LE PLU
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jeuneafrique.com ANT/
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57 année • n° 2917 • du 4 au 10 décembre 2016
Spécial
TABAR
AFRIQ
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Place sur l’éc hiquier Où en africain est , résultat Pour l’ex le pays dep s économ uis écutif comme le début du iques, septen dynami pour l’op nat de que position auront valeur , les légi Macky Sall sociale… , en 201 de pre mier gran slatives de juin pro 2 ? d test. chain
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• DU 4 AU 10 DÉCEM
BRE 2016
HENRI
JEUNE
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Objec ÉNÉGAL tif 201 7
Mali Au cœur du procès Sanogo
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France Fillon, l'Afrique et l'Islam
De g. à dr., Guy Nzouba Ndama, Zacharie Myboto, Casimir Oye Mba, et Jean Ping
GABON
Paysage après la bataille Trois mois après la présidentielle, l'opposition ne baisse pas les bras et refuse, pour l'instant, toute idée de dialogue avec Ali Bongo Ondimba. Jusqu'où ira-t-elle ?
ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE CENTRALE France 3,80 € • Algérie 250 DA • Allemagne 4,80 € • Autriche 4,80 € • Belgique 3,80 € • Canada 6,50 $ CAN • Espagne 4,30 € • Éthiopie 67 birrs • Grèce 4,80 € • Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1900 F CFA • ISSN 1950-1285
AU SÉNÉGAL, CAIRN ENERGY PLC OPÈRE À TRAVERS SA FILIALE, CAPRICORN SÉNÉGAL LIMITED.
Cairn est opérateur de trois blocs au large du Sénégal, Sangomar Deep Offshore, Sangomar Offshore et Rufisque Offshore, soit une superficie totale de 7490km2. En 2014, Cairn et ses partenaires ont foré deux puits au large du Sénégal et découvert du pétrole dans les deux puits. Ces puits ont été les premiers à être forés au large du Sénégal depuis 20 ans et les tout premiers puits en eaux profondes. Voyant le potentiel significatif dans le domaine, Cairn à foré quatre puits supplémentaires pour évaluer la découverte SNE. La planification est en cours pour le prochain programme de forage avec des évaluations supplémentaires de la découverte SNE.
LE PLUS
de Jeune Afrique
PANORAMA Macky Sall, in & out
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INTERVIEW Mankeur Ndiaye, ministre des Affaires étrangères HYDROCARBURES Les vrais enjeux du pétrole et du gaz MÉDIAS Amy Sarr Fall, une réussite communicative
SÉNÉGAL
Objectif 2017
HENRI TABARANT/ONLYWORLD.NET
Place sur l’échiquier africain, résultats économiques, dynamique sociale… Où en est le pays depuis le début du septennat de Macky Sall, en 2012 ? Pour l’exécutif comme pour l’opposition, les législatives de juin prochain auront valeur de premier grand test.
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SÉNÉGAL
Objectif 2017
Prélude
HENRI TABARANT/ ONLYWORLD.NET
Amadou Oury Diallo
Répétition générale
JEUNE AFRIQUE
JEUNE AFRIQUE
N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
PANORAMA Macky Sall, in & out p. 64 INTERVIEW Mankeur Ndiaye, ministre des Affaires étrangères p. 68 OPPOSITION Cent partis, trop de leaders
p. 70
Entretien avec Malick Gakou, président du Grand Parti p. 73 ANALYSE Pas de prospérité sans PME
p. 74
TRIBUNE Mamadou Lamine Diallo, député, président du mouvement Tekki p. 77 HYDROCARBURES Les vrais enjeux du pétrole et du gaz p. 80 MÉDIAS
YOURI LENQUETTE POUR JA
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écidément, le pays de la Teranga C’est aujourd’hui au tour du prése révèle être, une fois de plus, une sident Macky Sall de se voir confronté aux humeurs de l’opinion et aux attaques des terre de paradoxes. Et ceux-ci sont politiciens, dont l’objectif est de tirer leur nombreux. En dépit du légendaire sens de l’hospitalité des Sénégalais et de épingle du jeu aux législatives de juin 2017. Une sorte de répétition générale avant la leur propension au maslaa (« compromis », en wolof) et au dialogue, deux faits divers présidentielle de 2019. Aujourd’hui, le patron de l’Alliance récents – le meurtre d’un chauffeur de taxi, abattu à bout portant dans une stationpour la République (APR) semble avoir service à Dakar, et celui de la cinquième l’essentiel des cartes en main, grâce à une vice-présidente du Conseil économique, confortable majorité Place Soweto et au social et environnemental – ont sérieusesoutien de deux des principales formations ment écorné cette réputation et fortement politiques du pays, le Parti socialiste (PS) ému l’opinion publique. Au point que les et l’Alliance des forces de progrès (AFP). tenants d’un retour à l’application de la Il devra batailler contre la nouvelle peine de mort ont donné de la voix avec coalition Manko Wattu Sénégal, qui la dernière énergie. rassemble diverses personnalités poliEn dépit d’indéniables résultats sur tiques d’envergure comme Idrissa Seck, le terrain économique, dans le cadre du Abdoulaye Baldé, Modou Diagne Fada, Plan Sénégal émergent (PSE) – croissance Malick Gakou, Mamadou Lamine Diallo retrouvée, développement des infrastrucet Abdoul Mbaye. Il devra aussi ferrailler tures, construction d’une nouvelle ville à Diamniadio, investissements C’est au tour de Macky Sall de publics massifs dans le monde se voir confronté aux humeurs rural, Couverture maladie univerde l’opinion et aux attaques selle, etc. –, une bonne partie des Sénégalais a bien du mal aujourd’hui des politiciens. encore à joindre les deux bouts. À l’origine de cette situation, la cherté des contre le Parti démocratique sénégalais produits de consommation courante, de (PDS), diminué cependant par une série de défections liées au parachutage de Karim l’électricité et des loyers, mais aussi le chômage massif des jeunes. Wade à sa tête. En dépit, enfin, de la cote de popularité et Pourtant, la bataille la plus cruciale de la bonne image dont sont crédités le pays et son chef d’État sur la scène diplomatique que va devoir mener le duo exécutif Macky internationale, on assiste à un « Macky Sall-Mahammed Abdallah Dionne, pour bashing » systématique de la part de ses espérer conserver sa majorité, c’est celle des résultats. Au regard des promesses détracteurs sur le plan intérieur. Comme dit de « rupture » formulées en 2012 par le le proverbe, nul n’est prophète en son pays. Et encore moins lorsqu’il s’agit de celui de candidat de l’APR en matière de gouvernance, de lutte contre la transhumance la Teranga, où le dénigrement de l’action du chef de l’État et de son gouvernement est politique, d’indépendance de la justice, de gestion des ressources publiques, etc., inscrit dans l’ADN de l’opposition. Souvent à tort, parfois à raison. En tout cas un peu trop le bilan, même s’il n’est pas définitif, reste systématiquement,surtoutàl’approched’un mitigé pour des Sénégalais de plus en plus impatients. scrutin. L’aura internationale d’un Léopold Sédar Senghor était-elle proportionnelle à Leur pays a-t-il suffisamment changé ? la critique récurrente dont il faisait l’objet Sont-ils convaincus ? Rendez-vous dans sur le plan intérieur ? les urnes, dans six mois.
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Amy Sarr Fall, une réussite communicative p. 87 Stars du #kebetu
p. 88
SOCIÉTÉ ET CULTURE Patrimoine avec vue (« Les Dents de la mer », le phare des Mamelles, le futur Musée des civilisations noires) p. 92
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PANORAMA
Macky Sall À l’étranger, il bénéficie d’une image très positive. À l’intérieur du pays, il compte de sérieux atouts. Mais, à l’approche des législatives de juin 2017, les critiques se multiplient. Pour la première fois depuis son investiture, le chef de l’État sénégalais sera confronté à une échéance électorale majeure.
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MEHDI BA,
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«
à Dakar
ous êtes impressionnant, monsieur le président de la République. » Le 11 novembre, à Washington, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, roucoulait face à Macky Sall, invité à présenter les ressorts de la croissance sénégalaise et les fondements de son grand œuvre, le Plan Sénégal émergent (PSE). Au jeu des questions-réponses, au terme de son exposé, les reparties du chef de l’État sénégalais – qui a plaidé successivement en faveur de la nécessaire révision des procédures de l’aide au développement, du financement des infrastructures de transport en Afrique et de la promotion du statut des femmes – ont manifestement marqué son hôtesse. « Vous êtes féministe? » l’interroge-t-elle. « Je suis humaniste », répond-il. « Comment peut-on aider l’Afrique ? » s’enquiertelle. « En écoutant l’Afrique », tranche-t-il. À peine avait-il engrangé le satisfecit du FMI à propos des performances économiques du Sénégal que Macky Sall s’en allait vanter auprès des représentantsdusecteurprivéaméricainlesopportunités d’investissement qu’offre le pays de la Teranga. L’occasion pour lui de recevoir un prix d’excellence décerné par la chambre de commerce des ÉtatsUnis, avant de mettre le cap sur Marrakech pour la COP22, où il allait retrouver le roi Mohammed VI, quelques jours après la visite de ce dernier à Dakar. Pour la première fois, le monarque alaouite avait en effet choisi de prononcer hors des frontières du royaume son discours rituel du 6 novembre – allocution célébrant la Marche verte du 6 novembre 1975, qui marqua le processus de libération du Sahara du joug espagnol. Selon la Maison royale, ce choix s’explique par « la profondeur des liens fraternels, spirituels et humains qui unissent le Maroc et le Sénégal ».
In & out Le président sénégalais et le roi du Maroc, à Dakar, le 6 novembre.
MAP
ESCAPADES AFRICAINES. Macky le globe-trotter
sera reçu à Paris dans le cadre d’une visite d’État, prévue du 19 au 21 décembre, la première d’un président sénégalais depuis celle d’Abdou Diouf en juin 1992. Son mentor en politique, l’ex-président Abdoulaye Wade, n’avait pas bénéficié d’un tel honneur durant ses deux mandats, quand bien même l’aurait-il souhaité. Une consécration protocolaire précédée par le défilé du trio de tête du gouvernement français à Dakar, où se sont succédé, depuis le mois de septembre, le Premier ministre, Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le chef de la diplomatie, Jean-Marc Ayrault. Quant au ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, il y est attendu les 5 et 6 décembre dans le cadre du troisième Forum sur la paix et la sécurité en Afrique. N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
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Investi le 2 avril 2012, Macky Sall a nommé jusqu’à présent trois chefs de gouvernement : le banquier Abdoul Mbaye a été remercié le 1er septembre 2013 au profit de celle qui était sa ministre de la Justice, Aminata Touré ; après sa défaite aux municipales à Dakar, celle-ci a été remplacée, le 6 juillet 2014, par Mahammed Dionne, ingénieur et économiste, exministre conseiller à la présidence chargé du PSE de mars à juillet 2014
Cerise sur le gâteau, Macky Sall fait partie des happy few du continent ayant eu l’honneur d’avoir été invités à la Maison Blanche par Barack Obama, mais aussi de l’avoir accueilli au cours d’une de ses très rares escapades africaines. Macky Sall est le seul, en Afrique subsaharienne, à figurer sur les deux tableaux. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir développé, en parallèle, un partenariat économique fructueux avec Pékin. « En très peu de temps, la Chine est devenue notre deuxième partenaire commercial en matière d’exportations du Sénégal vers l’extérieur, alors que, il y a quatre ans, à mon arrivée [au pouvoir], elle était le vingtquatrième », déclarait-il fièrement à Canton, en septembre. QUEUE DE POISSON. Si ses homologues et les
grands bailleurs de fonds pouvaient élire le prochain président du Sénégal, nul doute que Macky Sall serait l’heureux gagnant en 2019, tant sa cote de popularité à l’international est élevée. Mais c’est dans l’arène sénégalaise que l’actuel chef de l’État devra affronter les deux défis qui l’attendent à court terme. Il devra d’abord consolider sa majorité – aujourd’hui confortable – à l’Assemblée nationale aux législatives de juin 2017, face à une coalition d’opposition tentaculaire (lire p. 70) qui entend bien le mettre en difficulté, voire le contraindre à une cohabitation forcée. Ensuite, il lui faudra distancer ses rivaux, voire leur infliger le fameux tako kélé (« un coup KO ») dès le premier tour de la présidentielle, en février 2019. Ces échéances cruciales se dérouleront bien évidemment sur le sol sénégalais, où la popularité du chef de l’État, à défaut d’être compromise, se fait moins assurée qu’à l’étranger. « Il y a un contraste saisissant entre le Macky de l’extérieur et celui de l’intérieur », confirme le politologue Babacar Justin Ndiaye. Et vu « de l’intérieur », à l’aube de cette année test 2017, le chef de l’État dispose d’atouts mais souffre aussi de quelques handicaps. D’abord, les atouts. Si le mode de gouvernance discret de Macky Sall, 54 ans, contraste avec la roublardise de son prédécesseur, Abdoulaye Wade, tous deux ont en commun une connaissance intime du
pays profond et des rouages de la classe politique nationale. Pour remporter la présidentielle de 2012, Macky Sall a su labourer les terres sénégalaises pendant trois ans, n’hésitant pas à dormir dans des villages reculés, privés de tout, tandis que certains de ses challengeurs, moins inspirés, scandaient leurs slogans sur la place de l’Obélisque, à Dakar. Parlant couramment trois des principales langues nationales – le wolof, le sérère et le pular –, Macky Sall a en outre su consolider son élection en ralliant durablement deux des cinq principaux partis du pays : l’Alliance des forces de progrès (AFP) et le Parti socialiste. Sans parler d’autres leaders, moins influents électoralement mais qui, d’Amath Dansokho à Djibo Kâ, lui sont redevables. Ces atouts seront-ils suffisants ? « Le talon d’Achille de Macky Sall, c’est qu’il brille de mille feux à l’extérieur mais clignote à l’intérieur », résume Babacar Justin Ndiaye. Selon le politologue, le succès de l’actuel président, porté au pouvoir en 2012 par une vague anti-Wade qui lui valut une victoire haut la main, reposait sur une promesse aussi floue qu’enivrante: la rupture. « Mais celle-ci s’est étiolée, les Sénégalais la cherchent avec une lampe torche », assure, ironique, ce commentateur acerbe de la scène politique locale. L’affaire Karim Wade et son lot d’anomalies judiciaires – sans parler des autres procédures contre des cadres du Parti démocratique sénégalais qui ont fini en queue de poisson –, l’interdiction à répétition de manifestations dans la capitale, l’apologie de la transhumance formulée par Macky Sall lui-même en avril 2015, la volte-face présidentielle (à la suite du refus constitutionnel) sur la promesse de réduire de sept à cinq ans son premier mandat, les doutes de l’opposition sur la refonte du fichier électoral, ou encore les soupçons de pratiques népotiques de la famille Faye-Sall sont autant de « casseroles » que s’emploient à faire tintinnabuler ses adversaires d’un bout à l’autre du pays. Macky Sall sera-t-il victime du mauvais sort que lui jettent ses bruyants opposants, désireux de le bouter hors du palais présidentiel? Les conseillers du chef de l’État, un sourire en coin, assurent qu’il n’en est rien.
