SANTÉ
15 pages
QUE VALENT (VRAIMENT) NOS HÔPITAUX ?
GUINÉE Alpha à quitte ou triple
MADAGASCAR Les douze travaux de Rajoelina Spécial 18 pages
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3068-3069 DU 27 OCTOBRE AU 9 NOVEMBRE 2019
Comment l’armée secrète des faux comptes internet manipule l’opinion l opinion, la démocratie et les élections dans le monde arabe.
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ENQUÊTE
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CYBER JIHAD
France 6 € Algérie 390 DA Allemagne 8 € Autriche 8 € Belgique 6 € p g 7,20 € Éthiopie p 95 birrs Grèce 8 € Canada 11,90 $ CAN DOM 8 € Espagne Italie 7,20 € Luxembourg 8 € Maroc 40 DH Norvège 75 NK Pays-Bas 7,50 € Portugal cont. 7,20 € RD Congo 11 $ US Royaume-Uni 6 £ Suisse 11,80 FS Tunisie 6 DT USA 13 $US Zone CFA 3200 F CFA ISSN 1950-1285
NUMÉRO DOUBLE EN VENTE DEUX SEMAINES
PUBLI-INFORMATION
PRÉSIDENCE DU BURKINA FASO
De l’éducation nationale à l’enseignement professionnel Une école de qualité pour tous, des formations proches des besoins du Burkina Faso
«
Développer le capital humain pour transformer structurellement l’économie » est un engagement porté depuis 2016 par le
programme présidentiel. Aujourd’hui décliné dans le Plan national de développement économique et social (PNDES) 2016-2020 du Burkina Faso, cet engagement est porté par le gouvernement qui, pour lui donner forme, refonde depuis quatre ans le système éducatif, afin que l’école soit obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans, effectivement accessible à tous et de qualité. Aux niveaux secondaire et supérieur, les filières scientifiques comme les formations professionnelles sont améliorées pour mieux faire coïncider offre de formation et besoins en emplois. Malgré les difficultés, des budgets conséquents sont débloqués pour recruter et former des agents du secteur de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, ainsi que pour construire et rénover les infrastructures dudit secteur, indispensables à son développement.
Un budget en hausse pour une école gratuite et de qualité
L
a loi burkinabè rend l’école gratuite et obligatoire jusqu’à l’âge de seize ans. Mais jusqu’en 2015, les dotations insuffisantes du ministère de l’Éducation nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales (MENAPLN) n’ont pas permis de mener les actions nécessaires à la réalisation de cette obligation, notamment en termes d’infrastructures. Les solutions d’urgence, comme la création de classes sous paillottes, n’ont fait que créer de nouvelles problématiques.
32 % du budget alloué à l’éducation et à la formation Dès 2016, le gouvernement a alloué davantage de ressources au secteur. Il a amélioré le taux de réalisation des infrastructures en trouvant des alternatives aux entreprises défaillantes et en réduisant le délai des procédures des marchés publics. En 2019, 32 % du budget du gouvernement a été alloué à l’éducation et à la formation (chiffre incluant d’autres ministères que le MENAPLN).
Plus de moyens pour les infrastructures scolaires Entre 2016 et 2018, malgré les difficultés rencontrées, un nombre important d’infrastructures ont été construites et équipées : • 122 établissements préscolaires ; • 1 870 salles de classe pour la résorption des classes sous paillotes ; • 1 901 salles de classe pour la normalisation des écoles incomplètes ; • 482 collèges d’enseignement général • 68 lycées. Ces efforts se poursuivent et plusieurs infrastructures sont en cours de construction : • 8 lycées scientifiques ; • 2 lycées techniques ; • 5 lycées professionnels, dont l’un est achevé et 4 sont en cours de réalisation ; • 5 collèges d’enseignement technique et de formation professionnelle ; • 1 115 écoles électrifiées.
La réalisation de 25 établissements préscolaires, 642 salles de classe dédiées à la résorption de paillotes, 78 autres destinées à la normalisation des écoles incomplètes, 15 collèges pour le post-primaire et un nouveau lycée pour le secondaire est notamment programmée pour l’année en cours.
Des élèves toujours plus nombreux, des recrutements massifs Grâce aux efforts mis en œuvre pour rendre l’école effectivement obligatoire, les effectifs ont augmenté à tous les niveaux. Ceux du préscolaire sont passés de 55 003 en 2016 à 81 931 en 2018, ceux du primaire de 2 873 049 à 3 206 060, ceux du post-primaire de 876 820 à 1 050 354 et ceux du secondaire de 181 343 à 230 653 sur la même période. Pour répondre aux besoins d’encadrement, 16 535 nouveaux enseignants formés du préscolaire, du primaire, du post-primaire et du secondaire ont été recrutés de 2016 au 31 août 2018.
PARITÉ ENTRE FILLES ET GARÇONS Les autorités ont multiplié depuis 2016 les efforts pour atteindre l’égalité et l’équité d’accès entre filles et garçons. La subvention à la scolarisation concerne ainsi, en 2019, 256 000 filles nouvellement inscrites au CP1. Les indices de parité qui mesurent les taux bruts d’accès sont en croissance au primaire (0,96), au post-primaire (1,05) et au secondaire (0,66). Il en est de même des taux d’achèvement scolaires : 2015
2018
TOUS
GARÇONS
FILLES
TOUS
Taux d’achèvement primaire
58,5 %
58,8 %
67,55 %
62,99 %
Taux d’achèvement post-primaire
24,2 %
39,22 %
42,10 %
40,63 %
(SOURCE : DGESS/MENAPLN
BOURSES ET CANTINES SCOLAIRES : UN MEILLEUR ACCOMPAGNEMENT Dans le cadre de l’année scolaire 2018-2019, 17,195 milliards de F CFA ont été dépensés par 336 communes pour l’acquisition de 38 037 tonnes de vivres au profit de 3 321 529 élèves du préscolaire et du primaire. 1,650 milliard de F CFA ont été alloués pour le fonctionnement des cantines scolaires du post-primaire et du secondaire. Les bourses aux élèves du post-primaire et du secondaire, qui avaient été supprimées, ont été rétablies. De 2016 au 30 juin 2019, ce sont 19 627 élèves qui ont bénéficié de ces aides délivrées sur la base de critères sociaux et d’excellence.
