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Quel avenir pour la production audiovisuelle française ?

Pour cette 27ème édition du Prix du producteur français de télévision de la Procirep, Ecran total a demandé aux 29 producteurs et productrices en lice, représentant 15 structures, de donner, pour leurs champs respectifs, leur vision de l’évolution de la production audiovisuelle française pour les cinq ans à venir.

Animation

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H L’animation française a tout intérêt à renforcer les dispositifs publics existants (CNC, régions, crédits d’impôt) qui ont prouvé leur vertu et qui font du secteur l’un des principaux acteurs à l’échelle mondiale. Il est important surtout de revoir urgemment les accords signés par l’Arcom avec les plateformes en dépit du bon sens et au mépris des discussions bien avancées avec les syndicats de producteurs, qui réduisent à peau de chagrin leurs obligations dans l’animation et qui pourraient avoir un impact négatif dans les années à venir au lieu de l’appel d’air attendu en production. Et il reste tout (ou presque) à inventer côté cinéma, notamment au CNC, si l’on souhaite, politiquement, faire du long métrage d’animation un étendard français au même titre que les séries. Côté contenus, l’engouement ressenti pour l’animation adulte se confirme- elle est pour l’instant soutenue de loin par quelques plateformes. On espère convaincre les diffuseurs traditionnels de la pertinence de nous accompagner sur ce secteur en pleine évolution.

Nicolas Schmerkin (Autour de Minuit)

H Sur ces cinq prochaines années, la production d’animation française va continuer à se développer à l’international de manière forte et volontaire car les entreprises du secteur sont solides et leurs productions sont déjà identifiées sur ce marché global. Les bases historiques qui ont amené la production française à ce niveau sont connues : la France pays d’images, de conteurs (BD, cinéma, peinture, animation…), un CNC et des diffuseurs locaux partenaires et efficaces, et des écoles pourvoyeuses de talents, qu’ils soient animateurs et/ou réalisateurs. On peut citer également une maîtrise technique historique des outils numériques, une reconnaissance de notre savoir-faire auprès des plateformes, un festival de référence comme celui d’Annecy, une production continuelle de courts métrages originaux, ou encore des studios capables de concevoir des longs métrages à succès, que ce soit en délégué ou pour des majors américaines, et qui portent ainsi vers le haut l’industrie de la série. L’ensemble de ces paramètres permet un dynamisme sans cesse renouvelé et porteur de perspectives réjouissantes pour le secteur de l’animation française !

Lionel Fages et Majid Loukil (Cube Creative Productions)

H Le marché international de l’animation est engagé dans une forte croissance, y compris sur le segment où l’animation était historiquement la plus discrète – celui des programmes destinés aux adultes. Cette tendance accompagne l’évolution de la demande des spectateur.ices, qui s’ouvrent à un éventail de plus en plus large de propositions. La délinéarisation de la diffusion des œuvres permet de s’adresser à tous les publics, de tous les âges, et d’exposer des contenus de tous formats. Ainsi, cette révolution conduit les plateformes comme les chaînes de télévision à réinterroger la typologie des œuvres d’animation qu’elles montrent. Et c’est une véritable aubaine pour la diversité, puisque les auteur.rices peuvent dorénavant créer sans contrainte de cible et de format, et être en conséquence toujours plus centraux.ales dans la production audiovisuelle d’animation. Ce qui ne peut que nous réjouir, nous qui, chez Miyu, plaçons l’auteur.rice et ses intentions au cœur de nos stratégies et processus, à toutes les étapes de production de nos projets.

Pierre Baussaron et Emmanuel-Alain Raynal (Miyu Productions)

H Mes capacités d’anticipation sont modérément fiables. Quand j’ai créé Xbo au début des années 2000, j’ai choisi l’animation traditionnelle au moment où s’amorçait sa quasi disparition au profit de l’animation numérique. Je suppose par ailleurs que l’échéance électorale imminente va peser lourdement sur l’évolution de la production audiovisuelle de ces cinq prochaines années. Et que si, par malheur, l’un.e des candidat.e.s qui préfèrent fustiger les différences, les métissages et les brassages de cultures, plutôt que d’en célébrer la richesse, venait à être élu.e, nos prévisions s’en trouveraient méchamment bousculées. Quoi qu’il en soit, j’ai l’impression qu’avec l’évolution des canaux de diffusion et le remplacement progressif des chaînes de flux par les plateformes en ligne, les formats de programmes évoluent. Ils semblent s’élargir, donnant à l’animation plus de liberté dans ses modes d’expression et dans sa possibilité de s’adresser à une plus grande variété de publics. Mais je pense que pour ce qui nourrit et motive principalement les productions d’Xbo - les expressions graphiques atypiques, le court métrage, l’expérimentation- il va falloir encore nous battre pour faire exister et diffuser nos oeuvres.

