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C A D H A C T H C N T U N O U R E O R M Algérie Que pèsent E A M C E A M O C A G C 32 O N G O O C G ON(vraiment)Gles islamistes ? N N O O C B A N N O O E B L C A A G I N E R O L B A I A ATO R G O E T L A A I U R G Q O E É L T E A A É I U N R Q O É T GUI E A É U N I Q É U G E É E T N U A I Q U U I Q G R É F E E A U É Q N I TR I R U F G A E U U Q Cameroun Maroc RwandaCENTR I G R F N A D U R A Inc., D CEBenkirane O T ou la R SOS SDF N E CHKagame M A C N comédie du pouvoir de A à Z TCHA A O R T B A N N E G U C O N G RO O N B O A C G E D L N A A I U H R O C O T R T E A N M U A QU O C R E E L M A A A R C C T O N O E G G C N E O U CON C Q I N R O F A B A N G N O E O B L B A A I A G R G O E GO T L A A I U R Q O É T E A A É I U N R I Q O U É T G E A É U N I Q QUE É U G E É E N U I Q U I Q G R É F E E A U É R Q N I T I R U F G A CEN E R U T Q N I E R C F R A F D R A A T R H N T C E N T C E C N D A D H A C H T C N T N U U N O O U R R O E E R M E A AM M C A O C G O N G O O N C G O N N C O O C N B A N BO G O E B L A A G I R E O L O B A T I A A R G U O E Q T L A A I U ÉE É R Q O É T E A É U N I Q O U É T G E A É E U N U I Q crise qui frappeG les six pays de la zone Cemac É U E É FRIQ et lesLacontraint E N U I Q U I à négocier avec leIQ G FMIUaura des effets directs R F E E A É R N T I R N U F E G la potion va être amère ! sur la vie des citoyens. Attention : A C E R U T D Q N I E R C F A D R A A T R H N T C E N T C E C N D A D OU H A C H T C T N U N O O U R R O E E R M E M A M C CA A O C G O N G O N C O N N C O O C N B O A N B GA ABO A LE G Spécial pages

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LE PLUS

de Jeune Afrique

PANORAMA En pleine convalescence

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INTERVIEW Malado Kaba, ministre des Finances ÉVÉNEMENT Conakry, une ville à la page MUSIQUE Un supplément d’âme signé Soul Bang’s

reprend des couleurs

JEUNE AFRIQUE

N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

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La Guinée


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Le Plus de Jeune Afrique

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Prélude François Soudan

À l’assaut du mont Nimba

A

lpha Condé appartient à crise migratoire… L’homme pressé de une espèce en voie de dis- Conakry se doit aussi de faire entendre parition: celle des panafrica- la voix de l’Afrique dans un monde où nistes dont le parcours ravive les rapports de force sont en pleine la mémoire des combats fondateurs recomposition. Autant dire qu’il ne contre le colonialisme, l’apartheid et chômera pas. les partis uniques ; celle aussi des militants qui ont payé d’un passage par la Le problème est qu’Alpha Condé case prison le droit d’être démocra- va devoir cumuler cet emploi à temps tiquement élus, puis réélus, à la tête plein avec un autre, tout aussi absorde leur pays. C’est cette double et rare bant. Arrivé au pouvoir fin 2010, sur légitimité qui lui a permis d’accéder, un champ de ruines, après un demien cette année 2017, à ce qu’il a sans siècle de gouvernance obscurantiste doute vécu comme une consécration tour à tour répressive, meurtrière, personnelle : la présidence en exercice rapace et erratique sans que jamais de l’Union africaine. ceux qui en bénéficièrent (militaires Chacun a pu remarquer, lors du som- comme civils) ne soient amenés à met d’Addis-Abeba, en janvier, ce que rendre des comptes, le président le retour historique du guinéen est loin d’avoir fini le job. Comme le Maroc au sein des insIl lui faudra faire tances panafricaines démontre l’inquiétante le grand écart, devait à la personnalité crise du système éduun pied sur le toit catif, les attentes de ses hors normes d’Alpha Condé. Son passé tierscompatriotes demeurent de l’Afrique, extrêmement fortes, et mondiste et anti-impél’autre dans la rialiste lui a permis de ces derniers ne comglaise du marigot prendraient pas qu’elles parler avec autorité aux camarades algériens, soient mises sous l’éteiguinéen. gnoir au profit d’un sud-africains ou angolais et de forcer le front du refus hostile agenda panafricain certes noble, mais à la réintégration sans conditions du qui ne se « mange » pas au sens trivial royaume au sein de la famille africaine. du terme. Lui seul, sans doute, était en mesure d’imposer ce compromis, aussi comEn somme, il faudra que le camaplexe à réaliser que les motions de rade Alpha se dédouble, ou alors ait un synthèse des assemblées générales pied sur le toit de l’Afrique et l’autre dans de la défunte Fédération des étudiants la glaise du marigot guinéen, sans que d’Afrique noire en France (Feanf), dont ce grand écart permanent le conduise il fut l’un des leaders. au burn-out physique et politique. On le sait, lui qui continue à 78 ans d’épuiser Momentd’euphorieéphémère, tou- son entourage, aussi inusable que le tefois. Celui qui est parvenu à obtenir lapin Duracell. Surtout, ses proches le départ sans dommages collatéraux affirment qu’il s’est désormais résolu à du dictateur gambien Yahya Jammeh déléguer une bonne partie des tâches est attendu d’urgence sur d’autres dos- qui envahissaient son quotidien de siers, autrement complexes : Libye, chef d’État de tout et de partout. Pour Soudan du Sud, RD Congo, Cour affronter un défi de la hauteur du mont pénale internationale, réforme de l’UA, Nimba, mieux vaut, il est vrai, s’alléger. JEUNE AFRIQUE

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PANORAMA En pleine convalescence p. 64 INTERVIEW Malado Kaba, ministre des Finances p. 70 POLITIQUE Le temps des concessions

p. 76

Questions à Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG p. 78 ÉCONOMIE Une perfusion toujours indispensable p. 83 Entretien avec Abdoulaye Magassouba, ministre des p. 84 Mines ÉVÉNEMENT Conakry, une ville à la page

p. 90

Dans la magie du Petit p. 96 Musée AMÉNAGEMENT Grand nettoyage

p. 100

Le réseau routier vu par les réseaux sociaux p. 102 Côté hôtelier, les affaires p. 105 reprennent

MUSIQUE Un supplément d’âme signé Soul Bang’s p. 114


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Le Plus de Jeune Afrique

PANORAMA

En convalescen

Le climat politique tendu de ces dernières années s’est apaisé, le rythme de croissance s’accélère, et, un an après sa constitution, le gouvernement Youla continue de suivre sa feuille de route. De quoi enfin rassurer tout le monde ? FRANÇOIS-XAVIER FRELAND,

S

envoyé spécial

ur la corniche de Conakry, de jeunes travailleurs sont à la tâche. Ils ont entre 18 et 30 ans. Ici, ils cassent les rochers au burin pour en faire des plages de sable fin. Là, ils ramassent les détritus qui jonchent les trottoirs autour des hôtels de luxe. Chaque jour, ces enfants de Guinée, en sueur, côtoient les hommes et les

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femmes d’affaires vaquant à leurs rendez-vous à Kaloum. Certains travaillent bénévolement, les autres sont embauchés pour 45000 francs guinéens (moins de 5 euros) la journée. Une misère, vu d’ailleurs. « C’est mieux que rien, et c’est mieux que de partir, rétorque l’un d’entre eux. C’est le président qui veut qu’on reste. » En quelques minutes, en quelques pas, on mesure la réalité d’un pays qui JEUNE AFRIQUE


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moins de 25 ans (qui représentent plus de 63 % de la population) et stopper l’hémorragie migratoire. Parmi les axes d’actions prioritaires, la formation (supérieure, mais aussi technique) et l’emploi. Le gouvernement s’attelleàles développer, notamment dans le cadre du programme Booster les compétences pour l’employabilité des jeunes (Bocej), lancé en juillet 2015, qui est encadré et financé à hauteur de 20 millions de dollars (18 millions d’euros) par la Banque mondiale. Si Alpha Condé veut mettre la Guinée sur les rails de « la croissance pour tous », la tragique parenthèse de l’épidémie d’Ebola, de décembre 2013 à décembre 2015, pendant laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recensé 2544 décès en Guinée, lui a indéniablement compliqué la tâche. En outre, les dépenses qui ont dû être engagées et les pertes pour l’économie ont été énormes. Tombée à 0 % en 2015, la croissance est pourtant repartie mieux qu’on ne l’avait espéré, avec un taux revu à la hausse pour 2016 à 5,2 %, au lieu des 3,8 % initialement prévus.

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SIPA

FRÉQUENTABLE. « Nos efforts se sont concentrés

Le Tchadien Idriss Déby Itno et Alpha Condé, son successeur à la tête de l’Union africaine, le 30 janvier, à Addis-Abeba. JEUNE AFRIQUE

se reconstruit doucement, après cinquante ans de chaos. Une Guinée pas encore tout à fait de retour, mais qui veut s’en sortir, prise entre, d’un côté, son désir d’attirer à nouveau les investisseurs, les touristes, les regards admiratifs et, de l’autre, la volonté et l’urgente nécessité de réinsérer dans la société une jeunesse désœuvrée, trop longtemps marginalisée. Depuis sa réélection avec 57,84 % des suffrages exprimés, le 11 octobre 2015, dès le premier tour de la présidentielle, grâce notamment à sa promesse tenue de « l’électricité pour tous », Alpha Condé doit relever l’un des principaux défis de son second mandat – que partagent pratiquement tous les pays de la sous-région : redonner de l’espoir aux

depuis sur faire de la Guinée un pays à nouveau fréquentable », précise Thierno Ousmane Diallo, le ministre du Tourisme (lire pp. 106-107). Les grands travaux ont repris, notamment ceux engagés pour achever la modernisation de l’aéroport international de Conakry et la construction de nouveaux hôtels haut de gamme (lire pp. 105-106). Aujourd’hui, la priorité, c’est d’accélérer la mise à niveau du réseau routier, encore en bien piteux état (lire p. 102). Pour que ces chantiers prioritaires et les réformes prévues soient poursuivis sans que les efforts se dispersent ou que les objectifs à atteindre se diluent dans le temps, le chef de l’État – qui a passé le plus clair de son premier mandat à décider de tout – a demandé que les actions des différents départements ministériels soient mieux coordonnées. Une logique de travail indispensable au moment où Alpha Condé vient d’être nommé président de l’Union africaine, fin janvier, lors du sommet d’Addis-Abeba. Une nouvelle responsabilité qui implique bien des dossiers à arbitrer et des déplacements plus fréquents à l’étranger. « Le Premier ministre, Mamady Youla, organise désormais régulièrement des réunions de pilotage sectoriel, qui incitent les différents départements à avoir des résultats. C’est une bonne chose », se réjouit Madani Dia, secrétaire exécutif de la plateforme de concertation du secteur privé guinéen. Pour les ministres, l’enjeu est clair : « Demain, si on n’a pas de résultat, on sautera », reconnaît l’un d’eux. Reste à savoir si ce que certains détracteurs du gouvernement se plaisent déjà à dénoncer comme « une absence d’exécutif » peut faire voler en éclats les bonnes intentions de « dialogue constructif » affichées par l’opposition depuis l’accord du 12 octobre 2016 (lire p. 76). Les barrages montés dans le centre N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017


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Le Plus de JA de Conakry fin janvier par une poignée d’étudiants en colère, puis la grève générale qui a paralysé l’ensemble du secteur de l’éducation jusqu’au 20 février font figure de sérieux avertissements. VIDES. Les principales sources de mécontentement

sont « classiques » : les bas salaires, la cherté de la vie, mais aussi l’insécurité et le médiocre état des routes (à Conakry et sur les grands axes à travers le pays) irritent une population à majorité commerçante. « On nous dit que la croissance revient, mais nos enfants continuent de mourir dans la

Méditerranée ! s’indigne Faya Millimono, du Bloc libéral (BL). On construit de grands hôtels vides, et nos jeunes vivent sous des toits de tôle. En Guinée, le taux de croissance croît proportionnellement à celui de la pauvreté… » Lors de ses derniers vœux à la nation, Alpha Condé a clarifié les priorités de son mandat. « La finalité de mon action consiste à donner à chaque Guinéenne et à chaque Guinéen la possibilité d’être formé, de se nourrir, de se soigner, d’avoir un logement décent, d’accéder à l’eau potable et à l’énergie. » Il lui reste trois ans pour le prouver.

L’éternel débat La présidentielle n’aura lieu que dans trois ans et demi, mais la question de savoir qui mieux qu’« Alpha » pourrait succéder à « Alpha » ne manque pas d’agiter les esprits au sein du RPG.

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«

ersonne, je dis bien personne, ne me dira ce qu’il faut faire, excepté le peuple de Guinée. Je ne rentrerai pas dans ce débat de limitation des mandats. » Cette phrase, prononcée par Alpha Condé en mai 2016 lors d’une conférence de presse, continue d’alimenter les débats quant à son hypothétique candidature à la présidentielle de 2020. D’autant que, dans les rangs de la majorité, seséventuelssuccesseursnesebousculent pas au portillon. Certains observateurs estiment que, pour le moment, le seul qui soit crédible est Ibrahima Kassory Fofana, le ministre d’État à la présidence chargé des questions d’investissements et du partenariat public-privé. Pressenti un temps pour prendre la tête du gouvernement au début du second mandat d’Alpha Condé – tâche finalement confiée à Mamady Youla fin décembre 2015 –, Kassory Fofana, 62 ans, est bien resté dans l’exécutif, mais côté Sékoutoureya. L’ex-ministre des Finances y assure une mission particulièrement stratégique, puisqu’il coordonne les efforts déployés, dans le pays et à l’étranger, pour mobiliser les ressources nécessaires aux investissements prioritaires définis par le chef de l’État. En d’autres termes, il est sa tête chercheuse en financements et son bras droit en matière d’investissements. Il est aussi celui qui sait se faire discret, tout en approfondissant ses réseaux à l’étranger, N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

JEUNE AFRIQUE


La Guinée reprend des couleurs avant de se lancer, peut-être, dans la bataille électorale. Son point faible ? Il est un peu trop loin des gens. Autre possible prétendant évoqué au sein du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG Arc-en-Ciel), lui aussi ancien ministre des Finances : Ousmane Kaba, 62 ans. Exclu du parti présidentiel en juin 2016 pour avoir vertement critiqué des propos du chef de l’État, le député s’est réconcilié deux mois plus tard avec Alpha Condé et a été réintégré. Mais s’il parle aux militants de base du RPG, les cadres du parti le jugent « ingérable ». MENEUR. Enfin, quelques-uns continuent de penser que Sidya Touré, le leader de l’Union des forces républicaines (UFR) et ex-numéro deux de l’opposition, pourrait être le dauphin d’« Alpha » en 2020. Arrivé troisième à la présidentielle d’octobre 2015, l’ancien Premier ministre de Lansana Conté a accepté, dès le mois de janvier suivant, le poste de haut représentant du chef de l’État (créé pour lui). Meneur d’hommes avisé, plusieurs fois candidat à la magistrature suprême, il est apprécié à Sékoutoureya. Point faible :

ils annonçaient la création du Front uni contre un troisième mandat. Le chef de l’État reste muet sur la question. « Qui ne dit mot consent, comme veut le vieil adage… » ironise Cellou Dalein Diallo, le chef de file Le 7 février, l’opposition a de l’opposition (lire interview annoncé la création d’un Front pp. 78-79). « Lansana Conté a déjà modifié la Constitution en uni contre un troisième mandat. 2001, et son dernier mandat fut Donc, s’il décidait de se présenter en le plus violent de notre histoire politique », 2020, ce serait plus probablement sous prévient Faya Millimono, président du la bannière de son propre parti. Bloc libéral. Alors, qui pour succéder à Alpha VAINE POLÉMIQUE. Rappelant que le Condé? « Lui-même! » entend-on ici et là président guinéen a été l’un des princiau sein du parti présidentiel, dont certains cadres, comme l’ancien ministre Alpha paux instigateurs du départ de l’ex-autoIbrahima Keira, appellent ouvertement crate gambien, Yahya Jammeh, en janvier, à une modification de la Constitution. et qu’il aura bien d’autres priorités d’ici « C’est le peuple qui va demander un là, notamment en tant que président de troisième mandat pour Alpha Condé, l’Union africaine, un ministre balaie ce tellement il travaille. Que cela plaise ou qu’il considère comme de vaines polénon, c’est cela la vérité », a déclaré fin miques : « En 2020, Alpha aura 82 ans. C’est un démocrate qui a déjà derrière janvier la coordinatrice nationale du RPG Arc-en-Ciel, Hadja Nantou Chérif. lui une longue carrière de lutte politique, Il n’en fallait pas plus pour que les leamarquée par l’emprisonnement et l’exil, dersdel’oppositionmontentaucréneau.À pourquoi serait-il tenté par une nouvelle F.-X.F. carrière de dictateur ? » l’issue de leur réunion plénière, le 7 février, son âge, 72 ans. Par ailleurs, bien qu’il soit considéré comme un « conseiller très spécial » du palais, Sidya Touré n’en reste pas moins le président de l’UFR.

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GUINEA ALUMINA CORPORATION SA («GAC»), UNE FILIALE À 100% D’ÉMIRATES GLOBAL ALUMINIUM («EGA»), INVESTIT DANS UNE DES PLUS

L

e développement de mine de bauxite de GAC fait partie de la stratégie d’EGA portant à intégrer ses opérations de fonderies avec des actifs en amont de classe mondiale, réduisant ainsi sa dépendance à l’égard des fournisseurs tiers pour les matières premières indispensables. La Guinée dispose d’environ 7 milliards de tonnes de réserves de bauxite (soit 27% du total mondial) et comptant parmi les meilleures bauxites au monde.

première cargaison de 55 000 tonnes a quitté le port de KAMSAR pour ses potentiels clients en décembre 2016, une étape importante du projet. Les travaux de construction étant en cours, le démarrage de la production commerciale est prévu pour 2018, où cette dernière atteindra 12 millions de tonnes de bauxite par an avec des plans d’exportation via le Port de Kamsar vers les marchés asiatiques, du Moyen-Orient et du Pacifique.

GRANDES MINES DE BAUXITE DU PAYS. UN INVESTISSEMENT ÀTOUS POINTS DE VUE.

! Remise de certificat d’Étude d’impact environnement.

INVESTIR POUR UN DEVELOPPEMENT DURABLE À travers GAC, EGA investit des milliards de dollars américains en Guinée dans le but de créer un marché stable qui s’inscrira dans le long terme. Le projet GAC sera le plus grand investissement en Guinée depuis les quarante (40) dernières années et donnera un poids et une influence non négligeable à la Guinée sur le marché mondial minier. Le projet augmentera le PIB de la Guinée de plus de 10 % par an, et consolidera le positionnement du pays en tant que plus grand exportateur mondial de bauxite, élevant ainsi le niveau de revenus du pays. Une estimation d’environ 4 000 emplois directs et indirects seront créés dans la première phase du projet dans la région de Boké. En plus, GAC est engagé à promouvoir la nationalisation. Dans le cadre de la réalisation de son projet, et en vue de positionner la société sur le marché international et pouvoir nouer et sécuriser des contrats avec de potentiels clients asiatiques avant la date de la production commerciale, GAC a procédé à l’exportation d’échantillons de bauxite de sa mine. La

! Quai commercial GAC.

À l’échelle régionale, grâce à la réalisation du quai commercial de Kamsar achevé en octobre 2016, le Projet contribuera à l’émergence d’autres opportunités régionales de développement économique, y compris dans le cadre d’exportations agricoles, ainsi que d’importations de matériaux de construction d’infrastructures pour la mine, le port et la raffinerie et représentera un pilier et un catalyseur pour le développement du corridor de Boké, comme une alternative au Port de Conakry. Toujours dans le cadre du projet, plusieurs capacités portuaires additionnelles sont en cours de développement au port de Kamsar afin de permettre l’accostage de navires du type Capesize et Newcastlemax dont les capacités sont nettement plus grandes que celles disponibles actuellement au port de Kamsar. L’utilisation de grands navires réduit les couts de transports sur des grandes distances, permettant ainsi de rendre la bauxite guinéenne plus compétitive.


PUBLI-INFORMATION

Investir pour un développement durable Dans le cadre de ses responsabilités sociales, GAC est pleinement engagé à contribuer à l’épanouissement des communautés dans la région de Boké et le projet continuera à soutenir les communautés locales impactées par et à proximité de ses opérations. Les initiatives et projets entrepris à ce jour comprennent la construction d’infrastructures et les interventions publiques et communautaires dans les domaines de la santé communautaire (cinq postes de santé construits), la fourniture d’eau potable (26 puits construits), l’éducation primaire et secondaire (plus de 5 500 enfants fréquentent aujourd’hui les écoles construites par le projet), la formation professionnelle (environs 500 jeunes formés à ce jour au Centre de Formation de Boké) et le développement des Petites et Moyennes Entreprises, 1 850 bénéficiaires dont 952 femmes du programme d’alphabétisation des adultes et l’aide financière aux activités génératrices de revenus ainsi que des investissements dans la protection de l’environnement et de la biodiversité. Autre préoccupation essentielle, le rapport sur l’Étude d’Impact Environnemental et Social («EIES») réalisé par le cabinet de conseil « Environnemental Resources Management » (ERM) a été adopté par toutes les parties prenantes et certifié par le Bureau Guinéen d’Études et d’Évaluation Environnementale (BGEEE). Ayant adopté les Normes de Performance de la Société Financière Internationale (« SFI ») en 2012 et les Principes de l’Équateur III en 2013, GAC a développé des principes et standards essentiels qui comprennent la protection de l’environnement et de la biodiversité, de la

santé & de la sécurité de ses employés, des communautés riveraines et la contribution au développement durable et l’exercice d’une activité en toute intégrité. GAC vise à travailler en étroite collaboration avec les autorités guinéennes et communautés qui l’accueillent, en respectant leurs lois et coutumes et en assurant un partage équitable des bénéfices et opportunités. Cela définit la façon dont GAC gère les défis économiques, sociaux et environnementaux de ses opérations ; qui sont importants pour satisfaire l’engagement de la société à contribuer au développement durable.

