JA 3042-3043 DU 28 AVRIL AU 11 MAI 2019 GF BURKINA-FASO

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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3042-3043 DU 28 AVRIL AU 11 MAI 2019

Confronté aux attentes grandissantes de ses concitoyens et à un contexte sécuritaire inquiétant, le chef de l’État, Roch Marc Christian Kaboré, entend accélérer les réformes promises. Le temps presse d’ici à la présidentielle de 2020…

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BURKINA FASO Dix-huit mois pour convaincre Malgré de réels progrès dans de nombreux domaines, les attentes de la population sont encore grandes. À charge pour le chef de l’État, Roch Kaboré, de les satisfaire avant la présidentielle de 2020. jeuneafrique no 3042-3043 du 28 avril au 11 mai 2019

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114 ENJEUX

Un parfum de précampagne

119 Exécutif

Marwane Ben Yahmed

Interview de Remis Dandjinou Ministre de la Communication

marwaneBY

122 L’infographie

Les mille et un défis de Roch Kaboré rrivé au pouvoir en décembre 2015, Roch Marc Christian Kaboré, 62 ans, n’a guère eu de répit : à la mi-janvier 2016, premier attentat dans la capitale. Depuis, le pays est clairement devenu la cible privilégiée des terroristes. Et, évidemment, l’ordre des priorités de son mandat a radicalement changé. Mais les attentes exprimées par les Burkinabè lors de la révolution puis au cours de la transition demeurent les mêmes, et l’impatience grandit. Si les résultats économiques sont encourageants, a fortiori, dans un tel contexte, nombreux sont les Burkinabè qui attendent plus du gouvernement de Christophe Joseph Marie Dabiré, nommé à la fin de janvier. C’est peu dire que, après une révolution, une transition, et une élection présidentielle censée clore le chapitre de l’instabilité, les attentes de la population ne se sont guère calmées. Les grèves à répétition et l’irascibilité des syndicats l’attestent. Kaboré en est conscient, mais souhaite que les Burkinabè sachent raison garder. « Nous avons pris un certain nombre d’engagements et nous sommes sur tous les fronts, y compris sécuritaire. Mais on ne peut exiger que tout ce qui n’a pas été réglé depuis l’indépendance le soit en seulement deux ou trois ans », nous disait-il il y a quelques mois. La prochaine présidentielle, prévue à la fin de 2020, arrive cependant à grands pas. Les principaux partis d’opposition ont beau sembler affaiblis par des dissensions internes, ils ne comptent pas se contenter d'un rôle de faire-valoir. Une partie de la campagne se jouera, à cette occasion, sur le bilan du président, en tout cas sur la perception qu’on en a. Comme sur celle de la personnalité du chef de l’État, parfois décrit comme un « président diesel ». Ce surnom, en vogue à Ouaga, Kaboré fait mine de s’en

A

Compte à rebours

124 Opposition

Entretien avec Eddie Komboïgo Président du Congrès pour la démocratie et le progrès

amuser. Sans oublier de rétorquer, en citant La Fontaine: « Rien ne sert de courir, il faut partir à point. » « Mon travail, nous a-t-il expliqué, n’est pas de verser dans le populisme, mais de résoudre les vrais problèmes, de manière structurelle. La précipitation n’apporte rien. Certains, et c’est typiquement burkinabè, aimeraient que je tape du poing sur la table, voire que je tape tout court. Par la suite, ils me reprocheraient de taper trop fort ou pas de la bonne manière. Je n’ai aucun problème à faire preuve de fermeté, mais il faut le faire à bon escient et éviter les bagarres inutiles. Je reste persuadé qu’il faut convaincre les gens plutôt que de leur imposer des oukases. »

Profil de président « normal »

Au Burkina, probablement l'un des pays d’Afrique francophone où la culture et le débat politique sont le mieux ancrés, Roch Kaboré a occupé les plus hautes fonctions, y compris les postes de Premier ministre (1994-1996) et de président de l’Assemblée nationale (2002-2012). Il est aujourd’hui le chef en ce palais de Kosyam, occupé pendant vingt-sept ans par Blaise Compaoré. C’est lui qui assume les plus hautes responsabilités : fixer le cap, réformer, répondre aux mille et une urgences. Il semble ne pas avoir fondamentalement changé au contact du pouvoir. Ceux qui le connaissent depuis longtemps le décrivent encore comme cet homme de glaise sur lequel peu de choses ont prise, pondéré et chantre du consensus – c’est d’ailleurs ce profil de président « normal » qui avait séduit et rassuré les Burkinabè fin 2015. Peu probable, donc, qu’il se métamorphose à quelques encablures du scrutin. L’opinion, elle, varie. À lui, donc, de convaincre ses concitoyens qu’il sera toujours l’homme de la situation en 2020. Résultats à l’appui.

131 Tribune

Vincent Ouattara Professeur à l’université Norbert-Zongo de Koudougou

134 ÉCONOMIE De bon augure

138 Stratégie

Lassané Kaboré, l’équilibriste

142 Mines

Record en or

146 Agroalimentaire

Velegda, un champion contrarié

148 SOCIÉTÉ

La santé n’a pas de prix

150 Théâtre

Aristide Tarnagda, l’homme-orchestre

154 Humour

Fous rires façon Faso

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Grand format BURKINA FASO

ENJEUX À dix-huit mois de la présidentielle, Roch Marc Christian Kaboré sait qu’il sera jugé en partie sur son bilan. Malgré les impératifs sécuritaires, il entend accélérer le rythme des réformes sur les plans économique et social.

Un parfum de précampagne 114

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BENJAMIN ROGER, envoyé spécial à Ouagadougou

C

Le chef de l’État, le 2 mars, à Ouagadougou.

était il y a déjà plus de trois ans. Mais, à en croire les proches de Roch Marc Christian Kaboré, tout a vraiment basculé le 15 janvier 2016 quand, pour la première fois dans l’histoire du pays, une trentaine de civils ont été froidement abattus par un commando jihadiste, en plein centre de Ouagadougou. « On ne peut pas analyser l’action du président en occultant ce qui s’est passé ce jour-là, explique l’un de ses proches. Cela a été un vrai coup dur. Il ne s’y attendait pas du tout et a été cueilli à froid. Il n’a pas eu d’autre choix que de changer de logiciel dès le début de son mandat. » Depuis, la situation sécuritaire s’est dégradée (lire pp. 128129). Deux autres attentats ont ensanglanté Ouaga, en 2017 et en 2018. Après le nord, l’insécurité s’est étendue à l’est du pays. Jihadistes et groupes armés locaux y mènent des attaques régulières dans lesquelles des centaines de militaires et de civils ont perdu la vie. Plus inquiétant encore, ces violences dégénèrent ces derniers mois en sanglantes tueries intercommunautaires, comme à Yirgou et à Arbinda (Nord).

SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM

Nouvelles priorités

Sous pression, le président Kaboré a été contraint de revoir ses priorités. Des ajustements financiers ont été faits au profit du ministère de la Défense et de celui de la Sécurité. Plusieurs de ses engagements économiques et sociaux ont été mis en pause. « Le retour à la sécurité est notre premier souci, car sans elle les entrepreneurs ne peuvent pas faire avancer leurs chantiers, les éleveurs ne peuvent pas faire paître leurs bêtes, les commerçants ne peuvent pas échanger, les enfants ne peuvent pas aller à l’école… », assure Simon Compaoré, ex-ministre de la Sécurité et fidèle de Roch Kaboré. Ce dernier doit aussi gérer une situation sociale tendue, avec des grèves à répétition dans le secteur public comme chez les agents du ministère des Finances, qui protestent contre la suppression de certaines de leurs primes (lire p. 138). « Nous n’attendons plus rien de ce régime qui ne se rend pas compte de la situation dans laquelle notre pays se trouve », assène Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition. Pour le président, le temps commence à presser. En janvier, il a changé de Premier ministre – Paul Kaba Thieba a été remplacé par Christophe Dabiré, un homme d’expérience connu du sérail politique ouagalais – et remanié le gouvernement, avec des changements notables à la tête des stratégiques ministères de la Défense, de la Sécurité, et des Finances. Malgré les impératifs sécuritaires, Roch Marc Christian Kaboré n’entend pas sacrifier certaines réformes sociales. Ses proches mettent en avant l’instauration de la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, la mise à niveau des équipes médicales dans tous les centres hospitaliers régionaux ou encore le lancement de la gratuité de la planification familiale (lire pp. 148149). D’autres promesses phares qu’il avait formulées en 2015, avant son élection, ne se sont en revanche pas encore

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Grand format BURKINA FASO ENJEUX

concrétisées, comme la fin des écoles sous paillote ou celle des corvées d’eau. « Cela demande du temps, justifie le porte-parole du gouvernement, Rémi Dandjinou (lire pp. 119-121). Nous avons fait de grandes avancées dans le secteur de l’eau, avec le lancement de plusieurs barrages. Pareil pour les infrastructures, avec la construction de routes et de pistes rurales. » Longtemps incarné par l’ex-Premier ministre Paul Kaba Thieba, le Plan national de développement économique et social (PNDES) demeure au cœur de la stratégie présidentielle. Reste à transformer ces milliards de F CFA de promesses de dons en grands chantiers dans tout le pays.

Ve République

Le chef de l’État entend par ailleurs boucler deux dossiers hautement symboliques avant la fin de son mandat: l’adoption d’une nouvelle Constitution, qui doit marquer le passage à une Ve République, et le vote des Burkinabè de la diaspora. Après un imbroglio autour du mode d’adoption du projet de nouvelle loi fondamentale, il a été décidé que celui-ci serait la voie référendaire plutôt que parlementaire. Pour des questions financières, il est envisagé de coupler ce référendum avec les élections présidentielle et législatives de 2020. Des scrutins qui seront historiques si les Burkinabè

de l’étranger peuvent y prendre part, comme s’y sont engagées les autorités. Maintes fois promis, le vote des « diaspos » est un enjeu politique et un défi logistique majeur, en particulier en Côte d’Ivoire, où résident entre 1 et 1,5 million d’électeurs burkinabè. Aussi complexes que soient les conditions dans lesquelles il est arrivé au pouvoir, Roch Kaboré sait qu’il sera d’abord jugé sur son bilan. D’où sa volonté de ne plus perdre une seconde. « Nous allons assumer notre devoir de “redevabilité” et dérouler les actions que nous avons menées depuis cinq ans. Les Burkinabè trancheront », explique un proche du chef de l’État. Dans l’optique de la campagne à venir, Simon Compaoré a été libéré de son poste de ministre d’État à la présidence pour mettre le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) en ordre de bataille. De leur côté, l’Union pour le progrès et le changement (UPC), de Zéphirin Diabré, et le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, lire pp. 124-126), l’ancienne toute-puissante formation de Blaise Compaoré, commencent eux aussi à se préparer. Les deux principaux partis d’opposition devraient présenter chacun un candidat. Mais ils travaillent également à une alliance électorale face au président sortant, en cas de second tour. Un scénario périlleux que Kaboré, comme d’autres avant lui, espère éviter.

DÉCRYPTAGE Ce que devrait changer la nouvelle Constitution NADOUN COULIBALY, à Ouagadougou

Promise par le président Kaboré lors de sa campagne électorale de 2015, la nouvelle Constitution, qui doit mettre fin à la IVe République, se fait encore attendre. L'actuelle loi fondamentale avait été instaurée sous la présidence de Blaise Compaoré: entrée en vigueur en 1991, elle a été révisée en 1997, puis en 2000, à la suite de la crise née de l'assassinat du journaliste Norbert Zongo. Préparé par une commission dirigée par Me Halidou Ouédraogo, le projet de Constitution de la Ve République

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repose sur un régime semi-présidentiel. Parmi les principaux changements… • La limitation de l'exercice de la présidence du Faso à deux mandats de cinq ans, qu'ils soient successifs ou non, selon l'article 59 (qui se substitue à l'article 37 de la Constitution de 1991). Une disposition verrouillée par l'article 192, selon lequel « aucun projet ou proposition de révision de la Constitution n'est recevable lorsqu'il remet en cause le nombre et la durée des mandats présidentiels ».

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• Une meilleure séparation et un rééquilibrage des pouvoirs. Ainsi, le chef de l'État pourra notamment faire l'objet d'une procédure de destitution de la part de la Cour constitutionnelle. Autre exemple, il ne pourra nommer que quatre des vingttrois membres du Conseil supérieur de la magistrature. • L'abrogation de la peine de mort • L'inscription de certains droits humains essentiels, comme l'accès à l'eau potable, à la santé ou au logement, dans la Constitution.

« Ce projet de texte fait la part belle au système judiciaire, sous la responsabilité du magistrat, érigé en rempart contre l'impunité et la corruption. À la faveur de la Ve République, le tribunal militaire peut disparaître, confie M e Bénéwendé Sankara, leader sankariste et premier vice-président du Parlement. L'enjeu politique de cette nouvelle Constitution porte sur la réconciliation et l'unité nationale, à travers le consensus de la classe politique autour du projet, après l'insurrection populaire d'octobre 2014. Et le référendum va donner sa légitimité à ce texte fondamental. »


COMMUNIQUÉ

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LA PRÉVENTION DES RISQUES PROFESSIONNELS Une veille constante de la CNSS du Burkina Faso Tout métier comporte des risques. En tant qu’Établissement Public de Prévoyance Sociale (EPPS), la Caisse Nationale de Sécurité Sociale du Burkina (CNSS),veille d’une part à la sécurité et à la santé des travailleurs. D’autre part, elle intervient pour la prise en charge des accidents du travail et maladies professionnelles. Cette prestation est assurée grâce à un recouvrement optimal des cotisations sociales. Les activités menées les trois dernières années se résument ainsi : • • • •

453 lieux de travail visités ; 37 entreprises ont vu leur comité de sécurité et santé au travail (CSST) installé et formé ; Une cartographie nationale des risques professionnels a été élaborée ; Des journées nationales sont consacrées chaque année à la prévention des risques professionnels ; • La journée mondiale de la sécurité et santé au travail (JMSST) est commémorée ; • La journée africaine de la prévention des risques professionnels (JAPRP) est commémorée. Malgré ces acquis engrangés en matière de prévention des risques professionnels, le nombre d’accidents du travail et maladies professionnelles reste considérable. En effet, de 2015 à 2017, 4 855 cas d’ATMP ont été enregistrés attristant bon nombre de familles. La réparation de ces sinistres a coûté près de 3 milliards de FCFA à l’institution. En vue de fléchir les chiffres, la CNSS continue de mener des activités novatrices sous l’impulsion de son directeur général, monsieur Lassané SAVADOGO. Sa stratégie consiste à :

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EXÉCUTIF

OLYMPIA DE MAISON POUR JA

Remis Dandjinou Ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement

« La réconciliation ne doit pas donner l’impression d’être “un deal” entre politiques » Propos recueillis à Ouagadougou par NADOUN COULIBALY

ncien professeur d’histoire-géographie originaire de BoboDioulasso, Remis Fulgance Dandjinou, 51 ans, est devenu journaliste il y a plus de vingt ans. Il a d’abord officié en radio, notamment sur Radio Pulsar, à partir de 1995, puis à Canal3, télévision privée alors en vogue à Ouagadougou, qu’il rejoint en 2002 en tant que directeur général adjoint et chroniqueur. C’est d’ailleurs dans Ça nous intéresse, l’une de ses émissions de débats, qu’il brandit le carton rouge contre la modification de l’article 37 de la Constitution. Promoteur de la chaîne Burkina Info, Remis Dandjinou est chargé du portefeuille de la Communication et des Relations avec le Parlement, ainsi que du porte-parolat du gouvernement depuis janvier 2016.

A

Jeune Afrique : Dans une lettre adressée à Roch Marc Christian Kaboré, l’ancien président Compaoré, en exil en Côte d’Ivoire, dit sa « disponibilité » pour soutenir la réconciliation inclusive. Le gouvernement est-il prêt à saisir cette main tendue ?

