CÔTE D’IVOIRE
GABON Opposition, année zéro
BÉDIÉ S’EN VA-T-EN GUERRE
AFRIQUE DU SUD Génération Malema
DOSSIER CIEL AFRICAIN 10 PAGESI
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3015 DU 21 AU 27 OCTOBRE 2018
La prochaine élection présidentielle du 4 novembre permettra–t-elle de mettre un terme à la crise politique qui paralyse le pays depuis presque dix ans ?
MADAGASCAR
Les enjeux d’un scrutin ÉDITION MADAGASCAR
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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 birrs Grèce 4,80 €
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Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 4,80 €
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Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 6,10 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 3,50 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285
Le plus grand rendez-vous international des décideurs et financiers du secteur privé africain
Shaping the future of Africa
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KIGALI 25 et 26 mars 2019
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GRAND FORMAT
MADAGASCAR La possibilité d’une (grande) île
ARTUSH/SHUTTERSTOCK
Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays
Le 7 novembre, les citoyens se rendront aux urnes pour élire leur nouveau président. Avec l’espoir de mettre un terme à la crise politique qui mine le pays depuis 2009 et de consolider la reprise économique. jeuneafrique no 3015 du 21 au 27 octobre 2018
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ARCHITECTE DUBOIS & ASSOCIÉS
Futur terminal international d'Ivato Madagascar Mise en service prévue début 2020
Nouveau terminal international d'Ivato Madagascar État d’avancement des travaux de construction à fin août 2018
ARCHITECTE DUBOIS & ASSOCIÉS
Vue 3D de l’Aéroport de Nosy Be rénové Fin travaux vers la fin de l’année 2018
RAVINALA AIRPORTS développe les aéroports de Madagascar : ANTANANARIVO et Nosy Be Suite à un appel d’offre réalisé par l’Etat Malagasy, RAVINALA AIRPORTS, regroupant Meridiam, ADP International, Bouygues Bâtiment International et Colas Madagascar, a été sélectionné pour mener à bien l’exploitation, la maintenance, le développement et le financement des aéroports internationaux de Madagascar, notamment Antananarivo (Ivato) et Nosy Be (Fascène), pour une durée de 28 ans. Toutes les compétences nécessaires pour mener à bien ce projet y sont représentées : gestion d’aéroports, construction de routes et de bâtiments et investissements à long terme. Les sociétés membres de RAVINALA AIRPORTS ont une très forte expérience internationale et fournissent des services identiques dans nombre d’aéroports dans le monde. L’objectif de RAVINALA AIRPORTS est de développer la capacité de ces deux aéroports internationaux, de réaménager les installations existantes, de les remettre aux normes de sécurité et de protection de l’environnement, d’améliorer la qualité des
services aéroportuaires, de satisfaire les exigences des clients (compagnies aériennes, passagers, commerces, fret, Aviation Générale) afin d’accroître leur satisfaction de manière durable et participer au développement économique de Madagascar grâce à sa stratégie de développement de routes aériennes. Le projet fait actuellement travailler plus de 1 000 personnes directement et indirectement. Pour atteindre ses objectifs, RAVINALA AIRPORTS s’engage à faire un transfert d’expérience international auprès de ses collaborateurs. L’investissement global est de plus de 200 millions d’€. A l’issue des travaux de rénovation, les infrastructures aéroportuaires et les terminaux passagers seront neufs ou intégralement rénovés.
Contact : contact@ravinala-airports.mg Tél. : +261 20 22 537 34
Marwane Ben Yahmed marwaneBY
Il faut solder les comptes du passé eux qui attendaient un renouvellement de la classe politique malgache et de leurs dirigeants en seront probablement pour leurs frais. Sur les 36 candidats en lice pour le premier tour de la présidentielle du 7 novembre, pas moins de quatre anciens chefs d’État et trois ex-Premiers ministres. Andry Rajoelina (2009-2014), son meilleur ennemi Marc Ravalomanana (2002-2009) et Hery Rajaonarimampianina (2014-2018), les trois dernières personnalités à avoir occupé le palais présidentiel, sont logiquement favoris. Dans cet ordre d’importance, avec, semble-t-il, une certaine avance pour « TGV ». Face à ce trio, il ne faut guère attendre du vieil « Amiral rouge », Didier Ratsiraka (1975-1993, puis 1997-2002), 81 ans, qu’il puisse contester leur suprématie politique. Seuls le populiste évangélique André Christian Dieudonné Mailhol, dit Pasteur, et, dans une moindre mesure, le chanteur Zafimahaleo Rasolofondraosolo peuvent espérer peser sur le scrutin. Objectif : solder définitivement les comptes du passé, notamment entre les principaux protagonistes d’une décennie de crise, ce que l’élection de 2013, qui excluait la plupart d’entre eux, n’avait pas permis. Et, surtout, pouvoir enfin se pencher sur l’avenir de la Grande Île. Car, malgré une résilience évidente (un peu plus de 4 % de croissance depuis 2016 et des perspectives à moyen terme plutôt encourageantes), en grande partie grâce au dynamisme du secteur privé, l’économie
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106 ENJEUX
La bataille des ex
110 Interview
Jean-Éric Rakotoarisoa Président de la Haute Cour constitutionnelle
malgache est loin, très loin, d’exprimer tout le potentiel qu’on lui prête. Pour que, début janvier, celui qui sera élu puisse s’installer et travailler en toute quiétude, encore faudra-t-il qu’il puisse jouir de la légitimité que confèrent normalement les urnes. Comme dans la plupart des récents scrutins sur le continent (présidentielles au Mali ou au Cameroun, législatives au Gabon, locales en Côte d’Ivoire), nombreux sont les candidats qui contestent par avance la transparence du scrutin et assurent que, si quelqu’un d’autre qu’eux-mêmes venait à l’emporter, ce serait uniquement par le truchement de la fraude. Vingt-deux candidats ont exprimé leurs doutes. Un climat de suspicion qui jette un voile d’ombre sur l’après-scrutin. Mais, à Madagascar, quand le pire semble promis, le meilleur n’est jamais loin: une coalition d’institutions publiques et d’organisations de la société civile, avec le concours de la Commission électorale nationale indépendante, du Bureau indépendant anticorruption et de Transparency International, a élaboré une « charte de bonne conduite et d’intégrité des candidats pour une présidentielle apaisée ». Elle n’engage que ceux qui daigneront la signer, et encore. Mais cette initiative, aussi symbolique soit-elle, est le signe que les Malgaches, eux, entendent bel et bien tourner la page des crises à répétition provoquées par les différents acteurs politiques, tous bords et générations confondus. Et qu’ils seront vigilants. C’est une lueur d’espoir à ne pas minorer.
POUR AGIR EFFICACEMENT, LE FUTUR CHEF DE L’ÉTAT AURA BESOIN DE LA LÉGITIMITÉ QUE CONFÈRENT LES URNES.
112 Vie des partis
Horizon dégagé pour les côtiers
114 ÉCONOMIE Et pourtant, elle tourne…
118 Services
Allô la France, ici Madagascar !
122 SOCIÉTÉ Madagasc’art
126 Gastronomie Les tables de Tana
128 Musique
Rykala Vazo, trois filles dans le vent
Suivez toute l’actualité de Madagascar sur www.jeuneafrique.com
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Une nouvelle ère pour la production d’énergie La réduction des coûts de la production d’électricité par la transition énergétique et la lutte contre les fraudes sont les principaux défis lancés par la Jirama depuis un an. La société à participation de l’État ambitionne d’avoir un équilibre opérationnel à l’horizon de 2020. Depuis un an, plusieurs réformes ont été engagées afin de résoudre les problématiques de la production d’électricité. La Jirama a choisi d’accorder la priorité à l’hydroélectricité, compte tenu du potentiel énorme du pays. Plusieurs infrastructures, dont les centrales d’Andekaleka, de Mandraka, de Sahanivotry et d’Antelomita, ont été réhabilitées, ce qui a permis une augmentation de 31 % de la production d’électricité d’origine hydraulique à fin août 2018 D’autres projets sont également en cours. C’est le cas de Volobe à Tamatave (120 MW), de Sahofika (200 MW) et d’Antetezambato (100 MW). Ces infrastructures permettront de combler le déficit en électricité du réseau interconnecté d’Antananarivo (RIA). Il est à noter que la moitié de la production est alimentée par des sources thermiques. Dans la foulée, d’autres mini-projets sont prévus, entre autres, la mise en place d’une centrale à charbon de 60 MW dans le sud du pays et la construction d’un barrage pour la région SAVA. Outre l’hydroélectricité, le recours au fuel lourd pourrait réduire la perte engendrée par la Jirama dans la production d’électricité. Des centrales au fuel lourd de 165 MW sont mises en service comme celles de Mandroseza opérée par Symbion Power (40 MW), d’Ambohimanambola (60 MW) par AKSAF Power et de Jovena (65 MW). Par ailleurs, 4 groupes thermiques de la Jirama, abandonnés depuis plusieurs années, sont remis en état. Il s’agit du CTA2 Ambohimanambola (24 MW), d’un groupe de 7,5 MW à Antsirabe, de 5 MW à Toamasina et de 5 MW à Mahajanga.
• DES INVESTISSEMENTS DE GRANDE AMPLEUR La mise en place de centrales hybrides est également sur les rails, tel le site pilote de Maevatanana (1 MW). Qui dit hybride dit association de deux sources, thermique et renouvelable, pour la production d’énergie. « Nous visons 45 grandes villes, qui représentent 90 % des capacités hors Tana. Le début d’exploitation est prévu en avril 2019. L’hybridation présente certains avantages comme la réduction des coûts, elle peut varier de l’ordre de 20 à 30 %, et la stabilité de la fourniture d’électricité. Elle permet également de moderniser et de mettre aux normes les installations vétustes existantes » affirme Olivier Jaomiary, directeur général de la Jirama. En parallèle avec cette transition énergétique, la compagnie fournisseur d’eau et d’électricité investit davantage dans le renouvellement de son matériel vétuste. Pour donner un nouveau souffle aux petits sites, de nouveaux groupes électrogènes devraient être installés surtout dans les centres critiques du pays.
