Magazine Downdays, Février 2016 (FR)

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DOWNDAYS

SEASON 15/16

MAGAZINE

JAPON PROFOND / JF HOULE INTERVIEW / FREE-RANDO

FÉVRIER

#6


TAKING PERFORMANCE TO NEW HEIGHTS.


TE A M RI DE R PA DDY GRA H AM I N TH E N E W GI N GA J A CKET A N D CO N TE S T PA NT S.


Sam anthamatten, charging the line. DegreeS north expeDition // SewarD, alaSka tero repo


Th e n o rTh fa c e .c o m


DROPPING 6 FÉVRIER MAGAZINE SEASON 15/16

DOWNDAYS

ARCHIPEL de plus de 6000 îles s’étendant le long de la côte pacifique de l’Asie, le Japon est la destination rêvée pour les skieurs à la recherche de poudreuse sans fond. En hiver, des vents froids de Sibérie amènent des précipitations sur la Mer du Japon et provoquent des chutes de neige irréelles sur les îles du Nord, offrant ainsi une poudreuse profonde phénoménale. Notre cher Ethan Stone a voyagé au Japon la saison dernière pour vivre ce phénomène, ne ratez surtout pas son aventure en poudreuse, documentée page 50, pour en savoir plus.

Mais outre cette profondeur de neige, le Japon a un autre attrait: la quantité immense de neige offre pléthore de possibilités aux skieurs à la recherche de structures urbaines uniques. Un de ces skieurs est Phil Casabon, qui a voyagé exprès au Japon pour profiter du vaste potentiel urbain.

Photo: Daniel RÖNNBÄCK Rider: Phil CASABON Lieu: Hokkaido, JAPON



EDITORIAL 8 FÉVRIER MAGAZINE SEASON 15/16

DOWNDAYS

Réaction Le numéro de Février de Downdays Magazine, troisième de la saison 2015/16, est le sixième que nous publions et distribuons gratuitement à travers l’Europe. Yeah! Pour être franc, ça fait du bien d’être arrivé jusque là. Et même si pendant que j’écris ces lignes je n’ai pas encore vu le produit fini, je suis plus que sûr, si je puis me permettre, que ce sera encore une tuerie. Naturellement ce ne serait pas réalisable sans tout ce groupe génial de personnes qui rendent tout cela possible –vous savez qui vous êtes- alors merci! J’écris toujours l’éditorial après que les autres sections du magazine soient achevées, en partie parce qu’il est utile de savoir à l’avance ce qui sera réellement dans le magazine, mais surtout parce que l’éditorial peut, étrangement, être le plus compliqué à écrire. Que diable est-on supposé écrire dans un éditorial? Je termine généralement par écrire au sujet de ce qu’on trouvera dans le magazine, cherchant une sorte de lien qui rapproche les différents articles et histoires. Ceci semble fonctionner, bien que je trouve que ça devient un peu assommant après le deuxième numéro de la saison.

« Pour éviter les critiques, ne fais rien, ne dis rien, et ne sois rien. » Elbert HUBBARD

J’ai aussi ce sentiment tenace que de toute manière personne ne lit vraiment l’éditorial. Donc si vous êtes arrivés jusqu’ici, j’en profite pour vous remercier, vous fidèles lecteurs! Puis-je vous demander une faveur? Je veux votre opinion! Je veux vos réactions et vos critiques –bonnes ou mauvaises-, laissez vous aller, faites nous savoir librement, et sans peur de représailles, ce que vous pensez du Magazine Downdays. Ce que vous aimez, ce que vous détestez. Qu'aimeriez-vous voir en plus ou en moins? Manque-t-il désespérément quelque chose dans notre magazine? C’est votre chance de m’en faire part, vous pouvez me le dire directement par mail ou via un réseau plus traditionnel: la poste! Envoyez vos évaluations, commentaires, plaintes, compliments, lettres d’amour ou de menaces à l’attention de Mark von Roy. Mon e-mail et l'adresse de la rédaction se trouvent dans les mentions légales en page 12. J’attends avec impatience de savoir ce que vous pensez de notre chouette petit magazine. Parce qu’au final, notre seul moyen d’améliorer le Magazine Downdays est de découvrir ce que nos lecteurs en pensent, c’est à dire vous! Alors allez-y. Quant à ce que vous trouverez dans ce numéro, pourquoi ne pas tourner la page pour le découvrir? Votre serviteur, Mark VON ROY


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En 1972, nous étions convaincus que le développement de produits devait tenir compte des conditions extrêmes.

Et c’est toujours notre credo.

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Welcome to nature


CONTENU 10

Contenu Portrait 14

Noah Albaladejo

Thought 38

Media 18

Les Vidéos de Candide Thovex

Talent 40 42

20

Gallery Gear

34

Skis & Outerwear

Brains 36

Conséquences Légales

50

FÉVRIER

60 70

44

46

Au Plus Profond du Japon JF Houle Interview Free-Rando

Scroggin

Insider 90

Jean-Claude Pedrolini

Dialogue

Skicircus Saalbach Hinterglemm Leogang Fieberbrunn

92

History

96

Le Hip du Suzuki Nine Knights

98

Après

Le Premier Vol

Crew 88

Fixations à Inserts

Sage Cattabriga-Alosa

Vibes

Round 2

DOWNDAYS

SEASON 15/16

MAGAZINE

86

Charlie Cultrara

Science

Destination 82

Evelina Nilsson Giulia Tanno

Creative

Spray 80

L’Omniprésence des Médias Sociaux

En Couverture Rider: Raffaele CUSINI / Lieu: Click On The Mountain/Courmayeur, ITALIE / Photo: Klaus POLZER



COLOPHON 12

Collaborateurs Charlie Cultrara

Tom Leitner

Skieur et graphiste, Charlie Cultrara commença par créer des webisodes animés cultes, hilarants mais pertinents avec Mashed Potatoes diffusé sur Newschoolers.com. Il est également un graphiste vraiment talentueux qui s’est récemment diplômé et est actuellement à la recherche d’un emploi. Des intéressés?

Basti Huber

Élément de base des Legs Of Steel, Tom Leitner est connu depuis longtemps dans le milieu du freeski germanophone. Son assaut sur les faces d’Alaska dans le film LOS de la saison dernière Passenger l’a projeté sur la scène internationale, mais son niveau de ski n’est pas la seule chose impressionnante, c’est aussi un écrivain talentueux.

Klaus Polzer

FÉVRIER

Récemment rebaptisé «The Scrogmeister», Basti Huber est un freerider qui envoie du lourd, un démon d’endurance, et un mec hilarant. Project manager pour The Distillery, Basti s’est immiscé dans les coulisses de plusieursprojets de freeski, et il est l’homme avec qui organiser des missions de randonnée.

Avec une grande implication dans le milieu du freeski Européen depuis plus de vingt ans, en tant que photographe, rédacteur en chef et skieur, Klaus Polzer est un gourou du freeski. Il est l’iconographe et le directeur de production de ce magazine, mais il produit aussi des images incroyables et des textes divertissants pour notre article sur la free-rando.

« Je tombe parfois dans le piège de faire ce que je pense que je devrais faire à la place de ce que je veux faire. » BJÖRK

Mentions légales Éditeur

Distillery Concept & Creation GmbH Innsbruck, Autriche

MAGAZINE SEASON 15/16

Floyd E. Schulze | hello@wthm.net Équipe éditoriale

Mark von Roy | mark@distillery.cc

Ethan Stone | ethan@distillery.cc David Malacrida | david@distillery.cc

Éditeur Photo, Image Processing & Desktop Publishing

Traduction française & Correction

Photographes

Maison d’Impression

Rédacteur en Chef

DOWNDAYS

Layout

Klaus Polzer | klaus@distillery.cc

Borja Azurmendi, Ashley Barker, Karim Bourakkadi, Antoine Choquette, Adam Clark, Erik Ekström, Gaudenz Danuser, Jesús Fernández, Ruedi Flück, Mattias Fredriksson, Louis Garnier, Marco Gilbert, Stephane Godin, Roman Lachner, Pally Learmond, David Malacrida, Mason Mashon, Klaus Polzer, Felix Rioux, Daniel Rönnbäck, Jordi Rullo, Erik Seo, Christoffer Sjöström, Ethan Stone, Stephan Sutton, Pablo Varela Perez Auteurs

Sebastian Huber, Tom Leitner, David Malacrida, Klaus Polzer, Stephan Skrobar, Ethan Stone, Mark von Roy Art Direction & Design

W—THM Büro für Gestaltung | www.wthm.net

Pierre Brun

Mayr Miesbach | www.mayrmiesbach.de Publicité & Marketing

Si vous voulez le Magazine Downdays dans votre shop, chalet ou bar, envoyez-nous s’il vous plaît un e-mail! Maison d’Édition & Adresse éditoriale

Distillery Concept & Creation GmbH Leopoldstrasse 9 6020 Innsbruck Autriche Tel.: +43 (0)512-307 811 Fax: +43 (0)512-307 812 info@distillery.cc www.distillery.cc

Downdays Magazine est publié en Français, Anglais et Allemand.

Simon Kegler | simon@distillery.cc

Downdays est aussi un site web: www.downdays.eu

Chef de Distribution

Downdays Social Media: www.facebook.com/downdays www.instagram.com/downdays_eu www.downdays-eu.tumblr.com

Simon Kegler

Le magazine et toutes ses contributions sont sujets au copyright. La duplication, publication ou toute autre reproduction, en intégralité ou en partie, sont autorisées uniquement avec le consentement préalable écrit de l’Éditeur. L’Éditeur et l’équipe éditoriale n’acceptent aucune responsabilité pour les textes ou image soumis à évalution.


*

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Photo: Stephan SUTTON


Ethan STONE

SEASON 15/16 Né le : 11 Octobre 1992 Vit à : Encamp, Andorre Station : Grand Valira, Andorre Hobbies: Sports, musique & art Sponsors: Amplid, Spy, Buff, Planks, Full Tilt, Monster

DOWNDAYS

Photo: Pablo VARELA PEREZ

MAGAZINE

Répétez avec moi: AL-BA-LA-DEJO. Pas facile, mais vous devez vous rappeler le nom de cette bête de style talentueuse et nonconventionnelle qui vient de ce petit État Pyrénéen.

NOAH ALBALADEJO

Texte:

PORTRAIT 15

LE PRODIGE D’ANDORRE


quille et réservé lorsqu’il n’est pas sur deux planches. Comment ce gars de 23 ans, humble et éduqué, a fait son chemin jusqu’au sommet du freeski international avec presque uniquement de la vidéo? «J’y investis énormément de temps», dit simplement Noah. Né en Andorre, ce petit État niché dans les Pyrénées entre l’Espagne et la

Noah apparaîtra dans les trois films suivants de Stept, construisant doucement sa réputation de skieur de street appliqué et non-conventionnel. Quand je l’ai appelé fin Novembre pour écrire ce profil, Noah était à Mammoth Mountain, passant un mois en début de saison avec Henrik, Phil Casabon, Vinnie Gagnier, Alex Beaulieu-Marchand et Brady Perron pour se préparer à un nouvel hiver de voyages et de vidéos. À l’inverse de ses exploits explosifs skis aux pieds, Noah est assez tran-

France, Noah Albaladejo a grandi dans une famille de skieurs dans un pays de skieurs. Élevé dans la ville d’Encamp, à dix minutes de la station locale où ses parents travaillent, Noah débuta le ski à 3 ans et les piquets à 5 ans. À 12 ans il commença à skier avec Leo Tarrat, un skieur et shaper local qui l’initia au ski newschool. «Il faisait des 360

Photo: Stephan SUTTON

PORTRAIT 16 NOAH ALBALADEJO DOWNDAYS

SEASON 15/16

MAGAZINE

2015 a été une grosse année pour Noah Albaladejo. Il a filmé avec Level 1 Productions, a gagné le B&E Invitational et a été élu Downdays European Skier of the Year par nos lecteurs en ligne. Après un hiver complètement dingue, il est allé avec Henrik Harlaut à El Calafate en Argentine en Août pour réaliser une vidéo de huit minutes incroyables.

grabés» se rappelle Noah. «J’ai adoré, et j’ai commencé à skier tout le temps.» Trouvant des amis du même âge dans le milieu grandissant du park Espagnol et d’Andorre, Noah abandonna les courses pour le freeski, et commença rapidement à voyager pour suivre sa passion. En 2010, Noah rencontre le skieur et réalisateur Nick Martini pendant un voyage en Nouvelle-Zélande. Impressionné par l’attitude et l’approche de Noah, Martini l’invite à filmer aux USA avec son célèbre crew de street, Stept Productions. Noah apparaîtra dans les trois films suivants de Stept, construisant doucement sa réputation de skieur de street appliqué et non-conventionnel. Par-dessus tout, Noah se différencie de ses pairs grâce à son style. Avec des bases solides, sans bâtons, avec des hand-drags et un style smooth, Noah a conçu son propre mix inimitable de ski, affichant une maitrise rare de ride sur les transitions. Noah peut composer avec une transition compliquée, puis y mettre un hand-drag et tweaker son grab proprement avant de poser une réception stylée et contrôlée, faisant paraître immédiatement les sauts de travers et les jibs improbables aussi beaux et prometteurs que des kickers en park. Noah explique qu’il puise de l’inspiration dans le snowboard, le hip-hop et le reggae, et dans le type de ski de ses compères comme Magnus Graner, Henrik Harlaut et son ami Espagnol de longue date Luka Melloni dont Noah admire le style. «Luka a un style de dingue, un des meilleurs» dit-il. «Ça a l’air facile alors qu’il envoie du gros». Le contrôle parfait de Noah sur les transitions a joué en sa faveur au B&E Invitational 2015, où il a été élu «Best Overall» par une assemblée composée de certains des meilleurs skieurs internationaux, dont beaucoup sont ses idoles. Cette reconnaissance de la part des meilleurs a été un moment clou pour Noah, et il reçu cette récompense, rempli d’émotions. Ce fut la légitimation sans équivoque du chemin qu’il suit. «Ça m’a fait comprendre que je vais dans la bonne direction, et que je dois poursuivre sur cette voie là.» explique-t-il. Désormais, il n’est pas question d’abandonner ce chemin. Noah attend avec impatience cette nouvelle saison pour filmer avec ses nouveaux collaborateurs et continuer de travailler en Andorre avec la crew locale «Round 2». Avec une saison exceptionnelle derrière lui, il va être intéressant et excitant de voir jusqu’où ce mec sincère au talent non-conventionnel va aller.


