Mint #12

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Eat & Explore / #12

Été 2018 - Gratuit

Onsen, mode d’emploi 30 · Arles 96 · Un souvenir bleu 78 Le miel et les abeilles1 42 · California Love 84


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DĂŠcouverte


Ours

Journalistes / SR

Margaux Gayet est photographe

Rédactrice en chef

de mode et aime capturer le vêtement

Déborah Pham

Hélène Rocco est journaliste

en mouvement : ses modèles courent,

lifestyle. Amoureuse des voyages,

sautent, virevoltent. Elle adore aussi

Direction artistique

elle est aussi accroà la bonne

l'intimité des portraits. Et pour se

Noémie Cédille

cuisine et donnerait sa mère pour

ressourcer, elle s'échappe de Paris,

www.noemiecedille.fr

du fromage de brebis.

équipée d'un petit appareil argentique. www.margauxgayet.com

Marine Normand écrit pour Retard,

Agathe Boudin

les inRocKs, Noisey, Kiblind et plein d'autres publications sympas. Quand

Design graphique www.agatheboudin.com

Illustrateurs

elle a le temps, elle aime aussi

Mint

promener son chien, lire, parler fort

Morgane Fadanelli est illustratrice.

www.magazine-mint.fr

et reporter tous les trucs urgents

Elle dessine imprimés et motifs

contact@magazine-mint.fr

ou utiles au lendemain.

pour des vêtements pour enfants et

32, rue Le Peletier, 75009 Paris

apprécie particulièrement l’esthétique Julie Thiébault a plusieurs casquettes,

des années 1960 et 1970.

Impression

et celle qu’elle préfère porter lui

www.morganefadanelli.tumblr.com

Imprimé en Belgique par SNEL

et d’écrire. Son joyau magique

Mickaël Jourdan est un auteur-

Distribution

est son intuition.

illustrateur basé à Toulouse.

Dans une ville où les publications

Passionné de littérature jeunesse,

gratuites fusent à tout-va sans jamais

Mélody Thomas est journaliste mode

il partage son temps entre

vraiment savoir où elles atterriront,

et écrit régulièrement pour l’Officiel,

l'illustration et de nouveaux projets

Le Crieur se propose aujourd’hui de

I Heart et Jalouse. Ses sujets de

de bandes dessinées.

jouer les aiguilleurs.

prédilection vont des arts de vivre au

www.mickaeljourdan.com

permet de découvrir, de réfléchir

féminisme. Thibaut Rassat est illustrateur et Amandine Lhyver est photographe et

architecte. Ce sont les projets qui le

styliste culinaire. Autodidacte, elle vit

mènent vers l'une ou l'autre discipline

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en Bretagne et s’inspire constamment

avec le même enthousiasme. Il vit,

Kamate Régie, 01.47.68.59.43

de la nature pour composer ses

travaille et expérimente à Paris.

dolivier@kamateregie.com

photos.

www.instagram.com/thibautrassat

Marie Moglia est journaliste. Quand elle n’écrit pas, elle aime manger des bulots en dansant très très fort sur du Céline Dion.

Mentions légales

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ISSN : en cours. Dépôt légal à parution. Le magazine décline toute responsabilité quant

Paris se quema est un studio

aux sujets et photos qui lui sont envoyés. Les

créatif fondé par Anaïs et Nicolas

articles publiés n’engagent que la respon-

en 2014. Tour à tour set designers,

sabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction réservés pour tous pays. Aucun

Photographes

photographes, graphistes et

Tiphaine Caro est architecte.

est d’être des couteaux-suisses.

moyen que ce soient, sans l’autorisation écrite

Elle collectionne les vieux appareils-

www.paris-se-quema.com

des auteurs.

scénographes, leur mot d’ordre

photos et aime saisir les moments du quotidien à l’argentique. www.tiphainec.com Chloé Gassian est photographe à Paris. Après des études de graphisme, elle entre aux Gobelins en photographie afin de compléter sa formation dans l'image. Elle aime créer des narrations où elle explore la beauté dans l'étrange. www.chloegassian.com

4

élément de cette revue ne peut être reproduit ni transmis d’aucune manière ni d’aucun


Édito

Le soleil par Brigitte Bardot

Le Soleil que c'est bon, Quand il vient me brûler la peau. Je suis bien, étendue, Sur le sable fin, Toute nue.

Le Soleil tout là-haut, Me préviendra bien assez tôt. Et j'aurai tout le temps, D'avoir des regrets, Mais avant.

Le Soleil que c'est beau, Quand il joue avec les bateaux. Sur la mer, dans le vent, Qui change l'eau claire, En diamants.

Je me laisse emener, Dans le sommeil, Par le chaud de l'été, Ô grand soleil. Le Soleil que c'est bon, Quand il vient me brûler la peau. Me brûler la peau. Me brûler la peau.

Ils pourront revenir, Les blancs nuages, Moi, je vais m'endormir, Sur cette plage.

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Sommaire

Sommaire 8

Carnet de tendances

22

Objet d'art Le bon goût

30

Onsen, mode d'emploi Découverte

34

The Wing Découverte

42

Le miel et les abeilles Rencontre

54

Ace Hotel, Downtown LA Get a room

58

La république en marche Humeur

64

La main dans l'œuf Portfolio

70

Plates, prose culinaire Rencontre

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Sommaire

Sommaire 78

Un souvenir bleu Découverte

82

Tartelettes rustiques aux abricots et au sarrasin Recette

84

California Love Découverte

90

Mode Mode

96

On dirait le sud Arles — Portfolio

104

Explore : Arles Arles — City Guide

110

Armand Arnal Arles — Rencontre

120

Bonnes adresses

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Mint Magazine

CARNET DE TENDANCES

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Tendances

Maison de vacances Ouverture

Maison de vacances ­ —­­ 4, rue de Cléry, 75002 Paris

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® Oliver Fritze

Installée sur deux étages, cette boutique lumineuse a été pensée comme une villa de famille. De la chambre au salon, les collections de linge de maison bohème succèdent au mobilier vintage et aux objets chinés. Une ode au farniente en attendant les vacances, les vraies.


Tendances

Pérou

Livre

Gastón Acurio, le chef le plus célèbre du pays, signe une bible de la gastronomie péruvienne, et livre 500 recettes traditionnelles. Du quinoa au ceviche et de l’amarante sans gluten à l’aji amarillo, la cuisine péruvienne met à l’honneur de nombreux ingrédients sains et originaux. Pérou —­­ par Gastón Acurio, 45€, éditions Phaidon

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Tendances


Tendances

Among the flowers Beauté

Si vous aimez votre peau, dites-lui avec des fleurs. Cette marque californienne propose des produits de beauté qui mêlent huiles aromatiques et fleurs séchées. Chaque création est inspirée d'un sentiment et apporte un vrai bien être au corps et à l'esprit grâce à sa richesse en vitamines et ses antioxydants. Sans conservateur, les huiles et les brumes ont une durée de vie limitée. Among the flowers —­­ amongtheflowers.com

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® William Wegman

Tendances

Rencontres d'Arles

Festival

L'Amérique, Mai 68 et l'humanité, rien que ça. Pour sa 49è édition, le festival international de la photographie met l'accent sur le cinquantenaire d'une année bouleversante, des manifestations françaises à l'assassinat de John F. Kennedy. Une réflexion sur le passé mise en relief par des expositions sur l'avènement de l'homme numérique qui utilise la science pour améliorer son état physique et mental. Les Rencontres de la photographie d'Arles —­­ du 2 juillet au 23 septembre

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Tendances

Her Line

Mode

Le luxe discret, voilà le fil rouge de Tuyen Nguyen et Michael Lim. Pour ce couple, il n'y a rien de plus esthétique que la silhouette des nageurs. Cette saison ils livrent une collection de maillots de bain rose poudré, menthe à l'eau ou jaune paille, ainsi que des vêtements minimalistes taillés dans des matières fluides et entièrement produits en Australie. Her Line —­­ us.her-line.com

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Tendances

Ciment

Beauté

Les gels douches les plus utilisés sont loin d'être éco-responsables. Solène et Jérémy voulaient changer la donne en proposant des savons artisanaux à bases d'huiles bio et colorés avec des pigments minéraux. Fabriqués à la main, les produits sont simples, élégants et respectueux de la peau et de l'environnement. Ciment —­­ www.ciment.paris


Tendances

Subodh Gupta

Exposition

Tête de mort monumentale, arbre de vaisselle en inox, toilettes en bronze : pour la première fois en France, l'artiste indien présente ses œuvres emblématiques qui racontent sa vision de l'Inde d'aujourd'hui. Peintre de formation, il s'est ensuite tourné vers la performance, la vidéo, la photo, la sculpture et les installations sonores. "Adda / Rendez-vous" —­­ jusqu'au 26 août à la Monnaie de Paris

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Tendances

In Cucina

Livre

Profondément populaire, la gastronomie italienne a toujours célébré sa cuisine de rue. La cheffe napolitaine Alba Pezone consacre donc un chapitre entier à la street food de la Botte. Focaccia, arancini, piadina et pizzetta devraient très vite se hisser au rang des grands classiques dans nos cœurs. In Cucina ­­ —­­ par Alba Pezone, 35€, éditions Hachette pratique

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Tendances

Nanushka

Mode

Décontractée et intuitive, cette ligne de vêtements hongroise est avant tout pensée pour être fonctionnelle. Sa créatrice Sandra Sandor souhaite que l'on puisse porter ses pièces aux coupes romantiques pendant des années et joue avec les codes de la mode nineties. Solaire. Nanushka ­­ —­­ www.nanushka.com

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Tendances

La Glacerie C'est une caverne d'Ali Baba, une boutique qui recèle de trésors : ici sont préparées glaces et sorbets artisanaux qu'on passe quelques secondes à admirer avant de les croquer. David Wesmaël, pâtissier-glacier, réinvente le genre avec des barres glacées à la pistache confite de cassis, des sorbets au Spritz et des dômes au lait de noisette et à l’abricot, qui se dégustent sur place. La Glacerie ­ —­­ 13, rue du Temple, 75004 Paris

22

Ouverture


Tendances

La Mère Mimosa

Food

En quelques années, le granola est devenu indispensable aux fromages blanc et fruits frais de nos petits-déjeuners. Cet été, il s'invite aussi à l'apéro en version salée. Sans sucre ajouté, on croque ce mélange à base de pistache, de cajou et de cumin et on les parsème sur les salades et les soupes pour leur apporter du croquant. La Mère Mimosa — ­­ 9,50€ le sachet de 350g, www.mere-mimosa.fr

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Le bon goût

Objet

d'art Sélection & photographie : Paris se quema 24


À GAUCHE : SANDALE E8 BY MIISTA, BRUME PARFUMÉE KERZON, CI-CONTRE : ESCARPINS AMÉLIE PICHARD, SAC THE STOWE CHEZ CENTRE COMMERCIAL, VASE COCTEAU PAR ALISON THIRION.


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À GAUCHE : VASE INTERVALLE PAR ALISON THIRION,SAC SLOW AND STEADY WINS THE RACE CHEZ À REBOURS,BOUGIE NIGHT SPACE CHEZ CENTRE COMMERCIAL.


MONTRE HERMÈS, BOUCLES D’OREILLES KEEF PALAS CHEZ À REBOURS.

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Mint Magazine

EAT & EXPLORE

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Découverte

Onsen, mode d'emploi Texte : Déborah Pham Illustration : Mickaël Jourdan

Lors d’un voyage au Japon, il faut : slurper des ramen, visiter Tokyo, faire des photos kawaii dans un photomaton, goûter au kare-raisu — le plat préféré des enfants — et il faut aussi découvrir les onsens. Ces sources d’eau chaude, dans lesquelles adorent se prélasser les Japonais, séduisent de plus en plus les touristes. Il en existe près de 27 000 au Japon et plus de 35% sont concentrées dans la région du Kyushu. L'onsen, c'est un havre de paix, un moyen de relaxation suprême pour le corps et l’esprit. Mais il y a quelques règles à connaître.

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Rencontre

connue pour son extrême violence. Ces principes se sont quelque peu dilués avec le temps, le tatouage s’étant largement répandu chez les jeunes. Mon dauphin tatoué sur l’épaule et moi sommes donc passés inaperçus dans les nombreux onsens de la région du Kyushu, île réputée pour ses bains d’eau chaude issue des sources volcaniques.

Lost in Translation 20h30 dans la banlieue de Tokyo, à Kokubunji. Mon hôte fait couler un bain. Je suis l’invitée et on me laisse utiliser la salle de bain dite ofuro la première. La pièce est assez petite, la baignoire est étroite et profonde, recouverte par un rouleau en plastique permettant de conserver la chaleur de l’eau plus longtemps. Le sol est étanche, il n’y a pas de cabine de douche. Face à moi, un grand miroir, des produits de toilette, une douchette et un petit tabouret jaune en plastique. J’ajoute du savon et m’engouffre dans ce petit bassin d’eau fumante. Trois jours se passent avant qu’un membre de la famille n’ose m’expliquer que depuis mon arrivée, j’ai tout fait de travers. Barrière de la langue oblige, la tante mime l’action de se laver en s’asseyant sur le tabouret. Elle m’explique en substance que je suis censée être propre avant de pouvoir me plonger dans le bain, où toute la famille passera à tour de rôle. Trois jours ! Imaginez donc le degré de politesse et le courage qu’il lui a fallu pour m’expliquer droit dans les yeux que j’étais un peu crado.