« La transformation de la Jirama est un marathon, pas une course de vitesse. » Hyacinthe Befeno Todimanana, président du conseil d’administration de la Jirama
COMMUNIQUÉ
« Priorité à la performance en matière de ressources humaines » Olivier Jaomiary, directeur général de la Jirama
BAISSE RÉGULIÈRE DES PERTES La direction générale de la Jirama observe une légère amélioration de sa situation après une année de dure bataille pour redresser les pertes subies par la société. Si celle-ci perdait environ 33 % de sa production à cause de la vente à perte, elle a pu rehausser de 16 % sa vente d’électricité en fin août 2018. Cette performance s’explique, notamment, par le début de branchement des 30 000 compteurs. La perte subie par la société dans la production d’énergie enregistre une baisse de 5 points en un an. La Jirama entend réduire ses pertes à 10 % d’ici 2020.
La subvention de l’État à la Jirama est en baisse. En 2017, celle-ci a atteint 450 milliards d’ariary sur la base du baril de 40 $. En 2018, elle est passée à 309 milliards d’ariary avec le baril à 45 $ et, en 2019, elle atteindra 269 milliards d’ariary pour un baril à 70 $. Cette mesure est prise afin de permettre à la société une autonomie financière à travers une gestion efficace des ressources et une économie d’énergie.
La lu utt tte ccontre ontre la fraud fraude de ett les branchements illicites est également une priorité. La direction générale de la Jirama collabore avec l’ensemble des parties prenantes (population, chefs de quartiers, communautés villageoises, etc.) dans la dénonciation de ces infractions. Pour la période 2017-2018, 47 000 clients, soit 10 % des abonnés, ont été concernés par des opérations de contrôle pendant lesquelles 5 000 anomalies ont été constatées. En outre, le projet PAGOSE (Projet d’amélioration de la gouvernance et des opérations du secteur électrique), financé par la Banque mondiale, se poursuit avec des innovations remarquables. Grâce à celui-ci, la Jirama peut désormais proposer à ses abonnés des compteurs prépayés et infalsifiables. Ceuxci sont surtout installés dans les petites et moyennes entreprises (PME) et diffèrent des compteurs traditionnels par le paiement de la facture qui s’étale sur deux mois. A fin juillet, 6 000 des 8 500 compteurs intelligents prévus avaient installés. L’objectif est, dans un premier temps, d’améliorer la qualité de service offert aux abonnés de la Jirama mais surtout de permettre à la société d’atteindre un équilibre opérationnel à l’horizon de 2020. Après un an à la direction générale la Jirama, Olivier Jaomiary demeure optimiste malgré les difficultés auxquelles il doit faire face. Fort de son expérience en matière de ressources
Olivier Jaomiary est en train de revoir toute l’organisation et la gestion des ressources humaines. « Nous allons mettre en place des indicateurs pour évaluer les performances et améliorer l’engagement des employés. Certes, cette approche est nouvelle mais il faut un travail de transformation. Nous sommes en train de casser les barrières pour qu’il n’y ait plus de contribution individuelle et d’équipe par rapport à la stratégie de la société » affirme le directeur général. Après avoir imposé cette dynamique des ressources humaines, la modernisation de l’administration devrait suivre avec, entre autres, l’intégration des nouvelles technologies de l’Information et de la communication (NTIC), considérées comme étant un outil de travail plus efficace.
• ÉVOLUTION DU TAUX DE RENDEMENT EN ÉLECTRICITÉ PÉRIODE
TAUX
31/12/2016
67 %
31/12/2017
67 %
31/08/2018
71 %
Prévision 31/12/2018
72,60 %
149 rue Rainandriamampandry Ambohijatovo BP 200 Antananarivo 101, Madagascar Tél. : 22 660 31 / 22 670 31 /22 674 26
www.jirama.mg
© JAMG/DIFCOM - PHOTOS : D.R. SAUF PORTRAIT DU PCA : TANTELY ANDRIAMALALA
SUBVENTION EN BAISSE
humaines, il a attaqué sa mission avec la mise en place d’une nouvelle organisation et la nomination de 19 des 22 directeurs dont 4 femmes et 5 en provenance de l’extérieur.
Grand format MADAGASCAR
ENJEUX
La bataille des ex
Le scrutin présidentiel doit permettre d’enfin tourner la page de la crise ouverte en 2009. Mais, à deux semaines du premier tour, les candidats – dont les trois derniers chefs de l’État – sont à couteaux tirés.
OLIVIER CASLIN, envoyé spécial à Antananarivo
S
«
i l’on mesure la bonne santé de la démocratie dans un pays au nombre de candidats à la présidentielle, alors elle se porte manifestement très bien à Madagascar », ironise un diplomate. Ils étaient 49 en 2013, ils sont cette année 36 prétendants, avec l’objectif de se qualifier au soir du 7 novembre pour pouvoir franchir la ligne d’arrivée en vainqueur le 19 décembre, date du second tour. « Beaucoup savent qu’ils n’ont aucune chance, mais ils se préparent à marchander leur soutien au second tour, contre un poste ministériel par exemple. Ou alors ils participent à une logique d’éparpillement des votes au profit de l’un des favoris », explique le représentant local d’une grande institution internationale. Quelles que soient les motivations de chacun, tout le monde a bien pris le départ de la course à la présidentielle le 8 octobre, jour dulancementofficielde la campagne,mêmesicertainspoids lourds étaient déjà partis à la rencontre des électeurs depuis plusieurs mois. Une liberté prise avec le calendrier déjà pointée en son temps par les petits candidats, mais qui n’a provoqué aucune réaction des différentes institutions de contrôle et d’organisation de ces élections, pour qui l’essentiel est ailleurs. Après des mois de tension, et alors que la rumeur d’un report éventuel du scrutin continued’êtreentretenueparunepartiedescandidats,lapriorité de Jean-Éric Rakotoarisoa, le président de la Haute Cour constitutionnelle (HCC), est bien d’« amener le pays jusqu’aux élections » (lire p. 110). Qu’importe si les listes validées fin septembre par l’OIF sont remises en question par une vingtaine de candidats, si la totalité des 25000 bureaux de vote n’est pas encore installée, si le second tour aura lieu en pleine saison humide, amplifiant les risques de fraude dans les zones reculées, « Madagascar aura bien un président élu en janvier », assure le gardien de la Constitution. Il peut compter sur le soutien du président d’une Commission électorale nationale indépendante réaffirmée dans son rôle par la visite des observateurs de l’OIF, mais déjà taxée de partialité malgré ses efforts de transparence, et sur un Premier ministre qu’il a contribué à installer au lendemain du « coup d’État constitutionnel », fin mai, pour justement remettre Madagascar sur la voie électorale. Il avait reçu pour cela l’aval de la communauté internationale, qui ne ménage pas ses efforts depuis le début de l’année pour s’assurer du bon déroulement des opérations et qui multiplie, ces dernières semaines, les missions sur place.
Affiches de campagne dans les rues d’Antananarivo.
RIJASOLO POUR JA
Coups tordus
Ces élections ne sont certes pas « une fin en soi », comme le rappelle le président de la HCC, mais, pour beaucoup d’observateurs malgaches et étrangers, « elles doivent permettre à Madagascar de tourner enfin la page de la crise ouverte en 2009 », résume Alphonse Maka, le président du Conseil de la réconciliation malgache (CFM), en première ligne des négociations ouvertes depuis de longs mois entre les trois anciens présidents. Car c’est bien d’eux qu’il s’agit: Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina et Hery Rajaonarimampianina, qui les a rejoints dans la course après sa démission le 7 septembre. Les multiples coups d’éclat et coups tordus entre les trois hommes rythment la vie politique
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malgache depuis 2002 (lire ci-dessous). Et la campagne en cours. Disposant de moyens financiers importants, ils sillonnent le pays et comptent sur la mémoire sélective de leurs compatriotes pour tenir une nouvelle fois le rôle d’homme providentiel d’un pays pourtant économiquement exsangue depuis vingt ans (lire pp. 114-116). Chacun annonce déjà une victoire que seules les malversations commises par d’autres pourraient leur retirer. Un discours jugé dangereux, car « il y aura forcément des déçus », insiste Alphonse Maka, qui, comme beaucoup, craint déjà une nouvelle crise postélectorale. À l’ombre de ce « combat des chefs », les autres candidats ont du mal à exister. Dans un pays où l’argent fait les présidents – Hery Rajaonarimampianina aurait selon l’UE dépensé 43 millions d’euros pour se faire élire en 2013 –, ils disposent de peu de visibilité. À deux exceptions près: le chanteur Zafimahaleo Rasolofondraosolo, dit Dama, qui s’appuie sur sa notoriété, et le populiste André Christian Dieudonné Mailhol, appelé Pasteur, qui compte sur son million de fidèles pour créer la surprise. La liste de ce dernier a d’ailleurs été créditée de plus de 8 % d’intentions de vote par divers sondages sur internet. Un score qui interpelle, « d’autant que, avec un nombre aussi important de candidats, 10 % peuvent suffire pour atteindre le second tour », calcule un expert international. Le fort taux d’abstention – les derniers chiffres tablent sur 47 % – pourrait aussi jouer en sa faveur, alors que même les bruits d’ingérence étrangère (lire ci-contre), n’arrivent pas à soulever les passions.
