JA 3074 du 8 au 14 décembre 2019 GF Dakar

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CÔTE D’IVOIRE

INTERVIEW Maurice Kamto : « Pour le salut du Cameroun, je suis prêt à parler avec Biya »

SORO-BLÉ GOUDÉ : VRAIE ALLIANCE OU POKER MENTEUR ?

DOSSIER Mines Guinée 10 pages

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3074 DU 8 AU 14 DÉCEMBRE 2019

SÉNÉGAL

Dakar rêve plus grand

C’est le projet numéro un de Macky Sall. En dépit de tous les obstacles, le chantier de la ville nouvelle de Diamniadio, à 30 km de la capitale, avance à pas de géant. Si les deux entités devaient un jour fusionner, à quoi ressemblerait dans vingt ans l’énorme métropole qui en résulterait ?

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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 Br Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 5 € Portugal cont. 4,30 € RD Congo 5 $ US Réunion 4,60 € Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 4 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285

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SPÉCIAL 30 PAGES



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GRAND FORMAT

YOURI LENQUETTE POUR JEUNE AFRIQUE

DAKAR

Capitale en mode XXL Réseaux de transports, espaces publics, complexes culturels… Depuis la corniche et le centre du Plateau, à l’ouest, jusqu’à la ville nouvelle de Diamniadio, à l’autre extrémité de la presqu’île, l’agglomération sénégalaise est en chantier. Et semble bien partie pour inventer la métropole africaine du futur.

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COMMUNIQUÉ

Entretien avec MONSIEUR MAMADOU LAMINE GUEYE Président Directeur Général du Groupe CSTTAO

Le groupe CSTTAO a 70 ans cette année. Une histoire pas uniquement sénégalaise, mais aussi continentale et internationale. À partir de Dakar, le Groupe CSTTAO c’est aujourd’hui des filiales opérant sous le nom de AFRILOG dans 13 pays africains et en Europe. Beaucoup d’expérience, de connaissances et de savoir-faire accumulés, mais toujours assez jeune pour se sentir constamment mis au défi, comme par exemple relever en permanence celui de l’innovation.

Ne jamais oublier que nous nous devons de performer.

JAMG - Photos : D.R.

Au Sénégal, par des investissements de 26 milliards de F CFA, nous avons déjà développé un hub sous-régional moderne avec : •

20000 m2 de plateformes logistiques à Dakar ;

Sur 7000 m2 une plateforme logistique, construite sur des normes internationales, de stockage et de distribution à Moussala (Sénégal Oriental) ;

Le développement d’activités de manutention et de transport dans le port fluvial de Kaolack en créant, à partir de celui-ci, un corridor logistique pour l’est du Sénégal, le Mali, l’Ouest de la Guinée et le Burkina Faso.

Quel est le défi du groupe CSTTAO / AFRILOG ?

Contribuer à la logistique pétrolière et gazière. Pour cela, nous continuons à améliorer notre outil de gestion l’ERP SAP (nous sommes la première société logistique africaine a utiliser ce système). Nous maintenons années, après années, nos certifications ISO. Nous veillons à ne pas perdre le savoir-faire reconnu que nous avons développé dans l’intégration des chaines d’approvisionnement. Nous continuons à consolider et à innover en permanence en développant des points propres aux États-Unis, en Chine et en Australie.

CSTT-AO GROUP

AFRIQUE DU SUD | BELGIQUE | BURKINA FASO | GABON | GHANA | GUINÉE | MALI MOZAMBIQUE | RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO | SÉNÉGAL

Avenue Peytavin, Dakar, Sénégal Tél. : +221 33 849 49 39 Email : csttao@csttaogroup.com


Mehdi Ba

110 ENJEUX

mehdiba

D’un Dakar l’autre

119 Interview de

Pierre Goudiaby Atepa

D’Émile à Macky ombien de Sénégalais se souviennent-ils d’Émile PinetLaprade? Combien savent-ils que ce colonel français du génie est officiellement le fondateur de leur capitale? Nous sommes en 1858 lorsque cet ancien gouverneur élabore un premier plan cadastral de Dakar, avant de lancer les travaux de construction du phare des Mamelles, puis du port. Dix ans plus tôt, la presqu’île du Cap-Vert n’était encore qu’un coin de brousse parsemé de quelques cases. Les villes importantes du pays étaient alors Saint-Louis, au Nord, qui deviendra la capitale de l’Afrique-Occidentale française (AOF) en 1895, Rufisque, florissante grâce au commerce de l’arachide, et Gorée, confetti insulaire situé au large de Dakar. Ironie du sort : lorsque les familles mulâtres de Gorée, elles aussi versées dans le commerce de l’arachide, s’y sentirent trop à l’étroit, elles réclamèrent d’aménager Dakar à la façon d’une annexe: une ville nouvelle surgie de la brousse et des dunes. « Dakar est toujours très calme, il est même triste. Peu de maisons, peu d’habitants, peu de commerces et pas d’industrie », écrivait un administrateur colonial en 1878. Pourtant, l’essor de la presqu’île va rapidement donner le tournis. En 1887, Ndakaru (son nom wolof) n’abrite encore que 8 700 personnes. En 1909, ils sont 25 000. En 1960, les voilà 300 000. Et en 2000, ce qui est devenu entre-temps l’agglomération dakaroise totalise 2,2 millions d’habitants. Ils sont aujourd’hui 3,6 millions. En une quinzaine de décennies, ce losange de terre exigu, encadré par l’Atlantique, est devenu une mégapole surpeuplée où la boulimie immobilière s’est infiltrée dans la moindre parcelle de terrain disponible et où un afflux ininterrompu de migrants intérieurs aggrave chaque jour le cancer urbain dont Dakar est affligé.

C

Architecte

124 Tribune

Aujourd’hui, comme par un jeu de poupées russes, c’est donc la presqu’île asphyxiée qui a besoin, à son tour, de se trouver un exutoire. L’ambition est ancienne, mais c’est Macky Sall qui, tout juste élu, a donné en 2014 le premier coup de pioche à ce projet visant à faire surgir de terre, à Diamniadio et au lac Rose, deux pôles urbains destinés à désengorger la capitale. Si le second est encore virtuel, la construction du premier avance à vitesse grand V.

Grand-œuvre consensuel

Une fois n’est pas coutume : dans un pays habitué aux joutes épiques entre l’opposition et la majorité, le grand-œuvre apparaît consensuel. Même si le coût du train express régional (TER) est controversé – 656 milliards de F CFA, soit environ 1 milliard d’euros, pour le premier tronçon de 36 km –, les responsables politiques de tous bords semblent globalement s’accommoder de l’ambition présidentielle. Dans le milieu des urbanistes, certaines voix pointent toutefois quelques inquiétudes. Les unes s’étonnent de la rentabilité trop faible des investissements à Diamniadio pour les promoteurs privés, craignant que ce constat paralyse une partie des programmes immobiliers au cœur du projet. D’autres déplorent l’installation de ces deux vastes chantiers dans la région de Dakar, au risque de perpétuer l’extrême concentration des infrastructures et de l’activité économique dans cette zone géographique étroite, au détriment du reste du pays. Mais, surtout, les observateurs s’interrogent sur la recette – présumée magique – qui permettra à Macky Sall d’éviter de reproduire les manquements du passé, lesquels ont suscité à Dakar un chaos urbain, qui, malgré les bonnes intentions affichées, ne cesse de s’amplifier.

Mohamed Mbougar Sarr Romancier

126 AMÉNAGEMENT Tous en piste pour les JOJ de 2022

130 Campus d’excellence 132 Amadou Loum

Diagne surfe sur le tourisme

135 Architectes

Mbacké Niang, Maissa Diodio Touré et Alioune Sow, des bâtisseurs visionnaires

141 Les Nations

unies enfin réunies à Diamniadio

144 UN TOUR EN VILLE Le Centenaire, cœur battant de la capitale

148 Espaces verts

Une bouffée d’oxygène au parc de Cambérène

150 Culture

Black Rock, ateliers avec vue

153 Aïsha Dème

fait des étincelles

Suivez toute l’actualité de Dakar et du Sénégal sur www.jeuneafrique.com

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Grand format DAKAR

ENJEUX

Extension du do

Place Soweto, dans la commune du Plateau.

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YOURI LENQUETTE POUR JA

maine de la ville

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Grand format DAKAR ENJEUX

Le président Macky Sall s’est lancé dans une course contre la montre pour construire le nouveau pôle urbain de Diamniadio avant la fin de son second mandat. Mais les concepteurs du projet devront éviter de reproduire les erreurs qui ont rendu la capitale difficilement vivable.

C

MEHDI BA, envoyé spécial à Dakar

est un clip vidéo onirique de deux minutes et trente secondes. Réalisé pour le compte de la République du Sénégal par le groupe Teylium, de l’homme d’affaires Yerim Sow, il met en scène, en images 3D, ce à quoi pourrait ressembler dans quelques années la ville nouvelle de Diamniadio, cette annexe de la capitale dont Macky Sall a fait l’un des piliers de son double mandat présidentiel, dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE). Pour qui connaît Dakar la folklorique, ses multiples ruelles ensablées, ses cars rapides hors d’âge, ses charrettes à cheval circulant sur les avenues, ses petits commerçants devenus maîtres des trottoirs, ses artères maigrelettes asphyxiées par les embouteillages, ses talibés mendiant à chaque carrefour, ses égouts à ciel ouvert…, ce spot peut faire sourire. Car Diamniadio se donne à voir comme une cité high-tech, irréprochable, où rien ne dépasse. Une métropole revue de fond en comble, dans laquelle « les règles d’urbanisme sont respectées et les signes extérieurs de pauvreté que nous traînons derrière nous comme un boulet sont éliminés au profit d’une vision structurée du petit commerce », conformément aux vœux de l’architecte Pierre Goudiaby Atepa (lire pp. 119-122).

Gazon à l’anglaise

Dans cette ville nouvelle encore virtuelle, les pâtés de maisons sont strictement délimités, les bâtiments et les infrastructures – ultramodernes – paraissent harmonieusement conçus, les artères sont larges et la circulation fluide, les habitations respectent un strict cahier des charges… Et, surtout, de multiples espaces verts s’y insèrent : ici des cocotiers majestueux bordant les avenues, là de vastes étendues de gazon taillé à l’anglaise ; le tout miroitant dans les eaux d’un majestueux lac artificiel. Pour l’heure, il ne s’agit encore que d’un rêve. Mais, de part et d’autre de l’autoroute à péage qui relie désormais le centre-ville de Dakar à l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD,

voir carte p. 114), les grues de chantier s’activent à en faire une réalité. Pour les autorités, outre la volonté affichée de désengorger une capitale devenue invivable sous le poids de la croissance démographique et de l’exode rural, l’objectif tient en quelques mots : « Nous voulons réussir à Diamniadio ce qui a été raté à Dakar », résume Abdou Karim Fofana. Nommé ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique en avril, l’ancien directeur général de l’Agence de gestion du patrimoine bâti de l’État (AGPBE) suit le projet depuis son origine.

Les bases du cœur de ville

Force est de constater que la première phase du projet n’a pas traîné. Entre 2014, date du lancement officiel des travaux, et février 2019, date de la réélection de Macky Sall à la présidence, de nombreuses infrastructures ont poussé en un temps record sur cette terre argileuse qui complique le travail des bâtisseurs : le Centre international de conférences Abdou-Diouf (Ciad), un hôtel Radisson Blu, un palais omnisports – le Dakar Arena, qui scintille de mille feux à la nuit tombée –, une zone économique truffée d’entrepôts, une cité ministérielle – dont une partie est déjà opérationnelle, qui accueille divers départements dits techniques, etc. « Durant ces cinq premières années, nous avons posé les bases du cœur de ville, poursuit Abdou Karim Fofana. Des immeubles de logement ont été construits, mais il reste du travail pour rendre opérationnels la voirie, les réseaux d’eau et d’électricité, ainsi que les transports, avec l’entrée en service du TER. » Quant aux entreprises, elles commencent à affluer dans cet eldorado qui devrait comporter, à terme, un pôle économique multiforme, vivier de dizaines de milliers d’emplois. Malgré les promesses ambitieuses des promoteurs de la ville nouvelle, certains architectes s’interrogent mezza voce sur la pertinence d’un projet qui semble perpétuer l’hypertrophie de la capitale, dont le pays est depuis longtemps affligé. La région de Dakar concentre en effet plus de 23 % de la population alors qu’elle représente moins de 0,3 % du territoire.