Remis Dandjinou : Le président du Faso a effectivement reçu une lettre datée du 29 mars. Dans un communiqué, le gouvernement a pris acte de la lettre, transmise le 12 avril, ainsi que de la disponibilité du président Compaoré à contribuer à l’apaisement, notamment. De mon point de vue, à ce stade, il revient au

président Kaboré de donner ou non une suite à cette offre. Le référendum constitutionnel a été reporté sine die. Comment va-t-on passer à la Ve République ?

La Ve République découle d’un engagement du président du Faso. Il y a eu un travail consensuel sur la nouvelle loi fondamentale, auquel toutes les forces vives (majorité, opposition, société civile, chefs coutumiers et religieux, etc.) ont pris part. Le projet de texte est donc consensuel. C’est son mode d’adoption qui reste à trancher. Tous les acteurs politiques doivent donc se mettre d’accord pour qu’elle soit adoptée et que, in fine, elle entre en vigueur. Le président de la Commission d’élaboration de la nouvelle Constitution, M e Halidou Ouédraogo, l’a lui-même reconnu à l’issue de sa rencontre avec le chef de l’État : pour le moment, le référendum est la seule solution, à moins de changer la loi. La question est de savoir comment et dans quelles conditions. C’est ce qui fera l’objet de discussions entre le président du Faso et la classe politique. S’ils s’accordent sur le recours à la voie parlementaire, il faudra modifier la loi en conséquence. En attendant, le chef de l’État préconise la voie référendaire. Des concertations ont été engagées par le Premier ministre, Christophe Dabiré, qui a échangé avec les partis politiques. Elles vont se poursuivre afin de trouver un modus vivendi.

IL REVIENT AU PRÉSIDENT KABORÉ DE DONNER OU NON UNE SUITE À L’OFFRE FAITE PAR BLAISE COMPAORÉ.

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La SOFITEX : une entreprise vitale pour l’économie et l’agriculture g du Burkina Faso

Laboratoire de classement de la fibre.

Aire de balles à l’usine de Bobo III.

L

COMMUNIQUÉ

a SOFITEX, leader de la production cotonnière au Burkina Faso, a pour missions majeures : • une mission de service public : appui-conseil aux producteurs et développement de la production cotonnière, ainsi que des cultures associées ; • une mission industrielle et commerciale : collecte, transport, égrenage du coton graine et vente de la fibre et des co-produits. Ces deux missions principales font de la SOFITEX une entreprise vitale pour l’économie et l’agriculture du Burkina Faso au regard du flux monétaire injecté en milieu rural dans la culture du coton. La SOFITEX constitue ainsi un acteur majeur de la monétarisation de l’économie du Burkina Faso et un levier puissant d’amélioration des conditions de vie des populations en milieu rural. Au cœur d’une économie encore largement dominée par l’agriculture, le coton ou « l’or blanc du Burkina » est le seul produit qui fait vivre directement prés de 4 millions de Burkinabè. Il contribue également à 17,5 % des recettes d’exportations ainsi qu’à 4 % du PIB. Il demeure une culture stratégique pour nos populations laborieuses en mobilisant tant en amont qu’en aval de nombreux autres secteurs d’activités qui bénéficient directement ou indirectement de ses effets induits, tels que les huileries, les filatures, les assurances, les transports,

Manutention des balles.

les impôts, les hydrocarbures, les finances, les fournisseurs d’intrants agricoles, etc Depuis le retour à la culture du coton conventionnel en mars 2016, une nette amélioration de la longueur de soie du coton burkinabè se dégage et offre assurément des gages de reconquête du « label coton burkinabè ». Un label qui se distingue par une offre de fibres aux caractéristiques technologiques prisées par les filateurs. En sus, un laboratoire de classement, seul du genre en Afrique à être accrédité par le COFRAC selon la norme ISO/CEI 17 025. Il produit des résultats fiables en matière de caractérisation instrumentale de la fibre. En témoignent les performances réalisées aux essais Inter-laboratoires organisés par le CSITC/ICAC : • 18e rang mondial pour la moyenne des 6 paramètres de base (longueur, uniformité des longueurs, ténacité, micronaire, RD, +b) ; • 1er rang mondial pour la caractérisation de la ténacité. La SOFITEX, créatrice de richesses et de valeur ajoutée en milieu rural et partant dans ses sept Régions cotonnières où sont implantées ses quinze usines d’égrenage, joue indéniablement une réelle partition dans la lutte pour la sécurisation des revenus des cotonculteurs et l’amélioration des performances de la production céréalière au Burkina Faso.

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2,7

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Uniformité des longueurs

Ténacité moyenne

Allongement moyen

81,2

30,7

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Micronaire moyen

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Répartition des micronaires ≤ 3,5

] 3,5 ; 3,6]

] 3,6 ; 4,2]

] 4,2 ; 4,9]

> 4,9

0,1

0,2

35,3

64,2

0,3

JAMG/DF - Photos : DR.

29,54

Répartition de la longueur de la soie


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Comment progresser vers la réconciliation, que réclament notamment les partis de l’ex-majorité?

Personne n’est contre la réconciliation. Il faut absolument que les Burkinabè se réconcilient entre eux, et que le Haut Conseil pour la réconciliation et l’unité nationale avance un certain nombre de pistes. Mais nous devons nous entendre sur la manière d’amorcer cette réconciliation, afin de ne pas donner l’impression d’un « deal » entre acteurs politiques. Elle doit reposer sur un besoin de vérité, de justice, qui constitue un socle solide pour, au final, reconstruire notre vivre-ensemble. Le dialogue politique engagé est aussi l’occasion de s’entendre sur cette question. Avec le procès des auteurs présumés du putsch avorté de 2015 et des ministres du dernier gouvernement Compaoré, c’est loin d’être le cas actuellement…

Il n’est pas question de se servir de la réconciliation pour mettre certains acteurs politiques hors jeu ou pour en renforcer d’autres. Il s’agit de panser les plaies des Burkinabè pour repartir de l’avant. Les jugements en cours vont permettre d’aller dans ce sens. Concernant les procès que vous évoquez, ils s’inscrivent dans le cadre de la justice républicaine et n’empêchent pas que d’autres différends soient traités dans le cadre d’une justice transitionnelle. Pour cela, nous avons besoin de parler le même langage. La vérité est capitale, c’est une obligation, et la justice en est une autre.

l’exécutif compte-t-il reprendre la main face à l’insécurité?

gique La question straté

QUELS SONT LES POINTS CLÉS DU DIALOGUE POLITIQUE EN COURS ?

Ce dialogue, souhaité par le chef de l’État, vise à recueillir les avis sur la mise en œuvre de la nouvelle Constitution, les modalités des prochains scrutins (présidentiel et législatif), la loi sur le genre ou encore la réconciliation nationale. Sur tous ces points, il importe que l’ensemble de la classe politique soit en phase afin que le Burkina Faso soit le grand gagnant.

Depuis2015,lesattaquesterroristesontfait plus de 350 morts au Burkina. Comment

Les actions menées jusqu’à présent, avec pour socle la réforme des forces de défense et de sécurité ont permis de ralentir la poussée terroriste. Vous constaterez qu’il y a moins d’attaques meurtrières. Mieux, l’adoption de la loi de programmation militaire [dotée de 722 milliards de F CFA, soit plus de 1,1 milliard d’euros] a permis de renforcer la gouvernance sécuritaire, y compris la gestion des ressources humaines et l’équipement. Aujourd’hui, l’objectif est de réduire au strict minimum la capacité de nuisance des groupes armés. Cela étant, tant que nous n’aurons pas éradiqué les causes du mal, que ce soit en Libye ou ailleurs, il sera difficile d’enrayer les attaques dans l’espace sahélien. C’est pourquoi la feuille de route du président du Faso pour la présidence du G5 Sahel porte sur « l’opérationnalisation de la force conjointe » et la mise en œuvre effective des projets de développement communs. Le gouvernement a été critiqué pour sa gestion des affrontements communautaires à Yirghou (en janvier) et à Arbinda (en avril). Quellelecturefaites-vousdecettesituation?

Il y a là une volonté de manipuler les communautés pour les opposer les unes aux autres. Et des terroristes surfent sur cette fibre ethnique pour semer le chaos. Le gouvernement nommé le 24 janvier prend justement en charge deux aspects importants de la question: la cohésion nationale et la promotion des droits humains. Ce qui traduit la volonté de répondre à l’urgence de préserver le vivre-ensemble.

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L’INFOGRAPHIE

Compte à rebours AÏSSATOU DIALLO

L

e Présimètre est une plateforme de veille citoyenne mise en place en juin 2017 par Diakonia, ONG suédoise spécialisée dans les questions de droits humains. Treize organisations de la société civile (OSC) burkinabè

La note du président du Faso

dans le dernier Présimètre semestriel, en décembre 2018

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participent au projet, soutenu par l’Union européenne et la coopération suédoise. « Après la présidentielle de 2015, au cours de laquelle nous avons travaillé avec des OSC, nous avons estimé qu’il fallait prolonger l’expérience en donnant la parole aux citoyens pour faire un suivi des engagements pris par le candidat Roch Kaboré lors de la campagne », explique Désiré Yerbanga, chargé de programme au Présimètre. À l’issue d’un premier sondage réalisé au début de 2017, cinq engagements prioritaires ont été retenus (éducation ; santé ; eau, hygiène et assainissement ; sécurité alimentaire ; formation des jeunes), auxquels se sont ensuite ajoutées des questions émergentes (défense et sécurité, promotion de la femme, promotion de l’environnement, lutte contre la corruption, etc.). Depuis, sur la base de sondages effectués tous les six mois à travers le pays auprès d’un échantillon minimal de 2 000 personnes âgées d’au moins 18 ans, le Présimètre évalue la satisfaction des Burkinabè sur ces questions. Les résultats sont publiés sous forme de rapports semestriels et partagés sur le site www.presimetre.bf (le dernier en date, « Le Présimètre de l’an III du président du Faso », a été mis en ligne le 10 décembre 2018). Le portail met également à la disposition de ses visiteurs des notes conjoncturelles,

85,9 %

85

engagements 11,8 % 2,3 % Réalisé En cours de réalisation Non réalisé

Niveau de réalisation (au 15 avril 2019)

des documents d’institutions nationales et internationales (déclaration de politique générale du Premier ministre, Christophe Dabiré, budget citoyen 2018, PNDES…). La plateforme organise par ailleurs des débats sur la gouvernance et sur l’action de l’exécutif qui apportent un éclairage aux citoyens, notamment avec l’émission de radio Le Dialogue citoyen, où les Burkinabè peuvent échanger chaque mois avec un ministre différent.


ÉDUCATION

SANTÉ 24 engagements : 3 réalisés, 21 en cours de réalisation

16 engagements : tous en cours de réalisation

Réalisés

Exemples : l’État a construit 2 924 salles de classe pour le primaire en 2016 et en 2017, dont 1 281 dans le cadre du programme d’éradication des écoles sous paillotes (abris précaire). En mars 2019, il en restait 2 721 à normaliser sur 4 353 recensées • Gratuité jusqu'à 16 ans • Augmentation du nombre de postes d’enseignants (objectif : 50 élèves au maximum pour 1 maître)

Programme de formation de spécialistes • Gratuité du dépistage des cancers féminins • Création de 16 000 emplois en milieu rural avec le recrutement d'agents communautaires de santé dans chacun des 8 000 villages du pays En cours de réalisation Exemples : poursuite de la mise en place de la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans (lire pp. 144-145)

EAU, HYGIÈNE ET ASSAINISSEMENT 12 engagements : 1 réalisé, 9 en cours, 2 non réalisés

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Réalisé Production de 85000 m3/j d’eau potable : la capacité totale de production était de 161 886 m3/j d’eau en septembre 2018, soit un taux de réalisation de 190,45 %

7 engagements : tous en cours de réalisation Exemples : aménagement des grands bassins fluviaux • Promotion d’une gestion durable des sols • Amélioration des revenus des producteurs

En cours de réalisation Exemples : la promesse « zéro corvée d'eau » du candidat Kaboré a déjà été revue à la baisse dans le PNDES, qui ne vise plus que 79 % d’accès à l’eau potable en 2020, lequel n'était encore que de 48,47 % à la fin de septembre 2018 • Sur la construction prévue de 4 000 km de réseaux supplémentaires d’adduction d’eau potable à l’horizon 2220, seuls 527 km l’étaient à la fin de septembre 2018, soit un taux de réalisation de 13,7 %

FORMATION DES JEUNES

Non réalisé Réaménagement et exploitation du « forage Christine » • Programme opérationnel d’assainissement pluvial dans les centres urbains

4 engagements : tous en cours de réalisation

PARMI LES QUESTIONS ÉMERGENTES PROMOTION DE LA FEMME

DÉFENSE ET SÉCURITÉ

Réalisés : lutte contre l’exploitation de la jeune fille sous toutes ses formes ; renforcement de l’accès des femmes au crédit En cours : promotion et effectivité des droits fondamentaux de la femme ; lutte contre les grossesses précoces

11 engagements : 7 en cours et 4 réalisés Réorganisation des forces armées nationales ; participation de l’armée aux actions de développement ; révision du concept de la police de proximité ; organisation d’un forum national sur la sécurité intérieure

54,1 % Évolution du niveau de satisfaction de la manière dont la menace terroriste a été gérée

31,2 %

39,8 % 15,4 %

juin 2017

décembre 2017

juin 2018

décembre 2018

Le Journal Afrique Chaque soir à 20h30* sur TV5MONDE Présenté par N’Fanteh Minteh et Dominique Tchimbakala

En direct sur

/JTAfrique à 20h30 (TU)

Deux fois par mois, la chronique économie, en partenariat avec

*heure de Dakar

© Christophe Lartige / CL2P / TV5MONDE

6 engagements : 4 en cours et 2 réalisés


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SOPHIE GARCIA | HANSLUCAS.COM POUR JA

Jeune Afrique : Quel bilan tirez-vous du quinquennat de Roch Marc Christian Kaboré, à dix-huit mois de la fin de son mandat ?

OPPOSITION

Eddie Komboïgo Président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP)

« Nous sommes en train de reconquérir la confiance des Burkinabè » Propos recueillis à Ouagadougou par BENJAMIN ROGER

éélu à la tête du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) en mai 2018, Eddie Komboïgo entend incarner le retour de l’ancien parti majoritaire sur la scène politique. Et ce, dès la présidentielle de 2020, à laquelle il n’exclut pas d’être candidat. Il a reçu JA dans son vaste bureau ouagalais, orné de sculptures d’animaux, de photos de famille et de portraits de Blaise Compaoré.

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Eddie Komboïgo : Son bilan est négatif. Nous sommes loin des objectifs annoncés. Son principal échec est politique. Les réformes attendues n’ont pas été réalisées. Nous attendions également des gestes en faveur de la réconciliation nationale, pour que chacun puisse contribuer à la construction de la nation. Si j’avais été à sa place, j’aurais appelé les Burkinabè à tirer les leçons de l’Histoire, à se dire la vérité et à se pardonner mutuellement afin de construire ensemble notre nation, dans la paix et la sérénité. Sur le plan économique, des sociétés ont disparu, les industries tant promises n’ont pas ouvert, les investissements pour des infrastructures n’ont pas été décaissés… Les besoins des populations ne sont pas satisfaits. La grogne sociale est perceptible dans plusieurs secteurs publics ces derniers mois. Comment le gouvernement doit-il y répondre ?

Il faut un débat franc avec les syndicats pour leur faire prendre conscience de la réalité économique du Burkina. S’il y a une croissance, chacun pourra en profiter équitablement. S’il n’y en a pas, nous en subirons tous les conséquences. Encore faut-il que l’État fasse des efforts, or nous n’en voyons pas. Les syndicats se sentent trahis, et ils ont raison de ne plus faire confiance au gouvernement. Ce dernier fait-il ce qu’il faut pour enrayer la dégradation de la situation sécuritaire ?

Je condamne toutes ces attaques barbares et je m’incline devant la mémoire de toutes les victimes. Si les décisions du gouvernement étaient à la hauteur, je crois que ce fléau aurait été enrayé. Mais, chaque jour, nous constatons des attaques. L’ u n e d e s c o n s é q u e n c e s d e c e s attaques est la montée des violences intercommunautaires…

Nous le déplorons profondément. Nous souffrons que des Burkinabè s’accusent les uns les autres et s’entretuent. Il faut que tout cela cesse le plus rapidement possible.


