Libye Abdelhakim Belhadj Confidences exclusives d’un repenti
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année • n° 2952 • du 6 au 12 août 2017
AFRIQUE DE L’OUEST CES VILLES OÙ IL FAIT BON VIVRE Spécial 12 pages
Bénin Léhady Soglo : la chute du fils prodigue
jeuneafrique.com
SÉNÉGAL
Imbattable ? Vainqueur des législatives du 30 juillet, Macky Sall a moins de deux années devant lui pour transformer l’essai, face à une opposition (pour l’instant) désunie. En ligne de mire : la présidentielle de 2019.
ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE France3,80€•Algérie250DA•Allemagne4,80€•Autriche4,80€•Belgique3,80€•Canada6,50$CAN•Espagne4,30€•Éthiopie67birrs•Grèce4,80€•Guadeloupe4,60€ Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1200 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 2000 F CFA • ISSN 1950-1285
LE PLUS
de Jeune Afrique
XXXXXXXX ENJEUX Interview Susci de tem Jérôme autat nummod Chenal, enseignant-chercheur modolore
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XXXXXXXX DÉCIDEURS Susci Ils fonttem bouger autatlanummod cité modolore XXXXXXXX Susci INNOVATION Une urbanisation tem autat nummod intelligente, modolore c’est quoi? XXXXXXXX ARCHIDOUÉS Susci Francis temKéré, autatlanummod simplicité modolore faite star
AFRIQUE DE L’OUEST
Ces villes
où SURTITREOUV il fait bon vivre
©ASHLEY GILBERTSON/VII/REDUX-REA
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À Lagos, Nigeria. JEUNE AFRIQUE
N 0 2952 • DU 6 AU 12 AOÛT 2017
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Le Plus de Jeune Afrique
de Jeune Afrique
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AFRIQUE DE L’OUEST
Ces villes
où SURTITREOUV il fait bon vivre
Prélude
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Cécile Manciaux
Viva-cités
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ive les villes ouest-africaines! Et cap sur la vie de leurs habitants. Ceux d’aujourd’hui et ceux de demain. Travaillés au corps depuis des années par nombre d’élus, d’architectes et d’urbanistes locaux, les États et les collectivités territoriales ont enfin replacé les citadins au cœur des schémas directeurs, des plans de développement et des politiques territoriales. C’est d’ailleurs l’une des raisons d’être et l’une des missions que s’est fixées le Conseil des collectivités territoriales de l’Union économique et monétaire ouestafricaine (Uemoa) depuis six ans. Dans cette partie du continent plus que nulle part ailleurs, l’organisation des territoires a de tout temps reposé sur les solidarités – familiales, communautaires, sociales… – et l’articulation entre les espaces ruraux, les cités-marchés et les capitales. Ces dynamiques ont heureusement perduré. Avec la nécessité d’adapter les métropoles existantes et les réseaux de communication pour que l’amélioration des conditions de vie et la croissance économique soient durables.
population et de la jeunesse de la région, demeurent le lieu privilégié du développement humain et du progrès. Leur croissance démographique s’accompagne d’une croissance économique réelle et pérenne. Elles génèrent plus des trois quarts du produit national brut des pays. Leur expansion dope les marchés de la construction ou de la consommation. Et les citadins ont aussi, plus que les autres, accès aux services essentiels : eau potable, assainissement, énergie, santé, éducation…
Pour nombre d’États et d’élus locaux, « gérer la ville » signifie encore souvent résoudre des crises au coup par coup. Les premiers n’ont généralement pas transféré aux seconds les compétences et/ou les moyens financiers de relever le défi. Mais la plupart ont engagé des réflexions voire des réformes sur la question. Dans tous les pays de la région, cependant, la décentralisation progresse. C’est le cas notamment en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et bientôt au Togo, où la nouvelle loi sur la décentralisation a été adoptée De Lomé à Ouaga, de fin juin (depuis 1987, les comElles génèrent munes togolaises sont dirigées Dakar à Abidjan, en passant plus des trois par Cotonou, les métropoles par des préfets et des délégarégionales se transforment et tions spéciales). Lentement quarts du mais sûrement s’installe un reprennent forme. Désormais, produit partage un peu plus équilibré l’un des grands enjeux consiste national brut à mobiliser les moyens pour des prérogatives et des moyens l’aménagement et le déveentre l’État et ses services des pays. loppement des villes « secondéconcentrés, d’une part, les daires » (100 000 à 500 000 habitants), au élus locaux et les collectivités territoriales, sein desquelles est attendue la plus forte d’autre part. De quoi rapprocher davantage croissance d’ici à 2050, alors que le rythme les politiques de la ville des citoyens. Et placer les habitants au cœur des plans de de celle-ci tend à ralentir dans les capitales. Même si cette urbanisation se révèle développement en pensant à la fois à ceux encore rarement maîtrisée ou anticipée, d’aujourd’hui et à ceux de demain. même si, dans le bouillonnement ambiant S’ils tiennent ce cap et s’en donnent les des quartiers et les douloureuses opérations moyens –bien entendu, passeulement finande déguerpissement (résultats de législaciers –, États, élus locaux, professionnels de tions foncières inadaptées, mal préparées la planification et de l’urbanisme disposent mais pour la plupart incontournables), le de toutes les cartes pour imaginer les cités mieux-être des habitants ne saute pas toudu futur et préserver leur visage humain. jours aux yeux, ces villes ouest-africaines, Cette humanité si singulière qui fait toute qui concentrent plus de la moitié de la l’âme et la force des villes ouest-africaines. JEUNE AFRIQUE
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INTERVIEW Jérôme Chenal, enseignant-chercheur à l’EPFL
p. 56
DÉCIDEURS Ces élus locaux qui font bouger leurs territoires p. 60 TRIBUNE Par Mouhamadou Abass Sall, architecte sénégalais p. 64 INNOVATION
Une urbanisation intelligente, c’est quoi ? p. 65 TERRITOIRES L’enjeu des villes secondaires, entretien avec Ahmed Bouah Touré, promoteur ivoirien p. 66 TRANSPORTS Sénégal Dem Dikk tisse son réseau interurbain p. 68 ARCHIDOUÉS Sirandou Diawara, métisse minimaliste
p. 70
Francis Kéré, la simplicité faite star p. 71
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Le Plus de Jeune Afrique
ENJEUX
Jérôme Chenal « Nous disposons d’un champ d’expérimentation énorme » Si la plupart des capitales vivent une pleine transformation, leur aménagement s’avère loin d’être en mesure de répondre aux besoins de leurs habitants. Selon l’enseignant-chercheur à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, tout ou presque reste à inventer.