SOIF DE REVANCHE Au soir du 19 décembre, il n’en restera qu’un. Et il y a de fortes chances que ce soit l’un des trois ex-présidents en lice : Marc Ravalomanana, aux manettes de 2002 à 2009, Andry Rajoelina, qui lui a succédé à la tête de la transition de 2009 à 2014, ou Hery Rajaonarimampianina, élu fin 2013 et qui a démissionné pour pouvoir se représenter. Voilà des années que les trois hommes rêvent d’en découdre, sur fond de trahisons. Interdits de se présenter en 2013, au nom d’un « ni-ni » qui n’a rien résolu encore aujourd’hui, Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina vont enfin pouvoir régler un différend qui date de 2009. Le premier espère récupérer son empire industriel, confisqué depuis lors. Le second compte bien se refaire une virginité par les urnes et se débarrasser de l’étiquette de putschiste qui lui colle à la peau. Pour Hery Rajaonarimampianina, l’enjeu consiste davantage à confirmer sa stature d’homme d’État pour montrer qu’il n’est pas arrivé à la présidence par hasard. Une victoire l’émanciperait aussi définitivement de la tutelle d’Andry Rajoelina, qui a rappelé, dans le livre qu’il vient de publier, ce que lui doit son successeur. O.C.
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EN DÉBAT Trois îles, une ingérence? OLIVIER CASLIN
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omme à chaque période préélectorale, la question de la restitution des îles Éparses – Europa, Bassas da India et Juan de Nova, dans le canal du Mozambique –, conservées par la France après l’indépendance de Madagascar, s’invite dans la campagne. Le candidat le plus populiste et nationaliste des 36, André Christian Dieudonné Mailhol, appelé Pasteur par le million d’adeptes de sa secte, a déposé le 10 juillet une requête officielle pour la restitution des îles auprès de la Haute Cour constitutionnelle. Il aurait aussi envoyé une lettre à Emmanuel Macron. Plus surprenant, il affirme être soutenu dans sa démarche par… les Russes, qui financeraient sa campagne. En jeu, les réserves de pétrole et de gaz identifiées dans l’offshore très profond, autour de Juan de Nova. « Un puits de richesse sans fond », selon Mailhol, qui ferait saliver les majors russes comme Loukos
– dont des représentants ont été aperçus à Antananarivo en septembre – et Gazprom – qui a rencontré de nombreux candidats à la présidentielle malgache à Paris ces dernières semaines. Les Russes, sans que l’on sache très bien s’il s’agit du Kremlin ou d’acteurs privés, auraient aussi jeté leur dévolu sur une dizaine d’autres petits candidats, le plus souvent « côtiers », avec l’objectif de disperser les voix lors du premier tour pourdonnerplusdechances à leur réel favori, Hery Rajaonarimampianina. C’est d’ailleurs lui qui a remis le sujet des îles sur la table, à Paris, en 2016, avec François Hollande. Une réunion bilatérale a eu lieu entre administrations françaises et malgaches sans avancée notoire, les premières parlant protection de l’environnement, les secondes leur répondant développement économique. Un sens des priorités qui semble parfaitement convenir aux amis russes de Madagascar.
Grand format MADAGASCAR ENJEUX
INTERVIEW
Jean-Éric Rakotoarisoa
Président de la Haute Cour constitutionnelle (HCC)
« Il faut sortir de la psychose autour des élections » Propos recueillis par OLIVIER CASLIN
e 25 mai, la Haute Cour constitutionnelle (HCC) a fait bien plus que de statuer sur la demande de déchéance déposée contre le chef de l’État, Hery Rajaonarimampianina. Elle a sifflé le lancement de la campagne présidentielle. À ses conditions : une élection emmenée par un gouvernement de cohabitation, dans un contexte apaisé et avec des dates anticipées. Une intrusion sévèrement jugée par certains mais totalement assumée par Jean-Éric Rakotoarisoa, le président de la HCC. En prenant ses responsabilités, il estime avoir poussé les différents leaders politiques à prendre les leurs.
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Jeune Afrique : Pourquoi avoir pris une telle décision fin mai? Jean-Éric Rakotoarisoa : Madagascar
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risquait une nouvelle crise. Nous étions dans une impasse, nous pouvions perdre le contrôle de la situation si nous prononcions la déchéance du président. Il était même question d’un coup d’État militaire. Après 2002 et 2009, Madagascar ne pouvait se perdre dans une nouvelle aventure politique avec plusieurs mois d’instabilité. Il fallait ramener tout le monde à la raison. Nous avons joué notre rôle de régulateur des institutions, pour que le pays puisse aller aux élections. C’est aux Malgaches de trancher les litiges entre politiques.
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O LO P
Que répondez-vous à ceux qui estiment que vous êtes sorti de vos fonctions par un « coup d’État constitutionnel »?
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Nous avons pensé à l’intérêt supérieur du pays. Beaucoup critiquent, mais personne n’a proposé de solution. Nous avons consulté les envoyés de la communauté internationale, les chefs religieux et traditionnels, etc., pour apaiser le contexte préélectoral. Au vu des événements de ces derniers mois, je persiste à penser que c’était la bonne décision. Êtes-vous confiant quant à la tenue des élections aux dates convenues?
Nous mettons tout en œuvre, avec le gouvernement de consensus et la Commission électorale nationale indépendante, pour que ce scrutin se déroule dans les délais qui nous sont impartis et en garantissant le choix des électeurs. Notre objectif est d’avoir un président élu en janvier. Ce scrutin est donc une fin en soi?
Non, mais il faut banaliser les processus électoraux et sortir de la psychose entretenue par les responsables politiques. Non, les élections ne sont pas synonymes de crise à Madagascar. J’invite les différents candidats à faire preuve de prudence et d’humilité. Personne ne sait ce que feront les électeurs. Et certains risquent d’avoir de mauvaises surprises. À ce propos, l’interdiction de publier certains sondages, comme l’étude réalisée par laFondationFriedrichEbertfinseptembre, vous semble-t-elle une bonne chose?
Personnellement, je ne serais pas intervenu dans ce cas. Mais il y a un problème de maturité politique dans notre pays, et ce genre d’études n’est pas assez fiable pour que l’on prenne le risque de semer le trouble. Il y a tout un apprentissage à faire pour éviter les manipulations.
Grand format MADAGASCAR ENJEUX
VIE DES PARTIS
Horizon dégagé pour les côtiers OLIVIER CASLIN
epuis la défaite de Didier Ratsiraka, en 2002, aucun candidat issu des régions côtières n’a réoccupé le fauteuil de président de la République à Madagascar, abandonnant la fonction aux Merinas des hauts plateaux. L’année 2018 est encore loin d’être synonyme de reconquête pour les « côtiers », mais la multiplication des candidatures pourrait bien leur laisser une petite chance de victoire, s’ils arrivent à s’entendre entre eux et à laisser leurs ego au vestiaire. Plusieurs facteurs pourraient cette fois jouer en leur faveur. D’abord, le fait qu’ils n’étaient pas au pouvoir quand le pays s’enfonçait inexorablement dans une corruption aujourd’hui devenue endémique. Ensuite, ils semblent avoir tiré les leçons de 2013, lorsqu’ils avaient tous soutenu Hery Rajaonarimampianina sans jamais rien obtenir en retour, comme ses deux prédécesseurs avant lui. Pas question de répéter la manœuvre. De plus, plusieurs poids lourds côtiers se présentent: l’ex-président Ratsiraka – qui a surpris son monde en annonçant sa candidature dans les toutes dernières limites du
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temps imparti, le 21 août (lire encadré) –, son neveu Roland, candidat malheureux lors du scrutin de 2013, les anciens Premiers ministres Jean Ravelonarivo et Olivier Mahafaly Solonandrasana, ou encore le président démissionnaire de l’Assemblée nationale, Jean-Max Rakotomamonjy. « La logique voudrait que tout le monde se regroupe derrière l’ancien président, puisque c’est lui qui a favorisé, dans les années 1990, l’émergence d’une élite côtière, que les Merinas lui ont fait ensuite chèrement payer », rappelle un observateur éclairé de la scène politique malgache. Oseront-ils faire alliance sur un clivage sociologiquement bien réel mais qui reste tabou au sein de la population, puisque entretenu par la colonisation ? « Celui-ci correspond à une vraie différence historique entre les Noirs et les Blancs, situation qui peut être manipulable mais pas inflammable car elle ne repose sur aucune base ethnique, contrairement à ce qui se passe en Côte d’Ivoire par exemple », reprend notre expert. Peut-elle être suffisamment rassembleuse pour porter à nouveau un « côtier » au palais d’Iavoloha ? Réponse dans les prochaines semaines.
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Les candidats du littoral ont-ils une chance d’accéder à la magistrature suprême,pour la première fois depuis 2002? Oui, à condition de mettre leur ego de côté…
RATSIRAKA EN LICE
« Je me présente pour porter assistance à mon pays en danger. » C’est par cette formule que Didier Ratsiraka a justifié sa candidature à la présidentielle. Depuis, la formule tourne en boucle dans les médias. C’est qu’à 81 ans l’amiral semble avoir retrouvé une partie de l’aura du chef de l’État qu’il fut de 1975 à 1993, puis de 1997 à 2002. Au point d’apparaître ces dernières années comme le vieux sage d’une classe
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politique au sein de laquelle beaucoup lui doivent leur carrière. Le candidat de l’Arema a pourtant longtemps répété que le pays n’était pas prêt, « pas assez apaisé, renforcé » pour ce scrutin, qu’il était favorable à son report et à une nouvelle période de transition dont il se serait bien vu prendre la tête. Selon lui, Madagascar est toujours en phase de transition, « puisque l’accord
jeuneafrique no 3015 du 21 au 27 octobre 2018
de 2009 n’a jamais été respecté par [ses] deux successeurs ». Il estime Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina responsables de tous les tourments du pays, quand Hery Rajaona rimampianina bénéficie d’un a priori plus positif puisqu’« il a accepté de démissionner ». Lui assure revenir non pas pour se venger mais pour changer le système de l’intérieur. « Je ne peux plus arrêter le
processus en marche, je dois donc y participer », dit-il. Didier Ratsiraka n’a peut-être plus bon œil mais il a bien toute sa tête, comme il l’a prouvé lors du débat télévisé auquel il a participé le 5 septembre. Et il ne se fait aucune inquiétude sur sa forme physique – il dit faire trente pompes chaque matin –, malgré les mauvais coups qu’il s’attend à recevoir. O.C.