AVANTAGES POUR LES JEUNES GUINÉENS GAC met au centre de ses préoccupations le partage de ses valeurs et la forte implication de toutes les parties prenantes pour la réussite de son projet. Plus de 200 guinéens seront formés dans les installations d’EGA aux Emirats Arabes Unis pour revenir jouer un rôle important dans le projet. Cela passe par un développement de l’expertise guinéenne pour une forte implication dans la réussite des objectifs stratégiques de la compagnie. Afin de disposer de cadres locaux aux compétences adaptées, GAC a développé un programme international de transfert de compétences et renforcement des capacités guinéennes dans les installations d’EGA aux Émirats Arabes Unis (« EAU ») pour un redéploiement ultérieur en Guinée, avec le premier groupe de 16 candidats ayant terminé leur formation en 2015 suivi par le deuxième groupe de 15 jeunes en 2016. Le troisième groupe se rendra courant 1e trimestre 2017 aux EAU dans le cadre du même programme de formation.

GUINEA ALUMINA CORPORATION S.A. (« GAC ») Immeuble Zein, 10e étage, Quartier Almamya, Commune de Kaloum, PB 5090, Conakry République de Guinée www.ega.ae

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CONSTRUIRE UN FUTUR FAIT D’ESPOIR, D’OPPORTUNITÉS ET DE FIERTÉ POUR LA GUINÉE


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Le Plus de JA EXÉCUTIF

Malado Kaba « On peut s’endetter quand il s’agit d’investir dans des projets productifs » Rationaliser les dépenses, rétablir la crédibilité de l’État et, surtout, mener les réformes à leur terme : la ministre de l’Économie et des Finances revient sur ses priorités.

E

lle est née au Nigeria et a grandi en France, où elle a obtenu en 1994 un DESS en économie du développement à la faculté de Nanterre, en banlieue parisienne. Elle a passé une bonne partie de sa carrière en tant que consultante auprès de l’Union européenne (UE), pour laquelle elle a géré pendant près de quinze ans d’importants programmes de soutien macroéconomique, d’appui institutionnel et de développement social, en Afrique et dans les Caraïbes. Pourtant, Malado Kaba dit n’avoir « jamais cessé de [se] sentir guinéenne ». Elle était depuis dix-huit mois directrice pays, en Guinée, de l’Africa Governance Initiative (la fondation de l’ex-Premier ministre britannique Tony Blair) lorsqu’elle a été nommée ministre de l’Économie et des Finances, en janvier 2016. Sa mission ? Redresser la situation économique et financière du pays, fragilisé par deux ans d’épidémie d’Ebola et par la chute des cours dans le secteur extractif, principal pour voyeur de recettes. Depuis un an, elle n’a pas relâché la pression. « Je suis une fonceuse, je tiens ça de ma mère », confie l’énergique quadragénaire, qui garde de ses années de missions pour l’UE un goût prononcé pour la méthode et l’efficacité. Ses deux gardes du corps sont toujours en alerte, sa chargée de com monte et descend les escaliers en permanence, et, derrière la porte de son bureau, le claquement sec de ses talons accompagne les pas d’une Malado Kaba bien résolue à ancrer une culture du résultat au sein de son ministère et à mener les réformes engagées à leur terme.

JEUNE AFRIQUE : Comment se porte l’économie guinéenne ? MALADO KABA : Elle se porte mieux.

Mais elle a été frappée par un double choc : l’épidémie d’Ebola [en 2014 et 2015] et la baisse du coût des matières premières. En 2015, notre taux de croissance avoisinait 0 %, nos réserves internationales étaient très largement entamées, notre déficit public était important et la plupart de nos indicateurs étaient dans le rouge. Notre premier travail a été de stabiliser le cadre macroéconomique, et cela a payé. Pour 2016, la croissance est estimée à 5,2 %, l’inflation est stabilisée autour de 8,6 %, nos réserves ont été reconstituées à un peu plus de trois mois d’importation, et notre excédent budgétaire s’établit autour de 1 % du PIB. Tout cela n’a été possible que grâce à une politique budgétaire prudente, à une mobilisation importante de nos recettes et à un meilleur contrôle des dépenses publiques. Cela nous a permis

Pour 2016, la croissance est estimée à 5,2 %, et l’inflation a été stabilisée à 8,6 %.

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de conclure positivement notre programme macroéconomique soutenu par le FMI et les partenaires au développement [lire p. 72]. C’est le fruit d’un travail d’équipe et de notre engagement vis-à-vis des populations, et c’est une première dans l’histoire de notre pays. Car mettre en œuvre des réformes n’est pas toujours facile ! Mais ce n’est qu’une étape. Quelles réformes avez-vous engagées ?

Nous faisons beaucoup pour améliorer la gouvernance. C’est très important de

recrédibiliser le ministère de l’Économie et des Finances aux yeux de nos concitoyens. Avec le ministère du Budget, nous avons mis en place des mesures qui ont permis de sécuriser les recettes en limitant les intermédiaires, sources de fuites. Nous avons également créé un système de guichet au sein des banques commerciales afin d’éviter, là aussi, les


La Guinée reprend des couleurs d’énergie, nous avons mis en place un contrat de gestion pour Électricité de Guinée (EDG), dont l’objectif est d’améliorer la gouvernance du secteur, et nous avons augmenté les tarifs de l’électricité.

réunissant les groupes chinois Winning Shipping et Shandong Weiqiao, la société guinéenne United Mining Supply (UMS) et l’État guinéen]. La Compagnie des bauxites de Guinée [CBG, qui exploite notamment le gisement de Sangarédi, dans la région de Boké] a quant à elle un plan d’extension très prometteur. Dans le secteur énergétique, le complexe hydroélectrique de Kaleta, inauguré en septembre 2015, est satisfaisant et augure lui aussi de bonnes perspectives, en particulier pour le secteur agricole et agroalimentaire, qui était sinistré après Ebola. Le secteur de l’électricité est très structurant pour l’ensemble de notre économie. Cela peut favoriser le développement des PME et l’entrepreneuriat des femmes.

Quels sont les secteurs prioritaires de l’économie guinéenne ?

Je ne vais pas vous étonner en disant que le secteur minier reste notre priorité [lire pp. 84-85]. C’est le principal contributeur de la croissance. Nous lui avons donné une très forte impulsion en l’ouvrant à de nouveaux investisseurs, parmi lesquels des entreprises chinoises. C’est ce qui s’est passé pour la bauxite, par exemple, avec la Société minière de Boké [SMB, consortium créé en 2014 Au ministère, fin janvier.

La majeure partie des Guinéens vit encore au-dessous du seuil de pauvreté. Comment rendre la croissance plus inclusive ?

C’est vrai, notre croissance n’est pas aussi inclusive qu’on le voudrait car elle est portée par le secteur minier, lequel, on le sait, ne redistribue pas beaucoup. Il nous faut donc miser davantage sur l’agriculture. Ce secteur redistribue énormément: nous devons impérativement le dynamiser en formant mieux ses cadres, les agriculteurs de demain. Il nous faut aussi intensifier la coopération avec les pays frères du continent, en particulier la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Mali. Le vieux rêve de panafricanisme revient à la mode, et les populations nous devancent, le commerce est hyperactif de part et d’autres des frontières. Nous sommes donc « condamnés » à promouvoir l’intégration régionale ! Notre population est nombreuse, c’est un immense potentiel de marché… Notre objectif, c’est de viser pour demain une croissance à deux chiffres, dont tout le monde profitera. Quelles sont vos priorités pour accompagner cette dynamique ?

YOURI LENQUETTE POUR JA

intermédiaires, et avec la nouvelle loi sur la gouvernance des entreprises publiques, qui a déjà été discutée et adoptée à l’Assemblée nationale, nous avons engagé un grand chantier. Un certain nombre de mesures ont par ailleurs été prises pour renforcer la résilience du secteur de la santé. Avec Ebola, nous avons accru le budget qui lui est consacré et, parallèlement, nous avons mis en place un meilleur suivi des dépenses. Grâce à cette meilleure gestion, même si certains se plaignent, les secteurs prioritaires que sont la santé, l’éducation et la justice ont pu bénéficier dans des délais raisonnables des ressources dont ils avaient besoin pour réaliser leurs activités. Enfin, en matière

Pour relever définitivement notre économie, nous devons anticiper davantage et, notamment, rationaliser nos dépenses d’investissement en disposant d’études de faisabilité des projets. Il nous faut aussi rétablir la crédibilité de l’État. Notre grand chantier, c’est celui de la passation des marchés publics : nous avons lancé un audit en 2015 pour mieux appréhender cette étape avec le secteur privé. N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

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Le Plus de JA La Guinée reprend des couleurs Se pose aussi la question de la stratégie à adopter afin de financer nos besoins en infrastructures. On doit mobiliser nos ressources intérieures, l’épargne nationale et, s’il faut s’endetter, pourquoi pas ? Tous les pays s’endettent. Mais la question est de savoir quel type d’endettement est acceptable. On peut s’endetter si c’est pour créer des richesses, pour investir dans des projets productifs à même de fournir les ressources qui permettront de rembourser la dette. La Guinée a signé l’accord de Paris sur le climat. Va-t-elle miser sur une économie verte ?

Nous sommes en retard sur la question du climat, qui est impérieuse pour tout le monde et touche tous les secteurs. Cela étant, le développement de sources énergétiques vertes est une évidence pour nous. On a un potentiel hydraulique immense, du soleil… De nombreux fleuves, qui traversent toute la région, prennent leur source en Guinée. Mon ministère continue de travailler sur la dimension environnementale. Mais, vous savez, l’économie verte, ça commence par de tout petits détails. Par exemple, dans mes services, j’encourage mes collaborateurs à utiliser moins de papier.

innovantes, mais, très vite, ça se délite, car il n’y a pas de suivi ni de discipline. Il est crucial d’avoir une méthode et d’utiliser notre potentiel. La jeunesse est là, et elle en veut. À mon niveau, j’ai recruté de jeunes Guinéens pour la communication de mon ministère. Ils sont épatants. Il faut juste leur donner une chance… Vous savez, même si je ne suis pas la plus jeune des ministres, je n’ai que 45 ans ; et je suis une femme. De la part du président, c’est un pari qu’il fallait oser faire ! Il a donné ce signal, la parité hommes-femmes, la jeunesse, pour que les choses bougent sur le continent. Le chef de l’État est au fait des innovations et des révolutions technologiques. Il faut être un peu fou ou rêveur pour vouloir redorer le blason de la Guinée… Mais les gens commencent à croire en nous. Et l’on constate un retour de nos cerveaux. Pour ma part, j’ai longtemps vécu à l’étranger, mais je n’ai jamais cessé de me sentir guinéenne. Aujourd’hui, j’écris une petite page d’histoire dans mon pays, et c’est exaltant !

Avec le retour à la normale, le tourisme peut-il devenir un axe de développement ?

On estime en effet que la Guinée a un potentiel très fort en la matière. Grâce au retour des investisseurs étrangers, le tourisme d’affaires est en pleine expansion. Nous avons su développer les capacités d’accueil, avec l’hôtel Noom et le Sheraton [lire pp. 105-106], et Conakry peut devenir un bon centre d’affaires

Nous sommes champions pour engager des réformes, mais, très vite, ça se délite. dans la région. Mais il nous reste à améliorer encore l’état des infrastructures, en particulier celui des routes [lire p. 102]. Cela fait partie de nos priorités. Selon vous, que faut-il encore améliorer pour que la croissance s’installe durablement ?

Il nous faut une volonté indéfectible dans la mise en œuvre des réformes, c’est ce qui nous fait défaut parfois. La Guinée est un pays champion pour lancer des idées et engager des réformes

Propos recueillis à Conakry par FRANÇOIS-XAVIER FRELAND

CHOCS POSITIFS, RYTHME INÉGAL Pour le FMI, l’économie guinéenne se redresse, les perspectives à moyen terme sont bonnes, avec une moyenne de croissance prévue de 5 % sur la période 2017-2020, grâce aux investissements miniers, à l’essor de la production alimentaire et à l’amélioration des services d’électricité. L’institution constate aussi que les réformes structurelles progressent et, en particulier, que les autorités guinéennes ont modifié les statuts de la Banque centrale de la république de Guinée (BCRG) pour interdire les garanties, comme elle le leur avait demandé. Résultat : le 28 octobre N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

2016, le conseil d’administration du FMI a approuvé un nouvel accord triennal au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) en faveur de la Guinée. Montant total : 241,9 millions de dollars (221,8 millions d’euros), dont un décaissement immédiat de 25,2 millions de dollars. « Les données disponibles montrent que l’activité économique connaît une reprise, mais à un rythme inégal », a souligné l’économiste sénégalais Abdoul Aziz Wane. L’ancien représentant résident du Fonds en Guinée, qui a dirigé les deux missions de quinze jours effectuées par le FMI à Conakry en 2016

5,2

Croissance

3,8

(évolution du PIB, en %, en prix constants)

2,3 1 2012

2013

0

2014

2015

2016

PIB par habitant (en $, en prix courants) 489

530

564

555

534

2012

2013

2014

2015

2016

Investissements (en % du PIB) 24,7

20,3

9,3

10,2

16,9

2012

2013

2014

2015

2016

(dont la seconde fin août-début septembre), relève en effet que « l’activité dans le secteur manufacturier et celui des services, qui sont en

SOURCE : ESTIMATIONS FMI, OCTOBRE 2016

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général sources des emplois les plus rémunérateurs, reprend à un rythme beaucoup plus lent ». CÉCILE MANCIAUX JEUNE AFRIQUE



Le Plus de JA La Guinée reprend des couleurs

YOURI LENQUETTE POUR JA

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Le porte-parole du gouvernement, Damantang Albert Camara (au centre), entouré de ses jeunes communicants.

Faites passer le message! Le chef de l’État trouvait que l’action de ses ministres manquait de visibilité. Depuis deux ans, une équipe de choc hyperconnectée est venue dépoussiérer leur communication.

R

édacteurs, attachés de presse, webmasters, réalisateurs, cadreurs, monteurs, informaticiens… Une douzaine de jeunes rompus aux technologies numériques sont réunis au sein de la Cellule de communication du gouvernement (CCG), où ils travaillent sous la tutelle et dans l’ombre du porte-parole du gouvernement, Damantang Albert Camara, ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle, de l’Emploi et du Travail. « Vers la fin de son premier mandat, le président de la République a estimé qu’il était temps de communiquer sur les résultats du gouvernement, de donner plus de visibilité à son action et de remplir l’obligation majeure d’en informer la population », explique ce dernier. Une mission que la jeune cellule assure si bien depuis sa création, en janvier 2015, que le bureau de presse de la présidence de la République a, de son côté, réduit ses interventions : ses communiqués se résument désormais aux audiences du chef de l’État, et les mises à jour de son compte Facebook sont quasi exclusivement consacrées à l’action diplomatique et aux déplacements à l’étranger d’Alpha N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

Condé, lesquels font par ailleurs l’objet de comptes rendus grand format à la radio et télévision d’État. « Le travail de la cellule est très différent de celui du bureau de presse de la présidence, qui a son propre porte-parole, tient à souligner Damantang Albert Camara. La CCG a un champd’interventionbeaucouppluslarge, puisqu’elle s’occupe d’une quarantaine de départements ministériels et d’établissements publics. » CIBLES. Le QG de cette équipe de choc hyperconnectée est établi à la primature, dans la commune de Kaloum – le quartier administratif et des affaires, situé au bout de la presqu’île qui forme Conakry. Bénéficiant d’équipements et d’un véhicule mis à sa disposition par la présidence, la cellule – dont les membres devraient prochainement passer du statut de contractuel à celui de fonctionnaire – dispose d’un « budget annuel modeste, inférieur à 2 milliards de francs guinéens [un peu moins de 200000 euros] », précise le porte-parole du gouvernement. Quotidiennement et simultanément, les collaborateurs de la « cellule de com » passent des coups de fil aux rédactions,

mettent communiqués, « flashs info » et photos en ligne sur le portail du gouvernement, les publient sur Facebook, lancent des alertes et écrivent des commentaires surTwitteret Instagram,postent des vidéos sur YouTube. Ils utilisent tous les canaux à leur disposition et surfent sur l’ensemble des réseaux sociaux pour que les « informations » sur les moindres activités du gouvernement atteignent leurs cibles et soient relayées par la presse. « Le plus souvent, explique Damantang Albert Camara, c’est aussi la cellule de communication du gouvernement qui coordonne l’intervention des ministres auprès des médias, prend contact avec les journalistes et fait des suggestions de communication, sachant que chaque ministère conserve évidemment un minimum d’autonomie. » La CCG assure par ailleurs une revue de presse quotidienne sur le portail du gouvernement et publie un bulletin mensuel (où le ministre porte-parole du gouvernement devient éditorialiste). Surtout, elle produit et réalise elle-même des interviews et débats en vidéo (notamment Inside et Face à face), de véritables petites émissions clés en main diffusées sur les antennes de médias partenaires, publics et privés. Seul bémol : « Nous sommes victimes de notre succès, car les télévisions privées ont commencé à nous piquer certains éléments », se plaint Damantang Albert Camara. Et réciproquement, pourrait-on ajouter. DIAWO BARRY, à Conakry JEUNE AFRIQUE


UMS, leader du transport et de la logistique en Guinée et dans la sous-région Certifiée ISO 9001 et ICMI, la société UMS a fait de la qualité le fer de lance de sa stratégie de développement et a été largement récompensée en étant choisie pour accompagner les plus grands projets nationaux. Notre offre étoffée, clé-en-main et hautde-gamme est rendue possible grâce à : Un parc varié Avec notre flotte de plus de 600 engins allant des deux roues aux doubles-bennes, nous mettons un point d’honneur sur la réactivité, l’adaptabilité et la flexibilité de nos services. De plus, une petite flotte aérienne composée de deux hélicoptères et deux avions nous permettent une gestion des urgences sans égale. Des locaux adaptés UMS, c’est aussi un nouveau siège à Conakry, et de spacieuses bases logistiques (parkings, ateliers) et bases de stockage stratégiquement positionnés sur le territoire Guinéen.

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Le Plus de JA La Guinée reprend des couleurs

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Le 12 octobre 2016 à la primature. De g. à dr. : Lansana Komara, secrétaire administratif du RPG, Bouréma Condé, ministre de l’Administration territoriale, et Aboubacar Sylla, porte-parole de l’opposition.

CELLOU BINANI

Contesté dans son propre camp, le candidat malheureux des deux dernières présidentielles est néanmoins obligé de faire des concessions en construisant de nouvelles alliances. Début février, l’UFDG s’est ainsi rapprochée de l’Union démocratique de Guinée (UDG) de l’homme d’affaires Mamadou Sylla, ancien grand allié de Lansana Conté. « Cellou Dalein Diallo est obligé d’aller voir ailleurs car plus personne n’a confiance en lui dans sa propre maison. L’opposition n’a jamais été aussi divisée. D’ailleurs, il n’y a plus vraiment d’opposants, à part moi », ajoute Lansana Kouyaté. Lequel passe la moitié de son temps à Paris. ACCOMMODEMENTS. En effet, à y regar-

der de plus près, de nombreux poids lourds ont rejoint avec perte et fracas la majorité présidentielle. C’est le cas de Sidya Touré, autrefois opposant farouche à Alpha Condé et désormais l’un de ses Majorité et opposition ont enfin trouvé des terrains d’entente… conseillers, en tant que haut représenCe qui suscite désormais des divisions au sein même des partis. tant du chef de l’État (lire pp. 66-67). Quant au leader du Bloc libéral (BL), Faya Millimono, depuis sa rencontre l suffit de se rendre au siège de Premier ministre Lansana Kouyaté, préà huis clos, au début de l’année, avec l’Union des forces démocratiques sident-fondateur du Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN). Alpha Condé, certains le soupçonnent de Guinée (UFDG), à Ratoma, pour de lorgner un poste ministériel en cas se rendre compte que l’heure n’est RESPONSABLE. N’empêche, le « diapas à l’euphorie du côté de l’opposition. de remaniement. « Le dialogue n’existe logue constructif » a amené un climat Dans la cour, on croise plus de gardes plus entre Cellou Dalein Diallo et moi, d’apaisement politique jamais atteint du corps que de militants. À l’étage, les même s’il n’est pas rompu, estime ce auparavant. Malgré des grésillements grandes pièces vides donnent davantage dernier. Son camp m’accuse de tout, mais sur la ligne, la communication est, tant une impression de « vacance ». Pourtant, en réalité ce sont eux qui ont cherché les derrière sa porte, toujours droit comme bien que mal, maintenue entre le chef de petits accommodements électoraux avec un « i », Cellou Dalein Diallo est bien là le président en se répartissant pour recevoir qui le cherche (lire interles districts du pays, en vue des « Il n’y a plus vraiment view pp. 78-79). Surtout quand il s’agit prochaines élections locales. » d’opposants, à part moi » de la presse, qu’il a par exemple conviée Scrutins dont le report n’a a priori le 10 janvier pour fustiger « le non-respas ému Faya Millimono outre LANSANA KOUYATÉ, président du PEDN pect de l’accord du 12 octobre » 2016 mesure. « Plus que d’élections, conclu entre l’opposition et la majorité file d’une « opposition responsable » et c’est d’actions dont ce pays a besoin, préprésidentielle. Sékoutoureya. Après son tête-à-tête avec cise-t-il. Le gouvernement doit d’abord Depuis, les élections locales et comle chef de l’État le 1er septembre 2016 s’attaquer aux problèmes que sont la munales ont été reportées sine die (lire (leur première rencontre depuis la réémauvaise gouvernance, le chômage des p. 80), et « Cellou » menace régulièrelection d’Alpha Condé, en octobre 2015), jeunes, l’insécurité… Après on ira au vote ment de renvoyer ses troupes dans la Cellou Dalein Diallo a en effet déclaré pour le juger sur son bilan. » à l’assemblée générale de l’UFDG qu’il rue. « D’un côté, il donne l’impression de Une chose est sûre, en tendant la main à l’opposition, Alpha Condé a réussi à était disposé à travailler avec le chef de faire copain-copain avec le président, de la diviser. l’État dans le cadre de l’unité nationale l’autre, il doit calmer sa base, qu’il maîtrise de moins en moins », analyse l’ancien FRANÇOIS-XAVIER FRELAND et de la lutte contre la pauvreté. POLITIQUE

Le temps des concessions

I

N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

JEUNE AFRIQUE


TAS International, le cabinet d’architecture et d’études pluridisciplinaires de pointe TAS International est un cabinet d’architecture et d’ingénierie fondé en 1978 à Abidjan par Mohamed Mansour KABA. Fort de près de quarante ans d’expérience acquise dans plus de vingt pays d’Afrique et d’Asie. TAS International dont le siège a été installé à Conakry en 1995, est un bureau d’études indépendant pluridisciplinaire et multisectoriel, à la pointe de son domaine : la construction. Son expertise recouvre des secteurs liés à la construction aussi divers que :

La recherche de financements L’entreprise a créé une banque de projets et sait mener des recherches actives de financements.