Couvrez ce sein Règle numéro 2 : la nudité. Eh oui, c’est dans le plus simple appareil qu’il faut se détendre dans un onsen. Les thermes sont tantôt réservées aux hommes ou aux femmes (mais il en existe des mixtes). Certains ryokans (hôtel traditionnel japonais, ndlr) mettent à disposition un bain attenant à la chambre, réservé au couple ou à la famille. Une fois sur place, je prends connaissance du petit règlement. Merci de bien vouloir retirer TOUS vos vêtements et vos bijoux. Rendez-vous vers les sources en ne vous munissant que de la modesty towel. Légère appréhension à la lecture de ce terme inconnu jusqu’alors. En effet avant d’entrer, on reçoit une serviette — ce qui a tendance à rassurer la grande pudique qui sommeille en moi. Dépliage. Constatation de la surface. Réflexion sur ce qui pourrait être camouflé. Un sein, mais pas les deux. Ou alors un bout de fesse aussi. Cette petite serviette sert en fait à s’éponger le front et ne doit en aucun cas faire trempette dans l’eau.

Dauphin, salamandre et caractères chinois Voici comment se passe le rituel du bain au Japon, pour l’onsen, c’est pareil. Il y a quelques coutumes à connaître. Par exemple, il est généralement impossible d’accéder à ces havres de paix et de détente si l’on porte des tatouages. Cette règle est mentionnée dans la plupart des onsens : selon la tradition, les tatouages sont l’apanage des yakuzas. Autant dire que les propriétaires ne voulaient pas avoir affaire à la mafia locale, 34


Rencontre

est apparemment bénéfique pour les muscles et le teint. Il y a aussi les onsens pour les pieds ou les mains, une méthode qui permet de se détendre dans un environnement mixte où l’on peut même converser avec son voisin. Ceux-là se trouvent dans les petits villages, à proximité des gares et même à l’aéroport. Et en plus, c'est souvent gratuit. Dernière originalité, le bain de boue qui donne la peau douce. Riche en minéraux, il est préconisé de se baigner puis de laisser sécher la boue sur son corps pour apprécier ses bienfaits. Profitez de votre voyage dans le Kyushu pour porter un kimono dans les rues de Kitsuki, déjeunez à Kirakuan, le restaurant traditionnel de la ville d’Usuki et gardez un peu de place pour une glace au miso démente. Survolez le Mont Aso en hélico et visitez les enfers de Beppu, l’onsen le plus énervé de la région qui bout à 100°C. Faites tout cela mais surtout, ponctuez chaque escapade d’un vrai moment de détente en contemplant les paysages idylliques de la campagne japonaise.

Samouraïs, shoguns et mignons rongeurs Aux XVè et au XVIè siècles déjà, les Samouraïs aimaient se détendre dans les onsens pour guérir leurs blessures. Après de nombreuses guerres, avant que la pratique ne se démocratise, ce sont les shoguns (les généraux japonais, ndlr) qui profitaient de ces sources. Au Japon, les onsens sont aussi fréquentés par des animaux comme les singes ou les capybaras, un genre de rongeur particulièrement kawaii qui aime se baigner de décembre à février dans les sources de la préfecture de Nagasaki. Aujourd’hui, les Japonais utilisent les bains pour récupérer de leurs longues semaines de travail mais aussi pour leurs multiples bienfaits. En effet, l’eau est riche en minéraux qui sont absorbés par la peau et agissent sur les muscles, les cellules et le système nerveux. La chaleur influe sur les articulations, facilite la circulation sanguine et soulage les douleurs. Les eaux procurent des effets très différents selon la géographie — en altitude ou au bord de l'océan. Peau de bébé Si pour beaucoup, les onsens sont des sortes de petites piscines, il en existe en fait de toutes sortes, toutes décryptées lors de l’International Onsen Summit 2018. Palme d’or pour le plus étrange : le bain de sable. Il s’agit d’abord de creuser son trou dans le sable (action quelque peu saugrenue pour ne pas dire glauque) et de s'enterrer dedans — sauf la tête, bien entendu. Si la sensation est un peu déplaisante au début, on se détend au bout de quelques minutes. Cette méthode 35


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Texte : Hélène Rocco Photos : The Wing

La file d’attente composée de New-yorkaises d’une trentaine d’années déborde sur le trottoir. À l’angle de la 45è est et de la 20è rue, The Wing déploie un vaste espace de co-working rose bonbon réservé aux femmes. Celui-ci est né en 2016. Depuis, trois autres adresses ont éclos : l'une dans le quartier de SoHo, l’autre à Brooklyn et la dernière à Washington. Audrey Gelman et Lauren Kassan, à l’origine du projet, voulaient permettre aux membres de se rassembler dans un cocon design. Elles ont fait plus que ça et l’ont ancré dans l’histoire du féminisme. 37

Découverte

The Wing : no man’s land


Rencontre

Meilleure amie de Hannah, brillante et dégoulinante de perfection : dans Girls, le personnage de Marnie a le don d’agacer. Trop parfaite pour être vraie ? Lena Dunham a pourtant révélé que pour la créer, elle s’est inspirée de son amie d’enfance, la femme d’affaires Audrey Gelman — qui a d’ailleurs joué dans la série. Les deux jeunes femmes se sont rencontrées au lycée et tandis que l’une a pris la voie de la réalisation, l’autre s’est lancée en politique. Un temps directrice de campagne du démocrate Scott Stringer, Audrey avait l’habitude de sillonner la ville à la vitesse grand V. En 2015, alors qu’elle essayait de se changer entre deux rendez-vous dans les toilettes d’un café, elle s’est mise à rêver. Il fallait créer un lieu où les femmes pourraient se rafraîchir sans rentrer chez elles : The Wing était né.

d’œuvres d’art, le mobilier léché est scandinave et une immense bibliothèque abrite des livres classés par couleur, écrits par et pour les femmes. Un paradis sur terre, un trône pour toutes ces travailleuses (a throne away from home), qui aurait été inspiré par l’esthétique de la série Mad Men — les hommes en moins. Avant même l’ouverture, 200 femmes adhèrent au club. Recrutées dans le cercle proche des deux fondatrices, elles sont principalement entrepreneures, artistes et journalistes. Certaines payent 215 dollars par mois (environ 180 euros), d’autres échangent leur droit d’entrée contre des services. Mais il ne suffit pas de s’acquitter de cette somme : pour être acceptée, il faut aussi envoyer un lien vers ses réseaux sociaux car les fondatrices veulent savoir à qui elles ont affaire et veillent à maintenir une vraie diversité.

Alors qu’elle réfléchit à ce projet, Audrey rencontre Lauren Kassan qui travaille à l’époque pour des startups de fitness et elles deviennent associées. Lauren souffle l’idée d’un espace où les femmes qui partagent les mêmes valeurs pourraient former une communauté. Elles s’inspirent des women clubs que l’on trouvait entre 1890 et 1920 aux États-Unis et lancent The Wing. Le principe est simple : permettre aux femmes ou aux personnes s'identifiant comme telles, de se rassembler et de créer côte-à-côte. Un an plus tard, la première adresse ouvre ses portes à Manhattan dans l’emblématique immeuble de Flatiron.

The Wing s'aligne sur les tarifs de ses concurrents mais se démarque avec son ambition de tisser un réseau professionnel solide. Parmi ses fidèles, on compte d’ailleurs de jeunes membres influentes comme la blogueuse mode, actrice et écrivaine Tavi Gevinson, Lena Dunham ainsi que la mannequin transgenre Hari Nef. Le point commun entre toutes ces femmes ? Elles aiment autant les produits de luxe à disposition dans la beauty room que la bonne bouffe. Surnommé « Le Perchoir », le café propose des pâtisseries, du bouillon de poulet, des jus pressés, des cookies au beurre de cacahuète et des salades aux graines. Une cuisine fraîche, uniquement préparée par des des cheffes new-yorkaises. Le soir, les membres ont même droit aux cocktails du restaurant étoilé Momofuku Ko. Pas étonnant que la liste d’attente s’allonge : lassées des coffee-shops bruyants, les travailleuses indépendantes se tournent vers ce havre de paix.

Un trône, loin de la maison Inondé de rose pâle — le fameux millenial pink — l’espace de 300 m2 dispose de bureaux baignés d’une lumière douce pour travailler, d’une salle où prendre soin de soi, d’une autre pour tirer son lait et d’un comptoir à espressos et granolas bio. Les murs sont recouverts 38


Lauren Kassan (à gauche) et Audrey Gelman (à droite), les deux fondatrices de The Wing

39 Lauren Kassan (à gauche) et Audrey Gelman (à droite), les deux fondatrices de The Wing


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Rencontre


Rencontre

Son succès, The Wing le doit à son féminisme instagrammesque : sponsorisé par Chanel mais solidement ancré dans le mouvement historique.

les deux fondatrices ouvrent une deuxième adresse à SoHo, en octobre dernier. Au 5è étage du 52 Mercer street se déploie un loft trois fois plus grand que le premier. Chaque lieu a sa propre identité. Celui-ci abrite des bureaux à privatiser. Les pots de succulentes habillent la pièce, gorgée de lumière naturelle et remplie de meubles danois épurés aux couleurs vibrantes. En février 2018, une troisième adresse ouvre à Brooklyn, dans une ancienne usine de papier du quartier de Dumbo. Cette fois, le club occupe deux étages et dispose aussi d’une salle de méditation et d’un studio d’enregistrement pour produire des podcasts. Rebelote en avril avec l’inauguration d’une antenne de 1000 m2 à Washington, dans le quartier tranquille de Georgetown. Toujours plus grandes, toujours plus fortes.

En marche Le lancement du projet coïncide avec la campagne présidentielle de 2016. Hillary Clinton est alors pressentie comme la future cheffe d’État. Dans l’esprit des membres, les choses sont sur le point de changer pour les femmes et elles veulent être actrices de ce progrès. La clé du succès immédiat de The Wing réside d’ailleurs dans son féminisme instagramesque : sponsorisé par Chanel mais défenseur de la diversité et solidement ancré dans le mouvement historique. Pour Audrey Gelman, le simple fait d’être une femme est politique, qu’on le veuille ou non. Après l’élection (inattendue) de Donald Trump, plusieurs fois accusé d’agressions sexuelles et profondément sexiste, la dynamique change. Les bureaux deviennent un refuge. Aux cours d’arrangement floral et aux petits-déjeuners sur le thème des signes du zodiac s’ajoutent bientôt des ateliers sur les droits des femmes, la politique, l’anxiété et le racisme. En janvier 2017, quand a lieu la Women’s March à Washington, Lauren et Audrey affrètent des bus pour que toutes celles qui veulent participer puissent s’y rendre, coiffées de chapeaux roses.

Fin 2017, l’équipe lance un magazine féministe semestriel de 132 pages décliné en version numérique. No Man’s Land vise « à montrer la magie qui opère quand les femmes travaillent ensemble. » Il a aussi pour but de rendre visibles les invisibles. Les deux premiers numéros mêlent un portrait d’un mannequin intersexe, un autre de l'activiste Chelsea Manning, celui d’une girl scout vendeuse de cookies, des recettes et une plongée dans les années 1920 à Harlem, sur les traces des femmes gangsters. Une nouvelle manière de répandre l’influence du club, au-delà des simples espaces de co-working de New York et Washington.

Dans cette période trouble, les New-yorkaises tiennent à se serrer les coudes et le succès de The Wing est grandissant. La liste d’attente compte 8000 personnes quand 41


Rencontre

La rançon de la gloire Un succès qui suscite toutefois des critiques. La commission des droits humains de New York a ouvert fin 2017 une enquête très médiatisée et classée sans suite sur The Wing. Elle devait déterminer si l'entreprise avait enfreint la loi contre la discrimination en interdisant aux hommes l'adhésion et l'accès au bâtiment. Plus récemment, les fondatrices ont fait polémique en annonçant un partenariat avec Nike, un mois après les révélations du New York Times sur les conditions de travail toxiques des femmes au sein de la société. Mais le reproche le plus courant qui est fait à The Wing est celui d’être trop élitiste. Le coût élevé de l’adhésion empêche les femmes les moins aisées d’accéder à cette communauté qui répond finalement à une demande des cercles déjà influents. Quid des coiffeuses et des esthéticiennes, elles aussi entrepreneuses mais dont le nombre d’abonnés sur Instagram est infime ? À cet argument, Audrey et Lauren rétorquent que la diversité des membres est une évidence ; il n'y a qu’à se rendre sur place pour le constater. Elles affirment que des efforts importants sont faits pour que toutes les femmes se sentent les bienvenues. Par exemple, le lancement d’un programme de bourses pour rendre l’adhésion gratuite à 100 femmes venues de domaines professionnels sous-représentés.

qui n’ont pas encore vécu l’expérience The Wing, la branche a annoncé l’ouverture de bureaux à Los Angeles, San Francisco, Seattle, Williamsburg, Londres et Toronto. Paris ne semble pas concernée pour le moment et on se demande si la mayonnaise prendrait en dehors des pays anglo-saxons. À l’automne dernier, My Little Paris — fondée en 2008 par deux sœurs — a pris la température en lançant « Mona », un espace de coworking dédié aux femmes. Pendant trois mois, on pouvait suivre gratuitement des masters class inspirantes sur le monde de l’entreprise, des conférences féministes animées par Lauren Bastide et Perla Servan-Schreiber, ou des cours d’auto-défense. Rien ne dit si c’est son caractère éphémère qui a fait sa réussite ou si le concept pourrait réellement séduire les Parisiennes mais nous, on signe volontiers pour un espace de liberté où chacune pourrait s’exprimer sans crainte de réactions paternalistes.

