JA 3060 DU 1er AU 7 SEPTEMBRE 2019 GF CONGO

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RD CONGO

SÉNÉGAL Karim Wade : le parti en héritage

UN GOUVERNEMENT INGOUVERNABLE ?

TENDANCE Love Me Tinder

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3060 DU 1ER AU 7 SEPTEMBRE 2019

Après cinq années de crise économique aiguë, le pays renoue enfin avec les bailleurs de fonds et les perspectives de croissance. Impérative, la mise aux normes de la gouvernance ne se fera toutefois pas sans douleur. La volonté politique sera-t-elle au rendez-vous ? Spécial 26 pages

CONGO

Rebondir! .

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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 Br Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 5 € Portugal cont. 4,30 € RD Congo 5 $ US Réunion 4,60 € Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 4 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2000 F CFA ISSN 1950-1285

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Le rendez-vous des LeaderEs de demain

Affirmez l’engagement de votre entreprise en faveur du leadership féminin ABIDJAN 24 septembre 2019

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Afrique de l’Ouest

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GRAND FORMAT

CONGO

ANTONIN BORGEAUD

Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays

Après la tempête…

S’il reprend peu à peu le chemin de la croissance, le pays doit encore faire ses preuves en matière de bonne gouvernance et miser enfin sur l’agriculture et l’essor d’un véritable green business écoresponsable. jeuneafrique no 3060 du 1er au 7 septembre 2019

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PORTE OCÉANE DE L’AFRIQUE CENTRALE Un grand port à conteneurs

Le port de transbordement de l’Afrique Centrale

Des infrastructures modernes

3020 mètre de linéaires de quai

Un port sûr et conforme au normes du code ISPS Des profondeurs jusqu’à - 15m

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86 ENJEUX

Brazza doit passer de la parole aux actes

92 Vie des partis

Cécile Manciaux

Le PCT en pleine crise de la cinquantaine

96 Sécurité

Paix fragile dans le Pool

Soft power a relance économique par la diversification et le travail acharné. » C’est sous ce slogan qu’ont été placées, le 15 août dernier, les célébrations – moins ostentatoires que de coutume – de la fête nationale. Signe que chacun est conscient que la signature d’un programme triennal avec le Fonds monétaire international (FMI), le 11 juillet, n’est que le début d’un douloureux processus de mise en conformité avec les règles de la bonne gouvernance. Il a fallu pas moins de sept missions du FMI depuis 2017, la signature d’un accord de restructuration de la dette avec la Chine et l’engagement de négociations avec les traders pour en arriver là: une facilité élargie de crédit de la part du Fonds, qui ouvre la voie à une série d’autres appuis budgétaires, représentant une enveloppe globale de 780 milliards de F CFA (1,2 milliard d’euros) sur trois ans. Sous réserve, bien sûr, que les 48 mesures convenues soient appliquées – lesquelles ne visent rien d’autre que l’instauration d’une gestion normale et transparente des finances publiques –, ce programme doit permettre de rendre le Congo à nouveau fréquentable par les investisseurs étrangers, d’engager concrètement le Plan national de développement (PND) 2018-2022 et, enfin, de mettre à plat l’insaisissable système de gouvernance pour le corriger, le moderniser et le rationaliser, en l’expurgeant de ses dysfonctionnements et retards.

L

«

Faire du neuf avec du vieux

Tout le monde s’accordait à reconnaître ces freins depuis le début de la chute des cours du brut, en 2014. La différence, cette fois, est que le gouvernement n’a pas d’autre choix que d’en tirer les conclusions. Réunis à Kintele, le 16 août, au lendemain du discours d’orientation prononcé par le président Denis Sassou Nguesso (DSN), ses membres s’y sont engagés.

98 Questions à…

Euloge Landry Kolélas Ministre, haut-commissaire à la réinsertion des ex-combattants Restent deux problèmes à résoudre. Celui de faire du neuf avec du vieux, c’est-à-dire imposer à certains dirigeants, dont la responsabilité est engagée dans le bilan déficitaire, de faire le contraire de ce qu’ils ont trop longtemps pris l’habitude de (mal) faire. Il faut aussi pouvoir s’appuyer sur des cadres compétents, or le niveau des ressources humaines reste souvent très faible, à cause des lacunes du système éducatif. Le retour à une croissance positive et celui des investissements, qui plus est lorsqu’ils restent générés par les hydrocarbures, ne doivent pas faire oublier l’essentiel : si le malade est sauvé, sa convalescence, sous l’étroite surveillance des médecins du FMI, va être longue. À un an et demi d’une élection présidentielle à laquelle il se portera sans nul doute candidat, DSN compte beaucoup sur la relance économique, génératrice de mieux-être social, pour solder les comptes des cinq anni horribiles que son pays a vécues. Mais la cure de remise en forme passe aussi par lui-même. En l’occurrence, par une rupture avec la culture traditionnelle du chef, qui, dans le souci de réduire le nombre de ses adversaires, finit par ne trancher ni les têtes ni les problèmes. Elle passe aussi, sur le plan international, par une redynamisation de la diplomatie congolaise, réduite, faute d’imagination, aux seules initiatives de médiateur de crises du chef de l’État. DSN dispose pour cela d’un soft power promis à un bel avenir : le bassin du Congo, dont il porte les valeurs écologiques depuis trente ans et assure le leadership (à la tête de sa commission climat). À l’heure où la forêt d’Amazonie brûle, celle du Congo est plus que jamais inestimable. À lui de faire comprendre aux puissants du G20 que sa protection a aussi un coût.

100 ÉCONOMIE

Le grand défi agricole

102 Entretien avec Henri Djombo Ministre de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche 107 Entrepreneuriat Biocompatibilité gagnante

110 Hydrocarbures

Le secteur pétrolier affiche une forme inespérée

112 Environnement

Soft power écolo vs industrie polluante : un paradoxe

116 SOCIÉTÉ

Sensations touristiques grandeur nature

120 Retour à la vie

sauvage à la réserve de gorilles de Lésio-Louna

121 Côté musées,

le patrimoine monte en gamme

123 Couleur locale

À chaque grand son petit

Suivez toute l’actualité du Congo sur www.jeuneafrique.com

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Grand format CONGO

ENJEUX

De la parole aux actes

Après cinq ans de marasme financier et de récession, le pays renoue avec la croissance. Et, depuis qu’il a négocié la restructuration de sa dette bilatérale avec Pékin, il est revenu dans les bonnes grâces du FMI. À charge maintenant pour Brazzaville de prendre les mesures nécessaires pour repartir sur de bonnes bases.


MARJORIE CESSAC, envoyée spéciale

I

l fait doux en cette soirée d’août. Les Brazzavillois prennent l’air sur la corniche fermée à la circulation le dimanche, quelques vendeurs de rue y déambulent, ballon à la main. De jeunes sportifs font des concours de pompes. On entend au loin le vrombissement des jet-skis patrouillant sur le fleuve avec, en toile de fond, Kinshasa qui scintille. Un vent d’espoir souffle. Il y a quelques semaines, le 11 juillet, le pays – en pleine crise financière avec une dette publique estimée à 10,7 milliards de dollars – revenait dans les bonnes grâces du FMI. Ce dernier ne pouvait envisager de soutenir le Congo tant que le pays n’avait pas conclu d’accord avec les autorités chinoises sur le rééchelonnement de sa dette. Un crédit de 3,15 milliards de dollars qu’il avait contracté auprès de China Exim Bank (qui représenterait 35 % de sa dette totale). Cet accord a été signé à Pékin le 29 avril. Après deux ans de négociations ardues, le FMI s’est donc dit prêt à reprendre son programme de soutien financier au Congo dans le cadre de la facilité élargie de crédit (FEC), pour un montant de 448,6 millions de dollars sur trois ans, dont une première tranche de 44,9 millions de dollars immédiatement débloquée. En contrepartie, le Congo s’engage à mettre en œuvre, d’ici à mars 2020, 48 mesures visant à assainir ses finances et à diversifier ses recettes, dont 80 % dépendent du pétrole. Objectif : ramener la dette publique totale à 70 % du PIB dans trois ans, contre près de 88 % en 2018.

Reprise des aides

TOTAL

Plateforme de Total E & P Congo sur le champ offshore de Moho-Nord, dont l’entrée en production, en 2017, a permis au pays de retrouver une croissance positive.

« Cet accord était plus qu’attendu, relève Pierre-Alix Tchiongho, directeur associé au sein du cabinet d’audit Ernst & Young (EY) Congo. Il est clair que, psychologiquement au moins, on note un impact. » Pour preuve, comme le FMI, d’autres bailleurs ont réitéré leur soutien au pays. Au total, Brazzaville devrait ainsi bénéficier de 1,3 milliard de dollars d’aides provenant du Fonds, mais aussi de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement (BAD), de l’Agence française de développement (AFD), etc. En mai, la BAD s’est engagée à participer au financement de la création de zones agro-industrielles à hauteur 83 millions de dollars et à la construction du pont routerail Brazzaville-Kinshasa (dont les travaux devraient démarrer en août 2020), pour un montant de 210 millions

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Grand format CONGO ENJEUX

de dollars, sur un coût total global estimé à 550 millions. Sans compter la deuxième phase du projet Central Africa Backbone (CAB), qui consiste à relier le Congo, par l’intermédiaire de la fibre optique, au Cameroun et à la Centrafrique : un chantier de 43,6 milliards de F CFA (66,5 millions d’euros) cofinancé par la BAD (78 %) et l’État (22 %). « Le Congo a retrouvé la caution qui lui manquait auprès de la communauté internationale, observe Désiré Avom, doyen de l’université de Dschang, à Yaoundé. Cette signature constitue aussi un soulagement pour l’économie régionale, cela va contribuer à la reconstitution des réserves de change. » En attendant le verdict du FMI et pour lui démontrer ses efforts, le gouvernement avait déjà adopté le Plan national de développement (PND) 2018-2022 et annoncé d’importantes réformes pour réduire le train de vie de l’État et en améliorer la gouvernance, en particulier la transparence. « Les autorités ont engagé un programme d’assainissement budgétaire depuis 2017, confirme Alex Segura, chef de la mission du FMI à Brazzaville. Mais ces efforts doivent se poursuivre en 2019-2022 pour rétablir la soutenabilité des finances publiques, tout en préservant des seuils minimaux de dépenses sociales et d’investissements. » Le pays est parvenu à renouer avec une croissance positive (1,6 %) en 2018 et devrait suivre cette tendance (voir « Repères » p. 89), principalement grâce à la remontée des cours des hydrocarbures et à l’entrée en exploitation de gisements du champ de Moho-Nord (lire p. 110). Mais, pour améliorer la gestion de ses finances, il va surtout devoir œuvrer à l’apurement de ses dettes auprès de ses principaux créanciers, comme il l’a fait avec Pékin. « C’était la première fois que les autorités chinoises procédaient de la sorte par écrit, remarque un homme d’affaires

XINHUA

Discipline budgétaire

Le président Denis Sassou Nguesso, le 6 septembre 2018, à Changsha (Chine), lors de la 4e édition de Invest in Africa. La 5e édition de ce forum coorganisé par la Banque mondiale et le gouvernement chinois se tiendra à Brazzaville du 10 au 12 septembre.

CHANTIERS SUSPENDUS ET PROJETS CLÉS Conséquences visibles de la crise financière et économique, nombre de chantiers sont à l’arrêt dans la capitale. « Les seuls qui continuent de tourner sont ceux financés par les acteurs chinois », constate PierreAlix Tchiongho, directeur associé chez Ernst & Young Congo. Au plus fort de la crise, en 2017, 52 % des entreprises actives dans le pays ont dû réduire leurs effectifs, et beaucoup de

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sociétés de BTP opérant dans le cadre de projets publics ont dû cesser tout ou partie de leurs activités car elles n’étaient pas payées. C’est le cas de Sanjose, le constructeur espagnol chargé de la réalisation des nouveaux locaux du ministère de l’Intérieur – pour l’heure suspendue. En revanche, d’autres projets majeurs pour la relance économique prennent corps. Depuis le mois de mars,

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quatre grues (deux de 40 t et deux de 6 t) venues du port français du Havre ont été installées dans le port de Brazzaville en vue du projet de modernisation cofinancé par l’Union européenne (UE), qui comprend aussi le renforcement et la rénovation de plus de 1 km de quais. Côté maritime, le Port autonome de Pointe-Noire (PAPN), qui s’était déjà considérablement modernisé et agrandi ces

dernières années, bénéficie d’une aide importante de l’Agence française de développement (AFD) pour la construction d’un nouveau port de pêche et la modernisation de ses infrastructures. Un financement de 70 millions d’euros complété par une subvention de 29,3 millions d’euros de l’UE. Les travaux devraient débuter d’ici au deuxième semestre de 2020. M.C.


