DOSSIER DE PRESSE
théâtre - première mondiale No se registran conversaciones de interés Roger Bernat | Espagne 16 et 17 décembre 2016 au MuCEM - Marseille contact presse : Festival Les Rencontres à l’échelle Benoît Paqueteau 06 66 08 71 37 04 91 64 60 00 communication@lesbancspublics.com
LES RENCONTRES À L'ÉCHELLE
No se registran conversaciones de interés Aucune conversation digne d’interêt
Roger Bernat PREMIÈRE MONDIALE
vendredi 16 décembre à 20h30 samedi 17 décembre à 20h30
durée estimée : 1h15 tarif : 15€ (réduit 11€)
Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée Auditorium Germaine Tillion 7 promenade Robert Laffont 13002 Marseille
réservations : 04 91 64 60 00 lesrencontresalechelle.com mucem.org + installation de l’artiste dans le forum du MuCEM du 16 au 24 décembre - entrée gratuite
conception et direction Roger Bernat dramaturgie Roberto Fratini avec Marion Bottollier, Sharmila Naudou, Josep Maria Riera, Lili Sagit et les membres de la compagnie Daha-Wassa de Rabat : Zineb Ennajem, Abderrahim Tamimi, Salma Mokhtari, Soufian, Ibtissam Kamal, Rachida Nait Belaid, Mouhcine Malzi, Naima Oulmakki, Reda Benaim, Yassine Sekka, Mohamed Assal, Saifeddine Ait Moussa vidéo Txalo Toloza son Carlos Gómez logiciel J.M.Berenguer coordination générale Helena Febrés Fraylich
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coordination au Maroc Arts i Love et Ahmed Hammoud traductions et transcriptions Anne-Sophie Pinard, Anne Bats et Charela Diaz voix off Gérald Escamilla, Chantal Aimée enregistrements vidéo du spectacle Ricard Terés remerciements Julie Kretzschmar pour le casting, Laura Gutiérrez et DABATEATR de Rabat coproduction : MuCEM coréalisation : Les Bancs Publics / Les Rencontres à l’échelle
LES RENCONTRES À L'ÉCHELLE
LES RENCONTRES À L’ÉCHELLE
Création 2017 Comment déconstruire la forme de l’archive, lui donner une dimension à la fois artistique et politique ? Roger Bernat s’est procuré le dossier d’archives d’un procès de jeunes espagnols, soupçonnés d’être membres de l’Etat Islamique, qui s’est tenu à Madrid en 2012. A partir de cette matière, il a choisi de remettre en scène et en voix certains fragments. Dans son théâtre, dit-il, « il n’y a ni spectateurs, ni médiateurs. Il n’y a que des acteurs. » Le public est donc immergé dans la multiplicité des paroles et des points de vue. A lui d’écouter, de choisir, de redéfinir sa position et surtout de s’interroger... sur la construction des images et celle de son propore sens critique.
Le metteur en scène catalan poursuit son entreprise d’un théâtre de spect’acteurs-citoyens. Sa nouvelle création s’attache à la question du totalitarisme spectaculaire de Daech et de la représentation avec, au cœur, ces questions : Comment représenter le drame derrière les objets ? Comment montrer le drame derrière les images ? En 2012, plusieurs habitants de Ceuta, enclave espagnole au Maroc, ont abandonné leurs familles pour rejoindre la Syrie. Pendant les semaines qu’ils ont passées entre la Turquie et Damas, ils ont régulièrement appelé leurs proches. Leurs téléphones ainsi que leurs communications via Internet avaient été placés sur écoute par la police espagnole. L’ensemble de leurs conversations, tout comme les vidéos et sermons qu’ils ont visionnés sur leurs portables, furent enregistrés et versés au dossier de 12 000 pages de la procédure pénale engagée en Espagne. Ce procès a servi à condamner 11 personnes pour appartenance à un réseau de recrutement de l’État islamique. C’est le premier procès en Espagne contre des collaborateurs de l’État islamique.
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Extraits du texte Conversation* téléphonique entre Mustafa Mohamed Layachi, alias Pitis, se trouvant en Syrie, et Samra Mahamed Hamed, sa femme, se trouvant à Ceuta.
Conversation* téléphonique entre Mustafa Abdesalam, alias Tafo, se trouvant en Syrie, et Nayua, sa femme, se trouvant à Ceuta.
PITIS (à Samra, sa femme) : Il n’y a pas d’espoir parce que je ne pense pas revenir. Tu veux que je te donne de faux espoirs ? Tu veux que je te mente ? Que Dieu soit loué. Ça va bien se passer. Prie pour que Dieu m’accorde la faveur du martyre.
TAFO : Tu sais ce que je veux dire ? NAYUA : Non, je ne comprends pas. TAFO : Tu veux que je te mente ? NAYUA : C’est que c’est très dur…
Samra se met à pleurer. Pitis parle à sa fille. SAMRA : Tu parles comme si tu allais te tuer. Tu parles comme si tu allais te faire exploser… PITIS : Que Dieu veuille que j’y arrive. Et si je reviens…Que Dieu veuille que j’y arrive quand je reviendrai. SAMRA : Mais tu vas revenir ?
TAFO : Ce sera probablement ce week-end ou lundi, si Dieu le veut. Je t’ai déjà dit que là où je suis, il y a quatre-vingt-dix pour cent de chances de ne pas revenir vivant. J’ai passé ton numéro de téléphone à un garçon d’ici. Ils me connaissent sous le nom d’Abu Omar… S’ils appellent et disent à ton frère qu’Abu Omar… tu sauras que c’est moi. Tafo conclut la conversation en disant à Nayua qu’elle garde la maison ou qu’elle la vende, qu’elle garde aussi l’ordinateur, qui est à elle « qui que ce soit qui vienne », et qu’il l’aime beaucoup, qu’il espère être avec elle dans l’autre vie.