COMMUNIQUÉ
Pilier du système de santé publique à Madagascar
« Pour la santé du plus grand nombre » se formule sa devise, puisque toute la population malagasy sans exception bénéficie de son service, même celle située dans les zones enclavées. SALAMA est une référence en Afrique par son mode de management. En effet, elle fait partie des rares Centrales d’Achats certifiés ISO 9001 : 2015 parmi les 22 Centrales d’Achats membres de l’ACAME (Association Africaine des Centrales d’Achats de Médicaments).
Un partenariat réussi pendant les 22 années au service de la population malagasy Dans une seule vision de renforcer le système de santé à Madagascar, de nombreux bailleurs de fonds apportent leurs appuis à SALAMA. Cette année 2018, SALAMA vient d’être doté d’un nouveau siège réalisé avec l’appui financier de l’Union Européenne, à travers le programme PASSOBA Santé (Programme
d’Appui aux Secteurs Sociaux de Base), et de l’AFD. Ce nouveau siège a été construit suivant la norme internationale recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé pour une Centrale d’Achats de médicaments. Ce siège figure parmi les plus grandes infrastructures du secteur de la Santé
le Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, l’OMS, l’UNFPA, l’UNICEF, la Banque Mondiale, l’AFD, l’USAID en assurant des prestations de service consistant en l’achat, le stockage et la distribution des intrants des programmes destinés gratuitement à la population malagasy, tels que les médicaments de lutte contre le SIDA, la tuberculose, le paludisme et les produits de planning familial.
Des médicaments génériques pour tous
LE NOUVEAU SIÈGE DE SALAMA.
Publique et du secteur pharmaceutique à Madagascar, et même au niveau du continent Africain. Le montant global de la construction de ce site s’élève approximativement à 4 200 000 €. Ainsi, l’appui de l’Union Européenne représente 66 % de ce montant global. Pour sa part, la contribution de l’Agence Française de Développement est estimée à 12 %, et celle de SALAMA sur ses fonds propres à 22 %. Par ailleurs, la population malagasy, même dans les zones les plus reculées, bénéficie des médicaments distribués par SALAMA grâce aux 4 camions tout terrain, toujours dotés par l’Union Européenne.
SALAMA détient un rôle majeur dans le système de santé publique à Madagascar. Chaque année, les besoins en médicaments de la population malagasy sont réévalués, et des stratégies sont définies et mises en œuvre pour assurer la disponibilité permanente de ces intrants. Le volume des intrants de santé distribués témoigne de l’amélioration constante apportée par SALAMA dans la mise en œuvre de ses activités.
TAHINA ANDRIANJAFY, DIRECTEUR GÉNÉRAL.
Au-delà de sa mission principale, SALAMA collabore également avec de nombreux Partenaires Techniques et Financiers comme
ENTREPÔT DE MÉDICAMENTS. CAMIONS TOUT TERRAIN EFFECTUANT UNE LIVRAISON DANS LES ZONES DIFFICILES D’ACCÈS (CI-DESSOUS).
Lot III A 112 Anjanamasina Anosiala Ambohidratrimo - Antananarivo 105 Madagascar - BP 3697 Tél.:+261 34 97 469 24 /+261 34 13 469 25 /+261 34 13 469 26 - Email : salama@iris.mg – www.salama.mg
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR.
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a Centrale d’Achats de Médicaments SALAMA a été créée en 1996, par le Gouvernement malagasy avec le grand soutien des partenaires techniques et financiers œuvrant dans le domaine de la santé (Union Européenne, Banque Mondiale, Coopération Française…), en qualité d’Association à But Non Lucratif. SALAMA qui signifie « être en bonne santé » assure une mission délicate dont l’approvisionnement en médicaments essentiels génériques et en matériels médicaux, de bonne qualité et à prix abordables, de tous les centres de santé publiques, hôpitaux publiques et centres de santé privés à but non lucratif à Madagascar.
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Et pourtant, elle Le président sortant pourrait bien payer dans les urnes les promesses non tenues et les scandales de corruption à répétition. Ironie du sort : le pays se trouve de nouveau dans une bonne dynamique.
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est le FMI qui l’affirmait fin septembre lors de sa dernière mission à Madagascar: « La croissance économique se confirme et dépassera les 5 % cette année, soit le taux le plus élevé sur la dernière décennie ». L’économie malgache est bien en train de se redresser, après s’être retrouvée en état de mort clinique au lendemain de la crise de 2009 et des trois années de transition qui ont suivi. Qu’elle ait réussi à se relever, en quelques années seulement, confirme sa résilience mais démontre aussi tout le potentiel que le pays pourrait exprimer s’il était gouverné au nom du bien commun et non pas de quelques intérêts particuliers. Depuis son indépendance, Madagascar a pris la mauvaise habitude de dilapider les fruits récoltés durant les périodes de croissance, aucours de crises politiques auxeffetssouvent désastreux sur les grands indicateurs socio-économiques. Beaucoup ont commencé à craindre le pire après les affrontements meurtriers entre forces de l’ordre et opposants sur
Sur la côte orientale.
la place du 13-Mai, à la fin du mois d’avril. Mais les tensions politiques sont retombées ces dernières semaines, le pays marche d’un pas décidé vers les élections, et Madagascar a l’opportunité de se débarrasser de la triste spécificité d’être le seul pays au monde à s’appauvrir continuellement sans jamais avoir connu de guerre sur son territoire.
Inaugurations en série
Le pays est en effet dans une bonne dynamique : il a vu sa croissance doubler sur les cinq dernières années. Avec quelques retombées pour la population, dont le revenu moyen a progressé dans le même temps de 17 dollars (environ 15 euros), et ce malgré le trou d’air de 2015 provoqué par des conditions météorologiques calamiteuses. Élu en 2013 et en course pour un nouveau mandat, Hery Rajaonarimampianina aurait donc pu légitimement tirer quelques bénéfices électoraux de cette reprise. Mais son bilan économique ne semble pas devoir faire le poids face aux scandales de corruption qui se sont succédé durant les deux dernières années de son quinquennat, à son incapacité
La croissance malgache dégage incontestablement un parfum de vanille. Et pour cause, depuis 2003, la Grande Île fournit à elle seule près de 50 % des 8500 tonnes consommées annuellement dans le monde. Il est donc normal qu’elle profite de l’envolée des prix au kilo, passés de 50 à 400 dollars entre 2013 et 2017. « Et parfois même 600 dollars, aujourd’hui », témoigne un négociant local, abasourdi. La vanille est aujourd’hui la deuxième épice la plus chère au monde, derrière le safran. Malgré cette hausse, la consommation globale ne faiblit pas et permet à Madagascar, qui bénéficie d’un climat favorable et d’une main-d’œuvre très bon marché, d’imaginer d’autres STÉPHANE FRANCES/ONLYWORLD
tourne…
LA VANILLE, UN MARCHÉ FLORISSANT
lendemains qui chantent, alors que la vanille permet déjà depuis trois ans de combler une partie du déficit structurel de sa balance commerciale. Mais, si le pays veut pouvoir répondre à la demande, il doit finir de remettre en état les plantations dans ses zones de production du Nord-Est. En 2017, le cyclone Enawo aurait balayé plus de 15 % des surfaces plantées, provoquant des dégâts estimés par la Banque mondiale à plus de 160 millions de dollars. Mais les niveaux de prix actuels suscitent chez les paysans un engouement qui devrait permettre de combler les manques d’ici à trois ou cinq ans, le temps qu’arrivent les premières floraisons.
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à résoudre les problèmes de sécurité à l’encontre des éleveurs de zébu et des opérateurs économiques étrangers, et surtout à l’absence de redistribution réelle de cette croissance auprès d’une population dont 90 % vit encore avec moins de deux dollars par jour. « Trop de promesses non tenues », regrette le représentant d’une des grandes institutions financières internationales. Comme celle, annoncée dès son intronisation, d’apporter l’électricité à une majorité de la population. Cinq ans plus tard, seulement 15 % des Malgaches sont effectivement raccordés. « Hery » semblait pourtant avoir fait le plus difficile fin 2016, à Paris, en convainquant les grands bailleurs de revenir dans le pays. Mais l’incapacité des gouvernements successifs à identifier les projets structurants susceptibles d’absorber, dans un programme de développement construit et planifié, les 6,4 milliards de dollars promis par les partenaires multilatéraux empêche aujourd’hui l’ex-président de capitaliser sur ce qui ressemble pourtant à l’une de ses principales réussites sur le plan économique. Ces derniers mois, il a bien multiplié les inaugurations de routes, de ponts ou de terminaux aéroportuaires, « mais il est trop tard pour qu’il puisse en tirer le moindre bénéfice électoral », redoute l’un de ses conseillers. Pire, s’il n’est pas reconduit, c’est son successeur qui réceptionnera le terminal international flambant neuf de l’aéroport d’Ivato et le port de Toamasina, modernisé avec l’aide des Japonais pour un investissement de près de 640 millions de dollars. Soit le plus
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important réalisé depuis longtemps dans le pays. L’heureux élu profitera aussi d’un cadre macroéconomique bien plus solide qu’en 2013 : outre une croissance soutenue, une inflation – toujours dépendante des cours du riz – qui devrait se stabiliser autour de 7 % et une situation financière en nette amélioration. Cette dernière a bénéficié des effets conjugués d’une meilleure mobilisation des recettes, notamment fiscales et douanières, avec un taux de collecte passé de 9,3 % à 12 % entre 2013 et 2018, de bons chiffres commerciaux favorisés par la forte hausse des cours de la vanille (lire p. 115) et de la reprise des activités textiles à la suite de la réintégration du pays dans l’African Growth and Opportunity Act (Agoa) – un régime commercial préférentiel accordé par les États-Unis – début 2015.