Projections

2017 2018 2019 2020 (en %)

PIB réel, à prix constants

– 1,8 15,3 -6,2 0,4

Solde budgétaire global Total des recettes

– 7,4 53,6

6,6 74,2

7,5 78,7

Total des dépenses et prêts net

67,8

57,4

59,8

PIB pétrolier PIB hors pétrole Inflation (moyenne annuelle)

1,6 23,9 -5,5 1,2

5,4 15,8 1,0 1,5

1,6 – 0,3 2,5 1,8

(en % du PIB non pétrolier)

Recettes hors pétrole (dons compris)

28,4

23,6

30,4

7,6 77,7

33,9

59,2

(en % du PIB)

Investissement brut

11,9 12,5 7,9 2,2 21,9 14,9 – 5,9 6,7 117,5 87,8 80,0 61,3 293,4 210,9

Public Privé

Balance commerciale Dette publique totale Dette publique extérieure En % du PIB non pétrolier

14,5 4,5 16,4 5,6 81,7 58,1 187,6

15,0 5,4 17,2 5,1 76,6 56,6 178,9

Comparé aux voisins d’Afrique centrale

107,3

(pour l’année 2018)

5,8 42,7

4,3

4,1

38,5

2,2

11,7

1,6

17,0 1,2

13,7

2,4 11,0

PIB réel à prix courants (en milliards de $) Croissance du PIB à prix constants (en %)

– 1,7

ad Tch

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Développement humain mitigé (Pour l'année 2017)

Population

5,4 millions d’habitants PIB par habitant (en dollars de 2011, en parité de pouvoir d’achat, PPA) 4 881 dollars, contre une moyenne de 3 489 dollars en Afrique subsaharienne Indice de développement humain (IDH) : 0,606, soit le 137e rang mondial sur 189 pays classés, contre une moyenne de 0,537 en Afrique subsaharienne

Espérance de vie 65,1 ans, au-dessus de la moyenne de 60,7 ans en Afrique subsaharienne Population vivant au-dessous du seuil de pauvreté (moins de 1,90 $ par jour)

18,1 %

Durée de scolarisation d’un Congolais de 25 ans : 6,1 ans – au lieu d’une durée attendue de 11,3 ans et d’une moyenne de 5,6 ans en Afrique subsaharienne

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SOURCES : AUTORITÉS NATIONALES, FMI, BANQUE MONDIALE, CNUCED, PNUD

la

– 5,7

RD

À ces impératifs s’ajoutent d’autres priorités. De fait, sur le premier montant décaissé par le FMI, 80 % iront aux urgences sociales. « La population a su faire preuve de résilience, reconnaît Claude Bochu, chef adjoint de la délégation de l’Union européenne à Brazzaville. À présent, cette bouffée d’oxygène doit aller en priorité à la santé et à l’éducation, où les souffrances sont les plus vives. » Pour Séraphine Ekoa, directrice générale d’AfricAdvice, « l’une des voies de l’émergence des économies situées au sud du Sahara passe par la promotion de l’entrepreneuriat et de la consommation de productions locales ». La femme d’affaires congolaise a financé la création de l’enseigne Made in Africashop, qui compte trois boutiques au Congo et en ouvrira bientôt une au Cameroun et une au Bénin. Les produits qui s’affichent sur les étagères de ses boutiques brazzavilloises sont made in Africa et vendus par des jeunes femmes formées dans son centre d’apprentissage. Pour elle, comme pour nombre de porteurs de projets : « Sans réforme ou vision politique claire et ferme, les prêts du FMI ne pourront conduire à un réel dévelopement pour les populations. »

Hors pétrole, la croissance reste faible

go

Urgences sociales

REPÈRES

An

congolais. Elles avaient très peur que ce type de requête ne se répète ailleurs et fasse jurisprudence. » Ce préalable obtenu, le FMI a également requis des Congolais qu’ils renégocient leur dette avec les créanciers extérieurs privés, notamment les traders pétroliers, dont Glencore et Trafigura, auprès desquels le pays serait endetté à hauteur de 965 milliards de F CFA (près de 1,5 milliard d’euros), avec des taux d’intérêt faramineux. Le Fonds réclamerait par ailleurs le retour dans le giron de l’État de gisements pétrolifères arrivés à maturité et cédés à peu de frais à certains opérateurs. Ce dossier trader devrait être réglé d’ici à décembre, mois au cours duquel l’institution doit établir un premier examen semestriel. En parallèle, « deux autres mesures doivent être prises : la finalisation d’un rapport d’audit de la dette intérieure [qui devrait dépasser 1 715 milliards de F CFA] et la préparation d’un échéancier du paiement des dettes validées auprès du secteur privé », ajoute Alex Segura. Au-delà de l’assurance d’une plus grande discipline budgétaire, d’autres annonces en matière de bonne gouvernance ont été formulées. La Haute Autorité de lutte contre la corruption (HALC) a finalement été mise en place, et un audit des comptes de la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) est prévu. « Pour l’heure, ces avancées sur le papier n’engagent cependant pas le pays autant que cela, estime Catherine Dumarché, chef du service économique de l’ambassade de France à Brazzaville. Il va falloir que la HALC montre son indépendance et que les audits de la SNPC aient lieu annuellement, comme la loi y oblige désormais. » Les bailleurs de fonds devront eux aussi faire des efforts. « Ils vont devoir se concerter davantage afin d’éviter les redondances », souligne l’économiste.

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Grand format CONGO ENJEUX

était censé être celui de l’ouverture (lire p. 94), puisqu’il mettait fin à un long intérim de près de quatre ans au poste de secrétaire général du parti et que mission était confiée à son nouveau patron, l’ancien professeur de philosophie Pierre Ngolo, d’unifier et de revitaliser le PCT, tout en préservant son identité.

BAUDOUIN MOUANDA POUR JA

Clientélisme et fractionnisme

Le nouveau siège, en cours de construction dans le quartier de Mpila, à Brazzaville.

VIE DES PARTIS

PCT: la crise de la cinquantaine Le Parti congolais du travail, au pouvoir, semble divisé et incapable de se renouveler. À deux ans de la présidentielle de 2021, un congrès – le dernier en date a eu lieu en 2011 – et un aggiornamento s’imposent. BRUNO OKOKANA, à Brazzaville

ntre le cumul de fonctions de son secrétaire général, à la fois leader du parti et président du Sénat, un congrès qui doit se tenir depuis 2016, mais dont la date n’est toujours pas fixée (« ce devrait être avant la fin de 2019 »), sans compter les tergiversations sur la nature, ordinaire ou extraordinaire, dudit congrès, le Parti congolais du travail (PCT) a bien du mal à négocier le virage des 50 ans – qu’il célébrera à la fin de décembre – et semble incapable de produire un discours neuf. À dix-huit mois de l’élection présidentielle, un aggiornamento s’impose pour le parti au pouvoir. A priori, ce renouvellement ne pourra être mené qu’à la faveur d’un nouveau congrès. Dernier en date, le sixième congrès extraordinaire, en juillet 2011,

E

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LES DIVERGENCES INTERNES ONT MÊME GAGNÉ LA FORCE MONTANTE DE LA FORMATION : LE MOUVEMENT DES JEUNES.

Huit ans plus tard, certains de ses camarades font un constat d’échec. « Rien d’étonnant à ce que le PCT apparaisse comme un grand corps malade. Par le passé, pour en être membre, il fallait de la rigueur. Aujourd’hui, le parti a perdu ses valeurs », déplore Gabriel Oba-Apounou, 74 ans, membre du bureau politique. Selon l’ancien président de la fédération PCT de Brazzaville, le congrès de l’ouverture a en fait accouché d’une organisation bureaucratique, clientéliste et fractionniste, dont les cadres dirigeants sont désignés par cooptation en privilégiant les affinités plutôt que les qualités, au mépris des règlements du parti – à commencer par celui relatif au non-cumul de fonctions de ses cadres. De quoi conduire le PCT vers une décomposition intellectuelle et idéologique. « Ce secrétariat national a englouti les précieux acquis du passé et rend nostalgiques tous les hommes de bonne volonté et de bon sens. Et il paralyse désormais le PCT par son incapacité à s’attaquer aux défis d’aujourd’hui », martèle Gabriel Oba-Apounou. En affichant pour preuve les résultats des derniers tests électoraux, Pierre Ngolo (65 ans) rétorque que le PCT se porte plutôt bien et qu’il a, par exemple, conservé ses quatre sièges remis en jeu lors des sénatoriales partielles du 21 juillet. Quant au cumul de ses postes de secrétaire général et de président du Sénat, Pierre Ngolo précise que, dès son élection à la présidence de la chambre haute, mi-2017, il avait consulté la direction politique du PCT, qui lui avait alors assuré que ce n’était pas un cas paralysant. Il rappelle que, pour respecter ce principe de non-cumul acté en 2011, il avait démissionné du bureau de l’Assemblée nationale en 2012, redevenant simple député. « Nous avons observé la règle jusqu’en 2017, puis le président du comité central [Denis Sassou Nguesso] a décidé que le secrétaire général du PCT ne



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Campagne de dénigrement

Les divergences internes ont même gagné l’organisation des jeunes du parti, la Force montante congolaise (FMC). À la fin d’avril, l’un de ses secrétaires permanents, Donald Mobobola, a entrepris une fronde contre le premier secrétaire de la FMC, Juste Bernadin Gavet, lui reprochant d’être également secrétaire exécutif du tout nouveau Conseil consultatif de la jeunesse depuis décembre 2018. Le 15 juillet, une session extraordinaire du comité central de la FMC était convoquée, et Donald Mobobola sanctionné. « Cette nomination a assuré Juste Bernadin Gavet de la confiance du président et ce n’est pas une faute ! » maugrée Pierre Ngolo, qui conclut que cette campagne de dénigrement ne reposait sur aucune base légale, puisque ni la loi congolaise ni les statuts de la FMC ne mentionnent de problème de cumul.

Pierre Ngolo, à la tête du PCT depuis 2011, est devenu président du Sénat en 2017.

VINCENT FOURNIER/JA

serait plus à l’Assemblée mais au Sénat. C’est une mission qui m’a été confiée. Face à la recommandation du congrès, seul le président du comité central a la prérogative d’exception. Le secrétaire général peut-il se permettre de créer un vide au niveau du parti ? » se justifie Pierre Ngolo. « Les statuts du PCT seuls suffisent pour comprendre qu’il est dans une position de cumul, argumente Oba-Apounou. En voulant qu’il préside le Sénat, le chef de l’État souhaitait simplement faire appliquer cette disposition. Un seul individu ne peut pas avoir deux salaires et deux fonctions, cela fait partie des antivaleurs. Antivaleurs que combat le chef de l’État. »

Quant à la date et à la nature du prochain congrès, elles ne semblent pas encore fixées. Certains, tel Gabriel Oba-Apounou, estiment qu’il devrait se tenir avant la commémoration des 50 ans et être extraordinaire car, reporté depuis quatre ans, il ne peut plus se résumer à un bilan quinquennal. Pourtant, à la fin de 2018, le comité central du parti a pris l’option de tenir son cinquième congrès ordinaire en 2019. Il lui reste donc quatre mois pour tenter de réorganiser ses troupes et de faire en sorte que l’anniversaire soit « heureux ». En mars 2021 se tiendra en effet une présidentielle pour laquelle le PCT a d’ores et déjà annoncé la couleur: il soutiendra le candidat (non encore déclaré) Denis Sassou Nguesso. Une échéance « qui se prépare », souligne Oba-Apounou, « en redonnant au parti son positionnement sur tout le territoire national ».

D’UN CONGRÈS L’AUTRE C’est tout juste un an après son accession à la tête du pays que le président Marien Ngouabi fonde le Parti congolais du travail (PCT) avec, entre autres, Denis Sassou Nguesso et l’ancien Premier ministre Ambroise Édouard Noumazalaye. Le nouveau parti d’obédience marxiste-léniniste tient son congrès constitutif du 29 au 31 décembre 1969, jour où le

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pays devient la République populaire du Congo. Parti unique pendant toute la durée de ce régime (qui prendra officiellement fin le 15 mars 1992 avec l’adoption de la Constitution de la IIIe République), le PCT organise son cinquième congrès extraordinaire en décembre 1990, à l’issue duquel – avènement de la démocratie oblige – il

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abandonne l’idéologie marxiste-léniniste pour le socialisme-démocratique et marque la séparation du parti et de l’État. Donc, Denis Sassou Nguesso, qui est alors à la tête du pays et président du comité central du PCT, délègue la direction du parti à Ambroise Noumazalaye, nommé secrétaire général, fonction qu’il cumulera avec celle de président du Sénat.

À la disparition de Noumazalaye, en 2007, l’intérim à la tête du PCT est assuré par Isidore Mvouba (alors Premier ministre, puis ministre du Développement industriel), jusqu’à la tenue du sixième congrès extraordinaire, en juillet 2011, au cours duquel Pierre Ngolo est élu pour un mandat de cinq ans renouvelable (2011-2016). CÉCILE MANCIAUX



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SÉCURITÉ

Paix fragile dans le Pool Après les affrontements qui avaient à nouveau plongé le département dans le chaos, l’heure est à l’apaisement. Encore faut-il qu’il soit durable…

démarrage du volet « réintégration » du Programme de désarmement, démobilisation et réintégration (PDDR), qui doit bénéficier non seulement aux 7 500 excombattants ninjas, mais aussi aux populations. Le 31 août 2018, les Nations unies se sont engagées à financer ce PDDR à hauteur de 8,3 milliards de F CFA (plus de 12,6 millions d’euros), mais, un an plus tard, les fonds ne sont toujours pas arrivés et l’opération n’a pas commencé.