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dapter la ville à son contexte. La formule est aussi simple que les solutions mises en avant par Jérôme Chenal, 44 ans, docteur ès sciences et enseignant-chercheur au Laboratoire de sociologie urbaine (LaSUR) de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Après avoir visité les agglomérations du monde entier, sillonné les capitales et les campagnes du continent, en particulier celles d’Afrique de l’Ouest, l’architecte-urbaniste est persuadé qu’il faut écouter les demandes des citoyens pour répondre à leurs besoins en matière d’assainissement et d’eau, de mobilité et de santé. Se placer du point de vue de l’habitant pour améliorer sa ville et donc son cadre de vie. Pour le chercheur
OLIVIER CASLIN, envoyé spécial à Lausanne
suisse, l’Afrique doit donc promouvoir ses propres modèles au lieu d’importer et de subir des schémas extérieurs. Alors qu’une vague démographique sans précédent commence à toucher le continent, qui d’ici vingt ans comptera sans doute plusieurs centaines de millions de nouveaux urbains, la ville africaine de demain reste à inventer. À l’Afrique elle-même, à commencer par ses élites, de faire preuve de vision et de volonté pour en dessiner les contours. JEUNE AFRIQUE: Comment les villes d’Afrique de l’Ouest se caractérisent-elles aujourd’hui ? JÉRÔME CHENAL : Les capitales se trouvent
encore dans un état de délabrement assez avancé et manquent de tout. La situation n’est pas insoluble,
Ces villes où il fait bon vivre
Un travail est-il réalisé pour tenter de mieux comprendre les besoins de la société d’une ville ou d’un pays en matière d’urbanisation ?
Non. On se contente de grands mouvements généraux. Par exemple, le tramway est à la mode, chaque ville en Europe veut le sien, et il est donc légitime que les villes africaines succombent à leur tour à cette tendance comme à Dakar, où le train qui relie la ville à l’aéroport correspond à un modèle extérieur. Aucune solution africaine n’est visible à l’horizon, alors que nous disposons pourtant d’un champ d’expérimentation énorme, avec des zones urbaines de 30 véhicules pour 1 000 habitants, contre 500 en Europe. Il y a donc de la place pour faire aujourd’hui les choix qui définiront la ville africaine de demain.
Quels plans suivent actuellement les villes en Afrique ?
Nous assistons à un mouvement contradictoire. Pendant que les villes du Nord, notamment en Europe, cherchent à injecter un peu d’informel en milieu urbain afin de recréer du lien social, au Sud, les édiles cherchent à y mettre du formel, pour ressembler aux villes du Nord, au nom d’un fantasme de modernité. Il faut se battre pour l’environnement, le cadre de vie, le bien-être des populations, pas pour la modernité! L’Europe pille
Il faut se battre pour le cadre de vie, le bien-être des populations, pas pour la modernité. l’architecture vernaculaire des pays du Sud qui, eux, rêvent de ciment et d’air conditionné. C’est ce rapport à la modernité qu’ont les élites dans la sous-région qui empêche le développement d’un vrai modèle ouest-africain. Pourquoi ces élites s’engagent-elles sur cette voie ?
Parce que tout le monde rêve de ressembler à la « ville globale », suivant des codes inventés par d’autres. Il faut décoloniser les esprits, sinon nous n’arriverons à rien. Et sur ce point, la responsabilité des élites est très claire. Je crois beaucoup à leur exemplarité. Le jour où un président se fera construire un palais en banco [matériau de construction traditionnel], les mentalités évolueront. Mais aujourd’hui, quand la Chine finance un ministère, les plans sont réalisés à Pékin.
La corniche de Dakar, au Sénégal.
ERICK AHOUNOU
mais si des villes comme Dakar ont réalisé des progrès certains, elles restent encore très loin de répondre à la demande. Cette situation tient à la superposition de nombreuses causes, liées à la gouvernance, à l’économie, à la démographie, à certains mauvais choix, à des modèles que l’on a tenté de copier mais qui ne fonctionnent pas. Quelques années auparavant, l’exemple à suivre était Dubaï selon les grandes institutions internationales, qui ont une approche très globalisée et donc très globalisante du monde. Nous nous engouffrons dans des modèles prédéfinis non « solubles » dans l’Afrique subsaharienne, où les villes elles-mêmes opposent une vraie résistance, notamment culturelle. Et c’est tant mieux, car nous ne nous situons pas dans des structurations sociales identiques à celles de l’Asie ou du MoyenOrient. En Afrique de l’Ouest, la ville reste avant tout sociale. Elle correspond aux individus qui y vivent et ne peut donc être globalisée.
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Le Plus de JA Afrique de l’Ouest Parce qu’elles raisonnent en fonction de cette classe moyenne émergente…
L’Afrique a pourtant déjà prouvé qu’elle pouvait développer ses propres modèles. Pourquoi pas en matière d’urbanisation ?
Il faut néanmoins ramener un peu d’ordre dans des villes très chaotiques…
Il n’est pas question de faire l’apologie de l’informel, et certaines choses ne sont évidemment pas négociables. Si des terrains s’avèrent non constructibles, les autorités doivent empêcher les gens de s’y installer. Par contre, choisir entre une autoroute ou un train peut prêter à discussion, sachant qu’un certain type de ville sera envisagé au regard de la solution retenue. Il faut faire les bons choix. En Afrique de l’Ouest, la majorité des gens sont des piétons qui vivent dans des villes où ils ne sont pas pris en considération. Ils n’auront toujours pas accès aux routes et aux trains éventuellement installés, faute de moyens. Comme disait un ancien maire de Bogota, « un pays développé ne suppose pas que les pauvres prennent leur voiture mais que les riches prennent les transports en commun ». Or, à Dakar, les autorités ont dans un premier temps construit des autoroutes. Elles ont clairement choisi la voiture, même si aujourd’hui semble avoir commencé une véritable réflexion sur la mobilité.
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Que l’on ne voit pas! Il est nécessaire, aujourd’hui, de penser la ville en direction des pauvres avant tout. Les autres ont des envies et des besoins différents qui ne correspondent pas à ceux de la majorité. Il faut imaginer la ville pour tous et arbitrer en fonction de la réalité sociale, sinon la situation devient explosive.
Jérôme Chenal, maître de conférences à l’École polytechnique fédérale de Lausanne.
ébut 2017, pour la première fois, les chercheurs de l’EPFL ont publié un classement mesurant la qualité de vie dans les 100 principales agglomérations africaines. « L’idée consistait à structurer les données urbaines afin de pouvoir mesurer la progression des villes
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sur le continent », explique Jérôme Chenal. Plus de 140 indicateurs ont ainsi été définis ; les informations récoltées, mises à jour chaque année, pourront ainsi être comparées. Ces bases de données communes et partagées doivent permettre, à travers
Aucune donnée n’existe aujourd’hui pour le confirmer. Les questions de gouvernance occultent les vrais problèmes que sont les choix faits plutôt que ceux qui les font. Les villes globales, comme Londres, réussissent depuis qu’il existe un resserrement des pouvoirs susceptibles de définir les objectifs et les stratégies à mettre en place pour les atteindre. Décentralisation, oui, mais pour quel résultat ? Vous avez commencé cet entretien en évoquant les manques constatés. Pouvez-vous préciser ?