UN CENTRE DE CONFÉRENCES, UN HÔTEL RADISSON, UN PALAIS OMNISPORTS… LES INFRASTRUCTURES SONT SORTIES DE TERRE EN UN TEMPS RECORD.

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Grand format DAKAR ENJEUX

La région de Dakar (4 départements) Guédiawaye

Pikine

Rufisque Ville nouvelle de Diamniadio

Dakar Océan Atlantique 5 km

EXTRÊME DENSITÉ

19 communes de la ville d eD aka r Cambérène

Aéroport international Blaise-Diagne

Les Parcelles assainies Île de Ngor

Patte-d’Oie

Yoff

Ngor

Grand-Yoff

SICAP Liberté

HannBel-Air Dieupeul-Derklé HLM Biscuiterie Grand Dakar

Ouakam Mermoz Sacré-Cœur

Fann-Point EAmitié

Île de Gorée Gueule-Tapée Fass-Colobane Médina Îles de la Madeleine Dakar-Plateau

« En tant qu’urbaniste et aménageur, il me semblerait plus utile de décentraliser davantage, de rééquilibrer les projets d’infrastructures à l’échelle du territoire, notamment en désenclavant le sud du pays, argumente l’un d’entre eux. Cela développerait chez les Sénégalais de l’intérieur un sentiment d’appartenance au pays, tout en nous permettant de nous rapprocher des pays voisins autrement que par le verbe. » « Cette hypertrophie, subie, est désormais inexorable », reconnaît Abdou Karim Fofana. Mais le défi qui se pose à nous est de l’aménager au mieux, ajoute le ministre de

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l’Urbanisme. Le Sénégal n’avait pas les moyens d’aménager une annexe de la capitale à 300 km de Dakar. Nous disposons désormais d’un aéroport international, à Diass, qui sera bientôt relié à Dakar par un TER, lequel desservira toute la grande banlieue. Nous avons conçu Diamniadio en tenant compte de nos moyens du moment. »

Un credo : le « fast track »

Si Macky Sall apparaît comme le principal artisan politique du projet, existe-t-il un concepteur global de ce chantier tentaculaire ? Aucun de nos interlocuteurs

SOURCE : JEUNE AFRIQUE

La région de Dakar compte 3,53 millions d’habitants, dont environ 1,2 million dans la ville de Dakar. Alors qu’elle ne représente que 0,28 % du territoire national, elle concentre plus de 23 % de la population, contre 4,1 % pour la région de Ziguinchor et 1,1 % pour celle de Kédougou.

les sur m o Zo


COMMUNIQUÉ

AVIS D’EXPERT

Cabinet d’Avocats Houda SÉNÉGAL CÔTE D’IVOIRE www.avocatshouda.com

Les Partenariats Public-Privé (PPP) au SÉNÉGAL : solution de développement. L

es Partenariats Public-Privé

et des télécommunications, qui

(PPP) ont acquis une place

relèvent de réglementations spé-

importante au Sénégal en matière

cifiques, elle s’applique à des sec-

de construction, entretien, main-

teurs variés tels que les transports,

tenance, exploitation ou gestion

l’agriculture, l’éducation, la santé, etc.

d’équipements ou de biens né-

Aussi, le recours aux PPP n’est pos-

cessaires au service public. Cette

sible que si le projet remplit l’une des

forme de partenariat a conduit à

conditions suivantes : (i) complexité

la réalisation de plusieurs projets

technique, financière et juridique du

récents dont l’autoroute à péage

projet pour la personne publique,

Ila-Touba, le Train Express Régio-

(ii) caractère d’urgence, ou (iii) bilan

nal (TER) et la Cité Ministérielle...

entre avantages et inconvénients

du contrat, à la renonciation à l’im-

Les PPP permettent aux Etats de

plus favorable que ceux d’autres

munité d’exécution dont bénéficient

réaliser les projets nécessaires à

contrats de la commande publique.

les personnes publiques et même à

populations.

La passation d’un contrat PPP obéit à un formalisme selon que le projet est passé par appel d’offres, par entente

Le Sénégal, conscient desdits enjeux, a mis en place en 2014 un nouveau cadre réglementaire et institutionnel favorisant la réalisation des partenariats public-privé tels que

directe, ou en procédure négociée. Le législateur a consacré la possibilité pour l’opérateur privé d’adresser à la personne publique une offre spontanée.

connus à ce jour avec d’importants investisseurs internationaux.

Avocat à la Cour, Barreaux du Sénégal et de Côte d’Ivoire

la stabilisation juridique, fiscale et

leur développement et à l’amélioration des conditions de vie de leurs

Khaled Abou El Houda,

douanière des conditions d’exercice de ses activités. Cette clause de stabilisation, née de la pratique contractuelle, permet à l’opérateur privé d’être protégé contre un changement législatif et/ou réglementaire qui pourrait impacter de manière défavorable son investissement.

Ainsi la négociation d’un contrat Dans le cadre de la négociation du

PPP est-elle un exercice d’équilibre

contrat PPP avec la personne pu-

entre les intérêts de l’Etat, ceux

Si la loi n°2014-09 du 20 février 2014

blique concernée, l’opérateur privé

des opérateurs privés et ceux des

relative aux contrats de partenariat

pourra négocier des clauses relatives

citoyens, lequel contrat, une fois

exclut certains secteurs d’activités

au foncier, au contenu local, aux pé-

réalisé, constitue, à notre avis, une

comme ceux de l’énergie, des mines

nalités de retard en cas d’inexécution

pleine solution de développement.


n’a jamais entendu parler d’une personne qui aurait pensé ce que deviendra Diamniadio dans cinquante ou cent ans. « La Délégation générale du pôle urbain de Diamniadio et du lac Rose [DGPU, directement rattachée à la présidence] fait office de maître d’œuvre », précise Abdou Karim Fofana, dont le prédécesseur au ministère de l’Urbanisme, Diène Farba Sarr, en est désormais le patron. Et d’ajouter que cette ville nouvelle a été l’occasion pour le chef de l’État de mettre en pratique son credo : le fast track, une méthode qui a pour ambition de compresser le calendrier des projets présidentiels. « Diamniadio est basée sur une Les immeubles de la première phase du quartier ministériel de Diamniadio, inaugurée en mai 2018. volonté politique, elle-même il a plusieurs décennies devant lui. Et il sait qu’il transfondée sur une analyse anticipative: Dakar souffre d’une mettra ensuite le flambeau à son fils. Il fera donc tout démographie galopante et d’un urbanisme déstructuré, il fallait donc agir sans attendre. C’est ensuite que nous avons pour que ce soit dans de bonnes conditions. » Quid de cette contrainte pour Macky Sall, qui achèvera lancé différentes études correctives », poursuit le ministre. son second mandat en 2024, à un moment où Diamniadio « Le défi auquel se heurte un tel projet est que le temps ne sera encore qu’un embryon ? Son successeur pournécessaire pour qu’une ville existe réellement est bien rait-il revenir sur l’ambition de l’actuel président? Abdou plus long que le temps électoral », souligne notre archiKarim Fofana ne veut pas le croire. « Les Sénégalais sont tecte-aménageur. Et d’évoquer les travaux d’urbanisme rationnels, assure-t-il. Et la construction de Diamniadio menés au Maroc. « La contrainte temporelle n’y est pas la est désormais irréversible. » même : lorsque le roi intervient sur un projet de ce genre,

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YOURI LENQUETTE

YOURI LENQUETTE

Grand format DAKAR ENJEUX


MESSAGE

« Nous sommes un partenaire du développement de l’économie du Sénégal » Le Crédit International est la première filiale africaine du groupe bancaire Crédit Libanais Sal. Nous avons débuté nos activités en juin 2010 avec une agence située dans le centre-ville, qui est dédiée principalement à l’accompagnement des entreprises à fort potentiel, définies comme ayant un certain niveau de chiffres d’affaires. Notre politique est donc de financer principalement les entreprises sénégalaises qui développent des activités dans tous les domaines de la vie des affaires. Dès son ouverture, nous avons fait confiance à une équipe jeune et dynamique pour porter un projet qui n’est pas exclusivement local, mais a vocation à s’étendre à la sous-région à travers l’ouverture de succursales.

services liés, notamment le e-banking, le sms-banking, la carte VISA, la bancassurance, le mail-banking, avec la possibilité de bénéficier d’un découvert bancaire. Par ailleurs, dans le cadre de l’ouverture de notre politique de crédit au « retail », nous proposons, dans le cadre de conventions d’entreprises, aussi bien du secteur privé que du secteur public, des crédits avec des taux préférentiels et des conditions de rapidité en matière de déblocage de la garantie.

Vous développez des partenariats avec l’état. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

Le Crédit International a vocation à financer l’économie sénégalaise, notamment les différents projets déclinés dans le Entretien avec Plan Sénégal Émergent (PSE). Nous parChristian KHALIFE Directeur Général ticipons déjà activement au financement de secteurs prioritaires, comme l’énergie, Depuis 2016, nous avons ouvert une deuxième agence dans la zone induset nous accompagnons les différentes trielle afin d’être plus proches de notre clientèle cible et, deentreprises et PME-PMI à travers une offre adaptée. De puis quelques mois, nous avons infléchi notre stratégie pour plus, nous nous impliquons dans le financement direct et inincorporer la clientèle « retail ». direct de l’état à travers l’achat de titres et de bons du trésor, le financement des sociétés privés dans tous les secteurs, De quelle façon les nouveaux produits favorisent-ils notamment dans l’énergie, l’industrie, et l’agroalimentaire.

une plus grande proximité avec les clients ?

Les nouveaux produits que nous mettons surtout à la disposition de la clientèle « retail » sont composés de « packages » qui comportent un meilleur accès au compte, dans des conditions attractives ; ainsi qu’un certain nombre de

Par ailleurs, dans le cadre du financement du personnel de l’administration et de ses différentes entités, Le Crédit International a mis en place des formats de collaboration qui sont en train d’être étudiés.

Immeuble le Goelan, Boulevard Djily Mbaye X Henry DUNAN BP 50117 Dakar RP - SÉNÉGAL Tél. : (+221) 33 889 18 18 – Fax : (+221) 33 822 80 80 - Email : info@cisenegal.com - www.cisenegal.com

JAMG - Photos : D.R. sauf illustration © Adobe stock.com

Pouvez-vous nous présenter le Crédit International ?



À la fin d’octobre, dans ses bureaux de la « pyramide Atepa », à Fann-Résidences.