PUBLI-INFORMATION
Accroître les offres en formation professionnelle
A
fin de mieux faire coïncider les formations professionnelles avec les possibilités nationales d’emplois, l’une des ambitions fortes du Plan Sectoriel de l’Éducation et de la Formation (PSEF) 2017-2030 vise à diversifier les offres de formation. Dans cette perspective, plusieurs référentiels de Formation technique et professionnelle (FTP) ont été élaborés ces dernières années. Ce fut le cas dès 2016 dans les filières déjà existantes, avec notamment la création d’un Brevet d’études professionnelles (BEP) agroalimentaire, option fabrication d’aliments pour animaux, d’un BEP option transformation et conservation de la viande, ainsi que d’un BEP zootechnique, option production animale.
Treize nouvelles filières Treize nouvelles filières de formation ont été identifiées et leurs référentiels sont en cours d’élaboration. Elles concernent
notamment l’agriculture, l’hydraulique et l’équipement rural, le bâtiment/travaux de finition, la décoration et le design intérieur, la coiffure/esthétique, le transit, l’emballage/conditionnement, les énergies renouvelables ou l’audiovisuel. Deux autres référentiels, l’informatique de gestion et le réseau informatique, doivent être relus. En février 2018, les autorités ont adopté une charte visant à multiplier les partenariats public/privé en matière de formation et d’insertion professionnelle.
5 collèges d’enseignement technique livrés cette année Pour faire face à cet accroissement d’offres de formation, les autorités accélèrent la construction d’infrastructures. Il est ainsi prévu en 2019 l’achèvement des Collèges d’enseignement technique et de formation professionnelle (CETFP) de Sapouy, de Gourcy, de Sebba, de Kongoussi et de Sindou. La construction des
huit lycées scientifiques à Ouagadougou Bobo-Dioulasso, Dédougou, Koudougou, Kaya et Ouahigouya et Tenkodogo, dont la construction a démarré en 2018, devra aussi être achevée. Les lycées professionnels de Manga, Tenkodogo, Kaya, Zorgho et Ouagadougou, de même que les lycées techniques de Koudougou et de Tougan, doivent recevoir leurs premiers élèves cette année. 120 encadreurs et 5 871 professeurs de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP) ont été recrutés entre 2016 et 2017 pour faire face à l’afflux des apprenants.
SITUATION SÉCURITAIRE : UNE STRATÉGIE POUR SAUVER L’ÉCOLE BURKINABÈ Le gouvernement a mis en œuvre une stratégie de scolarisation en situation d’urgence dans les zones à forts défis sécuritaires. Coordonnée par un secrétariat technique de l’éducation en situation d’urgence (ST ESU), son objectif est de faire en sorte qu’à l’horizon 2024, le Burkina Faso jouisse d’un environnement scolaire sain, pacifié et sécurisé qui garantisse les activités d’enseignement/apprentissage sur tout le territoire. Quatre régions (Sahel, Nord, Centre Nord et Est) et 1 670 élèves ont été concernés au titre de l’année scolaire 2018-2019. Ceux-ci ont été regroupés et ils ont bénéficié de cours de renforcement durant six semaines, ainsi que d’une session spéciale d’examens. Un taux de réussite de 72,08 a été atteint pour le certificat d’études primaire, alors que ce taux pour le brevet d’études du premier cycle s’est établit à 31,60 %.
PUBLI-INFORMATION
© LEONARD BAZIE
Enseignement supérieur : un accueil amélioré
Trois nouvelles universités Pour atteindre ces objectifs, les autorités ont transformé les centres universitaires de Ouahigouya, Dédougou et de Fada N’Gourma en universités pleines et ceux de Gaoua, Kaya, Dori et tenkodogo en Centres universitaires polytechniques. Afin de décentraliser l’enseignement supérieur, sept centres universitaires ont été créés à Gaoua, Kaya, Dori, Tenkodogo, Banfora, Ziniaré et Manga, de façon à déconcentrer les infrastructures d’enseignement. Sept bâtiments pédagogiques au profit des universités publiques (Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Koudougou, Dédougou, Ouahigouya et Fada N’Gourma) ont été construits et équipés. C’est le cas de plusieurs amphithéâtres disposant de 300 à 2 500 places. Cinq d’entre eux sont en cours de construction pour un total de 7 500 places, dont 3 550 à Ouagadougou 2, 2 300 à l’Institut des sciences, également situé dans la capitale burkinabè, et 350 à Koudougou. Plusieurs infrastructures d’hébergement et de restauration ont également été construites ou rénovées afin d’améliorer la qualité de l’accueil des étudiants. L’UNIVERSITÉ VIRTUELLE BIENTÔT ACCESSIBLE Les infrastructures de l’université virtuelle, qui doit permettre un plus grand accès à la formation dans les sciences fondamentales, les sciences du numérique ou encore l’aéronautique, sont toujours en cours de construction. Néanmoins, dès cette année, certaines filières seront rendues disponibles à partir de l’Institut de formation à distance (IFOAD) de l’Université Joseph KI-ZERBO.
PRÉSIDENCE DU BURKINA FASO Direction de la Communication - 03 BP 7030 - Ouagadougou 03 - Tél.:+226 25 49 83 00 - www.presidence.bf
DIFCOM/DF- PHOTOS : © DR SAUF MENTION.
L
e PNDES faisait en 2016 un état des lieux sans concession de l’enseignement supérieur, le décrivant comme faible, qualitativement et quantitativement, et présentant un caractère généraliste trop peu professionnalisant. C’est pourquoi les efforts des autorités se sont portés sur le retard infrastructurel à rattraper dans ce domaine, en prenant soin de résorber les différences géographiques entre Ouagadougou et la province. D’un point de vue académique, le gouvernement privilégie l’enseignement technique et professionnel ainsi que la formation scientifique, afin de mieux répondre aux besoins du marché dans l’agriculture, l’agro-industrie ou encore l’industrie extractive.
Devant le prestigieux Institut national polytechnique Félix-Houphouët-Boigny, à Yamoussoukro, en Côte d’Ivoire.
SIA KAMBOU/AFP
Dossier Emploi et formation
Que veulent les jeunes diplômés ?
