CÔTE D’IVOIRE LE RHPD EN ORDRE DE BATAILLE
MAROC Lekjaa l’insubmersible
NIGER Spécial 20 pages Comment Issoufou prépare sa sortie
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3061 DU 8 AU 14 SEPTEMBRE 2019
PRÉSIDENTIELLE 2019 12 pages
Quelle Tunisie demain ?
• Les 7 travaux du prochain président • Les 8 propositions phares de la campagne • Youssef Chahed : « Réformer n’est pas facile, mais nous avons été courageux… »
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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 Br Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 5 € Portugal cont. 4,30 € RD Congo 5 $ US Réunion 4,60 € Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 4 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285
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GRAND FORMAT
Passage de témoin
VINCENT FOURNIER/JA
Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays
NIGER
Assuré d’avoir un nouveau président en 2021, le pays s’est refait une santé sur le plan économique et se modernise progressivement. Un bol d’air bienvenu dans un contexte sécuritaire encore tendu. jeuneafrique no 3061 du 8 au 14 septembre 2019
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Veolia au Niger Au Niger, Veolia développe l’accès à l’eau potable pour le plus grand nombre
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Une eau saine, partout et pour tous
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A
travers sa filiale Société d’Exploitation des Eaux du Niger (SEEN), Veolia développe le service d’eau potable dans plus de 50 villes et villages du territoire, contribuant au développement économique du pays. Dans les centres urbains et périurbains, la SEEN adapte ses infrastructures en installant des bornes-fontaines destinées au plus grand nombre.
Au total, chaque année, 84 millions de m3 d’eau sont ainsi distribués pour permettre à des millions de personnes d’avoir accès à une eau potable de qualité.
Ressourcer le monde
82 ENJEUX
Issoufou prépare la relève
85 En débat
François Soudan
Tourisme contre terrorisme
88 Interview
Kalla Moutari Ministre de la Défense
Les deux paris du lion n peut dire ce que l’on veut de l’entretien que le président Mahamadou Issoufou a accordé à JA au début d’août, sauf qu’il a laissé ses lecteurs indifférents. Agacement de la part de certains de ses pairs, qui ne supportent guère de se voir administrer indirectement les leçons de bonne gouvernance démocratique dont « Zaki » (« le lion », en haoussa) est coutumier. Applaudissements chez tous ceux qui se satisfont de voir un chef d’État tenir sa promesse cardinale de respecter le nombre de mandats que lui octroie la Constitution, avec en prime une rare touche d’honnêteté : aurais-je voulu m’éterniser au pouvoir, ajoutait-il, que les Nigériens m’en auraient empêché. Quels que soient les reproches formulés par l’opposition à l’encontre de cet ingénieur des mines de 67 ans, entré en politique il y a quatre décennies, trois fois battu et deux fois élu à l’élection présidentielle, l’image que l’Histoire retiendra de lui après son départ programmé pour avril 2021 sera celle d’un homme lucide, conscient de l’usure du pouvoir et suffisamment sensé pour ne pas se croire indispensable. À condition bien sûr que rien ne vienne gâcher le scénario des dixhuit mois à venir.
O
Déchirement intime
Pour que les choses soient à la fois claires et irréversibles, Mahamadou Issoufou s’est livré à un exercice quasi inédit en Afrique : il a, depuis six mois, adoubé son dauphin officiel en la personne de son ministre de l’Intérieur, Mohamed Bazoum. L’avenir dira ce qui, dans le timing de cette annonce, relevait de la stratégie calculée et de la nécessité de faire barrage à la candidature
autoproclamée du ministre des Finances Hassoumi Massaoudou, limogé depuis. Une chose est sûre : les trois hommes étaient liés depuis la fin des années 1980, et cet épisode a été vécu comme un déchirement intime. Mais le choix de Bazoum est une audace qui, elle aussi, est à porter au crédit d’Issoufou : quelles que soient ses indéniables qualités d’homme d’État, l’actuel président du parti au pouvoir est issu d’une communauté arabe très minoritaire au Niger, dont les racines plongent au cœur de l’espace tchado-libyen. Sa sélection est donc une forme de pari assumé sur la maturité de l’électorat et sa capacité à transcender les cloisonnements ethniques. Celui de la modernité, en quelque sorte. En l’absence probable du principal candidat de l’opposition, l’ancien Premier ministre Hama Amadou – dont l’exil et la condamnation font un peu tache sur le boubou immaculé de l’expérience démocratique nigérienne –, et face à des adversaires avançant en ordre dispersé, Mohamed Bazoum a pour l’instant un boulevard devant lui. D’autant qu’il s’appuie sur le bilan économique globalement positif du président sortant (en dépit du lourd fardeau des dépenses sécuritaires) et sur la visibilité des « grands chantiers » infrastructurels. Le Niamey de 2019 n’a à cet égard plus aucun rapport avec celui que l’auteur de ces lignes découvrit il y a un quart de siècle, à l’occasion de l’interview nocturne et passablement surréaliste d’un général au destin tragique, Ibrahim Baré Maïnassara. La capitale a totalement changé de visage, et le Niger, on peut l’espérer, définitivement exorcisé ses démons putschistes. Reste qu’ici comme ailleurs, aucune élection n’est gagnée d’avance.
90 Opposition
Partition inachevée
94 ÉCONOMIE
Indicateurs au vert
100 Entrepreneuriat
Patrons nouvelle génération
106 SOCIÉTÉ
Niamey sur son trente et un
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Grand format NIGER
ENJEUX
Issoufou pré
pare la relève
Le président nigérien avec l’actuel ministre de l’Intérieur, Mohamed Bazoum (à g.), investi par le PNDS pour briguer la magistrature suprême.
PRÉSIDENCE NIGER
Comme le prévoit la Constitution, le chef de l’État ne se représentera pas en 2021, mais il a déjà désigné son dauphin. À ses détracteurs, qui lui reprochent d’avoir sacrifié le développement économique au profit des dépenses sécuritaires, il oppose un bilan positif dont il s’enorgueillit.
Grand format NIGER ENJEUX
MATHIEU OLIVIER, envoyé spécial à Niamey
U
«
ne image vaut mille mots », aurait dit en son temps le Chinois Confucius. Mohamed Bazoum, qui enseigna plusieurs années la philosophie, s’en est-il rappelé, le 7 août, alors qu’il sillonnait la région de Tahoua au côté du président Mahamadou Issoufou ? Le ministre de l’Intérieur est souriant, comme le chef de l’État. Le premier, en habit jaune pâle, lève la main droite pour saluer la population rassemblée pour les accueillir. Le second, revêtu d’un blanc immaculé, préfère la gauche. La symétrie est quasiment parfaite. Et pour cause, depuis février 2019, Mohamed Bazoum a obtenu l’investiture du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir) pour la présidentielle de 2021. Il tentera alors de succéder à Mahamadou Issoufou, qui ne peut constitutionnellement briguer un troisième mandat. S’il reste près d’un an et demi avant l’échéance, le chef de l’État sortant se sait déjà en « tournée d’au revoir » – un adieu pouvant lui paraître un peu trop définitif. C’est lui qui a favorisé le choix de son ministre de l’Intérieur par le PNDS, malgré d’apparentes réticences. C’est encore lui qui a souhaité, deux ans avant l’élection, éviter le combat entre les ambitieux, en limogeant son ministre des Finances, Hassoumi Massaoudou, tenté de jouer sa carte personnelle. Issoufou le sait: il sera en partie jugé sur la qualité de sa succession. Démocratiquement élu en 2011 et de manière plus contestée en 2016, il se montre fermement résolu à respecter la limitation constitutionnelle de deux mandats, comme il l’a encore répété au début d’août dans nos colonnes. « Si nous, chefs d’État, ne donnons pas l’exemple, qui le fera? » lançait-il. Alors que d’autres ne font guère mystère de leurs intentions de prolonger, Issoufou a fait le choix de l’alternance. Il pourra alors se targuer de n’avoir pas succombé aux sirènes fatales à Mamadou Tandja, son prédécesseur renversé en 2010 par Salou Djibo. « La copie n’est pas parfaite, mais Mahamadou Issoufou a en quelque sorte remis la démocratie sur les rails », estime un politologue. « S’il respecte sa promesse, les Nigériens oublieront plus facilement les problèmes passés: l’emprisonnement de Hama Amadou à la fin de 2015, les arrestations de militants de la société civile en 2017 et en 2018, les tensions au sein de la commission électorale… », ajoute-t-il. « Issoufou a pratiqué un verrouillage systématique du pays au profit du PNDS », déplore un membre du parti d’opposition Moden Fa Lumana. « D’abord en utilisant la justice pour bloquer notre leader [Hama Amadou, condamné à un an de prison dans une affaire de « supposition d’enfants »], puis en jouant sur la Constitution et son article 8, interdisant aux personnes condamnées à au moins un an de prison de se présenter à une élection, pour l’empêcher de concourir », précise-t-il. Candidat déclaré à la prochaine présidentielle, malgré des dissensions au sein de sa formation, Amadou vit toujours en exil, notamment au Bénin. Mahamadou
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Issoufou a réclamé à plusieurs reprises l’extradition de l’opposant à son homologue Patrice Talon, qui a, pour l’instant, toujours refusé. L’avenir de l’ex-Premier ministre nigérien n’en reste pas moins incertain: rentrera-t-il au Niger en prenant le risque d’être arrêté, comme ce fut le cas en 2015 ? Ses partisans l’affirment (lire pp. 92-93). « La justice est indépendante au Niger », assure de son côté Mahamadou Issoufou. « Lors de ses deux mandats, le président a sacrifié le développement du pays au profit des dépenses sécuritaires », dénonce de son côté un responsable de la société civile. « Il est parti en guerre contre Boko Haram, pour satisfaire les Occidentaux, mais à quoi cela a-t-il servi? Les jihadistes ont infiltré nos populations en profitant du fait que l’État n’était pas capable d’assurer un développement suffisant dans les régions frontalières du Nigeria. Et c’est la même chose près du Burkina Faso et du Mali », ajoute cette même source. « Le terrorisme se nourrit de la pauvreté mais surtout des inégalités et de l’injustice », poursuit un proche du gouvernement. « Si nous ne réglons pas les problèmes de société et d’économie, on ne vaincra jamais les groupes terroristes », conclut-il.
