Magazine Downdays, Novembre 2016 (FR)

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SCOTT-SPORTS.COM © SCOTT SPORTS SA 2016 | Photo: Will Wissman

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SAM COHEN


Les Choses Sentimentales L’anticipation d’un hiver imminent mène souvent à une réflexion sur la saison précédente. Et parfois - si les distractions modernes sont suffisamment absentes - on peut se plonger plus loin dans le passé pour se rappeler de toutes ces journées énormes, de ces journées qui ne se présentent qu’une fois dans une vie, des journées que seul le ski peut nous proposer. Nos énormes slashs qui forcent un « OUAIS » incontrôlable de la gorge. Ce bref moment quand la seule priorité dans la vie c’est de faire un check un peu trop puissant à son pote ou de serrer son pote avec la force d’un ours parce qu’il vient de réussir un tricks quasi-impossible. Ou, quand on est trempé de sueur après avoir atteint le sommet, on boit et on mange un peu (du scroggin- un mélange de noix et de raisins) avant de récolter les récompenses en forme de neige fraiche jusqu’à la taille. Ou quand nos cordes vocales vont presque céder lorsqu’on essaye d’imiter la voix étrange de Sting dans Roxanne avec une vingtaine d’autres personnes saoules - la plupart qui sont toujours en chaussure de ski. Le ski, c’est simplement un catalyseur des journées incroyables, des moments éblouissants et des souvenirs inoubliables. Ce sont des choses sentimentales, en fait. La valeur du ski est plus importante que simplement l’acte de faire du ski. Les aspects positifs résonnent dans notre vie entière; les personnes qu’on rencontre, les préparations de nos missions ski et les fêtes après le ski, pour ne donner que quelques exemples. Mais ce sont ces souvenirs qui ont peut-être le meilleur impact à long terme, ceux auxquels on pense lorsqu’on est cocooné dans le lit en récupérant d’une maladie, ceux avec lesquels on s’évade quand on est bloqué au boulot. En anglais, on appelle ca: « The Happy Place ». Les pages qui suivent contiennent des souvenirs et des réflexions de personnes variées à la recherche de leur propre « Happy Places ». Elles incluent des énormes road trips à travers le Moyen Orient, des buts personnels accomplis en glissant sur du métal ou du béton dans un environnement urbain ou bien encore des sauts lancés plus haut que par n’importe quel autre skieur. Les articles - sur l’expédition des Snowmads, les missions en urbain de Coline Ballet-Baz, l’énorme hip des Nine Knights qui surpasse toutes les limites - pourraient être décrit comme un buffet ou il y en aurait pour tous les goûts. On vous propose en entrée, une gamme de profils et d’entretiens : de Jossi Wells, le pionnier du style, de Andri Ragettli, le prochain enfant prodigue Suisse, de Kristofer Turdell, la nouvelle force du Freeride World Tour, et bien sûr, du talentueux Alex Hall. On vous recommande ensuite un entretien avec un homme exaltant, hilarant, incroyable et qui est une légende aux multiples records : Greg Hill. Cela va sans dire, tous ces individus fantastiques ont collectionné de nombreux « Happy Places » et j’espère que leurs histoires vous encourageront à collectionner les vôtres. Mais le ski, ce n’est pas que des « Happy Places » et pour représenter cette réalité, il y a de nombreuses pages qui vous amènent à réfléchir. Parce que c’est toujours une bonne idée de prendre le temps de réfléchir, sur le bien, le mal et le neutre. S’il y a une chose que les derniers 400+ mots essayent de communiquer, c’est ceci: n’oubliez pas vos « Happy Places », quoique qu’il arrive. On ne sait jamais quand on en aura besoin. Vous souhaitant un hiver sûr et mémorable! Mark von Roy

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FOTO: FRODE SANDBECH

Welcome to tamok New line for backcountry freeriding

www.norrona.com


Comme dans un jeu vidéo Photo & Texte: Felix Rioux

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JF voulait ce spot depuis très, très longtemps. Il me l’a montré un an avant cette session et je lui ai fait promettre de ne pas le rider sans moi. C’était le type de module que l’on trouve dans un jeu vidéo et je ne voulais surtout pas le louper. C’était un projet énorme et risqué – et hormis les possibilités de blessures, il y avait un travail de construction colossal.

On allait avoir besoin d’une fraise à neige pour construire la réception, qui, comme par hasard, se trouvait sur le terrain de jeux d’une école en plein milieu d’un quartier résidentiel. Il nous fallait deux sets d’échelles juste pour accéder au toit. Evidemment, le potentiel de se faire chopper par les flics était énorme. Mais JF avait un plan d’attaque.


J’adore shooter avec JF. C’est un des skieurs les plus professionnels quand il s’agit de modules urbains. On ne perd pas de temps, il guette des mois en avance et sait exactement ce qu’il doit faire quand vient le temps de shooter. Comme promis, un vendredi matin, JF m’a envoyé une photo d'une réception à moitié prête. On s’est donné un

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créneau pour le lendemain à 8h, ce qui voulait dire que je devais quitter Montréal à 5h. Tout le monde était à l’heure, ce qui est surprenant, et prêt à partir. Sur ce spot, JF faisait son shooting pour son segment Real Ski des X Games et son pote Franck Bourgeois faisait la même chose pour Real Snow. Le snowboarder Jason Dubois et le skieur

Emile Bergeron était là aussi pour les soutenir et pour shooter – tout le monde était de bonne humeur. On a commencé à shooter vers 9h45 et deux heures plus tard, ils avaient tous eu leurs images et personne ne s’était blessé. On a terminé, détruit la réception et on est tous rentrés à la maison fiers de notre matinée productive.


Honorer Matilda Rapaport

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Interview: Josiah James Wells Il Maîtrise Son Style, Il Maîtrise Son Ski

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Matos

Gallerie

Vestes, Sous-Vêtements, et Autres

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Unrailistic La Jib Session Privée de Jesper Tjäder

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Creative La Photographie Analogique de Fabian Lentsch

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Réflexion Le Poids de la Routine

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Talent Alex Hall & Kristoffer Turdell

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Portrait: Andri Ragettli La Prochaine Star Suisse du Freeski

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Snowmads Six Mois, Une Douzaine de Pays, Un Camion

●●

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Queen Of The Streets Coline Ballet-Baz Descend Dans La Rue

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L’Anatomie d’un Record du Monde Le Suzuki Nine Knights Hip En Chiffres

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La Survie Des Petites Stations Les Stations Familiaux Ferment Leurs Portes

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Interview: Lea Hartl Les Prévisions Météo Pour Les Freerideurs

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Tamok Un Secret Norvégien du Freeride

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La Whitecarpet Crew Un Bonjour d’Engleberg

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Interview: Greg Hill Plus De Montées Egale Plus De Déscentes

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Blank Canvas Apprécier L’inattendu

Downdays Magazine Novembre 2016

Sur La Couverture

Contenu

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■ / ● = Features


4frnt

Watles, South Tyrol, Italy

2016 likes 4frnt “It wasn’t a goal, but I decided to go as high as I possibly could, record or not. In the end, to take that title home is definitely an experience of a lifetime” @mrdavidwise, shaper and owner, recalls another successful day on the WISE. : @lynk_nation #hereandnow #shapingskiing

See more David in 4FRNT’s new team film this fall:


Sur la couverture: Matilda Rapaport * 29.01.1986 in Stockholm † 18.07.2016 in Santiago de Chile Cette photo de Matilda est de notre trip à Haines mars dernier. On avait fait le même trip l’année d’avant avec Henrik Windstedt et elle, mais cette année le mari de Matilda, Mattias Hargin, était aussi avec nous. Elle était hyper contente d’avoir Mattias comme soutien et de pouvoir lui montrer un de ses spots préférés à skier, comme c’était la première fois que Mattias se trouvait en Alaska. J’ai rencontré Maltida quand elle a déménagé à Engelberg en 2009 pour être la manageur du Ski Lodge Engelberg. Je ne connaissais pas grand chose sur elle, ni sur son ski. Ce que j’ai rapidement remarqué c’est à quel point elle était sympa et accueillante avec tout le monde, ami ou étranger. Après quelques années à l’hotel, elle a démissionné pour s’investir dans sa carrière de skieuse; c’est à ce moment-là qu’on a vraiment commencé à travailler ensemble. Les deux ou trois dernières années, j’ai fait plus de voyages avec Matilda que n’importe qui d’autre. C’était tellement facile de travailler et voyager avec elle; c’est comme si je voyageais avec un très bon pote. Elle était toujours motivée en montagne et ne se plaignait jamais. Cette ligne était le jour avant qu’elle ne parte pour participer aux finales du Freeride World Tour à Verbier. Il faisait beau ce jour là: notre « Plan A » n’était plus faisable à cause des nuages qui s’étaient avancés et des autres crews qui étaient à la recherche des mêmes faces que nous. Comme d’habitude, Matilda était sereine et concentrée et elle a bien déchiré cette ligne. Malheureusement, on ne reviendra plus à Haines ensemble. Elle a inspiré tellement de gens avec son attitude et son optimisme; c’est dur de trouver quelqu’un de plus généreux ou attentionné. Ce qui me manquera le plus c’est pas quand on était en montagne pour faire des shootings, mais c’est son amitié. Matilda, tu vas me manquer mais rappelle toi toujours de toutes les descentes en poudreuse qu’on a partagées avec nos potes à Engelberg, les diners spontanés après une superbe journée en montagne, le meilleur jour de ta vie quand t’as épousé Mattias, et ton sourire incroyable. Mes pensées sont avec Mattias et ta famille. Oskar Enander

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Photo de couverture: Oskar Enander

Lieu: Haines/AK, USA

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Portrait photo: Oskar Enander


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Les Contributeurs Gianmarco Allegrini

Fabian Lentsch

L’homme derrière l’objectif parmi le Whitecarpet crew c’est Gianmarco Allegrini, un skieur qui produit des photos totalement uniques. Mélangeant un style journalistique qui capture des moments authentiques avec une approche créative sur les textures et la lumière, Gianmarco est un jeune photographe avec énormément de potentiel. Membre de la communauté de freeride à Engelberg, il documente les bouffonneries- sur piste ou pas – du Whitecarpet crew.

Victoria Beattie

Le cerveau derrière le roadtrip des Snowmads c’est Fabian Lentsch, un aventurier moderne jusqu’à l’os. Par contre, si tu croises par hasard ce jeune homme à la voix douce dans la rue, tu ne devineras jamais que Fabi est un alpiniste accompli, un photographe talentueux ou bien encore un skieur de freeride intrépide qui visite l’Iran plus souvent que la plupart des gens ne rendent visite à leur grand-mère. Toujours avec une nouvelle aventure en tête, vous pouvez lire sa dernière aventure dans le reportage des Snowmads.

Robert Maruna

Skieuse passionnée depuis quasiment sa naissance, Victoria fut l’une des meilleures skieuses de freeride de son époque et pourrait bien donner du fil à retordre à la plupart des filles de cette génération. Si jamais vous avez l’occasion de rencontrer Tori en montagne, vous venez juste de croiser la personne la plus cool en station et elle sera surement en train de rider son monoski. Une bonne amie à Jossi Wells depuis leur petite enfance, son entretien avec Jossi donne une perspective judicieuse du monde de ce maître du style.

Talentueux, que cela soit avec des skis aux pieds ou avec ses doigts sur un piano, Robert Maruna est un « ski bum » académique qui vient de terminer sa thèse de Master en Loi Environnementale sur l’expansion des stations de ski en Autriche. Mais le gitan autoproclamé n’est pas un snob intellectuel non plusil a du en soudoyer quelques-uns pour sortir de prisons louches en Amérique Centrale et passe la plupart de ses journées à se lâcher en ski dans la région de Dachstein.

« L’ordinateur ne peut pas te raconter une histoire émotionnelle. Ça peut te donner le design mathématique exact, mais il manquera les sourcils. » Frank Zappa

Mentions légales Éditeur Distillery Concept & Creation GmbH Innsbruck, Autriche

Publicité, Marketing & Distribution Simon Kegler | simon@distillery.cc Jannick Budde | jannick@distillery.cc

Rédacteur en Chef Mark von Roy | mark@distillery.cc

Maison d’Impression F&W Druck- und Mediencenter | www.fw-medien.de

Rédacteur Ethan Stone | ethan@distillery.cc

Photographes pour cette édition Nic Alegre, Gianmarco Allegrini, Alessandro Belluscio, Jeremy Bernard, Carlos Blanchard, Jonas Blum, Rachel Bock, Vegard Breie, Adam Clark, Oskar Enander, Victor Engström, Raphael Erhart, Guy Fattal, Ruedi Flück, Mattias Fredriksson, Chris Holter, Elias Holzknecht, Reuben Krabbe, Pally Learmond, Fabian Lentsch, Bruno Long, David Malacrida, Leander Nardin, Klaus Polzer, Lorenzo Rieg, Felix Rioux, Stephan Sutton, Shay Williams, Fabrice Wittner

Éditeur Photo & Directeur de Production Klaus Polzer | klaus@distillery.cc Art Direction & Design W—THM Büro für Gestaltung | www.wthm.net Layout Floyd E. Schulze | hello@wthm.net Klaus Polzer Image Processing & Desktop Publishing Klaus Polzer Traduction française & Correction Justine Mulliez | justine@distillery.cc

Auteurs pour cette édition Markus Ascher, Victoria Beattie, Oskar Enander, Kristin Imingen Hansen, Basti Huber, Ole Kliem, Pally Learmond, Fabian Lentsch, David Malacrida, Robert Maruna, Jochen Mesle, Klaus Polzer, Felix Rioux, Roman Rohrmoser, Ethan Stone, Tobi Tritscher, Dane Tudor, Mark von Roy, Neil Williman

Maison d’Édition & Adresse éditoriale Distillery Concept & Creation GmbH Leopoldstrasse 9 6020 Innsbruck Autriche Tel.: +43 (0)512-307 811 Fax: +43 (0)512-307 812 info@distillery.cc www.distillery.cc Si vous voulez le Magazine Downdays dans votre shop, chalet ou bar, envoyez-nous s’il vous plaît un e-mail! Downdays Magazine est publié en Français, Anglais et Allemand. Downdays est aussi un site web: www.downdays.eu Downdays Social Media: www.facebook.com/downdays www.instagram.com/downdays_eu www.downdays-eu.tumblr.com

Le magazine et toutes ses contributions sont sujets au copyright. La duplication, publication ou toute autre reproduction, en intégralité ou en partie, sont autorisées uniquement avec le consentement préalable écrit de l’Éditeur. L’Éditeur et l’équipe éditoriale n’acceptent aucune responsabilité pour les textes ou image soumis à évalution.