Endettement soutenable
Résultat, la Banque centrale a pu reconstituer une partie des réserves en devise du pays, qui couvrent aujourd’hui
4,1 mois d’importation contre 2 mois cinq ans plus tôt, alors que l’endettement du pays, estimé à moins de 35 %, est « tout à fait soutenable », selon les experts du FMI. Au milieu de ce satisfecit général, le Fonds regrette néanmoins le manque d’investissement public dans les secteurs sociaux, dû essentiellement à une mauvaise orientation de certaines dépenses, à commencer par les subventions versées pour réguler le prix à la pompe ou pour maintenir la Jirama, la compagnie nationale d’eau et d’électricité, en état de fonctionnement. La question de sa privatisation, comme celle d’Air Madagascar (lire ci-dessous), devrait rapidement s’invitersurlebureauduprochainchefdel’État.Toutcomme les dossiers de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption. Madagascar a encore chuté de dix places dans le dernier classement de Transparency International. Difficile dans ces conditions de faire revenir les investisseurs privés étrangers qui, à l’exception des Chinois, continuent de bouder la Grande Île… malgré son potentiel.
En novembre 2017, à la suite d’un pro ce s sus engagé par la Banque mondiale, Air Madagascar – sorti en 2016 de la liste noire de l’UE – signait un partenariat stratégique avec la compagnie française Air Austral, implantée à La Réunion. Objectif: remettre à flot, en trois ans, le pavillon malgache, jadis « phare de l’océan Indien ». L e s d e u x o p é r a te u r s veulent mutualiser leurs moyens de maintenance, d’approvisionnement en kérosène et harmoniser leurs flottes. Ils comptent aussi sur la complémentarité des deux hubs de La Réunion et d’Antananarivo, ainsi que sur l’attractivité touristique de la Grande Île. Près d’un an plus tard, les résultats sont là, soulignent Marie-Joseph Malé, PDG d’Air Austral, et Rolland B e s oa Razafimaharo, directeur général d’Air Madagascar. Les équipes
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TEZA RAMIANDRISOA
Une bouffée d’oxygène pour Air Madagascar
En décembre, la compagnie lancera la liaison Fort-Dauphin-Tuléar-La Réunion.
commerciales travaillent désormais de conserve. Le passage de deux à cinq fréquences long-courrier hebdomadaires vers la France (dont une vers Marseille) s’est soldé par une belle saison cet été. Le deuxième Airbus A340, cloué au sol depuis un an, a même repris du service. Et près de 1 million d’euros d’économies ont déjà pu être réalisées. Alors qu’un cinquième ATR devrait intégrer sa
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flotte en mars 2019, Air Madagascar a lancé en juin sa filiale domestique, Tsaradia. Aprè s cinq mois de négociations, 207 employés ont été transférés depuis la maison mère et 255 embauches supplémentaires sont prévues. Le 3 décembre, la compagnie lancera la liaison Fort-DauphinTuléar-La Réunion, exploitée par les deux partenaires, pour désenclaver le grand sud malgache.
Mais Marie-Joseph Malé et Rolland Besoa Razafimaharo attendent un soutien sans faille des autorités. Alors que le gouvernement malgache doit rester majoritaire dans le capital de l’entreprise, Air Austral est actionnaire à hauteur de 39 %, et doit monter à 49 %. L’opérateur français a promis 40 millions d’euros pour sauver son partenaire. Quinze ont déjà été versés. Le solde, apporté par l’AFD, attend encore de l’être. Le temps sans doute de mesurer l’impact de la fréquence accordée par la Grande Île à Ethiopian Airlines pour relier Addis-Abeba à Antananarivo et Nosy Be. Le candidat malheureux à la reprise d’Air Madagascar a cassé les prix et transporte aujourd’hui 90 % des passagers en provenance de France. De quoi remettre en question la viabilité du plan de relance du pavillon national? RÉMY DARRAS
Group
IMMOBILIER
IMPORTATION
INDUSTRIE
DISTRIBUTION
EXPORTATION
Premier producteur local de lait UHT sous la franchise Candia aux normes internationales et de jus de fruit
Premier producteur local de pâtes alimentaires, en partenariat avec Panzani France
Chaine de distribution, exportation de produits locaux (raphia, cire d'abeille, girofle), fabrication de matelas mousse
Distributeur exclusif de marques de renommée internationale comme Lesieur, Panzani, Candia, Molfix, Jadida, Danica
CONTACT : INFO@HABIBO.MG
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SERVICES
Allô la France, ici Madagascar !
Depuis que l’île est raccordée au reste du monde par des câbles sous-marins, les opérateurs s’y pressent. Et profitent de l’enthousiasme des jeunes actifs, nombreux à vouloir intégrer leurs centres d’appels. OLIVIER CASLIN
ans le chaos environnant, la zone commerciale Galaxy, située dans la lointaine banlieue de la capitale, ressemble à une Silicon Valley malgache. Sur le côté droit de l’avenue goudronnée qui traverse le parc, se succèdent les immeubles bien ordonnés de la série Kube, où sont regroupés les sièges sociaux de certains des plus importants acteurs malgaches dans les secteurs des télécoms, de l’immobilier, de la finance ou des énergies renouvelables. Plus loin, passé les parkings et les petits massifs de pelouses, de vastes bâtiments en tôle abritent les représentants locaux des plus grands groupes de centres d’appels francophones, qui, depuis un peu plus de cinq ans, ont fait de Madagascar leur nouvel eldorado. Dans le vaste open space, l’ambiance décontractée n’est pas sans rappeler celle de la cafétéria d’un campus universitaire. Normal, « beaucoup des gens qui travaillent pour nous sont encore étudiants », explique Igor Gonedec, directeur du site malgache de la société Odity, l’un des premiers opérateurs à avoir fait le choix de s’implanter dans le pays, en 2011. Avec l’arrivée des câbles sous-marins, qui ont connecté l’île au reste du
Davantage d’empathie
RIJASOLO POUR JA
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monde, d’autres ont suivi, dont certains grands noms du secteur, comme la multinationale Teleperformance ou Intelcia, à qui SFR sous-traite tous ses services externalisés (plateforme d’appels, gestion de sites internet, etc.). « En tout, une quinzaine de structures, représentant près de 10000 emplois », précise Julien Marchand, directeur général de Webhelp, l’un des plus grands opérateurs de la place, avec 1300 conseillers. Comme ses concurrents, il travaille pour le compte des grands noms de l’e-commerce et de la vente par correspondance, de la banque et de l’assurance, des médias et de la communication, et même pour les réservations en salle de certains restaurants parisiens.
Opérateurs d’Odity, l’un des premiers à s’être implantés dans le pays, en 2011.
« L’accent malgache se perçoit à peine et il est difficilement identifiable », explique Igor Gonedec. Et ses employés locaux semblent montrer davantage d’empathie que leurs collègues de Tunisie, autre place forte francophone des centres d’appels, pour un coût quatre fois moindre. Certes, leur productivité est pour l’instant deux fois inférieure, mais ils montrent beaucoup d’entrain dans leur travail. « Ils ont une image valorisante de leur fonction, contrairement aux employés de certains pays qui font cela depuis vingt-cinq ans », explique Igor Gonedec. « Nous avons encore besoin de monter en compétence, mais un palier a été atteint qui satisfait nos clients », confirme Julien Marchand. Pour gagner en maturité, le secteur doit policer certaines de ses pratiques, comme celle qui consiste à débaucher les meilleurs éléments de la concurrence, notamment dans l’encadrement intermédiaire. « Il faudrait éviter que le secteur ne se transforme en Far West », espère Julien Marchand. Ne serait-ce que pour les jeunes Malgaches, qui voient aujourd’hui dans le secteur l’un des moyens les plus sûrs de faire leur entrée dans le monde du travail.
RIJASOLO POUR JA
Joséphine Andriamamonjiarison
Présidente du Groupement des entreprises de Madagascar (GEM)
« Le futur président devra laisser les entreprises travailler »
À l’approche du scrutin, dans quel état d’esprit se trouvent les entreprises? Elles souhaitent vite sortir de cette période de flottement qui entraîne toujours plus de tracasseries administratives et fiscales, alors qu’elles sont déjà confrontées à une forte corruption. Il y a eu un léger mieux ces cinq dernières années, mais beaucoup de réformes restent à faire. Qu’attendez-vous du prochain président? Qu’il laisse les entreprises travailler. Nous n’avons pas
besoin de subventions mais d’un environnement des affaires qui facilite la liberté d’entreprendre et permette au secteur privé de contribuer au développement.
le jour, les entreprises ont renoué avec les bons résultats. L’année 2018, avec son contexte préélectoral, est plus incertaine. J’espère que 2019 nous permettra de retrouver la stabilité.
Après bientôt dix ans d’instabilité, les entreprises démontrent une certaine résilience. Pourquoi ? Nous ne sommes toujours pas sortis de la crise de 2009, mais Madagascar dispose d’un énorme potentiel. En 2017, quand la situation s’est stabilisée et que les premiers projets financés par les bailleurs ont commencé à voir
Le GEM soutient-il un candidat en particulier? Nos statuts nous l’interdisent. Mais nous attendons de savoir quels seront les deux participants au second tour pour leur faire part de nos revendications. Propos recueillis par OLIVIER CASLIN
Permettre et faciliter l’accès aux produits de santé à Madagascar Créée en 1952 avec le Pr RATSIMAMANGA, la Société OPHAM, est un acteur majeur de la distribution de produits et services pharmaceutiques à Madagascar. Forte de son savoir-faire aux normes internationales avec la certification ISO 9001:2015, elle assure la traçabilité complète des produits du laboratoire fabricant jusqu’aux professionnels de la santé.
