Créer des passerelles entre les gens

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Créer des passerelles entre les gens

éditions d’une certaine gaieté


Madame Aşna a 60 ans. Elle vient du Kurdistan turc et vit en Belgique depuis 5 mois. Elle ne parle pas bien français. Elle discute avec sa voisine Sergul, une Turque installée depuis 5 ans en Belgique et qui, elle, parle un peu français.

Bonjour ! Fait froid ici !

Oui ! On se croirait au Pôle Nord !

Bienvenue en Belgique ! Ciel gris, tout le temps !

Humidité fait mal aux os. Besoin médecin...

Il faut venir à la Maison médicale, ils ont de bons médecins !

Je prends rendez-vous et je viens te chercher demain matin… Et c'est où ça ?

Si tu veux, je peux t'accompagner. Merci. À demain !

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Comme prévu la veille, madame Sergul accompagne madame Aşna à la Maison médicale pour son inscription. J'accompagne ma voisine, elle voudrait voir un médecin. Que puis-je faire pour vous ?

Bonjour !

Venez avec moi, on va s’installer dans un bureau au calme.

Une fois dans le bureau, l’accueillante commence les explications...

c'est quoi la mutuelle ?

Pour voir un docteur à la Maison médicale, il faut y être inscrit. Votre mutuelle nous paye alors un forfait mensuel pour vous.

Donc, vous ne devez rien payer pour voir le docteur, l'infirmière et le kiné puisque la mutuelle nous paye !

C’est comme une assurance, tu cotises pour te soigner et ça paye la Maison médicale.

C'est celui qui fait des massages, et te donne des exercices quand tu as mal. C'est quoi le kiné ?

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Comme la Maison médicale reçoit un forfait pour vous soigner, vous ne serez plus remboursée si vous allez voir un médecin, une infirmière ou un kiné ailleurs…

Ici, nous avons aussi un dentiste, une diététicienne, une psychologue, un ostéopathe. Mais ceux-ci, il faudra les payer à l'acte.

Vous payez votre consultation. Vous venez avec votre reçu à la Maison médicale et on vous rembourse.

Je vous mets un rendez-vous chez l’infirmière pour ouvrir votre dossier et parler de prévention…

Vous avez tout compris ?

Pour voir une personne de l’équipe, il faut prendre un rendez-vous, par téléphone ou sur place.

Si vous êtes malade le week-end, il y a une maison de garde dans le quartier…

Oui oui !

Comment vais-je lui expliquer toutes ces informations. Je ne m'en rappelle déjà plus !

Donc, pas payer ici ?

Non !

Bien sûr…

Elle parlait beaucoup la dame ! Ça a l'air bien compliqué !

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Mais bons docteurs quand même ?


Entre-temps, dans la salle d'attente, ça discute « retards » et turnover des médecins

Toujours en retard, ce n'est pas possible ! Je ne vais pas passer ma journée ici !

C'est clair ! Nous, on ne peut pas arriver en retard, par contre, eux...

Vous êtes quand même bien content quand ils prennent le temps de vous écouter. On n'est pas à l'usine ! Un patient arrive en retard... Bonjour, j'avais rendezvous à 10h30.

Oui, ben il est 11h30, et vous n'avez même pas prévenu !

Oui, enfin, ça arrive hein ! Dites, je pourrais avoir un autre rendez-vous aujourd’hui ?

Patience, patience…

Oh, comme vous êtes stricte ! Ok pour jeudi

Non, c'est une question d'organisation ! Je vous mets un rendez-vous dans trois jours, jeudi matin ?

Voilà c'est noté ! Et si vous ne savez pas venir, prévenez-nous !

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Vous voyez ? Si en plus les gens annulent sans prévenir, cela occasionne de la surcharge de travail pour rien !

Toutes les excuses sont bonnes ! On peut aussi parler des changements fréquents de médecins, hein ?!

Moi en un an, j'ai eu 3 médecins ! On commençait à se connaître qu’il partait ! Je pue, ou quoi !?

Il faut savoir qu'il y a des médecins qui font leur assistanat durant 2 ans. Après ils s'en vont. C'est normal.