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Josiah James Wells: Un Style Design Interview: Victoria Beattie

Portrait: Klaus Polzer

Jossi Wells a non-seulement dominé le ski mais l’a influencé - se forgeant une marque personnelle tellement unique et identifiable que les services marketing du monde entier convulseraient en extase de satisfaction s’ils avaient su créer quelque chose d’aussi avant-gardiste dans un package aussi beau et éloquent qui déchire. L’évolution stylistique de Jossi est fascinante et par moment, très marrante. Si on passe par les t-shirts XXL de gangster pendant les années mi-2000 ou par son épisode très Sons of Anarchy, le tout pour devenir le fashionista raffiné qu’il est devenu aujourd’hui. Il était comme une éponge à cette époque là, un caméléon. Il étudiait ses héros et copiait les éléments de leur style qu’il préférait. Il a tout essayé : le steeze gorille de Tanner hall, les cork 3 de Simon Dumont, les double nose grab de Colby West, le bowand-arrow de TJ Schiller. On commençait même à dire en blaguant qu’il ne fallait pas faire un nouveau tricks devant lui sinon il te copierait immédiatement et le réussirait encore mieux. Ce n’est pas qu’il piquait le style des autres - c’était un hommage par imitation. Le gars vivait et respirait le freeski. Maintenant c’est devenu un homme, plein de surprises et de contrastes. Il ride sa moto customisée à travers le désert de l’Ouest des U.S en rappant du Weezy avec son violon sur son Harley, tout juste avant de se changer pour aller skier. C’est Jossi pur et simple. Son ascension fulgurante était-elle prédéterminée? Est-ce que tout ceci était prévu? 19


ont influencé ton ski à l’époque et aujourd’hui? À l’époque, mes skieurs préférés étaient Tanner Hall, Simon Dumont, TJ Schiller et Jon Olsson. J’adorais le style de Tanner et sa capacité de rider n’importe quoi, la volonté et la détermination de Simon, le style de TJ et sa façon de grabber (à ce jour, TJ a mes grabs préférés). La perfection de Jon était incroyable. J’essaye de prendre l’influence de chacun et de faire en sorte que mon ski soit un mélange de ce que je préfère avec le style de chacun. La crew de Nouvelle Zélande m’a aussi énormément influencé. Les gars avec qui je skiais m’ont beaucoup inspiré: Tom Dunbar, Brad Prosser, Hamish Acland, Marty Jillings, Jake McCleary. Chacun d’entre eux était génial et ils avaient tous leurs domaines où ils déchiraient. C’était une crew tellement mortelle avec des mecs qui étaient comme des grands frères pour moi. Ils me montraient toujours le chemin et les nouveaux tricks à faire. Aujourd’hui, je suis influencé par un tas de monde. Le ski de Henrik [Harlaut] et Phil [Casabon] est tellement incroyable, je suis leur plus grand fan. Max Hill a énormément influencé mon style. Je regarde aussi beaucoup de snowboarders pour m’inspirer. J’ai fait quelques trips avec Chris Benchetler cette saison et il a vraiment influencé ma passion grandissante pour le backcountry.

Est-ce que cela a toujours été le ski? Est-ce que cette vie t’a choisi ou l’as-tu choisi? Je ne crois pas qu’on le choisisse. Je ne me souviens pas d’un moment spécifique ou j’ai décidé d’être skieur. J’ai juste skié. Ce n’était pas un choix conscient. C’était intrinsèque, comme si c’était ce que j’étais censé faire. Skier tous les jours me semblait naturel. Quand est-ce que tu t’es rendu compte que t’avais réussi? Que tu étais devenu pro? Quand j’ai pu arrêter de jouer mon violon en dehors de New World (une chaine de supermarchés Néo-Zélandais)? Haha. Etre un « skieur pro » n’a jamais été un but pour moi. Donc c’est dur de distinguer un moment spécifique. Je skiais parce que c’était génial un jour et le jour d’après j’étais sur le

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podium des X Games. Tout s’est fait très vite. Par contre, quand j’ai gagné ma première médaille aux X Games, ce fut un moment essentiel. Comment les années à Wanaka ont-elles influencé ton futur? J’y ai déjà pensé plusieurs fois. Si je repense à mon enfance, chaque activité, chaque sport m’a préparé à la carrière que j’ai eue. La natation m’a appris la discipline, le tâtonnement du skateboard m’a appris l’apprentissage. J’ai développé mon mental quand il a fallu briser le mur pendant les triathlons. Et l’importance du travail en équipe c’est au foot que je l’ai acquis… on dirait que tout cela a développé les compétences qu’il me fallait pour cette carrière. Tu es passé par de nombreux styles depuis des années. Quels sont ceux qui

Un Jossi stylé lors du shooting Blank Canvas.

Lieu: Saalbach, Autriche

Est-ce que c’est dur d’être unique en ce moment? On est en 2016. Quasiment chaque style a déjà été fait d’une façon ou d’une autre. Je pense que le plus important c’est de faire quelque chose qui te plait et de ne pas essayer de le faire différemment. Ca doit rester authentique. Ce qui est cool dans le ski pour moi, c’est que tout le monde skie différemment. Il y a de la place pour tout le monde. Que tu sois compétiteur en pipe ou en slopestyle, que tu rides le park, ou urbain ou dans le backcountry - si tu skies comme t’aimes skier et que tu fais ce qu’il te plait, c’est ca qui est unique. Mettre son propre tampon sur ses tricks c’est ce qui rend ce jeu tellement cool. Rien qu’en apercevant la silhouette d’un skieur, je peux reconnaitre immédiatement qui c’est. J’adore ca. Ton ski est tellement raffiné maintenant. Est-ce un processus naturel ou tu penses sérieusement à ta façon de bouger sur tes skis? C’est un mélange des deux. Je suis hyper conscient de chaque centimètre de mon corps et de comment il bouge quand je skie. Ce n’est pas quelque chose

Photo: Klaus Polzer


à laquelle je pense; “Mon bras devrait être en position ici.” C’est tout dans le feeling. Si je me sens bien, il y a de grande chance que ce soit beau à regarder. Et si je ne me sens pas bien, c'est surement l'inverse. J’essaye de faire en sorte que je me sente bien en skiant et j’espère que c’est aussi beau à regarder. Qu’est ce qui t’inspire en dehors du ski? Le snowboard, le skateboard, la photo, la musique, l’architecture, tout ce qui est beau et qui plait à l’œil. Je suis tellement fan de la simplicité de style que cela soit pour un espace de vie, pour une photo, pour des vêtements ou pour un tricks en ski. J’aime faire mon possible pour que tout soit lisse et agréable à regarder. Que penses-tu de ton futur en tant que skieur? Les qualifications pour les JO commenceront la saison prochaine donc ca va être une saison chargée avec l’élan des Jeux. Je compte participer tant que je me sens confiant et que mon corps me le permet. Avant, je pensais que [ma carrière de compétiteur] serait terminée à mes 25 ans, mais après cette saison, je suis plus en forme et plus confiant que jamais. J’adore la compétition, donc je vais essayer de faire ça le plus longtemps possible. Cette saison, mes genoux ont finalement pu gérer quelques sessions dans le backcountry ou j’ai rejoint Chris

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Survolant son chez-soi.

Benchetler. Il m’a vraiment ouvert les yeux et je me suis vraiment rendu compte à quel point c’est génial. Je trouve que cette année, c’est le début d’un nouveau chapitre, donc je vais surfer sur cette vague et tout donner avant qu’il soit temps de passer à autre chose. Vas-tu passer plus de temps à filmer dans le backcountry dans les prochaines années? Oui, absolument. J’ai décidé de passer la plupart des hivers en NZ à filmer dans le backcountry. Je compte faire quelques sessions dans le backcountry lors de l’hiver prochain dans l’hémisphère nord quand j’ai le temps entre les contestes. C’est vraiment difficile d’équilibrer le temps passé à filmer en BC et le temps dans le park pour rester compétitif. Ca va être mon prochain challenge et j’ai hâte. Tu as un autre projet super intéressant en ce moment. Sans donner trop d’informations, parle nous de « Welcome To The Thrill » et comment ca s’est fait? GFC, une société de production d’Auckland et le directeur Toa Fraser m’ont approché et m’ont expliqué que Universal Studios leurs avaient demandé de créer un documentaire sur les sports d’actions et l’état du «flow». Ils ne m’ont pas dit grand chose mais c’était une belle opportunité donc j’ai rejoint le programme. Après les expériences que

Lieu: Cardrona, Nouvelle-Zélande

Photo: Shay Williams

j’ai vécues pour ce film, je comprends tout à fait pourquoi ils ne m’avaient pas expliqué grand chose. Cette expérience a vraiment été un temps fort. J’ai fait de la moto dans les Hollywood hills, j’ai passé une semaine à Hawaii avec Laird Hamilton, une autre semaine à Chamonix avec un groupe qui s’appelle Les Flying Frenchies, et une dernière avec Wim Hof the Iceman. On peut s’attendre à quoi avec ce film? Vous allez me voir à 100% en dehors de ma zone de confort, que ca soit en faisant du SUP avec Laird dans Hanalei Bay, en train de faire du high-line des centaines de mètres au dessus de la terre à Chamonix, sauter 200m avec une corde et six secondes de chute libre à Grenoble, ou nager dans un lagoon de -1ºC avec Wim. On n’a pas encore fini de filmer donc je suis sûr qu’ils leur restent encore quelques tours dans leur manche. C’est une expérience de dingue. Je me suis retrouvé tellement loin de ma zone de confort que je me suis demandé pourquoi je m’étais inscrit à tout ca. Et grâce à ca, j’ai appris plein de choses sur moi-même. J’ai rencontré plein de monde et je me suis fait de nouveaux amis. Le directeur Toa Fraser est un mec super et j’ai adoré apprendre à le connaitre. C’est grâce à lui que je me suis autant dépassé dans ce film. Je veux l’aider à faire un film incroyable.


Ta famille joue un rôle important dans qui tu es et comment tu en es arrivé ici. Personnellement, j’adore regarder la dynamique que vous avez en tant que la Team Wells. A quel point est-ce unique de voyager avec ton père comme coach et tes frères en tant que coéquipiers? C’est génial. Mes frères sont mes meilleurs amis. Pouvoir partager ce mode de vie avec eux, c’est un rêve. On s’amuse tellement ensemble. Il y a rien de mieux que de s’apprêter à se lancer aux X Games et d’avoir tes potes là qui te motivent un max, et vice versa. Mes parents sont les meilleurs que j’aurais pu avoir. Ils ont tellement sacrifié pour nous afin qu’on puisse skier et j’espère qu’un jour je pourrai être un aussi bon père que Bruce l’a été pour moi. Après tant d’années dans l’industrie du ski, quel est le meilleur conseil que tu puisses donner aux plus jeunes ? Que c’est le ski le plus important. C’est facile de se perdre dans la compétition et les résultats annexes du succès. Si tu te concentres sur l’acquisition des sous-produits du ski, ca va être super difficile de trouver ta place. Concentretoi sur le ski, fait le boulot et ca marchera. C’est super important de rester en forme aussi. Tu dois skier intelligemment. Pousse quand il faut pousser et sois intelligent dans tes choix quand les conditions ne sont pas idéales. Il y a toujours un autre jour, une autre compétition.

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Tes parents ont eu quelle influence dans ta vie de ski? A quel moment as-tu eu l’impression de prendre les rênes et de gérer ta propre carrière? Honnêtement, ils m’ont laissé gérer ma carrière depuis le tout début. Chaque décision était la mienne. J’adore le fait qu’ils m’aient donné tellement de responsabilités à un très jeune âge. J’ai beaucoup de respect pour eux et j’accorde beaucoup d’importance à leurs opinions. Même maintenant, je leur parle de mes décisions pour connaitre leurs avis. Tu as maintenant une belle femme à tes cotés. As-tu trouvé plus de stabilité en tant qu’homme marié? Oui. Hannah est incroyable. C’est un soutien important pour moi. Avoir quelqu’un avec qui partager cette vie extraordinaire, c’est un de mes rêves depuis tout petit. Je trouve qu’en tant qu’homme, je grandis tous les jours. Apprendre à être un mari est une expérience cool et ça ne fait que deux ans. Maintenant il nous reste une longue route passionnante devant nous. J’adore; je me sens très adulte. Comment le mariage a-t-il changé ta vie du ski et des voyages? Pour l’instant, c’est ça le plus dur pour notre mariage. Je voyage tellement que trouver l’équilibre pour passer du temps avec Hannah, c’est une nouvelle expérience. Je ne skie plus autant

Jossi Wells toujours au calme dans un monde changeant.

Lieu: Saalbach, Autriche

qu’avant, quand j’étais célibataire. Mais Hannah me soutient tellement et me donne tellement de motivation pour bien skier et pour bien profiter qu’au final je skie mieux maintenant. J’ai aussi la possibilité de voyager partout dans le monde avec la femme que j’aime. J’adore ça. Une dernière question: dans tes rêves les plus fous en tant que garçon aux cheveux blancs de la Nouvelle Zélande, avais-tu imaginé que ceci serait la vie que tu allais te créer? Jamais, en un million d’années. Ça me choque tous les jours. Cette vie est extraordinaire et j’essaye juste de profiter de chaque opportunité qui arrive sur ma route et de profiter pleinement de la vie.

Né: le 18 Mai 1990 à Dunedin, Nouvelle-Zélande Station: Cardrona, Nouvelle-Zélande Résultats: 1er Slopestyle, Aspen X Games 2016 1er Slopestyle, World Cup Gstaad 2014 2eme Slopestyle, Tignes X Games 2013 3eme Big Air, Aspen X Games 2012 2eme Superpipe, Aspen X Games 2010 AFP Overall World Tour Champion 2010 2eme Slopestyle, Aspen X Games 2008 Sponsors: Atomic, Monster Energy, Dragon, Air NZ, Mons Royale Photo: Klaus Polzer



GALLER Y NR.7 01/ 2016 Skieur: Dane Tudor

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Photo: Adam Clark

Lieu: Tordrillo Mountains/AK, USA


Skieur: Henrik Windstedt

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Photo: Oskar Enander

Lieu: Stellar Heliskiing/BC, Canada


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Double page précédente Skieur: Christian Strömberg

Skieur: Joona Kangas

Photo: Stephan Sutton

Photo: Guy Fattal

Lieu: Helsinki, Finlande

Lieu: B&E Invitational/Les Arcs, France

Page opposée Skieur: Markus Eder

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Photo: Alessandro Belluscio

Lieu: Les Arcs, France


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Skieur: Dave Gheriani

Photo: Reuben Krabbe

Lieu: Mt. Washington/BC, Canada

Page opposĂŠe Skieur: Tatum Monod

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Photo: Felix Rioux

Lieu: Niseko, Japon


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Double page précédente Skieur: Nick McNutt

Skieur: Sam Favret

Photo: Nic Alegre

Lieu: Neacola Range/AK, USA

Photo: Jeremy Bernard

Lieu: Chamonix, France

Page opposée Skieur: Mark von Roy

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Photo: Klaus Polzer

Lieu: Saalbach, Autriche


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Des vestes pour rester au sec, des sous-couches pour rester confortable, et un casque et un sac ABS pour rester en vie !

O’Neill - Jeremy Jones 3L Jacket

Norrøna - tamok Gore-Tex Jacket LTD

Marmot – Wm’s Mikaela Jacket

↦ Veste O’Neill Hyperdry 3-couches (20k/20k) ↦ Coutures incurvées ergonomiques pour la flexibilité ↦ Coutures intégralement galonnées, aérations sous bras, jupe pare-neige ↦ Rabat tempête, poche pour masque

↦ Veste 3-couches Gore-Tex, coupe longue ↦ Poches chauffe-main, zip frontal avec rabat, manchons poignet ↦ Ventilation sous-bras, jupe pare-neige avec système de pression snap seal ↦ Capuche protectrice, compatible avec casque

↦ Veste 3-couches Gore-Tex hyper technique ↦ Jupe pare-neige amovible ↦ Aérations dessous bras, compatible avec casque, Recco Reflector ↦ Coutures intégralement galonnées, fermetures éclaires étanches

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Marmot – Wm’s Cheeky Pant

↦ Pantalon O’Neill Hyperdry 3-couches (20k/20k) ↦ Coutures intégralement galonnées ↦ Aération aux jambes, soufflets pare-neige ↦ Connexion sur la veste, taille réglable

↦ Pantalon Gore-Tex, coupe normale ↦ Aérations aux cuisses, doublure renforcée sur le bas des jambes ↦ Taille ajustable, guêtres pare-neige ↦ Tissu Cordera autour de la cheville

↦ Pantalong 3-couches Gore-Tex ↦ Short amovible, coutures intégralement galonnées, aérations des cuisses ↦ Recco Avalanche Rescue Reflector ↦ Guêtres internes, armure Cordura

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Sweet – Igniter Field Productions ↦ Casque polyvalent All-Mountain ↦ Moulé par injection, intègre la technologie ABS Thermoplastic Shell (500g) ↦ Rajout d’une technologie supplémentaire pour une protection ultime contre impacts ↦ Fitpads ajustables, ajustement facile selon la température

Mammut – Ride Protection Airbag 30 ↦ Protection contre traumas, airbag Tête en Haut ↦ Dos thermoformé pour un confort accru ↦ Compatible avec système d’hydration, poche dans la ceinture abdominale ↦ Fixation en diagonale pour skis, porte-casque intégré ↦ Utilisable sans airbag, airbag vendu séparément

Mons Royale – Men’s Temple Tech LS Zip Hood

Mons Royale – Wm’s Bella Coola Tech LS Zip Hood

↦ Fait de laine Merino technique très performante ↦ Panneaux en maille contourés, coutures plates pour une belle coupe ↦ Capuche pour une protection supplémentaire sous le casque ↦ Les manches raglan maximisent la mobilité ↦ Passants pour les pouces

↦ Fait de laine Merino technique très performante ↦ Panneaux en maille contourés, coutures plates pour une coupe proche ↦ Les manches raglans, passants pour les pouces ↦ Fermeture frontale pour aération ou isolation ↦ Capuche pour une protection supplémentaire sous le casque

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La Série Völkl BMT Décomposée Photos: Klaus Polzer

La freerando est la tendance avec de nombreuses marques qui suivent le mouvement. Le Völkl BMT ( court pour le « Big Mountain Touring » ) est un des premiers outils utilisés par les freerideurs pour déchirer en backcountry. Regardons ce qui rend ce ski impressionnant tellement léger et stable. ↦ Le Full Carbon Jacket : une combinaison de couches en carbone unidirectionnelles et multiaxiales pour reduire le poids et augmenter la stabilité et performance.