JA est allé à la rencontre des étudiants des grandes écoles pour recueillir leurs attentes sur leurs futurs employeurs. 100
CHRISTOPHE LE BEC
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otre enquête dans six pays francophones le montre, la nouvelle génération qui va sortir des grandes écoles d’ingénieur et de management veut clairement travailler dans le secteur privé. Si les entreprises actives sur le continent savent saisir cette opportunité, elles pourront s’appuyer sur leurs jeunes recrues – leurs dirigeants
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de demain – pour mieux s’adapter à des marchés où les moins de 25 ans représentent plus de la moitié de la population et les 15-24 ans autour de 20 % en moyenne. Mais la plupart des jeunes diplômés ne sont pas prêts à se mettre au service de n’importe quelle entreprise. De Tanger à Libreville, les attentes des étudiants de dernière année à l’égard des entreprises se ressemblent. Plus exigeants que leurs aînés sur le sens qu’ils veulent
Des difficultés majeures pour trouver un premier poste
Travailler pour le service public, ce qui représentait auparavant un idéal grâce à la perspective d’un emploi supposé garanti à vie, n’attire plus guère, notamment pour des raisons salariales – les États africains paient mal –, mais aussi managériales. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les administrations dans les pays qui auraient besoin des meilleurs profils pour améliorer leur efficacité. Même si les jeunes diplômés des grandes écoles ont des attentes fortes à l’égard de leurs futurs employeurs, ils font aussi part de leurs craintes de ne pas réussir à trouver un emploi. Le chômage des jeunes, même qualifiés, reste très élevé, autour de 40 % au Gabon et de 35 % en Tunisie selon la Fondation Mo Ibrahim. Les difficultés à décrocher un premier poste restent majeures, surtout pour ceux qui sont dépourvus d’un réseau familial, utile pour leur ouvrir des portes dans un secteur formel qui ne représente que 8 % environ des emplois en Afrique subsaharienne francophone et de 20 à 36 % au Maghreb, selon une étude de l’Organisation internationale du travail de 2018.
Maroc Rêve d’étranger ou de Tanger
I
l y a une grande envie d’expatriation dans les écoles d’ingénieurs marocaines. « Je vise des groupes internationaux comme Capgemini ou Atos, qui offrent la possibilité d’aller en France. Le mieux, c’est d’être pris pour un stage et de montrer qu’on est bon », espère Amine, étudiant en dernière année à l’École nationale supérieure d’informatique et d’analyse des systèmes (Ensias). Ce développeur informatique se voit déjà à la tête d’une start-up parisienne. Chaque année, ils sont environ 600 ingénieurs à quitter le royaume à destination de l’Europe et de l’Amérique du Nord, selon les statistiques du gouvernement. Aller sous d’autres cieux est une idée plus fréquente chez les élèves d’écoles
La remise des diplômes à l’École Mohammadia d’ingénieurs (EMI).
ÉTABLISSEMENTS DES ÉTUDIANTS INTERROGÉS
• École Mohammadia d’ingénieurs (EMI). • École nationale supérieure d’informatique et d’analyse des systèmes (Ensias). • École nationale de commerce et de gestion (ENCG). SECTEURS JUGÉS LES PLUS ATTRAYANTS
Automobile, aéronautique, cabinets d’audit et de conseil. SALAIRE ATTENDU À LA SORTIE
De 10 000 à 12 000 dirhams par mois (923 à 1 108 euros).
MAP
trouver dans leur travail, ils souhaitent aussi pouvoir bénéficier d’une certaine autonomie par rapport à leur management. Ils ont envie d’une expérience internationale – notamment panafricaine –, de perspectives à long terme, mais aussi d’entrepreneuriat. Des souhaits parfois contradictoires et le plus souvent difficiles à satisfaire, en particulier dans des groupes africains restés à l’échelon national, faisant la part belle à l’ancienneté et à un management familial et vertical, ce qui peut entraîner des conflits de générations. D’où l’attraction pour les multinationales – et quelques groupes panafricains –, et pour l’expatriation qui transparaît dans les témoignages recueillis par les correspondants de JA dans une douzaine d’établissements africains de haut niveau.
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Dossier Emploi et formation
EL MEHDI BERRADA, à Casablanca
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Le hall de l’École nationale d’ingénieurs de Tunis (Enit). NICOLAS FAUQUÉ/WWW.IMAGESDETUNISIE.COM
ingénieurs que de commerce. Ces derniers, qu’ils étudient à l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (ISCAE, public) ou dans l’une des onze écoles nationales de commerce et de gestion (ENCG), ont une préférence pour les grands groupes marocains et les cabinets internationaux d’audit implantés dans le royaume chérifien. « Je souhaite rejoindre une multinationale comme Procter & Gamble ou un cabinet international d’audit et de conseil du calibre de Mazars ou Deloitte. C’est dans ce genre de structures que j’apprendrai le plus vite », estime Hiba, en dernière année à l’ENCG Kenitra. « Les groupes internationaux investissent massivement dans les nouvelles technologies ; intégrer l’un d’entre eux me permettra de rester à jour », analyse, quant à lui, Mouad, étudiant en génie industriel à l’École Mohammadia d’ingénieurs (EMI). Il estime aussi que les défis à relever y seront plus intéressants, citant des firmes comme L’Oréal, McKinsey, ou encore le géant marocain des phosphates, OCP. Les banques semblent avoir perdu de leur pouvoir d’attraction, au détriment des filières industrielles marocaines telles que l’automobile, avec l’implantation de Renault et Peugeot, ou encore l’aéronautique, grâce à des groupes comme Safran. Enfin, la ville de Tanger intéresse les étudiants de tous bords du fait de son développement industriel et logistique, mais aussi grâce à sa qualité de vie, jugée supérieure à celle de Casablanca ou de Rabat.
Tunisie Grands groupes ou start-up
«
L
’important, dans un premier emploi, c’est d’être formé pour gravir rapidement les échelons au sein de la société », affirme Waad, élève à l’Enit dans la filière génie hydraulique et environnement, une spécialité particulièrement appréciée des sociétés pétrolières. ENI, Vermeg (concepteurs de logiciels, notamment pour la finance), Citibank, Ooredoo (opérateur téléphonique)… les firmes dans lesquelles ces futurs cadres se verraient bien débuter sont surtout des grandes entreprises, où justement la progression en interne est ouverte, notamment à l’étranger. « On aspire, surtout au début, à passer une partie de notre carrière hors de la Tunisie, qui demeure un petit pays », explique Basma, en filière génie civil à l’Enit. Seule voix discordante, Malika, qui étudie l’analyse des risques et intelligence économique à la TBS et ne serait pas contre une première expérience dans une petite société, « où l’on est plus apte à toucher à tout et donc à apprendre plus vite ». Il faut dire que la jeune femme de 21 ans s’imagine à plus long terme diriger sa propre start-up.
