Pdf ja 2948 plus rwanda

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Algérie L’autre printemps kabyle

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉ ÉPENDANT •

Gabon Après la crise, la guérilla judiciaire

Union africaine Dans les coulisses du sommet

57e année• n° 2948 • du 9 au 15 5 juillet 2017

jeuneafrique.com

Télécoms Les défis de Sonatel

RWANDA

DROIT DEVANT Spécial 8 pages

CÔTE D’IVOIRE

Amadou Gon Coulibaly

« 2020, c’est loin… » Six mois après sa nomination, dans un contexte des plus délicats, le Premier ministre exhorte la classe politique de son pays à ne pas se disperser. Même si la succession d’Alassane Ouattara suscite bien des ambitions. Interview. ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE France3,80€•Algérie250DA•Allemagne4,80€•Autriche4,80€•Belgique3,80€•Canada6,50$CAN•Espagne4,30€•Éthiopie67birrs•Grèce4,80€•Guadeloupe4,60€ Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 2000 F CFA • ISSN 1950-1285



LE PLUS

de Jeune Afrique

ENJEUX La voie royale

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INTERVIEW Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères TRIBUNE Gatete Nyiringabo, chercheur en sciences politiques ÉCONOMIE Innovation City et rêves de Silicon Valley

RWANDA

Droit devant

MICHAEL ZUMSTEIN/AGENCE VU

À l’heure où s’ouvre la campagne pour la présidentielle du 4 août, la victoire semble déjà acquise à Paul Kagame. Décryptage d’un mode de gouvernance et d’un modèle de société singuliers.

JEUNE AFRIQUE

N 0 2948 • DU 9 AU 15 JUILLET 2017


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Le Plus de Jeune Afrique

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Prélude Mehdi Ba

Mind your own business*

«

L

’image que les médias vous proses mains : Paul Kagame, 36 ans, ancien guéposent de l’Afrique est générarillero déraciné revenu au Rwanda en vainlement celle d’un continent en queur. Très vite, le nom de cet homme austère crise, victime de catastrophes se confond avec celui de ce pays de 5 millions naturelles, de famines, de drames ou de d’habitants (12 millions aujourd’hui), au coups d’État militaires… Eh bien, ce soir, c’est point qu’ils ne font plus qu’un. Vingt-trois une tout autre image que [nous vous propoans plus tard, il en est toujours ainsi. sons] : celle d’un petit pays – le Rwanda – qui Pour les médias, les ONG et les bailleurs […] cherche à conquérir son indépendance de fonds, la donne a changé. Dans la presse économique et son autonomie, sans crise, occidentale commencent à se déverser des tombereaux de critiques : les prisons sont sans drame. » Avec une trentaine d’années de recul, le lancement de la Télévision suisse trop pleines ; la justice est aux ordres ; une romande (TSR) peut prêter à sourire – jaune. élite tutsie illégitime s’est substituée à l’ancienne nomenklatura hutue ; l’opposition En cette année 1988, érigé en premier et les médias sont muselés ; la RD Congo de la classe de « l’Afrique de l’espoir », le est pillée… Rwanda de Juvénal Habyarimana cumule les satisfecit. Outre la Suisse, la Belgique, la France et la République fédérale d’Allemagne, Comment « la Suisse de l’Afrique » est-elle devenue, à en croire certains, un notamment, ont avec lui une coopération décalque africain de la Corée du Nord ? idyllique. En Occident, le pays des Mille Collines a acquis un autre surnom, présumé Peut-être en adoptant comme principale flatteur, celui de « Suisse de l’Afrique ». ligne de conduite, au risque de déplaire, un Et pourtant… Le Rwanda de 1988 est un enseignement directement tiré du génocide : volcan en sommeil. Le général Habyarimana, cette indifférence affichée à l’égard d’une arrivé au pouvoir quinze ans plus tôt par communauté internationale qui, sans bouger le petit doigt, a regardé périr un million un coup d’État militaire, a instauré un parti unique caricatural (chaque citoyen en est d’innocents. De cette épreuve, les Rwandais membre dès la naissance). Un Le nom de Paul Kagame système de discrimination digne de l’apartheid y est en vigueur sans se confond avec celui du pays, que quiconque, hors du pays, ne au point qu’ils ne font plus qu’un. s’en offusque. Des dizaines de milliers d’exilés tutsis attendent depuis trente ont en effet retenu une leçon : qu’ils soient ans de pouvoir retourner vivre sur leur terre, africains ou non, il convient aux États et aux en vain. Et le régime s’est enfermé dans une peuples de tracer leur propre voie sans se dictature régionaliste et ethniste qui voit laisser dicter leur conduite par quiconque. une petite nomenklatura se partager les Encensée par certains, vouée aux gémonies prébendes au détriment de la population. par d’autres, la voie tracée par le Rwanda peut se prévaloir de cette singularité : cet Six ans et un génocide plus tard, l’espoir État confetti a coupé le cordon ombilical, s’est envolé. Si les collines ont conservé leur renvoyant les adeptes du paternalisme postluxuriance, le pays est à genoux. À Kigali, le colonial à sa nouvelle devise : « Mind your leadership a changé de visage. Une rébelown business*. » Et, à l’heure où il acquiert lion armée essentiellement tutsie, le Front sur le continent le statut d’un pays phare, patriotique rwandais (FPR), a pris le pouvoir il entend moins que jamais demander à en même temps qu’elle mettait un terme au l’Occident son imprimatur quant à savoir génocide. S’il n’est encore officiellement que s’il est un bon ou un mauvais élève. vice-président et ministre de la Défense, un homme semble concentrer le pouvoir entre * « Mêlez-vous de ce qui vous regarde. »