La Ville ouestafricaine. Modèles de planification de l’espace urbain, de Jérôme Chenal, Édition MétisPresses, 2013, 368 pages
DONNÉES DONNANT-DONNANT
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Une redéfinition des niveaux de responsabilité autour d’une gouvernance davantage décentralisée est-elle nécessaire ?
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Il existe une intelligence propre aux villes africaines bien plus adaptée que le concept des smart cities [villes intelligentes, lire p. 65] que l’on cherche aujourd’hui à vendre au continent. Il suffit de regarder ce qui existe dans l’informel, avec ses acteurs économiques organisés selon une certaine structuration de la société qui ne correspond certes pas à celle d’un État moderne. Mais le formel et l’informel, ce sont souvent les mêmes personnes à des horaires différents… Il faut donc imaginer un futur qui prenne en compte ces deux dynamiques sociales, sous peine de devoir imposer des modèles extérieurs. Comme c’est le cas aujourd’hui.
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des courbes et des graphiques, de visualiser le dynamisme annoncé des villes africaines et d’identifier leurs besoins. À condition que les édiles du continent soient eux-mêmes conscients de la valeur de ces renseignements. O.C.
Les chiffres annoncent 800 millions d’urbains supplémentaires d’ici à vingt ans sur le continent. Les villes auront donc doublé de population, ce qui signifie, selon la logique actuelle, qu’elles auront multiplié par deux leur assiette foncière. La situation sera donc doublement difficile à gérer, avec des moyens inférieurs. D’autant plus que la densité se desserre doucement, à l’instar des structures familiales. Les familles, à deux, trois ou quatre générations, ne vivent plus sous le même toit, et chacun habite sa propre parcelle. La demande en logement ne cessera donc d’augmenter, et il faudra « redensifier » les villes tout en répondant aux besoins de mobilité et d’accessibilité de leurs résidents. L’une des principales problématiques concerne la périphérie urbaine, car ces centaines de millions denouveauxcitadinsnes’installerontpasencentreville mais consommeront des terres agricoles, de la forêt, des zones humides, etc. Cependant, personne n’aborde le sujet, alors qu’il s’agit d’une réelle occasion à saisir pour définir et construire la ville africaine de demain. Aujourd’hui elle n’existe pas, car elle se situera en périphérie des zones urbaines existantes. Que vous répondent les Africains face à ce genre de défis ?
Ils approuvent généralement, jusqu’au moment où les Chinois construisent un stade. Les intellectuels et les artistes ouest-africains peuvent montrer l’exemple grâce à leur travail sur la culture locale. C’est cette créativité qui permettra de dessiner la ville africaine du futur. Et d’éviter de choisir Dubaï comme modèle de référence. JEUNE AFRIQUE
Le Plus de JA Afrique de l’Ouest DÉCIDEURS
Ils font bouger la cité Trois territoires, trois personnalités, trois problématiques. Entre la réalisation d’infrastructures, l’installation des services de base ou la réforme des administrations, les défis ne manquent pas.
Augustin Senghor
52 ans, édile de la commune de Gorée, Sénégal
Maire multi-casse-tête
RICCI SHRYOCK POUR JA
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l est 18 h 30, Augustin Senghor peut rentrer chez lui après une journée de travail bien remplie. Le maire de l’île de Gorée collectionne en effet les casquettes, puisqu’il est également avocat à Dakar, président de l’équipe de foot locale, patron de la Fédération sénégalaise de football (FSF) et vice-président de la commission juridique N O 2952 • DU 6 AU 12 AOÛT 2017
du comité exécutif de la Confédération africaine de football (CAF). En dépit de son millier d’habitants et de ses quelques kilomètres carrés de superficie, « la commune de Gorée n’est pas facile à administrer », reconnaît Senghor. Gestion des déchets, conservation du patrimoine historique, aménagement, les défis ne manquent
pas pour l’élu. Durant l’été, des milliers de visiteurs débarquent quotidiennement sur l’île. « Vous imaginez le casse-tête que cela représente pour maintenir la commune propre et accueillante ? Je me suis fait beaucoup de cheveux blancs depuis ma première élection en 2002 », plaisante celui qui a mis en place le dispositif de ramassage et de tri des ordures, ainsi que le centre de compostage des déchets alimentaires et organiques. Augustin Senghor et son équipe travaillent actuellement pour que Gorée devienne la première commune africaine certifiée ISO 1400-1 en matière de management environnemental. Le maire cherche également à débloquer les fonds nécessaires au financement de ses ambitions, notamment grâce à une meilleure répartition des recettes générées par la liaison maritime Dakar-Gorée. « Avec une part plus importante de ces recettes, nous pourrions faire plus pour l’île », rêve tout haut l’édile. A. OURY DIALLO, à Dakar
Véronique Aka
58 ans, présidente du conseil régional du Moronou, Côte d’Ivoire
Microfinance et ambulance
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éronique Aka est la première et, jusqu’à présent, l’unique présidente de conseil régional de l’histoire de la Côte d’Ivoire. Le 15 juillet 2017, elle crée l’événement dans un petit village situé non loin de M’Batto, sa ville natale, dont elle est également députée depuis 2000. Celle qui se présente, à 58 ans, comme « un agent de développement local » livre une ambulance médicalisée au centre de santé local, dans une ambiance de fête. Fille adoptive de l’épouse du premier président ivoirien, Thérèse HouphouëtBoigny, la présidente du conseil régional du Moronou, situé dans le centre du pays, a fondé en 2006 une entreprise de microfinance, Mimoyé Finance SA, spécialisée dans l’autonomisation des femmes. Le siège est certes à Abidjan, mais la société compte plusieurs agences en province, principalement dans les trois départements de la région JEUNE AFRIQUE
Ces villes où il fait bon vivre
Bourahima Sanou
44 ans, maire de Bobo-Dioulasso, Burkina Faso
Pur édile du cru
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Lors de sa campagne pour les municipales de 2016, le futur élu avait promis un assainissement participatif des quartiers, la dynamisation des partenariats existants, la venue de nouveaux investisseurs, la réalisation d’infrastructures socio-économiques de base, la réforme d’une administration communale inadaptée et la délégation de responsabilités à des compétences issues d’une grande variété ethnique. Au cours de sa première année d’exercice, plusieurs actions ont été mises en place, parmi lesquelles un recensement de l’ensemble des agents et l’établissement d’un nouvel organigramme, la mise en place de formations, le lancement de l’opération « Bobo ville propre » et le projet « emploi des jeunes et développement des compétences ». Côté infrastructures de base, la cadence a été également soutenue, avec la réalisation de 18 dalots dans les zones malmenées par les pluies, la maintenance de 270 forages et le reprofilage de quelque 50 km de routes et de voies urbaines. DAMIEN GLEZ,
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à Ouagadougou
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ANDRÉ SILVER KONAN, à Abidjan
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du Moronou, qu’elle dirige depuis 2013. Dès son élection, Véronique Aka affirme avoir « découvert les difficultés dans une région où tout ou presque est à construire ». Elle dresse donc un état des lieux des besoins en matière d’infrastructures de développement, « avec l’aide du Bureau national d’études techniques et de développement [BNETD] ». Un document qui l’a aidée à définir une ligne politique claire, dont le principal objectif consiste à doter les villages des infrastructures de base nécessaires telles que routes, écoles, châteaux d’eau ou connexions électriques. Elle s’investit également dans le développement de la présence des services administratifs. Afin de transformer ces simples bourgades en véritables villes.
