Pdf ja 2874 du 7 au 130216 dossier assurances

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Maroc Les repentis de Sa Majesté

Dossier L’assurance-vie s’africanise

CPI-Afrique Love it or leave it jeuneafrique.com

Hebdomadaire international indépendant • 56e année • n° 2874 • du 7 au 13 février 2016

Côte d’IvoireBurkina On efface tout et on recommence ?

LIBYE Sur la piste des kadhafistes

GABON

Dernière ligne droite

De haut en bas et de g. à dr.: Pierre Claver Maganga Moussavou, Jean Ping, Bruno Ben Moubamba, Jean de Dieu Moukagni Iwangou, Ali Bongo Ondimba et Casimir Oyé Mba

• 2009-2016 : le vrai bilan • Face à Ali, qui ? • Interviews : Daniel Ona Ondo et Jean de Dieu Moukagni Iwangou édition internationale et afrique centrale France3,80€•Algérie220DA•Allemagne4,80€•Autriche4,80€•Belgique3,80€•Canada6,50$CAN•Espagne4,30€•Éthiopie67birrs•Grèce4,80€•Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1900 F CFA • ISSN 1950-1285


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Dossier

Assurances

TENDANCE

IntervIew

Mamadou Diop

DG de Sonam Assurances

Les produits vie pour mi

Face au ralentissement de la branche dommages, les compagnies misent de plus en plus sur les contrats d’épargne. Mais les mentalités et la réglementation doivent encore évoluer.

O

Rémy DARRAs

«

n accorde de plus en plus d’importance à la personne physique, à ses vieux jours, aux aléas de la vie », constate Papa Ndiaga Boye, secrétaire général permanent de la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (Fanaf). Face à un système de solidarité intergénérationnelle traditionnelle « qui montre ses limites parce que les jeunes ne veulent pas des obligations qu’implique une famille élargie », la croissance de l’assurance-vie s’affirme sur des marchés phares comme la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Gabon. Elle a même atteint une hausse de 20 % par an au Sénégal ces dix dernières années. « Si la branche vie reste faible en matière de primes et d’activités au regard de l’ensemble du secteur de l’assurance, son potentiel est important », assure Mohamed Ali Jebira, associé conseil en services financiers pour l’Afrique francophone chez Deloitte, à Tunis. « Le développement de la classe moyenne et la multiplication des canaux de distribution – notamment la bancassurance, la téléphonie et La microassurance – sont très prometteurs pour les prochaines années », se réjouit Roger Boa Johnson, directeur général d’Axa Côte d’Ivoire, qui a obtenu en décembre 2015 son agrément pour l’assurance-vie. Gérard Besse, directeur du cabinet Oxygen for Business et ancien numéro deux d’Axa Cameroun, partage la même analyse : « Le chiffre d’affaires vie a progressé de plus de 10 % par an en moyenne sur une décennie et cette n o 2874 • du 7 au 13 février 2016


infographie

La microassurance progresse à petits pas

stratégie

De Tunis à Abidjan, le marocain Wafa voit grand

agriculture

La Mauritanie protège ses cultivateurs des aléas météo

s’africanisent mieux convaincre

hausse devrait s’accélérer dans les prochaines années avec l’augmentation du nombre d’entreprises dans le secteur formel, qui souscrivent pour leurs salariés. » Mais, actuellement, ce mode d’épargne à long terme demeure mal ou peu connu et suscite encore de la méfiance. Sa pénétration est seulement de 1 % en moyenne au sud du Sahara (hors Afrique du Sud). Dans la zone de la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (Cima), qui compte quatorze pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale, ces contrats ne représentent que 27 % des primes (360 millions d’euros) perçues en 2014, et les 58 sociétés qui opèrent sur ce créneau (contre 105 pour l’assurance dommages) ne géraient en tout et pour tout que 1,3 milliard d’euros. Les assureurs y voient pourtant déjà un vrai gisement de croissance face au ralentissement de la branche incendie, accidents et risques divers (IARD). Historiquement tiré par l’activité automobile, aujourd’hui déficitaire, le secteur a notamment dû apurer ses finances. Début 2015, certaines compagnies recensaient près de 50 % de primes impayées… Des pertes que ne compense pas la couverture des risques des grands travaux d’infrastructures, la plupart du temps assurée par des entreprises basées hors du continent.