JEUNE AFRIQUE

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ENJEUX La voie royale p. 60 INTERVIEW Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères p. 64 TRIBUNE Gatete Nyiringabo, chercheur en sciences politiques p. 66

ÉCONOMIE Innovation City et rêves de Silicon Valley p. 68


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Le Plus de Jeune Afrique

ENJEUX

La voie royale Sans surprise, Paul Kagame va très probablement être réélu pour sept ans le 4 août. Si son modèle de développement autoritaire est critiqué par de nombreux observateurs, il remporte d’indéniables succès. N 0 2948 • DU 9 AU 15 JUILLET 2017

JEUNE AFRIQUE


PAULKAGAME.COM

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PIERRE BOISSELET,

S

envoyé spécial

ous la coupole du flambant neuf siège du Front patriotique rwandais (FPR), le 17 juin, on enchaîne vieux chants patriotiques, danses un brin mécaniques et applaudissements à n’en plus finir. Près de 2 000 délégués doivent investir leur candidat à la présidentielle du 4 août. De candidats, il n’y en a en réalité qu’un seul : Paul Kagame, homme fort

JEUNE AFRIQUE

du parti depuis 1990 – et chef de l’État depuis 2000. Sept heures durant, il sera célébré, acclamé, avant d’être élu, sans surprise. Une mobilisation plus massive encore est prévue pour l’accompagner, le 14 juillet, pour le lancement officiel de sa campagne. Pourquoi une telle débauche d’énergie ? Le parti craindrait-il l’issue du scrutin ? À l’évidence, non. Il suffit pour s’en convaincre de rappeler les résultats du référendum constitutionnel de 2015, qui devait

Le chef de l’État sortant devant la presse, le 22 juin, après avoir déposé sa candidature officielle à la présidentielle.

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Le Plus de JA Rwanda

La campagne est plus une démonstration de force qu’un débat sur l’orientation politique du pays.

permettre au chef de l’État de briguer un nouveau mandat de sept ans. Les organisations de défense des droits de l’homme, les Occidentaux et même quelques soutiens du gouvernement rwandais ont froncé les sourcils. Pas de quoi intimider le pouvoir : le oui l’a emporté avec 98,3 % des suffrages exprimés, avec un taux de participation de 98,3 %, selon la Commission électorale nationale (NEC). Ajoutez à cela la puissance du FPR, ses millions de membres et ses centaines de millions de dollars d’actifs (le parti est le premier employeur privé du pays), qu’il peut dépenser à sa guise, et vous obtenez une élection jouée d’avance. ÉNERGIE VITALE. Alors pourquoi un tel niveau de

mobilisation ? Du point de vue du pouvoir, cette campagne sert à mobiliser les Rwandais et à faire une démonstration de force, plus que de trancher un débat sur l’orientation politique du pays. Kagame n’affirme-t-il pas lui-même son aversion pour « les discussions sans fin qui ne permettent pas de changer la vie des gens » ? Le programme est en réalité annoncé depuis bien longtemps. Il découle de l’« idéologie » du FPR (lutte contre l’ethnisme, indépendance nationale, combat contre la corruption…) et de la Vision 2020. Adopté en 2000, cet audacieux projet visait à faire, en l’espace de deux décennies, de ce petit pays agricole déchiré par les conflits, une société unie et prospère, assise sur une économie à revenu intermédiaire basée sur la connaissance. Sur le fond, bien peu de voix contestent le projet de société ainsi décliné. La méthode, en revanche, conduit nombre d’observateurs extérieurs, tout comme l’opposition domestique balbutiante, au scepticisme, voire à l’hostilité. Ce projet est en effet mis en œuvre avec une implacable autorité. Pour les uns, il s’agit d’une discipline nécessaire pour

NEC SANS ULTRA

S

elon la liste provisoire établie par la Commission électorale nationale (NEC) – la liste définitive devant être publiée le 7 juillet, après le bouclage de ce numéro –, quatre candidats indépendants à la présidentielle ont été recalés par cette instance. Il y a d’abord le journaliste Philippe Mpayimana, qui a vécu la fuite des réfugiés hutus dans les profondeurs de la RD Congo, en 1997-1998. Il comptait profiter de sa candidature pour inciter les Rwandais à sortir de leur autocensure vis-à-vis du gouvernement. C’était aussi le cas de Diane Rwigara, fille d’Assinapol Rwigara, homme d’affaires et N 0 2948 • DU 9 AU 15 JUILLET 2017

financier du Front patriotique rwandais (FPR), mort dans un accident à Kigali, en février 2015 (sa famille dénonce un assassinat maquillé). Fred Sekikibuko Barafinda se présentait, lui, au nom d’un parti non reconnu, les Accélérateurs de l’union démocratique révolutionnaire du Rwanda (RRUDA). Enfin, Gilbert Mwenedata espérait concourir à nouveau, après son échec aux législatives de 2013. À l’époque, il avait réussi une campagne remarquée, pourtant soldée par un score officiel de 0,42 % qu’il a eu bien du mal à digérer. P.B.