Blindés, drones et avions
« Bien sûr, l’État doit lutter pour s’implanter davantage dans les régions frontalières et favoriser le développement économique, mais c’est justement en sécurisant ces zones qu’il pourra le faire », explique Kalla Moutari, ministre de la Défense, qui justifie son budget, représentant environ 20 % de celui de l’État (lire pp. 90-91). « Comment voulez-vous construire des infrastructures dans des zones qui ne sont pas sécurisées ? » ajoute-t-il. « Nous avons des bases françaises, américaines, allemandes, des blindés, des drones, des avions… Mais les agriculteurs de la région de Dosso peuvent-ils travailler et vendre leurs marchandises ? Les éleveurs de la région de Tillabéri sont-ils en sécurité? » s’interroge un autre acteur de la société civile, se faisant l’écho du vif débat qui agite la société nigérienne ces derniers mois. À près d’un an et demi de son départ annoncé de la présidence, Mahamadou Issoufou garde son cap. Au début de juillet, il a accueilli le sommet de l’Union africaine – marquant le lancement officiel de la Zone de libre-échange continentale (Zlec). Il a profité de cet événement pour inaugurer au passage l’aéroport de Niamey, fraîchement rénové par l’entreprise turque Summa, ainsi que plusieurs hôtels de luxe, dont un Radisson Blu (lire page 108-110). Son objectif : attirer hommes d’affaires, conférenciers et investisseurs à Niamey. Malgré une pluie de critiques – qui l’accusent notamment de ne pas avoir suffisamment combattu la corruption –, le chef de l’État estime avoir amélioré le climat des affaires, en particulier dans le secteur de l’énergie et des infrastructures. Il s’enorgueillit même d’un bilan positif en matière économique. D’ailleurs, le candidat à sa succession, Mohamed Bazoum, a déjà fait savoir que son programme s’inscrirait dans l’exacte continuité. On ne change pas une formule qui gagne.
EN DÉBAT
Tourisme contre terrorisme MATHIEU OLIVIER
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ans les environs de Kouré, au sud-est de N i a m e y, l e s girafes semblent échapper au quotidien des Nigériens. Comme si, depuis leur altitude, elles étaient parvenues à prendre une certaine hauteur. Elles déambulent paisiblement, d’arbres en points d’eau, sans autre agression potentielle que les épines des acacias faméliques.
Même les quelques pick-up de passage semblent tolérés, comme s’ils leur étaient devenus familiers. Leur expérience des hommes pourrait pourtant les pousser à fuir. Dans les années 1980, sous l’effet de l’activitéhumaine,lesgirafes peralta ne comptaient plus qu’une cinquantaine d’individus au Niger. On prévoyait même leur extinction. Mais, autour de Kouré, les villages en ont décidé autrement,
choisissant de les protéger. Elles sont aujourd’hui plus de 600 à parcourir la région de Dosso en remontant jusqu’à celle de Tahoua. Dix-sept guides se chargent à présent de protéger l’animal, devenu un symbole reproduit à l’envi sur les tentures, les vêtements. À Kouré, les gardes s’abritent derrière des sacs de sable, comme pour mieux rappeler que la zone a été classée orange par
le ministère français des Affaires étrangères et où il est donc déconseillé de se rendre, sauf raison impérative. Quelques rangers sont en formation sous une tente qui prend l’eau. Les panneaux indiquent des informations qui doivent dater d’une époque lointaine et révolue. Partout l’argent manque, en espérant l’ouvertured’unpetitrestaurant. Le Centre nigérien de promotion touristique (CNPT) n’est qu’une goutte d’eau dans le budget du ministère du Tourisme, luimême l’un des moins bien dotés du gouvernement. Quelques salaires sont payés en fin de mois, ainsi que le local et l’électricité. Et s’il reste quelques francs CFA, alors certains projets pourront être financés. Pas question de baisser les bras pourtant dans une région qui voit le développement du tourisme comme un outil de lutte contre le terrorisme. « L’État met 15 % à 20 % de son budget dans la défense, qui ne produit aucune activité économique dans le pays et ne profite à personne si ce n’est à ceux qui commandent ou qui fabriquent les armes, regrette un responsable local. Il perd le contact avec les populations, qui ne l’informent pas des mouvements des terroristes. Injustice et pauvreté ne pourront pas être balayées par les armes. Pourquoi ne pas attribuer une part du budget sécuritaire à des activités économiques comme le tourisme, à même de recréer un lien entre le territoire, les populations et l’État? » La question vaut d’être posée.
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NIGELEC Une société engagée dans une dynamique d’investissements Hydroélectricité, solaire, transport, distribution. La Société Nigérienne d’Électricité (NIGELEC) dispose d’un important portefeuille de projets. La qualité de son bilan financier et la coopération internationale permettent d’avancer dans l’électrification du pays.
de production, d’achat, d’importation, de transport et de distribution d’énergie électrique sur tout le territoire nigérien. Depuis 1973, la NIGELEC exerce ses activités sous le régime de la concession.
Une situation financière solide La NIGELEC compte un effectif de 1 774 agents dont 252 féminins (14,2 %) et une clientèle estimée à 430 000 abonnés. 750 localités sont électrifiées et 3,1 millions de personnes ont actuellement accès à l’électricité, soit 14 % de la population totale (22 millions). Les revenus de la NIGELEC ont atteint 108 milliards de FCFA en 2018, avec un résultat d’exploitation de 8,3 milliards et un résultat net de 5,5 milliards. « Nous sommes une des rares sociétés africaines du secteur de l’électricité ayant une situation financière solide. Ceci nous donne de la marge pour poursuivre la réalisation de notre programme d’investissements » affirme monsieur Halid Alhassane, Directeur Général de la NIGELEC.
Un portefeuille de projets diversifiés Plusieurs projets concernent les énergies renouvelables. La construction de la grande centrale hydroélectrique de Kandadji (130 MW), sur le fleuve Niger, est en cours et la mise en service est prévue en 2024. Deux projets de centrales solaires photovoltaïques ont été lancés à Gorou Banda (20 MW) et Agadez (19 MW). Ils bénéficient de financements de l’Agence française de développement (AFD) et de l’Union européenne. En matière de transport, le principal projet est la grande ligne d’interconnexion (330 kV) Nigéria-Niger-Burkina Faso-Bénin/Togo (875 km), dont la mise en service est prévue en 2023. Deux lignes de 132 kV sont prévues à l’intérieur du Niger : Niamey-Kandadji (130 km) et Dosso-Baleyara (90 km). A cela s’ajoutent les investissements prévus en matière de distribution afin de raccorder les clients, ménages et entreprises. La NIGELEC s’appuie sur les partenaires au développement du Niger, principalement les bailleurs de fonds. Les financements mobilisés représentent un montant de plus de 200 milliards de FCFA.
Agents NIGELEC du STRA, du SREMD, de la CELER et de la DR Dosso, sur un chantier de dépannage à Birnin Gaouré, le 15 juin 2019.
© FAROUK LAOUALI / CELCOM / NIGELEC
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réée en septembre 1968, la NIGELEC est une société anonyme d’économie mixte, exerçant la mission de service public de l’énergie électrique au Niger, dont les capitaux sont détenus majoritairement par l’État (99,38 %). Elle a pour objet la réalisation de toute entreprise ou opérations
COMMUNIQUÉ
ENTRETIEN AVEC
Monsieur Halid Alhassane, Directeur Général de la Société Nigérienne d’Électricité (NIGELEC) Le Directeur Général de la NIGELEC, (2e à gauche) auprès de ses partenaires techniques et financiers sur le chantier d’extension des réseaux de distribution et de développement de l’accès à l’électricité, financé par L’AFD.
Le gouvernement du Niger est déterminé à assurer la satisfaction des besoins en électricité de la population. Le Plan Directeur et les Plans d’Action sectoriels sont actuellement en cours de validation. La dynamique est lancée. Il y a cependant des contraintes… Il y a d’abord l’étendue du territoire (1,27 million de km2) et l’éparpillement de la population. A cela s’ajoute la croissance démographique. En 2019, nous envisageons
Quelle est la contribution de la NIGELEC ? La NIGELEC est maître d’ouvrage des principaux projets mis en œuvre dans le secteur électrique. Ceux-ci font l’objet d’études détaillées, notamment en ce qui concerne le prix de revient du Nous avons cependant l’avantage de KWh et l’impact sur l’environnement. disposer de ressources énergétiques Nous attachons une très grande impropres : pétrole, charbon, uranium, portance à la transparence « L’objectif d’un accès universel à des procédures de passation l’électricité en 2035 peut être atteint. » de marchés. de raccorder 70 000 clients, ce qui permettra de couvrir les besoins de 500 000 personnes. Cependant, la population devrait augmenter de 700 000 nouveaux habitants.
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énergie solaire et hydroélectricité. Notre niveau élevé d’ensoleillement, tous les jours de l’année, ouvre des perspectives intéressantes dans l’énergie solaire. L’exploitation de notre potentiel hydroélectrique pourrait nous apporter 300 MW additionnels. L’objectif d’un accès universel à l’électricité en 2035 peut être atteint.
Adresse du siège social
Téléphone :
201, Av du Général de Gaulle
(+227) 20 72 26 92 à 20 72 26 96
BP 11202 Niamey
Fax :
Niger
(+227) 20 72 32 88
Les financements concessionnels sont, bien évidemment prioritaires, mais nous sommes ouverts à tous les schémas disponibles (BOT, etc.). La NIGELEC travaille en coopération étroite avec les banques régionales de développement (BOAD, BAD, etc.) et les bailleurs de fonds internationaux (Banque mondiale, Union européenne, AFD, etc.).
Email :nigelec@intnet.ne @nigelecofficiel @NIGELEC_SA
www.nigelec.net
JAMG - Photos : D.R.
La Stratégie Nationale d’Accès à l’Électricité (SNAE) a été réalisée par Tractebel Engineering sur financement de la Banque mondiale. Ce document a défini un objectif d’accès universel en 2035, avec un taux d’électrification de 100 % dans les villes et de 70-80 % dans les zones rurales. Les investissements nécessaires pour la construction de lignes de moyenne tension et le raccordement des ménages ont été évalués à 750 milliards de FCFA sur 15 ans, soit 50 milliards par an.
© MARIUS LERUX / ELITE MEDIA NIGER
Quelle est la stratégie mise en place dans le secteur électrique ? Tout d’abord, il faut souligner que le taux d’accès à l’électricité est encore très faible, de 14 % actuellement. Par ailleurs, il y a une forte dépendance de l’extérieur puisque les importations en provenance du Nigéria représentent plus de 50 % de la puissance nationale disponible.
Grand format NIGER ENJEUX
INTERVIEW
Kalla Moutari
Ministre de la Défense
« Les Nigériens doivent sentir que l’État assure leur sécurité » En poste depuis trois ans, il est en première ligne face à la menace terroriste. Et ne compte pas baisser la garde. Propos recueillis par MATHIEU OLIVIER
ans le dispositif mis en place par Niamey pour faire face aux menaces que représentent l’État islamique et Boko Haram le long de ses différentes frontières, Kalla Moutari est évidemment en première ligne. Ministre de la Défense depuis 2016, il connaît bien ses dossiers, et du terrorisme aux contraintes budgétaires de son ministère, n’élude aucune question.
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Jeune Afrique: Diriez-vous que la situation sécuritaire s’améliore au Niger? Kalla Moutari : Nous avons renforcé
nos positions en augmentant nos effectifs le long de la frontière avec le Mali et le Burkina Faso. Notre principal défi est, aujourd’hui, d’être à la fois bien implantés tout en restant mobiles. Nous avons adapté notre présence et ajusté notre déploiement en tenant compte des réalités du terrain. Nous devons être partout présents, avec une capacité de riposte supportée par une base arrière. Nous subissons moins d’attaques directes, mais le danger vient de plus en plus d’embuscades et de mines. Craignez-vous une contagion du conflit communautaire dans le centre du Mali?