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Le Plus de JA

© SYLVAIN CHERKAOUI POUR JEUNE AFRIQUE

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Cellou Dalein Diallo « À part moi, personne ne sera candidat en 2020! » Le leader de l’UFDG et chef de file de l’opposition dit préférer le dialogue à la confrontation. Et estime être le seul présidentiable crédible.

À

65 ans, Cellou Dalein Diallo, toujours tiré à quatre épingles, a déjà une longue expérience au service de l’État. Économiste de formation, il a été inspecteur des services financiers et comptables au milieu des années 1970, plusieurs fois ministre entre 1996 et 2006 (Transports ; Télécommunications et Environnement ; Travaux publics ; Pêche), avant de devenir Premier ministre, de décembre 2004 à avril 2006. Deux fois candidat malheureux à la présidentielle, en 2010 et en 2015, face à Alpha Condé, le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, parti social-libéral) ne désespère pas d’être élu en 2020. Peul originaire de Labé, dans le FoutaDjalon, Cellou Dalein Diallo n’aime pas qu’on le présente comme le candidat N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

d’une communauté. Il se dit rassembleur et préconise désormais « un dialogue ouvert » avec le président, après s’être opposé à lui de manière radicale pendant longtemps. Le 1er septembre 2016, il a en effet accepté de se rendre au palais présidentiel pour un tête-à-tête avec le chef de l’État. Cette première rencontre entre les deux hommes depuis la réélection d’Alpha Condé, en octobre 2015, a marqué une réelle évolution des relations entre la majorité et l’opposition et a contribué à l’obtention d’un consensus quasi général autour de l’accord politique du 12 octobre 2016. Le chef de file de l’opposition est-il toujours dans cette dynamique d’opposition constructive ? Jeune Afrique l’a rencontré dans son bureau du siège fédéral de l’UFDG, à Ratoma.

JEUNE AFRIQUE : Quelle est votre stratégie, depuis l’accord politique du 12 octobre 2016 ? CELLOU DALEIN DIALLO : J’ai opté pour

le dialogue et le long terme. Et je ne fais pas de promesses que je ne pourrai tenir… Je ne souhaite pas décevoir mes compatriotes. Je veux faire en sorte que notre agriculture se développe afin de parvenir à la fameuse souveraineté alimentaire que nous espérons tous, et je soutiendrai nos producteurs. Je veux aussi un système éducatif performant, car il faut bien former les jeunes Guinéens pour qu’ils trouvent un emploi et que l’on stoppe cette hémorragie vers l’Europe. Mais pour cela, il faut une administration disciplinée et débarrassée de la corruption. C’est par l’exemplarité que l’on changera la Guinée. On vous sent plus serein, plus sûr de vous. Comment l’expliquez-vous ?

Aujourd’hui, les citoyens savent que c’est nous, à l’UFDG, qui sommes capables de répondre à leurs attentes en termes d’amélioration du quotidien, JEUNE AFRIQUE


La Guinée reprend des couleurs sur le plan social et sur le plan démocratique. À l’UFDG, nous œuvrons à la réconciliation, nous travaillons pour une meilleure gouvernance demain. Certains vous reprochent de ne pas être assez proche des gens, d’être distant…

C’est une fausse perception. Dans les faits, lors de la campagne pour la présidentielle de 2015, j’ai été le seul candidat

dans la rue ! Nous œuvrons pour une démocratie apaisée.

Qui voyez-vous prétendre à la magistrature suprême en 2020 ?

Personne, à part moi. Et j’espère qu’AlphaCondénesereprésenterapas.Certains ont déjà monté un comité de soutien pour son élection à un troisième mandat, ce qui le mettrait en porte-à-faux avec la Constitution [lire pp. 66-67]. Mais je sais que le président est suffisamment intelligent pour ne pas tenter l’aventure, même

Quel homme de l’histoire a inspiré votre engagement ?

Nelson Mandela. Son humilité, son sens des responsabilités, ses efforts pour la réconciliation nationale sont une source d’inspiration pour moi. Il a eu le sens du pardon et a su renoncer au pouvoir au moment où il était le plus populaire.

Cela ne m’amuse pas d’envoyer mes militants dans la rue… à faire le tour de toutes les préfectures… J’ai parcouru les deux tiers du pays et je suis allé chercher les suffrages de tous les Guinéens ! Certains continuent à me présenter comme le chef de la communauté peule. Pourtant, je suis le leader d’un parti politique qui détient 37 sièges sur 114 à l’Assemblée nationale. Ma maison est ouverte à tous. Je ne suis pas le « technocrate au-dessus de tout » qu’on décrit parfois, mais un homme plein d’humilité.

C’est un message subliminal ?

AlphaCondéaimeàseprésentercomme « le Mandela de l’Afrique de l’Ouest ». Je le prends au mot.

s’il entretient l’ambiguïté en disant que « c’est le peuple qui décidera ».

La Guinée a-t-elle digéré son histoire récente, sous Sékou Touré et Lansana Conté ?

Quelle est votre méthode pour vous imposer d’ici là ?

Non, justement. En Afrique du Sud, la Commission Vérité et Réconciliation a fonctionné. Ici, l’idée a été lancée, mais elle est restée dans les tiroirs. On doit impérativement mettre le nez dans notre histoire pour regarder vers l’avenir.

Nous devons aplanir les divergences entre nous. Si, au sein de l’opposition, nous devons régler nos comptes, je préfère qu’on le fasse autour d’une table. J’ai la même méthode avec le président : je préfère le dialogue à la confrontation. Cela ne m’amuse pas de mettre mes militants

Propos recueillis à Conakry par FRANÇOIS-XAVIER FRELAND

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Le Plus de JA La Guinée reprend des couleurs

Terrain électoral ouvert à tous Les locales ont été reportées. Mais, déjà, la candidature de personnalités de la société civile et d’ex-militants du RPG ou de l’UFDG à la tête de listes indépendantes change la donne.

convoitée par trois trentenaires connus. Domani Doré, ancienne ministre des Sports (2014-2015), transfuge du RPG – où elle était membre de la cellule de communication –, entend y défendre la cause des femmes. Le reggaeman Élie Kamano veut y incarner la jeunesse et répondre à ses aspirations. Le journaliste Abdourahmane Diallo compte lui aussi y conduire une liste indépendante, « non pas pour défier les partis politiques, dit-il, mais pour leur opposer un débat constructif. Les citoyens veulent être dirigés par des personnes proches d’eux ». ANCIENS ALLIÉS. À Ratoma, l’UFDG

L

accord politique du 12 octobre 2016 entre pouvoir et opposition prévoyait que les élections communales et communautaires (non tenues depuis 2005) seraient organisées en février 2017. Fin janvier, le scrutin a été reporté sine die, les délais d’organisation étant trop courts. De plus, le projet de loi relatif aux scrutins communautaires (élection directe des chefs de quartier et de district au prorata des résultats obtenus par chaque candidat) doit être examiné par le Parlement. Ce report ne semble cependant pas avoir démotivé les candidats déjà déclarés, parmi lesquels de nombreux indépendants, qui trouvent en ces élections de proximité l’unique occasion de briguer un mandat électif et de tenter de « faire bouger les choses ». Les élections communales et communautaires sont en effet l’unique scrutin ouvert à des candidatures indépendantes en Guinée. Ces candidats sans étiquette sont jeunes pour la plupart. Ils n’ont jamais N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

devra batailler ferme pour conserver la suprématie dans son fief historique. Elle va s’y confronter aux Nouvelles Forces démocratiques (NFD), son ex-allié des législatives 2013 et de la présidentielle 2015. L’option de constituer des listes séparées est née de la décision de Cellou Dalein Diallo de ne vouloir « remorquer » aucun parti lors des communales. Après en avoir pris acte, le leader des NFD, Mouctar Diallo (élu député sur la liste de l’UFDG en 2013) a donc annoncé sa candidature à la mairie de Ratoma. D’autres anciens alliés prennent aussi position, comme Mamadou Barry, ex-attaché de presse de Cellou Dalein Diallo, proche de l’ancien vice-président de l’UFDG, Bah Oury, et exclu comme lui du parti en 2016, qui a décidé de conduire une liste indépendante. Ce que comptent faire également des personnalités de la société civile, parmi lesquelles Alpha Bacar Barry, le dynamique patron de l’institut de microfinance Jatropha, ou encore le célèbre rappeur Djanii Alfa (Alpha Midiaou Bah, de son vrai nom). Dans les municipalités de l’intérieur du pays aussi, les indépendants sont déjà en campagne. L’animateur radio

milité au sein d’un parti ou ont quitté leur formation politique d’origine. Ils prétendent incarner le changement et disent vouloir bousculer une vie politique dominée par le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG Arc-en-ciel), le parti au pouvoir, et l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Ils ont l’atout de la nouveauté. Et un défi à relever, celui de dépasser les clivages d’une société bipartisane et ethnicisée en élaborant Ils sont jeunes et veulent un programme de dévebousculer les clivages loppement local qui fédère leurs concitoyens. La misd’une société bipartisane. sion est difficile, mais pas impossible. Et ces « listes citoyennes » Séné Diallo compte se présenter dans en cours de constitution semblent avoir sa ville natale, à Fria (160 km au nord de Conakry). À Pita, dans le Fouta-Djalon, pris une longueur d’avance sur celles des grands partis. la liste de Bah Thierno Amadou, 33 ans, Déjà, la bataille des locales s’annonce fondateur de la radio privée BTA FM (Labé) et président du Soya Star, le club serrée dans deux communes de Conakry, Matoto et Ratoma. À Matoto, où le RPG de football de la ville, pourrait donner du fil à retordre à celle de l’UFDG. est sorti victorieux de tous les scrutins ces DIAWO BARRY dernièresannées,lamairieestnotamment JEUNE AFRIQUE


COMMUNIQUÉ

Afriland First Bank Guinée Ensemble, nous vaincrons la pauvreté La banque guinéenne a introduit depuis deux ans et avec succès son modèle de création de richesse dans les zones rurales, urbaines et semi-urbaines. Plus de 50 000 femmes et jeunes guinéens ont déjà adopté les MC2 et MUFFA. Banque commerciale, d’affaires et de développement, Afriland First Bank Guinée est une unité du groupe Afriland First Bank. Partenaire des entreprises, des particuliers, de l’État et de ses collectivités, l’action d’Afriland First Bank Guinée est guidée par la recherche de solutions adaptées aux réalités locales. Ses objectifs majeurs, l’émergence d’une nouvelle classe d’entrepreneurs, la création de passerelles entre les secteurs formel et informel, l’accompagnement des PME/PMI ou encore l’insertion des zones défavorisées dans le circuit économique, à travers ses micro banques de développement, les MC2 (Moyens, Compétences pour la Communauté) et les MUFFA (Mutuelles Financières des Femmes Africaines).

STATISTIQUES LES MC2-MUFFA EN GUINÉE (AU 31/01/2017) Unités dans le portefeuille

96 (dont 36 MUFFA)

Unités fonctionnelles

50 (dont 26 MUFFA)

Unités en phase d’aménagement

46 (dont 30 MUFFA)

Nombre total de mutualistes

56 536

Ligne de financement accordée par AFBG

36 milliards de GNF

Taux de remboursement des crédits

98 %

première unité a été inaugurée en mars 2015, à Matam (MUFFA). Ces outils exceptionnels d’autonomisation des femmes et C’est une approche endogène qui permet des jeunes connaissent une croissance aux populations, notamment les plus déexponentielle dans le favorisées, de se prendre pays. En deux ans, une en charge et de créer « Afriland First Bank cinquantaine de strucdes richesses au travers s’est engagée dans la création tures ont été créées dans d’instruments financiers adaptés qu’ils auront eux- de richesse aux sein des milieux toutes les régions. Afrivulnérables et défavorisés » land First Bank s’est ainsi mêmes fondés. Créé dès résolument engagée dans 1992 au Cameroun par la lutte contre la pauvreté et la création de le Dr. FOKAM, ce modèle est basé sur le richesse, grâce également à l’engagement principe selon lequel la victoire sur la des autorités, en particulier de S.E. le pauvreté est possible si les moyens et les président de la République Alpha CONDE. compétences de la communauté sont mutualisés. Il se décline à travers une version Les résultats sont-ils bons ? essentiellement rurale, les micro-banques MC2, qui sont des micro-institutions de Le taux de remboursement est de 98 %, alors micro-finance de développement rural, qu’il se situe généralement, dans la microfiet les MUFFA (Mutuelle Financière des nance, entre 70 et 75 %. Près de 4 millions de Femmes Africaines), à vocation semi urdollars de micro-crédits ont déjà été octroyés baine et urbaine. Ces prêts sont consentis en général pour des activités agricoles, de la pêche, pour du petit Quand et comment les MC2 MUFFA élevage, du petit commerce ou de la petite ont-elles été proposées aux Guinéens ? transformation, dans l’artisanat notamment, avec la production de teinture traditionnelle Ces micro-banques de développement ou de savon artisanal. existent en Guinée depuis 2014 et la

Guy Laurent Fondjo, Administrateur Directeur Général d’Afriland First Bank Guinée M. Fondjo a rejoint Afriland First Bank en 2001 pour ne pratiquement plus quitter l’institution. Jusque-là directeur régional dugroupe à Yaoundé, ce Camerounais formé au Cameroun et aux États-Unis a pris la tête de la filiale guinéenne en janvier 2015.

Afriland First Bank Guinée Almamya, commune de Kaloum - BP : 343 - Conakry, République de Guinée - +224 669 93 93 93 - www.afrilandfirstbank.com

DIFCOM/DF - PHOTO : DR.

Qu’est ce que le modèle MC2-MUFFA ?


Un groupe dynamique engagé dans le développement de l’énergie en Afrique Le Groupe KAMA, dont le siège social est basé à Bamako au Mali est un groupe dynamique dans divers secteurs d’activités :

Électricité - Solaire Transport d’Hydrocarbures Gaz - BTP

Électricité (HT, BT, Solaire), Transport d’hydrocarbures, Gaz, BTP.

▲ Poste sources ▲ Installation de Centrale Solaire

▲ Cuves de stockage de gaz

▲ Construction et équipement d’un poste MT

Au fil des ans, grâce aux choix stratégiques de son Président Directeur Général, M. Mamadou Sacko, le Groupe KAMA a su construire une expérience et un savoir-faire qui en font aujourd’hui le leader dans ses activités au Mali et un acteur important en Afrique à travers les activités de son siège KAMA SA Mali et de ses filiales KAMA Gaz, KAMA Béton, KAMA Guinée SA, KAMA Côte d’Ivoire SA, KAMA Sénégal SA, KETI Maroc SA. En Guinée, le Goupe KAMA a réalisé de grands projets dans le cadre de la politique de développement des infrastructures initiée par le gouvernement sous l’égide du Président, son Excellence Pr Alpha Condé. Ces projets ont été réalisés sur toute l’étendue du territoire : - Le renforcement du réseau électrique de N’Zérékoré, - L’électrification de 9 villages du Bouré dans la préfecture de Siguiri - L’extension de la Centrale thermique de Kankan - L’électrification de 26 préfectures(en voie d’achèvement) Le Groupe dispose en plus à Kagbelen - D’une unité de fabrication de poteaux et d’éléments en béton, - D’un centre emplisseur de gaz butane avec une grande capacité (en cours de réalisation)

▲ Centre emplisseur de gaz

Le groupe travaille également au développement d’un projet d’aménagement hydroélectrique. ▲ Camions de transport d’Hydrocarbures

▲ Stock de matériels électriques

MALI - GUINÉE - CÔTE D’IVOIRE - SÉNÉGAL - MAROC

www.kama-sa.com


Le Plus de JA La Guinée reprend des couleurs

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DÉCRYPTAGE Alain Faujas

Une perfusion toujours indispensable

E

n pleine convalescence après l’épidémie d’Ebola et la chute des cours des matières premières, la Guinée commence à afficher des résultats positifs. Le Fonds monétaire international (FMI) lui prédisait une croissance de 4 % pour 2016 ; il semblerait que celle-ci ait atteint 5,2 %. L’inflation annuelle se situerait aujourd’hui entre 8 % et 9 %, contre 21 % en 2011. Les réserves de la Banque centrale, qui étaient tombées à moins d’un mois d’importations, se sont regonflées à environ trois mois. Les taxes et les impôts rentrent un peu mieux grâce aux télécoms et aux mines. Le déficit budgétaire semble contenu. Mieux, la conjoncture mondiale frémit. Le prix du minerai de fer a doublé en un an, ce qui a renforcé l’appétit des Chinois pour le gisement, ô combien conflictuel, de Simandou, qu’ils sont en passe d’exploiter seuls. La bauxite comme l’or ont repris du poil de la bête. Du coup, l’usine d’alumine de Fria renaît de ses cendres avec le concours des Russes ; les orpailleurs cherchent frénétiquement des pépites, au risque d’affrontements locaux ; les sociétés internationales candidates pour creuser le sol guinéen se font beaucoup plus nombreuses. Après la mise en service du barrage de Kaleta, en 2015, ceux de Souapiti, de Komodou et de Koukoutamba se profilent à l’horizon, ce qui permet de légitimer l’augmentation des tarifs de l’électricité. Et, comme le souligne BakaryTraoré, économiste au bureau Afrique du Centre de développement de l’OCDE, « grâce aux Objectifs du millénaire pour le développement, qui ont mobilisé les bailleurs de fonds internationaux, le taux d’achèvement du cycle scolaire en primaire est passé de 59,5 % en 2000 à 82,9 % en 2014, et l’accès à l’eau potable profite désormais à 93 % de la population ». Des acquis précieux pour préparer le futur.

récentes, ceux qui en profitent subissent délestages et baisses de tension. Le troisième obstacle tient au manque de moyens financiers pour faire face aux innombrables défis que doit relever la Guinée. « Ce pays est confronté à des déficits jumeaux, analyse Bakary Traoré. Son déficit budgétaire [en passe d’être résorbé] et le déficit de son compte courant, qui s’élève à 29 % du PIB. C’est l’un des plus élevés d’Afrique avec ceux du Mozambique et du Liberia, ou celui de la Libye en guerre. La Guinée a du mal à mobiliser les ressources nationales et, de ce fait, doit compter sur des financements extérieurs dans une proportion énorme pour exploiter ses incontestables potentiels. » Voilà pourquoi le président Condé s’est rendu à Pékin pour séduire les investisseurs miniers chinois, fin octobre-début novembre 2016, et pourquoi le gouvernement est obsédé par le développement des industries extractives, même s’il ne se fait pas d’illusions quant à son efficacité pour réduire la très grande pauvreté des Guinéens. En effet, 70 % de la population vit peu ou prou d’une agriculture dont la productivité est l’une des plus faibles d’Afrique de l’Ouest, alors que la terre est très riche et

La croissance est bridée par le mauvais état des routes, le manque d’électricité et de moyens.

Restent trois obstacles, qui brident la croissance guinéenne. Le premier est l’état catastrophique du réseau routier. « Sur 7 000 km de routes nationales, 2 400 seulement sont goudronnés et accessibles par tout temps, ce qui crée de graves goulots d’étranglement dans un pays où 44 % des échanges s’effectuent avec les pays voisins », explique Bakary Traoré. Le deuxième obstacle est l’électricité : 46 % de la population n’y a pas accès, et, malgré des améliorations JEUNE AFRIQUE

l’eau abondante. Faute de budget, il n’y a ni engrais, ni semences, ni matériels pour augmenter les rendements. Faute de routes, il n’y a pas de possibilités de vendre la production agricole au-delà de marchés locaux forcément limités. « En Guinée, le niveau éducatif progresse, et l’électrification aussi, conclut BakaryTraoré. Avec une franche amélioration du réseau routier, qui profiterait aussi bien au secteur agricole qu’au secteur minier et au port de Conakry, très sous-utilisé, la croissance, jusqu’à présent rognée par la forte poussée démographique, pourrait être considérablement accélérée. Et une plus grande partie de la population pourrait en profiter. » Messieurs les bailleurs, à votre porte-monnaie ! Votre perfusion financière a permis à la Guinée de ne pas sombrer avec Ebola et elle en a maintenant besoin pour construire des routes goudronnées vers ses voisins, ses champs, ses mines et, ce faisant, vers le développement. N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017


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Le Plus de JA INDUSTRIES EXTRACTIVES

Abdoulaye Magassouba « Nous avons bouclé des financements de projets pour 2 milliards de dollars » Après une sérieuse réorganisation du secteur, les résultats de 2016 semblent plutôt positifs selon le ministre des Mines, qui explique les enjeux des investissements et des négociations en cours.