remettre le pays sur pied après les déchirements qu’il a connus. Pour les autres, c’est un couvercle trop serré sur une marmite qui finira tôt ou tard par exploser. Depuis des années, ces derniers guettent d’ailleurs les signes avant-coureurs d’une nouvelle catastrophe. Mais force est de constater qu’aucun n’est apparu, même en pleine révision de la Constitution. Le pays a continué d’avancer, en dépit des difficultés économiques du continent. Si les objectifs de la Vision 2020 ne seront pas atteints intégralement à la date prévue, le Rwanda a indubitablement avancé dans le bon sens. Les violences de masse ont cessé. Les plaies du passé cicatrisent doucement. Le pays se développe et se dote d’infrastructures. Et, très timidement, quelques voix critiques commencent à être tolérées, pourvu qu’elles ne cherchent pas à réinterpréter l’histoire du génocide. Pris par cette énergie vitale que l’on retrouve si souvent chez les survivants de grandes catastrophes, le Rwanda nouveau voit les choses en grand, multipliant les investissements de prestige (lire pp. 68-69), dont on se demande parfois s’ils sont correctement dimensionnés, au vu des priorités de la majorité de la population. GASPILLÉ. Bien entendu, tout n’y fonctionne pas

aussi bien que le clament les médias nationaux. On ne reconstruit pas une société ou une économie aussi facilement que l’on érige quelques tours de verre dans le centre de Kigali. Lesquelles cachent d’ailleurs souvent des locaux vides derrière leurs façades réfléchissantes. On y trouve bien des entreprises, comme le siège de l’East African Exchange (EAX), la Bourse des matières agricoles, qui devait faire de Kigali un centre régional de services en la matière. Quatre ans après son lancement en grande pompe par des partenaires privés, ses résultats sont décevants. Seules 6 000 tonnes de maïs et de haricots y ont été échangées en 2016. Loin de ce qu’a produit le pays. De même, malgré la fragilité de sa balance des paiements, sanctionnée en septembre 2016 par l’agence de notation Standard and Poor’s, le pays vient d’augmenter son budget de 7 %, tout en réduisant la part des pays donateurs. Audacieux. D’autant que la gestion publique n’est pas exempte de reproches, comme l’a relevé le dernier rapport de l’auditeur général, qui a identifié quelque 30 milliards de francs rwandais (30,9 millions d’euros) d’argent public gaspillé en 2016. Au moins ce rapport existe-t‑il. Là réside peut-être une particularité peu visible du système : sa capacité à l’autocritique, son adaptabilité et son pragmatisme (lire tribune p. 66). En 1994, quand les milles collines n’étaient plus qu’un charnier à ciel ouvert, personne n’aurait cru que le pays en serait là vingt-trois ans plus tard. On peut donc bien douter, aujourd’hui, de la crédibilité des projets du gouvernement. Cela ne l’arrêtera pas. JEUNE AFRIQUE


STEPHANIE AGLIETTI/AFP

Droit devant

Frank Habineza, candidat du Parti démocratique vert du Rwanda.

Frank contre Goliath

L

ors de la dernière élection présidentielle, en 2010, Paul Kagame était confronté à trois concurrents, qui faisaient tous partie de la coalition gouvernementale. L’affiche du scrutin de 2017 a, cette fois, le mérite de la clarté. Les partis de cette alliance ont décidé de soutenir le président sortant, tandis que quatre opposants n’ont a priori pas été autorisés à concourir (lire encadré), à l’exception notable de Frank Habineza. Peu connu des Rwandais, il se présente au nom du Parti démocratique

vert du Rwanda (RDGP), unique formation d’opposition légalement enregistrée dans le pays. Formé en 2009 par d’anciens membres du Front patriotique rwandais (FPR), ce parti a connu de nombreuses épreuves – comme l’assassinat non élucidé de son vice-président Andre Kagwa Rwisereka en 2010 – avant d’être finalement reconnu, en 2013. Trop tard pour concourir aux élections législatives, organisées la même année. Deux ans plus tard, Franck Habineza a été l’une des très rares voix à s’opposer à la réforme constitutionnelle,

qui permet aujourd’hui à Paul Kagame de se représenter. Pour ce jeune homme né en 1977 en Ouganda, à la tête d’un parti qui compterait « au moins 300 000 membres », selon Jean-Claude Ntezimana, son secrétaire général, ce scrutin sera donc un baptême du feu électoral. Le RDGP va tenter de faire entendre sa différence, notamment sur la réforme du système scolaire, qu’il souhaiterait plus francophone, ou encore sur celle de l’agriculture, qu’il juge trop autoritaire. « On impose aux paysans des monocultures, plus vulnérables aux maladies, alors qu’ils sont les mieux placés pour savoir ce qui pousse sur leur terre », estime JeanClaude Ntezimana. Il dénonce par ailleurs la campagne Ndi Umunyarwanda (« je suis rwandais »), dans le cadre de laquelle des proches de génocidaires sont amenés à s’excuser publiquement pour leurs exactions. « Ce n’est pas correct, affirme-t-il. Seuls ceux qui ont commis des crimes doivent être jugés. » Ce type de critiques publiques, bien que mesurées, est une nouveauté dans la vie politique rwandaise. P.B.

