Sénégal Et revoilà Wade !
Maroc À la grâce de Sa Majesté
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année • no 2949 • du 16 au 22 juillet 2017
Maghreb Dans la jungle des télés privées
jeuneafrique.com
Gouvernance, développement, réconciliation, réformes…
QUE VEULENT LES IVOIRIENS ? Spécial 20 pages
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COMMUNIQUÉ
LA BRVM a signé un Mémorandum avec la Bourse de Shanghai La Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) et la Bourse de Shanghai (Shanghai Stock Exchange) ont procédé à la signature, le 15 juin 2017 à Shanghai, d’un Mémorandum of Understanding (MoU) par leurs deux CEOs, Monsieur Hongyuan HUANG et Dr. Edoh Kossi AMENOUNVE en présence de Monsieur Pierre Atépa GOUDIABY, PCA de la BRVM.
Ce Mémorandum porte sur les domaines suivants : I - le développement du marché actions ; II - la création de nouveaux produits financiers ; III - l’amélioration des plateformes de cotation et des outils de surveillance du marché ; IV - la double cotation ; V - l’échange d’informations et de documenta tions et enfin (vi) l’échange d’expériences dans le cadre de l’adoption des normes internationales en matière boursière.
▲ Échange de parapheurs entre Dr. Edoh Kossi AMENOUNVE de la BRVM (à droite) et M. Hongyuan HUANG de Shanghai Stock Exchange (à gauche)
La BRVM devient ainsi l’une des premières Bourses africaines après l’Egyptian Stock Exchange (juin 2007), le Johannesburg Stock Exchange (avril 2012) et le Nairobi Stock Exchange (août 2013). Elle est la première en Afrique de l’Ouest à signer un partenariat avec la Bourse de Shanghai.
À PROPOS DE LA BRVM
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Portée sur les fonts baptismaux le 18 décembre 1996 à Cotonou (BENIN), la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) est une bourse électronique parfaitement intégrée commune à 8 pays de l’Afrique de l’Ouest : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo. Outre les titres de participation (actions), la BRVM propose l’admission et la négociation des titres de créance (obligations). La BRVM offre aux investisseurs un environnement boursier de classe mondiale avec des sys-
tèmes de Cotation et de Règlement/Livraison des transactions à la fine pointe de la technologie. La BRVM est membre du Comité Exécutif de l’African Securities Exchanges Association (ASEA) et assure la Présidence du Conseil pour l’Intégration des Marchés de Capitaux en Afrique de l’Ouest (WACMIC). Elle est depuis novembre 2016 classée dans la catégorie des marchés frontières par le MSCI. La BRVM a terminé l’année 2016 avec une capitalisation boursière de 12,86 milliards de dollars US pour 43 sociétés cotées et une valeur des transactions de 687,59 millions de dollars US. l
MM. Hongyuan HUANG, Président de SSE et Pierre Atépa GOUDIABY, PCA de la BRVM.
INVESTISSONS POUR UNE CROISSANCE PLUS FORTE ET MIEUX PARTAGÉE
En s’alliant à la Bourse de Shanghai, la quatrième bourse la plus importante au monde après le New York Stock Exchange (NYSE), le NASDAQ et la Bourse de Tokyo, la BRVM entend bénéficier de son expérience, de son avancée technologique et encourager l’investissement en portefeuille chinois notamment des Fonds de pension, des compagnies d’assurance et banques ainsi que des particuliers sur le marché financier de l’UEMOA. Les États de l’Union et les institutions communautaires pourront également dans le futur envisager d’émettre des « Panda Bonds » pour une additionalité des ressources en vue du financement des économies. Les entreprises chinoises opérant en Afrique (estimées à plus de 10 000) pourront aussi envisager de se faire coter sur les places boursières africaines notamment à la BRVM pour encourager le développement de l’actionnariat populaire local.
Ils doivent désormais être suivis par des investissements en portefeuille pour lesquels la Chine dispose d’un potentiel très important. En effet, le secteur de l’assurance en Chine détient environ 340 milliards de dollars d’actifs sous gestion, les fonds de Private Equity et de Venture Capital ont levé en un an 72,5 milliards de dollars, plus que le montant total de l’Investissement Direct Etranger (IDE) chinois en Afrique sur les 12 dernières années.
Sur les 30 dernières années, l’économie chinoise a effectivement connu une évolution remarquable avec un taux de croissance annuel moyen du PIB d’environ 9,74 %.
La BRVM et la Bourse de Shanghai viennent ainsi d’ouvrir la voie pour développement d’un nouveau mode de financement entre la Chine et l’UEMOA pour une croissance plus forte et mieux partagée. n
S’agissant des marchés de capitaux, en 27 ans, la Bourse de Shanghai s’est hissée au 4ème rang des places boursières mondiales en termes de capitalisation. Enfin, sur les dix plus grosses introductions en bourse de l’Histoire, 4 sont des entreprises chinoises, dont la société Alibaba qui a réalisé la plus importante Offre Publique Initiale de tous les temps.
En 2016, sur la base des données de la production intérieure, la Chine est la 2ème puissance économique du monde, devant le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni avec un Produit Intérieur Brut estimé à 11 199 milliards de dollars, soit 8 123 dollars par habitant. Par ailleurs, en octobre 2016, le Yuan devient la 3ème devise en termes de pondération sur les cinq du nouveau panier du Droit de Tirage Spécial (DTS) du FMI. La Chine est également devenue en moins de 10 ans un partenaire économique important de l’Afrique. En effet, elle a investi directement dans 293 projets sur le continent depuis 2005 pour environ 66,4 milliards de dollars. Ces investissements sont essentiellement orientés vers des projets d’infrastructures de développement.
▲ Monsieur Zhikang DAI, PDG du Groupe Zendai (à droite) et Dr. Edoh Kossi AMENOUNVE, DG de la BRVM. (à gauche)
Siège social : Côte d’Ivoire - Abidjan - Plateau, 18 Avenue Joseph Anoma 01 BP 3802 Abidjan 01 Tél. : (225) 20 326 685 / 20 315 550 Fax : (225) 20 326 684 E-mail : brvm@brvm.org
www.brvm.org
BOURSE REGIONALE DES VALEURS MOBILIERES
Afrique de l’Ouest
COMMUNIQUÉ
LA CRRH-UEMOA,
Un modèle de refinancement hypothécaire performant en Afrique Unique société de refinancement de prêts à l’habitat des banques commerciales en Afrique de l’Ouest, la Caisse Régionale de Refinancement Hypothécaire de l’UEMOA (CRRH-UEMOA) connaît une année 2017 de succès. Sous l’impulsion de son Directeur Général Christian AGOSSA, la CRRH-UEMOA a réalisé de belles performances et achève son institutionnalisation. Au bout de trois ans de négociations, la CRRH-UEMOA a ouvert son capital à la Société Financière Internationale (SFI) pour un montant de 1,25 milliard de F CFA. La cérémonie de signature de la convention de prise de participation a eu lieu le jeudi 8 février 2017, faisant de la SFI le deuxième actionnaire institutionnel (15 %) de la CRRH-UEMOA derrière la BOAD (18 %). « Le partenariat que nous venons de signer va renforcer non seulement notre actionnariat, mais va permettre aussi de mobiliser davantage de ressources pour accroître notre capacité de refinancement des prêts au logement consentis par nos banques actionnaires » s’est réjoui Christian AGOSSA, Directeur Général de la CRRH-UEMOA. Afin de rassurer ses investisseurs et partenaires, la CRRH-UEMOA fait l’objet d’une notation depuis 2015 par l’agence de notation financière Bloomfield Investement Corporation. Elle apparaît aujourd’hui comme l’institution financière la mieux notée du marché financier et bancaire de l’Union, avec en 2016, les notes AA avec perspective stable sur le long terme et A1+ avec perspective positive sur le court terme. La notation de 2017 est attendue dans les prochaines semaines. La CRRH-UEMOA a par ailleurs consolidé sa crédibilité et la liquidité de ses titres le 28 juin dernier avec
La CRRH-UEMOA reçoit le soutien de la Société Financière Internationale (Filiale de la Banque Mondiale)
la cérémonie de première cotation à la BRVM de son 6ème emprunt obligataire, à partir de Lomé. Avec 107 milliards de F CFA d’emprunts obligataires en quatre ans, elle est devenue le premier émetteur non souverain du marché financier régional. C’est avec des indicateurs positifs que la CRRH-UEMOA envisage de recourir au marché financier régional pour la 7ème fois en septembre prochain pour mobiliser un montant d’environ 25 milliards de F CFA. Créée en 2010, la CRRH-UEMOA est un établissement financier constitué sous forme de Société Anonyme avec Conseil d’Administration. Elle a obtenu son agrément en qualité d’Établissement financier à caractère bancaire le 11 novembre 2011 sous le numéro T 0165 N. Son capital social est constitué de quatre actionnaires institutionnels, la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), première institution de financement à long terme de l’UEMOA, la Société Financière Internationale (SFI), filiale du groupe de la Banque Mondiale chargée de la promotion et du financement du secteur privé, la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC), institution de financement à long terme de la CEDEAO, Shelter Afrique, institution continentale dédiée à la promotion et au financement de l’habitat en Afrique, et de 54 banques commerciales réparties dans les huit pays de l’UEMOA. Elle a pour mission exclusive de refinancer au profit de ses actionnaires (les banques commerciales), les prêts au logement octroyés par ceux-ci à leurs clients.
La CRRH-UEMOA : « Finançons ensemble, l’accès à la propriété pour tous »
1ère cotation du 6ème emprunt obligataire de la CRRH-UEMOA à la BRVM
Email : infos@crrhuemoa.org - Site Web : www.crrhuemoa.org
Abidjan, capitale africaine de la jeunesse VIIIE JEUX DE LA FRANCOPHONIE 2 1 - 3 0 J U I L L E T 2 0 1 7 • C Ô T E D ’ I VO I R E
Les jeunes Ivoiriens relèvent le défi... pari gagné Plus de 4 000 jeunes venus de 84 pays unis par la langue française se retrouvent en Côte d’Ivoire pour célébrer le sport, la culture, la création artistique et numérique. Terre d’espérance et d’hospitalité, formidable carrefour de brassage culturel, ouvert sur le monde et l’Afrique, le pays a conçu cette 8e édition des Jeux de la Francophonie comme
PUBLI-INFORMATION
une grande fête de la jeunesse, pour lui permettre d’exprimer pleinement son énergie et lui donner confiance en l’avenir. Infrastruc tures, bénévoles, mobilisation des jeunes et des acteurs publics à tous les niveaux : Abidjan n’a pas ménagé ses efforts pour accueillir cette rencontre majeure de la solidarité, de la diversité et de l’excellence.
Abidjan, capitale africaine de la jeunesse VIIIE JEUX DE LA FRANCOPHONIE 2 1 - 3 0 J U I L L E T 2 0 1 7 • C Ô T E D ’ I VO I R E
À la recherche du dépassement de soi
© DR
sont proposés aux participants pendant dix jours. Organisateurs et bénévoles ont réuni leurs créativités et leurs talents pour en faire un événement hors du commun. En droite ligne avec les centres d’intérêts de la nouvelle génération, des compétitions ont été ajoutées au programme pour valoriser les innovations dans le digital et dans le développement durable.
© CIJF
Jeux de la Francophonie Abidjan 2017 ! La Côte d’Ivoire se prépare depuis quatre ans à accueillir cette grande fête. Grâce à une mobilisation sans précédent des jeunes Ivoiriens de tous horizons, sous l’impulsion de futurs diplômés dans le marketing, la communication ou encore l’électronique, des moments exceptionnels e
© CYRIL BAILLEUL/OIF
Akwaba ! Bienvenue aux VIII
Les Jeux de la Francophonie sont organisés par le Comité international des Jeux de la Francophonie et le Comité national des Jeux de la Francophonie sous l’égide de l’Organisation internationale de la Francophonie. De gauche à droite : SEM Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, Madame Michaëlle Jean, Secrétaire Générale de la Francophonie, le vice-Président de la République ivoirienne, Daniel Kablan Duncan (alors Premier ministre), et le Président Abdou Diouf, lors de la signature du cahier des charges.
Une grande fête populaire Quand la Côte d’Ivoire s’est portée candidate à l’organisation de ces Jeux, elle a placé très haut les objectifs de participation et de couverture médiatique. Paris gagnés : au moins 4 000 jeunes talents, sportifs et artistes, issus des 84 États et gouvernements de la Francophonie sont attendus à Abidjan. La couverture médiatique bat tous les records : plus de 500 millions de téléspectateurs et 700 journalistes pour ce qui est désormais le plus grand événement de la jeunesse francophone. Élue pays hôte en 2013, la Côte d’Ivoire s’est aussitôt
PUBLI-INFORMATION
attelée à la tâche. Cela s’est traduit par une mobilisation d’envergure à tous les niveaux. Côté exécutif, tous les ministres ont pris en charge des missions liées aux Jeux : culture et jeunesse, mais aussi santé, intérieur, infrastructures… Un ministre chargé des Jeux a été spécifiquement nommé, directement rattaché à la Présidence de la République. Il s’agit de Robert Beugré Mambé, par ailleurs Gouverneur du District d’Abidjan. En permanence sur le terrain, qu’il connaît forcément bien, il a veillé à l’avancement des chantiers et sensibilisé le gouvernement et les médias à leur réalisation.
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Le stade Félix-Houphouët-Boigny, au Plateau.
La Côte d’Ivoire à la cérémonie de l’ouverture des VIIe Jeux.