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MEDIA 18 LES VIDÉOS DE CANDIDE THOVEX MAGAZINE SEASON 15/16

DOWNDAYS

One Of Those Edits Le flot constant de vidéos de ski en ligne est parfait pour nous distraire lorsque nous ne skions pas, mais notre esprit est en conséquence devenu bien plus compliqué à impressionner. Pourtant, il y a encore et toujours un nom qui va arrêter quiconque de faire défiler son flux d’actualités pour mieux regarder: Candide. Texte: Mark VON ROY

Photo: Christoffer SJÖSTRÖM

CANDIDE THOVEX est sans doute le meilleur skieur de la planète, mais aussi le skieur professionnel avec la plus grande compréhension du monde des médias. Un talent indiscutable sur les skis, Candide s’est construit seul et a façonné sa carrière et son exposition médiatique exactement de la manière qu’il voulait. Débutant avec les films Rastafaride au début des années 2000, Candide s’intéressa à la réalisation et au montage vidéo, devenant de plus en plus impliqué dans chaque production. Sept Rastafaride plus tard, et après une interruption de deux ans due à un blessure au dos signant potentiellement une fin de carrière, Candide laissa de nouveau sans voix le monde du ski avec la sortie de Candide Kamera, un court métrage combinant des prises de vues magnifiques et l’action la plus innovante à ce jour en poudreuse à grande vitesse. Avec Candide Kamera 2 la barre fut placée encore plus haute. Candide, et ses cameramen talentueux, ont parfaitement capturé l’essence même du ski. Beaucoup de vidéos ont depuis tenté d’imiter cette formule, mais aucune n’est parvenue au même résultat. La sortie du documentaire Few Words deux ans plus tard nous éclaira sur comment Candide est devenu l’icône d’aujourd’hui. On peut dire sans se tromper qu’un esprit intelligent, passionné et dévoué, se cache derrière ce talent brut en ski. Mais comme le souligne le titre de son documentaire, c’est un homme peu bavard qui laisse plutôt parler sa manière de skier. Avec la montée des réseaux sociaux, les athlètes professionnels ont une nouvelle plateforme pour toucher une grande audience, et beaucoup y voient l’opportunité de communiquer avec leurs fans quotidiennement. Mais Candide ne poste sur ces réseaux que quelques fois par mois, généralement avec une image magnifique, et il obtient une popularité incomparable aux autres. Et lorsque Candide sort une nouvelle vidéo, la communauté en ligne de skieurs devient complètement dingue. Candide est en avance sur tout le monde. Avec la sortie de One Of Those Days, Candide fut couronné roi des vidéos POV. Filmé entièrement en sta-

tion, sans musique, juste le son brut, avec un montage apparemment simpliste et de nombreux plans qui tremblent, le succès n’était vraiment pas garanti. Mais on parle de Candide, la vidéo est donc naturellement devenue virale. Elle est à tomber par terre, sans doute la meilleure vidéo de ski POV à ce jour. One Of Those Days 2, même concept, en plus fou. Candide a révolutionné les vidéos de ski sur internet. Avec plus de 17millions de vues, c’est évidemment la vidéo la plus vue de la saison dernière, et probablement de tous les temps. Filmé entièrement depuis la tête de 32ans de Mr Thovex, One Of Those Days 2 est époustouflant. Une vidéo de ski n’avait jamais reçu une telle attention du grand public et de tels éloges du public spécialisé. Une préparation minutieuse, réfléchie,

pleine d’efforts aura été nécessaire pour réaliser cette vidéo, et on dit que Candide a passé des mois sur le montage. J’écris ‘on dit que’, parce que quand nous l’avons contacté pour en savoir plus sur le tournage, «sans commentaires» fut la seule réponse que nous avons obtenue. Oui, c’est un homme qui parle peu. Mais ça me va, parce que Candide Thovex est un homme simple aux talents multiples, et le manque de communication média conventionnelle participe à son côté mystique. One Of Those Days 3 pourrait sortir d’un moment à l’autre, et personne ne sait ce que Candide nous réserve. Une chose est sûre: j’ai hâte de voir de nouveau ce que ça fait de voler vers le bas d’une montagne avec la perspective du meilleur skieur de la planète.


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MAGAZINE SEASON 15/16

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En haut

Rider: Linus TORNBERG Photo: David MALACRIDA Lieu: La Clusaz, FRANCE


Rider: David WISE Photo: Pally LEARMOND Lieu: Zürs, AUTRICHE

GALLERY 21

En bas


Rider: Josh DAIEK Photo: Mason MASHON Lieu: Haines/AK, USA


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GALLERY 23



GALLERY 25 Page d’en face

Rider: Thibaud DUCHOSAL Photo: Stéphane GODIN Lieu: Rosa Khutor, RUSSIE

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Rider: Aristide CAMELIN Photo: Kab Lieu: Bozel, FRANCE

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GALLERY 26 Rider: Callum PETTIT Photo: Ashley BARKER Lieu: Whistler, CANADA

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Page d’en face

Rider: Johnny COLLINSON Photo: Mattias FREDRIKSSON Lieu: Mica Heliskiing, CANADA



GALLERY 28 FÉVRIER MAGAZINE DOWNDAYS

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Page d’en face

Rider: Virginie FAIVRE Photo: Klaus POLZER Lieu: Suzuki Nine Queens/ Serfaus, AUTRICHE Cette page

Rider: Tim McCHESNEY Photo: Erik SEO Lieu: Edmonton, CANADA



Rider: Pierre Antoine CHEDAL Photo: Louis GARNIER Lieu: Tignes, FRANCE


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GALLERY 31


LTD EDITION ANON + UNDFTD A2 COLLABORATION


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Les skis sont fun et géniaux. Ils permettent de descendre avec plus de vitesse, de contrôle et de plaisir. Voici quelques skis que vous pourriez aimer.

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GEAR 34

Super Skis

ATOMIC

K2

ARMADA

VÖLKL

Bent Chetler

Pinnacle 118

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Dimensions: 145-118-135 mm, Rayon: 23 m @ 184 cm; Longueurs: 177/184/191 cm; Poids: 2330 grammes/ski @184 cm; Powder Nose Rocker & Slight Tail Rocker

Dimensions: 133-98-123 mm, Rayon: 20.5 m @ 178 cm; Longueurs: 158/168/178/188 cm; Poids: 1900 grammes/ski @ 178 cm; AR Nose Rocker, Hybrid Double Zone Core

Dimensions: 129-95-119 mm, Rayon: 21.3 m @ 173 cm; Longueurs: 157/165/173/181 cm; Poids: 1920 grammes/ski @ 173 cm; Rocker Nose et Tail, Noyau bois multi couches


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DOWNDAYS

MAMMUT

SEASON 15/16

MAGAZINE

FÉVRIER

Vestes et pantalons vous tiennent confortablement au chaud et au sec, c’est essentiel! Voici quelques combos qui remplissent toutes ces conditions.

GEAR 35

Outerwear Formidable


BRAINS 36

Qui a réellement le droit de faire ça? Ce texte s’adresse à ceux qui désirent participer à des camps de freeride, aux journées de tests organisées par les magazines ou les marques de ski, aux journées freeride organisées par des fabricants de matériel de sécurité, et aux journées «Venez skier avec moi» proposées par des skieurs professionnels.

DOWNDAYS

SEASON 15/16

MAGAZINE

CONSÉQUENCES LÉGALES

Texte: Stephan SKROBAR

Photo: Klaus POLZER

L'hiver dernier, durant la Downdays Freeride Mission à Kappl, Eric Hjorleifson menait le groupe de lecteurs ayant participé, en coopération avec un guide de haute montagne qui couvrait les responsabilités légales, et prenait donc les décisions finales si nécessaire.

QUI ÊTES-VOUS en train de suivre, en haute altitude, sur cette descente apparemment aussi dangereuse que belle? Et que se passe-t-il si quelque chose de grave se produit? Voici une tentative de clarification des éventuelles conséquences lorsqu’un problème survient. Dernièrement le freeride a explosé et a été intégré à des concepts de l’industrie des sports d’hiver. Cela signifie que les fabricants, les magasins, les stations et les services de secours avec leurs hélicoptères ne sont désormais plus les seuls à profiter des gens qui skient loin des pistes. Les organisateurs d’excursions et stages éducatifs profitent également de notre hobby. Mais qui a effectivement le droit de se présenter en tant que guide professionnel de freeride en Autriche? Comme dans chaque domaine professionnel, de nombreuses lois réglementent chaque cas, mais on ne veut pas vous ennuyer. En bref, toute personne ayant effectué la formation adéquate peut demander les permis nationaux certifiés. Cela inclut les guides de haute montagne, les guides de ski avec une licence d’école de ski ou encore les employés d’une école de ski. Imaginons que vous participiez à une journée ‘skiez avec un pro’. Le côté juridique d’une excursion en freeride de ce genre ne vous intéresse probable-

ment pas. Vous ne voulez pas perdre de temps avec les aspects légaux durant une journée de freeride, vous voulez la poudreuse parfaite de la face que le Pro a repéré. Et le fait que ce ‘guide’ soit un professionnel est clairement exposé sur les différents réseaux sociaux. Attention: la phrase précédente pourrait contenir des notes de sarcasme. Participer à une journée ‘skiez avec un pro’, ou à n’importe quelle sorte de camp de freeride, implique le fait que le guide assurera votre retour sain et sauf en fin de journée. La raison pour laquelle les freeriders s’intéressent à ces Centres de Freeride est généralement un manque de connaissance de la zone à skier et des conditions de sécurité. Les accidents sont toujours à prendre en compte. Les avalanches, les chutes, et autres tragédies du genre peuvent toucher même les guides les plus expérimentés, même lorsqu’ils accompagnent des clients. Ces incidents se produisent de temps en temps, et les conséquences pour les personnes responsables (le prestataire de service) peuvent être de lourdes condamnations pénales.

Qu’arrive-t-il au client blessé, ou pire encore, aux survivants? Le prestataire de service peut avoir à couvrir la charge financière d’un tel incident, en accord avec la loi civile. Ces compensations sont normalement prises en charge par une assurance responsabilité civile, que chaque Centre de Freeride devrait posséder, ce que certaines lois régionales rendent obligatoire pour toute opération. Qu’arrive-t-il quand le soi-disant guide n’a en réalité jamais terminé sa formation? Dans ce cas, tout est à la charge du freerider blessé, ou de la famille du défunt. La plupart des compensations financières dues à un accident de freeride peuvent rapidement dépasser la valeur des biens personnels d’un ‘guide’ sans assurance. Ce sont les faits que quiconque désirant participer à un camp de freeride devrait prendre en considération. Bien sûr, ces facteurs entrent en jeu pour des événements se produisant en dehors des pistes. Par exemple, pour un exercice d’entrainement de recherche en avalanche proche d’une remontée, ces paramètres ne sont pas pertinents, et le risque global est bien plus faible. Je n’ai pas pour but de décourager quiconque de faire du freeride. Il est juste important de considérer avec qui vous allez hors-piste et connaître ces informations supplémentaires et les conséquences éventuelles d’un accident. Espérons que cet article vous aura un peu fait réfléchir. Merci à Lukas Marzi pour ce point de vue juridique critique et à Lorraine Huber, freeskieuse professionnelle, pour l’inspiration de l’écriture de ce texte.

Avertissement: ceci est un article volontairement provoquant et non pas un guide juridique, l’Autriche et la loi Autrichienne sont citées à titre d’exemple, et rappelez-vous que les lois varient selon les pays.


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RÉSEAUX SOCIAUX

SEASON 15/16

MAGAZINE

RÉSEAUX SOCIAUX

EGO

THOUGHT 38


On glisse dans l’ère de l’égocentrisme: on présente notre vie sur les réseaux sociaux, et notre ambition de montrer et partager tous les aspects de nos vies a trouvé son point culminant avec l’obsession des «selfies». On se voit constamment dans un état d’auto-perception erroné, nourri par des «likes» au point que la mégalomanie a presque pris racine…

THOUGHT 39

Ne pas Partir à la Poursuite des «Likes»

Texte: Tom LEITNER

essentielle du concept, et l’attention donnée à l’esthétisme et au côté unique est ce qui nous distingue des sports traditionnels. Plus que de simples athlètes, nous sommes des athlètes nous mettant nous-même en scène. Nous dirigeons et mettons en avant notre mode de vie, et

jours été lié à la liberté. La personne que je suis en montagne n’est pas vraiment la même que celle de la vraie vie. Et parfois les choses sont plus claires à travers les yeux de quelqu’un d’autre, à travers ceux de quelqu’un dont on admire la personnalité. Néanmoins,

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nous nous battons toujours pour obtenir de la reconnaissance. Mais plus on se sent à l’aise avec les personnes qui nous entourent, plus on peut laisser de place à notre propre personnalité. Je n’ai jamais été une personne compétitive, et je n’ai jamais voulu voir le ski en tant que business. Je me sens un alien dans le milieu qui m’a permis de vivre la vie que j’ai toujours voulu en tant que skieur professionnel. J’ai dû séparer strictement l’aspect professionnel –où je suis une personne publique montrant mes compétences- de ma vraie passion qui est simplement de skier avec mes bons amis. Cette saison, pour la première fois de ma carrière, j’ai pu être moi-même. J’ai été en compagnie d’amis avec la même opinion, même si certains avaient dix ans de moins. Ils sont d’une autre génération, mais leurs valeurs et leur motivation sont semblables aux miennes. Cela m’a aidé à vivre l’instant présent pleinement, encore plus qu’avant. Et c’est l’expérience qui compte, pas les ‘likes’. Alors peut-être, la prochaine fois que vous vous tiendrez au sommet d’une montagne avec vos amis, laissez la caméra dans votre poche et savourez l’expérience pour ce qu’elle est vraiment. Vous noterez peut-être la différence.

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d’une certaine manière nous voulons aussi que notre vie privée suive cette idée d’image imposée. Observant cela d’un point de vue plus pessimiste, le freeski est un parfait exemple pour la mentalité: ‘fais voir la photo sinon c’est pas vrai’, celle qui menace de nous éloigner de nousmême. Combien de fois avons-nous déjà ruiné un moment en sortant la caméra, en allumant la Gopro? Plus on est ‘pro’, plus cette réalité devient évidente: on verra plus de gens sur leur iPhone durant une pause pendant un shooting en park, que de gens qui se parlent. Et au sommet d’une montagne on verra plus la beauté à travers le filtre de succès des réseaux sociaux que par le miracle éblouissant de la nature ellemême. Je ne blâme personne pour tout ça. Je fais peut-être partie d’une ancienne génération et je ne comprends pas ce phénomène. Je ne suis peut-être pas assez ouvert, et les plus jeunes ont une approche plus flexible. Au final, ce n’est pas si grave. Mais pour moi, être connecté numériquement tout le temps signifie ne pas vraiment vivre l’instant. Je ne me positionne pas au-dessus des autres. Je fais partie de tout ça et j’ai besoin de faire ma place. Mais pour moi, le rôle que le ski m’a offert a tou-

RÉSEAUX SOCIAUX

Observant cela d’un point de vue plus pessimiste, le freeski est un parfait exemple pour la mentalité: ‘fais voir la photo sinon c’est pas vrai’, celle qui menace de nous éloigner de nous-même.

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L’ÉGOCENTRISME ne mérite pas forcément une mauvaise presse. Je crois même que sa forme pure est un but désirable. Tandis que le véritable égocentrisme -conscient ou non- évolue progressivement vers la conscience de soi, nous faisant découvrir le centre de notre égo, l’égocentrisme des réseaux sociaux en est l’exact opposé. Au lieu de se définir à travers notre nature humaine, il se définit par les réactions des étrangers. Tout ce qu’il vise, de la part de ses amis ou followers des réseaux sociaux, dans sa manifestation la plus abstruse, est nommé «like», ce qui est une vraie parodie de l’amitié. Ça en devient une obsession, une addiction, et il est facile de s’y perdre. Au lieu d’absorber des impressions et de les transformer en sentiments et en souvenirs intimes, il transforme ces impressions et les lance dans l’espace virtuel qu’est internet. Ça ne fait plus partie de l’instant présent. En tant que membres de la communauté des sports dits ‘free’, nous clamons toujours de ‘vivre l’instant présent’. Nous vivons pour des moments d’honnêteté intense, où nous ressentons en partie la nature et notre environnement. Nous avons toujours voulu être des hédonistes dans leur forme positive et originelle. Depuis toujours les hédonistes recherchent «le plaisir dans une forme de tranquillité et de liberté de la peur, avec l’absence de douleur corporelle à travers la connaissance des rouages du monde et des limites de nos désirs» pour reprendre les mots du philosophe Grec Épicure. Je sais, ça peut sembler un peu romantique et trop profond, mais quoi d’autre que le romantisme peut nous faire investir autant d’efforts dans des activités essentiellement sans propre utilité? Traditionnellement, nous avons toujours fait attention aux réactions des autres. Depuis la création des sports free tels que nous les connaissons, les gens ont toujours documenté leurs actions. C’est un peu ce qui définit notre mode de vie, nous nous exprimons en montrant notre monde. Le partage de nos expériences est une part


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Evelina Nilsson Photo: Erik EKSTRÖM

EVELINA NILSSON

Interview: Mark VON ROY

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Comment fait-on pour se qualifier pour le Freeride World Tour? Il faut rêver et y croire! Quelle est ton approche du ski? Quand je skie, je skie avec mon cœur. La concentration est la clé. En compétition ou quand je filme je suis encore plus concentrée. J’essaye de focaliser mon attention avant de me lancer, comme un Jedi qui se prépare pour quelque chose d’important. Avec qui aimes-tu skier? Avec tous ceux qui rayonnent d’amour! Je voudrais skier avec mon âme sœur. Quels sont tes objectifs dans le ski? Je veux continuer de faire ce que j’aime

et partager cette passion avec le monde entier. J’aime explorer les montagnes avec mes amis, sentir la force de la nature. Comment te prépares-tu pour une journée épique? Réveil, méditation et yoga. Petitdéjeuner avec smoothie de banane et des tonnes de vitamines et un peu de thé au gingembre. C’est cool d’écouter de la bonne musique, là j’écoute beaucoup la musique de mon ami, Falklorian! Quel est ton meilleur souvenir dans le ski? Mon premier backflip. C’était après des problèmes de blessures, donc c’était vraiment magique. J’étais si heureuse.