illustration : severin millet pour j.a.

obstacles. Si la faible bancarisation de la popu-

lation (18 % en Afrique subsaharienne, hors Afrique du Sud) constitue l’un des principaux obstacles au développement de l’assurance-vie, « le mouvement va s’accélérer sous l’impulsion des 25-30 ans, plus éduqués, qui arrivent sur le marché de l’emploi en ayant conscience des limites de la protection sociale des régimes obligatoires et intègrent facilement la solution du recours à l’assurance-vie », estime Gérard Besse. Même si, complète Jebira, « on note encore un écart entre les produits proposés et les besoins locaux ». Les contrats vie, qui impliquent des cotisations importantes, bénéficiaient jusque-là aux expatriés. n o 2874 • du 7 au 13 février 2016

107


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Dossier Assurances Pour être adoptés par tous, ces produits doivent être mieux ficelés et mieux adaptés aux besoins des populations. La microassurance, qui permet d’épargner 5, 10 ou 20 euros chaque mois, est une approche pleine de promesses. « À condition que tous les régulateurs autorisent l’utilisation de la signature électronique, car le téléphone mobile est le principal canal de distribution de ces contrats », souligne Deniese Imoukhuede, directrice adjointe du cabinet AM Best. Au travers de ses six filiales vie actives dans douze pays, Allianz Africa comptabilise 600 000 microassurés, « dont les primes ont crû de 30 % ces trois dernières années », affirme, satisfait, son directeur général, Frédéric Baccelli. S’adressant à toutes les clientèles, des salariés de grandes entreprises africaines aux individus (avec des contrats associant par exemple épargne et assurance décès, telle la rente éducation), le groupe vient d’ouvrir une filiale au Kenya. INformel. Alors que l’offre des assureurs s’appuie

généralement sur un réseau bancaire (en plus de leurs agences) à travers des partenariats, Allianz Africa (40 % de ses activités sont consacrées à l’assurance-vie, ce qui représente 70 % des actifs gérés) projette de « trouver de nouveaux canaux de distribution moins traditionnels, la grande distribution par exemple ». La compagnie, qui ne cache pas qu’elle attend beaucoup de la branche vie en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, n’exclut pas l’ouverture de nouvelles filiales au travers d’acquisitions ou en partant de zéro, comme au Congo. « Nous sommes conscients que pour progresser et atteindre l’informel, nous devons nous adosser à des secteurs dont la pénétration est plus importante que celle des banques », dit également Souleymane Niane, directeur général de l’assureur sénégalais Sonam Vie (filiale qui représente 45 % du chiffre d’affaires de Sonam). Active en Côte d’Ivoire, cette société est en train de constituer une filiale vie au Cameroun et ambitionne d’entrer sur les marchés les plus dynamiques de la zone Cima dans les prochaines années.

ABIDJAN, 21-22 MARS

Erum fugiat modit pa dolecae pliquibus is modisquia con non pra nosaperro voluptatus africaceoforum 2016

theafricaceoforum.com

0,5 %

C’est le taux de pénétration de l’assurance-vie en Afrique subsaharienne francophone contre