SYLVAIN CHERKAOUI POUR JEUNE AFRIQUE

Grand format DAKAR ENJEUX

STRATÉGIE

Pierre Goudiaby Atepa

Architecte

« C’est au continent d’inventer sa ville moderne » Propos recueillis à Dakar par MEHDI BA

epuis ses jeunes années dans les ruelles de la Médina – commune du centre de la capitale où ce Casamançais de naissance a grandi –, Dakar est devenue méconnaissable, dévorée par la frénésie immobilière, les embouteillages et la pollution. L’architecte Pierre Goudiaby Atepa, 72 ans, a assisté à chaque étape de cette hérésie urbanistique. Il confie regretter aujourd’hui l’époque de Senghor, « lorsque la hauteur des bâtiments à Fann-Résidences [où il habite] était limitée strictement » et que le littoral de la Corniche-Ouest n’avait pas encore été bradé au profit d’intérêts privés. Impliqué lui-même dans plusieurs projets de villes nouvelles dans différents pays du continent, cet architecte-conseiller des princes, businessman aux affaires florissantes et ancien président de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) observe favorablement le projet, cher à Macky Sall, de ranimer une capitale à bout de souffle en faisant émerger deux pôles urbains à l’embouchure de la presqu’île du

D

Cap-Vert, à Diamniadio et aux abords du lac Rose. « Dakar mérite d’être revue et corrigée », résume-t-il. Au-delà d’un réflexe de survie face à l’explosion démographique et urbanistique, Pierre Goudiaby Atepa veut voir dans la construction de cette génération de « villes intelligentes » une occasion pour l’Afrique d’inventer ce que sera, demain, une cité moderne. Jeune Afrique : À quand remonte le projet de désengorger Dakar en créant une ville nouvelle et de faire de l’agglomération une métropole moderne?

Pierre Goudiaby Atepa : Le constat de l’engorgement de Dakar est ancien. Depuis les indépendances, la population des capitales africaines double en moyenne tous les vingt-cinq ans. Lors de son premier mandat, le président Abdoulaye Wade, dont j’ai été le conseiller spécial, avait donc envisagé de créer un pôle urbain au lac Rose. Je pourrais vous en montrer les plans: il y avait une ville médicale, une ville universitaire… et même un Bollywood sénégalais! Le projet avait été finalisé et adopté sur le papier, mais les travaux n’ont jamais démarré.

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Grand format DAKAR ENJEUX

YOURI LENQUETTE

Bureaux, appartements, voirie… Les premiers quartiers prennent forme.

Macky Sall, lui, est passé à l’acte…

Macky Sall aura eu le mérite de se lancer dans l’aventure. Peu après son élection, de très bonne foi, il a souhaité poursuivre ce projet. Il m’avait même convié à l’accompagner lors de deux voyages officiels dans le Golfe, notamment pour concrétiser des partenariats avec des investisseurs qataris. Lui et son équipe ont finalement choisi de privilégier Diamniadio pour mener ce projet à bien. Mais celui d’un deuxième pôle urbain, au lac Rose, n’a pas été abandonné pour autant. On y trouve d’ailleurs un cadre plus accueillant, en bordure de l’océan et, surtout, le sol y est plus favorable que celui de Diamniadio, composé d’argile gonflante. Diamniadio se veut une « ville intelligente ». Qu’est-ce que cela signifie ?

CINQ RÉFÉRENCES D’ATEPA Monument de la Renaissance africaine, à Dakar Siège de la BCEAO, à Dakar Siège de la Cedeao, à Lomé (Togo) Aéroport international de Banjul (Gambie) Place de la Nation, à N’Djamena (Tchad)

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Une ville intelligente sait tirer profit des nouvelles technologies pour réguler la circulation, l’assainissement, l’aménagement global… Elle repose sur la conception de services urbains performants, qui peuvent s’adapter en temps réel et sur le long terme à l’évolution des besoins des collectivités, des citoyens et de l’économie. C’est aussi une ville qui respecte l’environnement en mettant en valeur les espaces verts. Diamniadio est encore un vaste chantier, où seuls quelques quartiers et bâtiments sont déjà opérationnels. À quelle échéance estimez-vous qu’elle deviendra une ville à part entière ?

« Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome, / Et rien de Rome en Rome n’aperçois », écrivait du Bellay… Aujourd’hui, il est encore trop tôt pour apercevoir

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Diamniadio, car nous en sommes au début du projet. Mais je veux croire que ses concepteurs feront prochainement émerger le cœur de ville, qui n’existe pas encore. C’est cela qui permettra de garantir l’épanouissement des habitants et évitera à Diamniadio d’être une simple cité-dortoir. Les tissus d’une ville se forment sur le long terme. On raisonne en décennies, pas en années. Au moins peut-on d’ores et déjà constater un début d’exécution. Votre cabinet est impliqué dans la conception de projets du même type en Sierra Leone et en Guinée équatoriale. Comment les États les financent-ils ?

En grande partie par la valorisation du foncier. Lorsque vous décidez de délocaliser le gouvernement en un même lieu – un peu sur le modèle de la cité ministérielle à Bamako –, les germes du financement de votre ville nouvelle commencent à apparaître. Par exemple, dans une zone de 10000 ha où le mètre carré coûtait 20 euros, le foncier est multiplié par dix dès que le gouvernement y déménage, et, dix ans plus tard, par cent. C’est à partir de cela que l’on peut structurer le financement de ces infrastructures. Pourtant le cœur d’une vraie ville ne saurait se limiter aux ministères…

Les ministères sont un appât. C’est à partir de là que l’on peut construire des logements pour les fonctionnaires, puis des services publics, des universités, des centres commerciaux, un quartier d’affaires, des lieux de loisirs, etc.


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CAPITALES BIS En Sierra Leone, le groupe Atepa vient d’être retenu pour assurer la conception d’une extension de Freetown sur l’autre rive de l’estuaire. Le groupe, qui a par

ailleurs conçu la ville de Malabo II, en Guinée équatoriale, espère que sera très prochainement officialisé le choix de sa conception d’une « annexe » de la capitale

congolaise, Kinshasa. Déjà modélisé en 3D, le projet devrait être présenté avant la fin du mois de décembre au président, Félix Tshisekedi. MEHDI BA

Dakar s’est étendue de manière anarchique. Elle est saturée de constructions, encombrée et polluée. Comment éviter qu’un tel scénario ne se reproduise à Diamniadio ?

Tout est question de volonté politique. Les autorités devront manifester une réelle intransigeance dans l’application des règlements d’urbanisme. Vous connaissez mon combat pour la préservation du littoral sur la Corniche-Ouest, où le domaine public maritime s’est transformé peu à peu en domaine privé maritime. Il faudra éviter qu’à Diamniadio, comme au lac Rose, n’importe qui puisse faire n’importe quoi, n’importe où et n’importe comment. L’explosion du prix du foncier, que vous présentezcommeunmoteurdecroissance, n’ouvre-t-ellepaslaporte àunespéculation extrême, qui se traduira par nombre de passe-droits et contribuera à reproduire le phénomène que vous dénoncez à Dakar?

IL FAUDRA ÉVITER QUE N’IMPORTE QUI PUISSE FAIRE N’IMPORTE QUOI N’IMPORTE COMMENT. 122

Dans notre métier, la rigueur est essentielle. Regardez l’éboulement qui s’est produit à Bafoussam, au Cameroun, en octobre : plus de 60 morts! C’est parce que les gens n’ont pas respecté les règlements selon lesquels, sur un flanc de X degrés, on ne peut être autorisé à construire qu’en prenant des dispositions spécifiques. Quand on laisse des gens faire de la spéculation sauvage, la catastrophe n’est jamais loin.

Que deviendra l’actuelle Dakar lorsque Diamniadio sera arrivée à maturité?

Je suis convaincu que Dakar demeurera la capitale, pour plusieurs raisons. D’abord, des symboles forts s’y trouvent : deux grandes mosquées, la cathédrale, le palais présidentiel, le Parlement, etc. Diamniadio sera sans doute une ville plus orientée vers l’économie, et Lac Rose, une ville plus

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touristique, avec peut-être des quartiers résidentiels huppés. Pour que Diamniadio puisse remplir ses objectifs, l’amélioration des transports interurbains est essentielle. Comment appréciez-vous les projets du train express régional (TER), déjà bien avancé, et du bus rapid transit (BRT), qui vient tout juste d’être lancé (lire pp. 126-130)?

Ce sont des projets pertinents car l’un des problèmes majeurs de Dakar, c’est l’absence de fluidité du transport urbain. Or une ville ne peut aspirer au statut de ville intelligente si elle est incapable de réguler ses transports. Un bémol toutefois concernant le TER : le coût du projet me semble exorbitant. Dakar manque cruellement d’espaces verts (lire pp. 148-149). Est-ce rattrapable?

Nous avons nous-mêmes fait des propositions visant à détruire certains bâtiments du centre-ville pour aménager des espaces verts et piétonniers. Mais là encore, il faut une volonté politique très forte, car le foncier y est tellement onéreux que les gens préfèrent poursuivre dans la voie de la spéculation. Aujourd’hui, on s’apprête à réserver des couloirs aux BRT. Mais quid des piétons ? À Dakar, rien n’a été prévu pour eux, si ce n’est sur la corniche. Quelles expériences vous marquent le plus sur le continent en matière de villes nouvelles?

J’ai été impressionné par certaines initiatives, très bien pensées, qui ont été menées au Maroc. On y a créé de petits pôles urbains très structurés, articulés avec le développement de nouvelles activités industrielles. Votre groupe réfléchit avec les autorités congolaises à un projet d’extension de Kinshasa…

Derrière ce type de projets de villes nouvelles [lire encadré], nous avons la volonté, partagée par les chefs d’État concernés, de dessiner l’Afrique du futur. Notre ambition est d’esquisser le visage d’un continent qui, non seulement, regarde vers l’avenir, mais qui, surtout, donne le tempo de ce que demain sera. Le continent n’est pas condamné à être à la traîne, c’est à lui de montrer l’exemple de ce que doit être une cité moderne.


ASECNA Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar

COMMUNIQUÉ

60 ans de coopération 12 DÉCEMBRE 1959 - 12 DÉCEMBREE 2019

Voilà 60 ans que l’ASECNA apporte aux aéronefs qui évoluent dans les espaces aériens de ses 18 états membres toute l’assistance nécessaire dans les domaines de la circulation aérienne et de la météorologie, concourant ainsi à la sécurité et à la régularité des vols.

Voilà 60 ans que l’ASECNA est reconnue par l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) et les usagers du transport aérien, comme > Inauguration AIBD décembre 2017

un des plus anciens instruments d’intégration africaine et un modèle de gestion coopérative d’espaces aériens.

Des ambitions encore plus grandes Pour le futur, l’ASECNA a entamé la mise en œuvre de grands projets pour rester à l’avant-garde des innovations technologiques dans la fourniture de services de navigation aérienne. Il s’agit, notamment, du projet d’optimisation de l’utilisation du guidage radars ainsi > Centre de controle de Lomé

que la généralisation de l’utilisation des satellites.

Pour le futur, l’ASECNA compte mettre son expérience de 60 ans au profit l’Afrique, et, à ce titre, développe, à l’heure actuelle, un projet dénommé « Ciel unique pour l’Afrique », en vue de rendre plus efficace et plus homogène,

Siège social 32-38 avenue Jean Jaurès BP 3144 Dakar Tél. : (+221) 33 849 66 00

> Maintenance d’équipements d’aide à la navigation à Malabo

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LES ROUTES DU CIEL, NOTRE MÉTIER

JAMG - PHOTOS : D.R.

la fourniture des services de navigation aérienne sur le continent.


