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NO 3100 – MAI 2021
MALI
Ce qu’il faut attendre de la transition
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BULLETIN D’ABONNEMENT
UN PAYS, SES DÉFIS
OBJECTIF MALI
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De g. à dr., Assimi Goïta, vice-président, Bah N’Daw, président de la transition, et Malick Diaw, président du CNT, le 24 septembre 2020, à Bamako.
POLITIQUE
Ce qu’il faut attendre de la transition Révision constitutionnelle, élections transparentes, lutte contre la corruption… Il reste moins d’un an au discret président Bah N’Daw, à son vice-président, Assimi Goïta, et au chef du gouvernement, Moctar Ouane, pour mener à bien les nombreuses réformes dont le pays a besoin.
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JEUNE AFRIQUE – N° 3100 – MAI 2021
AÏSSATOU DIALLO, ENVOYÉE SPÉCIALE
«
M
a plus grande satisfaction résidera dans la passation de témoin au futur président de la République, élu proprement et indiscutablement », insiste Bah N’Daw. Tonnerre d’applaudissements des invités, réunis au Centre international de conférence de Bamako, le 25 septembre 2020, pour son investiture en tant que président de la transition ainsi que celle de son vice-président, le colonel Assimi Goïta. Dans un discours d’une vingtaine de minutes, Bah N’Daw égrène ce qui orientera la boussole de la transition : lutter contre le terrorisme, éradiquer la corruption, organiser des élections transparentes, amorcer la réconciliation nationale, renforcer les mesures contre l’épidémie de Covid-19… Le 20 février, cette volonté du président, déclinée dans un programme d’action gouvernemental, a été présentée par le Premier ministre, Moctar Ouane, devant le Conseil national de la transition (CNT). Alors que la présidentielle et les législatives arrivent à grands pas – leur premier tour a été fixé au 27 février 2022 –, de nombreux défis leur restent à relever. L’un des chantiers majeurs de la transition demeure la gestion de la crise sécuritaire. La forte présence de militaires dans l’équipe au pouvoir a suscité de l’espoir. Les principales figures de l’ex-Comité national pour le salut du peuple (CNSP), qui a renversé Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) le 18 août 2020, étaient présentées comme des militaires de terrain, au
fait des réalités. Bien que celles-ci demeurent au cœur des pouvoirs exécutif et législatif, la situation sécuritaire du Mali n’a fait que s’aggraver au cours des derniers mois, selon plusieurs observateurs. Le cas du village de Farabougou, dans la région de Ségou, a suscité l’émoi. Sous embargo jihadiste depuis octobre dernier, et ce malgré l’intervention de l’armée puis la visite d’Assimi Goïta, la localité n’a vu cette crise résolue que récemment, grâce à l’intervention du Haut Conseil islamique du Mali, avec la bénédiction des autorités. Le 14 mars, un accord de cessez-le-feu a été conclu entre les jihadistes – affiliés à la katiba Macina, groupe lui-même lié au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) – et les chasseurs traditionnels dozos, marquant la première étape d’un accord plus durable. « Le cycle de l’insécurité n’a pas pu être inversé. Au contraire, cela s’aggrave, regrette Housseini Amion Guindo, le président de la Convergence pour le développement du Mali (Codem). Désormais, de grandes villes comme Bandiagara et San sont aussi attaquées. Le pays a besoin d’une nouvelle doctrine sécuritaire. » Les autorités de la transition ont plusieurs fois réaffirmé leur volonté de dialoguer avec les chefs jihadistes maliens, Amadou Koufa et Iyad Ag Ghaly, conformément aux conclusions du Dialogue national inclusif qui a eu lieu à la fin de 2019. Mais, pour l’heure, aucune indication n’a été donnée sur d’éventuelles tentatives d’entrer en contact avec ces derniers, ni sur les points qui pourraient faire l’objet de négociations. Outre l’épineuse question sécuritaire, les autorités de la transition ont hérité d’une économie durement fragilisée par plusieurs mois d’instabilité politique et par la pandémie
Ceux qui ont renversé IBK étaient présentés comme des militaires de terrain. Pourtant, la situation sécuritaire n’a cessé de s’aggraver.
de coronavirus. D’autant que, face à une deuxième vague du virus qui s’est révélée plus meurtrière à la fin de 2020, l’exécutif a dû prendre une nouvelle série de mesures restrictives qui auront un impact sur l’économie. Cependant, malgré la grave crise du secteur cotonnier, le pays a été porté par la bonne santé de l’or et a pu tenir le cap, avec une récession de seulement 2 % en 2020, selon le FMI (lire pp. 111-112). Ses prévisions sont même optimistes pour 2021, avec une croissance attendue de 4 %. Et force est de constater que le gouvernement y travaille, en essayant d’agir sur les filières clés. En février, le ministre de l’Agriculture, Mahmoud Ould Mohamed, a lancé des assises du coton afin de relancer la production. Le ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Eau, Lamine Seydou Traoré (lire pp. 114-115), veut dynamiser le secteur minier en accélérant la mise en application du nouveau code minier, adopté en 2019… Mais cette relative stabilité de la croissance permettra-t-elle de répondre aux doléances des syndicats, dont ceux du domaine de l’éducation et de la santé, qui multiplient les grèves depuis le début de la transition ?
Refondation attendue
En plus du front social bouillonnant, les autorités de la transition doivent faire face à de nombreuses attentes sur le plan politique : réformes institutionnelles et électorales, redécoupage territorial, lutte contre la corruption et l’impunité… Autant de points pris en compte dans le programme d’action du gouvernement. « C’est très ambitieux au vu du temps imparti à la transition. Mais ce sont des dossiers qui doivent être pris en charge par différents départements. Cela devrait donc aller, se réjouit un diplomate basé à Bamako. La politique du Premier ministre est déclinée, et il s’est entouré d’une équipe compétente. » La majeure partie des réformes envisagées est d’ailleurs acceptée par tous les Maliens, car la plupart d’entre elles ont été répétées au fil de divers forums depuis plusieurs années. Mais si l’introduction de la proportionnelle dans l’élection des députés pour obtenir une JEUNE AFRIQUE – N° 3100 – MAI 2021
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OBJECTIF MALI
MATTHIEU ROSIER / HANS LUCAS
prônaient au départ. Aujourd’hui, personne ne peut dire qu’il y a un réel changement », analyse pour sa part Boubacar Haïdara, chercheur associé au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM). « On s’achemine déjà vers le milieu de la transition. Le seul chantier qui devrait occuper ses dirigeants, c’est l’organisation des élections. Ils n’auront plus ni les moyens ni le temps de faire le reste », conclut-il.
Bras de fer
Le Premier ministre, Moctar Ouane, le 26 octobre 2020, lors de la visite de Jean-Yves Le Drian à Bamako.
meilleure représentativité ou la création d’une cour des comptes pour parvenir à plus de transparence font l’unanimité, d’autres sujets, comme l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation, continuent à créer des tensions. D’où la nécessité pour Moctar Ouane de parvenir à un consensus. Le Premier ministre a mis en place un comité d’orientation stratégique qui réunit les partis politiques et des organisations de la société civile afin d’échanger sur les différentes réformes à effectuer. Le 15 avril, le gouvernement a par ailleurs rendu public un chronogramme des élections (lire pp. 96-97), qui prévoit notamment un référendum constitutionnel le 31 octobre.
démission d’IBK. « Ce calendrier, c’est juste du saupoudrage, ajoutet-il. Une fuite en avant pour répondre à la forte pression de la communauté internationale qui oblige les autorités actuelles à tenir leur promesse de respecter le délai de la transition. » Pour d’autres, le calendrier électoral pose également une question de temps. « Non seulement les conditions d’un consensus ne sont pas réunies pour toucher à la Loi fondamentale, mais la transition ne dispose pas d’un délai suffisant pour mener les réformes. Dix-huit mois ne suffiront pas, et je crains que les élections ne se tiennent à marche forcée », regrette Brahima Fomba, enseignant à l’Université des sciences juridiques et
Question de temps
Certains soulignent cependant un « manque d’inclusivité » dans la gestion de la transition, en prenant pour exemple la publication même du chronogramme des élections. « Comment comprenez-vous qu’on rencontre la classe politique le mardi au ministère de l’Administration territoriale, qu’on ne discute pas avec elle du processus électoral dont elle est l’acteur principal, et que, deux jours plus tard, on publie un calendrier électoral ? » s’interroge Ibrahim Ikassa Maïga, coordinateur national du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP, lire pp. 102103), qui a manifesté pendant trois mois l’an dernier pour réclamer la
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JEUNE AFRIQUE – N° 3100 – MAI 2021
Dès cette année sont prévus un référendum sur la Constitution, le 31 octobre, et des élections locales, le 26 décembre. politiques de Bamako. « Pour qu’une transition fonctionne, il faut passer par un processus d’extirpation puis de constitution. Les nouvelles autorités auraient dû montrer la rupture avec l’ancien régime et jeter les bases de la fameuse refondation qu’elles
L’organisation des élections fait l’objet d’un bras de fer entre les autorités et les partis. Tandis que l’une des attentes majeures des politiques est la création d’un organe unique de gestion des scrutins, le gouvernement semble vouloir maintenir le statu quo en confiant la préparation des scrutins au ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Plusieurs responsables au sein de l’administration évoquent un manque de temps : un nouveau mode de gestion ne pourrait être fonctionnel avant les prochains votes. « Nous tenons à l’organe unique de gestion des élections. Il faut au minimum le créer sur le papier et mettre en place une disposition transitoire, quitte à le rendre opérationnel plus tard. La proclamation des résultats doit être réalisée par un organe indépendant », insiste un représentant de la Cedeao chargé du dossier malien depuis le début de la crise. La mission effectuée à la fin d’avril par le médiateur de la Cedeao, le Nigérian Goodluck Jonathan, pour évaluer les progrès faits par la transition devrait permettre d’avancer sur cette question d’organe unique. Pour le coordinateur du M5, Ibrahim Ikassa Maïga, « il faut d’abord rectifier la transition, opérer la refondation structurelle de l’État et, sur la base d’un fichier électoral accepté par tous, organiser des élections libres et transparentes ». Le M5 a annoncé observer une trêve durant le mois de ramadan, mais se dit prêt à appeler à la mobilisation dès que cette période s’achèvera. « Après la trêve, nous sortirons pour obliger [les autorités en place] à rectifier la transition. Si on continue ainsi, il y aura une crise avant, pendant et après les élections car ils font du IBK sans IBK. »
COMMUNIQUÉ
Le Mali à la pointe de la transition énergétique L a transition énergétique n’est plus un discours au Mali mais une véritable réalité. Depuis la crise de 2012, la seule compagnie pétrolière et gazière opérant au Mali est Hydroma, société majoritairement contrôlée par l’entrepreneur malien Aliou Boubacar DIALLO. Les autres compagnies pétrolières étrangères ont soit mis la clé sous le paillasson ou se sont abritées derrière la clause de force majeure pour geler leurs activités.
De par l’importance et la connaissance du gisement, le Mali vient en première position. Aliou B. DIALLO continue d’opérer son bloc 25 en réussissant des prouesses avec un hydrogène pur à 98 % qui ouvre la voie de la transition énergétique mondiale.
JAMG - PHOTOS DR
À l’issue d’une campagne massive de forages, Hydroma a pu confirmer plus de 700 milliards de m3 d’hydrogène (rapport 51-101 du 1er juillet 2020). Ce nouvel Or durable et renouvelable, que le programme nationald’hydrogènedel’Allemagneappelle « Hydrogène Blanc », est un espoir pour le monde entier. D’après le BGR d’Allemagne, l’hydrogène naturel a été découvert dans une dizaine de pays dont le Mali, l’Allemagne, la Russie, le Canada, les USA, etc. Dans son n°42 d’octobre 2018, la célèbre revue scientifique Elsevier (ScienceDirect) parle de cette gigantesque découverte d’hydrogènenaturelauMali,souslecratonouest
africain, à Bourakébougou, situé à moins de 60 km de la capitale Bamako. Ce positionnement naturel très stratégique permet d’envisagersonexploitationàgrandeéchelle pour la production d’électricité, la mobilité légère et lourde, la production d’ammoniac et d’hydrogène liquéfié pour l’export. Depuis2012,lestravauxd’Hydromafontdu Mali le premier pays au monde où l’hydrogène naturel a été utilisé pour produire de l’électricité, sans émission de CO2. Le plan d’Hydroma est son projet d’« African Big Green Deal » qui comporte deux business unit : l’hydrogène naturel et l’hydrogène vert. Dans l’hydrogène vert, Hydroma est présent dans plusieurs pays, où des filiales sont déjà constituées pour faire de cette société l’un des futurs grands leaders mondiaux du secteur. Les prochaines étapes seront, en premier lieu, le développement d’une énergie hybride (solaire et hydrogène naturel), fermant ainsi l’ère des énergies électriques polluantes en Afrique. Une autre étape porte sur la mobilité légère et lourde à travers des piles à combustible qui feront du Mali et de l’Afrique les plus modernes en matière de mobilité verte avec en perspective des trains ou encore des véhicules alimentés par cette ressource purementafricaine.UnepremièreenAfrique. Au Mali, Hydroma a proposé ses services pour le redémarrage du chemin de fer avec des trains à Hydrogène. Ces projets sont réalisables et n’attendent qu’une véritable volonté politique pour se concrétiser.
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OBJECTIF MALI
EN DÉBAT
Tout a changé, mais rien ne bouge
C
orruption, mauvaise gouvernance, impunité… Ces trois maux galvanisaient les manifestants qui ont réclamé pendant des mois la démission d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). C’est donc naturellement que les militaires de l’ex-Comité national pour le salut du peuple (CNSP), aux manettes lors du coup d’État du 18 août 2020, ont promis d’y mettre fin. Mieux encore, ils se sont donné pour mission de « refonder » la nation. Huit mois après le début de la transition, les choses ont-elles vraiment changé ? Chassez le naturel, il revient au galop, dit-on… Mais pour ce qui est de la corruption, a-t-elle au moins été chassée du Mali ? Jusqu’à présent, au-delà des promesses, il ne semble pas que de grands progrès aient été réalisés. Rouverts en mars 2020, les dossiers emblématiques de corruption et de détournement de fonds au sein de l’armée – surfacturation des contrats d’armement, acquisition de l’avion présidentiel… – qui éclaboussent des proches de l’ancien président sont comme figés. Aucun dignitaire de l’ancien régime n’est poursuivi pour corruption ou mauvaise gouvernance.