↦ Carres

en acier résistantes à l’usure avec une solidité accrue et des propriétés élastiques augmentées.

↦ Centre

Sidewall pour une transmission directe et idéale. ↦ Pas de sidewall aux spatules pour réduire le poids et centraliser le poids d’oscillation.

↦ Inspiré

de la course, la base est en polyéthylène fritté ultra dense. ↦ Couche inférieure consiste d’un carbone multiaxial pour complémenter le Full Carbon Jacket.

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↦ Noyau

multi-layer Woodcore Light en hêtre et peuplier ultra léger. ↦ Construction en 3D pour réduire le poids et augmente l’agilité grâce à la centralisation du poids d’oscillation.


TROOPER MIPS Optimal protection performance Utilizing our “Thermoplastic Laminated Carbon Fiber” (TLC), 2-piece shell construction and our unique “Impact Shields” technology this helmets absorbs energy and protects the user in the most efficient way. The Trooper comes equipped with MIPS, a technology that further reduces rotational forces.

www.sweetprotection.com


Unrailistic Texte: Ethan Stone

Photos: Vegard Breie

On dit souvent que la ligne entre le génie et la folie est fine, et pour un spectateur occasionnel, Jesper Tjäder sait skier sur cette ligne. Ses nombreux exploits que la plupart des gens, y compris ses pairs, trouvent complètement absurdes, font simplement partie d’une progression normale dans le cerveau de ce skieur Suédois, unique en son genre. Déjà à l’aise avec les tricks les plus durs de la planète, Jesper s’est dépassé à nouveau avec son projet Unrailistic décembre dernier. Après avoir regardé seulement 10 secondes de Unrailistic, jusqu’au moment où Jesper fait son backflip d’une balançoire et atterrit sur une box en descente, il devient évident que ça ne va pas être une vidéo classique. Le plan suivant, il fait un double back en sortie de rail. Après, c’est un double cork 1170 off, donc quasiment un double 1260 mute to rail, parce que… pourquoi pas ? Et tout ça, avant même la fin de la première minute. Dans les fils médiatiques sursaturés, il est facile de passer à côté d’une vidéo de ski. Ce n’était pas le cas pour Unrailistic.

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Loin d’être « une autre vidéo », ces trois minutes de pur porno de ski représentaient une nouvelle avancée dans la progression, un autre cran de ceinture pour l’un des jeunes talents les moins conventionnels. Malgré sa taille, Jesper Tjader projette une longue ombre dans le monde du freeski. Depuis quelques années, le jeune de 22 ans de Östersund a gagné sa réputation et fait parti de la master class en Slopestyle et Big-Air avec une tendance de faire des tricks peu conventionnels qui plaisent au public. Ceci inclut la


démonstration occasionnelle de ses capacité de cascadeur qui sont en équilibre délicat avec la folie, comme l’incroyable double back flip de 55 mètres par dessus l’énorme gap du Half-Pipe, lors des Nine Knights en 2014. Moins connu que ses résultats de contests et événements, les projets filmés de Jesper n’en sont pas moins impressionnants, ce qui incluent plusieurs édits d’urbain avec la boite de production Norvégienne, Field Productions, un poids-lourd dans l’industrie. « Pour Jesper, il est toujours question de pousser les limites du possible » remarque Filip Christensen pour Field Productions. « Il veut faire ce que personne n’a déjà fait. » Jesper est bien connu dans le circuit international de contests, où ses folies sont souvent le sujet de débats intenses entre les juges et le public. Et c’est en partie à cause de ses expériences lors des compétitions Slopestyle que le jeune Suédois a décidé de lancer son propre projet de jib. « Ca fait longtemps que j’attend que quelqu’un soit plus créatif sur les rails » nous explique Jesper. « Ça semblait être

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une progression naturelle pour ce sport mais personne ne l’a fait. J’en avais marre d’attendre donc j’ai décidé de faire quelque chose moi-même. » Motivée par ce qu’il considère être un manque de progrès dans le ski de Park, Jesper a pris les choses à deux mains, recrutant le shaper légendaire David Ny du groupe Scandinavian shaper et le cameraman de confiance de Field Productions pour réaliser son idée. Au cours du mois de Mai 2015, le crew est partie rejoindre les pentes de Tandadalen en Suède entre les jours de mauvais temps, pour construire puis rider un superpark privé, dessiné spécialement pour Jesper. Le résultat : Unrailistic. Un montage de presque trois minutes qui comprend des tricks de malades sur un tas de jibs différents. Presque chaque plan inclut un nouveau tricks, un nouveau module, ou les deux. Jesper s’inspire des autres pionniers du jib comme les Real Skifi et le Line Traveling Circus avec des jibs ou l’on dirait que c’est plus une course d’obstacles que du modules de snowpark – une

balançoire/trapèze, un trampoline, un rail en cercle, mais les vrais « bangers » sont les variations de flip-on et flip-off où Jesper peut rayer quasiment toutes les options sur la liste. Quoique ses tricks peuvent paraître comme du n’importe quoi, ça vaut la peine de mentionner que la façon dont il skie, dans Unrailistic et ailleurs, est un amalgame de talent incroyable, de précision, et de vision créative. En bref, Jesper ne se lance pas n’importe comment. Ce qui peut paraître comme étant des tricks et des exploits qu’une personne considère normalement comme des cascades bouleversantes, sont pour Jesper des démonstrations calculées de sa prouesse athlétique. Son réglage « Est-ce que ceci est possible ? » est simplement à quelques crans plus élevés que la majorité des gens. Quand tu portes le masque de Jesper et quand tu regardes toutes les possibilités dans le monde du ski de park, un double back sur une box te ne paraît pas comme un élément de « cap ou pas cap », mais plutôt comme quelque chose à mettre dans sa prochaine vidéo. « Il prévoit à fond et sait exactement ce qu’il est capable de faire » nous explique Christensen. « Il analyse en détail ce qu’il compte faire et reste tout aussi créatif dans son approche. On peut facilement le décrire comme étant un génie créatif. » Jesper espère que le projet Unrailistic inspirera la création de modules de jib plus créatifs, surtout dans les contests. « Skier les rails peut être super intéressant à regarder, et encore plus à rider ! » nous dit-il. « Avec des modules plus intéressants, les rails rajouteraient à la valeur du sport, pour les spectateurs, comme pour les athlètes. » Il va falloir attendre pour voir l’influence que Unrailistic aura sur le monde du freekski. Dans certain cercles importants, l’approche peu conventionnelle de Jesper est vu avec scepticisme : ses talents sont trop acrobatiques, ses tricks ressemblent trop à de la gymnastique pour la scène d’aujourd’hui concernée par le style. Son utilisation de boxes plutôt que rails dans Unrailistic était un point de tension pour certains puristes des rails (peut-être que Unboxilistic ne sonne pas aussi bien, remarque un commentateur en ligne). Que tu aimes ou que tu détestes le style de Jesper, sa présence est impossible à ignorer et son approche unique est une bouffée d’air frais dans une scène de contest ou la standardisation est une menace imminente pour la créativité. Avec Unrailistic, Jesper a placé la barre un peu plus haute pour la progression du jib dans les parks. C’est une barre quepeu de monde saura surpasser, à moins d’être Jesper Tjader peut-être.


Fabian Lentsch Le Moyen Orient vu par deux caméras argentiques

« Avec un appareil numérique, je ne me suis jamais forcé à apprendre grand chose sur la photographie parce que c’est assez facile de prendre de belles photos sans trop s’y connaître. Shooter avec un appareil argentique me paraissait comme étant une façon plus naturelle et originale de prendre des photos et j’avais vraiment envie d’essayer. J’ai acheté plein de bouquins et j’ai fait des recherches de malade. L’argentique, ca m’a vraiment poussé à apprendre l’art de la photo, et y’en a des choses à apprendre ! Les photos s’amélioraient d’une pellicule à l’autre. J’utilise principalement le Nikon F3 avec des 24, 50, et 100mm en objectifs fixes. La plupart des photos en couleurs sont prises avec le Kodak Ektar 100, parfois le Portra 400 et 160. Pour les photos en noir et blanc, je choisis toujours le Ilford HP5 Plus 400. J’utilise aussi un Minolta XD7 avec un objectif fixe de 50mm. Avoir deux appareils me permet de shooter en noir et blanc et en couleur en même temps, ce qui est super pratique. »

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Le poids de la routine

Et comment se débarrasser du poids superflu d’un style de vie urbain oppressif. Texte: Robert Maruna Ça ne fait pas très longtemps que je suis à nouveau encerclé dans mon bunker, mais même avant que je ne m’en aperçoive, la Routine est de retour. Elle est assise sur mes épaules, me pliant à sa volonté. Et elle a raison ! Je suis parti il y a longtemps et j’ai su m’en évader. Mais maintenant, ce n’est plus aussi facile de me débarrasser de cette meuf odieuse. À partir de maintenant, je vais marcher plié jusqu’à l’arrivée de l’été. Avant de m’enfuir une fois de plus, je la verrouillerai dans ma chambre- je suis sûr qu’elle ne fuguera pas. Ce n’est pas facile de décrire ce poids supplémentaire sur mon dos, qui me presse sur ma chaise. C’est comme si j’étais en train de rapetisser avec chaque mot, et ce n’est qu’une question de temps avant que les pieds en bois de ma chaise ne s’écroulent et me fassent chu-

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ter, ensemble avec la naine de jardin autour de mon coup, tombant à travers le plafond de la famille d’en dessous. Comment tu expliques ça ? « Ah, désolée! J’ai du prendre du poids cet hiver. Cela ne se reproduira plus… bonne soirée ! » Ca ne marchera pas. C’est fascinant comment les humains peuvent se concentrer quand ils savent exactement ce qu’ils veulent. C’est la même histoire tous les ans. Dès que les températures baissent en Europe central et que les rayons de soleil s’affaiblissent, beaucoup d’entre nous, ne trouvons presque plus le désir de quitter nos bunkers. Les rues sont vides et l’état d’esprit collectif chute autant que les températures. Mais il y en a qui rejette la tendance et qui prenne la route, qui endure d’innombrables heures de voiture accompagnées par des expressos misé-

rables de station essence, des bouchons à cause de la météo et des playlistes répétées sans cesse, pour trouver refuge dans des vallées isolées. Je vous épargne les détails car des pensées comme celles-ci ont déjà été suffisamment mastiquées, avalées et régurgitées. Je ne suis pas quelqu’un du matin. Celui qui pense que « l'oiseau qui se lève tôt capture le premier ver » soit prend des drogues ou a dépassé la trentaine, quand la plupart des gens commencent à souffrir de l’insomnia senile. Mais je dois avouer que de se lever tôt dans l’obscurité du matin afin de poursuivre le compte de fée enneigé, cela a payé plus d’une fois. Apparemment, l’hiver dernier n’était pas top: « il n’y avait pas de neige! » M’a dit quelqu’un qui, apparemment, a passé plus de temps à analyser les cartes météorologiques et les modèles de précipitations que de se lancer tout simplement. Mais pourquoi on le fait? Il y a deux raisons simples: parce que c’est génial et parce que la Routine de merde nous fout la paix en montagne. Elle n’a pas le droit de venir avec! Bien sûr, à dosage élevé, même le mouvement sur neige à deux planches peut devenir « Routine » mais ce n’est pas le même lest de surpoids qui nous transforme en tant que le Bossu du Bunker. Et donc c’est la fuite de la sombre Routine qui nous motive continuellement, qui transforme quelque chose qu’on adore en passion insatiable. La passion, c’est ce qui se présente le matin pour donner un énorme coup de pied circulaire à la Routine quand elle essaye de t’envahir pendant la nuit. Si tu as pu suivre jusqu’à maintenant, tu te demandes peut-être ou va ce texte. À la base, je voulais écrire un rapport sur notre trip avec une perspective différente; avec ceci, j’ai surement raté. Mais peut-être pas, parce que l’hiver en luimême représente un type de voyage. La distance et la divergence entre les montagnes et la ville nous donne la possibilité de sauter entre deux mondes, chacun avec leur propre rôle à jouer. On fait la navette entre deux, s’adaptant aux environnements dans lesquels nous nous trouvons. Et souvent, tout se passe différemment que ce qu’on avait prévu. C’est ça qui rend le voyage plus sympa que des vacances tout-comprises. Peu importe ce que vous faites, ça devrait toujours venir de votre plein gré et de votre désir original de faire quelque chose. Vous ne devriez jamais oublier ce morceau de liberté parce que son apesanteur est immune à la Routine.



Alex Hall Né en Alaska, un Suisse-Américain avec un passeport Italian, le champion du Andorra SLVSH Cup se sent chez lui sur deux continents. Interview: Ole Kliem

Le plus gros changement depuis ton arrivée aux US ? A Park City, le freeski est super important tandis qu’à Zurich, les gens s’y intéressent vraiment pas. Ton programme pour l’hiver ? Je suis en sport études ce qui me permet de skier tout l’hiver et de faire mes études pendant l’été. Je voyage beaucoup l’hiver donc avec mon coach on s’organise en avance pour que je puisse me concentrer sur le ski. Ton installation fait maison ? Comme je passe une grosse partie de mon hiver en Europe, j’utilise fréquemment le park que j’ai construit dans mon jardin. J’espère qu’il y sera toujours dans 20 ans! A Park City, j’habite

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Photo: Rachel Bock

dans un petit appartement en coloc avec des potes donc y’a pas la place. Par contre, j’ai tenté de construire un drop-in pour l’été dans les bois mais un garde forestier l’a démonté deux minutes plus tard. Le secret pour dominer les rails ? Tu crois vraiment que je vais te filer tous mes secrets? Tes buts ? Faction à l’intention de sortir un film l’année prochaine - je rêve de pouvoir y participer! Ca inclut même des voyages au Japon ou faire de l’urbain à Helsinki. Le meilleur endroit pour skier ? Ca dépend. Pour l’urbain, c’est aux US. Mais pour de la puff, c’est en

Lieu: Timberline Lodge, Mt Hood/OR, USA

Europe. Aux US, tout se fait tracé trop vite en ce moment.