PUBLI-INFORMATION

© Evening_Tao/Freepik.com

CIMENTS DE L’AFRIQUE

ENGAGÉS À VOS CÔTÉS POUR MIEUX CONSTRUIRE L’AFRIQUE DE DEMAIN Le Burkina Faso, à l’instar d’autres pays d’Afrique subsaharienne se développe à travers de multiples projets d’infrastructures : routes, barrages, logements sociaux et activités minières génèrent une demande croissante en matériaux de construction, particulièrement en ciment.

poursuit son expansion au Burkina Faso avec la construction d’une nouvelle usine à Bobo Dioulasso. Nos activités ont en effet connu une progression appréciable au cours de ces dernières années. C’est fort de ce succès que CIMAF BF s’est fixé l’ambition de mieux approvisionner l’ouest du Burkina Faso à travers l’implantation d’une nouvelle usine à Bobo Dioulasso. Grâce à cette nouvelle usine, CIMAF va doubler sa capacité de production au Burkina de 600000 tonnes à 1200000 tonnes par an d’ici le second semestre de l’année 2019.

M. Claude KOMPORE en visite chez leur meilleur client à Bobo Dioulasso.

LE BTP, VÉRITABLE CATALYSEUR DE CROISSANCE Le Groupe CIMAT-CIMAF, implanté dans 12 pays en Afrique, à savoir la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Tchad, le Gabon, le Congo-Brazzaville, le Ghana, le Mali, la Mauritanie, la Guinée-Bissau, le Maroc et le Burkina Faso, se donne pour ambition d’accompagner leur développement en garantissant une offre en ciment de qualité et en quantité, répondant aux standards nationaux et internationaux les plus exigeants en matière de technologie et de respect des normes environnementales.

UN MODÈLE DE COOPÉRATION SUD-SUD Nos ambitions répondent à la volonté des dirigeants des pays africains d’encourager des modèles de coopération sud-sud, facteurs de création d’emplois et de développement des infrastructures et du bâtiment, communément admis comme locomotives de toute croissance économique.

U DEMANDE ACTUELLE UNE E ESTIMÉE À 2,3 MT/AN Après l’entrée en production de notre première cimenterie en septembre 2014 à Ouagadougou, notre groupe

UNE CAPACITÉ DE PRODUCTION INSTALLÉE DE 5,5 MT/AN Ce projet devrait augmenter la capacité totale de production installée par les différents opérateurs au Burkina à 5,5 mt/an, soit plus du double de la demande locale actuelle. Cette surcapacité devrait ainsi couvrir les besoins du marché local au delà de 2025 sans que l’on ait besoin de s’orienter vers de nouveaux projets d’augmentation de capacités ou d’opérations d’importation de ciment.

JAMG - Photos : D.R. sauf mention

b M. Abdelali TEMSAMANI, DG de CIMAF BF avec son DCM

CIMAF DIOULASSO, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, devrait générer plus de 1 000 emplois durant la phase de construction et 250 emplois directs et indirects durant la phase d’exploitation au sein de l’usine, ainsi que la création de centaines d’autres emplois dans des activités annexes, notamment le transport et la sous-traitance. Ce qui devrait contribuer à booster la relance de l’activité économique de Bobo Dioulasso, pôle de croissance.

CIMAF BURKINA FASO Zone industrielle Kossodo 01 BP 5604 01 +226 25 35 51 51 -

contact.bf@cimentsafrique.com

WWW.CIMAF.COM


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des Burkinabè. Chaque jour, des militants qui nous avaient quittés nous rejoignent. Cela nous galvanise. Si la confiance revient, le CDP reviendra au pouvoir en 2020.

Êtes-vous favorable à l’adoption d’une nouvelle Constitution pour instituer une Ve République et marquer la rupture avec le régime de Blaise Compaoré ?

Pourquoi adopter une nouvelle Constitution ? Si l’objectif est d’en faire un symbole politique, je réponds que le peuple ne se nourrit pas de symboles. Il attend des réformes économiques sérieuses, qui lui donneront des emplois et des revenus.

LE PRÉSIDENT FAIT CROIRE AUX BURKINABÈ DE LA DIASPORA QU’ILS POURRONT TOUS VOTER, ALORS QUE C’EST IMPOSSIBLE.

Le gouvernement a annoncé sa volonté de faire voter les Burkinabè de la diaspora en 2020. Est-ce le bon moment ?

Oui. Mais nous regrettons vivement que le gouvernement ait fait adopter la révision du code électoral au forceps, alors que la Constitution préconise que cela soit fait par consensus. Le président a décidé que les Burkinabè pourraient voter avec deux documents : la carte nationale d’identité et le passeport. Or, dans la sous-région, la grande majorité de nos compatriotes utilise la carte consulaire biométrique, qui fait office de carte d’identité nationale. C’est le cas par exemple pour environ 1 million de ressortissants burkinabè en Côte d’Ivoire. Pourquoi vouloir remplacer cette carte consulaire biométrique alors qu’elle tient lieu de carte d’identité? La deuxième chose que nous reprochons au code électoral est le cantonnement des bureaux de vote dans les ambassades et les consulats. Par exemple, toujours en Côte d’Ivoire, on estime entre 1 million et 1,5 million le nombre d’électeurs : ce n’est pas avec quelques bureaux répartis dans notre ambassade et nos trois consulats que tous pourront voter, c’est mathématiquement impossible. Le troisième reproche est d’avoir fait passer le nombre de votants par bureau de vote de 500 à 800, or il est impossible de faire voter 800 électeurs en seulement douze heures. En vérité, le président Kaboré fait croire aux Burkinabè de l’étranger qu’ils pourront tous voter, alors qu’ils ne le pourront pas. Le CDP a-t-il été durablement affaibli par l’insurrection populaire de 2014 ?

Certains nous ont accusés de tous les maux. Mais le peuple, lui, est conscient que le CDP a une offre politique et dispose de ressources humaines de qualité, capables de lui apporter le changement voulu. Notre parti est en train de reconquérir la confiance

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Quelles sont vos relations avec Zéphirin Diabré, qui était votre premier adversaire et se retrouve aujourd’hui à vos côtés dans l’opposition ? Seriez-vous favorable à une alliance électorale avec lui en 2020 ?

ournable La question incont

BLAISE COMPAORÉ CONTINUE-T-IL À JOUER UN RÔLE DANS LA DIRECTION DU PARTI ?

Il en est le fondateur. À ce titre, il a été élevé au rang de président d’honneur. Je le consulte souvent, mais je consulte également les autres cadres et le Haut Conseil du CDP pour chaque décision importante.

Il a eu le courage de venir à notre congrès pour faire un discours historique, en proposant un rapprochement entre le CDP et l’UPC [Union pour le progrès et le changement]. Nous lui avons rendu la pareille en participant au congrès de l’UPC. Ce ne serait donc pas surprenant qu’il y ait un rapprochement entre nos partis dans les mois à venir. Certains font état de querelles intestines entre les dirigeants du CDP. De telles tensions ne risquent-elles pas de s’accroître à l’approche de la présidentielle ?

Le CDP est un vieux parti, qui a connu différentes crises. Les fondateurs de l’UPC, du MPP [Mouvement du peuple pour le progrès] et d’autres partis ont quitté ses rangs, mais le CDP a su rester intact. Des crises dans la vie d’un grand parti, cela arrive. Jusqu’à présent, nous ne sommes confrontés qu’à des contradictions secondaires, auxquelles nous cherchons des solutions en interne. Maintenant, si d’autres souhaitent trouver des solutions à l’extérieur, le parti prendra ses responsabilités. Le CDP aura-t-il un candidat en 2020 ? Si oui, comment sera-t-il désigné ?

Nous aurons un candidat. Nous avons nos propres procédures internes. S’il y a plusieurs candidats à la candidature, un collège sera mis en place pour organiser des primaires. Nous recueillerons aussi l’avis du président Blaise Compaoré. Souhaitez-vous être ce candidat ?

Vous le saurez le moment venu.


COMMUNIQUÉ

CENTRALE D’ACHAT DES MÉDICAMENTS ESSENTIELS GÉNÉRIQUES ET DES CONSOMMABLES MÉDICAUX (CAMEG) ( )

LA NOUVELLE DYNAMIQUE DE LA CAMEG pour contribuer à faire de la santé pour tous une réalité au Burkina Faso Présente sur l’ensemble du territoire burkinabè, et reconnue comme un des outils clés de la politique nationale en matière de santé au Burkina Faso, la CAMEG œuvre depuis sa création en 1992 à garantir la disponibilité de médicaments génériques (MEG) de qualité et à moindre coût sur l’ensemble du territoire burkinabè. Son engagement social : permettre à tout Burkinabè de se procurer des produits pharmaceutiques fiables et abordables. Autrement dit, la CAMEG est une structure au service des populations burkinabè et dédiée à leur bonne santé.

VVoici les différents volets de la mue de la nationale du médicament générique gé é i : nomination i ti d’un d’ pharmacien h i responsable, bl assainissei i ment m des comptes clients et fournisseurs, adoption d’une charte • L’adoption de nouveaux textes et organes de goudes d fournisseurs mais aussi d’un code d’éthique et de déontologie vernance comme l’Assemblée générale (organe interne, ainsi que la mise en place d’une démarche qualité dont la suprême) et le Comité d’audit qui sont 2 nouveaux finalité fi est la certification ISO 9001 version 2015.Autant de preuves organes en sus du conseil d’administration et du de d l’engagement fort de la CAMEG à jouer pleinement son rôle comité de supervision afin d’éviter que la CAMEG ne dde clé de voûte de l’accès aux produits de santé au Burkina Faso. puisse retomber dans les travers qui l’ont menée à C’ C est aussi la preuve de son engagement à respecter le contrat de des crises internes. cconfiance qui la lie aux populations en rendant accessibles financcièrement et géographiquement sur toute l’étendue du territoire Dr Anne Maryse K'HABORÉ • Le recrutement de sa première directrice générale, ddes médicaments essentiels génériques de qualité et en œuvrant DG CAMEG une première dans l’histoire de la Centrale après pour p la réussite des différentes politiques de gratuité telles que la plus de 25 ans d’existence. La nouvelle DG qui a épouusé cette ppensée gratuité pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, et celle de de Gandhi, « vous devez être le changement que vous voulez voir dans planification familiale dans un futur proche. ce monde », croit à la force de l’équipe et au management participatif et surtout par l’exemple. Du haut de son expérience internationale Cet engagement et cette nouvelle vision de la CAMEG sont sous-tendus dans les grandes firmes pharmaceutiques, elle imprime une nouvelle par des valeurs de responsabilité, rigueur, intégrité, solidarité et qualité, dynamique d’équipe et c’est désormais une CAMEG unie, soudée et qui traduisent également la volonté indéfectible de toute l’équipe de reconcentrée sur ses objectifs premiers « Faire de la santé pour tous, la CAMEG de remplir les missions qui lui sont assignées et servir avec une réalité au Burkina Faso » qui s’engage à faire corps avec la nouvelle dévouement et redevabilité les populations burkinabè. vision de l’institution. Ainsi, toutes ces actions sont désormais inscrites dans une seule et même lo• L’ambition de la CAMEG est de poursuivre de manière résolue les réformes gique : imaginer avec tous les acteurs de la chaine d’approvisionnement des entreprises pour faire de cette institution une référence au Burkina Faso et produits de santé, un modèle gagnant pour faire de la santé pour tous, une dans toute la sous-région. réalité au Burkina Faso. SIÈGE SOCIAL ZAD OUAGADOUGOU - 01 BP 4877- Ouagadougou 01 - Tél. : (+226) 25 37 37 50-51 - E-mail : cameg@cameg.bf facebook.com/camegbf - twitter.com/camegbf - instagram.com/camegbf

www.cameg.com

JAMG - Photos : D.R. sauf image a l’intérieur du cercle supérieur Adobestock.com

L’année 2018 a été une année de réformes à lla CAMEG, avec :


SOPHIE GARCIA | HANSLUCAS.COM

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SÉCURITÉ

Grandes manœuvres dans l’état-major Les défis sont de taille. Les récents changements à la tête de l’appareil militaire suffiront-ils à les relever ?

BENJAMIN ROGER

entement, insidieusement, le même scénario se répète. Comme dans le centre du Mali voisin, les tueries intercommunautaires s’ajoutent désormais aux attaques jihadistes dans le nord du Burkina Faso. Les 1er et 2 janvier, les Burkinabè ont découvert avec effroi qu’une cinquantaine de civils peuls – plus d’une centaine, selon des ONG locales – avaient été tués par des Koglweogo (membres de milices d’autodéfense, majoritairement Mossis) dans la zone de Yirgou (centrenord). Un bain de sang sans précédent qui a profondément choqué une nation jalouse de la coexistence, jusqu’alors pacifique, entre ses nombreuses communautés. Depuis, les violences à caractère ethnique se multiplient, nourries par le poison de la vengeance. Début avril, plus de 60 personnes ont péri dans de nouveaux affrontements intercommunautaires à Arbinda, dans le Soum (nord).

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APRÈS L’EST, LES CHEFS MILITAIRES ENTENDENT DÉPLOYER DES OPÉRATIONS DANS LE NORD, POUR LÀ AUSSI TENTER DE RÉINSTALLER L’ADMINISTRATION ET DE ROUVRIR DES ÉCOLES.

Membres des Forces armées nationales (FAN) positionnées à la frontière du Mali.

Pour noircir encore ce tableau, les groupes jihadistes continuent à cibler civils, fonctionnaires et forces de défense et de sécurité dans le Nord et l’Est. Raids nocturnes, embuscades à l’aide d’engins explosifs improvisés, enlèvements de Burkinabè et d’étrangers… L’armée, par ailleurs accusée d’exactions et d’exécutions sommaires lors de récentes opérations antiterroristes, peine à sécuriser son territoire, dont de larges pans sont devenus infréquentables.

Problème de leadership

À un an et demi de la fin du quinquennat, il y a donc urgence pour Roch Marc Christian Kaboré à inverser cette tendance. En janvier, le président a opéré plusieurs changements majeurs dans l’appareil sécuritaire. D’abord en nommant le général Moïse Miningou au poste de chef d’état-major général des armées, puis en confiant le ministère de la Défense à l’un de ses proches, Chérif Sy, et celui de la Sécurité à un colonel de gendarmerie, Ousséni Compaoré. « Il y avait un problème de leadership. La chaîne de commandement a été modifiée. Maintenant


les troupes font le job », assure un intime de Kaboré. « La donne est en train de changer sur le terrain », confirment plusieurs officiers. Cette armée en reconstruction, débordée par la guerre asymétrique que lui imposent ses adversaires, doit relever un défi de taille : stopper la propagation de l’insécurité et tenir simultanément les fronts nord et est, le long des plus de 1 600 kilomètres de frontière avec le Mali et le Niger. En plus du maintien de son dispositif dans le Nord, ordre a été donné à la nouvelle hiérarchie militaire de se concentrer sur l’Est, où des groupes jihadistes se sont implantés en 2018. « Il y a d’immenses forêts dans cette zone, où il est aisé de se cacher. Si on les laisse y prendre racine, il sera très compliqué de les en déloger. D’où l’importance d’agir rapidement », explique un interlocuteur au ministère de la Défense. De mars à avril, l’armée y a mené l’opération Otapuanu. Cette grande manœuvre antiterroriste, qui a mobilisé des moyens aériens et terrestres importants, avait pour objectif de restaurer

ALLIANCE FRANÇAISE Si les Français ont été tenus à l’écart de l’opération Otapuanu, ils restent des alliés majeurs sur le plan sécuritaire. À la fin de 2018, sous la pression des groupes jihadistes, les autorités burkinabè avaient fait appel à la force Barkhane pour des opérations conjointes dans l’Est et le Nord. Un accord avec la France a ensuite été signé, en décembre, lors de la visite de Roch Kaboré à Paris, pour encadrer cette coopération. Depuis, les forces françaises ont essentiellement mené des évacuations sanitaires. Elles dispensent aussi des formations militaires. B.R.

l’autorité et les services de l’État dans une région qui, petit à petit, lui échappe. Selon nos informations, une trentaine de jihadistes présumés ont été neutralisés, certains arrêtés (dont l’un de leurs principaux chefs, Oumarou Diallo) et des bases démantelées. Le tout, le plus souvent, grâce aux informations collectées sur le terrain par l’Agence nationale du renseignement (ANR). « Tout cela va dans le bon sens, les résultats sont là », se félicite Simon Compaoré, ex-ministre de la Sécurité. Reste maintenant à garder sous contrôle cette région stratégique, frontalière des voisins côtiers que sont le Bénin et le Togo. Après l’Est, les chefs militaires entendent déployer de nouvelles opérations dans le Nord pour, là aussi, tenter de réinstaller l’administration et de rouvrir des écoles, mais pas seulement. En novembre 2020 se tiendront les élections présidentielle et législatives. Ce serait un échec que le scrutin ne puisse être organisé dans certaines zones, faute de sécurité.