ÉTABLISSEMENTS DES ÉTUDIANTS INTERROGÉS
• École nationale d’ingénieurs de Tunis (Enit). • Tunis Business School (TBS). SECTEURS JUGÉS LES PLUS ATTRAYANTS
Pétrole et nouvelles technologies. SALAIRE ATTENDU À LA SORTIE
De 1 500 à 2 000 dinars par mois (472 à 629 euros). Si ces jeunes ont donc des attentes assez précises et élevées de leur premier travail, ils n’auront, en contrepartie, aucun état d’âme à y sacrifier une partie de leur vie privée. Travailler tard le soir et le week-end semble aller de soi. « La charge horaire n’est pas un problème les premières années, pour acquérir de l’expérience. Et je n’ai pas prévu de fonder une famille de sitôt », déclare Imen, qui se destine à être ingénieure en développement réseaux. MATHIEU GALTIER, à Tunis
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Dossier Emploi et formation
Côte d’Ivoire Envie de multinationales et d’autonomie ÉTABLISSEMENTS DES ÉTUDIANTS INTERROGÉS
• Institut national polytechnique Félix-HouphouëtBoigny (INP–HB). • HEC Abidjan. SECTEURS JUGÉS LES PLUS ATTRAYANTS
Agroalimentaire, logistique, cabinets d’audit et de conseil. SALAIRE ATTENDU À LA SORTIE
De 400 000 à 600 000 F CFA par mois (610 à 915 euros).
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oné, étudiant de dernière année en logistique à l’INP-HB, a déjà effectué plusieurs stages, notamment chez Codival, leader ivoirien du transport de fonds et filiale du groupe sénégalais Sagam International. « J’aimerais beaucoup être embauché chez eux à la fin de mon cursus », précise-t-il, même s’il avoue espérer, à plus long terme, trouver un emploi dans un grand groupe. Dans une multinationale telle qu’Unilever, Bolloré, Nestlé ou DHL. Pour Bénédicte, 23 ans, elle aussi prochainement diplômée de l’INP-HB,
mais dans la filière assurances, les multinationales sont également les plus séduisantes : « Elles ont une expertise plus poussée, ce qui pourra me permettre, en tant qu’Ivoirienne, de développer ce qui ne l’est pas encore dans mon pays. » Cabinets d’analyse des risques, banques d’investissements, la jeune femme vise des sociétés qui lui laisseraient une grande autonomie. Pour trouver un emploi, les étudiants de HEC Abidjan s’appuient sur leurs stages et expériences professionnelles mais avouent aussi compter sur leurs
connexions personnelles et leur réseau d’anciens élèves. Seydou, 24 ans, tout juste diplômé, a été embauché par Barnoin informatique, PME d’une douzaine d’employés. Un CDD décroché grâce à ceux qu’il appelle ses « grands frères » : des membres du réseau d’anciens élèves de l’école. À l’instar de ses camarades, il n’envisage pas de créer sa propre entreprise dans un futur proche. « Il faut avoir une bonne idée, et ensuite de l’argent. Et vice versa… Sans l’un ni l’autre pour l’instant, ce n’est pas dans mes projets », explique-t-il. JENNA LE BRAS, à Abidjan
Sénégal À la recherche d’un emploi stable et d’un management collaboratif
P
our Anna Nicole – 22 ans, un diplôme de technicienne en poche et deux stages au compteur –, l’entrée dans la vie active sera un combat pour « la sécurité de l’emploi ». À moins de deux ans de l’obtention de son diplôme d’ingénieure en télécoms et réseaux à l’École supérieure polytechnique de Dakar, la jeune femme ne se fait pas d’illusions: « Dans mon secteur, les employeurs offrent surtout des contrats temporaires. Si c’est le cas pour moi, je reprendrai mes études afin de me spécialiser davantage et d’avoir plus de chances d’obtenir un CDI. » Si pour elle la sécurité d’un contrat de longue durée prime sur le montant du salaire proposé, l’étudiante aspire à pouvoir gravir les échelons au sein de sa future entreprise. Un point de vue que partage Raymond Cyril, 20 ans, en première
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ÉTABLISSEMENTS DES ÉTUDIANTS INTERROGÉS
• École supérieure polytechnique de Dakar.
• Institut supérieur de management de Dakar (ISM). SECTEURS JUGÉS LES PLUS ATTRAYANTS
Télécoms et nouvelles technologies. SALAIRE ATTENDU À LA SORTIE
De 400 000 à 550 000 F CFA par mois (610 à 838 euros).
année de master en marketing digital à l’Institut supérieur de management (ISM) de Dakar. « Même pour un revenu de base élevé, je ne veux surtout pas d’un poste qui
m’enfermerait dans une routine sans possibilité d’évolution. » Plus serein que son aînée polytechnicienne, le Dakarois est certain de trouver facilement du travail dans le secteur de la communication et du design. « Le nombre d’entrepreneurs augmente beaucoup au Sénégal. Toutes les sociétés ont besoin d’un logo, d’une identité de marque, et donc de communicants comme moi. » Si la première se voit bien dans un grand groupe local comme la Sonatel, où elle a déjà fait un stage, le second préfère « le challenge d’une start-up locale ». Mais tous deux espèrent un management flexible, pour plus d’autonomie. « Je recherche un cadre de travail plus collaboratif que contraignant. Quand on est plus libre, on est plus productif », affirme Raymond Cyril. MANON LAPLACE, à Dakar
COMMUNIQUÉ
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L’enjeu de la simulation médicale en Afrique L
a qualité des soins se définit
Faut-il donc toucher le malade en
selon l’OMS comme la capa-
premier ?
cité de « garantir à chaque patient
l’assortiment d’actes diagnostiques et thérapeutiques qui lui assurera le meilleur résultat en termes de santé,au meilleur coût pour le même résultat et au moindre risque iatrogénique ». Le rapport de la conférence de presse sur la lutte contre les infections nosocomiales,en date du 26 janvier 2006 (Bureau OMS de Lyon), a mentionné la déclaration du Président de l’Alliance mondiale pour la sécurité des patients, Sir Liam Donaldson : « la sécurité des patients est aujourd’hui reconnue comme une priorité par les systèmes de santé partout dans le monde ». L’Afrique n’échappe pas à cette règle. La formation de base du corps médical et paramédical doit tenir compte des normes internationales de qualité en vigueur. Il en est de même pour la formation médicale continue dans le cadre du développement professionnel. Si le savoir s’apprend sur les bancs des écoles de santé et des facultés de médecine, le savoir-faire et le savoir-être en revanche ne peuvent s’apprendre qu’en pratique.