risée des touristes pour son climat indulgent, sa culture mandingue et ses sites élégants, Bobo-Dioulasso est un havre de paix. Pourtant, si la grande cité de la province du Houet est toujours, après Ouagadougou, la deuxième ville burkinabè en ce qui concerne la population, sa réputation de capitale économique du pays semble aujourd’hui surfaite. Le 20 juin, Bourahima Sanou célébrait sa première année à la tête de la mairie centrale. Très tôt, cet élu du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, parti présidentiel) avait affirmé son goût pour la gestion des villes de province. Depuis plus de quinze ans déjà, il a mené sa carrière de juriste administrateur territorial dans les arcanes publics bobolais.
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LafargeHolcim
accélère son développement en Afrique de l’Ouest et Centrale
LafargeHolcim Maroc Afrique (LHMA), la co-entreprise panafricaine créée entre LafargeHolcim et la SNI il y a un an s’est lancée dans une série d’investissements et poursuit son développement en s’appuyant sur sa présence forte en Côte d’Ivoire et au Cameroun. Lancement Binastore au Cameroun le 27 avril 2017.
LafargeHolcim, leader mondial des matériaux de construction (80 pays, 90 000 collaborateurs), et la Société nationale d’investissement (SNI), fonds d’investissement panafricain à capitaux marocains, se sont alliés en juillet 2016 avec l’ambition de devenir leader dans les matériaux de construction et leur distribution en Afrique francophone.
Partenaire de référence LHMA vise à devenir un partenaire incontournable sur chaque segment du
marché de la construction en Afrique, des grands projets jusqu’à l’habitat des particuliers, en passant par les applications industrielles. Elle s’appuie sur une capacité d’innovation unique, son expérience de la distribution des matériaux de construction, et son expertise opérationnelle qui place ses engagements en santé, sécurité et environnement en première place. Le succès de la co-entreprise panafricaine passe par des investissements ciblés et maîtrisés dans leur montant, pour permettre d’optimiser le retour sur capital investi dans des contextes de marché parfois très volatiles.
Des investissements dans l’amélioration de la productivité industrielle et de la performance environnementale Présente au Cameroun, au Bénin, en Guinée et en Côte d’Ivoire, la JV a déjà impulsé une dynamique d’accroissement des capacités dans ces pays : • Au Cameroun, Cimencam a lancé en mars dernier la construction d’une nouvelle usine à Nomayos, près de Yaoundé, qui permettra de porter la capacité de la société de 1,5 à plus de 2 millions de tonnes de ciment par an. • En Côte d’Ivoire, un investissement dans un nouveau broyeur permettra de produire dès cette année plus d’un million de tonnes de ciment supplémentaire.
Conteneur Binastore en Guinée.
• De son côté, LafargeHolcim Guinée a investi cette année près de 5 milliards de Francs guinéens dans l’installation de nouveaux matériels de dépoussiérage .
PUBLI-INFORMATION
300 points de vente Binastore en Afrique de l’Ouest et Centrale d’ici 2019
Centrale. Ainsi, Cimencam a inauguré son premier magasin en avril suivi par LafargeHolcim Guinée. LafargeHolcim Côte d’Ivoire compte déjà une centaine de points de vente Procim qui seront rebaptisés Binastore en août prochain. Le réseau Binastore comptera plus de 150 points de vente d’ici fin 2017 sur l’Afrique de l’Ouest et Centrale avec un objectif de 300 points de vente à horizon 2019.
En juin 2017, LafargeHolcim annonçait le déploiement de son réseau de points de vente spécialisés dans les matériaux de construction à destination des clients finaux, auto-constructeurs, maçons et petits constructeurs en Afrique et au Moyen-Orient sous l’enseigne commune Binastore. Cette annonce s’inscrit dans la stratégie à long terme du groupe d’établir la distribution comme modèle de différenciation commerciale. Le déploiement du réseau Binastore en Afrique et Moyen Orient se poursuit avec force en Afrique de l’Ouest et
Pourquoi et avec quelles ambitions LafargeHolcim et la SNI se sont alliés en Afrique ?
Emmanuel Rigaux, directeur général de LafargeHolcim Maroc Afrique partir desquels nous voulons accélérer notre développement en Afrique de l’ouest et centrale.
Comment associez-vous Afin de développer nos acvos atouts pour atteindre tivités dans le ciment et les cet objectif ? matériaux de construction en Afrique subsaharienne, le La fusion de Lafarge et de Holgroupe LafargeHolcim et la SNI cim a permis de créer le premier se sont engagés dans un noucimentier en Afrique. Sur le plan veau partenariat, une joint-venture dont ils sont acNous souhaitons finaliser tionnaires à parts dans les 24 prochains mois égales. Cette sole lancement d’une demi-douzaine ciété commune a pour but de servir de projets nouveaux pour de levier de déveune capacité additionnelle loppement sur le totale de l’ordre continent. La SNI de 3 millions de tonnes. et le groupe LafargeHolcim ont de grandes ambitions sur le financier, une amélioration marché africain, et particulièresignificative des performances ment en Afrique subsaharienne est attendue en raison des écofrancophone. Nous souhaitons nomies d’échelle et des synerdevenir un leader dans chacun gies industrielles. Aujourd’hui, des pays où nous opérons. Nous notre expérience en Afrique le sommes déjà en Côte d’Ivoire nous permet de nous appuyer et au Cameroun, des hubs à sur un réseau industriel solide
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et des managers expérimentés qui connaissent le continent et les spécificités des différents segments de clientèle. Comment LafargeHolcim s’y prend pour répondre aux besoins du marché africain ? En Afrique comme dans tous les autres pays du monde où LafargeHolcim opère, les experts en place pratiquent de façon continue«ladécouverteclients». Ce travail permet d’identifier les besoins des clients et du pays afin d’y répondre avec d e s s o l u t i o n s a d a p té e s. A titre d’exemple, cet exercice de « découverte clients » mené en Côte d’Ivoire a permis, entre autres, de mettre en évidence des besoins non satisfaits et croissants en logements. LafargeHolcim Côte d’Ivoire a ainsi pu identifier les principales raisons de la non-satisfaction de ces besoins : des offres immobilières à prix très élevés en inadéquation avec la capacité d’endettement des ivoiriens, un
manque criant de terrains viabilisés, une mauvaise utilisation des matériaux de construction, une quasi absence de contrôles lors de la construction, des retards fréquents dans les délais de livraison, un manque de confiance entre les principaux acteurs de la construction (clients, banques, promoteurs, constructeurs, etc..). C’est pourquoi, nos équipes en Côte d’Ivoire ont mis au point un projet spécifique de logements abordables nommé « probat » dont les premières réalisations verront le jour au 4e trimestre de cette année. Nous menons également des études pour optimiser l’utilisation de matériaux et technologies durables au sein de notre laboratoire central de Lyon et dans notre Smart Construction Lab , centre d’innovation de Casablanca. Le partage du savoir-faire et des bonnes pratiques au sein de Notre Groupe est un facteur déterminant de notre développement en Afrique et sur d’autres continents. ■
LafargeHolcim Maroc Afrique
6, route de Mekka, Quartier les crêtes - B.P. 7234 Casablanca 20 150, Maroc - Tél.: (+212) 05 22 49 72/80 - www.lafargeholcim.com FILIALES : BÉNIN : scb.lafarge@scb-lafarge.bj - CÔTE D’IVOIRE : www.lafargeholcim.ci - CAMEROUN : www.cimencam.com - GUINÉE : www.lafargeholcim-gn.com
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
Trois questions à…
Structure du nouveau broyeur, Côte d’Ivoire.