Grand format DAKAR

TRIBUNE

Génie métropolitain L

VINCENT FOURNIER/JA

ongtemps, j’ai tiré un certain orgueil à dire : « Je ne suis pollution atmosphérique et sonore. Je vois, sens, subis tout pas de Dakar. » Mon état civil avait beau prétendre que cela chaque fois que j’y viens ; et peu à peu, une idée que j’y étais venu au monde, mes attaches géographiques, je réfutais jadis s’impose à moi : en un sens, Dakar est bien les mythologies de mon enfance, mon éclosion à la vie un miroir de concentration du Sénégal, où se reflètent le sénégalaise, tout cela conspira à révoquer la primauté de meilleur et le pire du pays. mon lieu de naissance. J’ai toujours vécu au Sénégal en Tous les visages de Dakar m’intéressent, à défaut de me provincial et, comme tel, me suis inscrit, construit, contre plaire. Je connais les salles les plus feutrées du Plateau la grande capitale : son prestige, le snobisme de la plupart (des jardins de l’Institut français à ceux du palais de la de ses habitants, qui ne me semblaient rien République), suis invité aux endroits dits connaître du Sénégal au-delà de Pikine et « in » ou « on », côtoie les sociétés les plus de Guédiawaye [banlieues de la ville], l’arcultivées selon une certaine vision de la rogant récit qui la confondait au pays entier culture (colloques universitaires, exposi– même ceux qui vivaient dans les autres tions, rencontres littéraires, représentations régions vous disaient en plaisantant à moithéâtrales, etc.), me mêle à l’occasion à la tié, lorsque vous alliez à Dakar : « Transmets jet-set et à l’élite (bourgeoise, culturelle, mes salutations à ceux du Sénégal ! » mondaine). Privilèges ambigus de la vie Cette ville a toujours été pour moi une d’écrivain. Mais cette même vocation me ville de passage, et bien qu’il m’arrive donne un attrait viscéral pour le « out », le Mohamed encore d’exalter avec une fierté rebelle ma « off », les tanganas [gargotes], les marMbougar Sarr non-dakarité, j’aime de plus en plus y séjourchés populeux, quelques bas-fonds miséRomancier ner. Chaque visite m’en révèle un aspect, un rables et tristes et si humains pourtant, les territoire, un secret, une légende urbaine, électriques sabars de quartier [séances de une cicatrice. Dakar s’effeuille avec lenteur danses au son des tam-tams] aux scènes sous mes yeux, et je tire mon plaisir – un inavouables, l’ordinaire tragicomique des plaisir de voyeur – d’ignorer ce que la prochaine pièce, saynètes et des palabres de rue. La facilité consisterait à tombée, me révélera. Je ne la vois que par intermittence, dire que tout cela dit une autre ville ; mais non : c’est la par éclipses et éclats, comme si la capitale était elle-même même. l’un des nombreux génies qui la protègent. J’aime cette manière de (mé-)connaître Dakar : en étranger. u cours de ma vie, j’ai eu une seule fois l’envie irrépressible d’être à Dakar, de faire corps avec la ville et e ne veux ni l’idéaliser ni donner d’elle la seule image ses habitants. C’était le 23 juin 2011. Une grande partie (d’Épinal) de la ville-mythe, figée dans son étreinte du peuple était dans la rue pour s’opposer à une révision éternelle avec l’Atlantique, pétrie de culture, raffinée, abusive de la Constitution. J’ai vu ce jour-là que la cité hospitalière, parcourue par ses innocents (vraiment ?) n’était pas que bercée par le tranquille roulis de l’océan : symboles colorés que sont les karapitt [déformation de il y avait aussi en elle une énergie rageuse et déterminée, « cars rapides » : moyens de transport urbain aux prix qui transcendait tous les contrastes pour leur donner le très accessibles]. Elle est peut-être tout cela dans une cerseul visage de la révolte. taine mesure, mais je ne suis aveugle ni à l’extraordinaire C’est cette énergie-là que je recherche : les lieux où pression démographique, ni aux jeunes talibés délaissés Dakar se désencombre de son propre mythe pour faire et menacés, ni à la radicalité des contrastes urbains, ni circuler une pure et fraternelle énergie humaine et polià l’anarchie architecturale, ni aux patentes inégalités tique qui en constitue le génie véritable. Ces lieux existent. sociales, ni aux visages de la misère, ni à la saleté, ni à la Cherchez-les. Créez-les.

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Grand format DAKAR

AMÉNAGEMENT

Tous en piste po

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Inauguré en août 2018, le palais omnisports Dakar Arena, de 15 000 places, a nécessité un investissement de 66 milliards de F CFA.

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YOURI LENQUETTE

our les Jeux

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Grand format DAKAR AMÉNAGEMENT

La métropole accueillera les Jeux olympiques de la jeunesse en 2022. Et n’a rien laissé au hasard pour cette première continentale. MANON LAPLACE, à Dakar, avec CÉCILE MANCIAUX

L

e continent n’a encore jamais accueilli de compétition olympique. Pour y remédier, le Comité international olympique (CIO) avait présélectionné quatre métropoles africaines – Tunis, Dakar, Gaborone (Botswana) et Abuja (Nigeria) – à même d’organiser la quatrième édition des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ), qui réunissent tous les quatre ans 4000 sportifs âgés de 15 à 18 ans. En octobre 2018, le CIO a révélé son choix : c’est Dakar qui accueillera les prochains JOJ, en mai et juin 2022. « Il a fallu mettre sur la table un plan de bataille ambitieux », se félicite Gallo Ba, directeur de la Société de gestion des infrastructures publiques (Sogip). Dakar 2022 sera organisé sur trois sites – le centre-ville de Dakar, la ville nouvelle de Diamniadio et la station balnéaire de Saly – tous déjà dotés d’infrastructures sportives et d’importantes capacités d’hébergement (avec déjà plus de 3 200 chambres en 3, 4, ou 5 étoiles), qui sont évidemment en train d’être renforcées. « Il était important de rénover des structures déjà en place. Cela permettra d’avoir des jeux populaires, y compris en milieu urbain, auxquels les populations pourront assister sans forcément devoir se déplacer », tient à préciser Ibrahima Wade, coordinateur général de Dakar 2022.

Épicentre de l’événement

Dans le centre de Dakar, plusieurs équipements sportifs sont ainsi en cours de réhabilitation, dont le stade Iba-MarDiop, dans le quartier de la Médina, où devraient se dérouler la plupart des compétitions d’athlétisme, et le complexe sportif du Tour-de-l’Œuf, à Fann, qui comprend la piscine olympique nationale. Saly, sur la Petite Côte (à 50 km au sud de Diamniadio), accueillera des épreuves nautiques et des compétitions de golf. Et, à mi-chemin entre Dakar et Saly, Diamniadio sera l’épicentre de l’événement.

C’est en effet au sein de la ville nouvelle que sera installé le village olympique et que se tiendront près d’un tiers des rencontres sportives au programme. À événement exceptionnel, projets exceptionnels, la Sogip doit y faire désormais avancer l’un des chantiers les plus symboliques de Dakar 2022 : un stade olympique de 50 000 places, qui comprendra trois terrains de football (dont deux d’entraînement) répondant aux normes de la Fifa, pour un coût global estimé à 40 milliards de F CFA (environ 61 millions d’euros). Le chantier, qui commencera en janvier 2020, a été confié à l’entreprise turque Summa. Laquelle a déjà construit, juste en face du futur stade, sous la houlette de la Sogip, le palais omnisports Dakar Arena (15000 places) – un investissement de 66 milliards de F CFA –, inauguré en août 2018. En effet, de 2016 à 2018, l’État et ses partenaires ont déjà consenti d’importants investissements, qui ont contribué au choix de Dakar par le CIO. Ainsi, l’Arène nationale de lutte a été inaugurée à la fin de 2018 à Pikine : un


complexe de 18 000 m² pour 20 000 places, dont le coût (32 milliards de F CFA) a été financé par la Chine, et la construction assurée par une filiale du groupe chinois Hunan Construction Engineering Group (HNCEG). Et à Diamniadio, après le Dakar Arena, c’est le centre Dakar Expo qui a été inauguré, à la fin de novembre 2018, à côté du Centre international de conférences Abdou-Diouf (Cicad) : il comprend 6 halls d’environ 1 500 m² chacun et un foyer de plus de 2 500 m² (coût : 15 milliards de F CFA).

Reconversion

L’autre point qui a convaincu les membres du CIO d’opter pour Dakar 2022 est que ses projets ont été intégrés à ceux du Plan Sénégal émergent (PSE) du gouvernement de façon que les JOJ profitent à la ville et au pays longtemps après la fin des Jeux. Ainsi, une partie des athlètes et de leur encadrement sportif pourront être logés dans les nouveaux bâtiments des trois campus sociaux de l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (Ucad), dans l’ouest de la capitale (lire p. 130). Et la plupart devraient pouvoir être hébergés au sein du village olympique, sur le campus de la nouvelle université Amadou-Makhtar-Mbow, de Diamniadio, en cours de construction depuis 2016. Huit blocs de chambres et appartements devraient y offrir une capacité totale de 5 000 lits, qui seront ensuite transformés en résidence universitaire. Une partie des 1 800 officiels, des 700 journalistes accrédités et des milliers de spectateurs attendus pourront aussi être hébergés dans la ville nouvelle. En plus du Radisson Hôtel Dakar Diamniadio, financé par l’État et

YOURI LENQUETTE POUR JA

La piscine olympique nationale, à Fann, va être rénovée et modernisée.


Grand format DAKAR AMÉNAGEMENT

ouvert depuis 2018, plusieurs projets hôteliers doivent voir le jour, dont trois portés par le groupe Teylium, de Yérim Sow (qui a fait son entrée dans l’hôtellerie en 2009, avec la construction du Radisson Blu de Dakar). Le groupe AccorHotels a quant à lui annoncé l’ouverture, prévue au début de 2021, d’un Mövenpick de 462 chambres, le premier de l’enseigne au pays de la Teranga, en partenariat avec Excellenc6 Senegal Hotels & Resorts. Autre projet privé, celui du complexe multisport et hôtelier Dakar-Diamniadio Sport City, du promoteur Madani Tall, président d’Envol Immobilier Sénégal, dont le coût global est estimé à 30 milliards de F CFA (dont 7,5 milliards sur fonds propres).

Nouveau réseau de bus rapides

Dans le centre-ville de Dakar, certains hôtels font l’objet de travaux de réhabilitation, comme La Croix du Sud (Plateau), qui a été entièrement rénové, et de nouveaux établissements sont en cours de construction, notamment un Sheraton, dans l’ouest de la capitale et son très cosy quartier des Almadies, sous la houlette de l’homme d’affaires sénégalo-ivoirien Amadou Loum Diagne (lire pp. 132-133).

Enfin, côté transports, les organisateurs des JOJ 2022 comptent sur l’achèvement des grands chantiers lancés dans l’agglomération. Après le nouvel aéroport international Blaise-Diagne (AIDB), ouvert en décembre 2017, et le train express régional (TER) qui relie la gare de Dakar à Diamniadio, inauguré en janvier de cette année (mais pas encore opérationnel), le Conseil exécutif des transports urbains de Dakar (Cetud) a engagé en octobre le chantier de son futur réseau de bus modernisé, le Bus Rapid Transit (BRT). Doté d’une capacité de 300 000 passagers par jour, ce nouveau service en site propre desservira, à partir du début de 2022, 23 stations dans 14 communes en quarante-cinq minutes sur plus de 18 km de voies réservées entre la gare routière de Petersen (Plateau) et la préfecture de Guédiawaye, à l’est. Par ailleurs, une ligne de bateauxbus entre Dakar et Saly est actuellement à l’essai. « Ces Jeux seront une manière de démontrer nos capacités d’organisation. La livraison dans les temps des infrastructures sportives et hôtelières est notre plus gros challenge », souligne Mamadou Diagna Ndiaye, président du Cnos, qui se dit serein sur le respect des délais. Il lui reste deux ans et demi pour relever le défi.

Campus d’excellence La société immobilière Amsa Realty et le Centre des œuvres universitaires ont conclu un partenariat pour construire ou réhabiliter des pavillons pour étudiants. Coût du projet : 52 milliards de F CFA.