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À la mi-février, lors de la présentation du plan d’action du gouvernement devant le Conseil national de transition (CNT), le Premier ministre, Moctar Ouane, a insisté sur le besoin d’un « renouveau de la gouvernance ». En attendant ce « renouveau », des textes législatifs et réglementaires, ainsi que des institutions, existent déjà pour assurer la transparence et la redevabilité de ceux qui agissent au nom de l’État. Mais encore faut-il leur donner les moyens de remplir leur rôle et permettre à la justice d’être indépendante. En matière de respect de la loi, l’exemple doit par ailleurs être donné
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au sommet de l’État. Or si la déclaration des biens du président est une obligation inscrite tant dans la Constitution que dans la charte de la transition, ni Bah N’Daw ni Assimi Goïta ne se sont pliés à cet exercice. Autre petite entorse à la loi : la composition même du CNT, chargé d’examiner et de voter les lois en l’absence de l’Assemblée nationale, ne respecte pas les textes qui encadrent sa formation et la répartition des sièges. Enfin, la transition n’est-elle pas en train de reproduire le schéma de gestion clanique qui était reproché à IBK ? Plusieurs partis et organisations de la société civile dénoncent
une concentration des leviers du pouvoir entre les mains de l’armée.
Colère
Depuis le début de la transition, certains leaders politiques nourrissent une méfiance envers les militaires, lesquels la leur rendent bien, les tenant pour responsables de la situation dans laquelle se trouve le pays. Mais ils oublient que, eux aussi, sont comptables de la gestion sécuritaire. En outre, plusieurs membres du gouvernement ou du CNT ont occupé des postes de premier plan sous IBK. À commencer par le président de la transition lui-même, Bah N’Daw, qui a été ministre de la Défense. Quelques jours avant le coup d’État, un rapport du groupe d’experts de l’ONU sur le Mali, qui avait fuité, laissait entrevoir une colère grandissante au sein de l’armée. Certains avaient l’impression de risquer leur vie sur le terrain sans moyens, tandis que des hauts gradés se la coulaient douce. Et les vagues de nomination de militaires au sein de la direction d’établissements publics ou de gouvernorats ne sont pas de nature à remettre cette impression en question. Aïssatou Diallo
COMMUNIQUÉ
Daniel Touré, directeur général de la BICIM.
Les nouvelles ambitions de la BICIM C
réée en 1999, la BICIM est présente depuis plus de 20 ans sur le territoire. En 2016, un premier changement de business model avait été réalisé avec le passage du retail banking (avec 9 agences sur Bamako et une clientèle variée) au corporate banking (réduction des agences à 2) et à la banque Prestige, en se limitant au segment du haut de gamme.
digitalisationdesparcoursetdesservicesoffreuneexcellenteopportunité pourmaintenircetacquisetgagnerdenouveauxclients.«Eninterne,cela signifielacréationdenouveauxservices,lerenforcementdeséquipeset lerecrutementd’agentspourmieuxrépondreauxnouvellesambitionsde la banque » précise Daniel Touré.
Partenaire des filières d’avenir
Extension du réseau
« Avec l’arrivée du groupe AFG au capital, la BICIM veut étendre son positionnement et s’adresser à l’ensemble du public malien » affirme Daniel Touré, directeur général de la BICIM. Le segment Prestige sera maintenu et renforcé. Mais la Banque, dans sa vision de redevenir une banque universelle, se doit d’avoir une offre de services qui s’adresse à tous les segments du tissu économique du Mali : les cadres maliens, les jeunes, lesfonctionnaires,lesexpatriés,lesservicesetadministrationspubliques comme privées, les grands voyageurs, les pharmacies, les écoles etc.
Dans le cadre de cette nouvelle stratégie, la BICIM souhaite poursuivre l’ouverturedenouvellesagencesetdéployerdesDAB/GABdansleszones à fort potentiel, où une présence de la Banque est indispensable pour mieux adresser le client.
Parallèlement, il s’agit d’étendre l’offre Corporate à de nouveaux segments (PME, grands commerçants). Les secteurs porteurs de l’économie malienne, agriculture et mines notamment, sont également en ligne de mire. « Nous souhaitons devenir le partenaire de référence d’une ou plusieurs filières en proposant des produits adaptés à l’ensemble de leur chaîne de valeur » poursuit Daniel Touré. D’autre part, la BICIM poursuit son développement en innovant, en modernisant ses outils et en adaptant ses structures, afin de répondre aux attentes de sa clientèle et aux exigences d’un service aux standards internationaux. C’est dans ce cadre que la Banque vient d’obtenir la certification ISO 9001V2015 pour le périmètre des virements internationaux. Dans ce qui apparait comme un véritable « nouveau départ », la BICIM dispose d’un atout clé : la prise en charge et la qualité de service de la clientèle VIP, perçues par l’ensemble du marché comme excellentes. La
Ainsi, 4 agences doivent être ouvertes à Bamako pendant le deuxième trimestre de 2021 (quartiers Badalabougou, Hamdallaye ACI, zone des affairesdeBamako,SugubaetDabananitousdeuxaucœurdumarché).À celas’ajoutel’ouverturede2agencesendehorsdelacapitale:àSikasso, région agricole et minière, et à Kayes, région minière. Ledéploiementde8nouveauxGABàBamakoetenrégionestégalement prévue. LANCEMENT D’OFFRES INNOVANTES ET AMÉLIORATION DE L’EXPÉRIENCE CLIENT La BICIM est engagée dans une stratégie de digitalisation des produits sur tout le parcours client en proposant une approche globale adaptée à leurs besoins. Celle-ci repose sur les éléments suivants en cours de mise en œuvre : • Une plateforme digitale favorisant les ouvertures de compte et la souscription des produits à distance. • Une banque de détail sur mobile. • Un e-banking performant pour les entreprises. • Une amélioration des fonctionnalités proposées par les DAB/GAB permettant l’autonomie du client. • Une extension de la gamme de cartes bancaires. • Une digitalisation des parcours crédit. • Une automatisationdela réception desdocuments de gestionde compte.
Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie au Mali, Société Anonyme au capital de 10 000 060 000 FCFA - Siège social : Boulevard Abdelaziz Bouteflika, Quartier du Fleuve, BP 72, Bamako, Mali - Tél. : (+223) 20 70 07 00 - Fax : (+223) 20 23 33 73 - Email : bicim-dg@bicimali.net - Site web : www.bicimali.net R.C. : N° MA BKO 2007 B 1183 - NIF : 087800298H - Code banque : ML089 - Code SWIFT : BICIMLBA
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En décembre 2020, Atlantic Financial Group est devenu actionnaire majoritaire de la Banque Internationale pour le Commerce et l’Industrie au Mali (BICIM), à hauteur de 85 % du capital, et son partenaire stratégique. Cette intégration dans un groupe international s’accompagne d’un repositionnement de la stratégie en vue d’élargir la clientèle, de l’extension du réseau et du lancement d’offres innovantes en prenant appui sur les nouvelles technologies.
OBJECTIF MALI
RÉFORMES
Ousmane Sy
Ancien ministre de l’Administration territoriale, coordonnateur de l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique (Arga)
« Le grand problème du pays, c’est l’État » PROPOS RECUEILLIS À BAMAKO PAR BOKAR SANGARÉ
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utre les élections générales, qui doivent être organisées en 2022, ce sont les réformes politiques et institutionnelles à engager pour refonder le pays qui sont au centre des débats. Et la transition est considérée comme une période privilégiée pour remettre à plat les mécanismes de gouvernance. Ancien expert au Pnud, Ousmane Sy a dirigé la mission de décentralisation et des réformes institutionnelles au Mali. Il a été le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales d’Alpha Oumar Konaré (2000-2002), puis celui de la Décentralisation et de la Ville sous Ibrahim Boubacar Keïta (2014). Auteur d’un cours sur la gouvernance à l’École nationale d’administration du Mali et d’un ouvrage intitulé Reconstruire l’Afrique, vers une nouvelle gouvernance fondée sur les dynamiques locales (paru aux éditions Charles Léopold Mayer en 2009), promoteur du Centre d’expertises politiques et institutionnelles en Afrique, Ousmane Sy coordonne l’Alliance pour refonder la gouvernance en Afrique (Arga). Il explique à Jeune Afrique quelles sont les réformes prioritaires pour que le pays sorte durablement de la crise sociopolitique majeure qu’il traverse. Jeune Afrique : Les réformes politiques et institutionnelles sont au cœur des préoccupations des Maliens. Estimez-vous que
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JEUNE AFRIQUE – N° 3100 – MAI 2021
la transition est une période propice pour les mener ? Ousmane Sy : Les réformes dont le Mali a besoin sont de longue durée, et ce n’est pas la mission de la transition. Il y a eu une crise, qui a montré que le système dans lequel nous sommes ne tient plus. La transition doit faire des choix qui guident les réformes, comme en 1991, lorsque les bases de la IIIe République avaient été posées. Malheureusement, au Mali, les choses ont toujours été tordues. Si cette transition avait été consensuelle, comme tout le monde l’avait espéré, elle aurait été en capacité d’identifier les causes réelles des ruptures que nous vivons et les raisons pour lesquelles nous ne travaillons que sur les conséquences, sans arriver à mener le changement. Le débat n’est pas clairement posé, et nous n’arrivons pas à dire quels grands choix nous devons faire pour qu’une refondation puisse avoir lieu. Sur quels chantiers doivent porter les réformes refondatrices ? Le grand problème dans ce pays, c’est l’État. Il est fondé sur des bases qui ont oublié la nature exacte de ce qu’est notre pays. En 1960, nous avons fait le choix d’un type d’État qui ne correspond pas aux réalités de la nation malienne : l’État unitaire centralisé. Or l’État doit être à l’image de la nation et non l’inverse. L’État actuel a oublié que le pays était aussi divers, humainement et
territorialement. Il a même essayé de combattre la diversité à cause de son désir de construire l’unité… Pourtant, dans les grands empires et les royaumes, l’organisation politique et administrative était beaucoup plus proche d’un système de fédérations de provinces que d’un État centralisé. Cet oubli a créé les conditions du refus des communautés d’accepter un État qui niait leur existence en voulant uniformiser la diversité. Tant que le décalage entre les communautés et les institutions n’aura pas été comblé, le pays ne sera pas stable. La base de toutes les réformes, c’est celle de l’État, elle est indispensable si l’on veut donner aux autres une chance de marcher. Quel type d’État faut-il donc pour le Mali ? Un État unitaire décentralisé. La construction du pays doit se fonder sur la diversité. C’est la leçon à tirer de cette succession de crises. Croire que donner une autonomie à un territoire consacre la dislocation du Mali relève de l’idéologie. L’une des premières choses à établir dans la réforme constitutionnelle est donc de préciser dans son préambule que l’État est unitaire et décentralisé. Car si, bien que décentralisé depuis vingt ans, le Mali est toujours géré de façon centralisée, c’est parce que nous n’avons pas touché à la Constitution. Ensuite, nous avons écarté deux pôles de pouvoir, à savoir les autorités coutumières et les autorités
NICOLAS RÉMÉNÉ POUR JA
OBJECTIF MALI
L’ancien ministre à son domicile, dans le quartier de Kalabankoro, à Bamako, en avril.
religieuses, qui ont même été combattues à l’indépendance, alors qu’elles sont importantes – la preuve : en cas de difficulté, l’État se tourne vers elles. Cela ne nous coûtait rien de leur donner un rôle, notamment la médiation. Si dans la révision de la Constitution on ne leur fait pas une place, elles vont continuer à se liguer contre l’État. Il s’agit simplement de les reconnaître. Quels mécanismes et quelles pratiques faudrait-il intégrer ? Notre système bâti sur la confrontation a montré ses limites. La confrontation n’est pas la seule modalité de la démocratie. C’est la démocratie consensuelle qui correspond à notre environnement culturel. Dans l’histoire de l’humanité, le consensus a toujours été une façon de prendre des décisions, comme le vote. Mais on le confond avec l’unanimisme. La transition en cours aurait pu se fixer comme mission de reconstruire le pays et l’unité de la nation. C’est ce qui est menacé aujourd’hui. Mais les actes posés créent les conditions
d’autres rébellions. Si nous nous précipitons pour aller aux élections, comme en 2012, le pays va rechuter. Et, malheureusement, aucune autre véritable possibilité ne se dessine. Il ne faut donc pas tenir les élections générales en 2022 ? Organiser ce scrutin sous les injonctions de la communauté internationale dans un pays où l’administration ne peut pas mettre le nez en dehors des villes et où les partis ont soif de pouvoir revient à courir à la catastrophe. Le vote va mal se passer parce qu’il n’aura pas lieu partout.
Si nous nous précipitons pour aller aux élections, le Mali va rechuter. Malheureusement, aucune autre véritable possibilité ne se dessine.
C’est l’État qui va valider la division du territoire. Les communautés qui ne participeront pas, pour une raison ou pour une autre, ne se sentiront pas concernées par les institutions qui seront issues de ces élections et se reconnaîtront plus en Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa. Que pensez-vous du débat sur la gestion des élections par une structure unique, que réclament certains acteurs politiques et de la société civile ? La répartition de l’organisation des élections était liée à un contexte politique qui n’est peut-être plus le même. Je ne crois pas aux organes indépendants, c’est de l’idéologie. Pour moi, les élections sont une formalité administrative. Nous sommes dans un pays démocratique, notre administration doit être suffisamment compétente, et neutre. C’est ce que l’on doit viser plutôt que de mettre en place une structure autonome. Nous l’avions tenté en 1997, et les résultats ont été catastrophiques. Ceux qui réclament cela n’ont jamais organisé d’élections. JEUNE AFRIQUE – N° 3100 – MAI 2021
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LA STRATÉGIE D’INVESTISSEMENT DE B2GOLD AU MALI, S’INSCRIT DANS LE CADRE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
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a mine de Fekola enregistre une croissance régulière de sa production et de nouveaux investissements sont en cours pour augmenter sa capacité. Le propriétaire de la mine, la société canadienne B2Gold, a cependant récemment mis en service une centrale solaire et poursuit une stratégie ambitieuse au profit des communautés locales. L’objectif étant de créer un mécanisme socio-économique solide une fois que la mine sera épuisée.
Malgré les défis de la pandémie de COVID-19, B2Gold Mali a connu une autre année remarquable de forte croissance en 2020. La mine de Fekola a enregistré une production aurifère annuelle record de 622 518 onces, avec les prix de revient globaux (PRG) à 599 l’once dépassant la limite supérieure de sa fourchette prévisionnelle (entre 590 000 et 620 000 onces). Du début de l’exploitation en septembre 2017 au 31 décembre 2020, la mine de Fekola a produit plus de 1,6 million d’onces d’or (155 000 onces de plus que ce qui avait été initialement prévu dans l’étude de faisabilité finale de Fekola au cours de cette période). Il est prévu que la mine de Fekola produise annuellement entre 530 000 et 560 000 onces d’or avec le PRG par once entre 745 et 785 $. La mise en service réussie de l’extension de l’usine à 7,5 Mtpa (une augmentation de 1,5 Mtpa par rapport à un taux de base présumé de 6 Mtpa) a eu lieu le 10 septembre 2020. LES PERSPECTIVES D’AUGMENTATION DE CAPACITÉ B2Gold prévoit une année d’exploration agressive en 2021 avec un budget de 27 millions de dollars à dépenser au Mali, en se concentrant sur l’exploration régionale, Cardinal/FMZ et Fekola Nord. Un total de 98 500 mètres de forage au diamant et à circulation inverse est prévu.
