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Côte d’Ivoire Mutins, braqueurs & Cie : qui manipule qui ?
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1997-2017 Blessures de guerre
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INTERVIEW Clément Mouamba, Premier ministre COOPÉRATION Qui sont aujourd’hui les Chinois du Congo? VIE EN VILLE Brazza entre deux eaux
Sortir d’un monde de brut Frappé de plein fouet par la chute des cours du baril, le pays doit gérer l’urgence en réduisant drastiquement ses dépenses, mais aussi chercher des solutions à long terme.
JEUNE AFRIQUE
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Prélude Cécile Manciaux
Douloureux flash-back
à Dolisie, on sent les Congolais emplis d’énergies inédites.
Depuis, la fracture entre les communautés s’est lentement mais sûrement résorbée. Grâce à la manne pétrolière, le gouvernement a investi pour reconstruire et mettre à niveau les infrastructures dans la capitale et dans les départements. De Brazza à Pointe-Noire, de Dolisie à Oyo, on sent les Congolais emplis d’énergies et d’ambitions inédites qui innervent le pays. On retrouve la sereine dynamique et la convivialité qu’on croyait perdues. Ces deux dernières années, la crise financière consécutive à la chute des cours des JEUNE AFRIQUE
des ménages déplacés sont en insécurité alimentaire, mais aussi 32 % des familles qui les accueillent. Le 17 juillet, le gouvernement congolais, l’ONU et seize partenaires humanitaires ont lancé unappel de fonds pour financerun plan d’urgence conjoint de 23,7 millions de dollars sur six mois. Une somme sans laquelle les 138 000 Congolais concernés par cette aide ne pourront continuer à être secourus. Il y a donc extrême urgence. N 0 2953-2954 • DU 13 AU 26 AOÛT 2017
1997-2017 Blessures de guerre p. 64 INTERVIEW Clément Mouamba, Premier ministre
p. 67
POLITIQUE Test électoral pour tous p. 70 Questions à Pascal Tsaty Mabiala, secrétaire général de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads) p. 71 COOPÉRATION Qui sont aujourd’hui les Chinois établis au Congo ? p. 74 Entretien avec Xia Huang, ambassadeur de Chine au Congo p. 76 VIE EN VILLE BAUDOUIN MOUANDA POUR JA
Q
uand on redécouvre Brazzaville, la hydrocarbures est certes venue freiner les guerre civile qui l’a déchirée il y a projets, comme ailleurs dans la sous-région. vingt ans, de juin à octobre 1997, Mais les activités et le moral semblent se maintenir. Malgré tout. Y compris pendant semble loin. Très loin. Cette annéelà, pendant plus de quatre mois, la capitale a les élections législatives et locales des 16 et été dévastée par les affrontements entre les 30 juillet 2017. Zoulous,miliceprivéeduchefdel’Étatenexercice, Pascal Lissouba, et les Cobras de Denis Aujourd’hui, le grand sujet d’inquiétude, c’est la crise sécuritaire et humanitaire qui Sassou Nguesso (DSN), son prédécesseur, de sévit à nouveau dans le Pool. Elle a éclaté retour au Congo après deux ans d’exil volonen avril 2016 au lendemain de la réélection taire pour y effectuer une tournée électorale, la présidentielle étant prévue en fin d’année. de DSN, quand l’armée a lancé une vaste opération contre Frédéric Bintsamou, alias AncienalliédeDSNdansl’opposition,Bernard Pasteur Ntumi, soupçonné d’avoir attaqué Kolélass’estrapprochédeLissoubaet,nommé Premier ministre en septembre, il engage Brazza. Un an plus tard, il reste introuvable. les miliciens de son fief du Pool, les Ninjas, Mais les exactions de ses Ninjas, des autres aux côtés des Zoulous. Début octobre, le milices et leurs affrontements avec l’armée replongent le Pool dans le cauchemar. président angolais dos Santos – pour contrer son opposant Jonas Savimbi, qui soutient Les ministères congolais des Affaires sociales et de la Santé et les agences des Lissouba – envoie quant à lui un contingent pour venir en aide aux Cobras. Le 14, ils sont Nations unies ont révélé, dans un rapport vainqueurs à Brazzaville, le lendemain ils rendu public fin juin, que le nombre de occupent Pointe-Noire, et DSN déclare la déplacés dans le Pool a été multiplié par six, fin de la guerre. Le 25 octobre, il se proclame passant de 12 980 en juin 2016 à 81 000 en président et installe une transition de trois mai 2017, soit un tiers de la population du département. Plus de la moitié d’entre eux ans. Elle ne s’achèvera finalement qu’en 2002, par le référendum constitutionnel suivi, le sont en situation d’insécurité alimentaire : 10 mars, de l’élection de DSN à la présidence. en un an, la superficie cultivée dans le Pool a Avec ses centaines de milliers de morts été réduite de 40 % et, sur les marchés de et de déplacés, cette guerre a évidemment Kinkala et de Mindouli, le prix du kilo de foufou a augmenté de 85 %. profondément marqué les Congolais, surtout dans la capitale, dont des quartiers entiers ont Le constat est tout aussi préoccupant dans été vidés de leurs habitants, et dans le Pool le département voisin de la Bouenza, où 58 % voisin, où les milices ont continué de sévir jusqu’à l’accord de paix de De Brazza à Pointe-Noire, d’Oyo décembre 1999.
Brazza entre deux eaux : une capitale plus accueillante, peut-être même trop… p. 78 LITTÉRATURE Sauve-Gérard Ngoma, une passion en toutes lettres p. 82
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Vingt ans après la guerre civile qui l’a déchiré, le pays s’est reconstruit, ses communautés se sont rapprochées. Mais toutes les plaies ne semblent pas guéries. Comme le montre la crise qui sévit à nouveau dans le Pool. MURIEL DEVEY MALU-MALU,
L
envoyée spéciale
e 5 juin 1997, le Congo basculait dans la guerre civile. Le conflit entre les milices de Pascal Lissouba, alors président en exercice, et celles de son prédécesseur, Denis Sassou Nguesso (DSN), s’était achevé le 15 octobre suivant par la victoire militaire de DSN, obtenue avec l’appui de l’armée angolaise. Déchirure du tissu social et économique, destruction de nombreux équipements et de bâtiments publics et privés, traumatismes psychologiques… La guerre a fait des ravages, laissant le pays profondément divisé. En 2002, DSN remportait la présidentielle, initialement prévue en juillet 1997 – il a depuis été réélu deux fois. Sur le plan matériel, les traces du conflit ont quasiment disparu. Bénéficiant de confortables recettes budgétaires tirées des hydrocarbures pendant près de deux décennies de conjoncture pétrolière favorable, l’État a fait des efforts pour équiper et moderniser le pays : renforcement des infrastructures de transport, dont la grande dorsale routière Nord-Sud ; augmentation de la capacité énergétique, avec trois nouvelles centrales ; construction d’infrastructures de base, de bâtiments publics, de stades et d’hôpitaux à travers le pays… La liste est longue. Un bémol cependant : une partie des équipements, notamment des aéroports, sont en surnombre, et certaines infrastructures sont encore inachevées dans certains départements. RAPPROCHEMENT. Sur le plan sociopolitique,
la fracture entre le Nord et le Sud, notamment entre les communautés kongo-lari et mbochi, très palpable en 1997, n’est plus aussi marquée. Certes, des méfiances persistent. À Brazzaville, où certains arrondissements présentent une homogénéité ethnique, les habitants de Bacongo ou de Makélékélé (dans le sud-ouest de la capitale), majoritairement laris, hésitent à aller à Talangaï (Est), où vivent surtout des Mbochis. Et réciproquement. « Je ne me sens pas très en sécurité dans le sud de Brazza. Si je vais au marché Total, j’évite de parler lingala », confie un Brazzavillois originaire de la Cuvette (nord du pays). Mais, preuve du rapprochement entre les communautés, Jean-Marie Michel Mokoko, natif de la N 0 2953-2954 • DU 13 AU 26 AOÛT 2017
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Coups Cuvette et candidat malheureux à la présidentielle de mars 2016, a cependant obtenu des voix dans tous les départements. Quant à la reprise des violences dans le Pool, où, depuis la présidentielle de 2016, des opérations sont menées par l’armée congolaise contre des milices locales, beaucoup de Congolais avouent ne pas comprendre ce qui se passe. Certains avancent que la crise sécuritaire serait orchestrée par des politiques « pour tenter de diviser les Congolais » ; d’autres, qu’elle serait entretenue par les autorités « pour faire oublier la crise économique » (lire p. 63). Divers facteurs ont contribué à rapprocher les Congolais au cours des vingt dernières années : la dureté du quotidien, le chômage, les difficultés d’accès à l’eau et à l’électricité, les déficits en matière de santé, d’éducation… Des problèmes qui touchent tout le monde, à l’exception d’une poignée de privilégiés. Le fossé entre ces derniers et le reste de la population s’est creusé, et la fracture sociale s’est doublée
Vue aérienne de Brazzaville. De l’autre côté du fleuve, Kinshasa.