Oufti ! Vous êtes durs ! On est quand même bien soignés ici !

J'ai rendez-vous avec un nouveau médecin, il faut qu'il me promette qu'il s'en ira pas. Sinon, je vais chez un autre tout de suite !

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Un mois après son inscription, madame Aşna vient voir le médecin pour les résultats de sa prise de sang. Ce que je vois, c’est qu'elle a trop de sucre dans le sang.

Bonjour madame ! J'accompagne ma tante. Elle voudrait connaître les résultats de sa prise de sang.

Ma tante demande si elle doit prendre des médicaments ?

Est-ce grave, docteur ?

Pour le moment non, il faut que madame Aşna fasse un peu de mouvement et corrige son alimentation.

On va d'abord essayer d’améliorer l'alimentation et faire de l’exercice.

La visite est terminée, mais madame Aşna semble mécontente

Pourquoi pas vouloir donner médicament ? Exercices ! Nettoyage, cuisine, lessive, course ! Ça pas exercice ?

Des médecins qui ne donnent pas de médicament… Bizarre ! 7


La Maison médicale travaille en autogestion, cela veux dire que c’est l’ensemble de l’équipe qui prend les décisions et qui gère de manière collective la Maison médicale. Ordre du jour : « campagne de vaccination »; déco de la salle d'attente par les patient.e.s avec des messages de prévention ; les retards des patient.e.s...

Ça va encore prendre des plombes de discuter de tout ça.

Le temps passe et ils sont toujours au premier point.

Si on n’arrive pas à se mettre d'accord, passons au point suivant ? Et on fera une réunion seulement pour ce sujet ? Il faut aussi beaucoup de patience! Il y a des tensions, des incompréhensions. Mais ça change d'autres milieux de travail ! La réunion est terminée. Un jeune kiné se confie à une personne de l'équipe plus ancienne.

Que c'est compliqué l'autogestion ! Ça prends trop de temps !

Dans le temps, on décidait même de la couleur des murs, tous ensemble ! Puis, on a appris a faire des sous-groupes et cela nous allège un peu ! 8

Avant, j’étais infirmière dans un hôpital. Personne ne me demandait mon avis, et si j’osais dire quelque chose, je n’étais pas prise en considération.


Ici, dans l’équipe, tout le monde est sur un pied d’égalité !

Ce qui est enrichissant, c'est de réfléchir ensemble, de progresser ensemble. Tout le monde adhère au projet et se sent responsable...

Quand je suis arrivée ici, j’en revenais pas ! On me demandait mon avis, de faire des propositions…

Il faut dire que quand nous avons créé la Maison médicale, on voulait changer le monde !

On n'y est pas arrivé, mais presque !

On se forme, on échange des connaissances, on apprend à lire un budget… C’est bien connu : il y a plus dans plusieurs têtes que dans une seule !

C'est clair qu'on peut être vus comme des allumés, de pratiquer l'autogestion dans un monde capitaliste. En même temps, on prouve que cela peut exister, et pas que dans les usines !

Quén boulot l’autogestion ! Mais quel héritage...

Après la discussion, le jeune kiné se détend 5 minutes dans son cabinet, avant ses prochains rendez-vous... 9


Puisque madame Aşna n'est pas satisfaite de l'avis de son médecin à la Maison médicale, elle décide donc d’aller en voir un ailleurs.

Ma tante vient vous voir car elle a un peu de diabète.

Bonjour…

Bonjour, que puis-je faire pour vous ?

Oui, je vois…

Elle voudrait des médicaments pour se soigner…

Il a dit la même chose que ton médecin. Te voilà rassurée…

Comme ci, comme ça… À ce stade, il n'y a pas besoin de médicaments. Il faut juste qu'elle améliore son alimentation et fasse de l'exercice.

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Le lendemain madame Aşna va à la Maison médicale avec le reçu de son autre médecin, pour se faire rembourser.

Bonjour, me faire rembourser svp…

Bonjour, oui, donnezmoi la souche…

Désolée, moi pas compris, pas compris ! Désolée...