Luc Camilli (Xbo Films)

Documentaire

H La production audiovisuelle française va continuer à se transformer… Les plateformes américaines bousculent la concurrence à la fois en termes d’audience et de production, notamment sur les contenus originaux haut de gamme et sur les créations documentaires locales ou globales. Tous les acteurs du secteur doivent désormais compter avec cette ›

concurrence, qui génère un mouvement d’adhésion et d’intérêt pour le genre, avec de nouvelles écritures, de nouvelles attentes (et d’une manière parfois déroutante), de nouvelles méthodes de travail… Malgré ces évolutions encourageantes, le documentaire reste fragile et sous-financé, alors que ses audiences augmentent et que ses succès se multiplient, sur tous les écrans. Nous espérons que cette reconnaissance contribue à cultiver une vraie diversité d’offre et aide à revaloriser rapidement les investissements dans le genre. En ce qui nous concerne, nous continuerons à développer et à produire, avec la plus grande exigence et une forte ambition, de nouveaux programmes destinés au marché français et à nos partenaires à travers le monde.

Hind Saih et Dominique Barneaud (Bellota Films)

H Le documentaire linéaire et unitaire tel que nous le connaissons depuis plusieurs décennies est bientôt derrière nous. Ces prochaines années nous promettent encore davantage de « délinéarisation » avec l’émergence toujours plus accrue des documentaires numériques (il faut s’en réjouir !) et l’éruption foudroyante des plateformes qui sont déjà d’importants diffuseurs de documentaires. En parallèle, nous faisons face depuis déjà plusieurs années à une concentration des acteurs audiovisuels et à une logique de groupe toujours plus notable. C’est au cœur de ces bouleversements structurels, et face au risque d’uniformisation des récits que peuvent produire certaines logiques de marché, que nous voulons continuer à défendre la production indépendante dans les années à venir – en accompagnant des regards d’auteurs singuliers – et profiter de la mutation des usages pour proposer de nouvelles formes documentaires favorisant l’hybridation des genres.

Emmanuel François et Alice Mansion (Brotherfilms)

H Faisons un rêve dans ce moment de grandes transformations que nous vivons actuellement, avec l’arrivée de nouveaux acteurs que sont les plateformes américaines. Il nous paraît essentiel de préserver notre exception culturelle, avec une proposition documentaire forte, diverse, à la portée si souvent internationale, qu’elle soit cinématographique, audiovisuelle, sur les chaînes de télévision classiques ou sur internet. Nous envisageons le documentaire dans sa dimension démocratique, fédératrice, accessible à toutes les générations ou classes sociales, à même de satisfaire l’appétit de l’érudit comme la curiosité du novice. Pour ce faire, notre maître-mot est l’indépendance afin de renforcer la diversité des regards d’auteurs, tant sur la forme que sur le fond. Son corollaire est la puissance de l’audiovisuel public qui permet de faire émerger des talents et est aussi le gage d’une industrie audiovisuelle forte, créatrice d’emplois et d’innovations. Voilà ce qui nous anime aujourd’hui et sera notre moteur pour les cinq prochaines années.

Vivien Meltz, Karina Si Ahmed et Guillaume Allary (Hauteville Productions)

H Dans les cinq prochaines années, nous, producteurs indépendants de documentaire, devons en priorité renforcer nos accords avec les diffuseurs historiques : France Télévisions, Arte et Canal+. Soyons fort ensemble pour proposer des œuvres à la fois ambitieuses et grand public et continuer à offrir ce regard éclairé sur le monde qui n’existe nulle part ailleurs. Les plateformes mondialisées ne cessent de se développer. Nous, producteurs français, devons redoubler de créativité pour proposer des documentaires innovants capables de toucher des publics plus jeunes et plus internationaux en attente d’autres codes. Réinventons-nous. Remettons-nous en question. Imaginons de nouvelles narrations car Netflix, Prime et Disney+ sont une formidable opportunité de développement pour toute la filière de création. Mais cela ne sera possible qu’avec l’appui des pouvoirs publics défendant de réelles obligations de production en France, y compris en documentaire.