Age: 17 Ville d’origine: Zürich, Suisse / Park City, USA Station: Laax, Suisse / Park City, USA Passions: La pèche, le trampoline, le camping, le bricolage Sponsors: Faction Skis, Monster Energy, Shred Optics, Slytech Protection, Panda Poles Résultats: 1er SLVSH Cup 2016, Andorra 2eme Slopestyle, Youth Olympic Games 2016, Oslo 1er Absolut Park Spring Battle 2016 1er North American Cup Calgary 2016


Kristoffer Turdell La meilleure façon de démarrer sa saison sur le Freeride World Tour ? Remporter la première étape ! Interview: Ole Kliem

Ton premier conteste Big Mountain ? Je n’avais pas skié depuis un petit moment quand je suis parti voir mes potes à Andermatt. On a skié pendant une semaine et après ils m’ont inscrit pour les Scandinavian Big Mountain Championships. Je me suis désinscrit et réinscrit plusieurs fois avant de finalement y participer en 2011. Les qualifications ? J’ai bien réussi aux SBMC et je voulais me tester avec le circuit Européen. Reine Barkered était un des premiers à m’encourager et m’a même recommandé aux organisateurs. Les tricks à apprendre ? Oui, je dois absolument apprendre le cork 3-6 de Fabio (Studer) qu’il nous a montré pendant l’étape de Chamonix du FWT.

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Photo: Victor Engström

Projets d’images ? Je suis un perfectionniste et j’adore faire des montages. Dans mon temps libre, je travaille sur quelques projets dans le Nord, donc vous allez me voir plus souvent. Buts en tant que skieur ? Forcement, je participe aux contestes avec le but de gagner en tête. Mais en général, pour moi, c’est d’inspirer les gens de mieux s’occuper de notre planète ! J’aimerais aussi skier en Amérique du Sud, donc j’y pense. Les meilleurs et les pires moments en montagne ? L’année dernière, je faisais beaucoup de rando dans un parc national en Suède. Les jours étaient tellement cours que le lever de soleil se transformait immédiatement en coucher de soleil…

Lieu: Andermatt, Suisse

c’était juste incroyable d’être là-bas en plein milieu de nul part ou le soleil touche l’horizon ! Le pire c’est quand les potes se blessent.

Age: 26 Ville d’origine: Gällivare, Suède Station: N’importe, tant que mes amis y sont Passions: La slack-line, le VVT, la lecture, la voile Sponsors: Peak Performance, Black Crows, Hestra, Poc, Alpingaraget, GoPro Résultats: 4eme Overall FWT 2016 1er FWT Vallnord-Arcalis-Andorra 2016 1er Overall FWQ 2015 Region Europe


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Andri Ragettli La première fois que j’ai entendu parler d’Andri Ragettli, on le décrivait comme étant « le Tanner Hall Suisse ». Ceci ne faisait pas référence à son attitude mais plutôt à son talent naturel d’un jeune prodige du freeski. Andri ne devait pas avoir plus de 12 ou 13 ans à ce moment-là mais il s’était déjà fait un nom pour lui-même. Aujourd’hui, il a à peine 18 ans et se trouve sur la voie rapide pour atteindre le but pour lequel il travaille depuis son enfance : devenir la prochaine star Suisse du freeski. Texte: Ethan Stone

Andri Ragettli a grandi à Flims, un petit village pittoresque en-dessous de Laax sur les hauteurs du canton montagneux Graubünden. Depuis le jardin d’Andri, on a une vue parfaite du Crap Sogn Gion, la base du park de Laax, mondialement reconnu. Pendant l’hiver, Andri et ses frères et sœurs peuvent regarder par la fenêtre pour connaître les conditions en montagne. « Je fais ca souvent, » nous dit-il. « Je regarde le matin pour voir ce que ça donne. » Ayant grandi à Flims, le ski faisait naturellement parti de la vie d’Andri. Il suivait ses frères et sœurs ainés sur les pistes au dessus de chez lui, et grâce à leur proximité des centres de freestyle de Laax, il s’est

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Portrait: Raphael Erhart

rapidement retrouvé dans un park, dès son plus jeune âge. Roman Candrian, un ami de la famille et à l’époque le représentant d’Armada Skis, a été très impressionné par le talent d’Andri sur deux planches. « C’est grâce à lui que j’ai découvert le ski freestyle, » se rappelle Andri. « Il m’a passé quelques paires de ski et m’a montré quelques vidéos. Ca m’a beaucoup influencé. Après ça, j’essayais de faire des sauts ou des grabs sur chaque bosse que je trouvais sur la piste. A ce moment là, c’était bien clair dans ma tête. » Candrian s’est arrangé pour qu’Andri puisse avoir quelques paires de skis, des tenues, et un masque ; une belle tentation

pour un enfant de huit ans. « Quand t’es gamin, recevoir quelques trucs gratos… t’es tellement emballé, » raconte Andri. « Je me suis laissé emporté et j’en voulais encore plus, je voulais mieux réussir. A dix ans, je savais déjà faire des switch 7-2 depuis un moment ». A ce moment là, on commençait à parler du gamin qui se lançait dans les parks à Laax. Andri était au bon endroit au bon moment: le ski slopestyle et le ski halfpipe devenaient des sports officiels aux JO, et l’équipe Suisse du Freeski débutait à peine. A l’âge de 14 ans, Andri faisait déjà parti de l’équipe, il débuta ses études dans une école d’athlètes des sports de glisse à Engleberg, et se mit à voyager avec les autres freeskieurs Suisses pour les entrainements et les compétitions. Trop jeune pour les Jeux Olympiques à Socchi, Andri regarda à la télé lorsque ses quatre coéquipiers devinrent olympiens et nota les JO de Pyeongchang en 2018 sur son calendrier. En 2015, il fit un premier gros résultat lors d’une compétition internationale, en étant 4ème en slopestyle au Dew Tour. « C’était hyper important pour moi, » nous dit-il. « C’était la première fois que je reussissait bien lors d’une compétition internationale. » Reconnu comme étant un future champion pour l’équipe Suisse, Andri commence maintenant à s’épanouir. Pendant ses premiers X Games en Janvier, il a fait sensation, car en tant que premier rider à se lancer pendant les finales en slopestyle, il a réussi des back-to-back triples corks consécutifs, une chose encore jamais vue en ski slopestyle. Mais un grab loupé lui a donné un score médiocre pour ce run, et il s’est retrouvé 6ème.


Comme un compétiteur ambitieux peu avoir tendance à le faire, Andri revit son hiver en termes de victoires et de défaites. « Au début, il y avait le SFR tour, où j’étais premier. Après, les X Games et le Dew Tour ne se sont pas passés comme j’aurais voulu. Après, à Boston, j’étais deuxième. C’était cool d’être sur le podium d’un contest aussi important. » Il a terminé la saison avec une victoire lors de la Coupe du Monde de Slopestyle à Corvatsch, ce qui l’a propulsé à la tête du classement FIS slopestyle pour la saison.

X Games, peut-être une apparition aux JOquoiqu’il nous rappelle que c’est dans quelques années avec de nombreux challenges entre deux. « Ca va être dur de se qualifier pour notre équipe. Si j’y arrive, on verra. Si je me qualifie, je veux un podium. Etape par étape. » Il lui reste aussi deux ans d’études à Engelberg, qu’il compte finir si jamais il décide d’aller à la Fac un jour. « Le plan c’est d’avoir des alternatives si jamais quelque chose ne m'arrive » explique Andri. « Quand j’ai fini avec les cours, je veux skier le plus longtemps possible et voir ce que je peux atteindre. »

Le titre « Champion du Monde » sonne bien; « tout le monde te prend plus au sérieux, » dit Andri. Mais sa liste de chose à faire est loin d’être accomplie. La plupart de ses collègues de l’équipe Suisse du Freeski ont des médailles des X Games à leur nom- son pote Fabian Bösch a chopé la médaille d’or en Big Air à Aspen l’année dernière. Donc c’est facile à comprendre pourquoi Andri est à la recherche de médailles en plus que celle de la Coupe de Monde. Quels sont les buts d’Andri pour le futur ? « Rester en forme, ça c’est le plus important, » nous dit-il. « Tant que je peux skier, je veux bien skier. » Pour Andri, « bien skier » veut dire atteindre des podiums

Andri n’est pas la seule menace en compétition dans la famille Ragettli. Son grand frère a gagné le titre du combiné Freeride Junior World Tour en 2012. Après avoir complété un apprentissage de forgeron, il se concentre maintenant sur les qualifications du Freeride World Tour, ou il a déjà accumulé des expériences ces trois dernières années. En prenant deux chemins différents dans le monde du ski, les frères peuvent se soutenir, au lieu de se rivaliser, comme les frères ont tendance à le faire. « C’est surement une bonne chose qu’on ne pratique pas le même sport, » dit Gian en blaguant. « C’était stressant avant. »

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Andri se sert des derniers rayons de soleil à Laax, son chez-soi.

Photo: Raphael Erhart

Né: le 21 Aout 1998 à Chur en Grisons, Suisse Station: Flims-Laax, Suisse Passions: Tennis, VTT, trampoline Resultats: 1er Overall FIS Slopestyle World Cup 2016 1er Slopestyle World Cup Corvatsch 2016 2ème Boston Big Air 2016 4ème Dew Tour Slopestyle 2015 Sponsors: Völkl, Dalbello, Marker, Protest, Giro, Laax


ANDRI R AGET TLI [ L A A X RIDER ]


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A la poursuite de l’hiver au Moyen-Orient

Snowmads

La saison passée, le freerideur Autrichien Fabian Lentsch, avec un ensemble éclectique de skieurs, photographes, et cadreurs, s’est lancé dans un road-trip de cinq mois pour faire l’aller-retour entre Innsbruck et le Moyen Orient. Dans leur van retapé, les Snowmads sont partis franchir des frontières- physiquement, culturellement, et personnellement. Voici quelques récits de la route. 53

Photo: Leander Nardin


Comment échapper à l’aquarium Maintenant qu’on voyage facilement en avion, et à bon marché, l’acte de voyager a perdu son mystère. C’est presque trop facile d’aller du point A au point B en avion. J’ai du mal à vivre à cette vitesse là- c’est comme si une partie de moi est toujours assis chez moi. Dans les aéroports, on passe d’une porte à l’autre mais on se croirait toujours au même endroit. On est protégé du monde extérieur, comme un poisson dans un aquarium. Je voulais m’échapper de tout ça et explorer le vaste océan des endroits jamais encore vu, loin des aéroports, et pour aller skier bien sûr. Un camion était l’outil parfait. En passant par la terre, on voit vraiment à quel point le monde est connecté. Alors que les kilomètres défilent, le changement graduel des paysages et des cultures démontre l’insignifiance de nos différences. Je crois vraiment que chaque personne bénéficierait d’un voyage comme ça. T’as pas besoin d’un camion et peu importe ou tu vas. Remplis ton vieux minibus VW, charge ton vélo, ou fait ton sac et commence ton aventure, une vraie aventure. Fabian Lentsch

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Les Snowmads etaient très bien acceuillis en Iran.

Photos: Ruedi Flück


Réaliser son rêve Le projet tout entier était un truc de dingue ! Imaginez un group de skieurs qui savent à peine comment retaper une bagnole, en train de construire l’ultime van d’expédition avec un vieux camion de pompier Mercedes. Certains nous ont dit que c’était une connerie mais Fabi a continué son chemin, avec l’aide de spécialistes, pour que son rêve devienne une réalité. Après quelques délais frustrants et des journées entières passées dans le moteur avec de la graisse jusqu’au cou, on a fini par avoir l’un des meilleurs vans jamais conçu.

Notre route d’Innsbruck allait nous faire passer à travers 11 pays, y compris dans des régions quasiment sauvages et avec des routes qu’on ne peut presque pas appeler des routes. Autrement dit, on n’avait pas de filet de protection, juste un van qu’on a fini de construire le jour de notre départ. Markus Ascher

Imaginez un group de skieurs qui savent à peine comment retaper une bagnole, en train de construire l’ultime van d’expédition avec un vieux camion de pompier Mercedes.

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C’était parfois difficile d’entretenir le camion (photos en haut: Pally Learmond), mais à l’intérieur, c’était du luxe (photos en bas: Leander Nardin).


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Fabi Lentsch profite de la poudreuse en Turquie.

Photo: Elias Holzknecht


Si les contes de fées existent, on en vivait un. Après tout le stresse et l’anticipation, j’ai appris que tout n’est pas ce qu’il semble être, ou ce que les nouvelles nous montrent à la télé. Surpasser les attentes J’étais nerveux en rejoignant Fabi en Turquie. Des potes m’avaient conseillé de ne pas y aller à cause du terrorisme dans cette région qu’on nous montre tous les jours à la télé. Quand j’ai atterri à Trabzon à 1hr du matin, la sécurité de l’aéroport a suffi pour me mettre sur les nerfs, même si ce n’était pas si différent de ce qu’on voit chez nous. Après avoir récupéré mes sacs, j’ai attendu Fabi et le crew dehors et j’avoue que je me sentais assez vulnérable. Finalement, un mec est venu vers moi avec un panneau en mains qui disait « Snowmads ». Il m’a emmené à un hôtel où il a fait mon enregistrement. Je comprenais rien. Le lendemain, Fabi m’a appelé pour m’expliquer qu’ils étaient à trois heures de route. Un trajet de trois heures est devenu un trajet de huit heures après la neige, les chaines, et le deux Turques qui ne savaient pas comment les mettre. Après plusieurs essais, on a bricolé une solution pour rejoindre le group dans le van.

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On a passé une semaine au pied d’une chaine de montagnes dramatiques qui montaient soudainement dans les nuages. Le ski était incroyable et une tempête s’est déroulée rapidement, faisant tomber une poudreuse somptueuse. Du van, on est parti en rando en passant par un petit village jusqu’aux montagnes là où on a trouvé la foret de nos rêves : des arbres espacés comme il faut sur un dénivelé parfait. C’étaient les meilleures sessions de ski de toute la saison. Si les contes de fées existent, on en vivait un. Après tout le stresse et l’anticipation, j’ai appris que tout n’est pas ce qu’il semble être, ou ce que les nouvelles nous montrent à la télé. Dane Tudor

L’amour en route Ce n’était pas exactement le road trip romantique que l’on peut imaginer. Pour commencer, on n’avait pas de bonnes conditions. J’ai choppé une

L’hiver au Moyen Orient peut être rude, comme ici sur la côte du nord de la Turquie.

gastro en Turquie ; j’ai failli me chier dessus en Géorgie âpres avoir essayé la cuisine locale ( ou est-ce que c’était l’alcool ? ) j’ai niqué mon cou à cause des milliers nid-de-poules d’un mètre de profondeur ; et en Arménie j’aurais peut-être fait un trou noir âpres une fête au schnaps ; qui sait ?! Mais on a aussi eu de la puff hallucinante en Iran, ce qui était trop cool, jusqu’au moment ou Tom Leitner se soit pété le genou. Il a fait un saut de 15m et a atterri pile sur un rocher, il a enchainé un tomahawk, puis s’est pris plusieurs rochers en descendant. Ca nous a ramené à terre, un rappel qu’on ne veut vraiment pas se blesser gravement en Iran. De là, on a décidé de prendre le prochain avion pour rentrer afin de s’assurer qu’il n'ait pas le syndrome du compartiment ou autre chose. Tout s’est bien terminé à part le fait que le genou de Tom était bien niqué. Mais après un crash comme ca, ca aurait pu être pire. Roman Rohrmoser

Photo: Jonas Blum


Les crêtes sablées Comme d’habitude, « La Team Inutile » était en retard. Il nous restait qu’une demi heure de lumière dans la Vallée des Etoiles sur l’Ile Queshm. Le soleil se couchait quand on a atteint le sommet poudreux. La seule option pour descendre était de skier une crête poudreuse mais douteuse. Fabi a perdu Pierre-Papier-Ciseaux et donc il était obligé d’y aller en premier. Je ne l’ai pas vu aussi nerveux depuis longtemps, mais comme d’habitude, il a trouvé un moyen pour y descendre sain et sauf. La première chose qu’il nous a sorti : « Faites gaffe, c’est super sketchy !» Exactement le type de motivation qu’il nous fallait. On a fait quelques « premières descentes » après le succès de cette expérience et pour clôturer une journée balaise, on s’est offert un barbecue sous les étoiles. Jochen Mesle

Je ne l’ai pas vu aussi nerveux depuis longtemps, mais comme d’hab, il a trouvé un moyen pour descendre.

