ENVIRONNEMENT
L’AFRIQUE AU BANC D’ESSAI
BURKINA Pour qui votera la diaspora ?
12 PAGES
TUNISIE Béji Caïd Essebsi (1926-2019) Un destin tunisien
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3055 DU 28 JUILLET AU 3 AOÛT 2019
Pékin ouvre de nouvelles routes commerciales à travers la planète. Et notamment sur le continent. Son ambition : concilier ses propres intérêts et le développement de ses partenaires.
CHINE-AFRIQUE
Gagnant-gagnant ? Spécial 22 pages .
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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 birrs Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 5 € Portugal cont. 4,30 € Réunion 4,60 € RD Congo 5 $ US Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 4 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285
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CITIC Group a été fondé en 1979 par M. Rong Yiren avec l’appui
de feu le dirigeant chinois Deng Xiaoping. Depuis sa création, le Groupe CITIC a été un pionnier de la réforme économique nationale et un moteur essentiel de l’ouverture de la Chine vers l’extérieur. Le Groupe a ouvert une nouvelle voie de développement pour la réforme et l’ouverture de la Chine en levant des capitaux étrangers, en introduisant des technologies de pointe et en adoptant des standards internationaux en matière d’exploitation et de gestion, lui permettant d’acquérir une bonne réputation tant sur le plan national qu’international.
Le groupe CITIC est devenu un grand conglomérat multinational détenu par l’État qui regroupe un large éventail d’entreprises dans les domaines de la finance, de l’énergie et des ressources, de la transformation industrielle, de l’ingénierie ou encore dans l’immobilier. Le Groupe CITIC se classe 149e au classement Fortune Global 500 en 2018.
CITIC Dicastal en Afrique CITIC Dicastal est une filiale majeure du secteur manufacturier du Groupe CITIC qui s’est appliquée à promouvoir la mise en oeuvre du projet de fabrication de jantes en aluminium au Maroc, ce qui conte une belle histoire de la fabrication de CITIC dans le contexte de « la Ceinture et la Route ».
CITIC Metal en Afrique CITIC Metal Group Co., Ltd (CITIC Metal), filiale de CITIC Group, est spécialisée dans la gestion des investissements et le commerce de matières premières dans le domaine des minéraux métalliques, avec les projets d’investissements clés, tels qu’Ivanhoe Mines Ltd., le projet de mine de cuivre Las Bambas au Pérou, la Société Brésilienne de Métallurgie et des Mines (CBMM) et CITIC Dameng.
CITIC Construction Co. Ltd., spécialisée dans l’entreprise des travaux d’ingénierie, est la filiale à part entière et de catégorie I du groupe CITIC. Elle est classée depuis plusieurs années aux premiers rangs parmi les 250 plus grands entrepreneurs de travaux d’ingénierie à l’échelle mondiale selon le classement ENR. En Algérie, CITIC Construction a piloté avec succès la réalisation par le groupement chinois des lots centre et ouest de l’autoroute Est-Ouest. En Angola, la construction de la nouvelle ville Kilamba Kiaxi aux 20000. A Malanje et Uige, CITIC Construction a exploité et livré deux fermes modernes (10000 hectares chacune).
No. 6, Xinyuannanlu, Chaoyang District, Beijing, République de Chine Tél. : (+86) 10 64 66 17 10 - Fax : (+86) 10 84 86 58 60
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JAMG - © CITIC GROUP
CITIC Construction en Afrique
Le rendez-vous des LeaderEs de demain
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24 septembre
DAKAR
16 novembre
KINSHASA
10 décembre
2019
www.forumlesheroines.com
heroines@jeuneafrique.com
DR - MONTAGE JA
GRAND FORMAT
CHINE-AFRIQUE Gagnant-gagnant ? Pékin ouvre de nouvelles routes commerciales à travers la planète. Et notamment sur le continent. Son objectif: concilier ses propres intérêts et le développement de ses partenaires.
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HANDOUT / SENEGALESE PRESIDENCY / AFP)
ENJEUX
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Accueil de Xi Jinping au palais de la République, à Dakar, le 21 juillet 2018, pour signer une série d’accords commerciaux avec le président Macky Sall.
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De l’usine du monde à l’usine à rêves, Pékin déploie ses routes en vue d’affirmer sa puissance par-delà ses frontières. Sur la voie de son propre développement, la Chine n’entend pas laisser ses partenaires africains sur le bord du chemin.
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OLIVIER CASLIN, envoyé spécial à Pékin
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inquiètent tant les Occidentaux en mer de Chine, l’Armée populaire de libération (APL) n’a pas changé de mission et reste toujours cantonnée dans le premier périmètre. Seule exception à cette règle, la base de Djibouti, inaugurée en 2017, premier et pour l’instant unique élément de projection militaire chinois en dehors de sa périphérie.
i Jinping n’est pas Mao Zedong. Bien sûr, l’actuel président de la République populaire de Chine s’inscrit dans la lignée du fondateur du Parti communiste chinois (PCC). Mais la Chine a bien changé en presque quatre décennies. Et si les objectifs restent les mêmes – préserver le pouvoir du parti et redonner toute sa grandeur au pays –, la « En tant que superpuissance, la Chine ne veut plus méthode employée par les deux leaders est bien différente dépendre des autres comme cela a été le cas par le passé en matière de diplomatie. Quand Mao Zedong, fidèle à une lors des crises au Gabon ou en Côte d’Ivoire. Elle veut certaine tradition, a maintenu la Chine derrière sa Grande être en mesure de protéger elle-même ses ressortissants Muraille, son lointain successeur n’a pas cessé au contraire et ses intérêts », explique l’ancien diplomate Cheng Tao. de chercher à déployer sa puissance par-delà ses frontières Notamment en Afrique, devenue ces dernières années historiques. Et ce dès le début de son premier « mandat l’une des pierres essentielles dans la vaste partie de go du ciel », en 2013. Xi Jinping n’attend que quelques mois débutée par Pékin à l’échelle mondiale. En dix ans, plus avant de dévoiler à Astana, capitale du Kazakhstan, de de 1 million de Chinois s’y sont installés, pendant que larges pans de ce qui est aujourd’hui appelé la Belt and leur pays y investissait près de 120 milliards de dollars. Road Initiative (BRI – voir pp. 96-97), indiquant déjà au Les relations, déjà quasi fraternelles, ne cessent de se monde entier le chemin qu’il compte suivre pour inscrire réchauffer entre le premier pays en développement de son pays dans la mondialisation en cours. Et si possible la planète et le continent qui compte le plus de pays en avec son propre agenda. développement au monde. Bien sûr, le long des nouvelles routes de la soie, la Chine En confortant le rôle du Forum sur la coopération s’occupe davantage de droits juridiques que de droits de sino-africaine (Focac), lancé en 2000, pour en faire au fil l’homme, au nom du principe de non-ingérence hérité des du temps un rendez-vous privilégié avec ses 54 partenaires pères fondateurs de la République populaire. Ce n’est pas la africains, Xi Jinping montre à quel point l’Afrique, ses resseule constante de la diplomatie chinoise, « qui continue par sources naturelles et humaines ainsi que ses marchés en réflexe d’avoir une approche circulaire du monde », constate devenir focalisent l’attention de sa diplomatie comme de un ambassadeur africain à Pékin. Du premier cercle, engloses entreprises. bant les pays voisins, au cinquième, où se retrouvent l’enSi la Chine est en mesure aujourd’hui de peser sur la semble des organisations multilatérales. Et l’architecture scène internationale, elle sait qu’elle le doit en grande complexe de la BRI suit la même logique, depuis l’empire partie à l’Afrique (lire p. 94). Déjà, en 1971, l’axe Sud-Sud, du Milieu en passant par l’Asie centrale jusqu’à l’Europe des encore invoqué aujourd’hui, avait permis à la Chine contiVingt-Huit, Royaume-Uni compris. Dans un de ces retournentale de « détrôner » Taïwan en tant que membre permanements qu’affectionne l’Histoire, les Occidentaux, qui ont nent du Conseil de sécurité des Nations unies. L’élection, isolé et étouffé la Chine tout au long du XXe siècle, se sentent fin juin 2019, du vice-ministre de l’Agriculture, aujourd’hui menacés par les tentacules de la belt et des roads lancés par Pékin à CAP À L’OUEST l’assaut de la planète. La Chine a toujours accusé un déséquilibre démographique Cette offensive reste avant tout paciimportant, sa partie orientale, le long du littoral, fique. « L’objectif de la Chine est de paraccueillant 90 % de la population sur 40 % de la surface Harbin du pays. Les autorités ont justement lancé la Belt tager son développement avec le monde, and Road Initiative (BRI) pour réduire ce déséquilibre. pas de le conquérir », insiste un ancien Changchun directeur Afrique au ministère chinois 300 km Shenyang Fushun des Affaires étrangères. L’argent est d’ailPékin leurs la seule arme utilisée jusqu’à préDalian sent par Pékin. Ses réserves de devises, Tianjin encore estimées à plus de 3000 milliards Qingdao de dollars (2 671 milliards d’euros), lui ont Xi’an Nanjing déjà permis d’occuper des positions straShanghai tégiques au cœur de l’Europe – 20 milWuhan Chengdu Hangzhou liards d’investissements en Allemagne, Chongqing Les 20 villes chinoises près de 15 % des 300 milliards du plan Wenzhou les plus densément peuplées Changsha Junker – et aux États-Unis – 176 milliards de dollars investis depuis 2005. Malgré les Nombre d’habitants par km2 Canton Shenzhen vastes programmes de modernisation qui 1 100 500 1 200
Retour d’ascenseur sur le plan international
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Hong Kong
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Qu Dongyu, au poste de directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) doit également beaucoup au soutien des pays africains, une fois encore décidés, semble-t-il, à faire confiance à la Chine sur des questions vitales pour eux. L’influence chinoise sur le développement de l’Afrique n’est donc pas près de diminuer, à mesure que Pékin place ses pions sur le continent, à l’instar de ces 17 % acquis dans le capital de la Banque africaine de développement (BAD).