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et blessures d’une divergence sur la conception de la démocratie et de la gestion de la « chose publique ». Car au fil des ans les préoccupations ont évolué, notamment chez les jeunes et avec l’émergence des réseaux sociaux. Au même titre que celle de voir les conditions de vie s’améliorer, l’exigence d’information, de débat, de démocratisation s’est imposée. PENSÉE UNIQUE. Or, l’ancien système issu de l’ex-
périence monopartite et marxiste (1964-1990) est encore bien ancré dans les mentalités d’une partie de la classe politique, dans la majorité comme dans l’opposition. Alors qu’on se serait attendu à une rupture après la Conférence nationale souveraine, qui se déroula de 1990 à 1992, il n’en a rien été. « Nous sommes passés au multipartisme, avec des dizaines de formations politiques, mais, en leur sein, on a gardé le mode d’organisation pyramidal et les mêmes réflexes qu’autrefois », explique l’historien congolais Jérôme Ollandet. JEUNE AFRIQUE
Force est de constater que ce cycle commencé en 1991, et dont la guerre de 1997 fut un douloureux épisode, n’en finit pas de finir. Des élites au pouvoir, anciens et nouveaux venus, s’accrochent à un système d’une autre époque sans se rendre compte que de nombreux Congolais sont las d’un espace politique sclérosé où la pensée unique reste la règle. « Plutôt que de faire le bilan du nombre de kilomètres de routes et de bâtiments réalisés, la population a aujourd’hui besoin de changements et de débats sur des sujets majeurs, comme la question de la terre ou celle du franc CFA », observe Jérôme Ollandet. Même dans les villages, on ne se satisfait plus d’un pagne ou d’un tee-shirt et d’un billet de 2 000 F CFA (3 euros). « On demande au “grand frère” de monter un projet qui crée des emplois et développe le village. On s’insurge contre le gaspillage et la corruption », poursuit l’historien. Au Congo, l’heure est au réveil des consciences et des campagnes.
Préoccupation de l’ensemble de la société : l’exigence de débat et de démocratisation.
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Clément Mouamba « Signer avec le FMI est une affaire classée. Nous ne pouvons pas rester à l’écart » INTERVIEW
Après plus de vingt ans dans l’opposition, ce banquier au long cours a été nommé à la tête du gouvernement en avril 2016, au lendemain de la présidentielle et au plus fort de la crise financière.
JEUNE AFRIQUE: Avec la chute des courrs omondiaux du baril et le recul de la pro duction congolaise, les recettes du pay ys eront décliné. Quelles ont été les répe cussions sur le budget ? et CLÉMENT MOUAMBA : Entre 2013 e
2017, les recettes budgétaires ont baisssé de 43 %. Elles sont passées de 3 122 milds liards de F CFA [environ 4,76 milliard d’euros, soit 5,6 milliards de dollarss] o– dont 2 295 milliards de recettes pétro lières – en 2013 à 1 359 milliards en 20177, dont 403 milliards de recettes pétrolières. C’est le budget d’investissement publiic qui a été le plus touché, puisqu’il esst tombé de 430 milliards de F CFA en 20116 ui à 292 milliards F CFA en 2017. Ce qu explique que le rythme des travaux a été limité aux équipements existantts et qu’aucun nouveau chantier n’a étté du engagé. Nonobstant le relèvement d point d’indice (résultat des engagementts pris envers les syndicalistes), le budgeet de fonctionnement a, quant à lui, conn nu ux une légère baisse, liée notamment au dépenses courantes. À partir de quand la production de Moh ho Nord (opérée par Total E & P) aura-t-ellle JEUNE AFRIQUE
un impact significatif sur les recettes pétrolières et, donc, sur celles de l’État ?
L’entrée en production, en avril dernier, du champ Moho-Nord, qui produira 100 000 barils par jour d’ici à la fin 2017, permettra au pays d’atteindre un niveau
Quelle est la part de l’effort de guerre dans le budget de l’État ?
Le Congo n’est pas en guerre contre lui-même. En revanche, il s’efforce en effet d’apporter la sécurité dans le département du Pool [lire pp. 63 à 65]. Une telle opéra-
Notre dette extérieure globale est évaluée à 4300 milliards de F CFA. de production total de 96 millions de barils en 2017, 119 millions de barils en 2018 et 111 millions de barils en 2019. Cette hausse améliorera, certes, les recettes de l’État en 2018, mais, compte tenu de nos engagements et des arriérés de paiement, cela ne contribuera pas à renforcer de manière significative la structure financière de l’État et à reconstituer la base essentielle de nos ressources, lesquelles méritent donc d’être confortées par des apports extérieurs.
tion a un coût parfaitement maîtrisé, qui concerne notamment la prise en charge des personnes déplacées et l’entretien des forces de sécurité. Quelle est votre stratégie pour renflouer le niveau des réserves de devises, qui est tombé à un mois et demi ?
La dégradation s’est stabilisée, mais le niveau de réserves de devises reste en effet très faible, et il faut le ramener à trois mois. Plusieurs mesures concourent à
MURIEL DEVEY MALU-MALU POUR JA
A
ncien cadre de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) et de la Banque internationale du Congo (BIDC), Clément Mouamba, 73 ans, est un peu le symbole de la « nouvelle République » et du gouvernement de rupture voulus par Denis Sassou Nguesso après sa réélection, en mars 2016. Conformément à la décision du parti auquel il appartenait alors, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads, lire pp. 70-71), Mouamba avait en effet pris position contre la réforme constitutionnelle, avant de participer, mi-2015, au dialogue politique organisé par le pouvoir et de se rallier à ses conclusions. Ce qui lui a valu d’être exclu de l’Upads et, neuf mois plus tard, de devenir Premier ministre.
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relever ce niveau, dont le contrôle du budget d’investissement – qui contribue à réduire les importations –, le contrôle des exportations – avec l’obligation faite aux sociétés exportatrices, parmi lesquelles les pétroliers et les forestiers, de rapatrier une partie de leurs recettes d’exportation, via la Beac – et l’application rigoureuse de la réglementation de change. Et, contrairement à l’idée répandue, le Congo n’entretient pas de réserves budgétaires en Chine.
Les brasseries, une des filières épargnées par la baisse des activités. Ici chez Brasco, à Pointe-Noire.
À combien s’élève la dette publique du Congo envers la Chine (lire pp. 76-77)?