CRIMES MÉDIATISÉS ET CHÂTIMENT SUPRÊME
F
aut-il rétablir la peine de mort au Sénégal? Le débat, qu’on croyait clos depuis son abolition, en 2004, s’est invité à l’Assemblée nationale à la faveur de deux récents faits divers survenus à Dakar et dans sa banlieue. Le premier a eu lieu le 27 octobre, à la station Shell deYoff. Pour un banal accrochage, un automobiliste a abattu un chauffeur de taxi de 34 ans, Ibrahima Samb, qui devait se marier quelques jours plus tard. Le 19 novembre, N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
nouveau drame : Fatoumata Matar Ndiaye, coordonnatrice départementale des femmes de l’Alliance pour la République (APR, parti présidentiel) à Pikine et cinquième vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) est retrouvée morte, la gorge tranchée. Son chauffeur avoue le crime. Il n’en faut pas davantage pour enflammer le pays et stimuler les joutes verbales de quelques députés et commentateurs,
apparemment pressés de jeter de l’huile sur le feu. C’est le cas de Seydina Fall, député APR, qui promet de déposer une proposition de loi pour le retour de la peine de mort au Sénégal, son cheval de bataille depuis 2013. « Nous n’y sommes pas favorables », résume pour sa part un proche du chef de l’État. Seules deux exécutions capitales ont été enregistrées au Sénégal depuis 1960. La dernière remonte à 1967. MEHDI BA JEUNE AFRIQUE
Un voyage, des expériences à l’infini ...
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Le Plus de JA Sénégal INTERVIEW
Mankeur Ndiaye
« Il est normal que nous occupions des positions fortes au sein de l’UA » De la menace jihadiste en Afrique de l’Ouest à la prochaine visite d’État de Macky Sall en France, le ministre des Affaires étrangères revient sur les priorités et les dossiers chauds de la diplomatie du pays.
C
onsidérécommeunpoidslourd du gouvernement sénégalais, Mankeur Ndiaye, 56 ans, est ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur depuis octobre 2012, date à laquelle il a succédé à Alioune Badara Cissé. Chargé par le chef de l’État de mettre en place une diplomatie active à l’échelle continentale et internationale, il a obtenu l’élection du Sénégal en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies du 1er janvier 2016 au 31 décembre 2017. Il espère aujourd’hui atteindre un deuxième objectif de taille : l’élection de son compatriote Abdoulaye Bathily à la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA) en janvier 2017. JEUNE AFRIQUE : Quels ont été les principaux engagements du Sénégal depuis qu’il est membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU ? MANKEUR NDIAYE : Nous avons par-
ticipé à toutes les initiatives du Conseil de sécurité depuis le 1er janvier dernier. Nous avons notamment conduit, avec les États-Unis, une mission au Soudan du Sud pour rencontrer le président Salva Kiir et nous enquérir de la grave crise politique et humanitaire qui sévit dans ce pays. Et, parce que nous sommes très préoccupés par la question du terrorisme, nous sommes aussi attentifs aux opérations de maintien de la paix : nous nous sommes battus pour le renforcement du mandat de la Minusma [la Mission des Nations unies au Mali], et nous l’avons obtenu. Pourquoi le Sénégal a-t-il choisi Abdoulaye Bathily comme candidat à la présidence de la Commission de l’UA?
Parce qu’il a le profil de l’emploi, avec l’expérience et l’expertise nécessaires
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pour un tel poste. Il a une claire compréhension des enjeux politiques et diplomatiques africains. C’est un homme politique très respecté, qui a aussi un vécu onusien, en tant qu’ancien numéro deux de la Minusma et représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Afrique centrale. Il a donc toutes les compétences et l’engagement panafricain requis pour présider aux destinées de l’UA. Ce serait aussi un bel avantage pour le Sénégal d’avoir l’un de ses diplomates à la tête de l’UA…
Naturellement. Le Sénégal n’a jamais dirigé l’UA, n’y a jamais disposé de poste de commissaire et n’est pas membre de son Conseil de paix et de sécurité. Or, vu le rôle que nous jouons en Afrique et dans le monde, il est normal que nous occupions des positions fortes au sein de l’UA. Qu’attendez-vous du troisième Forum sur la paix et la sécurité en Afrique, organisé à Dakar les 5 et 6 décembre ?
Nous souhaitons prolonger les discussions que nous avons eues lors des deux premiers forums, en 2014 et 2015. Nous allons mettre l’accent sur les facteurs de radicalisation en Afrique, sur la problématique de la jeunesse et sur la réponse doctrinale à apporter aux thèses terroristes. Il est extrêmement important que ce combat contre le terrorisme puisse être porté par les intellectuels musulmans, pour montrer que l’islam est une religion de paix et de tolérance. Pour cette troisième édition, nous allons aussi mettre en avant une institution importante que nous venons de créer et qui est rattachée à la primature : le Centre des hautes études de défense et de sécurité.
Ancien ambassadeur en France, le chef de la diplomatie sénégalaise est en poste depuis quatre ans.
Que faut-il améliorer dans la coopération sécuritaire sous-régionale, en particulier en matière de lutte contre le terrorisme?
Il faut faire davantage en matière d’échange de renseignement. Gagner la bataille contre le terrorisme, c’est disposer des meilleurs renseignements. Il faut que nos services coordonnent davantage leurs actions, au niveau de la Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest] comme au niveau continental. Il faut également disposer de moyens adaptés et de forces spéciales capables de réagir en cas d’attaque. Nous devons aussi continuer à développer la prévention et l’éducation au sein des populations, mieux surveiller les allées et venues sur notre territoire et améliorer la coopération transfrontalière avec nos voisins. La menace terroriste sur le pays s’est-elle accentuée ces derniers mois ?
La menace est là et réelle. Les terroristes agissent par surprise. Il faut être très prudent. De ce point de vue, le Sénégal fait beaucoup d’efforts en matière de prévention. Allez dans les hôtels, par JEUNE AFRIQUE
Objectif 2017 Il s’agit d’une visite d’État, la dernière remontant au président Abdou Diouf [en juin 1992]. Cela traduit donc la relation exceptionnelle qui existe aujourd’hui entre la France et le Sénégal. Cette visite d’État couronne cinq années de coopération très intense entre la France et le Sénégal, sous les leaderships respectifs de François Hollande et de Macky Sall. Nous souhaitons qu’elle renforce encore davantage cette excellente relation. Il y aura évidemment une dimension politique et diplomatique très forte, mais aussi une dimension économique importante.
YOURI LENQUETTE POUR JA
Vos relations avec la Gambie se sontelles apaisées ?
exemple, et vous constaterez qu’on y a mis en place des systèmes de contrôle qui n’existaient pas il y a un an. Cette menace vient de l’extérieur, mais elle a des ramifications à l’intérieur du pays. Nous avons démantelé des cellules terroristes dormantes. En outre, parmi ceux que l’on appelle les « combattants étrangers » – parce qu’ils combattent en Libye ou en Syrie, par exemple –, certains ont la nationalité sénégalaise et pourraient rentrer au Sénégal. Nous surveillons donc notre territoire. Le Sénégal pourrait-il intégrer le G5 Sahel ?
J’ai saisi mes cinq collègues ministres des Affaires étrangères il y a plus de six mois pour introduire la candidature du Sénégal en tant que pays observateur du G5 Sahel. J’attends encore leur réponse. Ces pays sont libres de se regrouper pour former une organisation. Mais nous pensons aussi que le Sénégal fait partie intégrante du Sahel. On ne peut pas l’enjamber si on veut lutter contre le terrorisme dans cette zone. Selon nous, le Sénégal a donc toute sa place au sein JEUNE AFRIQUE
Oui, nos relations sont normales et apaisées. Nous avons récemment eu des rencontres sectorielles entre différents ministères, à l’invitation des autorités gambiennes, à Banjul. Nous sommes en train de travailler sur plusieurs projets importants, à commencer par celui du pont de Farafenni, sur le fleuve Gambie. Cet équipement est un grand enjeu de coopération, qui doit fluidifier davantage les relations entre nos deux pays. Quelques blocages ont été levés, et nous espérons qu’il sera construit et inauguré dans les délais prescrits.
du G5 Sahel, avec lequel nous sommes pleinement disposés à travailler.
Quand ?
Comment expliquez-vous le fait de ne pas avoir été associé à la mise en place de cette organisation sous-régionale ?
Que vous inspire la fronde de plusieurs États africains vis-à-vis de la Cour pénale internationale (CPI) ?
Nous n’avons pas été tenus à l’écart. Sur la base d’une étude des Nations unies, qui les avaient cités comme « pays
Je ne sais pas.
Il n’y a pas de fronde. Certains pensent que cette cour s’acharnent sur les dirigeants africains. Mais il faut rappeler
Nous avons démantelé des cellules terroristes dormantes à l’intérieur du pays. les plus vulnérables », ces États ont considéré qu’ils étaient les plus menacés par le terrorisme. Ils ont donc pensé qu’ils devaient se regrouper et créer un cadre commun pour mobiliser l’appui international. C’est comme ça que le G5 Sahel est né. Quels seront les principaux thèmes de la visite d’État que le président Macky Sall doit effectuer à Paris du 19 au 21 décembre ?
que pratiquement tous les cas déférés devant elle l’ont été par des pays africains eux-mêmes. Il faut faire en sorte que la CPI soit véritablement universelle et qu’elle jette son regard partout, dans tous les coins et recoins du monde. Il n’y a pas seulement en Afrique qu’il y a des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité. Il faut donc que la CPI élargisse ses tentacules et que tous les États du monde y adhèrent. ● Propos recueillis à Dakar par BENJAMIN ROGER N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
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Le Plus de JA Sénégal d’affiche ne manquent pas, tant s’en faut : Karim Wade, Idrissa Seck, Malick Gakou (son coordinateur, lire interview p. 73), Mamadou Diop Decroix, Abdoulaye Baldé, Pape Diop, Abdoul Mbaye, Modou Diagne Fada… Reste à savoir lequel serait susceptible de conduire, au nom de tous, l’opération de reconquête du pouvoir que l’opposition appelle de ses vœux.
CEMIL OKSUZ/ANADOLU AGENCY/AFP
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Manifestation du Parti démocratique sénégalais, en février 2015, à Dakar. POLITIQUE
Cent partis, trop de leaders À quelques mois des législatives, l’opposition vient de constituer une nouvelle coalition, Manko Wattu Sénégal. Si elle rassemble de plus en plus de personnalités, elle se cherche un patron.
D
epuis la libération de Karim Wade, le 24 juin, l’opposition sénégalaise semble, à certains égards, désemparée. D’avril 2013 à juin 2016, l’incarcération du fils de l’ancien président, poursuivi puis condamné à six ans de prison ferme pour enrichissement illicite, avait galvanisé les troupes du Front patriotique pour la défense de la République (FPDR), une coalition constituée autour du Parti démocratique sénégalais (PDS). Après avoir dénoncé d’une même voix le recours – estimé abusif – à des procédures judiciaires contre l’entourage de l’ex-président Abdoulaye Wade, destinées à décapiter l’opposition, les détracteurs de Macky Sall semblent orphelins depuis que Karim Wade a recouvré sa liberté de mouvement, à la faveur d’une grâce présidentielle. La nature ayant horreur du vide, une nouvelle affaire s’est aussitôt substituée à la cause de ce « prisonnier politique ». Depuis juillet, le ban et l’arrière-ban de N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
COMPÉTITEUR. Arithmétiquement, la principale composante de cette coalition est le PDS. Mais le parti libéral reste englué dans une succession impossible – Abdoulaye Wade conservant, malgré ses 90 ans et son exil en région parisienne, le contrôle du parti qu’il a fondé. « Le leader du PDS, c’est Abdoulaye Wade, avec lequel nous sommes en contact permanent. Nous ne faisons rien sans le consulter », confirme un responsable de Manko Wattu Sénégal. En mars 2015, Gorgui (« le vieux », en wolof ) a fait introniser son propre fils, Karim, en tant que candidat du PDS à la prochaine présidentielle. Si ce dernier a bénéficié d’une grâce en juin 2016, il vit depuis reclus au Qatar dans des conditions qui alimentent la controverse : son entourage affirme qu’il s’agit d’un exil forcé, négocié malgré lui avec le gouvernement, afin d’obtenir la libération de ses coaccusés, ce que contestent les autorités. « Macky Sall a peur de lui », entonnent à l’unisson les proches de Karim Wade, apparemment convaincus que le chef de l’État voit dans ce challenger inattendu un concurrent susceptible d’entraver sa réélection en 2019. Une hypothèse qui suscite des haussements d’épaules à la présidence. Il est vrai que Karim Wade est un compétiteur pour le moins atypique. Pourvu d’un
l’opposition concentrent en effet leurs griefs sur un contrat d’exploration gazière liant l’État à la société Timis Corp, propriété de l’homme d’affaires australo-roumain Frank Timis. La présence du frère cadet du chef de l’État, Aliou Sall, dans l’organigramme de Timis Corp donne lieu à des spéculations sans fin sur un éventuel conflit d’intérêts au préjudice des caisses de Toujours contrôlé par Abdoulaye l’État. Une accusation qui Wade, le PDS reste englué produit beaucoup d’écume, sans toutefois constituer, dans une succession impossible. à proprement parler, un programme alternatif. casier judiciaire et toujours détenteur Et pourtant, depuis la création, en d’une double nationalité franco-sénéseptembre, du front Manko Wattu galaise (ce que la Constitution interdit aux concurrents à la présidentielle), le Sénégal, l’opposition semble plus dense que jamais. Cette coalition rassemble candidat du PDS ne s’est, en outre, jamais véritablement confronté au verdict des en effet une centaine de syndicats et urnes. de partis politiques. Une alliance des L’opposition sénégalaise parviendramécontents qui doit pourtant faire face à t-elle à se choisir un champion ? À trop un sérieux handicap, à quelques mois des législatives de 2017 : elle se cherche touavoir de leaders, on peut finir par ne plus jours un leader incontestable. Les têtes en avoir aucun. MEHDI BA JEUNE AFRIQUE
RÉSULTATS 2014-2016 DU FONGIP obstacles liés à la mobilisation de de garantie ; • favorisant la disponibilité de ressources stables pour financer les investissements ; • allégeant les conditions d’accès au crédit pour le financement des segments et secteurs à risques ; • réduisant le défaut de structuration des dossiers de demande de financement des PME.