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Dans le sud de l’Iran, les Snowmads ont échangé la neige pour le sable.

Photos: Ruedi Flück


Un bazar à Mestia Le voyage de Bakuriani jusqu’à Mestia nous a pris 10hrs mais on aurait dit 20hr ; on était sur les pires routes que je n’ai jamais vues. Au début, j’étais devant avec Fabi mais je suis parti à l’arrière pour dormir. Par contre, dans le lit, je me claquais ma tête contre le plafond toutes les 10 secondes à cause des bosses innombrables. On est arrivé à Mestia en plein milieu de la nuit. Le lendemain, j’ai regardé par la fenêtre et je me suis trouvé face à face avec un Georgien élégant, clope en bouche, qui fixé le van garé devant son café. Il était frustré parce qu’on bloqué la vue de son établissement. Mais quand on lui a expliqué ce qu’on faisait là, il s’est excité et il est rentré dans le van précipitamment avec une bouteille de rhum a 9hr du matin. C’était sa manière de nous accueillir ici. Il avait bien neigé et la route de la station n’était pas du tout damée ; c’était de la neige mouillée et les voitures devant nous étaient bloquées. Un vrai bordel. On a mis nos chaines qui pesaient à peu près 100 kilos pour un van de cette taille, mais on glissait sans même bouger ! A midi, on a finalement atteint la station pour aller rider. Tobi Tritscher

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Après une longue période de sécheresse, l’équipe a finalement profité d’une pure poudreuse en Georgie.

Photos: Pally Learmond


Les toasts s’enchaînaient les uns après les autres. On buvait des doubles pour toaster la Géorgie, la famille, notre rencontre, les femmes, et les morts. Un accueil liquide J’ai quelques expériences précédentes avec le « van life » mais j’avais complètement oublié une chose : comment picoler. Normalement ce n’est pas vraiment un problème mais on était en Géorgie et disons que les Géorgiens apprécient un verre ( ou dix ), surtout quand c’est avec de nouvelles connaissances fascinantes. Je savais que ma sobriété aller prendre une fin vicieuse. Ça n’a pas pris longtemps. A Bakuriani on a rencontré David, le propriétaire d’une maison d’hôtes. Avec un accueil typiquement Géorgien, il a insisté qu’on reste chez lui ce soir là et nous a expliqué qu’il inviterait des amis pour fêter ca. Je commençais à avoir mal au foie. Ce soir là, après que tout le monde soit arrivé, il fallait commencer le rituel pour trinquer, un élément clé de la culture Géorgienne. Avec David qui dirigeait les festivités, les toasts s’enchaînaient les uns après les autres. On buvait des doubles pour toaster la Géorgie, la famille, notre rencontre, les femmes, et

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les morts. Nos verres continuaient à se remplir, les autres invités commençaient à faire leurs toasts et ca devenait de plus en plus difficile à différencier les thèmes avec l’alcool qui coulait dans mes veines. A un moment ou un autre, mon ventre a fini par rejeter ses contenus. Lorsque je parlais à Dieu dans les toilettes, j’ai vu qu’il neigeait dehors. La longue sécheresse qui avait précédé notre arrivée en Caucase avait pris sa fin. Donc vraiment, deux sécheresses ont trouvés leurs fins ce soir là. Il a neigé sans cesse pour les trois prochaines semaines.

routes, et il faut savoir que la Géorgie, c’est bien à l’Est de l’Autriche. Fabi était en contact avec Flory, un guide Allemand de heli-ski, et Mad Matts, son pilot Suédois qui déchire. Flory nous a dit qu’il connaissait des spots avec de belles lignes pentues, mais après avoir passé des années de confusion concernant ce qu’il nous faut pour rider les lignes dans les filmes, on hésitait. Par contre, comme Flory était un ancien pro du freeride, il savait exactement de quoi il parlait et nous a emmené dans des spots qui m’ont collé au mur. Neil Williman

Pally Learmond

Les nids de poules qui mènent au paradis La route pour rejoindre l’hélicoptère était en tellement mauvais état que c’était presque comique et ni Fabi ni Jonas remarquaient les trous. Apparemment, le plus ils roulaient ver l’Est, le moins ils se préoccupaient de l’état des

Fabi Lentsch trouve une ligne incroyable dans les montagnes du Caucase en Géorgie.

Pour en voir plus des aventures des Snowmads dirigez vous vers : www.redbull.com/snowmads pour regarder leurs webisodes intelligemment éblouissants et restez branchés pour leur film.

Photo: Carlos Blanchard


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La vitesse et l’amplitude, c’est la récompense de Fabi pour une longue montée pentue.

Photo: Carlos Blanchard


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Queen of the Streets « On est aux urgences là, avec Erwan, je me suis ouvert le genou un petit peu ^^, mais pas grave ». Le terme « un petit peu » et les « ^^ », voilà coco, l’insouciance, le sourire toujours, la peur, jamais, le plaisir toujours. Jamais le type de personne à suivre le mouvement, Coline Ballet-Baz a passé l’hiver dernier à faire progresser l’urbain féminin, s’associant avec le photographe David Malacrida et le cadreur Erwan Pelliset pour réaliser ce projet. A la fois difficile et dangereux, seul les courageux skient des modules en ville, comme l’ont découvert Coline et son équipe. Mais ils ont aussi appris que quand la ténacité rapporte, les récompenses valent les épreuves. Texte & Photos: David Malacrida

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Une voiture rouge se déplace doucement sur la neige. Les Arcs en ont reçu assez en ce début de saison pour que la route garde les vestiges de la dernière chute de neige. De ce voyage, Coline Ballet Baz est la reine, Erwan Pelisset et moi même, les fidèles serviteurs et Agathe Janni, une demoiselle de compagnie. Le carrosse bien rempli s’arrête au bord de la route, nous sortons de 2 heures de discussion depuis Annecy pour découvrir les spots repérés par Erwan précédemment. Le premier un beau rail down et banc devant un centre de vacances, un peu dur pour une première de la saison. Le deuxième, un court, dangereux et hyper esthétique. Notre choix est fait et la session commence par la construction où la non-expérience de Coline se dévoile

venue en septembre dernier au High Five avec Raf (Regazzoni) et Monster. On a établi un planning, on a réuni les sponsors, Monster, Picture, et Völkl, et on a constitué le team ‹ réalistation › : Erwan Pelisset de EP Médias en tant que cadreur, David Malacrida en tant que photographe, et Mathieu Mazuel de 2M Média comme monteur. » Surement le premier projet urbain féminin, c’est un énorme pas dans la bonne direction pour le freeski, en tant que sport et industrie. Malgré tout, il reste du terrain à gagner. L’équipe de production et même les sponsors de ce projet étaient des homme, et c’est dommage. Alors Coline, pourquoi des hommes ? Je lui demande. Ça n’aurait pas été possible avec des femmes ?

son bien évidemment et un peu pour le leur aussi. S’en suivent des sessions compliquées, mais héroïques où Coline skie jusqu’à l’épuisement. Saint Nicolas la chapelle, Savoie. Un spot sous une église au-dessus d’un cimetière calme et devant des écoliers survoltés. Depuis 3 heures, nous sommes en place, les chutes s’enchainent et la pluie arrive. Les gouttes ruissellent le long des arbres enneigés, Coco est trempée. Peut-être a-t-elle déjà 30 essais à son actif, peu importe, elle est là, telle Cam Riley. Elle n’abandonne pas. Alors que personne n’y croit plus, elle pose. J’ai déjà rangé l’appareil à cause du temps, une pelle au-dessus de la tête comme parapluie. Erwan, lui, un torchon sur la caméra continuent de filmer. Alors on crie, on saute de joie, on

Coline skie beaucoup toute seule, influencée par ses deux producteurs aussi aimants qu’impitoyables luttant pour que les images rentrent. comme son sourire. L’équipe de production elle, plus habituée prend plaisir à conseiller d’abord et à coacher ensuite, jusqu’à ce que Coline nous impressionne de son aisance sur le rail. Les premières images entrent alors qu’Agathe passe proche de la correction sur son premier essai urbain. Nous sommes virés du spot suivant, nous allons donc sur un troisième, le soleil se couche presque, quand nous rangeons les pelles dans la voiture. Les deux spots en poche, nous terminons une première journée bien productive. Ce projet s’annonce bien et se place comme une bonne idée. « L’idée est

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« Oui bien sûr cela aurait été possible. Le critère principal était la disponibilité sur toute la saison, en plus des compétences techniques de chacun, et il se trouve qu’Erwan, David et Mathieu sont les premiers auxquels j’ai pensé et ont tout de suite répondu présents. Donc, je n’ai pas cherché plus loin, et je suis ravie d’avoir mené ce projet avec eux ! » Coline, comme bien souvent pour les pionnières, est bien seule. Alors oui, on est là et quelques amis passent par là, mais Coline skie beaucoup toute seule, influencée par ses deux producteurs aussi aimants qu’impitoyables luttant pour que les images rentrent. C’est pour

montre la vidéo à Coline et on va parler à l’institutrice pour rigoler et se présenter aux enfants qui, durant les nombreuses récréations, sont venus encourager l’athlète du jour. Ils sont tous skieurs et ne regarderont plus la barrière de la cour de la même manière. Nous laissons les petits, passons à la voiture, nous sommes invités à prendre le thé chez des voisins et curieux spectateurs du spot. La chaleur des tasses en mains et les gâteaux en bouches, nous nous reposons, expliquons cet univers particulier qui nous fait vivre et vibrer. Et ouais, elle a la classe notre Coline et en plus, il n’y en a pas beaucoup


comme elle. Certaines font de l’urbain oui, mais combien y laissent un demi hiver et tentent l’expérience délicate du projet personnel ? « La plupart des filles que je connais dans le milieu du ski font beaucoup de compétitions, et c’est vrai que shooter du street est dur à caler dans le planning serré de l’hiver, » raconte Coline. « Cela demande de l’organisation, une vraie équipe de tournage, et surtout énormément de temps: trouver les spots, shaper, filmer, se remettre des crashs. » « Il y a quand même des filles qui font du street, je pense au crew Diamond Annies aux US, aux Canadiennes Kim (Lamarre), Nikki (Blackall) et Anouk (Purnelle-Faniel), à Lisa (Zimmermann), et sûrement bien d’autres… » On en a chié l’hiver dernier. Ca neige, on est content, puis ça pleut le soir même, on est triste, puis on s’appelle, on parle, on annule beaucoup, on confirme, un peu et on arrive de temps à autre à organiser une session.

« Pour ce qui est des difficultés, le manque de neige à basse altitude en février nous a pas mal embêtés, » explique Coline. « Nous avons parfois dû annuler

des journées à cause de ça, et passer beaucoup de temps à trouver des spots enneigés qui n’étaient pas en station. » La discussion Facebook : SHOOTING AVEC LES GAZELLES, en capital sur le réseau social pour la lisibilité, en capital ici pour souligner, l’ambiance décontractée et la légère misogynie d’Erwan et moi. Où quand décomplexé ne veut pas dire, « balancer des trucs racistes sans vergogne », mais juste être de droite. ( uniquement en version française ). Notre outil, où tout s’organise, où les cheveux s’arrachent, où les plans et les liens se partagent. Souvent, Coline arrive enthousiasme « Hey, il va neiger » nous répondons alors rapidement avec des spots, des objections, des horaires, des voyages en voiture, des proposition de dormir chez l’un ou l’autre et enfin des rendez-vous précis. L’avantage avec une fille, c’est qu’un gros spot n’est pas nécessaire, le problème, c’est qu’un gros spot est impossible. Alors on prend des spots

que l’on connait, pas trop gros, pas trop petits, car ici tout est nouveau pour Coline et l’expérience dans le park ne la sauve pas. Tirée par le treuil sur une couche de neige fine, elle prend un virage, arrive sur un kicker approximatif, vers un rail inconnu et souvent ça casse. Nous producteurs passons dans la logistique entre conseils, coups de pelles et coaching. Elle apprécie l’aide et après presque chaque essai, elle regarde la vidéo et nous allons de nos petits conseils. « Sinon au niveau du ride jamais rien ne se passe comme prévu en street, en tout cas pour moi, » dit Coline. « Je ne compte plus le nombre de fois où je suis repartie d’un spot déçue parce que je n’avais pas pu faire ce que j’avais imaginé au début… »

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Ce spot est vraiment connu, mais pas si facile à rider sans un winch où une quantité importante de neige. Du coup, on a utilisé des marches comme prise d’élan.


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Même si ce rail est assez classique, l’endroit, les couleurs et l’opportunité de shooter depuis la fenêtre d’un ami a fait de ce spot l’un de mes préférés de la saison.


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« Enfin, rider des spots, seule, fut peut-être la plus grosse difficulté rencontrée, même si Marion (Haerty) et Max (Meunier) se sont joints à nous pour plusieurs sessions, ce fut un plaisir de rider avec eux ! » « On parle souvent des difficultés du street, mais c’est quand même énormément de bons moments, » raconte Coline. « Bien sûr ce sentiment quand tu réussis

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enfin un spot ou un trick, les dérushs photo / vidéo quand tu vois le résultat de la journée, et tout simplement les rires / bons moments avec le groupe. » « Le fait que ce soit un travail d’équipe rajoute beaucoup de saveur à tout ça; en street on ne peut pas faire grand-chose tout seul, chacun joue un rôle important, et le résultat au final est toujours collectif. »

Ces journées là, à défaut d’être vraiment plus productives sont plus agréables. Max Meunier, pousse Coline jusqu’à la blessure, et ce n’est pas du tout de notre faute… Marion, aide Coco à se sentir moins seule et partage avec elle les difficultés et les galères. Erwan et moi sommes plus détendus ; nous avons plusieurs personnes à capturer, plus de chance d’avoir de bonnes images et plus de mains pour porter les pelles et tirer le winch ou ma caisse de flashs. La saison se termine tard pour Coline avec ce trou dans le genou et les urgences avec Erwan. Rien de grave comme elle le dit, mais l’expression qu’elle a tout donné pour trois minutes d’images et une nouvelle expérience sur son CV. « Je savais que le street peut parfois être ingrat et prendre du temps, donc oui je m’attendais à ça, » dit Coline. « Mais en même temps le challenge et la récompense quand tu filmes du street sont tellement plus grands qu’en park, je suis vraiment contente de m’être lancée dans ce projet et j’ai beaucoup appris ! » L’année prochaine recommencera t’-elle ? Cela dépend de l’équipe de France, cela dépend des amis qu’elle

Coline a posé ce rail après quelques essais, mais est tombée ensuite pendant plusieurs heures sur une sortie 180. Pour ne jamais réussir. En passant, ce rail déjà été skié par JP Auclair.


Cette année fut pleine de nouvelles fois pour Coline. La leçon du jour : Comment skier un wall avec style.

énormément de sourires, de blagues grossières, et un tas de moments gratifiants. Donc, pour les courageux qui veulent s’aventurer dans l’urbain, je le recommande, mais encore plus, je vous recommande d’apprendre une ou deux choses de l’attitude positive de Coline. Comme de coutume, on laisse conclure la dame au sourire incessant. « Je suis toujours plus impressionnée par le niveau d’aujourd’hui, en ski comme en snow. Même si ce serait génial de voir plus d’édits et de projets vidéos féminins en plus des compétitions ! Et tant qu’on gardera la motivation, le fun et le plaisir au cœur de tout ça, tout ira bien :D »

trouvera pour l’accompagner, car une chose est certaine, c’est qu’elle ne le refera pas toute seule. « Si une équipe est recréée avec un nouveau coach, je serais ravie de faire partie de l’aventure avec tous les autres riders. Sinon il sera bien assez tôt pour mettre en place de nouveaux projets, et dans tous les cas, j’essayerai de faire un maximum d’images tout au long de la

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saison ! Si on repart sur un projet street l’année prochaine, idéalement je préférerais un projet collectif, avec 2 ou 3 riders, pourquoi pas que des filles ? » Et comment la contredire ? Avoir plus de filles en train de se lancer en urbain, c’est que du positif. Pour moi, je ne peux dire (presque) que des bonnes choses sur cette saison unique passée avec Coline et l’équipe. Ce projet a entrainé


L’Anatomie d’un Hip Record du Monde Texte & Photos: Klaus Polzer

Avril dernier, un nouveau record du monde a été établi lors du Suzuki Nine Knights : un saut à 14.2 mètres de haut sur un hip! Mais ceci n’était pas la seule chose à souligner. Voici un retour en arrière pour revivre le spectacle à Watles. 70

Joffrey Pollet-Villard se lancait comme un malade depuis le début. Ici, on le voit faire un safety impeccable le premier jour.