4% au niveau mondial

Tous misent également sur l’externalisation de la gestion des indemnités de fin de carrière auprès des compagnies d’assurances – actuellement assurée en interne par les entreprises. Sans oublier le développement des retraites complémentaires, que réclament de plus en plus de salariés. La réglementation pousse en effet depuis 2014 les entreprises d’Afrique de l’Ouest, qui y sont incitées fiscalement par les États, à constituer des provisions pour leurs salariés et à les externaliser auprès des assureurs. Une mesure qui leur permettrait d’éviter les difficultés de trésorerie parfois rencontrées au moment du départ de leurs collaborateurs. Pour tous les assureurs interrogés par Jeune Afrique, l’étroitesse et le manque de sophistication des marchés financiers africains freinent aussi le développement massif de l’assurance-vie. Le petit nombre de valeurs cotées sur les places boursières africaines rend « difficile l’optimisation de la gestion des actifs », explique Baccelli. Quant à la souscription d’emprunts d’État, elle est jugée complexe en raison des démarches administratives à effectuer. « C’est d’autant plus problématique que la réglementation nous empêche d’investir hors de la zone Cima », enchérit Joël Amoussou, directeur général délégué de Sunu. « Il faut que les places financières deviennent plus importantes pour proposer des solutions de placement plus intéressantes et attractives », résume Jebira. « Tous les pays y ont intérêt, ajoute Souleymane Niane, car le développement de la branche vie rendra disponibles des milliards d’euros d’épargne pour financer les entreprises. » ●

quaND saham rIme avec saNlam…

L

e mariage de Saham Finances et de son partenaire sud-africain Sanlam est en cours de finalisation. Certes, les ambitions stratégiques n’ont pas encore été affichées, mais cette union devrait permettre au groupe marocain de bénéficier d’un apport capitalistique de 375 millions de dollars (environ 345 millions d’euros, soit 30 % du capital) ainsi que d’une nouvelle expertise dans l’assurance-vie. Le n o 2874 • du 7 au 13 février 2016

segment représentait seulement 10 % des primes fin 2014 au Maroc, son principal marché. « Nous les aiderons dans les assurances générales et l’assurance-vie, ils nous aideront sur l’automobile et le médical », déclarait Ian Kirk, directeur général de Sanlam au moment où l’accord était annoncé, en novembre 2015. Présent surtout en Afrique australe, Sanlam détient 25 % du marché vie en Afrique du Sud, un

pays où ce type de produits est très populaire (avec un taux de pénétration de 14 %, soit le double de celui constaté en France). Bénéficiant d’un réseau de près de 650 agences au Maroc et en Afrique subsaharienne, Saham pourra en outre s’appuyer sur une alliance avec Bank of Africa pour faire décoller cette activité, estime Mohamed Ali Jebira, associé de Deloitte enTunisie. ● rémy Darras jeune afrique


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dossier assurances interview

Mamadou Diop

Directeur général de Sonam Assurances

« Nous n’excluons aucun pays de la zone Cima »

la Conférence interafricaine des marchés d’assurances [Cima, qui concerne 14 pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale] a changé la donne. En outre, les grandes entreprises expriment une volonté de cohérence et de simplification dans leurs politiques de souscription des produits d’assurance destinés à leurs filiales. Sonam, pour se développer, doit être présent sur ce marché communautaire. Les marchés ivoirien et camerounais étant parmi les plus importants de la zone, il était logique qu’ils soient en tête de liste.

Le leader sénégalais du secteur vient d’entrer sur les marchés ivoirien et camerounais. La première étape d’une expansion régionale prudente.

N

uméro un du secteur au Sénégal, la Société nationale d’assurances mutuelles (Sonam) vient d’entamer son expansion régionale en prenant pied en Côte d’Ivoire et au Cameroun. à Abidjan, le groupe fondé par Diouldé Niane a pris le contrôle, en septembre 2015, de l’Alliance africaine d’assurances (3A). à Douala, il a créé en décembre, avec Zenithe Insurance, une filiale vie qu’il détient à 51 % – tout en négociant une entrée dans le capital de la branche IARD (incendie, accidents et risques divers) de la compagnie camerounaise. Interrogé par J.A., Mamadou Diop, le directeur général de Sonam Assurances, la branche IARD du groupe, évoque ces nouvelles ambitions régionales. jeune afrique : au Sénégal, Sonam est connu pour être leader sur le segment de l’assurance-vie, peu développé sur le continent. Pourquoi avoir choisi ce marché ? n o 2874 • du 7 au 13 février 2016

© Sylvain Cherkaoui pour J.a.