Mohamed Lamine Diarra Directeur Pays B2Gold Mali
Usine de la mine de Fekola
Des zones minières et une capacité de traitement supplémentaires sont actuellement explorées avec le potentiel d’augmenter la production aurifère. B2Gold a récemment publié une estimation des ressources minérales Maiden pour le gisement Cardinal situé à moins de 500 mètres de la carrière de ressources actuelle de Fekola. Des forages de contrôle de teneur sont déjà en cours sur une partie du gisement pour permettre l’extraction du minerai en vue de son traitement à l’usine de Fekola au deuxième trimestre 2021. PROMOTION DU CONTENU LOCAL À notre mine de Fekola au Mali, l’emploi pour des postes non qualifiés donne la préférence aux communautés voisines. En 2020, un programme d’initiatives Learning Ability Battery a été planifié dans les communautés locales environnantes. L’objectif est de comprendre les compétences existantes et de cibler avec précision les investissements dans l’apprentissage et le développement de la main-d’œuvre locale. Cette initiative vise également à sensibiliser les femmes des communautés locales aux opportunités d’emploi et de développement à Fekola. Malheureusement, en raison de la COVID-19, cette initiative a été retardée et devrait se poursuivre en 2021. Un programme de transfert de compétences (programme de planification de la relève des expatriés) a été lancé en septembre 2020 pour préparer et développer le personnel local pour plus de responsabilités afin que les postes clés de direction puissent éventuellement être occupés par des Maliens. Cependant, 94% de l’ensemble de notre main-d’œuvre est composée de Maliens. Plusieurs exemples de réussite en matière de promotion du développement local sont décrits ci-dessous : ● Par le passé, la mine importait toute sa chaux nécessaire aux activités de traitement. De grandes quantités sont désormais achetées auprès d’un fournisseur malien, avec un total de 493 tonnes commandées en 2020. ● Un contrat avec une société nationale de distribution représentant les
COMMUNIQUÉ
PROMOUVOIR LE DÉVELOPPEMENT DES COMMUNAUTÉS Depuis l’acquisition du projet de Fekola, B2Gold Mali s’est investi dans le développement communautaire des localités proches de la mine. Conformément aux exigences du code minier, la société a investi d’abord dans le renforcement des capacités communautaires à faire face à leurs besoins quotidiens et aux défis du développement local. Entre 2016 et 2020, B2Gold et Affaire Mondiale Canada ont investi conjointement plus de 7 millions de dollars dans le projet Adéquation Formation Emploi dans le Cercle de Kénieba (AFECK). Ce projet, a permis non seulement de renforcer les capacités de plus de 500 jeunes dans la localité, mais également d’intégrer certains d’entre eux aux activités de production et de construction de la mine de Fekola et du nouveau village de Fadougou. En plus de ce projet, B2Gold Mali a investi chaque année dans le développement des infrastructures, dans l’éducation, la santé ainsi que dans les activités génératrices de revenus pour les populations. Entre 2016 et 2020, pus de 1,5 Md de FCFA ont été consacrés à ces secteurs au profit de 12 localités soit 13 077 bénéficiaires directs et indirects. Ainsi, 44 points d’eau et d’adduction d’eau potable, 6 écoles primaires et secondaires, 2 centres de santé, 3 centres de jeunes et 25 activités génératrices de revenus ont été réalisés.
L’ÉNERGIE SOLAIRE : UN IMPACT POSITIF SUR L’ENVIRONNEMENT La stratégie d’investissement de B2Gold comprend une composante énergétique importante. A la date du 31 décembre 2020, la construction de l’une des plus grandes centrales électriques hybrides au monde combinant le solaire et le mazout lourd (HFO) était achevée sur le site de Fekola à environ 90 % et est déjà en service. C’est la deuxième du genre pour le groupe B2Gold après l’usine hybride solaire-HFO d’Otjikoto, en Namibie. Lorsqu’elle sera entièrement mise en service, l’usine réduira la consommation de HFO de plus de 13 millions de litres par an et les émissions de dioxyde de carbone d’environ 39 000 tonnes par an.
L’AGRO-INDUSTRIE, LA SOLUTION DE L’AVENIR Le projet de développement rural intégré de B2Gold Mali (PDRI en abréviation française ou Signature Projet) est une tentative de relever les défis de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire dans le cercle de Kéniéba. L’objectif du projet est d’assurer la résilience des exploitations familiales face à des circonstances économiques fluctuantes, grâce à une augmentation de la production et des revenus agricoles, à de meilleures conditions de vie et à un meilleur accès au crédit et aux marchés. Cet objectif ambitieux sera poursuivi à travers le développement hydro-agricole de 495 ha, situé à proximité du village de Médinandi, axé sur l’agriculture commerciale et l’entrepreneuriat. B2Gold Mali vient de terminer l’étude de faisabilité et investira plus de 6 milliards de F CFA sur cinq ans.
Cité du Niger, Rue 28, Porte 653 BPE 4855 Bamako – Mali
www.b2gold.com
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petites et moyennes entreprises (PME) a été signé en août 2020. L’objectif est de réduire la dépendance vis-à-vis des vendeurs de l’extérieur pour les produits alimentaires, de nettoyage et le développement de l’industrie locale. L’objectif est de se procurer 20 % de la nourriture de la mine grâce à cette initiative. ● Des accords ont en outre été conclus avec plusieurs fournisseurs locaux pour fournir des EPI (masques faciaux et désinfectants pour les mains), des sacs d’échantillons de matériaux miniers et des lits (requis pour l’hébergement supplémentaire à la suite des mesures d’isolement de la COVID-19).
OBJECTIF MALI
Course de fond pour Koulouba À l’instar des partis, qui s’organisent, plusieurs poids lourds se préparent déjà pour le scrutin prévu les 27 février et 13 mars prochains. AÏSSATOU DIALLO
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epuis le début de la transition, les politiques de tous bords préparent les élections présidentielle et législatives prévues en février et mars 2022. Malgré la multiplication de mouvements réunissant parfois plusieurs partis et organisations de la société civile, près d’une trentaine de candidats pourraient se présenter au départ de la course pour le palais présidentiel de Koulouba. « Pour la première fois de notre histoire, les trois grands partis qui existent sont décapités au même moment », explique le président de la Convergence pour le développement du Mali (Codem), Housseini Amion Guindo. Le Rassemblement pour le Mali (RPM) a été affaibli par la chute d ’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le 18 août 2020, l’Union pour la République et la démocratie (URD) orpheline depuis la mort de Soumaïla Cissé, le 25 décembre, et l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-PASJ), parti historique, se trouve sans leader capable de rassembler ses membres. Les deux premiers ont déjà fait savoir qu’ils allaient présenter des candidatures en interne. Tout au long de la crise qui a éclaté après les législatives d’avril-mai 2020 et des manifestations du Mouvement du 5 juin (M5) qui ont mené à sa chute, IBK a paru bien isolé. « Certains
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militants nous reprochent de ne pas l’avoir soutenu », confie un cadre du parti. Mais les relations entre IBK et sa famille politique n’étaient pas des plus simples, le RPM estimant n’avoir jamais eu la place qui lui revenait au sein de l’exécutif. Qu’à cela ne tienne, le parti compte sur sa bonne implantation locale pour les législatives et les municipales. Dès novembre 2020, les cadres du RPM ont entrepris une tournée dans les régions pour renouer avec les militants de base. Reste à trouver un candidat assez charismatique et rassembleur pour la présidentielle. « Le RPM, l’URD et l’Adema vont peser sur l’élection, mais pas de manière centrale. Comme aucun candidat interne de ces trois partis n’est en mesure de les rassembler et de gagner l’élection, ils risquent de sortir sérieusement affaiblis, voire de disparaître après les élections », estime l’ancien Premier ministre Moussa Mara. En attendant le congrès d’investiture de Yelema, prévu en septembre, ce dernier a quitté la tête de son parti, dont il est désormais un membre de base, et participe à des activités sociales à travers le pays. « Le parti connaît
NICOLAS REMENE / LE PICTORIUM/MAXPPP
PRÉSIDENTIELLE 2022
une période de croissance sans précédent, dit-il. Les jeunes voient que c’est celui où l’on a ses chances, car il y a du renouvellement à sa tête. » Cela sera-t-il un atout pour Yelema lors des prochains scrutins ?
Du monde sur les rangs
D’autres personnalités occupent le terrain depuis plusieurs mois. Président d’honneur de l’Alliance démocratique pour la paix (ADPMaliba), l’homme d’affaires Aliou Boubacar Diallo, arrivé troisième à la présidentielle de 2018, a déjà entamé une tournée à travers le pays pour rencontrer ses partisans. À la fin de mars, le parti Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (FARE An Ka Wuli), de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, a procédé à sa rentrée politique à Yanfolila. Même s’il ne s’est pas encore exprimé sur une éventuelle candidature, on prête également des ambitions présidentielles à un autre ancien chef de gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga. Son parti, l’Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (Asma-CFP), avait obtenu cinq
Les relations entre IBK et sa famille politique n’étaient pas des plus simples, le RPM estimant n’avoir jamais eu la place qui lui revenait au sein de l’exécutif.
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Parmi les nombreux candidats potentiels à la magistrature suprême, trois anciens Premiers ministres (de g. à dr.) : Moussa Mara, Modibo Sidibé et Soumeylou Boubèye Maïga.
sièges à l’issue des législatives de 2020, avant la dissolution de l’Assemblée. Au lendemain du coup d’État, il était également présenté comme l’un des conseillers les plus influents de l’ex-Comité national pour le salut du peuple (CNSP). Son successeur à la primature, Boubou Cissé, accusé d’être à la tête d’une opération visant à déstabiliser la transition, fait aussi partie de ceux qui pourraient être tentés par la présidentielle. De même que certains leaders de la société civile et des hommes d’affaires, tels que Seydou Coulibaly, le patron de Cira. « Cette élection ne se gagnera pas tout seul. Ce sera la victoire d’un collectif », assure Housseini Amion Guindo, à la tête d’Espérance Nouvelle-Jigiya Kura. Le mouvement, qui réunit une vingtaine de partis et d’organisations de la société civile, a fait sa rentrée politique le 3 octobre. Selon un diplomate ouest-africain installé à Bamako, le M5 serait lui aussi tenté de présenter un candidat. Mais le mouvement est affaibli, depuis le début de la transition, et divisé. L’exministre des Affaires étrangères et président du Parena, Tiébilé Dramé, est également en train de former un mouvement qui réunit plusieurs partis et associations. Autre chef de la diplomatie en son temps, Tiéman Hubert Coulibaly, président de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD), réfléchit
également à une possible candidature. Enfin, si la charte de la transition empêche les principaux acteurs de cette dernière, ceux qui occupent des postes à responsabilité, de se présenter aux prochaines élections, le soutien des militaires pourrait être déterminant pour leur issue.
Calendrier électoral chargé
À dix mois de la présidentielle, le jeu reste très ouvert. Mais, en attendant, l’organisation des différents scrutins suscite des débats houleux. Après les relances insistantes de la Cedeao, de l’ONU et de la classe politique, le gouvernement a publié un calendrier électoral le 15 avril. Ce chronogramme fixe la tenue d'un référendum constitutionnel le 31 octobre 2021, puis celle des élections locales (conseillers communaux, de cercle, de région, de district) le 26 décembre. Il prévoit l'organisation du premier tour de la présidentielle couplé à celui des législatives le 27 février 2022, les éventuels seconds tours étant respectivement prévus les 13 et 20 mars. Le Premier ministre, Moctar Ouane, a également mis en place un comité d'orientation stratégique qui réunit les partis et les organisations de la société civile. Plusieurs réformes institutionnelles et électorales seront évoquées, parmi lesquelles l’augmentation du nombre de députés et la création d’un organe unique de
gestion des élections. Sur ce point, deux positions s’affrontent, les uns estimant qu’il est nécessaire pour rétablir la confiance dans le processus électoral, les autres qu’il ne pourra être opérationnel à temps. « Comment créer en moins d’un an une administration avec une direction générale et des directions spécialisées, qui seront déconcentrées dans tout le pays ? Je ne pense pas que cela soit possible, explique Moussa Mara. Le système n’est pas mauvais, le problème est qu’on a trop de mauvais perdants. C’est l’administration qui organise matériellement les élections avec les candidats, qui ont d’ailleurs des représentants dans les bureaux de vote. Il y a suffisamment de garde-fous pour nous assurer que les élections ne soient pas volées. Pour Ibrahima Sangho, président de l’Observatoire pour les élections et la bonne gouvernance au Mali, la nomination de gouverneurs militaires ainsi que la modification de la loi qui permet de nommer des militaires à des postes d’administrateurs civils, c’est-à-dire de préfets et de sous-préfets, ont contribué à renforcer la défiance à l’égard d’une organisation des élections par l’administration. Afin de rétablir la confiance, il faudra également « auditer le fichier électoral et introduire la publication en ligne des résultats par bureau de vote », ajoute-t-il. JEUNE AFRIQUE – N° 3100 – MAI 2021
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VIE DES PARTIS
L’Adema peut-elle faire sa révolution ? Reconduction de Tiémoko Sangaré ou élection d’un nouveau chef de file fin mai, candidature interne ou parrainage pour la présidentielle de 2022… Les débats font rage au sein de l’ex-parti au pouvoir, faisant ressurgir le spectre du rendez-vous manqué de 2018.
EMMANUEL DAOU BAKARY
MANON LAPLACE, À BAMAKO
Tiémoko Sangaré, président sortant de l’Alliance pour la démocratie au Mali.
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ouveau scrutin, mêmes problématiques. Depuis qu’elle a quitté le pouvoir en même temps qu’Alpha Oumar Konaré, en 2002, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-PASJ) se divise autour de la même question : doit-elle présenter un candidat aux couleurs du parti ou apporter son soutien à une tierce personne ? C’est cette deuxième option qui a été retenue du temps d ’Amadou Toumani Touré (ATT) puis sous la présidence d’Ibrahim
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Boubacar Keïta (IBK). Et elle a valu au parti de l’abeille nombre de départs, ses cadres goûtant peu d’être durablement cantonnés à un rôle de simple allié du pouvoir. À moins d’un an de l’élection présidentielle qui doit venir clore la transition en cours, l’Adema étudie ses options afin d’éviter de se retrouver dans la même situation qu’en 2018, quand ses membres se déchiraient entre les partisans d’une candidature de l’Adema, les pro-IBK et les soutiens de Soumaïla Cissé, à l’époque poids lourd de l’opposition malienne.
