RD CONGO
TSHISEKEDI : L’ANNÉE CRUCIALE
CAMEROUN Cavayé Yeguié Djibril, le dernier dinosaure
DOSSIER Royaume-Uni - Afrique : vers un New Deal
• Pour ses voisins et pour toute une partie de l’Afrique, cet État néant où rivalisent des puissances étrangères est plus que jamais la mère de tous les dangers.
• Entre stratégie du chaos et spectre d’une nouvelle dictature, les voies d’une sortie de crise semblent (presque) introuvables.
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Année zéro
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LIBYE
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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 Br Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 5 € Portugal cont. 4,30 € RD Congo 5 $ US Réunion 4,60 € Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 4 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2 000 F CFA ISSN 1950-1285
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3080 DU 19 AU 25 JANVIER 2020
INTERNATIONAL
50 Immigration Assouplissement de rigueur
ROYAUME-UNI - AFRIQUE
THOMAS MUKOYA/REUTERS
Vers un New
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Visite de Boris Johnson à la réserve naturelle de Lewa, dans le nord du Kenya, en 2017.
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52 Économie Le pari de Londres
53 Finance La livre dans la jungle
Deal
54 Investissements Le secteur privé en première ligne
Par sa sortie effective de l’UE, le 31 janvier, le Royaume-Uni change d’horizon économique et diplomatique. L’occasion pour le continent de redéfinir ses relations avec Londres, et sa place dans le jeu international.
OLIVIER CASLIN
L
e 9 janvier, la Chambre des communes a ratifié le Withdrawal Agreement Bill, qui entérine, trois ans et sept mois après la victoire du oui au référendum de 2016, la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). Désormais transposé dans le droit britannique, le Brexit deviendra donc réalité le 31 janvier, pour le Royaume-Uni et pour l’Europe, ainsi que pour le reste du monde, dont l’Afrique. Du prix bord champ de la fève de cacao à l’introduction boursière des entreprises du continent, en passant par la redéfinition de l’aide publique au développement britannique destinée à l’Afrique ou la nécessaire renégociation des accords de partenariat économique (APE) avec une UE désormais à 27, les répercussions du divorce entre Londres et Bruxelles s’annoncent multiples pour l’ensemble du continent. Le 24 juin 2016, quelques heures seulement après l’annonce des résultats du référendum, le rand sud-africain voyait sa valeur chuter de 8 %, confirmant que l’Afrique ne serait pas épargnée très longtemps par les effets du Brexit. Mais si la période d’incertitude qui s’ouvrait alors promettait d’être douloureuse pour ses économies les plus défaillantes, elle peut dans le même temps inaugurer des relations – notamment commerciales – plus bénéfiques et équitables pour le continent dans son ensemble.
Faste impérial
Fidèle à la déclaration faite par Winston Churchill en 1944, le Royaume-Uni a donc « choisi le grand large » plutôt que l’Europe. Au point de se sentir peutêtre un peu seul aux commandes de son propre navire. Ces dernières années, les « brexiters » ont prôné le retour au faste impérial d’antan, assurant que le Commonwealth pouvait remplacer avantageusement l’Union européenne. En Afrique, Theresa May et son successeur, Boris Johnson, ont donc multiplié les visites auprès des principaux pays membres du continent – Afrique du Sud, Nigeria, Kenya, Ghana… – pour renforcer les liens économiques et commerciaux du Royaume-Uni avec ses anciennes dépendances. « Il est urgent de signer dès que possible de nouveaux accords de libre-échange », a déclaré l’actuel Premier ministre britannique dès sa victoire acquise aux législatives anticipées du
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12 décembre 2019, comme pour bien rappeler au gouvernement ses priorités du moment. La rencontre, au début de janvier, entre Andrew Stephenson, ministre d’État aux Affaires étrangères et du Commonwealth, chargé également du développement international, et les dirigeants de cinq pays anglophones d’Afrique australe (Afrique du Sud, Botswana, Namibie, Eswatini et Lesotho), confirme la volonté affichée par Londres de jouer la carte du bilatéralisme pour stimuler ses relations post-Brexit avec les 19 membres africains du Commonwealth. Mais le commerce réalisé avec l’ensemble de la communauté anglophone, estimé annuellement à 9 % du total des échanges britanniques, ne suffira pas à compenser les 50 % réalisés chaque année avec l’UE depuis 2010.