Marge de manœuvre limitée
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vec la chute des cours mondiaux du baril amorcée en 2014 et une production pétrolière également en baisse au niveau national, il ne faut pas attendre de miracle, surtout quand l’économie repose encore très largement sur les hydrocarbures et que la diversification n’en est qu’à ses balbutiements. Le taux de croissance de l’économie congolaise s’est établi à – 2,7 % en 2016, contre +6 % en 2014, et est projeté à – 1,9 % en 2017. Excepté l’agriculture et la branche des brasseries, aucun secteur n’est épargné, le plus affecté étant celui du BTP, en raison de la suspension des grands projets d’infrastructures. La récession ayant fait chuter le niveau des recettes fiscales et d’exportations, le budget de l’État s’est contracté de
24 % en 2017, les réserves budgétaires auprès de la Beac se sont épuisées, et les réserves de change sont tombées à un mois et demi d’importations. Pour réduire les dépenses, le budget d’investissement a été sérieusement revu à la baisse dans tous les ministères. Le budget de fonctionnementrestesimilaire à celui de 2016. La tâche la plus difficile du gouvernement congolais reste de trouver les fonds pour apurer sa dette. Affichée à 77 % du PIB en mars, celle-ci atteindrait en fait 117 % du PIB, selon les estimations confirmées début août par le Fonds monétaire international (FMI), soit près de deux fois le taux autorisé au sein de la zone Cemac. Pour le Fonds, avec lequel le Congo doit prochainement négocier
un programme d’ajustement budgétaire, le choix des investissements publics devra reposer sur trois critères : l’urgence, la nécessité et l’utilité. Les perspectives restant fragiles en raison du manque de diversification de l’économie et des exportations, l’État doit trouver des financements à court terme, qui lui permettront d’endiguer le repli des réserves, de ramener son déficit budgétaire hors pétrole à 13,5 % du PIB en 2017, d’apurer sa dette, ainsi que les arriérés de paiements qui asphyxient un grand nombre d’entreprises, et de régulariser le règlement des pensions des fonctionnaires retraités. Ce qui laisse présager une cure d’austérité plus drastique qu’elle ne l’était. MURIEL DEVEY MALU-MALU
La dette extérieure globale du Congo est évaluée à 4 300 milliards de F CFA, celle envers la Chine s’élève à 1776 milliards [soit plus de 2,1 milliards de dollars]. Si la Chine est le principal créancier du Congo, la France reste son premier partenaire économique, tous secteurs confondus.
Comment la rupture évoquée par le chef de l’État après la présidentielle se traduit-elle au niveau de la gouvernance ?
Cette rupture porte sur les comportements antiéconomiques et mafieux, ou de nature à compromettre l’unité nationale. Cela concerne tous les acteurs, aussi bien les politiques et les fonctionnaires que l’ensemble des autres citoyens. Nous devons respecter les règles établies pour asseoir progressivement une gouvernance publique irréprochable. Des sanctions sont-elles prises à l’égard de ceux qui ne respectent pas la loi ?
Nous disposons d’un arsenal de textes qu’il s’agit d’appliquer. C’est la justice qui est le garant de l’application des lois. Et notre système judiciaire n’est pas en vacances. La preuve, des procès de toute nature se tiennent,
Sortir d’un monde de brut liés à la criminalité, à des détournements de fonds publics et à toute autre sorte de fraude. Qu’en est-il du Plan national de développement (PND) 2017-2021, de la relance de l’économie et de sa diversification ?
Contrairement à l’élaboration du PND 2012-2016, celle du PND 2017-2021 survient dans une conjoncture macroéconomique difficile, marqué notamment par une importante contraction des ressources financières de l’État. Dans ce contexte, le PND devra tenir compte de la nécessité de rétablir les grands équilibres macroéconomiques et, tout en assurant la protection des populations les plus vulnérables, relancer l’économie. En particulier en l’articulant autour des principaux leviers de la diversification, à savoir l’agriculture, la pisciculture et l’élevage, la transformation du bois, le tourisme et les services, notamment financiers. Quels investissements publics sont susceptibles d’assurer la croissance en 2018?
En matière d’infrastructures, il y aura une pause. Nous n’investirons pas dans de grands travaux. Nous allons préserver l’acquis en mettant l’accent sur la maintenance et l’entretien des équipements existants, notamment des routes. Nous allons aussi orienter nos investissements
Où en sont les discussions avec le FMI pour l’adoption d’un programme économique et financier ?
Nous avons pris l’option d’aller vers un accord avec le FMI, comme l’ont déjà fait le Cameroun et le Gabon et comme va le faire prochainement la Guinée équato-
La diversification s’articule autour de quatre leviers : agriculture, bois, tourisme et services. sur l’assainissement et la gestion des déchets dans les grandes villes. Pour ce qui est de la santé et de l’éducation, nous privilégierons la gestion et l’équipement des infrastructures et la formation des personnels. Enfin, dans le domaine productif, les investissements publics seront concentrés sur des secteurs prioritaires comme l’agriculture. L’État n’investira pas seul dans les activités économiques mais s’appuiera davantage sur le secteur privé, et notamment sur l’investissement direct étranger.
riale. Nous ne pouvons pas rester à l’écart d’un mouvement qui touche les pays de la Cemac [Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale]. C’est donc une affaire classée. Nous avons simplement demandé au Fonds d’attendre que les élections [législatives des 16 et 30 juillet] soient passées pour finaliser les choses. Après le 15 août, nous allons reprendre les discussions avec le FMI, et si tout se passe bien nous devrions signer un accord d’ici à la fin de septembre. Propos recueillis à Brazzaville par MURIEL DEVEY MALU-MALU
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Pendant la campagne pour les élections législatives et locales, en juillet, dans la capitale. POLITIQUE
Test électoral pour tous Sans surprise, le PCT a remporté la majorité absolue aux législatives de juillet. À l’instar de ses détracteurs, qui entendent bien tenir leur rôle au sein de l’hémicycle, il devra tirer quelques leçons du scrutin.
I
l n’y a pas eu match. Après la réélection de Denis Sassou Nguesso en mars 2016, les premières législatives de la nouvelle République, qui se sont tenues les 16 et 30 juillet, ont confirmé la mainmise du Parti congolais du travail (PCT) sur l’Assemblée nationale. La formation politique du chef de l’État s’y assure la majorité absolue en remportant 89 des 151 sièges que compte désormais l’hémicycle(contre139lorsdelaprécédentelégislature). Pour le moment, seuls 142 seront pourvus, le scrutin ayant été reporté sine die dans 9 des 14 circonscriptions du Pool pour des raisons de sécurité. Dans ce département en proie à des violences depuis avril 2016 (lire pp. 63 à 65), le PCT comptait 5 députés lors de la précédente législature. Si le mandat de ces derniers est prorogé en attendant l’organisation de partielles, le PCT disposera de près des deux tiers des sièges de l’hémicycle. N 0 2953-2954 • DU 13 AU 26 AOÛT 2017
Au sein de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads), jusqu’alors première formation de l’opposition dite « républicaine », on tente de nuancer cette écrasante victoire du PCT. « Nous sommes allés à ce scrutin à armes inégales: le parti au pouvoir bénéficie de subventions publiques alors que nous ne recevons
reçu un centime », assure son premier secrétaire général, Pascal Tsaty Mabiala. L’Upads admet des progrès dans la gouvernance électorale, salue la réintroduction du bulletin unique, qui, ditelle, réduit les risques de manœuvres frauduleuses. En revanche, elle reste critique quant à l’organisation des scrutins, déplorant entre autres la qualité des listes électorales, le fait que les cartes d’électeurs soient distribuées par des chefs de quartier « qui sont de véritables appendices de l’Administration », la corruption… Des dysfonctionnements qui nuisent à la « transparence du jeu démocratique ».
