épisodes. VERSION FÉMININE. Par ailleurs, contrai-

rement à ce que beaucoup de spectateurs pensaient lorsque le bouche-à-oreille les a conduits à se précipiter sur internet, Taximan Kpakpato n’est pas une websérie. « C’est une série télé diffusée par la chaîne Africabox TV puis mise en ligne sur YouTube », précise son concepteur et producteur, Claude Lecat. Ancien présentateur de la chaîne publique nationale RadiodiffusionTélévision ivoirienne (RTI), il a rejoint le siège ivoirien d’Africabox TV (créée en 2009) en tant qu’animateur, avant d’êtrepromuresponsable du département comédie et cinéma. La diffusion de la saison 2, qui comptera également 240 épisodes de cinq minutes, devrait débuter pendant les fêtes de fin

d’année. « Cette nouvelle saison va nous permettre de corriger les imperfections de la première. Nous apporterons des améliorations techniques, le jeu des acteurs sera plus abouti », assure Claude Lecat, qui regrette cependant que le budget, trop petit, rende souvent les tournages compliqués. Un problème qui sera peut-être bientôt résolu puisque le succès de Taximan Kpakpato a attiré l’attention des dirigeants du groupe public RTI, qui envisagent de programmer la série sur la chaîne nationale et ont engagé des discussions en ce sens avec les producteurs. Ces derniers ambitionnent de voir la série diffusée sur les chaînes panafricaines et, pourquoi pas, de la faire ensuite passer dans un format plus long, sous réserve de trouver des financements. En attendant, Claude Lecat déborde d’idées. Il songe déjà à une nouvelle production: Lady Driver, dans la même veine, mais en version féminine. « L’histoire d’une femme chauffeur qui est si bien renseignée sur tout le monde en ville que son taxi est prisé aussi bien par les élites que par les petites gens, qui viennent y entendre ou y livrer les derniers kpakpatoyas », s’amuse-t‑il déjà. BAUDELAIRE MIEU JEUNE AFRIQUE

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Le Plus de JA

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Les maquis jalonnent désormais les plages.

Jacqueville en habits neufs Avec la construction du pont Philippe-Grégoire-Yacé, la cité balnéaire, jusqu’alors enclavée entre la lagune et l’Atlantique, est en plein développement. Pour le plus grand plaisir des Abidjanais.

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première capitale de la Côte d’Ivoire coloniale, réputé pour ses plages et apprécié de l’élite et de ses expatriés, est plongé dans une sorte de léthargie. Assinie, le Saint-Tropez ivoirien, situé au-delà de Grand-Bassam, et la « baie des milliardaires », sur l’île Boulay, au large d’Abidjan, sont financièrement encore inaccessibles pour la classe moyenne. Aussi Jacqueville, qui a repris des couleurs, est-elle devenue le lieu de villégiature des Ivoiriens. Sa position stratégique, entre lagune et mer, fait d’elle un paradis terrestre. Les maquis, aux noms souvent évocateurs – Baie de la romance, By Stingo… –, ont envahi les plages. À Sassako, Avagou, Abrebi, Akrou…, ces bars-restaurants à ciel ouvert ont fleuri dans tous les villages balnéaires alentour. D’une vingtaine avant l’inauguration du pont, ils sont aujourd’hui plus de deux cents, qui s’étalent sur quinze kilomètres.

pas que nos plages deviennent un lieu de règlementdecomptesentrebandesrivales venuesd’Abidjan»,confieJoachimBeugré, le maire de Jacqueville, qui constate que sa ville a pris une autre dimension en moins d’un an. Dans le quartier Habitat, l’hôtel Persévérance, au standing plutôt modeste, affiche complet le week-end. Son nightclub, l’un des endroits à la mode, devient dès la tombée de la nuit un espace de détente. Dans le même quartier, son concurrent, L’Immaculée, accueille lui

FESTIVALIÈRE. Se régaler de spéciali-

tés culinaires locales et occidentales, se trémousser sur les sets des DJ ivoiriens, assister aux performances d’artistes de zouglou ou draguer sur les plages… Les Abidjanais ne boudent pas leur plaisir. « Nous pouvons accueillir chaque week-end des milliers de personnes. Aujourd’hui, nous nous organisons pour assurer la sécurité. Nous ne souhaitons