CONTRAINTES D’ACCÈS AU FINANCEMENT DES PME / PMI FORTE PROPORTION DES PME DANS L’ÉCONOMIE TISSU ÉCONOMIQUE DU SÉNÉGAL
C
réé par décret n° 2013-691 du 17 mai 2013, le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP) est un établissement public à vocation financière placé sous la tutelle du Ministre de l’Économie, des Finances et du Plan. Il a pour but principal d’améliorer l’accès au crédit des PME et porteurs de projet en : • contribuant à la réduction des
FAIBLE ACCÈS DES PME AU FINANCEMENT BANCAIRE
15 %
85 %
PME
90 % 51 % 10 % PME
Source : Concertation nationale sur le crédit - 2010
GRANDES ENTREPRISES
AUTRES DÉFAUT DE STRUCTURATION DES DOSSIERS INSUFFISANCE DES GARANTIES PROPOSÉES
CAUSES DE REJET DES DOSSIERS DES PME
FONDS DÉDIÉS
PRÊTS DE REFINANCEMENT ACCORDÉS AUX IMF
4,2
5,8
Milliards de F CFA
Milliards de F CFA
14 % 35 %
INTERVENTIONS FINANCIÈRES GARANTIES ACCORDÉES AUX BANQUES
TAUX ÉLEVÉ DE REJET DES DEMANDES DE CRÉDIT DES PME
FOGADEV FOGARIN FOGAREJ FOGART FOGALOG FOGAVILLE FOGAMAC
Fonds de Garantie pour le Développement des PME Fonds de Garantie pour l’Industrie Fonds de Garantie pour l’auto-Emploi des Jeunes Fonds de Garantie pour l’Artisanat Fonds de Garantie pour l’Accès au Logement Fonds de Garantie pour les Collectivités Locales Fonds de Garantie pour le Matériel Agricole et la Commercialisation
FINANCEMENTS MOBILISÉS POUR LES PME / PMI SÉNÉGALAISES RÉPARTITION PAR SECTEUR D’ACTIVITÉS
18,9
Milliards de F CFA
FINANCEMENTS BANCAIRES
26,4 %
Agro-industrie
19,5 %
Textile
12,4 % 10,9 % 8,0 % 5,8 % 4,9 % 4,3 % 3,2 % 3,1 % 0,9 % 0,6 %
Agriculture Artisanat
7,4
Milliards de F CFA
FINANCEMENTS DU SECTEUR DE LA MICROFINANCE
Transport Tourisme Infrastructures Élevage Pêche
29,2
Milliards de F CFA
COÛT GLOBAL DES PROJETS
Aquaculture TIC Industries culturelles
IMPACTS DIRECTS DES CONCOURS
BANQUES
COMMUNIQUÉ
2014 2015 2016 TOTAL NOMBRE D’EMPLOIS CRÉÉS OU CONSOLIDÉS
Moy. : 4 ans Moy. : 2 ans 0
7 810
18 %
2
4
6
Moy. : 1 an
8% 0
2
4
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CRÉATION ET DÉVELOPPEMENT DE PME
• 197 entreprises formalisées • 2 423 jeunes accompagnés à disposer d’un business plan • 836 entreprises financées
Moy. : 3 ans
IMF
IMF
6 874
9%
5 445
12 %
RALLONGEMENT DE LA MATURITÉ DES PRÊTS
6
DIFCOM/ DF
20 129
BONIFICATION DES TAUX D’INTÉRÊT
BANQUES
CRÉATION ET CONSOLIDATION D’EMPLOIS
Le Plus de JA Sénégal
Malick Gakou
Président du Grand Parti
« Nous attendons toujours des réponses claires à nos questions »
V
éritablepatchworkcomposéde dizaines de partis, de syndicats et de personnalités indépendantes, la coalition Manko Wattu Sénégal fait désormais figure de principale force d’opposition au régime de MackySall.Àquelquesmoisdeslégislatives, ce vaste front du refus – qui n’a pas encore adopté de stratégie électorale commune – reproche au président sénégalais des pratiquesqu’il estimeantidémocratiques.Son coordinateur, Malick Gakou, président du Grand Parti, s’en explique.
YOURI LENQUETTE POUR JA
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JEUNE AFRIQUE: L’opposition multiplie les coalitions. Les Sénégalais ne risquent-ils pas de s’y perdre? MALICK GAKOU: Manko Wattu Sénégal
est aujourd’hui la coalition de référence. Elle englobe une centaine d’organisations politiques ou syndicales, dont des coalitions préexistantes comme le Front patriotique pour la défense de la République [FPDR], qui rassemble le Parti démocratique sénégalais [PDS] et ses alliés. Le Grand Parti, l’ACT [Abdoul Mbaye], le Rewmi [Idrissa Seck], l’UCS [Abdoulaye Baldé], Yessal [Modou Diagne Fada], Tekki [Mamadou Lamine Diallo, lire tribune p. 77] et d’autres en font également partie. Qu’est-ce qui unit cette nébuleuse, en apparence hétéroclite?
Une préoccupation commune concernantles menaces qui pèsentsur les libertés publiques, la démocratie et la gestion des ressources naturelles. Nous avons donc décidé de rassembler nos forces et de mutualisernosénergies.Àtraverslemonde, le Sénégal est loué comme une terre de démocratie. Pourtant, depuis 2012, nous avonsconstatéplusieursrupturesmajeures qui contredisent ce constat. Quelles sont ces ruptures?
D’abord, la rupture du consensus qui prévalait depuis 1992 entre la majorité et l’opposition sur le processus électoral. Aujourd’hui, c’est en solitaire que la majorité organise la refonte du fichier électoral. Concernant la restriction des libertés, le droit de manifester est piétiné, N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
des opposants ont été incarcérés pour avoir critiqué le gouvernement. Et on a vu récemment deux hauts fonctionnaires remerciés pour avoir pris position sur des enjeux d’intérêt national. Enfin, il y a la gestion des ressources naturelles, en particulierdupétroleetdugaz.Nousavons interpellé le gouvernement au sujet de l’implication d’Aliou Sall, le frère du président, dans une société chargée de deux blocs gaziers, et nous attendons toujours des réponses claires à nos questions.
du frère du président dans ce dossier rend l’exigence de transparence d’autant plus impérieuse. Pourquoi avoir accordé des concessions d’exploration à une société, Petro-Tim, qui n’avait manifestement ni l’expertise ni l’envergure financière pour le faire?
Depuis plusieurs mois, le discours de l’opposition semble exclusivement focalisé sur le cas d’Aliou Sall. Que lui reprochez-vous au juste?
Nous sommes également mobilisés contre le PSE [Plan Sénégal émergent], qui, en réalité, appauvrit le peuple sénégalais. Ce plan est censé promouvoir le secteur privé national, alors que 90 % de notre économie sont aujourd’hui détenus par desentreprisesétrangères.Lecycled’endettement du pays s’accélère et, dans tous les secteurs importants – agriculture, santé, emploi des jeunes, éducation, tourisme, pêche… –, c’est la crise. Le PSE infléchit la courbe du développement et ne conduira le Sénégal nulle part.
Des menaces pèsent sur les libertés, la démocratie et la gestion des ressources naturelles.
Nous considérons que l’exploitation gazière et pétrolière constitue un socle essentiel au développement du pays [lire pp. 80-81]. Donc les permis d’exploration etd’exploitationdoiventêtreaccordésàdes sociétés qui possèdent à la fois l’expertise et les capacités financières suffisantes. Le fait d’avoir eu affaire successivement à Petro-Tim,PetroAsia,TimisCorpetKosmos Energy ne nous rassure pas. Et la présence
Au-delà de cette affaire, quels sont les autres griefs de l’opposition, notamment en matière économique?
Propos recueillis à Dakar par MEHDI BA JEUNE AFRIQUE
Le Plus de JA Sénégal
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ANALYSE
Pas de prospérité sans PME
L
Pour Ahmadou Aly Mbaye, professeur d’économie à l’université Cheikh-AntaDiop de Dakar, il semble d’ailleurs plus pertinent d’appréhender cette croissance au niveau du PIB par habitant et sur le long terme. « Cela permet d’avoir une appréciation plus nette de l’évolution du niveau de vie des Sénégalais, explique-t-il. Ainsi, on remarque que, de 1960 à 2016, le revenu par tête a peu augmenté. Ce qui veut dire que les Sénégalais de 2016 sont à peine un peu plus riches que ceux de 1960. »
L’un des principaux freins à l’investissement privé reste le déficit en électricité (ici, un générateur de la Senelec, à Dakar).
Pour le Pr Mbaye, si la base de la production et celle des exportations sont restées peu ou prou les mêmes depuis DISTORSIONS. Comment inverser la tendance ? Les grandes lignes de la l’indépendance (arachides, phosphates, feuille de route du gouvernement sont de produits halieutiques, etc.), c’est à cause réformer en profondeur l’environnement d’un environnement des affaires peu apte des affaires, de diversifier l’économie, de à capter des investissements massifs. « Le rendrel’électricitéplusdisponibleetmoins défi fondamental se situe à ce niveau : la croissance n’est pas le fait de l’État, il la faci« Les Sénégalais de 2016 sont à peine plus riches que ceux de 1960. » lite ; elle est le fait des entreprises privées. Or AHMADOU ALY MBAYE, professeur d’économie à l’université de Dakar l’investissement privé n’est pas encouragé chère… À cet égard, les pouvoirs publics par l’environnement qui est le nôtre. » Dans l’une de ses études, le professeur multiplient les initiatives dans le secteur d’économie analyse les principales de l’énergie, qui continue d’accuser un contraintes pesant sur l’investissement lourd déficit, avec la restructuration de la privé au Sénégal, au premier rang desSociété nationale d’électricité (Senelec) et une politique de mix énergétique visant quelles la question énergétique, ainsi que l’injection de 20 % d’énergies renouveles distorsions liées aux politiques fiscale, lables d’ici à la fin de 2017. douanière et de l’emploi via l’exécution des contrats. Les petites entreprises, qui repréAu-dessus de la moyenne régionale sentent près de 80 % du tissu économique local et emploient 60 % des actifs, ne PIB par habitant Croissance du PIB contribuent pour l’instant qu’à 30 % du (en $, en prix courants) (en %, en prix constants) PIB. Un programme d’accompagnement des PME-PMI a été mis en place via la 6,6 6,5 Banque nationale de développement 1 079 1 052 1 057 économique (BNDE), le Fondsde garantie 1 037 des investissements prioritaires (Fongip) 5,6 % et le Fonds souverain d’investissements Moyenne stratégiques (Fonsis). Cependant, elles de la zone 4,5 4,3 UEMOA peinent toujours à accéder aux finance965 3,6 pour 2016 ments et ne représentent que 16 % du 913 793 $ portefeuille des ressources octroyées 1,9 par les banques locales. 2011
2012
N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
2013
2014
2015*
2016**
* Estimations ** Projections
SOURCE : FMI, OCT. 2016
e Sénégal semble avoir renoué avec une croissance stable et soutenue, avec un taux de 6,5 % en 2015, 6,6 % attendus pour cette année et plus de 6,8 % prévus pour 2017, selon les projections du FMI (voir infographie ci-dessous). Ces deux dernières années, l’économie du pays a profité d’investissements publics réguliers dans les infrastructures urbaines et rurales, et a tiré parti de la chute des cours mondiaux des hydrocarbures, dont la facture pèse lourd dans les dépenses de l’État (lire pp. 80-81). La croissance a surtout été portée par le secteur agricole, qui, grâce aux subventions étatiques et à une bonne pluviométrie, a pu accroître considérablement les productions d’arachide, de riz, de mil, et, en particulier, de fruits et légumes (lire p. 82). Pour le gouvernement, qui compte faire de l’agroalimentaire l’un des moteurs de la transformation structurelle de l’économie du pays, ces bons résultats sont les premiers fruits du Plan Sénégal émergent (PSE). Mais nombre d’observateurs ne manquent pas d’attirer l’attention sur le fait que la production agricole reste fortement tributaire de la pluviométrie et que ce nouveau cycle de croissance est pour le moment surtout conjoncturel. Il est en tout cas encore trop timide pour réduire de manière significative la pauvreté et profiter au plus grand nombre.
YOURI LENQUETTE POUR JA
Au-delà des programmes publics et des grands groupes, les petites et moyennes entreprises doivent contribuer plus largement au développement économique.