« Le gouvernement cherchait à nous fragiliser en refusant d’agréer notre formation à temps. »
CALEBASSES. À l’instar
de l’Upads, l’Union des démocrates humanistes (UDH-Yuki) de Guy-Brice Parfait Kolélas a égaleCHRISTIAN CYR RODRIGUE MAYANDA, de l’UDH-Yuki ment pris part, avec ses armes, à ces quatorzièmes législatives rien de l’État », déplore son porte-parole, Honoré Sayi, l’un des 8 députés élus de de l’histoire du Congo, couplées pour la formation. Sur le papier, pourtant, la première fois aux élections locales. l’Upads devait se voir attribuer chaque Sa formation n’ayant pas été agréée en trimestre quelque 11 millions de F CFA tant que parti politique avant les scrutins, (près de 17 000 euros). « Cela va faire l’ancien ministre a dû improviser et a bientôt quatre ans que nous n’avons pas demandé à ses candidats de se présenter JEUNE AFRIQUE
Sortir d’un monde de brut
APPEL DU PIED. « Avec Kolélas, nous irons à cette Assemblée non pas en adversaires, mais en amis et en compagnons de lutte face au pouvoir. Chacun avec sa méthode, sa culture politique, ses moyens, nous défendrons l’opposition et nous ferons entendre une autre voix à l’hémicycle », assure Tsaty Mabiala, qui exclut toute dispute avec son « camarade » sur le statut du chef de l’opposition. Un appel du pied pour « mettre en place une nouvelle opposition congolaise », affirme-t‑on dans l’entourage du chef de l’Upads. Ne sont pas concernés ceux qui, au sein de la Fédération de l’opposition, dirigée par l’ex-ministre Claudine Munari, boudent les institutions en place. S’achemine-t‑on vers une recomposition de l’échiquier politique congolais ? « En tout cas, les lignes bougent : les coalitions d’avant la présidentielle de 2016 ont explosé, quelques jeunes font leur entrée dans l’hémicycle grâce à la nouvelle Constitution, et on voit que certains caciques de nos formations peinent à conserver leur hégémonie », remarque un cadre du PCT d’un ton sec. Qui laisse à penser qu’après ce test des législatives, même au sein du parti au pouvoir, des réajustements sont à prévoir. TRÉSOR KIBANGULA, envoyé spécial JEUNE AFRIQUE
Questions à Pascal Tsaty Mabiala Premier secrétaire général de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads)
« Nous devons assumer et construire l’opposition »
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remière formation de l’opposition, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads) semble perdre du terrain. À l’issue des législatives, elle n’a obtenu que 8 sièges au lieu des 10 escomptés. Lors de la présidentielle de 2016, son leader, PascalTsaty Mabiala, n’a pas passé la barre des 5 %.Très loin derrière les 36 % récoltés dès le premier tour, il y a vingt-cinq ans, par son fondateur, l’ex-président Pascal Lissouba. PourTsaty Mabiala, le parti est représenté à l’Assemblée, au sein de laquelle il pourra, seul ou avec d’autres, faire entendre sa voix. JEUNE AFRIQUE : Avec seulement 8 sièges, l’Upads pourra-t‑elle peser dans le débat politique ? PASCAL TSATY MABIALA : En 2017 comme en 2012, les résultats des législatives ne reflètent pas le poids réel de l’Upads dans la vie politique congolaise. Des dysfonctionnements dans l’organisation des scrutins ne sont pas étrangers à cette situation, mais nous ne pouvons pas attribuer toute la responsabilité à la fraude. Notre organisation interne n’a sans doute pas été parfaite, et nous allons en tirer des leçons. Ces 8 sièges nous donnent la possibilité d’exprimer notre point de vue et d’être présents à l’Assemblée nationale.
Pourquoi votre parti n’a-t‑il pas présenté de candidats dans certaines circonscriptions du Niari et de la Bouenza, qui sont pourtant ses fiefs électoraux ? Parce qu’il n’y en avait pas. Il ne faut pas oublier que ces scrutins se révèlent être les plus chers de l’histoire du pays : le montant de la caution électorale pour les candidats à la députation est passé de 100 000 F CFA à 1,5 million de F CFA [de 150 à 2 300 euros environ, non remboursables] par rapport à 2012.
LAUDES MARTIAL MBON/AFP
en indépendants. Et pour que ses électeurs s’y retrouvent, le logo de l’UDH-Yuki a été décliné en plusieurs versions : sur le bulletin de vote, au côté du candidat Yuki, on pouvait trouver tantôt une ou deux calebasses renversées, tantôt trois ou quatre calebasses à plat… « En refusant d’agréer notre formation à temps, le gouvernement ne cherchait qu’à nous fragiliser », estime Christian Cyr Rodrigue Mayanda, proche collaborateur de Guy-Brice Parfait Kolélas. Il est persuadé que le pouvoir voulait éviter que ce dernier, après être arrivé deuxième à la présidentielle de 2016, ne devienne le chef de l’opposition à l’issue de ces législatives, quel que soit le nombre de sièges obtenus par les candidats se réclamant de sa formation. En l’occurrence, huit. D’autant que, si l’on y ajoute celui de Kinkala (qui pourrait être conservé de fait par Kolélas, puisque cette circonscription du Pool est l’une de celles où le scrutin n’a pu se tenir), l’UDH-Yuki, bien qu’elle ne soit pas encore reconnue par le ministère de l’Intérieur, pourrait ravir la position de première force politique de l’opposition « républicaine » à l’Upads.
Ce n’est pas évident pour un parti qui ne reçoit pas de financement public. L’Upads a présenté des candidats dans 43 circonscriptions sur 151, pratiquement au même niveau que les années précédentes. Pourquoi la coalition entre le Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad) et l’Initiative pour la démocratie au Congo (IDC) n’a-t‑elle pas été relancée pour ces législatives ? C’était une plateforme hétéroclite, un attelage fait de bric et de broc. Après le scrutin de 2016, nous n’avions pas la même vision. Pour Guy-Brice Parfait Kolélas et pour moi, il fallait tourner le dos à la présidentielle et regarder devant nous. Mais pour les autres candidats, il fallait d’abord régler le contentieux électoral, appeler à la rue… Quand ils disent aujourd’hui qu’il faut « revenir à l’ordre constitutionnel de 2002 », ça fait rigoler ! Ne sommes-nous pas allés, tous les cinq, à la présidentielle de 2016 sous la bannière de l’actuelle Constitution ? Nous devons assumer et construire l’opposition dans le cadre institutionnel. Propos recueillis par T.K. N 0 2953-2954 • DU 13 AU 26 AOÛT 2017
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Société Nationale d’Électricité du Congo Des efforts renouvelés pour améliorer l’accès à l’énergie électrique L’État congolais poursuit les efforts déployés depuis une décennie, pour améliorer le réseau électrique national, à travers un plan d’actions mis en œuvre jusqu’en 2019 par la SNE. Au cours des dix dernières années, l’État Congolais a consenti d‘importants investissements dans les infrastructures de production, de transport et de distribution d’électricité. Ces infrastructures ont notamment été mises à la disposition de la Société nationale d’électricité (SNE), opérateur historique, pour répondre à la demande croissante des citoyens et des entreprises en électricité pérenne et de qualité.
Des investissements indispensables dans les infrastructures La centrale hydroélectrique d’Imboulou et ses 120 mégawats (Mw) de capacité, située à 220 kilomètres de Brazzaville, entre les départements des Plateaux et du Pool, a ainsi été mise en service en 2010 par la SNE. Elle e été construite pour un coût d’environ 340 millions de dollars. Plus récente encore, celle de Liouesso (19,2 Mw) est entrée en exploitation en 2016 dans le département de la Sangha, dans le nord du pays, qu’elle doit permettre de désenclaver en association avec une route Nationale 2 flambant neuve.