Et plusieurs camps se dessinent. « Comme toujours à l’approche d’un scrutin, l’Adema fait face à un risque réel de morcellement entre ceux qui voudraient promouvoir une candidature interne et ceux qui estiment que le parti n’en a pas les moyens », estime Abdoul Sogodogo, vice-doyen de la faculté de sciences administratives et politiques de Bamako. Prochaine étape décisive pour le parti : l’organisation, à la fin de mai, d’un congrès (initialement prévu à la fin de mars), au cours duquel les militants devront élire
COMMUNIQUÉ
OBJECTIF MALI leurs dirigeants. Pour Tiémoko Sangaré, président sortant de l’Adema et candidat à sa propre succession, la ligne à suivre est claire : « Les militants veulent un candidat Adema pour la présidentielle de 2022. » C’est donc « une coalition formée autour d’un projet Adema » que soutiendra l’ancien ministre s’il est réélu à la tête du parti. « On nous a régulièrement fait le reproche de soutenir des candidatures qui n’étaient pas les nôtres, et les militants en sont frustrés. À l’époque, le contexte le justifiait. Aujourd’hui, l’Adema ne peut plus se permettre de soutenir un candidat hors de ses rangs », poursuit-il.
Ménager les futurs alliés
EMMANUEL DAOU BAKARY
Face à lui, plusieurs ténors du parti se montrent plus nuancés. Parmi eux, l’ancien ministre de la Communication Yaya Sangaré estime qu’il faut ménager les futurs alliés de l’Adema. « Nous ne pouvons pas nous permettre une quelconque arrogance à l’endroit d’autres leaders politiques en affirmant que l’Adema aura un candidat interne et rien d’autre. À ce stade, nous sommes ouverts à toute hypothèse et nous ne souhaitons frustrer aucun allié potentiel. L’Adema doit travailler avec modestie et humilité pour asseoir un vaste rassemblement et faire en sorte que personne ne s’en sente exclu », recadre-t-il.
Militantes de l’Alliance, en 2018.
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Alors que sa position va à l’encontre de celle du président de l’Adema, Yaya Sangaré plaide en faveur d’un renouvellement à la tête du parti. « Je pense que les militants ne sont pas satisfaits de la gestion des affaires. Pour beaucoup, l’Adema a raté le coche lors de tournants décisifs de l’histoire du Mali », tance-t-il. Une frustration qui pourrait coûter sa place à Tiémoko Sangaré. Face à lui, les noms de plusieurs potentiels challengers circulent. « On compte déjà quatre clans pour prendre la présidence du parti. Celui de Tiémoko Sangaré, le seul à revendiquer son envie d’un candidat Adema. Ceux des caciques Adama Sangaré, maire de Bamako, et Moustapha Dicko, ancien ministre de l’Éducation. Et celui du jeune loup Adama Noumpounon Diarra, dont la campagne a déjà commencé », décrypte le journaliste et analyste politique Alexis Kalambry. À cette pression interne s’ajoutent les appels du pied de plus en plus pressants de candidats extérieurs, officiellement déclarés ou non. Bien implanté sur l’ensemble du territoire et comptant de nombreux militants dans ses rangs, l’Adema, longtemps considérée comme une faiseuse de rois, reste un soutien de poids. « Malgré tous les maux dont peut souffrir le parti, il est l’un des seuls à avoir un ancrage national et local.
Mais il souffre d’un manque de leadership », poursuit Alexis Kalambry. « L’Adema a l’emballage mais pas le produit. Nous, nous avons le produit, mais pas l’emballage », renchérit le proche collaborateur d’un ancien ministre qui a des vues sur Koulouba et cherche à obtenir le soutien de l’Adema. Candidat interne ou parrainage ? La direction à prendre pourrait être
« De plus en plus de voix reprochent au parti son mercantilisme et veulent se choisir un leader qui rompe avec cette tradition. » déterminée par les finances de la formation. Lourdement endettée, l’Adema dépendra pour faire campagne du soutien financier de certains de ses alliés. Elle pourrait ainsi soutenir dès le départ un candidat extérieur en contrepartie de postes clés si ce dernier était élu. « Mais de plus en plus de voix reprochent à l’Adema son mercantilisme et veulent se choisir un leader qui rompe avec cette tradition », nuance Alexis Kalambry. Autant de questions qui seront tranchées lors du congrès de la fin de mai. L’enjeu ? Trouver un leader consensuel capable de fédérer autour d’un projet commun ou, à défaut, creuser un peu plus les dissensions existantes. « Ce congrès doit consacrer l’amélioration de l’organisation et la responsabilisation du parti, estime Tiémoko Sangaré. Il n’y a pas d’enjeux personnels. Sans organisation forte, aucun leader ne peut aller nulle part. » « S’il n’y a pas d’entente, on risque de revivre des événements similaires à ceux qui avaient mené au départ d’IBK ou à celui de Soumaïla Cissé, met en garde l’enseignant-chercheur Abdoul Sogodogo. La formation pourrait ne pas résister à une nouvelle scission. Si de grands noms devaient encore quitter le parti, cela pourrait être la fin de l’Adema. »
COMMUNIQUÉ
AU
YaraOil, marque de distribution locale, est le porte-étendard de la famille Yaranangore, premier détenteur d’une licence d’importation d’hydrocarbures au Mali. Elle a l’ambition, depuis 2018,d’offrirauxautomobilistesmaliensunservice et des produits de qualité.
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eMaliaccélère!Depuisquelquesannées,nombred’entrepreneurs locaux osent franchir le cap et investissent massivement dans des projets de développement à grande échelle. Monsieur Mamadou Yaranangore n’est pasenmargedecettetendance.D’aprèscertainstémoignages, il ferait partie du peloton de tête et serait une source d’inspiration pour toute une génération d’entrepreneurs maliens.
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LION B U R T LE URES B R A C DRO Y H S E D MALI !
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MICHELE CATTANI/AFP
Démonstration de force de l’imam Mahmoud Dicko (au pupitre), à Bamako, le 5 juin 2020.
OPPOSITION
M5, contestataire un jour, contestataire toujours… Fer de lance de la fronde qui a mené au coup d’État du 18 août 2020, le Mouvement du 5-Juin considère que la transition lui a été confisquée. Et, comme ils l’avaient fait contre IBK, ses membres entendent incarner l’opposition face aux militaires. MANON LAPLACE
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e M5 est mort de sa belle mort. » En septembre 2020, alors que s’installaient les autorités de la transition, Issa Kaou Djim (lire pp. 106-108) prononçait l’oraison funèbre du Mouvement du 5 juin- R assemblement des
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forces patriotiques (M5-RFP). L’ex-coordinateur général de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS), devenu quatrième vice-président du Conseil national de la transition (CNT), fut pourtant, avec son chef religieux,
l’un des fervents porte-parole de la lutte un temps incarnée par le M5 face au régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK). Comme Issa Kaou Djim, plusieurs de ses figures emblématiques ont pris leurs distances avec les contestataires ou estimé que la mission du
OBJECTIF MALI organisations de la société civile… Tous sont restés, relativise-t-il. Il est vrai que la frange constituée essentiellement des organisations liées à l’imam Mahmoud Dicko a joué un rôle de mobilisation très important et porté le message du M5 avec éloquence, mais ceux qui nous ont quittés n’avaient pas de rôle politique. » Et c’est bien un rôle d’opposant qu’entendent camper les routiers de la politique malienne membres du M5-RFP, qui ont longtemps joué les poils à gratter des régimes en place.
mouvement s’était achevée avec la chute du chef de l’État. Des positions qui se sont généralement accompagnées de prises de fonctions au sein de la transition. Alors qu’il considère que la révolution et la transition lui ont été confisquées par les militaires, le M5-RFP a en effet perdu quelques têtes d’affiche lors de la recomposition des autorités de l’État. À l’instar du très populaire imam Mahmoud Dicko et d’Issa Kaou Djim, des personnalités comme Nouhoum Sarr, important acteur de la jeunesse du mouvement, l’imam Oumarou Diarra ou l’activiste Adama Ben Diarra ont rejoint le CNT, qui fait office d’organe législatif. Une « décision individuelle par laquelle ils se sont démarqués de la position du M5-RFP, dont ils se sont exclus de fait », tranche l’opposante historique Sy Kadiatou Sow, l’une des leaders du mouvement.
Le mouvement fourbit ses armes, se préparant à de nouveaux appels à la désobéissance civile et à des manifestations de masse.
Poils à gratter
Parmi eux, des caciques tels que Sy Kadiatou Sow, déjà très active lors des manifestations de 1990 qui ont mené à la chute du régime de Moussa Traoré, Mountaga Tall, chef de l’opposition parlementaire à une époque, ou encore le cinéaste Cheick Oumar Sissoko. Faute de discussions avec les autorités de la transition, le mouvement fourbit ses armes et multiplie les meetings, se préparant à de nouveaux appels à la désobéissance civile et à des manifestations de masse. « La porte n’a jamais été fermée de notre côté, mais, sans dialogue ni réelle
NICOLAS RÉMÉNÉ POUR JA
« La junte a réussi là où IBK avait échoué. Pendant toute la mobilisation, l’ancien chef de l’État a cherché à faire imploser le M5. Les militaires y sont parvenus en débauchant plusieurs personnalités. Une manière d’atténuer son influence sur la transition », décrypte Lamine Savané, enseignant-chercheur en sociologie politique à l’université de Ségou. Dès les premiers jours qui suivent le coup d’État, les premiers désaccords apparaissent entre les putschistes et le M5. « Il y a eu d’emblée un problème dans la démarche. Les premières discussions amenées par les militaires portaient sur la répartition des postes, quand il fallait poser les bases du Mali que nous voulions voir naître. Pour reconstruire le pays, il fallait en effet en poser les fondations avant d’attribuer des rôles sans se soucier des compétences », déplore Choguel Maïga, l’un des leaders du M5-RFP. Pour cet ex-ministre de l’Économie numérique et de la Communication, les départs successifs de certains de ses membres n’ont en rien ébranlé la force de frappe du M5 et sa capacité à mobiliser. « La composante politique du mouvement, celle-là même qui a conçu et théorisé les éléments amenant à exiger le départ d’IBK, est restée intacte. Les partis, les
rectification de la transition, une nouvelle crise politique est inévitable. Qu’elle intervienne avant, pendant ou après les élections à venir. On ne fait pas tomber un régime pour appliquer les mêmes formules par la suite », avertit Choguel Maïga. Des appels qui pourraient de nouveau être très suivis par les Maliens, selon Lamine Savané. « Pour beaucoup, aucun changement de gouvernance réel n’a eu lieu entre le régime d’IBK et la transition. Peu importent les changements de figures au sein du M5 : les motifs qui ont fait sortir les Maliens dans la rue en juin 2020 sont toujours valables », renchérit-il. Déjà, le mouvement se prépare à mobiliser les Maliens « sur l’ensemble du territoire », sur fond de revendications dont la substance a un air de déjà-vu. Comme lors des manifestations qui réclamaient le départ d’IBK, les contestataires exigent une gouvernance plus vertueuse « où les oncles, tantes et neveux ne se retrouvent pas propulsés ministres ou députés pour leur premier poste », ironise Choguel Maïga. Ils revendiquent aussi, pêle-mêle, la création d’un organe indépendant pour l’organisation des élections, la relecture de l’accord d’Alger ou la poursuite en justice des acteurs reconnus de faits de corruption. Rien de nouveau sur le fond. Quant à la forme, le M5-RFP envisage « tous les scenarii possibles ». Le ramadan (du 13 avril au 12 mai) est « le mois du calme », tempère Choguel Maïga. Une accalmie avant la tempête ? En juin, le mouvement contestataire célébrera son premier anniversaire.
Sy Kadiatou Sow a été l’une des porte-voix du M5-RFP depuis sa création, en juin 2020.
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OBJECTIF MALI
PORTRAIT
Issa Kaou Djim, l’affranchi Le quatrième vice-président du Conseil national de transition agace autant qu’il fascine. À la tête de la plateforme Appel citoyen pour la réussite de la transition, il exhorte Assimi Goïta à se porter candidat à la présidentielle. BOKAR SANGARÉ
J
u s q u’a u r e n v e r s e m e n t d ’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) par l’ex-Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), le 18 août 2020, Issa Kaou Djim était l’un des leaders du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Au sein du comité stratégique de ce mouvement hétéroclite de contestation, il représentait la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS), de l’imam Mahmoud Dicko, dont il était le coordinateur général. Sous son leadership, la CMAS fera cavalier seul pour soutenir la transition, une position à contre-courant de celle du M5-RFP, en froid avec les militaires putschistes bien avant l’installation des institutions de la transition. En pleine contestation, il avait joué le trublion à travers ses sorties médiatiques, entraînant parfois le M5 au bord de l’implosion, comme lorsqu’il avait déclaré lors des concertations nationales, en septembre 2020 : « Le M5-RFP est mort de sa belle mort. » « Tout ce que j’ai fait, c’était en complicité avec l’imam, rétorque Issa Kaou Djim. La complicité entre nous était religieuse. » Les deux hommes ont d’ailleurs longtemps été décrits par certains observateurs comme « l’incarnation du mauvais flic et du bon flic ». Lorsqu’ils se sont rencontrés, en 2004, Mahmoud Dicko était un prêcheur charismatique et le directeur de Radio islamique. « J’écoutais ses prêches et je voulais créer mon
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organisation islamique Allah Kama Ton [Association pour servir la cause de Dieu], et il m’a encouragé », se souvient Issa Kaou Djim, qui est aujourd’hui encore directeur de ce centre de formation coranique pour les jeunes et les femmes. Natif de Bagadadji, quartier populaire situé en plein cœur de Bamako, Issa Kaou Djim, 54 ans, appartient à la communauté diokoramé (Diawando), présente dans presque tous les secteurs de l’économie. Lorsqu’il quitte l’école, en 1979, il suit
« Je suis un libéral qui intègre certaines valeurs conservatrices », confie l’autodidacte, qui a lu Marx, Lénine, et suivi l’enseignement coranique. son oncle maternel au grand marché de Bamako, puis, en 1988, s’installe à son propre compte, dans la vente de tissus, notamment de bazin. Lors des événements qui ont conduit à la chute de Moussa Traoré, en 1991, il est « sorti pour marcher », et se fera dès lors appeler « CTSP » – du nom du Comité de transition pour le salut du peuple, qui dirigea le pays après le coup d’État. « Depuis ce temps-là, j’observe. J’ai vu la dislocation des partis politiques, qui ont fait
pire que Moussa Traoré. Il n’y a pas d’alternance à la démocratie… Mais nous n’avons jamais eu de démocratie. Nous avons toujours voulu sauver les institutions sans nous occuper des causes profondes des crises. Et aujourd’hui le pays est dévasté », déplore Issa Kaou Djim, qui ne rate jamais une occasion de critiquer le personnel politique malien.