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MaMadou dioP : C’est d’abord le

choix du fondateur du groupe, qui est actuaire de formation. Sonam possédait les compétences nécessaires pour se développer sur un créneau où la concurrence était faible. Nous devons notre succès à une politique commerciale agressive et aux rendements offerts aux sociétaires, qui dépassent, par moments, les 10,5 %, contre 4 % ou 5 % chez les banques. Cependant, notre politique est de proposer une offre globale, avec des produits « vie » mais aussi « non vie » [IARD]. Notre activité IARD nous place en quatrième position sur un marché très atomisé. vous venez d’entrer sur les marchés ivoirien et camerounais. vous aviez déjà tenté, sans succès, de vous développer en Guinée et au togo. qu’est-ce qui laisse présager une issue différente cette fois ?

Avant 1995, les risques réglementaires étaient trop élevés. L’entrée en vigueur du code de

Chiffre d’affaires

15,5 milliards de F CFA (environ 23,6 millions d’euros)

Fonds propres et réserves

28,2 milliards de F CFA

(donnéeS 2014)

Mais pourquoi débuter votre expansion régionale aujourd’hui ? à cause de la concurrence ?

L’Acte uniforme de l’Ohada [Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires] et le traité Cima favorisent fortement le développement du marché communautaire en créant un environnement beaucoup plus incitatif. Or le potentiel de développement de notre zone est à peine entamé. Cette stratégie panafricaine n’estelle pas tardive ? des groupes comme nSia, Sunu assurances ou Saham vous ont précédé…

Au contraire, c’est le bon moment. Mais il faut être prudent. Si les cadres institutionnels et réglementaires sont favorables, il y a encore des réalités qui nous échappent, comme le comportement individuel des assurés… Et ce même si nous avons recours à des outils statistiques pour évaluer les risques.

où en êtes-vous avec Zenithe insurance, au Cameroun ?

Nous sommes dans le processus de création administrative de la société vie et nous attendons d’obtenir l’agrément du régulateur pour entrer dans la société IARD.

vous avez en outre pris le contrôle de la compagnie ivoirienne 3a. Pourquoi ? jeune afrique


Lire aussi les portraits de Diouldé Niane et de Mamadou Diop, pionniers de l’assurance au Sénégal

Ce qui nous intéressait était d’avoir une société déjà présente en Côte d’Ivoire, même si sa part de marché est très faible. Compte tenu des potentialités du marché, nous espérons la développer. Envisagez-vous de vous attaquer au marché gabonais, le quatrième plus important de la Cima ?

Nous n’excluons aucun pays de la zone Cima. S’il y a des opportu­ nités en phase avec notre vision, nous essaierons de les saisir. Bien entendu, avec la volonté de le faire en partenariat avec les acteurs du pays concerné qui partageraient la même vision que nous. Regardez-vous également vers l’Afrique anglophone ?

Pour le moment, nous nous limitons aux pays de la Cima. Les marchés anglophones sont certes très dynamiques, mais aussi très différents des nôtres, et il nous

111

grâce au téléphone portable. Nous sommes en train de rechercher des partenariats avec des sociétés de téléphonie mobile afin de pouvoir exploiter cette niche.

faut d’abord apprendre à mieux les connaître. Croyez-vous en l’avenir de la microassurance ?

Le potentiel de la microassu­ rance est énorme au regard du revenu modeste de nos popu­ lations et du développement de la microfinance. Le défi est de répondre aux besoins de ces popu­ lations par des produits d’assu­ rance et des canaux de distribution adaptés. Dans un premier temps, cela passe par une collaboration avec les structures de micro­ finance afin de créer des contrats qui permettent de mutualiser les risques, et donc de limiter le mon­ tant des primes. Comment comptez-vous tirer profit de la téléphonie mobile ?