Une note récente interne à la diplomatie chinoise et dessinant à gros traits la politique de développement à suivre sur le continent constate que « jusqu’à présent l’aide occidentale n’a pas fonctionné puisqu’il a fallu attendre ces toutes dernières années pour que l’Afrique enregistre un taux de croissance moyen de 5 % ». Pékin a donc toute légitimité pour venir avec son propre modèle qui, bien qu’imparfait, offre une possibilité à l’Afrique et place ses dirigeants devant la responsabilité de choisir.
EN DÉBAT
Dans la cour des très grands OLIVIER CASLIN
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epuis quelque temps, des puissances extérieures tentent de diffamer et de saper la coopération sino-africaine, en propageant des accusations de néocolonialisme et de réendettement [des pays en développement] sans aucun fondement et rejetées par les populations africaines. » Le 25 juin à Pékin, devant 54 ministres africains, Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a haussé le ton. Une première pour un officiel de ce rang, Pékin préférant traditionnellement garder le silence plutôt qu’alimenter une polémique véhiculée le plus souvent par les médias anglosaxons. D’autant plus quand celle-ci est reprise à bon compte par certains responsables politiques occidentaux désireux de brouiller un peu plus l’image de la Chine dans le monde, et plus particulièrement en Afrique.
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« L’Occident accepte difficilement de voir Pékin débarquer dans la cour des grandes puissances qui influent sur la mondialisation en marche », résume un cadre de l’OCDE. Surtout que la Chine vise plus haut. Depuis qu’elle a rattrapé son retard technologique, elle n’a plus vocation à rester « l’atelier du monde ». « Le pays nourrit de grandes ambitions dans les secteurs de la nouvelle économie, de l’analyse des données numériques à l’intelligence artificielle en passant par les technosciences », poursuit notre expert international. Et c’est bien ce qui semble inquiéter les États-Unis, « dont la récente offensive commerciale lancée contre la Chine a essentiellement pour but de leur permettre de conserver toutes les prérogatives en matière de standards internationaux économiques, technologiques et sécuritaires »,
estime Cheng Tao, ancien diplomate et membre du Charhar Institute, l’un des think tanks les plus influents en matière de politique extérieure chinoise. Le « dieu dollar » a certes encore de beaux jours devant lui. Mais la hausse du PIB chinois, qui doit dépasser celui des États-Unis d’ici à 2030, et le resserrement des liens financiers avec les pays membres de la Belt and Road Initiative (BRI), à mesure que les différentes routes de la soie verront le jour, promettent de bouleverser certains équilibres monétaires à plus ou moins long terme. Une chose est sûre, selon Cheng Tao : « La Chine continuera de se développer dans l’intérêt de tous, à commencer par celui des économies occidentales de plus en plus imbriquées avec celle de la Chine ». Et toutes les offensives idéologiques n’y pourront rien changer.
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Si les sept voyages maritimes vers l’Occident réalisés par l’explorateur Zheng He, au début du XVe siècle, confirment l’ancienneté des relations entre la Chine et l’Afrique, les dernières décennies en soulignent la profondeur « dans le respect et l’intérêt mutuels », selon la ligne définie par le Premier ministre Zhou Enlai lors de la conférence de Bandung, en 1955. Ses successeurs n’ont jamais dérogé à ces principes d’égalité et surtout de non-ingérence, malgré les réajustements nécessaires au fil des décennies. Des années 1950 à la fin des années 1970, la toute nouvelle Chine populaire et la jeune Afrique indépendante se découvrent une communauté de destin, face à un Occident qui les a humiliées par le passé. Dès 1956, les premiers accords d’aide sont signés avec l’Égypte, également premier pays du continent à établir des relations diplomatiques avec Pékin. La passion des premières décennies retombe pourtant au début des années 1980, quand la Chine doit en priorité reconstruire son économie après la Révolution culturelle. Pour autant, elle n’oublie pas le continent, car « renforcer l’Afrique, c’est renforcer la Chine », résume un ancien diplomate chinois qui fut en poste au Mali. Pékin profite de cette période pour mettre un terme aux différenciations idéologiques qui l’avaient jusqu’alors
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STF/AFP
Cet ami qui vous veut du bien…
Zhou Enlai, alors Premier ministre, lors de la conférence de Bandung, qui s’est tenue en avril 1955.
empêché de tisser des liens avec des pays comme le Nigeria ou l’Éthiopie. Il remplace aussi une aide financière sans cohérence économique par des projets de coopération tenant compte de ses capacités réelles et des besoins des pays récipiendaires. Les prêts sans intérêts laissent place à de vastes programmes de construction qui permettent aux premières entreprises chinoises de débarquer en Afrique, où elles
DÈS LES ANNÉES 1950, PÉKIN ET LA JEUNE AFRIQUE INDÉPENDANTE SE DÉCOUVRENT UNE COMMUNAUTÉ DE DESTIN.
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découvrent les lois du marché mondial. La décennie 1990 ne fait que renforcer ces relations. Surtout au lendemain des événements de Tian’anmen, quand l’Afrique sort la Chine de son isolement international et qu’elle choisit de soutenir Pékin au détriment de Taipei. Les autorités chinoises ne l’oublieront pas.
L’impact de la BRI
À partir de 1995, forte de son développement économique à marche forcée, la Chine met en place les mécanismes de soutien aux échanges commerciaux et à l’implantation de firmes chinoises en Afrique. En 2000, l’organisation du premier Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) accélère encore le processus de rapprochement. Les échanges commerciaux
explosent pour atteindre 73,5 milliards de dollars (65,5 milliards d’euros) en 2007, contre moins de 6 milliards dix ans plus tôt. Toujours en 2007, l’Afrique devient la troisième destination mondiale des investissements chinois et le deuxième fournisseur en hydrocarbures de Pékin. « La diplomatie chinoise en direction de l’Afrique a toujours été déterminée en fonction des réformes menées sur le plan intérieur », explique notre ancien ambassadeur. C’est encore le cas avec la Belt and Road Initiative (BRI), qui doit accompagner le passage de la Chine vers une économie de services destinée à développer son marché domestique. Et dans laquelle l’Afrique est appelée à jouer tout son rôle. OLIVIER CASLIN
COMMUNIQUÉ
CRCC Le géant chinois de la construction prêt à s’étendre en Afrique China Railway Construction Corporation Limited (CRCC), est le plus compétent et le plus grand acteur économique diversifié détenu par l’État chinois. Il s’est classé 58é en 2018 dans le palmarès « Fortune » des 500 plus grandes sociétés au monde. Le groupe est également classé dans les trois premières places du Top 250 des grandes entreprises de construction au monde par le magazine « Engineering News Record ». Il réuni plus de 300 000 collaborateurs. Il est présent dans plus de 120 pays dans le monde dont 42 pays en Afrique. Depuis 70 ans, il renforce sans cesse cette position de leader. Chaque année, CRCC investit 1,437 milliard de dollars dans la recherche et le développement. La palette des activités de CRCC est très variée. Elle va de l’investigation géotechnique, à l’ingénierie, à l’entreprise générale des travaux, à l’entretien et à l’exploitation des projets de construction dans les domaines des travaux publics, des transports, de l’hydraulique, du bâtiments et de l’énergie. CRCC est aussi présent dans les domaines de la fabrication industrielle, la promotion immobiilière, la logistique, le commerce, l’investissement et des mines, etc. CRCC veille particulièrement au respect de l’environnement, à la promotion de l’emploi local, et au transfert de technologies qui pourraient intéresser des partenaires locaux. Il cherche également des opportunités d’investissement en Arique, sous des formules diverses (PPP, BOT, BOOT, DBFO etc). Dans le cadre de l'initiative « la Ceinture et la Route » ainsi que les « huit initiatives majeures » CRCC souhaite forger une communauté Chine-Afrique au destin solide. Proposé par la Chine, le groupe CRCC est disposé, en tant qu’acteur de construction expérimenté et de renommée internationale, à contribuer au développement socio-économique du continent africain dans un esprit de bénéfice mutuel et de coopération gagnant-gagant.
L'un des ponts les plus longs du monde longeur 164,851 km
Hôtel le Four Saisons en Malaisie (hauteur 342,5 m)
Ligne à grande vitesse Métro léger de la Pékin-Guang Zhou Mecque, Arabie (Vitesse 350 km/ heure) Saoudite
Personne à contacter:Mr LI Ruigang E-mail : liruigang@crcc.cn
Stade Lusail pour la coupe du monde 2022 au Qatar (92 000 places)
Autoroute Est-Ouest d'Algérie
Grand format CHINE ENJEUX
L’INFOGRAPHIE
Belt and Road Initiative, un projet pharaonique
Route du Nord-Est
Saint-Pétersbourg
Mosco Minsk Londres
Rotterdam
Berlin Varsovie
Venise
Istanbul
Madrid
OLIVIER CASLIN
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évoilée en septembre 2013 lors d’un discours prononcé par Xi Jinping à Astana, au Kazakhstan, la Belt and Road Initiative (BRI), dernière dénomination des « nouvelles routes de la soie » lancées par les prédécesseurs du président chinois à travers le continent eurasien, constitue le cadre de référence mis en GUINÉE place par la Chine pour, tout au long des prochaines décennies, sécuriser 8,71 ses approvisionnements et partager son développement avec le reste du monde. Afin de favoriser cette prospérité mutuelle, Pékin veut multiplier les connectivités avec ses pays partenaires. Ces nouvelles routes sont donc terrestres (autoroutes, voies ferrées, gazoducs…), maritimes et aériennes, mais aussi numériques, énergétiques, financières et juridiques. Cependant, les objectifs de l’empire du Milieu ne sont pas qu’économiques. La Belt and Road Initiative doit également remédier au déficit d’image de la Chine dans le monde. Elle comporte donc un large versant culturel constitué de voies d’échanges scientifiques et éducatifs, ainsi qu’artistiques et touristiques. De par les montants en jeu et le nombre de pays concernés, cette initiative est la plus ambitieuse jamais lancée par la Chine, voire la plus importante dans l’histoire mondiale. Son budget est dix fois plus élevé que celui du plan Marshall mis en place par les États-Unis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour participer à la reconstruction de l’Europe – et sans aucune contrepartie idéologique ou militaire, aiment à insister les Chinois. La Belt and Road Initiative promet déjà de remodeler le contexte géopolitique pour une longue période, en faisant de la Chine un acteur majeur de la mondialisation en marche.