MARJORIE CESSAC POUR JA

Désœuvrement des jeunes

JEAN-BAPTISTE MONDZE

epuis l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités signé le 23 décembre 2017 à Kinkala entre le gouvernement et Frédéric Bintsamou, alias pasteur Ntumi, les armes se sont tues dans le Pool. En avril 2016, au lendemain de la présidentielle, l’armée avait lancé dans le département une vaste opération contre le pasteur et ses miliciens, soupçonnés d’avoir voulu attaquer Brazza. Pendant près de deux ans, les affrontements entre les combattants ninjas-nsiloulous et les forces régulières ont, une fois de plus, plongé le Pool dans le cauchemar: plus d’un tiers de ses habitants ont été déplacés, la majeure partie d’entre eux étaient en situation d’insécurité alimentaire, et la superficie cultivée s’est réduite de 40 % de 2016 à 2017… Aujourd’hui, les gens ont repris le chemin des champs. La route entre Brazza et Pointe-Noire est rouverte. Désormais, tout le monde attend avec impatience le

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Près de Mindouli, au pied des collines marquant la frontière avec la RD Congo.

En parallèle, des plateformes de concertation intercommunautaire ont été organisées dès décembre 2018 et pendant trois mois dans les treize districts du Pool pour identifier l’origine des crises récurrentes qui minentledépartement.Toutesontaboutiau même constat, dénonçant le désœuvrement des jeunes par manque d’emplois. Le 2 août dernier, avec le Haut-Commissariat à la réinsertion des ex-combattants (lire p. 98) et le Pnud, le gouvernement a donc engagé des chantiers et créé des activités génératrices de moyens de subsistance, voire de travail, pour permettre aux populations démunies, parmi lesquelles des ex-combattants, de toucher quelques subsides en attendant le démarrage du PDDR: entretien de routes et de pistes rurales, développement de petits projets piscicoles et agricoles, etc. « Il faut aller vite dans le dossier de la réinsertion. Car avec le désœuvrement total, le désarroi s’installe », rappelle un proche conseiller du pasteur Ntumi, selon lequel la situation est loin d’être dénouée. Cela fait plus de trois mois qu’il n’y a pas eu de contact formel entre le gouvernement et la Commission ad hoc mixte paritaire (Camp), issue de l’accord de paix de décembre 2017 et chargée, entre autres, de la question du statut du pasteur. De quoi cultiver l’amertume des fidèles de Frédéric Bintsamou, dont certains déplorent par ailleurs que les armes ramassées lors de l’opération de désarmement conduite par la Camp n’aient pas été détruites, mais stockées dans les entrepôts du ministère de l’Intérieur.


BIO COFCAO vers la relance d’une filière cacao café biologique COFCAO société agricole spécialisée dans la production cacaoyère en Agroforesterie implantée en République du CONGO. 3 projets agro-forestiers COFCAO sont développés dans les départements de la Sangha, du Niari & du Kouilou. 2 sous projets d’appui aux producteurs dans les départements de la Sangha et du Kouilou. COFC AO reg roupe aujourd’hui plus de 200 planteurs. En amont, COFCAO fournit aux agriculteurs semences, solutions techniques, garantissant ainsi la meilleure qualité possible de leurs productions, tandis qu’en aval il assure la valorisation et la commercialisation de ces productions, par le biais de ses propres points de vente. Un cercle aussi vertueux que fructueux. La biodiversité est le fondement des moyens d’existence durables. Les avantages qu’elle procure revêtent une importance particulière pour les populations vulnérables telles que les peuples autochtones avec qui COFCAO coopère au quotidien. Il est également important de rappeler que le Congo est le seul Pays de la sous-région à avoir voté une loi qui vise la protection et la promotion de ces peuples

s’agissant de la loi 5-2011 du 25 février 2011. Les savoirs traditionnels associés à la biodiversité sont également importants et sont utiles, non seulement pour ceux qui en dépendent dans leur vie de tous les jours, mais aussi pour COFCAO s’agissant de la production cacaoyère en agroforesterie. La biodiversité est la pierre angulaire du travail, des systèmes de croyance et de la survie fondamentale de nombreuses femmes. La prise en compte des connaissances et du rôle des femmes dans la conservation de la biodiversité et son utilisation durable peut assurer leur pleine participation et, par conséquent, contribuer pour beaucoup au développement durable. La biodiversité joue un rôle majeur dans l’atténuation des changements climatiques en contribuant à la séquestration à long terme du carbone. Elle renforce également la résilience des écosystèmes tout en jouant un rôle essentiel dans les stratégies de réduction des risques de catastrophe et de consolidation de la paix. La protection des forêts du Bassin du Congo joue un rôle crucial dans la réduction des impacts d’événements extrêmes et COFCAO souhaite y contribuer activement avec une démarche proactive visant la préservation de ce patrimoine exceptionnel.

Des partenariats solides, basés sur la confiance Une des forces de COFCAO est de nouer avec chacun de ses partenaires une relation de totale confiance réciproque. Cette relation de confiance a par exemple permis à COFCAO de mettre en place des accords avec des partenaires institutionnels pour relancer des activités génératrices de revenus autour du cacao pour les populations vulnérables. Un contrôle qualité qui rassure les partenaires Pour les chocolatiers de renom de tels partenariats présentent de nombreux avantages, au premier rang desquels l’assurance d’être approvisionnés en produits dont on peut garantir la provenance et la qualité. Vision à court terme de COFCAO Promouvoir l’agroforesterie et le cacao café origine Congo au niveau international. Se positionner comme leader au Congo dans la production de cacao et café biologique. COFCAO se projette de produire d’ici 4 ans 20 000 T de cacao fin et 10 000 T de café biologique. Projet d’une usine transformation locale est à l’étude pour 2023.

Mesdames Peixoto Mendes Arminda et Fernandes Bembe Gabrielle, dirigeantes du Groupe COFCAO, affichent la nécessité de traiter la biodiversité comme un élément clé du développement durable.

Nous développons des systèmes agroforestiers complexes et tout l’enjeu de notre activité est de conserver une biodiversité fragile tout en minimisant les impacts liés à notre activité. Les certifications de toutes nos plantations est une de nos multiples exigences afin d’intégrer dès le début de nos activités nos priorités relatives à l’engagement de notre RSE. La biodiversité est essentielle pour réaliser le développement durable et les priorités régionales et nationales dont l’éradication de la pauvreté.

www.cofcao.com

DIFCOM/DF - PHOTOS : © DR SAUF MENTION.

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PUBLI-INFORMATION


Grand format CONGO ENJEUX

Euloge Landry Kolélas

Ministre, haut-commissaire à la réinsertion des ex-combattants (HCREC)

« La cohésion sociale est restaurée » Jeune Afrique: Quels sont les axes de travail identifiés pour pacifier durablement le Pool? Euloge Landry Kolélas: Les actions entreprises jusqu’à présent dans le département s’inscrivent dans le cadre du projet « consolidation de la paix dans le Pool », couramment appelé PBF [Peacebuilding Fund], dont la vocation principale est de poser les conditions d’un bon démarrage du Programme de désarmement, démobilisation et réintégration [PDDR], de façon que ce processus soit engagé, selon les normes internationales, à travers des activités de réinsertion. Les deux autres grands enjeux du projet portent sur l’engagement d’un dialogue inclusif sur les plans local – communes et districts –, départemental et national, ainsi que sur la promotion des droits humains, à travers des actions de sensibilisation et de formation de toutes les parties prenantes. Qu’attendre du PDDR? La spécificité majeure de ce programme est la réintégration, qui passe par une approche communautaire durable, contrairement à la réinsertion, qui n’est qu’une étape transitoire, limitée à la prise en charge des besoins urgents des ex-combattants. Le PDDR a quatre objectifs. D’abord le désarmement des 7500 ex-combattants et la destruction de leurs armes. Ensuite, la réinsertion de 10000 personnes [les 98

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ex-combattants, 1250 personnes qui leur sont associées et 1250 membres des communautés d’accueil] à travers des activités à haute intensité de main-d’œuvre [Himo]. Troisièmement, la réintégration de 20000 personnes [les 10000 déjà citées et 10000 autres au sein des communautés d’accueil] grâce à une approche communautaire. Enfin, le PDDR prend en charge des aspects transversaux – égalité de genre, jeunes, groupes aux besoins spécifiques – handicapés moteurs ou psychiques, blessés de guerre, etc. –, prévention et traitement du sida, protection de l’environnement…

et la libre circulation des personnes et des services est garantie. Où en sont les relations avec les ex-combattants? Globalement, elles sont à la fois simples, bonnes et apaisées, étant donné qu’ils sont associés à toutes les activités menées par le Haut-Commissariat dans le cadre du processus de pacification. Par exemple, ils sont représentés au sein des comités locaux de dialogue et de réconciliation mis en place lors des plateformes d’échanges intracommunautaires. Quant au pasteur Ntumi, en tant que partie prenante de l’accord du 23 décembre 2017, il reste ipso facto un partenaire de la paix et participe donc à l’ensemble de nos activités à travers ses représentants, au sein de la Camp, des comités locaux de dialogue, etc.

Quel bilan peut-on faire de l’opération de désarmement? Cette opération conduite par la Commission ad hoc mixte paritaire [Camp, issue de l’accord de paix de décembre 2017], à laquelle le HCREC a pris part, a permis le ramassage de près de 8000 armes et le profilage de 5665 ex-combattants. Selon moi, le bilan est satisfaisant, car la paix et la cohésion sociale sont restaurées,

DR

Propos recueillis par CÉCILE MANCIAUX

En quoi consistent les chantiers lancés au début d’août dans le cadre du PBF? Ces travaux de réhabilitation des infrastructures de base du département, engagés avec l’appui des Nations unies, constituent un bon format pour la réinsertion, mais aussi pour la réconciliation des excombattants avec les populations. Ils concernent des pistes dans divers districts, la maternité de Kindamba, le centre de santé de Loukouo, etc. Cependant, ces chantiers ne sont qu’une étape transitoire, qui doit déboucher sur la réintégration, gage d’un véritable développement socio-économique du département.


COMMUNIQUÉ

Développer la production d’électricité dans une logique de développement durable

CONTACT 292 avenue du Havre, zone industrielle de la foire BP 1246 Pointe Noire Email : DirectionRessourcesHumaines.CEC@eni.com

L

a société CEC S.A, dont les actionnaires sont la République du Congo (80 % des actions) et Eni Congo (20 %) a un statut de producteur indépendant renouvelé par le décret n°2019170 du 1er juillet 2019. Ce dispositif autorise la vente de l’électricité produite aux sociétés de distribution et de commercialisation ainsi qu’aux clients industriels.

Un acteur majeur

La société est propriétaire de la Centrale Électrique de Côte Matève, située à 15 km du centreville de Pointe-Noire. Cette unité est équipée de 2 turbines à gaz ANSALDO type V94.2 de puissance unitaire de 157 MW, soit une capacité installée de 314 MW. L’installation d’une troisième turbine à gaz (170 MW) est en cours avec une mise en service prévue fin 2019, ce qui portera la capacité installée à 484 MW. À cette date, la société sera en mesure de fournir 80 % de la production nationale d’électricité. L’ambition, à terme, est d’atteindre une capacité de près de 1 000 MW.

Respect de l’environnement

Certifiée ISO 14001 depuis le mois de mai 2017, la CEC S.A. est la première société au Congo à avoir obtenu la dernière version du certificat (ISO 14001 : 2015), faisant ainsi de l’environnement une priorité. L’obtention de cette certification a permis d’améliorer de manière significative les impacts sur l’environnement : réduction des émissions de gaz à effet de serre, rationalisation de la gestion des déchets. La centrale utilise le gaz naturel congolais donc il est très propre mais il a ultérieurement amélioré les émissions de NOx et de CO2 par l’activation de la technologie « PREMIX » dans ses brûleurs. La société s’inscrit dans une dynamique d’amélioration continue de la performance environnementale.

L’impératif de la sécurité

La société recherche également l’excellence et soutient l’intégrité publique, la santé et la sécurité des travailleurs et celles des communautés locales vivant dans les zones intéressées par ses activités. L’objectif collectif, c’est « Zéro Accident » pour les salariés de l’entreprise comme pour ses intérimaires et ses sous-traitants.

JAMG - PHOTOS : D.R.

Créée le 28 novembre 2008, la société Centrale Électrique du Congo S.A. (CEC S.A.) assure la production d’électricité à partir de gaz naturel et la vente de l’électricité produite. Le respect de l’environnement et la responsabilité sociale sont intégrés à une stratégie d’augmentation régulière de la capacité.


Grand format CONGO

ÉCONOMIE

BAUDOUIN MOUANDA

Exploitation maraîchère près de Pointe-Noire.

Bonnes graines

Malgré des terres fertiles, le pays importe presque tout ce qu’il consomme. Pour assurer la sécurité alimentaire, réduire ses dépenses et diversifier l‘activité, l’État a mis l’agriculture au cœur de son plan de développement 2018-2022.


MARJORIE CESSAC

A

u pied des majestueuses collines qui font office de frontière naturelle avec la RD Congo s’étend une plaine verdoyante de maraîchages ordonnés autour d’étangs. « Pendant la guerre [la crise politico-militaire de 20162017, lire pp. 96-98 ], nous avons dû abandonner la pisciculture pour nous consacrer au maraîchage, de manière individuelle. Aujourd’hui, la vie reprend ses droits, nous avons enfin réintroduit des poissons sur le site, notamment des carpes », s’enthousiasme Geneviève Diangana, membre d’un groupement agricole du Pool situé près de Mindouli. En arrière-plan, des journaliers arrosent à la main des champs de choux, d’oignons et autres légumes tandis que d’autres ouvriers, munis de bottes et de gants, nettoient le fond d’un bassin recouvert d’herbes il y a peu. « Il était question de réhabiliter 100 groupements au total avec le Programme alimentaire mondial [PAM] », précise Lumir Johannus Okoul, membre de la coordination de l’Adapra, une association pour le développement de l’aquaculture et de la pêche. « Mais l’intérêt pour le département grandit, poursuit-il. Lors de sa récente visite, l’ambassadeur chinois a évoqué la nécessité de relancer pas moins de 500 sites dans le Pool. Aujourd’hui, nous avons reçu la visite de l’ambassadeur américain, et nous attendons prochainement celui du Danemark. » À Mindouli-Centre, quatorze sites sont d’ores et déjà en cours de réhabilitation.