PITIS : Je reviendrai si la libération a lieu. SAMRA : Donc ? PITIS : Il faut que tu comprennes. S’ils me tuent, ce sera un honneur pour Lui et pour toi, parce que quand un moudjahidin meurt, on ne lui fait pas un enterrement, on n’exprime pas de condoléances, au contraire, on le félicite comme si c’était un baptême, on devrait te dire « félicitations ». Sois patiente… j’ai un rendez-vous au paradis, si Dieu le veut.
Nayua se met à pleurer et la conversation se termine.
Ils parlent de la mort récente de Whabi, un ami chauffeur de taxi, qui a été le premier du groupe à « arriver au paradis ». Wahbi vient de se jeter à bord d’un camion chargé d’explosifs contre une caserne militaire et a causé des dizaines de morts. SAMRA : Comment ça s’est passé ? Comment il est mort ? PITIS : Ils l’ont tué, c’est tout. Je ne peux pas parler de ça. Il a laissé un testament (une vidéo d’adieu). Prie pour que Dieu m’accorde la faveur du martyre. Dis à la mère de Wahbi qu’elle soit patiente et qu’elle célèbre ça, parce qu’il est béni maintenant. La mère de Wahbi prend le téléphone. PITIS (à la mère de Wahbi) : Dieu lui a accordé la faveur du martyre et il adorait ça, il aimait être un martyr. Il est dans la vérité. Priez pour nous pour que Dieu, le Grandiose, veuille que nous réussissions comme lui. Ton fils a laissé un testament et nous te l’enverrons. Dieu le récompensera. Samra prend le téléphone pour dire au revoir à Pitis. PITIS : Demandez à Dieu de faire que nous réussissions nous aussi.
Pitis et Tafo sont morts en perpétrant des attentats suicides en Syrie le 26 juin 2012. Le téléphone de leurs parents et de leurs veuves n’a pas sonné jusqu’au 16 et 17 juillet de la même année. « Ils sont mariés. » Marié, dans le langage jihadiste, est synonyme de martyr.
* Conversations parues dans le journal El País le 1er novembre 2015. Article signé par José María Irujo.
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Roger Bernat Né en 1968, Roger Bernat se tourne vers le théâtre après des études d’architecture. Il fonde et dirige le collectif General Elèctrica, centre de création et de danse qu’il quitte en 2001 afin de se consacrer à l’écriture et à la mise en scène. Artiste atypique, ilcrée plusieurs spectacles avec des “ non -acteurs” en basant son travail sur les petits actes du quotiodien. Il a créé 10.000 kgs et Confort Domèstic, en 1998, Flors en 2000, Bona Gent, en 2003, Amnèsia de fuga et LA LA LA LA, en 2004, ou encore Le sacre du printemps en 2010. Avec Domini Public et Pendiente de voto (présenté au MuCEM en 2012), Roger Bernat développe un théâtre immersif et participatif. L’œuvre repose sur la participation du public dont les décisions et actions influencent le cours et le contenu de la pièce. Ces créations intègrent les paysages humains et sociétaux dans lesquels elles se déroulent et invitent à une réflexion artistique et politique. C’est dans cette même démarche qu’il crée Numax-Fagor-plus. Furieusement indiscipliné, il fait de l’humour et de la légerté, des armes de résistance au conformisme créatif. www.rogerbernat.info
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LES RENCONTRES À L’ÉCHELLE
Rencontre L’archive, entre brèche et saisie. samedi 17 décembre 2016 à 17h30 au Forum - MuCEM entrée libre Avec Philippe Artières Historien et directeur de recherche au CNRS Isabelle Barbéris Maître de conférences en arts vivants – Université Sorbonne Paris Cités et chercheur au CNRS et Roberto Fratini dramaturge de la compagnie Elèctrica produccions Modération par Nicolas Féodoroff (critique d’art et de cinéma, enseignant, programmateur au FID). Cette table ronde-rencontre questionne les usages de l’archive dans les arts : quelles sont les perspectives offertes par ce « matériau » pour les artistes ? En quoi la création artistique permet-elle une relecture et une perception nouvelle de l’archive ? Il s’agit de traiter des usages de l’archive, de s’interroger sur leur emploi, leur modalité, leur force de décentrement, et tout aussi bien, en retour, de voir en quoi la pratique artistique permet une lecture et une perception autre. Donc de tisser des fils et dessiner les mouvements dialectiques que peut générer ce «matériau». L’un des axes de cette rencontre sera de réfléchir à ce que l’archive a de performatif dans la création.
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contact presse : Festival Les Rencontres à l’échelle Benoît Paqueteau 06 66 08 71 37 04 91 64 60 00 communication@ lesbancspublics.com
Manifestation pluridisciplinaire et internationale dont la 11e édition se déroule entre le 15 novembre 2016 et le 13 janvier 2017, Les Rencontres à l’échelle s’inscrivent à la Friche la Belle de Mai dans laquelle Les Bancs Publics, structure de production, est résidente. Habitée par des artistes dont l’engagement est parfois – au sens propre du terme – vital, cette édition est éclairée par des regards croisés qui nous parviennent depuis l’Egypte, la Syrie, l’Afrique-du-Sud, Israël, l’Algérie, l’Espagne, l’Iran.
www.lesrencontresalechelle.com Médias partenaires de la 11e édition des Rencontres à l’échelle
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