La formation fondée sur la simulation comme élément fondamental de la formation des professionnels de la santé et de l’amélioration des résultats en matière de santé est soutenue par des preuves scientifiques de niveau 1. Des méta-analyses sont d’ailleurs disponibles dans différents domaines : formation de base des paramédicaux et des étudiants en médecine, la ressuscitation, l’endoscopie interventionnelle, l’arthroscopie, les accidents vasculaires
Chadli Dziri, MD, FACS, Professor Emeritus – General Surgery Tunis University El Manar – Medical School of Tunis Director of Honoris Medical Simulation Center
de la vie réelle et des cas d’urgence aux élèves est devenu incontournable. C’est dans cette optique que le Centre de Simulation Médicale d’Honoris United Universities a été créé à Tunis en coordination avec des experts internationaux. Des technologies de pointe (simu-
cérébraux, la traumatologie et la
lateurs de basse et haute-fidélité)
radiologie interventionnelle.
associées à des approches pédago-
La simulation médicale est le meilleur garant d’un geste de soins efficient pour le malade. La simulation médicale est le meilleur garant d’un geste de soins efficient pour le malade. Le rôle de l’enseignement supérieur dans le développement de professionnels de la santé ayant les compétences nécessaires pour transformer le niveau des soins de santé en Afrique est primordial. Proposer des scénarios
giques innovantes assurés par des formateurs experts en simulation médicale bénéficient à la fois aux étudiants et à la formation continue des professionnels de santé. Ce type d’initiative contribue à avoir un impact durable sur la qualité des soins de santé en Afrique.
Dossier Emploi et formation
FERNAND KUISSU
Gabon Dans la même entreprise sur le long terme
Élève ingénieure dans un laboratoire de l’Icam à Douala.
Cameroun Entrepreneurs en herbe ou cadres de géants mondiaux
É
tudiante en master 2 à l’université Saint-Jérôme de Douala, Sebana espère être embauchée dès la fin de sa formation par la Société anonyme des brasseries du Cameroun, filiale du groupe Castel, où elle a déjà effectué un stage. « Je suis dans la filière gestion de la chaîne logistique. Notre formation nous prédispose à travailler dans tous les segments : achat, production, distribution, transport. Cette polyvalence m’autorise à m’insérer dans plus d’un département au sein de cette entreprise », fait valoir la jeune femme. Son condisciple Nelson envisage, quant à lui, de fonder son cabinet d’audit et d’expertise comptable, des métiers qu’il étudie actuellement. « Je souhaiterais débuter chez l’un des Big Four [les quatre plus grands cabinets internationaux d’audit: EY, KPMG, PwC et Deloitte], puis poursuivre deux à trois années dans une entreprise avant de m’établir à mon compte », prévoit-il déjà. L’entrepreneuriat, une obsession pour Baudouin. Encore au début de sa formation, cet étudiant du cycle ingénieur généraliste de l’Icam rêvait au départ de géants mondiaux tels que Total ou Bolloré, avant d’être fasciné par Will & Brothers, start-up
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ÉTABLISSEMENTS DES ÉTUDIANTS INTERROGÉS
• Université Saint-Jérôme, Douala. • Institut catholique des arts et métiers (Icam), Douala.
SECTEURS JUGÉS LES PLUS ATTRAYANTS
Agroalimentaire, nouvelles technologies, cabinets d’audit et de conseil. SALAIRE ATTENDU À LA SORTIE
De 700 000 à 1 000 000 F CFA par mois (1 067 à 1 524 euros). spécialisée dans la fabrication de drones avec laquelle son établissement a noué un partenariat. « Je bannis tout de suite la case “emploi” de mon programme à la fin de mes études », affirme-t-il. Un risque que Lionelle, inscrite au cycle ingénieur informatique, ne souhaite pas prendre. « Il est nécessaire que je fasse d’abord valoir mes compétences sur le marché du travail », soutient cette autre étudiante de l’Icam, qui entend retenir l’attention des géants du numérique Google, Apple ou Microsoft à sa sortie. OMER MBADI, à Douala
jeuneafrique no 3068-3069 du 27 octobre au 9 novembre 2019
L
a plupart des étudiants interrogés souhaitent intégrer des grands groupes privés. Ils recherchent une entreprise dans laquelle travailler à long terme, qui leur offre des horaires fixes et des possibilités d’évolution. Pour Alison, en licence professionnelle comptabilité-contrôle-audit à BBS, « l’idéal serait d’être embauchée par la banque BGFI, les cabinets d’audit Deloitte ou PwC, ou même des institutions comme l’ONU ». Heric, en licence banque à BBS, cherche aussi à être « cadré » dans sa future entreprise. Malgré la perspective de bons diplômes, la crainte de ne pas trouver un emploi reste partagée dans les rangs des dernières années de l’USTM et de BBS. Des anciens élèves, tels que Wylliam, diplômé il y a deux ans d’un master en biologie cellulaire et physiologique à l’USTM, n’ont trouvé que des stages. « Le marché de l’emploi est assez rude », s’inquiète Alison, même si d’autres se montrent plus confiants, du fait de leur spécialisation dans la banque ou l’ingénierie, où il existe des besoins qui demeurent importants au Gabon. CAROLINE CHAUVET, à Libreville
ÉTABLISSEMENTS DES ÉTUDIANTS INTERROGÉS
• École supérieure de la banque BGFI Business School (BBS).
• Université des sciences et techniques de Masuku (USTM). SECTEURS JUGÉS LES PLUS ATTRAYANTS
Banques, cabinets d’audit et de conseil, institutions internationales. SALAIRE ATTENDU À LA SORTIE
De 500 000 à 1 million de F CFA par mois (732 à 1 524 euros).
Dossier Emploi et formation
MANAGEMENT
Soizic Merdrignac Dirigeante fondatrice du cabinet Smart Metrix
« Les entreprises doivent mieux prévenir les conflits entre générations » Propos recueillis par QUENTIN VELLUET
lle est a le profil atypique par excellence. S oizic M erdrignac e s t né e à Abidjan, d’une mère ivoirienne et d’un père breton. Cette multientrepreneuse, infirmière de formation, est arrivée en France à 16 ans. Très vite lassée du curatif, elle choisit le préventif en devenant sophrologue et en suivant des formations de coaching en France ainsi qu’au Canada. En 2011, elle revient s’installer à Abidjan pour y lancer Smart Metrix, une société de conseil en ressources humaines. Habituée à côtoyer les cadres dirigeants, notamment au travers des cours qu’elle assure pour HEC Paris en Côte d’Ivoire, elle nous explique les enjeux d’une cohabitation entre plusieurs générations. Vous avez l’habitude d’intervenir auprès de dirigeants. Que doiventils savoir concernant les jeunes générations?