AMADOU OURY DIALLO, à Dakar JEUNE AFRIQUE
Objectif 2017
L’aide sociale prend ses marques
A
vec la Couverture maladie (enregistrement à l’état civil, inscripuniverselle (CMU), qui donne tion et assiduité à l’école, vaccination régulière jusqu’à l’âge de 5 ans, etc.). aux plus démunis un accès gratuit aux soins de santé, le Programme EXCLUSION. Géré par la Délégation national de bourses de sécurité familiale (PNBSF) est l’un des piliers de la poligénérale à la protection sociale et à la tique sociale engagée par Macky Sall. solidarité nationale (DGPSN, rattachée à la présidence de la République), le Inspiré du programme brésilien Bolsa Família, ce plan quinquennal a pour objectif de sortir Les bourses de sécurité familiale 300 000 ménages (environ ciblent 300 000 ménages 3 millions de personnes) de l’extrême pauvreté d’ici d’ici à la fin de l’année 2017. à la fin de 2017, grâce à une bourse trimestrielle de 25 000 F CFA PNBSF a ciblé 50 000 familles lors de sa (38 euros), soit 100 000 F CFA par an et phase pilote, en 2013, puis 50 000 autres par foyer éligible. Au-delà du critère de en 2014. Pour la troisième phase, lancée en juin 2015, le nombre d’allocataires a revenus, il faut, pour bénéficier de cette bourse, avoir un ou plusieurs enfants été porté à 200 000 ménages (soit une en âge d’être scolarisés (de 6 à 12 ans), enveloppe globale de 20 milliards de la pérennité des versements étant F CFA), dont la majorité est implantée assortie de conditions les concernant dans les régions intérieures. Le chef
de l’État a décidé en outre d’intégrer parmi les allocataires les personnes vivant avec un handicap détentrices de la carte d’égalité des chances. Par ailleurs, tout allocataire d’une bourse de sécurité familiale bénéficiera désormais de la CMU. Pour l’exercice 2016, le budget national consacré au PNBSF est de 32 milliards de F CFA. Malgré le bien-fondé du programme en matière de lutte contre l’exclusion sociale, les critiques ne manquent pas. Quelques économistes, considérant que les montants versés devraient plutôt profiter à « des investissements productifs, créateurs de revenus et d’emplois », ont même brandi le risque de voir les allocataires se transformer en « citoyens improductifs » – des rentiers ! Reste à la DGPSN, qui est en train de compiler ses données et enquêtes pour dresser un premier bilan du programme, de démontrer le contraire. A.O.D.
expérience internationale, réalisation de projets d’envergure en afrique (430 écoles primaires en Côte d’ivoire, centre pénitentiaire au Gabon, habitations modulaires en algérie), au Mexique (centre commercial), Koweït et Japon (projets à énergie solaire).
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Objectif 2017
TRIBUNE
Pour une autre croissance MAMADOU LAMINE DIALLO Député, président du mouvement Tekki (opposition), ingénieur économiste, ancien élève de l’École polytechnique de Paris
S
elon les chiffres officiels confirmés par le FMI, en quatre ans de gouvernance Macky Sall, le Sénégal aurait trouvé un chemin de croissance réelle inédit dans son histoire : 2,6 % en 2011, 3,4 % en 2012, 3,5 % en 2013, 4,5 % en 2014, 6,5 % en 2015 et, en projection, 6,6 % en 2016 et 6,8 % en 2017. Pour le chef de l’État, c’est une preuve de la justesse de sa vision et de ses orientations consignées dans le Plan Sénégal émergent (PSE), élaboré en 2013 et rendu public en 2014. Il envisage d’en faire une loi d’orientation pour vingt-cinq ans. Macky Sall aurait donc trouvé la solution définitive au développement du Sénégal, recherchée depuis l’indépendance politique, en 1960. Cette croissance serait portée par l’agriculture, soutenue massivement par des subventions de l’État (au quatrième trimestre de 2015, la croissance de l’agriculture serait de 22 %) et par l’investissement public dans les infrastructures urbaines (ville nouvelle à Diamniadio, à 40 km de Dakar, autoroute DakarMbour-Thiès-Touba, aéroport de Ndiass) et rurales (forages, pistes, moulins à mil) dans le cadre d’un programme spécial exécuté par le Pnud – le Programme d’urgence de développement communautaire (PUDC). Afin de lutter contre les inégalités héritées du passé, Macky Sall a lancé deux programmes spéciaux : les bourses familiales (300 000 familles réparties sur le territoire national reçoivent une allocation de 25 000 F CFA, soit 38 euros, par trimestre) et la couverture médicale universelle, qui vise à assurer à tous les Sénégalais un minimum de soins de base gratuits. On notera que le chef de l’État a bénéficié de trois facteurs favorables : la pluviométrie, l’entrée en production d’une mine de zircon et la baisse des prix des produits pétroliers. Sans parler de la réduction du stock de la dette publique, après l’atteinte du point d’achèvement, en 2006.
de plus de 4 % du PIB et, surtout, à un déficit structurel du compte courant de la balance des paiements (10 % du PIB), malgré les transferts importants de la diaspora sénégalaise (10 % du PIB). C’est la raison pour laquelle nous estimons que le Sénégal n’a pas amorcé une transformation structurelle de son économie, c’està-dire le passage à un nouveau régime de croissance structurelle (hors effets conjoncturels), laquelle se situe historiquement à 3 %. En l’occurrence, le pays bénéfice d’une conjoncture favorable.Toutefois, la croissance actuelle est captée par les grandes entreprises d’infrastructures, souvent étrangères, et par la consommation de la nouvelle élite politique au pouvoir, au grand dam des PME-PMI et du secteur informel pourvoyeurs d’emplois. L’extrême pauvreté et la précarité restent préoccupantes. En outre, cette croissance s’appuie sur un endettement massif auprès des banques de
Le pays n’est pas passé à un nouveau régime de croissance structurelle.
Plusieurs questions restent cependant posées. Si l’inflation ne constitue pas un problème dans un régime de change fixe arrimé à l’euro, cette croissance annoncée (les chiffres sont encore provisoires) est en revanche confrontée à un déficit budgétaire JEUNE AFRIQUE
l’UEMOA et de la Chine, en plus de l’important soutien des partenaires techniques et financiers traditionnels. Le service annuel de la dette publique (600 milliards de F CFA) se situe à hauteur de 30 % des recettes fiscales. Le FMI ferme les yeux, sans doute pour des raisons politiques. Le Sénégal étant l’un des seuls points de stabilité dans la sousrégion, Mack y Sall avait charmé les Occidentaux par l’annonce de son engagement à réduire son mandat et par la promesse d’une gouvernance sobre et vertueuse. L’implication de son frère Aliou Sall et la captation de 30 % des réserves de gaz naturel (135 milliards de m3) par la nébuleuseTimis Corporation ont mis de l’eau dans le gaz de cette gouvernance. Attention au retournement de conjoncture !… Une chose est sûre : le chef de l’État devra revoir sa copie – qualifiée de « géniale » – du PSE, à la lumière de l’exploitation future du gaz de Saint-Louis et de Cayar, et de celle du pétrole de Joal, découvert par la firme britannique Cairn Energy. N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
77
Le projet de TER est un atout majeur pour le développement de la région de Dakar et de tout le Sénégal. Pourquoi ? La ville de Dakar est une péninsule qui constitue environ 0,3 % du territoire national mais qui regroupe 66% des activités économiques et plus de 25% de la population nationale. Il y a donc une congestion manifeste avec une hypertrophie des principales activités économiques du pays et des banlieues-dortoirs. Tout cela impacte négativement la mobilité à Dakar. C’est donc, dans sa volonté de désengorger Dakar que Son Excellence M. Macky SALL, Président de la République du Sénégal développe plusieurs projets dans la périphérie de la capitale, à savoir : • Le Pôle Urbain de Diamniadio dont la première phase de 700 ha sur une emprise d’environ 2000 ha ; • L’aéroport international Blaise Diagne et la Zone Economique Spéciale Intégrée de Diass ; • Projets de connectivité.
Entretien avec Monsieur Mountaga SY, Directeur Général de l’APIX
C’est ainsi que Son Excellence, Monsieur Macky SALL, le Président de la République, a initié le Projet de Train Express Régional (TER) Dakar – AIBD qui s’inscrit dans le cadre d’un vaste programme national d’amélioration et de modernisation des infrastructures de transport, mais également qui tient compte des impératifs d’environnement (anti-pollution) tout en restant adapté à la fois au volume de passagers, à la rapidité, à la sécurité et au confort des usagers. Logé à APIX, le projet Train Express Régional (TER) Dakar – AIBD permettra : - Un accès à des services de qualité (fluidité du trafic, régularité des horaires, capacités et itinéraires adaptés, etc.).
COMMUNIQUÉ
- Une saine planification du réseau de transports évitera aux usagers, des correspondances pénibles, de longues périodes d’attente et des degrés variables et insupportables de congestion de la circulation. Le TER est un train - bi-mode, diesel et électrique - à écartement standard UIC - à vitesse de pointe de 160KM/H - à accès adapté aux personnes à mobilité réduite (PMR) Vous créez à Dakar une maison du TER. Quel est son rôle ? L’idée de la Maison TER c’est qu’un projet prend du temps, depuis la conception, la mise en œuvre et le démarrage. Il est important qu’à travers ce concept de « Maison TER », que le public appréhende à taille réelle par le biais de maquettes, ce que sera demain l’outil pour lequel l’Etat s’est engagé à améliorer leur confort. Elle permettra aux visiteurs de venir à tout moment, se familiariser avec les services offerts et se faire une idée en se projetant sur le Sénégal dans deux ans : nous serons dans un autre environnement, un ticketing électronique, des systèmes qui n’ont rien à voir avec ce que nous faisons aujourd’hui, et justement la Maison TER permettra, de découvrir et d’habituer aux usagers ce qu’ils emprunteront dans 2 ans. Elle est également une plateforme pédagogique, une vitrine de partage d’informations techniques sur le projet. Elle est spécifique et unique en son genre. La Maison TER sera érigée sur le parvis de la belle gare de Dakar, gare historique qui sera réhabilité, l’architecture étant maintenue du fait que c’est un patrimoine historique. ■
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Le Plus de JA Sénégal
Le navire de forage Ocean Rig Athena lors d’une opération d’évaluation des puits sur le bloc Sangomar Offshore profond. INDUSTRIES EXTRACTIVES
Cap sur les hydrocarbures Au-delà de l’effervescence suscitée par la découverte d’importants gisements offshore de pétrole et de gaz, le grand défi est d’impliquer le tissu économique local.
L
e Sénégal va bientôt intégrer le club des pays producteurs d’hydrocarbures. Selon la junior écossaise Cairn Energy, les deux gisements qu’elle a découverts en 2014 sur le bloc de Sangomar, à 100 km au large de Dakar, devraient produire leurs premiers barils de pétrole commercialisables à partir de 2021, ou au plus tard en 2023. En août, les réserves du bloc ont été réestimées à la hausse, à plus de 2,5 milliards de barils (b), et le rythme de production attendu est de 100 000 à 120 000 b/jour. À travers sa filiale Capricorn Senegal Limited, Cairn Energy opère trois blocs d’exploration au large du Sénégal (Sangomar Offshore profond, Sangomar Offshore et Rufisque Offshore), dont elle détient 40 % aux côtés des australiens Woodside Petroleum (qui vient de racheter la participation de 35 % de l’américain ConocoPhillips) et FAR Ltd (15 %), et aussi de la Société des pétroles du Sénégal, Petrosen (10 %). En janvier dernier, au large de Saint-Louis, sur le champ GrandTortue-Ahmeyim (sur la frontière N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
sénégalo-mauritanienne), et en mai, à Cayar, à 65 km au large de Dakar, ce sont 540 milliards de m3 de gaz qui ont été découverts par Kosmos Energy. La junior américaine en détient 60 % des droits, aux côtés de Timis Corporation (30 %) et de Petrosen (10 %). « Le gaz sénégalais devrait pouvoir être exportable dans
quatre ans », affirme Andrew Inglis, PDG de Kosmos Energy. Un bol d’air pour le pays, qui doit jusqu’à présent s’acquitter d’une facture annuelle oscillant entre 450 milliards et 530 milliards de F CFA (entre 686 millions et 808 millions d’euros) afin de couvrir ses besoins en pétrole et en gaz. Et un sujet qui déchaîne les passions, avec la polémique autour des transactions – jugées « douteuses » par une frange de l’opposition et de la société civile – entre l’homme d’affaires australoroumain Frank Timis, patron de Timis Corporation, et son associé Aliou Sall, frère cadet du chef de l’État, à propos des
CODE SÉDUCTION POUR LES MINES Grand producteur de phosphate et, depuis peu, d’or et de zircon, le Sénégal a adopté fin octobre un nouveau Code minier, qui remplace celui qui était en vigueur depuis 2003. L’objectif est de rendre le secteur plus attractif pour les investisseurs nationaux et internationaux. Pour plus de transparence, le gouvernement est désormais tenu de
publier sur son site internet toute convention minière qu’il aura passée. La durée des permis de recherche a été portée à quatre ans, au lieu de trois, renouvelable deux fois. Afin d’écarter les risques de conflit d’intérêts, l’article 32 du nouveau code interdit dorénavant aux agents de l’État toute prise de participation, directe ou indirecte, dans une
entreprise minière. La notion d’exploitation semi-mécanisée, à mi-chemin entre les exploitations artisanale et industrielle, y est aussi introduite, en réponse au casse-tête de l’orpaillage clandestin. En matière environnementale, les opérateurs sont désormais tenus de procéder à la réhabilitation des sites A.O.D. miniers. JEUNE AFRIQUE
IAN RUTHERFORD/CAIRN ENERGY
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Objectif 2017 blocs de Grand-Tortue (lire JA n° 2907 du 25 septembre au 1er octobre, pp. 38-41). Cette polémique a eu le mérite d’engager le débat sur la gestion de la future manne pétrolière et gazière, la nécessité de mettre en place un cadre réglementaire précis ainsi que des instances de gouvernance indépendantes. Le 3 août, le chef de l’État a créé le Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (COS-Petrogaz), dirigé par un ancien patron de Petrosen. Cet organisme aura pour mission d’assister l’exécutif dans la définition, la supervision, l’évaluation et le contrôle de la mise en œuvre de la politique de l’État dans le développement de projets pétroliers et gaziers. M É T I E R S. À la mi-novembre, à
Design : www.thomasoak.fr - Photos © Terrou-bi, Fotolia.com
Washington, lors de son passage devant le conseil d’administration du FMI, Macky Sall a par ailleurs annoncé l’entrée en vigueur, dans un an, d’une loi encadrant l’exploitation et l’utilisation des ressources pétrolières dans l’intérêt des populations et des générations futures. Le chef
techniciens qualifiés locaux. Les minisdu gouvernement, Mahammed Boun tères de l’Enseignement supérieur, de Abdallah Dionne, a, pour sa part, pris la décision de rendre dorénavant publics l’Éducation nationale et de la Formation tous les contrats miniers scellés entre professionnelle travaillent d’ailleurs à la création d’un institut de formation l’État et les opérateurs. Des mesures qui spécialisé dans ces métiers. s’ajoutent aux dispositifs de l’InitiaEn ce qui concerne la transtive pour la transparence dans Les réserves formation, le Sénégal a déjà les industries extractives prouvées de gaz naturel une longueur d’avance (Itie), à laquelle le Sénégal dans les eaux territoriales adhère désormais. Sans puisqu’il dispose d’une sénégalaises s’élèvent à raffinerie, infrastructure oublier l’inscription dans la loi fondamentale, lors essentielle de l’aval pétrode la réforme constitulier. En activité depuis tionnelle de mars dernier, 1963, la Société africaine milliards de m3 du droit des populations sur de raffinage (SAR) est la plus ancienne d’Afrique de l’Ouest. les ressources naturelles. Reste à s’assurer que ce cadre soit suivi et Après avoir frôlé le dépôt de bilan en appliqué. 2010-2011, la SAR a aujourd’hui trouvé un second souffle grâce à un plan de La construction d’une industrie pétrorestructuration. Elle est dotée d’une gazière est tout aussi cruciale, pour que le secteur ait une réelle valeur ajoutée locale capacité de traitement de 1,2 million de tonnes de brut par an, qu’elle compte en matière de transformation. Cela passe porter à environ 4 millions dans les aussi par le développement de PME-PMI prochaines années afin de pouvoir locales sous-traitantes, ainsi que par la raffiner la future production locale de formation aux métiers du pétrole et du AMADOU OURY DIALLO brut. gaz d’un nombre suffisant de cadres et de
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Le Plus de JA Sénégal AGRICULTURE
Côté jardins, ça pousse La production de fruits et légumes a le vent en poupe. Cependant, pour consolider son développement, la filière horticole réclame davantage de soutien des pouvoirs publics.