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Le Plus de JA Rwanda INTERVIEW

Louise Mushikiwabo « Personne n’est empêché de se présenter à la présidentielle » La chef de la diplomatie assume le référendum de 2015, qui permet à Paul Kagame de briguer un troisième mandat. Elle estime qu’il est le seul à avoir l’envergure nécessaire à cette fonction.

A

ussi à l’aise en français qu’en anglais, Louise Mushikiwabo est, depuis huit ans, le visage du Rwanda à l’étranger. Le référendum de 2015, en débloquant les verrous constitutionnels qui empêchaient le président Paul Kagame de se représenter, lui a pourtant valu quelques critiques, notamment en provenance du pays de son mari, les États-Unis. Mais alors que le Parti démocrate américain a été balayé lors des dernières élections, le gouvernement de Kigali semble avoir de belles années devant lui. De quoi donner un regain de confiance dans le monolithique modèle rwandais ? JEUNE AFRIQUE : En août, Paul Kagame pourra se présenter à nouveau grâce à une révision constitutionnelle. Quelle a été la réaction de vos partenaires étrangers à cette mesure ? LOUISE MUSHIKIWABO :

Certains pays ont exprimé leur mécontentement, mais j’ai toujours pensé que nous devions faire nos propres choix, même s’ils nous valent des critiques. Les dirigeants d’États occidentaux, notamment des anciennes puissances coloniales, pensent toujours avoir leur mot à dire en Afrique. Pourtant, la démocratie est en crise partout dans le monde, y compris dans ces pays, qui sont confrontés à une grande remise en VINCENT FOURNIER/JA

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question. Mais ils continuent de nous dire quoi faire… Aux États-Unis, les critiques sont venues de l’administration Obama. Donald Trump semble plus souverainiste. Êtesvous plus à l’aise avec cette approche ?

Je ne sais pas ce que veut cette nouvelle administration. Mais savoir qui dirige les États-Unis m’inquiète peu en réalité. La dynamique politique, en revanche, est très intéressante. La leçon de l’élection américaine c’est : souciezvous de votre peuple. Ce changement, ce sont les Américains qui l’ont voulu. Au Rwanda, les chiffres officiels du dernier référendum sont surprenants : 98,3 % de oui, avec 98,3 % de participation. Soit Paul Kagame est incroyablement populaire, soit les Rwandais sont très contrôlés…

Non. Le président Kagame est, en effet, très populaire. Mais le pays a décidé de se doter d’un système consensuel.

L’affrontement politique n’en fait pas encore partie. La priorité reste de rebâtir ce pays. Jusqu’à maintenant, aucun opposant n’a pu se présenter à une présidentielle. Est-ce que ce sera différent cette année ?

Qu’entendez-vous par « opposant » ? Un membre d’un parti qui ne participe pas à la coalition gouvernementale…

Les Occidentaux donnent le sentiment de vouloir créer une opposition. Pendant le référendum, certains nous ont recommandé un scénario à la Poutine-Medvedev. Est-ce cela, la démocratie ? Et que fontils du choix des Rwandais ? Aujourd’hui, aucun opposant n’a l’envergure du président. Mais personne n’est empêché de se présenter, pas même les prêtres. Vous faites référence à l’abbé Thomas Nahimana, candidat déclaré, qui s’est vu plusieurs fois empêché de revenir d’exil. Pour quelle raison ?

En tant que Rwandais, il a parfaitement le droit de revenir. Seulement, il a acquis la nationalité française et aurait dû en informer le consulat. À la place, il a utilisé son passeport français pour demander un visa. Il lui suffirait de clarifier, de dire : « Je suis rwandais et je reviens. » Le Rwanda risque-t-il d’être affecté par les crises des pays voisins, à commencer par le Burundi ?

Les Burundais sont nos frères et sœurs, et cela rend le sujet extrêmement sensible. Si le Rwanda s’en mêle, cela suscitera des tensions. Nous évitons donc de le faire, même si nous essayons de contribuer à la solution, notamment avec la médiation tanzanienne. Ce problème est encore très loin d’être réglé. Qu’en est-il pour la RD Congo ?