Née le : 7 Juillet 1991 à Luleå, Suède Maison : Le monde Station: Åre et Riksgränsen, Suède Hobbies: Ski, yoga, méditation, nature Sponsors: Peak Performance, Fischer, Sweet Protection, Alpingaraget, Oakley, Stitch n Stones


2016/ SLOPESTYLE WOMEN & MEN

PRIZEMONEY CHF 30'000.00 EUROPEANFREESKIOPEN.LAAX.COM


TALENT 42

Salut Giulia, quand as-tu débuté dans le freeski? J’ai fait du ski alpin jusqu’à 11 ans, et j’ai commencé le freeski à 13ans. Quelles sont tes inspirations dans le ski et qui sont tes idoles? J’ai grandi en skiant et j’ai toujours aimé ça. On peut pousser aussi loin qu’on veut et faire tout ce qu’on aime. C’est ça qui m’inspire le plus. J’admire de nombreuses personnes. Jamie Anderson est une d’elles, c’est une super rideuse et sa manière de vivre m’inspire. J’admire aussi Sarah Burke, c’était une pionnière du freeski et elle a poussé le ski si loin. C‘est comment de faire partie du Swiss Freeski Team? J’aime voyager avec l’équipe. C’est comme partir en voyage et skier avec une grande famille, c’est bien mieux que d’avoir une simple équipe et de juste s’entraîner avec, comme dans les autres sports. C’est cool d’avoir un coach qui sait conseiller. Au final on fait les tricks nous-même, et un peu d’aide n’est pas une mauvaise chose.

GIULIA TANNO

Tu as pris part à beaucoup de compétitions, quels sont tes objectifs? Le but de chaque compétiteur est de gagner, sinon ça ne vaut pas la peine de participer. Mon objectif principal dans chaque contest est de poser mon meilleur run. Si j’y parviens, je suis heureuse. Et bien sûr c’est encore mieux si le résultat est là.

Giulia Tanno Interview: David MALACRIDA

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De quel trick es-tu la plus fière, et qu’est-ce que tu veux encore replaquer? Je suis très fière de mon switch left 1080. Je veux poser un back to back switch 1080. Il y a d’autres tricks sur lesquels je veux travailler, mais tu devras attendre pour savoir exactement lesquels.

Née le : 5 Mai 1998 à Lenzerheide, Suisse Vit à : Lenzerheide Station: Arosa-Lenzerheide Hobbies: Sport en général Sponsors: Faction, Samsung, Smith Optics, Level, Full Tilt

Photo: Ruedi FLÜCK



CREATIVE 44 CHARLIE CULTRARA MAGAZINE SEASON 15/16

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Mon père m’avait dit: «Il faut parfois choisir entre aimer ce qu’on fait pour travailler et travailler pour payer ce qu’on aime.» En tant que graphiste, de longues journées devant un écran peuvent être épuisantes, mais je ne perds jamais mon lien avec la montagne. www.charliecultrara.com



SCIENCE 46

Les Inserts Tandis que le concept de fixations à inserts date d’il y a 30ans, il aura fallu attendre ces dernières saisons pour que ce type de fixation commence à intéresser le grand public. La raison principale à cela: le développement de la technologie des fixations à inserts qui a mené à une fonctionnalité aussi bonne en montée qu’en descente. Il est donc temps pour Klaus Polzer d’examiner de plus près ces développements intéressants qui ont relancé la randonnée.

FIXATIONS À INSERTS

Texte: Klaus POLZER

Il EST DIFFICILE de dire si le boom actuel de la free-rando est dû aux nouvelles fixations à inserts –qui offrent de meilleures performances significatives en descente, comparées aux modèles classiques- ou bien si c’est l’inverse. Mais une chose est sûre, aucune autre catégorie de produits dans le ski ne déchaine autant les passions que les fixations à inserts. Leur avantage durant la montée est indiscutable, en particulier du côté de la course de randonnée où aucun autre système n’offre des prestations équivalentes. Les freeriders, à l’opposé, ont toujours été plutôt sceptiques à propos de ce système, en cause ce sentiment de faible stabilité –seuls les modèles les plus récents ont réussi à changer leur point de vue. Cela pose la question: pourquoi aura-t-il fallu 30ans de développement à un produit pour qu’il soit assez solide. Le meilleur moyen d’expliquer cela est de regarder en arrière durant les premières années de vie des inserts.

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Une Brève Histoire L’inventeur des fixations Low-Tech (le nom originel des fixations à inserts) est un Autrichien imaginatif nommé Fritz Barthel. En 1982 le jeune Fritz entreprit une expédition en randonnée sur le Mont-Blanc –sans trace existante à suivre et avec le matériel de l’époque, ce fut une mission qui le poussa aux limites de ses capacités physiques- et il décida à son retour qu’il était temps d’avoir des fixations de randonnée plus légères et plus efficaces. En tant qu’étudiant en génie mécanique, il avait ainsi toutes les capacités techniques et l’accès à tous les outils dont il avait besoin. Après des heures innombrables de bricolage, et avec l’aide de l’État Autrichien, Fritz breveta les bases d’un prototype de fixation Low-Tech en 1984. À un certain moment, la production à petite échelle de la première fixation à inserts devint si populaire qu’un importateur Italien de Dynafit s’est plaint et provoqua presque l’extinction des inserts. Heureusement, Dynafit – qui avait changé de propriétaire- reprit ses

ÉVOLUTION DES FIXATIONS LOW-TECH esprits et mit sur le marché la première production de masse de fixations à inserts.

Les Fixations: Rétrospective Pendant des décennies, au début du siècle précédent, les fixations étaient essentiellement constituées de lanières de cuir. Tandis qu’elles devenaient plus résistantes, elles commençaient à s’adapter au ski alpin et pourtant le taux de blessures augmentait significativement. La solution à ce problème fut de remplacer les lanières en cuir par des pièces en métal, tenues par des ressorts, qui s’ouvriraient lorsqu’une pression suffisante serait appliquée. Ce principe de base de sécurité des fixations est actuel. Ce système plaque la chaussure avec sécurité sur le ski et offre divers avantages. Il a un faible coût de production, il permet une bonne transmission de puissance et il a des paramètres de déclenchement ajustables. Un des désavantages est le fait que le déclenchement n’est pas différencié entre divers angles de pression, c’est pourquoi des blessures comme celles des ligaments croisés ne peuvent pas toujours être évitées, sans parler du fait que les chaussures de ski nécessitent, pour s’enclencher dans la fixation, d’intégrer des blocs en plastique peu pratiques en pointe et au talon. Au fil des années, ce système est devenu très fiable, mais un mode de montée n’était pas possible. La solution rapide fut de mettre une fixation entière sur une plaque reliée à une charnière permettant alors la montée tout en utilisant le système existant. Mais pour économiser du poids et pour déplacer le point de pivot au plus près du pied, la fixation fut si minimisée qu’elle offrait peu de fiabilité et perdait significativement en terme de sécurité. Si on voulait des performances solides en descente, des inserts supplémentaires pouvant être enlevés en descente étaient nécessaires. Ces dernières années seulement ont connu des améliorations du système, avec le lancement de produits comme la Marker Duke ou la Atomic Tracker, des fixations de randonnée classiques sans compromis pour la

1984: La toute première fixation low-tech

1986: Petite production faite maison

1990: Tour Lite Tech, la première fixation Dynafit

2004: TLT Comfort, du low-tech pour tout le monde

2013: Le premier modèle Dynafit Beast


Le Statu Quo Problèmes mis à part, les avantages des fixations à inserts sont si grands que quiconque effectuant de longues ascensions à skis ne veut pas y renoncer, même si la descente reste l’objectif principal. Naturellement, diverses améliorations du système à inserts –offrant plus de stabilité lors des descentes- ont été développées et mises sur le marché ces dernières années. Avec les lignes de freeride nommées Beast, Dynafit a cherché à augmenter la force de tenue des inserts arrière, qui nécessitent un adaptateur pour la butée de la chaussure de ski. D’autres fabricants suivent un chemin similaire. La conséquence négative de tout cela est que la chaussure de ski ainsi modifiée n’est désormais plus compatible avec les fixations alpines classiques, et donc seules des chaussures spécifiques fonctionnent avec ce genre de fixation. Avec le développement accrocheur de la fixation hybride Kingpin, Marker Bindings a franchi une étape supplémentaire. Intégrant une butée traditionnelle à inserts, ils ont remplacé la talonnière à inserts par une talonnière de fixation alpine qui doit simplement se déplacer pour l’ascension. Cela a nécessité bon nombre d’ajustements, puisque la fixation avait besoin d’une pression d’enclenchement comme sur une fixation alpine classique. Le skieur, cependant, ne note pas vraiment la différence –c’est même plutôt l’inverse- la sensation de ride avec la Kingpin est solide, stable et avec une transmission de puissance comparable à celle d’une fixation alpine normale. Le seul désavantage de la Kingpin est qu’elle ne peut pas mettre en œuvre le plein potentiel d’un système de fixation à inserts pur, par exemple pour ce qui est de la facilité de manipulation. Cependant, tant qu’il n’y aura pas de système parfait à inserts de disponible, la Kingpin continuera de combiner parfaitement le meilleur des deux mondes, et est actuel-

SCIENCE 47

De Belles Perspectives Cet article n’a pas pour but de faire des comparaisons pour savoir quel système est le meilleur, mais il sert d’aperçu sur cette catégorie de produits hautement intéressante et très dynamique. Outre le projet de crowd-funding de B.AM., de nombreux autres bricoleurs ingénieux, aux idées ambitieuses, se creusent la tête. Il n’y a donc pas de doutes, plusieurs autres fabricants de fixations suivront les traces de Marker et présenteront leurs propres solutions durant les saisons à venir. Comment ces fixations se placeront sur le marché dépendra aussi bien du côté pratique du système que de la conception même de la fixation. Pour plus de détails sur les différents systèmes, nous vous recommandons de visiter les sites webs des fabricants. On peut dire avec certitude que des fixations comme la Marker Duke ou la Atomic Tracker n’ont plus de futur envisageable, -du moins pour ce qui est de la free-rando sérieuse- nécessitant de soulever tout le poids à chaque pas supplémentaire, et même les bonnes vieilles fixations à inserts Alpine Tracker sont une alternative plus légère à prendre en considération. À l’opposé, le segment des fixations à inserts –avec bon nombre de solutions prometteuses, d’approches variées, d’idées uniques et de combinaisons hybrides- est très excitant. Jusqu’où va-t-on aller? Personne ne le sait. Avec tous ces bricoleurs et ces inventeurs, et les imprimantes 3D pour tester de nouvelles idées sans délais interminables, il est possible que nous nous trouvions un jour sur des skis avec un système qui n’a rien à voir avec les fixations à inserts ou les fixations alpines. Ça pourrait être quelque chose de totalement différent. Et cette fois, nous n’aurons peut-être même pas à attendre 30ans pour que ça arrive finalement…

FIXATIONS À INSERTS

Une fixation low-tech est basée sur un système complètement différent pour la connexion de la chaussure au ski. Au lieu de fixer la chaussure aux skis, des inserts métalliques de la fixation s’encastrent dans les trous correspondants de la chaussure, établissant un lien solide sans appuyer la chaussure sur la surface du ski. Cette méthode est très avantageuse pour la montée. D’abord, le système utilise le point de pivot idéal directement sur la pointe de la chaussure. Ensuite, aucune partie inutile de la fixation n’a besoin d’être soulevée avec la chaussure lors de la marche, économisant ainsi beaucoup d’énergie, d’autant que le poids de la fixation est bien moindre que celle d’une fixation classique. Il existe pourtant des inconvénients, pas nécessairement dus au principe de base des fixations à inserts, mais plutôt à des développements historiques et à une praticité de production du système. L’objectif de Barthel était avant tout d’avoir une fixation qui rende l’ascension plus facile tout en maintenant une simplicité d’utilisation. Lorsque le système a été conçu et amélioré, la poudreuse se skiait encore avec des skis droits et de nombreux virages courts à basse cadence. Les exigences de stabilité pour la descente étaient donc bien moindres que de nos jours. Pour des raisons pratiques, il choisit d’utiliser une petite plateforme pour les inserts au talon qui, en raison des conditions défavorables de l’effet de levier, ne fonctionne pas vraiment avec des skis larges de freeride ou avec des chaussures de randonnée rigides modernes. Aussi, la fonction de sécurité, qui se trouve dans la talonnière de la plupart des fixations à inserts, est difficile à justifier pour tous les freeriders qui se préoccupent de l’état de leurs genoux. Au-delà de tout ça, la petite superficie de contact entre la fixation et la chaussure implique d’immenses exigences sur le type de matériel à utiliser, ce qui est

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La Solution des Inserts

pourquoi les fixations à inserts ont un coût de production bien plus élevé par rapport aux fixations alpines classiques.

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descente. La montée avec ces fixations n’est cependant pas des plus simples.

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La Marker Kingpin est actuellement la fixation de free-rando la plus aboutie.

lement la fixation de randonnée la plus recommandée sur le marché. Des systèmes de fixations fiables, allant dans une nouvelle direction, sont une solution actuellement uniquement disponible en tant que prototype. La Pindung de Bavarian Alpine Manifest, ou B.AM., repose entièrement sur une fixation alpine pour la descente et sur un système à inserts pour la montée. Les inserts sont intégrés dans la butée et déplacés si besoin pour la montée. La Pindung utilise un système similaire de déplacement de la talonnière sur une plaque attachée au ski, un peu comme la Marker Kingpin. Les performances de la Pindung, en particulier durant de longues ascensions, restent néanmoins à tester. Une chose est sûre cependant, on peut compter sur une fixation alpine éprouvée pour la descente, ainsi que sur son poids supplémentaire.




FEATURE 50

L’Orient Texte & Photos:

Ethan STONE

Lointain Février fleuri à Kyoto

On entend dire: va au Japon, tu y skieras une poudreuse profonde. Alors quand l’occasion s’est présentée à Mr. Ethan Stone, il n’y a pas réfléchi à deux fois avant de réserver un billet.


FEATURE 51 JAPON MAGAZINE SEASON 15/16

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En Haut: Le carrefour Shibuya à Tokyo; En Bas: Un saro, une chèvre de montagne Japonaise.


FEATURE 52 JAPON MAGAZINE SEASON 15/16

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Nicky Keefer trouve une sortie à Rusutsu.

LE JAPON est un voyage, dans tous les sens du terme. Parmi les destinations de ski dans le monde, c’est une des plus lointaines à laquelle un skieur peut aspirer, avec un côté mystique incontournable. Une poudreuse incroyablement légère dans des lointaines îles du Pacifique qui abritent une culture fascinante? C’est trop beau pour être vrai, et pourtant… le nombre incalculable de photos dans les magazines, les segments vidéo, les louanges incessantes de la neige Japonaise, ça ne peut pas être tout inventé, non? J’ai dû aller le vérifier par moi-même, pénétrer le mythe du Japon et apprendre ses secrets. Voilà ce que j’ai trouvé. Demandez à quiconque ce qui lui vient à l’esprit en pensant au Japon. Il répondra probablement avec un de ces sujets: technologie, culture, nourriture, histoire, bombe atomique, réacteur nucléaire, tremblement de terre, villes animées, temples Bouddhistes, ninjas ou kimonos. Mais pour les fans de ski ici, il y a une chose en plus, un côté moins connu, qui s’appelle: neige. Et il y en a beaucoup. Extrêmement légère. Poudreuse Japonaise, nom de code: Japow. Me voilà donc dans la station de Rusutsu à Hokkaido, après trois vols pour un total de treize heures, avec deux jours d’attente à Tokyo et trois heures de bus depuis l’aéroport New Chitose de Sapporo, et je profite maintenant des dernières remontées de la journée. Ce qui me frappe tout de suite c’est que tout ce qu’on dit sur la poudreuse Japonaise est vrai. De toutes mes descentes au Japon, la toute première est inscrite dans ma mémoire: sautant seul depuis la télécabine, chaussant mes skis et me

jetant directement à travers les arbres devant moi suivant une trace de traversée très prometteuse. Tout ce qui m’était étranger devint alors de nouveau familier. De la poudreuse vierge en-dessous de moi, c’est parti. Tandis que le premier face-shot d’une longue série surpasse la hauteur de ma tête, j’ai finalement ce face à face avec la vérité que je suis venu chercher: Japow existe, et c’est génial comme on l’imagine. C’est léger, profond, amusant et il y en a de partout. Je fais mes premières descentes au Japon dans des pentes vierges remplies de poudreuse qui me disent: «va vite et ne t’arrête pas». Avant que je ne rencontre me premiers collaborateurs demain pour faire des photos, il est temps de profiter de chacun de ces précieux virages en solitaire.