É

conomiste expert en projets de développement, Abdoulaye Magassouba, 40 ans, a quitté le secteur privé en 2013 pour intégrer l’équipe de conseillers du président Alpha Condé, au sein de laquelle il était chargé des grands projets d’investissements internationaux, notamment dans le secteur minier. En janvier 2016, il s’est vu confier le portefeuille des Mines et de la Géologie au sein du gouvernement de Mamady Youla. Ses principaux dossiers : le suivi des nouveaux investissements dans la filière bauxite-alumine, dans l’Ouest, et l’aboutissement des négociations relatives au développement des gisements de fer du mont Simandou, dans

l’Est, où, le 28 octobre 2016, après cinq ans de partenariat avec Rio Tinto, Aluminium Corporation of China (Chinalco) a racheté l’intégralité des parts de la major angloaustralienne pour 1,3 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros). JEUNE AFRIQUE : En quoi la gestion du secteur a-t-elle changé et quels en sont les résultats ? ABDOULAYE MAGASSOUBA : Nous

avons pu améliorer le cadre d’investissement en accélérant les réformes engagées depuis 2010, parmi lesquelles l’assainissement et la modernisation du cadastre. Cela a permis une meilleure gestion des titres miniers, avec notamment le retrait

HORIZONS FERTILES POUR L’AGROBUSINESS L’une des priorités du gouvernement est de redynamiser les filières agricoles, qui, contrairement à celles des mines, redistribuent énormément et font vivre 80 % de la population du pays. Objectif : atteindre l’autosuffisance alimentaire d’ici à 2020 et, à moyen terme, devenir une puissance agro-industrielle. Avec plus de 6 millions d’hectares de terres arables et une pluviométrie de 1 200 à 4 000 mm/an, le potentiel est là… Pour doper la production, en particulier celle des petites exploitations familiales, le groupe N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

marocain OCP travaille avec le ministère de l’Agriculture sur plusieurs projets, notamment dans le cadre du protocole de coopération pour le soutien du dévelop­ pement agricole de la Guinée, signé en mars 2014 lors de la première visite de Mohammed VI à Conakry. En 2015, le groupe a organisé une « Caravane agricole Guinée », qui a permis de sensibiliser des milliers de petits exploitants à l’utilisation raisonnée d’engrais et, grâce à un laboratoire mobile, d’analyser les sols afin d’élaborer une carte de la fertilité, mise

gratuitement à la disposition de l’ensemble des acteurs agricoles guinéens. Le géant marocain des phosphates a par ailleurs effectué des tests agronomiques afin de développer des engrais adaptés, qu’il pourra produire dans sa nouvelle usine de Jorf Lasfar, l’Africa Fertilizer Complex. Un projet aussi stratégique pour les Guinéens que pour les Marocains, qui devrait se concrétiser par la signature d’un contrat de fourniture d’engrais phosphatés, à l’occasion de la deuxième visite de Mohammed VI à Conakry. CÉCILE MANCIAUX

de 200 permis de recherches, pour la plupart inactifs. Le guichet unique pour l’obtention des permis et autorisations est désormais opérationnel, ce qui met un terme à la bureaucratie qui allongeait les délais et augmentait les coûts. Enfin, nous avons achevé le processus de revue des titres et conventions miniers qui avait été engagé pour améliorer la transparence du secteur. L’ensemble de ces réformes a permis de boucler le financement de projets pour un montant total de plus de 2 milliards de dollars sur les trois prochaines années. Ces investissements concernent en particulier la bauxite, avec les projets d’extension de la CBG [Compagnie des bauxites de Guinée], de GAC [Guinea Alumina Corporation] et de Dian-Dian [Compagnie de bauxite et d’alumine de Dian-Dian, Cobad], et le développement du site d’Alufer Mining à Bel Air [région de Boffa], dont la construction sera lancée prochainement. Ce nouveau protocole de suivi et de contrôle nous a aussi permis de découvrir que seulement 42 % des recettes d’exportation des comptoirs d’or étaient rapatriés, alors que, légalement, la totalité doit l’être. Résultat, nous sommes passés à un taux de rapatriement de plus de 90 % à la fin de 2016, pour plus de 300 millions de dollars de recettes d’exportation rapatriées. Comment concilier les intérêts du pays avec ceux des multinationales ?

Nous sommes conscients du fait que nous n’avons pas toutes les capacités nécessaires pour faire face à ces multinationales. C’est pourquoi nous travaillons systématiquement avec des cabinets d’envergure et de renommée internationale qui nous appuient, aussi bien lors des négociations que dans le renforcement de nos capacités internes. On garde cependant à l’esprit qu’il faut une approche gagnant-gagnant, c’est-àdire préserver les intérêts du pays tout en prenant en compte les contraintes des investisseurs. Il faut les inciter à investir en Guinée plutôt qu’ailleurs. JEUNE AFRIQUE


La Guinée reprend des couleurs du secteur. Et certaines interpellations auxquelles vous faites allusion en sont d’ailleurs la conséquence directe. Par exemple, la remise en question du mécanisme d’obtention des permis de BSGR [compagnie du franco-israélien Beny Steinmetz, dont le gouvernement a résilié en 2014 les permis qu’elle avait obtenus dans le Simandou à la fin du régime de Lansana Conté] résulte du travail du comité de revue des conventions et titres miniers, qui était dirigé par un consortium de quatre cabinets internationaux recrutés pour accompagner le processus d’assainissement du secteur. Nous sommes dans une nouvelle dynamique de transparence: tous les contrats miniers sont publiés sur internet. C’était inimaginable avant ! Où en est la relance de l’usine d’alumine de Rusal-Friguia, à Fria ? Et les négociations avec Chinalco sur le mont Simandou ?

YOURI LENQUETTE

Concernant Friguia, les Russes ont pris des engagements, et rien n’indique pour l’heure qu’ils ne seront pas respectés. À la mi-janvier, lors d’une visite de terrain, une équipe a d’ailleurs constaté que les travaux de réhabilitation avaient bien démarré. Dans le Simandou, nous continuons à travailler avec Chinalco pour finaliser les communautés et les sociétés minières. Nous accompagnons les investisseurs les détails de l’accord de principe signé et devons travailler à améliorer l’image en Chine fin octobre. Il était initialement du pays et du secteur. Et l’un des défis prévu dans le cadre d’investissement que, qui nous restent à relever est de si l’une des parties se retirait du projet, en particulier le leader Rio réduire l’écueil entre la perception des activités minières et Tinto, elle serait remboursée Bauxite, or, fer… la réalité, les médias étant immédiatement de la totaLe pays tire assez friands de certaines lité des coûts engagés. Les histoires qui ne sont pas négociations ont permis forcément réelles. d’obtenir de Rio Tinto de ses recettes trois choses : une décote publiques Certaines personnes sont de 25 % sur les coûts histodu sous-sol riques, un paiement différé cependant régulièrement mises en cause pour corrup(c’est-à-dire jusqu’à ce que l’on entre en production) sans taux tion par la justice ou la presse internationale… d’intérêt. C’est la seule option viable pour réaliser ce projet, que beaucoup d’obserIl faut distinguer les faits des allégations. vateurs considéraient comme enterré. Depuis que le président Alpha Condé est au pouvoir, il y a eu un assainissement Propos recueillis à Conakry par DIAWO BARRY

Quels sont vos objectifs aujourd’hui ?

C’est de consolider les acquis des réformes. Malgré un contexte international difficile, 2016 a été une année de relance, en particulier de la filière bauxite. Le ministère a un rôle de suivi, et nous allons donc nous assurer que tous les investissements annoncés se concrétisent, que les projets se développent dans les meilleures conditions, dans le respect des coûts et des délais. Nous allons également veiller à ce que ces 2 milliards de dollars d’investissement prévus aient des retombées directes pour la population (à travers le développement communautaire et une meilleure promotion des emplois et des contrats locaux). Et veiller à la gestion des contributions au développement local, de façon à ce que s’instaure un environnement apaisé entre

80 %

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GUITER SA 28 ans d’expérience au service du développement composée d’experts espagnols, cubains, tunisiens, ivoiriens, maliens, burkinabés, béninois, sous régionaux et guinéens. À ce titre, elle peut réaliser des projets dans divers domaines et les exécuter conformément aux normes CEDEAO et internationales.

G

UITER SA est une société anonyme (SA) de droit guinéen, créée en 1989. Elle évolue dans le secteur des travaux publics, mines et carrières et de l’énergie. Au fil des années, GUITER SA est devenue une des compagnies les plus performantes dans son domaine en République de Guinée. Forte d’une expérience riche et variée, elle a réalisé de nombreux ouvrages à travers le pays. L’approche de GUITER SA lui permet de répondre aux besoins de projets à moindre coût et dans le temps imparti tout en assurant les normes de qualité (Hygiène, Santé, Sécurité). Elle produit également l’agrégat, l’asphalte, le béton, permet-

tant ainsi d’améliorer le service apporté aux clients. Tous ces travaux sont supervisés par un cabinet de mission de contrôle, d’envergure internationale, Louis Berger. Les p ro j e t s d e G U I T E R S A comprennent des routes interurbaines et urbaines, le développement, l’exploitation des mines et carrières et la c o n s t r u c t i o n d es b a r ra g es hydro-électriques. Les solutions proposées incorporent la conception traditionnelle et la gestion de programme, comme fast-track et conception/projet de construction. La société GUITER SA emploie une équipe multinationale

Depuis 1988 les hommes et les femmes professionnels de GUITER SA ont littéralement préparé le terrain pour des centaines de projets publics et privés qui ont soutenu le développement des infrastructures en Guinée. GUITER SA est aujourd’hui la société de construction routière, des mines la plus compétitive de la place. Son personnel expérimenté, sa flotte d’équipements modernes et un approvisionnement en matériaux de construction de qualité placent GUITER SA dans une position solide pour faire face à la compétition accrue.


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Reconstruction routière des villes GUITER SA a effectué les travaux de construction de différentes rues et ruelles.

Infrastructures Les projets d’infrastructures de GUITER SA incluent la construction et/ou la reconstruction de nouvelles infrastructures ou d’infrastructures existantes telles que routes, trottoirs, canalisations, ponceaux, barrages hydro-électriques, systèmes d’alimentation en eau et équipements de systèmes d’égouts.

GUITER MINING GUITER SA

Les grandes routes GUITER SA effectue les travaux de construction de routes dans le cadre de projets de grande envergure. Les équipes de GUITER SA effectuent le pavage, le terrassement et la préparation de la base.

SIÈGE SOCIAL : Cité Chemin de Fer Immeuble Labé, 1er Étage droite BP : 2075 - Conakry République de Guinée, Tél. : (+224) 628 42 39 39 (+224) 628 25 60 43 E-mail : guitersa@yahoo.fr www.guitersa.com

LE MOT DU PRÉSIDENT

Notre vocation : assurer la qualité tique au quotidien d’efforts louables pour booster les performances d’une entreprise. Pour ce qui nous concerne, l’expertise des ressources humaines, le matériel de dernière génération et les moyens y afférent constituent des priorités pour la compétitivité de nos prestations. Il en est de même pour les dossiers à défendre chaque jour auprès de nos partenaires. Le dialogue social en interne et avec les populations qui bénéficient directement de nos prestations revêt à nos yeux un caractère primordial. Pour les guinéens,

les réalisations de notre entreprise sont de réels motifs de fierté. Leur soutien constant renforce notre détermination à pérenniser notre label d’entreprise citoyenne engagée pour l’émergence de la Guinée.

Ansoumane Kaba PDG DE GUITER SA & PRÉSIDENT DU CNP (CONSEIL NATIONAL DU PATRONAT) DE GUINÉE

DIFCOM/DF- PHOTOS : DR.

Forte de son expertise et de l’efficacité de ses équipes, notre entreprise s’est hissée au rang des acteurs majeurs de l’économie guinéenne. Mieux, elle est devenue un symbole de valorisation et de promotion du made in Guinée, une société qui œuvre pour le développement de notre pays. « C’est en forgeant qu’on devient forgeron », dit l’adage. Chez GUITER SA, nous nous attachons à intensifier nos activités, nos réalisations tant sur les routes que dans les mines et carrières. Rien ne vaut plus que la pra-


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Le Plus de JA La Guinée reprend des couleurs

TRIBUNE

Bientôt sur les écrans radars des capital-investisseurs ?

BABA HADY THIAM Avocat aux barreaux de Guinée et de Paris

MOUSSA DABO Chargé d’investissements chez Afig Funds

E

ntre 2010 et le premier semestre de 2016, les fonds de capital-investissement (private equity) ont injecté 5,4 milliards de dollars (5 milliards d’euros) dans des entreprises en Afrique de l’Ouest. Mais aucun de ces investissements n’a été réalisé en Guinée, alors même que les entrepreneurs du pays peinent à financer leurs activités et n’ont d’autre choix que de s’autofinancer ou de recourir aux prêts bancaires. Certes, ces solutions permettent à bon nombre d’entreprises de concrétiser leurs projets. Mais elles sont souvent onéreuses ou insuffisantes pour pérenniser leur développement. Les fonds de capital-investissement apparaissent donc comme une alternative complémentaire à ces formes classiques de financement, puisque les entreprises s’y associant bénéficient non seulement d’un financement à long terme (cinq à sept ans en moyenne), mais aussi de conseils pour améliorer leurs performances.

Plusieurs facteurs expliquent qu’ils ne percent pas en Guinée.Tout d’abord, le secteur informel représente 90 % des entreprises privées. Ensuite, le mode de management traditionnel freine l’investissement : le fondateur de l’entreprise occupe généralement une position (trop) prépondérante, laissant peu de place à une direction collégiale, et il est souvent réticent à ouvrir son capital pour accueillir de nouveaux investisseurs. Il faut donc sensibiliser les entrepreneurs guinéens aux bénéfices de l’investissement en fonds propres et combler le manque d’informations, afin de créer un pont entre les pourvoyeurs de fonds et les patrons désireux d’attirer des capitaux. Par exemple, il est important que ces chefs d’entreprise pensent à établir des systèmes de reporting réguliers et transparents, de manière à construire une base de données fiable qui facilitera l’évaluation de leur société. Les fonds d’investissement apprécient aussi l’utilisation d’outils d’aide à la décision, comme les tableaux de suivi, qui permettent d’observer l’évolution des indicateurs de performance de l’entreprise. Laquelle doit pouvoir communiquer des états financiers audités sur une période de trois à quatre ans. Deux exemples à suivre: le Nigeria et le Ghana, qui attirent la grande majorité des placements réalisés par les fonds de capital-investissement

en Afrique de l’Ouest. Au Ghana, le premier d’entre eux, le Ghana Venture Capital Fund, a été créé en 1991 et, dès 2004, le gouvernement ghanéen a structuré un fonds de 5,5 millions de dollars pour le financement des PME. Ce type d’initiatives a permis au secteur privé ghanéen de se formaliser et d’intégrer les critères d’investissement des fonds de private equity. La création de fonds similaires en Guinée et la mise en place par le gouvernement d’une fiscalité adaptée au capital-investissement permettraient de vulgariser ce mode de financement. La Banque centrale de la république de Guinée (BCRG) a également un rôle à jouer, en donnant des gages forts de stabilisation de la monnaie guinéenne. Il est d’autant plus urgent de s’engager sur cette voie que les signaux sont au vert. D’une part, on constate l’apparition d’une nouvelle génération d’entrepreneurs guinéens sensibles aux pratiques financières internationales et disposés à explorer les sources de financement alternatives. Ce sont pour la plupart des trentenaires qui reprennent l’affaire familiale ou des « repats » qui lancent une nouvelle activité. D’autre part, la stratégie des fonds de capitalinvestissement étant de diversifier leurs portefeuilles, ils recherchent un environnement des

Ces fonds constituent une alternative aux prêts bancaires et à l’autofinancement.

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affaires stable et des perspectives économiques prometteuses. C’est le cas de la Guinée, qui présente d’intéressantes opportunités dans des secteurs en pleine croissance tels que l’hôtellerie, l’agrobusiness, les infrastructures ou encore les biens de consommation. Aux décideurs guinéens de faire en sorte qu’elles soient valorisées aux yeux des fonds de capital-investissement. Enfin, alors que les pays d’Afrique anglophone sont aujourd’hui frappés par une forte décélération de l’activité économique, ceux de la zone francophone se montrent plus résilients, à l’instar de la Côte d’Ivoire, qui a réussi à attirer 8 % des opérations de private equity réalisées en Afrique de l’Ouest sur la période 2010-2016. La Guinée pourrait s’accrocher à cette locomotive ivoirienne. JEUNE AFRIQUE


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Le Plus de JA À l’image du rond-point Bellevue, la presqu’île tout entière se prépare.

montre et un marathon. Un rendez-vous au long cours qui exige de mobiliser tout le pays, à commencer par le président de la République – qui, le 23 janvier, a fait publier un décret pour déclarer CCML « événement d’utilité publique » – et, dans son sillage, l’ensemble du gouvernement, en particulier les ministres chargés de la Culture, de l’Enseignement, du Budget et des Affaires étrangères, réunis au sein d’un comité spécial coordonné par le Premier ministre, Mamady Youla.

YOURI LENQUETTE POUR JA

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ÉVÉNEMENT

Une ville à la page Élue par l’Unesco Capitale mondiale du livre 2017, Conakry va vivre pendant toute une année au rythme de la lecture, de la culture et de l’ouverture. Coup d’envoi le 23 avril.

«

H

é ! Le compte à rebours est lancé ! À J – 100 de Conakry Capitale mondiale du livre, je lance un flambeau à ce beau public pour que cette année soit magique ! » slamait Fatoumata Lamarana Diallo, du collectif J’art-icule, sur la scène du Petit Musée (lire pp. 96-97), le 11 janvier dernier. « Cet événement marquera le top départ de la renaissance de la culture guinéenne », résume, enthousiaste, Sansy Kaba Diakité, commissaire général de Conakry Capitale mondiale du livre 2017 (CCML) et directeur de L’HarmattanGuinée (lire interview pp. 92-93), qui a œuvré pendant des années pour que le dossier de Conakry soit retenu. Et c’est le 30 juin 2015 que la capitale guinéenne a N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

OPTIMISTE. Deux bibliothèques seront inaugurées lors du coup d’envoi de CCML, le 23 avril. Livrée en octobre 2016, la bibliothèque nationale a été construite dans le centre-ville de Conakry, non loin de l’hôpital Donka (quartier Camayenne), pour un coût de 7 milliards de francs guinéens (près de 700 000 euros) pris en charge par le ministère de la Culture. Lequel a également financé, à hauteur de 3 milliards de francs, la reconstruction de la bibliothèque Professeur-DjibrilTamsir-Niane, qui avait été ravagée par un incendie en 2012 (lire p. 97). Selon le ministre de la Culture, Siaka Barry (lire p. 94), à la fin de janvier, l’État avait déjà mobilisé à lui seul 9 milliards de francs guinéens pour CCML, sur un budget global prévisionnel de 60 milliards de francs, qui englobe le soutien des sponsors ainsi que les initiatives privées des centres culturels, des associations d’artistes et des médias. Lors de sa visite à Conakry, à la mi-janvier, pour constater l’état d’avancement des préparatifs, le représentant de l’Unesco, Ian Denison, est reparti « optimiste ». Plus de 500000 visiteurs et 4500 auteurs sont attendus, alors que des centaines d’événements culturels sont prévus :

été désignée par le comité international d’experts de l’Unesco et des organisations internationales de l’industrie du livre pour être la 17e Capitale mondiale du livre, en 2017. La manifestation, qui durera toute une année, sera lancée le 23 avril, Journée mondiale du livre et du droit d’auteur, en même Accueillir une telle manifestation temps que la 9 e édition relève à la fois de la course contre des 72 Heures du livre de Conakry. la montre et du marathon. Le commissaire est satisbourses aux livres, lectures publiques, fait d’avoir déjà exécuté 80 % du proconcours (de poésie, de lecture, etc.), gramme des préparatifs prévus mais n’en est pas moins inquiet. Il sait qu’accueillir conférences, débats, expositions, concerts pendant toute une année une manifeset parades, journées découverte de l’histoire des communes de Conakry tation qu’il considère comme « la coupe et quelques visites guidées à l’intérieur du monde de la lecture et de la littéradu pays. ture » est à la fois une course contre la JEUNE AFRIQUE


Pour chaque mois, d’avril 2017 à avril 2018, ont été définis un thème, un film, une pièce de théâtre, un comédien, un ballet, un orchestre et, bien entendu, un livre. Auteurs, musiciens, cinéastes, plasticiens… Le tout-Conakry de la culture et des arts s’est mis dans l’ambiance de la manifestation, à l’image du Petit Musée qui, après avoir accueilli la cérémonie du compte à rebours « J – 100 », va multiplier les événements. « Nous aurons toute l’année une programmation de spectacles vivants, d’expositions, de rendez-vous Depuis la littéraires et musicréation caux, de lectures, de de l’initiative par séances de dédil’Unesco, en 2001, Conakry caces… », souligne est la 3e ville du continent Isabelle Dalmauà être désignée Capitale Bucheton, la mondiale du livre, après directrice du Alexandrie (Égypte, 2002) centre culturel. et Port Harcourt PARADE. Par ailleurs,

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(Nigeria, 2014)

les 80 artistes qui ont participé en 2016 à la troisième édition du Trophée protecteur des arts et cultures (TPAC) de Guinée, un concours d’art contemporain, ont chacun réalisé un livre-objet. « Cette année, le thème portera à nouveau sur le livre, de façon plus monumentale, puisque les créations feront partie de la grande parade inaugurale organisée au stade du 28-Septembrepourl’ouverturedeConakry Capitale mondiale du livre », explique la fondatrice du Petit Musée, Fifi Tamsir Niane (lire pp. 96-97), vice-commissaire et directrice artistique de l’événement. Sont aussi mobilisés les membres de la compagnie française Paupières mobiles, dirigée par l’écrivain Hakim Bah (lauréat du prix RFI Théâtre 2016 pour Convulsions), ou encore le dramaturge Bilia Bah, directeur de la compagnie théâtrale La Muse et du festival biennal l’Univers des mots. « Nous organisons une édition spéciale sur le thème “Nos migr’actions”, avec la participation d’auteurs guinéens, belges, suisses, canadiens, burkinabè et camerounais, qui écriront à partir de témoignages de migrants », explique ce dernier. Pour lui, l’immigration est devenue « un fléau », une « urgence mondiale, qui prive l’Afrique de ses cerveaux, de ses bras valides et envahit l’Occident qui n’a pas les moyens d’accueillir tout le monde ». DIAWO BARRY JEUNE AFRIQUE