Un partenariat réussi avec EDF Pour améliorer les performances de la SNE, l’État Congolais a également signé en 2013 un contrat avec le géant mondial du secteur, EDF International, qui a pris fin en septembre 2016. Celui-ci a conduit à l’élaboration d’une stratégie qui a mis le client, le salarié et la performance au cœur des enjeux sur l’horizon 2015-2017.
Principales unités de production gérées par la SNE Centrales hydroélectriques Moukoukoulou Djoué Imboulou Liouesso Centrales thermiques CBT CT Oyo CT Ouesso
Puissance installée (en MW) 74 15 120 19,2
Puissance installée (en MW) 32,5 5,4 4,8
Il a permis à la société publique de s’assurer de la disponibilité des ouvrages de production et de stabiliser le réseau de transport, particulièrement par la l réduction drastique du nombre de blackouts. Sur le plan commercial, des actions ont conduit à une légèrre hausse du taux de recouvrement des créances. Dees avancées ont également été possibles dans la producction des états financiers, avec une meilleure fiabilité des données comptables. En dépit de ces progrès, la distribution et la commercialisation de l’électricité restent encore des questions préoccupantes, en particulier dans les deux principales villes, Brazzaville et Pointe-Noire, avec la saturation des postes, des feeders MT, les délestages, le
retard pris dans la révision de certains ouvrages ou encore les fraudes.
PUBLI-INFORMATION
Un plan d’action jusqu’en 2019 C’est pour continuer à faire face à ces défis que la SNE met en œuvre un plan d’actions 2017- 2019. Son but : améliorer le service offert à la clientèle tout en équilibrant son exploitation. Cette vision stratégique répond à la nécessité de poursuivre le redressement de l’entreprise publique pour l’équilibre du secteur.
• Enjeux de production Parmi les nombreux objectifs fixés en termes de production, le plan 2017-2019 vise la révision générale des centrales hydroélectriques d’Imboulou et de Moukoukoulou, ainsi q que des centrales thermiques de Brazzaville, d’Oyo et d de Ouesso. Dans le mêmee ordre d’idée, il projettee la réhabilitades centrales du tion d ué et de Djeno Djou et l’extension de lla capacité de production p de laa Centrale électrique à gaz du Congo (CEC). Cela devra permettre aux sources de production d’atteindree leur rendement maxim mal. À plus long t terme, terme d des études devront êtres réalissées en vue de la constructtion de nouvelles centralees hydroélectriquees (Mourala, Sou unda, Kouembali, Ch hollet).
• Enjeux de d transport Le plan p stratégique prévoit le renforcement de es capacités de mation des postes transform distribution sources de d de Brazzaville Brazzavill et de PointeNoire, de même que l’amélioration des capacités de transit de la ligne Moukoukoulou-Mindouli. Plusieurs objectifs de réhabilitation sont fixés, notamment pour les réseaux nord associés à Imboulou et Sud associé à Moukoukoulou, de même que pour le Centre Nationale de Dispatching de Djiri, à Brazzaville. Le plan projette aussi la réalisation de la boucle Haute tension (HT) de la capitale administrative.
La SNE occupe une place très importante dans notre pays, car l’électricité contribue à l’amélioration des conditions de vie des populations et à l’essor de l’économie dans le pays.
Louis KANOHA-ELENGA Directeur Général Président Directoire
• Enjeux de distribution Mieux distribuer l’électricité disponible tant en quantité qu’en qualité. C’est le challenge que se donne la SNE dans le cadre de son plan triennal, par la modernisation du réseau et de sa gestion. Cela passe notamment par l’augmentation des capacités de transit (création des nouveaux feeders) et l’assainissement et le développement du réseau de distribution.
• Enjeux de commercialisation L’amélioration des résultats comptables de la SNE passe par la conquête de nouveaux clients à raccorder dans les meilleures conditions. Un objectif dont la réalisation repose sur la mise en place massive de compteurs, le développement du prépaiement, de la télé-relève et la vulgarisation des moyens de paiement électronique, sur une facturation sur comptage de l’État en tant que client ou encore sur une meilleure facturation de l’éclairage public. Autant d’actions qui seront prises en même temps que le client continuera de bénéficier d’une attention particulière, avec l’amélioration de son accueil dans les agences et des conseils dans l’utilisation rationnelle de l’électricité, avec la promotion des lampes à faible consommation d’énergie notamment.
Société Nationale d’Électricité Boulevard Denis Sassou Nguesso B.P : 95 Brazzaville, République du Congo Tél. : (+242) 222 81 05 66
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Le Plus de JA Congo Parallèlement, les échanges bilatéraux se sont envolés, passant de 290 millions de dollars en 2002 à 6,5 milliards en 2015, avec un recul à 3 milliards en 2016 lié à la crise financière et économique inhérente à la chute des cours des hydrocarbures.
COOPÉRATION
Une relation décomplexée Jadis cantonnée aux sociétés publiques et à leurs expatriés, la présence de la Chine au Congo s’est renforcée et, surtout, diversifiée. Ses PME et sa diaspora font désormais partie intégrante du paysage.
FAUX DÉBAT. Excepté au ministère
de l’Aménagement du territoire et des Grands Travaux, dont les banques et les entreprises chinoises sont des partenaires privilégiés, leur omniprésence suscite cependant des réserves. On applaudit l’appui financier, qui a permis de réaliser la quasi-totalité des infrastructures de base indispensables au pays. On salue la rapidité d’exécution et la compétitivité des coûts. Mais certains Congolais s’agacent. Outre le « secret » entourant le montant de l’aide publique qu’elle octroie à l’État, on reproche à la partie chinoise, surtout à ses opérateurs privés, de ne pas suffisamment respecter les cahiers des charges dans le cadre des concessions, de porter atteinte à l’environnement avec l’utilisation de pesticides, ou encore d’exporter trop de grumes au lieu de transformer le bois sur place. « Les Chinois emploient peu de Congolais et importent l’essentiel des Lors de la visite du président Xi Jinping dans le pays, en mars 2013. matières premières dont ils ont besoin pour leurs activités », déplore un fonciscrète avant les années tionnaire. Des entrepreneurs locaux Mais au-delà des BTP, où elles ont remporté beaucoup d’appels d’offres dans le 2000, la présence chinoise s’inquiètent du nombre croissant de PME cadre du programme d’investissements au Congo s’est intensifiée chinoises dans le pays. « Comment poupublics, les entreprises chinoises, y comavec l’accord de partenariat vons-nous les concurrencer quand nos pris privées, ont désormais investi une stratégique bilatéral de juin 2006, qui banques prêtent à des taux prohibitifs et gamme étendue de secteurs : mines, prévoyait notamment la réalisation que nos ambassades ne nous appuient matériaux de construction, exploitation de nombreux ouvrages dans tous les pas dans la recherche de partenaires et domaines (transports, fibre optique, de fournisseurs à l’extérieur ? » interroge forestière, recherche pétrolière, industrie, un patron brazzavillois. Sans parler de complexes hydroélectriques, traitement immobilier, banque, agriculture, restaurade l’eau, logement, bâtiments publics, tion, transport, santé, commerce… Outre ceux qui, comme ailleurs sur le continent, stades, etc.). Assorti de prêts bonifiés doutent de la qualité des et de dons, cet accord a été renouvelé réalisations. Les échanges bilatéraux sont lors de la visite du président chinois Un faux débat, estime passés de 290 millions de dollars Xi Jinping à Brazzaville, en mars 2013. un chef d’entreprise ponté en 2002 à 6,5 milliards en 2015. négrin : « Les opérateurs À la suite de la tournée du chef de chinois s’adaptent à une l’État congolais en Chine, en juillet 2016, les deux