Dans certains pays, les com­ pagnies d’assurances ont réussi à atteindre une cible importante

Sonam au Sénégal :

26 %

1er

Part de marché « vie »

4e

11,7 %

Part de marché « IARD »

Les pays francophones manquentils encore de compétences dans votre secteur ?

Beaucoup d’écoles forment aux métiers de la bancassurance, mais lors des recrutements on se rend compte qu’il y a un déficit de profils précis. Une compagnie d’assurances ne fonctionne pas qu’avec des cadres supérieurs. à Dakar, l’Institut interafricain de formation en assurance et gestion des entreprises, créé par Mandaw Kandji [ex­commissaire contrôleur en chef à la Cima], ainsi que le Centre professionnel de formation semblent apporter des réponses à ce problème. ● Propos recueillis à Dakar par AmAdou ouRy diALLo


' ' Commerciale Gabonaise de Reassurance ' Societe

« Nous étions loin de penser que nous en arriverions là en si peu de temps »


2

« Présence, performance et professionnalisme » sont les leitmotivs de SCG-Ré

14 milliards de

FCFA de CA prévuen2015


Dossier Assurances la Microassurance progresse à petits pas (Données 2014)

Principaux canaux de distribution

61,9

Plus de contrats que d’assurés

46,4

45 %

Marché de masse (opérateurs de télécoms, pompes funèbres…)

millions

de personnes assurées (souvent au travers de plusieurs contrats)

millions

d’assurances-vie

16,4

millions

d’assurances emprunteur

13,1

millions

28 %

d’assurances accidents

Agents, courtiers

8,4

14 %

millions

Institutions de microfinance

d’assurances santé

4,5

10 %

Autres établissements financiers

3 % Autres

Taux de couverture en microassurance (en %)

Plus de

prestataires dans 36 pays africains

ALGÉRIE

ÉGYPTE

0,3

0,3

MAURITANIE MALI

NIGER

0,8

0,3

SÉNÉGAL

TUNISIE

2,2

1,3

1,1

SOUDAN

0,2

2,8

GUINÉE

1,1

1,9

1

CAMEROUN

SIERRA LEONE

<0,1

CONGO

CÔTE D’IVOIRE

1,8

BURUNDI

1,2

2,1 29,6

de dollars de primes

AFRIQUE

5,4%

de la population totale couverte (contre 4,4 % en 2011)

TOGO

3,4

n 2874 • du 7 au 13 février 2016

KENYA

NAMIBIE

15,1

RWANDA

6

1,2

TANZANIE MALAWI

3,9

1,6

ZAMBIE

22,2

COMORES

8,5

BOTSWANA

0,2

2,8 AFRIQUE DU SUD

64 o

6,7

0,4

BÉNIN

GHANA

OUGANDA RDCONGO

0,1

0,7

millions

ÉTHIOPIE

NIGERIA

0,3

BURKINA FASO

647

million

d’assurances agriculture (y compris des programmes subventionnés par les gouvernements)

d’assurances biens

MAROC

200

1,1

millions

SOURCE : MICROINSURANCE NETWORK

114

MADAGASCAR

SWAZILAND

21,4

ZIMBABWE

1,1

MOZAMBIQUE

0,3

jeune afrique



Dossier Assurances

© Ons Abid pOur j.A.

116

u Une agence du groupe, à Tunis. stratégie

De Tunis à Abidjan, le marocain Wafa voit grand Créée en 2012, sa filiale tunisienne a accaparé 18 % de parts de marché. Avec la même recette, la compagnie perce au Sénégal et espère faire de même au cameroun et en côte d’ivoire.