Entre les communes de Treichville et Marcory, l’espace « Canal aux bois » a été construit spécialement pour les Arts de la rue (jonglerie, hip-hop, marionnettes…). Quant aux Arts de la scène (chanson, danse, contes), leurs épreuves se déroulent au Palais de la culture d’Abidjan, en bord de lagune à Treichville. Après une grande rénovation, ce complexe à l’architecture originale dispose de plusieurs salles de spectacles, notamment deux théâtres de 1 500 places et 600 places, ainsi qu’un théâtre à ciel ouvert (4 000 personnes). L’Institut national supérieur des arts et de l’action culturelle (INSAAC, à Cocody), le Musée des civilisations, la Bibliothèque nationale et l’Institut Français accueillent notamment la littérature, les arts visuels (photo, peinture, sculpture) et deux nouvelles spécialités : la création numérique et la création écologique.
© YOURI LENQUETTE
Construit à Marcory (au sud de la lagune) dans l’enceinte de l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS), le Village Akwaba est le site d’hébergement des athlètes et des participants, spécialement construit pour l’occasion. À Marcory se trouve également le stade Robert-Champroux (2 800 places), l’un des sites d’accueil des compétitions sportives. Il a été rénové et agrandi, comme le stade Félix-Houphouët-Boigny, situé au Plateau (35 000 places), rendez-vous principal des athlètes. Enfin, le Parc des sports de Treichville (non loin de Marcory), accueille notamment les épreuves de judo et de lutte (libre et africaine) dans une salle toute neuve.
Le Village Akwaba, site d’hébergement des athlètes, à Marcory.
UN LEVIER DE DÉVELOPPEMENT ET DE COHÉSION SOCIALE
LA CÔTE D’IVOIRE, CARREFOUR DES ARTS ET DES CULTURES Le Masa (Marché des arts du spectacle africain, tous les deux ans), le Salon du Livre d’Abidjan (chaque année en février), Discop Africa, le grand marché panafricain des programmes audiovisuels (en juin) et Clap Ivoire, celui du cinéma (en septembre) font d’Abidjan le rendez-vous de centaines d’artistes et d’auteurs venus de toute l’Afrique et d’ailleurs. Un peu, pour comparer avec la France, comme réunir à Abidjan le festival d’Avignon, le Salon du Livre de Paris et le festival de Cannes… Mais tout le pays fourmille d’événements originaux. Comme le Popo Carnaval de Bonoua, qui réunit chaque année plus de 100 000 visiteurs, l’Abissa de Grand Bassam, fête traditionnelle qui est un centre d’attraction pour les touristes africains et internationaux.
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Village, stades et équipements pour célébrer le sport, la culture et la création artistique
Abidjan, capitale africaine de la jeunesse VIIIE JEUX DE LA FRANCOPHONIE 2 1 - 3 0 J U I L L E T 2 0 1 7 • C Ô T E D ’ I VO I R E
Sur le plan humain, le pays était pleinement conscient qu’il devait déployer tous ses efforts, et à tous les niveaux : accueil et organisation, sécurité, hospitalité, animation… Il fallait non seulement préparer des lieux pratiques et efficaces, mais aussi déployer d’importants moyens pour élaborer l’emploi du temps, forcément complexe, accueillir et encadrer les participants, VIP ou « simples » spectateurs… Rapidement, le Conseil des jeunes du district d’Abidjan a multiplié les opérations pour convaincre les jeunes Ivoiriens dans les écoles et les universités d’être les ambassadeurs des Jeux et de prendre une part active à leur réussite. Ils sont des centaines à s’être préparés à leurs missions
MÉCONNUE ET SURPRENANTE, UNE DESTINATION À DÉCOUVRIR
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ITB-Berlin,Top Resa à Paris… La Côte d’Ivoire ne rate aucun rendez-vous international pour promouvoir son industrie du tourisme. Avec succès : sa situation géographique idéale, ses paysages, ses sites culturels et balnéaires exceptionnels et, enfin, son dynamisme économique en font une destination de plus en plus prisée par les touristes d’affaires (56 %) et de loisir (44 %). Grâce à l’installation massive de grandes chaînes hôtelières et à la mise en chantier de plusieurs attractions, le pays a franchi en 2015 la barre du million de visiteurs internationaux. Les Jeux de la Francophonie 2017, puis la Coupe d’Afrique des Nations en 2021, vont attirer des milliers de personnes. Le rapport « Hospitality Report Africa » réalisé par Jumia Travel et Accor Hôtels prévoit que la barre des 100 millions de visiteurs en Côte d’Ivoire sera franchie dans les dix ans.
PUBLI-INFORMATION
UNE RENCONTRE MAJEURE, DE LA SOLIDARITÉ, DE LA DIVERSITÉ ET DE L’EXCELLENCE
d’animation, d’accréditation ou d’encadrement dans tous les domaines concernés. La Côte d’Ivoire est un pays jeune : 40 % des Ivoiriens sont âgés de moins de 15 ans. Elle connaît un fort développement économique depuis 2011, régulièrement placée parmi les pays présentant la plus forte croissance au monde. Les investissements étrangers se multiplient. Autoroutes, logements, centrales électriques, hôpitaux, universités : les infrastructures nouvelles se dressent et s’implantent partout. Le gouvernement, les institutions publiques et les entreprises ivoiriennes participent activement à ces progrès. Tous sont conscients que la prospérité future du pays, comme d’ailleurs celle de l’Afrique, repose avant tout sur la jeunesse. Dès lors, la volonté de placer les jeunes au cœur de la 8e édition des Jeux de la Francophonie Abidjan 2017 prend tout son sens. Il s’agit de démontrer qu’un pays moderne et en plein développement reste avant tout humain, et qu’il est aussi capable de partager sa grande diversité artistique et culturelle avec le monde entier. Pour satisfaire cet objectif, la Côte d’Ivoire mise résolument sur l’émergence intellectuelle, indispensable et complémentaire à l’émergence économique, sans qui elle ne pourra réussir. Les Jeux de la Francophonie Abidjan 2017 ont également été conçus dans cet objectif : partager avec la jeunesse ivoirienne, et avec tous les jeunes, la même volonté de développement durable de la Côte d’Ivoire, de l’Afrique et de la Francophonie.
DIFCOM/DF - PHOTOS : SUIVANT MENTION.
Des centaines de jeunes Ivoiriens volontaires confiants pour l’avenir
LE PLUS
de Jeune Afrique
ENJEUX Nouvelle République, acte I
57
POLITIQUE En quête d’un nouveau souffle ÉCONOMIE Une question d’équilibre SANTÉ Des hôpitaux encore convalescents
Que veulent les Ivoiriens?
JEUNE AFRIQUE
N 0 2949 • DU 16 AU 22 JUILLET 2017
OLIVIER POUR JA
GOUVERNANCE, DÉVELOPPEMENT, RÉCONCILIATION, RÉFORMES…
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Le Plus de Jeune Afrique
59
Prélude Julien Clémençot
Rappel à l’ordre
«
E
t maintenant, on partage ? » C’est cependant le bras de fer perdu avec Il y a un an, bien avant les les soldats issus des Forces nouvelles (FN) grèves des fonctionnaires et qui met en lumière la fragilité de l’autorité la fronde des militaires, Jeune de l’État. Ces ex-rebelles ont apporté leur Afrique s’interrogeait sur la capacité du écot à l’accession au pouvoir d’ADO en avril 2011. Ils sont venus lui rappeler ses gouvernement de Daniel Kablan Duncan à mieux répartir les fruits du réveil éconopromesses d’alors en sortant des casernes les armes à la main. mique de l’éléphant ivoirien. Sur le papier, le chef d’orchestre de la relance, Alassane La suite a montré que la Côte d’Ivoire est Dramane Ouattara (ADO), bénéficiait encore un État convalescent. Pas un batailencore d’un alignement parfait des plalon de l’armée régulière n’a voulu mater les mutins, qui ont obtenu gain de cause nètes pour poursuivre sa politique business au grand dam du reste de la population. friendly. La croissance avait atteint 9 % sur Le 15 mai, le gouvernement a consenti les quatre dernières années selon le FMI. Et, en 2015, l’inflation (1,2 %), l’endetteà verser à chacun des 8 400 anciens FN 7 millions de F CFA. Une somme qui ment (41 % du PIB) et le déficit budgétaire (3 % du PIB) étaient tous trois maîtrisés. s’ajoute aux 5 millions que chacun avait Mais le bruit de fond de la contestation reçus à l’issue d’une première mutinerie, en janvier. dépassait déjà les rangs d’une opposition qui, encore hantée par le fantôme de l’exprésident Gbagbo, porte ses revendications Sur la scène politique, l’ambiance n’est en ordre dispersé. guère plus réjouissante. La coalition au pouvoir a du plomb dans l’aile. Allié du Occupé à préparer la réforme constitutionnelle, le chef de l’État n’a pas pris toute la mesure des Le bras de fer perdu avec les soldats attentes des laissés-pourissus des Forces nouvelles a révélé compte d’une croissance qui la fragilité de l’autorité de l’État. ne se mange pas. Conforté par le soutien inconditionnel des partenaires extérieurs de la Côte RDR, le PDCI entend présenter un candidat à l’élection de 2020 face à celui du parti d’Ivoire, il a privilégié l’objectif de l’émergence annoncée pour 2020, laissant le présidentiel. La réconciliation demeure trouble s’installer jusque dans les rangs un immense chantier, malgré les appels de ses électeurs. au partage et à l’amour de son prochain lancé par les leaders politiques sur les Les événements qui se sont succédé réseaux sociaux. depuis janvier sonnent comme un cruel Alassane Ouattara peut encore compter rappel à l’ordre. sur sa garde rapprochée, à commencer par son vice-président, Kablan Duncan, Face aux fonctionnaires descendus dans et son Premier ministre, Gon Coulibaly. la rue, l’exécutif a capitulé, de peur d’un La fin de son second mandat pourrait se embrasement social généralisé. Plus de révéler particulièrement délicate. Pour six mois d’atermoiements pour finaledétendre l’atmosphère, le chef de l’État ment accepter leur principale doléance. serait bien inspiré d’accélérer la mise en Le gouvernement a entériné en juin le œuvre des volets sociaux du plan natioprincipe du paiement des 250 milliards nal de développement, quitte à laisser de F CFA (381 millions d’euros) d’arriérés filer les déficits et à déplaire un peu aux de salaires, au moment où les finances publiques souffrent de la baisse du cours institutions de Bretton Woods. L’unité est sans doute à ce prix. mondial du cacao. JEUNE AFRIQUE
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ENJEUX Nouvelle République, acte I p. 60 INTERVIEW Joël N’Guessan, porte-parole du RDR
p. 62
VIE DES PARTIS PDCI, allié ou rival ? p. 64 En quête d’un nouveau souffle p. 66 Confidences de Pascal Affi N’Guessan, président du FPI p. 68 ÉCONOMIE Une question d’équilibre p. 72 Des hôpitaux convalescents
p. 74
Cacao. Plantations XXL et engrais, de quoi doper la production p. 78 Mines. L’heure de l’or p. 80 ENTREPRENEURIAT
Vangsy Goma sur la route du succès
p. 82
Le Saakan, le meilleur de l’Afrique sur le Plateau p. 84 ÉVÉNEMENT Jeux de la francophonie : Abidjan, terre de sport p. 86
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Le Plus de Jeune Afrique
ENJEUX
Nouvelle Républi Après six mois d’exercice conjoint entre le chef de l’État, son vice-président et le Premier ministre, la distribution des rôles et des dossiers semble claire. Même si elle n’est pas sans réserver quelques surprises. VINCENT DUHEM,
D
envoyé spécial
ans un ministère ivoirien, un néon clignote à intervalles réguliers. Il est 20 heures en cette semaine de Pâques, et l’administrateur des lieux achève à la hâte la présentation qu’il doit faire le lendemain, au cours d’un séminaire gouvernemental. L’événement, qui s’est déroulé le 11 avril, est censé donner son impulsion à l’action de l’exécutif jusqu’en 2020. C’est un moment important. Pour preuve, ledit séminaire est ouvert par le
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vice-président, Daniel Kablan Duncan (DKD), dirigé par le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly (AGC), et, enfin, conclu par le chef de l’État, Alassane Dramane Ouattara (ADO). Un ordre protocolaire illustrant le tricéphalisme désormais en vigueur au sein l’exécutif ivoirien. Huit mois après la promulgation de sa Constitution, la IIIe République se met en place. Alors que la création du Sénat a été reportée à 2020, la répartition des rôles entre le chef de l’État, son vice-président et le Premier ministre est scrutée dans ses moindres détails. Comment ce nouveau système hybride, à la croisée du régime présidentiel à la française et de celui pratiqué aux États-Unis, fonctionne-t-il ? Lors du débat sur la nouvelle Constitution (adoptée par référendum le 30 octobre 2016), certains doutaient de l’utilité d’un poste de vice-président. Leurs craintes sontelles aujourd’hui dissipées ? JEUNE AFRIQUE
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que, acte I Alassane Ouattara, encadré par Daniel Kablan Duncan (à g.) et Amadou Gon Coulibaly (à dr.), au palais présidentiel d’Abidjan, le 11 janvier.
JEUNE AFRIQUE
La présence d’un vice-président n’a pour l’instant pas réellement modifié le système de gouvernance instauréparlechefdel’État.DKDs’yestparfaitement conformé, et ADO sollicite son avis. « En Conseil des ministres, le chef de l’État demande systématiquement à son vice-président s’il a des observations avantdes’exprimerlui-même»,raconteunministre. DKD est aussi mis en copie des nombreuses notes électroniques que reçoit le président. Depuis la nomination de son vice-président, le 10 janvier, l’agenda du chef de l’État a été déchargé des inaugurations et des cérémonies auxquelles il devait assister. Il a mis ce temps à profit pour rencontrer des investisseurs et, surtout, gérer les situations de crise.Alorsquelaquestiondesasuccessionaccapare déjà le débat public, au point de sembler paralyser le Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel), ADO a également été plus présent sur le terrain politique. « Mais en a-t-il vraiment envie?