La tranche de la population née dans les années 1990 n’a pas les mêmes attentes que leurs aînés nés dans les années1980.Cesprofilssontdavantage en quête d’un emploi dont ils peuvent saisir le sens et l’impact final, alors que la priorité des générations plus anciennes était avant tout de trouver un job stable. La grande majorité de ces jeunes générations demeure pourtant soumise à une logique de survie, avec un chômage élevé et un salaire minimum de 60000 F CFA (environ 90 euros) par mois en Côte d’Ivoire. Donc, si nous ne sensibilisons pas les dirigeants au management intergénérationnel il va très vite y avoir des bugs dans l’entreprise.
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D’où viennent principalement les confrontationsentrelesgénérations?
Uncasdefigurerevientsouventdans la bouche des dirigeants. C’est celui d’un jeune profil qualifié et très volontaire, qui a des projets et veut changer certaines choses. Il se confronte à des managers qui lui rappellent les valeurs traditionnelles, comme le respect des aînés et les logiques de clan. Ces derniers ont le sentiment qu’on marche sur leurs plates-bandes et activent des mécanismes de résistance face au changement. Les jeunes n’ont pas forcément été formés pour faire face à cela. Une frustration s’installe chez eux, qui peut déboucher sur une réelle confrontation. Pourquoi est-ce si courant?
La Côte d’Ivoire a connu une période creuse en matière de formation à cause des crises entre 2002 et 2010. On se retrouve aujourd’hui avec des entreprises dont les dirigeants sont des gens formés avant cette période et donc peu sensibles aux bonnes pratiques managériales. Quant aux managers, ce sont
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souvent d’anciens techniciens compétents, mais peu à l’écoute et peu pédagogues. Vous avez aussi des jeunes qualifiés ou non. Enfin, à différents niveaux, on retrouve des profils d’expatriés ou de « repats » issus d’entreprises internationales et qui ont une culture différente. Ce mélange peut créer des frictions. Il faut concevoir ces conflits comme un risque à gérer pour l’entreprise. Quelles sont les réactions des jeunes face à ces conflits?
Le conflit ne survient pas toujours. Certains jeunes profils sont dotés d’une intelligence situationnelle. Ils sont capables d’analyser leur environnement ainsi que le comportement de leur entourage pour ensuite s’adapter et trouver des terrains d’entente. D’autres cèdent, et deviennent de simples exécutants réduits à faire le strict minimum quant à ce qu’on leur demande, avant d’adopter à leur tour le comportement qu’ils ont connu. Et puis il y a ceux qui ne font aucune concession et décident de partir.
COMMUNIQUÉ
RÉUSSIR L’INSERTION DES JEUNES EN AFRIQUE
UN MODÈLE IVOIRIEN
le Projet Emploi Jeunes et Développement des Compétences (PEJEDEC) Tous les gouvernements en Afrique sont confrontés au défi de l’emploi pour la jeunesse qui doit plus que jamais, être relevé sur le continent avec des solutions adaptées à chaque pays.
La phase 1 du projet (2012-2017) d’un montant de 50 millions USD (26 milliards FCFA), a bénéficié à 33636 jeunes soit 122% de taux de réalisation, l’objectif étant de 27500 jeunes. Le projet a testé divers programmes : le stage pour le primo-demandeur d’emploi, l’apprentissage, l'entrepreneuriat et les Travaux à Haute Intensité de Main d’Œuvre (THIMO). Une enquête menée en 2014, a relevé que globalement, six mois après leur passage au PEJEDEC, 62 % des bénéficiaires ont été insérés. Selon cette enquête 85% des bénéficiaires occupés estiment que leur situation actuelle dans la fonction est liée à l’expérience acquise dans le cadre du projet. Une seconde enquête menée deux ans plus tard pour apprécier l’évolution de la situation des jeunes dans l’emploi a relevé que la majorité des jeunes actifs lors de la première enquête sont demeurés en activité. En effet, sur les 81% de ces bénéficiaires en activité,61% ont
conservé leur activité et 20% autres exercent une nouvelle activité.Par contre les 19% déclarés être actifs font un retour à l'inactivité. Unprogrammenovateur pouraméliorerlaqualité de l’apprentissage par le renforcement de l’encadrement et la formation pratique combinée à une formation théorique complémentaire de 180 heures par année a bénéficié à 4000 jeunes peu qualifiés,âgés de 18 à 24 ans. Une rigoureuse évaluation d’impact a montré que ce programme d’apprentissage dual améliore les compétences des jeunes et augmente leurs revenus.En effet,à moyen terme,l’enquête de suivi réalisée environ 2 ans après la sortie des jeunes de l’apprentissage a montré que les jeunes participants ont des revenus supérieurs de 15%.Cette augmentation des revenus reflète une augmentation de la productivité des jeunes. Au niveau des entreprises, l’analyse dévoile que le programme est bénéfique pour les entreprises à court terme. Les apprentis représentent une part importante de la force de travail dans les petites et moyennes entreprises. La phase 2 du projet, en cours (2015-2020) d’un montant de 50 millions USD (26 milliards FCFA), enregistre 27032 bénéficiaires sur 31500 prévus (85,80% de taux de réalisation). De nombreuses innovations ont été introduites. La première concerne l’approche décentralisée de l’insertion à travers des maîtrises d’ouvrage dé-
léguées avec les collectivités territoriales (10régions/District), au profit de 8500 jeunes dans des zones mal desservies par les interventions liées à l’emploi et où vit une proportion élevée de jeunes avec un faible niveau de qualification. Un acquis majeur au niveau décentralisé a été de jeter les bases de la pérennisation par la mise en place, dans le cadre de l'entrepreneuriat, de fonds de garantie renouvelables, par chaque collectivité auprès d’institutions de micro-finance qui ont toutes accepté une prise de risque partielle de 30%. Environ 350 millions FCFA ont été mobilisés par les 10 collectivités. Une seconde innovation, concerne l’implémentation, à travers une phase pilote, d’un apprentissage moderne de type dual au profit de 1000 jeunes dans quatre Établissements d’Enseignement Techniques (EET) avec l’implication forte des branches professionnelles dans la gestion des EET et dans la construction des programmes et des référentiels. Cette réforme basée sur un nouveau texte réglementaire pris par le gouvernement instaure la notion d’apprentis sous statut salarié. Le gouvernement ivoirien qui fait de l’insertion professionnelle des jeunes une priorité, s’est inspiré et a fait sien les acquis du PEJEDEC, pour élaborer le Plan Social du Gouvernement 20192020 pour permettre l’insertion sociale au profit de 500000 jeunes qui participeront ainsi au développement économique du pays.