Les critiques ne risquent pas, pour autant, de mettre du plomb dans l’aile au projet qui ne cesse de se développer. Cet été se tiendra le premier camp No Man’s Land. Cinq cent membres pourront y participer et tisser des liens. Au programme : des ateliers créatifs, des cours de musique, des conférences, des activités en plein air et des marshmallows grillés. Ce genre de retraites dans la nature devrait se multiplier dans les années qui viennent. Et pour atteindre les femmes 42


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Le miel et les abeilles Texte : Déborah Pham Photos : Jamie Lozoff

Le soleil se lève doucement tandis que l’horizon se teinte d’une couleur orangée. Un vent froid balaie le sable du désert dont la poussière coiffe les arbrisseaux. C’est un décor un peu passé, ses couleurs vieillies lui confèrent tout le charme d’une photographie d’antan. Au centre d’une verdoyante vallée, un rucher attire les apiculteurs venus du monde entier. Jamie Lozoff, jeune apicultrice originaire de Philadelphie, nous raconte ce voyage, elle étale ses photos de vacances en nous présentant ses amis australiens, ces fameux paysages marocains et toujours en fil rouge, le miel et les abeilles. 44


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les documentaires de David Attenborough, tu te dis : « What the fuck, c’est dingue ! » Grâce aux abeilles, on apprend énormément de choses sur notre monde. L’écosystème, les insectes pollinisateurs, les plantes… tout ça sans microscope !

Mint : Comment as-tu découvert le monde de l’apiculture ? Jamie Lozoff : J’ai découvert l’apiculture

au lycée, à 17 ans. À Philadelphie, il y a une grande communauté Quacker, ils ont notamment créé des écoles. C’est une religion très pacifiste issue du christianisme. Leurs écoles ont un très bon niveau académique, tu n’es pas obligé de faire partie de ce groupe c’est mon cas. L’enseignement met l’accent sur les voyages et la compréhension d’autres cultures… Nous avions un cours de sciences très libre qui s’appelait « Recherches sur le terrain », c’est là que j’ai visité un rucher pour la première fois. Un enseignant un peu hippie possédait trois ruches, il en a ouvert une : ça vrombissait autour de moi, j’ai trouvé ça magique. Il nous a proposé de porter un cadre et j’ai tout de suite été volontaire. On n’avait pas de gants, tout s’est bien passé car les abeilles américaines sont très douces, mais ce n’était pas très très prudent ! Personnellement, je n’ai jamais eu peur des abeilles, ça peut être impressionnant si une colonie devient agressive mais si on est protégé et qu’on reste calme, elles le ressentent. J’ai étudié aux côtés de ce prof pendant trois mois, après ça j’étais complètement obsédée, j’ai créé un club d’apiculture en terminale, j’ai formé d’autres élèves et j’ai eu ma première ruche.

L’apiculture t’a tout de suite fait voyager puisque tu es partie faire du WWOOFing dans les Cévennes…

Avant de commencer les études supérieures, j’ai pris une année sabbatique pour faire du WWOOFing. J’ai appris le français au lycée et c’était un rêve d’y habiter. Je ne devais passer que deux semaines chez un couple, Delphine et Patrick, mais je suis finalement restée deux mois. J’ai appris énormément de choses sur l’apiculture mais aussi sur la vie à la ferme, un mode de vie très différent du mien. J’ai appris à faire attention à ma consommation, à utiliser des toilettes sèches, comprendre le fonctionnement du recyclage, et surtout… vivre sans internet ! C’était très instructif et épanouissant. Les gens faisaient du troc et vivaient comme des hippies. Un jour, j’ai aidé quelqu’un à couper du bois et en échange il m’a emmenée me promener à cheval. Leur ferme se trouve sur un ancien squat où vivent d’autres personnes, il y avait du monde tout le temps. Les gens passaient souvent pour discuter ou partager un repas, la porte était toujours ouverte.

Curieusement, ce n’est pas le miel qui t’a attirée ?

J’en mange beaucoup mais c’est plutôt le fait de voir la nature et la science de près qui m’a attirée dans le métier. Plus jeune, j’étais très intéressée par les sciences du vivant, sans être très bonne élève. Le fait de voir les abeilles m’a inspirée et m’a donné envie d’en savoir plus sur l’aspect biologique. On voit presque tout dans un rucher, tout le mode de fonctionnement d’une famille. On voit les mères nourrir les bébés, la reine pondre, les abeilles entrer dans la ruche avec les poches pleines de pollen. J’ai trouvé ça fascinant. C’est comme regarder

Cette nouvelle vie n’était pas trop difficile pour quelqu’un qui venait de la ville ?

Ça l’était un peu au début car j’étais jeune et je quittais la maison mais j’ai très vite été convaincue d’être au bon endroit. Là-bas, j’ai appris à tuer une poule au bout de quelques jours et je n’ai jamais mangé de poule aussi fraîche et savoureuse de toute ma vie. Tu dois la placer dans une sorte de cône en bois avec un trou au bout, c’est a priori la manière la plus humaine de tuer une volaille, ainsi elle ne court 46


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pas partout. Ils ont mis un bac en plastique en dessous de l’entonnoir et j’ai dû lui mettre un coup de couteau dans le cou. C’est très rapide. Ils m’ont dit de mettre le sang au frigo, puis Delphine a préparé le déjeuner. Elle a sorti le bac du frigo et a coupé le sang qui s’était solidifié en cubes. Elle a mis ces cubes dans un wok avec des légumes. Je n’avais jamais mangé ça de ma vie, c’était très bon. Ils ne gaspillent rien. On gardait même les plumes des poules pour les jouets des enfants.

Tu es ensuite partie en Espagne puis en Grande-Bretagne, toujours pour faire du WWOOFing.

Je n’avais pas envie de rentrer ! J’ai passé une semaine en Espagne chez des amis de Delphine et Patrick puis je suis partie en Angleterre avec une amie chez Peter. C’était moins intéressant car il y avait moins de travail mais on a passé Noël ensemble avec beaucoup de WWOOFers. On a passé une soirée complètement mystique près de Stonehenge 47


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En tant qu’apiculteur, on reconnaît facilement les indices que nous donnent les abeilles grâce au son, à leurs mouvements mais il y a une grande part de magie et d’intuition.

pour le festival organisé à l’occasion du solstice. Il y avait des nains qui portaient des vêtements de fourrure, les gens dansaient sur les peaux de bêtes qui recouvraient le sol, entourés de crânes d’animaux. Je ne me moque pas de toi, cette soirée a vraiment eu lieu ! C’était complètement dingue.

son fonctionnement, le français très spécifique utilisé dans cette discipline et avec lequel j’étais peu familière. Le niveau académique était très haut et les profs très rigoureux. En parallèle de mes études, j’ai continué l’apiculture et j’ai installé une ruche à la Butte Bergeyre tout en aidant Marie-Laure.

Tu es repartie aux États-Unis mais tu ne pensais qu’à revenir en France à ce moment-là…

Peux-tu nous parler des rencontres que tu as faites grâce à l’apiculture ?

Pour moi, c’est une discipline qui se partage. J’aime beaucoup faire de l’apiculture à deux ou faire découvrir cette discipline à des gens qui ne la connaissent pas. Faire de l’apiculture seule, c’est aussi se rendre compte que tout est plus simple quand on a une autre paire de mains. Observer ses ruches à plusieurs permet aussi d’avoir une nouvelle perspective sur son travail. Ma rencontre avec Marie-Laure a été déterminante, elle m’a aussi présentée à son mentor, Najim, qui officie au Musée de l’Abeille en Seine-et-Marne. Ce lieu a été construit par la Société Centrale d’Apiculture, tous les bâtiments sont en forme d’hexagone, c’est très stylisé, un peu curieux. Il y a un côté un peu Wes Anderson. Najim est un génie, il a formé énormément d’apiculteurs. Il sait où se trouve la reine sans même la chercher ! En tant qu’apiculteur, on reconnaît facilement les indices que nous donnent les abeilles grâce au son, à leurs mouvements… Mais il y a une grande part de magie et d’intuition. J’ai convié les apiculteurs australiens du collectif Honey Fingers à participer à la visite car ils cherchaient des outils pour tourner un film sur l’apiculture.

Absolument, j’ai travaillé dans un restaurant pendant trois mois afin de payer mon billet d’avion pour revenir. Cette fois, je suis allée à Paris et j’ai écrit à une association d’apiculteurs qui gère des ruches au Jardin du Luxembourg. C’est là que j’ai rencontré Marie-Laure que je considère vraiment comme ma mentor, c’est aussi ma maman en France en quelque sorte. Elle a une dizaine de ruches à la Butte Bergeyre, un très beau jardin partagé. À ce moment, je ne savais pas que je souhaitais en faire mon métier, j’explorais simplement une passion. Je pensais devenir photographe mais je me suis finalement lancée dans des études de biologie et c’est mon intérêt pour les abeilles qui m’y a amenée. Comment s’est passé ton cursus ?

J’étais inscrite à New-York mais ils m’ont proposé de faire un semestre en Europe, j’ai sauté sur l’occasion. J’ai été acceptée à Paris VI et j’ai commencé une première année de sciences de la vie. C’était hyper dur au début… L’administration française un peu complexe quand on ne connaît pas 50


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Nous sommes partis à trois avec Nick et son amie Stanislava. Nick est plutôt architecte à la base, il a une vision très différente et réfléchi beaucoup à la dimension anthropologique de l’apiculture, c’est notamment pour ça qu’il souhaitait tourner de courts films sur l’apiculture.

C’est d’ailleurs avec eux que tu as fait ce voyage au Maroc…

Oui, je les ai rencontrés via Instagram ! J’avais découvert leur compte et j’aimais beaucoup leur travail, on partage la même philosophie. Ce sont des gens hyper drôles et joyeux ; quand il m’ont proposé de les accompagner au Maroc je n’ai pas réfléchi deux fois. J’avais déjà entendu parler du rucher très ancien datant de 1850 qui les intéressait et je souhaitais le visiter depuis longtemps !

Comment s’est passé ce voyage ?

J’avais à la fois envie de découvrir le rucher et de passer du temps avec eux. À chaque fois que 51


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je voyage, je cherche à rencontrer de nouveaux apiculteurs. Je me suis débrouillée pour nous organiser une visite avec l’apiculteur du rucher Brahim et nous sommes partis en direction d’Agadir. C’est une ville qui attire particulièrement les surfeurs. Nous logions dans un Airbnb géré par Ali, un jeune homme hyper souriant qui tient l’un des deux uniques magasins de skate au Maroc. On lui a expliqué notre projet et il avait l’air intéressé donc nous l’avons embarqué avec nous ! Le lendemain, le temps était maussade : nous avons préféré faire un peu de repérage et nous sommes partis nous promener. La vue depuis la montagne était incroyable, les paysages étaient époustouflants et ce n’était pas comme ça que j’imaginais les paysages marocains : par moments, les nuages étaient très bas. Le panorama était enveloppé par la brume. J’ai été très surprise par le froid près des montagnes. L’atmosphère était assez mystique.

si quelqu’un frappe à ta porte, tu l’accueilles sans poser de questions. Il y a toujours une partie de tes revenus que tu donnes à quelqu’un. Ils considèrent que s’ils ont la chance d’avoir un travail, ils ont l’obligation morale de donner de l’argent à une personne qui a moins de chance qu’eux. C’est une mentalité complètement différente de nos cultures occidentales. La forme de la ruche est très particulière et ne ressemble pas aux ruches plus classiques…

Cette ruche est construite à partir de longs morceaux d’écorce, ils coupent le bois et le tissent pratiquement comme on fait un panier. La ruche est nichée dans un cylindre et c’est plutôt léger. Ils mettent de la terre autour pour que ce soit étanche. Ce lieu a été construit pour accueillir toutes les ruches de tous les fermiers du village et des villages alentours. Au maximum, ce rucher peut contenir jusqu’à 3000 ruches. Tout le monde mange du miel là bas, c’est très culturel. Quand tu arrives chez quelqu’un on t’offre du pain, du miel, de l’huile d’olive… Il n’y a plus que sept familles qui utilisent ce rucher désormais. Il est d’ailleurs tenu par des gens qui ont des origines berbères, c’est-à-dire des gens qui sont nomades ou semi-nomades. Ces derniers dépendaient beaucoup de la générosité des villageois, nous aurions beaucoup à apprendre de ces traditions. Pour la récolte, qui se passe généralement au mois de juin, on prend les rayons cylindriques qui contiennent le miel. On écrase ensuite le miel et on le filtre à travers un couscoussier. Puisqu’il fait très chaud, le miel coule tout seul. C’est la seule filtration que connaît ce miel, il y a même quelques bouts de pollen ou de cire, c’est hyper naturel.

Peux-tu nous parler de la découverte du rucher ?