AFP
s’interroge un diplomate. On a l’impression qu’il ne pouvait pas faire autrement parce qu’il avait perdu la mainmise, ce qui est un aveu de faiblesse. » Enfin, si certains dans l’entourage du président tentent de le pousser à se rapprocher de la population, les réticences semblent encore trop fortes. MAIN DANS LA MAIN. Quant à la collaboration entre DKD et AGC, on assure au Palais qu’elle s’effectue naturellement. « Quand Kablan Duncan étaitchefdugouvernement,iltravaillaitmaindansla main avec Gon Coulibaly. Ils préparaient ensemble les Conseils des ministres », rappelle un conseiller à la présidence. En début d’année, certains observateurs et diplomates en poste à Abidjan estimaient que le vice-président et son Premier ministre se marchaient sur les pieds. Kablan Duncan était alors très visible, notamment médiatiquement, et une certaine confusion s’était installée. « Il est désormais beaucoup plus discret. Comme si on s’était rendu compte qu’il pouvait faire de l’ombre à AGC », commente un ancien ministre. « Quand ils prennent part ensemble à certaines cérémonies, ils ne représentent pas la même institution, précise un collaborateur du chef de l’État. Le vice-président est là pour montrer qu’il y a une volonté politique, mais, lorsque l’on s’attaque au concret des dossiers, c’est le Premier ministre qui prend le relais. La fonction de vice-président comporte un volet représentatif important. Le président lui a confié des dossiers économiques et diplomatiques, comme l’organisation du sommet Afrique-Union européenne [qui se tiendra à Abidjan les 29 et 30 novembre]. Il est mis aussi à contribution dans les négociations avec le FMI et la Banque mondiale. » La mutinerie de mai a cependant démontré que DKD n’était pas au cœur du processus de décision des dossiers sensibles. En déplacement à Paris au moment où la Côte d’Ivoire était sévèrement secouée, le vice-président n’a pas été associé à la gestion de la crise. Au contraire de Gon Coulibaly, qui joua les premiers rôles. De fait, ce dernier est aujourd’hui un Premier ministre plus puissant que sonprédécesseur.Ilanotammentrécupérécertaines structures qu’il dirigeait lorsqu’il était secrétaire général de la présidence comme le Centre de promotiondesinvestissementsenCôted’Ivoire(Cepici) ou le Comité national de pilotage des partenariats public-privé (CNP-PPP). Au cœur d’un système où les conseillers ont toujours joué un rôle important, AGC semble avoir enfin rééquilibré le rapport des forces entre la primature et la présidence. « C’est ce qui fait de lui une pièce centrale du système Ouattara. Il établit le lien entre les différents cercles de décision », conclut un diplomate. Désormais sous les feux des projecteurs, Gon Coulibaly affronte une série de crises : mutinerie, conflit avec les fonctionnaires… Autant de situations difficiles qui, dans l’optique de la présidentielle de 2020, pourront se révéler à double tranchant. N 0 2949 • DU 16 AU 22 JUILLET 2017
Le Plus de JA Que veulent les Ivoiriens ?
Joël N’Guessan Secrétaire général adjoint et porte-parole du RDR « Dans certains domaines, nous avons déjà dépassé le stade de l’émergence »
A
ncien ministre des Droits de l’homme de Laurent Gbagbo, secrétaire général adjoint et porte-parole principal du Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel) depuis mars 2012, Joël N’Guessan, 61 ans, est réputé pour son franc-parler. Il livre son sentiment sur la situation sociopolitique, ainsi que ses aspirations pour le pays. JEUNE AFRIQUE : Depuis le début de l’année, la Côte d’Ivoire a vécu deux mutineries conduites par d’ex-soldats rebelles intégrés à l’armée régulière. Comment en est-on arrivé là ? JOËL N’GUESSAN : Il faut rappeler que
la gestion des mutineries relève de la responsabilité de la hiérarchie militaire et des personnes chargées de l’encadrement de nos forces de défense et de sécurité. Il y a certainement eu des incompréhensions entre ces responsables et les mutins, mais ces dysfonctionnements ont été rapidement identifiés, et le calme est revenu. Comment le pays a-t-il pu garder la confiance des investisseurs ?
Il a la chance d’avoir à sa tête une personnalité connue des milieux financiers internationaux. En 2011, au moment
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des centres de santé, de doter notre pays d’infrastructures scolaires et universitaires et de centres de formation technique et professionnelle, de créer des conditions favorables à l’investissement – privé, local et étranger –, pour offrir des emplois à nos millions de jeunes et de femmes. Au regard de tout cela, nous avons déjà dépassé le stade de l’émergence dans certains domaines. Je reconnais qu’il reste des étapes à franchir, mais je n’ai aucun doute
Comme je l’ai souvent dit aux jeunes: « Si tu cherches un emploi, crée-le! » où le président Ouattara en prenait les rênes, la Côte d’Ivoire était en décroissance [– 4,2 %]. Dès 2012, son économie enregistrait un taux de croissance de 10 %, qui oscille depuis entre 7 % et 10 % : du jamais-vu pour un pays sortant d’une telle crise. Cela a fortement contribué à fonder la confiance de nos partenaires. Pensez-vous que la Côte d’Ivoire puisse atteindre l’émergence dès 2020, comme l’a promis Alassane Ouattara ?
Laquestionestdesavoircequerecouvre la notion d’émergence. Pour moi, il s’agit en premier lieu de disposer d’eau potable et d’électricité, d’avoir des hôpitaux et N 0 2949 • DU 16 AU 22 JUILLET 2017
que ce sera fait d’ici à 2020, car des progrès spectaculaires ont déjà été réalisés, et cette tendance sera maintenue. Comment assurer une meilleure redistribution des richesses ?
Il faut que l’État accélère les procédures et les règles de financement des activités privées et qu’il encourage ces dernières, car il ne peut pas employer tout le monde. Comme je l’ai souvent dit aux jeunes : « Si tu cherches un emploi, crée-le ! » À l’État de faire en sorte que les conditions soient réunies pour cela. Il est par ailleurs nécessaire d’améliorer notre gouvernance et que les structures chargées d’y veiller
jouent pleinement leur rôle de façon que chaque cadre garde en tête qu’il a été nommé à un poste pour servir l’intérêt national et non pas pour se servir. De nombreux Ivoiriens se plaignent encore de voir des intérêts personnels prendre le pas sur ceux du plus grand nombre. Qu’attendez-vous de la majorité et de l’opposition ?
Que la première gouverne et que la seconde s’oppose ! Mais notre souhait est d’avoir une opposition responsable, comme il en existe dans les pays démocratiques, c’est-à-dire qui formule des critiques objectives et constructives. Quelle est votre plus grande aspiration pour le pays ?
Mon rêve est de voir confirmer notre désir de vivre ensemble et que nos turpitudes des vingt dernières années ne se répètent plus. Mon rêve est de ne plus voir de guerre de succession en Côte d’Ivoire… Même si la réconciliation est un long processus, depuis avril 2011, les Ivoiriens ont réappris à vivre ensemble, ils ne se regardent plus en ennemis, et je souhaite que dans leur ensemble, à commencer par les politiques, ils se tournent résolument vers le développement et le bien-être de tous. Propos recueillis àAbidjan par ANDRÉ SILVER KONAN JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de JA Que veulent les Ivoiriens ? VIE DES PARTIS
Le PDCI, allié ou rival? S’il reste bien ancré dans la majorité, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire, en pleine réorganisation, compte désigner dès l’an prochain son candidat pour la présidentielle de 2020.
L
e 29 mai 2017, le siège national du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), à Cocody, est bondé. À l’ordre du jour : la restructuration du plus vieux parti du pays (créé en 1946), point de départ d’une stratégie de reconquêtedu pouvoir. Poussé par sa base autant que par l’ambition de ses cadres, le PDCI a décidé de faire cavalier seul en 2020, tout en restant, avec le Rassemblement des républicains (RDR), dans la grande famille du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Cette base établie, la réorganisation concerne toutes les structures d’un parti qui devrait compter, dès les prochains mois, 300 000 militants actifs, soit 70 000 de plus que le RDR. Henri Konan Bédié, président du PDCI, a déjà remanié le secrétariat exécutif, confié à quatre personnalités dont l’exministre du Commerce Jean-Louis Billon (chargé des études). « À terme, précise Privat Séri Bi N’Guessan, secrétaire exécutif chargé des sections et des délégations, nous aurons un PDCI restructuré, fort, dynamique, avec un réel personnel politique et un fonctionnement administratif effectif. » La bataille pour 2018, année de la désignation du candidat PDCI à la présidentielle, pourra alors commencer. Pas moins de huit personnalités (lire ci-dessous) sont citées pour briguer la présidence en 2020.
Le scénario de 2010, où chaque parti du RHDP a présenté son propre candidat au premier tour, reste celui privilégié par de nombreux stratèges du PDCI. Les cadres du parti misent sur de nouvelles adhésions et surtout sur la division au sein du Front populaire ivoirien (FPI) entre les héritiers de Gbagbo, Pascal Affi N’Guessan et Aboudramane Sangaré (lire
p. 68). Ils comptent également sur une désaffection des militants du RDR et sur d’éventuels conflits internes entre l’actuel Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, et le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, tous trois candidats putatifs du parti présidentiel. DIVERGENCES. En choisissant son can-
didat deux ans avant la compétition, le PDCI compte couper l’herbe sous le pied du RDR, qui serait ainsi contraint d’adouber son candidat, conformément à la volonté exprimée par Bédié à Daoukro. Il espère aussi aplanir les divergences entre ses responsables pour arriver en 2020 en rangs serrés, sachant qu’une retraite politique de Bédié, qui aura 86 ans en 2020, n’est visiblement pas à l’ordre du jour. Tous les courants du parti veulent se lancer dans la course. À commencer par les « irréductibles », ceux qui, contre l’avis de Bédié, ont tenté d’affronter Ouattara en 2015. Menés par l’ancien gouverneur de la BCEAO Charles Konan Banny, le diplomate Amara Essy et Kouadio Konan Bertin, ils comptent aussi parmi eux les « indépendants » du parti, dont la figure de proue est Yasmina Ouégnin, députée de Cocody. « Aucun parti ne pourra passer dès le premier tour en 2020, et il est clair que si le PDCI devait affronter le RDR au second tour, il pourrait opportunément s’allier à l’une ou à l’autre tendance du FPI, analyse Sylvain N’Guessan, expert en stratégie politique. Et c’est là qu’interviennent les “irréductibles”, qui sont déjà proches des milieux pro-Gbagbo. » ANDRÉ SILVER KONAN, à Abidjan
ILS POURRAIENT BRIGUER LA PRÉSIDENCE DANIEL KABLAN DUNCAN
(77 ans en 2020). Le viceprésident de Ouattara aurait plus de chances en tant que candidat consensuel du RHDP. Pour représenter le PDCI, il devra rallier les bases.
CHARLES DIBY KOFFI
(63 ans en 2020). Président du Conseil économique, social, environnemental et culturel, il part avec le soutien de Bédié. N 0 2949 • DU 16 AU 22 JUILLET 2017
CHARLES KONAN BANNY
(78 ans en 2020). Son « entêtement » à vouloir se présenter en 2015 lui a coûté de nombreux soutiens, mais il n’a pas dit son dernier mot.
JEANNOT AHOUSSOU KOUADIO (69 ans en 2020).
Il bénéficie de l’appui de la puissante association des cadres et élus PDCI du Grand Centre. Son bref passage
à la primature, marqué par des tensions (aujourd’hui dissipées) avec Ouattara, sera brandi par ses adversaires.
PATRICK ACHI (65 ans en 2020), ex-ministre des Infrastructures (2000-2017), désormais secrétaire général de la présidence, et FRANÇOIS AMICHIA (68 ans en 2020), ministre des Sports et maire deTreichville, sont
des incontournables du parti.
JEANLOUIS BILLON (56 ans en 2020), nouveau porteparole du parti, est le plus jeune des candidats potentiels avec THIERRY TANOH (58 ans en 2020), le ministre de l’Énergie. Ils ne font pas encore partie des poids lourds du PDCI mais incarnent la nouvelle génération. A.S.K. JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de JA Que veulent les Ivoiriens ?
En quête de second souffle En rangs serrés contre la révision constitutionnelle, dispersés lors des législatives, les leaders de l’opposition changent de stratégie. Objectif : enfin peser sur les débats.
SIA KAMBOU/AFP
Marche du 28 octobre 2016 contre la nouvelle Constitution, adoptée le 30.