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Le Pirée
ALGÉRIE ÉGYPTE
18,69
12,2
Port-Soudan
NIGERIA 32,2
Lagos
Djibo Addis-Abeba
Bénin City
Juba
Calabar
10,19 RDC 7,98
Kigali
Kisumu Mombasa
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Lobito
ANGOLA
MOZAMBIQU
16,52
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AFRIQUE DU SUD 9,55
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KENYA
1 600 milliards de dollars investis, dont 60 % apportés par le système bancaire chinois
77 pays partenaires, dont 37 africains, représentant ensemble : 4,4 milliards de personnes 60 % du PIB mondial 75 % des ressources naturelles 35 % du commerce mondial
Iekaterinbourg
3 100 projets réalisés à fin 2018 dont
99 zones économiques ou parcs industriels dans 44 pays 42 ports dans 34 pays 40 centrales énergétiques dans 40 pays
ou Kazan
Corridor ChineMongolie-Russie
Silk Road Economic Belt Astana
Nouveau pont eurasiatique
Almaty
CHINE
Urumqi
Pékin Corridor ChineAsie centrale
Lanzhou Xi’an
Zhengzhou Shanghai
Corridor Chine-Pakistan Corridor ChineBangladesh-Inde
Chongqing
Route du Nord-Est
Yiwu Quanzhou Canton
Gwadar Haipong
Calcutta Chiangmai
Corridor OcéanieAmérique du Sud
Vientiane
Rangoon
outi
ÉTHIOPIE
SRI LANKA
Colombo
16,89
Kuala Lumpur Singapour
Corridor ChineAsie du Sud-Est
Dar es-Salaam
UE
Jakarta
21st Century Maritime Silk Road De nouvelles liaisons ferroviaires Jonction Yiwu-Londres (12 000 km en 18 jours), opérationnelle depuis 2017 TGV Autres lignes réalisées ou en projet
De nouvelles liaisons maritimes Projet de routes de la soie maritimes du XXIe siècle Ports du « collier de perles »
Axes de développement Corridors de developpement économique définis dans la stratégie chinoise de la BRI Union européenne Asean
Top 10 des investissements chinois en Afrique Majoritairement réalisés dans le secteur énérgétique et celui du transport sur la période 2005-2015, en milliards de dollars
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COMMUNIQUÉ
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DIPLOMATIE
Chen Xiaodong
Ministre assistant des Affaires étrangères, chargé des affaires d’Asie de l’Ouest et d’Afrique du Nord, des affaires africaines et des archives
« Les nouvelles routes de la soie sont devenues le projet le plus fédérateur à l’échelle mondiale » ommé à son poste actuel en 2017, Chen Xiaodong est devenu l’interlocuteur privilégié des partenaires africains de la Chine. Il n’a pourtant jamais séjourné sur le continent pour le compte du ministère des Affaires étrangères, qu’il a intégré dès ses 18 ans. Spécialiste du Moyen-Orient, il débute à Pékin au département des affaires d’Asie de l’Ouest et d’Afrique du Nord, avant de rejoindre l’ambassade de Chine à Riyad, pendant cinq ans. Le diplomate posera ensuite ses valises en Jordanie puis en Égypte, avant de rentrer au pays pour occuper le poste de directeur général adjoint de son département. Il part ensuite de 2006 à 2008 en Irak en tant qu’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, puis rejoint l’ambassade de Chine au Royaume-Uni. Après cette expérience londonienne, il réintègre l’administration centrale en tant que directeur général chargé de l’Asie de l’Ouest et de l’Afrique du Nord. Il occupe cette fonction pendant cinq ans, avant de redevenir ambassadeur, à Singapour cette fois. À 54 ans, ce diplomate de carrière connaît donc parfaitement la situation sur le théâtre d’opérations dont il a la charge, en même temps que les rouages de la vénérable maison qui l’emploie. Il décrypte pour Jeune Afrique le grand jeu diplomatique vu depuis Pékin. Et dans lequel l’Afrique tient une place de choix.
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Jeune Afrique : Est-ce que la diplomatie chinoise est entrée dans une ère nouvelle depuis l’arrivée du président Xi Jinping ?
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Chen Xiaodong : Le monde connaît ces dernières années des changements majeurs, marqués par la montée en puissance des pays émergents et en développement, ainsi que par une accélération de sa multipolarisation. Le président XI Jinping a avancé une série de concepts et d’initiatives reflétant l’esprit chinois pour répondre aux défis de cette époque. Dans cette nouvelle ère, la diplomatie chinoise a pour objectif de promouvoir deux « constructions ». Celle d’un nouveau type de relations internationales, basées sur le respect mutuel, l’équité, la justice et la coopération gagnant-gagnant, en traçant de nouvelles voies d’échanges entre les États. Et celle d’une communauté de destin, pour bâtir un monde de paix et de prospérité partagée. Et quel chemin compte suivre la superpuissance chinoise pour atteindre ces objectifs ?
La Chine n’est pas une superpuissance ! Elle poursuivra la voie d’un développement pacifique en continuant d’approfondir ses amitiés et sa coopération avec les différents pays du monde. La Chine s’est développée différemment des puissances traditionnelles, en suivant les voies du socialisme à la chinoise. Des concepts comme « la primauté de la paix » et « l’harmonie dans la diversité » sont inscrits depuis longtemps dans les gènes de la nation chinoise. La Chine n’a aucune prétention hégémonique. Au contraire, elle est prête à adopter le concept de gouvernance planétaire, à assumer davantage
MOUNIR EL AYOUCHI/MAP
Propos recueillis à Pékin par OLIVIER CASLIN
Le diplomate est devenu l’interlocuteur privilégié des partenaires africains de Pékin. Ici à Rabat, le 9 juillet 2019.
a la volonté sincère de poursuivre les négociations avec les États-Unis et de bien gérer les divergences, mais à égalité et dans le respect mutuel des intérêts de chacun. Et les pressions exercées par Washington sur l’opérateur Huawei ?
Les États-Unis utilisent aujourd’hui tous les moyens à leur disposition pour dénigrer et attaquer sans scrupules Huawei et d’autres entreprises chinoises. L’objectif est clairement de maintenir la Chine dans une position inférieure pour permettre aux Américains de préserver leurs privilèges et leurs monopoles dans les domaines scientifiques et technologiques. Là encore, le président Donald Trump a récemment exprimé son souhait que des traitements impartiaux soient accordés aux entreprises des deux pays, et a affirmé que les firmes pouvaient continuer à vendre des pièces détachées à Huawei. Nous espérons que la partie américaine tiendra ses promesses et cessera d’attaquer nos entreprises sous prétexte de sécurité nationale. Il semble être difficile d’admettre, pour certains, que la Chine rattrape l’Occident. Nous évoluons pourtant vers un monde économiquement globalisé, où les intérêts des différents pays sont profondément imbriqués. La coopération et le dialogue sont donc mille fois préférables à la confrontation.
ses responsabilités internationales, tout en renforçant les capacités des pays à se développer par eux-mêmes, en respectant les concepts avancés par le président Xi Jinping, à savoir « sincérité, résultats réels, amitié et bonne foi ».
La Chine connaît d’importants défis internes, du vieillissement de la population à la naissance d’une classe moyenne, qui la poussent à revoir son modèle économique. Quelle influence cela a-t-il sur la politique étrangère chinoise ?
Quelle est la position de la Chine face à l’offensive commerciale des États-Unis ?
La coopération économique et commerciale entre la Chine et les États-Unis est avantageuse pour tout le monde. Deux des plus grandes économies du monde ne peuvent régler leurs divergences sans consultations menées sur un pied d’égalité. C’est dans l’intérêt de tous. Sur les questions touchant à la souveraineté de la Chine, nous ne céderons jamais car ce que nous défendons, ce ne sont pas seulement nos priorités, mais aussi l’équité et la justice internationale, sans oublier les intérêts communs de l’ensemble des pays en développement. Lors de leur rencontre au G20 d’Osaka, les présidents Xi Jinping et Donald Trump se sont mis d’accord pour relancer les consultations économiques et commerciales entre les deux pays afin de trouver une solution acceptable aux deux parties, à travers le dialogue. La Chine
LA CHINE N’A AUCUNE PRÉTENTION HÉGÉMONIQUE. AU CONTRAIRE, ELLE EST PRÊTE À ADOPTER LE CONCEPT DE GOUVERNANCE PLANÉTAIRE.