Notons que cette stratégie contribue à la professionnalisation du métier de la distribution en créant des emplois directs et des entreprises formelles dans un marché jusque-là dominé par les échanges informels. Plus de 200 emplois formels ont déjà été créés en Afrique de l’Ouest et Centrale grâce à cette initiative.
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Le Plus de JA Afrique de l’Ouest
TRIBUNE
Des âmes responsables MOUHAMADOU ABASS SALL
Fondateur du cabinet d’architecture Lamtôro, à Dakar
N 0 2952 • DU 6 AU 12 AOÛT 2017
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enser nos villes dans leur évolution est un exercice indispensable à toute logique de développement urbain cohérente dans la durée. Pour cela, il convient de se projeter dans un futur éloigné afin d’envisager ensemble, non pas juste l’émergence de nos pays dans un horizon proche (2035), mais avant tout le citoyen ouest-africain prospère de 2135. Rêver un horizon lointain qu’aucun de nous ne pense voir de son vivant permet de se détacher de ses intérêts personnels et de ses besoins primaires afin de réfléchir de manière fluide, libéré de toute contrainte, à nos villes idéales, conformes à nos cultures et à nos modes de vie, à ces villes qui constituent le cadre de vie dans lequel
le Coran), jamais sur lui-même? Ou voyezvous peut-être un Béninois fort financièrement, à l’abri du besoin, non pas parce que l’État aura subventionné son riz et son pain, mais parce qu’il est un travailleur acharné, conscient de sa valeur et de son potentiel à faire fructifier l’entité au sein de laquelle il évolue, à l’échelle de la famille, de l’entreprise, puis de la société et, plus largement, du monde ? Un Sénégalais non pas juste centré sur lui-même, mais ouvert sur l’humanité, soucieux de préserver la nature parce que comprenant son importance? Un Sénégalais positif, actif et très peu bavard ? Nous pensons généralement trop vite au « comment ? » et au « en combien de temps? », sans prendre le temps de définir le « quoi ? ». L’aspect opérationnel d’une collaNous devons nous projeter boration n’a de sens que lorsqu’il s’inscrit dans vers le citoyen prospère de 2135. une vision universelle, acceptée par tous comme reflétant l’objecnous souhaitons évoluer et où nous souhaitons planter des graines, aujourd’hui, tif ultime. Accordons d’abord le village maintenant. Imaginez-vous, en 2135, nos entier sur le postulat suivant: nous devons micro-États encore enclavés et balkanisés obtenir de l’eau pour la survie de la tribu. dans une Afrique de l’Ouest tumultueuse, Ensuite, si l’un pense qu’il faille creuser un entourée de voisins aux intérêts différents et puits, que l’autre propose de recueillir et de concurrents ? Ou voyez-vous peut-être des stocker la pluie ou de désaliniser l’eau de États matures, éléments cohérents d’une mer, nous œuvrons ainsi tous, du moins, entité africaine fonctionnelle en symbiose à l’augmentation de nos réserves. avec son entourage, partageant les mêmes objectifs, aspirant aux mêmes idéaux ? Lorsqu’on demande à un architecte de Un Sénégal, un Mali, une Côte d’Ivoire, décrire la ville idéale, on s’attend trop un Burkina Faso prospères, ayant émergé souvent à l’entendre parler d’urbanisme, des décennies plus tôt, à l’économie stable d’environnement, d’énergies propres, « dévassalisée » (et non dévalisée), préd’assainissement ou encore de couleurs sentant un cadre infrastructurel abouti et harmonieuses, d’infrastructures judicieuvalide, un système éducatif maîtrisé avec sement conçues, de flux humains et de des étudiants étudiant, un environnement ratios démographiques. sanitaire proactif, efficace et accessible ? La ville idéale, selon moi, est la ville où Imaginez-vous, toujours en 2135, un citoyen des âmes responsables se lèvent tous les ouest-africain friand de faits divers, étermatins avec la ferme intention de répandre le nellement râleur, rarement productif, bien autour d’elles, d’avoir un impact positif toujours attentiste, reportant toujours la sur l’autre. Concevoir, penser, rêver une responsabilité de son malheur sur l’autre ville pour ce citoyen modèle, instruit mais (l’esclavagiste, le colon, nos gouvernements d’abord éduqué, est chose aisée. Bâtissons successifs, les néocolons, les voisins, Dieu, les hommes, ils se chargeront du reste. JEUNE AFRIQUE
Ces villes où il fait bon vivre d’Ivoire, du Gabon, du Sénégal et de France. Le site s’appuie sur six transporteurs bien connus des Ivoiriens (AVS, BKL, OT-CI, UTS, Léopard Transport et GTI), au départ d’Abidjan et d’autres agglomérations, capables de desservir Petit tour dans ces collectivités qui ont déjà un pied dans le futur. une soixantaine de villes à travers le pays. Les principes de la smart city peuvent repose sur un principe simple : donégalement s’étendre à l’administration l n’existe actuellement pas plus d’une ville entière, à l’instar du parc ner à chacun la possibilité de signaler de 10 smart cities africaines », dixit Irène Comte. La consulnumérique de la ville nouvelle de les dépôts sauvages, les bacs à ordures tante de la société espagnole Diamniadio, à la sortie de Dakar, qui débordants… Une photographie, un Anteverti, qui conseille notamment la court descriptif et une position géogracomprend des applications pour la gestransformation en écocité d’un ancien phique suffisent à remonter l’information informatisée du trafic routier, de la sécurité ou encore des perforbidonville à Zenata, dans la banlieue de tion à l’UGC, qui peut dépêcher Casablanca, vient de conclure fin mai ses équipes. Car même si mances énergétiques. Voire à Kigali un accord de partenariat avec 1 500 agents sont affecmême à la conception Smart Africa, une organisation panad’une agglomération tés au ramassage des fricaine née en 2013 au Rwanda avec tout entière : ainsi de ordures et effectuent Yennenga, la « ville l’ambition de mettre les technologies du en camion des rondes Au Togo, Urbanatic identifie et africaine du futur » quotidiennes, zone numérique au service du