Il y a d’abord la géographie, les ruches sont dans une vallée entourée par les montagnes. L’emplacement de la ruche est très stratégique puisqu’il est exposé plein sud donc les abeilles ont du soleil. C’est dans une vallée où la végétation est incroyable ; on y trouve du thym, de la lavande, des arganiers, des amandiers… Les apiculteurs en France ont tendance à bouger les ruches pour suivre différentes floraisons, là-bas il y’a des floraisons tout le temps, pendant la belle saison. J’ai aimé l’idée d’avoir un rucher commun. On n’a pas d’exemple similaire ou à la même échelle en France car la structure était très grande. Cela donne à réfléchir sur le partage d’espace, de lieu. Au Maroc et dans le Maghreb plus généralement, il y a cette notion de générosité, 54


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ou encore d’autres arbres fruitiers. Ce sera un miel très blanc et très crémeux. La teinte du miel dépend de ce qu’ont butiné les abeilles, chaque miel peut avoir une couleur, un parfum et une texture différente. Hélas, les gens sont accoutumés à consommer un miel doré et liquide..

Cette façon de récolter est très différente de ta façon de procéder en France ?

Généralement dans les ruches modernes, on a des cadres en bois et on coupe la cire des deux côtés. On met dans un extracteur qui grâce à la force centrifuge fait sortir le miel des cellules. De cette manière, je peux réutiliser cette cire et la remettre sur des cadres. Les abeilles vont les remplir à nouveau. Le moment de la récolte est un bel événement un peu bordélique avec des odeurs incroyables. Ce sont des moments de joie que j’adore partager. C’est dingue de manger le miel juste comme ça : tu soulèves un cadre, tu retires ton gant et tu goûtes du bout des doigts. C’est chaud car le miel est maintenu à la température du corps par les abeilles. C’est une matière un peu vivante.

Qu’en est-il de ton miel parisien ?

On dit souvent que le miel des villes est meilleur car il y a moins de pesticides et plus de diversité florale. À Paris, on a beaucoup d’arbres différents et des fleurs de balcon qu’on ne trouverait pas ensemble dans la nature. Il y a aussi beaucoup de tilleuls et d’acacias, ce qui confère un petit goût mentholé au miel de Paris. Les abeilles butinent essentiellement dans les parcs ou elles se promènent dans le but de trouver des fleurs. Quand elles sont nombreuses, ça veut généralement dire qu’il y avait une abeille dans le lot qui est partie en vol de reconnaissance. Elle rentre, exécute une petite danse pour indiquer les coordonnées à ses sœurs. Quand elles sont super excitées, ça veut dire que ça va être de la bombe, un gros buffet à volonté sur un champ de pissenlits. Quand elles sont plus calmes, c’est qu’il faudra se contenter d’un petit lopin de terre avec quelques fleurs éparses. Ce qui est génial à Paris, c’est que les pesticides sont interdits dans les jardins publics. Les pesticides ne tuent pas les abeilles tout de suite mais cela peut les désorienter et elles ne retrouvent pas le chemin de leur ruche. Ca peut aussi avoir des conséquences sous-létales, c’est-à-dire qu’elles vont mourir à petit feu ou que les générations futures seront moins résistantes. Les conséquences pour les abeilles et la nature peuvent être catastrophiques…

Quelles sont les caractéristiques de ton miel « Faire la bees » ?

Le miel est un produit qui compile toute les particularités du terroir. Son goût est complètement différent selon l’endroit, le climat, et le moment de sa récolte. Tu peux avoir trois ou quatre récoltes par an. J’ai actuellement 12 ruches en tout, une partie à la campagne en Seine-et-Marne et d’autres au Palais de Tokyo. Je vais bientôt m’installer en Champagne et je projette d’avoir 40 ruches en tout. La plupart de mon miel est déjà réservé par des restaurateurs car c’est eux qui m’ont aidée à financer ce projet d’apiculture. Mes étiquettes changeront chaque année, comme pour le vin, car finalement c’est une cuvée différente à chaque fois. Ma première récolte sera un miel de printemps avec un mélange de colza et de luzerne, aux alentours il y a aussi des arbres fleuris comme l’acacia le tilleul, le châtaignier, 55


Get a room

Ace Hotel

Downtown LA Texte : Déborah pham Photos : Ace Hotel

La lumière matinale tente de percer à travers les rideaux. J’entends un homme chanter du blues dans la rue, il doit être 7h du matin. Je cligne des yeux en observant la lampe boule suspendue au plafond. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau aux lampes japonaises Ikea qu’on avait tous dans nos studios d’étudiants. Ça devait coûter dix balles et voilà qu’on retrouve cette relique des années 2000 dans le temple du cool. L’Ace Hotel de Downtown LA. Je repousse des pieds la couverture en laine Pendleton qui recouvre le lit : chaque détail de cette chambre semble avoir été scrupuleusement pensé pour me plaire… À commencer par le son de la radio Revo qui non seulement jouera The Smiths en boucle sans que je ne m’en lasse, mais propose aussi d’excellentes playlists composées par l’équipe. Le souci du détail. D’autres chambres disposent de guitares ou de platines pour écouter des vinyles, en partenariat avec le disquaire Amoeba sur Hollywood boulevard, s’il vous plaît.


Exercise

Best Girl

Gym

Nommé d’après le premier film diffusé à The Theatre, Best Girl compile les must eat de la région. On retrouve le désormais classique avocado toast, les blueberry pancakes et l’everything bagel au petit-dej. En ce qui concerne le dîner, la carte change fréquemment mais le burger est, lui, toujours au menu. On ne touche pas aux classiques. Notre recommandation : profiter du coucher de soleil pour déguster une douzaine d’huîtres accompagnée d’un vin californien.

Par moments, le décalage horaire a du bon. 5 heures du mat’ et la meilleure boulangerie de la ville n’est pas prête d’ouvrir ses portes. Autant se dépenser. Pensée en partenariat avec la marque Undefeated, la salle propose différentes machines, poids et sac de frappe (sait-on jamais). Ouverte 24h/24 et 7J/7.

Drink

Upstairs Le contrôle des papiers passés (flatteur, merci), on file commander son cocktail favori au bar où l’on se laisse tenter par une recette de la maison. Attention, le rooftop est pris d’assaut très tôt dans la soirée. Munissez-vous de patience mais promis, la vue et le décor valent amplement l’attente. Pour accompagner son Negroni, quelques petites assiettes avec une touche orientale, le tout sans prétention. Tchin-tchin ! Relax

Poolside Le rooftop a été imaginé tel un espace lounge intérieur et extérieur, avec une piscine inspirée par Donald Judd dans sa maison de Marfa. Pour le sport, on oublie puisque les dimensions de la piscine ne permettent pas de faire de longueur, cela étant, on peut y siroter un cocktail en soirée. Qui dit mieux ?

Watch

The Theatre D’une part, ce bâtiment datant des années 1920 est absolument sublime. On peut s’y rendre pour des spectacles, des concerts, des avant-premières ou encore des

conférences. Jetez un œil à la programmation avant votre départ : se rendre dans cet endroit pour y visionner un vieux film est une expérience à part. Shop

Ace shop Situé dans la petite pièce qui fait office de réception, on peut acheter ici une sélection d’objets réalisée en collaboration avec de grandes marques. On trouve aussi des disques, des vêtements, des petits gadgets ou encore des mugs. Chambres à partir de 195 euros 929 S Broadway, Los Angeles CA 90015, États-Unis

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Eat


Get a room

Downtown LA Guide

Shop

Alchemy Works Une petite boutique qui vend essentiellement des vêtements et des objets confectionnés en Californie. Des collabs en partenariat avec de grandes marques sont régulièrement proposés à la vente. Il y a aussi une boutique dans la boutique avec cette fameuse maison de verre suspendue où l’on peut essayer des lunettes de la marque Warby Parker. 826 E. 3rd Street

Reformation Vintage Le principe de cette boutique ? Trouver des pièces vintage et leur donner une seconde vie en leur apportant quelques ajustements pour les rendre plus actuelles. Une bonne manière d’anéantir son budget vacances !

durer une petite heure ou une après-midi entière. En ce moment, on y voit notamment l’exposition Real Words qui réunit le travail des photographes Brassaï, Diane Arbus et Nan Goldin. 250 S Grand Ave

8253 Melrose Ave

See

MOCA La visite du Musée d’Art Contemporain de Los Angeles est une expérience qui peut

The Broad Des gens patientent en file indienne afin de visiter la pièce aux miroirs de l’artiste Yayoi Kusama. Cette oeuvre particulièrement populaire est en bonne compagnie. On compte pas moins de 2000 oeuvres d’artistes comme Barbara Kruger, Jeff Koons, Andy Warhol ou encore Roy Lichtenstein. 221 S Grand Ave

Grand Park On y va pour se détendre et profiter des nombreuses pelouses et fontaines pour s’éloigner un peu du tumulte de la ville. Ouvert en 2012, ce parc est devenu l’un des endroits favoris des habitants de la ville qui aiment notamment y piqueniquer le week-end.

© Alchemy Works

200 N Grand Ave


Blue Bottle Coffee

© Elon Schoenholz

La ville ne manque ni de coffee shops, ni de baristas tatoués. Blue Bottle Coffee est une référence en la matière. Le premier café a ouvert en Californie et depuis, on en compte des dizaines à travers le monde, toujours avec la même vibe. Parfait pour un latte à emporter, accompagné d’un cookie. Eat

Grand Central Market Créée en 1917, cette halle réunit une foule de stands, tous spécialisés dans une cuisine particulière. On y passe à chaque repas de la journée et l’on voyage à travers les différentes spécialités culinaires, du Hainan chicken de Sticky Rice au classique barbecue de Horse Thief BBQ. 317 S Broadway

Guerilla Tacos Impossible de quitter la Californie sans avoir goûté aux tacos. Ici, ils sont préparés par Wes Avila et son équipe dans un foodtruck qui se balade à travers la ville. Pensez à jeter un oeil au planning du resto pour vous régaler de tacos délicieux. En ce moment, le chef propose un taco garni d’une huître frite, d’une crème de raifort et d’une escabèche de poivrons rouges…

582 Mateo St

de prendre l’avion. Garez-vous sur le parking de cet authentique diner et commandez du poulet frit à déguster avec une bière fraîche. N’hésitez pas à essayer le petit-dej très américain ou les mac’n’cheese !

Broken Shaker On ne le fait pas beaucoup en France mais il est très commun de fréquenter les bars d’hôtels aux États-Unis et pour cause, ils rivalisent de créativité. Le Broken Shaker propose une carte de cocktail assez succincte ce qui n’est pas pour nous déplaire. Chacun est très travaillé avec des produits locaux, des sirops faits maison et des associations inattendues.

6710 La Tijera Blvd

Bestia Le décor brut tranche avec la cuisine très comfort food proposée ici. Agnolotti (petits raviolis) de joue de boeuf, raviolis à la ricotta, saucisses maison et grana padano… Le tout s’accompagne de (très bons) cocktails ou d’une bière californienne. Surtout, ne vous attendez pas à obtenir une table sans réservation !

416 W. 8th St

The Little Easy Ce bar nous transporte jusqu’en Nouvelle-Orléans avec son décor et ses musiciens. On vient pour l’ambiance, les cocktails et un menu très alléchant avec notamment en dessert un beignet au chocolat…

2121 7th Place

216 W 5th St, Los Angeles

2000 E 7th St

→ Y aller ­­—­­ Vols réguliers avec Air France à partir de 390€ AR. © Sierra Prescott

Pann’s On s’éloigne quelque peu du quartier, disons que ce serait là la dernière étape avant

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Drink


Humeur

La république en marche (et moi en pause déjeuner) Texte : Marine Normand Illustration : Thibaut Rassat

Quand j'étais jeune, belle, angoissée et bordélique, alors que mon linge sale faisait la queuleuleu dans la chambre que j'occupais avec deux autres lycéennes, complètement submergée par deux exos de maths et une intro de dissertation à rendre, il y avait une phrase que je me plaisais à me répéter pour me rassurer. J'espérais secrètement qu'ainsi elle puisse rentrer dans mon petit cerveau malade, m'aider à m'en sortir et devenir la working girl sexy des daubes que je louais en boucle au vidéoclub de mon village. Cette phrase, elle est toute simple, et mes anciennes colocataires la connaissent encore par cœur : « L'organisation est maîtresse de toute situation. » J'essayais alors, petit ouvrier consciencieux de l'usine de ma propre existence, de gagner du temps sur des problématiques inutiles pour pouvoir accomplir encore plus de choses palpitantes : faire pipi en me brossant les dents. Faire du sport pendant les 30 minutes de battement entre l'étude le soir à l'internat et le dîner. Lire dans la file à la cantine. Voir les gens que j'aimais bof en même temps pour passer plus de temps en solitaire avec ceux que j'aimais plus — j'ai pas dit que j'étais une belle personne hein, juste que j'étais organisée. 60


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Humeur

Ma cousine m'avait dit que plus tu avais de trucs à faire, plus tu finissais par trouver du temps dans tes journées. Et c'était vrai. Je me suis rapidement félicitée de mon nouveau délire de meuf productive. Le temps était de l'argent et je le savais, je n'aimais pas dépenser. Comme une fierté, cette obsession de performance a fini par rester, à l'inverse de ma jeunesse, et à devenir de plus en plus perfectionnée. J’ai maintenant la trentaine bien tassée, et je fais mille trucs en même temps, optimisant ma vie comme si j'étais une petite cuisine IKEA équipée. Cheap et pratique, toi même tu sais. Et quand je me croise parfois dans le miroir, j’ai l'air des meufs en forme sur les grands panneaux de promo pour la vitamine C des pharmacies. « Mais comment fait-elle pour tout faire ? », pourraient chuchoter les figurantes jalouses du spot de télé pour la même publicité. Comment fait-elle ? La réponse est là depuis longtemps : elle est tout simplement complètement tarée. J'ai deux agendas un papier et un en ligne. Je les remplis simultanément. J'ai des codes couleur. Je me lève tôt pour pouvoir faire le ménage avant d'aller travailler. Si je mets l'eau du café à chauffer j'ai le temps de me laver. Si je monte les articles après avoir baladé le chien je peux répondre aux mails pendant que je promène Ninou. Si je vais au sport à midi je peux aller aussi en apéro je peux me maquiller dans l'ascenseur et aussi... ET AUSSI FAITES-MOI TAIRE ! FOUTEZ MOI UNE PIQÛRE DE TRANQUILLISANT DANS LA FESSE DROITE ! UN COUP VIF DERRIÈRE LA NUQUE !