partenaires ont validé, en avril les expatriés temporaires, de nombreux demande déterminée par la partie congodernier, la réalisation d’une douzaine opérateurs privés chinois se sont établis laise. Ils réalisent ce qu’on leur commande. de nouveaux projets, dont la construcau Congo et, dans leur sillage, nombre de On pourrait seulement leur reprocher de tion d’un centre de maintenance aéros’inscrire dans des choix qui n’ont pas ressortissants de l’empire du Milieu. Déjà nautique, d’un port minéralier et de la très actifs dans le commerce de détail, été débattus en amont et de réaliser des zone économique spéciale (ZES) de ils ont mis un pied dans la grande distriprojets qui ne sont pas toujours utiles [lire bution en ouvrant ces dernières années Pointe-Noire. Pékin devrait par ailleurs encadré p. 77]. En comparaison, la coopétrois supermarchés Asia dans la capitale appuyer le Congo pour la réhabilitaration française propose des études, de la (l’un en centre-ville, le deuxième dans tion du Chemin de fer Congo-Océan formation, de l’assistance technique. Mais (CFCO) et la construction de la cité de l’arrondissement de Ouenzé et le troisième tout cela est moins visible que les routes et dans celui de Bacongo), où les produits les bâtiments réalisés par les Chinois. » Ngamakosso, dans le nord-ouest de sont 100 % made in China. MURIEL DEVEY MALU-MALU Brazzaville. BAUDOUIN MOUANDA
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JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de JA Congo
Xia Huang Ambassadeur de Chine au Congo « Il n’est pas dans nos habitudes d’acculer un partenaire en difficulté »
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est fin 2015 que Xia Huang a pris ses fonctions d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Chine au Congo. Disert, ouvert et accueillant, le quinquagénaire a un riche parcours. Né à Pékin, marié et père d’un garçon, il a fait des études de diplomatie en Chine, de droit en Belgique, à l’université de Liège (ULB), puis d’interprétariat à la Commission des communautés européennes, avant d’intégrer l’École nationale d’administration (ENA) à Paris, promotion Valmy – celle de l’actuel ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire. Autant dire qu’il possède une parfaite maîtrise de la langue de molière. Et toutes les cartes en main pour apporter une nouvelle dynamique aux intérêts chinois dans les bastions francophones d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Nommé attaché et troisième secrétaire à l’ambassade de Chine au Gabon, puis conseiller politique à l’ambassade de Chine en France, après un retour de trois ans dans son pays natal en tant que vicemaire de Jiamusi (nord-est de la Chine), il devient ambassadeur au Niger (20092012) puis au Sénégal (2012-2015). JEUNE AFRIQUE : Quel bilan faites-vous de la coopération sino-congolaise depuis la signature de l’accord-cadre de partenariat stratégique, en 2006 ? XIA HUANG : Le bilan de notre coopé-
ration est très positif, avec des résultats
La Chine l’accompagne depuis toujours dans ses efforts de développement. Et le changement, que l’on constate désormais partout à travers le pays, porte les traces de la coopération chinoise. À titre d’illustration, le Congo est aujourd’hui mieux desservi en matière d’infrastructures de transport, et mieux équipé. Conseillez-vous les autorités congolaises dans le choix et la pertinence de leurs projets ? On peut penser par exemple aux 13 aéroports, dont la moitié ne sont pas opérationnels…
Nos partenaires congolais sont les mieux placés pour évaluer et définir leurs besoins. Dans leur plan national, ils présentent des souhaits. De notre côté, à partir de notre propre expérience, nous leur donnons des conseils et leur faisons des propositions. L’identification et le montage d’un projet sont toujours le résultat de concertations et de discussions entre les deux parties. Le respect de l’autre est une valeur importante dans la culture chinoise. À combien s’élève l’engagement financier de la Chine au Congo dans le cadre de ce partenariat stratégique ?
Dans sa coopération avec les pays en développement, notamment africains, l’État chinois privilégie la logique des projets et non celle des montants financiers. En l’occurrence, le stock de nos financements en faveur du Congo
Nous privilégions une logique de projets, non de montants financiers. tangibles et remarquables dans tous les secteurs, quels que soient les outils financiers. Les relations sino-congolaises reposent sur une confiance politique réciproque qui va en s’approfondissant et sur une coopération multidimensionnelle qui ne cesse de donner des fruits bien palpables. Le Congo a connu beaucoup de péripéties, notamment la guerre civile de 1997-1999 [lire pp. 66-67], qui a ravagé une partie des acquis engrangés depuis 1960. N 0 2953-2954 • DU 13 AU 26 AOÛT 2017
fluctue en fonction de l’avancement des projets. Depuis 2006, si l’on inclut l’aide sans contrepartie, les prêts sans intérêts et les prêts concessionnels, le montant de nos engagements s’élève à environ 4,5 milliards de dollars. Mais ce n’est pas exhaustif. Quelles garanties avez-vous mises en place au cas où le pays aurait des difficultés à rembourser ?
Aujourd’hui, le Congo traverse une passe difficile, comme d’autres pays dont l’économie repose essentiellement sur l’exploitation pétrolière. Notre réaction est de travailler main dans la main avec le Congo et de voir comment traverser au mieux cette période. S’il y a des retards de paiement, c’est plutôt une question d’organisation et de gestion et non de mauvaise volonté. Nous travaillons en étroite concertation avec nos partenaires pour alléger les contraintes et trouver des solutions qui conviennent aux différentes parties. Nous ne pouvons pas acculer un partenaire qui se trouve en difficulté. Nous devons, au contraire, l’aider… C’est dans les moments difficiles que l’on peut identifier ses vrais amis. Pourquoi avoir choisi le Congo pour implanter la Banque sino-congolaise pour l’Afrique (BSCA) ? Quelle est la stratégie de cet établissement ?
À l’échelle continentale, les établissements bancaires commerciaux chinois sont surtout présents en Afrique australe et en Afrique de l’Est, mais pas en Afrique JEUNE AFRIQUE
Sortir d’un monde de brut
À la résidence de l’ambassadeur, le 14 juillet.
© MURIEL DEVEY MALU-MALU POUR JA
Vous envisagez donc d’établir des filiales de la BSCA dans toute l’Afrique et de faire massivement appel à l’investissement privé ?
centrale ni en Afrique de l’Ouest, où le monde francophone occupe une place prépondérante. Être présent dans ces zones est une nécessité, et le choix du Congo comme lieu d’implantation de la BSCA est le fruit d’une volonté commune de nos deux pays. C’est dans ce cadre qu’a été signé un accord de coopération entre la Banque agricole de Chine et un partenaire congolais, à l’occasion d’une
visite d’État en Chine du président Denis Sassou Nguesso en 2014. La Banque sino-congolaise pour l’Afrique – qui a démarré ses activités en 2016 – a atteint sa vitesse de croisière, avec l’ouverture récente d’une antenne à Pointe-Noire. Sa présence s’inscrit sur le long terme. Au-delà de la sous-région, nous réfléchissons à l’implanter dans les autres pays africains. Nous devons être plus ambitieux.
Les besoins du continent étant énormes, l’aide publique au développement d’origine chinoise ne sera pas suffisante. Nous encourageons donc les entrepreneurs chinois à investir en Afrique en fonction de la réalité de chaque pays. C’est en mobilisant plusieurs outils financiers que l’on pourra mieux les aider à réaliser leurs rêves d’émergence. L’ouverture de la BSCA est un outil important pour accompagner tous les acteurs, publics et privés, qu’ils soient congolais, d’autres pays africains ou chinois. À combien estimez-vous le nombre de Chinois présents au Congo ?