Microstructures

Dans ce département du sud du Congo, toujours en proie à la malnutrition, le retour à la normalité est essentiel. Mais le pays tout entier aurait besoin de voir ce type d’expériences se généraliser. Qualifiée de « prioritaire » depuis de nombreuses années, l’agriculture peine encore à décoller et à nourrir les Congolais. L’objectif est d’atteindre l’autosuffisance alimentaire d’ici à 2025. Or, pour l’heure, le pays importe toujours plus de 80 % des denrées de base qu’il consomme, ce qui l’oblige à débourser chaque année environ 700 milliards de F CFA (1 milliard d’euros). L’un des principaux freins au développement des filières et de la production est que la majorité des acteurs du secteur sont des microstructures aux moyens et à la productivité limités. Pour changer la donne, la Banque mondiale a accordé au pays, en septembre 2017, une enveloppe de 100 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir les exploitants et améliorer la productivité. Elle leur a déjà versé 4 millions de dollars en 2018 et 10 millions en 2019. Toutefois, ce programme cible en priorité les professionnels qui

sont regroupés au sein de coopératives susceptibles de présenter un historique de leurs activités et de disposer d’un acheteur pour leurs productions. Ce que déplorent les nouveaux venus dans le secteur. « Si, jusqu’à présent, les jeunes n’étaient pas enclins à se tourner vers l’agriculture, avec la crise, certains – comme moi – y voient une occasion de lancer leur activité, relève le jeune exploitant N’Tsiantsie N. Celvic Raviet. Mais on est vite confrontés à des obstacles, comme le manque d’accompagnement matériel et financier, notamment pour l’achat de semences, ou encore l’absence de formation. » « Le développement de cette agriculture locale est pourtant indispensable, d’une part pour nourrir le pays, d’autre part pour fournir la matière première nécessaire à l’agro-industrie », rappelle Éric Raulet, directeur du développement et des projets d’Eco-Oil Energy, l’une des sociétés du trader pétrolier Claude Wilfrid Etoka. Depuis 2013, le groupe a repris des sites de production et des unités industrielles qui étaient à l’abandon – notamment les palmeraies et raffineries de l’ex-société publique Sangha Palm, dans le Nord. Un projet de réhabilitation et de modernisation dans lequel il a investi 18 milliards de F CFA afin de restructurer les filières, principalement celle de l’huile de palme, avec deux usines (à Ouesso et Etoumbi), mais aussi celles d’autres huiles végétales (arachide, soja…), du café-cacao, ainsi que du conditionnement de jus de fruits. « Il nous faut fédérer les exploitants agricoles en les regroupant au sein de coopératives afin de régler les problèmes logistiques qui freinent le développement de l’agriculture, poursuit Éric Raulet. C’est toute une filière qu’il faut mettre en place, y compris les sous-traitants. » Aux impératifs de structuration des filières s’ajoute la difficulté d’accès au financement, qui reste l’une des principales entraves à la création et à l’essor des TPE et PME agricoles avec le déficit de mécanisation. À cet égard, un accord a été signé avec le groupe industriel chinois Yto pour l’installation d’une usine de montage de tracteurs dans la zone économique de Maloukou, au nord de Brazzaville.

LA BANQUE MONDIALE A ACCORDÉ UNE ENVELOPPE DE 100 MILLIONS DE DOLLARS SUR CINQ ANS POUR SOUTENIR LES EXPLOITANTS.

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Grand format CONGO ÉCONOMIE

Henri Djombo

Ministre d’État chargé de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche

« Nos terres sont là, disponibles » Jeune Afrique : Comment comptezvous développer le potentiel agricole du pays à court terme ? Henri Djombo : Sur les 10 millions d’hectares [ha] de terres arables que compte le Congo, seuls 2 % sont exploités. L’un de nos objectifs est d’attirer les investisseurs privés afin que davantage de terres soient mises en valeur, tant pour le marché local que pour l’exportation. Les 10 et 12 septembre, doit se tenir à Brazzaville le forum Investir en Afrique, coorganisé par la Banque mondiale et la Chine, à travers son ministère des Finances et la China Development Bank. Ce sera l’occasion de faire connaître nos potentialités, tout comme le sera le forum de Shanghai, en novembre. Là encore, il nous faudra séduire des partenaires chinois, dire que nos terres sont là, qu’elles sont disponibles. Qu’entendez-vous par là ? Nous sommes sollicités par une société qui souhaite exploiter 300 000 ha avec des cultures industrielles afin d’alimenter les marchés régionaux chinois. Pour l’instant, c’est le seul investisseur qui se soit manifesté, mais tous ceux qui respectent la législation nationale et l’environnement doivent être encouragés. Par 102

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ailleurs, nous envisageons de lancer un projet emblématique avec l’État chinois, des acteurs privés, le PAM [Programme alimentaire mondial] et la FAO [Organisation pour l’alimentation et l’agriculture]. Le but : faire de la transformation diversifiée de manioc. Une expérience susceptible d’inspirer au niveau international. Limiterez-vous la location de terres ? Pour l’heure, nous n’avons d’a priori ni sur les zones à louer, ni sur les superficies, ni sur les filières. Il faut d’abord des investisseurs. Ensuite, lorsque leur nombre sera

suffisant, nous réfléchirons à la façon de faire évoluer ce dispositif. En tant qu’ancien ministre de l’Économie forestière [de 1997 à 2016], n’êtes-vous pas inquiet pour la forêt ? Nous avons lutté contre la déforestation tout en assurant notre développement économique – après le secteur pétrolier, la sylviculture reste le premier pourvoyeur d’emplois du pays. Nous avons élaboré un plan d’aménagement forestier durable et organisé des abattages à impact réduit. Quand j’ai quitté le ministère, en 2016, la production nationale de bois avait plus que quadruplé pour atteindre 1,7 million de m3, et le Congo représentait 35 % des forêts mondiales certifiées FSC. Aujourd’hui, notre taux de déforestation est de 0,08 %, ce qui correspond à 16 000 ha/ an sur 23 millions d’ha de forêts. En tant que ministre de l’Agriculture, j’ai par ailleurs décidé de ne plus octroyer de concessions aux exploitations de palmiers à huile en forêt. Nous l’avons démontré, il est possible de produire de l’huile de palme de manière plus rentable en savane qu’en forêt. Enfin, les gens déforestent parce qu’ils sont pauvres, qu’ils ont besoin de bois et de charbon de bois. Il faut donc reboiser durablement, avec des espèces à croissance rapide. Reste à trouver l’argent. BAUDOUIN MOUANDA POUR JA

Propos recueillis à Brazzaville par MARJORIE CESSAC


COMMUNIQUÉ

La SNPC, acteur majeur et incontournable du secteur Depuis plus de 20 ans, nous avons acquis une expérience dans toutes les activités de la chainecongolais de l’industrie pétrolière. pétrolier La Société Nationale des Pétroles du Congo est un acteur majeur et incontournable du secteur pétrolier congolais.

En vingt et un ans d’existence, la SNPC est opérateur et partenaire SNPC, SOURCES dans l’exploration-production, mais aussiD’ENERGIES. dans le raffinage, le stockage, la distribution de produits raffinés et très bientôt dans le transport d’hydrocarbures.

www.snpc-group.com www.snpc-group.com 1


L

a Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC) a comme responsabilité majeure d’être l’outil technique de l’État, dépositaire de la banque de données de l’industrie pétrolière du Congo. Ce rôle central de la SNPC a encore été renforcé par le Code des hydrocarbures de 2016, qui lui confère la titularité dans tous les permis d’exploration et d’exploitation. De droit, 15 % au moins de participation dans chaque permis attribué au Congo reviennent à la SNPC.

Le contexte actuel de crise économique est caractérisé par la volatilité de l’environnement économique et financier (baisse du cours du pétrole ces trois dernières années) ; a conduit à la baisse de la crédibilité de la société auprès des institutions financières, des partenaires en association et au risque de dépôt de bilan de certaines filiales du groupe.

et la Cour des comptes et de discipline budgétaire. Outre cette nouveauté, le conseil d’administration aura l’obligation de transmettre des rapports réguliers à son ministère de tutelle, le ministère des hydrocarbures.

OBJECTIFS STRATÉGIQUES Monsieur Maixent Raoul Ominga (photo ci-dessous), le nouveau Directeur Général, devient le quatrième dirigeant de la SNPC. Sa tâche n’est pas aisée dans ce contexte économique très fragile.

Face à ce constat, l’action de la SNPC doit être plus efficace afin d’accompagner la croissance du pays. Les défis auxquels sa direction générale doit faire face sont grands pour maintenir le cap et satisfaire ses obligations auprès de l’État congolais.

DES INSTANCES DIRIGEANTES RESTRUCTURÉES Le 17 novembre 2017, le décret portant approbation des nouveaux statuts de la SNPC est adopté en Conseil des ministres. Révisés une première fois en 2010, ces statuts modifiés prévoyaient une organisation sous forme de Directoire. Le constat des dysfonctionnements accentués par ce mode de gouvernance ainsi que le souci de l’amélioration des performances de la SNPC ont été à la base de cette restructuration. Pour cela, il fallait une gouvernance rénovée qui permette à la fois un fonctionnement interne plus efficace et performant, ainsi que des relations clarifiées avec l’État. Le Directoire est supprimé au profit d’une Direction générale assistée d’un Secrétariat général et de directions centrales en charge des activités Amont, Aval et Finances-comptabilité. De même, et pour assurer une unicité de management, le Directeur Général, nommé pour une durée de quatre ans renouvelable une fois, aux termes des statuts, contrôle désormais les sociétés affiliées. Grâce aux nouveaux statuts de la SNPC, le conseil d’administration est désormais assisté dans sa tâche par un comité d’audit, afin de renforcer les mesures de contrôle interne, nonobstant les contrôles permanents assurés par le biais du ministère en charge des Finances

Monsieur Maixent Raoul Ominga a l’ambition de hisser la SNPC au sein du top 5 des sociétés nationales productrices d’hydrocarbures sur le continent. Il a la lourde mission de s’assurer de l’amélioration des performances de la SNPC ainsi que de son image auprès de ses partenaires économiques et du grand public. Il est aussi question d’améliorer les performances financières. À cet effet, monsieur Maixent Raoul Ominga, en sa qualité de dirigeant de la société, s’est attelé, de prime abord, à renégocier au mieux des intérêts réciproques certains contrats, avec les prestataires et les partenaires financiers, afin de mettre en place de meilleures conditions de travail et d’honorer ses engagements. Les défis à relever sont multiples et la nouvelle direction de la SNPC s’est fixée des objectifs stratégiques à atteindre pour satisfaire ses obligations auprès de l’État congolais. Il faut rappeler que la SNPC à travers ses missions contribue à la réalisation de 80 % des recettes budgétaires de l’État . Au regard des résultats encourageants dans un contexte de croissance encore fragile, la SNPC a versé un premier dividende à l’État au titre de


COMMUNIQUÉ l’exercice 2017 et prévoit en verser un autre au titre de celui de 2018. De même, des négociations pour la restructuration des dettes SNPC vis-à-vis du consortium EBI et des partenaires pétroliers sont en cours. La situation financière des filiales du groupe SNPC doit être assainie. Des actions dans ce sens, notamment la réorganisation, la réduction des coûts et l’amélioration de l’efficacité opérationnelle sont menées.

L’EXPLORATION-PRODUCTION L’ambition première de monsieur Maixent Raoul OMINGA est celle de faire de la SNPC, une société opératrice à part entière car à ce jour, la SNPC est tributaire des actifs opérés par d’autres, à savoir 95 % du chiffre d’affaires. La SNPC s’est donnée la mission d’améliorer son action dans le domaine de l’exploration production avec principalement la relance des activités sur le permis MKB II pour lequel l’objectif est une production de 30000 barils/jour à l’horizon 2020, la valorisation du permis Mayombe et du gaz congolais. Le permis d’exploitation Mengo - Kundji - Bindi II (PEX MKB II) est situé dans le bassin côtier onshore

de la République du Congo. Il a une superficie de 699,838 km² et est composé de 3 gisements, Mengo, Kundji et Bindi, situés respectivement à 15 km, 20 km et 25 km du terminal pétrolier de Djeno. Les champs les plus proches sont Mboundi, Kouakouala, Loufika et Banga-Kayo. Les gisements de MKB II ont été découverts dans les années 1980, exploités jusqu’en 1993 par la Société Elf Congo, qui les a ensuite abandonnés après avoir produit un total de 1 694 775 barils avec 17 puits. Depuis 2007, la SNPC a repris ces champs et a réalisé 2 campagnes sismiques 3D pour une superficie totale de 240 km2, foré et mis en production 8 puits dans la phase pilote du projet qui ont produit au total 1 437 440 barils, sur le seul champ de Kundji. Le permis MKB II a été réattribué à la SNPC en Co-Opérating avec ORION OIL LTD, par décret n° 2017-421 du 13/11/2017 pour une période de 20 ans avec une possibilité d’extension de 5 ans. Le Contrat de Partage de Production de MKB II a été signé par la République du Congo, la SNPC et ORION OIL LTD le 6/06/2018 et approuvé par le Parlement le 24/08/2018. Le Contracteur MKB se présente comme suit : SNPC 60% et Orion 40%.