«
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DO, trop c’est trop ! » Banderoles en main, plus de 2000 personnes défilent dans les rues d’Abidjan contre le projet de nouvelle Constitution du président ivoirien. Le 28 octobre 2016, à deux jours du référendum sur son adoption, la foule est compacte et déterminée. En tête de cortège, Aboudramane Sangaré, le leader de l’une des franges du Front populaire ivoirien (FPI),MamadouKoulibaly,dupartiLiberté et Démocratie pour la République (Lider), ou encore Kouadio Konan Bertin, du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), avancent côte à côte. Jamais, depuis la fin de la crise postélectorale en 2011, l’opposition n’était parvenue à mobiliser autant. Pourtant, l’élan ne s’est pas poursuivi. Deux mois plus tard, partie en ordre dispersé pour les élections législatives du 18 décembre, l’opposition n’a réussi à remporter que trois sièges au sein de la nouvelle Assemblée nationale (voir infographie). Depuis, elle tente de cristalliser la grogne sociale dans le pays, telle que la grève des fonctionnaires ou les difficultés des planteurs de cacao. « Nous sommes à un tournant du mandat d’Alassane Ouattara », estime ainsi Pascal Affi N’Guessan, le président officiel du FPI (lire son interview p. 68). « Payer les militaires mutins alors que certains ne parviennent pas à acheter de l’aspirine N 0 2949 • DU 16 AU 22 JUILLET 2017
lorsqu’ilssontmaladesestinsupportable», renchérit un autre membre du parti de Laurent Gbagbo. Mais malgré un climat social qui semble lui être favorable, l’opposition peine à rassembler. « Elle a du mal à exister. Seul Laurent Gbagbo structurait le parti. Depuis qu’il est incarcéré [arrêté en 2011, l’ancien président ivoirien est emprisonné à La Haye par la Cour pénale internationale], son mouvement ne tient plus », analyse le sociologue ivoirien Francis Akindes. PETITE RÉVOLUTION. Le FPI se déchire
en effet entre un camp mené par l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan et celui conduit par Aboudramane Sangaré, vieux compagnon de route de Gbagbo. « Entre nous, la rupture est désormais
consommée, commente un cadre historique du parti, tout en le regrettant. Nous pourrions être bien plus forts, mais ces divisions nous empêchent de peser. » Chacun cherche donc un nouveau souffle. Tandis que Pascal Affi N’Guessan assure « tendre la main tant aux militants du FPI qu’à ceux du RDR et du PDCI », les deux grands partis de la majorité présidentielle, l’autre frange de la formation a fondé une nouvelle plateforme, Ensemble pour la démocratie et la souveraineté, dirigée par Georges Armand Ouégnin, un quasiinconnu dont la famille est liée au PDCI et qui dit ne pas être socialiste. « Pour régler les problèmes des Ivoiriens, il faut que l’opposition et le pouvoir s’asseyent et discutent », prône-t‑il. Un véritable changement de stratégie pour un courant réputé intransigeant. « Nous voulons sortir de l’opposition systématique », reconnaît l’un de ses dirigeants. Après six ans de boycott des élections, cette branche du FPI envisage ainsi de faire son retour dans le jeu politique pour la présidentielle de 2020. « Aboudramane Sangarévientdenousréunirpourtravailler à un programme de gouvernement, c’est une petite révolution », confie un autre de ses cadres. Des discussions pour un éventuel rapprochement se tiennent également avec certaines figures du PDCI. « Alors que les tiraillements sont de plus en plus forts au sein de la coalition au pouvoir, le PDCI apparaît comme l’alternative au RDR la plus probable pour 2020 », estime Francis Akindes, qui regrette la faiblesse de l’opposition. « Cela fragilise toute la démocratie ivoirienne, en confortant trop le pouvoir. » ANNA SYLVESTRE-TREINER
Hémicycle issu des législatives du 18 décembre 2016 (sur 255 sièges)
RHDP
(Rassemblement des houphouétistes pour la paix)
167
UDPCI (Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire)
6 3
UPCI (Union pour la Côte d’Ivoire)
76
Indépendants
FPI
3
(Front populaire ivoirien) JEUNE AFRIQUE
SOURCE : ASSEMBLÉE NATIONALE, AU 22 FÉVRIER 2017
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Le Plus de JA Que veulent les Ivoiriens ?
Pascal Affi N’Guessan Président du Front populaire ivoirien (FPI) « Nous appelons à un gouvernement d’union nationale »
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prèsavoirrecueilli 9,29 % des suffrages lors de la présidentielle du 25 octobre 2015, Pascal Affi N’Guessan, 64 ans, se présente en rassembleur de l’opposition. Même si, après les vaines négociations menées il y a dix-huit mois, la rupture est désormais consommée avec l’aile du parti conduite par Aboudramane Sangaré, qui continue de contester sa légitimité à la tête du FPI, Pascal Affi N’Guessan appelle les membres de sa formation à l’union. Il envisage même la possibilité de nouer de nouvelles alliances, y compris avec des personnalités issues de l’actuelle majorité… dont il espère l’implosion au profit d’un gouvernement d’ouverture. Il explique pourquoi, selon lui, le paysage politique est en train de se recomposer, et la carte que compte jouer le FPI. JEUNE AFRIQUE : Mutineries de militaires, grèves des fonctionnaires… Depuis le début de l’année, la Côte d’Ivoire est en proie à une forte grogne sociale. Pourquoi, selon vous, de tels mouvements de protestation ? PASCAL AFFI N’GUESSAN:
Depuis l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara en 2011, les problèmes se sont accumulés, et aujourd’ hui ils explosent à la face de toute la nation. Il a bâti sur du sable. Il a refusé de construire une cohésion sociale, de faire la réconciliation nationale. Tout cela mis ens e mble n e
peut conduire qu’à la faillite de l’État et au mécontentement généralisé. Nous appelons donc à un gouvernement d’union nationale et à une transition politique. Pourquoi ?
Le gouvernement actuel a montré ses limites. Il faut que toute la Côte d’Ivoire se mobilise pour voler au secours du pays. La seule solution, c’est de mettre en place un gouvernement représentatif de toutes les entités afin de remettre le pays sur la voie du développement, de la paix et de la stabilité. Votre légitimité à la tête du FPI continue d’être contestée par une partie de ses cadres. Entrés en dissidence il y a plus de deux ans, ils viennent de lancer une nouvelle plateforme d’opposition, Ensemble pour la démocratie et la souveraineté, en vue de la présidentielle de 2020. Est-ce que cela vous inquiète ?
Non, un homme politique doit être capable de faire face à tou t e s
les formes d’adversité. Nous serons en lice pour 2020, nous saurons nous donner le bon candidat et le bon programme pour gagner cette présidentielle. Les camarades dissidents doivent comprendre que seuls ils ne pourront jamais gagner. Nous continuons à leur tendre la main. Ces divisions au sein de votre parti n’annihilent-elles pas vos chances de reconquérir le pouvoir ?
Cette division est un paramètre de l’équation mais, même si ce paramètre existe, nous allons trouver un moyen de la résoudre. Les fractures ne sont pas une barrière infranchissable. Dans l’histoire du FPI, ce n’est pas la première fois que des camarades quittent le parti.
Néanmoins, lors des élections législatives de décembre 2016, vous n’avez réussi à obtenir que trois sièges, bien en deçà de ce que vous espériez… Cela n’est-il pas un échec ?
On peut considérer que c’est un échec, mais cela n’illustre pas le recul de notre parti. À la suite du traumatisme des élections de 20102011, la grande majorité de nos électeurs ne sont pas allés aux urnes. Notre défi est celui de la mobilisation de notre électorat. Nous devons travailler à faire comprendre qu’il n’y a aucune autre voie que celle des urnes pour reconquérir le pouvoir. Alors que les tensions sont palpables entre le RDR d’Alassane Ouattara et le PDCI d’Henri Konan Bédié, vous avez dit tendre la main à leurs électeurs. Envisagez-vous une alliance avec certaines personnalités de la coalition présidentielle ?
Avec la liquidation de la coalition présidentielle, c’est une recomposition du paysage politique qui est en train de s’opérer. Dans ce cadre, le FPI a l’occasion de jouer un rôle majeur. Il faut créer de nouvelles alliances pour la conquête du pouvoir. Nous sommes prêts à travailler avec toutes les forces issues du PDCI ou du RDR qui veulent rompre avec la logique de l’autocratie, de la corruption, de la mauvaise gouvernance et travailler à la paix et à la cohésion nationale. © VINCENT FOURNIER/JA
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Propos recueillis par ANNA SYLVESTRE-TREINER JEUNE AFRIQUE
EDF 552 081 317 RCS PARIS, 75008 Paris – Crédit photo : Getty Images.
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TRIBUNE
L’Ivoirien nouveau
JEAN BONIN KOUADIO Juriste, secrétaire général adjoint du Front populaire ivoirien (FPI) chargé de la communication
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OMBIEN DE FOIS CE CONCEPT, lancé par le président Alassane Ouattara, a été prononcé par les actuels dirigeants de la Côte d’Ivoire ? Une belle expression, sinon un slogan, qui brille autant par sa beauté littérale que par sa vacuité. Dans l’entendement de ses concepteurs, « l’Ivoirien nouveau » devrait être un citoyen qui respecte la justice (quand bien même celle-ci serait au service d’un camp contre d’autres) et les institutions, travailleur, compétent dans son domaine d’activité, etc. Belle définition vue par des dirigeants qui démontrent par là même qu’ils sont coupés de la réalité quotidienne de nombreux Ivoiriens, dont la majorité vit avec moins de 2 dollars par jour. La question est de savoir ce qu’il faut (faire) pour que ces Ivoiriens-là soient réellement des Ivoiriens nouveaux. En fait, si ces derniers sont généralement pauvres, ce n’est nullement lié à un déterminisme géographique ou culturel ou à des questions de compétences. L’Ivoirien d’aujourd’hui n’est pas dépourvu d’intelligence. La Côte d’Ivoire est riche en ressources naturelles et en matières premières. Elle est le premier producteur mondial de cacao. Pourtant, le pays et les Ivoiriens restent pauvres, en dépit de bons résultats macroéconomiques. En effet, en période de stabilité on relève une certaine croissance, mais celle-ci ne profite qu’à une minorité d’acteurs constitués par une classe politico-militaire liée à des milieux d’affaires nationaux et internationaux aux pratiques souvent aux antipodes de l’orthodoxie.
sociales sont ainsi impliquées dans la construction des institutions, auxquelles elles s’identifient et qu’elles s’approprient. Dès lors, les opposants politiques et les minorités ne font pas l’objet d’ostracisme. Ils participent au débat public, et leurs points de vue ne sont pas rejetés. Ainsi, comme le disent les auteurs et économistes Daron Acemoglu et James Robinson, dans un contexte de prééminence du droit, les processus politiques débouchent sur la création d’institutions inclusives à l’origine de la prospérité. Une fois qu’elles naissent, les institutions inclusives sont l’objet d’attaques qui pourraient entraîner un recul dans l’absolutisme. Mais si elles se construisent dans une logique, d’une part, de restriction et de contrôle de l’exercice du pouvoir, d’autre part, de répartition pluraliste du pouvoir politique au sein de la société, elles engendrent une vigoureuse dynamique de rétroaction positive, qui fera entrer le
Il faut exalter la prééminence du droit sur tout et sur tous.
Pour briser ce cercle vicieux, il faut parvenir à exalter la prééminence du droit sur tout et sur tous, de sorte que la justice et les lois ne soient pas mises au service de l’injustice, avec pour conséquences, notamment, d’enfermer arbitrairement des opposants, de les maintenir en exil ou de les extrader dans des prisons dites internationales. La prééminence du droit conduit en effet à la consultation d’un grand nombre d’individus et de catégories sociales, participant à la prise des décisions qui engagent la nation ou ses fondements. Les catégories JEUNE AFRIQUE
pays dans ce que les spécialistes du développement appellent « le cercle vertueux », à l’opposé du cercle vicieux dans lequel nous sommes actuellement. Le cercle vertueux empêche l’apparition d’élites à base ethnique ou régionaliste qui accaparent le pouvoir et les ressources aux frais de l’ensemble des composantes de la société. La dynamique des institutions pluralistes qu’il engendre rend difficiles l’usurpation et les abus de pouvoir, même par un leader bien intentionné. Dans un tel contexte, nul n’est besoin de recourir aux armes et au conflit pour en imposer aux autres. Ceux qui agissent en contradiction de cela sont considérés comme des êtres en marge de la société, qui enfreignent la loi, des Ivoiriens anciens. Le cheminement pour arriver à l’Ivoirien nouveau est simple. Il est même très simple. Il suffit que les dirigeants acceptent de l’emprunter en renonçant aux slogans creux. Alors, les Ivoiriens, plus libres et plus heureux, laisseront éclater leur génie créateur et innovant pour développer leur pays. ● N 0 2949 • DU 16 AU 22 JUILLET 2017
Le Plus de JA Que veulent les Ivoiriens ? Le campus universitaire Félix-HouphouëtBoigny, à Abidjan, manque cruellement de locaux et de matériel.
CAMILLE MILLERAND
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PANORAMA
Question d’équilibre Si la Côte d’Ivoire continue d’accumuler les satisfecit dans presque tous les domaines qui déterminent la bonne marche d’une économie, sur le plan social, l’État doit faire plus et plus vite.
L
a locomotive ivoirienne va connaître en 2017 un nouveau ralentissement, soit une croissance de 6,9 % contre 7,5 % en 2016 et 8,9 % en 2015, si l’on en croit le Fonds monétaire international (FMI). La crise cacaoyère, les retards de paiement du secteur public, une conjoncture très moyenne dans le BTP et le secteur manufacturier expliquent ce fléchissement. Malgré tout, la Côte d’Ivoire continue d’accumuler les satisfecit dans presque tous les domaines qui déterminent la bonne santé d’une économie. Le climat des affaires amélioré, les performances macroéconomiques confirmées, la gestion des finances publiques en progrès, la solidité du système financier assuré et le développement des infrastructures maintenu à un train d’enfer lui valent un niveau élevé de confiance peu fréquent auprès des investisseurs internationaux. N 0 2949 • DU 16 AU 22 JUILLET 2017
réelles, les barrages routiers sauvages ne disent rien qui vaille aux investisseurs. Première explication de cette série de fiascos qui a vu plusieurs fois le gouvernement refuser toute concession avant de céder aux revendications : sa communication n’est pas maîtrisée. On ne claironne pas de scrutin en scrutin que le président Ouattara et son équipe réalisent des merveilles et que le monde entier admire l’impressionnant redressement de la Côte d’Ivoire sans que cela suscite des impatiences légitimes dans la population, qui ne voit pas son niveau de vie progresser au rythme du produit intérieur brut.