Nos deux pays partagent certaines communautés. Lorsqu’un problème surgit d’un côté de la frontière, il y a un risque de contagion et de vengeance en face. Les jihadistes d’Adnane Abou Walid al-Sahraoui ont pu recruter au sein de la communauté peule
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et parmi les jeunes. Une économie locale se développe aujourd’hui autour des terroristes, qui ont réussi à faire croire qu’ils étaient partout, qu’ils pouvaient tout savoir et tout contrôler. À l’État d’être plus présent et de montrer aux Nigériens qu’il assure leur sécurité. Il doit faire en sorte que la population préfère travailler avec lui plutôt qu’avec les jihadistes. Quelle est la situation à la frontière avec le Nigeria,oùBokoHaramsembleavoirgagné en influence?
Nous avons assisté à une recrudescence des attaques de Boko Haram, qui profite de périodes de « pause » dans nos offensives militaires pour regagner un peu en influence dans certaines forêts nigérianes ou dans les îles du lac Tchad. Cela est en partie dû au mode de fonctionnement de la Force multinationale mixte, dont nous faisons partie avec le Nigeria, le Tchad et le Cameroun. Nous devons nous accorder pour maintenir nos efforts, installer une présence continue de nos troupes sur le terrain et, ainsi, permettre aux populations d’y revenir. Mais ces opérations communes ne seront pleinement efficaces que lorsque le Nigeria se sera occupé de Boko Haram sur le plan national. On reproche à l’État nigérien d’avoir soustraitésasécurité,notammentàlaFranceou aux États-Unis.
En cherchant à discréditer l’armée nigérienne et le gouvernement, ces allégations servent nos ennemis tout en mettant à mal
Dans son bureau, à Niamey.
TAGAZA DJIBO POUR JA
nos alliances et le moral de nos troupes. Les populations savent bien que, malgré les critiques, la sécurité est assurée sur le terrain par nos forces armées. Nous disposons de drones de surveillance et nous voulons développer nos capacités aériennes de combat. Mais nous ne pouvons pas surveiller seuls et à tout moment l’entièreté de notre territoire. La collaboration avec les États-Unis et la France est excellente et essentielle. Où en est le financement du G5 Sahel ?
Les États du G5 travaillent pour assurer eux-mêmes une partie du financement pour les années à venir, au cas où l’aide des pays étrangers et de l’ONU viendrait à manquer. Pour le moment, ce sont nos pays qui assurent l’entretien des bataillons sur leur sol. Les contributions ne nous sont pas encore parvenues, et nous attendons le matériel qui doit nous permettre de lancer des opérations et d’obtenir des résultats probants. Les procédures européennes sont lentes, et certains pays membres
NOUS ATTENDONS ENCORE LE MATÉRIEL QUI DOIT PERMETTRE AU G5 SAHEL DE LANCER DES OPÉRATIONS ET D’OBTENIR DES RÉSULTATS PROBANTS.
préfèrent une aide bilatérale à une solution multilatérale. La défense mobilise entre 15 % et 20 % du budget de l’État. N’est-ce pas trop élevé?
Nous avons beaucoup puisé dans le budget national pour la sécurité. Et nous devons bien sûr faire attention à ne pas abandonner nos actions de développement. Nos finances publiques sont certes sous tension, mais nous nous efforçons d’améliorer la mobilisation de nos ressources pour remplir à la fois nos objectifs sécuritaires et socio-économiques. Au-delà de ces solutions sécuritaires, n’existe-t-il pas d’autres façons d’implanter l’État dans les zones frontalières ?
Si la zone n’est pas sécurisée, vous ne pouvez pas construire d’infrastructures. Et il n’y a pas d’activités économiques possibles sans sécurité. Les projets existent dans le pays, et les fonds sont disponibles, mais tout reste au point mort tant que la sécurité n’est pas garantie.
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OPPOSITION
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MATHIEU OLIVIER
a présidentielle nigérienne pourrait-elle se jouer en terre béninoise ? À moins d’un an et demi de l’échéance, Cotonou est en tout cas au centre de toutes les attentions à Niamey. Depuis plusieurs mois, Hama Amadou y a partiellement élu domicile. S’il passe encore du temps en France pour prendre soin de sa santé, l’ancien Premier ministre nigérien, opposant numéro un au chef de l’État et au Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir), a trouvé dans la capitale économique béninoise l’occasion de se rapprocher de sa base militante. C’est à Cotonou – même s’il le fait également en Europe et en Turquie – qu’il se réunit avec ses lieutenants pour évoquer un avenir qu’il espère commun. Candidat malheureux en 2016, détenu lors de l’élection présidentielle, en exil – officiellement pour raisons de santé – et condamné par contumace à un an de prison pour « supposition d’enfants », Hama Amadou est un cas à part. Ses consignes, il les passe davantage par WhatsApp que de vive voix. Quant à un éventuel retour au Niger, seuls ses partisans en semblent aujourd’hui convaincus. Lui-même attend le verdict de son appel devant la Cour de justice de la Cedeao, prévu en octobre, pour se décider définitivement. Quant à Mahamadou Issoufou, il a déjà réclamé à plusieurs reprises à son homologue béninois, Patrice Talon, l’extradition de son rival, qui n’aurait alors d’autre choix que de devoir purger sa peine de prison ferme. Jusqu’à présent, le président béninois a refusé, mais le jeu est dangereux. Le Niger et le Bénin étant en conflit au sujet de la boucle ferroviaire Niamey-Cotonou, Hama Amadou pourrait se retrouver pris dans une lutte d’influence dont il ne maîtrise pas tous les éléments. Le parti de celui que tous appellent « Hama » a en outre bien du mal à conserver sa sérénité et son unité. Le 19 juillet, depuis Cotonou, Hama Amadou a pris la décision de destituer le vice-président Nora Oumarou de son poste de président
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VINCENT FOURNIER/JA
Entrés en campagne en ordre dispersé, les adversaires du président peinent à se faire entendre.
La légitimité de Hama Amadou, leader en exil de Moden Fa Lumana, semble contestée au sein même de son parti.
intérimaire, laissant au bureau politique le choix de choisir un successeur. Quelques jours plus tard, Oumarou attaquait cette décision devant la justice, qui lui donnait raison et le confirmait à son poste. Depuis, les deux camps s’opposent: celui d’Oumarou, soutenu par Seyni Yacouba Mereda et qui affirme ne pas avoir trahi Hama Amadou, et celui du vice-président Soumana Sanda, président du groupe Lumana à l’Assemblée, à qui l’on prête depuis plusieurs années l’ambition de jouer sa carte personnelle. « La crise des lieutenants couve, et plus l’exil de Hama dure, plus elle s’accentue », explique un politique. « Aujourd’hui, personne ne veut prendre le risque de lâcher Hama, car il est très populaire chez les militants, mais beaucoup réfléchissent à sa succession, forcée ou non », ajoute-t-il. Face au PNDS – pas aussi uni qu’il le voudrait mais en ordre de marche derrière son candidat Mohamed Bazoum –, le Moden Fa Lumana s’avance divisé et sans beaucoup de certitudes.
Un an pour rebondir
Ailleurs dans l’opposition – qui a tenté depuis 2012 d’afficher son unité au sein du Front pour la restauration de la démocratie et la défense de la République (FRDDR), les prochains mois semblent moins incertains. L’ancien président Mahamane Ousmane a ainsi annoncé sa candidature à la présidentielle pour le compte du Rassemblement démocratique
Seini Oumarou, l’équilibriste Après avoir soutenu Hama Amadou en 2016, il est devenu haut représentant de Mahamadou Issoufou. S’il maintient son alliance avec la majorité, le chef du MNSD n’en est pas moins candidat à la présidentielle.
et républicain (RDR-Tchanji). Déjà candidat en 2016, il a lancé en juillet sa campagne autour d’un programme portant sur l’éducation, l’emploi, l’énergie, les infrastructures et la justice. Autre « ancien » ayant également réussi à obtenir son investiture : Seini Oumarou, candidat du Mouvement national pour la société du développement (MNSD), désigné fin mars. L’actuel haut représentant personnel du chef de l’État aura cependant fort à faire (lire ci-contre). Un autre ancien « rallié » de Mahamadou Issoufou, lui aussi candidat en 2016, a entamé sa campagne. L’ancien ministre des Affaires étrangères Ibrahim Yacouba, qui avait démissionné en 2018, sera le candidat du Mouvement patriotique nigérien-Kiishin Kassa (MPN) en 2021. Il a d’ores et déjà commencé à faire le tour du pays pour engranger des soutiens et espère faire fructifier son activisme passé au sein du front de l’opposition lors des contestations de la loi de finances et du code électoral. « Il a l’avantage de la jeunesse, mais beaucoup le voient encore comme un pur produit du système Issoufou », tempère toutefois un observateur. « Seini Oumarou va devoir trouver sa place, entre la majorité et l’opposition. Quant à Mahamane Ousmane, il a la notoriété mais ne dispose ni des moyens du PNDS ni de l’énergie de Mohamed Bazoum », reprend-il. Les principaux candidats ont encore un peu plus d’un an devant eux pour faire bouger les lignes.
À 69 ans, l’ancien Premier ministre ne changera sans doute plus. Seini Oumarou a fait du silence l’une de ses armes politiques préférées. C’est peu dire que l’homme s’exprime avec parcimonie. Et quand il accepte un rendez-vous, c’est pour mieux l’annuler. Sa situation mériterait pourtant de longues heures de discussion. Troisième homme de la présidentielle en 2016, il avait soutenu au second tour Hama Amadou, au sein de la Coalition de l’opposition pour l’alternance (Copa). Avant que le patron du Mouvement national pour la société du développement (MNSD, ancien parti de Mamadou Tandja) accepte l’offre du vainqueur, Mahamadou Issoufou: la fonction de haut représentant du président de la République. Difficile, depuis, de savoir où le situer. En acceptant le poste que lui proposait le chef de l’État, il a provoqué des grincements de dents au sein du MNSD. Beaucoup ont en effet peu apprécié ce rapprochement avec la majorité présidentielle, tandis qu’un front de l’opposition
EN ACCEPTANT LE POSTE OFFERT PAR LE CHEF DE L’ÉTAT, IL A PROVOQUÉ DES GRINCEMENTS DE DENTS AU SEIN DE SON PARTI
s’était mis en place pour lutter contre la loi de finances 2018 puis contre le code électoral. À la fin de mars, lors du congrès de son parti à Tahoua, Seini Oumarou a toutefois prouvé qu’il tenait fermement les rênes et qu’il n’avait rien perdu de ses talents d’équilibriste. Au soir de son rassemblement, le MNSD a maintenu son alliance avec la majorité présidentielle, avec qui il fait « ménage commun mais chambre séparée », selon l’expression d’un militant.