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AMADOU OURY DIALLO, à Dakar

’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (Ucad) fera peau neuve d’ici à 2021 grâce à la construction de 27 nouveaux bâtiments et à la réhabilitation de 17 pavillons. Ceux-ci seront répartis entre les trois campus sociaux de l’Ucad, tous situés dans l’ouest de la capitale : celui de la cité universitaire, celui de la cité des jeunes filles Aline-Sitoe-Diatta (ex-Claudel, route de la Corniche-Ouest), et enfin celui de l’École supérieure polytechnique (ESP, à Fann-Hock). Au total, ce sont 10 700 étudiants qui y seront hébergés. L’investissement, estimé à 52 milliards de F CFA (près de 80 millions d’euros), est financé par United Bank for Africa (UBA) Sénégal. L’opération résulte d’un partenariat entre le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) et Amsa Realty, société spécialisée dans l’immobilier d’Amsa Assurances Sénégal – filiale du holding CFOA, de l’Ivoirien François Bakou. Dirigée par Déthié Aw, Amsa Realty est maître d’ouvrage et promoteur du projet,

L

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au côté de Redman Afrique, maître d’ouvrage délégué.

Matériaux en terre cuite

Ces « campus sociaux d’excellence Dakar », selon le nom du programme, vont contribuer à augmenter de plus de 5000 lits les capacités d’hébergement des résidences universitaires de l’Ucad, actuellement très insuffisantes. Tout comme ceux du campus de la future université Amadou-MakhtarMbow, à Diamniado (lire pp. 126-130), dont Amsa Realty sera également maître d’ouvrage délégué. En outre, les nouveaux bâtiments de ces campus d’excellence vont améliorer l’accueil des athlètes et des délégations lors des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) 2022. Tous seront construits selon des critères bioclimatiques voulus par les promoteurs de l’opération. Certains matériaux seront en effet en terre cuite: briques, carreaux et tuiles rouges produits par la Sofamac, une unité de fabrication qui avait fermé dans les années 1970 et qu’Amsa Realty a rachetée en 2018 avec des partenaires italiens, en y investissant environ 6 millions d’euros.



DR

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Amadou Loum Diagne surfe sur le tourisme

L’homme d’affaires sénégalo-ivoirien investit dans deux nouveaux hôtels, Sheraton et Aloft, dans le quartier chic des Almadies. Ouverture prévue en 2022, pour les Jeux. AMADOU OURY DIALLO

madou Loum Diagne vient de réaliser une belle opération. Après des années de négociations, il a obtenu un crédit de 64 millions de dollars auprès de l’Overseas Private Investment Corporation (Opic), le fonds gouvernemental américain pour le financement du secteur privé, seul prêteur du projet. Ce crédit est le plus important que l’institution financière ait jamais octroyé dans le secteur de l’hôtellerie. Il servira à boucler le financement du projet de construction d’un Sheraton (5 étoiles) de 250 chambres ainsi que d’un hôtel Aloft (3 étoiles) de 150 chambres, à Ngor, dans

A

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le très huppé quartier des Almadies, sur le littoral nord-ouest de Dakar, pour un coût global de 128 millions de dollars. Le futur complexe, dont la gestion a été confiée à l’américain Marriott, premier groupe hôtelier mondial et propriétaire des deux enseignes, doit ouvrir pour le début de l’année 2022 et va venir enrichir l’offre d’hébergement moyen et haut de gamme de la capitale avant l’accueil des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ).

Club Med

LE PATRON DU HOLDING VACAP DÉVELOPPE AUSSI UN PROJET DE VILLAGE DE VACANCES À NIANING, SUR LA PETITE CÔTE, PRÈS DE SALY.

Patron discret, cet ex-conseiller en finance dans les télécoms, qui a contribué à la réalisation d’infrastructures satellitaires dans une vingtaine de pays africains, est l’actionnaire majoritaire du holding Vacances Cap-Skirring (Vacap), une société de promotion hôtelière et immobilière implantée à Dakar. Il a notamment racheté le célèbre village de vacances du Club Med posé sur la pointe du littoral ouest de la capitale, où vont être construits les deux nouveaux hôtels. En partenariat avec le groupe Club Med – le leader mondial des vacances haut de gamme tout compris, passé depuis


République du Sénégal

Un Peuple - Un But - Une Foi Equité - Inclusivité - Solidarité

Monsieur MANSOUR FAYE MINISTRE

Ministère du Développement communautaire, de l’Équité sociale et territoriale

Création en Avril 2019 d’un département spécialement dédié à : * La réduction des disparités spatiales par le développement d’infrastructures modernes et structurantes et un aménagement harmonieux du territoire * La lutte contre toutes les formes de pauvreté et d’exclusion et la protection des groupes vulnérables en vue d’un développement social équitable et inclusif * L’amplification des réalisations des ministères sectoriels

Impact réel sur le capital humain et la croissance : Indice du capital humain en 2018 : 0,42 meilleur indice de l’UMOA

Perspective des futurs établissements.

2015 sous le pavillon du conglomérat chinois Fosun International –, Amadou Loum Diagne développe par ailleurs un projet de village de vacances à Nianing, sur la Petite Côte, près de Saly. Le coût du complexe, d’une capacité de 861 lits, est estimé à 41,3 milliards de F CFA (près de 63 millions d’euros). Outre les promoteurs Vacap et Club Med, d’autres organismes, dont la Caisse des dépôts et consignations (CDC) du Sénégal et le Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis), participent au financement du projet. Né à Abidjan de parents sénégalais, Amadou Loum Diagne, qui se définit comme « un vrai Sénégalo-Ivoirien », développe aussi un important projet hôtelier près du Sofitel Ivoire, au cœur du Plateau, un quartier de la capitale économique ivoirienne – l’autre grande métropole ouest-africaine en plein essor dans le tourisme d’affaires. « J’appartiens aux deux pays, je réside autant en Côte d’Ivoire qu’au Sénégal », explique-t-il quelques minutes avant de s’envoler pour Abidjan.

REDUCTION DES INEGALITES TERRITORIALES

NOS PARTENAIRES

L’Equité territoriale, c’est aussi la promotion de Pôles urbains viables : Promovilles sera un acteur clé de la transformation de Dakar dans les prochaines années : Budget prévisionnel

Villes

Linéaires (km)

Dakar

7,265

3,9

Pikine

29

15

Guédiawaye

8,56

4,7

Rufisque

5,594

3

Total Région

50,42

millards de FCFA

26,6

Le Développement communautaire, l’équité sociale et l’équité territoriale, c’est aussi : Délégation Générale à la Protection Sociale et à la Solidarité Nationale

Equité - Inclusivité - Solidarité


Le cabinet de la semaine

Ndeye Madjiguene Sock

Partner et Directrice des Opérations

COMMUNIQUÉ

DALBERG

Rym Keramane

Astou Dia

Associate Partner

Modou Fall

Associate Partner

Elizabeth Eze Manager

Arnaud Ngoran

Manager

Kader Kaneye Associate Partner

Associate Partner

Elias El Daif Manager

Nneka Eze Partner

Parlez-nous de vous

D

alberg offre un éventail innovant de services de conseil, d’investissement, de recherches et de design aux acteurs impliqués sur les marchés émergents. Le cabinet se donne pour mission de proposer des réponses efficaces aux défis mondiaux majeurs et de contribuer significativement à l’amélioration des conditions de vie des populations les plus défavorisées. Le Groupe Dalberg est présent dans 26 pays, avec en Afrique de l’Ouest des bureaux à Dakar, Abidjan et Lagos, et une présence stratégique à Conakry. Dalberg poursuit sa politique soutenue d’ouverture de nouveaux bureaux en Afrique.

JAMG - PHOTOS : D.R.

Au Sénégal, nous intervenons dans les secteurs de l’agriculture, de la santé, de l’éducation, de l’emploi et l’entreprenariat, parmi d’autres. Ancrés dans notre rôle de partenaire privilégié sur le longterme dans le chemin de la construction du Sénégal et de l’Afrique, notre rôle nous permet d’étendre l’impact de nos interventions et partenariats avec les communautés, les gouvernements et les entreprises. Accompagnement du secteur public. Co-création, revue et analyse de politiques publiques de haut niveau destinées à inscrire les organisations continentales, communautaires, pays, régions, communes et autres, sur un chemin critique de développement.

C’est dans ce cadre que nous avons appuyé l’élaboration de la stratégie d’opérationnalisation de la phase 2 du Plan Sénégal Émergent. Appui au secteur privé. Analyse de chaines de valeur pour identifier les investissements prioritaires et les réformes, et structuration dans une logique de création de valeur ajoutée. Dalberg a eu à analyser la majeure partie des secteurs prioritaires au Sénégal, dans le cadre d’un travail rapproché avec des champions nationaux et l’écosystème entrepreneurial. Appui à la mise en œuvre. Accompagnement opérationnel sur des problématiques liées au développement. Dalberg a mis en place et gère plusieurs Delivery Units (Ethiopie, Guinée, Tanzanie) pour accélérer la mise en œuvre de priorités nationales sur la base d’objectifs sectoriels transformateurs, et généralement dans une dynamique de partenariat public-privé. Incubation d’initiatives – Appui à la structuration d’initiatives et à l’identification de partenariats. Dalberg a activement participé à la mise en place du Women’s Investment Club au Sénégal qui a pour vision de donner aux femmes un accès privilégié aux instruments financiers modernes pour un développement économique inclusif.

▶ AGRICULTURE ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ▶ VILLES ET DÉVELOPPEMENT URBAIN ▶ EMPLOI & ÉDUCATION ▶ ACCÈS À L’ÉNERGIE ▶ ENVIRONNEMENT ▶ GENRE ▶ INCLUSION FINANCIÈRE ▶ SANTÉ & NUTRITION ▶ ASSISTANCE HUMANITAIRE ▶ TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ▶ ENTREPRISE INCLUSIVE ▶ INFRASTRUCTURE ▶ EAU & ASSAINISSEMENT

CABINET DALBERG

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Email : InfoDalberg@dalberg.com Tél. : (+221) 33 869 6454


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ARCHITECTES

Bâtisseurs visionnaires

Tours de bureaux, logements, universités, lieux de culte… Leurs réalisations allient culture locale et innovation.

MBACKÉ NIANG • Chercheur de bien-être Agence MBN

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M

backé Niang , 65 ans, occupe une place singulière dans le petit monde sénégalais de l’architecture. Outre sa casquette d’architecte, il revêt aussi le costume d’enseignant-chercheur et de consultant international. Diplômé de l’École spéciale d’architecture, à Paris (en 1980), il compte à son actif nombre de réalisations à usages divers (habitations, bureaux, commerces, industries, lieux de culte, etc.). Il a notamment conçu l’aménagement des allées Cheikhna-Cheikh-SidatyHaidara de « NiaaryTally », dans la commune du Grand-Dakar, la pépinière agroalimentaire de la technopole de la capitale, ou encore l’extension de la célèbre grande mosquée de la cité religieuse Touba. Ses recherches lui ont permis de développer divers matériaux et techniques de construction, aujourd’hui brevetés (série de claustras MBN, parpaings ondulés, briques autobloquantes, système d’assemblage à pinces et enfourchements, châssis ouvrant flexible pour

porte et fenêtre, etc.). Attentif au concept de « parallélisme asymétrique » en son temps théorisé par le président Senghor et qui devait servir de référentiel fondateur aux nouveaux arts sénégalais (architecture, peinture, sculpture et danse), Mbacké Niang a d’ailleurs consacré son mémoire de diplôme d’architecte au triptyque symétrie-asymétriedissymétrie. « J’ai voulu apporter ma contribution à la clarification de cette

problématique », dit-il. Aujourd’hui, l’architecte-conseil de la ville de Dakar prolonge cette réflexion à sa manière dans son travail quotidien. « Je m’inspire, d’une part, de l’évolution de la typologie de l’habitat du Sénégal – traditionnelle, coloniale, puis moderne par exemple –, et, d’autre part, de l’évaluation du bien-être des populations en adéquation avec les enjeux et défis de la transition écologique et culturelle », explique-t-il.