Depuis le lancement de la politique de réforme et d’ouverture, la Chine a maintenu le cap vers une économie de marché socialiste. Nous avons reconverti les fonctions des pouvoirs publics et valorisé pleinement le rôle du marché. Les entreprises non publiques contribuent aujourd’hui pour plus de 50 % des recettes fiscales et représentent plus de 60 % du PIB. En 2018, la Chine s’est classée au 46e rang du classement Doing Business de la Banque mondiale, soit une progression de 32 places. Ces chiffres montrent clairement dans quel sens évolue l’économie chinoise. Le rôle accru de la demande intérieure dans la croissance et une population à revenu moyen plus importante sont des manifestations de la
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restructuration économique menée par la Chine ces dernières années, pour passer d’un développement rapide à une croissance plus efficace, plus durable et plus harmonieuse. Comme l’a répété le président Xi Jinping, « la Chine ne fermera jamais ses portes ». Le développement de la Chine doit être une opportunité et une contribution pour le monde et en aucun cas un défi ou une menace. La Chine ne cherche pas à se construire un pré carré mais un jardin où prospéreront nos pays partenaires. Plus ouverte, elle créera davantage d’occasions de développement pour l’ensemble de la communauté internationale. QuelestlerôledelaBeltandRoadInitiative (BRI) dans cette ouverture de la Chine ?
Cette initiative a pour objectif, justement, de promouvoir la coopération économique internationale, en valorisant l’esprit des anciennes routes de la soie pour construire une communauté de destin. De mettre en place une plateforme de coopération, basée sur les principes « de consultations amples, de contributions conjointes et de bénéfices partagés », comme l’a proposé le président Xi Jinping. Enfin, de favoriser la coordination politique, la connexion des infrastructures, l’essor du commerce, la coopération financière et la compréhension entre les peuples. Plus de 160 pays et organisations nationales ont signé une convention avec la Chine et un bon nombre de projets importants ont déjà été lancés. La BRI est devenue le projet le plus fédérateur, ainsi que le plus grand dispositif de coopération existant aujourd’hui à l’échelle mondiale. Quelle place tient l’Afrique dans cette initiative ?
PÉKIN NE CHERCHE PAS À SE CONSTRUIRE UN PRÉ CARRÉ, MAIS UN JARDIN OÙ PROSPÉRERONT NOS PAYS PARTENAIRES. 102
La coopération sino-africaine est encore plus fructueuse grâce à la BRI. Quarante-trois pays africains, ainsi que la Commission de l’UA ont signé des accords de coopération dans le cadre de cette initiative. Et, là encore, d’importants projets ont été mis en œuvre, apportant des bénéfices tangibles aux populations. La Chine veut identifier les moyens de valoriser au mieux cette coopération pour les pays africains, tout en promouvant une complète synergie avec l’agenda 2063 de l’UA et les stratégies nationales de développement propres à chaque pays. En lançant cette initiative, la
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Chine montre qu’elle veut partager avec le reste du monde ses perspectives d’ouverture et de développement, dans le contexte d’une économie mondiale ouverte. La Chine est devenue une puissance maritime mondiale en quelques années. Elle compte même, pour la première fois de son histoire, une base navale à l’extérieur de son territoire. Dans quels buts ?
La Chine poursuivra résolument la voie du développement pacifique et reste attachée à sa politique de sécurité nationale à caractère défensif. Ce qui n’a jamais empêché la marine chinoise de s’acquitter de ses obligations internationales. C’est parce que des défis complexes se posent aujourd’hui en matière de sécurité maritime que la marine chinoise s’est vue doter de nouvelles capacités. L’objectif est de préserver la souveraineté et les droits de la Chine. Et si le pays a bâti une base de soutien à l’étranger, c’est là encore pour mieux s’acquitter de ses responsabilités internationales et protéger ses intérêts légitimes. La base de Djibouti facilite l’accomplissement de missions d’escorte dans le golfe d’Aden et au large de la Somalie, ainsi que de secours humanitaire. Elle ne revêt aucun caractère expansionniste. La Chine n’entend de toute façon pas déroger au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autrui…
Ce principe est une tradition pour la diplomatie chinoise. Nous respectons depuis toujours le droit des peuples à choisir en toute indépendance leur voie. La Chine ne s’immiscera jamais dans les affaires d’autrui. En Afrique, nous restons attachés au principe des « cinq non »: non à l’ingérence dans le choix des voies de développement; non à l’ingérence dans les affaires intérieures; non à la pratique d’imposer sa volonté ; non à l’octroi d’aide sous une quelconque conditionnalité politique; non à la recherche d’intérêts politiques dans la coopération économique. Mais cette non-ingérence ne signifie pas l’inaction ou le repli sur soi. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité, la Chine assume activement les responsabilités qui lui incombent sur la scène mondiale et elle s’est toujours engagée pour la paix et le développement, en prenant une part active dans les médiations internationales.
Communiqué
Aperçu général
Exemples de projets d’investissement du CADFund
Le Fonds de Développement Sino-africain (CADFund) est le premier Fonds d’investissements par actions de la Chine qui se voue aux investissements pour l’Afrique. Le fonds vise à accélérer le processus d’industrialisation de l’Afrique et à renforcer ses capacités de développement durable par le biais d’investissements. Date de création : le 26 juin 2007 Capitaux : 10 milliards de dollars Cadre institutionnel : le Fonds a son siège à Beijing et compte 5 bureaux représentatifs en Afrique du Sud, en Éthiopie, en Zambie, au Ghana et au Kenya. Le CADFund est également chargé de la gestion du Fonds de coopération et de développement des pays de langue portugaise (CPDFund), qui atteint 1 milliard de dollars. Établi en juin 2013, ce dernier a pour but de promouvoir la coopération économique entre la Chine et les pays lusophones par le biais d’investissements.
Modes de coopération
Agriculture
Manque de fonds
Aider à rechercher des investisseurs chinois
CADFund
Aider à rechercher des opportunités
Partager les risques
Avec des projets et des fonds
Infrastructures Projet de la compagnie aérienne ghanéenne AWA
Projet portuaire TICT au Nigéria
Projet de centrale électrique au Ghana financé par le Groupe d’énergie Shenzhen et le CADFund
Parcs industriels
Projet de plantation de sisal en Tanzanie
Fournir des fonds
Sans investisseurs chinois
Projet de construction d’usines d’assemblage d’automobiles en Afrique du Sud financé par FAW et le CADFund
Projet du parc industriel de fabrication d’ électroménagers
Avoir des opportunités d’investissement
Avec des projets africains
Coopération en matière de capacités de production
Parc industriel et commercial de Suez en Égypte
Avoir des ressources financières Sans opportunités d’investissement
Ne pas vouloir assumer tout seul les risques
Projet d’industrie cotonnière au Malawi, au Mozambique et en Zambie
Mode de fonctionnement
Zone de libre échange de Lekki au Nigéria
Modes d’investissements Le CADFund n’est pas alloué àdes projets par pays. Il pratique une gestion autonome suivant les règles du marché en partageant des risques avec les entreprises.
Idées directrices suivies dans l’investissement
Types d’investissements Le CADFund, en coopération avec l’actionnaire La Banque de Développement de Chine, fournit des services financiers globaux
Créer des opportunités d’emploi
Cultiver la capacité à fonctionner selon les règles du marché
J O B
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Capital-investissement
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Investissement en quasi-capital
l
Investissement en fonds
l
Gestion des investissements et service consultatif etc. RT PO EX IMPO RT
Critères de sélection du projet Le rôle moteur des projets d’investissement dans l’économie locale, l’équilibre du financement dans son ensemble et la durabilité du développement institutionnel.
Investissement responsable
Investissements directs
Le CADFund s’acquitte activement de ses responsabilités sociales. Les projets financés par le fonds ont contribué à renforcer les capacités de développement économique local, à créer de l’emploi, à augmenter les recettes fiscales et les recettes d’exportation, et à améliorer les conditions de vie des populations locales des pays concernés.
Augmenter les exportations et les impôts
Réaliser le développement durable en Afrique
Effets de l’investissement
65 000 monospaces 300 000 climatiseurs 540 000 réfrigérateurs 390 000 télévisions 1,6 million de tonnes de ciment
Au cours des 12 dernières années, le CADFund s’est fondé sur les besoins de développement de l’Afrique. Grâce à des investissements directs, il a desserré le goulet d’étranglement de la pénurie de capitaux locaux tout en fournissant des technologies, personnes qualifiées et expériences de gestion, ce qui a accéléré le processus d’industrialisation de l’Afrique. Jusqu’en juin 2019, le CADFund a investi près de 5 milliards de dollars dans des projets destinés à 36 pays d’Afrique, ce qui peut amener les entreprises chinoises à investir plus de 24 milliards de dollars en Afrique. Le fonds est ainsi devenu une plate-forme importante pour la coopération sino-africaine dans le domaine des investissements.
Le CADFund participe activement à l'aide humanitaire déployée après le cyclone tropical Idai au Mozambique.
© CADFUND
Après la mise en production des projets approuvés par le CADFund, seront fournis à l’Afrique chaque année :
Le CADFund a établi une plate-forme afin de promouvoir les échanges entre les jeunes chinois et les jeunes africains.
www.cadfund.com
Grand format CHINE ENJEUX
Et en Afrique, quel rôle compte jouer la Chine en matière de sécurité ?
La Chine a toujours soutenu les efforts des pays africains pour qu’ils puissent régler leurs problèmes par eux-mêmes. Elle contribue à hauteur de 180 millions de dollars (161 millions d’euros) aux opérations de maintien de la paix conduites par l’UA et elle compte fournir une aide militaire aux pays du G5 Sahel et à sa force conjointe. Comment qualifieriez-vous l’évolution de la coopération sino-africaine ?