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nclavée,Jacquevillen’alongtemps été accessible que par un vieux bac qui traversait quotidiennement la lagune Ébrié depuis Songon pour rejoindre N’Djem, le premier village de la commune. Avec l’inauguration, il y a un peu plus d’un an, du pont Philippe-Grégoire-Yacé – du nom d’un célèbre homme politique, compagnon de l’ex-président Félix Houphouët-Boigny –, la ville est en plein développement. L’histoire de cette cité balnéaire est un peu particulière. Ville presqu’île coincée entre les eaux de la lagune au nord et celles de l’Atlantique au sud, elle a connu plusieurs influences, d’abord néerlandaise, puis portugaise, britannique et, enfin, française. Ancien comptoir sous la colonisation française, elle doit son nom à un commerçant anglais, Big Jack, qui s’y était installé pour faire du troc avec les populations autochtones (notamment de vêtements et de liqueurs, contre de l’huile de palme). L’emplacement initial de Grand Jack, son nom à sa création, existe encore, à 5 km de la ville actuelle. Avec les plateformes des compagnies pétrolières et gazières, toutes situées au large de ses côtes, la ville est aussi connue pour être le cœur de la production d’hydrocarbures du pays. Aprèslesattentatsdemarsetlapsychose qu’ils ont provoquée, Grand-Bassam,

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LOISIRS ET TOURISME

JEUNE AFRIQUE


Une autre Côte d’Ivoire

Le pont sur la lagune Ébrié relie Songon à N’Djem, premier village de la commune.

aussi dans son night-club de nombreux jeunes souvent venus d’Abidjan. « La vie est vraiment belle, ici. Il n’y a pas de pollution, contrairement à la capitale, l’air y est frais. Avant, on disait qu’il faisait bon vivre à Abidjan. Aujourd’hui, on peut en dire autant de Jacqueville », estime Alain Yao, cadre dans une société privée d’Abidjan venu y passer le weekend en famille. Et la ville se veut festivalière. En août, le Festival des villes côtières a vu le jour, qui a réuni plusieurs milliers de personnes. En Tout est à refaire en matière d’hôtellerie, mais des projets sont en cours.

JEUNE AFRIQUE

avril, le Festival des fruits de mer a tenu sa première édition, avec la participation d’une douzaine de grands chefs cuisiniers. Et l’artisanat local s’y est considérablement développé. ÉCOLOGIQUE. Malgré sa voirie un peu

dégradée, Jacqueville a les allures d’une princesse très courtisée. Plusieurs grands projets sont en cours de réalisation. Le déficit d’infrastructures hôtelières est tellement criant que les Abidjanais n’y séjournent que le temps d’une journée.

« Tout est à refaire en matière d’hôtellerie, ici », reconnaît le maire. Le Fonds de développement touristique s’apprête à lancer les travaux de construction du complexe hôtelier Le Relais Paillote, d’une capacité de cinquante chambres, uniquement des bungalows, dans le village de Djacé. Ce projet innovant est conçu avec une dimension écologique. Le Relais Paillote sera bâti sur 4 ha, avec une piscine d’eau de mer, des aires de jeux, des espaces verts et une salle de conférences. La rénovation de l’hôtel M’koa, patrimoine de l’État cédé à la mairie, a, elle, été confiée à une société privée. Son night-club promet de faire pâlir de jalousie les boîtes de nuit en vogue à Abidjan, comme le Lifestar, Le Temps d’aimer ou le Forty-Forty. « Nous voulonsrattrapernotreretardencomblant le déficit d’infrastructures d’accueil », assure le maire. Des voyagistes allemands ont entamé des négociations avec la municipalité pour la construction d’un hôtel composé de bungalows et de cases en bordure de la lagune Ébrié pour attirer les touristes germaniques, qui privilégient habituellement la lointaine Thaïlande. La construction du pont a aussi relancé l’économie de la ville. Fermée depuis le début des années 2000, la Société ivoirienne de coco râpé (Sicor), qui était la plus grande entreprise de la région, reprendra bientôt ses activités. Le gouvernement l’a restructurée, avec la nomination de nouveaux dirigeants. C’est Alain Kouadio (lire p. 112), administrateur de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) et président du groupe Kaydan, qui en a pris la direction. BAUDELAIRE MIEU

BOOM TERRITORIAL ET IMMOBILIER Depuis que le pont Philippe-GrégoireYacé a dopé la fréquentation de Jacqueville, les terrains se vendent à prix d’or à l’intérieur et autour de la cité balnéaire. Cadres du privé et fonctionnaires, tout en restant à proximité de la capitale économique, préfèrent désormais habiter à Jacqueville pour profiter du calme et de

la plage. Face à cette forte demande, à laquelle vient s’ajouter celle des promoteurs de projets touristiques ou de loisirs, et pour maîtriser les coûts, le périmètre de la ville va être étendu à 200 ha. Avec l’accord du gouvernement, la municipalité va engager une opération de viabilisation et de mise en valeur des terrains de la Sicor et de la Sodepalm

pour en utiliser une partie. Les autorités locales ont par ailleurs entamé des négociations avec le groupe de grande distribution Prosuma pour l’ouverture d’un supermarché. Un projet de parc d’attractions devrait voir le jour au cours des prochains mois sur le site prévu pour l’extension de la ville. B.M.