Dicko-Djim, le Peul et le Diawando
« Je suis un libéral qui intègre certaines valeurs conservatrices », confie l’autodidacte, qui a lu Marx et Lénine et a suivi l’enseignement coranique : « L’imam a contribué à ma formation, poursuit-il. Il connaît la société malienne et a une grande capacité d’analyse. Il a une lecture éclairée de l’islam. » Imam Dicko qui, par ailleurs, lui donnera sa fille en mariage. « L’avantage de Kaou Djim, c’est qu’il est dynamique », dit de lui Hamidou Magassa, un anthropologue proche de Mahmoud Dicko, qu’il a conseillé au sein du Haut Conseil islamique du Mali (HCIM). « Pour comprendre le couple DickoDjim, il faut l’inscrire dans le marché malien, notamment à travers les liens entre le Peul et le Diawando, son agent d’affaires, explique Hamidou Magassa. Les Peuls font de la poésie, et les Diawambé mettent en vente leur bétail. Le Peul a toujours un Diawando dans sa garde rapprochée. »
COMMUNIQUÉ
AMÉLIORER L’EXPÉRIENCE CLIENT, UNE PRÉOCCUPATION PERMANENTE DE L’ÉTABLISSEMENT ADAMA SIDIBÉ « ETASI » Les valeurs qui Font du Groupe ETASI un acteur clé du succès de l’industrie minière au Mali c’est fournir un service de qualité irréprochable, satisfaire toutes les exigences des clients, œuvrer a promouvoir l’efficience, la fiabilité, la flexibilité et la ponctualité, tout en s’appuyant sur un parc de machines rigoureusement inspectées avant, pendant et après chaque location. établissement Adama Sidibé (ETASI Sarl), fondé en 2001 par Adama Sidibé, n’a cessé de se développer grâce à une stratégie équilibrée de croissance organisationnelle et d’acquisition de sociétés clés, dont l’expertise a pleinement profité au développement des entités. En plus de sa direction générale à Bamako, ETASI compte quatre branches régionales à Loulou, Kenieba, Syama et Sadiola. En tout, ETASI emploie environ 400 collaborateurs.
VISION ET MISSION Devenir la meilleure compagnie de ressources pour accompagner les structures minières et de construction dans la réalisation de leurs projets de développement en Afrique, telle est la vision d’ETASI. Notre mission consiste à offrir à nos clients un service de qualité irréprochable ; satisfaire toutes leurs exigences ; œuvrer à promouvoir l’efficience, la fiabilité, la flexibilité et la ponctualité ; de développer les compétences de tous les ouvriers, employés et cadres ; de s’engager pour une politique sociétale juste et respectueuse de l’éthique ; et d’améliorer continuellement nos processus.
UNE STRATÉGIE DE DIVERSIFICATION
C’est en 2006 que ETASI commence effectivement les opérations à grande échelle avec comme partenaire spécialement Barrick (ex Randgold) qui a pu faire confiance à une société nationale et lui permettre de se lancer sur le marché minier. ETASI s’est agrandi avec la création de Si-Mining et l’acquisition de AMCO Drilling qui est désormais une autre entité de ETASI appelée ETASI & CO DRILLING. ETASI offre un service plus diversifié dans l’exploitation et les forages minier avec une équipe de maintenance performante et bénéficiant continuellement de formations adéquates pour l’entretien et la réparation de la flotte. Nous sommes accompagnés par de grands partenaires de la construction tels que KomatsuBIA, Volvo-SMT et Manutention-CAT qui nous font confiance et nous accompagnent pour la réalisation de nos projets.
NOS SERVICES
ETASI compte une grande flotte diversifiée d’équipements de mine (chargeuses, pelles, bulls, grues, camions, niveleuses, chariots) et d’équipements de forage minier avec ETASI & CO DRILLING.
Le message de Adama Sidibé, Président Directeur Général de ETASI
« JE REMERCIE TOUS NOS PARTENAIRES, CLIENTS ET FOURNISSEURS AINSI QUE NOS EMPLOYÉS POUR LA BONNE COLLABORATION » Depuis plusieurs années, ETASI sait compter sur des partenaires loyaux et une équipe solide, rigoureuse et compétente. Je vous confirme devoir ce succès à l’engagement et à la bonne collaboration de nos partenaires. Je tiens à les rassurer de notre disponibilité et de notre disposition à continuer à offrir un service de qualité et sécurisé, grâce à une équipe dynamique et déterminée. Le combat de M. Sidibé et de ses collaborateurs est de pouvoir diminuer l’exode rural des Maliens vers les pays étrangers en créant des opportunités ici et réduire la pauvreté. Ils mettent un accent particulier sur l’application du contenu local et le rôle des nationaux dans le développement du pays. Un remerciement remarquable et distingué à nos clients : Barrick (ex Randgold) et Anglogold Ashanti qui ont pu faire confiance à une entreprise nationale et ont su lui offrir la chance de s’agrandir et de diversifier la gamme de ses services.
Hamdallaye ACI 2000, Immeuble tour jumelle face à AMRP, Bamako - Mali - Tél. : (+223) 44 90 30 42 / 77 18 03 03 / 66 75 40 51 Email : info@etasimali.net - www.etasimali.net
JAMG - PHOTOS ETASI SA
L’
OBJECTIF MALI C’est en 2013, lorsque Mahmoud Dicko est élu pour un second mandat à la tête du HCIM, qu’Issa Kaou Djim entre dans le bureau exécutif de l’instance, fort de l’expérience acquise sur les chaînes de télévision bamakoises, où il animait des émissions sur l’islam et la société. Et l’imam fera de lui plus tard son porte-parole. « Djim a pris la place de tous les gens qui ont aidé Dicko pendant son premier mandat. Il a fait le vide autour de l’imam et a capitalisé sur lui, confie un ancien collaborateur de l’imam. Dicko écoute énormément les jeunes, ne supporte pas les gens de son âge et se soumet à ses aînés… Djim a été l’enfant terrible. » Son éviction du poste de coordinateur général de la CMAS, en janvier dernier, va distendre les liens entre Djim et celui qu’il appelait jusqu’alors « le très respecté et éclairé imam » Mahmoud Dicko. « Mes potentialités ne peuvent pas être reléguées à la périphérie, je ne peux plus rester sous les ordres. Quand il a dit qu’il retournait à la mosquée, soit je restais son caporal, soit je m’affranchissais. Le choix a été vite fait », dit Issa Kaou Djim, désormais membre du
CNT et quatrième vice-président de la transition. « “S’affranchir” veut dire pour lui “Je suis ton égal”, commente Hamidou Magassa. La rupture est classique. »
Plaidoyer pro domo
Depuis quelques mois, son cheval de bataille est la candidature à la magistrature suprême d’Assimi Goïta. Il pilote d’ailleurs la plateforme « Appel citoyen pour la réussite de la transition », qui exhorte le vice-président à se présenter. « L’imperturbable patriote Assimi Goïta sera le candidat du peuple en 2022, a-t-il lancé au début de mars. Nous pensons qu’il n’y a pas d’alternative à cette démarche car il faut arrêter les politiciens de 1991. Aujourd’hui, l’espoir est permis avec le leadership d’Assimi Goïta. » En a-t-il parlé avec le colonel Goïta ? « Je ne lui ai pas demandé, mais il est l’homme de la situation : un bon candidat pour la rupture. Le pays est tombé si bas qu’il faut de l’autorité. Goïta fait partie des officiers propres, et il ne doit pas tourner le dos au peuple », répond Djim, qui décrit ses relations avec l’ancien homme fort de la junte comme
« empreintes d’estime et de respect mutuels ». Pour le politologue Ballan Diakité, « Issa Kaou Djim est rarement sur le registre du réel. Ses propos sur Goïta révèlent le caractère machiavélique de ceux qui ne visent que leurs intérêts et n’ont aucune culture politique. » La charte de la transition interdit pourtant à Assimi Goïta de se porter candidat. Mais, pour Issa Kaou Djim, ce n’est pas un obstacle : « La charte est politique, c’est nous qui l’avons rédigée. Donc c’est un faux débat. Le vrai, c’est la volonté du peuple. » Il ajoute à son plaidoyer pro domo : « Les grandes démocraties sont passées par des militaires, comme le général de Gaulle, mais aussi Paul Kagame, qui est respecté, ou encore Jerry Rawlings, qui a remis le Ghana sur les rails. La seule force qui peut rassurer, c’est l’armée. » Malgré l’appel à son exclusion du CNT, du Conseil supérieur de la diaspora, et le rappel à l’ordre de ses pairs de la conférence des présidents (devant le colonel Malick Diaw), Issa Kaou Djim reste droit dans ses bottes : « Goïta, c’est la solution », maintient-il.
MAHAMADOU BAGAYOKO POUR JA
« Le pays est tombé si bas qu’il faut de l’autorité. Goïta est l’homme de la situation : un bon candidat pour la rupture. »
Issa Kaou Djim à son bureau, à Bamako, le 7 avril.
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COMMUNIQUÉ
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JAMG - PHOTOS DR
Entretien avec monsieur Mary Moussa Coulibaly, directeur du cabinet Antarès
A S BDM ions t i b m a Vos
COMMUNIQUÉ
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Plus que jamais au cœur du Mali Le premier Groupe Bancaire Malien bénéficie d’une évolution très positive avec des résultats en constante progression. Ces ressources bancaires sont réinvesties dans le domaine social et les politiques publiques.
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JAMG - PHOTOS DR
e premier Groupe Bancaire Malien a signé des performances particulièrement réjouissantes, au cours des derniers mois. Le Conseil d’Administration du Groupe BDM-SA, qui s’est réuni en session ordinaire en avril, a salué les bons chiffres de l’exercice clôturé le 31 décembre 2020. Les comptes se sont soldés, pour la première fois dans l’histoire bancaire au Mali, par un total bilan hors norme de plus de mille cinq cents milliards de francs (1500 milliards de FCFA) et un résultat bénéficiaire de plus de vingt milliards (+ de 20 milliards de FCFA). Pour le Groupe BDM SA, le Conseil d’Administration a tenu à rendre hommage à la clientèle et à adresser ses félicitations au management et à l’ensemble du personnel du Groupe BDM. Au cours de cette session, le Conseil d’Administration a validé le relèvement du capital qui passe de 25 milliards à 50 milliards de FCFA.
Ce succès est appréciable dans la mesure où les ressources bancaires sont réinvesties dans le pays. Ainsi, dans le cadre de son programme de prévention contre le coronavirus et la prise
en charge des personnes malades, le Gouvernement malien a sollicité l’appui des entreprises et des citoyens. La Banque de Développement du Mali a souhaité contribuer à cet élan de solidarité en accordant une enveloppe de 1 milliard 300 millions de FCFA (2 millions d’euros) au Gouvernement. Elle a également contribué, à travers l’Association professionnelle des banques du Mali, à hauteur de 100 millions de FCFA dans la lutte contre le coronavirus. Ce soutien a été apprécié par l’État malien qui a adressé ses vifs remerciements au Conseil d’Administration de la BDM SA, à sa Direction Générale et au personnel dévoué. Pour 2021, le mot d’ordre du Groupe de la Banque de Développement du Mali s’articule autour de notions telles que réalisme, prudence et optimisme pour relever les défis imposés par la crise sanitaire. Et si les émissions d’emprunts obligataires du trésor public malien ont été couronnées de succès tout au long de l’année 2020, le groupe BDM y a contribué fortement. Ce rôle actif de la Banque dans la mobilisation Mohamed Ag Hamani PCA et Bréhima Amadou Haïdara DG de la BDM Mali entourés des deux directeurs adjoints de la banque.
des ressources au profit de la mise en œuvre des politiques publiques a été salué lors du lancement du calendrier des émissions des titres publics pour 2021. La Direction Nationale du Trésor et de la Comptabilité Publique de l’Etat du Mali a tenu à récompenser les banques qui se sont le mieux illustrées lors des précédentes opérations. La BDM-SA a obtenu le second prix, après le groupe ECOBANK et le troisième prix est revenu à BDU Burkina Faso, filiale de la BDM-SA. C’est la deuxième fois consécutive que la BDM-SA est primée dans le cadre des opérations du marché financier régional. Une nouvelle confirmation du rôle joué par le Groupe, dans le financement de l’économie nationale et régionale. Dans ce cadre, la Banque de Développement du Mali, bénéficiant de la confiance de la Compagnie Malienne de Développement des Textiles (CMDT), assure le rôle de chef de file pour la mobilisation des ressources financières nécessaires aux opérations d’achat, d’égrenage et d’exportation de la fibre de coton. En moyenne, le montant mobilisé par an se chiffre à 160 millions d’euros (plus de 100 milliards de FCFA) à l’exception du dernier financement qui porte sur 40 milliards de FCFA, en raison du faible niveau de production de coton pendant la campagne 2020/2021. Au-delà du coton, la BDM SA est partenaire des plus grandes entreprises intervenant au Mali dans les projets d’exploitation minière, de construction des routes, de la téléphonie et du logement. La banque accorde tout aussi une attention particulière au financement du secteur des PME/PMI. Pour faciliter leur accès au crédit une direction et une agence leur sont dédiées à la BDM –SA.
www.bdm-sa.com
OBJECTIF MALI
ÉCONOMIE
Augures favorables Entre pandémie, crise sécuritaire régionale, coup d’État et agitation sociale, l’activité comme le niveau de vie ont été durement impactés. Pourtant, le FMI est plutôt optimiste sur les perspectives de reprise, et ce dès 2021. ALAIN FAUJAS
régional de protection intégrée du cotonnier en Afrique), dont à peine 2 % sont transformés localement.