Hokkaido avec ‘The Coterie’ ‘The Coterie’ est une production vidéo de l’Utah, le premier des nombreux groupes que j’ai prévu de rencontrer ici. L’équipe est venue en force à Hokkaido avec deux cameramen et cinq skieurs pour filmer un segment freestyle en poudreuse pour leur prochain film «We Trust Your Judgment», avant de poursuivre leur chemin en Corée pour une semaine de park et de street. Il y a du lourd: le démon du style Nicky Keefer, les talentueux frères Kevin et Mitchell Brower, le skieur de street Lupe Hagearty et le vainqueur du Level 1 Superunknown 2015 Jonah Williamsune équipe pleine de talents, plutôt orientée vers le park et qui veut produire le prochain gros segment


sés de Rusutsu. Quel malentendu. Par chance, Gordon a ses skis de randonnée dans sa camionnette ainsi que de la place pour cinq à six personnes en plus. Nous chargeons tout et partons vers une zone proche de Niseko, où Gordon connaît un endroit en bord de route qui pourrait nous convenir. Le silence n’est interrompu que par le vent s’engouffrant dans les arbres et par les flocons se précipitant à travers les congères. Les cliquetis des fixations de randonnée et les grognements d’effort sont les seuls sons d’origine humaine tandis que nous atteignons la crête, avec en-dessous de nous des lignes de poudreuses vierges et profondes. Quelques rochers affleurent, et de gros pillows offrent les reliefs recherchés par l’équipe. Au boulot. Les skieurs choisissent leurs lignes et les cameramen leur prise de vue, tandis que je passe les heures suivantes à patauger dans la poudreuse jusqu’au menton, attendant la bonne lumière tout en tentant de garder mes objectifs au sec. La neige est fantastique, mais la photographier est un défi: des rafales de neige arrivent de tous les côtés, remplissant instantanément l’air de

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Ne vous inquiétez pas si vous croisez un de ces gars étranges dans le backcountry à Honshu, c’est un saro, une chèvre de montagne Japonaise. Pour plus d’aventures animalières, ne ratez pas l’onsen du singe des neiges dans le parc Jigokudani à l’extérieur de Nagano.

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Anecdote

Kevin Browser, de l’Utah, se sent à la maison avec ce 360 sur une barre à Tokachidake.

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de freestyle backcountry au Japon. Mais tandis que l’on s’enfonce plus profond dans ces montagnes les jours suivants à la recherche de reliefs pour les tricks, il devient évident que filmer des images en poudreuse avec une qualité du genre Nimbus n’est pas aussi facile que ça en a l’air. Nous avons passé au peigne fin le terrain balisé toute une journée, mais les dernières grosses chutes datent de quelques jours déjà et la récolte à été mince. Nous prenons la décision de prendre un guide pour nous accompagner en backcountry. Nous sommes prêts pour notre première vraie découverte du backcountry et de ses challenges ici à Hokkaido. S’il y a un mauvais côté à Hokkaido, c’est le côté assez plat du terrain. Les skieurs d’Europe et d’Amérique du Nord peuvent être surpris que cette poudreuse si recherchée se trouve sur des pentes douces sur des montagnes qui n’atteignent que rarement les 2000m. Bien que le côté facile du terrain soit sympa, des équipes comme la notre, à la recherche de quelque chose d’unique dans des pentes vierges, ont besoin de s’aventurer en-dehors des stations pour se satisfaire. Même si le domaine skiable est grand, il est de plus en plus exploré par des gens comme nous qui élargissent continuellement la zone de recherche. Je sirote une canette de café d’un distributeur automatique (une autre perle du Japon), dans ce hall d’accueil au sein de la station de Rusutsu, quand Gordon, notre guide, arrive. Nous sommes équipés avec tout le matériel de backcountry, prêts à plonger dans l’inconnu, mais Gordon est venu ici en pensant que nous voulions voir les terrains bali-


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particules si bien qu’on n’y voit plus rien et encore moins avec un appareil photo. Des moments de soleil inattendus illuminent la scène avec des lumières incroyables, apparemment uniquement au moment où aucun skieur n’est prêt à droper. Quand le skieur le plus proche est prêt, le temps se déchaîne à nouveau. «C’est ça le beau temps Japonais», ironise Gordon tandis qu’une nouvelle fenêtre météo de deux minutes nous bloque. Néanmoins, l’excitation est grande. La zone est parfaite et les conditions de neige sont imbattables. Kevin et Mitchell posent des 360 sur les reliefs, Nicky et Jonah rebondissent sur une face rocheuse pleine de pillows, et tout le monde profite des face-shots en redescendant. Le soir nous décidons de retourner vers Niseko pour nous concentrer exclusivement sur le backcountry pour le reste du voyage. Les logements du Niseko Grand Hotel sont les moins chers dans la région de Niseko. Point

Pagode en Hiver

Anecdote

Les pagodes Japonaises ont une construction parasismique. Chaque niveau de la pagode est une structure indépendante afin que toute la colonne absorbe les vibrations.

central du tourisme étranger pour le ski, Niseko est une ville où l’on entend parler Anglais, Français, Allemand, Russe et Chinois plus souvent que Japonais, une ville surnommée en rigolant «l’endroit le plus froid d’Australie». Bien que les Européens et les Nord-Américains commencent à beaucoup s’intéresser au ski au Japon, les Australiens sont déjà ici depuis des dizaines d’années. L’hôtel est un diamant brut en périphérie de la ville, avec de vieilles chambres confortables dans le style Japonais (tatamis, portes coulissantes, alcôve de cérémonie, matelas sur le plancher) et un onsen mixte, une rareté. Les onsens sont des bains chauds avec un code de conduite assez strict. Les tatouages sont à éviter (vous pourriez être pris pour un Yakuza), et la plupart des onsens ne sont pas mixtes. Le Niseko Grand Hôtel est un des rares endroits où vous pouvez vous prélasser dans un bain chaud, bordé de neige, tout en observant les flocons tomber en pleine nuit. Nous mettons en place un programme journalier. Petit-dèj, stock de bonbons et barres chocolatées au magasin de l’hôtel, mentir à la réception sur le nombre de personnes vivant dans nos chambres, charger le van et partir. Après le spot de Gordon, nous avons trouvé une zone de backcountry énorme donnant accès aux roches volcaniques derrière le Mont Niseko-Annupuri, où les cinq stations de Niseko sont regroupées. On s’occupe de quelques pillows avant de nous rendre plus en altitude sur les flancs d’un volcan endormi, où les Browers trouvent une corniche à sauter et Jonah un rocher à jiber. Mais nous ne sommes pas les seuls ici, un nombre déconcertant de groupes, surtout étrangers, sont sur la même zone. Et après quelques jours sans chute de neige, le potentiel de la zone est épuisé. Nous sommes encore trop proches de Niseko. Après une journée passée à hurler aux gens de ne pas rester sur l’atterrissage de nos sauts, nous décidons de nous éloigner encore plus des sentiers battus. Les eaux de l’onsen Tokachidake, notre nouveau point d’accès backcountry, sont rouges avec des qualités curatives supposées, et une énorme roche volcanique émerge en plein milieu des bains, un rappel géologique de là où nous nous trouvons. Je ne sais rien des bénéfices pour la santé, mais pas de doute que tremper dans cette eau chaude est le meilleur moyen de se relaxer. Je m’installe dans la piscine, seul mon visage émerge face aux éléments glacés tandis que des flocons viennent rencontrer la vapeur montante des bains. Les vallées montagneuses centrales d’Hokkaido ne sont qu’à trois heures de route de Niseko, mais elles semblent si éloignées du tourisme occidental. Il y a de nombreuses stations ici dans la Vallée de Furano, et elles ne sont pas encore trop touristiques. Ici on observe curieusement un groupe de skieurs occidentaux, et les menus de Kamifurano sont en Japonais et pas en Anglais. Nous sommes basés au Barden Kamifurano, un refuge de montagne solitaire en bas de la route de l’onsen Tokachidake. La raison pour laquelle nous sommes ici est la photo internet que j’ai montrée au groupe: une montagne accidentée bordée de couloirs et de barres rocheuses, un terrain bien différent de ce que nous avons trouvé ailleurs sur Hokkaido.


Jonah Williams se prĂŠpare Ă un atterrissage profond dans le spot de Gordon.


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Les frères Browers, orientés sur le backcountry, sont dans ce nouvel environnement comme des poissons dans l’eau, faisant leur trace jusqu’à une crête rocheuse assez proche de l’onsen. Mais la météo offre de nouveaux défis: des vents forts soufflent les réceptions, diminuent la visibilité, fatiguent et refroidissent nos corps. Après une journée de tribulations dans des conditions de tempête incessante, nous retournons nous abriter dans la forêt entre l’onsen et notre refuge, et trouvons de nouveaux pillows cachés dans les bois. Épuisé par le temps passé à shooter, je prends une des camionnettes et me rends à Asahidake, le plus haut sommet de la région, avec une seule télécabine réputée pour donner accès à la poudreuse la plus légère de Hokkaido. Asahidake

est le paradis improbable de la poudreuse, avec une remontée construite pour le tourisme estival et de longs plats qui nécessitent des jambes entraînées. Mais le dénivelé de 300 mètres depuis le sommet de la station en vaut la peine: rempli de poudreuse sans fond, les virages s’enchainent sans effort à travers une forêt assez ouverte. La journée se transforme en une course pour faire le plus de descentes possibles, et pour oublier les journées impitoyables à patauger dans la neige en essayant de produire la meilleure image. Tandis que je remonte à bout de souffle pour une autre session dans ce paradis blanc, je réalise que chaque minute de cet effort «productif» en aura valu la peine. Le voyage de The coterie au Japon touche à sa fin, et après un voyage éclair avec eux en Corée pour skier en park, je les salue à l’aéroport de Incheon, et j’embarque sur un avion pour Sapporo. C’est l’heure pour le deuxième round de mon expérience au Japon.

Hokkaido, deuxième partie Je retourne à Niseko pour vivre deux manières complètement différentes de skier ici. La première avec un groupe Américain appelé SASS Global Travel, un tour operator d’Amérique du Sud qui offre aussi des voyages au Japon et des surf camps à Porto Rico. Mon pote Fritz est avec eux et m’a offert un canapé haut de gamme dans sa chambre d’hôtel. Après avoir négocié avec les patrons de SASS, j’obtiens un aperçu du lifestyle dans cette organisation durant les jours suivants. Ça se passe comme ça: réveil, on s’habille, petit-déjeuner, on donne son matos au guide pour le charger et on monte ensuite dans le van. Les

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Kiroro

Kevin Curran dans une piscine de poudreuse à Moiwa


Après quatre semaines sur la route, mon voyage se termine presque, mais il y a encore un gros morceau du terrain Japonais à découvrir: l’île principale Honshu, qui surpasse même Hokkaido en

Anecdote

La coutume Japonaise de s’incliner est basée sur un système hiérarchique strict. Il vaut mieux connaître votre place afin d’éviter un faux-pas culturel. Par exemple, dans une relation hôte-invité, l’hôte s’incline plus bas. J’ai vu un touriste s’incliner si bas, qu’en retour son hôte s’en est presque gratté le front sur le plancher. Il est bon de vous incliner avec un niveau respectable, et vos saluts seront les meilleurs en un rien de temps.

FEATURE 57 MAGAZINE

Grands virages ouverts à Happo-one

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Honshu

domaine skiable grâce à ses grandes chaînes montagneuses et ses centaines de stations; et c’est sans parler de toute la culture de l’île principale du Japon. Après tout, Hokkaido est considéré par beaucoup de Japonais comme une lointaine province. Je choisis le voyage en train: une ligne régionale forestière qui serpente le long de la côte d’Hokkaido avant de plonger sous le Tsugaru pour arriver à Aomori sur la pointe Nord de Honshu. On peut skier de partout ici, avec des

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guides se sont levés tôt pour vérifier la météo, déterminer où est la meilleure neige et s’occuper des forfaits. Arrivé à la station, forfait à la main, le guide vous dit «suivez-moi» et c’est parti direction la meilleure poudreuse dans les 50km alentours. On suit le guide toute la journée, pause avec des pâtes à midi, et on recommence à skier. Ensuite relax à l’onsen, et c’est parti pour de nombreux verres, on part manger au restaurant, et on continue de boire. S’ils ne boivent pas avec vous, vos guides sont alors déjà en mission de reconnaissance pour le lendemain. Ce tour guidé permet de skier facilement – pour ceux qui travaillent dur et qui veulent en profiter. Il n’y a pas de meilleur moyen de skier rapidement autant de bonne neige. Je suis époustouflé par le savoir de nos guides, par leur instinct pour lire la montagne avec précision et renifler la poudreuse comme des chiens antidrogue. Après un tour éclair des stations de Niseko avec SASS, je m’arrête à Moiwa, une petite station familiale, pour rejoindre mon pote Kevin Curran qui est ici pour quelques mois pour une expérience bien différente du tourisme de ski habituel. Jeune skieur vagabond, fanfaron, Kevin vient de Washington State aux USA, où il est connu en tant que ‘Camper Kev’ par ses amis. Tandis qu’il vivait dans un refuge reculé en Argentine, Kevin trouva un emploi pour construire des terrasses et des allées dans des maisons de location au Japon. Il sauta sur l’opportunité, et vit désormais dans un bungalow près de Moiwa il a un accord avec la station pour des forfaits gratuits en échange d’exposition médiatique et de démos freestyle pour les enfants du coin. Moiwa est le joyau caché de Niseko, un secret local juste à côté des quatre stations reliées auxquelles le forfait Niseko United donne accès. Avec les rumeurs d’intégration de Moiwa au forfait United, il est grand temps de profiter de ce qui est offert ici avant que la horde n’arrive. Kevin et moi descendons du seul télésiège quatre places de Moiwa, motivés pour des traces vierges. Il n’y a pas eu beaucoup de chutes de neige ces derniers jours, mais on trouve une zone ouverte pleine de lumière, avec des cumuls créés par le vent où Kevin rebondit tandis que mon obturateur chauffe. Mission accomplie, retour vers la station, puis ski dans les rues et dans le jardin de la maison de Kevin avant de prendre rapidement un plat de riz et des boulettes de gyoza. Nous réquisitionnons ensuite la fourgonnette du patron de Kevin pour retourner à Moiwa et faire une dernière remontée. Kevin parle un peu Japonais, et on plaisante avec le manager de la station (je m’incline très bas) et avec un dameur rasta, avant de retourner tracer de la poudreuse vierge. C’est bon de voir que le mode de vie vagabond fonctionne ici aussi.