BCP-EMPLOI - 06 BP 2281 Abidjan 06 – Tél. : +225 22 54 95 30 - Email : contactemploijeune@gmail.com
www.pejedec.org
JAMG - PHOTOS : D.R.
En Côte d’Ivoire, l’une des premières initiatives impulsées, dès 2011, par le gouvernement en vue de répondre efficacement aux problèmes du chômage et de l’oisiveté des jeunes est le lancement du Projet Emploi Jeunes et Développement des Compétences (PEJEDEC) grâce à l’appui de la Banque mondiale. Ce projet est géré par le Bureau de Coordination des Programmes Emplois (BCP-Emploi) sous la tutelle du Ministère de la Promotion de la Jeunesse et de l’Emploi des Jeunes.
Dossier Emploi et formation
GRADUATES PROGRAMS
Les grands groupes misent sur les jeunes à haut potentiel Importés par les multinationales pour préparer leurs futurs dirigeants, les plans de formation et de mentorat séduisent désormais les compagnies africaines. L’Ivoirien Aboubacar Sidik Bamba, diplômé en marketing et ventes de l’INP-HB, sélectionné par le graduate program de Nestlé.
Six mois dans le pays d’origine, puis à l’étranger
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FATOUMATA DIALLO
e processus de recrutement aura duré deux mois. Mais l’Ivoirienne Kelly Attia, titulaire d’un master à l’École supérieure de commerce d’Abidjan (Esca), ne regrette pas d’avoir postulé en 2015 à la première édition en Afrique de l’Ouest du Management Trainee Program du géant suisse de l’agroalimentaire Nestlé. In fine, cinq candidats ont été retenus, sur mille dossiers déposés en Côte d’Ivoire. Les 18 autres trainees sélectionnés sont, eux, originaires du Ghana et du Nigeria. Très sélectif, le programme a pour objectif de renforcer pendant deux ans les compétences commerciales et marketing de ces talents à haut potentiel, susceptibles d’occuper des postes de cadres dirigeants. « Cette expérience
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l’acquérir en 2014. Alors employé par le géant pharmaceutique Pfizer, il a été poussé par son manager à suivre une formation interne en marketing. Une aubaine pour ce scientifique focalisé jusque-là sur des sujets très techniques. « J’ai pu élargir mon champ de compétences. Je comprends désormais mieux les attentes des consommateurs, puisque j’ai passé beaucoup de temps sur le terrain », fait-il valoir.
m’a permis de maîtriser la gestion d’une équipe et de comprendre l’organisation du système de vente d’une multinationale », assure Kelly. À l’issue de cette formation, elle a ainsi été propulsée au siège régional de Nestlé, basé à Accra, où elle travaille depuis deux ans au département marketing. Véritables accélérateurs de carrière, les graduate programs, qui durent en moyenne deux ans, sont des parcours d’intégration privilégiée au sein de grandes entreprises. Le plus souvent destinés aux jeunes diplômés, ils leur permettent, d’une part, de se former à des postes hautement qualifiés et, de l’autre, d’être polyvalents en expérimentant différentes branches au sein de l’entreprise. Cette polyvalence, Roger Assemien, aujourd’hui manager de la région Afrique de l’Ouest du laboratoire Sysmex Corporation, a pu
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Total, pionnier en la matière sur le continent, a créé en 2014 son Total Young Graduate Program. Selon le groupe pétrolier, qui se revendique leader de son secteur en Afrique, 400 diplômés y ont été formés. La supermajor espère atteindre la barre des 500 jeunes recrues d’ici à la fin de 2020. Son programme prévoit, dans un premier temps, un contrat de six mois dans le pays d’origine du candidat, période durant laquelle il est formé aux métiersdelafirme.Troisbranchessont proposées: la finance, le commerce et l’ingénierie. Puis, les jeunes professionnels quittent leur pays une année pour se développer à l’étranger, dans une autre implantation de Total, sur le continent ou au siège, à Paris. Cette dernière phase permet aux graduates de développer leurs réseaux mais aussi d’être évalués sur leur capacité à s’adapter dans un environnement éloigné du leur. Aujourd’hui, ce modèle importé sur le continent par les firmes internationales séduit de plus en plus les grandes entreprises africaines, notamment dans le secteur bancaire. Pour adapter les jeunes talents aux réalités du marché, le groupe panafricain Oragroup,
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Dossier Emploi et formation
CHEZ NESTLÉ,
75 %
préparé deux ou trois successeurs piloté depuis Lomé, prépare un prodisponibles », estime-t-il. Mais gramme destiné aux jeunes proDES JEUNES SÉLECTIONNÉS SONT DEVENUS ces programmes, qui permettent fessionnels qui doit être lancé en CADRES À L’ISSUE DU PARCOURS de moderniser la direction des 2020. « La formation en Afrique En 2016, le géant agroalimentaire a lancé le Central entreprises en Afrique, suscitent subsaharienne n’est pas toujours & West Africa Region (CWAR) Graduate Trainee parfois des réticences. « Les grade bonne qualité, en raison du Program, qui a sélectionné 23 jeunes stagiaires duates peuvent avoir à faire face à nombre limité d’écoles crédibles originaires du Ghana, de Côte d’Ivoire et du des conflits intergénérationnels », et d’excellence », déplore PierreNigeria, formés pendant deux ans en marketing, observe Pierre-Alfred Menounga. Alfred Menounga, directeur des vente, stratégie et management. Aujourd’hui, En effet, la nouvelle génération doit ressources humaines du groupe 17 d’entre eux occupent un poste de cadre composer avec une culture hiéraret lui-même issu du Management au sein de l’entreprise en Afrique, chique africaine où l’autorité naturelle GraduateProgramdeBritishAmerican dont quatre Ivoiriens. découle de positions acquises, comme Tobacco, au Cameroun. Pour y reméle droit d’aînesse. Il lui est alors difficile dier, Orabank a donc signé des parde faire valoir ses compétences face à tenariats avec différentes grandes des collègues plus âgés. La fidélité des Sémou Diouf, DRH de Sédima, groupe écoles afin de sélectionner une série « jeunes talents » n’est pas non plus sénégalais spécialisé dans l’agroalide jeunes diplômés désireux d’ingarantie pour les groupes qui lancent mentaire. Deux étapes sont, selon lui, tégrer le groupe bancaire : l’Essec, ce dispositif. Dans de nombreux pays nécessaires: « Les équipes RH doivent en France, l’Université catholique d’Afrique, l’offre d’emplois qualifiés d’abord identifier l’ensemble des d’Afrique centrale (Ucac), à Yaoundé est souvent supérieure au nombre de talents de la structure. Puis les difféet le Centre africain d’études supéprofils compétents. Les jeunes à haut rents responsables de service passent rieures en gestion (Cesag), de Dakar. potentiel sont ainsi facilement amenés en revue, avec elles, tous les postes où « Les graduates programs sont avant à quitter l’entreprise qui a investi dans il ne peut y avoir de vacance. Sur ces tout créés à l’initiative des managers leur formation… “jobs critiques”, il est impératif d’avoir et des ressources humaines », observe