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Le Plus de JA Questions à Sansy Kaba Diakité Commissaire général de Conakry Capitale mondiale du livre (CCML), directeur de L’Harmattan-Guinée

« Toute la Guinée se mobilise pour faire du livre une référence culturelle nationale » JEUNE AFRIQUE: Qu’est-ce qui a permis

à Conakry d’être désignée Capitale mondiale du livre par l’Unesco ? SANSY KABA DIAKITÉ : Ce n’est pas le hasard, mais le résultat d’un plan stratégique de développement de l’industrie du livre. Certaines capitales africaines ont leur référence culturelle : Ouagadougou a le cinéma, Bamako la photographie, Abidjan la musique, Dakar la mode… Conakry méritait d’avoir la sienne, et c’est autour du livre que nous avons construit notre projet, pendant dix ans. Après une maîtrise en sciences économiques à Conakry, j’ai complété ma formation par un master 2 en édition à l’université du Maine [au Mans, en France], en 2006.À mon retour à Conakry, nous avons travaillé en équipe sur le concept et, aujourd’hui, toute la Guinée se mobilise pour faire du livre une référence culturelle nationale. Nous avons été désignés par l’Unesco grâce à ces efforts et à la qualité de notre programme, qui fait la part belle à la jeunesse et à l’alphabétisation, mais

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aussi grâce à un budget maîtrisé et orienté vers le développement durable. Quels sont les objectifs de ce programme ? C’est un projet de long terme. Il veut contribuer à rendre le livre accessible à tous, promouvoir la lecture et l’écriture,

« 72 HEURES », ACTE 9 Directeur de la maison d’édition L’HarmattanGuinée et de la librairie du même nom, Sansy Kaba Diakité consacre tout son temps, ou presque, aux livres. En 2008, il a lancé les 72 Heures du livre de Conakry. Cet événement organisé chaque année du 23 au 25 avril est devenu l’un des plus importants salons du livre du continent, avec ceux d’Afrique du Sud (South-African N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

Book Fair, SABF) et du Nigeria (Nigeria International Book Fair, NIBF). Les deux dernières éditions ont chacune accueilli plus de 300 auteurs et 50 000 visiteurs venus de toute la Guinée et de l’étranger. Coïncidant cette année avec le lancement de Conakry Capitale mondiale du livre, la 9e édition des 72 Heures promet de battre des records d’affluence. Elle comptera aussi plus

de personnalités et de participants étrangers que d’habitude, avec notamment les délégations de l’Unesco, et le Sénégal en invité d’honneur. Deux « parcours découverte » s’adressent spécifiquement au public étranger : l’un sur la filière du livre et sa réalité en Guinée, l’autre sur l’initiation aux mystères de la vie sociale et culturelle en Guinée. CÉCILE MANCIAUX

l’échange et le dialogue, et ouvrir la Guinée au monde pour qu’elle retrouve sa place en tant que berceau d’éminentes personnalités littéraires, à l’instar de Camara Laye, Djibril Tamsir Niane, Williams Sassine, Alioum Fantouré ou encoreTierno Monénembo. De quels moyens disposez-vous ? Nous maîtrisons notre programme et nous sommes prêts : l’Unesco nous a demandé une vingtaine d’activités. Nous projetons d’en réaliser une centaine. Le livre est l’outil fondamental de l’éducation. Il faut qu’il soit dans notre quotidien, qu’il soit prioritaire et donc que nous disposions d’ouvrages, de salles de lecture, de bibliothèques… C’est pourquoi il est essentiel de mobiliser les professionnels, les partenaires privés et les pouvoirs publics pour qu’ils accompagnent l’initiative sous diverses formes : en ratifiant la convention de Florence et le protocole de Nairobi [sur l’importation et la libre circulation d’objets à caractère éducatif, scientifique ou culturel], en définissant une politique nationale du livre, en construisant une véritable bibliothèque nationale, en JEUNE AFRIQUE


La Guinée reprend des couleurs

créant des points de lecture dans les quartiers, etc. Le budget global prévu pour CCML est estimé à 60 milliards de francs guinéens, soit environ 6 millions d’euros. Mais ce montant ne tient pas seulement aux financements publics et privés : si

salons seront organisés au fil de l’année : un salon des bandes dessinées, un salon international du livre jeunesse, une foire internationale du livre et des matériels didactiques et un salon du livre des langues africaines. L’année sera rythmée par des présentations

L’Unesco nous a demandé une vingtaine d’activités. Nous en réaliserons une centaine. un partenaire construit un point de lecture, nous allons le valoriser et le comptabiliser. La finalité, c’est d’avoir des réalisations. Pouvez-vous nous donner quelques temps forts de CCML ? En plus des 72 Heures du livre [du 23 au 25 avril, lire encadré], plusieurs

d’ouvrages, des forums, des formations, des concours et des manifestations culturelles. Par ailleurs, des points de lecture et des médiathèques nationales seront installés dans les communes de Conakry. Le 23 avril, outre l’inauguration de deux bibliothèques [lire pp. 90-91], nous allons lancer l’accès à une

bibliothèque numérique [YouScribe, bibliothèque en ligne créée par une start-up française. Pendant toute l’année CCML, l’abonnement mensuel sera de 10 000 francs guinéens, au lieu de 100 000 francs]. Pensez-vous que les jeunes peuvent se détourner du smartphone pour le livre ? Les livres en version papier et en version électronique se complètent. Il ne faut surtout pas freiner les jeunes, qui vivent dans leur époque, mais leur expliquer que, dans l’univers des technologies, il y a aussi un temps pour lire. Pour cela, il faut disposer des outils nécessaires [applications, livres numériques]. Et tant mieux s’ils peuvent les trouver dans leur smartphone. Propos recueillis à Conakry par DIAWO BARRY

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Le Plus de JA La Guinée reprend des couleurs

L’idole des jeunes? un duo d’acrobates guinéens. « Guinée is back! se réjouit Siaka Barry. Je veux rendre la culture au peuple [célèbre phrase d’Alpha Condé], comme au début de l’ère Sékou Touré, avant les purges, lorsque nos artistes faisaient des tournées dans le monde entier. »

Dynamique, accessible et populaire selon les uns. Démagogue et pas assez impliqué selon les autres. En tout cas, le ministre de la Culture et des Sports, Siaka Barry, fait parler de lui.

MARABOUT. Pourtant, les critiques

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Au Musée national, fin janvier.

É

lancé, élégant, le sourire charmeur, la petite quarantaine… Douze mois après son entrée au gouvernement, le ministre de la Culture, des Sports et du Patrimoine historique a commencé l’année en recevant le prix du Meilleur Ministre lors des Rétrospective People Awards de la Radio télévision guinéenne (RTG) et celui de Ministre de l’année 2016, décerné par l’Institut guinéen de sondage d’opinion (Igso), à la mi-janvier. « Comme beaucoup de Guinéens, je viens du ghetto, je ne l’ai pas oublié, et je dédie mon prix à la jeunesse de mon pays », a lancé le quadra à la foule mondaine conviée pour l’occasion au Palm Camayenne, après avoir pris soin de remercier son équipe. Ministre démagogue ? Diawo Diallo, son attaché de communication, un geek de 26 ans spécialiste des réseaux sociaux, dément. « Pas du tout. Il est très accessible. Je l’ai connu sur Facebook en lui donnant de petits conseils, notamment de discrétion, même si j’aimais bien son franc-parler. Et il a apprécié. J’habitais à N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

fusent. « Il aime plus le football que les livres », raille un diplomate qui l’accuse de ne pas s’occuper suffisamment de l’événement Conakry Capitale mondiale du livre 2017 (lire pp. 90-91). Mêmes grincements de dents chez certains animateurs culturels lorsque l’on déplore son absence lors d’une représentation. « On essaye de me coller une fausse image. C’est vrai, je ne suis pas issu du sérail. Mon père était marabout, j’ai grandi dans un petit village près de Kankan, dans une fratrie de vingt enfants, on mangeait à peine un repas par jour. En plus, je suis un grand sportif… » rétorque le ministre – qui a d’ailleurs relancé le Tour cycliste de Guinée. Il n’en est pas moins titulaire d’un DEA en économie du développement, obtenu à l’Université catholique de Louvain (UCL), en Belgique, et était par ailleurs coordinateur national du Programme sectoriel de l’éducation (PSE) de septembre 2011 jusqu’à sa nomination au gouvernement, en janvier 2016. Il se murmure que le président Alpha Condé croit en lui. « Je suis né un 14 juillet. Je suis pétri des grands principes de la Révolution française ; mon livre préféré, c’est Les Misérables, poursuit Siaka Barry. Pour moi, la liberté et l’égalité entre les hommes

Abidjan, je n’avais plus de travail. Il m’a proposé de venir à Conakry pour m’occuper de sa com. » Siaka Barry (41 ans) est en adéquation avec les jeunes générations. Il admire Thomas Sankara, aime le reggae, adore passer du temps au « grin » à discuter avec les gamins des quartiers populaires… Ministre porte-bonheur ? Même si ce n’est pas forcément dû à son action, ces derniers Il a grandi dans une fratrie mois, les jeunes artistes et de 20 enfants et intellectuels guinéens se sont fait remarquer. À la fin ne fait pas partie du sérail. de septembre 2016, Hakim Bah, écrivain de 29 ans, a remporté la passent avant tout. Je veux redonner aux troisième édition du prix RFI Théâtre avec jeunes le goût de lire, pour qu’ils aient les sa pièce Convulsions. En novembre, le moyens de se forger une opinion. C’est ça, la démocratie. » Son objectif, aux sports chanteur Soul Bang’s, 24 ans (lire pp. 114115) a remporté le prix Découvertes RFI, comme à la culture, c’est de dénicher de tandis qu’un autre Guinéen, Kandia nouveaux talents et de les soutenir (en Kora, 27 ans, est arrivé troisième. Enfin, développant des partenariats dans les à la mi-décembre, la première saison de écoles, en créant des centres pour les arts, l’émission de télévision panafricaine la culture, en rénovant des stades…) pour éviter qu’ils ne s’en aillent en Europe. L’Afrique a un incroyable talent s’est conclue par la victoire des Frères Sylla, FRANÇOIS-XAVIER FRELAND

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La plus grande et la plus ancienne université privée de Guinée

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L’ambition de l’excellence et de la modernité n Un établissement ayant la triple ambition : • de proposer des formations aussi bien générales que professionnelles ; • de moderniser ses méthodes d’enseignement et sa gestion (NTIC) ; • de contribuer au développement du pays. n La seule université privée véritablement pluridisciplinaire de Guinée, offrant une large palette de formations : >>> Cinq Facultés : • Lettres et Sciences humaines (Anglais, Arabe, Français, Journalisme/Communication, Sociologie) ; • Sciences (Sciences informatiques, Techniciens de laboratoire) ; • Sciences économiques et de gestion ; • Sciences juridiques et politiques ; • Sciences médicales et paramédicales (Médecine, Pharmacie, Infirmiers d’État, Sagesfemmes) ; >>> Une École polytechnique formant en cinq ans des ingénieurs de conception (Génie civil, Génie électrique, Génie informatique, Génie minéral, Réseaux et Télécommunications) ;

>>> Un Institut professionnel préparant à des licences professionnelles et à des BTS du secteur tertiaire ; >>> Un Service des Études avancées proposant 14 mastères en : Droit et Sciences politiques, Sciences économiques et de gestion, Sciences sociales, Sciences informatiques mais aussi, après les épreuves que la Guinée a traversées, en Sciences maïeutiques et Santé publique. n Une université ouverte au monde : u offrant au sein de sa Maison des langues, en partenariat avec des instituts officiels étrangers, des enseignements d’allemand (Institut Goethe), chinois (Institut Confucius), espagnol (Institut Cervantès), français (Institut français)… ; u accueillant une chaire UNESCO consacrée à la Gestion de l’Environnement et au Développement durable ; Dr Ousmane KABA Président-Fondateur Docteur d’État ès Sciences économiques, Université de Paris I (Panthéon-Sorbonne), Diplômé de l’Université de Harvard (Boston).

coopérant étroitement avec l’Organisation mondiale du Commerce (OMC). u

n Un établissement inséré dans le milieu économique et social guinéen et ayant noué des relations de coopération interuniversitaire au niveau national, régional (université Cheikh Anta Diop de Dakar, université Houphouët Boigny d’Abidjan…) et international (université de Coimbra, Portugal…). n Une université en forte expansion, soucieuse de répondre aux attentes de ses étudiants : • en améliorant la qualité de la formation ; • en développant ses capacités d’accueil, tant physiques (constructions, bibliothèque « papier ») que « virtuelles » (services numériques aux usagers : site institutionnel avec bibliothèque et cours en ligne, équipements informatiques à la disposition des étudiants, Intranet, bibliothèque virtuelle…).

Pr Daniel GOUADAIN Recteur HEC (Paris), Docteur ès Sciences de gestion, Agrégé des Facultés de Droit et des Sciences économiques et de gestion.

Le mot du Président-Fondateur,

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« Mon objectif est de m’assurer que les Jeunes que nous formons seront prêts à affronter la révolution technologique du 21e siècle en s’appuyant sur des connaissances universelles solides tout en gardant leurs racines culturelles. » « En conjuguant Africanité et Modernité, l’Université participe efficacement au développement et au renouvellement qualitatif de la société dont elle est l’émanation. Cette quête n’est réalisable que si les acteurs et les partenaires du système éducatif croient en la vertu de l’honnêteté et de l’effort intellectuel, en toute occasion. »

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Le Plus de JA

Dans la magie du Petit Musée Du Théâtre de poche au Bar bleu en passant par sa galerie et sa cour foisonnantes, le centre culturel privé fait la part belle à l’art contemporain et au spectacle vivant.

L

orsqu’on entre au Petit Musée, on a l’impression de pénétrer dans une grotte secrète. Le décor de faux rochers peints en bleu, créé par l’artiste sud-africain Prince Malatsi, en fait un lieu unique, à mi-chemin entre le conte de fées et le film fantastique. Tel un labyrinthe, il happe le visiteur pour le conduire jusqu’aux voix puissantes qui s’élèvent du Théâtre de poche. Ce jour-là, la troupe de Prince Malatsi, The Messengers of Messages, répète son spectacle Les lions lisent et font rire. Une vingtaine d’artistes, pour la plupart polyvalents – comédiens, musiciens, danseurs ou contorsionnistes –, s’activent sur les planches au rythme des tambours. « Notre troupe est souvent en résidence au Petit Musée car nous partageons les mêmes valeurs, explique

la comédienne et chanteuse burkinabè Stella Aicha Sagnon. Nous sommes des touche-à-tout, c’est dans notre ADN, et Le Petit Musée est un endroit multiculturel, où les artistes se croisent et créent des liens. » Situé dans le quartier de La Minière, sur la commune de Dixinn, ce centre culturel privé a été fondé en 1998 par l’artiste Fifi Tamsir Niane (lire ci-dessous). Depuis, il a vu passer toutes sortes d’artistes. Peintres, plasticiens et photographes ; comédiens, danseurs et musiciens ; poètes, conteurs ou humoristes ; écrivains, réalisateurs et dramaturges ; Africains, Européens ou Américains… « Ce qui importe, ce n’est pas leur carte d’identité, c’est leur esprit. Tous ceux qui sont passés ici ont contribué à soutenir les arts en Guinée. Je suis fière de voir mon enfant devenu

adulte, capable de voler de ses propres ailes », confie Fifi Tamsir Niane, qui réside depuis peu à Brazzaville (Congo) mais est revenue dans sa ville natale pour les préparatifs de l’événement Conakry Capitale mondiale du livre 2017 (lire pp. 90-91), dont elle est vice-commissaire et directrice artistique. GRANDE FAMILLE. En septembre 2015,

Fifi Tamsir Niane a confié la direction de son Petit Musée à une amie, la Française Isabelle Dalmau-Bucheton. Cette dernière est secondée par la comédienne Hadja Djariou Bah, qui a récemment joué dans La Tribu des gonzesses, de Tierno Monénembo. « Djariou est une excellente comédienne et c’est aussi une fille très sérieuse. Le contact passait bien, alors je lui ai proposé tout naturellement d’être mon adjointe, et je ne le regrette pas ! » se félicite Isabelle Dalmau-Bucheton. Les spectacles s’enchaînent, les expositions aussi, notamment celles des artistes en résidence. Depuis la première édition du Trophée protecteur des arts et cultures (TPAC), en 2013, le Petit Musée décerne

Fifi Tamsir Niane

Q

uand elle parle de son pays, elle dit « notre Guinée ». Avec parfois une pointe de nostalgie, cette brisure de l’éternelle exilée qui, lorsqu’elle était enfant, a dû quitter sa terre natale pour fuir au Sénégal le régime de Sékou Touré. Ce qui la privera de son père, emprisonné pour conspiration en novembre 1961, juste avant sa naissance. « J’avais trois ou quatre ans lorsque je l’ai vu pour la première fois, se souvient Fifi Tamsir Niane. Il m’en reste une sensation de force, de mouvement autour de moi. Depuis, toute ma vie est liée à ce père intellectuel, dont on dit que je suis le portrait craché. » Même silhouette élancée, élégante, un rien aristocratique. Comme sa sœur Katoucha – l’ex-égérie du couturier Yves Saint Laurent, qui fut retrouvée noyée dans la Seine, en banlieue parisienne, en février 2008 –, Fifi Tamsir Niane a N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

toujours eu l’allure d’une princesse peule. Ex-épouse de l’ancien ministre NabiYoussouf Kiridi Bangoura, elle s’est remariée, en juillet 2016, à 54 ans, avec l’ancien ambassadeur de France en Guinée, Bertrand Cochery, désormais en poste à Brazzaville, où le couple réside depuis quelques mois. Vice-commissaire de Conakry Capitale mondiale du livre, elle est rentrée à Conakry depuis le début de janvier pour préparer l’événement, qui sera lancé le 23 avril. Peintre, comédienne, dramaturge, réalisatrice… FifiTamsir Niane est tellement polyvalente qu’il est difficile de la résumer en quelques mots. Elle a eu la chance de croiser sur son chemin de grands noms du cinéma et du théâtre universel, comme le Britannique Peter Brook, qui la fit jouer dans sa pièce Mahabharata, en 1985. Elle croit au destin, qu’elle n’a jamais cessé de provoquer. « Un jour,

Fifi Tamsir Niane et Isabelle Dalmau-Bucheton.

j’ai appelé Jean Rouch à son bureau du Musée de l’homme, il a répondu. On a tout de suite accroché. J’ai participé à plusieurs de ses films. » Elle jouera dans Dionysos (sélection

officielle au festival deVenise en 1984) et coréalisera avec lui Bac ou Mariage (1989), une pièce qu’elle a écrite avec Gérard Noyer en 1987. Mystique, elle évoque une « force supérieure » JEUNE AFRIQUE


le prix Bicigui amie des arts (en partenariat avec la filiale locale de BNP Paribas), dont le lauréat 2016, le plasticien Sékou Oumar Thiam, a été exposé du 14 janvier au 13 février dans sa galerie. Après avoir vérifié dans la salle d’exposition que les photos étaient bien mises en valeur, Hadja Djariou Bah passe à l’atelier de menuiserie, où Ibrahima et Alseny Bah scient, poncent et rabotent le khari (bois veiné jaune) pour réaliser des meubles au design unique, vendus dans la boutique du centre culturel. Elle rejoint ensuite sa complice Binta Boubacar Diallo: la talentueuse cuisinière assure le service au Bar bleu lors des vernissages et concocte les bons petits plats des soirées Jeux’dis Arts. « Tous les jeudis, autour d’un thème différent, on mixe les arts, on mange, on boit, on écoute de la musique traditionnelle mandingue, explique Hadja Djariou Bah. C’est le côté convivial. Ici, tout le monde se mélange! » Le Petit Musée, c’est décidément une grande famille, régie par un système quelque peu matriarcal.

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FRANÇOIS-XAVIER FRELAND

lorsqu’elle parle de sa carrière, ou de l’évolution du Petit Musée depuis sa création, en 1998, son « enfant devenu adulte », sans doute sa plus grande fierté. F.-X.F. JEUNE AFRIQUE

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La Guinée reprend des couleurs

Djibril Tamsir Niane

I

l habite toujours la même maison, dans le quartier La Minière, derrière sa bibliothèque. Le célèbre historien, qui a célébré ses 85 ans en janvier, est tel un vieux capitaine qui jamais ne quittera son navire. « J’ai moi-même sauvé des flammes des ouvrages rares et mes bandes d’enregistrement », raconte-t-il. En effet, le bâtiment a été détruit par un incendie en 2012. Mais, grâce à la volonté du président Alpha Condé et à des financements du ministère de la Culture, la bibliothèque du professeur DjibrilTamsir Niane vient d’être reconstruite, et elle sera inaugurée au mois d’avril, lors du lancement de Conakry Capitale mondiale du livre. Tout a commencé à la fin des années 1950, alors que le brillant étudiant en histoire à

l’université de Bordeaux (France) préparait son mémoire sur l’empire du Mandé. « On disait alors qu’il n’en restait aucune trace puisque c’était de tradition orale, expliquet-il. J’ai décidé d’aller à la source, j’ai fait le tour des villages de la sous-région, j’ai écouté les récits des griots… Et c’est comme ça que j’ai écrit Soundjata », (Soundjata ou l’épopée mandingue, publié en 1960 par Présence africaine). En 1966, à Abidjan, avec son ami burkinabè Joseph Ki-Zerbo, mais aussi avec le Sénégalais Cheikh Anta Diop et le Malien Hampâté Bâ, il fait partie du premier comité scientifique pour la rédaction de l’Histoire générale de l’Afrique. Le médiéviste en codirige avec Joseph Ki-Zerbo le volume IV, relatif à l’époque des grands empires africains du

XII e au XVI e siècle. Sa maison devient « un lieu de visitation », comme le décrit sa fille Fifi, où se rencontrent les intellectuels (Maryse Condé, Sarah Maldoror, Cheikh Hamidou Kane…). Aujourd’hui encore, devant la longue table du séjour, son épouse reçoit les visiteurs avec un large sourire avant de s’éclipser. Comme elle, Djibril Tamsir Niane est discret, surtout lorsqu’on lui demande de raconter sa vie, de parler de ses années d’emprisonnement au sinistre camp Boiro au début des années 1960, du décès tragique de « la si belle Katoucha », sa fille aînée, en 2008. Sur la bibliothèque, plusieurs photos d’elle trônent à côté de ses trophées d’historien. Son regard devient humide. Trop d’émotion. Cette histoire-là, il la garde pour lui. F.-X.F. N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

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Un partenaire de poids de l’économie guinéenne COMPAGNIE DES BAUXITES DE GUINÉE

Au titre de l’année 2016, la production minière a participé à hauteur de 18 % au PIB de la Guinée, dont 14 % pour la seule contribution de la Compagnie des Bauxites de Guinée. La Guinée possède deux tiers des ressources bauxitiques du monde et la CBG détient environ 70 % des ressources bauxitiques du pays.