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Le record du monde de David Wise : 14.2 mètres au dessous de takeoff ! D’ailleurs, le deck de l’atterrissage du hip était à un mètre plus haut que le takeoff, donc le saut était en effet plus élévé que l’effet obtenu en images. David s’est déplacé presque 30 mètres et a été dans les airs pour 3.5 secondes, sans doute une valeur de record du monde en lui-même. Tout ceci était possible grâce à la construction du hip ultime, une structure de 18 mètres de haut et de 60 mètres de long – des dimensions qui sont encore plus impressionnantes en personne qu’en photos. Au premier abord, de nombreuses personnes se demandaient s’il y avait quelqu’un qui allait se lancer tout court, une question répondue rapidement. L’hauteur des sauts a été mesurée par une caméra positionnée exactement à l’hauteur de la pointe de la pique – 10 mètres au dessus du bord du takeoff – sur un trépied sur la colline à exactement 149 mètres du hip. L’hauteur mesurée a été ajustée pour prendre en compte l’erreur angulaire, le résultat de la position du rider en dehors de l’axis du hip ( la ligne directe passant au milieu du inrun et le landing, sur lequel l’axe été position ) et pour le plan de vu ( le niveau horizontal entre la caméra et la point de l’axe ); l’inexactitude de mesure était à moins de 0.1 mètre.

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Lors du 4ème jour, David Wise a établi le nouveau record du monde avec un mute grab tweaké a mort.


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Le takeoff du hip faisait 10 mètres de haut, avec à peu près 60° de pente ( Schneestern et F-Tech ne veulent pas révéler l’angle exacte ) avec un rayon de transition de 15 mètres. Pour pouvoir se lancer en l’air, l’énergie cinétique est convertie en energy potentielle. La correlation v2=2∙g∙h est applicable, ou v représente la vitesse d’un objet, h la hauteur achevée, et g l’accélération de la gravité de la Terre, 9.81 m/s2. Par conséquent, la vitesse nécéssaire pour le takeoff pour le record du monde peut être précisément calculé comme étant à 60km/h verticalement. Prenant en compte l’angle du takeoff, ceci veut dire que David Wise avançait à 70 km/h en quittant le lip. Par contre, cette vitesse sur le inrun ne suffit pas; le rider doit passer par un plat avant la montée sur le takeoff. Ceci demande de l’énergie cinétique en plus. Dans la transition, cette énergie a une relation de un à un avec l’hauteur mais à une telle vitesse, la resistance du vent est terriblement fatigante. Prenant ces facteurs en compte, David Wise avançait à plus de 90 km/h au point le plus bas de la transition pour son saut du record du monde. Avec un rayon de 15 mètres et une vitesse de 80 km/h, la force de compression dans le « crux » de la transition égale presque 3 fois et demi celle de la gravité de la Terre- presque aussi intense que celle d’une montagne russe.

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Le Norvégien Felix Usterud a poussé les limites toute la semaine, et a parfaitement réussi ce double flat bow & arrow grab.


Le landing du hip était plus raide que 60°, mesurait 8 mètres de haut, et moins de 4 mètres de large du point de vue des riders en l’aire. Afin d’éviter la possibilité d’atterrir sur la table, la plupart des riders visait le milieu du landing. Lors de son record du monde, David Wise a atterrit à peu près 3 mètres en dessous du coping, qui, selon lui se trouvait à un mètre plus haut du takeoff. En tout, David est descendu d’une hauteur de 16 mètres jusqu’au landing. Ceci nous donne une vitesse de 64 km/h tout droit vers le bas jusqu’au point d’impact. C’est l’angle du landing qui dicte comme l’impact est dur. Corrigé par la vitesse avec laquelle le rider avance en direction du landing – perpendiculaire au inrun, cet angle était à peu 66°. Les composants de la descente qui travaille en perpendiculaire de l’angle du landing doivent être contrés par la force musculaire du rider, tandis que les composants parallèle à l’angle sont convertis en vitesse de déplacement. Pour son record, David Wise a du absorber un impact d’à peu près 26 km/h, l’équivalent d’une chute de 2.7 mètres de haut avec un atterrissage sur du plat. De là, il lui reste une vitesse de déplacement égalant à peu de choses près le 60 km/h, ce qui produit encore une autre compression forte dans la transition du landing. Même avec un shape idéal, les sauts comme ceci sur un hip monstrueux, contrairement aux gros kicks, sont un énorme challenge athlétique sur chaque tentative.

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Alex Beaulieu-Marchand était le seul skieur à envoyer des doubles sur les deux cotés du hip, cette fois-ci avec une double cork 6-3 safety.


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Après son déplacement de Livigno jusqu’à Watles, le Suzuki Nine Knights 2016 était censé être une petite affaire. Finalement, cette édition à mieux marcher que n’importe quelle édition précédente - et non pas seulement grâce aux records mondiaux. Comme d’habitude, un module parfaitement shapé attendait une poignée des meilleurs riders de transition et de big air - tout ceci devant le fond spectaculaire du Massif de Ortler. Le record mondial a était établi - on pourrait dire: logiquement - par le champion olympique du halfpipe David Wise, quoique Christof Schenk a donné une lute serrée. Le héro locale Sud Tyrolien s’est lancé encore plus haut que le record officiel à un moment, mais n’a pas su maintenir son atterrissage (landing). Finalement, le plus haut saut de Christof était tout juste en dessous de la hauteur du record. Avec son exertion infatigable, et biensûre, son transfer triple backflip jusqu’au fin fond du hip, Christof Schenk a mérité le titre du « Ruler of the Hip ».

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Que Joffrey Pollet-Villard (actuellement le détenteur du record du monde en hauteur en halfpipe) n’était pas capable d’établir le record était peut être du au fait que son coté préféré du hip était que ensoleillé l’après-midi pour que le landing soit bien ramolli, quand le inrun n’était plus à son plus rapide. Néanmoins, le Français à su impressionner avec ses sauts impressionnants et ses incroyables alley-oop qui étaient sans question les plus gros tricks de la semaine. Comme bonus, il a envoyé ce qui est surement le plus gros tricks en switch de l’histoire avec un switch cork 4-5 tail! Tout ca, livré avec son style signature heavy metal, a remporté le prix du « Best Style ». Bien sûr, les autres Knights ont contribué pour créer une semaine spectaculaire. Alex Beaulieu-Marchand, Felix Usterud, et Alex Ferreira nous ont montré leur doubles jusqu’à la hauteur de 10 mètres - ABM avec un double cork 6-3 sur les deux cotés du hip! Pendant ce temps, Jules Bonnaire et Taylor

Seaton sautaient presque aussi haut que le gagnant et lançaient des énormes tricks en même temps. Le dernier jour, Jules nous a fait un transfer complètement inattendu – avec un bio 1080, en plus ! Et Bene Mayr et Nicky Keefer ont démontré que les riders qui préfèrent d’autres modules peuvent quand même bien se servir d’un hip. Est-ce que ce nouveau record pourra-t-il résister à l’épreuve du temps? Le dernier record d’Andréas Håtveit date de l’année 2006, une preuve qu’un record du monde n’est pas une coïncidence, et demande plutôt une organisation méticuleuse pour le tenter. David wise a amélioré l’ancien record par 3 mètres incroyables, ce qui indique la perfection du hip construit en neige grâce à l’effort collaboratif entre les artistes du shape de Schneestern et F-Tech. C’est un record qui ne sera pas facile à battre et il sera intéressant de voir quand est-ce que quelqu’un d’autre décidera de tenter sa chance.

La seule personne qui a tentais le gros gap du module, Jules Bonnaire a réussi cet énorme 1080 tail grab lors du dernier jour.


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Comment faire survivre une petite station Texte: Ethan Stone

Avec le changement climatique, les petites stations ressentent la pression, sachant qu’il va falloir « s’étendre ou mourir ».

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En Amérique du Nord, les petites stations charmantes comme la Lost Trail Powder Mountain au Montana sont rares.

Photo: Adam Clark


Ce n’est pas facile en ce moment pour les petites stations de ski, celle avec les commerces familiaux de nos premiers jours de ski. Ces petites stations, celles avec un seul téléski à coté de chez soi, ou les « un peu plus grandes » avec deux ou trois télésièges, sont nos bastions d’une culture authentique du ski qui disparaît rapidement avec une véritable tempête : le changement climatique, le nombre de nouveaux skieurs qui stagne, et un marché plus concurrentiel et saturé que jamais. Quand la dernière des petites stations disparaîtra, ça sera une réalité ardue pour le monde du ski Européen avec des implications désagréables pour le futur. Une grande partie des stations Européennes, qu’elles soient grandes ou petites, se battent pour survivre. L’enneigement annuel qui se réduit tous les ans, veut dire qu’une grande partie des stations qui se trouvent en dessous de 2000m en altitude n’ont plus de date d’ouverture garantie pour les vacances de noël, quand la plupart des stations se font un chiffre d’affaire important. Pendant ce temps, les stations plus hautes en altitude prennent un plus gros pourcentage du marché et bénéficient en plus des investissement fait pour les canons à neige, des liens avec les stations d’à coté pour faire monter les statistiques de kilométrage de pistes, et l’augmentation de marketing pour attirer plus de clients. Les conditions de la mentalité « s’étendre ou mourir » continue à changer le paysage du monde des stations de ski, et une grosse partie de plus petits joueurs se font sortir du jeu. Selon l’étude « Une analyse de la survie des stations de ski » de Martin Falk dans le magazine Tourism Management en 2013, à peu près 20% des stations de ski avec plus de trois remontés mécaniques ont été ruiné ou ont fermé entre 1995 et 2011. A l’international, les chiffres sont encore plus dramatique : aux Etats-Unis, ce nombre tombe jusqu’à 30% depuis les années quatre-vingts. Ceci peut paraitre comme étant le résultat inévitable de ce que les experts économiques appellent une industrie « mature », définit par peu de nouvelles entrées dans le marché et une consolidation des propriétés existantes ( des remontées mécaniques entres deux stations, des forfaits de ski partagés ). Mais comme le dit Hannes Rechenauer, le porte-parole de l’Union Allemande des Remontées Mécaniques ( Verband Deutscher Seilbahnen, une organisation nationales de remontées mécaniques ), ces développements sont dus à plus qu’une simple logique du marché. Plutôt, il voit ce déclin de petites stations comme une menace existentielle pour le futur de l’industrie des stations Européennes.

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« Un niveau entier de petites remontées mécaniques en campagne a disparu » dit Rechenauer concernant la situation courante en Europe. « En basse altitude, la première neige arrive seulement en Janvier et en Février, si elle arrive tout court. C’est vraiment dommage - c’est ici que la prochaine génération va apprendre à skier. » Rechenauer explique que ces petites stations sont essentielles pour la croissance continuelle du sport, parce que ce sont les endroits ou les débutants peuvent apprendre sans faire des trajets couteux et sans prix de forfaits prohibitifs. « Ça ne doit pas être Ischgl ou Arlberg » pour ces nouveaux skieurs, dit Reschenauer. « Ils n’ont pas besoin de 500 kilomètres de pistes. Ils ont besoin d’une petite remontée, un magasin de location, et une école de ski. » Pour que ces petites stations puissent survivre, elles doivent investir - des canons à neige pour combattre le déclin d’enneigement, de nouvelles des remontées mécaniques modernisées, et aussi des offres étendues, comme des pistes de luge et des écoles de ski. Partiellement dû aux autres problèmes auxquels ils font face, c’est devenu de plus en plus difficile à trouver les investissements nécessaires pour couvrir les coûts de modernisation. « Les banques refusent de faire des prêts à ces stations » dit Rechenauer, décrivant le marché des stations de ski comme étant « en déclin considérable. » Sans investissement privé pour consolider leurs comptes, les petites stations se tournent vers leurs communautés, le gouvernement régional, et les fonds de développement de l’Union Européenne pour trouver du soutien. En Allemagne, la Bavière a récemment renouvelé un programme pour les petites stations de ski qui contribue jusqu’à 35% des coûts de nouveaux investissements dans les petites stations de la région. Néanmoins, les problèmes globaux de ces petites stations existent toujours. Un investissement en canon à neige n’aide pas beaucoup quand les températures sont trop élevées pour fabriquer de la neige, et de nouvelles remontées mécaniques ne servent pas à grand chose si le nombre de skieurs continu sa courbe descendante. « Je suis très prudent à propos du futur » dit Rechenauer. On devrait tous l’être parce que quand les mega-stations et le forfait à 100 euros deviendront la norme de cette industrie, une chose essentielle et vitale de notre sport sera mort.


Lea Hartl Interview: Klaus Polzer

Photo: Lorenzo Rieg

Une freerideuse accomplie, Lea a étudié la météorologie et écrit un blog sur la météo pour powderguide.com qui vaut la peine de suivre. Durant notre entretien, elle nous explique comment bien utiliser les prévisions météorologiques.