Loïc Bouchet et Thibaut Camurat (Les Bons Clients)

H D’ici cinq ans, les gros aurontils avalé les petits ? Ainsi pourrait-on résumer les enjeux qui se présentent à nous, producteurs indépendants. L’offre devient pléthorique, les canaux numériques se multiplient, les géants se concentrent et déploient des moyens phénoménaux. Notre extinction semble toute programmée. C’est pourtant l’inverse qui va se produire. Plus l’offre abonde, plus l’œil et la culture des spectateurs se forgent. Plus les projets disruptifs, radicalement nouveaux et exigeants, ont des chances de percer. Combien de succès fulgurants résultent de projets « qu’on n’avait pas vu venir » ? Dans ce contexte, les producteurs indépendants, fonctionnant comme des artisans, ont une formidable carte à jouer. Notre rôle d’apporteurs d’idées, de révélateurs de talents, s’avère plus précieux que jamais. Valorisons notre savoir-faire, continuons d’insuffler du courage à ce métier, réinventons des alliances : nous allons durer, on viendra nous chercher !

Matthieu Belghiti et Jean-Xavier de Lestrade (What’s Up Films)

H La production documentaire fait face à une révolution, l’arrivée des plateformes SVOD sur le marché français et européen. Cette nouvelle donne est une chance et un défi. D’un côté, il y aura plus d’argent disponible pour le documentaire même si ce genre reste très minoritaire dans leurs investissements. Ce nouveau marché sera très disputé et, de facto, accessible à peu de producteurs. Le vrai défi est constitué par la pression que ces nouveaux acteurs imposent aux diffuseurs historiques qui doivent s’adapter à cette nouvelle concurrence dans un contexte de financement de l’audiovisuel public de plus en plus précaire. Pour les producteurs, cela implique une grande dextérité dans la recherche de financements complémentaires, en France comme à l’international, d’autant que l’appétit grandissant de tous les diffuseurs pour des droits non-linéaires de plus en plus longs et étendus en termes de territoires ou d’exclusivité met à mal le principe de territorialité et de segmentation des droits, à la base du cofinancement documentaire. Les producteurs sont amenés à évoluer dans leur capacité à naviguer dans une jungle constituée de partenaires potentiels nouveaux, multiples et en constant changement. Être producteur signifie dans ce contexte être flexible et curieux, toujours à la recherche de nouveaux partenaires, ›

capable aussi d’attirer de nouveaux talents vers des nouveaux formats documentaires.

Fabrice Estève et Christian Popp (Yuzu Productions)

Fiction

H Au-delà des questions actuelles et cruciales de la production indépendante entrepreneuriale versus les grands groupes audiovisuels, nous pensons que la compétence et le talent du producteur ou de la productrice en tant que personne physique reviendra au centre du jeu. Un bon projet restera la bonne alchimie entre auteur – réalisateur – producteur – diffuseur et où la place et l’apport de chacun sera valorisé. Les plateformes rebattent aujourd’hui les cartes. Dans cinq ans, les positions de chacune seront un peu plus stabilisées. Il s’agira peut-être moins de recruter que de conserver leurs abonnés ou leur public. La production audiovisuelle pourra alors offrir une large diversité de propositions dans tous les sens du terme. Ce sera bon pour la création et permettra à la France de s’imposer davantage dans le paysage mondial de l’audiovisuel comme un pays majeur avec sa touche particulière.

Mathieu Van de Velde et Augustin Bernard (Black Sheep Films)

H Dans les prochaines années, le mouvement de concentration du secteur audiovisuel va se poursuivre. Le marché va se structurer autour d’un petit nombre de groupes mondialisés, soit autonomes, soit affiliés à des diffuseurs, qui intégreront, au fur et à mesure de leur développement, les « petits » producteurs indépendants les plus dynamiques. La concurrence également mondialisée entre plateformes pour diffuser les « meilleures séries originales » va inévitablement conduire à une course aux talents et à une augmentation généralisée des coûts de production, impliquant de lever des financements toujours plus importants, notamment à l’international. Les « purs indépendants » comme Escazal n’auront pas cette capacité et devront nouer, a minima, des accords ponctuels avec les grands groupes ou, à défaut, jouer les producteurs exécutifs pour les plateformes, ce qui n’est pas une perspective très réjouissante. En tout cas, il sera de plus en plus difficile de rester totalement indépendant.