La situation y est extrêmement complexe, avec des poches de violence causées, pour l’essentiel, par des hommes politiques qui refusent l’apaisement. Les pays étrangers ont aussi des avis divergents et entretiennent de multiples canaux de discussions. Ce dont la région a besoin, c’est d’une RD Congo durablement stable, et je pense que nous pouvons y arriver, à condition que nos partenaires, occidentaux comme asiatiques, travaillent avec nous. Propos recueillis à Kigali par PIERRE BOISSELET JEUNE AFRIQUE



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Le Plus de JA Rwanda

TRIBUNE

Des Jeux olympiques de la gouvernance

GATETE NYIRINGABO Avocat, chercheur en sciences politiques

D

epuis quatre ans, l’Institute of Policy Analysis and Research-Rwanda (IparRwanda) est sollicité pour évaluer l’impact des politiques menées par le gouvernement. Chaque année, ce think tank auquel je collabore passe donc en revue les imihigo (contrats de performance) signés entre la présidence de la République et les institutions centrales et locales, portant sur l’amélioration des services sociaux, la création d’emplois, le développement des infrastructures, la qualité de leurs prestations, etc. À l’issue de ces Jeux olympiques de la gouvernance, les finalistes reçoivent une médaille du chef de l’État. Les perdants se contentent d’avertissements qui peuvent, dans le pire des cas, sonner prématurément le glas de leur carrière. Expérience atypique que cette mise en compétition des institutions publiques, avec le souci de satisfaire aux revendications citoyennes ! Le commanditaire de notre évaluation – le bureau du Premier ministre – insiste en effet pour que nous prenions en compte le niveau de satisfaction des populations. En avril, l’Ipar-Rwanda a été chargé d’évaluer le Seven Year Government Program, c’est-àdire de dresser le bilan du second septennat de Paul Kagame et de son gouvernement, tout en formulant des recommandations pour le mandat suivant. Ailleurs dans le monde, ce type d’audit est généralement lancé à des fins politiciennes par un dirigeant fraîchement élu afin de montrer au peuple dans quel état désastreux son prédécesseur a laissé le pays, espérant sans doute que les électeurs réviseront à la baisse leurs attentes. Il est plus rare qu’un président en fin de mandat se hasarde à un tel exercice. Quels enseignements en tirer ? Manifestement, la certitude que Paul Kagame ne doute ni de ses performances au cours de ses deux précédents mandats ni de ses chances d’être réélu en août 2017. De telles évaluations sont en général réalisées par des sociétés étrangères, qui sont financées par des bailleurs de fonds, au risque de juger les performances d’un État avec des lunettes aux verres déformants, tantôt complaisants, tantôt dépréciateurs, dans tous les cas exogènes. Précisons que l’Ipar-Rwanda

n’est pas rémunéré quelque 250 000 dollars par étude pour lancer des fleurs au gouvernement – le bouquet serait très cher payé ! Son rôle est d’identifier les faiblesses apparues dans la mise en œuvre des politiques publiques. Dans son précédent rapport, par exemple, il n’a pas manqué de souligner les dysfonctionnements qui grèvent le secteur clé de l’agriculture, les retards des institutions étatiques, qui placent régulièrement les autorités locales dans une situation critique, ou encore le déséquilibre entre les attentes des populations et les fonds disponibles. Ses observations sont avant tout techniques. Il appartient ensuite aux services de l’État d’analyser les causes de ces failles (incompétence, corruption…). Loin de tout activisme, le devoir de réserve que s’impose notre think tank donne l’assurance au gouvernement que les manquements soulignés ne serviront pas à alimenter quelque polémique stérile, gorgée d’arrière-pensées. En effet, l’Ipar-Rwanda ne cherche ni la visibilité ni une quelconque reconnaissance internationale. Nous parlons peu aux médias et, quand nous le faisons, c’est généralement à des fins pédagogiques plus que polémiques. Tels des médecins, notre diagnostic ainsi que les prescriptions qui s’ensuivent sont protégés par une sorte de serment d’Hippocrate. Nous laissons en effet au patient le soin de dévoiler, s’il le souhaite, son dossier médical. Prérogative

Expérience atypique que cette mise en compétition des institutions.

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qui appartient par ailleurs aux citoyens rwandais en vertu d’une loi qui, depuis 2013, garantit l’accès à l’information. Bien entendu, cette évaluation annuelle ne serait que perte de temps si l’État ne retenait que les recommandations les plus aisées à mettre en œuvre, en dissimulant sous le tapis les critiques les plus dérangeantes. Les efforts déployés pour persuader le gouvernement de prendre en compte ces recommandations illustrent cette « dépassionnalisation » de l’action publique dont le Rwanda a fait l’une de ses marques de fabrique. Pour que l’Afrique sorte du cercle vicieux du mal-développement, il faut savoir avant tout se faire violence. JEUNE AFRIQUE


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Le Plus de JA Rwanda ÉCONOMIE

Des rêves de Silicon Valley À une dizaine de kilomètres de Kigali, la future Innovation City regroupera bientôt un complexe universitaire, des bureaux régionaux de grandes entreprises et un incubateur.