YOURI LENQUETTE POUR JA
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L
Un maraîcher à Gorom, à 25 km de Dakar.
a production horticole nationale est en constante progression ces dernières années, de même que les exportations de mangues, melons, tomates cerises et haricots verts, entre autres, qui gagnent des parts de marché, surtout en Europe. Cependant, au regard de leur potentiel, les filières sénégalaises des fruits et légumes réclament davantage d’investissements publics pour se développer pleinement. En attendant, les résultats sont assez probants. En 2015, la production nationale de fruits et légumes a dépassé 1,133 million de tonnes, dont 90 635 t vendues à l’étranger (contre seulement 6 000 en 2012), entraînant des rentrées de devises d’une valeur de 50 milliards
de F CFA (environ 76 millions d’euros). Pour Macoumba Diouf, directeur de l’horticulture au ministère de l’Agriculture et de l’Équipement rural, cette activité rapporte des devises, contribue à la redistribution de près de 90 milliards de F CFA au profit des petits producteurs et fait également travailler 30000 personnes, pour une masse salariale de 12 milliards de F CFA. CONTRE-SAISON. Malgré cela, les principaux acteurs du secteur sont convaincus que l’on peut faire plus, sachant que le pays est doté d’un climat et de vastes étendues propices à ce type de cultures, comme la bande des Niayes (large de 10 à 15 km), qui s’étire de Dakar à Saint-Louis, ou encore la vallée du
fleuve Sénégal. « Comparée à d’autres filières, comme celles de l’arachide, du riz ou du coton, l’horticulture ne bénéficie pas assez d’investissements publics, en matière de moyens financiers, mais aussi d’encadrement et de fertilisants », déplore Macoumba Diouf. Pourtant, selon lui, la valeur en devises d’une tonne de fruits et légumes est le double de celle d’une tonne de coton, le triple de celle d’une tonne d’arachide et atteint un niveau vingt-deux fois plus élevé que celle d’une tonne de phosphate. « En outre, les activités horticoles contribuent à une meilleure maîtrise des prix sur le marché local, à la création d’emplois décents pour les jeunes et les femmes, à l’accroissement des revenus des ruraux et à l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle », poursuit le directeur de l’horticulture. Ainsi, en 2015, le taux de couverture des besoins nationaux a été porté à 70,7 % pour l’oignon, à 44,4 % pour la carotte et à 30,5 % pour la pomme de terre. Devant ces performances et le plaidoyer de ses principaux acteurs, le gouvernement sénégalais s’est enfin résolu à faire de l’horticulture l’un des piliers du secteur agricole, dans le cadre du Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (Pracas), lequel s’inscrit dans la ligne du Plan Sénégal émergent (PSE). L’un des objectifs du Pracas est d’atteindre l’autosuffisance pour un certain nombre de produits (par exemple les oignons, avec un objectif annuel de 350000 t) et de porter les fruits et légumes de contre-saison (destinés à l’exportation) à 157 500 t AMADOU OURY DIALLO dès cette année.
LES MULTINATIONALES S’ÉPANOUISSENT L’horticulture attire de plus en plus les multinationales au Sénégal. La filiale du groupe français Compagnie fruitière, Grands Domaines du Sénégal, compte parmi les leaders. Créée en 2003 à Saint-Louis, dans la vallée du fleuve Sénégal, N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
la société exporte tomates cerises, maïs doux et mangues vers les marchés européens. Autre acteur majeur : la Société de cultures légumières (SCL), alias Barfoots Senegal (du nom de son principal actionnaire et client,
le britannique Barfoots). Implantée depuis 2006 à Diama, près de Saint-Louis, la SCL exporte 90 % de ses fruits et légumes – maïs doux, courges butternut, patates douces, haricots verts, oignons, piments et courgettes,
majoritairement récoltés entre décembre et mars – vers le Royaume-Uni, dont les fournisseurs habituels (Maroc, Espagne, Israël et Égypte) ont une production moindre durant la période hivernale. A.O.D. JEUNE AFRIQUE
COMMUNIQUÉ
SÉNÉGAL Agence de l’Informatique de l’État (ADIE)
Cheikh BAKHOUM,
Directeur Général de l’Agence De l’Informatique de l’État (ADIE)
« Faire du Sénégal un pôle de référence dans le secteur des Technologies de l’Information et de la Communication »
Cheikh BAKHOUM, 34 ans, est le Directeur général de l’Agence De l’Informatique de l’état (ADIE), depuis août 2014 après un passage au cabinet du Président de la République en tant que conseiller technique, Chef du Service Informatique de la Présidence. Il évoque, dans cet entretien, les grands projets de l’ADIE, la plupart matérialisant l’axe « Modernisation » du Plan Sénégal Émergent. Quel est l’apport de l’ADIE dans la gouvernance électronique au Sénégal ? L’ADIE a pour objectif de moderniser l’administration sénégalaise en mettant à sa disposition un système d’information cohérent et évolutif dans le but d’offrir un service public de qualité aux usagers. Pour atteindre cet objectif, nous avons construit une infrastructure réseau moderne couvrant déjà l’essentiel du territoire national afin de permettre la mise en place de systèmes d’information fiables, de mener une politique de dématérialisation pour simplifier les procédures administratives, et de délivrer des services à haute valeur ajoutée pour l’agent de l’administration et le citoyen. À travers l’ADIE, nous ambitionnons aussi de faire du Sénégal un pôle de référence dans le secteur des Technologies de l’Information et de la Communication en Afrique via une contribution significative au développement économique et social de notre pays. Cela passe par le désenclavement numérique du territoire à travers l’extension du réseau haut-débit de l’État opéré par l’ADIE. Vous avez parlé de services fournis aux citoyens. Quels sont ces nouveaux e-services déployés ? Parmi les missions de l’ADIE, la dématérialisation des procédures administratives occupe une place importante. Après l’identification et la vulgarisation de plus de sept cent procédures administratives qui peuvent être consultées sur le site web www.servicepublic.gouv.sn, nous avons mis en place la plateforme TeleDAC (Teledemande d’autorisation de construire) devenue TéléDemande d’Actes Admnistratifs pour pouvoir prendre en charge plusieurs nouvelles procédures à dématérialiser. Nous avons dématérialisé l’inscription aux concours de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) à la grande satisfaction des participants. Il convient de rappeler que l’ADIE déploie aussi de nombreuses solutions logicielles pour répondre aux besoins métiers dont le Système de Gestion Électronique du Courrier (SyGEC), le Plan de Travail Annuel automatisé (e-PTA) ou encore le Smart e-conseil. Tous ces outils contribuent à simplifier les relations entre l’administration et ses administrés, avec le souci constant de répondre, au mieux, aux préoccupations du citoyen et de lui délivrer un service public de qualité, performant et transparent.
Où en êtes-vous avec le projet de déploiement du « backbone » national ? La phase 3 a démarré en janvier 2016. Son objectif, à terme, est demaillertoutleterritoirenationalenfibreoptique.Avantledémarrage de cette phase dénommée « Projet National Large Bande Sénégal », l’ADIE avait déjà déployé une infrastructure de type opérateur de 1 500 km de fibre optique, un réseau cellulaire de type CDMA et un réseau sans fil de type WiMAX. Elle a entamé, en début d’année, ce projet réseau national large bande du Sénégal qui vise à étendre de 3000 km supplémentaires le « backbone » actuel. Une couverture intégrale en haut débit sera donc disponible d’ici fin 2016 pour prendre en charge tous les besoins de l’administration sénégalaise. Il est même envisagé de renforcer la capacité d’accès aux infrastructures aux opérateurs privés, en vue de rentabiliser cet important investissement consenti par l’État du Sénégal, suivant les orientations du Président de la République, Macky SALL. Existe-t-il de projets de coopération avec vos homologues d’autres pays africains ? Nous échangeons beaucoup avec nos homologues africains. Après le Tchad avec qui nous avons signé en 2016 une convention, nous avons entamé des projets de coopération avec le Niger et le Benin qui sont déjà venus s’inspirer de notre expérience. Nous avons aussi des échanges de bons procédés en matière de dématérialisation des procédures administratives avec d’autres pays comme le Rwanda, le Cap Vert, pour ne citer que ceux-là. Pouvez-vous nous citer quelques réalisations phares à votre actif depuis votre arrivée à la tête de l’ADIE ? À ce titre, j’ai déjà parlé de SyGEC qui revient de manière récurrente parmi les services les plus demandés par les structures administratives. Je peux aussi citer l’élaboration du catalogue de services qui comprend l’ensemble des solutions matures que l’ADIE délivre à l’administration. Cet outil d’aide à la décision réorganise complétement les rapports entre l’agence et les usagers. En outre, il permet d’entrevoir des collaborations fructueuses entre les secteurs public et privé en vue d’enrichir le portfolio de services disponibles. Aussi, nous avons contribué à la réduction de moitié de la facture téléphonique de l’État du Sénégal. Je n’oublie pas l’accompagnent des structures administratives dans la modernisation de leurs sites web pour lesquels un accent particulier est mis sur l’harmonisation et la sécurisation.
www.adie.sn
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Le Plus de JA Sénégal
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SECTEUR PRIVÉ
Ameth Amar « Nous devons faire des regroupements stratégiques » Mobilisation des opérateurs et des financements, nouveaux partenariats… Pour le PDG de NMA-Sanders, les entreprises locales sont sur la bonne voie.
P
DG et fondateur de la Nouvelle Minoterie africaine (NMA), qui, en 2015, a racheté les célèbres Moulins Sentenac, Ameth Amar, 65 ans, est l’un des hommes d’affaires les plus influents du Sénégal. Son groupe s’est diversifié, avec la fabrication de pâtes alimentaires (marque Pastami) et d’aliments pourvolailleetbétail,domainedanslequel il s’est allié avec le français Sanders (filiale du groupe Avril, ex-Sofiprotéol) et dont il tire 40 % de ses revenus. Il pose un regard sans concession sur les défis auxquels le secteur privé reste confronté et sur le rôle qu’il doit jouer dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE). JEUNE AFRIQUE : Le secteur privé local joue-t-il pleinement son rôle dans le Plan Sénégal émergent, en particulier dans son volet agricole ? AMETH AMAR: Pasencore.Maisjepense
ANTOINE TEMPÉ/PICTURETANK POUR JA
qu’il a l’obligation de le faire, parce que l’agriculture reste l’un des piliers de l’économie sénégalaise, même si, aujourd’hui, on parle beaucoup du pétrole. L’État est en train de faire ce qu’il peut pour impliquer davantage le secteur privé, mais il y a encore beaucoup d’efforts à fournir. Le gouvernement et les acteurs du privé ont déjà tenu des ateliers en ce sens, dont on attend les conclusions. C’est souvent un peu lent, mais je suis convaincu que nous finirons par trouver la
bonne solution. En attendant, certaines conditions sont déjà réunies : les terres, la consommation et les marchés sont là. Reste à produire et à vendre. À condition, bien sûr, de disposer des moyens nécessaires.
C’est d’ailleurs inquiétant, car les investisseurs étrangers viennent avec beaucoup de moyens sur le continent. Et si les Africains, eux, n’ont pas les moyens d’investir, on risque d’assister à une « recolonisation économique ». Voici un exemple : vous ne voyez presque plus de sociétés sénégalaises opérer sur le port de Dakar. Au môle 8, vous trouvez DP World [Dubai Port World] et le français Necotrans ; au môle 2, son compatriote
Si les Africains n’ont pas les moyens d’investir, on risque d’assister à une « recolonisation économique ». Pouvez-vous nous donner un exemple concret d’investissement ?
Prenons le dossier que je maîtrise le mieux, celui de NMA. Avec le Fonds de garantie des investissements prioritaires (Fongip), le groupe français Avril et l’entreprisemarocaineZalar,nousavonscrééune société pour l’exploitation de terres près du lac de Guiers, dans la vallée du fleuve Sénégal. Nous y cultivons des produits bio pour Sanders, partenaire traditionnel de NMA et actionnaire dans le projet. Nous allons aussi y produire du maïs pour NMA. C’est un partenariat publicprivé très important, dont l’investissement global est de 6 millions d’euros. Et dans les autres secteurs?
Le problème est que beaucoupd’opérateursprivés n’ont pas les moyens nécessaires et ne sont pas solvables. Les projets viables ne sont donc pas nombreux.
Bolloré… Pourtant, beaucoup de sociétés sénégalaises opèrent dans le maritime, mais elles n’ont pas les reins suffisamment solides sur le plan financier. Quelles solutions préconisez-vous ?
Nous devons faire des regroupements stratégiques, même si, en général, les entrepreneurs africains ne sont pas à l’aise dans ce genre de structures. Ensuite, les banques doivent faire confiance aux opérateurs. De toute façon, avec l’arrivée massive de fonds d’investissement sur le continent, elles n’auront plus le choix. Grâce aux emprunts obligataires, on constate d’ailleurs que les États lèvent eux-mêmes de plus en plus de fonds à meilleur marché et plus facilement. La polémique autour de l’élection du président de la chambre de commerce et d’industrie de Dakar est-elle révélatrice du manque de cohésion au sein du secteur privé ?