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TRIBUNE

Comment mettre fin au terrorisme M

DR

enaces de mort, enlèvements d’agents publics, bastonde faire libérer les otages européens capturés par des groupes nades et assassinats d’enseignants ou d’élus locaux, incenrebelles ou terroristes. Il est évident que pour réussir de telles dies… Les actions, de plus en plus nombreuses, menées par les actions de médiation, Blaise Compaoré avait besoin de liens groupes terroristes au Burkina Faso ciblent en particulier l’armée, solides avec le réseau du grand banditisme intervenant dans les élus locaux, le secteur minier et les écoles – au 15 février, selon divers trafics. En 1999 et en 2000, à l’instar du Libérien Charles le ministère de l’Éducation nationale, plus de 150000 élèves et Taylor, Blaise Compaoré est ainsi mis en cause à plusieurs 5000 enseignants étaient concernés par la fermeture de leur étareprises par l’ONU, qui accuse le Burkina de servir de plaque blissement. La peur s’installe dans les esprits et tournante à des trafics d’armes et de diamants, réveille la nostalgie de l’ère Compaoré, où aurait en particulier au profit du Revolutionary United régné une relative paix. Front (RUF), le groupe armé du Sierra-Léonais Pour nombre d’observateurs, les causes les Foday Sankoh, et de l’Unita, le mouvement plus profondes de ces actes terroristes sont liées rebelle angolais de Jonas Savimbi. à l’insécurité qui s’est propagée dans l’espace Pendant leur séjour au Burkina Faso, les sahélo-saharien après la désagrégation de la terroristes ont eu le temps de lier des amitiés Libye, avec l’expansion de mouvements tels dans les différentes sphères de la vie sociale et qu’Aqmi, le Mujao et Ansar Eddine. Le Burkina de mettre en place des cellules dormantes. Le a une longue frontière avec le Mali et avec le système sécuritaire du pays sur les plans du renVincent Ouattara Niger, deux pays touchés par les attaques des seignement et de la capacité de réaction face Essayiste et romancier, jihadistes, qui opèrent depuis des camps d’enaux attaques terroristes s’en est trouvé affecté. professeur de lettres traînement situés au Mali. Après la fuite de Blaise Compaoré, un toilettage et d’anthropologie aurait sans doute été indispensable. culturelle à l’université n avril 2015 survient le premier acte terroriste Lors des attaques perpétrées à Ouagadougou Norbert-Zongo qui frappe le pays, l’enlèvement d’un expaen mars 2018 contre l’ambassade de France et de Koudougou trié membre de l’équipe de sécurité de la mine l’état-major des armées (revendiquées par le de Tambao; puis, le 15 janvier 2016, le premier Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), attentat : l’attaque de trois établissements en une source gouvernementale a parlé d’infiltraplein centre de Ouagadougou revendiquée tions, soulignant que les terroristes « avaient par Aqmi, qui justifie son acte par les opérations françaises une connaissance des habitudes et pratiques courantes au sein en Afrique et par l’invasion de la culture occidentale. Bilan, de l’état-major ». 30 morts. Le même jour, un couple d’Australiens est enlevé à Djibo, dans le Soum. Ces attaques interviennent peu après i la famille burkinabè n’est pas unie contre un même l’investiture – le 29 décembre 2015 – de Roch Marc Christian ennemi, la lutte devient difficile. Les groupes armés orgaKaboré, qui commence son mandat dans la douleur et sans la nisent des conflits intercommunautaires pour recruter leurs quiétude nécessaire à la mise en œuvre de son programme. « soldats », leurs complices, leurs informateurs. Leurs attaques Parmi les causes liées au phénomène terroriste au Burkina, déstabilisent la cohésion entre Burkinabè, découragent les uns il ne faut pas négliger les liens entre les réseaux jihadistes et de venir en aide aux forces de défense et de sécurité et encoul’ancien chef de l’État Blaise Compaoré, lequel avait dû s’enfuir ragent les autres à soupçonner leurs voisins d’être de connien Côte d’Ivoire sous la pression de l’insurrection populaire des vence avec les terroristes. Les partis d’opposition crient tantôt au 30 et 31 octobre 2014. Les experts ne doivent pas oublier de tenir laxisme, tantôt à la dérive totalitaire du régime… On risque de compte du rôle qu’il a joué pour déstabiliser certains pays de la voir la population sombrer progressivement dans la psychose sous-région, dont le Liberia, la Sierra Leone, la Côte d’Ivoire et le et la société se désagréger. Mali. La diplomatie burkinabè et les services de renseignements En réalité, la question à l’ordre du jour des partis politiques ont pendant longtemps œuvré à faire de lui un médiateur dans et des organisations de la société civile devrait être : comment les conflits entre factions rivales au sein d’un même pays ou mener les missions régaliennes qui sont celles d’un État de droit entre pays différents. Et un médiateur qui avait aussi les moyens sans être « les idiots utiles » des groupes terroristes ?

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AN II DE LA MANDATURE 2016-2021 D’importantes réalisations au profit du secteur privé burkinabè L’installation officielle des membres de l’Assemblée Générale de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso (CCI-BF) intervenue le 30 novembre 2016 a marqué le début de la mandature 2016-2021. Les nombreuses attentes des milieux d’affaires traduites en projets ont été consignées dans un référentiel de gouvernance, le Plan Stratégique de la Mandature (PSM).

B Les membres de l’Assemblée Générale de la CCI-BF à l’issue d’une session plénière.

Deux années après, plusieurs chantiers s’inscrivant dans le cadre d’un vaste programme d’accompagnement à la transformation structurelle de l’économie du Burkina Faso ont été entamés. Grâce à la détermination et à l’action concertée des milieux d’affaires et du Gouvernement burkinabè, le bilan de la mise en œuvre du Plan Stratégique de la Mandature (PSM) est satisfaisant. Avec un taux d’exécution physique moyen de 79,68 % pour l’année 2018 et 74 % en 2017, la mise en œuvre du PSM est progressive et rassurante.

« La CCI-BF, l’excellence au service d’un secteur privé prospère ! »

Les manifestations économiques organisées par la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso aux plans national, sous-régional et international ont connu un franc succès. Leurs contributions à la relance économique ont été appréciées à leur juste valeur. Plusieurs opportunités d’affaires ont

été offertes au secteur privé national à l’occasion d’événements économiques majeurs ; 13 missions commerciales ont été organisées au bénéfice de 410 hommes d’affaires dans des pays à fort potentiel pour le Burkina Faso (Côte d’Ivoire, Chine, Japon, Pays-Bas, Turquie, etc.) Le dynamisme de l’économie s’est traduit par la délivrance de 209 937 documents d’importation et d’exportation pour environ 5,7 millions de tonnes de marchandises enregistrées, une bonne partie de ces marchandises ayant été traitées sur les plateformes logistiques de la CCI-BF. En outre, les efforts consentis en faveur de l’amélioration du climat des affaires ont permis la création formelle de 12 206 entreprises. Par ailleurs, les investissements réalisés dans le cadre du renforcement du capital humain ont permis l’ouverture de deux nouvelles filières « Électricité-auto » et « Licence en transport-logistique », et le démarrage des travaux de construction du campus consulaire qui abritera l’École Burkinabè des Affaires (EBA), le Centre de Formation en Bâtiments et Tra-


COMMUNIQUÉ

Plus de 6 000 rendez-vous B2B ont été organisés.

vaux Publics (CFBTP) et le Centre de Formation en Agroalimentaire et Tourisme (CFAT). Plus de 1 142 apprenants ont été formés par le Centre de Formation en Transport Routier et Activités Auxiliaires (CFTRA) ; 224 étudiants sont sortis diplômés de l’Institut Supérieur de Génie Électrique (ISGE), soit 172 techniciens supérieurs et 52 ingénieurs de travaux, spécialisés en électricité industrielle et énergie renouvelable, en réseau informatique et télécommunications et en maintenance industrielle.

doyenne des institutions publiques de notre pays et surtout de réfléchir sur les réformes majeures à engager pour l’avenir. D’importantes activités ont également été réalisées : •

la construction des sièges des Délégations Consulaires Régionales (DCR) du Centre-sud (Manga) et de la Boucle du Mouhoun (Dédougou) et la pose des premières pierres des sièges des DCR du Plateau central (Ziniaré) et du Centre-nord (Kaya) ;

Enfin, 2018 a également connu l’organisation :

l’organisation du colloque international sur le rôle et l’avenir des Chambres de Commerce et d’Industrie, et du premier forum sur l’innovation en faveur des femmes chefs d’entreprises ;

l’accélération des travaux de construction du parking gros porteurs à Akassato au Bénin ;

la construction du siège de la Représentation de la CCI-BF à Lomé au Togo.

de la 5e édition du forum ouest-africain de développement des entreprises, AFRICALLIA qui a mobilisé 660 hommes d’affaires représentant 508 entreprises de 19 pays d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Europe ; du symposium national sur l’industrie qui a réuni plus de 310 acteurs du secteur privé et de l’administration publique autour du thème « Mise en œuvre du PNDES : Quelles mesures pour un secteur industriel plus performant au Burkina Faso ? » ; de la première édition du Cadre de Concertation et d’Orientation pour le Dialogue État/Secteur Privé (CODESP) sous le thème « Secteur privé et défis de la transformation industrielle et artisanale ». Ce nouveau format de la traditionnelle Rencontre Gouvernement-Secteur Privé a permis d’associer davantage les différents acteurs à travers les cadres de concertation régionale ;

Ces manifestations se sont déroulées dans un contexte de fête, celui de la célébration des 70 ans d’existence de la CCI-BF. Ce jubilé de platine a été l’occasion d’une introspection sur le parcours de la

Ces résultats, bien que satisfaisants, ne sont que des acquis d’étape. D’importants projets sont planifiés pour cette année 2019 et celles à venir. C’est le cas de l’extension du port sec de Bobo-Dioulasso et la construction du port sec multimodal de Ouagadougou. Évalués respectivement à hauteur de 20 et 25 milliards de FCFA, ces deux infrastructures économiques majeures faciliteront le traitement du fret national et international. Avenue de Lyon, 01 BP 502 Ouagadougou 01 Tél. : (+226) 25 30 61 14 (+226) 25 30 61 15 Fax : (+226) 25 30 61 16 E-mail : info@cci.bf

www.cci.bf

Photos : D.R.

Siège de la CCI du Burkina Faso à Ouagadougou.


Grand format BURKINA FASO

ÉCONOMIE

De bon augure

134

Malgré le contexte difficile, la croissance devrait se maintenir durablement grâce aux efforts des pouvoirs publics, ainsi qu’à la vitalité des secteurs agricole et minier.


L

a belle croissance du Pays des hommes intègres promet de durer. Le FMI prédit qu’elle se maintiendra à 6 % dans les prochaines années. Ce n’est que justice compte tenu des efforts des gouvernants et de la population. Si l’on prend les grands paramètres macroéconomiques (lire « Repères » p. 136), les résultats sont là. L’inflation est modérée (2 % par an); le déficit budgétaire, ramené de 7,8 % du PIB en 2017 et à 4,7 % en 2018, tend vers les 3 % requis ; la dette publique demeure raisonnable (42,5 % du PIB) et la dette vis-à-vis de l’étranger (24,2 % du PIB) promet de baisser. Les réformes se mettent en place. Le prix des carburants s’adaptera automatiquement aux évolutions sur le marché mondial, ce qui permettra de limiter les subventions publiques. Les embauches dans la fonction publique ont été réduites de 40 % en 2018, et le régime des primes et indemnités est en voie d’être modifié. Malgré un certain relâchement l’an dernier, le Burkina Faso collecte mieux

ses impôts. « Il a fait beaucoup de progrès en matière fiscale, confirme Arthur Minsat, chef de l’unité Afrique au Centre de développement de l’OCDE. Les recettes fiscales ont atteint 18,1 % du PIB en 2016, contre 10,2 % au début de la décennie. » La liste des améliorations n’est pas close : l’interconnexion électrique permet de doubler la fourniture de courant en provenance du Ghana; le pôle agro-industriel de Bagré est un succès, et le triangle transfrontalier avec la Côte d’Ivoire et le Mali (Bobo-Dioulasso-Korhogo-Sikasso) promet d’en être un autre à moyen terme. Rappelons que le Burkina Faso est l’un des rares pays à honorer la déclaration de Maputo (2003), qui demande aux pays africains de consacrer à l’agriculture au moins 10 % de leur budget.

Un complément de revenus précieux

Le secteur minier est en plein essor. Ses recettes progressent au rythme de 10 % par an, et 15 000 emplois y ont été créés en 2018. La locomotive est évidemment l’or – dont la quatorzième mine, exploitée par Teranga Gold à Niankorodougou, devrait sortir son premier lingot à la fin de l’année – avec une production industrielle de plus de 52,6 tonnes en 2018, auxquelles s’ajoutent quelque 9,5 t extraites par le secteur artisanal. Celui-ci pose des problèmes de pollution et de sécurité, mais il procure un complément de revenus précieux aux populations locales.

Terrassement avant goudronnage de la route nationale 3, au nord-est de Ouagadougou, en août 2018.

AURIMAGES

ALAIN FAUJAS

135


Grand format BURKINA FASO ÉCONOMIE

Si les effets ne se sont pas encore fait sentir, la reprise des relations diplomatiques avec la Chine devrait donner un coup de fouet aux innombrables projets d’infrastructures (routes, énergie), grâce à l’arrivée des prêts et des entreprises de Pékin – pour mémoire, le rythme de réduction de la pauvreté depuis 2000 au Burkina Faso est identique à ce qu’il a été en Chine entre 1996 et 2013. On comprend que, face à ce tableau plutôt favorable, le FMI ait débloqué, en décembre 2018, une nouvelle tranche de 25,1 millions de dollars dans le cadre de son accord triennal avec Ouagadougou. Tout n’est pas rose pour autant. Selon la Banque mondiale, l’extrême pauvreté (moins de 1,9 dollar par personne et par jour) affectait 43,7 % de la population en 2017. « On constate le même type de croissance fondé sur la rente avec la prédominance des exportations d’or et de coton, déclare Arthur Minsat. Cela ne crée pas d’emplois en nombre suffisant et fragilise une économie sensible aux cours mondiaux des matières premières. » D’autant que la faible industrialisation du pays ne permet pas de transformer et de valoriser plus de 2 % de la production cotonnière.