D

es grues surplombent une fourmilière d’ouvriers qui s’activent entre des bâtiments en construction… La future Innovation City de Kigali n’est encore qu’un vaste chantier. Située à une dizaine de kilomètres de la capitale, cette future Silicon Valley rwandaise devrait ouvrir ses portes dès 2018. « Nous allons réunir sur un même site les différentes composantes de l’économie de la connaissance et ainsi accélérer la croissance des nouvelles technologies au Rwanda, s’enthousiasme Steve Mutabazi, le responsable des nouvelles technologies du gouvernement rwandais, qui a imaginé le projet pour le Bureau de développement du Rwanda (RDB). Les géants mondiaux du secteur veulent venir en Afrique développer des produits adaptés aux Africains. Nous créons donc l’environnement idéal pour qu’ils nous choisissent. » Ce projet est l’un des éléments de la stratégie gouvernementale pour transformer l’économie agraire du pays et la faire sortir de sa trop grande

CYRIL NDEGEYA POUR JA

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Dans le FabLab, un « CNC Shopbot » reproduit le modèle créé sur ordinateur.

dépendance aux aides internationales. Le Rwanda est certes encore loin de rivaliser avec son voisin kényan, où sont implantés les bureaux régionaux de géants mondiaux tels qu’IBM, Microsoft ou Google, mais Kigali se donne les moyens de ses ambitions. Près de 250 millions d’euros seront injectés dans cette « cité innovante », alors que 3 500 km de fibre optique ont été tirés à travers le pays et que la 4G couvre 60 % du territoire. CRÉER DES PONTS. Au cœur de ce dis-

positif, un campus rassemblera les futures grosses têtes du continent, avec notamment des antennes de l’université américaine Carnegie Mellon, de l’Institut africain des sciences mathématiques, du Centre international des physiques théoriques… « Ces laboratoires de la connaissance seront

Tap&Go La puce des bus À Kigali, le Tap&Go est devenu un réflexe pour les usagers des bus. Le système de paiement par carte, développé par AC Group, revendique déjà 1 million d’utilisateurs au Rwanda. « Cela permet aux opérateurs de transport d’éviter les fraudes et d’adapter le service aux besoins des consommateurs », explique Patrick Buchana, directeur général et fondateur d’AC Group. Après avoir conquis le marché local, l’entreprise se déploie aujourd’hui au Cameroun. « Nous avons déjà 80 000 souscripteurs à Yaoundé et à Douala, et nous sommes en négociations avec plusieurs autres pays sur le continent », avance le dirigeant. La société, qui prélève un pourcentage sur chaque transaction, emploie déjà plus de 50 personnes à Kigali. Son patron, qui exerce en parallèle une activité de conseil auprès des gouvernements en matière de transports intelligents, préfère encore rester discret sur la valeur de son entreprise. Celle-ci pèserait déjà plusieurs millions de dollars. Patrick Buchana s’est fixé la mission de devenir « un acteur panafricain du transport ». T.B. N 0 2948 • DU 9 AU 15 JUILLET 2017

entourés d’entreprises innovantes, susceptibles de créer des ponts entre l’apprentissage et l’application des connaissances », anticipe Steve Mutabazi. Plusieurs laboratoires pharmaceutiques, ainsi que le groupe Ericsson seraient déjà sur les rangs. Le gouvernement compte ainsi dupliquer ce qui a été développé par le passé en Californie, en créant un environnement où cohabitent incubateurs et entreprises, capital humain et ressources financières. C’est dans cette optique que Kigali vient de lancer le Rwanda Innovation Fund, doté de 100 millions de dollars (88 millions d’euros). « Nous voulons soutenir les entreprises innovantes, viables, prêtes à croître et à se développer à l’international », détaille le spécialiste des nouvelles technologies. Plus de 30 millions de dollars auraient déjà été sécurisés. Les rêves de Steve Mutabazi ont déjà pris corps à Kigali. En 2011, une antenne de l’université Carnegie Mellon, l’une des meilleures écoles d’ingénieurs au monde, s’est installée aux quatrième et cinquième étages de la Telecom House, dans le quartier des ambassades – des locaux provisoires, en attendant ceux du futur campus. Plus de 300 étudiants, venus de 27 pays d’Afrique, fréquentent ces locaux. « Nous sommes la seule université de niveau mondial à avoir un campus en Afrique, explique Michel Bézy, directeur adjoint de l’université. Nos diplômés constituent l’élite africaine de demain. » Les geeks de Kigali se sont également donné rendez-vous au FabLab (laboratoire de fabrication numérique), créé JEUNE AFRIQUE


Droit devant il y a moins d’un an selon le modèle développé par le célèbre Massachusetts Institute of Technology (MIT), aux ÉtatsUnis. Des prototypes de drones en carton traînent dans un coin du local. « Aucun d’entre eux ne peut voler plus de quelques mètres », sourit Lambert. Assis derrière un bureau encombré de composants électroniques et de diodes qui clignotent, l’ingénieur reste confiant : « Je construis un appareil pour épandre des pesticides dans les zones difficiles d’accès du pays », explique-t-il. Au même étage se trouve le KLab, le premier incubateur de startup du pays. En échange d’une modeste contribution, les entrepreneurs en herbe profitent d’une connexion internet très haut débit, peuvent échanger avec des experts du monde entier et même rencontrer de potentiels investisseurs. Depuis 2012, des centaines de jeunes ont foulé la moquette aux couleurs criardes de l’entrée. Bien que quelques pépites soient sorties du lot, comme TorQue et AC Group (lire encadrés), les résultats sont cependant encore rarement au rendez-vous. Beaucoup d’observateurs estiment que l’endroit ressemble aujourd’hui