Mais je ne peux pas vous rembourser, on vous avait dit que vous ne pouviez pas aller voir un autre médecin généraliste !

Bon, c'est la première et la dernière fois qu'on vous rembourse. La prochaine fois, ça ne marchera pas!

Merci, merci. Compris maintenant...

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Elle est où la boite pour faire la piqûre ?

Madame Sergul souffre d’une entorse. L'infirmière de la Maison médicale passe chez elle pour lui apprendre à se faire des injections contre la phlébite.

Oui, je vois bien et c'est pour ça que je suis là ! Vous auriez pu prévenir.

Je n’ai pas su aller la chercher, sais pas si vous voyez mais j'ai une entorse!

Tôdi l’même affaire !

Le lendemain… Elle fait appel au Réseau solidarité de la Maison médicale où des patient.e.s prestent des services à d'autres patient.e.s. Elle appelle l’assistante sociale qui coordonne le service.

De quoi avez-vous besoin Mme Sergul ?

Il faut passer à la pharmacie et aller promener le chien. L'argent est sur la cheminée.

Mme Sergul est immobilisée avec une entorse. As-tu un.e patient.e. du réseau solidarité qui pourrait passer venir l'aider ?

Je vois qu'il y a quelqu’un qui est disponible demain.

… Françoise, qui fait partie du Réseau solidarité, rend service à madame Sergul.

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Madame Fatima est arrivée en Belgique il y a 30 ans. Depuis 25 ans, elle est patiente à la Maison médicale. C'est en sortant d'une consultation qu'elle rencontre une connaissance.

Ça va bien, merci !

Fatima ! Comment vas-tu?

Je suis sûre que je l'ai oubliée chez la kiné ! Je n'avais plus mal à la jambe, au point d’en oublier ma canne !

Ah, ça va mieux ta jambe ? Tu ne te sers plus de ta canne ?

Dis donc, on est bien soignés ici !

Dis, je vais te laisser et aller récupérer ma canne, car je dois aller à la piscine avec les kinés faire de l’aquagym. C’est tous les vendredis.

Au revoir et peut-être qu'on se verra à la piscine alors !

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Une fois sa canne récupérée, madame Fatima arrive à la piscine pour son cours d’aquagym. Dans le hall, les patient.e.s attendent les kinés qui donnent le cours.

Madame Fatima remarque une dame, en retrait. Bonjour, tu viens à l’aquagym aussi ?

Oui, c’est la première fois et ça me fait un peu peur car je ne sais pas nager.

Les kinés arrivent, c'est l'heure d'aller se changer.

C'est gentil de votre part.

Mais de rien, moi aussi j'ai appris à nager ici, avec les kinés.

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Tracasse pas, on va dans le petit bassin. Si tu veux, je t'apprends à nager…


Le cours a commencé !

Le cours est fini. Fatima apprend à Anne à nager… Tenez-vous droit, rentrez le ventre et serrez le périnée ! Laisse-toi aller… détends-toi !

Si elle était un peu plus douce dans ses mouvements, peutêtre que j'y arriverais...

C'est l'heure de la douche. Fatima aujourd'hui Donne-moi du savon, est dans son élan de générosité. je vais te laver le dos.

Non, merci ça va...

Anne est un peu gênée, mais à la fin cède à la demande de Fatima

Mais qu'elle frotte fort ! C’est la mixité culturelle à coup de démontage d’épaule ou quoi ?!

Mais donne-moi le savon, ça ne me dérange pas ! 15


Les deux nouvelles copines font un bout de chemin ensemble … Ah ça me fait du bien de faire du mouvement. J'irai mardi et jeudi à la salle de sport aussi. Oui, je préfère ça plutôt que de rester à la maison. Quand je reste chez moi, je me dispute pour rien avec mon mari. Je fais à manger et je mange, je mange et je gonfle, je gonfle... Quelle énergie ! Tu fais beaucoup de sport !

C'est quoi le Chal’heureux?

Anne, si tu veux, tu peux venir au Chal’heureux vers 17h. Il y a une auberge espagnole et une petite fête. C'est un espace créé par la Maison médicale avec d'autres associations du quartier. Un lieu de rencontre pour les patient.e.s et les gens du quartier.