Chargement de bauxite à la Mine de Sangaredi.

60 000 70 000

à tonnes / jour

PUBLI-INFORMATION

La bauxite de Guinée alimente : - le Canada, - les USA, - la France, - la Chine, - l’Inde, - l’Espagne, - l’Irlande du Sud

49

% DÉTENUE À PAR L’ÉTAT GUINÉEN

L

La bauxite est stockée, avant d’être acheminer par les roue-pelles vers les tapis convoyeur.

a Compagnie des Bauxites de Guinée est le fleuron de l’économie guinéenne depuis 40 ans. En effet, 80 % des devises de la Guinée proviennent des résultats de l’entreprise qui a apporté au pays autour de 150 millions de dollars au titre de l’année 2015. Depuis quelques années la CBG atteint une vitesse de croisière en terme d’expédition. L’année 2016 a été la meilleure année de production en 40 ans, avec 15 855 000 tonnes de bauxite expédiée à 3 % d’humidité. À ceci s’ajoute une autre performance historique depuis 2006 en matière de coût de production. ■

Des projets de développement majeurs Depuis trois ans, la CBG a entrepris un vaste programme d’extension en plusieurs phases, pour doubler à terme sa capacité de production. ➤ Phase 1 : passer la production de 15 à 18,5 voire 19,5 millions tonnes par an à l’horizon 2018 ➤ Phase 2 : augmenter la pro-

duction à 23,5 millions tonnes par an à l’horizon 2019-2020 ➤ Phase 3 : atteindre une production de 28,5 millions de tonnes par an à l’horizon 2023 Pour financer ce Projet, la Compagnie des Bauxites de Guinée a obtenu d’importantes institutions inter-


Plus de 10 km de tapis convoyeur permettent d’acheminer la bauxite vers le quai minéralier.

Les plateaux bauxitiques sont reboisés après exploitation.

nationales de financement telles que l’IFC, l’OPIC et l’UFK, un prêt de près d’un milliard de dollars. De ce fait, la CBG s’est engagée à respecter les standards très exigeants de ces institutions financières notamment en termes de Responsabilité Sociétale des Entreprises, de Santé et de Sécurité des travailleurs et de protection de la biodiversité.

La bauxite est transportée de la Mine de Sangaredi à l’usine de Kamsar par un réseau férroviaire de 135 km.

Le projet d’extension de la production de la CBG permettra d’augmenter les capacités de production de la mine, du chemin de fer, de l’usine de traitement, du port, des centrales électriques, de générer des emplois et d’accroitre les revenus de l’État Guinéen. ■

Souleymane TRAORÉ, Directeur général de la CBG.

La CBG assume sa responsabilité sociétale

Ces projets sont octroyés à des sociétés locales et la CBG en assure le suivi de leur

Siège de la Compagnie à Kamsar. Rénovation et extension du centre de santé de Kayenguissa (préfecture de Boké).

CONTACT : Construction de l’école primaire de Songolon (préfecture de Boffa).

réalisation. La compagnie a également mis en place des équipes

dédiées aux relations avec les différentes communautés rurales.

Mail : infocbg@cbg-guinee.com CONAKRY Tél. : (+224) 30415018 KAMSAR Tél. : (+224) 30327202

www.cbg-guinee.com

DIFCOM/FC - Photos : DR

La CBG participe à des projets de développement communautaires dans les préfectures de Boké, de Télimélé et de Gaoual. Au titre de ces projets, la CBG construit chaque année des écoles, postes de santé, infrastructures routières et sanitaires. La CBG réalise tout cela en partenariat avec les communautés rurales qui identifient les projets locaux qu’elles souhaitent réaliser.


Le Plus de JA La Guinée reprend des couleurs

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En centre-ville, on s’active pour rénover les espaces publics.

GESTION URBAINE

Grand nettoyage Un vaste chantier d’assainissement est en cours à Conakry. Et il y a du travail… Objectif : libérer la ville des embouteillages et, surtout, des monceaux de déchets qui la défigurent.

P

our que Conakry puisse être aménagée et commence à ressembler à une métropole, Louncény Camara, le ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire (nommé en mai 2015 et reconduit dans le gouvernement Youla), a engagé fin 2015 un vaste programme de lutte contre l’occupation illégale des domaines de l’État. Depuis, dans tous les quartiers – à commencer par ceux de Kaloum, au centre-ville –, nombre de maisons, boutiques et lieux de cultes sont chassés à coups de bulldozers des sites qu’ils occupaient sans autorisation. Une opération qui devait, après la saison des pluies, se poursuivre dans les autres communes. Nommé à la tête du gouvernorat de Conakryenmars2016,legénéralMathurin Bangoura, ex-ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, veille à remettre de l’ordre dans les rues asphyxiées de la capitale, N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

afin que les espaces publics ne soient pas annexés par les constructions et les étals sauvages, que les principaux axes de circulation soient libérés des embouteillages et, surtout, que la ville se débarrasse des tas de déchets qui la défigurent. MÉLI-MÉLO. C’est sur l’échangeur menant

au marché Madina, le plus grand du pays, que le gouverneur de Conakry est à la manœuvre ce matin-là. Il donne des instructions pour fluidifier la circulation, demande aux uns d’interpeller un conducteur mal stationné, envoie les autres débloquer un bouchon qui s’est formé un peu plus loin… Comme presque tous les jours depuis un an, il a déserté son bureau de Kaloum pour se rendre avec ses hommes de la police communale sur le front, dans les quartiers du centre-ville comme dans ceux de la banlieue, où ils livrent bataille

contre les embouteillages, l’occupation anarchique de l’espace public et l’insalubrité. Ses troupes, dont la journée commence à 7 heures et finit à 23 heures, ont déjà réussi à libérer la passerelle de Madina des ordures qui l’envahissaient. Elles ont aussi fait déguerpir le méli-mélo de vendeurs et de quémandeurs qui bloquait la circulation des véhicules comme celle des piétons, et où les pickpockets s’en donnaient à cœur joie. « Il y avait partout des nids de bandits que nous avons cassés », explique le gouverneur. Et de s’interrompre aussitôt. « Ce pont risque de céder bientôt! » alerte-t-il en se penchant pour montrer une partie de l’ouvrage dégradée par les feux que des riverains ont allumés, une solution adoptée par certains Conakrykas pour se débarrasser des montagnes d’immondices. En effet, alors que la ville est encore sous-équipée en matière de collecte et de stockage des déchets (une seule grande décharge, pas d’unité de traitement et de recyclage), nombre de ses habitants jettent n’importe où leurs ordures ménagères et déchets en tous genres. Pour les éliminer, certains y mettent le feu, multipliant les risquesd’incendies.Etauxproblèmessanitaires et environnementaux engendrés JEUNE AFRIQUE


PUBLI-INFORMATION

Banque Centrale de la République de Guinée

Banque Centrale de la République de Guinée

Vers un nouveau système d’informations sur le Crédit (SIC)

A

près la mise en service de l’ensemble des composantes (Télé-compensation, Règlements Bruts en Temps Réel et Gestion Automatisée des Titres de Créances) de son projet de modernisation du Système National de Paiement, la Banque Centrale consolide sa politique d’approfondissement du secteur financier par la mise en chantier d’un Système d’Informations sur la Crédit (S.I.C) appelé à migrer ultérieurement en un Bureau d’Informations sur le Crédit. L’objectif visé à travers ce projet soutenu par la Banque Mondiale, est d’améliorer l’environnement des affaires et favoriser un meilleur accès au crédit des PME/PMI et des particuliers. Le Système d’Informations sur le Crédit devrait favoriser un meilleur classement « Doing Business » du pays et impulser davantage la bancarisation de l’économie en offrant des conditions de financement plus favorables aux agents économiques. Le nouveau Système d’Informations sur le Crédit sera une base de données sur la clientèle bancaire et de micro-finance (personnes physiques ou morales) alimentée par les institutions financières (banques, établissement de crédit-bail et Institutions de Micro-finance) et non bancaires (Télécom, grands distributeurs, opérateurs d’eau et d’électricité, etc.)

Le lancement officiel du projet a eu lieu le mardi 1er Décembre 2015, à la Banque Centrale à Conakry. Il comporte plusieurs activités dont notamment une étude technique visant à définir les contours opérationnels, technologiques, juridiques et réglementaires d’un SIC conforme aux standards internationaux, l’acquisition des équipements ; les réformes légales nécessaires au bon fonctionnement du SIC et la formation/ sensibilisation des parties prenantes. Le déploiement du SIC se fera en trois jalons : ! Jalon A : banques et IMF déjà informatisées ! Jalon B : IMF non informatisées, opérateurs télécoms, Bilans des PME ! Jalon C : évolution du SIC au BIC (Bureau d’Information du Crédit) En 2016, plusieurs actions ont été entreprises et exécutées, notamment le recrutement d’un consultant technique, l’étude de l’existant et une collecte des besoins du SIC, le Benchmarking des expériences de SIC au Maroc et en Tunisie, l’acquisition d’une solution (SIC) capable d’évoluer vers un BIC (Crédit bureau). Pour cette dernière action, C’est le Cabinet BFI International de Tunisie qui est retenu. Le lancement des travaux de mise en place du SIC est prévu pour ce mois de Février 2017. La solution proposée assure une gestion adéquate des clients, garantit la fiabilité de leurs identités et permet de contenir les risques d’homonymie. Elle couvre une panoplie d’informations élargies (positives et/ou négatives) sur l’historique de paiement des emprunteurs et offre des solutions de connectivités variées à la disposition des banques, institutions de micro-finance, (Sociétés de Téléphonie et d’Eau pour la transmission et la consultation de données).

L Louncény NABE, Gouverneur de la BCRG. G

www.bcrg-guinee.org


Le Plus de JA La Guinée reprend des couleurs par les déchets viennent s’ajouter ceux des fumées toxiques dégagées par les brasiers… Mais Mathurin Bangoura semble bien déterminé à poursuivre les actions engagées pour assainir la ville. Il compte aussi beaucoup sur la sensibilisation de ses concitoyens et espère faire changer les mentalités des Conakrykas. RAS-LE-BOL. Ce problème d’insalubrité a

pris de telles proportions que des activistes s’en sont emparés, comme la blogueuse Fatoumata Chérif. Depuis décembre 2016, ellealancéunecampagne«SelfieDéchets» sur les réseaux sociaux : elle y poste des photos ou vidéos « chocs » où elle pose devant des tas d’ordures pour dire son ras-le-bol des nombreuses décharges à ciel ouvert qui souillent les rues et les plages de la capitale. Fin 2016, le gouverneur a créé une police verte : un contingent de 200 contractuels sommairement formés, constitué pour surveiller les espaces

verts ou déguerpis afin de les maintenir propres et d’empêcher qu’ils soient réinvestis. Ces agents rappellent à l’ordre les citoyens qui ne respectent pas les règles de salubrité et apportent une aide considérable dans la régulation de la circulation. Pour assurer ces missions, le gouvernorat dispose d’un budget annuel

Pour marquer la volonté d’embellir l’agglomération, la première édition de Conakry, ville lumière a été organisée du 20 décembre 2016 au 5 janvier 2017 : les ronds-points, les édifices publics et les artères principales étaient tous illuminés, « histoire de changer de décor pour marquer le passage à la nouvelle année, comme on le fait dans les autres Depuis fin 2016, une police verte grandes villes », rappelle à l’ordre ceux qui ne explique Mathurin Bangoura. respectent pas les règles de salubrité. Un aménagement qui se veut plus durable : des plants de de 25 milliards de francs guinéens (moins de 2,5 millions d’euros), que Mathurin palmiers – qui commencent à se faner Bangoura estime insuffisant : il en fausous l’effet du soleil – ornent désordrait le double pour couvrir les cinq mais le trottoir longeant l’autoroute communes de la capitale. En attendant Fidel-Castro, l’un des axes les plus des moyens financiers et humains plus importants de Conakry, tandis que les importants, le gouvernorat a installé des grands carrefours, comme l’échangeur de poubelles sur les principales artères du Moussoudougou, à l’entrée de Kaloum, centre-ville, à Kaloum, où il concentre ont été peints et agrémentés de gazon. ses effectifs, ainsi que dans la commune En espérant que leur entretien suivra. DIAWO BARRY de Matam, au marché de Madina.

LE RÉSEAU ROUTIER VU PAR LES RÉSEAUX SOCIAUX

M

auvais état des routes oblige, les Guinéens les plus aisés choisissent sans hésiter de prendre un vol Conakry-Bamako pour rejoindre les préfectures de Haute-Guinée, dont la capitale régionale, Kankan, n’est pourtant qu’à 640 km de Conakry par la nationale 1 (RN1). Face à la dégradation du réseau routier national comme de la voirie urbaine, dans tout le pays, l’Association des blogueurs de Guinée (Ablogui) a lancé fin novembre 2016 la campagne #MontronsNosRoutes. De rues bitumées crevassées en chaussées de terre transformées en couloirs de boue, d’énormes nids-depoule en tronçons devenus impraticables, le réseau routier vu par les réseaux sociaux est dans un état de délabrement alarmant. « Nous montrons le calvaire des usagers de la route à N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

travers des photos et vidéos qui parlent plus que les mots. C’est un moyen pour mettre la pression et attirer l’attention des autorités », explique le chargé de communication de l’Ablogui, Ibrahima Kalil Diakité. Presque chaque jour, le hashtag #MontronsNosRoutes

affiche de nouveaux clichés ou vidéos, comme celui de jeunes tirant à la corde un taxi-brousse embourbé à Mali-Yembéring (préfecture du Nord), posté le 24 novembre 2016 par le blogueur Alimou Sow. Sa légende : « Sur les routes de Guinée, les voitures sont tenues en laisse. » Le mois

suivant, il publiait sur Ma Guinée plurielle un billet relatant son « voyage éreintant » de 430 km entre Conakry et Labé. Ces observateurs-citoyens assurent que leur campagne se poursuivra jusqu’à ce qu’ils constatent « des signes forts et crédibles » D.B. de changement.

Dans les locaux de l’Ablogui.

YOURI LENQUETTE POUR JA

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JEUNE AFRIQUE


COMMUNIQUÉ

SOGEAC AÉROPORT DE CONAKRY

L’aéroport international de Conakry en pleine croissance A

fin de promouvoir la fréquentation de l’aéroport de Conakry, les différents acteurs du Transport Aérien de la Guinée (le Ministère des Transport, la Direction Nationale de l’Aviation Civile et la Société

de Gestion et d’Exploitation de l’aéroport de Conakry (SOGEAC) ont mené des campagnes de rencontres avec les compagnies aériennes, au cours des années 2014 à 2016 pour que la Guinée soit mieux connectée au

monde. Grâce aux efforts conjugués de tous, l’aéroport de Conakry enregistre depuis le troisième trimestre 2016, un accroissement significatif de son trafic avec l’arrivée de cinq nouvelles compagnies :

Compagnie Aérienne

Date de début des vols

Nombre de vols par semaine

Parcours

GROUP TRANSAIR

17 septembre 2016

3 vols

Dakar-Conakry-Dakar

EMIRATES

30 octobre 2016

4 vols

Dubai-Conakry-Dakar-Dubai

AIGLE AZUR

31 octobre 2016

4 vols

Paris (Orly)-BamakoConakry-Bamako-Paris (Orly)

TURKISH AIRLINES

30 janvier 2017

2 vols

Istanbul-OugadougouConakry-Ouagadougou-Istanbul

ETHIOPIAN AIRLINES

02 février 2017

4 vols

Addis Abeba-AbidjanConakry-Abidjan-Addis Abeba

C

es compagnies aériennes offre aux voyageurs d’affaires et de loisirs de la Guinée une connectivité au sein de leurs réseaux respectifs vers plusieurs destinations en Afrique, en Europe, au Moyen Orient, en Asie de l’Ouest et d’Extrême Orient, avec

SOGEAC AÉROPORT DE CONAKRY

des escales à travers les HUB de Paris, de Bruxelles, de Casablanca, de Dubai, d’Istanbul, de Lomé et d’Addis Abeba. Ces nouvelles dessertes vont conduire les compagnies aériennes à se réorganiser pour multiplier leurs vols jusqu’à dépasser la fréquence d’un

vol quotidien et à ouvrir la concurrence entre elles au bénéfice des voyageurs. Tout cela a été rendu possible grâce à la politique d’ouverture prônée par son Excellence Monsieur le Président de la République, le Professeur Alpha CONDE et son Gouvernement.

SOCIÉTÉ DE GESTION ET D’EXPLOITATION DE L’AÉROPORT DE CONAKRY BP 3126 – Conakry, République de Guinée - Tél. : (+224) 656 99 90 10 E-mail : contact@sogeac-conakry.com - www.aeroportdeconakry.com

DIFCOM/DF- PHOTOS : DR SAUF ILLUSTRATION DE FOND : STEVE MANN - FOTOLIA

Nous avons l’espoir que les compagnies Tunis Air et Rwanda Air vont commencer la desserte au cours du deuxième trimestre 2017.


PUBLI-INFORMATION

MINISTÈRE DES MINES ET DE LA GÉOLOGIE DE GUINÉE La croissance minière au service de la Guinée Création d’un cadre propice à l’environnement, meilleur suivi des activités minières, amélioration des connaissances géologiques et renforcement des capacités … M. Abdoulaye Magassouba explique comment la Guinée multiplie les efforts pour augmenter l’impact du secteur minier sur l’économie nationale.

M. Abdoulaye Magassouba, ministre des Mines et de la Géologie de Guinée.

“ Notre ambition est de tripler nos performances ”

La Guinée capitalise sur l’amélioration de son environnement des affaires pour accroître sa production minière et devenir, enfin, un géant mondial du secteur.

Ministère des Mines et de la Géologie de Guinée Immeuble OFAB Almamya, Kaloum - BP 295 Conakry, République de Guinée Tél. : (+224) 631416042

La Guinée souhaite doubler sa production de bauxite à l’horizon 2018, la tendance actuelle le permet-elle ? Les perspectives d’évolution du secteur minier sont très bonnes. Notre ambition de tripler nos performances à 66 millions de tonnes de bauxite d’ici 2018 est justifiée si l’on considère les 18 millions de tonnes produites en 2015 et les 30 millions de tonnes réalisées en 2016. En s’appuyant sur la bonne conjoncture du marché mondial et sur nos efforts pour faire aboutir les investissements des sociétés telles, d’une part CBG et SMB, en activité et d’autre part GAC, COBAD, SBG ou ALUFER en projet pour atteindre cet objectif. Comment l’amélioration de l’environnement des affaires permet-t-elle d’atteindre ces résultats ? D’abord, il y a lieu de rappeler que pour améliorer le cadre d’investissement et faciliter les démarches des sociétés minières, nous avons assuré la mise en place d’un guichet unique et favorisé la mutualisation des infrastructures pour les sociétés dans le corridor Nord-Ouest. Cela a favorisé des investissements de plus de deux milliards de dollars dans la région de Boké. À cela s’ajoutent l’assainissement et la modernisation du cadastre minier effectués en 2016, et la clôture l’an dernier, du processus de revue des conventions et titres miniers, entamé en 2012. Qu’est ce qui doit encore être amélioré ? L a p r ior it é e s t d e f ina l i se r l e s te xte s d’application du code minier et de restructurer le Ministère des Mines et de la Géologie, selon les recommandations d’un audit récent. En effet, le secteur demeure confronté à la nécessité de renforcer les capacités des ressources humaines, d’améliorer les connaissances géologiques et d’accroître les infrastructures. Toutefois la récupération de données géologiques ou le lancement d’un programme de formation pluridisciplinaire tendent à réduire ces insuffisances. D’une

manière générale, la Guinée a franchi des paliers critiques depuis six ans en termes d’amélioration du climat des affaires. Pour communiquer et échanger sur ces avancées significatives, nous organisons à Conakry, le 5e Symposium Mines Guinée du 9 au 11 mai 2017. Le dialogue est aussi tenu avec la société civile, notamment dans le cadre de la Table Ronde sur l’Initiative pour un Développement Minier Responsable (RMDI) qui a pris fin ce mois-ci. Comment accroître le contenu local, que souhaitez-vous ? Notre objectif est l’accroissement du contenu local et ce, avant même le démarrage des activités minières. Le plus important est le respect des conventions, lesquelles peuvent prévoir des dispositions qui favorisent une amélioration efficiente du contenu local. Le Ministère des Mines et de la Géologie pour marquer son implication dans cette problématique, s’est doté d’une Direction des Relations Communautaires et du Contenu Local. En collaboration avec le PNUD, nous travaillons à l’élaboration d’une politique de contenu local. Quel est l’apport de l’Or dans le secteur minier en Guinée ? L’or, au même titre que la bauxite constitue une source de revenu importante pour l’économie nationale. Dans le cadre de la diversification des activités du secteur, la réforme en cours du sous-secteur d’exploitation artisanale et semi-industrielle de l’or, qui emploie environ 200 000 Guinéens a été marquée par la Journée Nationale de l’Orpaillage, le 6 février 2017 à Kankan, sous l’égide du Pr Alpha Condé, Président de la République. Également, les allègements fiscaux consentis aux opérateurs de ce sous-secteur ont permis de doubler les exportations d’or à partir de la Guinée. Ce qui, en 2016, a généré 300 millions de dollars de recettes. Par ailleurs, notre ambition est de doubler la production d’or de la Guinée dans les cinq prochaines années.