La réussite de Diamniadio passera par « le “coulage” et la synergie entre la ville nouvelle de Diamniadio et la vieille ville de Dakar, selon le principe des “3R” : le recentrage structurel, le redéploiement territorial et la redistribution des ressources », préconise le président de la commission Innovation, Normalisation et Formation du programme quinquennal de construction de 100 000 logements du gouvernement. AMADOU OURY DIALLO

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MAISSA DIODIO TOURÉ • Avec et sans états d’âme

MDT Architecture SARL

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appeler sur-le-champ et me fit venir au palais de la République le lendemain matin. Là, il me demanda de me rendre au Maroc pour rencontrer les architectes marocains [qu’il avait mandatés] en me disant : s’ils n’ont encore rien fait, reviens vite me faire ma mosquée ! » se souvient Maissa Diodio Touré. Le khalife Serigne Saliou Mbacké lui donna alors ses directives sur le programme : le nombre de minarets, la dimension de l’ouvrage, etc. Selon le guide religieux, une mosquée doit refléter la grandeur de la ville où elle est implantée. « Je devais donc faire en sorte que Massalikoul Djinane reflétât l’importance de Dakar. » À l’issue de moult voyages d’études,

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l est le principal concepteur des plans de la majestueuse mosquée Massalikoul Djinane (« les chemins du paradis », en arabe) de la confrérie mouride, inaugurée lors de la grande prière du vendredi 27 septembre, dans le quartier de Colobane, à Dakar. L’histoire commence un jour de février 2005. « Le président Wade, en déplacement à Touba pour rendre visite au khalife général des Mourides, Serigne Saliou Mbacké [disparu fin 2007], est passé devant une mosquée en construction dans un style turc qui l’a beaucoup séduit. Il a alors pensé que c’était l’œuvre de Chinois. Ayant appris par la suite que j’en étais le concepteur, il me fit

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de sept ans de travaux et de quelque 20 milliards de F CFA (30,5 millions d’euros) d’investissement, le résultat est là, impressionnant. Doté de cinq minarets, dont le plus haut culmine à 75 mètres, l’édifice peut accueillir 30 000 fidèles et est l’un des plus grands du genre en Afrique de l’Ouest. Architecte diplômé de la défunte École d’architecture et d’urbanisme (EAU) de Dakar, promotion 1987, Maissa Diodio Touré est fier de sa réalisation, tout comme de ses trente et un ans de carrière. « Je fais partie des pionniers qui ont été formés à partir du terreau national », dit-il. L’un de ses plus grands regrets est d’ailleurs la fermeture de l’EAU, en 1991, par le ministre de l’Éducation nationale de l’époque, Djibo Leyti Kâ, « pour de simples raisons budgétaires ». Pourtant, la prestigieuse institution accueillait des étudiants de toute la sous-région. « Depuis, nos métiers sont pauvres en techniciens supérieurs de qualité », déplore le patron de MDT Architecture, qui s’inquiète également de l’avenir des cabinets locaux, pour lesquels il est difficile de participer aux grands projets nationaux. « Les partenariats public-privé les feront disparaître à coup sûr, car rares sont ceux qui sont capables de s’allier à un partenaire chinois ou turc. » Pourtant, Maissa Diodio Touré continue de promouvoir l’idée du poète-président Senghor d’une « nouvelle architecture sénégalaise », à la fois enracinée dans les valeurs culturelles locales et ouverte au monde. « Il faut nous inspirer des constructions bédiks, des cases à impluvium [logement collectif typique des Diolas, avec une tranchée d’eau centrale], tout en nous réclamant, sans aucun état d’âme, de l’architecture moderne. » AMADOU OURY DIALLO


COMMUNIQUÉ

African International School

Tout sur l’African International School (AIS) Laurent Bonardi, Directeur général de CSI Group, Founding Principal de l’AIS. La pose de la première pierre de l’African International School à Diamniadio a eu lieu en mai dernier. Pouvez-vous nous détailler le contenu du projet ? Ce projet va se dérouler en deux temps pour un coût total de 7 milliards de F CFA. La première phase sera bouclée dans 8 mois et la seconde est prévue à partir de 2023. L’école ouvrira ses portes à la rentrée 2020. L’African International School est la concrétisation de la vision de la Cité Scolaire Internationale, une société sénégalaise qui a développé une expertise avérée dans le domaine de l’enseignement, et du groupeTeyliom, investisseur de référence sur le continent africain et promoteur immobilier de rang international. AIS sera un établissement unique en Afrique de l’Ouest grâce à une offre pédagogique de haut niveau et des conditions d’accueil privilégiées. Un internat d’excellence sera également disponible dès la rentrée 2020. Quelle est justement la démarche pédagogique de l’African International School ? L’AIS accueillera des élèves du Primaire au Lycée et offrira une expérience éducative unique en Afrique de l’Ouest, inspirée par les

modèles internationaux tout en prréservant son identité africaine. L’offre pédaagogique comprendra trois sections : une seection internationale : programme bilinguee menant au diplôme du Baccalauréat interrnational, une section sénégalaise : programm me national conduisant au CFEE et au Bacccalauréat sénégalais, enfin une section franççaise, qui sera homologuée par le Ministère fraançais de l’Éducation nationale, menant au D DNB et au Baccalauréat. Une vaste offre d’activités extra-scolaires viendra compléter les curricula et des services de restauration et transport scolaires seront proposés.

LE CAMPUS SERA ÉRIGÉ SUR UN TERRAIN DE 5 HECTARES, SITUÉ À TRENTE MINUTES DE DAKAR. IL DISPOSERA D’INFRASTRUCTURES ULTRAMODERNES. Nous disposerons de laboratoires, ainsi que d’un auditorium, d’un centre culturel et artistique et d’un internat (optionnel).. La bibliothèque sera un autre pôle important de la vie du campus. Elle proposera une grande variété d’ouvrages, un centre multimédia ainsi que des espaces confortables pour la lecture et le travail. Les élèves de l’AIS auront accès à d’excellentes installations sportives, notamment des terrains multisports et une piscine semi-olympique.

African International School (AIS)

Diamniadio, Pôle Urbain en face de la Sphère Ministérielle Tél. : +221 76 379 18 36/ 76 645 10 35 - Email : contact@africaninternational-school.com

www.africaninternational-school.com

JAMG- © AIS

ENTRETIEN AVEC :


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ALIOUNE SOW • Inspiré et inspirant Cabinet d’architecture Alioune Sow (CAAS)

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l vient de remporter le prix AgaKahn 2019 d’architecture pour sa participation au projet d’extension de l’université Alioune-Diop de Bambey, dans le centre du pays (région de Diourbel). Le concept novateur du projet auquel il a participé en tant que consultant local de la société espagnole Idom repose sur la symbiose entre architecture bioclimatique et développement durable. Peu avant, il a réalisé une mission de contrôle auprès du groupe ivoirien Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD) dans le projet de réhabilitation et d’extension du bâtiment administratif Mamadou-Dia, siège du gouvernement sénégalais, inauguré en janvier de cette année. Alioune Sow, qui a fondé en 1995 le cabinet qui porte son nom (CAAS), fait partie de la deuxième génération d’architectes sénégalais, pour la plupart formés au sein de la défunte École d’architecture et d’urbanisme de Dakar (EAU), dans les pas de Cheikh Ngom, Pierre Goudiaby Atepa (lire pp. 119-122), Moussa Fall et Armand Agbogba. « Nous leur devons beaucoup, ils ont inspiré et encadré plusieurs générations de professionnels déjà, insiste Alioune Sow. Grâce à eux, nos paysages urbains se sont enrichis des premières œuvres d’envergure d’architectes sénégalais. » Par exemple, la fameuse tour de la BCEAO, à Dakar, conçue par Cheikh Ngom et Pierre Goudiaby Atepa. Désormais, nombre de bâtiments scolaires et administratifs de la capitale sont nés des dessins du CAAS : le siège de l’Office de forages ruraux à Diamniadio, le tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye, la résidence Palazzio Suit sur l’avenue Cheikh-Anta-Diop ou encore l’immeuble du City Sport, avenue G.-Pompidou. Alioune Sow estime

que son cabinet a aujourd’hui trouvé un second souffle avec l’arrivée de jeunes collaborateurs, dont son fils Oumar et son épouse Fanta. Comme Maissa Touré, il plaide pour une meilleure implication des cabinets locaux et, surtout, des jeunes architectes sénégalais dans les grands projets nationaux publics. Il sait de quoi il parle, lui qui a eu la chance à ses débuts – « alors [qu’ils n’étaient] même pas encore structurés en cabinet ! » – de remporter,

avec deux autres confrères, le concours pour la réalisation de l’École supérieure multinationale des télécommunications, à Dakar. Selon lui, le développement de la métropole dakaroise va dans le bon sens avec la construction de la ville nouvelle de Diamniadio, même s’il juge qu’il reste des choses à revoir, « notamment pour permettre d’aller beaucoup plus haut dans la construction d’immeubles ». AMADOU OURY DIALLO


ILLUMINER LE SÉNÉGAL DE DEMAIN L’inauguration du poste de Diamniadio, le mercredi 27 novembre, constitue une étape cruciale du PROGRAMME PÔLE 2020, un ambitieux projet d’infrastructures électriques confié par l’opérateur sénégalais SENELEC à la filiale locale du géant VINCI Énergies. PROGRAMME PÔLE 2020

Aider au développement de zones urbaines et rurales, mettre à disposition de millions de foyers l’électricité nécessaire à leur confort, sécuriser l’approvisionnement en énergie électriques pour les différents opérateurs économiques du pays. Tels sont les objectifs du programme d’infrastructures de de transport et distribution d’énergie électrique intitulé « Pôle 2020 », piloté par l’opérateur sénégalais SENELEC pour un investissement global de 197 millions d’euros. Ce projet structurant réalisé par VINCI Énergies Sénégal et financé par des bailleurs de fonds français a connu le mercredi 27 novembre une étape importante de son déploiement avec l’inauguration du poste électrique haute tension de Diamniadio (225/30 kV). Cet ouvrage, d’un montant global de 12,5 millions d’euros, revêt une grande importance puisqu’il vient renforcer le réseau de transport, assurer et sécuriser l’alimentation en énergie électrique de ce pôle urbain de la périphérie dakaroise et de sa zone industrielle.

SUR LE CHEMIN DE L’ÉMERGENCE

Appuyé et suivi de près par les hautes sphères de l’État sénégalais, Pôle 2020 est ainsi l’exemple de la dynamique de développement socioéconomique dans laquelle le Sénégal s’est inscrit pour en faire un pays émergent à l’horizon de 2035. Toutes les parties prenantes du projet sont conscientes de cette importance, comme l’a rappelé M. Mahamadou Makhtar Cissé, Ministre du Pétrole et des Energies « Sans électricité, sans énergie, il est difficile de parler d’émergence ». Sur le poste de Diamniadio par exemple, les équipes de VINCI Energies ont réussi la prouesse de terminer sa réalisation en 14 mois, au lieu des 24 mois initialement prévus, performance dont s’est réjoui M. Pape Mademba BITEYE, Directeur Général de Senelec. « J’en félicite vivement les équipes de VINCI Energies » s’est exprimé ce dernier lors de la cérémonie d’inauguration. Un exemple du savoir-faire, expertise et engagement de ce dernier, riche d’une solide expérience dans le domaine des infrastructures d’énergie, qu’elles soient pour la production de cette dernière, son transport, sa transformation ou sa distribution, et que ses ressources sénégalaises ne manqueront pas de déployer pour réaliser 5 autres postes haute tension, 4 lignes haute tension, l’extension du réseau de distribution dans les régions de Dakar, Thiès et Tambacounda ainsi qu’un Datacenter TIERS III. Des infrastructures pour lesquelles les plus récentes technologies worldwide seront déployées, à l’instar du poste haute tension de Thiès, le prochain à entrer en service, qui sera équipé d’une technologie numérique « Full Digital » jamais déployée sur le continent africain jusque-là. « Nous tenons à accompagner nos partenaires sur le continent pour leur permettre d’aborder de la meilleure des manières les défis de la transition énergétique et de la transformation digitale. Le poste de Thiès en est l’exemple » a précisé M. Abdellah SABRI, Directeur Général Adjoint VINCI Énergies Afrique de l’Ouest.