développement cartographie les espaces disponibles dans un rayon de 1 km pour les continental. qui vise à absorber par zone et secteur transformer en potager. C’est L’accord conclu entre les deux orgapar secteur, les ratés la démographie galol’une des start-up incubées au nisations doit sensibiliser maires et pante de la capitale demeurent nombreux. Woèlab de Lomé. autres responsables locaux aux attraits burkinabè (3,4 millions PARC NUMÉRIQUE. En et bénéfices des villes « intelligentes ». Et d’habitants en 2020 contre ce, dès la sixième édition du SmartCity Côte d’Ivoire, dans le secteur 2,3 millions en 2013), à 15 km Expo World Congress, qui se tiendra en du centre-ville de Ouagadougou. des transports, une plateforme de réservation en ligne entend changer la La pose de la première pierre, en prénovembre à Barcelone. Jusqu’à présent, donne en réduisant les files d’attente. sence du président du Faso, Roch Marc les délégations africaines étaient quasi Christian Kaboré, est attendue en sepabsentes de ce rendez-vous pourtant MTick (contraction de mobile ticket), opétembre. incontournable. Ce qui n’a pas empêrationnel depuis avril 2016, a été lancé par BENJAMIN POLLE quatre trentenaires originaires de Côte ché les initiatives publiques et privées d’éclore, notamment en Afrique de l’Ouest. Exemples à l’appui avec Dakar, où les dépôts sauvages d’ordures s’entassent depuis de longues années. Un problème auquel l’État a apporté récemment une réponse Smart city, originale : l’engagehappy people* ment citoyen. Fin Le principe de « ville juin, l’Unité de intelligente » repose sur la coordination conception d’aménagements et de de la Gestion services urbains performants et des déchets adaptables en temps réel et sur le solides long terme à l’évolution des besoins (UCG), créée des collectivités, des entreprises et en 2011 sous des citoyens. D’où la place privilégiée la tutelle du qu’y tiennent les technologies, en ministère de particulier pour la régulation et le la gouvernance contrôle des infrastructures locale, a donné (transports, eau, énergie, télécoms au grand public etc.), la gestion de la sécurité ou l’accès à Settal 2.0, encore des déchets. un outil susceptible * « Ville intelligente, de pallier une politique gens heureux. » publique de gestion des déchets souvent défaillante. Cette application, désormais téléchargeable sur tous les téléphones mobiles Android, INNOVATION
Une urbanisation intelligente, c’est quoi?
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JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de JA Afrique de l’Ouest TERRITOIRES
Ahmed Bouah Touré « Seules les villes secondaires peuvent corriger la situation »
C’est dans les communes de 200000 à 500000 habitants qu’est attendue la plus forte croissance urbaine d’ici à 2050. Pour relever le défi, on s’organise. À l’instar du PDG de Sophia Immobilier, en Côte d’Ivoire. Le promoteur dans son bureau, à Abidjan.
ANDRÉ SILVER KONAN POUR JA
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e 2 juin, la Banque mondiale a accordé un crédit de plus de 100 millions d’euros à la Côte d’Ivoire, dans le cadre de son Projet d’infrastructures pour le développement urbain et la compétitivité des villes secondaires (Piducas). Ce programme va concerner, dans un premier temps, Bouaké et San Pedro, respectivement deuxième et troisième ville du pays, derrière Abidjan, sa capitale économique. San Pedro est l’un des principaux nœuds de connexion de la Côte d’Ivoire avec les marchés mondiaux, et Bouaké, l’un des premiers centres de liaisons régionales. La capitale du Nord ivoirien a d’ailleurs accueilli début mars, et pour la troisième année consécutive, le Forum des villes secondaires de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). À 53 ans, Ahmed Bouah Touré est à l’origine du projet Akwaba City, une ville secondaire dite « intelligente », destinée à redonner un peu d’air à la ville d’Abidjan, aujourd’hui engorgée. Pour le PDG de Sophia Immobilier, le gouvernement ivoirien doit lancer en urgence les réformes urbanistiques dont le pays a besoin. Il s’en explique. N O 2952 • DU 6 AU 12 AOÛT 2017
JEUNE AFRIQUE: Comment analysez-vous la politique des villes secondaires en Côte d’Ivoire ? AHMED BOUAH TOURÉ : L’État n’a pas
encore véritablement intégré, dans sa vision stratégique de développement, une politique claire des villes secondaires. La loi de septembre 1997 relative à l’aménagement foncier reste le seul texte de
créer des villes secondaires intelligentes, c’est‑à-dire des villes planifiées, agencées et structurées. Abidjan a cessé d’être une ville«intelligente»depuis1980.Leconcept de ville intelligente ne repose pas que sur l’habitat, mais également et surtout sur les équipements marchands, et les infrastructures de soutien à l’économie, administratives, routières, sanitaires, etc., en conformité avec les exigences de la charte d’Athènes, qui veut qu’une ville prenne en compte aussi bien le logement que les services, la circulation ou encore l’écologie. Cette condition suppose-t‑elle forcément la création de nouvelles villes ?
Il s’avère plus que nécessaire de créer de nouvelles agglomérations, en effet. Depuis plus d’un quart de siècle, 1 000 hectares sont ajoutés chaque année à la ville d’Abidjan,parunesorted’alchimieurbanistique non planifiée. Seule la création de villes secondaires, dans un cadre légal bien défini, peut permettre un rééquilibrage. Quelles actions pourraient traduire en actes la vision de nouvelles villes secondaires écologiques et « intelligentes » ?
Poussé par l’urgence de décongestionner Abidjan, l’État nous a accordé une
Il faut créer de nouvelles agglomérations, planifiées, agencées et structurées. référenceetdoitaujourd’huiêtreréformée, dans l’intérêt de l’État et dans celui des populations. En effet, outre les inondations dévastatrices, l’insécurité, le chômage ou encore l’insalubrité sont les conséquences de la non-maîtrise du développement du tissu urbain. Que devrait prendre en compte cette réforme ?