Il y a deux catégories. D’une part, les ingénieurs et techniciens, qui viennent travailler dans le cadre d’un projet ou assurent la maintenance d’équipements, l’assistance technique après sa réalisation. Par ailleurs, des hommes d’affaires du privé sont présents dans le pays depuis une quinzaine d’années, qui se sédentarisent. On estime leur nombre entre 2 000 et 3 000. Ce brassage avec le tissu social local connaît une évolution rapide et raisonnable, compte tenu de l’approfondissement des échanges entre nos deux pays. Propos recueillis à Brazzaville par MURIEL DEVEY MALU-MALU
PAS FRANCHEMENT NÉCESSAIRE, MAIS C’EST CADEAU
«
A
ide de la Chine. JPC ». L’inscription peinte en lettres rouges, en français et en chinois, sur une interminable palissade blanche annonce la couleur. C’est le long du boulevard Denis-Sassou-Nguesso, face au ministère de la Justice et au commissariat de police, que sera érigé le futur siège du Parlement JEUNE AFRIQUE
congolais : un premier hémicycle de 500 sièges pour l’Assemblée nationale (qui ne compte que 151 élus), un second de 300 pour le Sénat, une salle de réception et quelque 500 places de parking. Les travaux, engagés en mai, sont réalisés par Jiangsu Provincial Construction
(JPC), pour une livraison fin 2019. Bien que la construction de ce nouveau Parlement soit un don de Pékin, d’un coût estimé à environ 35 milliards de F CFA (plus de 53 millions d’euros), les commentaires fusent, beaucoup estimant qu’il y avait certainement des projets plus urgents. Mais pour Xia Huang,
l’ambassadeur de Chine au Congo, « son nouveau siège offrira de meilleures conditions de travail au Parlement, et cette contribution de l’État chinois permettra au Congo d’assurer une meilleure gouvernance, d’avoir une vision plus clairvoyante de son avenir ». M.D.M.-M. N 0 2953-2954 • DU 13 AU 26 AOÛT 2017
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Le Plus de JA Congo VIE EN VILLE
Brazza entre deux eaux Aménagements d’espaces publics, nouvelles enseignes, surtout dans les loisirs. Le centre de la capitale est de plus en plus accueillant. Trop peut-être, au vu du nombre d’hôtels haut de gamme. La corniche, début août.
BAUDOUIN MOUANDA POUR JA
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estriction budgétaire et crise économique obligent, la plupart des gros programmes immobiliers, publics comme privés, qui avaient été engagés dans le centre de la capitale congolaise sont à l’arrêt. Depuis 2016, les seuls ouvrages réalisés ou en voie de finalisation sont les tours jumelles à Mpila et la tour du siège de la Banque sino-congolaise pour l’Afrique (BSCA), en centre-ville, avenue du Cardinal-Émile-Biayenda – un chantier entièrement financé par la BSCA et réalisé par China State Construction and Engineering Corporation. L’année dernière a cependant été marquée par l’aménagement d’espaces publics. Ainsi, sur 2,5 km (depuis le restaurant Mami Wata jusqu’à la Case-deGaulle), avec ses larges trottoirs côté fleuve, son pont haubané et sa vue exceptionnelle sur le Congo, la route de la corniche est devenue le lieu de promenade favori des Brazzavillois, en particulier le dimanche, où elle est interdite à la circulation N 0 2953-2954 • DU 13 AU 26 AOÛT 2017
de 6 heures à 18 heures. Familles, bandes déjà installés l’hypermarché Géant Casino de jeunes, sportifs, touristes… Tout le et de nombreuses boutiques (princimonde en profite. palement de prêt‑à-porter, dont Aldo, Faute de grandes réalisations en 2017, Lewis, New Port et, depuis peu, Kiabi), ce sont dans les « petits » détails que l’on l’ouverture d’un magasin Fnac le 1er juillet observe des changements qui modifient a été un événement pour les consommale quotidien. Parmi eux, l’amélioration teurs brazzavillois. De tous les rayons de de la circulation en centre-ville, grâce l’enseigne, c’est surtout celui des livres qui à la réhabilitation de quelques voiries attire la clientèle, les librairies se comptant stratégiques. Fini les terribles embouteillages aux alentours « Petit » détail qui change du centre commercial Grand le quotidien : quelques voiries Fleuve, de City Center, du carrefour de la Coupole, de la stratégiques ont été réhabilitées. tour Nabemba, et même sur l’avenue de la Paix, dans le quartier de sur les doigts d’une seule main dans la capitale. Avec son large choix et ses prix Poto-Poto. En revanche, sur la plupart des modérés, le magasin devrait maintenir grandes artères des quartiers populaires, un bon niveau de fréquentation. C’est les déplacements restent un calvaire aux du moins l’espoir de la direction de la heures de pointe. Fnac-Brazzaville, une franchise gérée – comme le Géant Casino – par Score CINÉMA. Le secteur de la distribution a Congo, filiale du groupe monégasque également connu d’importantes transformations. Au centre commercial Grand Mercure International. C’est ce qu’a déjà Fleuve, vaste mall de 10 000 m2 où sont vérifié un autre nouveau venu dans JEUNE AFRIQUE
l’industrie des loisirs: le MTN Movies House, un cinéma inauguré il y a tout juste un an au Plateau des Quinze-Ans. Selon son opérateur, la société congolaise Cinebox, la fréquentation moyenne de la salle de 200 places a sensiblement augmenté depuis son ouverture. Dans les halls des hôtels, les rues passantes ou les centres commerciaux, des boutiquesindépendantesentoutgenreont elles aussi fait un effort d’aménagement et de qualité. L’accueil est plus chaleureux, les vitrines plus attirantes, l’offre plus diversifiée et, autre nouveauté, l’offensive du prêt‑à-porter made in Congo, telle la marque Nandjika, créée par Jacinthe Mackosso, qui mélange les styles et marie avec bonheur pagnes et autres textiles. Les créateurs ouest-africains prennent par ailleurs une place de plus en plus importantedansl’offrelocaleenvêtements et accessoires que l’on peut notamment apprécier chez Design Street, à Mpila. MANQUE À GAGNER. Les hôtels ont
eux aussi poussé comme des champignons. On en trouve désormais dans toutes les gammes, du plus modeste aux quatre- et cinq-étoiles, parmi lesquels le Pefaco Maya Maya, face à l’aéroport, le Ledger (ex-Méridien) et, en centre-ville, le Mikhael’s, sans oublier, au bord du fleuve, le Radisson Blu. Depuis son ouverture en 2015, ce dernier reste la vedette. Rien à redire sur le confort des chambres ou la qualité de la restauration et, pour prendre un verre, la terrasse avec vue imprenable sur le fleuve Congo est idéale, bien moins bruyante que le bar situé dans le hall d’entrée
MURIEL DEVEY MALU-MALU
Le Plus de JA Congo
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À la Fnac, au centre commercial Grand Fleuve.
de l’établissement. Inauguré la même baisse des tarifs, promotions (nuitées année, le Pefaco Maya Maya a su quant « spécial week-end » ou « mariage »), à lui se distinguer en ouvrant dans son locations de salles pour des réunions ou hall une galerie d’art, où l’on peut trouver des réceptions, suspension de certaines prestations… Toutes les solutions sont de magnifiques sculptures, des masques bonnes pour tenter de garder le cap et anciens ainsi que des toiles de peintres d’éviter la fermeture, parfois au détrilocaux contemporains. ment du standing, le nombre d’étoiles Si la conjoncture ne semble pas avoir trop entamé la dynamique affichées ne correspondant plus toujours à la qualité de consommation, force est Le concept de constater que, depuis d’appart-hôtel des services réellement fournis. un an, le secteur hôtelier est en train de Quelques propriétaires fait grise mine. Les voyages se développer. songent à transformer d’affaires, les forums et les leurs établissements en manifestations se raré« apparts-hôtels », un concept qui se fient. Les établissements ont vu leur développe dans la capitale, même si les taux de remplissage dégringoler, et leur chiffre d’affaires avec. Pour cerprix sont parfois exorbitants. Comme ceux tains, ce manque à gagner se cumule à du très luxueux et futuriste « residence d’importants arriérés de paiement dus hotel » Elbo Suites, ouvert mi-2016 au bord par l’État. Licenciement de personnel, du fleuve. Les suites tout confort, de 2 à 4 pièces, se louent entre 300000 et 1 million de F CFA (entre 457 et 1 525 euros) la nuitée, petit déjeuner compris. « Dans le contexte actuel, il faudrait ralentir la construction de nouveaux hôtels, au risque de voir mourir les autres », souligne un opérateur s’étonnant du maintien de certains projets, souvent haut de gamme, comme le Kempinski, toujours en chantier. Les professionnels attendent une stratégie touristique audacieuse, notamment sur les segments de l’événementiel et de l’incentive (séminaires d’entreprises à thème : aventure, écotourisme…), qui leur permettraient de trouver un nouveau souffle. Signe intéressant : les premières Assises nationales du tourisme congolais se sont tenues mi-juillet à Brazzaville. Le bar du Pefaco Maya Maya.