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Depuis quelque temps pourtant, ce que je pensais être une qualité s’est transformée en une obsession, et cela me dérange profondément. La faute au monde extérieur. La faute à Macron. La faute à tout le nouveau délire autour des entrepreneurs qui bossent 18 heures par jour comme si c'était O.K. de ruiner ses points de vie pour dire de la merde sur Linkedin. La faute à ces mots encore plus dégoûtants que « croûte », du type « disruptif » ou « efficacité ». Optimiser, tout et tout le temps, comme si le temps, la vie, le bonheur, était un coffre de Kangoo en plein déménagement. Cette obsession de la performance, du « mieux » me fatigue autant qu’il me déprime, comme seuls pouvaient le faire auparavant les tubes de Katy Perry. Je me sens bête, une meuf qui n’a rien compris, « en marche » vers je ne sais quoi, essayant constamment d'être dans une logique de rendement, de résultats, d'objectifs à atteindre, que ce soit dans mes projets personnels ou privés. Une vie qui ressemble à un jeu de rôle chiant, où je gratte des points d’expérience et de force pour quoi ? Battre un boss impressionnant à la fin ? Bordel, on n’est pas dans une version repimpée de Mario Bros ! J'ai capitalisé ma vie aussi bien que l’État s’occupe de la SNCF, en plein délire startup nation qui croise les doigts pour ne pas rater la levée de fonds. Ça va être quoi ma prochaine étape ? Hein ? Une oreillette bluetooth ? (Non) Un chronomètre en soirée pour me filer une deadline si je ne m’amuse pas assez ? (Pitié) Boire des bouteilles Feed aux champignons parce que j’ai la flemme de cuisiner ? (Tout mais pas ça) Écouter des podcasts en même temps que faire l'amour pour ne pas perdre de temps ? (Ça on en rediscute, il y a des journalistes avec une voix sexy quand même) Il ira jusqu'où ce délire de rentabilité ? 63


Humeur

Dernièrement, je me suis demandé ce que je faisais de tout ce temps précieux que je gagnais à la sueur de mon front avec mes techniques de ninja de l’organisation. Avancer sur mon livre ? Non. M'épiler ? Encore moins. Réfléchir à comment réduire l'empreinte que je vais laisser sur la planète ? Non plus. Ce temps gagné, je n'en fais rien. Je remate la main dans le slip tous les épisodes de Friends. Je regarde des vidéos de bébé chien sur Facebook en remplissant mon panier ASOS que je ne validerai jamais. Je fais des blagues sur Twitter. Je passe d’une productivité extrême à une glande plus sale qu’un sol de discothèque à six heures du mat’. Sans en profiter, en plus, noyée dans la culpabilité de ces personnes qui n’apportent pas la petite pierre au grand édifice de leur vie et de l’Histoire avec un grand H. Vous savez quoi ? Ras-le-bol de tout rendre efficace. Ras-le-bol des coachs et des livres de développement personnel pour être « mieux », « la meilleure », « se dépasser ». Ras-le-bol de la pression qu’on se fout tous. Je suis pas Laurence Parisot, encore moins Bernard Arnault. Le doigt d’honneur haut et le panneau de manif virulent, je dépose aujourd’hui sous vos yeux le bilan de la SARL Marine Normand, et mets fièrement la clé sous la porte. C’est bon. Je laisse tomber et je m'en vais chercher d'autres façons de profiter du rien. Glander. Ne pas planifier ma vie sur cinq ans. Avoir du temps pour regarder la pauvre étoile phosphorescente qui reste collée sur mon plafond. Faire du sport parce que j’aime bien, pas pour battre des records / affiner mon boule / être plus performante. Réaliser des trucs pour le plaisir de les réaliser. Et en avoir rien à taper.

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Humeur

On n’a pas à faire de sa vie une expérience de productivité où tout ce qu’on mange, dit, fait pour se divertir fera de meilleures personnes. Ça nous transformera seulement en bolosses qui ont appliqué les règles du capitalisme sur leur vie personnelle, des trucs qui sentent autant la mort et l’Eau Jeune que le fordisme. Il y en a marre. Prenez vous aussi une pancarte et rejoignez-moi dans l’herbe. Ne faisons rien. Aux chiottes les gens qui veulent faire de vos hobbies des façons de gagner de l’argent, qui appliquent à la règle les vieux préceptes d’une chanson de Daft Punk, 'Harder, Better, Faster, Stronger'. Regardez ce que ça a fait à Kanye West. Annulez vos rendez-vous Google Agendas avec une demie-heure de battement. Niquez vos to-do, vos bullet journals, vos trucs anxiogènes qui ne font rien pour vous rendre épanoui, juste vous rappeler que vous êtes en retard sur tout — mais par rapport à quoi ? On sait toujours pas. Si vous avez une idée de réponse, écrivez à la rédaction qui transmettra. Respirez un bon coup. Vous savez bien ce que vous avez envie de faire de vous, au fond. Par exemple, moi, j’ai envie d’une bonne chute à cet article. Mais finalement, est-ce que j’y suis obligée ? J’AI DIT QUE J’AVAIS DÉPOSÉ LE BILAN, OKAY ?

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Portfolio

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La main dans l'œuf

Une série de Chloé Gassian & Paris se quema Modèles : Betina Orsetti et Mamadou Barry @mpparis MUA : Tina Piters


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Portfolio


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Rencontre

Plates

Prose culinaire Texte : Julie Thiébaud Photos : Plates

Plates est un restaurant à Hoxton, où la haute cuisine végétale s’inspire de la nature pour créer un menu de saison, à base de plantes, légumes et fruits exclusivement. Ouvert récemment, Plates a été élaboré par le chef Kirk Haworth (formé auprès de son père Nigel, chef de l’étoilé Northcote, et passé par The French Laundry, The Square et Quay) et sa sœur et directrice artistique Keeyley. Le raisin à boire est proposé par Jack Dobbie et la vaisselle modelée par la céramiste Kana. Un certain samedi, lors d’une soirée estivale et humide je dîne chez Plates. Tandis que je lorgne sur Kirk qui concocte pour les convives dont je fais partie, un menu à cinq temps, mon esprit vagabonde.

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Faire entrer en collision un ananas et du sel de basilic, poser sa veste sur le porte-manteau, préférer un concombre à un T-bone, l’asperge au carré d’agneau, se lover dans un petit appartement que l’on atteint par des escaliers à la moquette duveteuse, tremper sans gêne la mie moite d’un pain à la réglisse dans une sauce à la carotte dangereusement orangée, servir des légumes fripons sur une assiette en argile à la forme fortuite, broder une pomme de terre qui croque sous la molaire, raconter des histoires d’herbes et de fleurs sauvages, de topinambour et de rhubarbe.

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Dire bye-bye à la viande, poisson, laitage et sucre raffiné, partager avec ses mains ce qui se trame dans sa tête, écrire un recueil de nouvelles à boulotter, allumer des bougies blanches et accrocher des fleurs séchées au mur, connecter nos paysages avec nos assiettes, partir en virée bucolique dans les rues d’Hackney, cueillir des goûts ébouriffants, aimer le terroir anglais, laisser la nature s’exprimer à travers soi, élaborer un cocktail à base de gin et de pale ale, siroter le plus suave, rose et juicy des consommés de tomates héritages, songer que c’est renversant de simplicité, penser hors de la boite et imaginer des assiettes cérébrales, des associations osées, porter une nouvelle œillade sur la cuisine végétale, draguer les mangeurs de viande.

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Rencontre


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Être délicat, être brute, être un alchimiste, embrasser l’étoile Michelin et transformer la plante en une nouvelle héroïne.


Portfolio

Connaître les vertus guérisseuses des poireaux, écouter le rythme des saisons et le remix d’Atomic Bomb de William Onyeabor par Hot Chip, tomber malade et laisser son corps devenir le vaisseau qui nous guide vers la santé, faire sonner l’alarme pour réveiller nos papilles, satisfaire son estomac avec un chou cabus pointu rôti à l’huile de coco, boire un italien, boire deux italiens, boire un Falerio de Franco Aurora tout doré. Être délicat, être brute, être un alchimiste, caresser du doigt une sauce au persil et céleri, trouver ses outils pour raconter son histoire, faire la tambouille à coup de couteaux aiguisées et de casseroles rutilantes, embrasser l’étoile Michelin, maîtriser les techniques et les oublier, écouter son intuition, atteindre le même niveau d’excellence, pousser les limites de ce qui est attendu, associer la tomate et la fraise pour des raisons chromatiques, et transformer la plante en nouvelle héroïne.



Découverte

Un souvenir Texte : Mélody Thomas Illustration : Morgane Fadanelli

La mode, ce n’est pas seulement du luxe ou des petites filles blondes qui regardent avec envie leur mère se parer d’une robe époustouflante avant de sortir. La mode, c’est aussi mon père, ouvrier à la retraite, que je revois déboutonner son bleu de travail en arrivant à la maison.

bleu

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Découverte

Le souvenir le plus ancien que j'ai de mon père date de l’âge où j’avais 6 ou 7 ans. Ce jour-là il ne travaillait pas, mais devait se rendre à l’usine pour une raison qui fait défaut à ma mémoire. Je me souviens par contre avoir insisté pour qu’il m’emmène. C’est un moment spécial, je crois, pour un enfant d’aller sur le lieu de travail de ses parents. J’étais très excitée, j’avais envie de voir, de donner un volume au nom de cet espace, et de comprendre pourquoi il imposait de porter une veste d’un bleu électrique que revêtait mon père tous les matins avant de partir au travail. « Mon bleu », c’est ainsi qu’il appelait cet uniforme.

Aujourd'hui, la mode invoque chez moi ce souvenir à maintes occasions. Les bleus de travail sont partout. Il suffit de parcourir Paris ou les villes de provinces branchées pour en avoir la preuve. que, de plus en plus, la tendance est aux vêtements fonctionnels, pratiques et unisexes. Or le bleu de travail réunit toutes ces qualités. « C’est au 19è siècle que l’uniforme des travailleurs a été réservé pour les jours de travail. À l’époque, les bourgeois pensaient que la tenue vestimentaire élevait les individus moralement, alors on conseillait aux ouvriers de réserver ce bleu pour les jours d’usine », me glisse ma copine Alice Litscher, professeure à l’Institut Français de la Mode et véritable bible de l’histoire de la mode. « C’est à partir des années 1950 que les vêtements prolétaires sont devenus des outils de contestations pour une jeunesse qui cherchait à fuir l’oppression bourgeoise. On l’a aussi vu lors de mai 68 où beaucoup d’étudiants portaient des bleus de travail pour montrer leur soutien aux ouvriers en grève ». Mais si les étudiants de l’époque voyaient dans ce port un geste politique, aujourd’hui le bleu de travail s’est amplement démocratisé.

J’étais interpellée autant par la couleur que par la coupe qui lui tombait à mi-genoux. Quand j’y repense, c’était assez drôle de voir mon père dans cette couleur, lui qui d’ordinaire, sous l’œil vigilant de ma mère, ne porte que du bleu marine, du noir, du gris ou du kaki. Je savais donc que ce bleu passé, n’était pas une couleur anodine. Elle avait un sens. De ce jour où nous nous sommes rendus à l'usine, je me rappelle surtout de la cacophonie des machines en marche, l'absence de lumière et moi, cachée derrière une rangée de bleus de travail suspendus. Sous cet écrin prolétaire, je voyais s’activer les machines, les femmes qui me jetaient des regards amusés et surtout, des Michokos. Je repense à cette journée chaque fois que dans la rue je croise quelqu’un portant un bleu de travail.

On ne compte plus les marques : de Bleu de Paname à Le Mont Saint Michel en passant par Carhartt qui ont fait de ce vêtement leur dada. Récemment, certaines marques de luxe ont même fait défiler leur version revisitée de l’uniforme de ceux qu’on appelait 82


Découverte

J’avais envie de comprendre pourquoi l'usine imposait de porter une veste d'un bleu électrique à mon père.