Elle doit avant tout être institutionnelle et offrir un cadre juridique précis afin de traduire en actes la nécessité pour l’État, en partenariat avec le secteur privé, de
concession d’aménagement sur 8 000 ha en vue de créer une ville secondaire baptisée Akwaba City. Cette future ville intelligente, donc écologique, verra le jour entre Abidjan et Anyama, située à quelques kilomètres au nord de la capitale économique du pays. Elle devrait accueillir, d’ici à 2030, six millions de personnes. Les études techniques, financières et économiques tournent actuellement pour que, dès 2020, les espaces aménagés, selon l’orthodoxie urbanistique, soient disponibles. Propos recueillis par ANDRÉ SILVER KONAN JEUNE AFRIQUE
Le Plus de JA Afrique de l’Ouest La compagnie a réceptionné 45 bus début 2017.
SYLVAIN CHERKAOUI POUR JA
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TRANSPORTS
Sénégal Dem Dikk tisse son réseau interurbain Relier les métropoles secondaires entre elles ainsi qu’à la capitale reste un enjeu majeur. La société publique de bus dakaroise se lance dans le créneau et séduit les usagers.
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espace d’accueil n’est pas encore totalement achevé, mais les clients, eux, sont bien là. Tous les jours, ils se pressent à la gare routière de Liberté-5, à Dakar, pour emprunter les bus de Sénégal Dem Dikk (SDD), qui les conduiront aux quatre coins du pays. Début février, la compagnie de bus Dakar Dem Dikk (détenue à plus de 70 % par l’État), qui assure le transport public dans la capitale sénégalaise depuis quinze ans, a étendu son réseau au niveau national. Objectif : améliorer la liaison
entre Dakar et les principales villes du pays et participer au désenclavement de certaines régions. Le tout grâce à 45 bus neufs, achetés au constructeur indien Ashok Leyland. Facilement reconnaissables à leurs couleurs bordeaux et beige, ces cars climatisés et confortables se distinguent de leurs concurrents parfois brinquebalants grâce à quelques principes appliqués à la lettre. Le premier d’entre eux ? La sécurité. Interdiction, donc, d’embarquer plus d’un bagage par passager afin de ne pas surcharger les bus, lesquels sont conduits par
des chauffeurs formés qui se relaient sur les longs trajets. Autre signe distinctif mis en avant par SDD: laponctualité. « Nos bus démarrent à l’heure, peu importe leur taux de remplissage, insiste Mamadou Sileye Anne, le responsable de la communication de la compagnie. Au début, certains partaient vides, car les gens n’arrivaient pas à temps. Désormais, les clients ont compris et viennent en avance. » Saint-Louis, Ziguinchor, Kaolack, Matam… Presque toutes les grandes villes du pays sont désormais reliées à Dakar, avec parfois deux départs par jour pour les trajets les plus fréquentés. Reste quelques lignes à ouvrir, dont celles menant à Tambacounda et Kédougou, dans le sud-est du pays. SATISFAITS. Six mois après le lancement
deceréseau interurbainnational,lesuccès populaire est au rendez-vous. Les tarifs pratiqués par SDD, de 2000 à 10000 F CFA (de 3 à 15 euros environ) selon la destination, sont légèrement plus élevés que ceux d’autres compagnies, mais cet écart ne semble pas refroidir les clients. « Je préfère payer un peu plus pour un meilleur service et voyager dans de bonnes conditions », assure Hamady, un enseignant qui s’apprête à voyager plusieurs heures en bus pour rallier Matam. Comme lui, beaucoup d’usagers transitant à la gare routière de Liberté-5 s’estiment satisfaits de ce nouveau service. « Je fais régulièrement le trajet entre Dakar et Saint-Louis, explique Amadou, étudiant de 25 ans. Non seulement je suis bien installé, sous la climatisation, mais j’arrive à l’heure à destination. » BENJAMIN ROGER, à Dakar
AU NIGER, ON PREND L’AIR
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entement mais sûrement, Niger Airlines monte en gamme. Créée en 2012 avec la vocation de désenclaver le pays et de desservir ses grandes villes depuis la capitale, la compagnie nigérienne a lancé des liaisons régulières (les mercredis, samedis et dimanches) entre Niamey, Agadez, Zinder et Maradi – la desserte de Diffa est suspendue en raison du contexte sécuritaire. Considérant les longues N 0 2952 • DU 6 AU 12 AOÛT 2017
distances par la route, les accidents et les attaques, les usagers ont été convaincus, et Niger Airlines a su rapidement s’imposer comme une compagnie sûre et fiable. D'ailleurs, elle assure désormais régulièrement les déplacements des personnels diplomatiques, onusiens et humanitaires. « C’est une preuve de confiance, tout le monde fait appel à nous », se félicite son PDG, Abdoul Aziz Larabou. Outre le transport
de 10000 passagers en 2016, Niger Airlines a assuré, à la demande des autorités, l'aller-retour des 12000 pèlerins nigériens à La Mecque, pour lesquels elle a affrété 26 vols vers l’Arabie saoudite, en partenariat avec la compagnie locale Flynas. Le transporteur projette de lancer très prochainement des vols vers Arlit et de rouvrir la liaison avec Diffa. Il a embauché 15 personnes supplémentaires en 2017 (surtout des cadres et des
techniciens pour améliorer la qualité de service) et, avec un nouvel effectif de 58 personnes, vise un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros, contre 2,3 millions en 2016. Les deux Fokker 50 seront bientôt remplacés par deux ATR, et, dès 2018, Niger Airlines compte acquérir deux Boeing 737-300 pour assurer des vols régionaux vers Cotonou, Ouaga, Bamako et Dakar. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND, envoyé spécial à Niamey JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de JA Afrique de l’Ouest ARCHIDOUÉS
Sirandou Diawara, métisse minimaliste
De Paris à Bamako, où elle a contribué à l’accueil du dernier sommet Afrique-France, la fondatrice de Soda Architecture trace ses plans et impose sa patte résolument contemporaine.
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n 2007, elle disait avoir choisi de vivre entre Paris et Bamako à cause d’un marché malien de l’architecture peu porteur. Aujourd’hui la donne a changé. Sirandou Diawara passe désormais 80 % de son temps au Mali dans les locaux de Soda Architecture, le cabinet qu’elle a créé il y a treize ans, à tout juste 30 ans. Dans ce pays ultraconservateur, qu’elle connaissait mal pour n’y avoir jamais vécu, l’architecte a su s’imposer. « Alors que la demande est forte, qu’il y a tant à faire ici, il m’a fallu prouver aux habitants qu’une femme peut bâtir un immeuble », confie cette Franco-Malienne, lauréate de l’École supérieure d’architecture de Paris-La Villette. À 43 ans, elle revendique le droit de conduire des projets d’envergure et refuse de se cantonner à la seule réalisation de petites maisons, comme tant d’autres de ses confrères africains. Auréolée de sa notoriété grandissante, Sirandou Diawara intervient sur de nombreux dossiers. On lui doit notamment la rénovation complète d’immeubles dans le quartier d’affaires de Bamako, ou de l’hôtel Azalaï Indépendance, à Ouagadougou. Elle est également intervenue en tant qu’architecte-conseil dans des projets emblématiques, dont la construction de quatorze villas présidentielles pour le sommet Afrique-France 2017, ou celle du
EMMANUEL DAOU BAKARY POUR JEUNE AFRIQUE
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Sheraton Bamako, l’hôtel le plus prestigieux de la capitale, qui ouvrira en octobre. Elle livrera dans la foulée un showroom de 2 500 m2 réalisé pour le compte du groupe Batimat Mali, spécialiste de la distribution de matériaux de construction. Celle qui revendique un style résolumentcontemporainetseprésentecomme une « architecte métisse », trait d’union entre les architectures européennes et « africanisées » (en adéquation avec les réalités du continent), a opté pour une démarche minimaliste, à l’instar des SudAfricains et des Japonais. Sensible aux aspects bioclimatiques, elle privilégie les techniques de construction et les matériaux qui assurent fiabilité, durabilité et salubrité. OCCUPER L’ESPACE. Se rêvant architecte
depuis l’âge de 9 ans – après avoir découvert le monde en compagnie d’un père diplomate –, Sirandou Diawara estime que l’architecture de la plupart des pays du Sahel pâtit d’une absence de schéma directeur, ce qui conduit, au Mali, à une urbanisation chaotique. « On a copié jusqu’à l’absurde les schémas directeurs français, qu’on ne remet pas au goût du jour malgré les évolutions.