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istribuer des produits de santé dans des pays d’Afrique demande une expertise logistique, avec le défi de proposer au plus grand nombre des produits adaptés, répondant aux normes de qualité, conformément aux réglementations sur les Bonnes Pratiques de Distribution des médicaments. OPHAM, leader sur le marché privé, dispose d'une véritable plateforme logistique avec une capacité de stockage de
6 000 m2 à température dirigée, conçue dans le respect des normes internationales et permettant de répondre aux urgences et aux besoins de toutes les entités de la santé publique sur toute l'île de Madagascar. Afin de garantir la disponibilité et l'accès de la plus large collection de produits pharmaceutiques du territoire malgache, OPHAM,a tissé des partenariats avec les plus grands laboratoires fabricants internationaux en proposant une large palette d’interventions qui vont de l’enregistrement des produits, jusqu’à l'information des médecins en passant par la distribution dans les pharmacies et les établissements de santé.
Nos 100 délégués médicaux se déploient chaque jour sur toutes les régions de Madagascar et nous innovons avec une base de données pharmaceutique en ligne (application androïd FANAFODY) permettant l’accès à l’information sur les médicaments et les nouvelles molécules.
OPHAM, en tant qu’acteur majeur de la santé, souhaite faire évoluer l'accès aux soins et aux médicaments à Madagascar, grâce à des compétences d’hommes et de femmes toujours plus adaptés, avec l’objectif de rendre simple et fluide l’accès aux produits de santé à Madagascar.
OPHAM - Ankorondrano Lot IV0 222, Rue Rainivohitriniarivo, Tananarivo 721, Madagascar - Téléphone : +261 20 22 206 73 - www.opham.com
LA DOUANE MALAGASY FACILITE LES ÉCHANGES TRANSFRONTALIERS UNE PRÉROGATIVE DEVENUE PRIORITÉ DU DÉVELOPPEMENT NATIONAL
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u cours des dernières décennies, les volumes de marchandises franchissant les frontières ont connu une croissance exponentielle du fait de l’évolution du commerce international avec l’apparition du commerce électronique. Il s’en est créé une interdépendance des économies, ayant mené la réflexion des organisations internationales (OMC et OMD) sur le besoin d’instauration d’un dispositif de facilitation des échanges. C’est ainsi qu’a été mis en place l’AFE (Accord pour la facilitation des échanges) par l’OMC, destiné à « stimuler le commerce mondiale en accélérant le mouvement de la mainlevée et le dédouanement des marchandises, y compris les marchandises en transit ».
L’enjeu est de taille et les administrations douanières jouent un rôle de premier plan. Il a été démontré que le délai de peut avoir une incidence considérable sur la compétitivité économique d’un pays, constituant un frein ou un booster c’est selon aux investissements. Pour le cas de Madagascar, depuis la ratification de l’accord en juin 2016, le Comité national sur la facilitation des échanges (CNFE) est actuellement fonctionnel. La douane malgache a pris conscience de cet impératif il y a déjà plusieurs années et c’est de là qu’est née la collaboration avec GasyNet à travers un partenariat technique ayant permis de
mener à bien ses réformes de modernisation et de dématérialisation. Les résultats sont aujourd’hui palpables avec un délai de dédouanement passé de plus de 20 jours ouvrables avant la mise en place de TradeNet à une moyenne de 3,5 jours actuellement, et une augmentation des recettes de 119 % si l’on considère la période 2014-2018 : soit 732,8 milliards d’Ariary perçus en août 2014 contre 1 600,7 milliards d’Ariary en août 2018. Le processus de Facilitation des échanges n’est donc pas nouveau à Madagascar, en effet avant la mise en œuvre effective de l’AFE à Madagascar, la Douane Malagasy a déjà entamé les initiatives suivantes sous l’égide de l’OMD :
• Le Guichet unique électronique TradeNet lancé en 2009 en partenariat avec la société GasyNet qui est une compagnie de droit Malagasy. • L’Observatoire du délai de dédouanement (ODD), mise en place afin de résoudre les problèmes de performances des parties prenantes engagées dans le processus de dédouanement. • Le Processus accéléré de dédouanement (PAD) pour faciliter les opérations douanières de quelques compagnies qui sont en règles vis-à-vis de l’Administration Douanière.
Port Toamasina, Terminal à conteneurs.
Mais l’intensification de la fraude et du commerce illégal constituent le revers de ce développement du commerce, la mission douanière de protection a donc été proportionnellement renforcée. Évidement les conditions d’efficacité de ces contrôles sont encore tributaires de quelques paramètres à Madagascar entre autres : le renforcement des capacités et des prérogatives des agents des douanes, la prolifération du secteur informel, le faible taux de bancarisation, la non traçabilité de certaines opérations de paiement à l’étranger et surtout, la résistance des entités contrôlées face aux contrôle douanier. Des perspectives pour les années à venir sont en gestation pour consolider les acquis : des projets en matière de renforcement de la sécurité marine, la mise en place d’une brigade cynophile, la mise en place d’un centre de liquidation à Antananarivo pour désengorger les bureaux.
DIRECTION GÉNÉRALE DES DOUANES Rue Général RABEHEVITRA, Antaninarenina - Antananarivo 101, Madagascar - www.douanes.gov.mg
De gauche à droite, les deux co-présidents du CNFE Mcar, Andry Tiana RAVALOMANDA, Directeur général du commerce extérieur et Eric Narivony RABENJA, Directeur général des douanes.
Photo de famille : atelier de validation de la feuille de route nationale de la mise en œuvre de l’AFE Mcar.
PUBLI-INFORMATION
PARTENAIRE DE CONFIANCE
EN MATIÈRE DE GUICHET UNIQUE ÉLECTRONIQUE
G
ASYNET est née d’un partenariat public privé entre le Gouvernement de la République de Madagascar et la SGS Société Générale de Surveillance. Elle a été mise en place pour mobiliser les ressources et promouvoir une utilisation poussée des technologies de l’information tant au niveau du secteur public que du secteur privé.
La tendance est actuellement à l’utilisation des technologies de l’information par les Administrations. GASYNET propose une solution complète de guichet unique électronique visant à apporter ; modernité ; sécurisation ; amélioration des per formances et une véritable évolution vers la dématérialisation.
LE GUICHET UNIQUE ÉLECTRONIQUE TRADENET : • Système basé sur des infrastructures robustes. • Couverture géographique nationale. • Transparence au niveau des procédures et des délais. • Plus de 400 entités connectées avec plus de 3 000 utilisateurs actifs. • Plus de 2 500 autorisations électroniques par mois, émis par les Ministères et les agences de contrôle.
Mr Cédric Catheline, Président Directeur Général de GASYNET Comment décrirez-vous la Douane Malgache ? La douane malgache est une administration qui a connu un saut technologique très important ces dix dernières années. Elle a une vision très claire de sa mission, de ce qui lui reste à accomplir et elle se donne les moyens d’y parvenir. Il n’est donc pas étonnant qu’elle fasse partie des références, en Afrique en tous cas. Quand on se dit qu’en 2014 les procédures étaient encore papier… et que maintenant elles sont toutes dématérialisées... Nous en tous cas, sommes fiers de ses réalisations et du partenariat qui nous lie.
Comment peut-on résumer de façon concise le rôle de GasyNet, sa mission ? La mission qui nous a été assignée est de mettre en œuvre les outils et les technologies nécessaires suggérés par la stratégie de modernisation de la douane. Il s’agit principalement du guichet unique électronique, dont la première étape est le Bordereau de Suivi des Cargaisons, puis des scanners. Les objectifs sont la modernisation, la facilitation des procédures et la sécurisation des recettes. A première vue cela peut paraitre aisé, mais dans la réalité, il ne suffit pas de mettre en place un système, encore faut-il pouvoir s’assurer qu’il soit fonctionnel en toutes circonstances. Et donc, cela exige la mise en place de toute une infrastructure: salles serveurs aux standards internationaux, couverture nationale du réseau, back-ups pour la sécurisation des données, groupes électrogènes et onduleurs sur les sites clés pour pallier aux coupures de courant. Et pour terminer il faut pouvoir faire la maintenance de toutes ces infrastructures: serveurs et scanners en particulier, et ce dans des environnements qui peuvent être particulièrement agressifs : chaleur tropicale, environnement marin, etc. Aujourd’hui, nous avons plus d’une vingtaine d’entités et Ministères interconnectés sur le Guichet Unique, il faut être le plus proactif possible et anticiper tout problème éventuel pour permettre aux pouvoirs publics d’assurer leur service en toute circonstance. C’est C est tout cela le l rôle de GasyNet !
MALAGASY COMMU NITY NETWORK SERVICESS S.A.. (MEMBRE DU GROUPE SGS)
GASYNET Immeuble Ariane 5A, Enceinte Galaxy Andraaharo BP 1430 - Antananarivo 101 Madagascar Tél. : +261 20 23 564 10 Fax : +261 20 23 564 14 4
www.gasynet.com m
C’est clair qu’une étape e imp po ortante a été faite avec l’informatisation de u guichet unique électronique TradeNet et la la douane, la mise en pla ace d du dématérialisation. Mais lles efffforts doivent être poursuivis, car cette même dématérialisation sollicite plus de d ressources, sur le stockage et la sécurisation des données en particulier.. Le commerce internation nal est chaque jour de plus en plus exigeant. L’accord nges nous donne un aperçu très clair de ces sur la facilitation des écha an ollaboration entre les différentes administraexigences : renforce er la cco tions, continuer dans le e ssens de la dématérialisation et du paiement électronique, réduiire le e ttemps nécessaire à la mainlevée, réduire les édure, etc. coûts associés à la proccé nous continuions à avancer, à interconnecter En somme, il faut que n pgrader les systèmes, à améliorer les outils, toutes les entitéss, à u up à affiner la gestio on de es risques… du moins, si on veut continuer à mances et surtout soutenir la compétitivité améliorer nos perforrm aches. des entreprises m malga
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Quelles sont les persp pectiiv ves d’après vous ? Tout n’a-t-il pas déjà é été ffa ait ?