Sophie Révil et Denis Carot (Escazal Films)

H Nous accueillons de plus en plus de projets de série, qu’il nous importe de choisir pour leur couleur, leur identification possible avec un diffuseur exigeant. Nous espérons que la collaboration avec les plateformes s’accentuera et permettra de créer de nouveaux formats, de mettre en place un système vertueux de collaboration entre diffuseurs et producteurs, toujours capitale à la fois en termes d’expérience et d’exigence. De toute évidence, il nous semble voir émerger un décloisonnement des genres et des contraintes sur la série, ce qui est plaisant ! Côté documentaire, il nous semble important que les plateformes s’emparent en France de cette forme de création, comme elles l’ont fait ailleurs. On voit naître des formats originaux et nous espérons que cela continuera ! Le web prendra aussi une place de choix dans cette production nouvelle, à la fois pour les séries et les documentaires, permettant de diffuser de nouvelles formes de création au plus proche des enjeux et du public actuels.

Yaël Fogiel et Laetitia Gonzalez (Les Films du Poisson)

H Nous vivons encore un âge d’or des séries… La multiplication des plateformes, globales et locales, va continuer à entretenir l’augmentation et la formidable diversification de la demande de séries et de films. Et la tentation d’une relation directe des auteurs avec les streamers va se développer. Mais pour combien de temps ? La compétition pour obtenir une place dans le marché du streaming va, à un moment, se rationnaliser ; il y aura des gagnants et des perdants et un choc de retour au réel – celui de la capacité du public à absorber cette production. Entretemps, les auteur.e.s auront assis la place centrale qu’ils méritent dans leurs projets, notamment de séries, mais trouveront aussi sans doute des alliances durables avec des producteurs.trices pour faire face à la complexité du processus créatif et de la fabrication de séries, et garder la main sur le cœur et le calendrier de leurs projets. Les diffuseurs classiques resteront, s’adapteront, à condition pour les services publics que les moyens leur en soient donnés (cf. les récents débats suisses et anglais). In fine, le besoin de récits sériels pour comprendre notre monde en changement rapide, d’art pour le partager et aimer y habiter, et de qualité, restera très puissant.

Harold Valentin, Aurélien Larger et Simon Trouilloud (Mother Production)

H Je pense que nous irons de plus en plus vers des fictions à la valeur de production importante, les spectateurs y étant désormais habitués. D’autant plus que ce n’est pas au niveau des récits que nous allons réinventer la roue. Nous raconterons toujours les mêmes histoires (d’amour et d’amitié, de trahison, de vengeance, etc.), comme c’est le cas depuis la Grèce antique. Mais nous les raconterons différemment, avec une grammaire plus moderne. Elles se dérouleront dans un monde qui change à grande vitesse, plus inclusif, plus averti et concerné, plus connecté aussi. Ces histoires éternelles et toujours renouvelées seront mises en image avec un souci de perfection élevé, avec des castings renouvelés, plus représentatifs de notre société. Ces productions exigeront des budgets conséquents, nous allons donc être challengés au niveau de la recherche de financements complémentaires, avec notamment un modèle d’association entre chaînes linéaires et plateformes SVOD, ou encore de préachats sur scénario par des diffuseurs / plateformes étrangers.

Iris Bucher (Quad Drama)

Focus sur les 18èmes Prix de l’export audiovisuel d’Unifrance

HRemis lors de la cérémonie de la Procirep, ces Prix témoignent de la vitalité des sociétés de distribution internationale françaises.

Lors de la 27ème édition du Prix du producteur français de télévision de la Procirep, Unifrance remettra ses 18èmes Prix de l’export audiovisuel. Ces deux dernières années, à cause de la crise sanitaire, ces prix avaient été remis en ligne, lors du Rendez-vous, le marché dédié à la création audiovisuelle française, organisé par Unifrance. Or, auparavant, ils avaient toujours été décernés lors de la cérémonie de la Procirep. Unifrance renoue donc avec une habitude qui lui tient à cœur. “Nous sommes heureux de retrouver ce partenariat, indique Hervé Michel, vice-président d’Unifrance. Cela rappelle aussi à quel point le tandem producteur-distributeur est indispensable pour dynamiser la diffusion des œuvres audiovisuelles françaises ». Les nommés ont été choisis selon un barème de points mettant en valeur les structures qui se sont particulièrement démarquées pour faire rayonner leurs programmes. Au final, un comité d’acheteurs étrangers et de journalistes de la presse professionnelle internationale désignera les lauréats. Sarah Hemar, directrice générale adjointe d’Unifrance, en charge de l’audiovisuel et du numérique, commente la sélection : “Celle-ci montre la qualité des contenus français et leur diversité. On y trouve aussi bien des nouveautés que des programmes qui se sont installés dans la durée.” Hervé Michel conclut : “Ces oeuvres, plébiscitées à l’international, sont à l’origine des succès d’audience en France. Cela prouve bien que notre création parle à la fois aux publics français et étrangers.” L. F.