C'est un chouette projet ! Merci pour l'invit', mais ce sera pour la prochaine ! 16


Quelques heures après, Fatima arrive au Chal’heureux. L’ambiance est là !

Bonjour Jean-Marie, comment vas-tu?

Mmhhh, ça sent bon, qu'estce que tu as amené ?

Bien bien…

Un plat de mon pays, avec des légumes, des fruits et de la semoule. Une recette que m'a donnée la diététicienne aux ateliers cuisine de la Maison médicale.

Et toi, qu'as-tu as amené de bon ?

Oh là là, quelle catastrophe ! Des frites et du coca ?!

Quoi ?! Tu n'aimes pas les frites et le coca ?

Moi aussi j’ai un plat de mon pays ! Des frites et du coca !

Mais non hein ! Ce ne sont que des patates !

Mais bien sûr que j'aime bien! J'adore même ! Mais comment dire... ce n'est pas très light tout ça !

Bon, la prochaine fois, on va ensemble aux ateliers cuisine et tu verras , il y aura de vrais légumes !

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Oui, mais ici c’est l’association des patients, qui s'appelle aussi l’Impatient.

Géraldine a 43 ans, elle a des douleurs au dos. Elle décide de prendre les choses en main et d’aller à la salle de sport de la Maison médicale. Où des liens se tissent…

Dis Mehdi, ça te dit d’aller boire un verre après le sport ?

Oh je n’aurai pas le temps, je dois aller à une réunion de l’Impatient. Tu fais partie de l’équipe du journal ?

Ça me dirait bien de venir découvrir cette association une fois, lors de vos réunions.

Et toi Maria tu fais quoi après ? On va boire un verre ?

OK, je te tiendrai au courant pour la prochaine fois.

Pas possible pour moi, je dois aller chercher mon enfant à la Bambinerie.

Si tu veux tu peux m’accompagner ? C’est dans le quartier...

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La Bambinerie, je me rappelle quand elle a été ouverte en 2004 et nous les patient.e.s avons aménagé les locaux.. que de bons moments.


Après le sport, Maria et Géraldine sont en route pour la Bambinerie.

Maria, la Bambinerie, c’est une halte accueil c’est ça ?

Oui, elle accueille tous les matins des enfants de 3 mois à 3 ans. Au départ, c’est un projet lancé par l’Impatient pour permettre aux parents avec des enfants en bas âge de fréquenter des cours de français.

C’est aussi ouvert à d’autres personnes du quartier. Et maintenant cette structure a été reconnue par l’ONE. Elle vole presque de ses propre ailes.

Comment tu l’as connue ?

Par mon médecin. J’étais fort épuisée. Être mère seule avec un enfant en bas âge, ce n’est pas toujours facile.

J’avais besoin de prendre du temps pour moi. Pour me sentir bien. Rencontrer des gens. Et envisager des projets futurs.

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Du coup, j’ai mis mon enfant à la Bambinerie deux fois par semaine. Comme ça je peux aller faire du sport.

T’as bien fait, il faut garder la forme et se changer les idées…

Voilà c’est ici ! Tu peux rentrer si tu veux ?

Géraldine découvre les locaux de la Bambinerie.

Les retrouvailles sont au rendez-vous !

Je vais te laisser… je retourne à mes corvées de mère célibataire avec deux ados !

Bon amusement !

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Depuis quelques jours, Géraldine ne se sent pas trop bien et elle va voir un médecin.

Vous avez une inflammation des cervicales.

Ça fait plusieurs jours que j’ai mal à la tête et au cou et ça ne passe pas...

Je vais vous donner des antidouleurs et vous prendrez un rdv avec un kiné.

Attendez ici, je vais voir si on a des anti-douleurs disponibles dans la Banque de médicaments .

Le médecin arrive à la Banque de médicaments , un patient est en train de ranger les médicaments apportés par d’autres patient.e.s. Combien je vous dois ?

Bonjour, je viens chercher des antidouleurs.

Rien, c’est gratuit !