TorQue Distribution bien ordonnée « Au début, je voulais juste créer ma société, même si je ne savais pas vraiment dans quel domaine », relate Jean Niyotwagira. Diplômé de l’Institut des sciences et des technologies de Kigali, il imagine et développe, dès 2011, une application qui permet aux distributeurs de suivre en temps réel leurs ventes et leurs stocks. Grâce à TorQue, « des distributeurs peuvent se lancer sans avoir besoin d’investir une fortune », explique son concepteur. Le jeune entrepreneur a su convaincre la Bralirwa, filiale du groupe Heineken. La plus importante brasserie du pays lui a même offert un poste en or, qu’il a refusé. « Je souhaite rester indépendant, mais je continue à travailler avec eux : je leur donne accès à nos données, et en échange ils me font profiter de leur réseau », précise Jean Niyotwagira. TorQue est en phase d’expansion et vise désormais l’immense marché nigérian. Valorisé à 500 000 dollars par Prime Insurance, qui a pris 10 % du capital, TorQue espère que la vente de 10 % supplémentaires lui donnera des fonds suffisants pour se développer à l’international. Le jeune Rwandais a placé la barre haut et espère attirer ainsi 200 000 dollars (176 000 euros), ce qui valoriserait son entreprise – qui compte moins de dix employés – à 2 millions de dollars. T.B.

davantage à une vitrine à la gloire du gouvernement qu’à une véritable pépinière de talents. « Il ne faut pas se mentir, l’écosystème propre à faire émerger ce qui pourrait ressembler à une Silicon Valley n’existe pas », tranche Michel Bézy. Et le directeur adjoint de l’université d’énumérer les points noirs, difficilement

PRODUCTION ET COMMERCIALISATION DE THÉ HAUT DE GAMME Rwanda Mountain Tea Ltd (RMT), connue pour la production d’un thé de montagne de très haute qualité, continue de dominer l’industrie du thé au Rwanda depuis sa création en 2006 jusqu’à ce jour. Sa renommée dépasse les frontières du pays puisque son thé est très apprécié et recherché sur le marché international pour sa liqueur prononcée et sa coloration dorée. RMT aspire à consolider ce leadership sur le marché en investissant continuellement dans de nouvelles plantations de thé, dans des usines modernes et unités de conditionnement de thé.

www.rwandamountaintea.com

La réalisation la plus récente de RMT est la construction d’une nouvelle usine à thé dénommée Gatare Tea Factory dont la fin des travaux est prévue pour septembre 2017. Gatare est la 2ème usine construite par RMT, après Rutsiro qui produit du thé organique noir du type CTC et orthodoxe noir et vert. En plus de ces unités de transformation, RMT dispose d’un important portefeuille d’usines implantées dans diverses

surmontables à moyen terme : niveau d’éducation insuffisant, industrie balbutiante, faiblesse des financements, omniprésence du gouvernement, carence de chercheurs… Mais le Rwanda est bien décidé à essayer de mettre toutes les chances de son côté.

THAÏS BROUCK, à Kigali

régions du Rwanda. Ces différentes usines produisent un thé haute gamme avec les marques labelisées KITABI, NYABIHU, RUBAYA, MATA et GISAKURA. PRIX DE QUALITÉ En reconnaissance de la haute qualité du thé produit par RMT, chaque année ses usines reçoivent des prix lors de compétions organisées à cet effet. Les prix obtenus en 2017 sont ceux décernés lors de la 3ème Convention du thé d’Afrique de l’Est tenue en mai 2017 au Kenya au cours de laquelle un lot de 6 prix sur un total de 12 prix décernés a été gagné par l’usine à thé de Nyabihu. PRODUCTION D’ÉLECTRICITÉ En plus de la production et de la commercialisation du thé, RMT est aussi l’un des investisseurs privés dans le secteur des énergies renouvelables. Ainsi, RMT a construit deux centrales hydroélectriques sur la rivière Giciye. Les deux centrales hydroélectriques ont une capacité de 8 MW. Suite à la grande potentialité qu’offre la rivière Giciye, RMT a décidé d’y construire une troisième centrale hydroélectrique avec une capacité de production de 7,2 MW. De plus RMT gère pour le compte de l’état rwandais 2 autres centrales hydroélectriques d’une capacité de 4 MW.

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À l’occasion de son 50e anniversaire, Bank of Kigali s’engage à financer davantage les PME

C

omplètement réorganisé et assaini, le secteur bancaire rwandais a joué un rôle non négligeable dans le formidable rebond économique qu’a connu le Rwanda après le Génocide des Tutsis en 1994. Bank of Kigali, qui célèbre son 50e anniversaire cette année, y a bien évidemment pris part. Si l’investissement public a été le moteur principal des 8 % de croissance annuelle moyenne réalisés durant la dernière décennie, la Stratégie de développement du secteur privé (Private Sector Development Strategy, PSDS) lancée par le gouvernement vise à corriger ce déséquilibre et à libérer l’entrepreneuriat. La PSDS est au cœur de la Stratégie de développement économique et de réduction de la pauvreté (EDPRS-2) du Rwanda. Elle fixe des objectifs ambitieux de croissance, d’emplois, d’exportations et d’investissements, domaine où les banques jouent un rôle clé, puisqu’elles financent les investissements du secteur privé.