L’architecte ne semble pas encore avoir trouvé sa place dans les services techniques des municipalités maliennes et auprès de l’État, regrette-t-elle. Il devrait s’inscrire dans une réflexion sur la nouvelle manière d’occuper l’espace. Il ne s’agit pas seulement de créer des logements à des prix abordables, mais de transformer un projet de construction en support de développement, en exploitant toutes les niches d’emploi imaginables. » Pour Sirandou Diawara, les villes modèles du continent se trouvent plutôt en Afrique du Sud, où les architectes s’inspirent des formes très maîtrisées développées en Allemagne – qu’ils intègrent dans leur environnement et adaptent à leur mode de vie. Elle aurait aimé avoir réalisé le Parc national du Mali à Bamako, œuvre de son confrère burkinabè Diébedo Francis Kéré (lire ci-contre). Elle ambitionne d’aménager les rives du Djoliba à Bamako, mais admet qu’un tel projet ne constitue pas une priorité dans un pays confronté aux questions sécuritaires. CLARISSE JUOMPAN-YAKAM
À Bamako, fin juillet. N 0 2952 • DU 6 AU 12 AOÛT 2017
JEUNE AFRIQUE
Devant le pavillon 2017 de la Serpentine Gallery, à Londres.
Francis Kéré, la simplicité faite star Le Burkinabè est une référence dans le monde entier. Sa marque de fabrique : prouesses techniques, design épuré et gros supplément d’âme.
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i Diébédo Francis Kéré partage une grande partie de son temps et de ses projets entre sa terre natale du Burkina Faso et son pays d’adoption, l’Allemagne, sa dernière réalisation peut être admirée et visitée (depuis le 23 juin et jusqu’au 8 octobre) au parc de Kensington Gardens, au cœur de Londres. L’air y circule librement. On y est à l’abri de la chaleur de l’été comme de la pluie londonienne. Immense structure circulaire et épurée de bois et d’acier, le pavillon 2017 de la Serpentine Gallery reproduit à la fois la canopée et l’arbre à palabres des villages africains. Un design innovant, à la fois sobre et très technique, à l’image de son créateur. À 51 ans, Francis Kéré est le premier Africain choisi par la direction du célèbre musée d’art contemporain londonien pour concevoir son pavillon éphémère – dont la construction est confiée chaque année depuis 2000 à « l’un des plus éminents architectes du monde ». Cet été, le Germano-Burkinabè brille également à Berlin grâce à une scène de théâtre démontable installée dans l’ancien aéroport de Tempelhof, où il dit avoir « voulu ouvrir un espace de vie et de rencontres ». Fin mars, il a reçu le prestigieux Arnold W. Brunner Memorial Prize 2017 de l’American Academy of Arts and Letters, aux États-Unis, et, en début d’année, la pinacothèque d’Art moderne, à Munich, lui a consacré une rétrospective JEUNE AFRIQUE
intitulée « Radically Simple » : un hommage au « high-tech rural » et à la modestie de l’apprenti charpentier devenu architecte. Avec lui, la construction s’avère à la fois élémentaire et essentielle, locale et globale, d’une apparente simplicité et d’une grande profondeur. Il ramène l’architecture à son essence et lui insuffle l’âme, la technique et l’art africains. É L É G A N C E . S o n cab i n e t, Ké ré Architecture, est installé à Berlin, où il a obtenu son diplôme d’architecte en 2004, et compte désormais une dizaine de collaborateurs. Ses maquettes et photos sont exposées dans les centres d’art contemporain du monde entier, il captive les auditoires aux États-Unis, enseigne en Suisse où il a conçu la scénographie du musée de la Croix-Rouge en coordination avec d’autres architectes. Il construit même en Chine, où il a agrémenté le grand port de Zhou Shan d’un jardin de « créativité culturelle ». Mais c’est la réalisation de l’école de Gando, son village natal du Burkina, achevée en 2001 alors qu’il était encore étudiant, qui l’a révélé au monde entier et lui a valu le Prix Aga Khan d’architecture en 2004. Le bâtiment est simple mais parfaitement adapté à la chaleur de cette région sahélienne, où la sécheresse succède aux violentes pluies tropicales. Il offre une ventilation et une régulation naturelle de la température, utilise des matériaux locaux
consolidés, notamment des briques de terre séchée mêlée à du ciment… Des techniques traditionnelles réinventées, une haute technologie, une approche bioclimatique, mais aussi une élégance qui font la renommée de l’architecte dans le monde entier. Depuis plus de quinze ans, Francis Kéré s’est investi dans de nombreux projets en Afrique, où il s’appuie sur une équipe d’une soixantaine de salariés burkinabè, et peut en toute légitimité disserter sur le concept d’architecture africaine. Celui qui rêvait juste de « devenir un bon maçon pour [son] village » a réalisé des centres de santé et des écoles à travers le continent, plusieurs bâtiments du parc national de Bamako, au Mali, des écoles et des logements au Mozambique, un musée d’argile au Kenya, ou encore le « village Opéra » de Laongo, près de Ouagadougou (une salle de spectacle entourée de centres de formation dans les arts et l’artisanat), qu’il a imaginé avec le cinéaste allemand Christoph Schlingensief, décédé en août 2010. Son prochain projet: un nouveau siège pour le Parlement burkinabè, à Ouaga – l’ancien bâtiment a été détruit lors du soulèvement populaire d’octobre 2014 –, où la démocratie sera symbolisée par une pyramide à étages semi-transparente, au sommet de laquelle les citoyens pourront s’asseoir pour observer l’horizon. CLARISSE JUOMPAN-YAKAM N 0 2952 • DU 6 AU 12 AOÛT 2017
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