DE LA RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE ET HUMAINE

Une fois réalisés, ces ouvrages vont bénéficier directement à quelque 6 millions de Sénégalais : 3 millions d’habitants de Dakar, 2 millions d’habitants à Thiès et environs 800 000 habitants à Tambacounda. Mais la conscience sociétale de VINCI Énergies en Afrique va au-delà de l’impact direct de ses activités dans l’amélioration des conditions de vie des citoyens. Une fierté pour M. Arnaud Grison, Président Directeur Général de VINCI Énergies « Nous sommes profondément engagés pour le développement de ce continent, notamment en plaçant le bien être des communautés au centre de notre action » ne cesse-t-il de rappeler. De ce fait, VINCI Énergies Sénégal initie de nombreuses opérations assumant pleinement sa responsabilité sociétale au profit des populations riveraines de ses activités. C’est ainsi qu’une dizaine d’écoles ont été recensées pour bénéficier d’actions d’aménagement et équipement de salles de classe. En tout, plus de 2 000 écoliers seront touchés. Sur un autre registre, l’entreprise initie en outre une action pour soutenir la pêche artisanale à Dakar en fournissant des équipements de sécurité et hygiène au profit des pêcheurs et des femmes mareyeurs.

www.vinci.com

COMMUNIQUÉ


COMMUNIQUÉ

DÉFIS DE LA MOBILITÉ ET DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE


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PROJET INTERNATIONAL

Les Nations unies enfin réunies

Conçu par le cabinet français Wilmotte & Associés, le siège de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest est en cours de construction à Diamniadio.

WILMOTTE & ASSOCIÉS

Le futur bâtiment s’inspire de la forme d’une roue à eau.

OLIVER MARBOT

ans le nouveau quartier des ministères de Diamniadio, le gigantesque chantier s’étend sur 14 hectares. Le siège de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest permettra de réunir les 34 agences de l’organisation présentes au Sénégal et dans la sous-région au sein d’un bâtiment unique, moderne et spectaculaire. « Au départ, les autorités avaient plutôt pensé à une tour, se souvient Borina Andrieu, directrice générale du cabinet français Wilmotte & Associés, qui a conçu le projet. Mais le président sénégalais a vite compris que l’édifice ne devait pas être trop ostentatoire, qu’il devait porter un message d’humilité et surtout d’égalité. D’où l’idée de ce bâtiment assez bas, dont la forme de base est le cercle, symbole de l’ONU, mais un cercle qui se casse pour évoquer une roue à eau. » Chaque aile de cette Maison des Nations unies rappelle en effet les pales d’une roue ou les rayons du soleil. Le tout occupera une superficie de 60 000 m2, dont 40 000 m2 de bureaux. Le niveau zéro vient tout juste d’être terminé par le constructeur chinois (WIETC) – il fallait tenir les délais pour que les fondations

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soient couvertes avant l’arrivée des pluies –, et la livraison du bâtiment est prévue pour décembre 2020. Architectes français, entrepreneurs chinois, utilisateurs internationaux… Mais aussi pilotes locaux, dont Envol Immobilier Sénégal, promoteur et chef de projet, et l’Agence de gestion du patrimoine bâti de l’État, maître d’ouvrage. « Le président sénégalais et ses équipes travaillent étroitement avec nous, bien sûr, ainsi que le ministre de l’Urbanisme, Abdou Karim Fofana, et l’architecte Djouga Sylla Diouf, souligne Borina Andrieu. D’autres architectes locaux travaillent aussi sur le chantier, et nous voulons recruter trois ou quatre étudiants. »

Coup de foudre

Le projet a aussi pour ambition d’optimiser l’intégration de l’immense bâtiment dans la ville nouvelle de Diamniadio. Il prend donc en compte les problématiques d’urbanisme, de transports et de connexion avec les quartiers environnants. Sans oublier, évidemment, les impératifs de développement durable et de respect de l’environnement : le béton est produit sur place afin de limiter l’empreinte carbone du chantier, l’eau est recyclée et réutilisée, le chauffage fera appel à la géothermie… Un chantier qui se veut exemplaire et que le cabinet Wilmotte compte utiliser comme une vitrine pour promouvoir ses autres projets dakarois. Celui de la Tour mixte, prévue dans le centre-ville, est pour le moment en stand-by, mais les discussions avec la municipalité concernant la rénovation du marché Sandaga, au Plateau, se poursuivent. Enfin, l’équipe du cabinet français dit avoir eu « le coup de foudre » pour l’ancien palais de justice du cap Manuel. Le bâtiment, fermé depuis 1992, longtemps resté à l’abandon et alloué depuis 2017 au ministère de la Culture, accueille de temps à autre des concerts et des expositions. Ils aimeraient en faire un centre des arts rayonnant dans toute l’Afrique de l’Ouest.

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COMMUNIQUÉ


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UN TOUR EN VILLE

Cœur battant

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Le boulevard du Général-de-Gaulle, surnommé les allées du Centenaire.

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de la capitale

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Jadis surtout résidentiel, aujourd’hui très commerçant, le boulevard du Général-de-Gaulle a toujours été le théâtre des grandes célébrations et manifestations populaires. MANON LAPLACE

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antôt le boulevard du Général-de-Gaulle résonne des cris de joie et des chants qui célèbrent une victoire des Lions de la Teranga à la Coupe d’Afrique des nations. Tantôt il s’embrume de jets de pierres et de gaz lacrymogènes. Comme en 2011, lors des manifestations contre la modification de la Constitution et la volonté d’Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat. Comme en mai dernier, quand une foule compacte s’est élevée contre les violences faites aux femmes, ou, le mois suivant, lors de la marche organisée pour réclamer plus de transparence dans la gestion des hydrocarbures. « Pour les Sénégalais, ce boulevard est l’espace des expressions libres, de l’indépendance. S’ils viennent manifester ici, c’est parce que cette artère est un symbole de l’histoire de notre pays et de notre identité », explique l’urbaniste Babacar Ndoye, professeur au Collège universitaire d’architecture de Dakar (Cuad). Depuis sa construction, en 1959, c’est sur le boulevard du Général-de-Gaulle que l’on prend le pouls de la capitale. Et ce n’est pas un hasard s’il accueille chaque année, le 4 avril, le défilé de la fête nationale, sous l’œil protecteur du lion de l’obélisque, édifié en 1960 en souvenir de l’accession du pays à l’indépendance. En plein cœur historique et physique de la ville, cette vaste artère s’élance sur 1,5 km, depuis l’obélisque de la place de la Nation, au nord, jusqu’à l’entrée de la commune de Dakar-Plateau, au sud. Elle est bordée, à l’est, par le quartier résidentiel de Gibraltar (à l’origine créé pour les hauts fonctionnaires du Sénégal indépendant), et, à l’ouest, par la populaire commune de la Médina, qui fut le premier quartier indigène de la ville. Les « allées du Centenaire », selon le surnom qu’ont donné les Dakarois au boulevard, forment le centre névralgique autour duquel ont été aménagés les différents quartiers de la capitale, dans toute leur diversité, après l’Indépendance. Les abords lotis du « Centenaire » étaient en effet censés être le point de départ du Dakar imaginé par Léopold Sédar Senghor. « Les plans d’urbanisme, à partir de ceux dessinés en 1946 par les colons, prévoyaient une expansion au-delà du Plateau, au-delà du Centenaire et de la Médina, jusqu’à Mbour et Thiès »,

rappelle Babacar Ndoye. Un développement stoppé net par l’austérité économique qui s’impose dès les années 1980 dans le pays. « Les ajustements structurels ont mis un coup de frein à la planification de l’habitat, les constructions anarchiques ont poussé un peu partout, et ce quartier a commencé à se transformer », regrette Mouhamedine Diène. Le regard fixé sur les façades bigarrées du boulevard, ce Dakarois retraité se souvient avec émotion des maisons uniformes, blanches à volets gris, comme celle dans laquelle il s’était installé en 1965 avec son père, administrateur civil. « À l’époque, ce quartier ressemblait à une petite ville française, tant pour son esthétique que pour sa planification. »

Marché chinois

Aujourd’hui, « le Centenaire » bat un autre pavillon. En témoignent l’agence de voyages, les restaurants et les innombrables échoppes chinoises qui ont pris d’assaut le boulevard. « Entre 1990 et 2000, les premiers occupants du Centenaire ont pris leur retraite. Par contrainte économique, beaucoup ont dû louer une partie de leur logement afin de le conserver », explique Babacar Ndoye. Une aubaine pour les commerçants chinois, qui, alors que la commune du Plateau est saturée, trouvent à louer au Centenaire des espaces centraux à bas prix. Sans oublier que les trois marchés desservis par le boulevard – Colobane au nord, Tilène à l’ouest et Sandaga au sud –, qui en font un carrefour idéal pour les échanges commerciaux, ainsi que sa proximité avec la zone industrielle de Bel-Air (au nord-est), la zone portuaire (sudest) et la zone tertiaire de Dakar-Plateau (sud). Si, sur le boulevard De-Gaulle, désormais surnommé « marché chinois », la frénésie commerciale arrange les détaillants sénégalais, qui partagent volontiers un bout de trottoir avec les grossistes chinois auprès desquels ils se fournissent, elle n’est pas du goût de tous. « Le commerce a phagocyté les espaces extérieurs, les trottoirs sont occupés par les stocks de marchandises, et les piétons poussés sur la route. Les habitants des premières heures se sentent dépossédés », déplore l’urbaniste Babacar Ndoye. « L’arrivée des commerces a complètement changé le cadre de vie », renchérit Mouhamedine Diène, qui regrette la verdure et le calme du quartier de son enfance – qu’il a quitté il y a trente ans.

LES ABORDS LOTIS DU « CENTENAIRE » ÉTAIENT CENSÉS ÊTRE LE POINT DE DÉPART DU DAKAR IMAGINÉ PAR LÉOPOLD SÉDAR SENGHOR.

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ESPACES VERTS

Une bonne bouffée d’oxygène

Alors que le bâti s’étend et que la presqu’île étouffe, jardins et aménagements paysagers regagnent du terrain, notamment à Cambérène, dont le parc respire à nouveau. MANON LAPLACE

Cambérène, commune du littoral nord-est de Dakar, la saison des pluies a dragué son lot de sable, d’ordures et de problèmes. Comme dans toute la capitale, l’hivernage a défoncé la chaussée, abattu quelques toitures, inondé les friches, et il ferait presque oublier de lever les yeux pour découvrir les douces frondaisons du parc paysager : une oasis d’acacias, de ficus et de flamboyants, dont les fleurs orange vif balisent les sentiers aménagés pour les piétons. Moins connu que le parc zoologique de Hann, souvent présenté comme le seul grand espace vert de la capitale, le parc de Cambérène fait pourtant partie du paysage dakarois depuis 1948. D’abord destiné à accueillir des courses hippiques, il connut ensuite trente heureuses années au cours desquelles ses 10 hectares furent divisés en pépinières et en roseraies, avant d’être peu

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L’AGGLOMÉRATION AFFICHE 1 M2 DE VERDURE PAR HABITANT EN MOYENNE, LOIN DES 10 M2 RECOMMANDÉS PAR L’OMS.