Investissements miniers
Cette contre-performance a été compensée par des cours mondiaux de l’or au plus haut depuis des années. Les deux moteurs de l’économie malienne et de ses exportations n’ont pas calé en même temps. Évidemment, l’investissement est devenu frileux, mais il n’a pas disparu. Il faut dire qu’en matière d’attractivité des investissements miniers le Mali se classe deuxième derrière le Botswana, mais devant la Guinée, parmi les treize pays
africains évalués par l’Institut Fraser, un think tank canadien. Ainsi, le groupe australien Firefinch vient de créer la société Lithium Co, qui ambitionne de produire 436 000 t de concentré de spodermine par an à partir de la mine de Goulamina et de dégager 6,7 milliards de dollars de revenus en vingt-trois ans. L’agitation sociale qui a dégradé la conjoncture en octobre et en novembre 2020 a débuté parce que les enseignants ont obtenu une nette amélioration de leur rémunération (+ 33 %), ce qui a incité les autres catégories de la fonction publique a en demander autant. « Les religieux ont calmé le jeu,
MICHELE CATTANI/AFP
D
e l’avis de Khalid Dembélé, macro économiste et enseignant à l’université privée Intec-Sup, à Bamako, « les perspectives ne sont pas si joyeuses ». Et comment pourrait-il en être autrement après une année 2020 qui a débuté avec la pandémie de Covid-19 et son cortège de paralysies économiques et sociales, avant que, le 18 août, le coup d’État – le septième depuis 1960 – mette le Mali au ban de la communauté africaine et internationale pendant deux mois ? Une deuxième vague du virus s’est révélée plus meurtrière en fin d’année, et le terrorisme n’en finit pas. À vrai dire, ces catastrophes successives n’ont pas provoqué d’effondrement (lire « Repères » p. 112). Certes, la croissance robuste de + 4,8 % de 2019 a laissé la place à une récession de 2 % en 2020. Le déficit budgétaire méritoire de – 1,7 % du PIB en 2019 a plongé à – 5,5 % l’an dernier. Mais il fallait bien que le gouvernement ouvre les vannes de la dépense sociale au moment où se tarissaient les recettes publiques sous l’effet des fermetures des frontières et du confinement sanitaire ! Si l’on regarde bien cette année horribilis, force est de constater que, dans ses malheurs, le Mali a profité de coups de pouce salvateurs. Parmi ces malheurs, la récolte cotonnière, qui a été catastrophique en raison du refus des cotonculteurs de planter, pour cause de baisse sévère des prix. La production de coton-graine est donc tombée de 700 000 tonnes lors de la campagne 2019-2020 à moins de 150 000 t pour la campagne 20202021, selon le PR-Pica (Programme
Dans l’un des ateliers de l’usine de la Compagnie malienne de textile (Comatex), à Ségou. JEUNE AFRIQUE – N° 3100 – MAI 2021
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OBJECTIF MALI analyse Khalid Dembélé, mais la menace est toujours palpable. » Avec les autorités de transition, on perçoit cependant un léger mieux. « On constate une meilleure qualité de la dépense publique, estime François Tirot, responsable de l’Agence française de développement (AFD) à Bamako. Les dépenses prévues sont engagées et payées. Les travaux semblent reprendre. D’autre part, le climat des affaires n’est pas mauvais, et l’activité de crédit des banques est à la hausse. » Ce que confirme Khalid Dembélé : « À l’international, dit-il, le Mali inspire une certaine confiance, qui conditionne l’investissement et la création de richesse. » Au vu de ces plus et de ces moins, le FMI, qui s’attendait au pire, a estimé en février que, « à moins d’une détérioration significative de l’évolution de la pandémie, les perspectives
sembl[ai]ent globalement favorables ». Le risque de surendettement demeure « modéré », la dette malienne avoisinant 45 % du PIB. Le Fonds s’est donc gardé d’alourdir le fardeau du pays en tolérant provisoirement des déficits tout à fait inhabituels et en reprenant le déblocage de l’aide triennale de 192 millions de dollars accordée en 2019.
Plans de redressement
Le Fonds n’en demeure pas moins vigilant et même pressant. Il dresse une liste des mesures à prendre pour redresser la situation. Les grands déficits des entreprises publiques comme Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) et Énergie du Mali (EDM) saignent dangereusement le budget de l’État (32 milliards de F CFA, soit 48,8 millions d’euros, dans la loi rectificative 2020). Il faut que les autorités mènent
REPÈRES
Stabilisation assurée à court terme 2019
2020
Croissance (PIB réel, à prix constants) Inflation (moyenne annuelle)
4,8 – 2,9
− 2,0 0,7
Solde budgétaire global
– 1,7 19,5 23,1 – 4,8 3,0 40,5 26,4
– 5,5 18,6 25,5 2,0 1,6 44,1 26,3
(dons compris)
Recettes, dons compris Dépenses et prêts nets
Solde extérieur courant Balance des paiements Dette publique totale Dette publique extérieure
2021
Projections (en %)
4,0 1,5
(en % du PIB)
− 5,5 19,7 27,1 − 2,4 1,4 46,2 25,6
SOURCES : MINISTÈRE DES FINANCES ET FMI, MARS 2021 - PNUD 2020
Des conditions de vie difficiles
IDH
Indice de développement humain
0,434, soit le 184e rang mondial sur 189 pays classés, contre une moyenne de 0,547 en Afrique subsaharienne
Espérance de vie
59,3 ans, dans la moyenne de 61,5 ans en Afrique subsaharienne
Urbanisation
41,6 %, plus que la moyenne de 39,7 % en Afrique subsaharienne
Population vivant sous le seuil de pauvreté
(moins de 1,90 $ par jour) 49,7 %, moins que la moyenne de 45,7 % en Afrique subsaharienne
Durée moyenne de scolarisation
d’un Malien âgé de 25 ans 2,4 ans, au lieu d’une durée attendue de 7,5 ans, et d’une moyenne de 5,8 ans en Afrique subsaharienne
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JEUNE AFRIQUE – N° 3100 – MAI 2021
La masse salariale de la fonction publique engloutit plus de 50 % des ressources fiscales, bien au-delà du plafond de 35 % fixé par l’Uemoa. à bien leurs plans de redressement et qu’elles surveillent mieux leurs passations de marchés. La masse salariale de la fonction publique engloutit près de la moitié des ressources fiscales, alors que l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) a fixé la proportion à ne pas dépasser à 35 %. Le FMI demande de mener des négociations avec les syndicats de fonctionnaires pour que des grilles salariales adaptées évitent de nouveaux dérapages (notamment en période électorale). Les rentrées fiscales sont insuffisantes. Il sera nécessaire de contrôler les exonérations des produits pétroliers en colorant ceux-ci pour en vérifier l’usage exclusif par les bénéficiaires désignés et de numériser les déclarations tout comme les paiements d’impôts. Pour combattre la corruption persistante, le FMI pousse pour que l’obligation de déclaration du patrimoine qui concerne le chef de l’État, les ministres et les parlementaires soit étendue aux responsables de la fonction publique et des forces armées, ainsi qu’aux dirigeants d’entreprises publiques. Mais le pire semble à venir. En effet, 850 000 personnes devraient connaître une grave dégradation de leurs conditions de vie, malgré les aides mises en place par les autorités : gratuité provisoire de l’eau et de l’électricité, distribution de denrées alimentaires, versement de 90 000 F CFA par ménage pauvre, contrôle des prix des produits alimentaires de base… La Banque mondiale prévoit que les pertes de revenus parmi les populations les plus défavorisées feront passer de 42 % à 45 % la proportion des Maliens vivant dans l’extrême pauvreté, c’està-dire disposant de moins de 1,90 dollar par jour.
COMMUNIQUÉ
« NOUS RÉALISONS DES LOGEMENTS DE QUALITÉ POUR TOUTES LES CATÉGORIES DE LA POPULATION MALIENNE »
Entretien avec monsieur Sory Ibrahima MAIGA, Président Directeur Général de SELECTION immo SA et Président de l’Association des promoteurs immobiliers du Mali (APIM)
Pouvez-vous vous présenter ? Sélection Immo est une société immobilière de droit malien créée au Mali en 2009. Les parts de la société sont détenues par moi-même et mes frères. Notre activité consiste à acquérir des terrains, à les viabiliser, à vendre des parcelles sécurisées et à construire des logements. La société s’appuie sur la grande expérience de ses fondateurs, ses experts et consultants associés. Elle a la noble ambition de confirmer son savoir-faire sur le plan sous-régional et international dans les domaines de l’immobilier et de la vente de parcelles sécurisées.
Vous avez accumulé des références solides en matière de construction de logements… La société Sélection Immo, forte de douze ans d’expérience dans le domaine de la promotion immobilière, réalise au profit des populations
maliennes des logements décents pour toutes les bourses. Sélection Immo est une entreprise innovante qui cible les populations à faible revenu. Nous œuvrons au renforcement de capacité de tout ce qui est du domaine social en restant dans la niche des logements et immeubles de standing et de luxe. Nous développons également des concepts de logements économiques, moyen standing et de haut standing en créant une alliance entre design, modernité et efficacité. Nous avons acquis 12 années de reconnaissance par les autorités publiques, les entreprises ainsi que les particuliers, 12 années de savoir-faire ; 12 années d’expérience.
Comment vous différenciez-vous de la concurrence ? Une des particularités de la société Sélection Immo est qu’elle respecte scrupuleusement les règles et les normes en vigueur dans notre activité. Dans un pays tel que le Mali où les litiges fonciers sont récurrents, Sélection Immo s’est singularisée par son attitude de pouvoir acquérir uniquement des terrains qui ne souffrent
d’aucun litige. En effet depuis sa création à nos jours, la société́ Sélection Immo a réalisé toutes ses opérations immobilières dans la plus grande rigueur et transparence. Pour preuve, nous nous réjouissons de constater que depuis 2009 la société n’a fait l’objet d’aucun litige foncier. Nous nous appuyons sur des cabinets partenaires qui partagent nos valeurs. Il s’agit par exemple, du bureau d’études SETICE SARL, du cabinet d’architectes ARSENIC, et bien d’autres. Ces deux bureaux interviennent dans les domaines suivants : conception, coordination et supervision de projets, contrôle et surveillance des travaux, expertises immobilières, formation, conseil, etc. Toutes ces opérations sont exécutées conformément aux normes admises en la matière. Toutes les lois et dispositions de la législation malienne en matière de morcellement et d’urbanisation y compris la mise à disposition des espaces verts et équipements publics sont respectées dans les opérations de morcellement et de lotissement de Sélection Immo.
➤ Plus de 1500 parcelles vendues sans aucun litige. ➤ Titibougou : vente de 420 parcelles viabilisées eau et électricité en 2008. ➤ Diatoula : vente de 270 parcelles viabilisées eau et électricité pour différents clients (GTZ, DNGM, PDRM, CRT, BRS, USAID, PMU Mali, CMDT etc.) en 2009. ➤ Cité SEMOS YATELA Anglo Gold Ashanti : vente de 216 parcelles viabilisées en 2012. ➤ Cité ENDEAVOUR MINING RANDGOLD RESOURCES en 2014. ➤ Cité BOA en 2014. ➤ Cité Canam (Caisse nationale d’assurance Maladie) : 114 logements économiques en 2015. ➤ Construction de 310 logements sociaux pour le compte du Ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme et L’OMH (Office Malien de l’Habitat) en 2016-2017. ➤ Construction de logements particuliers. ➤ Constructions d’immeubles particuliers.
Sélection Immo Immeuble Pacific 4, Hamdallaye ACI 2000 - Tél. : (+223) 20 29 05 47, BPE 1513, Bamako-Mali Email : selectionmali@yahoo.fr - Web : selectionmali.com
JAMG - PHOTOS DR
Des références solides depuis 2009
OBJECTIF MALI
STRATÉGIE
Lamine Seydou Traoré Ministre des Mines, de l’Énergie et de l’Eau
« Un gouvernement de transition doit prendre des décisions courageuses » PROPOS RECUEILLIS À BAMAKO PAR AÏSSATOU DIALLO
À
la tête du portefeuille des Mines, de l’Énergie et de l’Eau depuis octobre 2020, Lamine Seydou Traoré est un membre clé du gouvernement de transition. Expertcomptable et financier de formation, il s’attelle à l’épineuse question de la dette d’Énergie du Mali (EDM), dont il estime le modèle obsolète, et envisage des investissements lourds dans les énergies renouvelables. Du côté des industries extractives, son département met les bouchées doubles pour accélérer la mise en application du code minier de 2019 et le redémarrage des activités, qui se portent particulièrement bien, avec une production de plus de 60 tonnes d’or et 15 mines industrielles exploitées. Jeune Afrique : Comment gérezvous la question de la dette d’EDM ? Lamine Seydou Traoré : En arrivant aux affaires, nous avons trouvé EDM avec 180 milliards de F CFA [près de 275 millions d’euros] de dettes d’exploitation, c’est-à-dire la partie due aux fournisseurs stratégiques de combustibles et aux achats d’énergie. C’est une question cruciale qui nous mobilise. Nous travaillons avec le MEF, le ministère de l’Économie et des Finances, pour tenir les engagements. Mais cela ne suffira pas. Nous voulons trouver les ressources pour sortir EDM de ce déficit chronique et lever des fonds à moyen terme, ce qui permettra, d’abord, de désintéresser le passif, mais aussi de
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faire en sorte que l’on puisse payer régulièrement les fournisseurs. La vraie difficulté est qu’actuellement les caisses de l’État sont vides et qu’il ne faut pas dégrader le quotidien des Maliens concernant la fourniture d’électricité. C’est ce qui nous amène à faire autant de gymnastique… Mais nous arrivons à parer au plus pressé.
centrales thermiques. Aujourd’hui la tendance est totalement inversée : près de 60 % de notre électricité est issue du thermique, qui en plus d’être une source d’énergie fossile est aussi très onéreuse. Notre coût de production se situe entre 140 et 160 F CFA le kilowattheure pour des prix de vente de 90 F CFA en moyenne.
L’un des principaux problèmes réside dans le coût élevé de la production d’énergie. Comment envisagez-vous de le réduire ? C’est un point crucial que je qualifie de « choc des business models ». Son modèle contraint EDM à vendre l’énergie au-dessous de son coût de production. Si l’on soustrait le coût des achats de combustibles et d’énergie au prix auquel l’énergie est vendue, on est déjà déficitaire. C’est
Comment y remédier ? À court terme, nous avons commencé à déployer une politique de maîtrise des coûts, ainsi qu’une politique de revenus assurance. Cela consiste à nous assurer que l’énergie produite est celle qui est distribuée – afin de limiter les pertes dans le réseau de transport –, mais aussi que cette énergie est distribuée, et les factures recouvrées – afin d’améliorer le chiffre d’affaires. Par ailleurs, nous nous sommes engagés à réduire les charges d’EDM de 15 % sur l’année 2021. Nous cherchons des moyens d’économies possibles dans tous les secteurs pour les exploiter. Sur le long terme, avec le MEF, nous avons aussi lancé un plan massif d’investissements dans des sources d’énergie moins onéreuses : le solaire, l’éolien et les centrales hydroélectriques.
Nous avons lancé un plan massif d’investissements dans le solaire, l’éolien et les centrales hydroélectriques. la conséquence de vingt années de déficit d’investissements, mais aussi d’une inversion du mix énergétique. Lorsqu’on a fixé les tarifs d’EDM, dans les années 2000, à peine 30 % de notre énergie était produite par des
Ce sont des investissements lourds, le pays en a-t-il les moyens ? Même si le coût initial est en effet élevé, il est préférable de procéder à la transition énergétique plutôt que de rester dans des solutions d’urgence telles que le thermique. Les actions immédiates que nous déployons
OBJECTIF MALI mais les barrages ont une durée de vie de cinquante ans (à la différence du solaire, qui a une durée de vie de vingt à vingt-cinq ans), tous leurs équipements sont amortis en vingt ans, et ils permettent de produire le kilowattheure à 20 F CFA.
d’application du code de 2019 et la convention type qui l’accompagne pour que l’activité minière puisse redémarrer, et, depuis novembre 2020, les choses ont repris : des permis ont été octroyés, et nous avons de très gros espoirs sur certains sites qui vont être mis en exploitation en 2022. On craignait que la pandémie de Covid-19 n’affecte la production d’or mais, finalement, le secteur se porte bien. Nous avons même enregistré une augmentation de la production prévue.