Ouverture d’ambassades
Le Royaume-Uni a certes annoncé sa volonté d’ouvrir davantage – au moins pour les dix-huit prochains mois – son marché intérieur à l’ensemble des pays les moins développés de la planète, mais il n’a pas d’autre choix que de sortir de sa zone de confort, à la recherche de nouveaux partenaires économiques. Un accord commercial a été signé dès le mois de septembre avec le Mozambique, alors que les discussions se multiplient avec l’Angola, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire et que le Foreign Office a confirmé l’ouverture prochaine d’ambassades au Niger et au Tchad. Le sommet Royaume-Uni - Afrique, premier du nom et
organisé dans la capitale anglaise le 20 janvier, en présence des représentants d’une vingtaine de pays, s’inscrit dans la même logique. Pour relever le défi, Londres va en effet devoir développer une politique africaine digne de ce nom. Surtout dans un contexte des plus concurrentiels où le continent peut compter sur l’intérêt grandissant de partenaires devenus aujourd’hui incontournables, tels que la Chine, ou appelés à le devenir, comme l’Inde et le Brésil. Cette redistribution des cartes va donc permettre à l’Afrique de redynamiser ses échanges avec le RoyaumeUni, d’ouvrir la partie à de nouveaux challengers, mais elle lui donne aussi l’occasion de tirer son épingle du jeu. Certains pays mis au ban de l’UE, comme la Libye ou le Zimbabwe, peuvent en profiter pour contourner l’embargo européen. « Mais c’est tout le continent qui doit réfléchir, dès maintenant, aux avantages qu’il peut attendre de cette situation, estime Christian Liongo, économiste spécialisé dans les relations Afrique-UE. En échappant aux contraintes de la politique agricole commune européenne, en négociant des accords commerciaux qui lui sont moins défavorables, en faisant jouer la concurrence… » En plus de redéfinir la place du Royaume-Uni dans le grand jeu international, le Brexit pourrait donc faire évoluer celle de l’Afrique dans son ensemble. Un continent qui, en ouvrant la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca), vient de se lancer dans son propre processus d’intégration économique, au moment même ou celui de l’Europe est battu en brèche par le départ du Royaume-Uni.
Le Royaume-Uni postBrexit s era p eut- être ouvert aux capitaux du monde entier, notamment à travers son réseau de paradis fiscaux hérité de la colonisation, mais pas forcément aux personnes. Dans l’état actuel, le système d’immigration britannique n’aide pas vraiment à tisser de bonnes relations avec ses partenaires africains. Le régime de visa a été jugé par une commission parlementaire, à Westminster, « manifestement inadapté et portant atteinte aux intérêts du secteur privé comme aux efforts du gouvernement à promouvoir un Royaume-Uni ouvert ».
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HENRY NICHOLLS/REUTERS
Immigration Assouplissement de rigueur
Un partisan du Brexit devant le Parlement, à Londres, en octobre.
Pour rép ondre aux besoins d’un marché du travail en recomposition, Londres réfléchit donc à assouplir sa politique d’immigration, notamment en direction des Africains, ces derniers se retrouvant
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sur un pied d’égalité avec les travailleurs roumains ou polonais. C’est en tout cas ce qu’espèrent les membres des diasporas afro - caribéennes, qui représentent près de 3 % de la population. Trois quarts
d’entre eux ont voté en faveur du Brexit, confortant le gouvernement britannique dans sa volonté de « reprendre le contrôle des frontières » et de « réserver les emplois britanniques aux Britanniques ». La main-d’œuvre issue des pays de l’est de l’Europe ne sera pas la seule à être soumise à une politique d’entrée plus restrictive pour les citoyens de l’UE. Les ressortissants français, belges et autres, originaires de pays africains hors C ommonwealth, auront besoin de visa pour être autorisés à travailler à Londres. OLIVIER CASLIN et NICHOLAS NORBROOK
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installations, des processus, des pro-
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sont de plus en plus complexes et un
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programme d’assurance qualité com-
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et les industries du monde entier et
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permanence de nouveaux objectifs
matières premières, les fournisseurs
toujours plus élevés. A cela s’ajoute
de composants,la fabrication,le trans-
un intérêt grandissant des clients
port,jusqu’aux canaux de distribution
et des consommateurs finaux pour
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Jérémy Gaspard, Directeur général Afrique subsaharienne
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de l’agroalimentaire, Intertek est
et apportent aux organisations les
aidant notamment à valider leurs
le partenaire de confiance pour
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objectifs de développement durable,
une assurance qualité totale et du-
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vis-à-vis de l’empreinte carbone, du
rable sur l’ensemble du continent.