L’amitié entre la Chine et l’Afrique est ancienne puisque leurs premiers échanges remontent à plus de 2 000 ans. Les deux partenaires se sont toujours traités avec sincérité et se sont souvent mutuellement soutenus dans leur lutte contre l’impérialisme et leur combat pour l’indépendance, ou dans leur marche sur les voies du développement. Le président Xi Jinping attache une très haute importance à cette coopération sino-africaine qui est aujourd’hui tous azimuts et se déploie à différents niveaux dans de vastes domaines. Les rencontres entre dirigeants chinois et africains se multiplient pour permettre une meilleure compréhension mutuelle. La Chine et l’Afrique ont déjà prouvé leur complémentarité économique et commerciale et les milliards investis par la Chine dans un grand nombre d’infrastructures en Afrique consolident encore cette coopération qui n’est pas fermée aux autres. Au contraire, elle se veut inclusive. Nous souhaitons travailler avec la France, avec le Royaume-Uni et les autres partenaires traditionnels de l’Afrique pour promouvoir une coopération tripartite, capable de favoriser les synergies au service du développement du continent.
L’AFRIQUE ET LA CHINE ONT DÉJÀ PROUVÉ LEUR COMPLÉMENTARITÉ ÉCONOMIQUE ET COMMERCIALE. 104
Quelle place tient le Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) dans la stratégie développée par la Chine en direction du continent ?
Le Focac a vu le jour en 2000 pour renforcer l’amitié et la coopération entre les deux partenaires et promouvoir leur développement commun. En 2006, le sommet de Pékin a établi un partenariat stratégique sino-africain de type nouveau. Celui de Johannesburg, en 2015, l’a porté au niveau de partenariat stratégique global,
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autour de dix programmes de coopération. Trois ans plus tard, le sommet de Pékin a décidé de promouvoir, dans le cadre de la BRI, la coopération avec l’Afrique. Le Forum est devenu, au fil de ses éditions, une véritable plateforme de dialogue, lui permettant d’être l’étendard de la coopération Sud-Sud avec l’Afrique. La partie africaine apprécie hautement le respect par la Chine de ses engagements et les résultats effectifs de la mise en œuvre des acquis du Forum. La création, dans le cadre du Focac, de la Conférence des entrepreneurs chinois et africains ou la mise en place de sous-forums, centrés sur la santé, les médias, la lutte contre la pauvreté, etc., contribuent à élargir et à diversifier les champs d’action de cette coopération sino-africaine. La Chine semble être, ces derniers temps, plus regardante dans l’octroi des prêts à ses partenaires africains. Est-ce un changement de politique de sa part ?
En tant qu’amie du continent, la Chine a toujours œuvré pour renforcer sa coopération en matière d’investissement et de financement avec les pays africains, notamment dans l’amélioration des infrastructures et l’accélération du développement économique et social. Elle encourage également les entreprises chinoises à investir davantage en Afrique et à faire preuve pour cela d’innovation dans les modalités de financement. La Chine veille à ce que sa coopération financière avec le continent contribue à l’amélioration des conditions de vie, au développement et au renforcement des capacités de développement autonome des pays africains. Elle n’a jamais forcé un pays, rencontrant des difficultés de paiement dues à une mauvaise conjoncture économique, à rembourser sa dette. Elle cherche au contraire à trouver par le dialogue une solution mutuellement acceptable. La Chine récuse les allégations mensongères comme le « piège de la dette », totalement infondées et qui révèlent davantage le non-respect de l’Afrique et la non-connaissance de la Chine affichés par ceux qui tiennent de tels propos. Ils ne comprennent pas la véritable amitié qui lie la Chine et l’Afrique. Nous espérons qu’ils écouteront un jour davantage la voix des Africains.
COMMUNIQUÉ
CCCC, PARTENAIRE DU DÉVELOPPEMENT DES INFRASTRUCTURES AFRICAINES
Ligne du Chemin de fer Mombasa-Nairobi, au Kenya
Port Autonome d’Abidjan, en Côte d’Ivoire
Autoroute à Péage Thiès-Toubas, au Sénégal
Pont suspendu à Maputo, au Mozambique
Avec une longueur totale de 472 km, la vitesse projetée est de 120 km/h pour le train de voyageurs et de 80 km/h pour le train de fret.
Après son achèvement, le Port Autonome d’Abidjan deviendra le port le plus grand de l’Afrique de l’Ouest.
Projet mettant en oeuvre la «Stratégie de développement accéléré» initiée par l’État Sénégalais. Il a remporté le Prix du Mérite au Global Best Projects 2019 du magazine Engineering News-Record (ENR) dans la catégorie « Routes et Autoroutes ».
Le pont Maputo-Catembe mesure près de 3 km, dont la travée principale est longue de 680 m. Il a remporté le Prix du Mérite au Global Best Projects 2019 du magazine Engineering News-Record (ENR) dans la catégorie « Ponts et Tunnels »
CCCC a réalisé des projets de référence en Afrique, tels que le Port Saïd en Egypte, le Port Autonome d’Abidjan en Côte d’Ivoire, l’Autoroute à Péage Thiès-Toubas au Sénégal, le Pont suspendu à Maputo au Mozambique etc. Le projet du chemin de fer Mombasa-Nairobi au Kenya illustre parfaitement les principes que nous respectons en permanence lorsque nous travaillons en Afrique :
LA CONCERTATION EN COMMUN, LA CONSTRUCTION EN COLLABORATION ET LE PARTAGE. Depuis le lancement du
projet jusqu’à la réalisation, le groupe CCCC s’est concerté en permanence avec les autorités kényanes afin d’aboutir à la meilleure option et assurer la faisabilité économique du projet. Plus de 300 entreprises locales ont participé à la construction de la ligne en tant que sous-traitants, ce qui a eu un impact économique et social évident au niveau local.
DURABILITÉ ÉCONOMIQUE. CCCC a aidé le Kenya à mettre en
place et à perfectionner le système d’exploitation « Standard Gauge Railway » (SGR), pour répondre pleinement aux besoins
de développement régional. Le Kenya se place ainsi dans une situation favorable pour piloter le processus d’industrialisation de l’Afrique de l’Est à partir de son propre développement.
DÉVELOPPEMENT LOCAL. Dans ce projet d’envergure, CCCC a créé 46 000 emplois locaux et plus de 44 000 techniciens ont bénéficié de la formation organisée par le groupe.
FORT ENGAGEMENT EN TERMES DE RESPONSABILITÉ SOCIALE. CCCC a financé et accompagné 100 étudiants kényans
afin de leur permettre d’effectuer des études supérieures en Chine. En accordant la priorité à l’environnement et en partageant une vision axée sur la construction, « Nous cherchons à maximiser ensemble, de « routes l’impact économique et social vertes », CCCC a orgade nos projets en Afrique, tout nisé de nombreuses en veillant à protéger activités au niveau de l’environnement » la communauté locale pour assumer ses responsabilités sociales. Le groupe porte une grande attention à la protection de l’environnement et de la faune afin d’atteindre une coexistence harmonieuse entre l’être humain et la nature. Building A, No. 85, Deshengmenwai Street, Beijing-100088, Chine Tél. : +86 (10) 8201 6644 Fax : +86 (10) 8201 6263
www.ccccltd.cn
JAMG - Photos : D.R. - Illustration : 112152314/PikBest
China Communications Construction Company Ltd. (CCCC) est le leader mondial du marché des grands projets d’infrastructures. Le groupe a réalisé avec succès un grand nombre de projets en Afrique en développant systématiquement la sous-traitance et en recrutant du personnel local.
Grand format CHINE
ÉCONOMIE Vue aérienne sur des grues chargeant du sable alumineux importé de Guinée au port de Binzhou, le 19 juin 2019.
Tandem gagnant Alors que Pékin s’appuie sur ses partenaires africains pour devenir un acteur majeur de la mondialisation, cette coopération privilégiée permet en retour au continent d’accélérer son développement. 106
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OLIVIER CASLIN
D
ifficile de ne pas être d’accord avec le professeur Liu Hongwu, directeur de l’Institut des études africaines de l’université du Zhejiang, lorsqu’il déclare que « la Chine est l’un des plus importants contributeurs au grand bond en avant économique réalisé par l’Afrique ces dix dernières années ». Lors de la clôture de la réunion post-Focac (Forum sur la coopération sino-africaine), organisée à Pékin dans la prestigieuse résidence d’État de Diaoyutai les 24 et 25 juin 2019, Amadou Ba, le ministre sénégalais des Affaires étrangères, confirmait ces propos. Il a en effet rappelé aux médias locaux « la réalité des
FU KUN/VCG VIA GETTY IMAGES
chiffres » : 10 000 km de routes, 6000 km de voies ferrées, 30 ports, 20 aéroports et 80 centrales électriques ont été réalisés, au cours de la dernière décennie, par des firmes chinoises à travers le continent. Sans oublier les 150 projets de stades, centres de conférences et autres sièges de Parlement que le chef de la diplomatie sénégalaise n’a pas mentionnés.