REPÈRES

Myriade de PME familiales

Les services comme moteur Un développement (Répartition des activités humain à la traîne par secteur, en % du PIB)

136

jeuneafrique no 3042-3043 du 28 avril au 11 mai 2019

2017

Projections

2018

2019

2020

(variation annuelle en %)

PIB réel, à prix constants Inflation moyenne annuelle

6,3

6,0

6,0

6,0

0,4

2,0

2,0

2,0

(en % du PIB)

Solde budgétaire global

– 7,8 19,4 17,3

– 4,7 18,7 16,7

– 3,0 19,9 17,8

– 3,0 20,4 18,3

Total des dépenses courantes 29,9 dont dépenses courantes 18,4 dont dépenses d’investissement 11,6

27,5 17,3 10,2

25,8 18,8 7,0

26,0 17,6 8,5

IDE Solde extérieur courant Dette publique totale

3,0

3,0

2,9

2,8

-9,7

-8,1

-8,3

-7,0

38,4 24,1

42,5 24,2

42,0 23,4

41,7 22,5

Total des recettes courantes dont recettes fiscales

dont dette extérieure

Pour l’année 2017

Nombre d’habitants

19,2 millions

Primaire

Tertiaire

21

59,2

Taux de croissance 3,1 % par an

Population urbaine

28,7 %

Secondaire

19,8

Espérance de vie

60,8 ans

Des IDE soutenus

(Flux entrants, en millions de $, en 2017)

675

Côte d’Ivoire

532

Sénégal

486

Burkina Faso

334

Niger Mali

Population vivant en dessous du seuil de pauvreté (1,90 $/jour)

71,7 %

266

Bénin

184

Togo Guinée-Bissau

Taux de chômage : 6,3 % de la population active

146 17

Indice de développement humain (IDH) : 0,423, soit le 183e rang sur 189 pays classés bien en deçà de la moyenne de 0,537 pour l’Afrique subsaharienne

SOURCES : AUTORITÉS NATIONALES, FMI, CNUCED, PNUD

Autre écueil, le déficit en électricité. Certes, avec une puissance installée de 1 000 MW en 2020, contre 650 MW en 2018, il tend à se réduire, mais il pénalise toujours les bourgades rurales, dont plus de 95 % ne sont pas approvisionnées. Le poids excessif de la fonction publique représente 10 % du PIB. L’expansion du terrorisme oblige à consacrer une part croissante du budget à l’armée et aux forces de l’ordre : le budget de la sécurité a bondi de 35 % en 2018, et il progressera encore de 28 % en 2019, détournant de précieuses ressources qui devraient être consacrées au développement. Enfin, l’informel demeure un grave handicap. « Le Burkina Faso est typique des pays les moins avancés, explique Aruna Bineswaree Bolaky, économiste à la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced). Les entreprises informelles y sont dominantes et se créent surtout par nécessité de sortir du chômage. L’innovation y est très marginale. Elles ont du mal à survivre et encore plus à se développer en raison des obstacles que représentent la rareté des compétences et un accès limité au crédit. Elles ne peuvent donc pas créer beaucoup d’emplois. » Aussi, il y a urgence à faciliter la vie de la myriade des petites entreprises familiales. Oui, le Burkina Faso évolue dans le bon sens. Non, il n’est pas tiré d’affaire. Ce que reconnaissait avec lucidité Rosine Sori-Coulibaly, ministre de l’Économie de janvier 2016 jusqu’en janvier dernier, dans une interview accordée, en août 2018, à African Banker : « Les perspectives de croissance restent sujettes à des facteurs de risques tels que les attaques terroristes, la vulnérabilité de l’agriculture aux aléas climatiques, la persistance des revendications sociales, la faible mobilisation des ressources pour le financement du Plan national de développement économique et social et la volatilité des cours des matières premières. »

Un cadre budgétaire maîtrisé


© Adobestock.com

Le partenariat International University of Leadership (IUL) aux USA et IAM Ouaga offre un programme de Doctorat de classe mondiale (classé 35e en 2016 aux USA), ancré dans les réalités d’affaires qui préoccupent les dirigeants dans un monde ouvert, concurrentiel, où le savoir-faire et les compétences deviennent la matière première la plus convoitée.

PROGRAMME DU DBA

E Photo de famille pour le lancement du DBA

Le DBA (Doctorate of Business Administration), offert en français aux dirigeants, cadres supérieurs publics et privés et chercheurs de haut niveau, a pour principal objectif de former des acteurs économiques outillés pour intervenir dans des environnements complexes et demandeurs de compétences exceptionnelles en gestion stratégique et de projets, en gestion des ressources humaines et en gestion opérationnelle. Les nombreux secteurs émergents et porteurs des technologies de l’information, des services financiers, banques et assurances, de l’industrie manufacturière et du commerce international connaissent des mutations accélérées. Le DBA offre une réponse structurée pour anticiper, gérer et assurer la croissance essentielle au développement économique et social.

AUL 700 Développement du leadership AUL 702 Etudes de cas entrepreneurials AUL 704 Management multiculturel AUL 706 Management du changement AUL 708 Planification organisationnelle AUL 710 Consultation entrepreneuriale AUL 712 Entrepreneuriat et innovation AUL 714 Styles de management et genre AUL 716 E-planification portfolio AUL 718 Environnement international

LE PROCESSUS DE SÉLECTION É DES CANDIDATS SE DÉROULE EN 3 TEMPS 1.

Dossiers et prérequis

Les candidats doivent satisfaire à deux critères pour pouvoir postuler au programme : • Détenir un diplôme de niveau Master ou équivalent • 3 années minimum d’expérience professionnelle à un niveau de cadre.

2.

Entretien

• Une fois ces conditions remplies, le candidat doit effectuer un entretien devant un jury.

MÉTHODES D’ENSEIGNEMENT En présentiel ou en ligne, en français et en anglais

3.

Validation

• La décision finale est prise par une commission qui autorise ou non l’inscription au vu du dossier présenté et de l’entretien effectué.

DURÉE DE LA FORMATION 3 à 5 ans Le DBA met en place un dispositif permettant de mieux comprendre les dimensions technologiques, juridiques, réglementaires, éthiques et financières,fondements de la capacité de prendre et de gérer les décisions. Le DBA constitue une fenêtre innovatrice et ouverte sur le monde en permettant aux candidats d’interagir avec l’équipe internationale de supervision de leur projet d’études et d’enrichir leur réseau international d’affaires. Le DBA c’est davantage qu’une exigence pour les décideurs de haut niveau, c’est un passeport remarqué pour la mobilité internationale et l’accessibilité aux fonctions les plus exigeantes. Ce programme DBA est structuré en six semestres,selon un choix de modules a faire au préalable.

et perspectives des organisations mondialisées AUL 720 Analyse des opportunités du marché AUL 722 Méthodes quantitatives (Statistiques) AUL 726 Leadership de l’entreprenariat Mondial (I et II) AUL 724 Projet de recherche en équipe AUL 728 Dissertation (I et II) AUL 730 Dissertation (Suite-rédaction)

IAM OUAGA EN CHIFFRES - Business School avec

-

- Taux d’insertion de plus de 90 % ; une trentaine de filières ; - 1 500 étudiants ; Date de creation : 2007 ; - Mise à la disposition des étudiants 3 campus : Ouaga,Bobo etAbidjan ; d’un fonds pour l’entrepreunariat 19diplômesreconnusparleCAMES; de 100 millions de FCFA ; Partenariats avec - Partenariats avec des universités les grandes entreprises ; africaines, européennes, Plus de 8 000 diplômés ; canadiennes et américaines.

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www.iamburkina.com

JAMG - Photos : D.R. sauf mention

© Ministres du Burkina-Faso

COMMUNIQUÉ

DÉVELOPPEZ VOTRE LEADERSHIP


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STRATÉGIE

Moins de dépenses, plus de recettes, budget maîtrisé… Le nouveau ministre des Finances est résolu à poursuivre les réformes. NADOUN COULIBALY, à Ouagadougou

ommé le 24 janvier à la tête du ministère de l’Économie, des Finances et du Développement (Minefid), Lassané Kaboré, 51 ans, retrouve une maison qu’il connaît bien. Il en a notamment dirigé les affaires monétaires et financières, avant d’occuper la stratégique fonction de directeur général de la coopération (2013-2015) puis de rejoindre la Commission de la Cedeao, à Abuja (Nigeria), en 2016, en tant que directeur chargé de la stabilité macroéconomique et de la surveillance multilatérale des politiques économiques et financières des États membres. Sa première mission : apaiser la grogne de ses agents contre la réforme du fonds commun du Minefid, dont le montant est estimé à plus de 50 milliards de F CFA (plus de 76,2 millions d’euros) pour 2018, au lieu de 7,43 milliards en 2010. L’exécutif voulait réduire le montant de ce fonds en plafonnant ses versements à 25 % de la rémunération annuelle de chaque bénéficiaire. « Les syndicats ont répondu par un front social pernicieux, en sabotant les services. Une mutation des modes de lutte qui, je pense, va coûter extrêmement cher à l’État », prévient Ra-Sablga Seydou Ouédraogo, chercheur en économie et directeur de l’Institut Free-Afrik. Le 24 avril, un décret pris en conseil des ministres a supprimé le principe du fonds commun. En revanche, il instaure une prime de motivation trimestrielle, qui sera versée aux agents pendant les trois prochaines années, dont les montants varient entre 400000 F CFA par trimestre pour les agents des catégories D et E, et 900000 F CFA pour les cadres supérieurs.

N

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jeuneafrique no 3042-3043 du 28 avril au 11 mai 2019

HIPPOLYTE SAMA

Lassané Kaboré, l’équilibriste Le successeur de Rosine Coulibaly retrouve une maison qu’il connaît bien.

Pour Lassané Kaboré, cette mesure vise à éponger les crédits contractés sur la base du fonds commun auprès des banques. Le ministre devra par ailleurs favoriser l’installation de mécanismes innovants pour assurer le financement des chantiers inscrits dans le plan national de développement économique et social, sachant que les deux tiers de son coût, estimé à 15400 milliards de F CFA, sont censés être financés par le secteur privé. Il lui faudra aussi poursuivre la réforme de l’administration des impôts et des douanes, ainsi que celle de la fiscalité – lesquelles ont fait leurs preuves, puisque les recettes propres de l’État ont atteint 142,7 milliards de F CFA en janvier (contre 116,5 milliards en 2018, à la même période) pour des dépenses de 83 milliards.

Tenir le cap

LES RECETTES PROPRES DE L’ÉTAT SE SONT ÉLEVÉES À 142,7 MILLIARDS DE F CFA EN JANVIER, CONTRE 116,5 MILLIARDS EN 2018, À LA MÊME PÉRIODE.

« Les contraintes structurelles de l’économie n’ont cependant pas été réglées, comme la crise de l’énergie, qui n’a jamais été aussi sévère qu’en 2018 », indique Ra-Sablga Seydou Ouédraogo. Tout comme le FMI, ce dernier rappelle que, si l’économie burkinabè s’est montrée résiliente, ses perspectives, qui sont plutôt positives (voir tableau p. 136), risquent d’être revues à la baisse en raison de la menace de nouvelles attaques terroristes, qui pourraient peser sur le secteur minier et sur le tourisme, ainsi que des troubles sociaux, qui pourraient compromettre la perception des recettes et accentuer la pression sur les dépenses courantes. Qu’il s’agisse de prévenir ces risques ou de les compenser, Lassané Kaboré devra tenir ferme le cap des réformes pour préserver la stabilité macroéconomique et favoriser une croissance inclusive.


COMMUNIQUÉ

Missions d’Ingénieurs Conseils

Architecture et Ingénierie civile, Urbanisme et Aménagement

SATA AFRIQUE,

CONSTRUISONS ENSEMBLE L’AVENIR SATA AFRIQUE est une société qui exerce dans le domaine de l’architecture, de l’ingénierie, de l’urbanisme, de l’aménagement et du design. Elle intervient dans plus de 15 pays africains, et s’attelle depuis sa création à l’amélioration du cadre de vie et des espaces de travail pour le compte des États, bailleurs de fonds internationaux, institutions diverses et particuliers. Lauréate de plusieurs concours d’architectures nationaux et internationaux, la société est au service de la qualité et de la créativité pour un avenir durable des villes africaines.

LE PATRIMOINE CULTUREL AU SERVICE DE LA MODERNITÉ SATA Afrique se met au service du développement durable et se place à l’avant-garde d’une architecture typique à fort caractère identitaire. Elle crée et développe des espaces de vie contemporains et modernes adaptés aux spécificités locales.

LA FORCE D’UNE ÉQUIPE PLURIDISCIPLINAIRE ET EXPÉRIMENTÉE

« SATA Afrique a pour ambition de créer des villes contemporaines modernes et agréables, mais aussi soucieuses de la préservation de l’environnement pour les générations futures. » SIÈGE SOCIAL : Burkina Faso– 435, Rue 6-13 Secteur 6 - 01 BP 3610 Ouagadougou 01 Tél. : (+226) 25 30 27 11/ 25 30 07 15 - Fax : (+226) 25 30 27 12 - E-mail : infos@satafrique.com

www.satafrique.com

JAMG - Photos : D.R.

Avec 30 ans d’expérience et pour répondre au défi du développement urbain de nos villes africaines, Souleymane Zerbo, architecte-urbaniste, est à la tête d’une équipe de plus 50 agents de différentes nationalités et de compétences multiples, pour une réponse architecturale et technique de qualité.


Grand format BURKINA FASO ÉCONOMIE

INFRASTRUCTURES

Connexions et plus si affinités Des voies de contournement de la capitale à la liaison ferroviaire avec le Ghana, en passant par l’autoroute Ouaga-Abidjan, les chantiers pour améliorer les transports n’ont jamais été aussi nombreux.

140

NADOUN COULIBALY

la fin de mars, le président Roch Marc Christian Kaboré inaugurait la route inter-États KoupélaBittou-Cinkansé-frontière du Togo (la nationale 16). Les travaux, dont le coût s’élève à plus de 100 milliards de F CFA (près de 152,5 millions d’euros), ont porté, entre autres, sur la réhabilitation de plus de 150 km de route et de six ponts, la construction d’un péage à Cinkansé, l’aménagement de 14 km en 2×2 voies dans les agglomérations traversées. La modernisation de cet axe, qui permet d’améliorer considérablement le trafic entre le Burkina et Lomé, son principal port d’approvisionnement, est emblématique des chantiers engagés pour désenclaver le pays et doper ses échanges intracommunautaires. Le programme d’investissement routier de l’État prévoit une enveloppe globale de 250 milliards de F CFA pour l’année 2019, dont 128 milliards mobilisés au titre du Fonds spécial routier (FSR). Parmi les chantiers majeurs en cours: la route nationale Ouagadougou-FadaNgourma (125 milliards), le boulevard circulaire Tengsoba, à Ouaga (28 milliards), et l’autoroute de contournement de la capitale (185 milliards). Confié au groupe burkinabè Ebomaf, ce projet a démarré dans le village de Yimdi (banlieue ouest) et s’étendra sur un linéaire de 125 km, avec un tronçon nord (pour rejoindre les routes de Bobo et celles de Ouahigouya) et un tronçon sud (pour rejoindre Fada et Pô). C’est à la China Harbour Engineering Company qu’a été attribuée, pour un montant estimé à 200 milliards de F CFA, la réalisation du premier tronçon burkinabè de l’autoroute Ouaga-Abidjan (1200 km au

À

jeuneafrique no 3042-3043 du 28 avril au 11 mai 2019

total). Côté ivoirien, 240 km ont déjà été réalisés et 110 km sont en cours d’exécution. Côté burkinabè, les travaux devraient démarrer cette année, mais ce planning reste tributaire des assises de la commission mixte Chine-Burkina, censée faire l’arbitrage parmi les projets prioritaires et dont la réunion dépendra, entre autres, de la prise de fonctions des ambassadeurs des deux pays. Or le Burkina n’a pas encore désigné son représentant à Pékin. « Dès que le projet sera retenu, nous sommes prêts à lancer les travaux de la première phase entre Ouagadougou et Pouni, près de Koudougou, à 100 km de la capitale, dans le Centre-Ouest », assure le ministre des Infrastructures, Éric Bougouma. « Le choix de réaliser ce projet par tronçons vise à tenir compte des capacités de financement et de remboursement », poursuit l’ancien banquier (surnommé « bulldozer » par ses concitoyens).