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Comment ça se fait ?

Chaque patient.e est invité à amener des médicaments dont il/elle n’a plus besoin. Et ils sont rangés par deux patients bénévoles dans la Banque de médicaments .

C’est pas mal comme idée, en plus ça lutte aussi contre le gaspillage !

Vous avez décidé de pousser à la faillite les multinationales pharmaceutiques ou quoi ?!

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Ainsi, les médecins peuvent les donner aux patient.e.s qui ont un petit revenu.

Vous ne prescrivez pas beaucoup de médicaments et ceux que vous donnez c’est de la recup ! Une raison de plus pour que ce service existe !Il faut dire qu’il est là depuis 1996 !

Euh, maintenant que vous me le dites ! En tout cas, nous ne sommes pas pour la surmédicalisation.


Géraldine participe avec Mehdi à la réunion de l’association L’Impatient.

Voici Géraldine, on s’est rencontrés ici, à la salle de sport, et elle aimerait bien rejoindre l’association.

Merci Mehdi, mais d’abord j’aimerais bien en savoir un peu plus sur l’association.

L’association travaille aussi sur le quartier avec d’autres associations et elle a mis sur pied d’autres projets comme la Bambinerie, la Banque de médicaments, le Chal’heureux, le Réseau Solidarité.

L’association a été créée il y a 20 ans par les patient.e.s et l’équipe, de façon à ce que les deux parties puissent se rencontrer et échanger sur leurs besoins respectifs.

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Et le Journal L’Impatient, qui existe depuis 20 ans. C’est le petit journal que tou.te.s les patient.e.s reçoivent chez eux tous les 3 mois.

Il y a un comité de rédaction, composé de deux personnes de l’équipe et un patient, moi-même. Les thèmes sont en relation avec ce qui se passe à la Maison médicale.

Il y a une farde dans la salle d'attente où les patient.e.s peuvent déposer des textes qu'ils /elles écrivent. Le journal est aussi en ligne sur le site de la Maison médicale.

Vous en faites des choses ! Vous êtes tous et toutes à la retraite ?

Profitez bien ! Parce que pour nous, la retraite devient un mirage !

En tout cas, pour commencer, je pense m'orienter vers le journal. Cela m’intéresse ; informer les gens sur ce qui se passe ici. 24

Non, seulement certain.e.s.


Suite à leur demande de participer à la journée de prévention alimentaire, la veille, les patient.e.s se sont donné rendez-vous à la Maison médicale pour décorer la salle d’accueil.

C’est fou la quantité de sucre qu’il y a dans le coca !

La salle de sport n’est pas épargnée par les affiches de prévention.

Je te l’avais dis que ce n’était pas très light !

Un petit café bien mérité après avoir terminé d’apprêter les lieux pour la journée sur la prévention alimentaire.

Il faut que je diminue les pâtes, le pain… ce serait bien pour mon diabète !

À qui le dis-tu… mais c’est tellement bon !

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Aujourd’hui c’est le jour de la marche. Une patiente a invité l’équipe et les autres patient.e.s de la Maison médicale à une marche en fin d’automne, à la découverte des espaces verts de la ville de Liège.

J’espère qu’ils ne vont pas aller trop vite et que ce ne sera pas trop long. Enfin, je fais un peu d'exercice à l’extérieur de la maison.

Géraldine a sa casquette de photographe aujourd'hui.

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Allez mesdames et messieurs, un peu de courage !


Je sens que je vais avoir mal aux jambes pendant trois jours !

Oui c’est ça ! Fatima arrête de lui donner de mauvaises idées !

Une bonne excuse pour aller te faire masser chez la kiné.

Beh quoi ?! Vous faites quand même des massages ?!

Oui, mais je préfère donner des exercices !

C’est la pause. Tout le monde boit un coup avant de repartir.

Regarde les photos !

Créer des passerelles entre les gens…

Elles sont superbes, on va pouvoir les publier dans le prochain L’Impatient !