FEATURE 58 JAPON

stations sur des montagnes et des volcans au Nord d’Honshu, mais ma destination est plus au Sud: Hakuba, dans le cœur de ce qu’on appelle les Alpes Japonaises. À Aomori je monte sur un des célèbres Shinkansen, un train rapide comme un missile qui m’amène à Tokyo à la vitesse moyenne de 230km/h. Un autre Shinkansen et j’arrive à Nagano, site des JO d’hiver 1998 et porte d’entrée pour les Alpes Japonaises, dans la partie centrale d’Honshu. Le ski à Hokkaido est purement ludique, ici le c’est différent. Ici la neige tombe comme à Hokkaido, mais elle tombe sur des montagnes plus grosses, plus raides, avec des sommets atteignant plus de 3000m. C’est le côté oublié du ski, à cause de la frénésie qui frappe Hokkaido, un pur côté Alpin. 30km à l’Est de Nagano, la Vallée d’Hakuba offre une expérience qui rivalise avec n’importe quelle grande station des Alpes Européennes: 11 stations parsemées sur des montagnes somptueuses qui semblent être importées de France. Il y a du tourisme ici aussi, mais avec plus de saveur Japonaise. Il y a une culture Alpine locale ancrée dans cette région. Et les descentes sont incontestablement plus exigeantes: le backcountry est raide, avec des crêtes qui peuvent surplomber des énormes ravins et avec des terrains exposés. Personne ne tente d’atteindre le royaume du backcountry d’altitude avant le Printemps et avec des précautions extrêmes. «Vous êtes débiles les mecs! Vous êtes dans un couloir d’avalanche. Sortez de là tout de suite!» Les gens du coin ne semblent pas amusés par nos aventures. Nous sommes sur une zone d’accès au backcountry à Hakuba Happo-one, trois cameramen ajustent les prises de vue tandis que trois skieurs font leur trace vers le sommet. Oui le danger d’avalanche existe. Oui on a déclenché une petite coulée pour arriver ici. Oui on a analysé la situation et décidé de continuer. Néanmoins les cris dans notre direction depuis la crête sont déconcertants, et me font jeter quelques regards nerveux vers la zone d’évacuation. Heureusement, j’explore cette zone avec une équipe expérimentée: le skieur vétéran de backcountry de chez Nimbus Independent Andy Mahre, Karl Fostvedt-mieux connu en tant que crazy Karl- un gars de l’Idaho avec un sens inné de la montagne, les cameramen expérimentés Ross Reid et Jasper Newton, et la 4ème en Slopestyle à Sotchi Anna Segal. Ok, Anna est un peu

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Andy Mahre profite des pentes plus raides de Hakuba.

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Anecdote

“Danse du ventre” à Furano

Dans la vallée de Furano, vous pourriez avoir la chance d’assister à un moment clou de la culture locale: la Danse du Ventre. Un hommage à l’emplacement central de Furano sur Hokkaido. Les danseurs décorent leur nombril avec des visages fantastiques pour un spectacle amusant.


Andy, au boulot, sur une ligne classique de pillows

loin de son élément, mais nous autres savons ce que nous faisons. Il se trouve que le mec qui nous crie dessus est le cinglé local, connu ici comme ‘LE mec du backcountry’. Il est peut-être juste dégouté parce qu’on filme dans ce qu’il considère sa réserve privée. Des réserves privées, Hakuba en a de partout, et je suis heureux d’en profiter avec une telle équipe. Cette bande est ici pour un projet de film nommé Tamashii qui signifie ‘âme’ en Japonais. Le film retrace la rencontre d’un groupe de skieurs au Japon qui se déconnectent des distractions numériques du mode de vie moderne et qui redécouvrent les liens anciens avec la nature et les gens. On se comprend tous d’un point de vue personnel, et on profitera de nombreuses zones cachées de pillows à Hakuba durant les prochains jours. Une autre tempête est annoncée en provenance de la mer du Japon quelques jours avant que je doive partir, on se rend donc à Hakuba Cortina. La neige tombe comme du sucre en poudre à travers un tamis. Il y a encore quelques virages profonds à faire avant de rentrer à la maison, et je suis plus que sûr de ne pas vouloir les photographier. Ces dernières descentes sont pour moi. Le mythe de la Japow est clairement réel, et je suis là pour le confirmer. Pour le skieur voyageur

affamé de poudreuse, c’est une destination parfaite et fascinante. Ce que nous en savons, et ce que j’ai décrit ici, ne sont que la pointe de l’iceberg. Je me blâmerais d’encourager à piller les trésors du Japon s’il n’était pas évident qu’il y en a bien assez pour beaucoup de monde. Mais vous n’avez qu’une seule manière de pouvoir le vérifier.

Fin d‘une mission Backcountry


Photo: Felix RIOUX


Le Québécois JF Houle est un des skieurs les plus talentueux et passionné qui soit. Malgré de multiples segments vidéo brisant les limites du ski pendant plus de dix ans, malgré une médaille d’Or si convoitée aux X Games, JF n’a pas eu une carrière facile. Il a disparu du radar ces trois dernières années, mais seulement pour revenir nous épater l’Automne dernier avec son film Houligan.

FEATURE 61 JF HOULE MAGAZINE SEASON 15/16

David MALACRIDA

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LE RETOUR TRIOMPHAL DE JF HOULE Interview:


Photo: Felix RIOUX


Alors JF, tu es de retour. Ça fait du bien? Ouais c’est clair, ça fait du bien d’être là, ça faisait deux ans. Ça faisait 2 ans que je travaillais presque en secret pour le projet Houligan. Tout le monde me manque, je reviens dans un évènement comme ça ou au B&E et ça me fait du bien de les revoir tous.

FEATURE 63 JF HOULE MAGAZINE SEASON 15/16

POUR SON RETOUR, durant la projection de son film au High Five Festival en Octobre, j’ai aperçu JF Houle la larme à l’œil, en haut des escaliers du cinéma, seul, dos contre le mur, observant un public extasié en face de lui. Cette scène était une image touchante d’un passé dur et d’un futur radieux, parce qu’entre sa médaille d’Or aux X Games et la sortie de son film hautement acclamé, Houligan, JF a souffert. Un sponsor qui fait faillite, d’autres qui l’abandonnent, et de graves blessures à répétition qui l’amènent à réfléchir sur sa carrière. Avec des hauts et des bas, et de nombreux bâtons cassés durant sa carrière, JF Houle a mené la vie d’un hooligan au sang chaud. Avant la projection, je me suis assis discuter avec JF. Comme toujours, il était ouvert, honnête, et souvent hors-sujet, parce que JF parle avec son cœur.

Difficile la création du projet? Le projet de A à Z, ce n’était pas vraiment organisé, je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire. Je cherchais quelqu’un qui pouvait structurer le truc, mais ce n’est pas facile de trouver une personne avec le temps pour faire un projet du genre sans fond pour le payer. J’ai réalisé que la seule personne qui pouvait vraiment le faire c’était moi et du coup, c’est moi qui ai pris les décisions, cherché les cadreurs, investis… Après en 2015, la deuxième saison du projet, je suis allé vers un de mes meilleurs amis Paul Bergeron, voir s’il voudrait se joindre au projet avec moi. À ce moment-là, Paul travaillait dans une quincaillerie pour se ramasser un peu de sous pour son hiver. Quand on a parlé du projet la première fois, je lui ai dit : « ça ne se peut pas, tu as tellement de talent ça te tente de venir filmer un an avec moi ». Je l’ai payé de mes poches et puis Paul, ce n’est pas un cadreur professionnel, mais je savais qu’il avait l’ œil et beaucoup de talents. Puis les connaissances de base et la lumière, il connait. Ça a trop bien marché. J’ai aussi filmé 20 jours avec un petit jeune de Whistler Zack Moxley. J’oublie souvent de le mentionner, car ça fait longtemps, mais il a fait 20 jours avec nous et il a vraiment sorti de bonnes images. Je lui ai juste payé le billet d’avion, le plus gros urban trip de sa vie, on a sué. Quand il est parti, il a dit « Je suis brulé, je n’ai jamais été aussi brulé que ça ». Zack et Paul ont vraiment créé les images que l’on avait besoin pour le film. Les sponsors n’ont pas vraiment suivi, Spy par exemple qui me soutient depuis longtemps, ils m’ont plus donné de l’argent pour que je survive, mais pas pour le film. Pour que je paye ma bouteille d’eau quand j’ai soif. Heureusement, Picture Organic Clothing m’a supporté à la toute fin du projet.

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Photo: Felix RIOUX

Souvent tu te fais des idées, tu te dis : « j’ai plus le niveau, je suis plus là ». Puis au final avec le projet, je vois tout ce qu’il m’a rapporté. J’ai toujours mis mon cœur dans mon ski, je ne l’ai jamais eu facile. J’ai toujours été un gars qui a eu besoin de travailler fort pour avoir mes trucs. Là, je me suis donné entièrement dans ce film-là. Les compétitions, j’en avais plein le cul là. Dans le sens, si j’avais encore les résultats j’aurais continué, mais je commençais vraiment à être blasé. Puis on rentrait dans un moule avec l’équipe canadienne. Bon, les coachs étaient cool, mais il fallait suivre les coupes du monde et les compétitions. Moi, dans le temps, je faisais les compétitions qui me plaisaient, celles qui étaient cool. Mais là, c’est sûr qu’avec le freeski aux Olympiques… C’est bien, il y a du slopestyle aux JO, enfin un sport cool à regarder, mais d’un autre côté ça fait chier. C’est sûr que ça a changé la direction de notre sport et celles de quelques athlètes qui auraient pu se diriger ailleurs. Ça enlève vraiment à tout ce côté média, films, magazines. Il y a beaucoup de sous qui sont allés dans les JO tandis que le sport… Comme on dit souvent, un segment vidéo va beaucoup plus rester dans la tête qu’un run gagnant des X Games, d’ il y a deux ans. Puis, c’est ça qui est dommage, les compagnies ne comprennent pas qu’il faut investir dans des projets avec des riders.


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« Le ski c’est fini ! »

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Photo: Antoine CHOQUETTE

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Photo: Felix RIOUX

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Photo: Felix RIOUX


C’était important pour toi de montrer ce moment de doute? Justement on a été chanceux, car quand j’ai fait le Dew Tour, j’avais déjà le projet en tête depuis un an et j’étais déjà prêt que ça ne marche pas pour les Olympiques. Je voulais parler de mes influences et un chapitre « compétitions vs. filming », puis le film commence comme ça. J’ai été chanceux, j’ai engagé Nick Brassard qui m’a suivi au Dew Tour et en rentrant au Québec, j’étais sûr de n’avoir

FEATURE 67 JF HOULE MAGAZINE

Est-ce par peur de t’éloigner du monde du freeski que tu as continué la compétition même sans l’envie? Ouais, on pourrait dire ça comme ça. J’ai eu de la misère à lâcher le morceau, la compétition, ça m’a amené tellement et j’ai aimé ça. J’ai beaucoup appris sur moi et mes capacités. Ça m’a aussi permis de pousser mon niveau de ski, j’ai 29 ans et j’ai encore un bon niveau grâce aux compétitions. Tu sais, après les Euro X Games, je me disais, c’est bon, j’ai ma médaille, les sponsors vont me suivre, je vais pouvoir faire mes projets et je vais filmer et au final j’ai été blessé, j’ai perdu du mental.

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Tu avais vraiment envie de participer aux JO? J’avais surtout envie de faire partie des Jeux, mais je ne me voyais plus sur un podium. Oui, j’avais envie de performer aux JO, mais j’avais encore plus envie d’aller filmer, parce que je savais que si on me donnait la chance d’aller filmer dans l’urbain pendant un an ou deux, c’est là que je pourrais montrer vraiment ce que je sais faire et apporter mon ski dans la direction dont j’ai toujours rêvé.

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En parlant de désengagement des sponsors, parle-moi un peu de la période difficile que tu as vécu. Et bien, c’est drôle, on m’a souvent dit, quand tu es au top c’est dur d’y rester. Je voulais vraiment continuer la compétition. C’est sûr que gagner les X Games 2011 à Tignes, ça m’a motivé, mais je me suis mis à avoir des problèmes d’épaule l’année après les X et ça m’a démotivé. L’hiver après les X, c’est mon segment dans After Dark qui a remporté le Best Jib au Powder Video Awards a Aspen, il y avait Clayton, Wallisch et ils me l’ont donné à moi. Pour moi, c’était pratiquement aussi gros que d’avoir gagné les X Games. C’était le feeling que ça me donnait, je capotais. Mais aux prochains X d’Aspen déjà j’étais soulé, puis il y avait l’arrivée du team Canada avec une pression qui n’était pas là avant et j’y arrivais plus. Je me suis mis à douter et je me suis blessé à nouveau à l’épaule l’été avant les JO en unnat 12 et je me disais : « si je plaque, celui-là, je peux avoir un run et être toujours au top, mais si je ne l’ai pas, que je garde mon unnat 9 que je fais depuis 5 ans, c’est mort, je n’irai pas en compétition ». Le 4e essais, je me fracture l’épaule et là je m’en souviendrais toujours, Cusson (JF Cusson, coach de l’équipe Canadienne ) est arrivé et il m’a dit : « Dans ta tête tu le vois comment ? Tu te sens de faire un unnat sur la neige, l’hiver quand ça va être dur ». Tous les deux, on savait bien que ça sentait la fin, l’équipe a toujours continué de me supporter, mais je savais ce que je voulais… Le dew tour en 2013 a été ma dernière compétition.


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aucune image, mais en fait les images sont le point culminant du film. Genre, il avait sa caméra sur le télésiège quand je disais : « Le ski c’est fini, je suis dégouté blablabla ». Puis j’explique un peu tout ça en voix off. C’était juste le moment pour moi de retourner vers mon rêve, de retourner dans l’urbain.

Le film de JF Houle «Houligan» est disponible gratuitement sur Youtube.

Photo: Felix RIOUX

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JF HOULE

Tu reviens, tu es passé à travers les difficultés, tu as 29 ans. Quelle est la suite? Et bien, je veux croire que les prix et la reconnaissance nous apporteront à moi et Paul. Et c’est important de parler de lui, car sans lui, je n’aurais rien pu ne faire. Puis on disait quoi avant ? Les sponsors, oui c’est cool, Picture ( Organic Clothing ) qui embarque, je cherche vraiment des marques comme Picture qui ne sont pas axées sur les résultats, mais sur de belles choses. Spy, ils me suivent depuis le début, D Structure aussi. Je pense que ça réveille. Je rêve de faire un projet avec tous les meilleurs Québécois. Rassembler la crème de la crème et faire un projet dans le même style que Houligan, où l’on raconte une histoire. Il y a tellement de trucs à dire, à Charles

Gagnier, JF Cusson, JP Auclair, moi j’aimerais ça produire ça avec Paul. C’est mon prochain rêve. Il y a Émile Bergeron aussi et Émile, c’est la nouvelle génération, je veux le pousser comme ça là. Créer encore une histoire. Je me suis rendu compte avec le projet. Tu apprends des trucs en le regardant. Documenter de la bonne façon sans faire chier le monde avec des interviews trop carrés. Plus avec du feeling, du ressenti. C’est ce qui me fait kiffer. Je veux skier le plus longtemps que je peux, refaire des sessions jump au Colorado, améliorer mon ski, aller dans le BC, faire de gros sauts, car j’ai toujours eu les couilles d’aller gros.


Photo: Marco GILBERT


Rider: Basti HUBER


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Le développement des nouveaux équipements a permis aux freeriders d’accéder au terrain habituel des randonneurs tandis que ces derniers peuvent désormais descendre comme des freeriders. Les saisons passées ont vu la naissance d’une dimension nouvelle dans le ski: la Free-Rando!

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LIBERTÉ

FREE-RANDO

Klaus POLZER

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Texte & Photos:

NOUVELLE

LA


Rider: Basti HUBER


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Il est possible d’atteindre les plus hauts points de chaque crête pour trouver des descentes fantastiques dans des couloirs raides.