Vue aérienne du site MKB II.


COMMUNIQUÉ

Les nouvelles études réalisées par la SNPC ont mis en évidence un potentiel additionnel qui a conduit à la mise en place d’un nouveau plan de développement qui va se réaliser en trois phases à partir de janvier 2020.

• La valorisation du permis de recherche Mayombe est justifiée par le fait qu’il s’agit d’un permis situé à proximité de champs en production. On estime son potentiel de l’ordre de 300 à 900 millions de barils. Ce permis constitue une grande opportunité d’investissement pour le Groupe SNPC. • La valorisation du gaz du Congo est projetée à travers la mise en place d’un hub gazier destiné à alimenter tous les autres modules traitant le Gaz (LNG, Méthanol, Ammoniac, Urée, GTL, power Plant). Les réserves de gaz au Congo sont estimées à 182 milliards m3 soit 6,4 Tcf (Gaz Associé 63,3 milliards m3 soit 2,2 Tcf et Gaz naturel 119 milliards m3 soit 4,2 Tcf).

Un des pavillons offerts par la SNPC à travers sa Fondation à l’hôpital de référence de Kinkala.

Ce projet revêt une portée stratégique visant à révolutionner le transport des produits pétroliers au Congo, voire dans la sous-région.

NOS VALEURS

NOTRE IMAGE DE MARQUE 2 1 3

Compétitivité

Performance

PRODUITS PÉTROLIERS FINIS À ce titre, la SNPC s’active à améliorer les conditions d’approvisionnement du pays en produits raffinés en assurant leur disponibilité auprès des consommateurs, mais également pour le suivi du projet de construction de l’oléoduc PointeNoire/Yié/Maloukou, sans oublier la fiabilisation et la modernisation de l’unique raffinerie du pays. En mai dernier, lors de la visite d’État du Président de la République du Congo en Russie, la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC) et la société Pipe Metalurgical Company (TMK) ont signé un mémorandum d’accord pour la construction d’un oléoduc en République du Congo. Il s’agit d’un oléoduc de transport, à sens unique, de produits pétroliers finis (essence, kérosène, gasoil) sur environ 500 km au départ de Pointe-Noire dans le Département du Kouillou à Maloukou-Tréchot (Pool) en passant par Loutété (Bouenza). L’objectif de ce projet est de soutenir la croissante demande locale en produits pétroliers finis, d’approvisionner le marché de façon plus rapide, plus sure et en grande quantité, d’améliorer la logistique des produits pétroliers finis et d’approvisionner en produits pétroliers finis les pays de la sous-région.

• Consciente de son rôle majeur dans la sphère économique congolaise, la SNPC s’investit et contribue au développement du pays par sa mission statutaire d’une part, mais aussi par une politique sociale, d’autre part. Son leitmotiv en matière de Responsabilité Sociale d’Entreprise (RSE) est d’appuyer des projets dans les domaines de la santé, l’éducation, la culture, l’humanitaire et l’entreprenariat. Sa stratégie est d’impliquer toutes les parties prenantes du projet en s’assurant qu’il cadre avec la politique générale de développement du pays. • Au travers de sa Fondation, la SNPC contribue aux actions multi formes des institutions publiques, des associations. Elle apporte également son assistance aux citoyens congolais en situation de fragilité sociale. Le but de la fondation est de répondre de façon concrète aux demandes des citoyens qui s’approprient à juste titre, cette entreprise, fleuron national, comme étant la leur. • La SNPC, par le biais de sa Fondation, vise à poursuivre son engagement à travers l’optimisation des réalisations antérieures et l’élaboration de nouveaux projets à fort impact sur les conditions de vie des populations congolaises.

Intégrité

Professionnalisme

Dans la mise en œuvre de ce vaste mais réalisable programme, détaillé ci-dessus, Monsieur Maixent Raoul OMINGA a l’ambition de hisser la SNPC au sein du top 5 des sociétés nationales productrices d’hydrocarbures sur le continent et comme une société globalement compétitive. Il est conscient que ce travail ne se fera pas en un jour. Mais il mettra tout en œuvre pour que toutes les ressources soient mises à contribution pour l’atteinte de cet objectif.

Société Nationale des Pétroles du Congo Tour SNPC -Avenue Denis SASSOU NGUESSO BP 188 Brazzaville – Congo

www.snpc-group.com

Tél. : (+242) 06 555 2100 - Email : contact@snpc-group.com

DIFCOM - PHOTOS : D.R.

Le potentiel de MKB II est estimé à ce jour à près de 3 milliards de barils de pétrole en place dans la formation des Grès de Mengo et le nouveau plan de développement inclue le forage de près de 120 puits qui seront répartis entre les gisements de la zone. Le nouveau plan de développement va aussi valoriser le potentiel profond de MKB II, évalué à ce jour à près de 2 milliards de barils en place dans les formations ante-salifères du Vandji et du Djeno.


Grand format CONGO ÉCONOMIE Lire aussi « Un domaine agropastoral et forestier 100 % écoresponsable » sur www.jeuneafrique.com

ENTREPRENEURIAT

Biocompatibilité gagnante Ils ont la volonté de produire naturel, d’alimenter le marché local et d’investir dans la transformation. Jardins maraîchers, vergers et fermes d’élevage ont ainsi vu le jour. Florilège de promoteurs verts.

Florent DECKOUS Businessman farmer

MURIEL DEVEY MALU-MALU POUR JA

A

grideck Congo, l’exploitation créée en 2012 par Florent Deckous près de Ditadi, à quelques kilomètres de Dolisie, s’étend sur près de 470 ha. Ingénieur agronome formé à l’université Vassili-Dokoutchaïev, en Ukraine, et en gestion des entreprises à la University of North London, ce fils d’agriculteurs de Loudima, dans la Bouenza, a passé quinze ans dans la cité britannique, où il a travaillé pour Arla Foods, le géant scandinave des produits laitiers. Après s’être d’abord concentré sur le maraîchage, il décide en 2016 de restructurer les activités de sa ferme agropastorale autour de quatre pôles : manioc, arboriculture, élevage et pisciculture. Les champs de manioc s’étendent sur plus de 115 ha. Le verger se compose d’ananas (85 000 pieds), de bananiers et de plus de 2000 arbres fruitiers (manguiers, safoutiers, avocatiers et agrumes). Côté élevage, Agrideck compte presque tous les animaux de la ferme: poules pondeuses, poulets, canards, oies, pintades, porcs, mais aussi moutons, chèvres, vaches et bœufs. Pour la pisciculture, l’exploitation abrite plusieurs étangs, où abondent tilapias et silures, et pas moins de dixhuit lacs… Ce qui permet d’étendre

les activités au tourisme vert, avec l’installation de petits bungalows. Florent Deckous a aussi développé un volet transformation, qui prend de l’ampleur et se diversifie : saka-saka (feuilles de manioc) frais, séché ou congelé (et bientôt précuit), foufou de manioc, piment frais ou écrasé, pâte d’arachide, fumbwa (feuilles d’amarante), pain de courge, graines de courge pilées, pois d’Angole cuits, porc fumé… Frais ou transformés, en vrac ou conditionnés, les produits sont commercialisés à Dolisie, à Pointe-Noire et à Brazzaville. Florent Deckous,

qui expédie déjà des commandes en France, compte développer l’exportation dans quelques villes de l’Hexagone et vise aussi le marché nord-américain, sans oublier celui de Kinshasa. Il mise aussi sur le lancement (imminent) d’une gamme de confitures de fruits locaux (tondolos, malombos, miguengués, tchiu-tékés), une niche porteuse à l’export. Reste à régler la question des financements pour continuer de faire grandir l’exploitation, dont les investissements ont jusqu’à présent été réalisés sur fonds propres. MURIEL DEVEY MALU-MALU

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Rui Frédéric BARRETO Poule qui rit, poule qui pond

En juillet, à Pointe-Noire.

M. DEVEY MALU-MALU POUR JA

MURIEL DEVEY MALU-MALU POUR JA

D

ifficile de dire si ses poules rient. En tout cas, elles caquettent à longueur de journée, comme pour célébrer les 65000 œufs pondus chaque jour. En 2007, le Franco-Portugais Rui Frédéric Barreto, Congolais de cœur, crée sa petite ferme avicole, La Poule qui rit, à Pointe-Noire, pour développer la production locale d’œufs et réduire les importations. Deux ans plus tard, il installe son exploitation sur un site de 5 ha, dans le district de TchiambaNzassi (à 35 km au sud de la cité océane). La ferme abrite aujourd’hui 80000 gallinacés:

poules pondeuses, poulettes et poussins. Chaque classe d’âge a son bâtiment, pour éviter les contaminations, et tout a été modernisé pour répondre aux normes européennes en matière de sécurité sanitaire et de bien-être des animaux : aération, système de refroidissement, nettoyage, pipettes pour boire, linéaires de mangeoires, etc. Avec la vaccination et l’hygiène, l’alimentation est une préoccupation majeure pour les vétérinaires et la cinquantaine d’employés. Au menu : du maïs, de plus en plus difficile à trouver localement,

C

est en 2015 que Franck Makoye fonde Day Enterprise avec une douzaine d’associés. Près de Boko, dans le sud du Pool, l’équipe se lance d’abord dans la culture du maïs, puis de la tomate, en utilisant des techniques d’irrigation innovantes. En mars 2016, l’ingénieur agronome est sacré lauréat de la première édition du challenge « Startupper de l’année » organisé par Total E&P Congo. Mais au même moment, la crise politico-militaire qui éclate dans le département contraint la jeune entreprise à tout remettre en question. Grâce au prix remporté – 12,5 millions de F CFA (19 000 euros) et à l’appui à la gestion apporté par la société Aries Investissements –, Franck Makoye relance les activités de Day Enterprise à PointeNoire. Le résultat est encourageant. Ses tomates « agroécolos » sont cultivées sur 1 ha, pour moitié hors sol, avec un système

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d’irrigation par goutte-à-goutte, et pour l’autre moitié en « maraîchage tradimoderne ». Le chiffre d’affaires est passé de 12 millions de F CFA en 2015 à 79 millions de F CFA en 2018. L’une de s par ticularité s de Day Enterprise est l’appui technique et la formation à la gestion qu’elle offre aux agriculteurs-partenaires dont elle commercialise les produits. Franck Makoye se distingue aussi par le recours aux réseaux sociaux, en particulier WhatsApp, pour servir sa large clientèle – hôtels, restaurants, cantines, sociétés de catering, boutiques, particuliers, etc. Son objectif est d’installer des centres de collecte des produits agricoles près des zones de production, d’ouvrir des points de vente de proximité dans les grandes villes… Et de devenir leader de la distribution de produits bio en zone Cemac. M.D.M.-M.

MURIEL DEVEY MALU-MALU POUR JA

Franck MAKOYE Meilleur espoir maraîcher


M.D.M.-M.

BRUNO LEVY POUR JA

du son de blé fin, du calcaire et de l’argile en provenance de la Bouenza voisine, de l’huile de palme et des microingrédients. Et parfois du soja importé. Tous les deux mois, entre 6 500 et 14 000 poussins sont également importés par avion depuis la France. Lorsqu’elles atteignent l’âge de 3 ans, les poules sont vendues aux commerçantes des marchés de Pointe-Noire. Pas de place pour les sentiments. La concurrence des œufs importés n’est jamais loin. Il faut être compétitif. La clientèle ? Des restaurants, des hôtels, des sociétés de catering, des échoppes d’Ouest-Africains, des supérettes et des supermarchés à Pointe-Noire et à Brazzaville.