D

oucement mais sûrement. Ainsi peut être résumée la stratégie africaine du leader marocain des assurances. Wafa Assurance, filiale du mastodonte Attijariwafa Bank (dont les tentacules s’étendent sur une bonne partie du continent), compte déjà six sociétés apparentées dans quatre pays (hors Maroc). « Nous couvrons plus de la moitié du marché de la zone Cima [Conférence interafricaine des marchés d’assurance], mais nous nous intéressons aussi à d’autres pays en dehors de cette zone », explique Ali Harraj, le PDG. Ce centralien de 57 ans a pris les rênes de Wafa Assurance en février 2015. Aujourd’hui, il entend donner un coup de fouet à l’expansion africaine du groupe. Une stratégie dont les jalons ont été posés fin 2012 en Tunisie avec la création d’Attijari Assurance. Adossée à Attijari Bank, la filiale tunisienne a réussi en trois années d’activité à se faire un nom. « Deux ans et demi après sa création, Attijari Assurance générait déjà un chiffre d’affaires additionnel de près de 20 millions d’euros sur le marché tunisien de n o 2874 • du 7 au 13 février 2016

l’assurance-vie », assure Ali Harraj. « Attijari Assurance a connu un démarrage des plus intéressants. La société détient aujourd’hui 18 % du marché de l’assurance-vie en Tunisie », confirme Mohamed Ali Jebira, associé chargé des services financiers pour l’Afrique francophone chez Deloitte, tout en remettant cette performance dans son contexte: « La compagnie est adossée à l’un des principaux réseaux bancaires du pays. Sa performance a jusque-là été possible grâce à la reconversion de certains produits de la banque en contrats d’assurance-vie. Aujourd’hui, l’un des principaux enjeux, aussi bien pour la branche vie que pour la branche non-vie, est de se différencier des modèles tunisiens

Six antennes dans quatre pays (filiales et dates d’agrément)

Tunisie Attijari Assurance, novembre 2012 Sénégal Wafa Assurance-vie et Wafa Assurance SA, septembre 2014 Cameroun Wafa Assurance-vie, juillet 2015 Côte d’Ivoire Wafa Assurance-vie et Wafa Assurance SA (accord de principe de la Cima)

existantsàtraversledéveloppement de produits et de services innovants, notamment en capitalisant sur le savoir-faire de Wafa Assurance au Maroc. » Ce défi, la direction de Wafa Assurance en est consciente. « Nous n’avons pas vocation à nous limiter à la seule activité vie, confie Ali Harraj. Si dans ce domaine notre développements’appuieclairement sur un modèle de bancassurance intégré, en non-vie nous comptons exploiter les synergies commerciales avec les filiales d’Attijariwafa Bank,notamment surle marchédes entreprises. » incendie. Le modèle commence

à faire ses preuves. Au Sénégal, en 2014,lafilialenon-vieapu démarrer ses activités avant la branche vie. Pour sa première année d’activité, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 1 milliard de F CFA (plus de 1,5 million d’euros). Wafa espère rencontrer le même succès au Cameroun, où il a décroché en juillet 2015 un agrément pour sa filiale vie, et au Gabon, où il a signé une convention avec un assureur local. Enfin, en Côte d’Ivoire, Wafa entend démarrer ses activités au cours de l’année, en vie comme en non-vie. « La force de Wafa, c’est de décliner une vision de manière uniforme sur différents pays », commente Mohamed Ali Jebira. Autre atout : la capacité du groupe à saisir les opportunités. Car si jusque-là la compagnie marocaine a choisi de créer des filiales ex nihilo, cette approche n’est pas gravée dans le marbre. En 2013, Wafa Assurance avait déjà tenté d’acquérir Solidarité africaine d’assurances (Safa), avant de renoncer à la suite d’un incendie qui avait ravagé le siège de la compagnie ivoirienne. « Nous n’excluons pas de recourir à de la croissance externe, y compris dans des pays où nous sommes déjà implantés, afin d’accélérer notre développement dans les marchés cibles », révèle le PDG. Un passage obligé? Pour l’heure, les filiales africaines ne représentent pas plus de 3,5 % du chiffre d’affaires de Wafa Assurance.Pasassezpourprétendre au statut de groupe panafricain ! ● Fahd iraqi, à Casablanca jeune afrique