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y a 20ans. En bas du couloir Gervasutti, une face Ouest très raide qui ne prend le soleil qu’en fin de journée et n’est donc qu’un morceau de glace, nous avions assisté à la descente de deux Français avec des fixations super légères Dynafit Tour Light! Ces fixations étaient relativement nouvelles à l’époque, et bien trop fragiles pour que des skieurs ‘sérieux’ comme nous y fassent confiance. Quand nous avions finalement fait notre propre descente sur ce terrain glacé, nous étions tous les deux très heureux d’avoir de solides fixations alpines aux pieds. La sécurité n’était cependant pas la seule raison pour laquelle je n’avais pas voulu tester l’équipement de randonnée. Durant une autre excursion à cette époque, nous visions le glacier du Capucin: un coin un peu caché de la Vallée Blanche au-dessus de Chamonix. Cet endroit glacial ne reçoit pas de soleil et maintient donc sa couche de poudreuse plus longtemps qu’ailleurs. Partant de la Vallée Blanche, il y a environ 1000m de dénivelé pour atteindre le Col à partir duquel la descente du glacier du Capucin débute. Cette montée n’est pas difficile, mais assez longue et tout notre groupe était donc équipé de matériel de randonnée. Mais je voulais conserver mes skis larges –toujours pour l’époque- sur lesquels j’avais monté des fixations alpine adaptées à la randonnée. Mon erreur avait été de ne pas prendre des peaux assez larges. La montée était exposée Ouest, couverte de neige dure le matin. Pour réussir à monter j’étais obligé de coller les peaux sur le

pas explorer l’autre versant de Nordkette, la célèbre station de ski d’Innsbruck. La télécabine Nordkette nous amène à 2300m, nous économisant du temps et une première montée difficile. Le seul problème est que cette face de Nordkette se termine dans une vallée extrêmement distante. Pousser sur plus d’1km au milieu de nulle part n’est pas franchement génial. La solution à ce problème est assez évidente: un des itinéraires les plus populaires de la société de randonnée d’Innsbruck. Se trouvant le long d’un itinéraire de randonnée estival nommé le sentier Goethe, l’itinéraire traverse différents endroits et crêtes avant d’atteindre le fameux refuge Pfeis. Évidemment, on ne veut pas suivre le chemin classique, puisqu’il suit le sentier horizontal le plus facile dans l’impressionnante combe Karwendel, en évitant les pentes verticales de chaque côté. Il est possible d’atteindre les plus hauts points de chaque crête pour trouver des descentes fantastiques dans des couloirs raides, et c’est ça notre but.

côté de la semelle en appui, et c’était malgré ça compliqué sans couteaux. À la première conversion j’ai dû recoller les peaux de l’autre côté de la semelle! À la troisième conversion j’en avais marre et je me lançais à pieds…au second pas je passais déjà travers la croûte de neige! Quand je suis finalement arrivé au sommet, complètement épuisé, mes amis –lassés de m’avoir attendu si longtemps- lâchèrent quelques remarques désagréables. Mais une fois lancés dans la descente avec de la poudreuse jusqu’au genou, c’était à mon tour de rire. Néanmoins, ces excursions ne se répétèrent pas souvent après cet épisode. L’équipement ne satisfaisait pas mes besoins.

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NOUS ATTEIGNONS un col et admirons les pentes vierges en-dessous de nous. On a encore du chemin à faire, passer le refuge Pfeis et monter au Stempeljoch avant de se lancer dans la descente finale vers la vallée de l’Inn. Derrière les traces que nous avons laissées, dans l’immense étendue du Karwendel, le mauvais temps prévu approche plus rapidement que prévu. Le ciel a été bleu toute la matinée, mais on doit augmenter le rythme. Nous sommes un groupe de deux freeriders expérimentés d’Innsbruck, Basti Huber et Simon Abt, et moi-même le photographe assigné. Après quelques montées il commence à se faire tard, on a été plus lents que prévu car les bonnes photos prennent du temps et un photographe veut toujours essayer un nouvel angle avant de partir. Mi-Mars, et l’hiver 2015- qui n’a pas été fabuleuxtouche à sa fin. La neige avait mis du temps à arriver, jusqu’à ce que Janvier apporte de la poudreuse, mais le manteau neigeux n’était pas bon et il fallait faire attention. La haute pression classique de moitié d’hiver entrait en jeu et il recommençait à faire chaud, trop tôt à mon goût. Où trouver de la bonne neige était la grande question. Les spots habituels étaient tracés depuis longtemps. On ne s’attendait à trouver de bonnes conditions que dans le Nord des Alpes, mais les plus basses altitudes n’avaient pas reçu de neige depuis longtemps, et les hauts sommets des Alpes calcaires du Nord sont difficiles d’accès, avec des passages ardus dans des vallées isolées et des forêts épaisses. Vint ensuite un éclair de génie. Pourquoi ne

*** Ce n’est pas l’idée la plus originale du siècle ni la plus révolutionnaire, mais jusqu’à présent notre équipement et notre condition physique nous ont limité à ces options. En fait ce ne sont peut-être que de piètres excuses. En repensant à une époque bien lointaine, je me rappelle quand je me suis attaqué à la Tour Ronde du Mont-Blanc avec un ami Suédois, il

*** Mais de nos jours, la situation pour les randonneurs ou les freeriders ambitieux est bien plus prometteuse. Des fixations de freeride éprouvées comme la Marker Duke ou l’Atomic Tracker furent une grosse avancée pour la montée comparée à de nombreuses fixations à inserts. Désormais, les nouvelles fixations à inserts comme la Dynafit Beast ou la Marker Kingpin ont créé une révolution, en particulier combinées avec des skis de freeride super légers intégrant du carbone. Pour la première fois, nous avons un équipement qui ne fait pas de compromis entre sécurité et performance pour la descente, et qui est au plus haut niveau pour la montée. Équipés avec le matériel le plus récent, nous nous lançons pour notre aventure du Karwendel. Depuis l’arrivée de


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Rider: Basti HUBER


Rider: Basti HUBER


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Le rythme méditatif de la montée pousse mon esprit à errer. Il y a tant de possibilités de randonnées comme celle-ci.


Rider: Simon ABT


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toutes les autres zones avaient été tracées pendant des semaines, est un témoignage de ce potentiel. Cette approche permet d’éviter plus facilement la foule et de suivre la neige là où elle tombe, en-dehors des spots connus de freeride et des infrastructures des stations. Mais il faut cependant garder à l’esprit que les terrains moins skiés requièrent plus de connaissances et de compréhension du danger d’avalanche ainsi que de plus grandes compétences d’orientation. Ce qui augmente aussi l’intérêt pour certains. Après une autre descente et la remontée finale sur l’autre versant, nous sommes sur le Mandlscharte avec une vue au loin sur le Stempeljoch. Avec le front nuageux grandissant derrière nous et le temps qui presse, nous décidons de prendre un raccourci à travers l’Arzlscharte pour descendre directement dans la vallée d’Inn. Habituellement, une descente de ce genre, abimée par l’exposition Sud, serait trop dangereuse en fin d’après-midi, mais il y a si peu de neige que l’on peut naviguer entre des anciens débris d’avalanche et entre les sapins avec assez de sécurité. Le seul souci est que le terrain skiable se termine trop tôt, et il faut continuer en marchant dans le sentier de la forêt pendant une heure pour atteindre la vallée. Mais avec nos chaussures free-rando en mode marche et leurs extrémités en plastique adapté, ce n’est pas si contraignant. Inutile de le dire, d’autres excursions de free-rando sont au programme. Nous n’en sommes qu’au début.

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L’effet du nouvel équipement de randonnée dans cette révolution freeride se manifeste de partout. C’est encore plus évident dans les vidéos de skieurs comme Eric Hjorleifson ou Samuel Anthamatten, qui préfèrent atteindre leurs lignes hallucinantes uniquement à la force de leurs jambes. Comme l’héliski est très restreint dans les Alpes, c’est la seule voie d’accès vers ce terrain phénoménal qui n’est que trop rarement skié. Le retour du ski de pente très raide est vraiment marqué, en particulier autour du Mont-Blanc. Vous trouverez sur internet des quantités de vidéos et blogs de skieurs talentueux qui ne font que peu parler d’eux en général. Ce qui compte pour ces protagonistes de la pente raide n’est pas d’aller dans les pentes célèbres autour de l’Aiguille du Midi-ou tout le monde peut arriver sans trop de sueur-, mais plutôt de prendre des itinéraires sur des parois énormes du MontBlanc. Ces projets ne sont pas seulement caractérisés par l’implication physique qu’ils nécessitent à la montée, mais aussi par les compétences d’alpinisme qu’ils demandent et par des nuits en refuge ou en bivouac. Ces dernières années, des lignes classiques ont été reskiées alors qu’elles n’avaient plus vu de skis depuis vingt, trente, voire quarante ans. Certains skieurs pleins de ressources ont même effectué quelques premières descentes incroyables, qui nous font nous demander pourquoi personne n’y avait pensé avant.

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Notre descente dans le Gleirischzähne est évidemment bien moins extrême que ces itinéraires antiques, mais probablement plus amusante et bien moins stressante. Nous trouvons de nouveau la meilleure poudreuse sur le versant Nord-Est, en bien plus grande quantité que nous l’imaginions. Nous ne sommes pas seuls ici, mais dans ce couloir serré nous posons tout de même les premières traces. Arrivés en bas, nous mettons les peaux de nouveau. Si c’était il y a vingt ans, avec le matériel de l’époque, la prochaine montée aurait été difficile à affronter, mais avec les Kingpin montées sur des Völkl BMT 109 ultra légers, les prochaines étapes sont étonnamment faciles-même avec tout le matériel photo lourd et imposant attaché dans mon dos. Avec le paysage impressionnant du Karwendel pour délecter nos yeux, la montée en est presque plaisante. Le rythme méditatif de la montée pousse mon esprit à errer. Il y a tant de possibilités de randonnées comme celle-ci. Les Alpes de Lechtal me viennent à l’esprit, les Alpes de Stubai… Les zones comme ça à explorer sont infinies. Je suis sûr que le freeride est en train de changer grâce à l’évolution de ces nouvelles fixations. Avec autant de skieurs qui explorent le backcountry des stations, et l’hiver qui ne livre apparemment de belles chutes de neige que plus rarement, les possibilités d’explorer de nouvelles réserves de poudreuse assez facilement semblent être une option valide. Notre randonnée en zigzag sur le Karwendel -avec quatre descentes géniales et une seule remontée mécanique-, tandis que

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la télécabine Nordkette, nous marchons les derniers mètres jusqu’au sommet Hafelekar, et prenons une direction différente de l’itinéraire de randonnée habituel. À gauche d’un deuxième sommet, un couloir semble séduisant même si pour en avoir le cœur net il faudrait l’observer depuis la vallée ou faire une petite recherche internet. Assez large en haut, il devient progressivement plus étroit et raide avant de s’ouvrir en bas, comme un sablier, dans une magnifique descente ouverte. La neige n’est pas très bonne pour commencer, le vent y a laissé sa trace, et considérant l’exposition il vaut mieux ne pas avoir de doutes sur notre matériel pour économiser à nos nerfs un stress supplémentaire. Après la partie serrée, nous découvrons la partie où la neige a été accumulée et nous pouvons poser de gros virages dans une neige vierge parfaite. C’est ça le freeride! Perdus dans l’instant, ou peutêtre à cause des indications du photographe, nous skions jusqu’en bas et devons ensuite remonter une pente interminable avant de rejoindre l’itinéraire habituel de randonnée. Nous ne suivons cet itinéraire que pour un court instant, et tournons à droite pour atteindre un autre sommet le long de la crête de la Nordkette d’Innsbruck. Nous soupçonnons l’existence d’un autre couloir à tracer derrière ce nouveau sommet, avec je l’espère encore plus de neige fraiche pour nous régaler.


SPRAY 80

Scroggin – Guide Complet Le moment est venu d’éclaircir une expression qui prend lentement pied dans certains milieux du ski et qui étendra indéniablement son influence lors des saisons à venir. Vous ne savez pas encore ce que veut dire « Scroggin » ? Vous le saurez bientôt, parce que Scroggin est plus qu’un simple mot: c’est un lifestyle, c’est une philosophie. Texte: Basti HUBER

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FÉVRIER

nombreux athlètes d’endurance- en un vrai lifestyle. Scroggin est universel, le Scrog est en fait un univers lui-même, et un rejeton du ski qui a été calomnié et considéré comme ringard par la majorité du milieu freeski va enfin recevoir la reconnaissance qu’il mérite: parce que la randonnée et l’alpinisme en ski sont de retour!

LE SKI évolue constamment: de nouveaux styles apparaissent, des skieurs inconnus deviennent des superstars avec une vidéo sur internet, les doubles et triples sont devenus fréquents, et on attend un quadruple à tout moment. Jargon de rap (Wu), animaux (kangourou), biscuits apéritifs (pretzel) et célébrités de 4èmé catégorie (K-Fed) sont devenus des inspirations dans le milieu et pour les noms des tricks. Mais où peut-on placer un mélange de fruits secs? Les créations de hashtag de certains pseudo-philosophes du genre #aimelaviequetumènesmènelaviequetuaimes ne sont évidemment pas le sujet que nous voulons approfondir aujourd’hui- cependant, dans ce cas précis, cet idiome s’adapte parfaitement pour «Scroggin». Qui exactement a importé le terme Scroggin dans les Alpes en Europe restera à priori à tout jamais un mystère. «Scroggin munching» est utilisé par les Néo-Zélandais, dans cette terre lointaine, depuis un bon bout de temps, et cela se réfère aux activités en extérieur qui demandent des efforts et qui nous font suer. Un «Scrog Muncher» caractérise naturellement un athlète impliqué dans de telles activités. Inutile de le préciser, Scroggin est un terme qui est entré sur notre continent et qui va y rester; une adaptation géniale qui a transformé ce mix de fruits secs –qui fournit l’énergie de

« Les noix fournissent énergie et protéines, les fruits secs fournissent des glucides, et le chocolat[…] est là[…]quand vous avez besoin d’énergie pour monter une colline. » – Urban Dictionary, 2008 Plusieurs variantes de notre célèbre terme Australien - Néo-Zélandais à base de noix et raisins secs ont jailli depuis la première apparition, la plupart n’étant d’ailleurs pas grammaticalement corrects. Il y eut d’abord le verbe («je vais scrogger demain»), puis le nom commun correspondant arriva évidemment («je dois sortir, je sens le Scrog»), et enfin, une famille interminable de mots fut créée: ceux qui entreprennent des expéditions longues et difficiles en montagne suivent le Vrai Scrog. La philosophie profonde de Scroggin et si simple et si puissante: sur chaque sommet montagneux où vous vous trouverez, et au départ de chaque ligne que vous aurez atteinte uniquement grâce à la sueur de votre front, vous pourrez le ressentir. Vous êtes un Scrogger!


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NINEKNIGHTS.COM PHOTO: KLAUS POLZER RIDER: DAVID WISE


DESTINATION 82

PLUS, C’EST MIEUX!

POLZER

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SEASON 15/16

Photo: Roman LACHNER

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SKICIRCUS

Texte: Klaus

Marc Hartinger s'aventure dans le backcountry apparemment infini du Skicircus.

Ça pourrait être la plus grosse info de l’hiver pour ce qui est des stations Européennes. Avec l’ouverture d’une nouvelle télécabine de dix personnes, Skicircus Saalbach Hinterglemm Leogang et Fieberbrunn, étape du FWT, sont désormais reliés, et forment la plus grande station d’Autriche. Même si on n’est pas toujours content de la mode des stations géantes, dans ce cas précis aucun doute: plus, c’est mieux!


DESTINATION 83 SKICIRCUS liaison et participe à former ainsi la plus grande station de ski d’Autriche. Les chiffres sont renversants: 70 remontées mécaniques et 270km de pistes sont inclues dans Skicircus Saalbach Hinterglemm Leogang Fieberbrunn. Mais se vanter de la taille d’une station n’a jamais fait s’enflammer les freeskieurs. L’adage Allemand «klein aber fein» –petit mais confortable– est généralement bien soutenu par les freestylers et freeriders. Mais il y a des exceptions, et Skicircus est l’une d’entre elles.

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LA DISTANCE n’a jamais été le problème, on voyait même les remontées de la station d’en-face depuis le sommet de l’autre. Peut-être est-ce simplement parce que Skicircus Saalbach Hinterglemm Leogang est dans l'État de Salzburg, tandis que Fieberbrunn appartient au Tyrol. Dans tous les cas, le fait que ces deux stations ne soient pas reliées plus tôt a toujours été un mystère. Mais cet hiver, l’heure est enfin arrivée. La télécabine de dix personnes TirolS-reliant symboliquement les noms des deux états- crée désormais une

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Photo: Roman LACHNER

Dani Moder en vol stationnaire au-dessus du beau Nitro Snowpark de Leogang.