Le regretté Mamadou Lamine Niang [président de l’organisme consulaire, décédé en juillet] a fait tout ce qui était en sonpouvoirpourrésoudred’interminables conflitspendantsondeuxièmemandat,en vain. Mais on ne peut pas s’éterniser dans cette impasse qui dure depuis cinq ans. Il faut revoir la représentativité des uns et des autres et procéder à des élections transparentes. Propos recueillis à Dakar par AMADOU OURY DIALLO
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JEUNE AFRIQUE
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COMMUNIQUÉ
BOKHOL, MALICOUNDA, SANTHIOU MEKHE, TAIBA NDIAYE Le Sénégal se lance dans le mix – énergétique
et introduit les sources d’énergies propres dans son parc de production
Visite de la Centrale de Malicounda par le DG et les autorités de Senelec.
L’année 2016 est pour le Sénégal l’année du mix énergétique.
Inauguration de la centrale solaire de Bokhol, le Président du Sénégal coupe le ruban.
Cellule Communication Externe et Marketing / Direction Générale 28, rue Vincens BP 93 – Dakar (Sénégal)
Senelec.sn
Conscient du retard accusé dans la fourniture de l’énergie électrique aux populations, le Sénégal, à travers le Plan Sénégal Émergent (PSE), a placé l’électricité comme une ressource structurante dont la disponibilité en quantité et en qualité constitue un préalable pour le développement économique et social. Les forts potentiels d’irradiation et éolien et la découverte du gaz au large des côtes sénégalaises constituent des opportunités à saisir par les autorités qui misent aujourd’hui sur une énergie plus propre. Levier du développement de l’économie et ainsi de relèvement du niveau de vie, le sous-secteur de l’électricité est un des enjeux fondamentaux pour l’émergence du Sénégal. C’est pour cela que Senelec a décliné des actions dans un document intitulé Plan Stratégique 2016–2020 avec comme objectifs de mettre en place les bases de succès du PSE. Les actions préconisées mettent l’infrastructure, l’environnement, l’agent et surtout le client au centre des préoccupations. À travers cette nouvelle politique énergétique, le dernier trimestre de l’année 2016 a vu Senelec augmenter sa capacité de production avec la mise en service de deux centrales IPP solaires photovoltaïques de 20 MW chacune à Bokhol et à Malicounda. D’autres projets en énergies renouvelables sont prévus pour 2018 en plus des perspectives avec le gaz local à l’horizon 2025. Il s’agit des centrales solaires photovoltaïques : • DIASS, fruit de la coopération allemande, pour 15 MWc en décembre 2016 ; • SENERGY PV à Santhiou Mékhé pour 29,5 MWc en mars 2017 ; • ENERGY RESSOURCES à Kahone pour 20 MWc en Mai 2017 ; • TENMÉRINA à Mérina Dakhar pour 29 MWc en juillet 2017. Ainsi, 93,5 MWc viendront s’ajouter aux 42 MW qui sont actuellement en service, soit une puissance de 135,5 MWc en énergies renouvelables. Cela correspond à un taux de près de 20 % d’énergies renouvelables dans la capacité de production de Senelec à fin 2017. Aussi, cela permettra-t-il à la Senelec d’éviter l’émission de 15 2000 tonnes de CO2 par an. En 2018, avec les 100 MW solaire du programme Scaling Solar et la première tranche de 50 MW du parc éolien de 150 MW de Taïba Ndiaye, le taux des énergies renouvelables dans le mix énergétique passera à près de 30 %. Un important gisement gazier a été découvert au large des côtes sénégalaises. C’est pourquoi, dans les perspectives de développement de son parc de production, Senelec donne la priorité au gaz naturel comme combustible pour alimenter ses centrales à partir de 2025.
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MÉDIAS ET RÉSEAUX SOCIAUX
Une réussite communicative Elle a créé le mensuel Intelligences Magazine, sa page Facebook dépasse le million de fans. Dans le monde très masculin des patrons de presse, Amy Sarr Fall ne passe pas inaperçue.
À
la voir en talons hauts, élégamment vêtue et impeccablement maquillée, dans son confortable bureau du centre-ville de Dakar, difficile de l’imaginer crapahutant sur les pentes de l’Himalaya. Pourtant, en 2013, Amy Sarr Fall a vaincu sa peur du vide pour aller interviewer, dans son fief, le dalaï-lama, le chef spirituel du bouddhisme tibétain. « Je ne m’attendais pas à une ascension à 6 000 m d’altitude pour le rencontrer, confie-t-elle. Mais il m’a toujours inspirée: j’ai lu ses livres et j’ai beaucoup appris de cette expérience. » La Sénégalaise a notamment réussi à vaincre sa hantise des hauteurs. « La peur n’est qu’imaginaire », résume-t-elle. Amy Sarr Fall enchaîne les défis comme certains de ses compatriotes égrènent les chapelets. En 2007, jeune diplômée en communication et en administration des affaires internationales, elle assiste, à New York, à une conférence de Barack Obama, alors sénateur de l’Illinois et candidat à l’investiture présidentielle démocrate. Un mot d’ordre du futur président des ÉtatsUnis l’interpelle : « Le changement vient de la base. » Ces paroles sont pour elle comme une révélation : « J’ai su qu’il me fallait rentrer au Sénégal afin d’y jouer un rôle. » Pour y faire quoi ? « L’information m’a toujours passionnée. J’y vois un outil de transformation des consciences et de valorisation des idées et des personnes susceptibles de contribuer au développement », confie Amy Sarr Fall. Elle créera donc un média.
Grâce à un sens aigu de la communication événementielle, Amy Sarr Fall fait entrer son magazine dans la cour des grands dès le deuxième numéro. L’année 2010 marque en effet le cinquantième anniversaire de l’indépendance du Sénégal et l’an X de l’alternance à la tête de l’État. « J’ai voulu mettre en valeur les 50 femmes sénégalaises susceptibles,
dans tous les domaines, d’être qualifiées de leaders d’exception, explique-t-elle. Nous avons organisé une cérémonie d’hommage que le président Abdoulaye Wade a accepté de présider. » L’ancien chef de l’État consent par ailleurs à accorder une interview exclusive à sa jeune compatriote, contribuant à crédibiliser le nouveau mensuel. Amy Sarr Fall se défend pourtant de toute approche partisane. Au lendemain de son élection, en mars 2012, Macky Sall luiaccorderasapremièregrande interview à la presse écrite sénégalaise. « Abdoulaye Wade et Macky Sall ont soutenu la jeunesse et l’ambition. Ils ont apparemment reconnu la qualité de notre travail et la sincérité de notre démarche », se réjouit
pays en 2009, la jeune femme se lance en solo, au culot. « J’ai rédigé et mis en page moi-même, sur Word, les 56 pages du premiernumérod’Intelligences Magazine,que j’ai envoyées directement à l’imprimeur », raconte-t-elle. En janvier 2010, le nouveaunéafficheencouverture:«Obama,Sarkozy et Wade sont-ils prêts pour 2012 ? » Les 5 000 exemplaires ne seront pas intégralement vendus, loin de là, mais le succès d’estime est au rendez-vous. JEUNE AFRIQUE
YOURI LENQUETTE POUR JA
HYPERACTIVITÉ ASSUMÉE. Rentrée au
Son prochain défi ? Créer une chaîne de télévision. N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
Le Plus de JA Sénégal
Les stars du #kebetu
la dynamique trentenaire. Outre les principaux leaders politiques sénégalais, d’autres VIP se succéderont dans les colonnes d’Intelligences Magazine, comme la Canadienne Michaëlle Jean (dont Amy Sarr Fall soutiendra la candidature au poste de secrétaire général de la Francophonie, à la veille du sommet de Dakar, en novembre 2014), la présidente de la Commission de l’Union africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, ou encore la maire de Paris Anne Hidalgo. « Je côtoie beaucoup de personnalités, mais je sais qui je suis et d’où je viens, tempère cette hyperactive assumée. Ma grand-mère, qui venait du monde rural, a perdu la vie en donnant la vie. »
Incontournables dans la twittosphère « galsen », ces neuf mousquetaires s’endorment et se réveillent un smartphone à la main.
O
n les qualifie souvent de blogueurs, même s’ils n’ont généralement pas le tempsdebloguer.«Africtivistes»digitaux,forçatsdutweet,vissésvingt-quatre heures sur vingt-quatre à leur téléphone ou à leur tablette, ils gazouillent sur tous les sujets, de la culture au procès de Hissène Habré, des élections aux fêtes religieuses. Portraits express des principaux webactivistes du Sénégal. MEHDI BA
MEHDI BA N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
Demba Guèye et Basile Niane
@dembagueye
@basileniane
Initiateur du hashtag #kebetu (« gazouiller », « soliloquer », en wolof), Demba Guèye, consultant digital qui promeut l’entrepreneuriat par les nouvelles technologies, est l’un des Africtivistes les plus suivis de la twittosphère sénégalaise. Avec son complice Basile Niane, consultant, formateur et social media manager, ils sont les « techpreneurs » de référence du web « galsen ».
Moussoukoro Diop Féministe digitale, Moussoukoro Diop poste sur les femmes qui, comme elle, se sont fait une place dans l’univers des nouvelles technologies. Cette digital managerrelaieégalementdiversescampagnes de sensibilisation, concernant par exemple les violences faites aux femmes ou la promotion de l’e-citoyenneté. Sénégalaise jusqu’au bout des ongles, bien que métisse d’origines
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@mamouchkadiop
malienne, guinéenne et gambienne, elle aime aussi partager ses coups de cœur au pays de la Teranga.
Xuman @gunmanxuman Fondateur du JT rappé avec son compère Keyti, celui qui se définit comme « edutainer et éducateur musical du Front révolutionnaire organisé pour l’instauration d’un système sain (Froiss) » est l’un des twitteurs les plus suivis du pays. Souvent sarcastiques, les posts de Xuman abordent divers sujets : politique, société, art et actualité internationale. DR
la jeunesse sénégalaise s’est prise de sympathie pour cette figure atypique, incarnation du féminisme, apôtre de l’excellence et chantre d’un afro-optimisme décomplexé. En 2012, alors que l’année universitaire se présentait sous de mauvais auspices, Amy Sarr Fall a lancé la Grande Rentrée citoyenne: « Pendant une journée, des mentors sont venus parler aux jeunes, leur dire que l’émigration n’est pas forcément la clé de la réussite et que c’est en se battant ici, en refusant l’attentisme, qu’ils pourront forger l’avenir du pays. » L’événement fêtera sa cinquième édition mi-décembre. Citée dans plusieurs classements prestigieux – les dix femmes les plus influentes du Sénégal, les dix femmes les plus susceptibles d’accéder au Palais de la République [une première], etc. –, Amy Sarr Fall est aussi la personnalité sénégalaise la plus populaire sur Facebook, avec près de 1,2 million de fans. À la tête d’une agence de communication internationale, elle anime en outre le club Intelligences citoyennes et a lancé cette année un magazine bimestriel, Ambitions, consacré au leadership féminin. Elle espère obtenir prochainement une licence pour créer sa propre chaîne de télévision. Même si elle se défend de faire de la politique – « ce qui m’intéresse, dit-elle, c’est de produire un impact sur la façon dont les jeunes se perçoivent et perçoivent ce pays » –, nombre d’observateurs prédisent que cette jeune femme pressée et exigeante, soucieuse d’être en bons termes avec tout le monde, pourrait bien, un jour prochain, préférer les sommets du pouvoir à ceux de l’Himalaya.
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SOMMETS. Du collège à l’université,
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Aïsha Dème @DemeAisha
ANTOINE TEMPÉ
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En 2009, la jeune informaticienne férue de culture abandonne son emploi dans une banque pour fonder le portail web Agendakar – devenu une référence –, qui répertorie tous les événements culturels de la capitale. Aujourd’hui consultante, Aïsha Dème, activiste culturelle de premier plan, continue de partager quotidiennement sa passion sur Facebook et Twitter.
Papa Ismaila Dieng @aliamsi Journaliste indépendant, coordinateur du réseau des blogueurs du Sénégal, Papa Ismaila Dieng a notamment chroniqué ou live-twitté quotidiennement les deux procèsfleuves qui se sont tenus à Dakar depuis 2014 : ceux de Karim Wade et de Hissène Habré. Souvent ironiques, voire mordants, ses tweets évoquent régulièrement les petits travers de ses compatriotes et de la classe politique.
Aisha Dabo @mashanubian
YOURI LENQUETTE POUR JA
Soncompteestunefenêtreouverte sur le continent. En français ou en anglais, la Gambienne Aisha Dabo twitte en priorité sur les droits de l’homme, l’autonomisation des femmes et la gouvernance. Ces derniers mois, elle a accordé une attention particulière aux révisions constitutionnelles controversées permettant à certains chefs d’État de prolonger leur mandat.
YOURI LENQUETTE POUR JA
@cypher007 Figure emblématique des cyberactivistes sénégalais, ce théoricien de la « citoyenneté augmentée » s’est fait un nom pendant la campagne électorale de 2011-2012. Alors que le président sortant, Abdoulaye Wade, entend imposer sa candidature pour un troisième mandat, Cheikh Fall lance la plateforme Sunu2012 afin d’inciter ses compatriotes à utiliser les réseaux sociaux comme outil de veille citoyenne. Smartphone à la main, des manifestations anti-Wade aux bureaux de vote, Cheikh et ses disciples ont fait de cette élection la première de l’ère digitale. JEUNE AFRIQUE
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Cheikh Fall Fatima Zahra Sall @TiiimTim Twitteuseinclassableàl’humourravageur, elle alterne aphorismes, saillies au troisième degré et discussions sans fin avec ses followers. Au gré de ses humeurs, Fatima Zahra Sall parle de mode, de la pression des fêtes religieuses et des mille et une facettes de la vie quotidienne au Sénégal. Militante socialiste hostile à la direction du parti, cette jeune Halpulaar multiplie également les piques assassines contre ses bêtes noires en politique, toutes tendances confondues. N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
DAKAR CAPITALE DE L’ÉCONOMIE PORTUAIRE AFRICAINE DU 13 AU 17 FÉVRIER 2017 Situé à l’intersection des lignes maritimes reliant l’Europe à l’Amérique du Sud, l’Amérique du Nord à l’Afrique du Sud, le Port de Dakar bénéficie d’une position géographique exceptionnelle. Celle-ci permet aux navires venant du Nord de disposer d’un gain de navigation de deux à trois jours par rapport aux autres ports de la côte ouest africaine. Fort de ce constat, le port de Dakar représente un enjeu important dans le développement socio-économique du Sénégal. C’est pourquoi le Plan Sénégal Emergent (PSE) lui accorde une place significative dans le projet de « Hub Logistique Intégré ». Son objectif est de moderniser le port de Dakar afin d’accroitre sa capacité de traitement des conteneurs pour mieux accompagner l’essor des échanges commerciaux. L’autorité portuaire, le Dr Cheikh KANTE dès sa prise de fonction a impulsé une nouvelle vision stratégique « Port Horizon 2023 » en droite ligne du PSE basée sous le triptyque : Performance, efficience, Sécurité.