« Opposant constructif »
« Notre parti peut contribuer à assurer la stabilité des institutions et permettre au pays de poursuivre dans la sérénité sa longue et difficile marche vers le progrès », a affirmé Oumarou, confirmant sa position de premier allié du chef de l’État. Partenaire donc, mais également adversaire. Car c’est lors de ce même congrès que Seini Oumarou a été désigné candidat du MNSD pour la présidentielle de 2021. « Il espère y jouer un rôle, quelque part entre l’allié insoumis et l’opposant constructif », explique un observateur. « Seini a obtenu des postes pour lui et pour ses fidèles en 2016. Cela a permis au MNSD de tenir en attendant la prochaine élection. Avec la base dont il dispose au sein du parti, il est quasiment assuré de jouer le podium et de maintenir son rang », conclut une autre source. M.O.
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NIGER TELECOMS
Le meilleur de la technologie à votre service Un entretien avec monsieur ABDOU HAROUNA, DG de NIGER TELECOMS
Monsieur le Directeur Général, le sommet des chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine 2019 vient de s’achever sur un satisfecit général. NIGER TELECOMS a été l’un des grands acteurs du succès de l’organisation de la réunion. Comment expliquez-vous cette réussite ? Quelle a été l’importance de la connectivité Internet ?
• Renforcement de la sécurité du réseau : installation d’un nouveau gestionnaire de bande passante; déploiement d’équipement QOS (pour la qualité de service); installation d’un second routeur Cisco ASR pour une meilleure gestion du trafic IP; mise en place de deux experts pour le support sur site à l’équipe NT.
Je vous remercie pour cette opportunité qui m’est offerte et qui me permet de revenir sur cet évènement toujours vivace dans nos esprits. En effet, tout Nigérien doit être fier du succès du sommet. Fier pour son pays et fier de lui même pour avoir, d’une façon ou d’une autre, contribué à la réussite de cet évènement.
• Augmentation de la capacité IP sur les trois frontières : Bénin, Burkina et Nigeria.
NIGER TELECOMS a largement anticipé le sommet. Nos équipes ont fait en amont un travail très important en ce qui concerne l’installation des différentes lignes et câbles de fibre optique afin d’assurer que tout le dispositif de connexion Internet en place soit opérationnel sur tous les sites. Nous avons établi un dispositif de veille technique permanente avec une équipe de techniciens dédiés et dévoués. Ces personnes ont été de véritables vigiles, de jour comme de nuit, sur les différents sites pour tester la connexion et vérifier les équipements. Autrement dit, ils ont œuvré pour anticiper toute défaillance technique ou toute défectuosité du matériel. Les principales réalisations et dispositions majeures prises avant et pendant ce sommet sont les suivantes : • Densification du réseau GSM avec installation des nouveaux sites. • Organisation des liaisons Radio et Wifi : installation d’une nouvelle plateforme intelligente; couverture de tous les sites avec un Wifi haut débit (Palais des Congrès, centre d’accréditations, hôtels, etc…); boucle radio pour servir de backup aux liaisons Fibre Optique.
• Connexion de tous les sites du sommet via le réseau de fibre optique.
• Mise en place d’une capacité spécifique de 8 Gbps pour les besoins du sommet. • Câblage du Palais des Congrès pour le live streaming, la presse, l’équipe UA et la sécurité avec 1 Gbps de capacité internet • Mise en place d’une équipe d’ingénieurs et de techniciens pour assurer un support 24/7 sur tous les sites. J’ai personnellement effectué plusieurs visites inopinées sur ces lieux et, à ma grande satisfaction, j’ai toujours trouvé les équipes en état d’alerte et très actives. Voilà, en résumé, ce qui explique le succès obtenu. Le patriotisme mis en avant par NIGER TELECOMS dans la préparation de ce sommet a prévalu. Nous avions compris l’enjeu et l’ampleur de l’évènement pour notre pays et nous avons joué à fond notre partition. C’est l’occasion pour moi de réitérer mes profonds remerciements, une fois encore, aux équipes de la DT et de la DAS qui non seulement nous ont fait honneur mais ont montré un bel exemple de synergie et d’esprit d’équipe, une attitude et un état d’esprit que nous avons toujours inculqués à NIGER TELECOMS. Notre mérite a été reconnu car nous avons reçu de nombreuses félicitations, la plus marquante étant celle du IT Infrastructures and Security Coordinator de l’Union Africaine à Addis Abeba.
COMMUNIQUÉ
« À NIGER TELECOMS, nous étions au sommet de l’UA avant même l’échéance. Nos équipes faisaient en amont un véritable travail de titan… » déclare monsieur ABDOU HAROUNA, DG de NIGER TELECOMS Il y avait un grand scepticisme sur la capacité de NIGER TELECOMS. Vous y avez cru et vous avez réussi. Quel sentiment vous anime à présent ? Comme je l’ai mentionné précédemment, nous avions considéré ce sommet comme un véritable challenge qu’il fallait relever afin de prouver à la nation entière et au-delà que nos slogans et la réputation de NIGER TELECOMS ne sont pas de vains mots. Le focus a été de mobiliser notre personnel autour de cet objectif, de les rendre conscients de l’ampleur de la tâche afin qu’ils puissent être à la hauteur de nos attentes. Leur dynamisme, leur abnégation et, une fois encore, au risque de me répéter, leur patriotisme ont prévalu. Ceci étant dit, douter de nos capacités humaines ou techniques serait faire preuve de mauvaise foi. Nous avons prouvé que tout scepticisme quant à notre capacité était injustifié. Donc, tout naturellement, j’en tire une véritable satisfaction pour moi, mon équipe et mon pays sous le leadership ô combien éclairé du Président de la République S.E MAHAMADOU ISSOUFOU.
Monsieur le Directeur Général, vous étiez à la mijuillet à Paris pour recevoir un oscar décerné par le Conseil International des Managers d’Afrique (CIMA). Quelle a été votre réaction quand vous avez appris la nouvelle? Quel est le secret de cette réussite ? En effet, la surprise a été énorme quand la notification m’est parvenue. La société est en pleine restructuration. Certes, il y a eu des avancées considérables mais, en mon âme et conscience, je ne me voyais pas recevoir l’oscar du meilleur manager d’Afrique aussi tôt. L’humilité et la modestie commandent une certaine dose de réalisme, c’est pourquoi je ne me suis pas enflammé quand cette nouvelle m’est parvenue. Mais je ne vais pas me substituer au panel qui a opéré ce choix. Je ne ferai que les remercier pour avoir reconnu à juste titre le mérite de nos efforts dans cette exaltante et passionnante mission. Le secret de toute réussite, c’est, d’une part, la capacité à surmonter la peur de l’échec et, d’autre part, la foi et la conviction en soi-même et en l’objectif qu’on s’est fixé. Enfin, il faut, bien sûr, travailler pour atteindre cet objectif sans jamais se décourager quels que soient les embûches et l’adversité. C’est cet état d’esprit qui m’a toujours animé quand j’aborde une nouvelle tâche ou une nouvelle mission. Et, last but not least, le choix des hommes y est aussi pour beaucoup : savoir s’entourer des meilleurs est tout aussi fondamental et crucial. Donc, si secret il y a, comme vous me le demandiez, c’est celui que je viens d’énoncer.
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illuminons l’Afrique
JAMG - PHOTOS : D.R.
NIGER TELECOMS Partenaire Premium de I'Agence UA Niger 2019
Grand format NIGER
ÉCONOMIE Avec ses bonnes performances macroéconomiques et l’amélioration du climat des affaires, le pays inspire désormais confiance aux bailleurs de fonds et aux investisseurs.
Raffinerie d’Agadem, exploitée depuis 2011, dans la région de Zinder.
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TAGAZA DJIBO
Indicateurs au vert
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Grand format NIGER ÉCONOMIE
ALAIN FAUJAS
À
la lecture des prévisions du FMI pour le Niger, on n’en croit pas ses yeux. Il est l’un des pays les plus pauvres du monde. Il consacre 18 % de ses maigres recettes budgétaires au rétablissement de la sécurité sur son territoire, menacé par les organisations terroristes. Pourtant, sa croissance devrait accélérer – et passer de 5,2 % en 2018 à 6,5 % cette année – et atteindre le taux étonnant de 11 % en 2022. Les autres indicateurs de l’économie nigérienne confirment la bonne santé du pays. Certes, le gouvernement apure laborieusement les arriérés de paiements domestiques, mais l’inflation est en train de passer sous les 3 %, conformément aux prescriptions de l’Uemoa. Et le déficit budgétaire ne cesse de diminuer et devrait descendre jusqu’à 3 % du PIB en 2020, même si cet assainissement suscite un fort mécontentement populaire. À quoi est dû un tel dynamisme? Les pluies et les récoltes abondantes, la hausse de la production pétrolière et la reprise du voisin nigérian l’expliquent en partie. On peut aussi invoquer l’augmentation de la production d’or dans le nord, la mise en route de la cimenterie de Malbaza Cement Company, la préparation du sommet de l’Union africaine de juillet – qui a dopé les capacités hôtelières à Niamey – ou le chantier de l’usine de traitement des eaux de la capitale. Autre explication: l’afflux de capitaux internationaux ne se dément pas. Le Niger a joué la carte du multilatéralisme et de la coopération internationale. En se montrant un très bon élève du FMI, en accueillant des bases militaires américaines et françaises et en participant au G5 Sahel,
il a donné confiance aux bailleurs de fonds. Ceux-ci soutiennent désormais ses nombreux projets et veulent l’aider à supporter le fardeau des 300000 personnes déplacées sur son territoire. La Banque mondiale est ainsi le chef de file des onze contributeurs au financement – 1,2 milliard d’euros requis – de la construction du barrage de Kandadji, sur le fleuve Niger. L’agence américaine Millenium Challenge Corporation met en œuvre un programme d’aide quinquennal de 437 millions de dollars couvrant plusieurs domaines (éducation, agriculture, santé). Quant aux Chinois, ils financeront l’oléoduc vers le Bénin (lire p. 98). Le pic de croissance de 11 % en 2022 sera, certes, très exceptionnel, car provoqué par la mise en service de ce pipeline et par l’exploitation de nouveaux puits de pétrole. Mais la progression semble partie pour durer, grâce à l’énergie réformatrice de l’équipe gouvernementale. Celle-ci a déjà fait ses preuves : en consacrant 15 % des recettes budgétaires à l’initiative 3N (« Les Nigériens nourrissent les Nigériens »), elle a contribué à augmenter de 71 % la capacité des cultures pluviales et de 360 % celle des cultures irriguées.
FRUIT DE LA VOLONTÉ RÉFORMATRICE DES AUTORITÉS, LA DIMINUTION DU DÉFICIT BUDGÉTAIRE SE POURSUIT, QUI DEVRAIT ÊTRE RAMENÉ À 3 % DU PIB EN 2020.