« Quand on constate qu’il y a eu cinq ans à plus de 8 % de croissance, tout semble réuni pour que le pays demeure à ce niveau de performances jusqu’en 2020, car sa trajectoire semble solide », prédit le Sénégalais Bakary Traoré, économiste analyste des politiques au Centre de développement de l’Organisation de coopération et « On ne peut pas corriger de développement écoans vingt ans de pagaille. nomiques (OCDE). TUMULTES. Sauf que « la
Côte d’Ivoire a connu un début d’année 2017 difficile, marqué par des crises importantes. Des remous sociaux ont été occasionnés par différents corps de métiers, tels que les forces armées et les fonctionnaires », souligne la note « risque pays » élaborée par l’agence de notation ivoirienne Bloomfield Investment. Ces tumultes, les tirs en l’air mais à balles
en cinq »
BAKARY TRAORÉ, économiste à l’OCDE
Tout à son projet de donner au pays un élan décisif vers l’émergence, le gouvernement a privilégié l’économie et le long terme – ce qui est excellent en soi –, mais en minimisant les facteurs sociaux et le court terme. Ventre affamé n’a pas d’oreilles, surtout quand il voit des enrichissements accélérés dans les allées du pouvoir. JEUNE AFRIQUE
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VULNÉRABLES. Le gouvernement recon-
naît ses lacunes éducatives et sanitaires. Il tente d’y remédier en augmentant les dépenses dans ces deux secteurs, mais aussi en adoptant un plan stratégique pour la réforme de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, en créant une université à Man, dans l’Ouest, en instaurant l’assurance maladie universelle, ainsi que des « filets sociaux » pour les plus vulnérables dans le nord du pays, avec le concours de la Banque mondiale. Certes, comme le dit Bakary Traoré, « on ne peut pas corriger en cinq ans vingt ans de pagaille ». Mais l’impatience populaire, qui se répand comme une traînée de poudre, indique aux autorités ivoiriennes qu’il est urgent de mettre l’accent de façon drastique sur le social dans leur stratégie économique. Dans l’intérêt même de celle-ci. ALAIN FAUJAS JEUNE AFRIQUE
Un mix énergétique rayonnant
L
a Côte d’Ivoire persévère dans En matière de renouvelable, tous son ambition d’éclairer toute la les projets sont portés par le secteur région. Dans le cadre du proprivé via des partenariats public-privé gramme de renforcement du parc dans lesquels l’État s’engage à acheter électrique qu’il a lancé en 2011 pour l’électricité qui sera produite. Plusieurs passer d’une puissance installée de chantiers ont été engagés, dont le plus 2 000 mégawatts (MW) à 4 000 MW à emblématique est la construction de la centrale à biomasse de palmiers dans l’horizon 2020, le pays mise sur une la région d’Aboisso (Sud-Est, proche réorganisation du mix énergétique en du Ghana), qui devrait entrer en serdéveloppant l’hydraulique et le renouvice au premier semestre 2019, avec velable pour réduire la part du therune puissance installée de 66 MW. À mique (charbon, gaz ou pétrole), lequel reste prédominant (plus Abidjan, la livraison d’une centrale au biogaz (prode 80 % du parc actuel). Objectif 2020 duit à partir de déchets De 2011 à 2017, le pays Une puissance a investi 7 000 milliards de ménagers) d’une capacité installée de de 8,5 MW est également F CFA (plus de 10 milliards prévue pour 2019. d’euros) dans le secteur, selon les données du Dans la filière solaire, le ministère de l’Énergie. Il gouvernement travaille sur contre 2 000 MW deux projets de centrale, exporte déjà de l’électrien 2011, dont l’une d’une puissance de cité au Ghana, au Burkina 20 MW à Korhogo, l’autre Faso, au Mali, au Togo et de 50 MW, dans la région au Bénin. La stratégie à partir du renouvelable, du Poro (Nord). Toujours du pays est d’étendre les au lieu de 1 % dans le septentrion ivoiexportations vers la Sierra Leone, la Guinée et le rien, dans la région de Liberia. Afin de relier la Côte d’Ivoire Boundiali, une unité de production aux trois pays, la construction d’une d’électricité à partir de résidus de coton ligne à haute tension de 1 400 km est est également en projet, un investisseen projet, dont le coût a été estimé à ment estimé à 21 milliards de F CFA 211,87 milliards de F CFA. En attenpour une capacité de 25 MW. Enfin, dant, d’ici à 2020, le gouvernement dans le Centre-Ouest, cœur de la prosouhaite accélérer la restructuration duction cacaoyère, c’est la biomasse du mix énergétique pour réduire la de cacao qui pourrait servir de compart des énergies fossiles à 66 % et, bustible pour une centrale de 20 MW, dans le même temps, augmenter à dont le coût est évalué à 21 milliards de 34 % (contre 1 % à la fin de 2016) la F CFA. Encore à l’étude, cette dernière part des énergies renouvelables dans ne verra a priori pas le jour avant 2020. BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan la production d’électricité.
4000MW 34 %
Le complexe hydroélectrique de Soubré, financé par la China Eximbank, a été mis en eau en mars. N 0 2949 • DU 16 AU 22 JUILLET 2017
SIA KAMBOU/AFP
Dans le domaine social, le premier de la classe régionale pâtit de grosses lacunes. Son système éducatif est médiocre et l’empêche de disposer d’une maind’œuvre compétente, sans laquelle il n’est pas d’industrialisation ni de commerce international. Dans l’étude Perspectives économiques en Afrique 2017, publiée le 22 mai par la Banqueafricainededéveloppement(BAD), la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) et le Centre de développement de l’OCDE font un constat cruel: « Lesystème éducatif ivoirien est l’un des moins performants d’Afrique, la Côte d’Ivoire se classant dernièresur44payslorsdel’évaluationde2011 des connaissances des élèves effectuée par la Francophonie, puis 41e en 2013 », peuton y lire. Bloomfield Investment enfonce le clou: « En 2015, le taux d’achèvement du primaire se situait à 63,1 % en Côte d’Ivoire contre72,6%enAfrique »,affirmel’agence. Même constat dans le domaine de la santé (lire pp. 74-76). « La situation sanitaire reste préoccupante à cause d’une morbidité et d’une mortalité élevées liées au paludisme et au sida, selon Perspectives économiques. Le principal problème demeure l’insuffisance de l’offre de soins accentuée par la crise sociopolitique. Cette insuffisance est aussi liée au problème de financement du secteur, avec la stagnation du budget du ministère de la Santé, l’ampleur de la pauvreté et l’inexistence d’un dispositif de couverture du risque maladie. »
Aux urgences du CHU de Yopougon, le 20 avril 2017.
JULIEN CLÉMENÇOT POUR JA
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Des hôpitaux convalescents Vétusté des services, sous-effectifs, désorganisation… Malgré les réformes en cours, le système de santé accuse encore d’importants déficits financiers, techniques et humains.
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ans le couloir des urgences, le directeur du centre hospitalier universitaire (CHU) de Cocody fait patiemment mais fermement passer son message. « Ne vous asseyez pas par terre, allez sur les bancs à l’accueil », répète-t‑il au groupe de femmesetd’hommesvenusaccompagner leurs parents. Le matin même, il s’était déjà arrêté pour demander aux gens allongés dans le hall de sortir. Mais le docteur Djoussoufou Méité a conscience que rien n’est fait pour accueillir les familles dans de bonnes conditions. « Culturellement, c’est en plus très difficile pour elles de ne pas se déplacer en nombre pour marquer leur soutien », explique-t‑il. Du coup, la salle d’attente ne désemplit jamais, et des dizaines de personnes dorment chaque nuit à même le sol autour de l’établissement. Le regard fatigué, une femme d’une quarantaine d’années attend d’être rejointe par sa sœur. Son mari a été admis il y a vingt-quatre heures pour traiter son hypertension. Faute de chambres bien équipées dans les étages, les patients restent fréquemment quarante-huit heures, parfois plus, aux urgences. Pourtant Cocody fait figure N 0 2949 • DU 16 AU 22 JUILLET 2017
de vitrine pour la médecine hospitalière ivoirienne. En 2014, le décès aux urgences du mannequin Awa Fadiga avait suscité un vif émoi et alimenté la polémique sur l’état de déliquescence du système de santé. Dans la foulée du scandale, la présidence de la République avait ordonné la rénovation du service. Échographie, radiologie, laboratoire d’analyses, réfection des bâtiments… Au total, 3 milliards de F CFA (plus de 4,5 millions d’euros) ont été investis pour mettre à niveau les urgences, qui voient chaque année défiler
Au CHU de Yopougon, sur 495 lits disponibles, seuls 350 sont fonctionnels. près de 40 000 patients. « Nous disposons maintenant de l’essentiel en matière d’équipement. C’est sur l’organisation que nous devons poursuivre nos efforts », estime Djoussoufou Méité. Actuellement, les équipes du professeur Kignelman Horo, responsable des urgences, expérimentent des chariots sur lesquels sont proposés en accès libre les
médicaments indispensables au traitement des cas les plus graves. Cela évite aux familles d’avoir à se rendre à la pharmacie de l’hôpital avec leur ordonnance. Ce qui ralentissait d’autant plus la prise en charge médicale. L’amélioration de l’efficacité du système reste un impératif : 20 % des patients admis aux urgences de Cocody y décèdent. « Cela s’explique par la gravité des cas, par les retards de diagnostic quand il s’agit de maladies comme le cancer, par des temps de transport très longs et aussi parfois par un retard dans la prise en charge », admet le directeur. SITUATION CRITIQUE. Si l’amélioration du fonctionnement est un objectif affiché du gouvernement, les contraintes budgétaires sont un frein permanent. Sur un budget annuel de 10 milliards de F CFA, 70 % des dépenses du CHU de Cocody sont consacrées aux frais de personnel de ses 1 200 salariés, quand cela ne devrait pas dépasser 30 %, estime le directeur. Résultat, l’an dernier, seulement 1,5 milliard de F CFA ont été réservés à la maintenance et à l’entretien des bâtiments et des équipements. « Par manque de moyens, tout se dégrade plus vite », constate, inquiet, le Dr Méité. Au CHU de Yopougon, la situation est encore plus critique. Inauguré au début des années 1980, l’hôpital est JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de JA Côte d’Ivoire difficultés que rencontrent les hôpitaux ivoiriens. « Nous avons trouvé un système de santé plus bas que terre où rien n’avait été fait pendant plus de dix ans », rappellet‑elle. « Au plus fort de la crise, ce sont souvent les structures communautaires qui ont assuré la continuité des soins », explique le Dr Djoussoufou Méité. Malgré le retour de la croissance, la ministre n’est pas parvenue à faire décoller significativement la part des dépenses publiques attribuée à la santé. La Côte d’Ivoire, qui affiche un médiocre ratio d’un médecin pourprès de6000 habitants, reste loin de l’engagement pris à Abuja en 2001 de consacrer 15 % du budget national à la santé. En 2017, cette part ne représentait que 6 % avant d’être rabotée pour tenir compte des problèmes de trésorerie du Le mannequin Awa Fadiga, décédé aux urgences de Cocody en 2014. pays. « Il reste beaucoup à faire », reconnaît aujourd’hui vétuste. Sur les 495 lits Raymonde Goudou Coffie, tout en souliComposé de modestes pavillons réhabilithéoriquement disponibles, seuls 350 tés à la fin des années 1990, l’établissement gnant les nombreux chantiers déjà menés. sont fonctionnels. Bâti en périphérie de a enregistré près de 80 000 consultations Ces cinq dernières années, le gouverneen 2016, soit une augmentation de sa la commune la plus peuplée de la capitale ment a débloqué le salaire des médecins, économique, son service d’urgences ne embauché plus de 10 000 professionnels fréquentation de 100 % en six ans. Quand il lui faudrait 300 millions de F CFA pour disposait au moment de sa conception de santé, construit une centaine d’établissements sanitaires de premier contact, fonctionner normalement, il n’obtient que de trois lits. Aujourd’hui, près d’une que 100 millions. « Nos équipements se dizaine de patients sont en permanence lancélechantierdunouveauCHUd’Angré, sans oublier la mise en place de la graentassés dans une ancienne salle d’atsont néanmoins améliorés ces dernières tente. Quant aux accidentés – nombreux tuité ciblée, qui n’existait pas avant 2010. Cette dernière en raison de la proximité de l’autoroute En cinq ans, 10000 professionnels Abidjan-Yamoussoukro –, on les a remisés mesure permet aux citoyens ont été embauchés et une centaine d’être soignés gratuitement dans un local sans confort situé au niveau de la sortie. De l’autre côté du couloir, le lorsqu’ils se rendent aux de centres de base ont ouvert. urgences. Mais sa mise en CHU a aussi aménagé à la va-vite un petit espace pour les urgences pédiatriques. années. Depuis la fin de la crise, nous œuvre suscite de nombreuses incompréavons obtenu la création de trois blocs hensions.Trèssouvent,lespatientsdoivent TRÉSORERIE. « Cela fait quatre ans que tout de même payer leurs médicaments, opératoires, auxquels sont venus s’ajouter j’entends parler du projet de réhabilitation, un gros stérilisateur, des appareils de radio car le stock dévolu aux gratuités est épuisé. je ne sais plus si je dois y croire », observe numériques et des lits. Nous avons pu Pour réconcilier les Ivoiriens avec leur créer des consultations de diabétologie système de santé, le gouvernement doit amèrement le professeur Dick Rufin, président de la commission médicale de et de cardiologie », explique le docteur enfin améliorer la gouvernance des hôpil’établissement. Que ferait-il si lui ou sa taux. Selon de nombreux témoignages Ernest Atté Boka, directeur de l’hôpital recueillis, réclamer aux patients un bakgénéral de Port-Bouët depuis 2010. famille avait un problème? «J’irai dans une clinique privée », confie-t‑il sans détour. chich pour accélérer leur prise en charge, y compris pour les cas les plus graves, est Les problèmes financiers touchent aussi INCOMPRÉHENSIONS. Dans son bureau, une pratique toujours en vigueur. les hôpitaux de proximité comme celui Raymonde Goudou Coffie, ministre de JULIEN CLÉMENÇOT, envoyé spécial la Santé depuis 2012, n’ignore rien des de Port-Bouët, situé à la sortie d’Abidjan. AFP
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VERS UNE MEILLEURE COUVERTURE DÈS 2018 ?