Des dynamiques complémentaires
Depuis qu’elle a décidé de devenir un acteur majeur de la mondialisation et de faire de l’Afrique son partenaire privilégié pour concrétiser cette ambition, la Chine joue avec ses milliards un rôle central dans le développement du continent. Au nom des « intérêts mutuels » qu’il cite si
souvent, le géant asiatique est devenu, en un peu plus de dix ans, le premier partenaire commercial du continent, l’un de ses plus importants partenaires financiers, en même temps que son principal chef de chantier. Chaque année depuis 2013, date officielle du lancement de la Belt and Road Initiative (BRI), les entreprises chinoises de BTP engrangent pour 50 milliards de dollars (44,4 milliards d’euros) de contrats de construction en Afrique. Et depuis le début des années 2000, Pékin et ses banques ont investi 118 milliards de dollars sur le continent. Seuls les États-Unis ont capté, dans le même temps, davantage de fonds auprès du secteur financier chinois. Après deux années moroses en raison de la chute des cours des ressources naturelles, les flux d’investissements directs
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Grand format CHINE ÉCONOMIE
étrangers (IDE) chinois sont repartis à la hausse en 2017, pour atteindre un stock de 43 milliards de dollars. Ce qui permet aux investisseurs chinois de talonner leurs homologues français en Afrique et de se rapprocher toujours un peu plus des Britanniques et des Américains. Mais c’est encore en matière commerciale que la Chine joue au mieux de sa complémentarité avec les économies africaines. Inférieurs à 10 milliards de dollars en 2000, les échanges commerciaux ont dépassé les 204 milliards de dollars l’an dernier. « Entre nos besoins énergétiques et ceux de l’Afrique en produits manufacturés, la tendance ne fera que se confirmer à l’avenir », assure Zhang Jianping, économiste auprès du ministère du Commerce (Mofcom). La structure même de ces échanges va pourtant devoir changer. Longtemps en légère faveur de l’Afrique, la balance commerciale s’est inversée en 2016, entre l’effondrement en valeur de nombreuses matières premières exportées par l’Afrique et les volumes toujours plus importants de biens de consommation qu’elle importe de Chine. Depuis, le
déficit se creuse un peu plus chaque année au détriment d’un certain nombre de pays du continent.
Moteur de l’industrialisation
Déjà régulièrement soupçonnée de réendetter l’Afrique, voire de la recoloniser, la Chine ne veut pas en plus être suspectée d’assécher ses recettes. Surtout qu’elle semble avoir un plan très précis pour remédier – entre autres – à ce problème, tout en restant fidèle à la stratégie gagnant-gagnant si souvent avancée par les deux parties. Alors que Pékin veille déjà à mettre en place les mécanismes qui faciliteront l’accès de son marché aux exportations africaines, notamment agricoles, le pays entend maintenant aider le continent à les valoriser. « Il faut soutenir le processus d’industrialisation de l’Afrique pour que celle-ci puisse transformer sur place ses productions et ainsi créer les emplois et les richesses dont elle a besoin », résume Zhang Jianping. Et c’est ce que la Chine compte bien réussir avec les parcs industriels et autres zones économiques spéciales qu’elle essaime à
« L’AFRIQUE N’EST PLUS UNIQUEMENT UNE SOURCE D’APPROVISIONNEMENT EN MATIÈRES PREMIÈRES. LES ÉCHANGES SONT APPELÉS À SE DIVERSIFIER. »
En plus des responsables politiques chinois et africains, la réunion organisée à Pékin fin juin comptait parmi ses invités les représentants des huit principales organisations financières chinoises impliquées dans le développement du continent. Aux différentes banques – Bank of China, EximBank, China Development Bank (CDB), etc. – se sont ajoutés depuis dix ans plusieurs fonds d’investissement spécialisés dans la construction, la coopération industrielle ou encore le financement de la Belt and Road Initiative (BRI). Certains de ces fonds sont d’ailleurs détenus par ces mêmes établissements bancaires, à l’instar du Fonds de développement sino-africain (CADF), créé en 2007 par la CDB. Celui-ci dispose d’une enveloppe de 10 milliards de dollars (8,9 milliards d’euros) pour aider les entreprises chinoises à investir en Afrique. « Nous cherchons des perspectives pour nos firmes et nous identifions les investisseurs pour des projets à venir en Afrique », explique Shi Jiyang, président du CADF. Depuis sa création, le
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OLIVIR CASLIN POUR JA
À FOND LES FONDS
Réunion des coordinateurs de la mise en œuvre des actions de suivi du dernier sommet de Pékin.
fonds a soutenu 90 projets dans 36 pays, aussi bien dans des infrastructures que dans des chaînes de production pharmaceutiques ou agricoles. Selon Shi Jiyang, les investissements du CADF dépendent de trois paramètres: « L’intérêt du projet pour le pays lui-même, sa faisabilité financière, son respect des normes environnementales et juridiques locales. » Le CADF n’accorde pas de prêts, mais investit pour dégager
des profits qu’il réinjecte dans ses fonds. « Les risques existent, mais le potentiel africain est énorme », ajoute le président du CADF qui, pour limiter les incertitudes, cherche à développer des partenariats avec « les organismes internationaux et les multinationales étrangères », inaugurant ainsi « une nouvelle étape dans le développement économique du continent ». OLIVIER CASLIN
Grand format CHINE ÉCONOMIE
travers le continent. Perçues jusqu’à présent comme des enclaves chinoises, ces dernières doivent à terme créer les environnements favorables à l’émergence d’entreprises locales. « L’Afrique n’est plus uniquement une source d’approvisionnement en matières premières. Les échanges sont appelés à se diversifier », confirme Bakary Traoré, économiste à l’OCDE. Dans la foulée des centaines de PME chinoises qui s’implantent aujourd’hui sur le continent (lire ci-dessous), Pékin espère notamment délocaliser des milliers d’emplois en Afrique pour répondre à deux importants défis auxquels le pays fait face sur le plan domestique: le vieillissement de la population et la hausse du coût du travail. La Chine compte sur le continent pour produire demain les biens de consommation courante (alimentation, habillement…) qui approvisionneront un
marché africain toujours plus intégré grâce à la toute nouvelle Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), ainsi qu’une économie chinoise appelée à s’orienter vers le tertiaire pour relancer une croissance tombée à 6,2 % au deuxième trimestre 2019, soit son plus bas niveau depuis près de trente ans. « D’où l’importance d’aider l’Afrique à développer ses propres capacités », insiste Zhang Jianping. Et malgré sa cagnotte, l’empire du Milieu sait qu’il n’y arrivera pas seul : l’heure est donc au multilatéralisme le long des routes de la BRI. C’est notamment le cas en Afrique, où la Chine cherche à multiplier les collaborations tripartites avec « les différents acteurs du développement », reprend l’économiste du Mofcom, comme elle l’a déjà réussi, ces dernières années, avec la France au Togo et avec l’Inde au Nigeria.
Le privé local surfe sur la vague des PME chinoises
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Des contremaîtres chinois interviennent à l’usine Nile Textile Group située dans la zone franche de Port-Saïd, en Égypte.
KHALED DESOUKI/AFP
Depuis une dizaine d’années, l’Afrique représente un véritable eldorado pour les entrepreneurs privés chinois. Après les grands conglomérats parapublics, arrivés sur le continent entre 2000 et 2010 dans les valises du gouvernement chinois pour construire les vastes programmes d’infrastructures financés par Pékin, place aux petites et moyennes entreprises qui, à leur échelle plus modeste, n’en contribuent pas moins à redessiner l’économie africaine en profondeur. « Elles constituent un premier maillon essentiel dans l’industrialisation du continent », résume Zhang Jianping, chercheur auprè s du ministère chinois du Commerce (Mofcom). Débarquées par milliers ces dernières années, ces PME chinoises profitent de la mise en place de zones économiques et de parcs industriels en Égypte, au Nigeria, à Djibouti ou encore en Tanzanie pour créer les microcosmes qui, en plus de favoriser le
développement de leurs propres activités, doivent soutenir l’éclosion d’un secteur privé africain, en particulier dans les filières liées à la transformation des produits locaux. « Ces entrepreneurs sont venus trouver en Afrique les occasions qui n’existent plus pour eux dans la Chine d’aujourd’hui », explique Zhang Jianping. Au continent d’en profiter, notamment dans l’industrie légère et l’assemblage
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de composants, mais aussi dans l’agrobusiness et les différents métiers de services aux entreprises comme le transport et la logistique. Pour les investisseurs chinois, les avantages sont tout trouvés. En plus de pouvoir s’appuyer sur une main-d’œuvre à bas coût, au cœur d’un vaste marché à défricher, ils peuvent également bénéficier des accords de libreéchange signés entre le
pays où ils sont implantés et l’Europe ou les ÉtatsUnis. Autant d’arguments qui permettent de compenser la difficulté pour les entreprises chinoises à trouver sur place les intrants et autres pièces détachées nécessaires à leur production, ce qui limite leur compétitivité. Jusqu’à ce que, dans la foulée des PME chinoises, émerge une sous-traitance africaine. OLIVIER CASLIN
Projet de Port Doraleh Multifonctionnel et Terminal à Bétail République de Djibouti
Fondée en 1994 et détenue à part entière par le gouvernement central, la Banque d’Import-Export de Chine est une banque sous la direction du Conseil des Affaires d’État. Ses notations financières sont en conformité avec celle de la souveraineté de la Chine. La Banque d’Import-Export (d’EXIM) de Chine, dont le siège social est à Beijing, dirige 32 succursales domestiques et 5 succursales et bureaux de représentation.
Projet de Pont Maputo Ka Tembe et Route de Liaison Mozambique
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Eric Wang
Vice-président et secrétaire général du China-Africa Business Council (CABC)
« La réputation de nos entreprises est fondamentale dans la compétition actuelle »
Il semble qu’une nouvelle vague d’entreprises, justement constituée de PME, débarque sur le continent ces derniers mois. Pouvezvous le confirmer ? Après les grands groupes parapublics qui ont accompagné les 112
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projets gouvernementaux, de plus en plus d’entreprises chinoises, de taille plus réduite, s’implantent en Afrique pour réaliser leurs propres affaires. Elles profitent des parcs industriels qui voient le jour sur le continent pour créer des synergies entre elles. Ces PME perçoivent l’urbanisation en marche et la croissance démographique du continent comme des occasions uniques pour développer leurs activités. Bien sûr, certaines viennent avec une image assez dégradée de l’Afrique, mais elles changent vite d’avis une fois qu’elles sont sur place. Créé en 2006, le CABC compte 800 sociétés, dont 400 présentes en Afrique.