Photo: Klaus POLZER

Les différentes parties qui se joignent désormais, se complètent parfaitement, formant ce qui sera une des destinations de freeski de choix dans les Alpes pour les années à venir. Les freestylers ont toujours beaucoup apprécié Leogang. Le Nitro Snowpark a une longue histoire en Europe de par son ancienneté, et il continue d’impressionner chaque année avec de nouvelles structures créatives et un shape parfait. Le park nocturne de Hinterglemm n’est pas là Ben Kaira profitant d'un des nombreux sauts naturels. culture freeride régnant à Fieberbrunn depuis de depuis aussi longtemps, mais il est tout autant nombreuses années est tout aussi important. En apprécié. L’aire de freestyle juste au-dessus du vil- Saison : Décembre à plus de la nouvelle remontée, il y a aussi la mise en lage est un terrain de jeu de premier ordre pendant Avril Remontées mécaniques : 70 place d’un nouveau système d’alerte avalanche et la journée, mais les choses sérieuses débutent Altitude : 820-2.096 m des pistes : 270 km d’infos neige nommé ‘Lo.La’, qui informe les quand le soleil se couche derrière le Zwölferkogel. Longueur Parks : 4 (débutant à skieurs des conditions et des itinéraires possibles Dans quel autre endroit peut-on passer d’un kic- avancé) dans de nombreux endroits. De plus, il y a une ker au dance floor d’un après-ski pour montrer son Website: saalbach.com grande offre de séances d’entrainements de type style dans tous les domaines? Prendre des sauts parfaits et se mettre des rails de nuit sous les projecteurs est SAAC et RISK n’FUN, et de nombreux camps de freeride pour améliorer ses connaissances et profiter de la poudreuse. une expérience assez géniale. Quelque chose de différent attire les freestylers à Fie- Le gros moment de la saison pour la communauté freeride berbrunn: des obstacles en bois remplacent les snowparks. est évidemment l’étape du Freeride World Tour, qui monopoLes structures du Freeride Park sont installées en été et ne lisera le Wildseeloder du 6 au 11 Mars 2016. Ce nouveau point névralgique dans les Alpes est ouvert sont pas shapées en hiver, il faut donc faire très attention quand les conditions ne sont pas au rendez-vous. Mais quand à tous, même sur le plan financier. Le forfait journée pour la poudreuse est là, ça devient alors un véritable rêve. Avec toute la station coûte 51€ pour les adultes en haute saison, cette nouvelle liaison, de nouveaux obstacles de backcountry 38€ pour les moins de 19ans, et 25.50€ pour les moins de sont prévus ailleurs sur le domaine de la station, de manière 16ans. Les prix sont plus bas en début et fin de saison, ce qui que tout le Skicircus devienne une grande arène de freestyle. inclut cette année les vacances de Pâques. Et il y a aussi ce Un tout nouveau Freeride Park sera déjà en place à côté du deal génial: les samedis, le forfait moins de 19ans coûte 10€, Nitro Snowpark à Leogang cet hiver. À Funcross, de nom- et cela pendant tout l’hiver- dur de faire mieux! Pour ceux breuses descentes aux reliefs joueurs, et deux parks débutants profitant de cette offre, Fieberbrunn et Leogang sont de bons points d’accès depuis l’Allemagne. Pour ceux qui restent plus complètent l’offre. Mais même avec tout ça, le potentiel de freeride réussit longtemps et veulent de la vie nocturne, Saalbach Hinterà ‘éclipser’ le côté freestyle. La qualité de Fieberbrunn en tant glemm est le bon endroit. Des logements de toutes catégories que station de freeride est incontestable. Rien que le fait que sont disponibles dans chaque ville. Si vous ne connaissez pas encore bien cette région, alors le Wildseeloder soit un des terrains de jeu du Freeride World Tour et du Freeride Junior Tour depuis de nombreuses sai- il est temps de venir cet hiver à la frontière entre Salzburg et sons montre le potentiel de la station. Cette nouvelle remon- le Tyrol, en particulier parce que le coin est connu pour ses tée qui va du Hörndlinger Graben au Reiterkogel par-dessus abondantes chutes de neige. De toute façon, tout le monde Saalbach redouble encore les possibilités. Plus besoin de faire finit par revenir ici, pour encore plus de freeski! un chemin détourné à partir des pistes Sud de Wildseeloder pour reprendre la remontée Reckmoss, il suffit désormais de monter, confortablement installé, dans la nouvelle télécabine TirolS, qui se situe dans la vallée. De plus, les larges pistes Nord s’ouvrent sur le versant d’Hinterglemm, déjà accessible auparavant mais sans liaison décente pour le retour en station. C’est une grosse évolution pour Saalbach Hinterglemm, qui a toujours offert de beaux défis aux freeriders malgré sa taille. De nombreuses pistes Nord de Schattberg et Zwölferkogel sont fermées pour la bonne raison qu’il a été décidé de préserver la forêt, et les alternatives demandent de longues traversées, tandis que la poudreuse des pistes Sud est souvent victime du soleil. Mais ce n’est pas seulement cette superficie supplémentaire qui projette Saalbach Hinterglemm dans une nouvelle ère. Le transfert de la Melissa Presslaber surfe la célèbre poudreuse de Fieberbrunn.

Photo: Klaus POLZER

DESTINATION 84 SKICIRCUS MAGAZINE SEASON 15/16

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Les structures du Freeride Park ne sont pas shapées en hiver, il faut donc faire très attention quand les conditions ne sont pas au rendez-vous. Mais quand la poudreuse est là, ça devient alors un véritable rêve.



HISTORY 86

Nous Prîmes notre Envol Préparez-vous pour un coup d’œil inhabituellement lointain dans la longue et vibrante histoire du ski. Avant les bateaux -même avant la roue- nos ancêtres utilisaient des skis pour se déplacer, des preuves archéologiques de 8000 av. J.-C. sont là pour le prouver! Mais on ne va pas revenir si loin dans le temps, intéressons-nous à l’émergence de l’esprit de voler avec des skis.

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Une peinture contemporaine du lieutenant Olaf Rye

LE PREMIER SAUT

Texte: Mark VON ROY

AUX 18ème et 19ème siècle, la Norvège était le centre incontesté du ski. C’est peutêtre la nécessité d’utiliser des skis comme moyen de transport dans la neige qui l’a mené à faire partie intégrante de la culture Norvégienne avant même le Moyen-Âge, et à devenir finalement une activité récréative et un sport. Le ski nordique fut d’abord la base des compétitions, mais le plaisir de glisser sur des pentes plus raides et de prendre de l’air prit ensuite inévitablement racine. Imaginez d’utiliser des chaussures fragiles attachées avec des lanières en cuir, en télémark, à de longues et lourdes planches en bois. Maintenant imaginez-vous skier vite et sauter avec ce matériel sommaire. Apparemment nos ancêtres skieurs découvrirent les qualités addictives de

17ème siècle, et avec l’avantage de bien se déplacer dans la neige, les troupes à ski devinrent incontournables dans l’armée Norvégienne. Entre les guerres, les soldats Norvégiens expérimentaient différentes techniques, et devinrent des skieurs assidus par nécessité. Toutefois, le sous-produit inévitable fut l’amusement! Quand un officier de la marine Néerlandaise nommé Cornelius De Jong visita Trondheim en Mars 1797, il vit du ski pour la première fois et devint probablement le premier journaliste de ski à expliquer que les skieurs se faisaient plaisir. Il observait avec admiration les troupes Norvégiennes tandis qu’elles se «jetaient dans la pente à une vitesse que l’on ne peut que comparer à celle du vol d’un oiseau». Cornelius observa les troupes construire un monticule afin de sauter, et estima qu’ils étaient en l’air sur une distance d’environ 15mètres. Même s’il y a peut-être de l’embellissement sur la distance, il est intéressant de constater que des skieurs furent probablement les premiers humains à construire des sauts pour s’amuser. Les soldats que De Jong observait ne partageaient pas seulement la même excitation que de nombreux freeskieurs aujourd’hui quand ils construisent un saut, ils avaient également un penchant similaire pour la fête. «Nous avons passé la soirée à gorge déployée» raconte De Jong. «un certain nombre de paysannes apparu, avec lesquelles les skieurs dansèrent jusqu’au petit matin….» On imagine la suite. Pardon pour l’hors-sujet. La mode des sauts à ski en Norvège continua, et en 1809 le premier saut mesuré officiellement par le lieutenant Danois-Norvégien Olaf Rye était de 9,5mètres. Olaf voulait montrer son courage à ses compagnons d’armes, encore un parallèle

« Les skieurs montèrent au sommet d’une pente raide, et commencèrent à descendre... Ils avaient construit un assez grand monticule de bois et de neige, sur lequel ils sautaient en descendant. Ils criaient tandis qu’ils sautaient, et quand les skis touchaient à nouveau la neige, c’était avec un impact qui pouvait être entendu de loin. » – Cornelius de Jong, 1797 l’adrénaline plus tôt que beaucoup ne le pensent. Il est compliqué de comprendre ce qu’était la vie au 18ème siècle en Norvège. Comme tout pays à cette époque de révolution industrielle, on pense à de longues heures pénibles de travail et à une faible paye. Les guerres étaient communes en Scandinavie, surtout au

avec les groupes de skieurs aujourd’hui se poussant les uns les autres. Tandis que ce développement devint ensuite le Saut à Ski, toujours impressionnant mais plus vraiment innovant, il est raisonnable de dire que ces soldats Norvégiens de 1797 lancèrent quelque chose qui, avec l’aide du freeski, se développe toujours aujourd’hui: l’évolution du ski.



CREW 88

Du Style Espagnol Crew Espagnol basé en Andorre, Round 2 est composé de certains des meilleurs jeunes skieurs de park et cameramen de la péninsule Ibérique. La plupart d’entre eux skient ensemble depuis des années, arrivant du milieu alpin avant de passer au freestyle. La saison dernière ils se sont rassemblés autour de deux cameramen, qui travaillaient ensemble pour leur deuxième année -d’où Round 2- afin de créer un film complet.

Lieu : Espagne/Andorre Membres : Luka Melloni, Noah Albaladejo, Javi Vega, Josep Gil, Pako Benguerel, Scotty Jordan, Alan Villanueva, Pablo Varela, Borja Azurmendi Site web : vimeo.com/ round2media

LE CASTING de Round 2 passe du gangster originel du freeski Espagnol, Pako Benguerel de Barcelone, 37ans, qui envoie encore du lourd, aux filmeurs Borja Azumendi et Pablo Varela du Nord de l’Espagne, au phénomène de style Noah Albaladejo (voir son profile page 14), et son homologue Luka Melloni. «J’ai connu ces gars grâce à Pako et Javi qui avaient pour habitude de venir dans ma station pour filmer» se rappelle Borja. «C’était les seuls à faire du freestyle à haut niveau en Espagne.»

Développant leur réseau dans le milieu Espagnol et d’Andorre, les skieurs de Round 2 se sont rencontrés en été au camp de wakeboard de Pako à Barcelone. Lac Wakeboard est l’endroit où a éclos l’idée de faire finalement un film ensemble. «Je n’avais pas d’études en vue en 2015, je leur ai donc dit que je voudrais filmer pendant l’hiver et tenter de faire un court-métrage ou quelques webisodes», dit Borja, qui s’est associé avec son pote caméraman Pablo Varela dans le projet. «Pablo et moi avons des styles de cadrage diffé-

Photo: Jesús FERNANDÉZ

rents, donc en mixant le tout ça rend plutôt bien.» Le crew loua un appartement ‘étrange et froid’ comme camp de base en Andorre, et débuta de filmer dans les stations du coin, Vallnord et Sunset Park Peterol, et s’embarqua aussi dans des expéditions urbaines en France. Il y eut des voyages à Baqueira, et dans les Pyrénées durant la saison pour du street et du backcountry, incluant une tempête de neige mémorable à Formigal, le tout couronné par un shooting de printemps en park à Sierra Nevada. Sur ce chemin, le groupe connu les défis de la réalisation d’un film, mais ils bénéficiaient de l’expérience des membres vétérans du crew. «Noah et Luka ont filmé avec Stept et 4bi9, ils nous ont donc dit comment faire», dit Borja. «De retour à la maison, ils ont travaillé dur. Et Pako aime que tout soit parfait, il parle tout le temps aux cameramen, et essaye d’aider à planifier les shootings et à tenir le crew actif» «Nous sommes super excités de nous lancer dans l’industrie des films de ski, et nous avons réalisé qu’il est très difficile de faire un gros projet comme les grandes productions» dit Noah. «Nous avons vu les efforts en jeu, et toute l’expérience nécessaire pour créer un bon produit fini.» Leur film éponyme, qui a été mis en ligne gratuitement en Novembre dernier, retranscrit ce que l’on peut appeler le ‘style Espagnol’: astucieux, un montage suggestif, du bon son et un gros niveau de ski. «Tout le monde dans le groupe avait d’autres priorités comme filmer avec d’autres productions, c’est donc un film de nos weekends» dit Noah Albaladejo. «Mais c’est déjà bien, et c’est notre première année, donc on est plutôt tranquilles.» Dans la pure tradition Ibérique, Round 2 vit au jour le jour, sans réelle planification. Mais ça fait partie de leur charme. Quant à ce qui est prévu ensuite, personne ne sait vraiment. «C’est le début de saison et on n’a encore rien planifié» plaisante Borja. «C’est le style Espagnol».

Photo: Borja AZURMENDI

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ROUND 2

Texte: Ethan STONE


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Photos: Jesús FERNANDÉZ

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Photo: Borja AZURMENDI

ROUND 2

Photos: Jordi RULLO

CREW 89


INSIDER 90

Le Manager du Freeski Peu de personnes ont été impliquées aussi longtemps que Jean-Claude Pedrolini dans le freeski. Il y a plus de dix ans, ce Suisse de Chur échangea ses skis pour un bureau, du moins pour ce qui est du côté professionnel. Depuis, il dirige le navire du département freeski international de Völkl – avec autant de succès que d’enthousiasme, mais aussi de la compréhension et du support pour ses athlètes.

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JEAN-CLAUDE PEDROLINI

Texte: Klaus POLZER

Photo: Gaudenz DANUSER

Vol au-dessus de Laax en 2001: Schinka met la tête en bas et reste relax.

SANS RISQUE d’exagération, on peut dire que la naissance et le développement du freeski ont changé la vie de Jean-Claude Pedrolini. Cependant, quand Schinka, comme il est surnommé dans le milieu, a mis des twintips pour la première fois, il pouvait déjà envisager une carrière sportive pleine de réussite. Il a été impliqué dans le milieu freestyle pendant plus de dix ans. Quand il découvrit le développement du newschool, un nouveau monde s’ouvrit à lui, un monde qui ne tournait pas uniquement autour de la neige, et qui le mena jusque dans un bureau. Mais commençons par le commencement. Suisse ayant grandit à Chur, proche de certaines des plus grandes stations du pays, Jean-Claude Pedrolini commença naturellement à skier étant très jeune. Il rassembla toutes les compétences fondamentales dans le milieu des courses de ski alpin. Mais durant l’adolescence, son intérêt pour les piquets diminua fortement et il se mit au freestyle presque par hasard. Il rencontra la Freestyle Truppe de Tschiertschen – un petit village avec un beau domaine juste au-dessus de Churqui était légendaire à l’époque en Suisse. Après qu’il eût passé une sorte de test d’entrée extraordinaire, Schinka intégra le gang. Tandis que le ballet à ski était dominant à l’époque à Tschiertschen – avec Heini Baumgartner qui était multi-

ple champion du monde–, les sauts furent ce qui fascina plus que tout le jeune Schinka. Un entraînement intensif lui fit apprendre le double backflip en un rien de temps. La poursuite dans cette direction fut cependant entravée par son éducation. À Zurich, Schinka acheva un apprentissage en métallurgie et se fit une énorme expérience dans la fabrication de ses propres pièces. À 21 ans, il rentra à Chur et devint entrepreneur, lançant son entreprise d’artisanat et équipant un bon nombre de magasins, bars et restaurants. Il parvint à travailler assez durant l’été pour prendre de longues pauses en hiver, pouvant ainsi se concentrer sur le ski. Il se focalisa sur le ski acrobatique, et apprit les manœuvres nécessaires comme des doubles flips avec de multiples twists, prenant même le départ de l’Europacup. Une carrière dans le ski freestyle n’était pas vraiment une chose facile à l’époque. Le support des sponsors et des clubs de ski était très limité et le centre des sports aériens se trouvait de l’autre côté de la Suisse au lac de Genève. De plus, les camps d’entraînement en été coutaient très cher, c’est pourquoi Jean-Claude Pedrolini accepta l’invitation à rejoindre la team Swiss 1080. C’était en 1998 et le newschool venait d’être inventé. En raison de la localisation, Schinka passa dans le tout

jeune V-Ski Team de Völkl –marque à laquelle il est depuis fidèle. Durant les débuts du V-Ski Team, Schinka rencontra des personnalités légendaires comme Marc-André Belliveau, Sverre Lilieqvist et Stian Hagen, qui reste un personnage influent dans le team aujourd’hui. C’était une époque excitante où tout évoluait rapidement. Malheureusement sa carrière d’athlète s’arrêta brusquement en 2003. Une grave blessure à l’épaule ne fit pas que mettre fin à sa carrière de freestyler, mais elle le força également à stopper son autre activité professionnelle. Par chance, les assurances du système social Suisse lui permirent de se relancer, achevant un apprentissage avec Völkl. Devant un bureau, Schinka géra de plus en plus de choses pour le team freeski de Völkl, et devint finalement responsable du département marketing freeski de Völkl. Après son apprentissage, JeanClaude Pedrolini devint le Marketing Manager et Team Manager de Völkl Freeski International. Presque dix ans sont passés depuis cette période mouvementée, et JeanClaude est resté une figure constante du milieu trépidant de l’industrie du freeski. Peu d’autres personnes dans le freeski –du moins dans les grandes entreprises– ont tenu les rênes aussi longtemps que Schinka. Le long règne du Völkl Freeski Team n’est qu’une petite preuve de tout ce qu’il a accompli –avec des noms comme Russ Henshaw, Nick Goepper, Markus Eder, Sam Smoothy ou Emma Dahltröm. Les chiffres de ventes impressionnants sont probablement une meilleure indication des responsabilités et de la confiance investies en lui. Mais ce n’est pas ce qui le définit. Schinka est très respecté par tous ses riders et par toute l’industrie du freeski parce que, pour lui, les médailles et les chiffres ne sont pas les facteurs les plus importants. Il s’intéresse aux personnes derrière la figure des athlètes, et se soucie du sport dans son ensemble. Il est rassurant de voir que cette attitude peut encore mener au succès dans les affaires. Espérons que Jean-Claude Pedrolini demeure une partie intégrante du milieu du freeski pendant les vingt prochaines années. Allez Schinka!