En novembre 2020, le gouvernement de la transition a adopté les décrets d’application du nouveau code minier. Qu’est-ce que cela change ? Les codes antérieurs privilégiaient la recherche d’investisseurs, ce qui est chose faite. Celui de 2019 est innovant parce qu’il a accordé une place importante au développement et aux contenus locaux. Désormais, il faut que l’or puisse briller davantage pour le Mali, comme l’a dit le président de la transition, Bah N’Daw. Le code de 2019 n’était pas encore appliqué et avait créé un goulet d’étranglement. La direction générale de la géologie et des mines avait même été obligée d’adresser un courrier aux investisseurs et aux sociétés minières pour leur dire qu’on ne recevait plus de demandes. Nous ne pouvions pas délivrer de permis de recherche ni d’exploitation. Nous avons tenu à faire adopter le projet de décret
EMMANUEL DAOU BAKARY POUR JA
consistent à surveiller les causes de délestages, les deux déclencheurs principaux étant les pannes sèches pour défaut de combustibles (parce qu’EDM est mauvais payeur), ainsi que la vétusté des équipements qui acheminent l’électricité jusqu’aux ménages. Nous avons trouvé des solutions et avons organisé un appel d’offres qui nous a permis de sécuriser l’approvisionnement et de réduire le prix unitaire du litre du carburant en cassant le monopole du fournisseur. Quant à la mise à niveau des équipements de distribution, elle est en cours dans le cadre du projet d’appui à l’amélioration du secteur de l’énergie au Mali, avec la Banque mondiale… Mais cela prend du temps. Nous avons également approvisionné les magasins en pièces de rechange pour parer au plus vite en cas de panne. Enfin, nous avons créé deux nouveaux sites d’urgence pour l’alimentation de Bamako. Pour ce qui est des investissements, nous avons dégagé un budget afin d’engager les études pour trois barrages hydroélectriques : Baoulé 2, Boualé 3 et Boualé 4. Si l’on arrive à boucler les contrats commerciaux d’ici à la fin de la transition, celui qui prendra la suite sera obligé de les réaliser. Il est vrai que c’est coûteux,
Lamine Seydou Traoré, dans son bureau à la cité ministérielle de Bamako, le 13 avril.
Quels sont vos grands chantiers dans le domaine de l’eau ? Le principal est celui de la navigabilité entre Saint-Louis, au Sénégal, et Ambidedi, dans la région de Kayes. Le projet date de 1972, mais pour la première fois nous sommes parvenus à avancer très concrètement, avec la présidence de la conférence des chefs d’État et de gouvernements de l’OMVS [Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal], qui est assurée par son Excellence Bah N’Daw. Nous avons signé des contrats commerciaux avec des entreprises indiennes pour la réalisation de la navigabilité. Le coût de réalisation est partagé entre trois pays : le Mali, le Sénégal et la Mauritanie. Le Mali a adressé sa requête de financements et a reçu l’accord des bailleurs de fonds concernant sa quote-part. Nous espérons donc pouvoir boucler l’aspect financier avant la fin de la transition. Par ailleurs, le secteur de l’eau au Mali est lui aussi caractérisé par un problème tarifaire. Depuis quinze ans, le prix de l’eau n’a pas bougé, contrairement aux autres pays de la sous-région. Nous avons aussi les tarifs les plus bas parce que nous avons une tranche sociale, qui s’applique à tout le monde. Comme nous sommes un gouvernement de transition, nous devons prendre des décisions courageuses : nous allons donc réviser les tarifs de l’eau. Toutefois, cela sera sans impact sur la population, la révision tarifaire consistera à faire payer ceux qui en ont la capacité. Nous allons réserver la tranche sociale aux ménages et en sortir les administrations, les chancelleries et les entreprises. Cela va nous permettre d’améliorer le taux d’efficacité en matière de chiffre d’affaires d’au moins 20 % à 30 %. JEUNE AFRIQUE – N° 3100 – MAI 2021
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OBJECTIF MALI
SECTEUR PRIVÉ
Quand un discret PDG sort de sa réserve Déjà médiatisé par le duel qui l’oppose à Mamadou Sinsy Coulibaly au sein du Conseil national du patronat, Amadou Sankaré, fondateur de SAER Group, se lance en politique dans sa ville de Niafunké, où il succède à Soumaïla Cissé à la tête de la section locale de l’URD. BOKAR SANGARÉ
E
EMMANUEL DAOU BAKARY POUR JA
explique Diadié Sankaré, qui dit la République et la démocratie (URD). n cet après-midi d’avril, à son « transformer les risques en oppor« Je succède à ce poste à Soumaïla bureau situé à Hamdallayetunités ». Il a également lancé Cissé. Je ne le remplace pas, car on ACI 2000, quartier d’afHumaneo, une plateforme digine le peut pas », tient-il à préciser, faires de Bamako, Amadou talisée de gestion des ressources évoquant ses « relations fraternelles » Sankaré, dit « Diadié », enchaîne les humaines, qui, selon Diadié Sankaré, avec « un grand frère qui [les] aidait à rendez-vous. La Société africaine « va bien marcher en Côte d’Ivoire et monter ». d’études et de réalisations (SAERau Sénégal, qui ont des économies Envisage-t-il briguer un manEmploi), qu’il a créée en 1993, contibeaucoup plus modernes ». dat local, voire national ? Amadou nue de tisser sa toile. Lorsque Jeune Sankaré répond par la négative, assuAfrique l’a rencontré, en 2017, il réflérant préférer se borner à « œuvrer au chissait encore au nom à donner à son Engagé pour son terroir profit des populations » de Niafunké, groupe d’une trentaine de sociétés À 60 ans, ce patron natif de Niafunké, ville où l’URD est le parti le mieux – actives dans les secteurs de l’emploi, dans la région de Tombouctou, implanté et à laquelle est accolée des assurances, de l’agro-industrie, fait désormais parler de lui hors du l’image de fief de l’opposition. « Il des mines, des finances et du commonde des affaires. « J’ai été appelé n’y a pas eu de développement à merce. Il a choisi SAER Group. par mon terroir, qui se trouve orpheNiafunké, la politique a desservi la Ce dernier est aujourd’hui prélin depuis le décès de Soumaïla Cissé ville, déplore l’homme d’affaires. Il sent dans tous les pays de l’Uemoa, [à la fin de décembre 2020] », confieest temps de faire taire les combats ainsi qu’au Ghana, au Tchad, en t-il. Amadou Sankaré vient en effet politiciens et de s’unir au profit de Centrafrique, au Cameroun, au d’être élu au poste de secrétaire généses intérêts. » Royaume-Uni et au Canada. Une ral de la section locale de l’Union pour Autre front sur lequel le ouverture qui est comme une PDG de SAER Group est deuxième nature pour l’enengagé, celui du Conseil trepreneur, passé par l’Uninational du patronat malien versité Cheikh-Anta-Diop de (CNPM), où un duel l’oppose Dakar, le Conservatoire natiodepuis septembre 2020 à nal des arts et métiers de Paris Mamadou Sinsy Coulibaly, et l’Université du Québec, à le président sortant, qui Montréal. Le groupe continue ne reconnaît pas l’élection de diversifier ses activités, d’Amadou Sankaré à la tête de notamment avec l’acquisition l’organisation. En attendant d’une licence de pharmacie le verdict de la justice sur pour l’importation de médicette crise dont le patronat caments, ainsi que de la commalien se serait bien passé, pagnie de sécurité privée G4S. Amadou Sankaré occupe les « La sécurité est un enjeu, et locaux du CNPM et dit voune peut pas continuer à être loir travailler à la concrétisaassurée uniquement par les tion de ses ambitions pour le services publics. La stratégie secteur privé. va changer, nous anticipons », Amadou « Diadié » Sankaré, dans son bureau d’ACI 2000, à Bamako.
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COMMUNIQUÉ
MINISTÈRE DE L’INDUSTRIE DU COMMERCE ET DE LA PROMOTION DES INVESTISSEMENTS DU MALI
N
otre ambition c’est d’accroître de façon significative la part de l’industrie manufacturière dans le produit intérieur brut. La stratégie pour y parvenir sera axée sur la transformation de nos ressources. Pour ce faire, un accent sera mis sur une meilleure organisation des filières porteuses.Celles-ci serviront de locomotive de façon à garantir des débouchés pour les agriculteurs et organisations paysannes, et favoriser les accès aux crédits ou aux intrants nécessaires à l’amélioration de la productivité. Dans cette stratégie, un accent particulier sera mis sur le développement de l’Entrepreneuriat Féminin et des Jeunes qui seront soutenus et accompagnés pour leur meilleure insertion dans le système de production, de transformation et de commercialisation. L’exemple de la CMDT est assez édifiant. Un système de crédit de campagne en place depuis des années permet à cette société de répondre aux besoins de financement des cotonculteurs. Cet exemple réussi de financement de filière pourra être élargi à d’autres secteurs tels que le bétail viande, la mangue, l’anacarde, la
L’AGENCE POUR LA PROMOTION DES INVESTISSEMENTS AU MALI
D
epuis 2015, l’Agence pour la Promotion des Investissements (API-Mali) a travaillé à se doter d’une organisation adaptée, capable de porter la politique d’attraction des investissements du Mali. Malgré un contexte peu favorable, des résultats significatifs ont été obtenus, à savoir l’organisation du Forum Invest in Mali 2017, l’ouverture de 4 antennes régionales du Guichet Unique de création d’entreprise (Kayes, Ségou, Sikasso et Mopti), la mise en place du service AFTER-
HAROUNA NIANG
Ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Promotion des investissements
gomme arabique, la noix de Karité le sésame, le fruit de baobab, etc. Les entreprises seront encouragées à obtenir toutes les certifications ISO et aussi à ouvrir leur conseil d’administrations à des professionnels indépendants. S’agissant du secteur minier, une politique de « contenu local » sera développée et mise en œuvre en accord avec les compagnies minières. Le gouvernement travaillera également pour promouvoir un meilleur environnement des affaires et renforcer l’image du Mali comme une destination sûre pour les investisseurs étrangers, la
CARE pour l’accompagnement des investisseurs déjà installés, la réorganisation du système d’information de l’Agence et la dématérialisation des processus internes du Guichet unique, la création du Women Business Center, guichet unique dédié aux femmes entrepreneures, enfin la réalisation d’études sectorielles et de business plan types pour des opportunités d’investissements dans l’agrobusiness. Nos perspectives sont nombreuses, elles concernent:la relecture du code des investissements datant de 2012, l’organisation de la participation du Mali à l’EXPO 2020 Dubaï (Oct. 2021-mars 2022), le renforcement des mandats de l’Agence, la création d’un service dédié à la diaspora, le lancement de la création
diaspora et les entrepreneurs nationaux. C’est lemoment de se réjouir et de féliciter la Banque mondiale pour l’annonce récente qu’elle a faite de concentrer ses efforts sur les pays du Sahel en vue de les aider à sortir de la pauvreté. Nous comptons sur ces appuis pour que l’Afrique en général et le Sahel en particulier, réduisent progressivement les exportations de matières brutes en les remplaçant par des produits semi-finis ou finis (fil, textile et habillement). La vision du département intègre à la fois, l’amélioration du cadre institutionnel, l’encadrement, l’appui et l’accompagnement de toutes les filières pour une transformation structurelleetharmonieusedenotreéconomie.
Faire de l’industrie la locomotive du développement du secteur privé et de la transformation de l’économie malienne d’entreprise en ligne et le triplement de la création d’entreprise,du volume des investissements privés au Mali et la création d’emplois associés d’ici fin 2025.
MOUSSA ISMAILA TOURÉ, Directeur Général de l’Agence de Promotion des Investissements au Mali
www.apimali.gov.ml
www.investir.gouv.ml
SAHEL INFUSION
P
roduite par Sahel Industrie à Sotuba (Bamako), Sahel Infusion est, depuis 2013, une marque malienne de Thés et Infusions, basée sur des produits reconnus pour leurs bienfaits. Diplômée en Génie Biologique de la faculté des Sciences et Techniques de Bamako, Aminatou Touré, Directrice Générale de Sahel Industrie est également vice-présidente en charge de l’Agro-industrie au sein de l’Organisation Patronale des Industriels du Mali et vice-présidente de NALA, réseau de femmes cheffes d’entreprises dans l’agribusiness.
PROFAC
P
rojet de Formalisation des Acteurs du Commerce de Détail (PROFAC), est un mécanisme d’accompagnement des activités de la population active, exerçant dans le domaine du commerce de produits. Son objectif : appuyer les efforts d’élargissement de l’assiette fiscale et renforcer l’organisation des acteurs du secteur à travers la création de nouveaux Centres de Gestion Agréés, l’amélioration de la gouvernance des Centres de Gestion Agréés (CGA), le développement des services non financiers pour permettre aux Centres de Gestion Agréés de générer des ressources propres et pérennes, l’amélioration des conditions d’accès des adhérents des Centres de Gestion Agréés aux prêts bancaires, l’amélioration des
AMINATOU TOURÉ, Directrice Générale de Sahel Industrie.
La gamme de produits offerte par Sahel Infusion est large : gingembre, hibiscus, citronnelle, quinquéliba, moringa, menthe, secret de femme, bonus et laxacacia. La dernière tisane en date, ARTEMISIA ANNUA a été mise sur le marché et ses vertus ne sont plus à démontrer, notamment dans le cadre du traitement contre le paludisme et du renforcement des défenses immunitaires de l’organisme sans toxicité ni effets secondaires.
conditions de commercialisation des produits à travers la construction d’équipements marchands (étals). Le PROFAC envisage la mise en place d'une centrale d'achat des produits de large consommation et faire des centres de gestion agréés des outils de distribution, de mettre en place une centrale d’achat des produits de large consommation, de faire progresser les capacités institutionnelles et techniques des 36 CGA et de créer une agence nationale de développement des CGA au
MINISTÈRE DE L’INDUSTRIE DU COMMERCE ET DE LA PROMOTION DES INVESTISSEMENTS DU MALI
Sahel Industrie propose des produits entièrement naturels,garantis sans colorants, sans arômes chimiques, ni conservateur. Et pour s’assurer de la qualité des produits, l’entreprise s’efforce de travailler uniquement avec des producteurs nationaux. Avec quatre lignes de production automatisées et une capacité de 10000cartonsparmois,SahelIndustrie est l’adepte d’une production 100 % locale. C’est toute une chaîne qui a été mise en place, de la plantation, à la transformation, en passant par la distribution, impliquant les planteurs, les coopératives agricoles avec lesquelles la charte du commerce équitable est respectée, les centres de recherche agronomiques, les laboratoires, les supermarchés et les distributeurs. fr.facebook.com/sahel.infusion/
Email : aminatou@sahelindustrie.ml Tél. : (+223) 66 75 85 70 (+223) 20 21 04 07
MAHAMADOU TOLO Coordinateur du PROFAC
Mali. Le but est de consolider les acquis, permettre la formalisation des acteurs privés, des associations et coopératives libérales et de s’inscrire dans un schéma de fiscalisation et de bancarisation porteur à long terme pour l’économie nationale. ACI 2000 à côté de l’Hôtel RADISSON, Tél. : (+223) 20 29 31 06
COMMUNIQUÉ
SODEPAM
L
a société de développement agricole du Mali est spécialisée dans la transformation industrielle de trois produits phares, la gomme arabique, la noix de Karité et la poudre de Baobab.La SODEPAM a développé un solide réseau de fournisseurs, coopératives, associations villageoises, commerçants, qui contribuent à satisfaire la demande d’une clientèle internationale de plus en plus exigeante. Avec une chaîne constituée de 15 000 personnes de Douentza à Kayes, en passant par le pays Dogon, Sikasso et Nara, ce sont 96 000 emplois temporaires que ces activités génèrent. La SODEPAM dispose de magasins dans toutes les régions du Mali.