LES 150 KM DE LA NATIONALE 16 ONT ÉTÉ MODERNISÉS, CE QUI PERMET DE RÉDUIRE DE 30 % LE TEMPS DE TRAJET Vers le port de Tema ENTRE KOUPÉLA Sur le front de l’interET LA FRONTIÈRE connexion ferroviaire, le Burkina et le Ghana (qui DU TOGO. représente entre 25 % et

30 % du volume des importations du Faso) mettent les bouchées doubles pour que le chantier de la voie ferrée entre Ouagadougou et Accra-Tema commence cette année. Au Burkina, la ligne passera notamment par Kombissiri, Bagré, Zabré, Pô, jusqu’à la ville frontière de Paga (soit un tracé d’environ 320 km). Au Ghana, elle desservira ensuite Tamale, Yendi, Ho, le port fluvial d’Akosombo et Accra, avec pour terminus le port de Tema (soit plus 800 km). Douze soumissionnaires ont été retenus dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt pour la réalisation et l’exploitation du projet, qui doivent maintenant formuler leurs offres techniques et financières.


PUBLI-INFORMATION

Saphyto

PRODUCTION D’INSECTICIDE TOMATE.

une nouvelle dynamique

C

réée en 1991, Saphyto est depuis plusieurs années leader au Burkina dans la fourniture de solutions agricoles et d’hygiène publique. Son activité tourne autour de son unité industrielle d’une capacité de plus de 6,5 millions de litres d’insecticide /an qui lui permet de rendre disponible ses produits en Afrique de l’ouest et du centre.

Une offre élargie En plus des produits phytosanitaires, Saphyto propose une gamme d’insecticides et fertilisants biologiques. La société commercialise des équipements de traitement et des équipements de protection individuelle permettant aux producteurs des traitements optimisés et respectueux de l’Homme et de l’environnement. Saphyto forme chaque année aux bonnes pratiques agricoles, près de 5 000 producteurs, gratuitement et au plus près de leurs champs. Saphyto possède également sa propre unité de multiplication de semences de maïs. Depuis 2007, Saphyto est un acteur majeur dans le contrôle des nuisibles et insectes vecteurs de maladie tel que le paludisme où la dengue. En 2015 elle a installé une unité industrielle d’incinération pour le contrôle de ses déchets. Cette unité qui est unique en son genre sur le territoire, est ouverte aux tiers, désireuse de détruire leurs déchets.

Une nouvelle dynamique Depuis 2016, Saphyto a enregistré une hausse considérable de son résultat. En effet, la société a enregistré en deux ans une augmentation de son chiffre d’affaires de plus de 45 % avec le chiffre d’affaires record en 2018 de 13,2 milliards F CFA. Cette performance est essentiellement due à son outil industriel unique, la rendant réactive au marché (augmentation des besoins en insecticides coton, nouveau besoin due à l’infestation des champs de céréales par la chenille légionnaire, etc.) L’année 2019 débute sous de bons auspices. L’introduction dans sa gamme de fertilisants et correcteurs de carence performants (hausse de rendement enregistré dans la culture de la tomate de près de 75 %) est un plus non négligeable pour les producteurs. L’engouement des industries et officines du Burkina autour de l’unité d’incinération de Saphyto, place la société aujourd’hui comme fournisseur clé de solu utions dans le traitementt de déchet industrriel et la préserrvation d e l’envi-ronnement.

FORMATION DES PRODUCTEURS DE L’UNPCB. USINE DE SAPHYTO.

SAPHYTO - SOCIÉTÉ AFRICAINE DE PRODUITS PHYTOSANITAIRES ET D’INSECTICIDES Avenue du Général Sangoulé Lamizana - 01 BP 1390 - Bobo-Dioulasso 01- Burkina Faso Tél. : (+226) 20 97 20 18/36 - Fax : (+226) 20 97 13 75 - Email : saphyto@saphyto.bf

JAMG/DF - PHOTOS : DR.

Spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de produits phytosanitaires, la Société Africaine de produits Phytosanitaires et d’insecticides (Saphyto) est aujourd’hui un acteur majeur dans la fourniture de solutions agricoles en Afrique de l’ouest.


Grand format BURKINA FASO ÉCONOMIE

MINES

Un record en or Grâce à l’exploitation de douze sites industriels, la filière aurifère a vu sa production croître de plus de 15 % entre 2017 et 2018. Et devrait faire encore mieux cette année.

Le site d’Essakane (Nord-Est), exploité par le canadien Iamgold, est le plus important du pays (11,5 t en 2018).

NADOUN COULIBALY

nférieure à 1 tonne par an au début des années 2000, la production d’or du pays ne cesse de croître : de 35 t en 2015, elle est passée à 38,5 t en 2016, 45,6 tonnes en 2017 et 52,66 t en 2018 (sans compter la production artisanale, qui s’élèverait, selon les autorités, à environ 10 t), avec douze mines industrielles en exploitation. Cette hausse de 15,4 % de la production en un an s’explique notamment par le début d’exploitation du site de la Société d’exploitation minière d’Afrique de l’Ouest (Semafo) à Boungou (dans l’Est). Avec près de 11,5 t d’or produites en 2018, le gisement le plus important du pays reste celui du canadien Iamgold, à Essakane (Nord-Est), entré en phase d’exploitation commerciale à la mi-2010. Quatrième producteur d’or du continent, derrière l’Afrique du Sud, le Ghana et le Mali, le Burkina est l’un des pays où les activités minières sont aujourd’hui les plus dynamiques. De nouveaux sites doivent entrer en phase de production d’ici à la fin de 2019 : celui de Wahgnion, à Niankorodougou (Sud-Ouest), dont les réserves estimées sont de 1,2 million d’onces (plus de 37 t), développé par le canadien Teranga Gold, ainsi que celui de son compatriote Orezone, à Bomboré, sur la commune de Mogtédo (Centre), dont les réserves sont également estimées à plus de 1 million d’onces (plus de 28 t), pour une durée de vie de treize ans, avec une production de 2,7 t/an pendant les sept premières années.

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TAMBAO RELANCÉ Déboutées de toute prétention à dommages et intérêts par la décision, rendue fin février, de la chambre arbitrale du tribunal de commerce international de Paris, les sociétés du milliardaire australo-roumain Frank Timis ont perdu toute chance de développer le projet intégré de manganèse de Tambao (est du pays), dans le différend qui les opposait depuis 2015 à l’État burkinabè. Lequel s’active désormais afin de réattribuer le permis minier de Tambao, dont les réserves sont estimées à 55 millions de tonnes, à un nouvel investisseur. Le français Eramet et plusieurs sociétés chinoises sont d’ores et déjà en lice pour la reprise du projet. N.C.

À la fin de février, l’État a par ailleurs accordé des permis d’exploitation pour trois concessions aurifères: Mogtédo (production totale attendue de 39,6 t sur une durée de vie de dix ans), à la junior Orezone Bomboré; Batié, dans le Sud-Ouest (28,6 t d’or sur une durée de vie de sept ans), à la société Konkera ; et Gogo, dans la région Centre-Sud (76,46 t sur une durée de vie de quatorze ans), à Kiaka SA. Le ministère des Mines estime que ces trois nouveaux permis d’exploitation devraient drainer au total 609 milliards de F CFA (928 millions d’euros) d’investissements.

Une carte d’artisan minier

En 2018, le secteur minier a représenté 10,6 % du PIB (contre 11,4 % en 2017) et 71 % des recettes d’exportation du pays, soit 1 308 milliards de F CFA. Pour l’heure, l’unique autre production minière du pays est le zinc, issu de la mine de Perkoa (Centre-Ouest), exploitée depuis 2013 et désormais gérée par le canadien Trevali, qui produit environ 160000 t/an. Pour diversifier le secteur, le ministère des Mines a entrepris des recherches pour tenter de découvrir de nouvelles ressources. « Nous avons complété les relevés géophysiques sur le quart sud-est du pays, soit une surface d’environ 72 000 km2. S’ils sont encore en phase d’interprétation, les résultats provisoires sont probants et montrent que c’est une zone à grand potentiel, explique le ministre, Oumarou Idani. Notre ambition est d’explorer notre sous-sol pour voir s’il regorge de substances stratégiques comme le gaz, le pétrole. Cette recherche va nous


IAMGOLD

MONTANT TOTAL DES TROIS DERNIERS PERMIS ACCORDÉS PAR L’ÉTAT: 609 MILLIARDS DE F CFA.

permettre d’atteindre l’objectif de diversification de la production. » Afin de mieux encadrer le secteur artisanal, un guichet unique va être créé pour organiser, sur chaque site, l’orpaillage en zones d’extraction, de traitement de minerai et d’habitation. « Cela va nous permettre

de contrôler l’activité et d’aider les acteurs dotés d’une carte d’artisan minier à évoluer vers la semi-mécanisation, voire vers la création de petites mines », précise Oumarou Idani. Les autorités burkinabè travaillent en outre à la modernisation du cadastre minier, notamment pour offrir la possibilité de remplir les formalités en ligne. « Il faut poursuivre la politique d’attractivité des investisseurs étrangers pour favoriser le potentiel géologique prometteur du pays », souligne Tidiane Barry, le président de la Chambre des mines. « Il est important que la dynamique se maintienne, d’autant que nous constatons une certaine fragilité liée à la situation sécuritaire, poursuit-il. L’exploration devient difficile, et les budgets ont été réduits, voire gelés. » Le problème de la vulnérabilité des sites miniers, dont certains ont été marqués ces derniers mois par des attaques meurtrières et des enlèvements d’agents, figure parmi les dossiers prioritaires de l’exécutif burkinabè.

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COTON

Or blanc, grise mine

Affectée par les aléas de la météo et par un certain manque d’organisation, la filière cherche un nouveau souffle.

ongtempspremierproducteurafricain de coton, le Burkina occupe désormais le troisième rang, derrière le Mali et le Bénin, qui ont chacun récolté plus de 700000 tonnes en 2018-2019. Sa production est en baisse pour la troisième campagne consécutive: annoncée à 800000 t, elle s’établit à 436000 t, en chute de 30 %, pour 2018-2019.« Les attaques terroristes dans l’Est ont eu un impact. Beaucoup de producteurs, fuyant l’insécurité, ont abandonné le traitement des champs. Une situation aggravée par l’arrêt brutal des pluies », confie Yacouba Koura, vice-président de l’Union nationale des producteurs de coton (UNPCB). Une sérieuse baisse par rapport aux campagnes 2017-2018 (611759 t) et 2016-2017 (682940 t) – selon les données du Programme régional de protection intégrée du cotonnier en Afrique (PR-PICA) –, mais plus que la moyenne annuelle de 384400 t réalisée entre 2007 et 2011. L’insécurité et les caprices de la météo ne sont pas les seuls en cause dans les difficultés de la filière coton, qui, deuxième produit d’exportation après l’or, contribue encore à

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Découragés par les impayés

UWE H. MARTIN / FOCUS / COSMOS

Récolte à Naniagara (Sud-Ouest).

4 % du PIB. François Traoré, ancien présidentdel’UNPCB,pointedudoigtdeschoix techniques inappropriés, la mauvaise qualité des intrants et le manque d’organisation de la filière. « Depuis que je produis le coton, les rendements à l’hectare n’ont jamais été aussi bas. Selon moi, cette baisse s’explique essentiellement par les attaques parasitaires qu’ont subies les cotonniers et par la mauvaise qualité des intrants, notamment des engrais », lance l’exploitant, qui récolte en moyenne 100 t/an de coton-graine.

NADOUN COULIBALY

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La baisse des récoltes est aussi due, en partie, au boycott des cotonculteurs. Échaudés par les pertes de revenus enregistrées lors de la précédente campagne, nombre d’entre eux se sont endettés et ont décidé de ne pas miser sur le coton en 2018-2019. Résultat: plus de 200000 hectares n’ont pas été ensemencés. « Nous allons réaliser un recensement pour évaluer le montant des impayés sur les deux dernières campagnes. Pour celle de 2017-2018, il se chiffre à plus de 11 milliards de F CFA [près de 16,8 millions d’euros] », confie un cadre de l’UNPCB. Selon les informations recueillies par JA, le cumul des impayés pourrait désormais dépasser 20 milliards de F CFA. « Pour relancer la filière, il faut apurer les impayés, préconise Yacouba Koura. Ces impayés ont découragé les producteurs, qui ont été nombreux à jeter l’éponge et à se tourner vers d’autres cultures. Et ils ne les incitent pas à se lancer à nouveau dans la culture du coton. Des négociations sont en cours entre l’État, les sociétés cotonnières et les producteurs. » Afin de remotiver les cotonculteurs, pour la campagne 2018-2019, qui s’achève, le gouvernement avait déjà relevé le prix d’achat du kilo de coton-graine de 245 F CFA à 250 F CFA pour le « premier choix » (contre 255 F CFA au Mali et 265 F CFA au Bénin et en Côte d’Ivoire). Il vient d’annoncer que ce prix d’achat aux producteurs sera encore augmenté, à 265 F CFA le kilo, pour la campagne 2019-2020.


COMMUNIQUÉ

Un nouveau plan stratégique de gestion de la sécurite sociale des agents publics (PS-GESSAP) 2019-2028 pour la CARFO

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a CARFO participe à la mise en œuvre de la politique nationale de protection sociale. À ce titre, elle a pour missions de gérer : • le régime de retraite institué par la loi n° 47/94/ADP du 29 novembre 1994 portant régime général de retraite des fonctionnaires, militaires et magistrats applicable aux fonctionnaires d’État, aux militaires, aux magistrats, aux agents des collectivités territoriales et aux fonctionnaires parlementaires ;

• le régime de prévention et de réparation des risques professionnels institué par la loi n° 022/2006/AN du 16 novembre 2006 portant régime de prévention et de réparation des risques professionnelss applicable li bl blique, aux agents de la fonction pub aux militaires et aux magistraats ; n• tout autre régime qui vien drait à être créé par la loi. Edwige Marie Eveline YAMEOGO n Directrice générale

Fondements du PS-GESSAP

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e Plan Stratégique de Gestion de la Sécurité Sociale des Agents Publics (PSGESSAP 2019-2028), est fondé sur :

2016-2020 à travers l’objectif stratégique 2.4 : « promouvoir l’emploi décent et la protection sociale pour tous, particulièrement pour les jeunes et les femmes ».

SIÈGE SOCIAL CARFO

01 BP 5569 Ouagadougou 01 Burkina Faso Tél. : (+226) 25 37 69 85 / 88 25 37 69 90 Fax : (+226) 25 37 42 24 25 37 42 22

www.carfo.org

• la vision de la Politique Nationale de Protection Sociale (PNPS) à l’horizon 2022, qui se décline comme suit : « le Burkina Faso, une nation solidaire qui dispose d’un système doté de mécanismes adéquats et pérennes de protection des populations contre les risques et les chocs ». • le Plan National de Développement Économique et Social (PNDES) suivant la période

Siège social de la CARFO.

DIFCOM/DF - PHOTOS : WORLD-PHOTO.

• l’Ét u d e N at i o n ale P r o sp ec tive (ENP) « Burkina 2025 », à travers sa vision intitulée Partant de ces fondements, le PS-GESSAP a pour « le Burkina Faso, une nation solidaire, de vision : « À l’horizon 2028, la CARFO est une progrès et de justice qui consolide son institution de sécurité sociale performante, respect sur la scène moderne, viable et acinternationale ». En efcessible aux assurés » et La CARFO, bâtir une fet, dans cette vision, pour objectif principal : solidarité agissante la solidarité a été re« assurer une meilleure tenue comme l’un des gestion de la sécurité entre les générations blocs fondateurs de la sociale des agents publics construction d’une nadu Burkina Faso par le tion Burkinabè émergente et rayonnante au renforcement des capacités financières et plan international. La construction de cette opérationnelles de la CARFO et l’amélioration nation solidaire passe par l’extension de la de la qualité des prestations et des services protection sociale. rendus aux assurés ».


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AGROALIMENTAIRE

OLYMPIA DE MAISMONT POUR JA

Velegda, un champion contrarié

Mamounata Velegda, le 9 avril, dans l’un de ses entrepôts de la zone industrielle de Kossodo.

Face à une concurrence asiatique qu’elle juge « déloyale », la charismatique fondatrice du leader de l’export ne décolère pas. Et contre-attaque. NADOUN COULIBALY

orsque Mamounata Velegda, P D G d u g r o u p e Ve l e g d a , accueille Jeune Afrique dans les entrepôts de son groupe, dans la zone industrielle de Kossodo (banlieue nordest de Ouagadougou), elle semble d’humeur morose. « Je ne suis pas contente !