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joussoufou Méité, directeur du CHU de Cocody, en est persuadé, la couverture maladie universelle (CMU) voulue par le président Ouattara est la seule solution pour offrir une meilleure prise en charge médicale aux N 0 2949 • DU 16 AU 22 JUILLET 2017
Ivoiriens. En échange d’une contribution de 1 000 F CFA (1,52 euro) par mois, ce dispositif donnera accès à un certain nombre de soins, dont 70 % seront pris en charge par la Caisse nationale d’assurance maladie. L’enrôlement des
bénéficiaires, démarré en 2015, est pourtant bien plus lent qu’espéré. Sur une base de 2,15 millions de personnes recensées, seules 735 000 se sont effectivement inscrites. « Nous devons davantage communiquer », reconnaît Raymonde Goudou Coffie,
la ministre de la Santé. Fin avril, le gouvernement a lancé une première phase expérimentale couvrant 150 000 étudiants pour six mois. La généralisation de la CMU est toujours prévue pour début 2018. J.C. JEUNE AFRIQUE
PUBLI-INFORMATION
1978-2017
Dans le cadre de l’organisation des 8e jeux de la Francophonie qui réuniront, du 21 au 30 juillet 2017 sur le sol ivoirien, 4000 jeunes artistes et sportifs venus des 84 États et gouvernements de la Francophonie, la Côte d’Ivoire à travers le Comité National peaufine l’accueil et les aspects logistiques dans les moindres détails ainsi que la mise aux normes des infrastructures pour accueillir ses hôtes dans les meilleures conditions. En sa qualité de Bureau d’études, de contrôle et de conseil, le Bureau Nationale d’études Techniques et de Développement (BNETD) a assuré la supervision et le contrôle de la construction et/ ou de réhabilitation des infrastructures sportives et culturelles réparties sur plusieurs sites dans le District d’Abidjan.
1. LES TRAVAUX DE RÉHABILITATION Au niveau des sites culturels : - la réhabilitation du Musée des Civilisations (Plateau) - la réhabilitation de la Bibliothèque Nationale (Plateau) - la réhabilitation du CNAC café-théâtre (Treichville) - la réhabilitation de l’INSAAC (Cocody) - la réhabilitation du Palais de la Culture et du Centre International des Médias (Treichville Palais de la Culture) Au niveau des sites sportifs : - la réhabilitation du Complexe Sportif de Treichville - la réhabilitation du Stade Félix Houphouët BOIGNY (Plateau) Au niveau du village des jeux (Campus de l’I.N.J.S de Marcory) : - l’aménagement d’espace commun ou de rencontre (superette, banque, librairie, …) - l’achèvement d’un gymnase - la réhabilitation de divers locaux (restaurant, centre de santé, salles de répétition…) - la réhabilitation de terrains de sports
- l’aménagement du bord lagunaire - la réhabilitation de la clôture du village 2. LES TRAVAUX NEUFS • la construction d’une salle polyvalente d’environ 4400 m2 au Parc des Sports de Treichville pour abriter les compétitions de tennis de table • la construction de l’espace Canal aux bois situé à Treichville (1 podium de diamètre 19 m avec une couverture en métallo-textile posée sur une charpente métallique de hauteur 15m, 1 ensemble de salles attenantes…) pour des concours culturels • des constructions au village des jeux (4000 chambres, des salles de convivialité des buanderies ; des blocs sanitaires ; un gymnase polyvalent …) Outre les infrastructures de bâtiment, le BNETD a également assuré la supervision de la rénovation des routes afin de faciliter l’accès à ces différents sites. Aujourd’hui, toutes les infrastructures sous la supervision du BNETD sont fin prêtes pour accueillir les amoureux de la langue française, du sport et de la culture.
Bd Hassan II, Abidjan Cocody, 04 - BP 945 Abidjan 04 République de Côte d’Ivoire Tél. : +225 22 48 34 00 / 35 00 / 36 00 Fax : +225 22 44 56 66 - E-mail : contact@bnetd.ci
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Le Plus de JA Que veulent les Ivoiriens ? AGROALIMENTAIRE
Les industriels à l’offensive pour doper la production de cacao Pendant que les multinationales lancent des projets de plantations XXL, pour améliorer les rendements, le marocain OCP analyse la fertilité des sols et forme des milliers de petits exploitants.
La PPPP a déjà permis de mobiliser plus de 36,5 milliards de F CFA (plus de 55,6 millions d’euros), via 19 protocoles d’accord. « Le gouvernement est déterminé à mettre en place un cadre propice d’investissement dans la culture du cacao, encore dominée par les exploitations familiales, explique Mamadou Sangafowa Coulibaly. Certains projets visent à apporter une industrialisation des plantations avec de bonnes pratiques agricoles. » LABORATOIRE. C’est sur ce terrain
XINHUA/ZUMA/REA
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Séchage des fèves à Divo (dans le Lôh-Djiboua, Sud).
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État veut accélérer l’industrialisation de la filière cacaoyère. En attendant le renforcement des mesures incitatives qui permettront de développer, enfin, la transformation locale des fèves, plusieurs multinationales ont lancé des projets de plantation industrielle. Pour soutenir cette nouvelle stratégie, le gouvernement a mis en place le Programme national d’investissement agricole (PNIA), directement géré par Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre de l’Agriculture. De son côté, le Conseil du café-cacao (CCC) a créé une plateforme de partenariat publicprivé (PPPP) afin de mieux coordonner et mutualiser les ressources dans le cadre du programme national de développement durable de la filière.
L’objectif est d’améliorer le revenu des systèmes de production en misant sur une meilleure productivité des exploitations pour sécuriser le revenu des exploitants. Le point névralgique du programme repose sur la professionnalisation des agriculteurs et de leurs organisations, mais la nécessité de développer la transformation et la consommation est également prise en compte. Dans ce cadre, les grands groupes internationaux du négoce de cacao et de chocolat ont conclu des programmes de développement de la filière avec le gouvernement, qui a mis à contribution le CCC, l’Agence nationale d’appui au développement rural (Anader) et le Centre national de recherche agricole (CNRA), ses bras armés dans le monde paysan.
que se sont lancées plusieurs multinationales, notamment le groupe belge KKO International, via sa filiale Solea. Cette dernière entend planter environ 100 000 ha dans le centre du pays, dans la zone de l’ex-boucle du cacao. Pour le moment, Solea a investi dans une première phase de 1 000 ha. La société est motivée par le soutien du gouvernement pour ses premiers pas dans le pays, mais son ambition d’exploiter 3 500 ha dans un deuxième temps, puis 100 000, risque d’être rapidement confrontée à des problèmes fonciers. Pour améliorer les rendements, en juin 2015, le groupe OCP, géant marocain des phosphates, a conclu trois accords de coopération avec le CCC et les organismes publics d’encadrement des producteurs. Ils portent sur l’analyse de la fertilité des sols grâce à un laboratoire mobile et sur la formation d’environ 5 000 paysans à l’utilisation efficace et raisonnée des engrais phosphatés, pour améliorer la productivité tout en préservant l’environnement. Le projet a pris corps depuis février avec le lancement par le groupe marocain de la caravane OCP School Lab dans la région du Sud-Ouest, cœur de la production cacaoyère. BAUDELAIRE MIEU
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RANDGOLD
À Tongon (Nord), le britannique Randgold exploite le plus grand site industriel du pays. INDUSTRIES EXTRACTIVES
la fin de l’été. L’autre, qui était développé par une filiale de l’américain Tau Capital Investment, à Aféma, dans le Sud-Ouest, a été repris par la junior Global Gold L’État accorde de nouveaux permis d’exploration, quatre Production (GGP), immatriculée au gisements sont exploités, un cinquième le sera début 2018 : Panama. la filière est en pleine effervescence. « Le pays présente un fort potentiel, avec d’énormes possibilités en matière d’exploration », explique Mark Bristow, de 142 mines clandestines. Aujourd’hui, estée pendant longtemps inexelles ont déjà toutes été recolonisées par plorée, contrairement à celles directeur exécutif de Randgold Resources les orpailleurs, déplore Bruno Koné, le qui, via sa filiale Société des mines de des voisins ghanéens, maliens Tongon (Nord), exploite depuis six ans et burkinabè, la filière aurifère porte-parole du gouvernement et ministre le plus grand site industriel du pays. La ivoirienne attise désormais l’intérêt de de la Communication. Pis, 47 autres sites d’exploitation illégale ont été ouverts. majors et de juniors du monde entier. major britannique en a extrait 6,9 t d’or en Mais l’État ne reculera pas : nous avons Pour exploiter le filon, le gouvernement a 2015, 8 t en 2016 et table sur une producopté pour la fermeté et une tion de 8,5 t pour 2017. Elle élaboré en 2013 un nouveau code minier nouvelle opération de fer- La production industrielle prévoit de nouveaux inves(adopté en mars 2014), que l’ensemble des d’or du pays metures sera lancée. » tissements pour allonger professionnels estiment attractif. s’est établie à la durée de vie de Tongon Le cadastre minier continue d’être mis MASSIFS. Les réserves d’or et poursuit par ailleurs ses à jour et l’État a accéléré la délivrance prouvées du pays sont estiactivités d’exploration. de nouveaux permis d’exploration et de mées à 600 t. La production Outre celle de Randgold, recherche.Plusde200,dontlestroisquarts en 2016 (contre 23,5 t industrielle a quant à elle trois autres mines sont en pour l’or, sont en cours de validité, détenus en 2015, 20 t en 2014 phase d’exploitation dans par des compagnies internationales, mais atteint 25 t en 2016, en hausse et 13 t en 2013), aussi par quelques juniors ivoiriennes. de près de 6,4 % par rapport le pays, dont deux détenues en hausse de Parmi elles, B&F Minerals, dont l’actionpar le Canadien Endeavor à 2015. Dans le même temps, naire majoritaire est l’Ivoirien Bamba le chiffre d’affaires du secteur, Mining (qui a conclu un parTahi, explore le permis de Zoukougbeu toutes filières confondues, tenariat stratégique avec son compatriote La Mancha), à est passé de 479,22 mil(Centre-Ouest), dont les réserves estimées en quatre ans sont d’environ 23 tonnes, en partenariat liards à 483,69 milliards Agbaou et à Ity, où le groupe SOURCES : INDUSTRIELS ET GOUVERNEMENT avec l’australien Tietto Minerals. de F CFA (de 730,5 millions prévoit de faire des investissements massifs d’environ à 737,3 millions d’euros) et Le revers de la médaille est que tous les 200 milliards de F CFA d’ici à la fin de orpailleurs clandestins de la sous-région ses recettes de 30 milliards à 35 milliards ont également été attirés par ce nouvel de F CFA, soit une hausse de 16,5 %. D’ici l’année pour réaliser des travaux d’extenà 2020, la production industrielle d’or sion et construire une nouvelle unité eldorado. La situation agace au plus haut de production d’une capacité de traitepoint le gouvernement, qui, malgré les devrait atteindre 30 t, grâce notamment à opérations musclées et réussies pour les ment de 3 millions de tonnes. L’Australien la mise en exploitation de deux nouveaux gisements. L’un est opéré par l’austraNewcrest Mining exploite quant à lui la stopper, reste parfois impuissant. « En 2015 et 2016, il a lancé une grande opération lien Perseus Mining, à Sissingué, dans le mine de Bonikro, près de Hiré. qui a permis de procéder à la fermeture Nord, et doit entrer en production avant BAUDELAIRE MIEU
C’est l’heure de l’or
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25 tonnes 92,3 %
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Le Plus de JA Que veulent les Ivoiriens ? ENTREPRENEURIAT
Vangsy Goma sur la route du succès Études à Paris. Début de carrière à New York et à Brazza, sa ville natale. Installation en 2015 à Abidjan, où il crée Africab, le numéro un des VTC dans la capitale économique. Le jeune patron congolais revient sur son parcours.