« les cols bleus », en référence à leur veste et à leur classe sociale. « Quand il y a des crises économiques, on le ressent d’un point de vue vestimentaire. La crise de 2015 a fait ressurgir des revendications égalitaristes », continue de m’expliquer Alice avant d’émettre une hypothèse que j’estime proche de la réalité. « Un des facteurs qui explique ces revendications, c’est que notre perception de l’histoire a changé. Aujourd’hui, l’histoire n’est plus seulement racontée par les puissants, elle appartient à tous ». Sans le savoir, elle fait écho à l’une de mes lectures récentes, un entretien passionnant entres les réalisateurs Pascal Tessaud et Paul Carpita. Ce-dernier a signé le film Le Rendez-vous des Quais, censuré pendant 35 ans. Tourné par un homme du peuple, ce long-métrage reconstitue la grève des Dockers phocéens contre la guerre d’Indochine. Il est joué non pas par des acteurs, mais par des dockers et des habitants de Marseille. Sorti au début de la guerre d’Algérie, le film fût jugé inacceptable.

à l’entreprise », nldr), c’est-à-dire que ce sont les clients qui parlent aux marques, leur disent ce qu’ils souhaitent porter ». Retour dans la rue, où les garçons arborent le bleu de travail et le miki breton — la casquette de pêcheur sans visière — et où les filles chinent ce « bleu de mitre » sous forme de combinaisons, portées avec beaucoup de goût sur des sabots en bois ou des sandales. Étant adepte des vêtements à poches, je dois dire aussi que la tendance workwear permet enfin aux femmes de circuler librement. Avec un bleu, plus besoin d’encombrer nos épaules de sacs qui nous dévient la colonne vertébrale. À travers cet attrait flagrant pour la mode fonctionnelle, c’est aussi une nouvelle page qui se tourne pour l’industrie du vêtement. Dans un monde où la mobilité est reine, l’esthétique n’est plus le seul critère de satisfaction. La mode fait un joli pied de nez au déterminisme social du passé en érigeant le bleu de travail de mon père, symbole de sa condition prolétaire et de son immobilité, comme un emblème. Celui de la fin des hiérarchies sociales, des frontières territoriales et des frontières du genre.

Alors oui, à l’heure de #metoo et des discussions sur l’histoire post-coloniale, on réalise que chacun a vécu l’Histoire à sa manière, selon sa couleur de peau, son genre, sa classe sociale. Et la mode alors ? Selon Alice, « on retrouve ce même changement de donne au sein de l’industrie. Aujourd’hui la mode n’est plus déterminée par les élites. On est dans l’ère (marketing ?) du consumer to business (« du client 83


Recette

Tartelettes rustiques aux abricots et au sarrasin Recette et photos : Amandine Lhyver

Pour 2 personnes Pour la pâte brisée 250 g de farine de froment 75 g de farine de sarrasin 150 g de beurre à température ambiante, coupé en morceaux 1 cuillère à soupe de sucre glace 1 oeuf 1 cuillère à soupe d’eau froide Une pincée de sel Pour la garniture Purée d’amandes grillées 6 gros abricots mûrs 2 cuillères à soupe de sucre 1 sachet de sucre vanillé Pour le décor Crème liquide Sucre Amandes effilées

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Recette

Préparation Dans un grand saladier, mélangez la farine, le sucre glace et le sel. Ajoutez le beurre coupé en cubes et émiettez du bout des doigts jusqu’à obtenir un mélange sableux. Ajoutez l’œuf puis l’eau froide, travaillez la pâte juste assez pour obtenir une boule (si la pâte est trop sèche ajoutez un peu d’eau très progressivement). Laissez reposer au frais pendant au minimum 30 minutes. Coupez en deux les abricots. Dans un bol, ajoutez le sachet de sucre vanillé et le sucre que vous mélangerez aux fruits avant de mettre de côté. Une fois la pâte reposée, divisez-la en 12 petites boules de même taille. Préchauffez le four à 180°C. Abaissez une à une les boules de pâte avec un rouleau à pâtisserie jusqu’à obtenir un petit cercle. Étalez une cuillère à café de purée d’amandes grillées sur tout le fond de tarte puis ajouter la moitié d’un abricot. Si vos abricots

ne sont pas mûrs, saupoudrez-les avec peu de sucre. Refermez la tartelette en pliant chaque bord les uns contres les autres et presser doucement chaque jointures pour que la tartelette ne s’ouvre pas pendant la cuisson. Avant d’enfourner, badigeonnez-les bords des tartelettes avec 85

un peu de crème liquide, agrémentez avec les amandes effilées et saupoudrez de sucre. Faites cuir les tartelettes à 180 degrés pendant 25 à 30 minutes. Sortez-les du four quand les bords sont joliment dorés. Dégustez-les tièdes avec un peu de crème fraîche ou du fromage blanc.


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Texte : Déborah Pham Photos : Fairmont / Déborah Pham

Il y a peu d’endroits que l’on fantasme comme la Californie. Une myriade d’images prennent forme dans nos esprits tandis que nous embarquons pour San Diego, première étape de ce road trip. Située tout au sud à la frontière avec le Mexique, San Diego est une métropole clairsemée, comme le sont beaucoup de villes américaines. La voiture est indispensable pour visiter. C’est au volant d’une Maserati que nous voyons défiler les façades colorées des immeubles de la vieille ville. Première étape : le Fairmont Grand Del Mar. Un hôtel grandiose où les chambres sont spacieuses et profitent toutes d’une vue côté piscine ou jardin. Nous passons à la visite des cuisines de l’Addison où règne un calme absolu à quinze minutes du coup de feu. Carrelage rétro noir aux murs et casseroles

en cuivre suspendues au-dessus des cuisiniers qui s’attèlent au dressage de leurs premières assiettes. La cuisine assume son accent frenchy. Le chef William Bradley est d’ailleurs un admirateur de Paul Bocuse. Il faudra attendre encore pour le dépaysement culinaire mais les cuissons sont précises et les vins sélectionnés avec soin. Le lendemain matin, rendez-vous à 7 heures au bord de la piscine, déserte. Le décalage horaire a du bon. Quelques brasses plus tard, on se remet à table pour un breakfast très américain, avant d'enchaîner avec une séance de méditation, dispensée au champagne. 87

Découverte

California love


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DĂŠcouverte


Découverte

En Californie, notre séjour sera rythmé d’accords mets et vins et de body blast workout class (cours de sport intensif, ndlr), car s’il est une chose que les gens d’ici prennent au sérieux, c’est bien le sport (et les bébés chiens). Contre toute attente, la conduite de la Maserati n’entre pas, à proprement parler, dans la case « sport ».

Cinquième jour et changement de décor avec les vignobles de Sonoma. L’hôtel Fairmont Sonoma Mission Inn & Spa est quelque peu dépaysant et l’on se sent réellement à la campagne en découvrant les chambres spacieuses avec vue sur le jardin arboré et la piscine. Les nuits sont fraîches, la cheminée de notre chambre est prête et l’on s’endort en écoutant son crépitement jusqu’au petit matin. Sonoma est une région viticole où de nombreux vignerons travaillant dans le respect de la nature se sont frayés une place à la table des restaurants les plus prestigieux de la Californie. Le restaurant Santé propose d'ailleurs une belle sélection de vins produits par la maison Benziger. La famille a débuté dans le vin en 1973 mais ce n’est qu’en 1995 qu’elle développe sa production en biodynamie. Benziger est aujourd’hui un nom réputé et propose des dégustations aux voyageurs venus du monde entier.

Trois jours plus tard, direction Santa Monica vers le Fairmont Miramar Hotel & Bungalows, tout près de Malibu. En cours de route, la plage de Crystal Cove s'impose dans le paysage / derrière le pare-brise. C'est un sublime parc national protégé, parsemé de beach cottages et de surf shacks (ndlr : cabanes de surfeurs). Pour la pause déjeuner, c'est chez FIG que l'on s'attable. Burritos, pizzas ou cheeseburgers... On dévore les spécialités locales du menu, arrosées de cocktails maîtrisés. Une fois l'estomac bien repu, direction l'excellent spa Exhale, où l'on profite d'une petite remise en beauté, grâce à l'un des meilleurs soins du visage dispensé par l'établissement. d’aucuns diront que nous évitions le cours d’endurance. Mauvaises langues. La journée se poursuit autour d’un apéritif dînatoire dans l’un de nos bars favoris, le Bungalow. Le très joli salon de jardin s’ouvre sur une petite scène où chaque soir, des groupes jouent sous les lampions. À l'intérieur, c'est une autre ambiance. Cheminée, fauteuils chesterfields, planches de surf et mobilier chiné façonnent une ambiance feutrée, chaleureuse. Le lendemain, on profite de l’air marin de la jetée de Malibu. Les sportifs-ves peuvent y faire du kayak et du surf. Pour les autres, le plaisir de déambuler dans les boutiques qui surplombent la mer.

À quelques heures de la région viticole, Berkeley. L’hôtel Claremont situé sur Oakland Hills est une bâtisse blanche imposante et iconique. Elle fût d'abord la propriété d'un fermier originaire du Kansas, qui l'a fait construire à l'époque de la ruée vers l'or. Le bâtiment est par la suite transformé en hôtel, inauguré en 1915. Tandis que le soleil se couche lentement au dessus des collines, on croise un confrère en train de s’envoyer une douzaine d’huîtres en solitaire, tout en sirotant une coupe de champagne. Bien joué. Comme le fermier qui a choisi cet emplacement digne d’un décor de cinéma, notre collègue a raison sur toute la ligne. Depuis la vallée, on aperçoit au loin San Francisco, dernière étape de ce périple.

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Toujours au volant de notre Maserati, on traverse le Golden Bridge vitres baissées, cheveux au vent et musique à fond. Arrivé(e) à San Franciso, on s’arrête d’abord à l’hôtel historique de la grande maison Fairmont construite en 1907 et surnommée La Grande Dame. Les portes s’ouvrent sur un lobby grandiose orné de larges colonnes en marbre et de lustres luxueux. L’apéritif a lieu dans le penthouse autrefois privatisé par les présidents américains et étrangers de passage à San Francisco. Ah, si les murs pouvaient parler ! Il se trouve que l’on sympathise avec un espion travaillant sur place qui nous confie quelques histoires croustillantes : « Kim Kardashian et ses sœurs ont passé la nuit ici il y a un mois ou deux… » Nous restons de marbre, pas tellement impressionnée. « La femme du basketteur Stephen Curry y organise régulièrement

des pyjamas party ! » Mouais. « Très bien, ça se sent que vous n’êtes pas américaine ! Puisque ça ne vous fait ni chaud ni froid, je change de registre. Un jour, Bill Clinton a disparu du penthouse et la ville a été en état d’alerte pendant plusieurs heures, tout le monde était à sa recherche. Figurez-vous que derrière la bibliothèque se trouve une porte secrète qui mène vers le toit. La vue est incroyable. Pendant plusieurs heures il était là, seul, et profitait du panorama alors que les services secrets américains étaient en panique ! » On demande à voir ce panorama mais c’est impossible car « il n’y a qu’un garde du corps ce soir et il faudrait [signer] des papiers, c’est compliqué. » C’est ici que débute le vrai travail de journalisme. Quatre margaritas plus tard, nous voilà dans le passage secret qui mène au rooftop. Oh Bill, le panorama est 90


Découverte

éblouissant, mais comment as-tu pu en profiter seul ?

prochaine excursion californienne. Bien-sûr, l’ambiance est too much, le décor très old school et hollywoodien, vestige de l’engouement des Américains pour l’esthétique hawaiienne des années 60, mais comme l’a dit Bourdain, à qui on laissera le mot de la fin : « If you have no love in your heart for this place, you are a sick, twisted lonely f*ck with too many cats. » Vous voyez l’idée.

Lors de notre première visite au Fairmont de San Francisco pour la sortie de notre premier numéro de Mint, nous n'avions pas visité la Tonga Room, considérée comme « le plus bel endroit du monde » par l'immense et regretté Anthony Bourdain. Ce coup-ci, hors de question de manquer cette pièce gigantesque qui fût autrefois la piscine de l'hôtel. Nous sommes sur un bateau de pirate au beau milieu de la Tonga Room, le lieu est immense et sur l’eau, un groupe entonne la chanson Africa de Toto. Il commence à pleuvoir et l’orage tonne. Oui, une pluie artificielle dans le sous-sol du Fairmont. Si vous pensiez connaître San Francisco sans avoir visité ce bijou, réfléchissez-y et planifiez donc votre 91


Mode

À la ligne

Photographe : Margaux Gayet, Styliste : Rebecca Muzzioli Make-up : Eden Tonda, Modèles : Louise @ Mademoiselle Agency & Kevin @ Studio Paris Agency CI-DESSUS : Dress ROSEANNA / Pants ADMISE PARIS / Shoes VALENTINE GAULTIER À DROITE : ON HER: Dress FORTE FORTE / Boots WENDY JIM / Earrings MONSHIRO ON HIM: Pants WENDY JIM / Shirt STYLIST’S OWN / Shoes SARENZA

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Mode

CI DESSUS, ON HER: Shirt BLUMARINE / Pants + Boa FORTE FORTE / Shoes ZEUS DIONE / Earrings MONSHIRO ON HIM: Shirt WENDY JIM / Pants PETIT BATEAU / Shoes SARENZA À DROITE : Top + skirt FORTE FORTE / Earrings MONSHIRO

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Mode À GAUCHE , ON HER : Dress + Kimono FORTE FORTE / Boots VALENTINE GAULTIER / Earrings MONSHIRO ON HIM : Pants WENDY JIM / Jacket SADAK / Shirt LAURENCE AIRLINE CI-DESSUS : Shirt LAURENCE AIRLINE / Pants + Blazer SADAK

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Texte : Hélène Rocco Photos : Tiphaine Caro

C'est une parfaite carte postale, une ville estivale par essence. Début juillet, quand le monde entier s'y retrouve, Arles bouillonne au rythme des expositions. Les ruelles sont pleines à craquer et il faut jouer des coudes pour dîner aux meilleures tables. Pourtant, on n'oserait pas s'en plaindre : cette ambiance chaleureuse nous pousse à revenir. Inondée de soleil et bordée par le Rhône, la capitale de la Camargue qui a tant inspirée Van Gogh fait aussi vibrer les amoureux des vieilles pierres. À l'heure de la sieste, on contourne les arènes antiques et on s'engage dans les allées inconnues, sans but précis, une glace à l'huile d'olive à la main. Très vite, on a l'impression de connaître ces dédales comme sa poche. Qu'importe le tumulte éphémère, il se dégage de cette cité culturelle une profonde sérénité. À la nuit tombée, elle se dévoile sous son meilleur profil quand touristes et locaux se rencontrent joyeusement autour d'un verre, sur les terrasses de la place du Forum.