LE PROGRAMME CADRE INTEGRÉ : POUR RÉDUIRE LA PAUVRETÉ PAR LE COMMERCE
C
ontribuer à la réduction de la pauvreté en milieu rural, c’est l’objectif du programme Cadre Intégré du Commerce, en faveur des Pays les Moins Avancés. Au Mali, l’Unité nationale de mise en œuvre a été établie en 2005. Sa mission est de renforcer les capacités d’offres des produits nationaux sur les marchés internationaux, à travers les filières gomme arabique et Karité. La mise en œuvre du Projet de renforcement des capacités productives et commerciales de la filière gomme arabique au Mali porte sur 16 pépinières réalisées et équipées de forages avec SHVA, dans 13 cercles gommifères, 683 ha d’acacia Sénégal reboisés, plus de 500 producteurs de gomme formés, 183 collecteurs de gomme arabique dont 55 femmes formées en technique
Entreprise citoyenne, la société fait des prêts à ces collecteurs pour l’achat de tracteurs. En deux ans, toutes les avances sont remboursées en gomme arabique et
autres produits. À l'échelle mondiale, la SODEPAM a développé un portefeuille de clients fournisseurs des grandes marques de l’industrie agro-alimentaire, leaders dans leur secteur. La quantité de gomme arabique exportée par la SODEPAM, a contribué à atteindre les 10000 tonnes de gomme vers l'Inde suivant les années, représentant ainsi la production nationale, et 120 tonnes de fruits de baobab. L’objectif de la SODEPAM reste le développement de la transformation des produits exportés pour lequel des investissements sont au rendez-vous. Email : info@sodepam.net
www.sodepam.net
de collecte et de commercialisation de la gomme, 100 femmes productrices de gomme des Unions des SCOOP de Ségou et de Niono formées en techniques de production de plants en pépinière, 11 magasins de stockage de gomme construits, 6 exportateurs de gomme accompagnés aux manifestations commerciales en Europe et aux USA, la constitution d’un Fonds de garantie de 424 millions de F CFA pour les acteurs. Le Projet a eu un impact sur la dynamique des exportations de gomme. L’appui aux acteurs de la filière mangue se concrétise par l’amélioration de la qualité des mangues à l’exportation, la formation et la sensibilisation des acteurs de mangues sur les BPA, la mise à disposition des équipements phytosanitaires aux acteurs, l’accompagnement aux différentes manifestations commerciales. Enfin, le soutien aux acteurs de la filière pomme de terre est basé sur la contribution à la construction et à
l’équipement d’un Centre de conservation de la pomme de terre à Sikasso avec une capacité de 3 000 tonnes. Le CIR a contribué également aux travaux complémentaires du Centre. Email : contact@cirmali.org
www.cirmali.org
www.investir.gouv.ml
COMMUNIQUÉ
FERME PISCICOLE BOUBACAR DIALLO
L’
PRODEVIM
L
e Programme de Développement à l’Exportation de la Viande du Mali est né pour promouvoir l’exportation de la viande rouge et faire du Mali, un pays producteur et exportateur de viande. Les missions et objectifs assignés au PRODEVIM se déclinent en quatre composantes portant sur l’appui à l’organisation des éleveurs de bétail au Mali, à l’amélioration de la santé et de la production du bétail, à l’amélioration des conditions de transformation du bétail en viande et sa commercialisation et à l’apprentissage et au perfectionnement du personnel, au développement de l’exportation de la viande du Mali. La mise en œuvre de ces différentes composantes permettra d’atteindre les résultats assignés au programme.
BOUBACAR DIALLO Promoteur de la ferme Piscicole.
Les espèces élevées sont les poissons marchands comme les carpes « Tilapia » et les silures « Clarias ». Troisième produit d’exportation agricole après le coton et la filière bétail, le sous-secteur de l’aquaculture, reste confronté à un problème d’aliment poisson. Pour relever ce défi, Boubacar Diallo a ouvert, en janvier dernier, la toute nouvelle usine de fabrique d’aliment poisson flottant dénommé « Sambalagnon ».
www.fermepiscicolediallo.com
L’AGENCE POUR L'AMÉNAGEMENT ET LA GESTION DES ZONES INDUSTRIELLES « AZI-SA »
L'
agence pour l'aménagement et la Gestion des Zones Industrielles "AZI-SA" a pour mission de mettre à disposition des industriels un espace réglementé, offrant les commodités nécessaires à leurs approvisionnement, production, stockage et écoulement des produits valorisés. Créée par l'Ordonnance n° 99-033/P-RM du 15 septembre 1999, l’AZI-SA a pour principaux objectifs : l’installation des industriels sur des sites viabilisés capables d'accueillir leurs investissements, la gestion adéquate des sites industriels ainsi que le maintien en bon état des commodités offertes, le suivi de la création d'emplois par les industriels installés. Dans son plan d’action,
MINISTÈRE DE L’INDUSTRIE DU COMMERCE ET DE LA PROMOTION DES INVESTISSEMENTS DU MALI
ABDOULAYE MAIGA
Directeur Général de l'Agence pour l'Aménagement et la gestion des Zones Industrielles "AZI-SA"
porté par les plus hautes autorités, l’AZISA ambitionne d’aménager treize zones industrielles prioritaires, conformément au schéma d’urbanisation des localités concernées. Il s’agit de : Bamako, Sanankoroba,Ouéléssébougou,Mandé,Koutiala, Fana, Kayes, Koulikoro, Sikasso, Egou, Mopti, Tombouctou, Gao. www.azi-sa.ml Tél. : (+223) 66 58 05 75 (+223) 72 09 12 00
Email : scetbatimax@gmail.com
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DIFCOM/DF - PHOTOS : DR;
entrepreneur malien, Boubacar Diallo, promoteur de la Ferme Piscicole du même nom, intervient dans le domaine aquacole depuis plus de 13 ans. Il est à la fois, l’initiateur et le vulgarisateur des cages flottantes et des bacs hors sols. Pour mieux promouvoir ce secteur, il a développé une écloserie moderne d’une capacité de production de 40 millions d’alevins par an. Par ailleurs, il a ouvert un Centre de formation technique et pratique en pisciculture. La Ferme Piscicole, bâtie sur 10 hectares, comprend une écloserie, des bassins en béton armé, des étangs en terre battue et des bacs hors sols. Pour un coût d’investissement de plus de 3 milliards de FCFA, la Ferme enregistre 37 emplois permanents et plus de 100 non permanents.
Avec plus de 3 milliards de F CFA d’investissement, une capacité de production de 30 000 tonnes d’aliments poisson par an et 5 000 tonnes dès 2021, cette unité vient s’ajouter au parc industriel malien et relever le défi de l’industrialisation. L’aliment « Sambalagnon » est disponible sur l’ensemble du territoire national et exporté en Guinée et au Burkina Faso.
OBJECTIF MALI
QUESTIONS À…
Étienne Fakaba Sissoko Économiste
« Les priorités du pouvoir ne sont pas celles de notre économie »
Jeune Afrique : Sur quels leviers l’économie malienne peut-elle s’appuyer pour relancer la croissance ? Étienne Fakaba Sissoko : Malheureusement, le Mali n’a pas de réelle politique économique, mais une politique budgétaire sur laquelle s’appuient l’ensemble des initiatives économiques et de développement du pays. En mars, il a adopté une loi de finances qui met l’accent sur la mise en œuvre
NICOLAS RÉMÉNÉ POUR JA
L
e Mali a enregistré en 2020 une récession de 2 %, imputée en partie à la crise sécuritaire et aux conséquences de la pandémie de Covid-19 qui ont ébranlé toutes les économies à travers le monde. Mais pour Étienne Fakaba Sissoko, au Mali, la crise économique est surtout inhérente à une crise de gouvernance. Professeur d’économie à l’université de Bamako, chercheur au Centre de recherche, d’analyses politiques, économiques et sociales (Crapes Mali) et ancien conseiller économique à la présidence, Étienne Fakaba Sissoko estime qu’une gestion plus vertueuse des finances publiques et une révision des priorités permettraient, notamment, de relancer les activités d’une industrie textile moribonde, de récupérer une part des bénéfices de l’exploitation aurifère et de faire revenir les investisseurs étrangers.
de l’accord de paix, la lutte contre le coronavirus ou encore le retour de l’Administration dans le nord et le centre du pays. Aucun de ces objectifs ne permet de créer de la richesse. Pas de grands travaux, de grandes infrastructures, ni de réel soutien aux entreprises. Par manque de moyens ? Le budget de l’État est davantage alloué au fonctionnement qu’à l’investissement. Les dépenses prévisionnelles de 2021 s’élèvent à 2 628 milliards de F CFA [un peu plus de 4 milliards euros], dont seulement 677,32 milliards sont alloués à l’investissement. Sans rééquilibrage, nous sommes voués
à une économie déficitaire ; on prévoit un déficit budgétaire de 652,92 milliards de F CFA en 2021. Cette année, l’État compte notamment sur l’agriculture pour atteindre un taux de croissance de 4 %. Pour cela, il mise sur une pluviométrie favorable. Mais l’essentiel d’une économie ne peut pas reposer sur un facteur comme la pluie, qui ne dépend ni de l’État ni des partenaires ! Les priorités du gouvernement ne sont pas celles de l’économie malienne. L’accord pour la paix et la réconciliation est important, la lutte contre la pandémie également, mais ce n’est pas cela qui mettra du riz dans l’assiette des Maliens. JEUNE AFRIQUE – N° 3100 – MAI 2021
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Mettre la priorité sur l’aspect sécuritaire n’est-il pas un préalable indispensable à tout investissement ? Il faut effectivement un minimum de sécurité, sans quoi les investisseurs se retirent. Mais nous devons être capables de rendre le Mali attrayant au-delà de cela. Certains pays comme le Rwanda ou la Côte d’Ivoire ont connu des crises aussi importantes que la nôtre, si ce n’est pires, et ont su redonner confiance aux investisseurs, notamment à travers des modèles de gouvernance plus vertueux. Le principal problème du Mali, c’est le visage qu’il offre, notamment en matière de gouvernance et d’instabilité politique.
Tant que le pays ne transformera pas ses matières premières, il sera perdant. Il faut replacer le made in Mali au cœur des politiques publiques. Vous faites référence au coup d’État du 18 août 2020 ? La mauvaise gouvernance et l’instabilité sont des maux antérieurs au coup d’État. Ce genre d’événement est toujours facteur de recul démocratique et n’est pas de nature à rassurer les partenaires. Mais, plus que le fait sécuritaire, c’est la mauvaise gouvernance, les démarches administratives longues et coûteuses ou encore la corruption qui font partir les investisseurs. Le départ de certains acteurs européens a laissé davantage de place à de nouveaux partenariats, avec la Chine ou la Turquie notamment…
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L’avantage de ces partenariats est qu’ils n’exigent pas des retours sur investissement énormes qui pénalisent le pays, comme c’est le cas avec les partenaires traditionnels. Pour l’instant, du moins. Cependant, l’important n’est pas tant de savoir avec qui nous commerçons que d’identifier les secteurs dans lesquels nous commerçons. Secteur phare, le coton est à la peine. Comment relancer la filière ? Tant que le Mali ne transformera pas ses matières premières, il sera perdant. Actuellement, nous n’exportons que de la matière non transformée et nous sommes un déversoir de produits manufacturés ailleurs. Aujourd’hui, je porte une chemise manufacturée au Burkina Faso… Comment est-ce possible alors que nous produisons du coton ? Il faut replacer le made in Mali au cœur des politiques publiques. Pour cela il faut des entreprises performantes. Or l’avenir de la Comatex, ex-fleuron de l’industrie textile malienne, est incertain… Il est de la responsabilité de l’État de prendre en charge ce secteur. La transformation du coton, c’est de l’huile, du tissu, du savon… Des milliers d’emplois possibles. On a laissé ce secteur aux mains de quelques actionnaires, et aujourd’hui l’activité est au point mort. L’État doit s’emparer de ce secteur et le gérer correctement. Autre levier important de l’économie malienne : la filière aurifère. N’échappe-t-elle pas elle aussi en partie à l’État ? En effet, la quantité d’or qui sort du pays n’est absolument pas maîtrisée par les autorités. Cette industrie représente plus de 20 % du PIB et doit être mise au centre des activités économiques. Pour l’heure, ce secteur est porté par les multinationales, et l’État n’est
actionnaire que pour moins de 20 %, ce qui ne lui permet pas d’en tirer profit. Faut-il revoir les contrats en cours ? Il faut le faire, au nom de la souveraineté nationale. Quand les contrats ont été signés, le pays ne faisait pas face à la menace sécuritaire actuelle. Le commerce, qui représente 16 % du PIB, ne connaissait pas les difficultés qu’il rencontre aujourd’hui avec la fermeture de certaines frontières ou l’impossibilité de s’approvisionner sur certains marchés. Ce sont autant d’arguments qui justifieraient de réviser les contrats en cours. Il ne s’agit pas d’engager un bras de fer avec les multinationales, mais d’entamer un dialogue franc. La compagnie aérienne Sky Mali rouvre plusieurs lignes vers le centre et le nord du pays. Et, en février, lors d’une visite à Tombouctou, la ministre du Tourisme a déclaré qu’une reprise progressive de cette activité était possible. Cela vous semble-t-il réaliste ? La culture malienne devrait être l’un des piliers de l’économie, afin de créer de l’emploi, de favoriser le rayonnement du pays et de promouvoir les biens de consommations locaux. Et la menace sécuritaire ne concerne pas l’entièreté du pays. Les régions de Sikasso, de Kayes et de Bamako, dans le Sud, par exemple, ont un réel potentiel. De manière générale, il faut intégrer la composante sécuritaire comme une variable du modèle économique plutôt que d’attendre le retour de la paix pour relancer le tourisme. Aujourd’hui, on décrète que la priorité dans le Centre ou dans le Nord, c’est le retour de l’État, l’application de l’accord de paix. C’est un très mauvais calcul. Le temps que ce soit fait, les populations mourront de faim. Propos recueillis à Bamako par Manon Laplace
COMMUNIQUÉ