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rrivé à proximité de la maison ami Benjamin Cardoso, fondateur de LeCab, l’un des principaux concurrents son d’hôtes, dans le quartier des Deux-Plateaux-Vallon, le d’Uber en France. Il a aussi testé son idée auprès de la famille Pariente – 277e forchauffeur de la berline peine à trouver l’adresse, et c’est en se faisant tune française en 2016 selon Challenges –, ex-propriétaire de la marque Naf Naf. guider par téléphone que la voiture d’Africab rejoint sa destination. Pourtant, le lendemain, c’est sans avoir eu besoin d’aide « TRÈS STRICT ». Né à Brazzaville, Vangsy Goma a grandi à Puteaux, en banlieue qu’un autre chauffeur de la société attend devant la porte de la villa. Vangsy Goma, parisienne, avant de déménager pour les 32 ans, patron d’Africab, le numéro un beaux quartiers de la capitale. Scolarisé aux lycées Janson-de-Sailly à Paris puis des véhicules de transport avec chauffeur Saint-Martin-de-France à Pontoise, il a (VTC) à Abidjan, le sait : toujours assurer la même qualité de service est l’un de ensuite passé un an à Bruxelles, où il a ses principaux défis. « Il faut beaucoup fréquenté le lycée français de Belgique, de patience pour élever le niveau des prestations. « Personne n’aurait eu vent de Nous avons formé plus ma parenté avec Denis Sassou d’une centaine de chaufNguesso s’il n’était pas venu feurs, mais 40 % d’entre eux à mon mariage. » ont depuis quitté la société. Heureusement, le turnover et a achevé son cycle secondaire dans ralentit », constate le jeune entrepreneur. L’idée de créer une compagnie de VTC, une boîte à bac du 15e arrondissement de Vangsy Goma l’a eue en 2014, quand il Paris. Autant d’années durant lesquelles il effectuait de nombreux allers-retours s’est constitué un solide réseau parmi les entre Brazzaville, où il résidait, et la capi« fils et filles de » des élites économiques parisiennes. tale économique ivoirienne, où vivait sa future épouse. « Il m’arrivait souvent de Douépourentretenirlesamitiés,iln’aen prendre des taxis dont la plupart sont revanche pas brillé dans ses études. C’est dans un état déplorable et sans climatisans conviction qu’il a entamé un premier sation », déplore-t‑il. Avant de se lancer, cycle universitaire à la faculté d’Assas avant le jeune homme a pris conseil auprès de d’intégrer l’Idrac, une école de commerce,
qu’il a quittée au bout de trois ans, après sa licence. « Je n’étais pas un très bon élève. Je survolais les choses », avoue-t‑il. La pression familiale était pourtant forte. Son père, le colonel Sébastien Goma, est l’un des premiers officiers congolais diplômé de Saint-Cyr. Surtout, il est le fils de Blandine Malila et, donc, le petit-fils d’Antoinette Sassou Nguesso, l’épouse du président congolais, qu’il considère comme son grand-père. Une photo où il figure avec le chef de l’État trône d’ailleurs en bonne place dans son bureau. « Enfant, je le voyais tous les week-ends. Il était très strict », se remémore-t‑il. Une proximité assumée qu’il jure n’avoir jamais utilisée pour ses affaires. Tout au plus reconnaît-il avoir bénéficié de garanties financières familiales pour décrocher le crédit qui lui a permis de lancer son entreprise. Et si, entre 2008 et 2012, il a été embauché par la fondation Congo Assistance de sa grand-mère puis au sein de la Société
UN BUSINESS EN PLEINE EXPANSION
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i beaucoup regardent encore Africab comme un ovni, se demandant comment l’entreprise peut être viable, Vangsy Goma assure que 100 voitures lui suffisent pour atteindre le seuil de rentabilité. Début juin, son centre de contrôle gérait en permanence une N 0 2949 • DU 16 AU 22 JUILLET 2017
quarantaine de véhicules, auxquels il était sur le point d’en ajouter trente. « Il y a encore quelques semaines, nous étions victimes de notre succès et avions un vrai problème de disponibilité », explique Vangsy Goma. Si les fêtards trouvent en général une voiture pour les ramener
chez eux à l’aube, en journée, malgré le coût de la course souvent deux fois plus élevé que celui d’un taxi classique, mieux vaut réserver la veille pour le lendemain. « La demande est plus importante que prévu. Le nombre de VTC à Abidjan est d’environ 200 [Taxijet, son principal
concurrent, en possède une cinquantaine] quand il pourrait y en avoir plus de 500 », estime-t‑il. Pour faire grimper son chiffre d’affaires, estimé à plus de 70 millions de F CFA (environ 106 700 euros) par mois au premier trimestre 2017. J.C. JEUNE AFRIQUE
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NABIL ZORKOT
Avant de se lancer, il a pris conseil auprès de son ami Benjamin Cardoso, fondateur de LeCab, l’un des concurrents d’Uber en France.
nationale des pétroles congolais (SNPC), il n’a pas souhaité y faire carrière pour autant. « D’ailleurs, à Abidjan, personne n’aurait eu vent de ma parenté avec Denis Sassou Nguesso, s’il n’était pas venu à mon mariage », insiste-t‑il.
PRAGMATISME. C’est aux États-Unis que Vangsy Goma a découvert son goût pour l’entrepreneuriat. Parti suivre des cours de management, de leadership et de logistique à New York après avoir abandonné son cursus à l’Idrac, il s’est lié d’amitié avec la famille Chabbott, propriétaire d’une société de fabrication de bijoux. Chaque après-midi, il est allé dans les bureaux du joaillier, où il a été initié à l’achat de pierres précieuses. « J’ai aussi vu la manière dont on valorise son carnet d’adresses, dont on mobilise des fonds. Tout ce que ne font pas les enfants de bonne famille en Afrique, qui pensent, avec une certaine arrogance, que leur avenir est assuré », regrette-t‑il. Quelques années plus tard, il fait une deuxième rencontre décisive au Congo. Proche de Boris Morin, héritier d’une famille française installée de longue date dans le pays, il rejoint sa société
de construction, MBTP, et quand celleci est revendue à l’homme d’affaires Hassan Attié, il reste en place. Directeur commercial, il observe le pragmatisme des patrons libanais « capables de comprendre les besoins des Africains mieux que les Africains eux-mêmes ». Un modèle dont Vangsy Goma s’inspire aujourd’hui pour faire prospérer son entreprise, en se reposant comme ses mentors sur un management avec lequel il entretient des liens presque familiaux. À Abidjan, sa garde rapprochée est congolaise. Le directeur général adjoint d’Africab a été recruté au sein du cabinet de sa grand-mère. Son directeur de l’innovation n’est autre que le fils de Paul Obambi, le PDG de Sapro, le plus important consortium privé congolais. Mais d’autres profils comme celui de son directeur adjoint chargé des finances d’origine coréenne, Younseo Rhee, recruté au sein de la Société générale, arrivent pour renforcer les compétences d’Africab et partir à l’assaut de nouveaux marchés à travers le continent. JULIEN CLÉMENÇOT
Le Plus de JA Que veulent les Ivoiriens ?
Le meilleur de l’Afrique sur le Plateau Situé dans le quartier des affaires, le Saakan a été élu meilleur restaurant 2017 d’Abidjan. Aux fourneaux, Christelle Vougo ; en salle, son époux, Frank Anet. Visite guidée.
«
Y
apasphoto,leSaakanest l’un des meilleurs restaurants des 22 pays africains que j’ai visités. » En un tweet, Tidjane Deme, ex-responsable de Google dans les pays francophones, a résumé, fin avril, l’engouement suscité depuis quelques mois par le travail de la chef ivoirienne Christelle Vougo. Installé au Plateau, le quartier des affaires de la capitaleéconomique,leSaakanad’ailleurs reçu en mars les honneurs de la critique en obtenant trois récompenses lors de la première édition des Abidjan Restaurant Awards, dont celle du meilleur établissement. Quelques VIP ont aussi succombé à sa cuisine, parmi lesquelles le footballeur Didier Drogba, la première dame Dominique Ouattara, l’ambassadeur de France Georges Serre, le musicien et spécialiste du coupé-décalé Serge Beynaud ou encore la blogueuse Aïda Marguerite Bamba (alias Serial Foodie), entre autres. PANTHÉON CULINAIRE. Dans un décor
chic et sobre, la dynamique quadra propose une gastronomie moderne et généreuse qui réinterprète des plats traditionnels africains, auxquels elle ajoute ici et là des saveurs asiatiques rapportées de ses nombreux voyages. C’est, par exemple, le cas des oignons mi-cuits que la chef Vougo concocte en guise de mise en bouche. Les cuisines
thaïlandaise, japonaise et chinoise constia commencé à travailler dans la restauratuent des sources d’inspiration pour celle tion. « Frank est venu chercher un emploi qui avoue tout de même placer un bon dans l’établissement où je travaillais, raconte-t‑elle. Et depuis, nous ne nous riz en sauce (ouest-africaine) tout en haut de son panthéon culinaire. « J’aime prosommes plus quittés ! » fondément les plats africains ! C’est pour En 2010, les époux prennent la décision de rentrer à Abidjan, ça que j’ai tant de plaisir à les revisiter », confie-t‑elle. où le père de Frank tient déjà un restaurant. « Nous La carte du Saakan propose également un millefeuille sommes arrivés sans savoir d’igname et de thon, une ce qui se tramait », se souaubergine poêlée aux écrevient Christelle Vougo. La sur crise postélectorale à peine visses, un choukouya de lanterminée, le couple ouvre gouste et de gambas, un filet en 2011 dans le quartier des de bœuf accompagné d’une Deux-Plateaux-Vallon son purée de patates douces, d’un premier établissement, le ragoût de champignons et 128 avis Norima, spécialisé dans la d’une sauce au chocolat 50 % excellent épicée… Des entrées et des cuisine américaine. Le succès 42 % très bon est tout de suite au rendezplats vendus entre 6 000 et (au 30 juin 2017) 20 000 F CFA (entre 9,15 et vous et incite le tandem à 30,50 euros). Les recettes de Christelle voir plus grand. « On nous a catalogués Vougo font mouche. comme des spécialistes des hamburgers, Mais la réussite du Saakan est avant nous avons donc voulu montrer que nous pouvions faire autre chose », sourit-elle. tout une histoire partagée avec son mari, Frank Anet. Elle au piano et lui en salle. INFLUENCES MONDIALES. Cheveux Son époux est aussi le premier à tester les tressés, chemise à carreaux et longue créations de la chef avant qu’elles soient inscrites au menu. Les deux complices jupe noire, Christelle Vougo ne ressemble pas à la working girl de Wall Street. Elle se sont rencontrés à Atlanta, aux Étatsn’en est pas moins une femme d’affaires Unis, où Christelle Vigo s’était expatriée après son cursus secondaire pour suivre assumée. En plus du Norima et du Saakan des études en comptabilité. Son diplôme (ouvert en 2012), elle a créé, toujours avec son époux, un service traiteur, Zanda, obtenu à la Georgia State University, elle ainsi qu’un troisième établissement inauguré en juin 2016, également installé au La chef Vougo, dans la salle du Saakan. Plateau : le Mondial. « C’est un lieu où je peux laisser libre cours à toutes mes envies. Les plats peuvent être européens, asiatiques, américains… Tout est possible ! » jubile-t‑elle. « Dans cette équation, il n’y a pas de bras long, juste du travail », insiste Christelle Vougo. Pour les prochains mois, le couple Vougo-Anet ne manque pas de projets. Le Norima est en cours d’agrandissement pour passer de 50 à 100 couverts. « Nous allons aussi apporter du sang neuf à la carte », dit-elle pleine d’enthousiasme. Quant au Saakan, également à l’étroit, il devrait déménager pour faire évoluer son concept et proposer une salle ouverte sur l’extérieur.
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JULIEN CLÉMENÇOT JEUNE AFRIQUE
Le Plus de JA Que veulent les Ivoiriens ? Bâtiments de logements au village des Jeux.
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ÉVÉNEMENT
Abidjan, terre de sport Le pays doit accueillir plus de 4 000 athlètes et artistes pour les VIIIes Jeux de la francophonie, du 21 au 30 juillet. À quelques jours de leur ouverture, la capitale économique est fin prête.