Clenne MOUANGOU

Éleveuse en quête de fonds

T

ee-shirt blanc, coupe au carré, allure chic décontractée, Clenne Mouangou est de passage à Paris. La directrice générale et fondatrice de CM Agrobusiness intervient dans des forums sur l’entrepreneuriat, dans des écoles, et vient aussi démarcher les investisseurs. La Congolaise de 37 ans a fondé sa société d’élevage porcin en 2015 et veut désormais créer une unité de transformation pour fabriquer de la charcuterie, un projet qui nécessite un investissement d’au moins 100 millions de F CFA (environ 150000 euros). Rien ne la prédisposait à une carrière dans l’agroalimentaire. Après un mastère 2 en finance à l’École supérieure de gestion (ESG) de Paris et plusieurs années en tant que chargée de clientèle ou analyste dans de grandes banques de Paris et de La Défense, Clenne Mouangou aspire à « faire quelque chose qui ait du sens ». Et cela passe par son Congo natal, qu’elle a quitté enfant avec ses parents. Elle ouvre plusieurs boutiques de vêtements à Brazzaville, mais, rapidement, l’idée de la ferme s’impose. « À chacun de mes retours de France, mes amis me demandaient si j’avais rapporté des saucissons. J’ai voulu que les Congolais aient plus facilement accès à ces produits, qui sont chers car importés. » Elle acquiert 1 ha de terrain à Linzolo, dans le Pool (à 20 km de Brazzaville), y construit les bâtiments nécessaires et y installe son élevage. Si la crise sécuritaire dans le département l’a contrainte un temps à réduire ses activités, elle a désormais réinvesti sa ferme, « mais en repartant presque de zéro ». Avec trois employés, au lieu de sept auparavant, un cheptel d’une centaine de têtes et quelques dizaines d’ares de manioc, de maïs et de soja. Des investisseurs se montrent intéressés, mais leurs conditions – être majoritaires dans le capital de la société – ne conviennent pas Clenne Mouangou. La fabrication de produits charcutiers lui ouvrirait évidemment de nouvelles perspectives de développement sur le marché domestique. Et, pourquoi pas, sur celui de Kinshasa et de ses 12 millions d’habitants. MARJORIE CESSAC

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HYDROCARBURES

(Eni) et de Banga-Kayo (Wing Wah), et à la remise en production de Nsoko (Total). Sans oublier les développements des gisements offshore de Sounda (ex-Marine VI, exploité par le nigérian Pelfaco), Litanzi, Nongo et Bouatou (Perenco), Lidongo, Viodo, Lideka et Loubana (Coastal Energy), Minsala et Nkala (Eni). Par ailleurs, une quinzaine de permis d’exploration ont été octroyés, notamment dans le cadre du « Licence Round ». Au cours d’une première phase, des blocs ont été attribués à Total E&P (Marine XX), à Kosmos (Marine XXI) et à Perenco (Marine XXVII). Lors de la deuxième phase, engagée en septembre 2018 et qui s’achèvera à la fin de 2019, le ministère des Hydrocarbures et la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC) ont conclu deux contrats de partage de production (CPP) – l’un signé en mars avec l’américain Kosmos Energy (Marine XXI), l’autre en juin avec Pelfaco (Sounda) –, qui attendent l’approbation du Parlement. Et des négociations sont en cours avec Total E&P pour quatre CPP (Marine XX, Nsoko, Nanga 1 et Mokélembembé).

Seconde vague d’or noir Après un repli lié à l’arrivée à maturité de certains champs, la production de pétrole reprend grâce à l’entrée en exploitation de nouveaux gisements.

MURIEL DEVEY MALU-MALU, envoyée spéciale

etit à petit, le secteur pétrolier se redresse. La production est passée de moins de 232 000 barils par jour (b/j) en 2016 à plus de 330 000 b/j en 2018, mieux que le pic de 316 000 b/j atteint en 2010. Ces volumes sont extraits pour l’essentiel par la filiale congolaise du français Total E&P (220 000 b/j en 2018, dont 110 000 b/j dans le champ de Moho-Nord, exploité depuis mars 2017), suivie du franco-britannique Perenco (68 000 b/j), qui se hisse devant l’italien Eni (60 000 b/j), et l’américain Chevron Overseas (35 000 b/j). Loin devant la production, bien plus marginale, d’opérateurs comme le congolais Africa Oil and Gas Corporation, le chinois Wing Wah ou le britannique Anglo African Oil & Gas. L’année 2019 s’annonce prometteuse, avec une moyenne de 345 000 b/j fin avril, qui pourrait dépasser 380 000 b/j d’ici à décembre, selon la Direction générale des hydrocarbures. Cette tendance devrait se poursuivre en 2020 grâce à de nouveaux forages dans les champs de Moho-Nord (Total), de Néné-Banga

P

88,2

Croissance 2017>2018 (Évolution en %)

85,8

Production de pétrole en millions de tonnes par an Angola Congo Guinée équatoriale

81,9

74,6

– 8,8 %

Gabon Tchad

+ 23,9% 12,1

11,8

11,9 10,7

2015

110

10,5

11 5,8

17

13,8

10,4 5,4 2016

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– 7,6 %

9,7 8,7

9 5,4

5,3 2017

– 3,1 %

2018

Trois facteurs contribuent à l’évolution du secteur dans le pays, à commencer par l’arrivée de nouveaux partenaires, parmi lesquels le russe Gazprom, le sud-africain Divine Inspiration Oil (Dig Oil), les chinois Wing Wah et China National Offshore Oil Corporation (CNOCC), Pelfaco, le britannique Philia Energy et le norvégien Coastal Energy. Par ailleurs, quelques compagnies à capitaux congolais ont vu le jour, telles que Pepa, Kontinent et Petco. Enfin, l’exploration s’est développée en mer à de très grande profondeur, mais aussi onshore, en particulier dans le bassin de la Cuvette congolaise, avec l’octroi de permis à Total E&P Congo (MokéleMbembé), à Dig Oil (Mopongo), à Eni Congo (Ngolo) et à Pepa (Ngoki). Cependant, si le pays peut se réjouir de voir l’or noir couler à flots, il va devoir plus que jamais prendre – 3,1 % garde au syndrome hollandais. Et à la préservation de l’environnement (lire pp. 112-114).

SOURCE : BP STATISTICAL REVIEW OF WORLD ENERGY 2019

UN NET REBOND, UNIQUE DANS LA SOUS-RÉGION

De l’offshore profond à la Cuvette


COMMUNIQUÉ

NBY IMMOBILIER CONSEILS,

précurseur et spécialiste de la gestion Immobilière au Congo

NBY IMMOBILIER CONSEILS a aussi un volet « construction » qui a débuté dès 2009 avec l’appui d’experts en bâtiments, d’architectes, de conducteurs de travaux pour fournir un travail de qualité respectant les normes dans le métier.

permettent de répondre au mieux aux besoins et aux attentes de nos clients.

Demain…

NBY IMMOBILIER CONSEILS

Nous avons des projets à court, moyen et long-terme. Pour cela, il faut que les changements ne s’arrêtent pas en si bon chemin et qu’ils nous permettent d’obtenir un meilleur cadre de travail.

Au-delà de nos combats, nous voulons mener nos projets personnels à terme et faire connaître cette culture immobilière et pourquoi pas avancer main dans la main avec l’urbanisme car aujourd’hui le domaine de la construction en est encore à ses balbutiements. Dans le même temps, nous espérons un meilleur accompagnement des banques pour les projets immobiliers, autant pour nos clients désireux de faire construire, que pour nous même, dans la réalisation de nos projets.

Aujourd’hui…

NBY IMMOBILIER CONSEILS Dans une atmosphère économique tendue, nous avons dû faire face et consolider nos relations avec nos clients afin de continuer à les satisfaire. Pour nous aider, un gros travail a été fait pour revoir la législation au Congo dans le domaine immobilier. Des règlementations sur la profession d’agent et de courtier ont été mises en place, ainsi que sur la location à usage d’habitation. Autant d’avancées qui nous

laise ne sait pas ce que nous faisons et se fait une fausse idée de nos prestations, allant même jusqu’à les dénigrer. Notre but est de « faciliter » les projets et les transactions, tout en apportant un savoir-faire et un appui juridique si nécessaire. Même si les prix sont fixés uniquement par les propriétaires, nous nous assurons qu’ils soient affichés. Nous luttons pour des prix régulés par des normes au mètre carré qui, nous le souhaitons seront bientôt imposées par l’État.

Yana Loemba Delho Directrice Générale de NBY IMMOBILIER CONSEILS

Il faut aussi changer « la culture » de l’immobilier. La méconnaissance de notre métier fait qu’aujourd’hui une partie de la population Congo-

BRAZZAVILLE

POINTE-NOIRE

(+242) 06 686 76 27 04 413 78 88 / 05 525 40 94 contact@nbyimmo.com

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www.nbyimmo.com NBY IMMO

DF/DIFCOM - PHOTOS : © DR.

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epuis déjà 13 ans, la société immobilière, NBY IMMOBILIER CONSEILS est basée à Brazzaville et à Pointe-Noire. Elle est spécialiste en gestion immobilière, donc en achats/ ventes, en négociations et transactions immobilières et en commercialisation de biens. Nous avons élargi notre activité à celle de syndic de copropriété avec la prise en charge des villas du « clos de Songolo » à Pointe Noire.


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MURIEL DEVEY MALU-MALU

La Soremi, qui exploite une unité de production de cathodes de cuivre dans la Bouenza, est l’une des entreprises épinglées pour ne pas avoir respecté les contraintes environnementales.

ENVIRONNEMENT

Produire plus, polluer moins

Alors que le pays est à la pointe des questions de développement durable, nombre de sociétés continuent d’y travailler sans se soucier de la biodiversité. Un paradoxe. BRUNO OKOKANA

u’elles soient congolaises ou étrangères, nouvelles ou présentes dans le pays depuis des décennies, qu’elles usinent sur ses terres ou dans ses eaux, dans les filières du pétrole, des mines, du ciment, du bois, de l’agroalimentaire ou des travaux publics, la plupart des grandes sociétés actives dans le pays ne mènent aucune étude d’impact environnemental, et ne s’inquiètent ni de polluer (les eaux, les sols, les airs) ni de menacer le bassin forestier (sa flore, sa faune, ses tourbières) ou de mettre en danger la population. Cette situation est d’autant plus paradoxale que l’arsenal législatif relatif à la protection de l’environnement au Congo est entré en vigueur dès avril 1991 et que, depuis une dizaine d’années, le pays a développé un soft power dans le domaine de l’écologie et du green business. Ce qui le range parmi les États les plus proactifs du continent sur les questions de développement durable, comme on a pu le constater lors de la Conférence mondiale sur le climat

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de Marrakech (COP22), en novembre 2016, et avec la création du Fonds bleu pour le bassin du Congo, à Oyo, le fief de Denis Sassou Nguesso, en mars 2017.

Inédite fermeté

Depuis, les choses commencent cependant à bouger. Certes au rythme du Congo et en y mettant les formes, pour être constructif, ne pas effrayer les opérateurs et les motiver à changer. Mais avec une inédite fermeté. Lors du remaniement gouvernemental d’août 2017, le portefeuille de l’Environnement a été confié à Arlette Soudan-Nonault, qui pilotait déjà celui du Tourisme. Elle s’est attachée dans un premier temps à rappeler aux entreprises concernées le b.a.-ba de la législation sur l’environnement, à laquelle elles sont censées se conformer. En l’occurrence, elles ont pour obligation de faire réaliser une étude d’impact environnemental par l’un des vingt et un cabinets agréés par le ministère de l’Environnement et d’obtenir un plan de gestion environnementale et sociale (PGES). Leur dossier doit ensuite être soumis à un comité interministériel pour validation, puis signé par la ministre de l’Environnement, afin que ces entreprises obtiennent un certificat de conformité environnementale, indispensable pour qu’elles soient autorisées à commencer une activité.


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BAIE DE LOANGO, AIRE MARINE BIENTÔT PROTÉGÉE Installé en mars 2018, le comité de pilotage chargé de la création d’une aire marine protégée dans la baie de Loango, dans le département du Kouilou, avance à pas prudents. Parmi les préalables indispensables : un inventaire de la faune et de la flore marines et terrestres pour en évaluer le potentiel, et la conclusion d’un accord avec l’ensemble des acteurs impliqués, y

compris les pêcheurs et les compagnies pétrolières, pour assurer une gestion participative à long terme de l’aire protégée. Celle-ci devrait s’étendre sur 300 à 400 hectares et répondre à une triple préoccupation : écologique, historicoculturelle et économique. La baie est en effet le haut lieu de reproduction d’une espèce de tortues marines – masseko, en langue

Après cette phase de rappel, la ministre est passée au début de cette année à l’étape de « mise en garde », en se rendant sur les sites industriels. Dans la Bouenza, à Bandza, la Société de recherche et d’exploitation minière (Soremi, filiale de China National Gold Group), qui exploite des gisements de polymétaux et a ouvert à la fin de 2016 une usine produisant des cathodes de cuivre, s’est fait épingler pour n’avoir jamais mené d’étude d’impact environnemental. Par ailleurs, si elle a créé beaucoup d’emplois locaux, ses employés n’ont pas reçu les équipements adaptés. Outre l’obligation de protéger ses travailleurs, trois mois lui ont été donnés pour réaliser un audit environnemental concernant quatre puits. Dans le Kouilou, la société pétrolière Africa Oil & Gas Corporation (AOGC), dont le pipeline s’est récemment déversé dans un marécage – en polluant, entre autres, la rivière Matali à la Pointe indienne – doit faire réaliser des prélèvements et des analyses de l’eau et en transmettre les résultats. Autre exemple, toujours dans la Bouenza, où la Société nouvelle des ciments du Congo (Sonocc, à capitaux majoritairement chinois) et la filiale locale du nigérian Dangote Cement Congo, ainsi que la société sucrière Saris (filiale de Somdiaa) ont, quant à elles, dû s’engager à effectuer des audits et des études d’impact environnemental et social. Pour le moment, le seul opérateur mis en demeure est Agil Congo, qui a dû suspendre ses activités d’exploration aurifère dans la Cuvette-Ouest le 21 janvier, deux

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vilie – en voie d’extinction, qui risque donc de disparaître de la baie comme ont disparu les huîtres, qui y étaient autrefois abondantes. La baie de Loango est aussi chargée d’histoire: berceau de la culture vilie et du royaume du même nom, fondé à la fin du XVIe siècle, elle fut aussi une porte d’embarquement des esclaves pendant la traite négrière, dont subsistent

BOMBE À RETARDEMENT

Présenté à la fin d’août au festival du Film francophone d’Angoulême, le documentaire réalisé par Yamina Benguigui, Le Dernier Poumon du monde, est consacré à la plus vaste tourbière tropicale de la planète. Découverte dans le bassin du Congo, en 2017, cette zone de marécages de 150 000 km², qui stocke 30 milliards de tonnes de carbone, contribue à contenir les effets des changements climatiques. Mais si son équilibre est rompu, l’équivalent de trois ans d’émissions mondiales de CO2 pourrait être relâché dans l’atmosphère.

quelques vestiges (lire p. 121). La valorisation économique du projet sera assurée par l’écotourisme. D’où l’importance de réhabiliter les sites historiques et d’aménager des espaces pour accueillir les visiteurs. À la clé, des revenus et des emplois locaux, la sauvegarde d’une mémoire et la valorisation d’un patrimoine naturel, culturel et historique inestimables. M.D.M.-M.

jours après que la ministre de l’Environnement s’est rendue dans le district de Kellé, où elle a constaté « des dégâts inadmissibles, un scandale environnemental et sanitaire ». Une trentaine de sites ont été détruits, 150 ruisseaux et sources d’eau ont été souillés, que les populations ne peuvent plus utiliser.