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confirme-t-elle. Voyez, nos employés sont assis, faute de travail notre activité tourne au ralenti. Nous avons ici plus de 10000 tonnes de stock de céréales [sur les 25000 t que le groupe estime avoir dans ses magasins]. Depuis novembre 2018, nous attendons l’autorisation pour exporter nos produits, mais l’État ne répond pas », lancet-elle, visiblement en colère. Le groupe est en effet confronté à la concurrence, qu’elle estime déloyale, d’exportateurs étrangers qui spéculent sur le marché et qui lui auraient fait perdre entre 7 et 10 milliards de F CFA (entre 10,67 et 15,25 millions d’euros) l’an dernier.


« Effectivement, des sociétés asiatiques, notamment indiennes, viennent, sans agrément, acheter des céréales. Leurs méthodes consistent d’abord à importer des produits – riz, sucre, etc. – destinés au marché local, puis, pour contourner la réglementation financière, elles utilisent les fonds de la vente pour aller acheter des céréales “bord champ”. Le ministère du Commerce s’est engagé à réguler ce secteur. On en est là », résume Idrissa Nassa, fondateur de Coris Bank, qui finance les opérations du groupe. « Je pense que certains aspects de la filière échappent aux autorités », avance un expert des marchés agricoles. Contacté, le ministère du Commerce explique que la délivrance des autorisations est soumise à l’évaluation des stocks céréaliers nationaux.

Carnet de commandes bien rempli Leader burkinabè de l’agroalimentaire, le groupe, fondé en 1980 par Mamounata Velegda, a pour première activité la production, la collecte et la commercialisation de produits locaux (amandes de karité, sésame, arachide, mil, sorgho, maïs…). Il peut se targuer d’avoir exporté plus de 40 000 t de céréales en 2018 (en baisse, puisqu’en 2015 il en avait exporté 75000 t), mais est aussi l’un des plus gros importateurs de produits de grande consommation (huiles, pâtes, farine, sucre…). Ce qui lui vaut un net recul de son chiffre d’affaires, qui s’établit à 17 milliards de F CFA en 2018, contre plus de 27 milliards en 2017. Également actif dans la transformation du beurre de karité, le groupe avait échoué,

LE GROUPE POURSUIT SON DÉVELOPPEMENT ET ENVISAGE DE NOUVEAUX INVESTISSEMENTS.

il y a quelques années, à obtenir un accès préférentiel au marché américain dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa). Il n’avait pu exporter aux ÉtatsUnis que 18000 t de beurre de karité, pour environ 16 500 euros de recettes. « Le prix proposé était trop bas, et nous avons eu des difficultés pour nous faire payer. Nous avons donc décidé d’arrêter », explique Mamounata Velegda. Depuis, la self-made-woman s’est tournée vers les pays de la sous-région, en particulier le Mali et le Sénégal, vers certains marchés asiatiques, comme ceux de la Chine et de Taïwan, ainsi que vers l’Europe. Comptant de prestigieux clients, comme Maviga, implanté à Londres, et Wilmar, à Singapour, le carnet de commandes du groupe est bien rempli, avec notamment quelque 22000 t de sésame. De quoi se consoler un peu des déconvenues auxquelles il est confronté sur le marché burkinabè. Malgré la morosité de ce dernier, Mamounata Velegda n’a pas renoncé à son intention d’y investir dans une unité industrielle, même si elle préfère ne pas communiquer au sujet du projet pour le moment. « L’industrialisation est salutaire, je l’encourage fortement à y aller au plus vite, indique Idrissa Nassa. Nous sommes en négociation avec les banques, dont Afrixembank et la Banque africaine de développement, afin de mobiliser le financement. » Pour donner un ordre d’idée de son montant, la construction d’une unité de transformation du beurre de karité et de fabrication de dérivés cosmétiques représente un investissement pouvant aller de 3 à 6 milliards de F CFA.


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SOCIÉTÉ

Entrée en vigueur en 2016, la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans a permis de réduire fortement le taux de mortalité.

SOPHIE GARCIA | HANSLUCAS.COM

Dans un dispensaire de la région Centre-Nord.

La santé n’a pas de prix


NADOUN COULIBALY

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ardi 26 mars, il est à peine 7 heures au Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) de Dassasgho, quartier est de Ouagadougou. Alors que le soleil pointe à l’horizon, déjà des flots de patients entrent et sortent du dispensaire, dont de nombreuses femmes, certaines portant un nourrisson, d’autres tenant leur enfant par la main. Depuis l’entrée en vigueur, en avril 2016, de la gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans, la fréquentation de ce CSPS n’a cessé d’augmenter. Il enregistre désormais plus de 50 000 consultations par an, pour une population estimée à 31 000 personnes. « Le premier effet de cette mesure est d’avoir réduit considérablement le taux de mortalité des enfants de 0 à 5 ans, souligne Madeleine Ilboudo, infirmière responsable du CSPS. Ces deux dernières années, nous n’avons d’ailleurs enregistré aucun décès, pour la simple raison que les femmes n’attendent plus leur mari pour consulter. Cela évite les complications, et les pathologies sont détectées de manière plus précoce, notamment le paludisme, première cause de consultations et de décès au Burkina. » Le dispositif a aussi chamboulé le financement du système de santé. Au fur et à mesure de sa mise en œuvre, l’enveloppe allouée à la prise en charge de la gratuité est en effet passée de 17 milliards de F CFA (25,9 millions d’euros) en 2016 à 28,8 milliards en 2017, et elle a atteint plus de 31,8 milliards l’an dernier. Mais le décalage dans le décaissement pénalise les centres de santé. « Depuis octobre 2018, le CSPS de Dassasgho supporte le coût de la gratuité en attendant d’être remboursé par l’État », déplore Madeleine Ilboudo, tout en saluant la justesse et l’équité du dispositif. « À la fin de l’exercice 2018, le montant total des impayés s’élève à environ 10 milliards de F CFA, et nous n’avons pas encore réglé la facture du premier trimestre de 2019 », reconnaît Pierre Yaméogo, secrétaire technique chargé de la couverture sanitaire universelle au ministère de la Santé, qui assure cependant qu’une avance de 8 milliards de F CFA a d’ores et déjà été consentie.

Bouche-à-oreille

La gratuité des soins de santé pour les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes constitue un grand bond en avant vers la couverture sanitaire universelle, étant donné qu’elle permet déjà d’assurer la prise en charge totale de 25 % des 20 millions de Burkinabè. « Il fallait rompre la barrière financière pour favoriser un accès aux soins équitable », insiste Pierre Yaméogo. Selon les spécialistes de la santé, cette mesure inédite au Burkina permet en effet de prendre en charge 80 % des pathologies infantiles et maternelles, parmi lesquelles le paludisme, les diarrhées ou encore les infections respiratoires, et elle inclut les interventions chirurgicales, comme la césarienne.

« C’est une bonne mesure, même si, parfois, certains médicaments sont en rupture de stock », dit Adji Ouédraogo, 26 ans, enceinte de six mois, qui vient au CSPS de Dassasgho pour une pesée. Sophie Palenfo, 32 ans, arrive, elle, avec sa fillette de 7 mois, souffrante. C’est par le bouche-à-oreille qu’elle a appris que la gratuité était effective. « Avant j’avais peur de consulter à cause du coût de l’auscultation et de l’ordonnance, confie-t-elle. Désormais, je n’hésite plus ! »

Généralisation du dispositif

L’engouement des populations vulnérables pour le dispositif conforte les équipes du secrétariat technique chargé de son suivi. « Sur la période 2010-2015, nous avions un taux de consultation pour les moins de 5 ans qui était de 1,7 contact par enfant et par an, alors que la norme mondiale est de 3 contacts. En 2016, grâce à cette mesure, ce taux est passé à 2,49 contacts par enfant, et à 3,08 contacts en 2018 », se félicite Pierre Yaméogo. Pour généraliser le dispositif et étendre la gratuité au niveau communautaire, le ministère de la Santé veut permettre aux 17900 agents qui ont été formés à cet effet de soigner les cas simples de palu, de diarrhée ou de toux. « Nous allons mettre à la disposition de ces agents des médicaments, ainsi que des contraceptifs », précise Pierre Yaméogo. De quoi accompagner le démarrage, prévu en juin 2019, d’un autre chantier sanitaire et social d’envergure: la gratuité des services de planification familiale. Un arrêté ministériel doit venir d’ici là préciser les modalités de la mise en œuvre progressive de cette mesure, dont le coût est estimé à 6,4 milliards de F CFA.

PHARMACIE À BUT NON LUCRATIF Si l’État finance la gratuité des soins, c’est à la Centrale d’achats des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux (Cameg), d’assurer l’approvisionnement en produits de santé (70 % de l’offre). La Centrale affiche un bilan de 55 milliards de F CFA (83,85 millions d’euros) en 2018 et, la demande en médicaments ayant augmenté de plus de 200 %, son carnet de commandes s’élève à 49 milliards de F CFA, contre 34 milliards en 2014. « En tant qu’association à but non lucratif, nous réinvestissons nos bénéfices pour améliorer

les performances ou baisser les coûts des médicaments, explique Anne-Maryse K’Haboré, docteure en pharmacie et directrice générale de la Cameg. Cette année, par exemple, pour améliorer l’accès de la population aux produits, nous avons proposé une baisse des prix de près de 800 millions de F CFA. » Pénalisée par la lenteur des décaissements publics, la Cameg estime cependant que les créances de l’État (21 milliards de F CFA) ne lui permettent pas d’assurer sereinement sa mission d’approvisionnement. N.C.

jeuneafrique no 3042-3043 du 28 avril au 11 mai 2019

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SOPHIE GARCIA | HANSLUCAS.COM POUR JA

Le dramaturge a reçu, en 2018, le Grand prix littéraire d’Afrique noire pour Terre rouge.

THÉÂTRE

L’homme-orchestre

Comédien, auteur et metteur en scène, Aristide Tarnagda cisèle les mots pour dire son monde à une seule et même humanité. DAMIEN GLEZ, à Ouagadougou

ristide Tarnagda n’a-t-il été comédien que pour mieux se laisser happer par l’écriture? Ne s’improvise-t-il metteur en scène que pour mieux propulser ses mots ? L’œuvre littéraire de ce trentenaire burkinabè est un geyser de tirades dont la silhouette a tout d’un corps. Sous la syntaxe la plus feutrée naît la beauté du brut, celle qui fleure le parfum d’un épiderme ou la caresse d’un souffle. Ses écrits tissent la mort et l’amour (De l’amour au cimetière, 2008), le déracinement et la

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faim (Il pleut de l’exil, 2007), la rosée violée et l’air facturé (Terre rouge, 2017, et On ne payera pas l’oxygène, 2008). Parfois aérienne, sa poésie reste d’argile palpable, huile de fond de marmite dont on sent l’odeur, cambouis de machines étranges donc on perçoit le cliquetis… Jusque dans les allitérations, le spectateur entend les syllabes trancher la fibre de la vie, fendre la densité des destins, désarçonner les âmes fragiles. Toujours en mouvement, l’écriture d’Aristide Tarnagda a quelque chose du flow hip-hop avec lequel elle se combine dans Etsijelestuaistousmadame? (2013). Haletant ou nonchalant? Le temps n’est qu’affaire de compression pour le dramaturge qui souhaite « faire entendre toute une vie le temps d’un feu rouge ».

Plongée dans l’écriture

C’est au sein du Théâtre de la Fraternité, au début des années 2000, que l’écrivain Jean-Pierre Guingané met à l’acteur Tarnagda le pied à l’étrier. Le jeune homme étudie encore la sociologie à l’université de Ouagadougou. Une seconde rencontre l’orientera vers


COMMUNIQUÉ

LA LONAB, E ENTREPRISE CITOYENNE au service du développement socio-économique du Burkina Faso

La Loterie Nationale Burkinabè (LONAB), est une Société d’État spécialisée dans l’organisation et l’exploitation des jeux de hasard au Burkina Faso. Sa mission consiste à mobiliser les ressources financières Simon TARNAGDA, DG

par l’exploitation des jeux de hasard et toute autre activité connexe afin de contribuer au développement du Burkina Faso.

N Quelques réalisations et dons de la LONAB.

Vision À l’horizon 2025, la LONAB est reconnue comme une entreprise performante et innovante contribuant au développement des PME et PMI au Burkina Faso.

1 - Le professionnalisme 2 - L’intégrité 3 - La solidarité 4 - L’innovation 5 - La responsabilité

Les lots aux gagnants, les bénéfices au Faso Siège social : 436 rue du Grand Marché 01BP 68 Ouagadougou 01 Tél. : (+226) 25 30 61 21/22/23 - Fax : ( +226) 25 31 19 42 - ( +226) 25 31 28 16 - Serveur vocal : (+226) 25 49 38 00 Email : lonab@lonab.bf - www.facebook.com/lonab.bf

www.lonab.bf

PHOTOS : D.R. sauf background de Pikisuperstar/Freepik.com

Valeurs


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l’écriture : en 2004, à la faveur d’un atelier au festival des Récréâtrales (lire encadré), à Ouagadougou, l’auteur ivoirien Koffi Kwahulé inocule au jeune Burkinabè le virus des sentences théâtrales. Alors âgé de 21 ans, Aristide écrit Alors, tuemoi et plonge la tête la première dans une littérature tournée vers la scène. Rapidement, ses écrits circulent du festival des Francophonies en Limousin aux rencontres Dramaturgies en dialogue de Montréal, en passant par le Théâtre national de Bretagne, les salles parisiennes du Vieux-Colombier et du Tarmac, ou encore un projet belge de la Commission internationale du théâtre francophone.

Terre rouge. Façons d’aimer Aristide Tarnagda Lansman Éditeur, 2017, 50 pages, 11 euros

Poète-citoyen

Dès 2007, son texte Les Larmes du ciel d’août effleure du doigt le Graal des dramaturges francophones: le festival d’Avignon. Triple présence, six ans plus tard, dans la même cité des Papes : le monologue Façons d’aimer est lu par Anne-Lise Heimburger, dans le cadre du cycle « Ça va, ça va l’Afrique », la pièce Et si je les tuais tous madame ? est présentée dans le « in » du festival, dans une mise en scène de l’auteur, et le texte Terre rouge est à l’affiche du « off ». En 2016, c’est la pièce Sank ou la patience des morts qui sera mise en lecture à Avignon, évoquant le parcours du Che africain. Cette évocation de l’ancien président burkinabè Thomas Sankara témoigne de l’attachement de l’auteur à son pays d’origine. Aujourd’hui âgé de 36 ans, ouvert à ces terres étrangères qui savent si bien l’accueillir, Aristide Tarnagda ne cède pas pour autant au cliché du « citoyen du monde ». S’il s’abreuva autant du Nigérian Wole Soyinka que du Voltaïque Nazi Boni, autant de l’Ivoirien Ahmadou Kourouma

Sank ou la patience des morts Aristide Tarnagda, Lansman Éditeur, 2016, 42 pages, 10 euros

que du Burkinabè Joseph Ki-Zerbo, il insistait, au Centre d’art rwandais Ishyo, en 2014 : « Je ne me prétends pas universaliste. Le Burkina occupe une place prépondérante dans mon œuvre. J’écris mon monde, ma rue, mon enfance, mes amis. » Ce qui n’empêche pas le dramaturge d’émouvoir tout ressortissant d’une humanité qu’il déclare « n’être qu’une ». Étienne Minoungou, fondateur du festival burkinabè des Récréâtrales, est catégorique : « Aristide Tarnagada est la tête de proue d’une nouvelle génération de créateurs dont l’espace de déploiement de la pensée est déjà dans le monde. » Tout en s’enracinant dans son Faso natal, « il prend part à la fabrication d’une poétique contemporaine du “Tout-monde” ». C’est d’ailleurs pour cette résonance naturelle et une « poétique empreinte d’une spiritualité animiste » que Tarnagda s’est vu bombardé, en 2016, directeur général des Récréâtrales. Pour Minoungou, ce « puissant et intuitif metteur en scène connaît très bien les problématiques à la fois artistiques et de production, les enjeux politiques de la présence d’un art qui veut pénétrer dans le réel d’un territoire social ». Précoce, Aristide Tarnagda ne saurait se reposer sur des lauriers tels que le Grand prix littéraire d’Afrique noire qui lui a été décerné en mai 2018 par l’Association des écrivains de langue française pour Terre rouge. Il considère moins son œuvre comme un catalogue de messages définitifs que comme un vecteur de questionnements. « Mon écriture est une invite à la réflexion et à la communion, confie-t-il. Le public assiste à la prestation scénique, chacun ramène une part de la pièce chez lui et continue à réfléchir et discuter. » Passeur, Aristide Tarnagda ?