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SAGE CATTABRIGA-ALOSA DIALOGUE 92

UN SKIEUR NOMMÉ SAGE

Interview:

Mark VON ROY Photos:

Adam CLARK


DIALOGUE 93

En rencontrant un homme nommé Sage, on s’attend à quelqu’un d’avisé et de philosophe. Sage Cattabriga-Alosa est sans aucun doute intelligent, il sait bien s’exprimer, mais il est encore bien plus que ça: un enfant sauvage, un libre penseur, un artiste et –comme il est connu dans le monde du ski– un skieur créatif qui envoie du lourd. Rencontre durant le Red Bull Linecatcher avec un homme nommé Sage, qui a filmé des segments brisant les limites pendant plus de dix ans.

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Le Red Bull Linecatcher est un des seuls événements auxquels tu participes, qu’est-ce qui le rend si spécial? C’est très spécial parce que ça combine du slopestyle backcountry avec des éléments de big mountain. Seize des skieurs les plus complets du monde sont invités ici, il faut être un skieur qui peut skier toute la montagne et qui est capable de sauter. Avoir la liberté de choisir son run est super, on peut choisir de ne prendre que des reliefs naturels, ou la ligne de sauts, ou encore de combiner les deux. C’est le meilleur événement de slopestyle backcountry, avec chaque année des modules géniaux qui en font un événement vraiment amusant. Le côté que je préfère est de revoir tous les autres skieurs, surtout certains Européens avec lesquels je n’ai en général pas l’occasion de passer du temps. La camaraderie ici est impressionnante. Comme il y a une longue fenêtre météo, on passe beaucoup de soirées ensemble, on va au bowling et au bar, et tout ça construit une vraie équipe. Pendant les jours d’attente, on skie ensemble, on s’amuse beaucoup, et durant l’événement luimême on se supporte énormément les uns les autres. Tous les skieurs s’encouragent et sont déchainés quand quelqu’un pose un run solide. C’est un vrai groupe dynamique sympa, et l’événement ressemble plus à une session entre potes. Le contest lui-même est mené très professionnellement, et le streaming live est très bien fait ce qui permet d’avoir une grosse audience. Mais le streaming live a aussi amené quelques problèmes à cause du temps de diffusion restreint qui limite le nombre de runs, empêchant quelques fois certains riders de performer à leur meilleur niveau. C’est cependant un événement hallucinant et je suis super content d’en faire partie.

SAGE CATTABRIGA-ALOSA

Né le : 27 Décembre 1979 chez sa grand-mère dans le New Hampshire, USA Vit à : Bend, Oregon Station: Alta et Snowbird, Utah Intérêts: Mountain Bike, Skateboard, Art, DJ Sponsors: The North Face, Atomic, Smith Optics, Backcountry.com, Sony Action Cam, Voke Energy Tablets


DIALOGUE 94 SAGE CATTABRIGA-ALOSA MAGAZINE SEASON 15/16

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De nombreux skieurs disent que le format du Linecatcher est celui qui représente le mieux le freeski, es-tu d’accord? Oui, il y a aussi le Red Bull Cold Rush et la Skiers Cup qui ont des concepts similaires. Ces événements montrent le ski de la meilleure manière possible d’après moi: ils laissent les meilleurs skieurs exprimer leur vision du ski. Et ce n’est pas simple à organiser. Il faut une fenêtre météo pendant laquelle vous pouvez attendre en vue de meilleures conditions. Il faut un groupe de skieurs incroyables et pouvoir les faire s’échauffer avant leur run. Les lieux sont souvent reculés ce qui complique la présence du public et des médias. Pour moi qui suis un skieur d’images, pas vraiment tourné vers les compétitions, ces événements sont de bonnes opportunités pour me pousser vers de nouvelles directions. Ça me motive vraiment. Généralement, quand je ne filme pas et que je ne fais pas de contest, je skie à la cool dans ma station sans trop appuyer. Ces événements poussent à faire le plus de sauts et de tricks dans un run et c’est génial! Avoir une zone préparée avec trois sauts et pleins de reliefs naturels est incroyable. Les runs posés durant la compétition seraient même parmi les meilleurs runs d’un film. Toute l’expérience ici m’inspire et me pousse en tant que skieur.

Andrew Pollard, d’Alta, a vu la vidéo et reconnu le tracé. Il a appelé son ami Mark, étudié le tracé, trouvé une meilleure manière de le skier, et ils se sont filmés en train d’y envoyer des tricks en prenant de nouvelles lignes encore plus engagées. Ils ont en fait surpassé notre vidéo. J’ai vu leur vidéo sur instagram, et je me suis dit ‘putain de merde’ avant de partager leur vidéo, parce qu’elle était juste dingue. Ce genre d’interaction qu’on peut avoir grâce aux réseaux sociaux est génial. D’un autre côté, le côté obscur des réseaux sociaux est la manière avec laquelle les marques les utilisent et les obligations contractuelles de poster du contenu qu’ont les athlètes de la part de leurs sponsors. Certains sont de bons skieurs mais sont nuls avec les réseaux sociaux, ils peuvent être éclipsés par des gens qui ne sont pas nécessairement de meilleurs skieurs, mais qui savent gérer les réseaux sociaux. Dans un sens c’est pas grave, parce que chacun a un milieu dans lequel il est plus à l’aise, et si les réseaux

comment ton approche des images a-t-elle changé au fil des années? Je me suis récemment beaucoup intéressé à la production vidéo. J’aime avoir de l’influence dans la production et dans la réalisation d’un film dont je fais partie. Je suis de plus en plus intéressé à faire partie de la production. Je pense que ma manière de skier mérite encore d’être devant les caméras, mais je veux être plus impliqué. Je me passionne pour chaque projet où je prends part. Je m’investis à 100%. Je me fixe chaque année des objectifs médiatiques. J’aime faire quelque chose d’engagé, montrer ma manière de skier pour que l’on puisse s’y reconnaître. Par exemple une vidéo en station peut avoir plus d’impact qu’un énorme segment en Alaska. J’aime les deux, mais je crois que plus de personnes peuvent se reconnaître dans du ski en station parce que peu de gens peuvent prétendre skier des spines en Alaska. C’est incroyable à regarder, mais difficile de s’y identifier. Donc c’est cool de sortir quelque chose proche des gens.

sociaux sont votre manière d’être un pro-skieur, pas de soucis. Je le comprends et je joue le jeu.

j’ai étudié les arts et adoré le processus créatif, l’expérience de travailler sur du neuf et l’excitation que procure ces moments. Après que le ski ait envahi ma vie, l’art est revenu au galop et j’ai trouvé au fil du temps de nouveaux intérêts. L’ordinateur avec la tablette Wacom permet de peindre, de dessiner et de faire du design, et d’être créatif. Ça m’a

[Filmographie] TETON GRAVITY RESEARCH: Paradise Waits (2015) Almost Ablaze (2014) Way of Life (2013) The Dream Factory (2012) One for the Road (2011) Light the Wick (2010) Re:Session (2009) Generations (2009) Under the Influence (2008) Lost and Found (2007) Anomaly (2006) Tangerine Dream (2005) Soul Purpose (2004) High Life (2003) The Prophecy (2002) Salad Days (2002) Subject to Change (2001) Mind the Addiction (2001) AUTRES PRODUCTIONS: Chasing Shadows (2015) – Warren Miller; Playground (2007) – Warren Miller; Teddy Bear Crisis (2005) – Kris Ostness; Ten (2004) – Poor Boyz Productions; Not Another Ski Movie (2004) – Push Films; Stimulus (2004) – Rage Films; Junkshow Diaries (2003) – Rage Films; Forward (2003) – Level 1 Productions; The Flying Circus (2001) – Wind Up Films; The Bolero Project (2001) – Wind Up Films;

Le monde des médias pour les skieurs professionnels a beaucoup changé par rapport à tes débuts, la montée des réseaux sociaux ayant désormais un gros impact. Que penses-tu de ce développement? Je crois que les réseaux sociaux ont de très bons côtés. Par exemple, j’ai fait un follow avec Pep (Fujas) à Alta en début de saison. Ce n’était pas vraiment prévu, on skiait juste ensemble et j’ai allumé la caméra pour suivre Pep dans un run de straight airs. J’ai posté ça le soir en me disant juste ‘pourquoi pas?’. Le jour suivant, un skieur du coin

Oui les réseaux sociaux font partie du jeu maintenant, mais je pense que les segments vidéo ont encore un plus grand impact. Tu as une longue et belle carrière de skieur d’image,

Tu exprimes beaucoup de créativité avec la manière dont tu skies les reliefs naturels, mais tu es aussi créatif en-dehors des montagnes. Quelles sont tes inspirations au-delà du ski? L’art visuel a une grande influence sur moi depuis mon enfance. À l’université


DIALOGUE 95 la face aide à se sentir en confiance, et quand on cherche à sauter, même les plus petits rochers peuvent procurer de très gros drops. À cause de la raideur des pentes, un rocher d’un mètre peut vous envoyer 10 mètres plus bas. Commencer par de petits sauts vous fera prendre conscience de comment sont ceux qui semblent plus gros.

On t’a vu déchirer l’Alaska pendant Je m’en rappellerai [PVA = Powder Video plus de dix ans, qu’est-ce qui en si jamais je me Awards] fait un endroit si spécial, et quels trouve en haut d’un conseils donnerais-tu à quelqu’un sommet en Alaska. qui y va pour la première fois? Merci beaucoup de nous avoir L’Alaska est spécial pour plusieurs rai- accordé un peu de ton temps Sage, et sons, la proximité de l’océan, l’échelle bonne chance pour ta saison! des montagnes et l’immensité de l’espace qui lui confère sa magie. Le type, la qualité et la quantité de neige permettent de créer et de fixer des structures que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Pour quelqu’un de nouveau, se trouver dans cet endroit peut être écrasant. Le meilleur conseil que je puisse donner est de commencer par quelque chose de petit, de s’habituer aux perspectives. L’échelle, même après de nombreuses années, est toujours une chose que je cherche à mieux comprendre. Prendre de bonnes photos pour étudier

SAGE CATTABRIGA-ALOSA

PVA 2016: Best Male Performance; PVA 2015: Best Powder Segment; PVA 2014: Best Powder Segment; Freeskiing World Tour 2013: 2éme place @ Snowbird, Utah; Red Bull Cold Rush 2012: 3éme place; PVA 2011: Best Male Performance & Best Natural Air; Red Bull Cold Rush 2011: 2éme place; PVA 2009: Best Male Performance, Best Line & Best P.O.V.; PVA 2006: Best Powder Segment; PVA 2004: Best Male Performance; PVA 2003: Male Breakthrough Performance;

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[Récompenses]

SEASON 15/16

Tu as aussi amené ta créativité dans le projet ‘Experience Sage’ qui est impressionnant. Dis-nous en plus sur ce projet et sur ton implication. Le projet partait d’une idée d’il y a quelques années. Je parlais avec un ami qui produit de la musique et travaille aussi dans la projection et le mapping vidéo. On a cherché comment faire des projections sur la neige. J’ai décidé de me mettre à la projection et au mapping vidéo. C’était l’occasion de combiner l’art et le ski. Adam Clark et moi avons commencé d’expérimenter des shootings en utilisant certaines de mes créations et un projecteur de bureau. On a eu de belles séquences, mais je savais qu’on pouvait faire plus. L’année suivante, j’en ai parlé à The North Face et avec du support supplémentaire on a commencé de shooter avec TGR, cette fois avec un projecteur professionnel et toute l’équipe de production de TGR. Je réglais le projecteur, gérait l’imagerie, le positionnement, puis l’équipe et moi reparlions des couleurs, de la lumière, du contenu avant que je ne commence à skier. La préparation prenait d’un quart d’heure à une heure pour chaque

séquence. Après huit longues nuits de shooting, incluant une nuit où il est tombé 50cm de neige, on a eu de super séquences. On travaillait avec un budget serré sur des défis logistiques immenses, donc on a fini sur un projet revu un peu à la baisse par rapport à l’idée originelle, mais nous sommes super satisfaits du résultat. Les images proviennent de Grand Targhee, le domaine skiable où j’ai grandi, et pas mal de monde nous a filé un coup de main: des amis d’enfance, des pisteurs, des managers de la station. Sans cette aide, les choses auraient été bien plus coûteuses et difficiles.

DOWNDAYS

permis d’avoir un studio partout où je peux ouvrir mon ordinateur et de collaborer avec les marques qui me supportent, en passant du design des skis avec Atomic, aux dessins des t-shirts, des pulls, des sacs à dos de The North Face, et à mon masque pro-model chez Smith. Faire fusionner ces passions a été une expérience enrichissante.



2005, avec pas moins qu’un 450 nose mute. Il y a largement de la place pour aller encore plus haut. Par chance pour Joff et pour le public, le Suzuki Nine Knights de cette année aura une session dédiée au Hip, parce que les Hips sont géniaux et ne sont pas assez appréciés de nos jours. Dans le pur style Nine Knights, ce ne sera pas un Hip traditionnel, nous avons vu quelques croquis, et sans vouloir ruiner la surprise, disons juste que cette année la construction aura au moins 5 take-offs, des tonnes de gaps et transitions à explorer, et bien sûr, ce sera énorme. Soyez patients…

VIBES 97

DE TEMPS EN TEMPS une photo fait hurler «Photoshop!» aux esprits les plus sceptiques. Mais ceux qui connaissent Joffrey Pollet-Villard et qui ont vu la vidéo Suzuki Nine Knights Highlights savent que cette image n’est pas retouchée, c’est la réalité. Joff est le détenteur du record du monde de hauteur en halfpipe avec 8,04m. Sans dispositif officiel de mesure l’an dernier au Suzuki Nine Knights, on ne peut qu’estimer les airs de Joff à plus de 10m en sortant du Hip. C’est actuellement Andreas Håtveit qui détient le record de hauteur en Hip avec 11,30m en Photo: Klaus POLZER Rider: Joffrey POLLET-VILLARD

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SEASON 15/16

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LE HIP DU SUZUKI NINE KNIGHTS

Lieu: Suzuki Nine Knights, Mottolino/Livigno, ITALIE


APRÈS 98 DOWNDAYS

SEASON 15/16

MAGAZINE

À LA SAISON PROCHAINE

Ce qui reste à la fin de toute chose est la possibilité d'un avenir meilleur.

Que les dieux de la neige soient avec vous…

Photo: Adam CLARK

Rider: Carston OLIVER

Lieu: La Parva, CHILI


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PHOTO: PALLY LEARMOND RIDER: EMMA DAHLSTRÖM

THERE IS NO LIMIT TO YOUR CREATIVITY.


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