à bien leurs activités.
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Intertek possède les accréditations
l’évaluation des fournisseurs, ou en-
nécessaires, la reconnaissance et
Notre approche « Total Quality As-
core du cycle de vie des produits. En
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surance » est aujourd’hui reconnue
parallèle, Intertek a récemment lancé
à une expertise inégalée en matière
dans différents secteurs d’activité,
le programme « Total Sustainability
de réglementation, de connaissance
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Assurance » qui consiste en un panel
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COMMUNIQUÉ
Blue Skies Fruit
LE FOURNISSEUR EN FRUITS FRAIS QUI PRIVILÉGIE UN PARTENARIAT DURABLE Il y a vingt-deux ans, l’entrepreneur anglais Anthony PILE en eut l’idée… Plutôt que transporter des fruits entiers sur des milliers de kilomètres depuis les fermes de culture jusqu’au Royaume-Uni pour ensuite les couper et les conditionner, pourquoi ne pas les transformer sur le lieu de production puis exporter le résultat directement vers les supermarchés ? Le produit serait ainsi plus frais, et les pays producteurs en tireraient un meilleur bénéfice. La société Blue Skies Fruit était née. Depuis le lancement de ses activités au Ghana, la compagnie, primée à plusieurs reprises, s’est développée en Égypte, en Afrique du Sud, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Brésil et ouvrira bientôt sa première usine au Bénin. Les fruits coupés, conditionnés et expédiés par avion en Europe dans les quarante-huit heures après récolte approvisionnent ainsi plus de 300 distributeurs, sur 11 marchés, en fruits frais coupés, jus, sorbets… bibliothèques, des cybercafés, des équipements sportifs… Et encourage le développement professionnel des employés.
« Nous appelons cela “ajouter de la valeur à la source”, ce qui signifie que nous cherchons à maintenir au maximum les profits dans les pays où poussent nos fruits. » n
En parallèle, dans les pays où l’entreprise exerce ses activités, la Fondation Blue Skies s’engage aux côtés des communautés locales en construisant cliniques médicales, installations sanitaires et salles de classe, ainsi qu’en formant les petits exploitants – piliers des approvisionnements – afin de leur permettre d’améliorer leurs pratiques agricoles. Un projet de ferme-école a pour objectif d’encourager la prochaine génération d’exploitants et de montrer que l’entreprise privilégie un approvisionnement durable de fruits tout en assurant aux communautés rurales des moyens de subsistance.
A Aujourd’hui,lasociétéemploie plus de 5 000 personnes, dont 4 000 travaillent au Ghana pendant les saisons G dee récolte. L’entreprise met à la a disposition de ses salariés une clinique de soin, des u
« Notre attention se porte sur le développement d’un réel partenariat avec les communautés avec lesquelles nous coopérons, insiste M. Derrick. Nous voulons être certains que toute personne, dès lors qu’elle travaille avec nous, sache que nous sommes dans le même bateau et que nous visons des bénéfices mutuels. Notre vision est de long terme. »
« Notre éthique vise évidemment la qualité optimale pour nos produits, mais nous prenons soin également d’agir de la façon la plus responsable et la plus équitable possible dans les pays où sont cultivés les fruits », commente Simon Derrick, directeur de la communication.
Blue Skies Holdings Ltd Paddock View Spring Hill Farm Pitsford NN6 9AA United Kingdom Tél. : +44 (0) 1604 881230
www.blueskies.com
JAMG - PHOTOS : © DFID
« À chaque étape, la société met en œuvre une philosophie de partenariat pour l’obtention de bénéfices mutuels. »