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AVIS DE RECRUTEMENT POUR L’OMCA-TOGO Réf. : Integra/MCA-T/19/01 - Date de clôture : 18/11/2019 - Pays : Togo
CADRE ORGANISATIONNEL
Le Millennium Challenge Corporation (MCC) est une agence indépendante du gouvernement américain créée en 2004 avec une approche innovante et qui a fait ses preuves pour lutter contre la pauvreté par la croissance économique. Il accorde des aides qui visent à relever les déËs les plus urgents qui freinent la croissance et le progrès économiques des pays et visent à créer les conditions permettant au secteur privé d’investir dans les pays partenaires. En avril 2018, il a approuvé un programme de seuil (Threshold Program) de 35 millions de dollars au bénéËce du Togo qui concerne la réforme du secteur des TIC (Projet TIC) et du secteur foncier pour accélérer la productivité agricole (Projet LRAP). Dans ce cadre, le MCC recrute les 8 postes clefs suivants pour le compte de l’Organisme de mise en oeuvre du Millennium Challenge Account - Togo (OMCA-Togo) qui est l’entité autonome du Gouvernement togolais chargée de gérer et mettre en oeuvre le Programme Threshold au Togo. LISTE DES POSTES À POURVOIR
1. Le directeur général (H/F) 2. Le directeur du projet TIC (H/F) 3. Le directeur du projet réforme foncière (LRAP) (H/F) 4. Le directeur administratif et Ënancier (H/F) 5. Le directeur de la passation des marchés (H/F) 6. Le directeur du suivi évaluation et de l’analyse économique ( H/F) 7. Le directeur de l’environnement, du genre et de l’inclusion sociale (H/F) 8. Le chargé de la communication et de la collaboration avec les parties prenantes (H/F) Le détail des exigences de chaque poste est disponible sur le lien suivant : https://integrallc.applicantstack.com/x/openings
RECRUTEMENT
DOSSIERS DE CANDIDATURE
Les candidats intéressés et correspondant aux proËls requis doivent postuler sur le site suivant https://integrallc.applicantstack.com/x/openings au plus tard le 18 novembre 2019 à 12:00 heures Temps Universel : - en remplissant toutes les informations qui leur sont demandées, notamment les questionnaires concernant leurs qualiËcations et, - en fournissant les pièces obligatoires suivantes : lettre de motivation, CV détaillé, copies des diplômes obtenus, attestations de références professionnelles à l’appui de leur expérience et incluant les coordonnées d’un contact référent joignable, copie de leur passeport ou carte d’identité.
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Nos offres d’emploi Directeur Administratif et Financier H/F Sénégal - CDI Poste basé à Dakar. Vos missions comprennent : la projection du business plan à long terme, la responsabilité des états financiers et de la conformité de l’entreprise avec le droit sénégalais d’un point de vue comptable, juridique et fiscal, le management d’une équipe de financiers et juristes et le respect des règles de la holding localement.
Vous disposez d’une expérience d’auditeur(ice), DAF ou Directeur(ice) comptable dans une multinationale depuis plus de 3 ans, vous maîtrisez Excel et parlez anglais couramment. Orienté résultat et fin stratège, vous aimez travailler en équipe et mobiliser les ressources nécessaires pour atteindre vos objectifs.
Directeur Régional H/F République Démocratique du Congo - CDI
A l’aise en français, anglais et lingala, vous êtes un manager agile et proactif. Vous êtes doté(e) d’un esprit d’entrepreneur et avez l’habitude de travailler sous pression, de manière indépendante et savez effectuer des reportings clairs et reguliers au siège.
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Poste basé à Kinshasa. Vous évoluerez au sein d’une multinationale dans le secteur des télécommunications. Vos missions comprennent notamment : la définition de la stratégie et de la politique commerciale, s’assurer de la réalisation des objectifs qualitatifs et quantitatifs de ventes, la supervision des équipes commerciales, marketing, technique et administrative.
RESPONSABLE D’USINE (Poste basé à Abidjan) Sous la responsabilité du Directeur Général, vous serez chargé de : • Assurer toutes les fonctions de maintenance de l’outil industriel ; • Gérer la production pour l’obtention des produits de qualité selon les normes requises ; • Participer à la conception des nouveaux produits ; • Veiller à la bonne gestion du magasin ; • Gérer le personnel de l’usine.
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Ingénieur ou Technicien Supérieur, vous disposez d’au moins 10 années d’expérience (pour un profil d’Ingénieur) ou minimum 20 années (pour un profil de Technicien Supérieur) avec une expérience pertinente dans la maintenance et la production. Une expérience dans le domaine de la fabrication des PVC serait idéal. En outre, vous avez une bonne capacité à faire des dessins industriels pour la conception des moules. Vous avez la capacité à pouvoir gérer un groupe de personnes et à résister au stress. Vous avez le sens de l’organisation et des responsabilités ainsi qu’une bonne capacité d’adaptation. L’anglais serait un plus. Merci d’adresser : Lettre de motivation, C.V, photo, prétentions salariales à cv@mce-afrique.net/mce@aviso.ci
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