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Arles - Portfolio

On dirait le Sud


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Arles - City Guide

Explore

le lit Hôtel du Cloître

Arles, France

Lové dans le cloître Saint-Trophime, ce superbe hôtel aux carrelages rétro a été pensé par l'architecte et designer India Mahdavi. Dans cette bâtisse traditionnelle, la collection d'art contemporain de la propriétaire, Maja Hoffmann, se marie à la déco colorée des dix-neuf chambres. Surtout, attardez-vous sur le toit : la vue sur le clocher de l'église, qui date du XIIè siècle, y est imprenable.

Textes : Hélène Rocco Photos : Tiphaine Caro

18 Rue du Cloître

Hameau des Baux On croirait mettre le pied dans un petit village des Alpilles lorsque l’on passe les portes de cet hôtel cinq étoiles niché au coeur d’une oliveraie. Conçu à la façon d'un mas provençal pavé de tomettes, le lieu s'organise autour d'une place bordée de platanes, à quelques pas d'une belle piscine. Chemin de Bourgeac 13520 Paradou

L'Hôtel Particulier Dans le centre historique de la cité arlésienne, cette résidence du 19è siècle dispose d'un jardin secret, d'une piscine et d'un spa où se délasser. Les chambres lumineuses misent tout sur le blanc. Quant aux chanceux qui séjournent au dernier étage, ils peuvent profiter d'une terrasse sur les toits. 4, rue de la Monnaie Hameau des Baux

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Arles - City Guide Hôtel du Cloître

la table L’Ouvre-boîte À l'ombre d'un Polonia centenaire, on respire les effluves de chèvrefeuille. Cette épicerie-guinguette fait valser des assiettes pimpantes à partager. Au menu : des spécialités locales comme le caviar d'oursins, le chou, le fromage de brebis. On découvre aussi la cuisine nippo-camarguaise, avec les œufs mimosa au wasabi que l'on arrose de vins natures. Incontournable. 22 Rue du Cloître

Le Réfectoire On en ferait volontiers notre cantine : située sur le chantier de la Fondation Luma -

qui devrait ouvrir ses portes en 2019, l'adresse propose des plats locavores signés Armand Arnal (aussi chef étoilé de La Chassagnette). Ici, les légumes de saison sont rois et on ne fait qu'une bouchée des carottes glacées à l'orange qui accompagnent un tendre paleron braisé. Grande Halle - ZAC des Ateliers, 45 Chemin des Minimes

Simone & Paulette Numa Muller officiait avant au restaurant Arles à Amsterdam, il envoie désormais une cuisine maîtrisée à ce micro-comptoir arlésien. Les produits frais et de saison agitent les papilles et on savoure chaque bouchée

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du quasi de veau, broccolini et fenouil barigoule servi ce jour-là. Du riz au lait caramel noisettes aussi. 21 rue du Pont

Le Chardon Les habitués n'ont pas le temps de se lasser de la cuisine du Chardon : les chefs valsent tous les deux mois. Julia Mitton, Laura Vidal et Harry Cummins, les maîtres des lieux, veillent au grain pour sélectionner les cuistots en résidence. Cet été, c'est la cheffe palestinienne Ruba Khoury (passée par Ibrik et Septime) qui nous régale de spécialités moyen-orientales, influencées par la région camarguaise. 37 Rue des Arènes


Arles - City Guide

Le Réfectoire

Le Galoubet On s'installe en terrasse, sous la tonnelle de vigne vierge, et on se laisse séduire par la cuisine provençale de Céline Arribart. Dans ce repaire de becs fins, les assiettes se composent de poisson en croûte de sel, légumes ensoleillés et desserts de grand-mère, arrosés d’une tripotée de vins locaux. 18, rue du Docteur-Fanton

Monstre Il manquait une bonne table où découvrir de jeunes talents, c'est désormais chose faite. Face à une exposition de photographes japonais, on déguste une épaule d'agneau, du riz camarguais et une crème

brûlée au gingembre. Une anecdote se murmure depuis l'an dernier : Mathieu Chedid aurait rameuté la foule en improvisant un bœuf sur la terrasse. Avec un peu de chance, ça pourrait aussi vous arriver cet été. 13, rue Tour de Fabre

le verre Le Gibolin Son nom lui vient d'un sketch des Deschiens et rien que pour ça, on s'y précipite. Dans cette cave gaillarde, on siffle des verres de vin jusqu'au bout de la nuit. La carte penche 108

du côté nature de la force et on peut toujours éponger les excès par des spécialités de bistrot, comme les piquillos farcis à la morue. 13, rue des Porcelets

Grand Hôtel Nord-Pinus Fernandel venait y boire son pastis et Picasso grignotait ici des anchois avant de se faire tirer le portrait. Véritable institution arlésienne, l'hôtel abrite un bar plein de panache qui nous fait tout de suite de l'œil. À l'heure de l'apéro, on se laisse bercer par le chant des guitares. 14, Place du Forum


Arles - City Guide Simone & Paulette

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Arles - City Guide

Au bonheur d'Émilie Lorsque l’on est à Arles pour les Rencontres de la photographie, on ne cesse de vadrouiller sous un soleil de plomb. Une halte dans ce café est toujours appréciée : un jus de fruits aux framboises et à la pêche, pressées minute, permet de recharger les batteries pour être à nouveau sur pied. 5 Rue Jouvène

la glace Soleileïs Étape indispensable à toute balade arlésienne qui se respecte, ce glacier artisanal propose des sorbets entièrement naturels dont les fruits proviennent des vergers du coin. On se met donc au parfum local et on déguste une glace à l'huile d'olive et une autre à la pêche.

Scaramouche Hommage au film de capes et d'épées du même nom, l'adresse propose, en plus des grands classiques, quelques saveurs provençales. Plutôt que l’intrigante glace géranium-pistaches, on opte finalement pour un mariage détonnant : romarin, huile d'olive, pignon et yaourt de brebis. 18, place Paul Doumer

9 Rue du Dr Fanton

le shopping Maison Genin Dans la bien-nommée rue des Porcelets est fabriqué le saucisson d'Arles depuis 1877. Il est composé des parties maigres du porc et du bœuf, mêlées à des herbes de Provence, des épices, un soupçon de gras, de la chair à saucisson et d'un peu de vin rouge pour ne rien gâcher. 11, rue des Porcelets

La Main qui pense Planqué dans une ancienne écurie, l'atelier de la céramiste Cécile Cayrol a attiré notre attention par sa vitrine élégante. On y trouve des assiettes, des tasses et des bols minimalistes ocres, gris et en porcelaine blanche que l'on rêverait de pouvoir emporter avec soi. 15, rue Tour-de-Fabre

La Parfumerie arlésienne Derrière les murs épais d'un hôtel particulier, cette parfumerie a imaginé une fragrance fraîche et fleurie qui fait le succès de la maison.

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Arles - City Guide

'L'Eau d'Arles' a été adoptée par de nombreuses habitantes de la région. Plus corsée, 'L'Eau de Camargue' convient, paraît-il, aux hommes au caractère bien trempé. 26, rue de la Liberté

découvrir Fondation Luma Encore en construction, la tour colossale pensée par Frank Gehry est visible dans toute la ville. Bientôt elle abritera, comme cinq autres bâtiments industriels, des galeries, des salles d'expositions, des restaurants et un immense jardin. En attendant, le parc des Ateliers demeure une étape incontournable, grâce aux nombreux événements culturels qui s'y tiennent chaque année. 45 Chemin des Minimes

Actes Sud L'une des plus influentes maisons d'éditions françaises a pignon sur rue à Arles. La célèbre librairie locale est un vrai lieu de vie culturelle qui abrite des salles de cinéma, des expositions, un hammam et la Chapelle du Méjan où sont organisés des concerts et des expositions. 23 Place Nina Berberova

Fondation Luma

que des créations d'art contemporain qui entrent en résonance avec le travail du maître hollandais. 35, rue du Dr Fanton

Fondation Vincent Van Gogh Vincent van Gogh a un temps vécu en ville. Depuis 2014, un bel hôtel particulier compile quelques unes de ses toiles lumineuses et naturalistes, ainsi

Y aller : compter entre 100 et 150 euros en train au départ de Paris

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Propos recueillis par Hélène Rocco Photos : Tiphaine Caro

On ne vient pas à la Chassagnette en coup de vent. Ici, il faut prendre le temps. D'abord sillonner les allées du vaste potager de deux hectares, puis s'abriter à l'ombre des oliviers et écouter la nature. Depuis douze ans, la cuisine solaire et étoilée d'Armand Arnal se déguste sous la tonnelle de vigne vierge. C'est une valse à cinq temps parcourue d'un fil rouge : le végétal. Passé de la fourche à la fourchette le jour même, il parvient à éblouir à chaque bouchée. Une expérience qu'on voudrait revivre encore et encore.

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Arles - Rencontre

Armand Arnal, l'as du végétal


Arles - Rencontre

Mint : Ça veut dire quoi, la Chassagnette ? Armand Arnal : Le nom désigne deux choses.

C'est à la fois un petit domaine de chasse et l'endroit où il y a des chênes. Avant d'être un restaurant, le lieu était une bergerie.

Vous avez pris la tête de la Chassagnette à 29 ans. Comment se sont passés vos débuts ?

J'étais déjà venu comme client et quand j'ai su que l’équipe cherchait un chef, je suis revenu. Il s'est passé quelque chose. Ma rencontre avec Maja Hoffmann (la propriétaire des lieux, ndlr) a été assez incroyable : elle est la première à avoir cru en ma capacité à travailler les produits. Je lui ai fait une dégustation et elle m’a fait confiance. Maja m'a donné la possibilité de pouvoir m'exprimer à travers une cuisine, un lieu. J'ai eu beaucoup de chance. On dit de vous que vous êtes le magicien du végétal, que vous travaillez les légumes avec une précision incroyable. Cette passion est-elle venue à votre arrivée dans ce restaurant ?

J'ai toujours été très proche des légumes parce que mon arrière-grand-mère en vendait sur le marché de Montpellier. J'ai pu ensuite faire l'apprentissage des légumes avec Monsieur Ducasse, dans son restaurant Essex House à New York, pendant six ans. Il est l'un des premiers grands chefs à avoir travaillé ces produits là et c'est vrai que

je me suis vite senti très à l'aise. En 2006, j'ai eu un coup de foudre pour ce lieu. Il y a eu cet échange entre le jardin et moi qui a opéré. Comment votre jardin donne t-il le tempo à vos menus ?

Quand j'ai été embauché, je suis arrivé le premier jour avec le calendrier des produits de saison. C'était le mois d'avril. J'ai dit au jardinier de l'époque : « On doit avoir ça, ça, ça ». Il m'a répondu qu'ici, en Camargue, c’était différent. Qu’il fallait attendre. Je l'ai écouté et j'ai attendu. Je suis allé dans le jardin tous les jours pour former mon palais, la mémoire du goût et j'ai laissé l'inspiration venir. Avec vous, le jardin s'est développé au point d’être quasiment autosuffisant…

Oui, on a aujourd'hui 160 variétés (de végétaux), des serres pour l'entre-saison et nos graines sont toutes bio. Quand je vais à l'étranger, je ramène des herbes et je les laisse s'acclimater à la terre. Vous avez aussi appris à cuisiner les plantes sauvages.

Je le dois à ma rencontre avec Nicole, botaniste, qui organise des journées de formation cueillette à la Tour du Valat, des marais gérés par les habitants. Il y a trois ans, je suis allé voir et ça m'a vraiment plu. J'ai commencé à cuisiner 114


115 Arles - Rencontre



ça m'arrive de trébucher mais on trouve des solutions. Notre cuisine dépend d'une personnalité très vivante qui est le jardin et on essaye de vivre en harmonie avec ça, sans chercher des compromis. Chez moi, il n'y a pas de foie gras, c'est pas grave ! Il n'y a pas de homard, c'est pas grave ! Il n'y a pas de caviar, c'est pas grave ! Le fait d'être dépendant est ce qui nous rend créatifs.