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MURIEL DEVEY MALU-MALU JEUNE AFRIQUE
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Pour les fans de détente et d’afterworks, qui plus est s’ils sont un tantinet gourmets et sensibles au cadre offert autour d’une table, la capitale congolaise réserve deux bonnes surprises. La première est le Mami Wata Beach (1) (petit frère du restaurant Mami Wata), qui est situé sur un banc de sable au beau milieu du fleuve Congo. On y accède par pirogue après cinq minutes de traversée. Une immense plage avec vue imprenable sur Brazza et sur Kin, des pédalos, deux terrains de foot, un de volley-ball, une table de ping-pong, une piste de danse… On peut s’y détendre, jouer, prendre un verre ou un repas, entre 10 heures et 22 heures en semaine, jusqu’à 2 heures du matin le week-end. On peut en profiter pendant la saison sèche (de juin à mi-octobre), car sinon l’île est recouverte par les flots tumultueux du grand fleuve. Non loin de là, sur la rive, près du Park’n’Shop, le D&D est devenu la coqueluche des expatriés. Ouvert de 19 heures à minuit, ce bar à vins et à tapas se distingue par sa décoration élégante et conviviale marquée du sceau de Corto Maltese, le célèbre personnage de BD.
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COUPS DE CŒUR
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Jusqu’au bout de la nuit… La jeunesse brazzavilloise dorée fréquente peu les bars – au mieux, elle va prendre un verre au bar du Pefaco, du Radisson Blu ou au Chicha Café –, mais adore aller en boîte de 23 heures à l’aube. Ses rythmes de prédilection : l’afrobeat, le R’n’B, la techno. Ses idoles : Beyoncé et Céline Dion. Et ses deux discothèques préférées du moment : le Palacio (2), au carrefour de l’avenue des Beaux-Parents et de la rue de la Mfoa, et Le Privé, près du marché Plateau-Ville. Les plus âgés préféreront L’Étoile, la discothèque du Radisson Blu, et les nostalgiques du Méridien (devenu Ledger) opteront pour Le Ram-Dam. M.D.M.-M.
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Le Plus de JA Congo SOCIÉTÉ
Une passion en toutes lettres
Poète et producteur de l’émission Cultura, diffusée depuis quinze ans sur Télé Congo, Sauve-Gérard Ngoma a l’art de partager son amour et sa connaissance de la littérature africaine contemporaine.
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’ai rencontré la plupart des grands auteurs congolais contemporains, de JeanBaptiste Tati Loutard à Henri Lopes, en passant par Alain Mabanckou », raconte Sauve-Gérard Ngoma Malanda. Et pour cause, ce passionné de littérature francophone a conçu, produit et anime depuis quinze ans Cultura : un rendezvous culturel hebdomadaire de quarantecinq minutes, diffusé chaque dimanche sur Télé Congo, la chaîne nationale. L’émission est bâtie autour d’une personnalité, généralement issue du monde littéraire, le pays étant célèbre pour ses hommes de lettres. « Environ 70 % de mes invités sont des romanciers ou des essayistes, les autres étant des artistes plasticiens ou des musiciens, surtout ceux tournés vers de nouveaux genres et vers la recherche musicale, précise le chroniqueur. J’ai, par exemple, eu l’occasion
de m’entretenir avec Papa Wemba sur la place de la littérature dans son œuvre. » Bien que majoritairement tournée et réalisée au Congo, l’émission sort régulièrement du pays. « Nous sommes, en effet, présents aux grands rendez-vous culturelsfrancophonesoulorsdesgrandes manifestations continentales, poursuitil. Nous avons, par exemple, tourné des émissions à Marrakech lors de la COP22 [fin 2016], à Kinshasa pour le sommet de la Francophonie en 2012, ou encore à Bangui pendant les festivités du cinquantenaire de l’indépendance. » L’équipe de Cultura est également présente chaque année au Salon du livre et au Marché de la poésie, à Paris. Si son auditoire est surtout composé d’unpublicaverti,Culturacompteausside nombreux néophytes parmi ses téléspectateurs, y compris des jeunes auteurs. En effet, l’émission se révèle être un catalyseur
– et un tremplin – pour ces derniers. « Je suis devenu une sorte de conseiller en écriture. Les jeunes qui produisent des romans ou des pièces de théâtre me sollicitent et me soumettent leurs manuscrits. Beaucoup d’entre eux se sont mis à écrire grâce à l’émission, souligne avec satisfaction l’auteur-producteur. Cultura a permis de démystifier le métier d’écrivain, de montrer que tous les sujets peuvent être abordés et que la matière première se puise dans la vie de tous les jours. »
Danse des silhouettes, Sauve-Gérard Ngoma Malanda, éd. Ndzé, collection « Les apprentis sorciers », 2015, 76 pages Rêves sur cendres, Sauve-Gérard Ngoma Malanda, éd. L’HarmattanCongo, 2012, 72 pages
L’auteur-animateur à Brazzaville, le 2 août. N 0 2953-2954 • DU 13 AU 26 AOÛT 2017
BAUDOUIN MOUANDA POUR JA
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« CHASSÉ-CROISÉ ». Sa passion pour l’écriture, ses quinze ans à la tête de Cultura, ses échanges avec nombre d’auteurs et de critiques de renom (comme les Français Jacques Chevrier, Arlette Chemain-Degrange et Roger Chemain) ont fait de Sauve-Gérard Ngoma Malanda un fin connaisseur de la littérature africaine francophone contemporaine. « Nous sommes passés de la quête identitaire, thème des années 1950-1960, aux désillusions de l’après-indépendance. Aujourd’hui émerge une littérature de la migration : on migre du nord vers le sud et inversement, en quête d’un eldorado, souligne Sauve-Gérard Ngoma. La diaspora, notamment, tente de reprendre sa place dans son pays d’origine. C’est un véritable chassé-croisé, fait aussi de déceptions. Ces thématiques sont souvent impulsées par les essayistes et reprises par les romanciers. Les femmes sont aussi de plus en plus présentes dans ce mouvement littéraire. » Ses compétences et sa notoriété ont valu à Ngoma de devenir conseiller aux lettres, à l’édition et à la vulgarisation littéraire au ministère congolais des Arts et de la Culture pendant six ans, avant de rejoindre le département de l’Économie forestière, où il est actuellement conseiller en communication. Des activités qui n’ont jamais entamé sa passion pour l’écriture et, surtout, pour la poésie. Il a déjà publié deux recueils (lire ci-contre), Rêves sur cendres et Danse des silhouettes, et en prépare un troisième : Là où la terre se referme encore. « Notre terre est blessée, mais elle cicatrise », murmure le poète. MURIEL DEVEY MALU-MALU JEUNE AFRIQUE