Les nommés Animation

H Millimages pour Molang – saison 1 (52 x 3’30). Production : Millimages, Canal+, Piwi+, Teidees (Espagne), Hayanori. Réalisatrices : Marie-Caroline Villand, Stéphanie Miziak. Premier diffuseur français : Piwi+. H Mediatoon Distribution pour Garfield & Cie – saison 1 (52 x 11’). Production : Dargaud Media. Réalisateur : Philippe Vidal. Premier diffuseur français : France 3. H Federation Entertainment pour Ollie & Moon – saison 1 (52 x 11’). Production : Cottonwood Media. Réalisateur : Florian Thouret. Premier diffuseur français : France 4.

Documentaire

H Arte Distribution pour Dr. Jack et Mr. Nicholson (52’). Production : Morgane Production, Arte France. Réalisatrice :

Hervé Michel.

Emmanuelle Nobécourt. Premier diffuseur français : Arte. H Mediawan Rights pour Kubrick par Kubrick (60’). Production : Temps Noir, Telemark (Pologne). Réalisateur : Grégory Monro. Premier diffuseur français : Arte. H Arte Distribution pour Toutankhamon, le trésor redécouvert (52’, 90’). Production : Iliade Productions, Arte France. Réalisateur : Frédéric Wilner. Premier diffuseur français : Arte.

Fiction

H Newen Connect pour HPI – saison 1 (8 x 52’). Production : Septembre Productions, Itinéraire Productions. Réalisateurs : Vincent Jamain, Laurent Tuel. Avec : Audrey Fleurot, Mehdi Nebbou, Marie Denarnaud, Bruno Sanchez, Cypriane Gardin. Premier diffuseur français : TF1. H France tv distribution pour Dix pour cent – saison 3 (6 x 52’). Production : Mon Voisin Production, Mother Production. Réalisateurs : Laurent Tirard, Jeanne Herry, Antoine Garceau. Avec : Camille Cottin, Thibault de Montalembert, Grégory Montel, Liliane Rovère, Assaâd Bouab. Premier diffuseur français : France 2. H Gaumont pour L’Art du crime – saison 1 (6 x 60’). Production : Gaumont Télévision. Réalisateurs : Charlotte Brändström, Eric Woreth. Avec : Nicolas Gob, Éléonore Bernheim, Philippe Duclos. Premier diffuseur français : France 2.

Sarah Hemar.

HLa 24ème édition de festival de Luchon marque un nouveau souffle pour la manifestation pyrénéenne. Une renaissance placée sous le signe de la francophonie grâce à un partenariat avec l’Union Francophone dont le président, Christian Cappe, n’est autre que le fondateur historique du festival. De retour aux manettes, ce dernier a repensé en profondeur le festival des créations télévisuelles, rebaptisé Festival TV de Luchon dans un souci de simplicité. L’événement s’appuiera cette année sur trois piliers majeurs ; la fiction, avec l’organisation de débats inspirés des mythiques Dossiers de l’écran dans la foulée des projections ; le documentaire, plus présent que jamais avec dix trophées en compétition ; et enfin les Rencontres professionnelles, deux jours de réflexion entre experts du secteur qui aboutiront à la publication d’un Livre blanc répertoriant les meilleures propositions à caractère opérationnel. Un millier de professionnels et environ 13000 spectateurs sont attendus au long de la manifestation, qui se tiendra du 7 au 13 février.

La transformation du festival intervient dans le cadre plus général d’un vaste plan d’investissement au cœur de la ville...

Tout à fait. Il s’agit d’un investissement total de 120 M€ sur trois ans, ce qui est considérable pour une ville de 2300 habitants. 35 M€ iront à la rénovation des thermes et thermoludisme, avec notamment une nouvelle piscine panoramique face à la montagne. A partir d’avril sera également mis en place un nouveau téléporté entre le centre-ville et la station Super Bagnères pour 18 millions d’euros. La cerise sur le gâteau sera la rénovation de la voie ferrée qui va amener à Luchon, à partir de 2023, le premier train à hydrogène en France. C’est un cas unique en France, mais qui s’explique par la situation géographique de la ville, qui elle aussi est unique ! Le potentiel de développement, au cœur des Pyrénées, est colossal.

Dans quelle mesure cette manne va-t-elle profiter au festival ?