Bank of Kigali, en tant que banque leader avec près de 35 % du marché, se doit de montrer l’exemple en matière de prêts au secteur privé et de proposer aux entrepreneurs locaux des financements peu coûteux, à des taux d’intérêts raisonnables. L’insuffisance des ressources d’épargne intérieure cause cependant un important décalage entre l’offre et la demande de financement, avec pour conséquence des taux d’intérêts que les emprunteurs considèrent trop élevés et qui privent la plupart des PME d’accès au crédit. Parmi les moyens employés pour pallier à cette difficulté, Bank of Kigali a lancé l’initiative « Urumuri » (qui signifie « Lumière »). Il s’agit d’un programme de mentorat de 50 start-ups locales, exercé via une agence spécifique de développement. Les plus remarquables de ces jeunes sociétés bénéficient de prêts à taux zéro pour réaliser leurs projets. « Financer cette opé-

RÉPARTITION DES PRÊTS PAR SECTEURS (ANNÉE 2016) 18,1 % CONSTRUCTION 22,0 % HÔTELS ET RESTAURANTS 25,0 % COMMERCE 13,7 % TRANSPORT, LOGISTIQUE ET COMMUNICATION

6,7 % INDUSTRIES MANUFACTURIÈRES

BANK OF KIGALI

6,1 % EAU ET ÉNERGIE

CALL CENTER

1,0 % ÉDUCATION

Local : 4455 Marketing & Relations publiques : +250788143475 International : +250-788143000 Email bk@bk.rw, Send us a message

6,7% AUTRES

www.bk.rw

0,7 % AGRICULTURE

CR


COMMUNIQUÉ

Nous nous engageons à concentrer nos efforts sur la création de partenariats porteurs d’opportunités pour nos PME et micro-entreprises parce que nous sommes convaincus qu’elles seront les principaux moteurs de création de croissance et d’emplois dans les prochaines années. Diane Karusisi

E

DR DIANE KARUSISI, CEO DE BANK OF KIGALI

Au-delà de la recherche de lignes de crédit peu coûteuses, Dr Karusisi a également révélé que la Banque de Kigali s’est engagée à améliorer l’efficacité opérationnelle pour réduire progressivement le coût de leurs activités.

Conscients des retombées négatives d’une inefficacité opérationnelle sur le coût des emprunts de nos clients, nous nous concentrons donc sur l’amélioration de nos services à travers des canaux numériques innovants, sans nul doute une approche qui nous permettra d’être plus rentable, a t-elle déclaré.

En 2010 2010, Bank of Kigali a été la première entreprise du pays à recevoir une notation d’agence financière internationale. En l’occurrence, elle a été notée A+/ A1/ par la Global Credit Rating Company sud-africaine. Maintenu l’année suivante, ce « rating» a stimulé la confiance des investisseurs étrangers et s’est traduit par la signature d’une ligne de crédit de 20 millions de dollars avec l’Agence française de développement, assortie d’un accord de sous-participation à hauteur de 6 millions d’euros. Cette même année 2011, Bank of Kigali a surfé sur le succès et sur la confiance des investisseurs : l’introduction en Bourse de 45 % des actions a réuni 62,5 millions de dollars. Invité d’honneur des festivités du 50e anniversaire de la banque, le 5 mai dernier, le Président Paul Kagamé a salué ces résultats. Il a également ajouté qu’en tant qu’établissement leader, Bank of Kigali se devait de concevoir des méthodes pour appuyer les entrepreneurs locaux dans leur recherche de financements à des taux d’intérêt attractifs.

PERFORMANCES DE BANK OF KIGALI COMPARÉES AUX BANQUES COMMERCIALES CROISSANCE ANNUELLE MOYENNE, 2010 À 2017 (PREMIER TRIMESTRE) 30,0 %

27,0 %

25,0 %

22,3 %

21,4 % 18,3 %

20,0 % 15,0 %

23,3 %

13,8 %

13,0 %

13,1 %

La stratégie Vision 2020 du Rwanda définit pour les années à venir un ensemble d’objectifs ambitieux pour l’économie, le secteur privé et les investissements, parmi lesquels : • le PIB par habitant à 1 240 dollars en 2020, • un rythme de croissance de 11,5 % par an en moyenne,

10,0 %

• croissance de 13,5 % par an dans les services, 8,5 % dans l’agriculture et plus de 14 % dans l’industrie,

5,0 % 0,0 %

ORIENTATIONS STRATÉGIQUES NATIONALES

TOTAL BILAN

ENCOURS CRÉDIT

COMMERCIAL BANKS

DÉPOTS BANK OF KIGALI

CAPITAUX PROPRES

• des exportations en hausse de 28 % par an pour atteindre 3,6 milliards de dollars en valeur en 2020, • le poids du commerce extérieur passant de 41,5 % du PIB à 60 %, • 200 000 emplois non-agricoles créés chaque année jusqu’en 2020.

DIFCOM/DF - PHOTOS:DR.

ration, et toutes celles qui soutiennent nos entreprises locales, nous oblige à rechercher en permanence les lignes de crédit les moins coûteuses, celles qui nous permettront de financer davantage le développement du secteur privé rwandais », explique Diane Karusisi, CEO de Bank of Kigali.


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