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SOCIÉTÉ
’ c s a g a d a M OLIVIER CASLIN
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’abord une lumière crue, puis rien que la pénombre, avant qu’une image fortement pixélisée n’apparaisse sur le mur. « Bonjour depuis Paris. Je vais être votre guide pendant les quarante-cinq prochaines minutes », s’exclame une voix de moins en moins digitalisée, à mesure que la projection devient nette. La première visite virtuelle de l’exposition « Madagascar, arts de la Grande Île » – actuellement et jusqu'au 1er janvier 2019 au Musée du quai Branly-Jacques-Chirac, peut démarrer. Dans la salle, une centaine de personnes fascinées. Le silence n’est interrompu que par des murmures d’émerveillement, parfois d’amusement en entendant la prononciation malgache aléatoire de la conservatrice. Quand la lumière se rallume, tout le monde semble encore avoir des étoiles plein les yeux. Le temps sans
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doute de bien comprendre qu’ils sont toujours dans les locaux de la Fondation H, sur la zone commerciale Galaxy, installée en périphérie d’Antananarivo. Le propriétaire des lieux et fondateur du groupe Axian, Hassanein Hiridjee, est également l’un des principaux mécènes de l’exposition organisée à Paris (lire p. 124). Pour partager sa passion de l’art, il a obtenu l’autorisation d’organiser quatre projections réservées à quelques centaines de ses collaborateurs, ainsi qu’à une partie des élèves du projet scolaire Sekoly Telma, soutenu par Axian. « Il fallait absolument montrer aux Malgaches ce que peuvent actuellement voir les Parisiens », explique le promoteur de la soirée. Et ce n’est pas son heureux public qui dira le contraire.
Moins ethnologique, plus artistique
« Vingt-cinq millions de Malgaches sur les bords de la Seine », avait titré la presse locale le 18 septembre, jour de l’inauguration. Un événement culturel à la mesure de l’attente de tout un pays, puisque le dernier hommage de ce genre a eu lieu à Paris en 1946… quatorze ans avant l’indépendance de la Grande Île. Nul doute que la scénographie et le cheminement choisis par Aurélien Gaborit, commissaire de l’exposition et responsable des collections Afrique du Musée du quai Branly, différent de ceux de cette époque. Moins ethnologique et plus artistique, enfin. « L’art du bel objet, raffiné, délicat, résume Aurélien Gaborit. » Qu’il soit usuel ou spirituel, personnel ou collectif, ancien ou contemporain, puisque l’exposition met également en lumière les artistes d’aujourd’hui, dont le travail perpétue les traditions, par-delà les générations. La visite commence justement en replaçant la Grande Île dans le temps et dans l’espace. Sans doute pour mieux souligner son « caractère exceptionnel ». L’occasion
CLAUDE GERMAIN/MQB
Jusqu’au 1er janvier, le Musée du quai Branly met en lumière les trésors du patrimoine artistique et culturel malgache. À la fois sur les bords de Seine et, grâce à la technologie, à Antananarivo.
L’événement « Madagascar, arts de la Grande Île » réunit près de 360 pièces.
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de revenir sur les influences diverses, africaines, asiatiques ou océaniennes, illustrées par quelques pièces de monnaie en bronze de Zanzibar, des perles de verre en provenance de Perse ou encore des bols en porcelaine de Chine, venus s’échouer au fil des siècles sur ses plages...
Culte des ancêtres
La très grande majorité des 360 pièces sélectionnées ne remontent pourtant pas au-delà du XIXe siècle, l’âge d’or des royaumes merinas des hauts plateaux. La période de la colonisation, qui a suivi, est en revanche quasi absente des vitrines, en dehors de quelques films ethnographiques. Aurélien Gaborit a pris le parti de nous faire découvrir la société malgache. Les symboles du pouvoir, en argent et avec des dents de crocodile, témoignent de la puissance de la cour ; les hauts chapeaux en paille de riz et les pièces de textiles finement exécutées, de l’aisance
de la bourgeoisie hova ; les mortiers en pierre et les ustensiles en corne de zébu, de la frugalité des paysans. Nous pénétrons à l’intérieur des maisons comme des palais pour nous rendre compte que le monde des vivants est intimement lié à celui des morts, selon le grand ordonnancement de la cosmogonie malgache. Comme après un rite de passage, les dernières salles sont entièrement tournées vers le sacré. Talismans et amulettes de protection, poteaux aloalo emblématiques, châles somptueux pour envelopper les défunts, confirment l’importance du culte des ancêtres sur l’île. Hier comme aujourd’hui. « À Madagascar, on peut rater sa vie mais pas sa mort », assure un adage populaire. L’art funéraire est donc, lui aussi, un reflet de la société malgache, que cette exposition – la plus importante jamais consacrée à un pays africain depuis l’ouverture du Musée du quai Branly, en 2006 – rend enfin accessible au grand public. Dans toute sa diversité.
Hassanein Hiridjee
ERIC LEFEUVRE
PDG d’Axian et mécène
« C'est un motif de fierté pour le pays »
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À 43 ans, Hassanein Hiridjee est bien sûr un homme aux affaires florissantes, mais également un amateur d’art, plus particulièrement contemporain. À travers la Fondation H, qu’il a créée en 2017, il soutient plusieurs artistes prometteurs d’Afrique et de Madagascar. Il n’a donc pas hésité une seule seconde lorsqu’il a été sollicité pour prêter quelques-unes de ses œuvres au Musée du quai Branly - Jacques-Chirac. Il sait quelle opportunité cela représente pour Madagascar et pour l’art de la Grande Île.
est-elle si importante pour Madagascar ? C’est la première exposition organisée à Paris en l’honneur de Madagascar depuis soixante-douze ans. La première depuis la fin de l’époque coloniale. Et c’est également la plus grande jamais consacrée à un pays africain depuis l’ouverture du Musée du quai Branly. Plus de 350 objets ont pu être rassemblés. Cela a été l’occasion de réunir des pièces uniques, mais aussi de découvrir certains objets, leurs fonctions. C’est enfin la reconnaissance de l’art malgache, dans toute sa singularité.
Pourquoi, selon vous, cette exposition
Comment lui apporter davantage de visibilité ?
jeuneafrique no 3015 du 21 au 27 octobre 2018
Il lui faut des lieux d’exposition, des musées. Les artistes doivent être formés et guidés. Ils le demandent d’ailleurs eux-mêmes. Il nous manque un écosystème de l’art, regroupant les artistes, les pouvoirs publics, les galeristes ainsi que les médias. Nous avons des artistes de très grand talent sur l’île, mais ils doivent pouvoir exposer, se confronter. C’est l’objectif de notre concours Paritana, lancé il y a deux ans, dont le Premier Prix est exposé à Paris. Et les dix lauréats de la prochaine édition auront la chance de pouvoir être accompagnés par un formateur. L’idée serait de jeter les
bases d’une école d’art, d’une structure pérenne. Vous organisez dans vos locaux, à Antananarivo, plusieurs conférences en ligne et en direct du QuaiBranly pour le personnel d’Axian. C’est important pour vous de partager cette expérience? Comme toutes mes actions de mécénat, celle-ci répond à un devoir de transmission. Cette exposition doit être partagée avec tous les Malgaches. Madagascar brille aujourd’hui à Paris, et ils doivent pouvoir voir cela. C’est un véritable motif de fierté pour le pays. Propos recueillis par OLIVIER CASLIN
Relation Client : LA PROFESSION S’ORGANISE Le Groupement des Professionnels de la Relation Client, association professionnelle ayant pour vocation d’organiser la profession et le secteur est en train de voir le jour à Madagascar. L’objectif ? La formation des salariés !
Le choix de plusieurs entreprises malgaches ainsi que de grands groupes français et internationaux spécialisés dans l’outsourcing de s’installer dans la Grande Île, s’explique simplement : offrir à leurs clients donneurs d’ordre des services de qualité. Ainsi il n’est pas rare de trouver des services clients de marques ou enseignes françaises implantés sur les terres malgaches. Le Groupement des Professionnels de la Relation Client à Madagascar qui est encore au stade de création, compte pourtant déjà 6 membres actifs : Comdata, Eufonie, Intelcia, Téléperformance, Vivetic, Webhelp. Plusieurs autres marques ne tarderont pas à prendre place dans l’organisation, dans les mois à venir. L’objectif même de cette association est d’organiser la profession et le secteur. De nombreux projets vont voir le jour au travers de ce groupement, notamment, la création d’un centre de formation aux divers métiers de la Relation Client, qui sera un atout majeur pour le pays.
L’ATOUT LINGUISTIQUE
COMMUNIQUÉ
Les emplois proposés par le Groupement seront essentiellement des CDI. De véritables carrières s’inscrivant dans le temps seront ainsi proposées aux collaborateurs. C’est un moyen unique de contribuer activement à la formation des futurs dirigeants et responsables malgaches francophones et cela favorisera également la création de la classe moyenne malgache de demain. Les centres d’appel des membres actifs du groupement offrent aux jeunes diplômés malgaches l’opportunité d’intégrer de grands groupes internationaux, mais aussi d’évoluer dans un secteur qui est en perpétuelle expansion. Avec une population jeune et éduquée, parlant aisément le français et baignant dans la culture française, ce secteur pourrait créer des dizaines de milliers d’emplois à l’horizon 2025.
La tendance économique est claire : Madagascar est en train de devenir le bassin francophone le plus dynamique pour les métiers de la Relation Client.
!cteur responsable, le Groupement des Professionnels de la Relation Client offre un environnement de travail « best in class ». Il investit dans le bien être de ses collaborateurs et ses pratiques sociales et salariales sont bien au-delà des lois et des standards.