Ce contexte de croissance annoncée nous a aidé à totalement repenser le festival. Nous sommes partis des points forts de la manifestation, que je connais pour l’avoir créé. Le point fort de Luchon, c’est d’abord la médiatisation que nous offrons aux œuvres présentées. La première idée était donc de créer le contexte événementiel idéal pour mieux les promouvoir avant leur sortie antenne. Nous avons décidé, avec nos comités de consultation et notamment Dominique Besnehard, dont je suis très proche, de faire de Luchon pour la télévision ce que peut être le festival d’Angoulême pour le cinéma. Là est notre axe stratégique fort, avec l’histoire d’une femme assassinée par son mari après avoir pourtant maintes fois déposé plainte. Au même moment, une femme qui subissait le même sort a été sauvée grâce à la mobilisation née de ce premier meurtre... Ce traitement, pour la fiction comme pour le documentaire, rend le festival complètement unique.

Vous lancez également des Rencontres professionnelles, à l’issue desquelles sera publié un Livre blanc. Avec quel objectif ?

Nous ne voulions pas nous contenter de rencontres publiques sans lendemain, mais que ces dernières puissent être à l’origine de propositions concrètes. Une publication sera remise aux autorités et distribuée, en France et à l’international, avec des thèmes comme la diversité ou la création de valeur dans les différents genres de programmes. L’idée est de réunir ces propositions pour plus de valeur ajoutée économique et sociétale dans le secteur de l’audiovisuel. Nous avons sept groupes de travail qui vont se réunir. Leurs conclusions pour les cinq années à venir seront dévoilées en séance plénière, retransmise en direct sur le net.

Ces innovations suffiront-elles à faire exister le festival face à des manifestations comme La Rochelle, Séries Mania Lille ou Canneseries ?

Nous n’avons pas besoin de nous distingue, nous sommes déjà le seul festival organisé à la montagne ! Chez nous, on ne sert ni bouillabaisse ni moule-frites. On préfère la bonne nourriture traditionnelle des Pyrénées bien connue dans le sud-ouest. Plus sérieusement, ça n’a l’air de rien, mais c’est un facteur important parce qu’une fois qu’on entreprend la démarche de venir, on n’a plus envie de rentrer, ce qui est totalement propice au réseautage. Cette capacité à faciliter le réseautage qui constitue l’un de nos points forts. Les déjeuners en altitude sont un grand moment d’échange et de partage plébiscité par les professionnels. Nous avons d’ailleurs décidé cette année d’organiser également tous les dîners pour les festivaliers, qui ne seront plus livrés à eux-même en soirée. Chacun pourra, s’il le souhaite, participer à des dîners organisés dans différents restaurants de la ville. Quand le festival a été créé, il était le pendant hivernal de celui de La Rochelle, lancé la même année. Nous étions globalement très complémentaires, à six mois d’intervalle. Notre avantage, c’est aussi d’être le premier festival fiction de l’année civile. Nous ouvrons le bal chaque année. Dorénavant, nous sommes aussi le seul événement du genre centré sur la francophonie. Qu’on se le dise : Luchon revient sur la carte des festivals !

© MARC FAGET

Christian Cappe

« Luchon revient sur la carte des festivals ! »

également la volonté de se développer à l’international, dans l’espace francophone. Nous nous appuyons aussi sur des sélections rigoureuses, avec trois étapes de présélection et des comités comprenant des représentants de tous les métiers de la profession, et enfin un jury souverain. Historiquement, les programmes sacrés à Luchon deviennent des succès d’audience lorsqu’il arrivent à l’antenne. Nous voulons que cela perdure.

Parmi les nouveautés de cette année figure l’organisation de débats dans la foulée des projections...

Nous avons en effet décidé de développer des débats directement inspirés du format historique des Dossiers de l’écran, avec une diffusion en direct sur le net. Ils traiteront de thèmes très actuels, comme ce qui est en train de se passer entre la Chine, les Etats-Unis et l’Australie, à l’occasion d’un documentaire d’Arte sur ce sujet. Sera présent notamment un dissident chinois vétéran de Tian’anmen. Le tout sera animé par un journaliste de Mediapart spécialiste des relations internationales. Les autres débats seront dans le même esprit, avec des thèmes d’actualité parfois difficiles comme celui qui suivra notre film d’ouverture, Mise à nu, sur le cyber harcèlement. Je pense aussi au film de M6 Elle m’a sauvé, qui raconte

Propos recueillis par Raphaël Porier

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