A
u parc des sports de Treich ville, la salle polyvalente de tennis trône à côté d’un terrain de football au gazon bien taillé. Cette nouvelle infrastructure, démontable, symbolise la volonté des Ivoiriens de faire des VIIIes Jeux de la francophonie une réussite. Le président Alassane Ouattara se montre confiant. « Nous nous employons, dit-il, à garantir les meilleures conditions de séjour en terre ivoirienne à tous ces athlètes et artistes venus d’horizons si divers et, ainsi, leur permettre de faire l’expérience de l’excel lence, de la diversité et de la solidarité. » Pour que l’événement soit un succès, l’Organisation internationale de la franco phonie (OIF) s’appuie sur deux structures: le Comité international des Jeux de la fran cophonie (CIJF) et le Comité national des
Jeuxdelafrancophonie(CNJF).Lepremier supervise les actions du second. Mis en place après l’élection de la Côte d’Ivoire en tant que pays hôte, en mars 2013, par le Conseil permanent de la francophonie et appelé à être dissous avant la fin de l’année, le CNJF se charge de l’accueil des athlètes et invités et de l’organisation pratique des Jeux. Au cœur du dispositif: le village Akwaba (« bienvenue », en baoulé). Étendu sur une superficie de 2,5 ha au sein de l’Institut national de la jeunesse et dessports(INJS),àMarcory,avec vue sur la lagune, il va accueillir dans des appartements flam bant neufs les compétiteurs et leursaccompagnateurs,répartis dansunetrentainedepetitsbâti ments. Le coût de construction
du village s’élève à 12,5 milliards de F CFA (plus de 19 millions d’euros), entièrement financés par le budget de la Côte d’Ivoire. Le marché a été raflé par le groupe de BTP ivoirien Snedai-Getran de l’homme d’affaires Adama Bictogo. TOIT OUVRANT. En profitant des Jeux, Abidjan pense à l'avenir. « La question du legsestimportante,souligneMichaëlleJean, secrétaire générale de la Francophonie. Legs en infrastructures, en espaces pour la culture et le sport, mais aussi pour l’inno vation. La Côte d’Ivoire disposera de l’un des plus extraordinaires dispositifs de la sous-région et du Sahel en la matière. » Articulés autour d’un ensemble d’évé nements sportifs et culturels, les Jeux
FÂRO SUPERSTAR
L
a mascotte des VIIIes Jeux de la francophonie est bien sûr un éléphant, emblème du pays. Cet avenant petit pachyderme porte les couleurs nationales et se nomme Fâro, ce qui signifie « malin », « faire le malin », « vanter ses exploits », en malinké et serait tiré du français « fanfaronnade ». Ce mot est aussi très utilisé en argot nouchi par la jeunesse urbaine ivoirienne, parfois même doublé (« faro faro »), avec toujours le sens de parader, se faire remarquer (par l’élégance), voire de faire la fête. CÉCILE MANCIAUX N 0 2949 • DU 16 AU 22 JUILLET 2017
JEUNE AFRIQUE
d’Abidjancomporterontneufcompétitions sportives (notamment athlétisme, football, judo, lutte africaine, handisport), dont quatre exclusivement réservées aux moins de 20 ans, et douze concours culturels, allant du spectacle de rue (hip-hop, jonglerie, marionnettes, etc.) aux arts plastiques, en passant par ceux de la scène (chanson, danse), auxquels s’ajoutent une compétition de création écologique et une autre de création numérique. Troiscommunesd’Abidjanvontaccueillir les rencontres et spectacles. Le Plateau, quiabritelestadeFélix-Houphouët-Boigny – entièrement rénové –, sera l’hôte de la finale de football, des compétitions d’athlétisme, mais aussi des cérémonies d’ouverture et de clôture. Toujours au Plateau, l’Institut français, le Musée des civilisations et la Bibliothèque nationale ont été réhabilités et modernisés; ils recevront les concours de création écologique, numérique et les arts plastiques. Le stade de l’INJS et le stade RobertChamproux de Marcory abriteront certaines phases éliminatoires de compétitions sportives, à l’instar du parc des sports de Treichville. Cette commune hébergera les concours culturels dans le palais de la Culture, dont sa belle salle Anoumabo (un théâtre à toit ouvrant avec vue sur la lagune). Les spectacles et compétitions relatifs aux arts de la rue se dérouleront à l’espace culturel du Canal aux bois, également à Treichville. QUI PAIE ? L’organisation de ces Jeux est estimée à 7,5 milliards de F CFA (près de 11,5 millions d’euros). Qui règle la note? « Tout le coût est supporté par cinq principaux postes budgétaires », indique l’un des organisateurs. La contribution attendue des États membres et participants s’élève à 3,5 milliards de F CFA. Le reste du budget est supporté par les partenaires, les droits d’inscription, la billetterie et les dons. Quid de la participation des athlètes ivoiriens à ces Jeux ? « Le peuple ivoirien auraitdumalàcomprendrequenousorganisions les Jeux et que nous ne glanions pas de médailles », prévient FrançoisAlbert Amichia, ministre des Sports et des Loisirs et maire de Treichville. Quatre ans plus tôt à Nice (France), la Côte d’Ivoire avait été sacrée championne des Jeux de la francophonie dans deux disciplines : marionnettes géantes et basket féminin. En 2017, le pays compte faire mieux. ANDRÉ SILVER KONAN JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de JA Que veulent les Ivoiriens ? Questions à Robert Beugré Mambé Ministre auprès du président de la République chargé des Jeux de la francophonie, gouverneur du district autonome d’Abidjan
« La ville veut offrir ce qu’elle a de plus beau »
L’
VINCENT FOURNIER/JA
ancien ingénieur des travaux publics et ex-président de la Commission électorale indépendante (en 2010) Robert Beugré Mambé, 65 ans, maîtrise à la fois les questions d’aménagement, d’organisation et celles liées à la francophonie. Gouverneur du district autonome d’Abidjan depuis 2011, il est l’un des viceprésidents de l’Association internationale des maires francophones (AIMF) et, depuis juillet 2016, est chargé des Jeux
de la francophonie en tant que ministre auprès du président de la République. JEUNE AFRIQUE : Que représentent ces Jeux et quels sont leurs enjeux pour le pays ? ROBERT BEUGRÉ MAMBÉ : Notre mission est de créer un espace social qui permette à la jeunesse ivoirienne et francophone de se rencontrer et de fraterniser. L’enjeu est de pouvoir rassembler sur le sol ivoirien, à Abidjan, le maximum de jeunes de tous les pays de la francophonie, afin qu’ils y trouvent toutes les commodités leur permettant de partager, d’échanger, de se divertir et de s’instruire, dans l’esprit de l’hospitalité ivoirienne. Il s’agit aussi de présenter la Côte d’Ivoire telle qu’elle est – c’est-à-dire une terre de grande ouverture, d’accueil, et un merveilleux champ d’investissements – et, surtout, de rassembler tous les fils et filles de ce pays dans un même creuset, quelles que soient leurs chapelles politiques, religieuses ou philosophiques, car nous avons le même destin, celui d’une Côte d’Ivoire fraternelle, solidaire et prospère.
Serez-vous prêts à temps ? Ces Jeux verront la mobilisation de 84 pays, 1 0 0 0 journalistes, 4000 athlètes et artistes, 500000 spectateurs et seront suivis par au moins 1 million d’internautes, 10 millions de lecteurs, 500 millions de téléspectateurs… Ce qui exige de l’esprit d’anticipation, un encadrement structuré et une discipline stricte dans le respect des délais et de la qualité. De plus, nous voulons que tout soit aux normes internationales. Le premier défi était de conduire tous les chantiers à leur terme. Je puis assurer qu’ils sont tous achevés. Quels sont les dispositifs spéciaux prévus ? Nous nous sommes organisés pour que les déplacements des athlètes, des artistes, des officiels et des personnalités se déroulent dans la fluidité et le confort. Des voies réservées seront dégagées et nous allons exploiter à fond notre plan d’eau lagunaire, qui donne accès à la quasi-totalité des sites retenus pour les Jeux. Abidjan se fera aussi cité verte et ville lumière. Elle veut offrir ce qu’elle a de plus beau au monde entier. Des dispositions ont été prises pour assurer la sécurité de tous ceux qui seront présents à Abidjan pour la manifestation et, outre le village Akwaba, des hôtels de standing ont été choisis, selon des critères stricts, pour permettre à tout le monde d’être logé dans de bonnes conditions.
Bienvenue à bord et bonne lecture Retrouvez-nous sur vos compagnies aériennes préférées.
Propos recueillis à Abidjan par BAUDELAIRE MIEU
Le Plus de JA Que veulent les Ivoiriens ? SPORT
Madame la présidente Depuis deux ans, le FC Moossou de Grand-Bassam évolue en Ligue 1. À sa tête, une femme, Christine Ezoua, qui compte bien installer le club parmi l’élite du football ivoirien.
A
Son arrivée à la présidence de ce jeune club posé sur le rivage de l’océan Atlantique s’est faite naturellement, sans réveiller trop de réflexes machistes dans un milieu pourtant gonflé de testostérone. « Au contraire. Les présidents des autres clubs professionnels m’ont bien accueillie. Ils m’ont aidée et conseillée, car j’avais beaucoup à apprendre. Il y avait déjà eu une femme président d’un club ivoirien par le passé. Même si c’est rare, ce n’était pas une première. »
sommes importantes, consacré beaucoup de temps pour structurer et faire évoluer le club. Certaines personnes m’ont dit de rester à la maison et de m’occuper de mes quatre enfants. Il n’en NOUVEAUX ACTIONNAIRES. La quadra était pas question. » (elle a 44 ans) doit un peu forcer sa nature Issue d’un milieu plutôt aisé (père ban– qu’elle dit « timide et plutôt réservée » – quier, mère secrétaire de direction) – « je depuis que le FC Moossou s’est hissé en dirais plutôt issue de la classe moyenne », rectifie-t‑elle –, « Je reste à ma place, je ne pense Christine Ezoua a abandonné pas être trop interventionniste les études après l’obtention de son bac, préférant voyager et au niveau sportif. » découvrir le monde. « Quand je suis revenue à Abidjan, j’ai travaillé. Ligue 1 ivoirienne, en 2015. « Le club est L’un de mes centres d’intérêt était la coifdavantage exposé, je suis plus sollicitée, fure, j’ai donc ouvert un premier salon, confie-t‑elle. Mais je reste à ma place, je que j’ai fermé, puis un second, dont j’ai ne pense pas être trop interventionniste au niveau sportif. » arrêté l’activité quand mon mari a quitté ce monde », explique-t‑elle. Avec un budget annuel d’environ 200 millions de F CFA (près de 305000 euros), le club du littoral a comme Entourée des joueurs de son équipe, en mai. priorité de rester en Ligue 1. Christine Ezoua n’ignore rien des réalités économiques du football ivoirien, où la culture du sponsoring n’est pas encore développée. « Nous cherchons des partenaires pour permettre au club d’évoluer. » Et c’est pour lui donner cette nouvelle impulsion que le FC Moossou a vu arriver il y a quelques mois de nouveaux actionnaires. En attendant de voir son club disputer une Coupe d’Afrique – l’un de ses objectifs à moyen terme –, Christine Ezoua espère finaliser la construction du centre de formation du FC Moossou et d’un stade. « Les plans sont prêts, les financements également. » Elle a rencontré récemment Nanan Kanga Assoumou, le roi de Moossou, afin de trouver le terrain qui accueillera ce projet. Et, comme si le temps consacré à sa famille, au club et à l’agence immobilière de son compagnon ne suffisait pas à remplir son agenda, Christine Ezoua est présidente de la commission chargée du football féminin au sein de la Fédération ivoirienne de football (FIF), dont elle est membre du comité exécutif depuis début 2016. Une hyperactive, on vous dit.
vantdequitterlaCôted’Ivoire pour aller poursuivre des études supérieures aux États-Unis, son père avait joué pour le Stade d’Abidjan. Elle-même, lorsqu’elle était enfant, taquinait la balle dans son quartier de Cocody, « quasiment toujours avec des garçons », se souvient-elle. Christine Ezoua n’a donc pas attendu son époux, Jacques Aka, pour découvrir le football. Ingénieur de formation, ce dernier a fondé le FC Moossou de Grand-Bassam en 2001, avec l’aide de sa femme, qu’il a faite viceprésidente du club. Lorsqu’il décède, en décembre 2009, et que se pose la question de poursuivre son œuvre à la tête du club, Christine Aka n’hésite pas une seconde : « Pour moi, c’était une évidence. Nous avions investi des
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ALEXIS BILLEBAULT N 0 2949 • DU 16 AU 22 JUILLET 2017
JEUNE AFRIQUE
Transformer l’agriculture de fond en comble
De la culture du riz au Nigeria à la culture du cacao et des noix de cajou en Côte d’Ivoire, Olam est engagée en Afrique depuis près de 30 ans. Nous avons investi 1,89 milliard de dollars de Singapour et mis sur pied un réseau de 2,5 millions de petits exploitants dans 25 pays qui nous fournissent en coton, sésame et café. Nos 31 usines de transformation sont réparties sur le continent nous permettent de transformer nos récoltes en ingrédients entrant dans la composition de produits tant locaux qu’internationaux. Nous fournissons des boulangeries commerciales en farine nous sommes responsables de grandes marques alimentaires comme Tasty Tom, Royal Aroma (riz), King Crackers, Mama Gold, Bua (pâtes) et Dona (huile de palme). 21 000 employés à plein temps et 26 000 saisonniers fixes ou temporaires nous aident à atteindre nos objectifs. Non seulement ils sont les catalyseurs de notre succès, mais ils continuent de nous convaincre du potentiel de l’Afrique.
Olam, né en Afrique, fidèle à l’Afrique. @olam @olam_international olamgroup.com
MESSAGE
La sécurité alimentaire reste l’un des défis majeurs du continent Africain. Avec des systèmes de production et d’approvisionnement encore précaires, l’Afrique est aujourd’hui amenée à importer jusqu’à 35 milliards de dollars par an en produits alimentaires. Le niveau de valeur ajoutée et de transformation des cultures agricoles demeure aussi particulièrement faible. En zone subsaharienne notamment, les pertes post-récolte représentent plus de 30 % de la production agricole, soit un montant de 4 milliards de dollars par an. Plus des deux tiers de ces exploitations s’appuie en outre uniquement sur de la main d’œuvre humaine et l’acquisition d’équipement souffre d’un manque de solutions en termes de financement, d’assistance et de renouvèlement de pièces de rechange. La société Kanu Equipment comprend parfaitement ces problématiques et s’est engagée à fournir un équipement de qualité, adapté aux agriculteurs africains. Selon Stephen Smithyman, PDG de Kanu Equipment, « Les facteurs clés pour transformer l’agriculture africaine sont la disponibilité et le développement des infrastructures et des technologies, l’accès à du matériel abordable et de qualité, des services d’assistance, la formation locale, la disponibilité de pièces de rechange, ainsi que des solutions de financement. C’est là que Kanu joue un rôle. » Aussi, Kanu distribue et travaille en collaboration avec les plus grandes marques de matériel agricole telles que Case IH, Bell et Liebherr. Par la rationalisation des
activités, du chargement et du transport de récolte, Kanu offre des solutions économiques optimales ainsi qu’une assistance complète comprenant l’évaluation des besoins de ses clients, le conseil avant achat ainsi que le service après-vente en proposant des pièces de rechange facilement accessibles. Kanu opère en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Congo, en Tanzanie, au Libéria, au Ghana, au Kenya, en Sierra Leone, au Zimbabwe et au Botswana. Le gestionnaire panafricain de fonds d’investissement Phatisa, actionnaire principal de Kanu Equipment, considère la mécanisation agricole comme une initiative commerciale profitable, idéale pour les investisseurs locaux et internationaux. C’est pourquoi, Kanu Equipment, avec le soutien du Dispositif d’Assistance Technique de Phatisa, est actuellement en phase de définition d’une initiative axée sur les microentreprises, « The Hummingbird Project ». L’objectif est de développer les canaux de distribution de pièces de rechange à travers le continent, d’évaluer la faisabilité et l’impact potentiel sur les revenus des micro-entrepreneurs et sur la création d’emplois. Le secteur de l’agriculture est essentiel pour parvenir à une croissance inclusive en Afrique. Plus le développement de l’Afrique s’orientera vers une production alimentaire durable, plus Kanu jouera un rôle actif dans la mise en place de systèmes de production-approvisionnement alimentaire.
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