Dossier Assurances le risque lié aux récoltes », souligne Pierre Casal Ribeiro, qui indique en outre que d’autres acteurs de la filière comme les coopérateurs ou les semenciers peuvent également être impliqués dans la promotion de cette assurance. L’expérience du voisin marocain, qui a débuté en 1994, est observée à la loupe. Car l’assurance agricole y a démarré très faiblement pour atteindre un niveau significatif en 2014 avec un taux de pénétration de 17 %. Elle concerne de nombreuses cultures céréalières et maraîchères. Pour développer ces contrats, Rabat accorde aussi des subventions dont les montants peuvent aller jusqu’à 90 % de la prime due.

agriculture

La Mauritanie protège ses cultivateurs des aléas météo Inondations, sécheresse, oiseaux… Suivant les exemples du Maroc et du Sénégal, Nouakchott met sur pied un contrat couvrant les sinistres naturels. Le but : préserver une activité cruciale pour l’économie du pays.

filet de sécurité. Maislemodèle

Pascal MEUNIER/cOsMOs

118

Q

uand le fleuve Sénégal déborde, les rizières de vallée sont très souvent détruites. Pour les cultivateurs mauritaniens, aux revenus généralement modestes, c’est à chaque fois synonyme de lourdes pertes d’exploitation. Afin de protéger les cultures irriguées, Nouakchott met actuellement au point une assurance agricole. Son lancement est prévu au cours de ce premier semestre. En plus des inondations, ce contrat couvrira les dégâts causés par les oiseaux et la sécheresse. Le dispositif est testé depuis deux ans dans des fermes pilotes. Son originalité tient à l’utilisation d’un indice météo pour déterminer le niveau des dommages en cas de sinistre. « Les données sont analysées par des agronomes et des météorologues, qui examinent les conséquences des événements climatiques passés sur les n o 2874 • du 7 au 13 février 2016

rendements agricoles », explique Pierre Casal Ribeiro, chargé de mission recherche au sein de la fondation Grameen Crédit agricole. Pour convaincre les agriculteurs, qui gagnent peu, dans un pays où l’assurance est peu répandue, « il faut mettre en place des mesures d’accompagnement », affirme MohamedLemineOuldNaty,directeur du contrôle des assurances au ministère du Commerce. Les riziculteurs bénéficient ainsi d’une subvention de l’État qui représente 50 % du montant de leur prime d’assurance. Les compagnies profitent aussi d’un coup de pouce des pouvoirs publics, qui les exonèrent de la taxe d’assurance. Afin de généraliser l’adoption de ces contrats, « l’assurance pourrait être obligatoire pour bénéficier du créditouacquérirdessemences.Les établissements bancaires ont également intérêt à ce que les agriculteurs soient couverts pour réduire

p Le secteur (ici à Oualata) représentait 17,1 % du PIB en 2014.

que Nouakchott voudrait calquer, c’est celui du Sénégal. « Il est plus proche des réalités mauritaniennes, tant au niveau des risques que des problèmesde financementque rencontrent nos agriculteurs », analyse Naty. Des experts mauritaniens ont été dépêchés dans les deux pays afin d’aider à la création de la compagnie d’assurance à leur retour. Deux modèles sont toujours dans la balance: une société d’assurance agricole par action à but lucratif avec un capital réparti entre l’État mauritanien, les agriculteurs et les investisseurs institutionnels, ou une mutuelle à but non lucratif. Trop peu rentable pour le privé, la mise en place d’une assurance agricole repose principalement sur des financements publics. Au vu de l’importance du secteur agricole au plan national (17,1 % du PIB en 2014), l’effort de la Mauritanie pour créer ce filet de sécurité apparaît tout à fait justifié. « Grâce à l’indemnisation, un agriculteur qui sera assuré pourra réinvestir même après avoir perdu sa récolte. De plus, il aura un meilleur accès au crédit, car cela en fera un client présentant moins de risques », soutient Pierre Casal Ribeiro. Avec ce dispositif, Nouakchott espère inciter les agriculteurs à innover davantage dans l’espoir de faire enfin décoller les rendements, encore très bas. ● rémy darras jeune afrique


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