Systèmes informatisés
Niamey tente également de dynamiser le secteur privé, seul capable de diversifier son économie. Il a d’ailleurs progressé en matière de climat des affaires: il a gagné une place dans le classement 2019 Doing Business de la Banque mondiale et figure au 143e rang sur 190 pays. Actuellement, le nigérian Dangote construit sur son territoire une cimenterie d’une capacité d’un million de tonnes qui permettra au pays de ne plus importer de ciment. Et la chinoise Zijing Hechuang Science & Technology Development Company est active dans la recherche d’uranium dans la région d’Agadez.
NIAMEY AU SOMMET Jamais dans son histoire la capitale nigérienne n’avait organisé un tel événement. Effectivement, près de 5 000 participants, dont 31 présidents, s’y sont rendus du 4 au 8 juillet pour participer au 33e sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine. Pour l’occasion, Niamey avait mis les petits plats dans les grands, avec sa nouvelle aérogare internationale
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ultramoderne, deux nouveaux hôtels de prestige et un Centre international de conférences flambant neuf. Une « vitrine » sur laquelle le Niger compte pour attirer les investisseurs africains de demain et pour consolider son économie, en pleine croissance ces dernières années. Ce rendez-vous était justement consacré à la future Zone de libre-échange continentale africaine
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(Zleca), créée en mars 2018 au Rwanda. Avec déjà 27 États membres, elle couvre un marché de 1,2 milliard de personnes pour un PIB combiné de 2,5 milliards de dollars. Au menu des débats figuraient l’harmonisation et la révision à la baisse des droits de douane sur l’ensemble du continent, destinées à stimuler les échanges commerciaux entre États et à favoriser
la création d’emplois, notamment pour la jeunesse. Face à la menace terroriste qui plane sur la région, rien n’avait été laissé au hasard. Des brigades de police ont été spécialement formées pour l’événement et les 12 000 soldats des Forces armées nigériennes (FAN) ont été mobilisés, aux frontières comme sur l’ensemble du territoire. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND, envoyé spécial à Niamey
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Protégeons les plus vulnérables Joignez-vous à la lutte contre le paludisme Cette publicité est soutenue par le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) du Niger.
1. Pour les enfants de moins de 5 ans. Source: WHO site web, Seasonal Malaria Chemoprevention (SMC).
Photo: buraktumler/Shutterstock
La chimioprévention du paludisme saisonnier prévient environ 75% de tous les accès palustres chez les petits enfants.
Grand format NIGER ÉCONOMIE
Augurant d’un avenir prometteur, « le gouvernement fait avancer son vaste programme de réformes structurelles à un rythme régulier », comme le notait le FMI en décembre 2018. Au programme, renforcement des capacités au sein des administrations fiscale et douanière d’une part, mise en place de leurs systèmes informatisés d’autre part, ainsi qu’entre la Banque centrale et le Trésor, réforme de la gestion des ressources humaines dans la fonction publique et audits des entreprises publiques.
REPÈRES
Scolarisation des filles
Total des recettes, dons compris Total des dépenses et prêts net
Projections
2017 2018 2019 2020 PIB réel, à prix constants Inflation (moyenne annuelle)
(en %)
4,9
6,5
6,3
6,0
0,2
2,7
1,6
2,5
Solde budgétaire global
– 5,7 14,4 26,8
– 4,1 16,7 29,2
– 4,1 16,0 28,9
– 3,0 17,2 28,4
Investissement brut
40,0 12,7
42,9 15,5
45,3 15,4
47,9 15,5
Total de la dette de l’État
54,4 19,1
53,8 18,8
54,2 17,8
52,7 15,6
Dette extérieure de l’État
35,3 23,1
35,0 24,5
36,5 26,2
37,1 26,4
(en % du PIB)
Public
Dette publique intérieure
En valeur actuelle nette (VAN)
Dans la dynamique régionale Croissance du PIB réel, à prix constants, en 2018, des pays de l’Uemoa, en %
Côte d’Ivoire
7,4
Bénin
6,6
Niger
6,5
Sénégal
6,2
Burkina Faso
6
Mali
4,9
Togo Guinée-Bissau
4,9 3,8
Très timide reprise des IDE
8 7 6
Investissements directs étrangers, en milliards de dollars 6,53 5,18
Stocks
5,28
5 4 3
Flux entrants
2 0,82 1 0
2014
0,46
0,30
2015
2016
2017
2018
De l’énergie à revendre Le Niger se prépare à devenir un exportateur significatif d’énergie. Ses déficits en électricité devraient diminuer fortement avec les mises en chantier des centrales de Gorou Banda (thermique) et de Malbaza (solaire), et surtout avec le futur barrage de Kandadji, d’une puissance de 130 mégawatts (MW), qui devrait produire une électricité dix fois moins chère que celle obtenue avec des turbines fonctionnant au fuel. Les bonnes nouvelles se multiplient aussi dans le domaine pétrolier. Sonatrach a découvert un gisement important à Kafra, à la frontière algérienne, et la China National Petroleum Corporation
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(CNPC) met en route un deuxième puits à Agadem. La perspective de faire passer à terme la production d’hydrocarbures de 20 000 à 100 000 barils par jour a poussé le gouvernement nigérien à s’accorder avec le Bénin pour la construction d’un oléoduc long de 2 000 km, pour un coût estimé à 2 milliards de dollars, afin d’exporter ses excédents dans de bonnes conditions de sécurité. Le gouvernement a rendu public, en janvier, les grandes lignes de sa politique destinée à « faire du secteur pétrolier nigérien un moteur de développement économique et social », ce qui suppose une répartition des recettes plus favorables
à Niamey. Il entend donc élargir le nombre de ses partenaires, aujourd’hui au nombre de trois : CNPC, Sonatrach, et le britannique Savannah Petroleum. Son objectif est de développer le secteur pétrolier afin de faire passer sa part du PIB de 4 % en 2017 à 24 % en 2025, des recettes de l’État de 19 % à 45 %, des recettes d’exportation de 16 % à 68 %, et des emplois salariés de 5 % à 8 % à 8 % à 12 %. Le Niger a demandé en janvier à réintégrer l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), qu’il avait quittée en octobre 2017. A.F.
SOURCES : FMI ; BANQUE MONDIALE ; PNUD ; CNUCED
La collecte des recettes publiques est également devenue une priorité, et plusieurs mesures sont destinées à augmenter leur volume : rétablissement partiel des taxes sur les appels téléphoniques de l’étranger, intégration dans le budget des recettes de l’Autorité de régulation des télécommunications et de la Poste, simplification et relèvement de la TVA payée par les PME, lutte contre la contrebande pétrolière grâce à un marquage moléculaire et un meilleur recouvrement des arriérés d’impôts. La détermination des responsables nigériens s’observe aussi par la vigueur de leur politique démographique. Handicapé par le plus fort taux de natalité du monde, qui l’empêche de faire baisser rapidement le chiffre de 42 % de sa population vivant sous le seuil de pauvreté, le Niger a mis en œuvre un plan de scolarisation des filles afin de retarder l’âge de leur mariage. Si l’on parvient, en 2020, à convertir à la contraception la moitié des femmes, contre 12 % au début des années 2010, il sera envisageable d’abaisser le taux de fertilité de 7,3 enfants par femme en 2015 à 5,3 en 2021 et la croissance démographique de 3,8 % à 3,06 %. Ce qui permettait d’améliorer grandement les conditions de vie des Nigériens.
Poussée de croissance
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Grand format NIGER ÉCONOMIE
ENTREPRENEURIAT
Patrons nouvelle génération
Symboles d’un secteur privé en plein renouveau, ces hommes et femmes d’affaires se lancent dans des domaines encore peu développés dans le pays. Portraits. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND
l n’y a pas que l’économie nigérienne qui se réinvente. Les entrepreneurs locaux savent également faire preuve d’innovation et d’audace, et tentent leur chance dans
I
des secteurs d’activité jusqu’alors peu développés dans leur pays. Environnement, services aux entreprises et aux collectivités, transports et logistique, communication ou encore confection… Cette nouvelle génération d’hommes et de femmes d’affaires débarque aujourd’hui sur
les marchés en apportant d’autres idées, des savoir-faire et des conceptions différentes de leurs métiers et de leurs missions. Gros plan sur quatre de ces acteurs économiques qui symbolisent un secteur privé nigérien lui-même en plein renouveau.
Abdou Maman KANÉ Irrigation 2.0
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FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR JA
P
our le PDG de TechInnov, tout a commencé du côté de Zinder. « On jardinait près de la mare, puis un jour, elle a disparu », explique Abdou Maman Kané, petit-fils d’agriculteur. Une des conséquences du réchauffement climatique. « Le stress hydrique, c’est toute ma vie », résume cet informaticien de formation qui a eu la bonne idée de mettre la technologie au service de l’eau. Après avoir fondé son Atelier de prestations de services informatiques (Apsi), il décide de créer des « applications de développement pour résoudre des problèmes de société ». En 2011, France Telecom lui demande de créer des applications s outenant le monde agricole et rural. Il met
au point un système de télé-irrigation contrôlé à distance par un téléphone portable. « Il y a des capteurs autour du champ qui collectent des données météorologiques. En cas de besoin hydrique, ils lancent
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l’alerte sur le portable et on déclenche l’arrosage », explique l’entrepreneur. Dans la foulée, il crée Tech-Innov, d’abord pour développer de nouveaux services en milieu rural, puis en ville. Niamey bénéficie à son tour d’un
système de télé-irrigation qui invite les habitants à entretenir eux-mêmes les espaces verts récemment créés. Aujourd’hui, les solutions de Tech-Innov sont également développées à Abidjan et à Dakar. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND
Ange CHEKARAOU BAROU
À
Niamey, Ang e Chekaraou est incontournable. Tout le milieu des affaires et le monde politique le connaît ou le croise, notamment dans son QG, au restaurant italien Le Pilier, pas très loin du palais présidentiel. À 36 ans, le jeune homme d’affaires a gardé le sourire de l’étudiant, mais sa mission est sérieuse : convoyer des produits sensibles, dangereux ou rares dans toute la sous-région. Il tait le nom de ses clients par discrétion, mais tout le monde
a besoin de ses services. Diplômé d’un master en droit international, il a d’abord évolué dans le milieu humanitaire. Il est directeur administratif et institutionnel chez Acted, puis officier de protection au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), avant de jeter définitivement l’éponge en 2012, « déçu par un milieu complexe et carriériste ». Il fonde et dirige alors la société LSSC en 2012, un cabinet de conseil juridique et fiscal. Fort de son réseau, il rejoint en 2014
Imane AMINAMI
FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR JA
Communication XXL
FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR JA
Convoyeur exceptionnel
le groupe Necotrans, prenant la direction de sa filiale Transmine au Niger. À la suite de la faillite du groupe français, il poursuit l’aventure avec le repreneur, ICS
Monaco. Apprécié pour son sérieux et sa connaissance du continent, il vient d’être promu directeur général d’ICS Transmine Niger. F.-X.F.