D'où vous vient votre amour de la cuisine ?

De l'envie de se retrouver ensemble autour d'une table. C'est ça qui m'a amené vers ce métier. J'ai commencé à en vivre à 16 ans mais je cuisinais déjà avant, dans ma famille.

Vous êtes l'un des rares restaurants sans gluten à être étoilé. D'où vous vient ce parti pris ?

Quelle était votre recette préférée à l'époque ?

Je faisais beaucoup de tartares. J'ai mangé très jeune de la viande crue car mon père adorait ça. Je mangeais du cheval. Je sais qu'aujourd'hui ça fait grincer des dents mais c'est vraiment délicieux et extrêmement fin. Il y avait une boucherie chevaline avant, le samedi sur le marché, et c'est moi qui faisais le tartare aux équipes le samedi matin. Avec des frites.

Je n'aime pas le mot « sans », je trouve que c'est terrible quand on est chef. Pour moi un cuisinier c'est une personne généreuse. Je cuisine « avec » de la farine de riz. Mon approche était d'abord locale et j'ai rencontré des gens qui avaient une intolérance : je me suis dit que la cuisine devait se partager avec tous et je me suis à travailler sur ce projet. Je me suis fait aider par la cuisinière Nadia Sammut qui s'y connait bien et on a développé les recettes avec mes équipes. Mon pâtissier de l'époque était complètement paniqué dès qu’ on lui enlevait quelque chose. Je lui ai dit : « Dis-toi que tu travailles avec un nouvel élément et lance-toi ! » À partir de là, tout s'est bien passé.

Comment a évolué votre cuisine ?

Avant j'étais très influencé par mon passé. Je mettais beaucoup de souvenirs dans ma cuisine donc c'était difficile à gérer quand les choses ne se passaient pas bien. J'ai réussi à évoluer dans la sérénité. C'est un peu comme le jardin : vous plantez une graine et ça devient une plante puis les bourgeons apparaissent... Il y a sans cesse un besoin de rechercher un niveau d'excellence et de le conserver.

Quelle a été la réaction des clients ?

On a mis un moment à mettre notre pain à la carte. La discussion était fermée. Pour plusieurs clients, dans un resto étoilé, on devait servir du pain avec de la farine de blé. Et puis on s'est dit que quoiqu'il arrive, on pouvait essuyer les critiques alors on a continué. C'est l'éternel dilemme : les clients locaux ont envie d'avoir une expérience nouvelle et surprenante et les clients internationaux s'attendent à avoir un produit du terroir. Il faut trouver un équilibre en faisant voyager les gens avec des produits locaux.

Cette sérénité a t-elle été perturbée par l'arrivée de l'étoile ?

Non, c'est le regard du client qui change un peu parce qu'il n'est plus forcément dans la découverte, il est dans l'attente. On a toujours reçu les gens avec beaucoup de simplicité. Il peut y avoir des loupés mais on a la liberté de pouvoir faire des erreurs pour avancer. Je n'ai pas une pression folle, 117

Arles - Rencontre

le pourpier et petit à petit je me suis formé. Depuis, je vais à la cueillette une fois par semaine dans les collines.


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Arles - Rencontre


Votre voyage au Japon il y a onze ans a-t-il a changé votre manière de travailler les plats ?

Ça a influencé ma façon de voir les choses. Chaque produit doit avoir sa place dans une dégustation et c'est ce qui m'a le plus marqué au Japon. Dans la cuisine française, on doit avoir un liant, créer un troisième goût à partir de deux ou trois éléments. Au Japon, tout est dissocié, chaque chose a sa place mais l'harmonie opère et je trouve ça passionnant. J'ai essayé d'apporter ça dans ma cuisine. D’ailleurs quand nous étions en cuisine, vous nous avez confié que vous pouviez cuisiner à l'oreille …

Ce qui est merveilleux dans le métier de cuisinier, c'est qu'on peut tout le temps utiliser ses sens. Une fois que j'ai trouvé une bonne température dans laquelle cuire un poisson ou un légume je peux, sans regarder, entendre quand l'eau de végétation s'est évaporée car le crépitement commence. Parfois, c'est le toucher qui est important. Lorsque mon second me fait goûter un velouté d'herbes amères, ce qui m'intéresse ce n'est pas le goût qu'il va avoir, c'est sa texture. Est-ce que ce velouté, plus épais, aurait donné les mêmes sensations? Il faut trouver un équilibre pour que l'on sente la mâche de la feuille et tous les éléments qui composent ce plat, comme dans la cuisine japonaise.

Vos racines sont ancrées dans le sud de la France mais prévoyez-vous d'ouvrir des adresses à l'étranger ?

Je suis en train de réfléchir, avec Thierry Chouquet, un ami que j'ai rencontré à New York, d'un projet à Mexico. Il tient le café Milou à Condesa. Au Mexique, il y a une vraie richesse de produits et j'aime bien ce côté populaire qu'on retrouve aussi en Italie et au Vietnam. Une cuisine de rue incisive, populaire, franche et assumée. C'est quand même assez bluffant de se dire qu'en une bouchée, on peut avoir toutes les sensations qu'on recherche. On est donc en train de parler d'un projet qui relierait différentes cultures. Et quels sont vos autres projets ?

En octobre prochain, Maja Hoffmann ouvrira à Arles l'hôtel L'Arlatan, où je proposerai une carte méditerranéenne. On travaille aussi autour d’un projet pour la tour de Franck Gehry (de la Fondation Luma, ndlr) où on organisera des dîners éphémères. Et puis je souhaite inviter des chefs en résidence à la Chassagnette. Taku Sekine (Dersou) est venu en juin pour des déjeuners à quatre mains et Atsushi Tanaka (At) aimerait beaucoup venir mais il doit trouver le temps car à Paris tout le monde court (rires). La Chassagnette Domaine de l'Armellière, Route du Sambuc, 13200, Arles

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Arles - Rencontre

Dans ce métier, on utilise tous ses sens. J'arrive maintenant à cuisiner à l'oreille.


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Le Buste et l'Oreille Ce bar à vins est aussi une épicerie fine qui propose des produits italiens et espagnols sélectionnés avec soin. On y va pour goûter du fromage et de la charcuterie et même y trouver des livres et des vinyles, c'est assez fou. 3 Rue du Président Wilson

Moustique On a beau s'en plaindre beaucoup en Camargue, on les aime bien, les moustiques. Cette boutique crée des broches, de la vaisselle et des sacs à leur gloire. 2 Rue Jouvène

Mon bar J'aime beaucoup l'ambiance de ce bar, en plein centre-ville. J’y vais souvent pour prendre un café. On peut aussi déguster des spécialités provençales comme le tian d'aubergines ou des plats créoles. 2 Place du Forum

La marchande des 4 saisons J'ai eu un vrai coup de cœur pour cette galerie d'art qui est installée sous une voûte. Elle met en vente des objets et du mobilier renouvelés à chaque saison. 12 Rue de la Rotonde

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Arles - Rencontre

Les spots d'Armand à Arles



Mint Magazine

BONNES ADRESSES Textes : Hélène Rocco

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® Caspar Miskin

Bonnes adresses

Robert

Paris

Sous son nom de brave gaillard, Robert est élégant, délicat, poétique et nous a mis sans sa poche à la première bouchée. Blottis dans la cuillère, la couenne croustillante d’une épaule de cochon fermier, la rondeur des gnocchi maison et la douceur régressive d’un boudin noir nous laissent sans voix. On ferme les yeux, confortablement assis dans notre chaise en osier. Depuis sa cuisine ouverte, Peter Orr (ex-Au Passage) puise dans des influences franco-italiennes pour régaler la salle lumineuse d’assiettes bistronomiques. Si les pâtes fraîches sont renversantes, on vient aussi pour les quilles natures et les légumes bijoux, directement récoltés dans le potager de Loire qui appartient aux propriétaires Loïc Martin et Edouard Bergeon (Martin). Surtout, ne change rien Robert.

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32, rue de la Fontaine au roi 75011 Paris


Bonnes adresses

Le Petit Grain

Paris

À quelques mètres du Grain Bain, le chef Edward DellingWilliams a ouvert, au printemps, une boulangerie artisanale qui aguiche le chaland avec des miches croustillantes. Alors, avec quoi le mitron fait-il son pain de campagne ? Du seigle, des noix et de la farine bio du Moulin de Chantemerle. Déjà la promesse de matins enchanteurs. À côté des bocaux de granola maison, un bouquet de pimpantes renoncules orne l’étagère mais le butin le plus précieux se trouve derrière la vitrine, à l’abri des mains baladeuses. La liste des trésors franco-anglais est longue : croissants au levain, beignets dodus à la vanille, tartes Bakewell aux amandes et framboises, roulés à la cannelle hypnotisants et du salé aussi avec les focaccie tomates et romarins. On est prêts à parcourir des kilomètres pour faire comme si Le Petit Grain était notre pâtisserie de quartier.

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7 Rue Denoyez 75020 Paris


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Bonnes adresses


Bonnes adresses

Galerie Zeuxis

Paris

Après avoir grimpé les marches d’un escalier en colimaçon, on foule le sol en terrazzo pastel et on se retrouve nez-à-nez avec les sculptures enchevêtrées de Victoire d’Harcourt. Dans cette galerie fondée par Amélie du Chalard, l’art se vit naturellement et les œuvres ponctuent les pièces, de l’entrée au salon et de la chambre à la salle de bain. Peintures, gravures, mobiles, photographies, vidéos : toutes célèbrent l’abstraction sans se rendre inaccessibles, elles sont avant tout de belles pièces à exposer chez soi. À la manière d’un musée, l’espace décloisonné donnant sur une cour intérieure mérite à lui seul que l’on vienne sillonner entre ces objets d’art.

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8 rue Clauzel 75009 Paris


® Lieu : Margaux Roy / Cocktail : Christophe Meireis

Bonnes adresses

Combat

Paris

Ce bar à cocktails s’est vite fait une place sur les hauteurs du quartier de Belleville dont il a pris le nom pour rappeler la lutte des femmes dans l’égalité. Pas étonnant, on retrouve derrière le comptoir en inox trois anciennes de l’Experimental Cocktail Club : Elena Schmitt, Margot Lecarpentier et Elise Drouet. Ici, pas de déjà-bu, la courte carte fleure toujours les belles promesses. On se rappelle, par exemple, de ce soir où on avait siroté un étonnant cidre au sirop de fruit de la passion et au rhum. La dernière fois, c’est le Rhydypandy, un mélange anisé (tequila, jus de fenouil frais, sirop d’érable bio et jus de citron) qui a trouvé grâce à nos yeux. À chaque venue, son lot de découvertes et on est tout à fait prêt à s’engager dans une bataille millénaire pour ce genre de bons cocktails.

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63 Rue de Belleville 75019 Paris


Bonnes adresses ® Studio be-poles

Le Barn

Bonnelles

Court sur pattes et vif comme l’éclair, Clark, un basset fauve de Bretagne, se précipite vers nous. La mascotte de l’hôtel tenait à nous accueillir personnellement au Haras de la Cense, nous le suivons à la trace. William Kriegel, passionné d’équitation, avait acheté la propriété bordée de chênes centenaires au début des années 1990, il a ensuite souhaité la transformer en auberge tendance, avec l’aide de son complice Édouard Daehn. Le corps de ferme, son moulin et ses granges de pin ont été entièrement repensés par le studio parisien be-pôles. Les chambres épurées mais chaleureuses prennent des airs de refuge et s’ouvrent sur l’étang. Depuis la berge, un homme pêche à la mouche et brandit fièrement un poisson argenté : les enfants accourent pour observer le butin. Le séjour, arrosé au rosé, est ponctué de tournois de pétanques, de balades en forêt, de cours de yoga et de cuisine, et des grandes tablées sous la tonnelle qui sera bientôt recouverte de vigne vierge. Dans cette bulle, on peine à croire que Paris est seulement à quelques dizaines de kilomètres d’ici. 129

Le Moulin de Brétigny 78830 Bonnelles


Playlist

La playlist de l'été Destin —­­ Le soleil brille Marlon Williams —­­ What's chasing you Harumi —­­ Fire by the river Rodrigo Amarante —­­ Tuyo Monty Norman —­­ Under the mango tree I The beach boys —­­ Vegetables The Velvet Underground —­­ Who loves the sun Georges Moustaki —­­ Les eaux de mars Tim Dup —­­ Soleil noir Edoardo Vianello —­­ Guarda Come Dondolo Polo & Pan —­­ Plagée isolée (soleil levant) Françoise Hardy —­­ Le temps de l'amour Bon Voyage Organisation —­­ Goma Luwten —­­ Go honey LUMP, Laura Marling —­­ Curse of the Contemporary Donna Blue —­­ Sunset Blvd Concrete Knives —­­ The Lights Alex Ebert —­­ Broken Record Isaac Delusion —­­ Couleur menthe à l'eau Flavien Berger —­­ Brutalism

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Retrouvez-nous en ligne ! Chaque numéro de Mint est téléchargeable en version numérique sur notre site Internet.

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Découverte

Fondé à St-Tropez en 1971 132


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