Née: le 13 Mai 1987 à Munich en Allemagne Résidence: Innsbruck en Autriche Station: Ca dépend de la neige et de la météo Passions: Doctorat Job: Employée dans l’Institute de interdisziplinäre Gebirgsforschung (ÖAW) Sponsors: Down Skis, Pieps

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Tu es une météorologiste certifiée. Est-ce que ceci a des avantages en tant que freerideuse ? Pas forcement. Malheureusement en tant que météorologiste, on ne peut pas changer la météo selon nos besoins. J’arrive à mettre en place un rapport moi-même mais ceux des Alpes sont déjà très bien faits et facilement accessibles pour que tout le monde puisse les comprendre. Bien sûr, dans les autres parties du monde, c’est souvent différent. Je sais surement mieux trouver l’information qu’il nous faut, mais ça reste disponible au public comme les cartes météorologiques ou les données des stations de météo. Il ne faut pas avoir de diplôme pour utiliser ces outils en tant que freerideur. Tu as accumulé combien de journées de poudreuse l’année dernière ? J’ai arrêté de compter il y a longtemps. Comment restes-tu informée à propos de la neige et la météo ? Souvent, je commence tôt en Tyrol ; le site web du Lawinenwarndienst Tirol, c’est le premier endroit à regarder. En plus de leurs prévisions, il y’a plein d’autres informations, que ca soit des cartes d’enneigement, les valeurs des stations météorologiques, et même les profiles d’enneigement. Pour les prévisions de tous les jours, j’ai tendance à aller voir le ZAMG (le service officiel pour l’Autriche) et powderguide.com comme notre information vient aussi du ZAMG. De plus, je regarde plusieurs cartes météorologiques afin de voir ce qu’il se passe avec la météo à ce moment-là. Le changement climatique influencet-il la science des prévisions météorologiques, par exemple parce que les valeurs empiriques ne sont plus valables ? Non, les pronostics du climat et les rapports climatiques sont deux choses très différentes et fonctionnent indépendamment sur deux échelles différentes. Maintenant, comme avant, la prévision météo s’améliore grâce à de nouveaux développements technologiques. Les prévisions météorologiques sont parfois inexactes, surtout en montagne. Quels types de problèmes existent-ils ? Pour commencer, je trouve que les pronostics dans les Alpes sont vraiment pas mals donc il faut reconnaître le travail des météorologues. En montagne, il existe de nombreux effets qui sont influencés par la topographie comme le soulèvement orographique, l’effet parapluie, ou certain systèmes de vent. Ces effets peuvent avoir beaucoup d’in-

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fluence sur une région, surtout concernant la précipitation, mais ils ne sont pas forcement tous inclus dans les modèles météorologiques. Les modèles demandent déjà beaucoup de calculs, et plus la surface est large, plus les calculs sont complexes. Même avec des modèles hyper spécifiques, la grille de mesure fait quelques kilomètres et avec les modèles globaux, la grille est beaucoup plus floue. Le modèle ne peut pas montrer chaque montagne individuelle. Par contre, un météorologue qui connaît bien une région peut analyser les résultats du modèle et peut se dire. « On dit ça ici, mais dans cette vallée je dois prendre ceci ou cela en compte. » Et ceci contribue au pronostic. Bien sûr, ça ne marche pas à chaque fois et partout, et les variables locales dépassent souvent les limites des modèles créés automatiquement. A ton avis, les pronostics météorologiques sont-ils fiables, et quelles sont les différences entre les nombreux pronostics ? Notre capacité de prédire la météo dépend de la météo. Parfois, il existe une situation stable où il n’y a pas beaucoup de changements, et parfois tout change trois fois en quelques jours. C’est pour ça qu’un bon rapport inclut aussi l’information sur la certitude du pronostic. Des prévisions établies 2 ou 3 jours en avance son souvent fiables, mais la qualité du pronostic décroit rapidement, plus on s’avance dans le futur. Les développements globaux peuvent être déterminés 4 ou 5 jours en avance mais sans trop de détails. Les prévisions produites par des modèles créent une illusion de précision qui n’existe pas. Si je peux écrire le nom de ma ville natale dans un moteur de recherche et voir un symbole d’un soleil pour le weekend, c’est clair que cette information est limitée. Des prévisions écrites sont forcements plus utiles et nous précisent la situation, y comprit avec les incertitudes. En lisant, il faut toujours bien noter les incertitudes. Pour les activités en montagne, je recommande de se servir des pronostics spécifiques aux montagnes qui existent sur les sites de météo variés. Pour mieux comprendre ce qu’il se passe, utilisez les lignes directes, comme l’OAV, par exemple, et parlez directement avec un météorologue instruit. Et pour les prévisions d’enneigement ? C’est similaire. Les previsions d’enneigement sont des previsions de précipitation ou l’eau est transformée en profondeur de neige. La conversion n’est pas si simple, donc il existe une variable d’incertitude en plus.

Une bonne prevision météréologique est créee comment exactement ? Le prévisioniste a accès à tous les modèles de météo pertinents. Le resultats des modèles sont comparés et traduits en texte de prévision avec l’aide des valeurs empiriques concernant les particuliarités d’une région, la situation météréologique en générale, et le comportement du modèle. Le texte inclus la possibilité probable et idéalement, l’éventail de variation dans le modèle. Que conseilles-tu aux mordus de poudreuse qui cherche la meilleure neige ? Restez mobile et flexible. Est-ce que quelqu’un peu être plus intelligent que les prévisions météorologiques de base, surtout localement, avec un peu de recherche ? Avec le temps, on peut apprendre à connaître si l’enneigement d’un lieu spécifique est sur ou sous-déclaré selon certaines conditions, et s’adapter en fonction de cela. Les prévisions spécifiques pour certaines montagnes peuvent faire ça aussi. Il faut aussi considérer que les prévisions sont toujours produites pour une audience spécifique. La prévision de base à la radio ou à la télé nous aide a décider s’il faut prendre un parapluie en allant au boulot ou pas. S’il neige plus sur la montage X ou la montagne Y, ceci n’est pas pertinent pour ce rapport. Pour ce type de demandes, je recommande l’utilisation des prévisions spéciales qui sont à votre disposition. Les quelques derniers hivers n’étaient pas très impressionnants. Est-ce que tu y vois une tendance ou est-ce plutôt une variation statistique typique ? Il nous faut une vingtaine ou une trentaine d’années pour parler sérieusement des tendances climatiques. On peut comparer un hiver à un autre ou un hiver à la moyenne dans le long terme, mais cela ne nous donne pas les tendances. Qu’attends-tu comme hiver ? Je m’attends à la moyenne statistique et j’espère qu’il y aura des statistiques aberrantes en forme de poudreuse.


Tamok En Norvège, loin de la côte dans le grand nord, il existe un bijou de freeride caché dans une vallée sombre et profonde. Texte: Kristin Imingen Hansen Photos: Chris Holter

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Avez-vous déjà entendu l’expression, « Pour le monde, tu n’es personne mais pour une personne tu es son monde ». La même chose peut être dit pour certains endroits. Les vraies perles, on ne les trouvent jamais sur un collier; elles sont éparpillées dans des endroits inconnus, ou peu de monde y met le pied. Ce n’est pas toujours aussi facile que cela apparait de trouver ces perles. La patience est essentielle, tout autant que la facilité d’adaptation à un terrain inconnu. La vallée du Tamok est une de ces perles rares: un bijou du freeride isolé dans les hauteurs sombres de la Norvège du nord. En arrivant à Nordkjosbotn, garez la voiture, appelez le guide locale, et profitez d’un café en attendant le taxi de rennes, ce

Vallée du Tamok », vous avez tort. Quand vous arrivez finalement au Tamok, vous allez tomber sur… absolument rien, comme il fera complètement noir. Le salon à Olsrud Adventure est recouvert en lambris de pin et l’ambiance est sympa. Frode Sandbech et Andreas Wiig viennent tout juste de découvrir les nouveaux effets d’animations sur Snapchat et entre les éclats de rire, le chef lui-même se pointe - sa tête au chaud sous un énorme chapeau en fourrure, le haut du corp couvert de Gore-Tex, et ses parties précieuses recouvertes par un materiel moins étanche: une serviette. Ses joues sont rouges après avoir passé un bon moment dans le sauna en bas de la rue. C’est notre guide locale et s’appelle Aadne, un des

« Les gens à Tamok sont a 99.9% réceptifs au changement, tant que tu ne te gares pas au mauvais endroit » dit Aadne en riant. C’est tot le matin. Une lueur bleuâtre se lève au dessus de la vallée. Finalement, nous arrivons à voir ce que nous propose cet endroit. A première approche on dirait que les bouleaux ont envahi cet endroit ( ce qui est vrai, au fait ) mais regardez une deuxième fois, et vous voyez ce qu’il se trouve entre les arbres : un pléthore de pillows, des ravins, des roches en forme de kick, et tout ca même avant de voir le potentiel illimité au dessus de la limite forestière. La seul chose qui peux vous empêcher, c’est votre propre créativité, mais c’est vrai que le temps ici est limité. Nous sommes venus pour la

que vous aurez forcement réservé en avance. Après vous allez rayer entièrement la ligne que vous venez de lire et apprenez la première leçon concernant la Norvège du nord: les histoires du Nord devraient être écoutées avec un grain de sel. De Nordkjosbotn, il faut être sûre de partir dans la bonne direction. Ne vous laissez pas intimidé par la réputation de cet endroit, la plus grosse intersection dans le nord de la Norvège; il n’y a que trois directions vers ou partir et si vous ne comptez pas celle d’ou vous venez, il vous reste que deux options. Soyez sûre de consulter vos instructions ou votre GPS, parce que si vous croyez qu’il y aura un énorme panneau qui dit « La

5,720 habitants dans la commune de Balsfjord ou se trouve la Vallée du Tamok. Il est entrepreneur avec beaucoup de projets, mais peu importe comment il remplit ses journées, assurez-vous que c’est lié au Tamok. « C’est une question de resources » il explique. « Les resources que nous avons sont les hivers longs, beaucoup de neige, et de grandes montagnes. » Beaucoup de monde, y comprit la légende du snowboard Jarkko Henttonen - a investi beaucoup de temps pour que Tamok soit affichée sur la carte. Avec l’organisation de plusieurs compétitions de freeride, le progrès est lent mais évolue quand même, surtout avec une remontée mécanique de prévu pour les deux prochaines années.

pénombre donc il faut faire notre reconnaissance avant que la lumière ne disparaisse complètement. « Tout le monde à ramener sa frontale ? » demand le photographe Chris Holter. Andréas a l’aire coupable : il l’a oublié et on fait demi tour. L’obscurité avance discrètement et le froid aussi, mais dans le nord on peut pas trop se plaindre. Il y en a aucun d’entre nous qui a déjà ridé dans le noir. « J’ai pas peur du noir » confirme Tobi Tritscher. « J’ai entendu parler des loups mais non, je n’ai pas peur du noir. » Christine Hargin nie aussi sa peur : « Le challenge de rider dans le noir c’est le fait qu’on ne voit que les choses directement devant soi. Tu ne sais pas exactement ce qui t’attend. »

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Les riders montent un flanc de coteau lorsque on les attend pour les filmer à la descente. Le temps passé à attendre comme ça peut être comparé à l’attente tortueuse de la fin des nuits polaires dans le nord. Par contre, avec des années d’expériences, Chris et Frode ont appris les astuces pour rester au chaud et comment s’amuser en attendant. Parmi leurs options on peut retrouver: du combat ludique, de nombreux attentas pour réussir des sauts, des pushups, et des speed checks ou il s’agit de simplement de monter et descendre la pente. Soudainement Tobi, Andreas, et Christine s’approchent au bord de la crête. A ce moment là, Tamok décide de nous montrer une perspective entièrement différente. Les riders sont à quelques mètres de la ligne de crète quand la lune se présente pour les rejoindre. Lors d’un moment magique, nous avons l’occasion de serrer la main avec la lune. « Trois, deux, un, c'est parti ! » La voix d’Andreas est un peu voilée par le walkie-talkie. On dirait qu’on est en plein milieu d’un filme Star Wars lorsque trois boules lumineuses- ou plutôt les frontales des riders -descendent rapidement dans les bois. La neige est jetée comme des confettis, des virages réguliers laissent des traces profondes dans la neige et tout juste quand on pense que c’est la fin, on entend un énorme boom, le bruit de quelqu’un qui se prend un arbre. Nikolai Schirmer, cinématographe et ambassadeur pour la marque Norrøna, qui se sert d’un trépied comme baton et qui se sert d’une frontale sans permission, sort du noir en trébuchant. « Vous en faites pas, j’ai seulement blessé mon orgueil, » il dit pour nous rassurer. « On a 30 minutes avant notre départ » Chris nous dit en gueulant. Une stratégie de militaire est une bonne idée quand il s’agit de fanatiques de neige dans un endroit enneigé. Nikolai et Tobi sont toujours en train de prendre les dernières photos pendant que Chris fait son sac et du yoga en même temps- Monsieur Multitâche. Frode tient une variété d’équipements de photos en mains et un morceau d’estafinade, le snack préféré des Norvégiens du Nord, en bouche. L’odeur de l’éstafinade ( de la truite séchée et salée ) produits des réactions différentes parmi le group: heureusement Adréas a pris l’initiative d’apprendre tous les gros mots locaux utilisables. Juste après qu’on ait tous gueulé « ballkuk » ( la traduction directe: bite couilles ) face à la vallée ouverte, le soleil se montre pour la première fois à Tamok cette année. Sa chaleur s’éparpille dans nos corps pendant qu’on s’installe dans la voiture et c’est à ce moment là qu’on sait tous qu’on attendra pas longtemps avant de revenir.

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La vallée du Tamok: Une vallée de 30 km dans la commune de Ballsfjord dans le nord de la Norvège, l’homonyme de la collection freeride de Nørrona. La vallée se trouve à peu près 200m d’altitude et son plus haut sommet se trouve à 1600m.

Comment y arriver et ou se loger: Atterrissez à Tromsø (TOS) et louez une voiture. Suivez la route E8 en passant par Nordkjosbotn. Prenez à droite quand vous arrivez à Overgård et allumez votre GPS. Allez vers Olsrud Adventure ou appelez Aadne: +47 48 17 47 00. La conduite de Tromsø jusqu’à Tamok prend à peu près 1h30.

Quand est-ce qu’il faut y aller: Du 27 novembre jusqu’au 15 janvier si vous voulez défiez la pénombre, mais on a préféré le mois de février.

Indice: Achetez votre nourriture et vos boissons à Tromsø comme Tamok est en manque de supermarchés.



Whitecarpet Crew Ce crew de jeunes basé dans le Canton de Obwalden peut bien remercier le ciel d’avoir Engelberg, le paradis du freeride, comme chez-soi. Moins focalisée sur l’urbain et le park, le Whitecarpet Crew préfère rider de terribles lignes et de prendre des photos incroyables en même temps. Texte: Ole Kliem

Quand tu vas à l’école avec le Swiss Freeski Team, tu risques facilement de tomber sur une pointure du ski cachée derrière un livre. Et quand ce cour à lieu à coté du Mont Titlis, un sommet de 3,238 m, il est tout aussi probable que la plupart de tes camarades rêvent de lignes incroyables en regardant par la fenêtre. Avec les photos et les films des locaux comme Lars et Kevin Windlin qui mènent la danse, le groupe de potes nommé Whitecarpet Crew, a débuté à Engleberg. Certains sont toujours à l’école, d’autres sont apprentis, et un autre encore gagne des médailles d’or aux X Games. Il y a plus de quatre ans, Gianmarco a commencé à capturer leurs bouffonneries sur, et en dehors des pistes, avec son simple appareil SLR ( maintenant il est photographe professionnel ). Chaque membre du Whitecarpet Crew apporte sa propre touche. Martina faisait du piquet, et Yannis, le plus jeune membre

Photos: Gianmarco Allegrini

du crew, vient de commencer à courir sur le Freeride Junior Tour. Et il ne faut surtout pas oublier le prodige de la course devenu la star du park, Fabian Bösch. Quand tu vois le relief qui les entoure à Engelberg, ce n’est pas surprenant qu’il y ait autant de jeunes talents dans un si petit village. « Quand il y a finalement suffisamment de poudreuse pour sauter des barres, il faut y aller vite » explique Gianmarco. « Le freeride a créé un énorme boom touristique ici, donc les meilleurs spots sont souvent tracés en 3 heures. » Quand c’est le cas, le Whitecarpet Crew se retrouve sur les spots que les touristes ne connaissent pas, ou bien ils construisent un kick en backcountry. Si Joel Bleyer et Moses Bissig n’ont pas envie de faire d’énormes cratères sous les nombreuses falaises impressionnantes, Yani Schleiss, Jonas Ruegger, et les autres sont ravis de tracer des lignes vierges avant l’arrivée des touristes.

Crée: 2013 Lieu: Engelberg, Suisse Station: Titlis Membres: Joel Bleyer, Moses Bissig, Fabian Bösch, Yannis Schleiss, Jonas Rüegger, Gianluca Britschgi, Martina Müller, Gianmarco Allegrini

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Le team s’est uni grâce à leurs efforts pour construire des snowparks dans leurs stations locales et du fait que leurs demandes passent systématique aux oubliettes - ce qui est assez fou étant donné que la plupart des membres du Swiss Freeski Team vient des alentours. C’est à se demander combien de talents cachés vient de cette partie du monde… Le crew a rapidement découvert que sauter et skier des modules naturels était tout aussi marrant, si ce n’est plus, que les modules du park - surtout dans un endroit comme Engelberg. « Nous avons adapté notre style de ski » dit Gianmarco. « On n’a même plus besoin de parks, tellement on s’amuse avec le relief. » Ses photos reflètent cette mentalité : il s’agit simplement de se retrouver entre potes pour s’amuser, explorer son propre sens de l’aventure et capturer toutes ces escapades en photo. A cause du boulot et des études, le nombre de jours passés ensemble en montagne est de plus en plus petit, mais le groupe poursuit sa passion commune tout autant qu’avant. Cette saison, Joel et Moses vont tester leur force de caractère lors de plusieurs compétitions de freeride, alors que Gianmaco compte découvrir le Pays du Soleil Levant. Fabian Bösch, alias Boschman, va faire ce qu’il sait faire le mieux : il va chercher à collectionner quelques honneurs de plus sur les contestes Big Air et slopestyle. Mais lors ces rares moments où ils peuvent tous se retrouver chez eux, ils redeviennent le Whitecarpet Crew avec leurs singeries habituelles, cherchant à prendre les touristes de vitesse pour atteindre les meilleurs spots à Engelberg.