À
35 ans, la PDG de l’agence de communication Prémices incarne une certaine jeunesse dorée. Elle est née en Arabie saoudite, a grandi en Égypte, puis au Soudan, avant de passer son bac à Rabat. Ex-Miss Niger 2004, ancien mannequin pour le styliste Alphadi, cette fille de diplomate, d’origine soudanaise par sa mère, parle sept langues, une aubaine dans son secteur: la communication! Diplômée d’un BTS de gestion obtenu à Lomé, elle décide de rentrer au Niger au début des années 2000. Elle travaille plusieurs années en tant que responsable commerciale avant de créer l’entreprise d’événementiel Creative Event avec sa sœur. En 2017, elle se lance et ouvre Prémices, avec Hugues, son ami graphiste. « Je veux révolutionner la communication, avec plus d’esthétique, en renforçant le design et le street marketing », explique la jeune femme, qui enchaîne les gros contrats. La compagnie Royal Air Maroc, Airtel, Lagardère Sports, le HCR, entre autres, lui ont déjà confié leur communication ou leurs campagnes publicitaires. Après avoir travaillé à la Coupe de la confédération 2019, Imane Aminami prépare un autre événement de grande envergure, avec concerts et artistes internationaux. Mais la jeune femme aimerait maintenant se lancer dans la communication politique. Un nouveau défi à la hauteur de cette ambitieuse assumée. F.-X.F.
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Mariama DAOUDA Force créatrice
Président du Conseil national du patronat (CNP) du Niger
« Tout reste à faire dans ce pays » Comment se porte le milieu de l’entreprise au Niger, notamment après la tenue du sommet de l’Union africaine dans la capitale ? Cet événement a été l’occasion de se pencher sur la création de la Zone de libreéchange continentale, qui doit faciliter les échanges entre les différents pays africains. Au CNP, nous essayons de mobiliser les acteurs privés sur ces questions, avec une attention toute particulière portée à l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes. Nous tentons de soutenir au maximum les secteurs industriel, minier et agricole. Et d’améliorer l’environnement des affaires… La globalisation fragilise parfois nos entreprises. Nous faisons face à une concurrence qui n’est pas équitable. Pour quelles raisons ? Nous sommes confrontés à des problèmes de transport, d’énergie et de coûts de production qui ne nous permettent pas d’être compétitifs par rapport aux multinationales étrangères, même si le coût de notre main-d’œuvre n’est pas élevé. L’attribution des marchés ne bénéficie pas aux PME, parce que les grandes infrastructures et les prestations de service qui leur sont liées ne 102
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sont pas réalisées par des entreprises nigériennes. Comment faire évoluer les choses ? Le Niger a d’énormes ressources minières et agricoles, mais les développements dans ces secteurs sont restés très limités depuis l’indépendance. Tout reste à faire dans ce pays, il faut tout améliorer, du système fiscal aux infrastructures qui permettent de diminuer les coûts de transport ou d’améliorer la production énergétique pour éviter les longs délestages préjudiciables à la production. Et la corruption reste un problème, malgré les progrès enregistrés lors des procédures administratives. Ces différents dossiers constituent d’ailleurs les principaux axes du Plan stratégique 2019-2023, que nous venons de publier. Comment soutenez-vous concrètement les jeunes chefs d’entreprise ? Nous accompagnons les jeunes investisseurs dans leurs projets en organisant diverses formations. Nous les aidons à trouver des stages. Nous les accompagnons, en luttant à notre niveau contre la cooptation ou le favoritisme. Pour que chacun puisse avoir sa chance dans ce pays.
Propos recueillis par FRANÇOIS-XAVIER FRELAND
À
28 ans, la créatrice Mariama Daouda symbolise à elle seule cette nouvelle génération d’entrepreneurs nigériens innovants et décomplexés. La fondatrice de la marque Zamary Accessory est tout sauf une « fille de ». Originaire de Tillabéri, elle s’est construite toute seule. Orpheline très jeune, elle a été élevée par son oncle médecin qui lui a inculqué le goût du travail bien fait, celui des traditions aussi. On retrouve ainsi sur ses sacs la croix d’Agadez. Après avoir vécu au Burkina Faso, Mariama Daouda a fait ses études à Niamey. Maîtrise en ingénierie financière et bancaire en poche, elle décide de revenir à ses premières amours: la maroquinerie. Toute petite, elle confectionnait déjà des boîtes à bijoux. Aujourd’hui, Mariama dessine ses sacs et assure leur promotion « Je fais tout de A à Z, avec les moyens du bord », s’amuse-t-elle. Pour la partie confection (vannerie, tissage), elle dispose de quatre ouvriers et fait travailler des centaines de femmes formées dans son petit atelier de Niamey. Ses sacs en cuir ou tissés associent tradition et modernité, autant du point de vue des techniques comme du design. Vendus entre 20000 et 35000 F CFA pièce (entre 30 et 55 euros), ses accessoires visent avant tout une clientèle locale aisée ainsi que les expatriés. Lauréate du Fima (Festival international de la mode en Afrique) 2018, avec le prix du meilleur maroquinier africain, elle espère maintenant faire connaître sa marque à l’étranger. F.-X.F.
FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR JA
FRANÇOIS-XAVIER FRELAND POUR JA
Saley Seybou
COMMUNIQUÉ
HAUTE AUTORITÉ À LA CONSOLIDATION DE LA PAIX
La HACP, outil de consolidation de la Paix au Niger
Les points d’eau : Essentiels pour les nomades
Le Président de la HACP à la rencontre des populations
L
a HACP est une institution de mission rattachée à la présidence de la République, chargée de l’analyse prospective, de la prévention et de la gestion des crises et conflits. L’institution est dirigée par un Président qui a rang de ministre et qui est membre du Conseil National de Sécurité (CNS).
Créée en 1995, à l’issue des accords de Paix d’Avril 1995, la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) a connu une évolution institutionnelle qui l’a conduite à sa forme actuelle. La mise en œuvre de ces axes des accords de paix inspire, vingt ans après, le programme de la HACP. La HACP travaille sur fonds propres (budget de l’Etat) ou avec le soutien des partenaires du Niger (institutions internationales, notamment l’UE, l’AFD, les agences des Nations Unies, les missions des stabilisations du Ministère Français des Affaires Etrangères et du Ministère Britannique des Affaires Etrangères, la Suisse, le Danemark, l’USAID). Le général Abou Tarka en maître d’école
ENTRETIEN AVEC... Général de Brigade MAHAMADOU ABOU TARKA, Président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP)
Votre pays fait face à de nombreux défis sécuritaires et combat le terrorisme sur plusieurs fronts. Quelle est la situation aujourd’hui ? Nous controns sur notre territoire les effets de la déstabilisation du Nord du Mali par les groupes terroristes, et les incursions meurtrières de Boko Haram à partir de l’Etat de Bornou au Nigéria. Nous sommes en alerte dans le Nord face à la Libye où l’État n’existe pas et d’où proviennent les armes et les combattants qui nourrissent les deux autres foyers de tension. Quelle est votre stratégie ? La guerre contre le terrorisme n’est pas une guerre classique, un combat frontal « Armée contre Armée ». La force n’est qu’un outil parmi les autres. Il faut isoler les terroristes, protéger la population. C’est une bataille de légitimité avec comme centre de gravité l’adhésion des populations. Le terrorisme se nourrit des frustrations et des petits conflits locaux qu’il instrumentalise. A travers une combinaison de coercition et de justice expéditive (mais efficace) son but est de s’implanter et de contrôler les circuits économiques. Tirant des leçons de l’expérience réussie du règlement de la question Touareg des années 90, nous adoptons une approche politique volontariste d’intégration et d’inclusion pouvant aller jusqu’à des mesures de discrimination positive vis à vis des populations cible et en
sécuritaire dans une zone donnée. Il y a des actions de prévention et d’encadrement des populations à travers un dialogue continu grâce aux caravanes de la paix qui sillonnent les villages et campements ; les forums que nous organisons pour débattre des questions d’intérêt public ; les actions de promotion de la Quelle est la clé de cette guerre ? citoyenneté telles que les audiences foraines Il faut entretenir un dialogue permanent avec pour l’établissement des pièces d’état-civil, les communautés, être attentif aux percepdans des zones ou l’appartenance à l’État ne tions d’injustice ou d’exclusion, lutter pour va pas de soi. conquérir « le cœur et l’esprit » des populaA certains moments, nous activons notre votions. Chercher à s’assurer de la loyauté des let d’Actions Civilo-Militaires qui visent à perpopulations, en déconstruisant les discours mettre aux militaires en opération d’évoluer identitaires ou extrémistes. C’est la clé de au sein des populations comme un poisson cette guerre. dans l’eau. Étant une insAu Niger, nous partons d’un titution transversale, nous avantage certain, l’absence « Nous ou adoptons une créons une dynamique de conflit endogène. En efapproche a p politique d’échange entre les difféfet, aucune zone de notre pays ne conteste l’autorité volontariste volonta d’intégration rents acteurs intervenant dans la lutte contre le terde l’État et aucune commuet d’inclusion. » rorisme, pour nous assurer nauté n’est en dissidence que la réponse est globale. par rapport au gouverneC’est ainsi que nous travaillons beaucoup avec ment. Les groupes qui nous attaquent sont les magistrats, les policiers en plus des militous basés à l’extérieur de nos frontières. Mais taires. ils cherchent à s’installer sur notre territoire, il Enfin, la mise en œuvre de nos projets passe faut donc continuer à rester vigilant. toujours par les administrations communales, départementales ou régionales, qui disposent Concrètement, quelles sont les actions des cadres techniques compétents. Il est imque vous entreprenez pour atteindre ces portant que notre action porte la marque de résultats ? l’État du Niger, dont nous renforçons ainsi la La panoplie d’actions est très large, et dépend crédibilité et la légitimité. du niveau de la détérioration de la situation
faveur des zones d’intérêt des groupes terroristes. Nous sommes aidés par la politique d’Unité Nationale qui constitue un pilier essentiel du programme de renaissance du Président de la République.
«
COMMUNIQUÉ QUELQUES EXEMPLES DE PROJETS MIS EN ŒUVRE PAR LA HACP DANS LES ZONES EN CONFLIT Projet d’appui à la stabilité et à la cohésion communautaire dans la zone Nord Tillabéry PASC I et II. Redressement Nord Tillabéri. Projet des Trois frontières.
Des infrastructures sociales pour les nomades
Judiciarisation de la lutte anti-terrorisme. Appui au renforcement de la résilience dans la zone frontalière avec le Burkina Faso. Projet AGAPAIR. Instrument de Stabilité.