Explication de textes

Au-delà du changement de comportement des opérateurs économiques, il y a encore un énorme travail à mener auprès des autorités préfectorales, élus locaux et cadres administratifs, qu’Arlette Soudan-Nonault s’efforce de réunir lors de ces déplacements, dans le cadre de rencontres citoyennes. Apparemment, nombre d’entre eux, par ignorance des procédures, par manque de compétence, par négligence ou, pis, par complaisance, transmettent des rapports qui n’ont rien à voir avec la réalité. « Il arrive même que certains de mes collaborateurs étouffent les vrais rapports, concède la ministre. À mon niveau, je sanctionne énormément, mais je suis consciente de la difficulté pour les cadres de l’État de concilier développement économique et protection de l’environnement et des populations. » Outre le contrôle de l’administration, selon la ministre, l’implication intelligente des populations, de façon qu’elles dénoncent les risques et dérives, ainsi que le travail d’explication des textes sur l’environnement et ses enjeux, sont indispensables si l’on veut espérer trouver le juste équilibre.



Grand format CONGO

SOCIÉTÉ

EDUCATION IMAGES/UNIVERSAL IMAGES GROUP VIA GETTY IMAGES

Le camp de Lango, dans le parc national d’Odzala-Kokoua (Cuvette-Ouest), avec vue sur un bai, une zone de clairière marécageuse.

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Si les activités touristiques sont encore marginales, de réels efforts sont déployés pour organiser et étoffer l’offre actuelle. Laquelle tend à privilégier les prestations haut de gamme pour préserver une biosphère unique au monde.

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Sensations grandeur nature jeuneafrique no 3060 du 1er au 7 septembre 2019

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Grand format CONGO SOCIÉTÉ

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vec ses paysages spectaculaires, sa flore et sa faune sauvage exceptionnelles – gorilles des plaines de l’Ouest, chimpanzés, lions et éléphants de forêt, hippopotames, cobes, buffles, antilopes, tortues luth… –, le Congo a tout pour se positionner comme une destination écotouristique majeure. Plus de 13 % de son territoire sont classés en aires protégées, parmi lesquelles figurent cinq parcs nationaux : ceux d’Odzala-Kokoua (lire ci-contre) et de Ndouabalé-Ndoki dans le Nord, celui de ConkouatiDouli sur le littoral (dans le Kouilou), auxquels se sont ajoutés ceux de Tokou-Pikounda (à cheval sur les départements de la Sangha et de la Cuvette, dans le Nord), créé en 2013, et de l’Ogooué-Lékéti (Plateaux et Lékoumou, Centre), inauguré en novembre 2018. Le pays compte par ailleurs une dizaine d’autres aires protégées comprenant des réserves – de faune, de flore, de biosphère –, dont la réserve naturelle de gorilles de Lésio-Luna, dans le Pool (lire p. 120), ainsi que des réserves de chasse et des sanctuaires. Une aire marine protégée est aussi en cours de création dans la baie de Loango (lire p. 114). Depuis 2016, l’Agence congolaise de la faune et des aires protégées (Acfap, fondée en 2012) est opérationnelle, une stratégie nationale et un plan directeur de développement durable du tourisme ont été élaborés, dont le ton et la couleur sont résumés dans le slogan de l’Office national du tourisme : « Green Congo, poumon écologique du monde ». D’où le regroupement, en 2017, des portefeuilles du Tourisme et de l’Environnement au sein du même ministère. Des efforts ont par ailleurs été entrepris pour mieux faire connaître la destination, avec notamment la mise en ligne d’un site internet (officedutourisme.gouv.cg).

Du pain sur la planche

Malgré son énorme potentiel, l’écotourisme est encore peu développé. Le plus ancien et le plus vaste des parcs nationaux (13 000 km2), celui d’Odzala-Kokoua, dont le volet touristique est géré par le groupe sud-africain Congo Conservation Company (CCC), n’accueille en effet que peu de visiteurs. Ils sont pour la plupart sud-africains ou américains et plutôt VIP, en raison du nombre de chambres volontairement restreint de ses trois lodges et de tarifs relativement élevés (lire encadré). Les touristes sont égale­ ment peu nombreux dans le parc de Ndouabalé-Ndoki (4 000 km2), dont l’antenne congolaise de l’ONG américaine Wildlife Conservation Society (WCS) supervise les volets conservation et tourisme. La réserve naturelle de gorilles de Lésio-Louna, qui bénéficie de sa proximité avec la capitale et de l’intérêt que suscitent ses emblématiques habitants, a attiré jusqu’à 700 personnes les meilleures années. Les quelques agences de tourisme qui se sont développées sont concentrées à Brazzaville et à Pointe-Noire. Dans la capitale, l’une des plus en vue est Wild Safari

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Le camp de Lango compte six chambres d’hôtes.

UN AUTRE ESPACE-TEMPS Situé dans le nord-ouest du pays et étendu sur 13 000 km2, à cheval sur les départements de la Sangha et de la Cuvette-Ouest, le parc national d’Odzala-Kokoua, créé en 1935, est l’un des plus anciens et des plus vastes du continent. La logistique et l’hébergement y sont organisés par Odzala Discovery Camps, l’opérateur géré par le groupe sud-africain Congo Conservation Company (CCC). Pionnier de l’éco­ tourisme dans le pays, ce dernier a aménagé au sein du site trois « camps de découverte » au confort très haut de gamme, dans l’esprit des lodges sudafricains : Mboko (12 chambres), Ngaga (6 chambres) et Lango (6 chambres). Tous disposent de terrasses avec vue imprenable sur la forêt et la savane. Les chambres du camp de Lango, construites en hauteur, dans les arbres, donnent même sur un bai (voir pp. 116-117) : une zone de clairière marécageuse typique de la région, qui constitue un lieu d’observation privilégié, puisque les animaux viennent s’y abreuver.

Ces lodges ont une capacité d’accueil restreinte. Une manière de préserver la magie de la forêt et de la réserver à des happy few. Tout comme les tarifs, qui excluent les budgets modestes. Si les prix varient évidemment en fonction des saisons, des prestations et du type de forfait, il faut compter pour un « pack groupe » environ 4 200 euros par personne pour quatre nuits et 5 500 euros pour sept nuits. Ce forfait comprend les transferts en minibus privé (quatorze heures de trajet) ou en avion privé (deux heures de vol) entre Brazzaville et Odzala, les déplacements au sein du parc, les randonnées d’observation diurnes et nocturnes (évidemment avec guide et en petits groupes de quatre à cinq personnes au maximum), les activités (promenades en bateau, pirogue ou kayak), les repas et l’hébergement, sans oublier l’indispensable lettre d’invitation, fournie par la CCC, que le touriste doit présenter lors de sa demande de visa et à son arrivée au Congo.

CÉCILE MANCIAUX

ANDREW HOWARD/ODZALA DISCOVERY CAMPS

MURIEL DEVEY MALU-MALU


Total

Startup Center

Total aux côtés des jeunes entrepreneurs congolais En 50 ans, Total est devenu le leader de l’exploration-production et de la distribution d’hydrocarbures au Congo. Forts de cette expérience et convaincus de l’importance que représente l’émergence d’entreprises créées par de jeunes entrepreneurs pour le pays, Total et ses employés s’engagent dans l’accompagnement de startup congolaises. Avec une production opérée d’environ 200 000 barils par jour et 49 stations-service, Total est n°1 dans ses deux secteurs d’activité au Congo. Un succès attribuable à l’innovation, au talent et à l’implication de ses collaborateurs. Cette performance, nous avons à cœur de la partager avec nos parties prenantes en contribuant, entre autres, au développement socio-économique du pays dans lequel nous opérons. C’est ainsi que de nombreuses actions sont mises en œuvre afin de contribuer à l’émergence d’un tissu industriel et entrepreneurial compétitif et diversifié. Soutien aux entreprises congolaises Depuis 2010, Total a mis en place une politique de contenu local visant à former et recourir aux entreprises congolaises pour la fabrication d’équipements et l’approvisionnement de biens et services. Dans ce cadre, et ce depuis 2017, ce sont plus de 3 500 heures de formation qui ont été fournies par Total aux Sociétés Privées Nationales (SPN), pour les aider à s’approprier les standards et exigences des métiers de l’industrie pétrolière. Le Groupe fait intervenir aujourd’hui près de 200 SPN sur ses opérations.

Le Challenge Startupper En 2016, Total a lancé le "Challenge Startupper de l’année". Plus de 1 000 créateurs d’entreprises de moins de 35 ans ont eu l’opportunité d’y participer et les vainqueurs ont bénéficié d’une aide financière et d’un accompagnement. Lancement du Total Startup Center Pour compléter cette initiative et ancrer son accompagnement dans la durée, Total inaugurera en octobre prochain à Pointe-Noire, à l’occasion de son 50ème anniversaire, le Total Startup Center (TSC). Cet incubateur offrira aux jeunes créateurs d’entreprises un appui multiforme qui comprendra notamment, dans un esprit participatif, un soutien personnalisé de la part des collaborateurs de Total.

Ils ont dit ... Le challenge startupper de Total nous a permis d’élargir notre vision, de gagner en visibilité et de rendre viable notre projet. Roderick Matoundou – Lauréat 2019

le Total Startup Center, nous voulons aller encore “Avec plus loin et permettre à nos employés de donner un vrai coup de pouce, dans la durée, à ces jeunes créateurs d’entreprises. Martin Deffontaines – Représentant de Total au Congo

Avenue Raymond Poincaré, BP : 761, Pointe-Noire République du Congo Tél.: (+242) 22 294 60 00 www.cg.total.com


Grand format CONGO SOCIÉTÉ

succès, le collectif, qui a identifié des sites peu connus, Travel, qui propose des excursions autour de la ville et devrait se transformer en véritable agence de tourisme organise des circuits à la demande, dont la visite de parcs. au mois d’octobre. Citons aussi Soleil Business et Univers L’agence cible surtout une clientèle d’expatriés et de voyaVoyage, parmi les autres opérateurs locaux. geurs étrangers (Européens, Américains, Africains, D’une manière générale, la clientèle est Asiatiques, etc.). Installé à Pointe-Noire et surtout composée d’expatriés et de leur encadré par le photographe Kiki Lawanda, Deuxième famille, d’hommes d’affaires de passage le collectif Ekolo na Bisso (« notre pays », massif forestier tropical et de rares Congolais. Toutefois, de plus en lingala), formé de jeunes Congolais et du monde après l’Amazonie, en plus de jeunes issus de la classe d’expatriés, a démarré ses activités en la forêt du bassin du Congo moyenne se montrent désireux de novembre 2018. Il organise des excurcouvre plus de 2 millions de km². découvrir leur pays. Pour que le secsions et des randonnées à la carte Elle est partagée entre six pays : le teur se développe, tant en volume à Pointe-Noire et dans le Kouilou, Cameroun, la Centrafrique, le Congo, la RD Congo, le Gabon et la Guinée d’activités qu’en chiffre d’affaires, les mais aussi dans le Niari, la Bouenza, équatoriale. Au Congo, elle couvre pouvoirs publics et les acteurs privés la Lékoumou et le Pool. Fort de son 210 000 km², soit plus de 60 % de la superficie du pays

Traversée par les rivières Lésio et Louna, et bordée par la Léfini, la réserve naturelle des gorilles de Lésio-Louna (RNGLL) a tout pour attirer les visiteurs. D’une part parce qu’elle est située dans le nord du Pool, dans le district de Ngabé, à seulement une centaine de kilomètres de Brazzaville, soit deux à trois heures de route par la nationale 2. D’autre part parce qu’elle permet de « rencontrer », à la nursery et en liberté, les représentants d’une espèce protégée emblématique : les gorilles des plaines de l’Ouest. Enfin parce qu’elle permet d’admirer une gamme variée d’habitats et de paysages du Congo : collines et falaises, étangs, lacs et rivières, forêts-galeries, savanes… Une partie du site a d’abord appartenu à l’immense réserve de chasse de la Léfini, créée en novembre 1951 et devenue réserve de faune en 1984. Un accord de coopération est signé en décembre 1993 entre le gouvernement congolais et la fondation britannique Aspinall, qui cherchait un site pour démarrer un projet de réintroduction de gorilles dans leur milieu naturel. Il aboutit, en 1999, au sanctuaire de gorilles de Lésio-Louna, dont le territoire est alors détaché de la réserve de faune. L’accord avec la fondation sera révisé en 2002 par un protocole sur l’aménagement et la gestion de la réserve, puis à nouveau modifié en 2009, avec

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DR/FONDATION ASPINALL

Gorilles hors des brumes

Réserve naturelle de Lésio-Louna, dans le nord du Pool.

l’adoption du nom actuel et l’extension du site, qui s’étend désormais sur 1 730 km2.