Cette démarche est traduite par les performances opérationnelles ci-après : • Un trafic de 15 millions de tonnes de marchandises en 2015 tous sens confondus dont 2 millions de tonnes pour le Trafic transit Mali,
Plateforme de distribution
Wharf Pétrolier
plaçant Dakar comme le port privilégié des opérateurs maliens. • Une cadence moyenne de 40 boites EVP/Heure (Équivalent Vingt Pieds) au niveau du Terminal à Conteneurs ; • un rendement de 24 000 tonnes/jour au Terminal Vraquier ; • des rendements passant de 250 tonnes /heure à plus de 2000 tonnes/
heure au Wharf Pétrolier ; • la Réhabilitation et l’Extension des réseaux du Terminal Roulier (en cours de réalisation) ; • le projet de Réhabilitation du Môle 3 financé par la coopération Japonaise (JICA) ; • le dragage du chenal d’accès à -13M. De plus, le port de Dakar est engagé dans un processus de spécialisation des quais (Terminal Roulier, Terminal à Conteneurs, Terminal
Vraquier…). Et l’obtention de la certification Iso 28 000 à l’horizon 2023. En sus de celles déjà obtenues (iso 9001 version 2008, iso 14001 version 2004…). Les performances enregistrées dans le domaine de la sécurité et de la sûreté ont valu au Port de Dakar, le satisfécit de l’US Coastguard et lui ont permis de faire partie des rares ports non black-listés sur la côte ouest africaine. Ces efforts qui ont valu tant de performances économiques à la plateforme portuaire, couplés à la stabilité socio-politique, ont emmené l’Association de Gestion des Ports de
l’Afrique de l’Ouest et du Centre (AGPAOC) à organiser à Dakar son 38ème Conseil, concomitamment avec la 11 ème conférence de l’APCP et le Forum des Ports Africains qui feront de Dakar, du 13 au 17 février 2017, la capitale de l’économie portuaire africaine. Ces rencontres sont placées sous l’égide du Président de la République du Sénégal, avec la présence du Directeur Général de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et le Président de la Banque Africaine de développement (BAD). ■
Terminal Vraquier
Le Plus de JA Sénégal
Le président-poète avait fait construire cette bâtisse à la fin des années 1970. Il y vécut jusqu’en 1993. SOCIÉTÉ ET CULTURE
quitté l’ancien président, qu’il a accompagné dans seize pays à travers le monde. C’est à ce septuagénaire, aujourd’hui guide du Musée Senghor, qu’étaient confiées les À Dakar, sur la corniche ouest, la maison de Léopold Sédar clés des « Dents de la mer » lorsque son Senghor a été transformée en musée. Les visiteurs ne s’y bousculent occupant se trouvait en France. pas. Pourtant, elle a su conserver l’esprit de son illustre occupant. Ce zélé serviteur n’a rien oublié des marottesdesonmentor.Levévers6heures, requin, de son mur d’enceinte. À l’intésonpetitdéjeuneravalé,Senghors’attablait estunevastedemeureocrede rieur, le temps s’est arrêté il y a un quart style soudano-sahélien, un dès le matin à son modeste bureau du de siècle. À partir de 1993, équipé d’un ovni architectural contraspremier étage, en partie occupé par une tant avec les villas cossues et stimulateur cardiaque, le président-poète bibliothèque bien remplie. Quelques poignées de mil distribuées aux oiseaux, sur les ambassades aux murs blancs qui puln’était plus en mesure de prendre l’avion. C’est donc à Verson, en Normandie, au la terrasse, quitte à mécontenter Colette. lulent dans le quartier de Fann Résidence, Quelques brasses dans la en lisière de la corniche ouest de Dakar. Ici vécut un temps Léopold Sédar Senghor, piscine avant le déjeuner, La villa a gardé le surnom qu’on poète, chantre de la négritude, premier en cas de grosse chaleur. lui avait donné à sa construction : Puis un double rituel : une président du Sénégal indépendant et acasieste réparatrice suivie démicien français. Depuis le 30 novembre « Les Dents de la mer ». d’une tasse de thé avalée 2014, la maison qu’il avait fait bâtir à la fin côté de son épouse française, Colette, dans le salon vert (la couleur fétiche de des années 1970 pour y passer sa retraite qu’il a passé les huit dernières années est devenue le Musée Senghor. sonépousenormande,«néeetélevéedans de sa vie, avant d’être inhumé à Dakar, la verdure »), l’espace familial du couple, Les Dakarois continuent pourtant de en décembre 2001. seulement accessible aux intimes. C’est l’affubler du surnom qui lui fut donné alors seulement que l’ancien président lors de sa construction, « Les Dents de TASSE DE THÉ. Depuis l’origine, un gagnait son confortable bureau du rezla mer », en référence au film de Steven bon samaritain veille sur la demeure de-chaussée, aujourd’hui occupé par la Spielberg sorti en 1975. Probable allusion de Senghor. Gendarme aujourd’hui à la aux guérites fendant les façades (en forme conservatrice du musée, Mariama Ndoye de triangles isocèles) et à la découpe, Mbengue, pour y recevoir ses visiteurs. retraite,BarthélémySarrfutaffectédès1973 à la garde présidentielle. Il n’a jamais plus elle aussi rappelant la mâchoire d’un Muséologue de formation, ancienne
Ici vécut le père de la nation
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Objectif 2017 responsable du musée de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan), cette femme élégante veille aujourd’hui, avec bonheur, sur le patrimoine privé du plus renommé des Sénégalais. Si elle regrette le manque d’appétence de ses compatriotes pour les musées, Mariama Ndoye Mbengue se réjouit tout de même que ce lieu encore peu fréquenté (2 224 entrées au premier semestre de 2016) concoure à animer la vie culturelle dakaroise. Des ambassades y ont organisé des événements. Et une exposition de photos de Vaclav Havel ainsi
qu’un hommage à l’écrivaine Aminata Sow Fall y ont été remarqués. FANTÔME. Du rez-de-chaussée à l’étage,
le Musée Senghor conserve l’esprit de son immortel occupant. Des souvenirs offerts, tout au long de sa vie, par des hôtes de marque et de toutes origines, de l’Égypte à la Corée du Sud en passant par l’Italie. Des livres par dizaines : classiques grecs, latins et de la littérature africaine-américaine, poèmes de Ronsard et de Verlaine, œuvres d’Alain et de Hemingway, sans
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oublier une série de dictionnaires. Des statues célébrant l’Afrique (Cameroun, Bénin, Nigeria, Kenya…) et sa culture foisonnante. Et, au détour de chaque couloir, de chaque espace privé, le portrait en noir et blanc de Philippe, le fils unique de Léopold et Colette, arraché à leur affection en 1981, à l’âge de 23 ans, à la suite d’un accident de la route. Tel un fantôme, au berceau soigneusement conservé dans une chambre d’amis, venu hanter les dernières années du poète. MEHDI BA
Plein feu sur un symbole Face au Monument de la renaissance africaine, la seconde colline porte un édifice chargé d’histoire, le phare des Mamelles. Toujours au service des marins, et de plus en plus prisé par les Dakarois.
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a vue y est imprenable sur tout Dakar et l’océan. Au nord, la pointe des Almadies, extrémité ouest de l’Afrique avant l’Atlantique. Au sud, derrière le port, l’île de Gorée. Entre les deux, les différents quartiers de la capitale : le Plateau, Mermoz, Yoff… Perché, en face du Monument de la renaissance africaine, sur la plus haute des deux collines des Mamelles, le phare du même nom est le point culminant de la ville, et l’un des plus anciens symboles du patrimoine national. Construit en 1864 par les colons français, soit un an avant le port, le phare des Mamelles sert depuis lors de repère aux navigateurs. Tous les soirs, son faisceau blanc apparaît dans le ciel à la tombée de la nuit. À raison d’une rotation toutes les cinq secondes, il est visible à une distance de 53 km. Une puissance que le bâtiment doit au joyau niché à son sommet, en haut d’un étroit escalier en colimaçon : une lentille de Fresnel (du nom de son inventeur, Augustin Fresnel, physicien français du XIXe siècle) qui, grâce à ses échelons amplificateurs, permet de propager sa source lumineuse à des dizaines de kilomètres à la ronde.
Depuis la plateforme, un panorama exceptionnel sur la presqu’île du Cap-Vert.
jour en mer à plusieurs milles des côtes. « Ce phare est l’unique point de repère Outre ce rôle de signalisation maritime, pour les navires qui arrivent à Dakar, cet édifice abrite, en raison de son altiexplique Lamine Fall, l’un des trois gardiens du lieu. Au début du XXe siècle, tude, plusieurs antennes et émetteurs il servait aussi de guide aux de différents médias, services aviateurs de l’Aéroposde l’État et ambassades Modique tale qui se posaient ici, étrangères. droit d’entrée comme Antoine de Si le phare est aussi réputé, c’est aussi Saint-Exupéry ou Jean Mermoz. » Les gros parce qu’il offre un (2,29 euros) pour l’accès cargos de marchanpanorama exceptionà la plateforme dises qui accostent nel sur la presqu’île chaque semaine du Cap-Vert. Lorsque dans la capitale sont le temps est clair, on pour une visite guidée aujourd’hui dotés de peut apercevoir le complète début de la Petite-Côte, tous les moyens modernes de navigation, mais le phare de l’autre côté de la baie de des Mamelles constitue encore Hann, à plus de 50 km. Beaucoup un repère précieux pour les nombreux de gens s’y rendent également pour pêcheurs en pirogue qui partent chaque prendre un bol d’air frais ou profiter
1 500 F CFA 2 000 F CFA
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Le Plus de JA Sénégal a demandé au président Léopold Sédar Senghor de pouvoir y camper. « Ce phare est un monument majeur de notre patrimoine historique et culturel, qu’il faut continuer à préserver »,
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des magnifiques couchers de soleil sur l’océan. Lorsqu’elle est venue à Dakar pour le Festival mondial des arts nègres, en 1966, la reine Elizabeth II a d’ailleurs été tellement subjuguée par le site qu’elle
estime Amadou Ndiaye, ex-directeur du service Phares et balises, la division du Port autonome de Dakar à laquelle est confiée la gestion du bâtiment. Sous sa direction, d’importants travaux de réhabilitation ont été effectués entre la fin de 2015 et le début de 2016. L’ambition est de faire vivre le phare et d’y attirer de nombreux visiteurs de tous les âges. Ceux-ci doivent désormais s’acquitter d’un petit droit d’entrée, destiné à financer les efforts d’entretien et de restauration. Toujours dans cette logique de mise en valeur du site, un bar-restaurant a récemment ouvert ses portes au pied du phare. L’établissement, décoré avec goût, permet de boire un verre, de dîner, ou encore de profiter de soirées « afterwork » le vendredi soir. Il entend également devenir un nouveau pôle culturel de la capitale, en organisant par exemple des concerts ou d’autres performances artistiques. Malgré son âge respectable, le phare des Mamelles a encore de belles années devant lui.
Installé sur la plus haute des Mamelles, le phare est le point culminant de la ville.
BENJAMIN ROGER, à Dakar
LA CORNICHE EN PLEIN RENFORCEMENT MUSCULAIRE
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ls arrivent avec les premières lueurs du jour, alors que le soleil se lève à peine sur l’océan. De jeunes hommes dans la force de l’âge (de 25 à 45 ans) pour la plupart, mais aussi des femmes, ainsi que quelques seniors. Tous les matins, ils viennent là, sur la corniche ouest de la capitale, pour suer à grosses gouttes. Entre la plage de Fann, les terrains de football et les parcours sportifs, les Dakarois viennent profiter d’une large bande littorale s’étirant sur près de 3,5 km, depuis le parc d’attractions Magic Land jusqu’à la place du Souvenir. Même affluence quotidienne en fin de journée, lorsque la chaleur se fait moins lourde : des centaines de personnes viennent taper dans le ballon, courir ou renforcer
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leurs muscles. Le soir, des groupes se constituent sur la plage de Fann pour trottiner dans le sable et s’adonner à différents exercices physiques. Un peu plus loin, des équipes s’affrontent sur les deux terrains de football qui surplombent l’océan. Entre les deux, de solides gaillards entretiennent leur silhouette – déjà sculpturale – en tirant sur des barres de traction ou en poussant des haltères. Depuis la fin de septembre, les sportifs de la corniche bénéficient de nouveaux équipements offerts par l’ambassade de Chine et par des entreprises chinoises. Répartis sur deux zones sportives, des dizaines d’ateliers de renforcement musculaire ont été installés le long de la mer – dénaturant quelque peu
une partie du paysage. De nombreux Dakarois se les sont tout de suite appropriés, tel Amadou, trentenaire trapu vêtu d’un maillot du Real Madrid. « Je viens ici tous les matins, explique-t-il. Avec ces différentes machines, on peut varier les exercices et faire travailler
tous les muscles. » Reste un point noir de taille : l’énorme pollution dégagée par les milliers de véhicules qui empruntent chaque jour la route de la Corniche, à quelques mètres seulement des sportifs en plein effort. B.R.
Depuis septembre, des équipements ont été installés par la coopération chinoise.
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ASEPEX : L’émergence à travers les exportations ! Au 31 décembre 2015, les exportations sénégalaises ont connu une hausse de plus 13,7 %
Cette évolution positive, soutenue par la volonté de l’État de faire des exportations l’un des leviers clés de l’Économie sénégalaise, est portée par l’Agence Sénégalaise de Promotion des Exportations (ASEPEX), créée le 15 février 2005. L’Agence a pour mission globale de promouvoir les produits « Origine Sénégal » sur les marchés extérieurs et de créer les conditions d’un environnement favorable au développement continu et durable de même qu’à la diversification accrue des exportations sénégalaises.