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Dans une société atomisée, où des liens sont difficiles à tisser, où les lieux pour les créer se font rares, de vieux bastions comme les Maisons médicales résistent. Nées sous l’impulsion de mai 68, leurs fondateurs et fondatrices rêvaient d’un autre monde, plus égalitaire, solidaire et émancipateur. Ils et elles ont fait de l’utopie une réalité à leur échelle, non sans difficulté. Et c’est dans un de ces bastions liégeois, qui existe depuis 30 ans, que nous nous sommes déplacé.e.s, pour réaliser ce projet de roman photo. Ce projet raconte et illustre comment il est possible de faire de la santé de chacun.e une priorité qualitative, et que les chemins pour y arriver ne sont pas essentiellement les soins thérapeutiques ou la dépendance visà-vis des soignants ou des médicaments. En effet, d’autres chemins peuvent être empruntés, où le paternalisme médical n’a pas sa place et où l’autonomie et l'émancipation des patient.e.s sont au centre des préoccupations. Aux besoins individuels, des réponses collectives sont apportées de manière pragmatique, sans doute. C'est à travers un cours d’aquagym à la piscine communale, un atelier cuisine ou l’installation d’une salle de sport que des liens commencent à se tisser entre des gens de toutes origines sociales et culturelles. Des gens qui se croisent et finissent par se mélanger et se sentir peut-être moins seuls... et moins malades. Lors de cet atelier de création du roman graphique, nous avons également suscité le mélange socioculturel et « le public cible » n'était pas que les patient.e.s. Nous avions à cœur de mélanger la patientèle avec l'équipe. Parce qu'aujourd’hui, à l'heure du repli sur soi généralisé, l’éducation permanente ne concerne pas seulement les moins bien lotis socialement, économiquement et intellectuellement. Elle nous concerne tous et toutes. Lors de ces ateliers, nous avons brainstormé sur nos vies, sur ce que nous faisions en maison médicale, ce qu'elle nous apportait en tant que patient.e ou travailleur/travailleuse, mais aussi sur ce que nous pouvions lui apporter. Nous nous sommes penchés sur son fonctionnement et sur les différents projets mis sur pied ou en gestation. Nous avons discuté de ses avantages et de ses inconvénients. Les histoires ont été créées en petits groupes à partir d'anecdotes racontées et de tranches de vie. Des photos ont été prises pour mettre en scène ces histoires, où la patientèle est devenue équipe et l'équipe patientèle. Puis les dessins ont été intégrés. Et c'est ainsi que ce roman photo est né.

Remerciements L'équipe de la piscine d'Outremeuse, du Chal'heureux, de la Bambinerie pour leur accueil. Ont participé [Par ordre alphabétique] Celia Adam, Harnouf Agirman, Chantal Baumont, Anne-Marie Beun, Bernadette Bosquée, Julie Burg, Evelyne Culot, Geneviève Daman, Philippe Denoël, Fehima Dinler, Lucie Fabry, Donatella Fettucci, Dominique Filée, Yves Gabriel, Virginie Gioia, Ramona Grün, Anne Graas, Danièle Heine, Christian Hella, Joanne Herman, Françoise Klauner, Arthur Lamalle, Rose-Marie Laurent, Romain Léonard, Caroline Lecler, Francis Limet, Oliver Maertens, Olivier Montigny, Alcène Ould Moussa, Christelle Nanga Diasi, Joel Napolillo, Geneviève Nkand, Maryse Schrynen, Joséphine Pendolino, Emilie Simon, Rémy Tello, Petkova Tsenka, Liselle Wengi.

Conception Maquette | Joel Napolillo, assisté d’Arnaud Ferrante Animation et scénario | Donatella Fettucci, assistée de Valérie Grifnée Dessins | Chris Damaskis Photos | Elodie Timmermans Supervision | Joel Napolillo Imprimerie Delferrière, Nivelles Editeur responsable Agnès Lejeune, 9/11 rue des Mineurs 4000 Liège. janvier 2017.

D/2017/10.070/33 ISBN 978-2-930759-05-9

D’une certaine gaieté asbl 9-11, Rue des mineurs 4000 Liège, Belgique Tél : +32 04 222 12 46 www.certaine-gaite.org


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