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Le Whitecarpet Crew se retrouve sur les spots que les touristes ne connaissent pas, ou bien ils construisent un kick en backcountry.


Greg Hill Vous connaissez ces gens qui dégagent un aura d’exploits incroyables ? Greg Hill est sans aucun doute une de ces personnes mais quand vous avez l’honneur de faire du ski de rando avec lui pendant quelques jours, ca devient évident que Greg dégage bien plus que ça : de la gentillesse, l’hilarité, le respect, et une bonne partie de sagesse aussi. Interview: Mark von Roy & Basti Huber

Portrait: Bruno Long

Le taux de mètres verticaux que tu as accumulé dans ta vie, c’est impressionnant- c’est le moins qu’on puisse dire. Mais si on te compare aux skieurs-alpinistes Européens, tu te concentres tout autant sur la descente. Pourrait-on t’appeler un freerideur hyper en forme après tout ? Si être un freerideur inclut se lancer d’énormes falaises, c’est pas moi. On si être un freerideur veut dire faire des backflips, c’est pas moi non-plus. Mais si un freerideur c’est quelqu’un qui adore explorer les montagnes, quelqu’un qui comprend qu’une bonne forme physique égale à plus de superbes lignes par jour, si c’est déchirer les flancs de montagne à toute vitesse, ca c’est moi. Très rapidement, j’ai compris que la forme physique égale à plus d’aventures en montagne, plus de virages en poudreuse, plus de sommets, et plus de moments incroyables. Quand j’habitais à Whistler en 1999, j’ai commencé à m’entrainer pour aller plus vite. A ce moment-là j’étais en forme mais pas efficace, et j’avais absolument aucun sense de la montagne. Je mourrais d’envie d’être en harmonie avec les montagnes et de développer une forme physique qui me permettrait d’être un bon compagnon de cordée. 1500 mètres, c’était un énorme jour pour moi et je m’exposais à des risques plus gros que nécessaire. Je me suis inscrit à un cours d’avalanche, j’ai pris des cours avec des guides, et j’ai recherché des mentors pour m’enseigner les codes de la montagne. Pendant ce temps là, je montais et

devient plus prudent, mais la prudence est justifiée en montagne.

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descendais les montagnes avec ces nouveaux outils, en développant mon propre sense de la montagne. Pour moi, ce qui m’attire le plus aux montagnes c’est ce que j’appelle le Sense de la Montagne : un développement d’une compréhension, une façon de marcher en montagne. C’est un but long terme qui m’enchante avec le voyage en montagne. Cet aspect mental combiné avec la liberté totale du ski sur des pentes vierges, ca rend le ski en backcountry complètement addictif. As-tu une routine d’entrainement ou un secret qui mêne à ta performance ? Je suis aussi actif que possible, ou je sors au moins 5 jours par semaine. L’étirement à la maison est essentiel pour rester souple. J’essaie de manger aussi sainement que possible mais je ne me retiens pas non plus comme la forme physique est une bonne excuse pour manger. Est-ce que tes aventures alpines ont changé après que tu as eu des enfants ? Le fait d’avoir des enfants m’a changé un peu mais je reste toujours aussi honnête avec moi-même par rapport à la réalité des erreurs en montagne. Si jamais je commets une erreur en montagne, ca affectera plus que mon bienêtre donc je prend ça très au sérieux. Malheureusement, je me suis fait prendre dans ma première grosse coulée après avoir eu des enfants, donc ils ont entendu parler de mes mésaventures et m’ont vu guérir ma jambe cassée. C’était très dur, et je trouve qu’en vieillissant on

A part l’aspect d’endurance, qu’est ce qu’il t’a influencé pour devenir le skieur que tu es aujourd’hui ? J’étais un gamin typiquement Canadian qui a commencé le ski à deux ans, avec des cordes attachées à ma mère, pour dévaler les pistes. Mais je crois qu’un truc qui m’a beaucoup influencé c’est le fait que mes parents utilisaient la règles des 20cm, ou je pouvais sécher mes cours et aller skier avec eux s’il tombait plus de 20cm de neige fraiche. C’était génial de pouvoir aller skier avec ma famille mais c’est aussi le fait que le ski est devenu quelque chose de special pour moi, au point ou même maintenant j’ai l’impression de sécher mes cours à nouveau. Le ski c’est tellement incroyable et quand j’y suis j’ai le sentiment, « Je ne devrais pas être en train de faire ca, je devrais faire quelque chose de productif mais c’est juste trop marrant. » J’ai toujours l’impression que je suis en train de sécher des cours pour trainer avec la famille et les potes pour m’amuser. A quel point est-ce que l’aspect d’endurance à pris place dans ta vie pour fusionner le ski et l’alpinisme ? J’ai toujours fait de la course à pied, je jouais au rugby et je faisais d’autres sports au lycée et j’étais assez doué. Mais quand j’ai fini l’école, j’ai bossais comme un dingue à planter des arbres pendant l’été pour me permettre de skier l’hiver entier. Je me suis rendu compte assez


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rapidement que je pouvais accomplir plus que tout le monde si je me concentrais à fond sur la plantation toute la journée. Et après quand je suis parti skier cet hiver là, j’ai appliqué cet éthique et je me suis rendu compte que si je me concentrais sur la prochaine pente, le prochain sommet, et la prochaine montagne, j’accomplirais encore plus. C’était l’exploration aussi, d’aller à la prochaine chaine de montagne et de voir ce qu’il y avait de l’autre coté. Donc c’était la combinaison du sport, la concentration, et le sense de l’exploration qui m’a mené jusqu’ici. En gros, je me suis rendu compte que si j’avais suffisamment de nourriture et de l’eau, je pouvais rester emballé et faire un run de plus au lieu de rentrer à la maison avec ce qu’il me restait en énergie. As-tu toujours eu cette énergie incessante ? Je crois que oui. Lorsque je jouais au foot au lycée, je n’étais jamais le joueur le plus talentueux mais j’étais toujours le plus fiable parce que je ne fatiguais jamais. C’était surtout de l’enthousiasme: de savoir qu’on a la possibilité de faire ces choses; c’est ca qui me donne envie de continuer. Je suis énergétique parce que je reconnais mon privilege de pouvoir faire toutes ces activités. Une autre raison que je voulais developer cette forme physique c’est l’aspect de la sécurité; je voulais être le gars sur qui on peut compter. Donc si il y’a quelque chose qui ne va pas, mon groupe pourra me dire « Greg, on a besoin que tu montes trois sommets pour trouver la trousse de secours ! » J’ai toujours eu envie d’être le partenaire fort - celui qui rajoute à l’équipe au lieu de celui qui la rabaisse - ça, c’était super important pour moi depuis le début. Je voulais être hyper carré pour que si jamais tout tourne mal, on pourrait compter sur moi. Heureusement, je ne me suis pas encore retrouvé en situation ou je doit jouer le héro à 20,000m, et j’espère que ceci n’arrivera jamais. En parlant des choses qui se passent mal, tu as eu un énorme incident au Pakistan, il y a quelques saisons. Qu’est ce qu’il s’est passé ? Ça c’est une histoire interessante. J’ai plus de 20 ans en montagne, j’ai passé des années à developer mon sense de la montagne; à prendre des cours avec des associations de guides, à trouver des mentors - j’ai toujours appris de tout le monde pour developer mon propre sense de la montagne et les règles de la montagne. Ceci a bien marché, pendant très longtemps. J’ai déclenché de nombreuses avalanches mais toujours par dessus, m’arrêtant pour les laisser passer. Je crois qu’au Pakistan j’étais peut-être un peu complaisant; je pensais que j’étais protégé. Et, si on applique toutes nos règles,

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on l’est. Mais cette fois ci - je sais pas, peut-être c’est parce que j’étais à 5,000m, ou parce que j’étais fatigué, ou parce que y’avait une équipe qui filmait - quand j’ai skié sur une pente, j’ai coupé le haut de la convexité principale ou la plupart des avalanches débutent mais j’ai continué à skier au lieu de m’arrêter. C’était peutêtre parce qu’on filmait ou parce que j’étais complaisant parce que je n’avais pas eu d’accidents depuis longtemps - je

sais pas - mais si j’avais suivi mes règles, j’aurais coupé comme ca et je me serais arrêté. Quand tu regardes les images, après trois virages tu peux voir que tout s’écroule et que cela a commencé tout juste là ou j’ai coupé. Et après j’ai enduré un énorme crash: j’ai dévalé 500m avec l’avalanche, je me suis cassé la jambe, et après il y avait le sauvetage de 24hr et la nuit dans une cave de neige. C’était une énorme épreuve.


Une partie de moi à toujours voulu savoir comment je réagirais dans un tel incident, si je serais suffisamment au calme pour endurer une jambe cassé sans antidouleurs. Peut-être que je m’entrainais pour ça depuis le début. Mettant ça de coté, la grande leçon ici c’est que toutes les règles que j’utilise depuis toujours m’ont gardé sauf depuis longtemps, ne m’aideront pas si je ne les applique pas; il faut toujours les appliquer. Peut

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importe que quelqu’un est en train de filmer? Quand tu skies sur une pente qui n’a pas de sortie sûre ou des endroits sûrs, tu dois couper la pente et y aller lentement. Ce jour là, j’étais trop libre et je m’y suis mal pris; c’est comme ça que les accidents se produisent. On dirait que c’est quelque chose qui se passe avec de nombreux skieurs expérimentés ou professionnels. Juste une

petite erreur, un instant ou on applique pas ces règles, peut mener à des conséquences graves. C’est sûr ! Tellement de choses peuvent mener à une erreur, par exemple; qui skie avec toi. Un partenaire avec qui je skiais tout le temps était le défaitiste du groupe. On ski ensemble depuis toujours et il me demandait à chaque fois de justifier pourquoi on faisait nos choix et je me dis que s’il avait

La vaste nature sauvage des montages Selkirk en Colombie-Britannique, c’est la cour de récré préférée de Greg Hill.

Photo: Bruno Long


été avec moi ce jour là et m’avait posé des questions, comme il le fait comme d’habitude, j’aurais peut-être mieux préparer ma ligne. Mais c’est humain de se tromper et c’est humain d’être arrogant donc c’est important de toujours avoir un filet de protection en place. Ce jour-là, je n’avais pas de filet. Donc c’est quoi les répercussions de ne pas avoir eu un filet ce jour-là ? Au début je me disais que peut-être ce n’était pas cassé mais quand je bougeais, je me suis rendu compte que j’avais cassé mon tibia et péroné. On a dormi dans une cave de neige à 4,500m et après l’équipe à du m’emmener en toboggan pendant six heures jusqu’au moment que l’hélicoptère soit venu me chercher, ce qui était génial. On m’a emmené à un hôpital Pakistanais ou ils m’ont fait des radios immédiatement et m’ont expliqué qu’ils n’arriveraient pas à faire quelque chose à part me préparer une attelle. Sachant que j’étais en plein milieu de nulle part au Pakistan, j’ai envoyé un mail à un de mes potes médecin ; il m’a dit de ne rien me faire faire au Pakistan et a suggéré de le prendre avec le sourire jusqu’au moment de rentrer à la maison. Donc j’ai attendu trois jours au Pakistan et après trois jours de voyages je suis rentré à la maison, et finalement, après six jours, on m’a opéré. Heureusement, tout s’est bien passé et maintenant je m’y suis remis presque à 100%. Finalement, je trouve que c’était une bonne chose parce qu’on peut apprendre plein de choses de nos succès mais ce sont les échecs qui nous apprennent le plus sur nous-même et comment éviter les erreurs dans le future. Grâce à cet accident, je suis devenu un meilleur alpiniste et j’espère que d’autres peuvent apprendre de mes erreurs.

Né: le 19 décembre 1975 à Cowansville/QC, Canada Station: Revelstoke/BC, Canada Exploits: 100,000 mètres verticaux gravis en un mois; 2 Million pieds verticaux en un an; 50,000 pieds verticaux en une journée. Sponsors: Gore-Tex, Arc’teryx, Salomon, Suunto, Clif Bar, Skookum Cycle & Ski Revelstoke

En tant qu’une des tendances les plus importantes dans le ski, tu penses que le ski de rando et le ski d’alpinisme vont prendre quoi comme direction ? Je pense que c’est tellement cool; c’est tellement explorateur. Les gens s’en rendent compte. Le ski est tellement incroyable, mais si tu skies toujours les mêmes pistes en station, ca peut facilement devenir ennuyeux, au moins pour moi. Donc je crois que de nombreuses personnes s’y intéressent pour l’exploration et l’aventure. J’adore.Tant qu’on peut trouver un nouvel endroit à explorer et retrouver des gens sympa là bas, j’adore cette tendance. Oui, il y a plus de dangers maintenant avec plus de monde en hors piste ; il y a des lignes que je ne choisi plus parce qu’il y a peut-être quelqu’un 1000m en dessous de moi que je ne vois pas. Mais en générale, je crois que c’est top qu’il y’a de plus en plus de personnes qui s’y mettent parce que cela peut tellement nous rapporter. Je crois que c’est aussi très intéressant de voir la diversité des gens qui se mettent à la rando et qu’il y’a tellement de manière pour le faire : le split-board, le télémark, le free-touring et tout ça. Je n’ai toujours pas encore vu de la rando en patinettes mais je m’y attend. En faite, Basti « The Scroggmeister » Huber a déjà l’équipement Bigfoot qu’il compte baptisé cette saison, donc oui, ils arrivent ! Un grand merci pour ton temps Greg, as-tu une dernière pensée à partager ? Je crois que c’est important de vivre sa vie différemment. Si tu regarder le parcours que la plupart des gens suivent, c’est pas hyper emballant. Je sais que c’est pas toujours facile à éviter, mais si tu vis une « vie normale », au moins, utilise bien tes weekends. Je crois que les gens ont besoin d’excitation et une bonne dose de peur, c’est essentiel.

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Greg Hill sait aussi comment chechirer en poudreuse.

Lieu: Rogers Pass/BC, Canada

Photos: Mattias Fredriksson



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Skieur: Nicky Keefer

Lieu: Saalbach, Autriche

Photo: Klaus Polzer

Il y en a qui peuvent peut-être se demander : « Mais d’ou sort Nicky Keefer et ou va-t-il ? » D’autres vont surement se poser la question : « Pourquoi y-a-t’il une bouée attachée à un poteau ? » Et de nombreux vont se dire « Qu’est-ce qu’il se passe réellement dans cette photo ? » Les réponses, n’étant pas forcements simples, expliquent beaucoup. Nicky vole de la droite à la gauche avec un bio 9 blunt de base passant par dessus une table avec un bowl coupé dedans. Il y a une bouée attachée à un poteau parce que c’est un bonk. Un bonk sur lequel Gus Kenworthy a réussi un super Switch 7-2 tail bonk et sur lequel Jossi Wells a fait un zéro spin nose bonk. Donc que se passe-t-il réellement ? On a pris cette photo lorsqu’on filmait Blank Canvas 2.0, un projet filmé pour une webisode d’Atomic qui a rassemblé un tas de filmeurs talentueux, les meilleurs shapers, et un crew de photographes. C’était une semaine pour shaper, faire la fête et shooter avec un module unique et même pour faire quelques sessions de poudreuse dans une des plus grandes stations Autrichienne : Skicircus Saalbach, Hinterglemm, Leogang, Fieberbrunn. C’était un shooting comme tous les autres devraient l’être.

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C'est une question de perspective : Peut importe la pente ou l'on se trouve, il y a toujours une ligne Ă se faire. Allez-y !

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Skieur: Leo Taillefer

Lieu: Bariloche, Argentine

Photo: Fabrice Wittner


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