Un complexe de la paix au Nord de Tillabery
Le volet de la « discrimination positive »
Les accords de paix ont été articulés autour de trois volets. Le premier volet, dit de « discrimination positive », concernait l’insertion des ex-combattants, mais aussi des ressortissants non-combattants des zones en conflit dans les Forces de défense et de sécurité, les administrations publiques, et l’attribution des bourses d’étude pour les universités et les grandes écoles À ce titre, la HACP propose au gouvernement la mise en œuvre d’une politique d’inclusion pour renforcer la diversité dans les Forces de Défense et de Sécurité et la fonction publique. Elle est autorisée à nommer des chargés de missions et des délégués régionaux dans les zones vulnérables du point de vue sécuritaire. Ces personnes sont salariées mais restent dans leurs campements et villages respectifs où ils constituent les relais de la HACP. Ils participent ainsi à la veille sécuritaire dans ces zones.
Des caravanes de sensibilisation
La HACP organise également des caravanes de sensibilisation, des Fora, des ateliers et des rencontres au profit des acteurs de résolution de conflits (administration, chefferies coutumières, leaders religieux), des audiences foraines, et crée des cadres de concertation comme les Comités Communaux de Paix et les Commissions de Paix au niveau régional. Toutes ces rencontres permettent aux pouvoirs publics de prendre la température et d’être en permanence au contact des populations des zones instables, souvent frontalières des États voisins en proie aux activités des groupes terroristes ou criminels.
Programme SECURISER. Programme d’appui au traitement judiciaire et au processus de réintégration des ex-combattants de Boko Haram (PRAJURD). Projet d’appui à la Stabilisation
et à la réinsertion économique Nord Tillabéry des jeunes (PASREJ). Peace Bulding Fund Niger. Appui au renforcement de la stabilité de la zone de Diffa au Niger.
Activités génératrices de revenu pour les femmes de Diffa
Forum avec les populations à Diffa
La décentralisation et la réforme institutionnelle
Le deuxième volet avait trait à la décentralisation qui venait compléter l’établissement des circonscriptions spéciales dans les zones peu peuplées pour augmenter le niveau de représentativité des minorités au sein du Parlement. La décentralisation intégrale du pays a été réalisée avec l’élection des Conseils Régionaux et des Conseils Municipaux. L’action de la HACP se concentre sur 76 communes.
L’enjeu du développement économique
Le troisième volet avait pour objectif d’accélérer le développement économique et la reconstruction des régions touchées par les rebellions, qui étaient alors perçues comme des zones qui étaient négligées par l’État central. La HACP met toujours en œuvre, dans les régions touchées par la menace terroriste, des projets de stabilisation et de renforcement de la cohésion au profit des communautés impactées par l’activité des groupes terroristes. Les projets ainsi mis en œuvre sont de type « projets à impacts immédiats », dont les résultats rapides sont autant de dividendes de la paix. C’est ainsi que des activités génératrices de revenus (AGR) ou des travaux à haute intensité de main d’œuvre (HIMO) sont organisées au profit des jeunes, des femmes et des autres groupes vulnérables. Ces activités rapprochent les administrés des administrations publiques et renforcent la crédibilité et la légitimité de l’État. Ce troisième volet entre dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie de Développement et de Sécurité des zones sahélo-sahariennes du Niger.
HAUTE AUTORITÉ À LA CONSOLIDATION DE LA PAIX (HACP) Niamey BP 10 981 Niger Tél : +227 20 72 31 93 - Email : info@hacp-niger.org
www.hacp-niger.org
Grand format NIGER
SOCIÉTÉ
Niamey sur
sontrenteetun
TAGAZA DJIBO
Aéroport flambant neuf, nouvelles infrastructures routières, hôtel haut de gamme, espaces arborés… La capitale a radicalement changé de visage et s’est mise au diapason des dernières évolutions technologiques et écologiques.
La voie express entre l’aéroport et le centre-ville.
FRANÇOIS-XAVIER FRELAND
À
travers le hublot, le nouveau terminal de l’aéroport international Diori-Hamani a fière allure, enveloppé dans une structure de verre et de métal, légère et translucide comme du cristal. Un peu plus loin, l’ancienne aérogare, en béton aujourd’hui décrépit, semble appartenir à une autre époque, celle des queues interminables – sous les ventilateurs fatigués – dans l’attente de visas à faire tamponner. Désormais, grâce aux travaux pharaoniques réalisés par l’entreprise turque de BTP Summa, 1 million de visiteurs pourront chaque année pénétrer au Niger par voie aérienne, contre 300000 personnes il y a seulement quelques mois. Le parking des avions est passé de six à dix-huit postes et la nouvelle voie de circulation parallèle, longue de 3 km, a considérablement augmenté la capacité d’accueil de l’infrastructure. Une très luxueuse aérogare VIP, avec son salon présidentiel, a déjà accueilli les délégations diplomatiques pour la conférence de l’Union africaine en juillet. Pour ceux qui n’ont pas vu le Niger depuis longtemps, le choc peut être brutal. Une fois sa valise récupérée, le voyageur peut rejoindre le centre-ville en quelques minutes via la toute nouvelle voie express. Depuis l’échangeur du
rond-point des Martyrs, inauguré en 2016, le panorama n’est plus le même, presque futuriste. On raconte que le nom de Niamey provient d’un arbre qui grandissait le long du fleuve. En 1901, la ville comptait 600 habitants. Ils sont aujourd’hui près de 1,5 million. Comme toutes les capitales de la sous-région, elle a dû faire face à une explosion démographique à partir des années 1960, provoquée en partie par l’exode rural. Mais il aura fallu attendre la fin de la présidence Tandja pour voir enfin cette ville provinciale et chaotique entrer dans la modernité. Face à un espace urbain de plus en plus dense, le vaste programme d’aménagement et de développement intégré et durable Niamey Nyala (« Niamey la Coquette »), lancé par les autorités en 2011, l’a doté de nouvelles infrastructures routières, d’espaces et d’éclairages publics ainsi que de services de santé et d’assainissement dignes de ce nom.
Smart city
La capitale est ainsi passée du statut de petite ville endormie au charme indéniable mais surannée, pas très éloignée de celle qu’avait filmée l’ethnographe franco-nigérien Jean Rouch dans les années 1960, à celui de smart city modèle en Afrique. Un endroit où il fait à nouveau bon marcher le soir, surdestrottoirsentretenusetéclairésgrâceàl’énergiesolaire, avec des espaces wifi gratuits et des toilettes publiques.
UN ENGAGEMENT SOCIÉTAL RESPONSABLE
L
Les sociétés minières sont engagées dans une démarche de performance, de sécurité, d’amélioration continue dans le respect des hommes et de l’environnement. SOMAÏR et COMINAK sont les seules sociétés minières au Niger certifiées ISO 14001 pour la gestion et protection de l’environnement. SOMAÏR est l’une des premières sociétés minières en Afrique à obtenir en 2018 la nouvelle certification sécurité 45001. Soucieuses d’assumer pleinement leurs rôles d’acteurs miniers responsables, Orano Mines Niger, SOMAÏR, COMINAK et IMOURAREN SA déploient des actions dans les domaines de la santé, l’éducation, l’accès à l’eau, l’appui au développement économique et la lutte contre l’insécurité alimentaire.
EN SAVOIR PLUS :
www.rse-mines.orano.group
Crédits photos : © Orano, Maurice ASCANI
es sociétés minières de droit nigérien SOMAÏR et COMINAK, filiales du groupe Orano, mettent en valeur le potentiel uranifère du Niger depuis plus de 50 ans, en exploitant des gisements situés dans le nord du pays.
Grand format NIGER SOCIÉTÉ
« Il n’y avait pas eu de travaux depuis 1984 », précise Mamoudou Mouctar. À lui tout seul, le président de la Délégation spéciale de Niamey a su faire entrer la ville dans le XXIe siècle. « Je veux faire mieux que Kigali », affirmet-il même. Cet urbaniste en génie urbain de 42 ans, formé à Paris et à Lomé, a su décongestionner ses rues tout en tenant compte des contingences écologiques. Les grandes coulées vertes, les nouveaux espaces arborés sont plus qu’un clin d’œil à l’origine étymologique de cette ville qui, regrette Mamadou Mouctar, « a longtemps tourné le dos au fleuve ». « L’idée, poursuit-il, était de faire en sorte que les habitants s’en rapprochent, avec des espaces piétonniers, des aires de jeu le long de la corniche, dans un environnement vert. Il fallait aussi désenclaver le centre, grâce à quatre nouveaux échangeurs, des ronds-points, un boulevard périphérique. » Installé ici depuis une dizaine d’années, Guillaume reconnaît : « On se demandait bien ce qui allait ressortir de ces chantiers sans fin. La ville était recouverte de poussière, il y avait d’interminables embouteillages. Mais il faut avouer que ça a de l’allure. Je n’ai jamais vu un tel changement. »
Ministre du Tourisme et de l’Artisanat
TAGAZA DJIBO
Ahmet Botto
Niamey n’est pas jumelée à Ankara par hasard. C’est encore Summa qui s’est chargée de bâtir en moins d’un an le tout récent Radisson Blu Niamey. Avec ses 194 chambres, dont plusieurs suites royales et présidentielles, son vaste espace de plus de 2000 m2 accueillant les séminaires et sa salle de conférences, ce bâtiment en L aux couleurs chaudes en impose désormais, à quelques encablures du palais présidentiel. Avec également le nouveau Noom Hôtel, l’historique Grand Hôtel du Niger et sa vue imprenable sur le fleuve, ou l’hôtel des Roniers et son ambiance familiale, Niamey propose enfin aux visiteurs une offre de qualité pour tous budgets. Sans oublier des prestations culinaires diversifiées, comme celles du restaurant le QG, qui concocte des plats fins aussi bien locaux qu’internationaux. Bien sûr, il reste encore beaucoup à faire, notamment en matière de construction de logements décents, alors qu’une large partie de la population vit toujours dans des habitats précaires et insalubres. Certes, certains lampadaires solaires éclairent de manière irrégulière et on peut critiquer le choix de faire de la capitale un nouveau hub du tourisme d’affaires ou de conférences. Mais si elle reste un espace très sécurisé, Niamey est redevenue coquette.
« Les Européens reviennent peu à peu »
Qu’a apporté à votre pays l’organisation à Niamey de la conférence de l’Union africaine en juillet? Nous sommes très fiers d’avoir pu montrer notre capacité à organiser un tel événement. Et pour ce faire, nous nous étions préparés. Niamey bénéficie désormais de nouvelles infrastructures aéroportuaires, hôtelières et routières, tout cela dans un environnement assez sécurisé… La tenue de cette conférence devrait également avoir pour conséquence de booster notre tourisme d’affaires.
passer à 164437 personnes. Et cette tendance se maintient, parce que Niamey s’est imposée comme une ville sûre pour l’organisation de conférences en tous genres. Nous avons donc décidé de moderniser l’aéroport pour développer sa capacité d’accueil. La plupart de nos visiteurs sont originaires d’autres pays du continent. En 2018, environ 105000 Africains, 40000 Européens et 15000 Asiatiques sont entrés au Niger, dont beaucoup d’hommes d’affaires et de travailleurs humanitaires.