DR
Jeune Afrique : A-t-on une idée du nombre d’entreprises chinoises présentes aujourd’hui en Afrique ? Eric Wang : C’est très difficile à dire, car de nombreuses compagnies ne sont pas référencées. Selon le ministère chinois du Commerce, elles seraient un peu moins de 4 000 aujourd’hui, mais une étude menée conjointement avec le cabinet McKinsey en 2017 estime qu’elles seraient plus du double. Le CABC compte actuellement 800 membres, dont 400 sont présents en Afrique. Ce sont essentiellement des PME. Ces entreprises ont des activités dans 51 pays et ont investi, en cumulé, plus d’une dizaine de milliards de dollars dans 45 d’entre eux. Elles ont créé plus de 105 000 emplois directs et fournissent du travail indirectement à 1,6 million de personnes à travers le continent.
La réputation des entreprises chinoises n’a pas toujours été très bonne en Afrique. Cela vous semble-t-il justifié ? Ces accusations ne sont pas justes. Une société privée n’a aucun intérêt à scier la branche sur laquelle elle cherche à s’asseoir. Au CABC, nous sommes très attentifs
vis-à-vis de nos membres et nous n’hésitons pas à pénaliser ceux qui ne jouent pas le jeu. La réputation de nos entreprises est fondamentale dans la compétition internationale actuelle. Quel impact va avoir la Belt and Road Initiative (BRI) sur la présence du secteur privé chinois en Afrique ? D’importantes ressources financières et humaines vont être canalisées vers l’Afrique grâce à cette initiative, qui ne peut donc qu’accélérer son développement et, par extension, augmenter l’intérêt des entreprises chinoises à l’égard du continent. Beaucoup de pays, en Afrique comme ailleurs, souhaitent rejoindre cette initiative. Notre secteur privé pourrait en profiter pour tisser de nouveaux partenariats avec des sociétés étrangères – françaises, britanniques, etc. –, présentes depuis longtemps sur le continent. « Si tu veux aller vite, tu pars seul. Si tu veux aller loin, tu pars à plusieurs », assure un proverbe africain. Propos recueillis à Pékin par OLIVIER CASLIN
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TRIBUNE
Générosité bien ordonnée… L
VINCENT FOURNIER/JA
ors de l’avant-dernière édition du Forum sur la coopéradeux tiers des prêts officiels de Pékin à l’Afrique suivent les tion sino-africaine (Focac), organisée en septembre 2018 conditions du marché. Ce qui diffère, c’est que 50 % de ces à Pékin, le président Xi Jinping s’est assis et a écouté les prêts ne sont pas garantis par le collatéral et qu’une partie nombreuses interventions de dirigeants africains programd’entre eux demeurent opaques. Il en découle que l’endetmées sur deux jours. Presque tous les pays du continent tement de certains pays africains riches en ressources natuétaient représentés au plus haut niveau, et même les relles s’aggrave considérablement lorsque la dette cachée délégations protocolairement moins prestigieuses receest prise en compte. vaient toute l’attention du chef de l’État chinois. Mais plus L’Afrique se rapproche rapidement du seuil d’endetencore, chaque délégation a pu avoir, en marge du somtement considéré comme à risque. Même s’il reste l’un met, une rencontre privée avec Xi Jinping, accompagné de des plus bas au monde, le ratio entre la dette et le PIB du ses proches conseillers, ainsi que des réunions de travail en continent a bondi de 30 à 50 % en cinq ans. Il faut soulicompagnie des plus hauts responsables du pays. Pendant gner que l’accès limité de l’Afrique aux prêts concessionprès d’une semaine, l’ensemble des dirigeants de la plus nels est souvent négligé. L’accès au crédit souverain coûte puissante économie émergente du monde plus cher à un pays africain moyen qu’à des se sont entièrement concentrés sur l’Afrique. économies d’autres régions du monde dont Les Africains sont sensibles à ce niveau le profil macroéconomique est pourtant d’attention des Chinois, car ils sont souvent moins favorable. Les faibles négocient avec traités de manière différente par les autres leurs faiblesses, si bien que les dirigeants superpuissances. Et si cet intérêt est renafricains disposent d’options limitées. Les forcé par des annonces de 60 milliards de Chinois étaient jusqu’à présent considérés dollars (53,5 milliards d’euros), trois ans comme les plus flexibles. Ceci est en train de après une promesse similaire qui a depuis changer. été mise en œuvre, accompagnées d’un Carlos Lopes éventail de projets et d’initiatives de déveien que les Chinois aient annoncé durant Haut représentant loppement, il a évidemment une résonance le Focac l’annulation de la dette pour de l’Union africaine encore plus grande. Pékin ne peut se perles prêts arrivant à échéance en 2018, ainsi mettre aucune mauvaise publicité. L’image que l’octroi de nouveaux crédits, le message interne et externe de son engagement doit principal était clair : il faut être plus sérieux. paraître altruiste. Le pays a connu une croisLe président Xi Jinping a notamment déclaré sance rapide et une réduction accélérée de la pauvreté qu’il n’était plus possible de financer des « projets de en suivant son propre modèle, au mépris des conseils et vanité ». Des critiques virulentes, portant sur le coût de des ingérences externes. Il est convaincu qu’une indépencertains mégaprojets ou sur l’existence de conditionnalités dance politique peut produire des résultats similaires dans cachées, ont été entendues par la Chine, désormais plus d’autres régions du monde. Sa perception des risques est prudente, ainsi que par les dirigeants africains qui soutrès différente de celle des pays occidentaux, précisément haitent une augmentation des engagements de Pékin. Le parce que sa trajectoire de développement montre qu’en continent, dans son ensemble, reçoit autant d’investissel’espace d’une génération il est possible de s’extirper du ments directs étrangers (IDE) chinois que le Pakistan à lui piège de la pauvreté. seul. La Belt and Road Initiative (BRI) prévoit de dépenser Les critiques se multiplient pourtant sur une possible plus de 1 000 milliards de dollars pour combler en partie stratégie de l’endettement imposée à l’Afrique par des le déficit en infrastructures des secteurs de l’énergie et des Chinois qui ne respectent pas les règles établies en matière transports en Afrique. La Chine continuera donc d’être une de fair-play commercial. Selon une étude récente, près des source majeure de financement pour le continent.
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omme l’a formulé Xi Jinping au moment de son élection, en 2013, la Chine veut faire rêver le monde, et l’Afrique en particulier. Pour cela, le président accélère le mouvement initié par son prédécesseur, Hu Jintao, le premier à regretter que l’influence culturelle de la Chine ne corresponde pas à sa place sur la scène internationale. C’est d’ailleurs lui qui a introduit en 2007, lors du XVIIe congrès du Parti communiste chinois, le concept de soft power, traduit littéralement par « force douce » en mandarin et élevé au rang de priorité par la diplomatie chinoise depuis son inscription dans le plan quinquennal 2011-2015. Toute grande puissance mondiale qu’elle est, la Chine souffre d’un déficit d’image sur la scène internationale, qu’il lui tarde de combler. « Elle veut être appréciée à la valeur de sa contribution dans l’économie mondiale », formule un diplomate africain en poste à Pékin. Ses dirigeants ont compris que les principes de non-ingérence et de développement économique partagé ne suffiraient pas à construire « la communauté de destin » qu’ils rêvent d’établir avec les pays partenaires de la Belt and Road Initiative (BRI). Avec en filigrane la crainte de ne pas faire le poids face aux valeurs de démocratie et de transparence défendues par l’Ouest.
Alternative au modèle occidental
Dans le cadre de la coopération culturelle, des étudiants et un enseignant de l’Institut Confucius présentent des arts martiaux à Lusaka.
PENG LIJUN/XINHUA/MAXPPP
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La Chine se donne les moyens de diffuser son modèle culturel en Afrique. Pour le pays, l’enjeu est considérable.
Mais, comme décomplexée depuis son retour au premier plan international, la Chine se voit désormais comme une alternative au modèle occidental, avec ses propres préceptes néoconfucéens à vocation tout aussi universelle, qu’elle entend promouvoir par une intense diplomatie culturelle. Et plutôt que de mettre en avant les valeurs idéologiques d’un pouvoir communiste toujours en place, elle préfère s’appuyer sur les images plus consensuelles de ses dynasties impériales. Le choix de Confucius, honni sous Mao Zedong et remis à l’honneur par Xi Jinping pour nommer les 510 instituts créés depuis 2004 dans le monde (dont 59 en Afrique), symbolise d’ailleurs cette renaissance d’une Chine millénaire. Dans son opération de séduction, l’empire du Milieu ne néglige aucun aspect et met en valeur ses traditions les plus ancestrales, de la gastronomie à la médecine en passant par
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les arts martiaux ou encore la calligraphie. En tant que puissance globale, ayant achevé un rattrapage scientifique et technologique qui lui permet aujourd’hui de s’inscrire dans la modernité en marche, la Chine utilise tous les moyens à sa disposition pour diffuser ses messages. Elle peut aussi s’appuyer sur sa diaspora, évaluée à près de 125 millions de personnes, ainsi que sur les millions de touristes qui sillonnent désormais la planète (lire ci-dessous). Mais pour partager les mêmes valeurs, encore faut-il les verbaliser, ne serait-ce que pour inspirer la confiance autour de soi. Et, longtemps, les quelques principes mis en avant par Pékin en matière de soft power sont apparus trop proches de ses intérêts économiques et géopolitiques – le hard power – pour ne pas être perçus comme de la propagande par l’opinion internationale. Alors, depuis quelques années, la Chine semble désireuse de communiquer plus ouvertement. « Nos
responsables politiques et nos chefs d’entreprise sont enfin prêts à sortir de leur silence, plutôt que de laisser les autres fantasmer sur ce qu’ils ne disent pas », constate Cheng Tao, membre du think tank Charhar Institute. Et puisqu’elle a retrouvé la voix, la Chine veut se faire entendre. Elle n’hésite pas pour cela à reprendre à son compte les recettes développées par des puissances plus reconnues en matière de soft power, comme les États-Unis, la France et le Japon.