Au titre des réalisations de l’année, l’ASEPEX a : - visité plusieurs entreprises sénégalaises ; - formé 250 producteurs de mangue ; - publié 2 études d’opportunité sur les marchés européen et maghrébin de la mangue et 1 guide d’exportation pour le même produit ; - élaboré le contenu du guide sur les procédures d’exportation ; - produit 18 documents d’information économique et commerciale ; - délivré de l’information économique et commerciale à 59 acheteurs et exportateurs ; - sensibilisé et informé 60 entreprises sur les opportunités d’exportation vers le Canada; - mis en relation des dizaines d’acheteurs avec des exportateurs sénégalais ; - réalisé 8 actions promotionnelles, sur une superficie de 488 m² au profit de 61 entreprises, de 5 secteurs, sur 7 marchés (Allemagne, France, Belgique, Sénégal, Maroc, Turquie, Arabie Saoudite) ; - noué 664 contacts d’affaires, signé 2 contrats commerciaux à Fruit Logistica et facilité un potentiel de vente de 16,431 milliards F CFA pour la pêche ; - démarré le processus de définition d’un label pour la mangue sénégalaise; - soumis 2 projets d’assistance technique à TFO Canada et CBI ; - accueilli une mission de benchmark de l’APEX Burkina ; - signé 3 protocoles d’accord respectivement avec TFO Canada, le programme GAZELLE et la SONAC ; - démarré la préparation de la première édition du Conseil Présidentiel des Exportations ; - facilité la mise en place de l’Alliance Régionale de la mangue de l’Afrique de l’Ouest ; - délivré près de 20 000 certificats d’origine, toutes destinations confondues ; - organisé plusieurs forums économiques, foires, salons et expositions professionnels partout à travers le monde.
Son ambition est de faire des exportations un des leviers clés du développement économique et social du Sénégal, en référence au Plan Sénégal Émergent, dont l’un des objectifs est la multiplication des exportations par 2,5 à l’horizon 2023 avec le développement d’une économie diversifiée, à valeur ajoutée et qui s’exporte, dans les secteurs de l’industrie, de la pêche, de l’agriculture, entre autres, en plus des secteurs traditionnels tels que l’artisanat, le textile, les TIC.
En concertation avec les entreprises exportatrices, l’ASEPEX a défini une Stratégie Nationale de Développement des Exportations axée sur l’amélioration de la compétitivité des produits exportables, la veille économique et commerciale, le renforcement des capacités des exportateurs, la promotion et la valorisation de l’offre exportable sénégalaise, la mise en place d’infrastructures commerciales, l’amélioration de l’environnement export, le développement de projets export intégrés...
Le Sénégal a décidé d’adopter un nouveau modèle de développement pour accélérer sa marche vers l’émergence. Cette stratégie, dénommée Plan Sénégal Émergent (PSE), constitue le référentiel de la politique économique et sociale sur le moyen et le long terme. Le premier axe du PSE se traduit par une transformation structurelle de l’économie à travers la consolidation des moteurs actuels de la croissance et le développement de nouveaux secteurs créateurs de richesses, d’emplois, d’inclusion sociale et à forte capacité d’exportation et d’attraction d’investissements. Concernant les exportations, au 31 décembre 2015, elles étaient estimées à 1 370 milliards F CFA, soit une croissance de 13,7 % comparée à l’année 2014.
▲ SEM Macky Sall, Président de la République du Sénégal et Dr Malick Diop, Directeur Général de l’ASEPEX au sortir du Forum Economique du Sénégal à Milan, à l’Exposition Universelle Milano 2015.
La politique particulière de pilotage des exportations, adossée à un système de management de la qualité, a été mise en place depuis 2013 et permettra à l’ASEPEX d’être certifiée ISO 9001-2008 en 2017.
ASEPEX, une boussole pour le monde export ! COMMUNIQUÉ
www.asepex.sn
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Un écrin en quête de contenu Imaginé par Senghor et relancé sous Wade, le Musée des civilisations noires (MCN) devrait ouvrir ses portes au premier semestre de 2017. Reste à trouver de quoi remplir ses immenses salles.
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Reste à remplir toutes ces immenses salles encore vides. Outre le patrimoine sénégalais, quelques statues et masques d’Afrique centrale sont déjà stockés dans les zones de réserves du musée, dont les taux de luminosité et d’humidité sont réglés pour une conservation optimale. Mais cela ne saurait suffire. Pour compléter la future collection, des partenariats sont donc à l’étude avec plusieurs autres établissements africains, comme le Musée national du Mali. Hors du continent, des contacts ont été pris, notamment avec le Musée du quai Branly, à Paris, et le Musée royal de l’Afrique centrale, à Tervuren, en Belgique. Les autorités égyptiennes se sont également engagées à donner ou à prêter plusieurs pièces. Une fois ces accords conclus et les derniers paramètres techniques réglés, une date d’inauguration officielle du musée pourra être fixée. Initialement prévue pour le 26 novembre, elle a été reportée sine die. « Nous ne sommes pas encore tout à fait prêts. Nous visons plutôt le courant du premier semestre de 2017 », explique-t-on à la présidence. Dans les coulisses, certains rêvent d’une date d’ouverture symbolique : le 4 avril, jour de la fête de l’Indépendance au Sénégal. ●
sénégalaise – par ailleurs directeur de édifice est imposant. Autant, si ce l’Institut fondamental d’Afrique noire n’est plus, que le Grand Théâtre national auquel il fait face, au (Ifan), rattaché à l’université CheikhPlateau, dans le centre de Dakar. Un Anta-Diop de Dakar –, entend faire du immense bâtiment circulaire planté musée « un lieu de rencontre civilisationau-dessus du port, à l’architecture insnelle et de dialogue entre les cultures ». pirée du patrimoine local : une forme L’équipe dirigeante souhaite notamronde reprenant celle des cases tradiment travailler de manière thématique, combinant expositions temporaires et tionnelles avec, au dernier étage, un puits collection permanente. Grâce à leurs de lumière rappelant les impluviums de l’habitat coutumier de Casamance. cloisons amovibles, les différentes galeAprès plusieurs décennies d’attente, le Musée « Nous n’allons pas en faire un lieu des civilisations noires nostalgique et ethnographique. » (MCN) est enfin sorti de PR HAMADY BOCOUM, directeur général du MCN terre. Lancée par l’ancien président Léopold Sédar Senghor, après la réussite du Festival ries sont modulables et permettront de mondial des arts nègres organisé dans la s’adapter à ces différents événements. Le capitale sénégalaise en 1966, l’idée d’un musée dispose par ailleurs d’un auditovaste établissement dédié aux cultures rium de 150 places, qui accueillera des africaines était peu à peu tombée dans séminaires et des colloques spécialisés. l’oubli. C’est Abdoulaye Wade qui la réacEnfin, une terrasse et une grande galerie ouverte occupent le dernier étage, que tive dans les années 2000. Il confie la réales concepteurs envisagent comme un lisation du projet à l’entreprise chinoise espace public de médiation culturelle. Shanghai Construction Group et pose la première pierre en décembre 2011. L’architecture s’inspire de la forme des cases traditionnelles. Mais, en raison de l’alternance, les travaux ne démarreront véritablement que sous son successeur, Macky Sall, en décembre 2013. Ils dureront deux ans. DYNAMIQUE. Désormais en phase de finition, ce musée moderne, d’une superficie totale de 15 000 m² sur 4 niveaux – dont près de 5 000 m² de surface d’exposition – a déjà coûté 20 millions de dollars (environ 18,5 millions d’euros). L’ambition affichée par les autorités est claire : devenir « le » plus grand musée du continent consacré aux civilisations africaines. « Nous n’allons pas en faire un lieu nostalgique et ethnographique, qui serait une sorte d’avatar des expositions coloniales du début du XXe siècle, mais plutôt un musée contemporain et dynamique, en mouvement permanent », explique, le ton enjoué, le Pr Hamady Bocoum, directeur général du futur établissement. Dans le massif hall d’entrée aux couleurs ocre et chaudes, cette figure reconnue de la communauté scientifique N 0 2917 • DU 4 AU 10 DÉCEMBRE 2016
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Un dispositif de suivi
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our mesurer les avancées de son Plan Sénégal Émergent (PSE), le pays a mis en place le Bureau opérationnel du Suivi (BOS). Inédit et placé directement sous la tutelle de la présidence de la République, ce dispositif doit répondre à l’un des enjeux majeurs du plan de développement sénégalais : ses impératifs de résultats. Avoir un plan stratégique de développement économique, c’est bien. Être capable d’en constater les résultats, pour mesurer son degré d’avancement et être sûr qu’il répond aux intérêts identifiés du pays, c’est encore mieux. Dans la foulée du Plan Sénégal Émergent (PSE – voir encadré), lancé en 2014, les autorités sénégalaises, conscientes de la nécessité d’un pilotage et d’un contrôle stratégique de ce plan, ont donc rapidement mis en place un dispositif institutionnel, inédit jusqu’alors, à travers le Bureau opérationnel de suivi (BOS). Placé sous l’autorité d’un Ministre chargé du suivi du PSE, ce bureau est chargé du pilotage et du suivi opérationnel du PSE, ainsi du problem solving dans le cadre de la mise en œuvre du PSE, qui en garantit l’atteinte de ses objectifs. À travers les communications du Ministre chargé du suivi du PSE toutes les semaines en conseil
▲ Abdoul Aziz TALL, Ministre auprès du Président de la République chargé du Suivi du PSE.
des ministres, et des tableaux de bord réguliers transmis au Chef de l’État, ce dernier a une une connaissance claire des progrès réalisés en temps réel. Le BOS confirme ainsi l’engagement des autorités à renforcer la capacité des différents acteurs impliqués, tout en créant les conditions propices à une évaluation des avancées du plan. UN PROJET D’APPUI À LA MISE EN ŒUVRE DU PSE Le gouvernement sénégalais peut compter, pour cette mission, sur le soutien sans faille du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), engagés, dès les origines, dans l’accompagnement du PSE et
donc dans l’appui institutionnel du BOS. Ils apportent leur expérience en matière de formulation, de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation des politiques publiques. Leurs appuis facilitent le transfert de compétences et le renforcement des capacités de plusieurs départements ministériels,
PUBLI-INFORMATION
service, ici la Centrale solaire photovoltaïque de Bokhol.
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▲ Les efforts de modernisation du secteur
▲ Trente-trois projets achevés en 2015 ;
agricole ont donné d’excellents résultats.
soit un linéaire de 965 km de routes et 2281 mètres linéaires de ponts.
hiffre : 9 988 milliards F CFA, soit 15,23 milliards d’euros, c’est le montant total des engagements pris en matière de financement, dans le cadre du Plan d’actions prioritaires (PAP)
dans les domaines de la prospective et de la planification. Ils contribuent également à l’amélioration des capacités de mobilisation et d’utilisation des ressources financières. DYNAMIQUE DE RÉSULTATS
Il est très rapidement apparu comme essentiel pour le gouvernement sénégalais d’inscrire le PSE dans une dynamique de résultats. C’est dans cette perspective que le PNUD et le FNUAP, en collaboration avec les autorités sénégalaises, ont convenu de la mise en place d’un Programme d’appui et de soutien au PSE (PASSE). Ce programme se justifie, non plus seulement pour rationaliser les coûts et éliminer les dysfonctionnements administratifs, mais surtout pour améliorer l’efficacité de l’appareil public dans la mise en place et le suivi des 27 programmes et des 17 réformes prioritaires contenus dans le PSE. En plus de permettre au Sénégal de sortir du groupe des Pays les moins avancés (PMA) dès 2024, la bonne mise en œuvre du PSE permettrait aussi au PNUD de capitaliser sur cette « success story »,
pour une croissance inclusive et un développement humain durable. L’une des principales composantes du PASSE porte sur le renforcement des capacités techniques du BOS, notamment par la mise à disposition des ressources humaines nécessaires pour assurer l’opérabilité du dispositif. Dans cette optique, des experts sont mis à disposition, dans les domaines de la prospective et de la planification, du suivi et de l’évaluation, de la mobilisation des ressources et de la communication. La constitution de ce BOS constitue un test grandeur nature dans la perspective de mettre toutes les parties prenantes des politiques publiques du pays - présidence de la République, primature, ministère de l’Économie, des Finances et du Plan et ministères sectoriels - en situation de concevoir, de mettre en œuvre et d’assurer le suivi des stratégies publiques qui doivent placer l’économie sénégalaise sur une dynamique de croissance forte et durable, caractéristique des pays émergents. Et ainsi contribuer à la réussite d’un PSE, destiné à faire entrer le Sénégal dans une nouvelle ère de développement.
LA CROISSANCE EN POINT DE MIRE
Avec le PSE, le Sénégal a défini une nouvelle vision pour une croissance accélérée, avec l’objectif d’atteindre l’émergence économique à l’horizon 2035. Les autorités du pays ont, pour cela, décidé d’améliorer la transparence et la bonne gestion des affaires publiques et de mettre en place un environnement des affaires de niveau international. C’est dans cette optique que le PSE a été élaboré, avec l’ambition d’améliorer le rythme de la croissance économique, ainsi que les conditions de vie de la population. Il s’articule sur trois leviers stratégiques : une transformation structurelle de l’économie, une lutte soutenue contre les inégalités sociales, le renforcement de la sécurité, des droits et libertés et de la consolidation de l’Etat de droit. Il s’appuie sur un Programme d’actions prioritaires (PAP) portant sur la période 2014-2018, et composé de 132 projets, dont 14 réalisés selon un partenariat privé-public (PPP). Ce PSE doit garantir au Sénégal une croissance moyenne de 7 % chaque année et un taux d’inflation de 2,3 %. Cette croissance, tirée par l’investissement, doit s’accompagner d’un déficit budgétaire en baisse. L’impact social lié à cette amélioration du cadre macroéconomique aura notamment pour effet positif la création de plus de 600 000 emplois.
presidence.sn
DIFCOM CREAPUB / PHOTOS PRÉSIDENCE DU SÉNÉGAL
▲ De nouvelles centrales ont été mise en