LES RÉCRÉÂTRALES, LABO CRÉATIF Créé en 2002, le festival des Récréâtrales est d’abord un processus panafricain d’écriture, de création et de diffusion théâtrales qui s’articule en plusieurs rendez-vous ouagalais annuels. En février, « la quarantaine » est une étape de recherche et de formation

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pour des artistes stagiaires. En juin, « le côté cour » est une rencontre focalisée sur la scénographie. En septembre et octobre, « les résidences » accouchent de créations originales. Puis vient « la plateforme festival », pendant une dizaine de jours (du 26 octobre

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au 3 novembre, en 2018). En dix éditions, les Récréâtrales ont enfanté une soixantaine de spectacles conçus par 1000 artistes africains, européens et caribéens. Plus de 500 comédiens et 180 scénographes y ont suivi des ateliers de formation. L’originalité de l’événement

réside également dans son implantation au cœur de cours familiales du quartier populaire de Bougsemtenga, à Ouagadougou où, pour l’occasion, la rue 9.32 accueille une scénographie urbaine longue de 610 mètres. D.G.


SONABHY

SOCIÉTÉ NATIONALE BURKINABÈ D’HYDROCARBURES

Sphère de gaz butane au dépôt de Péni.

Poste de chargement des hydrocarbures au dépôt de Bingo.

MISSIONS HAUTEMENT STRATÉGIQUES Aux termes du kiti de création, la SONABHY a pour objet, partout sur le territoire du Burkina Faso : > L’importation et le stockage des hydrocarbures liquides et gazeux ; > Le transport, le conditionnement, la vente et la distribution de ces produits ; > Laconstructiond’infrastructuresdestockageenvuedegarantir au Burkina Faso une sécurité énergétique suffisante ; > L’appui à la recherche d’énergies de substitution ainsi qu’à la vulgarisation des techniques d’utilisation ou de consommation d’énergie ; > Les opérations industrielles, commerciales, financières, mobilières ou immobilières se rattachant directement ou indirectement à l’objet ci-dessus. L’État accorde à la SONABHY un monopole de droit pour l’importation et le stockage des hydrocarbures liquides et gazeux. Le transport et la distribution sont assurés par des sociétés privées.

Travaux de reconstruction de la voie d’accès au dépôt de Bingo.

NOS PERSPECTIVES

INVESTISSEMENTS PRÉVUS DÉPÔT DE BINGO > Reconstruction de la voie d’accès au dépôt en 2x2 voies avec terre-plein central ; > Extension du dépôt d’hydrocarbures liquides ; > Extension du dépôt de gaz par la construction d’une sphère d’une contenance de 4 000 tonnes. DÉPÔT DE PÉNI > Construction du dépôt d’hydrocarbures liquides à PÉNI ; > Extension du dépôt de gaz par la construction d’une sphère d’une contenance de 2 000 tonnes. DÉPÔTS RÉGIONAUX > Construction d’un 3e dépôt dans l’est du pays ; > Création de centres emplisseurs de bouteilles de gaz dans chacune des régions du pays. INTERCONNEXIONS SOUS-RÉGIONALES

« Une entreprise citoyenne au service de l’économie et du consommateur burkinabè. »

> Projets d’interconnexions par pipelines avec certains pays côtiers limitrophes. Le siège de la SONABHY à Ouagadougou.

Un spécialiste régional de l’approvisionnement en produits pétroliers au service de l’économie et du consommateur burkinabè. JAMG - Photos : D.R.

COMMUNIQUÉ

VISION DE LA SONABHY

CERTIFICATION La SONABHY est certifiée ISO 9001 – Version 2015.

OUAGADOUGOU 01 BP 4394 Ouagadougou 01 - Burkina Faso Tél. : ( + 226) 25 43 00 01/ 25 43 00 34 Fax : ( + 226) 25 43 01 74

BINGO Tél. : (+226) 25 31 56 31/32

BOBO-DIOULASSO 01 BP 1104 Bobo-Dioulasso Tél. : (+226) 20 97 01 97 Fax : (+226) 20 97 12 70

E-mail : info@sonabhy.bf - sonabhy@sonabhy.bf - sonabhy.bobo@sonabhy.bf

www.sonabhy.bf


Grand format BURKINA FASO SOCIÉTÉ

SPECTACLE

Fous rires façon Faso

STEPHANE DE SAKUTIN/AFP

Roukiata Ouedraogo était la marraine de la Journée internationale de la francophonie, le 20 mars.

Dans la foulée des pionniers des années 1990, les humoristes burkinabè font florès, dans un environnement artistique qui s’organise. Énergie positive garantie… DAMIEN GLEZ

uistiti » : articulé à outrance, ce mot permet aux dépressifs de singer un sourire sur les photos de groupe. C’est pour des fous rires plus spontanés que le Ouistiti d’or récompense les humoristes burkinabè au cours du festival Bon nané, dont la neuvième édition s’est achevée le 5 janvier. Profusion d’artistes comiques ou concurrence

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d’organisateurs ? La deuxième édition de la Nuit du stand-up et du laangandé (« à tomber de rire », en langue mooré) se tenait, elle, le 28 décembre 2018 à Ouagadougou. Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes humoristiques burkinabè, l’État ayant lui-même créé un Grand Prix national de l’humour, décerné épisodiquement par le ministère de la Culture. Moussa Petit Sergent (sacré humoriste de l’année, lire p. 159), El Presidenté, Adelle Badollo, Balla le Citoyen, La Jaguar, Djo Le Rapide, Guingri Lompo, Elifaz, Éric Gaégo, Pizzaroro… L’abondance recèle une grande variété de styles et de parcours. Depuis plus de vingt-cinq ans, le groupe Génération 2000 et leurs


SOCIÉTÉ NATIONALE D’ELECTRICITÉ DU BURKINA FASO

Entretien avec Baba Ahmed Coulibaly Directeur Général de la SONABEL

« Notre objectif est d’atteindre 1000 000 d’abonnés en 2020 » Je voudrais d'abord remercier les plus hautes autorités pour la confiance qu’elles ont placée en moi en me portant à la tête de la SONABEL. J’entends relever quatre défis majeurs.

COMMUNIQUÉ

Premièrement, nous voulons répondre efficacement à la progression de la consommation d’électricité (10-13 % en moyenne par an). Nous allons donc améliorer la disponibilité d’une énergie de qualité et à moindre coût en multipliant les sources de production et d’importation. Deuxièmement, nos réseaux de distribution ne couvrent pas l'ensemble du territoire national. De nombreux projets d’extension de réseaux sont en cours d’exécution. Troisièmement, nous allons renforcer le mix énergétique pour faciliter une baisse des coûts de revient de l’énergie et, à terme, ouvrir des possibilités de réduction du coût du KWh au Burkina Faso, qui est encore l’un des plus élevés de la sous-région.

Nous allons également mettre prochainement en service une centrale temporaire de 50 mégawatts (MW) en collaboration avec un promoteur privé.

Quels sont les projets en cours pour le renforcement du mix énergétique ? Nous avons plusieurs projets de production d’énergie solaire : •

L’extension (17 MW) de la centrale solaire de Zagtouli afin de porter sa puissance totale à 50 MW.

La construction d’une centrale solaire de 17 MW à Bobo Dioulasso, la 2e ville du pays.

La disponibilité de 50 MW supplémentaires dans le cadre du projet Yeelen, lancé par le Président du Faso.

La construction, récemment lancée, de la centrale solaire de Koudougou (20 MW) et de celle de Kaya (10 MW).

Enfin, la réalisation de 5 centrales solaires (180 MW en tout) par des producteurs indépendants. Les contrats d’achat d’énergie sont en cours de négociation.

Le quatrième défi est l'amélioration de la qualité de la fourniture d'électricité ainsi que des prestations servies à notre clientèle.

À Ouagadougou nous allons recevoir une centrale solaire à vocation régionale (300 MW) qui sera construite sous l’égide du WAPP et dont la production sera dispatchée entre le Burkina Faso et les pays voisins.

Comment comptez-vous relever le défi de la disponibilité ?

En ce qui concerne les importations, nous envisageons la réalisation d’une 2e interconnexion avec le Ghana, qui sera prolongée vers le Mali. Les travaux de l’interconnexion avec le Nigeria, via le Niger, ont été engagés.

C’est sans doute notre principal défi. Nous travaillons à assurer une conduite et une maintenance continue de nos équipements de production afin d’améliorer leur disponibilité. En outre, nous poursuivrons les échanges avec nos partenaires de la Côte d'Ivoire et du Ghana pour augmenter nos importations d’énergie.

Quel est l'enjeu du plan d'investissement ? Celui-ci est en phase avec le Plan National de Développement Economique et Social (PNDES) qui ambitionne d’atteindre, en 2020, une capacité de production et d’importation de 1 000 MW et 1 000 000 de clients raccordés au réseau électrique. Actuellement, cette capacité est de l'ordre de 500 MW. 55, Avenue de la Nation 01 BP 54 Ouagadougou - Burkina Faso Tél. : (+226) 25 30 61 00 / 02 / 03 / 04 - Fax : (+226) 25 31 03 40

www.sonabel.bf

JAMG - Photos : D.R.

Vous avez été nommé le 27 mars dernier. Quelles sont vos priorités ?


Grand format BURKINA FASO SOCIÉTÉ

Misogynie réduite en poussière Si le paysage humoristique burkinabè est aussi pétillant, c’est qu’il résiste au quadruple écueil de l’individualisme, du machisme, de Le conteur KPG, dans l’accultu ur ason kôkô tion et du dunda (tissu désenga agetraditionnel) ment. Non N est célèbre pour ses seulem ent

SOPHIE GARCIA | HANSLUCAS.COM

textes engagés.

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l’histoire des comiques du Faso est jalonnée de groupes, mais un Collectif des architectes du rire a vu le jour, dans le quartier ouagalais de Gounghin. La misogynie, elle, est allégrement réduite en poussière par Philomène Nanéma, de son nom de scène « Philo », auteure chipeuse d’un one-woman-show qu’elle interprétait, en ce mois d’avril 2019, sur la scène du Centre national des arts du spectacle et de l’audiovisuel (Cenasa) de Ouagadougou. Sa consœur Roukiata Ouedraogo, elle, a réussi à propulser l’humour burkinabè en Europe. C’est de Paris qu’elle évite le piège de la dilution identitaire. Ses spectacles, joués notamment sur la scène du Lucernaire, du Point-Virgule ou, tout dernièrement, du Théâtre de l’Œuvre s’intitulent Ouagadougou pressé ou Je demande la route, en référence à cette expression typique du Faso. Elle y parle des différences culturelles entre l’Afrique et la France et de sujets graves comme l’excision. Choisie par Louise Mushikiwabo pour être la marraine de la Journée internationale de la Francophonie 2019 (le

LES PERSONNAGES DE CLOWNS MODERNES DES DUETTISTES SOUKÉ ET SIRIKI APPARAISSENT DANS DES SITCOMS TELLES QUE LES BOBODIOUFS.

Souké et Siriki au Palais des sports de Ouagadougou, le 2 mars, lors du Fespaco.

STEPHANE DE SAKUTIN/AFP

personnages – Babenda Chic choc, Benga et Gonrette – véhiculent un burlesque maquillé popularisé par les comiques troupiers zaïrois du Trio Dasufa ; Le duo Gombo.com, incarne, lui, des élèves d’école primaire pour mieux tacler les adultes et caricaturer la société burkinabè. D’autres duettistes, comme les célèbres Souké et Siriki (Mohamadou Tiendrébéogo et Frédéric Soré), promeuvent leurs personnages de clowns modernes en participant à des sitcoms telles que Les Bobodioufs.




Grand format BURKINA FASO SOCIÉTÉ

20 mars) et chroniqueuse humoristique sur France Inter depuis avril 2017 (dans l’émission Par Jupiter !), c’est avec un accent ouagalais préservé et des citations en mooré que Roukiata Ouedraogo brosse la vie quotidienne de sa mère en train de capter péniblement la station de radio publique française.

Caractère bien trempé et multidisciplinaire C’est aussi sur les ondes d’une radio, burkinabè celle-là, qu’un autre Ouédraogo évite l’écueil de l’humour frileux, aseptisé et finalement désengagé. Après l’insurrection populaire de 2014, Gérard crée la grinçante et très politique Pause toilette sur Radio Oméga. Déjà bien avant la fuite de Blaise Compaoré, dans un pays longtemps corseté par une succession de six coups d’État militaires, le satiriste fut le premier imitateur de l’ancien président, ce qui lui valut le surnom de « Son Excellence ». Parodiste, comédien de théâtre et de cinéma, chroniqueur radio, auteur, mais aussi initiateur de la Nuit du stand-up, Gérard Ouédraogo incarne le caractère

multidisciplinaire des humoristes burkinabè ; primo parce que, dans un pays réputé pauvre, il faut avoir plusieurs cordes à son arc ; secundo parce que, en Afrique, la frontière entre les disciplines est perméable. Ne riait-on pas, même jaune, lors de la dernière édition du festival Ciné Droit Libre, en assistant au spectacle du conteur KPG (Kientega Pingdéwindé Gérard), sorte de mise en abîme caricaturale de la justice sous forme de pastiche de procès ? Le festival, consacré aux droits humains, a d’ailleurs toujours compris que l’humour était l’un des meilleurs vecteurs de l’engagement citoyen. Dans un Faso à l’économie morose et à la situation sécuritaire inquiétante, il n’est jamais superflu de dénoncer en riant. Ni de rire en dénonçant. Début janvier, Moussa Ouédraogo a été sacré meilleur humoriste 2019 au Burkina.

Le Ouistiti d’or attribué à Moussa Petit Sergent le 5 janvier résonne comme une consécration pour Moussa Ouédraogo. Âgé de 29 ans, l’humoriste au sourire contagieux s’est formé au théâtre avant de s’épanouir dans la discipline du one-man-show. Ses spectacles Femmes enceintes, conseils prat i q u e s, M e s a m o u r s, C o m pl è t e m e n t d é c a l é et Fais rire ta mère lui ont p ermis d’ob tenir le Grand Prix national de l’humour 2015 et le L ompolo du meilleur spectacle d’humour 2016, à Ouagadougou, le

trophée de la révélation à l’édition 2016 du Marché des arts du spectacle africain (Masa) d’Abidjan, ou encore le prix Découverte RFI Talents du rire 2016. Après avoir écumé les scènes du Faso, il s’est produit au Bénin, au Niger, au Congo, au Sénégal, il a participé au festival Marrakech du rire en 2017 et à l’émission Le Parlement du rire (diffusée sur Canal+). Ces six derniers mois, il a joué son spectacle Moussa Petit Sergent rit du monde une quinzaine de fois au cabaret parisien Les Rendezv o u s d ’a i l l e u r s . S o n

SOPHIE GARCIA | HANSLUCAS.COM POUR JA

Moussa Petit Sergent Tout en finesse

ambition est d’aborder des sujets de société, comme les relations Nord-Sud, d’égratigner sans blesser, de relever les contradictions sans les juger, de critiquer tout en éduquant. Tout en finesse. Le comédien contribue par ailleurs au Collectif des architectes du rire (CAR),

promoteur d’un espace de création consacré à l’humour à Ouagadougou, et a participé à des projets collaboratifs, tels que « Les Archives parlent », dont il est l’initiateur, avec les artistes du CAR, et Je tuerai le singe, une pièce sur les enfants-soldats. D.G.

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