Retour à la vie sauvage

La vocation de la RNGLL est de protéger des espèces menacées, en particulier les gorilles, et de récupérer des orphelins dont les parents ont été tués par des braconniers, pour les réintégrer à la vie sauvage. Sur la base de vie d’Iboubikro, dans le sud de la réserve, à proximité du lac Bleu et de la Lésio, des paillotes ont été aménagées, qui permettent d’héberger une quinzaine de personnes, à la disposition desquelles sont mis une cuisine,

des douches et des sanitaires. C’est au camp d’Iboubikro que se trouve la nursery. Situé plus au nord et bordé par la rivière Louna, le site d’Abio, où se trouve un autre hébergement, abrite un groupe de gorilles adultes provenant de la nursery et de zoos britanniques que la fondation a introduits dans la réserve en 2017 pour les réinsérer à la vie sauvage. À Abio, les gorilles vivent en semi-liberté sur des îles couvertes de forêts jusqu’à ce que, devenus autonomes, ils rejoignent la quarantaine de gorilles relâchés vivant en totale liberté. M.D.M.-M.


ont encore du pain sur la planche. « Pour l’instant, on attend le client, on ne va pas le chercher. Au Congo, seuls les tourismes d’affaires et familial sont connus, pas encore celui de loisirs. Le gouvernement doit faire du marketing pour faire connaître la destination et attirer les visiteurs, aussi bien congolais qu’étrangers », reconnaît un opérateur. Il s’agit aussi de développer la palette d’offres: excursions, safaris, activités sportives ou d’aventures, balnéaires ou fluviales, culturelles et mémorielles (lire ci-dessous). « Il y a des niches à explorer dans le domaine mémoriel, en particulier à Loango, siège du royaume vili et ancien

À LIRE, À VOIR…

Le Congo aujourd’hui, Collection « Guides Aujourd’hui », Éditions du Jaguar, 264 pages, septembre 2013, 26 euros

centre d’embarquement des esclaves. On doit diversifier les produits, créer des événements et proposer des sorties d’un jour ou deux pour les gens de passage. C’est ce que réclament les hôteliers », souligne un professionnel. Parmi les autres problèmes à régler : la délicate délivrance du visa touristique, la cherté des vols depuis l’étranger, les tracasseries administratives et policières, ainsi que la qualité – parfois très – aléatoire des prestations et des services hôteliers. Un effort doit aussi porter sur l’aménagement des sites et sur l’entretien des routes et des pistes permettant d’y accéder.

Congo Brazzaville 2018-2019 Guide de voyage, Éditions « Petit futé », 264 pages, janvier 2018, 15,95 euros

Congo Brazzaville, Par Muriel Devey Malu-Malu, Collection « Méridiens », Éditions Karthala, 352 pages, mars 2019, 25 euros

Toute une histoire ! Le point de départ d’un projet de mémorial annoncé en 2014. « Ce sera un grand complexe, auxquels nous souhaitons associer d’autres États et où nous allons raconter l’histoire de l’esclavage. Nous avons eu des propositions d’architectes, il nous faut trouver des financements », souligne Lydie Pongault, conseillère à la Culture du président de la République.

VAC

Cela a pris du temps et en demandera encore, mais les choses commencent à bouger en matière de conservation et de valorisation du patrimoine. En décembre 2018, Pointe-Noire a inauguré son Musée du Cercle africain, le premier musée de la ville, dont il retrace l’histoire. Il présente des objets d’art traditionnel ainsi que des œuvres de plasticiens et de peintres contemporains. Parrainé par l’Unesco, il est né d’un partenariat entre la major italienne Eni et l’État congolais, qui assure la gestion de l’établissement et de son personnel. En août 2018, à 25 km de là, c’est le Musée Mâ Loango de Diosso qui ouvrait les portes d’un tout nouveau bâtiment grâce, cette fois, au financement de Total. Il permet d’accueillir dans de meilleures conditions le patrimoine culturel du royaume vili, jusqu’alors exposé dans l’ex-demeure fort délabrée du roi (mâ) de Loango, qui était le seul musée du pays depuis la fermeture de celui de Brazza. En même temps que ce nouvel établissement, une stèle de 6 m de haut était inaugurée sur l’ancien port d’embarquement des esclaves de Loango.

En mars 2017, c’est le musée KiebeKiebe qui était inauguré dans la Cuvette (Nord), sur le domaine présidentiel de N’Gol’Odoua, près d’Édou, le village natal de Denis Sassou Nguesso. Créé à l’initiative de ce dernier, le musée présente une collection de plus de 150 pièces consacrée aux rituels du kiebe-kiebe, danse initiatique ancestrale et endémique des

Le Musée du Cercle africain de Pointe-Noire a été inauguré au début de décembre 2018.

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Un patrimoine à reconstituer

Le Musée national du Congo, situé près du marché du Plateau, dans le centre de Brazza, est fermé depuis belle lurette. « Il a été pillé lors de la guerre civile de 1997. Nous avons perdu beaucoup d’œuvres et nous sommes en train d’en restaurer d’autres. Il nous faut reconstituer ce patrimoine national, mais aussi mettre en valeur notre culture au sein d’établissements modernes, où les pièces seront conservées dans les meilleures conditions, précise Lydie Pongault. Nous avons encore un problème de formation à surmonter si nous voulons accueillir un plus large public, mais ce point devrait être réglé d’ici à deux ans. Il ne s’agit pas seulement de guider, mais aussi d’entretenir les œuvres, pour mieux les préserver. Pour le moment, nous faisons venir du personnel qualifié de l’extérieur pour assurer les formations. » À Brazzaville, impossible de ne pas remarquer le mémorial PierreSavorgnan-de-Brazza, inauguré en 2006. Situé sur la corniche, le bâtiment circulaire abrite le mausolée de l’explorateur franco-italien, ainsi que quelques statuettes traditionnelles, photos d’époque et documents sur ce dernier. « Nous profitons de la position stratégique du mémorial et de son caractère touristique pour offrir au public l’occasion de se ressourcer et de se réconcilier avec l’histoire moderne du Congo », souligne Bélinda Ayessa, la directrice. Depuis 2015, des travaux d’extension sont en cours, financés par Eni, qui vont permettred’aménagerunespacemusée. J.-B.M.

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Jean-Aimé Dibakana Mouanda Sociologue

« Dans le système de parrainage, tout le monde est gagnant » Jeune Afrique : Comment le parrainage entre aînés et cadets s’est-il développé au Congo ? Jean-Aimé Dibakana Mouanda : Historiquement, dans toutes les familles, les jeunes avaient une sorte de parrain. Il était le garant de l’éducation morale de l’enfant qui lui était confié. Dans les familles matrilinéaires, c’était souvent l’oncle maternel. Lors de la première crise économique, dans les années 1980, est apparu le phénomène de la « social-famille », analysé par le sociologue Bikindou Milandou. Il consiste à s’inventer une famille pour pouvoir bénéficier de gestes de solidarité. Ce phénomène s’est exacerbé à la sortie de la guerre civile de 1997. Aujourd’hui, tout le monde a un grand et des petits, quelle que soit la position où il se trouve, et chacun en tire profit. Quand est-on grand ou petit ? Un « grand » ne l’est pas en raison de son âge, mais en fonction de la position qu’il occupe sur la scène politique, dans les milieux économiques ou juridiques, et de sa capacité à débloquer des situations. Avec le chômage et la crise économique, certains sont devenus des « petits » professionnels, c’est leur unique source de revenus. Dans cette affaire, tout le monde est gagnant : les grands n’ont pas d’agendas surchargés, car

DR

départements des Plateaux, de la Cuvette et de la Cuvette-Ouest. Le seul hic est que le commun des visiteurs ne passe évidemment pas par hasard, ni sans autorisation, sur le domaine privé du chef de l’État. « Le musée reçoit sur rendez-vous, confirme Abraham Ibela, initié au rite kiebe-kiebe, qui sert fréquemment de guide à N’Gol’Odoua. Les visiteurs sont avant tout des Congolais d’autres régions, ainsi que les hôtes de marque du chef de l’État. » Il y en aurait eu plus d’un millier depuis l’inauguration.

quand un dossier arrive jusqu’à eux, il a déjà été écrémé ; les petits y gagnent du pouvoir et de la popularité, ils ont donc tout intérêt à se montrer efficaces. Ce « réseautage » a-t-il une incidence sur le climat politique et social ? Il induit un statu quo et favorise une forme de stabilité, car chacun tient à conserver sa place. C’est la raison pour laquelle la situation du Congo changera difficilement. C’est un très petit pays, où tout le monde se connaît. Les connexions sont établies, chacun sait comment atteindre X ou Y, et ce maillage permet une relation fluide entre ceux qui évoluent dans les sphères ou les classes supérieures et ceux qui occupent un échelon inférieur ou appartiennent à des classes plus modestes. Les uns et les autres peuvent très facilement se parler.

Propos recueillis par JEAN-BAPTISTE MONDZE


I

l existe au Congo un système de parrainage intergénéchargés d’assurer la liaison avec les autorités, ils deviennent rationnel aussi informel que généralisé. Il peut s’agir des facilitateurs, organisant des audiences pour rencontrer pour les aînés, de manière classique, d’aider les jeunes un ministre ou décrocher un marché –, et ce, moyennant originaires du même village qu’eux qui arrivent en ville généralement un pourcentage. Quelques Sisi Selenge à s’installer. Mais pas que. Ce système constitue une reçoivent des titres officiels de conseiller ou de chargé de grille de lecture dont il est indispensable de tenir compte mission. D’autres ont des fonctions et des prérogatives plus dans une société où tout le monde est interconnecté et où floues : majordomes, conseillers-habilleurs, voire entreil est extrêmement difficile metteurs censés gérer les de faire avancer un dossier si « dossiers nanas » (sic) des l’on n’a pas été introduit dans personnalités. les bons réseaux. Ni le monde de l’entreOn l’appelle « petit ya prise ni l’armée n’échappent confiance » (« petit de au procédé. Les nouvelles confiance », en lingala), recrues doivent s’attacher « simba sac » (« tiens mon à un plus haut gradé, dont sac », qui renvoie à la serva dépendre leur avancevile image de celui ou celle ment. Les membres du corps qui se tient derrière une enseignant ne s’en privent personnalité pour porter pas non plus : beaucoup ont leurs petits parmi les lycéens sa mallette, ses téléphones et les étudiants, auxquels ils portables, etc.), si l’on veut confient des missions acadéêtre péjoratif, ou encore miques – tolérées, à défaut « Sisi Selenge », du nom de d’être reconnues, par les l’homme de confiance de administrations –, telles que Papa Wemba, que le musiles seconder dans la prépacien avait immortalisé dans ration des cours, ramasser la chanson « Proclamation ». les copies, surveiller les exaAu Congo comme dans beaumens, etc. Moins académicoup de pays, les personnaliquement, ces petits peuvent, tés influentes, « les grands », là aussi, jouer les entremetsont souvent entourées d’une teurs pour leurs grands cour de gens plus jeunes, auprès des étudiantes. Ils « les petits », auxquels elles assurent la logistique des offrent leur protection et rendez-vous galants de leurs ouvrent leurs réseaux en aînés, en fixent les heures, échange d’une aide quotipaient le taxi, et ainsi de dienne, sur le plan professuite. sionnel comme sur le plan Aujourd’hui – bienvepersonnel, moyennant une nue dans le XXIe siècle –, rémunération informelle. les petits sont aussi très Les « petits à tout faire » présents sur les réseaux se font coursiers, secrétaires sociaux. Ce sont les fameux personnels, porte-parole « snipers du web », qui réaofficieux ou officiels, assisgissent avec véhémence sur tants de personnes qui ne Twitter ou Facebook dès que sont pas de leur famille… Aux JEAN-BAPTISTE MONDZE l’on critique leur grand – le côtés de figures de pouvoir tout, là encore, moyennant de façon quasi permanente, rémunération. Agissant sous ces hommes – et quelques différents pseudos, ils exercent une forme de veille de l’efemmes désormais – dévoués acquièrent au fil du temps réputation des grands qui les entretiennent. Sur Facebook, une aura d’autant plus forte que « leur grand » est puissant « Autorité civile » et « Naul » sont parmi les plus vigilants dans la vie politique, l’administration ou la société. Certains chiens de garde de personnalités et représentants de l’État. deviennent même très influents. Les petits sont rentrés avec force dans l’ère numérique. Le Ces jeunes – âgés d’une vingtaine à une petite quaransigne que ce phénomène qui sait s’adapter n’est pas près taine d’années – qui arpentent les couloirs des ministères de disparaître. détiennent les clés de nombreux dossiers. Généralement

COULEUR LOCALE

À chaque grand son petit

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HOSPITALITÉ PLUS QU’UN SIMPLE MOT

La généreuse hospitalité de notre classe affaires vient du coeur. Un désir véritable d’offrir un environnement à nos clients pour qu’ils se sentent toujours comme chez eux.


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