L’instabilité des pays voisins a-t-elle un impact sur le tourisme au Niger ? Nous enregistrons une réelle augmentation du nombre de visiteurs. Entre 2009 et 2017, le nombre de passagers ayant transité par l’aéroport international DioriHamani a plus que doublé, pour
Ce ne sont donc pas des touristes à proprement parler… Certes, depuis 2010, nous avons dû faire face au déclin progressif du tourisme international, à cause notamment de la guerre contre les groupes terroristes au Sahel. Le tourisme communautaire [géré
par la population locale] a subi de plein fouet cette crise sécuritaire, mais nous avons de bonnes raisons d’espérer des jours meilleurs. Notre culture, notre artisanat ou encore nos paysages sont très riches. Certes, le Niger figure en partie dans la zone rouge du ministère des Affaires étrangères français, et cela ne joue pas en notre faveur. Mais, grâce à nos efforts en matière de sécurité, nous avons constaté, chaque année depuis 2016, le retour, encore timide mais bien réel, des touristes européens. Ils se rendent notamment dans le Nord, du côté d’Agadez, qui était autrefois l’une des zones les plus visitées, notamment pour voir le Ténéré, le « désert des déserts », qui continue de fasciner le monde entier. Nous y développons prudemment des convois touristiques, avec une protection militaire discrète.
Propos recueillis par F.-X.F.
jeuneafrique no 3061 du 8 au 14 septembre 2019
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RÉPUBLIQUE DU NIGER - VILLE DE NIAMEY
La ville de Niamey en marche vers l’avenir LES CLÉS DU DÉVELOPPEMENT VUES PAR Monsieur Mouctar MAMOUDOU, Président de la délégation spéciale de la ville de Niamey Commissaire au progamme Niamey-Nyala Mamoudou Mouctar, urbaniste-Aménageur, Diplômé de l’École Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme de Lomé (Togo) et diplômé d’Expertise Internationale des Villes en Développement de l’École d’Urbanisme de Paris (EUP) France avec plusieurs années d’expérience sur les villes au Niger, en France et à l’international.
La renaissance urbaine de Niamey Nyala La renaissance urbaine consiste d’une part à adapter la ville en termes d’équipements, d’infrastructures, d’offre de services à toutes les dynamiques existantes (sociale, environnementale et économique) puis à les harmoniser étroitement cela dans une évolution adéquate et équilibrée de la ville. Le Président de la République du Niger a initié un programme spécial pour la capitale du Niger qui a permis à la ville de remplir les conditions pour tenir et réussir le plus grand évènement de l’Afrique. « Niamey Nyala » ou « Niamey la Coquette » est le programme d’aménagement, d’embellissement et de modernisation durable de la capitale du Niger. Par cette volonté exprimée par le Chef de l’État du Niger, Niamey a bénéficié d’importantes réalisations en infrastructures et équipements
classant notre ville parmi les plus intéressantes de la sous-région africaine. Le programme a permis de doter la ville de Niamey de tous les équipements et infrastructures dignes d’une grande ville (en voirie, ponts, des échangeurs facilitant la mobilité, l’aéroport, des hôtels, centres de santé, Espaces publics, assainissement, éclairage.), de créer des opportunités d’affaires, de création d’emplois, une organisation et dynamique sociale d’implication de toute la population à la gestion urbaine. Aujourd’hui la ville de Niamey peut accueillir tout grand événement international. Nous disposons et réunissons toutes les conditions d’accueil et de gestion en quantité et en qualité des grands événements. La ville de Niamey était d’ailleurs hôte en juillet dernier du Sommet de l’Union Africaine 2019 qui s’est récemment tenu à Niamey avec succés.
COMMUNIQUÉ
Le Niger a su travailler et réussir sur ces deux dimensions devenant ainsi un modèle au regard de la tendance actuelle de développement urbain en Afrique.
Le Niger, considéré comme un pays moins urbanisé avec 21 % de population urbaine en 2011, franchira le seuil de 50 % en 2050. Niamey ville durable Avec un taux de croissance de 4,5 % ce sont quelques Il faudra capitaliser sur les acquis et les expériences du Sommet 100 000 nouveaux citadins de plus chaque année. C’est ainsi de l’UA-2019 pour la poursuite de l’œuvre du développement que, Niamey à elle seule, regroupe 40 % de la population urbaine de la ville de Niamey afin d’en faire une du pays avec une population de plus de ville résolument moderne. 1 500 000 habitants. « Une ville est un lieu de Il est primordial d’harmoniser ce changeL’initiative 3N, les projets de soutien à grandes dynamiques, un lieu ment physique et rapide de la ville avec l’élevage, les programme d’électrificaprivilégié de concentration la dynamique sociale vers une meilleure tion, d’adduction d’eau, de réalisation de d’activités, d’acteurs divers et appropriation de ces réalisations par les centres de santé, de renforcement des populations. Cela passe par leur l’implivariés qui sont les leviers du centres d’éducation… ont créé une réelle cation à toutes les étapes de la gestion développement. Tout ce qui dynamique de développement rural. urbaine, par la sensibilisation continue C’est la raison pour laquelle le « Proparait une faiblesse ou un mais aussi par l’application des mesures gramme de la Renaissance du Niger » problème dans une ville peut d’ordre et discipline. A cet effet, nous s’est investi simultanément et remarêtre transformé en une force. avons pris ou mis à jour plusieurs mequablement pour un développement urEn conclusion, je ne lutte pas sures et initié des outils comme l’applibain tout autant que rural dans un esprit cation téléchargeable e.nyala. C’est une contre, je fais avec tout en d’équilibre et complémentarité permetplateforme interactive avec la population minimisant ou transformant les tant d’atténuer, voire arrêter les effets néfastes qu’une politique non équilibriste effets néfastes des défis urbains. sur les sujets du civisme, de l’ordre et de la discipline dans le cadre de vie. Elle est peut entrainer entre ces deux dimensions Les moyens pour faire de complétée par un numéro vert (4334) territoriales qui se côtoient en permaNiamey, une grande ville pour pour ceux ne disposant pas de smartnence : exode rural, accès et gestion des le bien être de ces populations phone ou internet. Sur le terrain, nous services urbains… avons 220 brigadiers comme agents de sont à rechercher en interne, proximité auprès des populations, et de pas ailleurs ! » Le Niger a 8 régions ménage dans les quartiers. De plus, nous et 8 villes considérées avons mis en place des comités de quarcomme les plus grandes du Pays tiers dans lesquels sont représentées toutes les organisations, Le Niger a mis en place un programme faisant de la fête de la Réles leaders d’opinion et religieux avec lesquels nous collaborons publique, une fête tournante dans ces 8 régions chaque année. À pour soutenir les initiatives d’actions et de développement. La l’occasion, ces villes bénéficient d’un traitement spécial les dotant thématique de la « smartcity » est mise à profit via des innovad’infrastructure et équipement permettant au moins la tenue d’un tions technologiques : espaces publics de wifi gratuit, télé-irrigagrand évènement du pays et même sous régional africain. Le protion des espaces verts ainsi que l’éclairage mixte conventionnel gramme a été un succès dans toutes les 6 villes déjà bénéficiaires, les et solaire pour la transition énergétique. deux restantes Tillabéri et Diffa sont en cours pour 2019 et 2020.
CONTACT
Mairie de Niamey - 258 rue de la mairie, Niamey, Niger Tél. : (+227) 20 75 22 42
JAMG - PHOTOS : D.R.
Vers une décentralisation des villes Nigériennes
A CAREER AT ZENITH 4 November 1951 Born in Agbor, Delta State, Nigeria 1979 Earned a master's in business administration from the University of Louisiana, US 1990 Co-founded Nigeria's Zenith Bank 2010 Stepped down as CEO of Zenith Bank due to new CBN regulations 2014 Appointed chairman of Zenith Bank's board of directors Not everyone is so enthused with the central bank's current decision-making though. Malte Liwerscheidt of consulting firm Teneo told reporters: “The CBN's obsession with the exchange rate has led the apex bank to sell more and more open-market operations securities that offer a high-yield, risk-free alternative for banks, effectively preventing them from handing out more loans to the real economy.” Nevertheless, with 30% of its loan book concentrated in oil and gas, is Zenith still too exposed to the energy sector? “Not necessarily because we have a robust risk management strategy”, says Ovia. “The outlook for global oil demand is positive. And baring any significant disruption to domestic crude production, there is not much to worry about.” Another systemic issue for African and Nigerian banks in general, and Zenith in particular, is their high amounts of 'idle' capital – large levels of liquidity. Some Nigerian bankers claim is down to a lack of properly structured opportunities; and others claim is down to the much better returns available at little risk by lending
to the government. For Ovia, this is a red herring. “It is never a problem to have an adequate capital ratio – far better than the reverse. Opportunities do come, and we shall continue to advance credit to various sectors of the economy, especially the non-oil sector – agriculture, infrastructure, real estate and manufacturing, among others.” The Zenith supremacy dates back to a $4m bet that Ovia made with some co-investors in the 1990s under dictator Ibrahim Babangida. “The licencing was done in the military era!,” explains Ovia, reflecting on the ad hoc nature of the times. “But I knew there was an opportunity, so I used it to jump start a more structured banking business and pushed to computerise it.” Zenith was one of the first banks in Nigeria to bring computers into the back office, kicking off a new era. But it was under President Olusegun Obasanjo (1999-2007) that banking in Nigeria really took off.
Intertitre
“The return of Nigeria to democratic rule in 1999 and the attendant unleashing of market forces no doubt heralded what we can now call a golden decade for the Nigerian economy,” adds Ovia. “The liberalisation of the telecommunication sector opened the sector for explosive growth. The banking sector consolidation of 2004-2006 strengthened Nigerian banks and improved their resilience. The decade also witnessed a lot of creativity and innovation.” That came to grinding halt with the 'over-exuberance' of many Nigerian banks, which, with too much capital and not enough opportunity, piled into the stock market. They often invested in their own stocks to inflate their price. The resulting financial crisis made clear to Ovia that “capital and liquidity are prerequisites for the survival of any financial institution.” It was a period that checked Ovia's own ascension, too. The CBN governor at the time of the banking crisis, Lamido Sanusi, passed regulations which prevented bank CEOs from running institutions for more than 10 years – a rule that affected both Ovia and Tony Elumelu, who was CEO of United Bank for Africa (#27). Ovia is also an entrepreneur in the telecoms space, founding Visafone in 2007 after buying up several other telecom operators. It was eventually sold to South Africa's MTN in 2015. Might that have been a strategic misstep? After all, with lines blurring between banking and telephony services – and 'bigtech' like Alibaba, Facebook and Amazon all trying to play in the same space – would it not have been wise to keep hold of a mobile phone licence? MTN, after all, is now launching mobile-money
‘WOREPUDIS AUT PRO CONEM A DOLORIO. BOR REHENDAM EVENI VOLUPTATS’
THEAFRICAREPORT / N° 109 / OCTOBER-NOVEMBER-DECEMBER 2019
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