CHIFFRES CLÉS BAUXITE

La production de bauxite pourrait passer de 18 à 66 millions de tonnes entre 2015 et 2018. Cette hausse va générer environ 6500 emplois directs et indirects en 2017 et plus de 15 000 en 2020. 4 milliards de dollars environ devraient êtres investis dans la filière durant cette période.


Le Plus de JA La Guinée reprend des couleurs

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YOURI LENQUETTE

Le Sheraton Grand Conakry, dans le quartier de Kipé. TOURISME

Les affaires reprennent pour les hôteliers La crise sanitaire passée, deux nouveaux établissements haut de gamme ont ouvert dans la capitale fin 2016.

E

n 2 0 1 3 o uv ra i t l e Pa l m Camayenne, premier cinqétoiles du pays (propriété de l’État, entièrement rénové par le groupe espagnol Unicon, qui en assure la gestion). L’année suivante, ce fut le tour du Millenium, également situé à Dixinn, sur la corniche Nord. Fin 2016, deux nouveaux établissements ont ouvert leurs portes : le Sheraton Grand Conakry, dans le quartier de Kipé, et le Noom Hotel, à Kaloum. Alors que le tourisme d’agrément est encore à l’état embryonnaire, que le pays se relève à peine de l’épidémie d’Ebola et que plus de 55 % de la population (27,4 % à Conakry) vit au-dessous du seuil de pauvreté, ces luxueux complexes ne sont-ils pas trop onéreux, trop grands et trop nombreux ? C’est la question que beaucoup se posent. JEUNE AFRIQUE

Pour les pouvoirs publics comme pour les gérants, ces établissements font partie du développement de l’infrastructure de la capitale, dont la capacité d’hébergement n’était pas à la hauteur. Générateurs de revenus, ils permettent d’accueillir une clientèle d’affaires et des réunions ou conférences de plus en plus nom-

la porte d’entrée pour découvrir le reste du pays, un complexe tel que le nôtre aide à positionner la destination sur la carte », assure Helga Deboeck, la directrice générale du Sheraton Grand Conakry.

CONTEMPORAIN. Construit sur le littoral nord de la capitale à quelques pas de la très chic cité internationale Plaza Diamant, Beaucoup se demandent si ces dans le paisible quartier complexes ne sont pas trop chics, résidentiel de Kipé, à la fois hors des embouteillages du trop grands et trop nombreux. centre-ville et à proximité de l’aéroport international de Gbessia, breuses depuis la relance des activités le Sheraton Grand Conakry a ouvert ses économiques, début 2016. Ils créent des emplois et attirent de nouveaux voyaportes en décembre 2016. Premier établissement en Afrique de l’Ouest du groupe geurs. « Nous sommes convaincus que ces américain Starwood Hotels & Resorts hôtels génèrent leur propre demande et ouvrent le pays à un plus grand nombre (filiale de Mariott International), ce cinqétoiles n’a lésiné ni sur la « grandeur » ni de clients internationaux. Conakry étant N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017


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Le Plus de JA (filiale du holding Teyliom, de l’ensur les services haut de gamme, avec trepreneur sénégalais Yérim Sow), 269 chambres et suites (qui ont toutes a été inauguré fin septembre 2016. vue sur l’océan), 1 300 m2 d’espaces de Le bâtiment en forme de paquebot réunions et de conférences modulables, un centre de fitness de 300 m2 (avec compte 187 chambres et suites sur cinq étages, un restaurant les pieds dans spa, sauna, hammam et jacuzzi), une piscine à débordement, deux restaul’eau (L’Adresse), deux bars, ainsi qu’un rants (Feast et Hot & Blue), une pâtiscentre de conférences d’une capacité serie (La Parisienne), un bar lounge de 500 personnes, légèrement à l’écart (O2 Lounge)… pour ne pas affecter la tranquillité des Dans tout l’établissement, le design clients. « Notre hôtel s’adresse plutôt à très contemporain rehaussé de une clientèle d’affaires, précise le directeur général du Noom, Jean-François quelques touches locales, notamment des tissus venant des quatre régions Rémy. Nous créons d’ailleurs des parnaturelles du pays, crée une atmostenariats avec les entreprises locales en leur proposant des contrats corporate, phère moderne, épurée et élégante. Le qui leur permettent de bénéficier de prix haut de gamme du bien-être, sans luxe ostentatoire. Même concept et même spéciaux – de 185 à 240 euros la nuitée – pour héberger leurs visiteurs, leurs constat côté restauration, où le chef collaborateurs ou leurs consultants », italien, Antonio Moreno, et son adjoint, Vijendra Kundun, proposent une cuipour la plupart ressortissants d’Afrique sine internationale – plutôt méditerrade l’Ouest (40 %) ou Occidentaux (60 %). néenne –, à laquelle ils ont su intégrer ROTATIONS. Si le nombre de toule meilleur des recettes guinéennes et ristes de loisirs qui choisissent des spécialités ouest-africaines. la destination Guinée est « Avec les produits locaux, encore anecdotique, on peut innover et Les entrées de depuis la fin de l’épis’adapter à la culture voyageurs étrangers démie d’Ebola, en culinaire du pays. Il enregistrées à l’aéroport de décembre 2015, la y a toujours un tréConakry sont passées de sor à découvrir ! » clientèle d’affaires, elle, est bien explique Antonio de retour. Une Moreno. Le chef, dizaine de comqui a exercé ses en 2015 à talents en Europe, pagnies aériennes aux État-Unis, aux desservent la capiÉmirats arabes tale : Air France, Brussels Airlines, Air unis et en Afrique, ne en 2016 Côte d’Ivoire, Royal Air manque pas de créativité pour cuisiner la patate Maroc, Mauritania Airlines… douce, le manioc, la Belle de Guinée D’autres transporteurs qui avaient (la célèbre pomme de terre du Foutasuspendu leurs rotations avec Conakry viennent de les reprendre – Emirates Djalon) ou le très prisé konkoé (poisson des côtes ouest-africaines). depuis octobre 2016, Ethiopian Airlines depuis février. PAQUEBOT. « Notre objectif est d’aller Mieux, deux nouvelles compagnies au-delà des attentes de nos clients, pour ont inauguré des liaisons régulières, le leur offrir une expérience nouvelle, français Aigle Azur (fin octobre 2016) et moderne, mémorable et s’imposer Turkish Airlines (fin janvier), et d’autres compagnies ont annoncé leur arrivée comme une nouvelle référence des en 2017, parmi lesquelles Rwandair services en Afrique de l’Ouest, explique et Goldstar Air, le nouvel opérateur Helga Deboeck. Nous avons constaté une réaction très positive dès l’ouverture ghanéen. « C’est la preuve que l’activité de l’établissement et sommes persuadés économique est en train de reprendre, souligne Jean-François Rémy. D’où que cela ne fera que croître au cours de l’intérêt d’ouvrir de nouveaux établiscette année 2017. » À Kaloum, centre administratif et sements, car l’offre hôtelière était vieillissante et il y a une réelle demande des affaires, sur le littoral sud de la d’hébergement. » presqu’île, le Noom Hotel, cinq-étoiles géré par le groupe hôtelier Mangalis DIAWO BARRY

25 300 60 000

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Cap sur les loisirs Encore anecdotique, le tourisme d’agrément pourrait se développer rapidement. Balnéaire, mémoriel, rural ou d’aventure… La palette est large.

L

a capitale guinéenne est certes loin d’avoir résolu ses problèmes d’aménagement (lire p. 100), mais elle est déjà transformée. Chaque jour, on répare la corniche. On commence à nettoyer les plages. De nouveaux hôtels ont apparu… Dès leur arrivée à l’aéroport international de Conakry-Gbessia, les voyageurs constatent le changement. Finie la vieille aérogare miteuse aux ventilateurs faiblards brassant une chaleur suffocante, avec des agents pas toujours très honnêtes ni très avenants. Les travaux de modernisation ont permis de mettre l’aéroport aux normes internationales et l’ont doté des capacités indispensables à l’accueil d’un tourisme d’affaires jusqu’alors quasi inexistant. HÉRITAGE. La douloureuse

parenthèse Ebola refermée, les compagnies aériennes ont repris leurs vols réguliers à destination de Conakry, et d’autres en ont même créé (lire ci-contre). Résultat : les entrées enregistrées à l’aéroport sont passées de 25 300 voyageurs en 2015 à 60 000 en 2016. « Et l’on projette quasiment le double en 2017, se réjouit le ministre du Tourisme et de l’Hôtellerie, Thierno Ousmane Diallo. Nous misons sur une clientèle d’affaires, parce que nous savons que, lorsque les investisseurs reviennent, le tourisme “tout court” suit », poursuit-il. Son ministère et JEUNE AFRIQUE


YOURI LENQUETTE

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Dans le Fouta-Djalon.

les professionnels du secteur explorent déjà quelques pistes pour développer ce tourisme de loisirs (balnéaire, mémoriel, rural ou d’aventure), qui s’adresse à une clientèle locale et

sous-régionale. Sur le littoral, à Boffa (130 km au nord de la capitale), la plage de Bel-Air, ses 7 km de sable blanc et blond bordés de cocotiers devrait ainsi être bientôt dotée de nouvelles

capacités d’hébergement. « Nous voulons construire des hôtels de moyen standing, plus rentables et plus proches de la population locale, afin d’attirer une clientèle plus large, de lui

faire découvrir au passage notre patrimoine culturel, l’héritage mandingue, par exemple, mais aussi les lieux de mémoire autour de la traite négrière », précise Thierno Ousmane Diallo. Le massif montagneux du Fouta-Djalon (MoyenneGuinée), avec son air frais, ses savanes arborées, ses forêts, ses plaines sillonnées de cours d’eau et sa faune, est propice à l’écotourisme. En partenariat avec des guides locaux, plusieurs expériences y sont menées pour encadrer des séjours sportifs : trekking, circuits aventure avec ponts et échelles de lianes, rafting dans les cascades… Mais pour que ces expériences soient pérennes, il va falloir rénover les grands axes routiers, dont beaucoup sont encore en piteux état. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND

Avec THIANGUI S.A. la pêche se veut au service des guinéens et au service du développement de la République de Guinée. La pêche est depuis toujours un secteur d’activités primordial pour l’Afrique. Elle permet d’alimenter le marché interne en poissons et produits de la mer et également de faire de l’exportation vers des pays du monde entier, ce que la société Thiangui S.A. réalise en Guinée depuis sa création en 1985. La société THIANGUI S.A. n’est pas une simple entreprise d’exportation et de commercialisation de poisson. Thiangui S.A. est un modèle d’entreprise au service du développement de la République de Guinée. Elle a pour mission d’assurer l’autosuffisance alimentaire des populations ainsi que de créer de l’emploi dans son secteur d’activité. D’autre part, la société est impliquée dans de nombreuses actions sociales. THIANGUI S.A. est un parfait exemple de société guinéenne qui a su s’adapter aux changements économiques et po-

litiques du pays. Aujourd’hui la société est concentrée sur la pêche, une activité qu’elle réalise en adéquation avec l’environnement et le respect des normes internationales. Thiangui S.A. a su exploiter le potentiel de la pêche en République de Guinée et jouit de la confiance des partenaires guinéens et internationaux. Preuve de son importance pour le pays, le Président Directeur Général de Thiangui S.A. - M. Mamadou Thiangui Diallo - est également propriétaire du Club Football de Fello Star de Labé, qui finit chaque année en haut du classement et contribue au dynamisme et à la promotion du sport pour des milliers de Guinéens.

« La Guinée est un pays d’avenir à conditon de transformer son potentiel, de jouer le jeu et de ne pas tenter une autre aventure avant d’avoir réussi la précedente à 100 %. L’important est de vire avec les guinéens, ni au dessus, ni à côté. Ils vous le rendrons bien.»

THIANGUI S.A. BP 3304 Commune de Kaloum, Conakry - Républqiue de Guinée. Tél. +224 620 52 38 38 - +224 631 70 93 93 - thiangui7@gmail.com


Entretien avec Abdenbi ATTOU Administrateur Général Électricité De Guinée (EDG)

EDG, un contrat de performances pour une grande ambition ! La gestion de l’électricité est un sujet crucial en Guinée cher au président Alpha Condé. Quel est votre rôle et celui d’EDG dans ce secteur ?

PUBLI-INFORMATION

M. Abdenbi ATTOU, Administrateur Général Électricité De Guinée (EDG).

Nommé par décret présidentiel le 30 décembre 2016, cet ingénieur électricien sorti de l’École polytechnique de Bruxelles est le nouvel administrateur général d’EDG. Fort de ses vingt-six années d’expérience dans le secteur de l’énergie dont seize ans au sein du groupe Veolia, premier acteur privé de l’électricité en Afrique, il conduit la seconde phase du contrat de gestion.

Afin de faire face à la crise du secteur de l’électricité en Guinée, un plan de redressement a été adopté par le gouvernement guinéen en 2012 en accord avec les bailleurs de fonds. Ce plan vise à améliorer durablement le secteur. Le redressement de la société publique Électricité de Guinée (EDG) est au cœur du projet. Pour se faire, un contrat de gestion de quatre années a été passé en octobre 2015 avec le groupe Veolia. Le redressement du secteur de l’électricité guinéen s’appuie aussi sur un contrat de performance passé entre EDG et l’État, qui a pour objectif d’améliorer les performances techniques et commerciales de l’entreprise tout en renforçant ses capacités de gestion et ses ressources humaines. Abdenbi Attou, le nouvel administrateur général d’EDG entré en fonction le 17 janvier 2017, présente sa vision des choses.

EDG est une entreprise de service public dont la mission est d’amener de l’électricité là où cela est nécessaire. En permanence, en quantité suffisante et avec une qualité constante. Depuis quelques années, elle fait face à différentes difficultés liées à une dégradation de ses performances techniques, commerciales et financières. Mon rôle est de m’appuyer sur le travail de fond déjà accompli depuis fin 2015 et de diriger EDG, en déclinant notre stratégie de redressement sur les plans commercial, technique et managérial. L’objectif est d’assurer le développement de l’entreprise conformément aux engagements et objectifs décrits dans le contrat de performance EDG-État. ! Cela fait maintenant un peu plus d’un an que le redressement est engagé. Quelles sont les grandes réalisations déjà enregistrées ? Plusieurs grandes réalisations ont déjà été enregistrées : Le nombre de déclenchements généraux a très largement baissé et est appelé à atteindre les standards régionaux. Le réseau est plus stable et le plan de production, établi avec rigueur, permet d’envisager le passage de l’étiage avec moins de difficultés. Par ailleurs, le taux de recouvrement dépasse maintenant les 90 % et la pose des compteurs de pré-paiement a commencé après une longue période d’attente malgré quelques difficultés qui restent à lever. Le matériel de sécurité, le matériel roulant, les moyens informatiques se mettent progressivement en place, y compris dans les centres de l’intérieur. La confiance des


Nouvelle centrale KanKan.

bailleurs de fonds dans le redressement du secteur se confirme avec le lancement de nouveaux projets et l’obtention de nouveaux financements dans le secteur de l’énergie, que cela soit au niveau de la production ou de la distribution.

! Vous dites que cela n’est qu’une première phase. Quels sont les projets pour les mois à venir ?

Notre ambition est de fournir un service de qualité à tous les Guinéens.

! Quel est l’impact pour le client au bout de la chaîne dans sa relation avec EDG ? Et dans quels délais verra-t-il une amélioration de la situation ? Notre ambition est de fournir un service de qualité pour tous les Guinéens et la garantie d’une électricité délivrée en intensité suffisante et constante au service du développement économique du pays. Avec la mise en place des outils structurants (centre d’appel, logiciels...) nous optimiserons fortement la relation client. De même, les conditions en agence seront revues grâce à la mise à niveau de nos agences commerciales.

L’étape suivante, qui s’étendra sur les deux années et demi restantes et que j’ai l’honneur de conduire, sera axée sur trois priorités. Un volet commercial, avec des projets structurants tel que l’installation d’un système de gestion clientèle intégrée, le recensement des clients, la mise en place d’un centre d’appels visant à améliorer la qualité du service clientèle, le déploiement et l’installation systématique d’unités de comptage, notamment à pré-paiement avec le compteur Nafa, la sécurisation des revenus, l’amélioration des taux de recouvrement et les efforts de réduction des pertes commerciales. Sur le plan managérial, à travers un plan de formation et de développement des compétences des salariés d’EDG qui permettra la montée en puissance d’un encadrement mieux formé à même d’assurer la relève aux postes-clés de l’entreprise ainsi que le renforcement du dialogue social. Enfin, une priorité technique, avec n o ta m m e n t l ’ a m é l i o ra t i o n d e l a maintenance, la fiabilisation des plans de

protection et la poursuite de l’extension et la réhabilitation des infrastructures. Autant de mesures qui nous permettront de réduire les temps moyens de coupures sur nos réseaux et d’accompagner la croissance de la capacité de production nationale.

Pour plus d’information :

info@epteg.com

L’amélioration de la situation est donc en marche. Toutefois le redressement sera progressif. Nos clients ne doivent pas s’attendre à ce que tout change du jour au lendemain. Les défis et les challenges devant nous sont nombreux dans un secteur de l’énergie particulier. Cela va prendre du temps et beaucoup du travail mais la confiance des autorités, des bailleurs de fonds, la mobilisation et l’engagement de toutes les ressources humaines d’EDG ainsi que l’opportunité de pouvoir jouer un rôle aussi central dans l’évolution positive des conditions de vie de la population représentent un grand honneur et une fierté. •

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.

En interne, les processus « Achat » sont maintenant réorganisés et EDG paye ses fournisseurs avec régularité. Une réorganisation des effectifs a été effectuée ainsi que la mise en place d’un plan de formation. Toutes ces actions prioritaires se consolideront et se développeront au cours de cette nouvelle phase du contrat.


Le Plus de JA La Guinée reprend des couleurs

Sur l’île de Roume.

YOURI LENQUETTE

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CARNET DE ROUTE

Chasse aux trésors dans l’archipel Nature préservée, pêche sportive ou farniente, histoires de pirates en prime. À quelques kilomètres au large de Conakry, les îles de Loos sont un petit paradis.

S

ur l’embarcadère situé au pied de l’hôtel Petit Bateau, au bout de la presqu’île artificielle construite sur le littoral nord de Kaloum, protégés par l’immense digue de la Prudente, les pêcheurs conakrykas retapent leurs pirogues ou remaillent des filets en sifflotant au rythme des sirènes de cargos. Lorsque, bercé par le crachotement du moteur Diesel, on s’éloigne de la capitale pour les îles de Loos, on a l’impression d’embarquer pour le bout du monde. Entre le phare de la Prudente et l’île de Kassa, la plus à l’est de l’archipel, les pirogues dépassent les carcasses d’immenses navires rouillés par le temps : autrefois, les armateurs préféraient couler leurs bateaux en fin de vie plutôt que de devoir payer leur démantèlement. N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

Du XVe au XXe siècle, les îles de Loos sont passées sous domination portugaise, britannique (1818-1904), puis française (1904-1958). Dès que l’on s’en approche, on sait que l’on s’apprête à aborder des terres de légendes, de celles dont les pirates avaient fait leurs fiefs. Elles servirent aussi de dépôt d’esclaves, jusqu’aux années 1840. « C’est étonnant car les livres d’histoire ont oublié le Des terres de légendes, rôle prépondérant que joua cet de celles dont les flibustiers archipel en matière de commerce triangulaire, rappelle l’historien avaient fait leurs fiefs. Djibril Tamsir Niane (lire p. 97). longtemps laissé croire qu’elles étaient D’immenses comptoirs américains, britanniques, portugais et même français y d’origine volcanique (voir carte p. 112). Côté océan, les vagues sont spectacuavaient été installés. Ils se partageaient laires – idéales pour la pêche – et, côté les bénéfices d’un commerce qui profitait aussi aux roitelets locaux. » Sur l’île intérieur, la mer est calme, parfaite pour de Kassa subsistent aussi quelques la baignade.

En seulement quarante minutes, les sept kilomètres qui séparent le continent du petit eldorado sont parcourus. Et c’est un véritable dépaysement. L’archipel est constitué d’îlets inhabités (Cabri, Blanche, Corail et Fousset) et de trois îles principales (Kassa, Roume et Tamara), dont la disposition circulaire a

JEUNE AFRIQUE


Le Premier Ministre Mamady Youla met en place un modèle de référence en Guinée pour développer des méthodes efficaces, pérennes et porteuses de résultats dans la mise en œuvre d’initiatives phares du Gouvernement.

M. MAMADY YOULA,

C

Premier Ministre, Chef du Gouvernement, République de Guinée.

e début d’année est marqué par la mise en place d’un Bureau d’Exécution Stratégique (BES) qui répond à la volonté du Premier Ministre Mamady Youla, Chef du Gouvernement, de transformer la Vision du Président, le Professeur Alpha Condé, en actions concrètes au bénéfice de l’économie guinéenne. Après une phase de planification stratégique, le BES amorce une phase d’opérationnalisation. La relance de la filière ananas, le renforcement

des capacités dans le secteur minier et l’amélioration des mécanismes de coordination entre le Gouvernement et les partenaires au développement sont au cœur de l’agenda du BES. Ce dernier appuie également la mise en œuvre d’un programme de leadership pour renforcer les capacités de l’administration.