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Port d’Abidjan : des réformes au service d’une économie émergente

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n 2016, le port d’Abidjan a poursuivi sa marche inexorable vers la réalisation de son ambition de devenir le port leader de la Côte Atlantique de l’Afrique. Les acquis obtenus depuis 2011 ont été préservés et renforcés tandis que de nouvelles réformes ont été mises en route. L’accent a été principalement mis sur la modernisation des infrastructures et équipements d’exploitation portuaire d’une part et l’amélioration de la gestion du Port Autonome d’Abidjan d’autre part.

Au niveau de l’exploitation portuaire Le programme de réalisation d’infrastructures d’envergures, entamé en 2012, a enregistré une avancée considérable. Premièrement, le môle du port de pêche, inauguré en septembre 2015, est rentré dans sa phase d’exploitation. Désormais, les tirants d’eau admissibles de 10 mètres permettent d’accueillir les plus grands chalutiers. Les opérateurs du secteur de la pêche et de la conserverie disposent de 5 hectares pour installer de nouvelles unités industrielles.

Ensuite, les travaux d’élargissement et d’approfondissement de la passe d’entrée du Canal de Vridi ont atteint un niveau d’avancement très satisfaisant. Il en est de même pour le projet de création de terrains supplémentaires par remblaiement de la baie lagunaire de Vridi qui sera bientôt livré. Enfin, le projet de construction du 2e terminal à conteneurs couplé avec un nouveau terminal roulier connaîtra une évolution notable à travers la finalisation de la structure des quais. Par ailleurs, un nouveau Système d’Information Portuaire (SIP), plus performant, a été récemment dé-

PUBLI-INFORMATION

Vue du port d’Abidjan avec l’implantation des projets


ployé. Il permet de fluidifier les escales et les trafics, d’assurer une meilleure facturation des prestations ainsi que la production des statistiques et de gérer avec plus d’efficience les relations avec la clientèle.

L’objectif de l’Autorité Portuaire étant de bâtir un port adapté aux ambitions d’émergence de la Côte d’Ivoire à l’horizon 2020, il était nécessaire d’entreprendre également des réformes au niveau de la gouvernance et du management. Ce qui a été fait à travers le renforcement des contrôles et des audits internes, la maîtrise des charges, le renforcement des stratégies commerciales pour un meilleur repositionnement sur les marchés sous-régionaux et Européens, la poursuite de la politique de management par la qualité, l’affirmation de la responsabilité environnementale et sociétale, l’amélioration de la sûreté et de la sécurité portuaire, et l’optimisation des ressources humaines. Les initiatives prises dans ce sens

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ont donné des résultats très satisfaisants. Le trafic des marchandises est passé de 16 642 542 tonnes en 2011 à 21 926 247 tonnes en 2015, soit une croissance de 24 %. Sur la même période, le chiffre d’affaire est passé de 51,3 milliards de francs CFA à 79,5 milliards, soit une progression de 35 %. Avec à la clé, la note A+ attribuée par l’agence de notation financière Bloomfield Investement Corporation, en juillet dernier, preuve de la bonne santé financière de l’entreprise qui affiche des perspectives stables garantes de la poursuite de ses investissements. Toutes ces performances sont l’aboutissement d’une vision impulsée par l’Autorité Portuaire et partagée par l’ensemble des acteurs d’une Communauté Portuaire dynamique dont la synergie des compétences et des savoir-faire est en phase de transformer la physionomie de ce grand port de l’Afrique de l’ouest et d’en

améliorer les prestations pour plus de compétitivité. Les fondements solides pour atteindre les objectifs ont été posés. Les performances économiques enregistrées par la Côte d’Ivoire ajoutées aux prévisions positives qui en découlent constituent de bonnes perspectives qui pointent à l’horizon. En 2017, il faudra donc consolider les acquis et continuer la projection vers l’avenir. Cela passera non seulement par la poursuite des projets déjà entamés et le lancement de nouveaux mais, également par le renforcement des réformes engagées. La contribution de tous et de chaque acteur sera une fois encore sollicitée. L’année 2017 sera pleine de défis et de challenges mais aussi de succès pour le Port d’Abidjan résolument engagé à accompagner la Côte d’Ivoire sur le chemin de l’émergence. Joyeuses fêtes à tous nos partenaires et clients ! 

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.

Au niveau de la gestion du Port Autonome d’Abidjan


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