à peu laissés à l’abandon. Dans les années 1980, les espaces verts sont devenus le parent pauvre de la politique d’aménagement de l’État. « À la fin des années 1990, le parc était dans un état de délabrement avancé », déplore Mbaye Diop Druh, à la tête de la direction des paysages urbains et des espaces publics depuis 2018.

École d’horticulture

Depuis deux ans, le jardin se refait enfin une beauté. Dans une agglomération où le bâti grignote toujours plus de terrain au point de ne plus offrir que 1 m² d’espace vert par habitant – quand l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande 10 m² –, Cambérène veut redevenir l’un des poumons de la ville. Symbole de ce renouveau, un canal artificiel bordé de palmiers et de bouquets de roseaux traverse désormais le parc sur 300 mètres. Bientôt, annonce Mbaye Diop Druh, les promeneurs pourront profiter de bungalows au


Loi des finances

2020 Nouvelle ère dans la gestion des finances

Un canal artificiel long de 300 mètres traverse le parc.

Mise en oeuvre du buget programme et édition du budget citoyen

L’è ère de la a PERFORMANC CE et de la TR RANSPARENCE

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bord de l’eau, ainsi que d’une gargote, dont l’ossature est déjà installée au centre d’une esplanade qui vient d’être dallée. Mais déjà le budget de 1,5 milliard de F CFA (près de 2,3 millions d’euros) alloué chaque année par le ministère de l’Urbanisme et du Logement au programme national Ville verte est grevé par le réaménagement du centre-ville, dont le président Macky Sall a fait une priorité de son second mandat, et la construction de la ville nouvelle de Diamniadio. « Entretenir un espace vert, c’est un budget. Il faut des moyens, de l’eau, des agents en permanence », égrène Mbaye Diop Druh, qui doit se contenter de 40 millions de F CFA par an pour faire tourner son administration – la part allouée au jardin varie. Résultat, le canal souffre des débordements du réseau public d’évacuation des eaux. Le directeur des paysages urbains ne se décourage pas pour autant. Il souligne la bonne santé de ses pépinières: quatre immenses carrés d’arbres et d’espèces ornementales, devenus le terrain d’étude de l’école d’horticulture installée dans le parc. Quelque 4 000 boutures sortent chaque année de la pépinière de Cambérène, qui vont verdir et reverdir les espaces publics et les bâtiments administratifs de toute l’agglomération, du Plateau à Diamniadio.


Grand format DAKAR UN TOUR EN VILLE

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La piscine à débordement de la structure, surplombant la plage du Virage.

CULTURE

Ateliers avec vue Face à l’océan, sur le littoral nord de la capitale, le plasticien américain d’origine nigériane Kehinde Wiley a ouvert une résidence d’artistes : Black Rock. MANON LAPLACE

ne vue panoramique sur la plage du Virage. Une piscine à débordement qui semble se jeter dans l’Atlantique. Pour sa résidence artistique, Kehinde Wiley a fait dans l’ultra-luxe. Célèbre pour ses portraits des époux Obama, le peintre américain d’origine nigériane a choisi Dakar pour installer sa résidence artistique internationale et pluridisciplinaire. Surnommée Black Rock en référence aux roches volcaniques jonchant la plage du littoral nord de Dakar, cette résidence veut être une base à partir de laquelle la créativité ouest-africaine rayonnera et qui permettra au regard que l’on porte sur le continent d’évoluer. « Je veux que le monde tombe amoureux de l’Afrique de l’Ouest » (comme lui lorsqu’il est venu pour la première fois à Dakar, à l’âge de 19 ans),

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CE LIEU DOIT PERMETTRE À L’AFRIQUE DE RAYONNER SUR LE MONDE, ET AU MONDE DE CHANGER SON REGARD SUR L’AFRIQUE.

assurait Wiley lors de l’inauguration de Black Rock, le 26 mai. Ce soir-là, la villa a été le décor pour des selfies très people, accueillant des personnalités et des artistes du monde entier, comme le photographe sénégalais Omar Victor Diop, la chanteuse américaine Alicia Keys ou encore la mannequin britannique Naomi Campbell.

« De l’espace et du temps »

Depuis, les mondanités ont laissé la place à la créativité avec l’arrivée des premiers pensionnaires. Pour la première promotion, ils seront seize à résider à Black Rock entre août 2019 et avril 2020, des artistes étrangers (pour la plupart venus des ÉtatsUnis et du Nigeria), « afin de favoriser les échanges transculturels, la transmission d’idées et de savoir-faire », explique Kewe Lo, directrice artistique de Black Rock. S’il n’y a dans cette promotion aucun représentant de la scène artistique locale – « dont la richesse a largement motivé le choix de Kehinde d’installer sa résidence ici », insiste Kewe Lo –, des rencontres sont organisées avec les artistes sénégalais. Depuis son ouverture, Black Rock a reçu, entre autres, la chorégraphe Germaine Acogny et le photographe Malick Welli. En outre, la villa a été dessinée par l’architecte sénégalais Abib Djenné, l’aménagement intérieur et la décoration sont le fruit d’une collaboration entre Kehinde Wiley


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De nombreuses personnalités, dont la top-modèle britannique Naomi Campbell (au centre), étaient présentes lors de l’inauguration, le 26 mai.

et des artistes locaux, telle la designer Aïssa Dione. La structure comprend un appartement et des ateliers pour Kehinde Wiley, ainsi que trois appartements pour les artistes en résidence, chacun disposant d’un studio adjacent. Pour la designer américaine Heather Jones, qui travaille sur les textiles, le premier vrai contact avec la capitale sénégalaise s’est produit dans l’effervescence des étals de HLM (une commune du centre de Dakar), le plus grand marché aux tissus de la capitale. Arrivée au début d’octobre, la jeune femme, originaire de Cincinnati, se dit motivée par « la recherche de nouveaux savoir-faire et la découverte de modes de vie différents ». Les motivations de la Nigériane Yagazie Emezi sont tout autres. « Black Rock offre un cadre de travail, de l’espace et du temps. Car pour créer il faut sortir de son quotidien, être au calme, et rester au même endroit suffisamment longtemps », souligne la photojournaliste. Que l’inspiration vienne du cadre feutré de la résidence ou du contact avec les rues dakaroises, selon Kewe Lo, « Black Rock a pour seule vocation de mettre à disposition le cadre et les ressources nécessaires aux artistes qui travaillent en toute liberté. Le reste dépend d’eux ».

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JAMG - © Michal Nowicki

Vivez la Beauté

Une peau saine a besoin d’un expert Implantée au Togo depuis octobre 2003, la société Dodo (Parfumerie Industrielle et Cosmétique du Togo), devenue depuis juin 2013, Dodo Cosmetics est un expert incontesté dans le domaine de la cosmétique. Malgré une concurrence de taille, grâce à la qualité de ses produits, la société Dodo Cosmetics a su s’imposer sur le marché national et international. Cette qualité est le fruit combiné de l’expérience acquise par l’usine mère d’Abidjan, et du dynamisme d’une équipe très qualifiée. Constamment à la recherche du meilleur, tout en respectant les normes dans le domaine de la cosmétique,

la société Dodo Cosmetics, dotée d’un laboratoire à la pointe de la technologie, propose des gammes de produits telles que : Clinic Clear, Maricha, Claire Dame, Code White, Dodo, le défrisant Clinic Hair et le parfum Ange d’Eden. Tout comme Hyprogel par le passé, Dodo est devenu aujourd’hui le produit phare de la société avec un record de ventes en Afrique qui s’explique par sa formule exceptionnelle. La société Dodo Cosmetics est en perpétuelle évolution. Aujourd’hui elle est représentée dans 75 % des pays d’Afrique, ainsi qu’en Europe et aux États-Unis.

www.dodo-cosmetics.com


Grand format DAKAR UN TOUR EN VILLE

Aïsha Dème fait des étincelles Avec le rappeur sud-africain Tumi Molekane, alias Stogie T.

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Coupe afro, taille de guêpe et talons hauts… Tout Dakar connaît la silhouette pétillante d’Aïsha Dème. À 44 ans, l’ex-présidente de la plateforme Music in Africa dirige désormais Siriworo (« étincelle », en wolof), la première agence d’ingénierie culturelle du pays, qu’elle a fondée en 2017. Cette hyper-urbaine, qui a réveillé les nuits de la capitale pendant des années en partageant ses bons plans, ses idées de sorties, de concerts et d’expositions, vient pourtant d’une famille rurale originaire d’un village du Saloum, près de la frontière gambienne. Aïsha Dème est née et a grandi à Dakar. Élève studieuse au lycée LamineGueye, c’est en allant voir jouer la pièce Lu eup turu (« trop c’est trop »), avec Awa Sène Sarr, au théâtre Sorano, au Plateau, qu’elle prend conscience de sa passion pour les arts et la culture. Comme beaucoup de jeunes de son âge, elle fréquente régulièrement, dans les années 1990, le centre culturel français, où elle aime passer des heures à lire et à relire Cheik Anta Diop, Victor Hugo, Daniel Pennac et, surtout, les auteurs contemporains ouest-africains : Boubacar Boris Diop ou Ken Bugul. C’est aussi là, quelques années plus tard, qu’elle croise la génération Galsen (« Sénégal », en verlan) et ses rappeurs – Positive Black Soul, Daara J, Faada Fredy, Pee Froiss, Rapadio… –, dont

la plupart s’engageront en 2011 dans le mouvement Y’en a marre pour protester contre le président Abdoulaye Wade. L’objectif est alors de faire entendre la voix de la jeunesse pour faire bouger politiquement et culturellement un Sénégal qui a trop longtemps regardé en arrière et un Dakar qui manque de cinémas, de théâtres, de salles de concert… Alors qu’elle est informaticienne dans une banque, Aïsha Dème démissionne en 2009 à l’occasion de la préparation du Festival mondial des arts nègres à Dakar (qui se tiendra en décembre 2010). Avec son

ami Alassane Dème, qui rentre des États-Unis, elle crée le webzine agendakar .com (qui a fermé en 2014). Elle y passait au crible une foule d’évènements culturels passionnants, dont nombre étaient jusqu’alors ignorés s’ils n’entraient pas dans les radars de la culture institutionnelle. « Le site a explosé, car nous apportions beaucoup d’informations vérifiées en temps réel, c’était une révolution au Sénégal. »

« Bons plans »

Aujourd’hui, avec Siriworo, celle qui se définit comme une « activiste culturelle » et une « boulimique de culture » veut, comme

« ACTIVISTE CULTURELLE », « BOULIMIQUE DE LECTURE », LA DIRECTRICE DE SIRIWORO VEUT, COMME LE VOULAIT SENGHOR, DÉMOCRATISER LES ARTS.

le souhaitait Senghor, démocratiser les arts. « La culture ne doit pas être élitiste, elle doit être étudiée à l’école. Elle est génératrice d’emplois. Elle peut éviter à nos jeunes d’avoir envie de prendre la pirogue… Tous les samedis, je tweete pour donner envie aux gens de sortir. » Aïsha Dème accompagne aussi nombre de projets artistiques (expositions d’arts visuels, concerts, rendez-vous de poésie, soirées slam, festivals, etc.) et continue d’échanger ses « bons plans culture » sur les réseaux sociaux. Elle y est très active, notamment pour inciter les Sénégalaises, qui, selon elle, « se sont un peu endormies sur leurs lauriers depuis les glorieuses générations féministes des indépendances », à s’impliquer davantage dans l’éducation et la culture. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND

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mobilityforall.com

BOUCHRA BAIBANOU

ALPINISTE, MAROC

Ma passion pour l'alpinisme vient de mes différentes ascensions des montagnes marocaines. Après plusieurs années de préparations difficiles, je relève le plus grand défis de ma vie. En 2018, je suis la première marocaine à réussir l'ascension des 7 sommets du monde et deviens la première femme nord africaine à gravir l'Everest.


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