Les objectifs du BES L’objectif est d‘appuyer le Gouvernement dans la mise en œuvre des initiatives retenues. Il s’agit d’opérationnaliser le plan d’actions du BES et d’accompagner la diffusion de nouvelles méthodes de travail au sein de l’administration. Placé au sein de la Primature, le BES travaille en étroite collaboration avec les structures d’exécution que sont les Ministères, Départements et Agences. D’ici 2020, dans la filière ananas, les interventions du BES devraient permettre de

doubler les surfaces cultivées et les rendements, et d’exporter annuellement 2 500 tonnes d’ananas par voie aérienne. Dans le secteur minier, les interventions contribueront à la formation de près de 5000 ouvriers spécialisés, techniciens supérieurs et ingénieurs. Le BES participe également à la mise en place d’un programme de renforcement des capacités des Petites et Moyennes Entreprises (PMEs) locales. Le BES contribuera à l’amélioration de l’efficacité de l’action gouvernementale, à travers l’appui au Cadre de Concertation et de Coordination entre le Gouvernement et ses partenaires, et la mise en place

Plantation d’ananas à Kindia.

d’un programme de leadership pour renforcer les capacités dans l’administration. Accompagné par le cabinet international Dalberg, le BES utilise des méthodes de travail issues du monde du conseil et du secteur privé qui mettent l’accent sur le développement, l’incubation et la diffusion d’approches de mise en œuvre efficaces. L’initiative, financée par Abu Dhabi Fund for Development (ADFD), bénéficie également de l’appui technique de Mubadala. ADFD, entité Emirati affiliée au gouvernement d’Abu Dhabi, vise à mettre en œuvre la politique des Emirats Arabes Unis en matière d’avancement socio-économique dans les pays en développement. À travers le BES, le Gouvernement vise une plus grande efficacité dans la mise en œuvre des projets de développement et dans la mobilisation des financements, afin de faire de la Guinée un pays émergent.

4 INITIATIVES CLÉS DU BES POUR LA PÉRIODE 2017-2018 FORMATION POUR LE SECTEUR MINIER

✔ Appui à l’extension et à l’irrigation des terres.

✔ Appui à la mise en œuvre de formations rapides et spécialisées.

✔ Amélioration de l’accès et de l’utilisation des engrais.

✔ Appui au renforcement de l’Institut Supérieur des Mines et Géologie (ISMG) de Boké et à la mise en œuvre du projet de construction de l’Ecole d’Excellence en Mines et Géologie.

✔ Appui à la commercialisation à l’international à travers le renforcement des capacités des acteurs.

✔ Appui à la mise en œuvre des capacités d’un programme de renforcement des Petites et Moyennes Entreprises (PMEs) locales.

Contact : Khader Barry, Conseiller Spécial du Premier Ministre khader.barry@bes.gov.gn Primature, République de Guinée

GOUVERNANCE ✔ Appui au Cadre de Concertation et de Coordination entre le Gouvernement et les Partenaires Techniques et Financiers ✔ Mise en place d’outils et processus de pilotage et de reporting pour accélérer la mise en œuvre des projets.

LEADERSHIP ✔ Mise en place un programme de Leadership pour renforcer les capacités de l’administration et développer une nouvelle génération de leaders de la fonction publique. DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.

PUBLI-INFORMATION

RELANCE DE LA FILIÈRE ANANAS


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Le Plus de JA La Guinée reprend des couleurs vestiges des anciens entrepôts de bauxite et de fabriques d’huile, témoins du passé économique de l’île, que les Anglais avaient d’ailleurs baptisée Factory Island (« île Usine »). MYSTÉRIEUSE. Mais ce sont les paysages

de Roume qui auraient inspiré à l’Écossais Robert Louis Stevenson le décor de L’Île au trésor, dans les années 1880. En plongeant le pied dans les eaux tièdes qui la bordent, au nord, on imagine aisément l’atmosphère qui régnait alors sur ce petit bout de terre à la végétation luxuriante et assez bien préservée, malgré, çà et là, quelques villas peu respectueuses du style local, construites par de riches familles d’entrepreneurs conakrykas. Ici tout est paisible. Hormis le week-end, lorsque les plages sont prises d’assaut par les baigneurs venus du continent. Aux abords du débarcadère, on peut savourer au restaurant Chez Cloclo les premiers trésors de l’archipel – ses commandos (petites langoustes) – en écoutant le roulement des tambours qui proviennent du petit village voisin, en retrait de la mer. Sur les hauteurs, avec sa dizaine de bungalows dissimulés derrière des cocotiers, l’hôtel Le Sogué offre un véritable havre de paix doté d’une vue panoramique sur la baie qui, en miniature, rappelle celle de Rio de Janeiro. Non loin de là, au milieu de la jungle, subsistent les ruines rongées par la végétation d’un ancien fortin érigé par les

Britanniques au début du XIXe siècle. C’est de là qu’étaient lancées les opérations contre les navires négriers. Et c’est lors de sa cession aux Français dans le cadre de l’Entente cordiale, en 1904, que Crawford Island prit le nom d’Ernest Roume, gouverneur général de l’Afrique-Occidentale française (AOF) de 1902 à 1907. Y a-t-il eu un jour un trésor sur Roume? « S’il y en a un, personne n’en a jamais entendu parler », raille Ibrahim, le guide. « Le trésor, c’est la douceur du climat, les plages de sable fin et le dépaysement », résume un vacancier nigérian. Quant à savoir si l’île a servi de modèle à Stevenson…LeprofesseurTamsirNianeest catégorique: « C’est une pure légende, qui n’a aucun fondement historique et dont les

Qui se transforme en pesanteur lorsque l’on emprunte le chemin pavé de grandes dalles que suivaient les bagnards, boulets aux pieds, pour arriver à son portail. Construit au début du XXe siècle par les Français pour y emprisonner des criminels et opposants politiques acheminés depuis toute l’AOF, il fut fermé dès l’indépendance, en 1958. HÔTES ILLUSTRES. Dans les ruines

(en assez bon état de conservation) de l’immense bâtiment en U, on retrouve les cellules, dont les noms de certains hôtes illustres ont été gravés dans la pierre, comme « Alpha Yaya Diallo. Exilé : 19111912 ; puis en Mauritanie ». Ce guerrier peul, plus connu sous le nom de « roi de Labé », l’une des provinces du FoutaDes criminels et opposants politiques Djalon, avait eu le venus de toute l’AOF étaient tort de fomenter un emprisonnés au pénitencier de Fotoba. soulèvement contre l’autorité coloniale française. Il séjournera un an au péniguides touristiques se sont emparés pour ajouter un peu de mystère à l’archipel ! » tencier de Fotoba, avant d’être déporté au Peut-être faut-il chercher le trésor sur bagne de Nouadhibou, en Mauritanie, où il mourra quelques mois plus tard. Tamara ? Située à quinze minutes de Roume en pirogue, c’est la plus à l’ouest, De la présence européenne, reste aussi le village de Boom (qui tient son nom la plus grande et sans doute la plus mystédu bruit des coups de canon), sa petite rieuse des îles de l’archipel. Les insulaires l’appellent généralement Fotoba (« l’île église anglicane érigée en 1870, quelques des Blancs »). À peine accoste-t-on sur ce maisons de maître construites juste à côté, qui reste du vieux port en pierres que, à sans oublier le métissage de sa population, la vue du pénitencier qui le surplombe, à majorité chrétienne. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND on est pris d’une sensation de vertige.

Idoles et perdition Les îles de Loos ont gardé, sous forme contractée, le nom que leur avaient donné les navigateurs portugais à la fin du XVe siècle : Ilhas dos los Idolos (« îles des Idoles »). Les Britanniques les appellent Loose Islands (« îles de la Perdition »).

Digue de la Prudente

Les îles de Loos

Conakry

des îles de L oos hipel Arc

Tamara Kassa

Roume

Océan Atlantique

2 km

Fousset Corail

N 0 2929 • DU 26 FÉVRIER AU 4 MARS 2017

1 km

Cabri Blanche JEUNE AFRIQUE


COMMUNIQUÉ

Au service de la mobilité et de la sécurité des Guinéens par le développement des routes Le FER déploie des moyens considérables, en lien avec ses capacités, pour entretenir un réseau routier guinéen fortement dégradé. Il œuvre à diversifier ses ressources pour améliorer toujours plus les conditions de circulation des usagers et des biens. Établissement Public placé sous la tutelle du Ministère en charge des Travaux Publics depuis 2000, le FER a pour mission de financer des travaux d’entretien sur tout le réseau routier éligible guinéen : routes nationales, voiries urbaines, routes préfectorales et communautaires ou encore pistes rurales.

Un outil stratégique

Bitumage de route.

Son Conseil d’administration, renouvelé en 2016 pour trois ans, s’appuie pour cela sur un budget annuel de 140 à 160 milliards de GNF (environ 16 millions d’euros), issus d’une redevance d’entretien routier (RER) appliquée sur la consommation du carburant à un niveau de 250 GNF par litre. Une somme qui peine malheureusement à faire face aux nombreux besoins du réseau national, dégradé par son âge, la forte pluviométrie ou encore le non-respect des charges à l’essieu. ENTRETIEN

Pont en béton armé sur la route Faranah-Kouroussa.

!

Nos concitoyens de l’intérieur du pays se rendent compte de l’impact de nos travaux Souleymane Traoré, Tra al du FER directeur gén néra

Pourquoi les Guinéens semblent-ils ne pas toujours s’apercevoir des efforts déployés par le FER ? Nos concitoyens de l’intérieur du pays se rendent compte de l’impact de nos travaux pour désenclaver les zones rurales, par des ouvrages et par l’entretien des routes communautaires. C’est plus difficilement perceptibles sur la voirie de Conakry et certaines routes nationales, parce que nous faisons face à des besoins de financement quatre ou cinq fois supérieurs à nos capacités. Il faut dire aussi que contrairement à ce que de nombreux Guinéens croient, nous sommes un organisme de financement, et non une agence de programmation, de passation de marchés ou d’exécution des travaux. Enfin, la mission du FER est de financer l’entretien des routes et non leur construction ou réhabilitation. Néanmoins, il est vrai qu’au regard de la dégradation poussée de certains axes, nous sommes obligés,

souvent, de financer des travaux qui relèvent plus de ces deux activités. Quelles sont les possibilités envisagées pour augmenter les moyens du FER ? La redevance d’entretien routier est à ce jour la seule source de financement du FER et il est vrai que nous espérons diversifier et augmenter nos ressources pour faire face à nos besoins. Il est prévu cette année de rendre effectif le péage sur certains grands ouvrages du pays, comme sur le pont sur la Fatala, à Boffa, ou sur le pont de Diélibakoro, à Siguiri. Nous étudions également l’application d’une redevance sur le fuel lourd. Les comptes du FER sont régulièrement audités, est-ce une obligation légale ? En tant qu’établissement public, l’audit des comptes par un commissaire aux comptes indépendant est une obligation, tout comme l’audit technique des travaux que nous finançons. En plus de cette obligation légale, nous publions dans la presse, dans une démarche de transparence, nos états financiers, ainsi que tous les contrats des travaux, accompagnés de leurs montants. !

Fonds d’Entretien Routier • Immeuble ex-ENIPRA, 3e étage • BP 2691 • Conakry, République de Guinée • +224 625 25-33-27

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.

Après plusieurs années d’exercice comme avocat d’affaires, M. Traoré a fait une carrière au sein de la filiale guinéenne du groupe BNP Paribas, avant d’être nommé en avril 2014 à la tête du FER.


114

Le Plus de JA MUSIQUE

Un bon supplément d’âme Après avoir accumulé les récompenses en 2016, Soul Bang’s sort un troisième album : Cosmopolite. Un mélange des rythmes, des sons et des générations plutôt réussi.

L

e duo formé par Souleymane Bangoura, alias Soul Bang’s, 24 ans, et son manager, Mouctar Telly Diallo, 26 ans, confirme qu’« aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Vainqueur en 2015 du concours Impulse It (qui récompense à Paris les musiciens afro-caribéens), sacré meilleur artiste francophone aux African Entertainment Awards (États-Unis) et lauréat du prix Découvertes RFI (en France) fin 2016, couronné meilleur artiste guinéen de l’année par l’émission Rétrospective People, en janvier… Soul Bang’s collectionne les trophées. Et il ne compte pas s’arrêter là. « Ce n’est qu’un début. Mais quand on sait d’où l’on vient et où l’on va, on garde la tête sur les épaules », dit en souriant celui que l’on surnomme le R’n’B Boss. S’il est ambitieux, il n’en oublie pas moins de souligner que son succès est le résultat d’un travail collectif. Désormais, il devrait aussi s’appuyer sur son épouse, la chanteuse Manamba Kanté – fille d’une autre icône de la musique guinéenne, Mory Kanté –, avec laquelle il a convolé en justes noces en mai 2016. « On va forcément se donner des idées, confie-t-il. C’est une super chanteuse ! »

Souleymane Bangoura n’a que 11 ans lorsqu’il intègre un petit groupe de rap de Conakry,MicroMéga.Quatreansplustard, en 2007, il décide de se lancer en solo et, en 2011, sort son premier album, Dimédi (« enfant », en soussou): un succès immédiat, qui vaut déjà quelques prix nationaux

à « Souleymane le soulman ». Sa réputation de pionnier du R’n’B guinéen est confortée dès l’année suivante avec un nouvel album, Évolution, jugé cependant trop occidental. Il rêvait de « faire du R’n’B à l’américaine », de chanter exclusivement dans les langues de Shakespeare ou de Molière et, pourquoi


La Guinée reprend des couleurs Depuis, la voix claire de Soul Bang’s charme en soussou, en malinké et en poular, les principales langues du pays (parfois saupoudrées d’un soupçon d’anglais ou de français), sur des mélodies où instruments et rythmes tradi-

vidéo tournée en Guinée, qui invite jeunes et moins jeunes à suivre les pas du faré gnakhi (danse 100 % guinéenne), comme une bouffée de joie communicative et transgénérationnelle, a continué de récolter en moyenne 10 000 vues par jour jusqu’à la sortie officielle de Cosmopolite, le dimanche Souleymane Bangoura n’a que 12 février, avec un mégaconcert 11 ans quand il intègre son sur l’esplanade du Palais du peuple de Conakry. premier groupe, Micro Méga.

Le R’n’B Boss à Conakry.

DIAWO BARRY

YOURI LENQUETTE POUR JA

tionnels se mélangent aux sons les plus modernes. Une alchimie qui lui a permis de décrocher, en novembre 2016, le prix Découvertes RFI, dont le jury était présidé par le rappeur français Kery James – « il a dit que je suis une sorte de pont entre les anciens et la nouvelle génération », se réjouit Soul Bang’s. Doté de 10 000 euros et d’une tournée dans une dizaine de pays africains, ce prix apporte aussi davantage de visibilité à l’artiste (qui n’a pas de producteur), de même que le contrat qu’il a signé avec l’opérateur sud-africain de téléphonie MTN pour être l’égérie de sa nouvelle campagne de publicité.

pas, de rivaliser avec des stars telles que Chris Brown. Un combat perdu d’avance, comme le lui fait remarquer son ingénieur du son, Junior de Fouza, qui lui remet les pieds sur terre: « Soul, tu ne peux pas chanter en anglais mieux que les Américains. Chante surtout dans ta langue! »

JOIE COMMUNICATIVE. Dans son petit bureau du jardin du 2-Octobre, à l’entrée de Kaloum, Mouctar Telly Diallo, le manager de Soul, a préparé activement avec son équipe la sortie du troisième album, Cosmopolite, très attendu. L’auteurcompositeur-interprète y livre des titres originaux aux couleurs du R’n’B « à sa façon ». Il chante aussi sur des musiques de Djéré Fouta, groupe de gnamakala (griots) peul de Moyenne-Guinée, et de feu Sory Kandia Kouyaté, la voix d’or qui, en 1975, réconcilia les présidents de la Haute-Volta (aujourd’hui Burkina Faso) et du Mali en chantant l’histoire des deux pays, jadis parties du même empire mandingue. Aprèsleclipd’«ItomouSérieux»,visible sur YouTube depuis la mi-novembre, celui de « Faré Bombo M’bai », mis en ligne le 27 janvier, a enregistré 16000 vues en moins de vingt-quatre heures. Cette

Discographie

Dimédi (2011) Évolution (2012) Cosmopolite (2017)

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Société minière de Boké (SMB)

Une croissance rapide et stimulante

La Société minière de Boké (SMB) a été fondée en 2014. Intégrée verticalement, elle est issue d’une alliance stratégique entre WINNING SHIPPING, le plus grand transporteur maritime d’Asie, UMS, leader du transport routier en Afrique de l’ouest, et Shandong WEIQIAO, numéro 1 de la production d’aluminium en Chine. Elle a réalisé un investissement initial de 200 millions de dollars, porté à 750 millions en 2016 alors que le nouveau code minier de la Guinée venait d’être adopté, améliorant la rentabilité des nouveaux projets. En l’espace de deux ans, l’entité, entrée en activité en 2015, est devenue un acteur incontournable du paysage économique guinéen.

PUBLI-INFORMATION

13 millions de tonnes de bauxite dès 2016 La production de la SMB pourrait atteindre 13 millions de tonnes en 2016, ce qui ferait de la Guinée le troisième plus grand producteur mondial de bauxite. Alors que les prévisions initiales prévoyaient une production de 5 millions de tonnes la 1ère année, la SMB a accéléré son expansion pour rapidement doubler les prévisions. Son rôle majeur sur le marché mondial, la Guinée l’améliorera encore si les autorités et les entreprises continuent d’avancer dans la même direction, notamment à travers la confiance placée par les premières dans les sociétés juniors et les promoteurs locaux.

Formation et développement du bassin d’emploi en Guinée Afin de contribuer au développement du bassin d’emploi en Guinée, mais aussi de répondre aux besoins futurs du consortium en personnel, la SMB a mis en place des actions concrètes qui seront menées sur le long terme. La SMB a créé 5000 emplois directs et indirects déjà crées depuis le début du projet, avec des formations pour les jeunes embauchés, mais aussi pour des postes très techniques (marin, pilotes de remorqueurs…

DR

L

a Guinée pourrait rapidement devenir le troisième producteur mondial de bauxite, grâce à l’attrait récent du pays pour les nouvelles entreprises minières. Créée en 2014, la Société Minière de Boké (SMB) a déjà largement contribué à la croissance du secteur.

La priorité du développement communautaire Le projet d’extraction et de traitement de la bauxite par la SMB n’a pas seulement des objectifs économiques et financiers. Il vise aussi et avant tout à être un projet humain. La SMB participe activement et quotidiennement au développement communautaire de la zone géographique entourant son projet, et ce, de plusieurs manières : ! Financièrement, d’une part, par l’indemnisation des communautés pour les terres sur lesquelles les infrastructures minières ont dues être construites. À ce jour, plus de 5 millions de dollars ont été versés dans ce but. ! La fondation SMB, créée en juin 2016, se concentre sur le développement social et culturel des communautés. C’est ainsi que deux écoles ont été construites, l’une dans le district de Kaboyé et l’autre dans celui de Kampaté. ! Le Consortium SMB-WAPsouhaite également contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des guinéens, notamment dans le domaine de la santé, avec la construction de deux centres de santé entièrement équipés, l’un situé à Tamita, l’autre à Katougouma.


Fondation SMB Winning Consortium Un nouveau partenaire de la culture

Pour faire face à la montée en puissance de ses activités et augmenter ses capacités d’exportation, le consortium SMB-WAP (Winning Africa Port) a inauguré en octobre dernier un 2 ème terminal du port fluvial de Boké, dans la sous-préfecture de Kolaboui. Situé en aval du port de Katougouma, réalisé par le même consortium, il comporte trois quais de chargement pouvant accueillir d’ici à sa mise en service complète, en février 2017, six barges pour chargement. De quoi évacuer vers les navires 45 000 tonnes de bauxite au quotidien. Une route minière de 55 kilomètres reliant la mine jusqu’au port a également été construite. À ce jour, l’investissement du projet, notamment pour la construction des deux ports, s’élève à 500 millions de dollars. Ces derniers devraient permettre au consortium SMBWAP d’exporter à l’horizon 2017 jusqu’à 35 millions de tonnes de bauxite par an.

Leurs créations, à partir des livres sculptés pour cette occasion unique, formeront une vaste œuvre d’art symbolisant l’univers des voyages chers à Antoine de St Exépury, lors d’une exposition itinérante dans les différents lieux de la capitale qui débutera en mai 2017 et s’achèvera en avril 2018. À l’issue de cette exposition, une vente aux enchères sera organisée et les dons récoltés seront reversés à diverses organisations locales d’aide à l’enfance.

DR

Un nouveau port pour la SMB et la Guinée

La fondation accompagne déjà un événement majeur, « Conakry capitale mondiale du livre 2017 », qui débutera le 23 avril prochain pour un an. Parmi les 17 villes successivement désignées capitale mondiale du livre par l’Unesco depuis 2001, Conakry est la première à être située en Afrique de l’ouest. Le commissaire général du projet « Conakry capitale mondiale du livre 2017 », Sansy Kaba Diakité, s’est félicité du précieux appui donné par la Fondation SMB-Winning Consortium. Associé pour cette occasion à la Fondation, le sculpteur français Stéphane Cipre a été désigné ambassadeur de Conakry Capitale Mondiale du livre 2017.

Avec lui et en s’inspirant de l’œuvre d’Antoine de Saint Exupéry, Le petit Prince, la Fondation lance le projet artistique « S’il te plait, dessine-moi un livre ! », qui va réunir Stéphane Cipre, un collectif d’artistes guinéens ainsi que des établissements scolaires, dont le Centre Sogué de Conakry, qui accueille des élèves aveugles et malvoyants. La Fondation a déjà offert des exemplaires de l’oeuvre en braille à ces derniers, leur permettant d’avoir accès à cette œuvre mondialement connue.

Société minière de Boké (SMB) SMB Building - B.P.2162 Tombo 1, Kaloum, Conakry contact@smb-guinee.com

DIFCOM/DF - PHOTOS : SABINE DIAKITE SAUF MENTION.

« Conakry Capitale Mondiale du Livre 2017 »

« S’il te plait, dessine-moi un livre ! »

© IDRISSA SOUMARE/AFREECOM

Elle s’engage à : • Favoriser l’épanouissement et l’autonomie des jeunes par l’accès à l’éducation. • Faire rayonner la culture Guinéenne, et élargir au plus grand nombre l’accès et la pratique artistique, vecteurs d’éducation et de cohésion sociale. • Apporter une aide au niveau sanitaire par la construction de dispensaires et la mise en place de plans de vaccinations dans la région de Boké.

© IDRISSA SOUMARE/AFREECOM

L

a Fondation S M B WI N N I NG C O N S O RTI U M s’est donnée pour mission de promouvoir et de soutenir les projets culturels guinéens, de donner un rôle majeur à la culture en Guinée, de participer activement au développement local et communautaire, d’initier et promouvoir des actions d’entraide et de solidarité.


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