UN VÉRITABLE TREMPLIN Les métiers de la Relation Client souffrent injustement d’une mauvaise réputation : métiers ingrats, emplois temporaires, etc... ce qui donne une image erronée et peu valorisante du secteur. Toutefois, malgré ces critiques injustifiées, il est question d’un secteur recrutant en permanence, très axé sur la formation et offrant des opportunités de carrière, non seulement sur place mais également à l’étranger. En moyenne, 90 % des promotions se font en interne, permettant ainsi aux collaborateurs de pouvoir toujours évoluer ou du moins envisager leur évolution en interne. Le métier de Conseiller Client exige toujours plus de compétences mais aussi de formations : c’est un véritable tremplin pour l’emploi et l’insertion des jeunes. La formation est un levier important dans le développement des centres d’appels : c’est pourquoi les entreprises investissent de manière systématique et régulière dans le but d’atteindre l’excellence dans la qualité relationnelle. Les centres d’appel ne sont donc plus une alternative au chômage mais une réelle opportunité de carrière professionnelle, même en l’absence de diplômes. Notre fierté repose sur les compétences de nos collaborateurs : une connaissance de la langue et de la culture française tout en maitrisant des processus complexes (technique, vente, assistance commerciale, etc).
contactez-nous par email sur : legprcm@gmail.com
©JAMG/DIFCOM - PHOTO : D.R. - ILLUSTRATIONS : ADOBESTOCK.COM
Le marché du Far Shore et de l’externalisation à Madagascar évolue. Le démarrage de ce dernier s’est essentiellement effectué sur des activités BPO (Business Process Outsourcing) telles que la saisie de données. Aujourd’hui, le secteur élargit ses services en proposant des activités de Relation Client téléphoniques ou encore du Digital.
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GASTRONOMIE
Les tables de Tana Romazava royal de bœuf, zébu façon chateaubriand, huîtres de FortDauphin… Les chefs de la capitale savent sublimer et revisiter les spécialités de l’île. Suivez le guide.
et de haricots. Les plats typiques, comme le romazava de zébu et le ravitoto, mélange de viande et de feuilles de manioc pilées, mets réservés aux reines par le passé, sont uniquement disponibles dans les meilleurs restaurants de la capitale. Ces derniers sont toujours plus nombreux à proposer également des poissons et fruits de mer dont certains, comme la langouste, assoient depuis longtemps la notoriété de l’île. L’influence française est également très présente, comme l’illustrent les nombreuses boulangeries présentes dans la capitale. Les chefs s’amusent à cuisiner le zébu façon Rossini ou chateaubriand, pour le plus grand plaisir d’une clientèle essentiellement étrangère, installée depuis longtemps ou juste de passage. Visite de quelques-unes des plus belles tables de la capitale.
OLIVIER CASLIN
l y a des villes qui savent se faire immédiatement apprécier de leurs visiteurs. Malgré la douceur de ses collines et ses quelques monuments hérités des anciens royaumes, Antananarivo séduit rarement d’emblée. Trop de bruit, d’embouteillages et de pollution. Il ne faut pourtant pas attendre longtemps avant de commencer à découvrir les trésors bien cachés de la capitale malgache, qui, sans être une destination gastronomique incontournable, compte quelques belles adresses, notamment dans la vieille ville haute. Comme la musique, la cuisine est partout à Tana. Les Malgaches mangent sur les marchés leur assiette de riz agrémenté de viande ou de poisson en ragoût et accompagné de manioc, de maïs
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LE LOKANGA Pour la vue
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n ne cherche pas le Lokanga, c’est lui qui vous trouve. Passé le Rova de la Reine, il faut s’entêter un peu et s’enfoncer dans les hauteurs de la ville, avant de surplomber un jardin suffisamment luxuriant pour cacher les pilasses rouges de la maison. C’est là que Fabiola Deprez a, au début des années 2010, installé son établissement, orienté plein ouest et dont la vue imprenable sur la capitale était appréciée de l’aristocratie merina qui habitait jadis le quartier. Sur sa carte, les multiples saveurs disponibles sur la Grande Île sont au service d’une gastronomie internationale. Les influences asiatiques et françaises se mêlent donc aux saveurs malgaches pour une véritable expérience gustative. En admirant le soleil tombant au loin sur les rizières.
L’ARRIVAGE Pour les fruits de mer
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près avoir vécu pendant quelques années à Fort-Dauphin, dans l’extrême sud-est de la Grande Île, Bastien Warnier, ancien financier reconverti, a eu une riche idée : installer le premier bar à huîtres de la capitale. Depuis son ouverture il y a un an, L’Arrivage ne désemplit pas. Douzaines d’huîtres de Fort-Dauphin, plateaux de crustacés et de fruits de mer… Tout est frais, pêché le matin même, comme le nom du restaurant l’indique. Au point de démarrer une mode dans la capitale? L’Arrivage a d’autres atouts, à commencer par ses pâtés et rillettes, exécutés de main de maître par ses cuisiniers.
LA VARANGUE Pour le litchi
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e visiteur se sent un peu hors du temps et de l’espace lorsqu’il débarque à La Varangue. La rue, distante d’une dizaine de mètres seulement, semble à des lieux, et les bruits de pots d’échappement, pourtant si proches, s’effacent au profit des chants d’oiseaux. À moins qu’ils ne soient absorbés par les branches du majestueux litchi qui abrite la terrasse. Le seul de la ville, assure Eric Koller, qui a créé cet établissement en 2002 dans une ancienne légation suisse. L’endroit semble tout aussi intemporel, habillé d’antiquités en tout genre, toutes trouvées à Madagascar comme cette Torpedo C4 de 1928 dans la cour. Mais La
Varangue est avant tout une table très recherchée à Antananarivo et appréciée pour son filet de zébu tsiperifery, le poivre sauvage local, ou
pour son romazava royal de bœuf, des plats traditionnels malgaches dont le restaurant s’est fait une véritable spécialité.
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ancien roi de s soirées antananariviennes tient, depuis 2002, l’un des hauts lieux de la gastronomie locale. À deux pas de l’ancien palais présidentiel, Franck Legrand a ouvert un lieu très apprécié des hommes d’affaires qui ont un bon
coup de fourchette. Car au Rossini, et même si la carte propose mille autres merveilles, on vient pour manger de la viande de zébu, toujours aussi fondante, qu’elle soit servie en carpaccio, braisée ou en brochette. Débarqué dans l’île en 1993, Franck n’en a pas
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LE ROSSINI Pour la viande de zébu
moins gardé quelques souvenirs de ses origines périgourdines, à commencer par ses foies gras
faits maison, accompagné de l’un des bordeaux qui tapissent les murs de sa cave.
TROIS FILLES DANS LE VENT
Mitchou, Mirana et Vanintsoa unissent leurs voix depuis 2015.
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Vazo sont comme possédées à mesure qu’elles montent dans les tours et que les premières notes tombent en cascade dans la salle. « Les femmes qui chantent » adorent la scène, et leur public le leur rend bien lorsqu’il commence à onduler sur les rythmes chaloupés ou à se laisser émouvoir par les mélopées entêtantes. Créé fin 2015, le trio s’est vite fait un nom et un style, en enrobant les sons traditionnels de leur pays de musiques plus contemporaines. Le kabosy, la guitare rectangulaire malgache, répond à la basse électrique, pendant que les chants rituels du tsapiky prennent des accents lyriques dans la voix de Mirana. Toutes trois chantent, dansent, changent d’instrument au gré des morceaux et de leurs envies. À même pas 30 ans, elles ont déjà des années de pratique derrière elles. Mitchou, comme danseuse traditionnelle, Mirana et Vanintsoa, en tant que musiciennes et interprètes, ont longtemps écumé les rares salles de la capitale, d’où elles sont toutes trois originaires. Avant que leur rencontre ne devienne une DR
1,2,3… Quand Mitchou commence à taper du pied, derrière, ça déménage. Décontractées et souriantes avant de démarrer leur set, les filles de Rykala
évidence. « En les écoutant lors d’une soirée, j’ai eu l’idée de créer un groupe 100 % féminin qui s’inspirerait du folklore malgache », explique Mitchou, qui en parle le soir même à ses nouvelles copines. Rykala Vazo était né, et, depuis, les filles n’arrêtent plus de chanter. Aux reprises de Piaf ou du répertoire malgache s’ajoutent peu à peu leurs propres compositions. Leur premier morceau, O Rykala, devient un tube dès sa sortie, en février 2016. Elles sont nommées dans la foulée révélation féminine par la principale radio musicale du pays, ce qui permettra au groupe de faire sa première tournée en Europe quelques mois plus tard. De Paris à Marseille, Rykala Vazo redonne le sens du rythme à la diaspora pendant l’été 2017. Avant de retourner sur la Grande Île, « des rêves plein la tête », avoue Mitchou. Prochaine étape, l’enregistrement d’un premier album, prévu pour cette année. Quatre morceaux sont déjà composés, dans leur style inimitable… Pour les autres, elles doivent encore s’entendre et accorder leur diversité musicale. Sortir ce disque leur permettrait aussi de sortir de leur île. Et de chanter leurs succès sous d’autres cieux. OLIVIER CASLIN
accompagne le développement de Madagascar depuis 40 ans.
Concepteur de projets immobiliers novateurs, premier producteur privé d’énergie de la Grande Île et acteur moderne dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et du bien-être, Groupe Filatex contribue à l’ouverture de Madagascar vers un marché globalisé. Responsable et pragmatique, Groupe Filatex mise sur une performance à toute épreuve dans l’élaboration de ses stratégies. Ses actions émanent d’une volonté de toujours insuffler un élan positif au pays.
www.groupe-filatex.com
MADAGASCAR À L’HONNEUR À PARIS LA FONDATION H ET AXIAN MÉCÈNES DE L’EXPOSITION La Fondation H et Axian soutiennent ensemble, la créativité des artistes malgaches, vecteurs de l’identité culturelle et des valeurs de la Grande Île sur la scène artistique internationale. À travers plus de 350 pièces, « Madagascar. Arts de la Grande Île », est la 1ère grande exposition consacrée à notre pays depuis 1946. Elle présente l’histoire de l’art malgache.
EXPOSITION DU 18 / 09 / 18 AU 01 / 01 / 19 AU MUSÉE DU BRANLY - JACQUES CHIRAC
Fondation H
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