Les porte-voix de Pékin
Puisant dans son trésor, Pékin a investi des milliards de dollars pour constituer un vaste réseau médiatique à l’intention de l’étranger, assis sur deux piliers : la China Central Television (CCTV) dans l’audiovisuel et l’agence de presse Xinhua. La première diffuse en six langues vers une centaine de pays et dispose depuis 2016 d’une
Les touristes chinois sont chaque année plus nombreux à découvrir l’Afrique. Bien sûr, les 800 000 voyageurs recensés à la fin de 2017 ne représentent encore qu’une infime partie des 60 millions de visiteurs internationaux qui se sont rendus cette année-là sur le continent. « Mais les chiffres sont en constante augmentation depuis trois ans », constate Wolfi Chen, chef de produits Afrique et Moyen-Orient au sein de Beijing Global Tour International Travel Service Co. Et cette tendance devrait se poursuivre, puisque près de 200 millions de touristes chinois doivent partir à la découverte du monde en 2020, soit 20 % de plus qu’aujourd’hui. L’Afrique, qui a déjà vu sa fréquentation touristique augmenter de 7 % en 2017, espère bien capter une part significative de cette manne chinoise estimée l’an dernier à 300 milliards de dollars (268 milliards d’euros). À commencer par le top 5 des
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SVEN TORFINN/PANOS-REA
LA DESTINATION AFRIQUE SE FAIT UNE PLACE AU SOLEIL
Une touriste chinoise prend un selfie avec un groupe de WoDaaBe Fulani en costume traditionnel lors du festival Cure salée d’Ingall, au Niger.
destinations préférées des Chinois sur le continent, à savoir l’Égypte, le Kenya, le Maroc, l’Afrique du Sud et Maurice, auxquelles s’ajoute la Tunisie depuis qu’elle a, comme les autres pays cités, dispensé en février 2017 les ressortissants de l’empire du Milieu de visa touristique.
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D’autant plus que « l’Afrique n’est plus vue comme un continent dangereux, ravagé par les guerres et les épidémies, mais comme un nouveau territoire à découvrir, avec des plages sublimes, des paysages spectaculaires et une faune unique au monde »,
explique Wolfi Chen. Autant d’arguments à faire valoir par les professionnels chinois pour convaincre leur clientèle, même si la destination africaine reste chère, difficile d’accès et manque encore cruellement d’équipements de standing. OLIVIER CASLIN
JAMG - © CSCEC
COMMUNIQUÉ
Avancer main dans la main dans un esprit d’unité et de solidarité avec les pays africains Leader dans les domaines de l’investissement et de la construction dans le secteur du BTP, le groupe China State Construction Engineering Corporation (CSCEC), classé 23 e dans le classement Fortune Global 500 (2018) selon son chiffre d’affaires d’environ 170 milliards de dollars, est présent dans plus de 130 pays où il travaille dans une logique « gagnant – gagnant ». CSCEC a commencé à travailler en Afrique à la fin des années 1960 avec la construction des ouvrages symboliques, tels que le chemin de fer Tanzanie-Zambie, le siège de l’Assemblée nationale congolaise, le Centre International de Conférences en Egypte, etc. Le groupe est actuellement implanté dans 51pays africains et a réalisé plus de 200 projets à ce jour dans le cadre de l’aide chinoise à l’Afrique.
Des références de premier ordre Parmi les projets « flagship » réalisés à ce jour, on peut citer : • La Grande Mosquée d’Alger. Avec une superficie de plancher totale d’environ 400 000 m 2, une résistance au séisme de magnitude de 9 et le plus haut minaret du monde (265 m), cet édifice est devenu la plus grande mosquée d’Afrique. • L’African Union Conference Center and Office Complex (AUCC) en Ethiopie. Avec une superficie de plancher totale d’environ 49 000 m 2, cet ouvrage est un édifice ovale au centre avec des éléments esthétiques en forme de rayonnement aux alentours, qui sont orientés vers le continent africain. L’objectif est de montrer que la Chine et l’Afrique coopèrent afin de donner un essor au développement africain. • La Route Nationale nº 1 de la République du Congo. Cet axe de 536 km a permis de relier Brazzaville et Pointe-Noire et de réaliser enfin le rêve centenaire du peuple congolais d’une communication routière fluide.
Autre exemple : après le séisme violent de magnitude de 6,8 en Algérie, en 2003, les bâtiments construits par le groupe CSCEC sont restés quasiment en bon état et n’ont subi aucun effondrement. À l’époque, les Algériens les ont surnommés « monuments résistants aux séismes », ce qui a renforcé l’image déjà positive de CSCEC en Algérie, et par extension, dans tous les pays africains.
Une vraie logique de partenariat CSCEC se soucie également de contribuer au bien-être du peuple africain. L’entreprise a construit plus de 100 000 logements sociaux en Algérie pour améliorer les conditions de vie de la population et a en même temps proposé de nombreuses opportunités de coopération. Plus de 80 % de la main d’œuvre employée dans les chantiers est d’origine africaine. Le groupe travaille généralement avec de nombreux partenaires locaux : leur nombre peut dépasser la centaine sur un seul projet. Le développement gagnant-gagnant est atteint grâce à la bonne exécution des projets. CSCEC est toujours resté fidèle aux principes de « sincérité, résultats effectifs, amitié et bonne foi » et de recherche du plus grand bien et des intérêts partagés avec toutes les parties. Centre International de CSCEC Fortune, Bâtiment No.3, Cour No.5, Rue d’Anding, District de Chaoyang, Ville de Beijing, République de Chine - Tél. : +86 (10) 86498114 Email : zhibanyuan@cscec.com
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chaîne d’information en continu en anglais. La seconde compte déjà 170 bureaux à l’étranger, émet en huit langues et a même su s’imposer face aux autres agences en tant que fournisseur de contenus pour les médias locaux, notamment en Afrique, grâce à ses tarifs très compétitifs. En plus de la télévision numérique (lire ci-dessous), Pékin a fait du cinéma une de ses sources de rayonnement privilégiées. Surtout depuis 2015, date à laquelle les chiffres du box-office chinois ont dépassé pour la première fois ceux
des États-Unis. Wolf Warrior 2, qui raconte les exploits d’un mercenaire chinois libérant ses compatriotes pris en otage quelque part en Afrique, a établi en 2017 un nouveau record en Chine, avec plus de 850 millions de dollars de recettes. Reste que la diffusion internationale de tels blockbusters demeure des plus confidentielles. Ce qui empêche pour l’instant de vérifier l’intime conviction des officiels chinois pour qui « plus le monde apprendra à connaître la Chine, plus il l’aimera ».
La télévision, grande lucarne vers l’Asie Depuis sa première implantation au Rwanda, en 2007, il a suffi d’un peu plus de dix ans pour que StarTimes s’impose comme le leader incontesté de la télévision numérique en Afrique subsaharienne. Plus de 25 millions de personnes, réparties dans 30 pays, ont aujourd’hui accès aux 480 chaînes proposées par le groupe chinois via la télévision numérique terrestre (TNT) et la diffusion par satellite. Confronté à la concurrence de Canal+ en Afrique
Enregistrement de l’émission S-Belle dans les studios de StarTimes, à proximité de Pékin.
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francophone et de MultiChoice dans les pays anglophones, StarTimes, créé en 1988 par l’ingénieur Pang Xinxing, est le seul sur le continent à opérer en propre ses systèmes de diffusion. Dernière innovation en date, le groupe a complété son offre africaine en lançant, l’année dernière, son application mobile de services de diffusion en ligne. Télévision en direct, dont les 42 chaînes de l’opérateur, programmes en replay et vidéos à la
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demande sont désormais accessibles sur smartphone et le seront très bientôt sur tablette. C’est d’ailleurs toute la stratégie de ce groupe familial que de faciliter l’accès à la télévision, notamment en Afrique. « Les bouquets proposés jusqu’alors étaient trop chers, nous avons donc décidé de démocratiser la télévision numérique sur le continent », explique Guo Ziqi, la vice-présidente du groupe, dont les trois quarts des 4 000 employés sont installés en Afrique. Entre l’achat du décodeur et l’abonnement, la facture s’élève à moins de 10 dollars par mois pour les foyers africains, grands consommateurs de sport et de telenovelas, pendant que les séries chinoises commencent doucement à trouver leur place. StarTimes a ainsi lancé en 2018 ses premières productions maison au Nigeria et récidive cette année en tournant une série francophone en RD Congo. Le groupe diffuse également des émissions de mode et de beauté ou de débats sportifs tournées dans ses studios construits en périphérie de Pékin, puis doublées en diverses langues internationales et africaines. Durant le sommet de Pékin du Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) organisé en 2018, de nombreux chefs d’État africains ont visité les installations flambant neuves du groupe. C’est également dans le cadre du Focac que StarTimes participe au projet « Accès à la TV satellite pour 10 000 villages africains », destiné à réduire la fracture numérique dans les zones rurales de 25 pays subsahariens. OLIVIER CASLIN