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Revue de presse
En bref… Les femmes à l’écran, la face cachée Europe Créative Media: du cinéma
lancement officiel en France
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H Le nouveau programme Europe Créative a été lancé officiellement en France le 4 juin en présence de la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot. Les premiers appels à projets sont publiés. Roselyne Bachelot s’est réjouie de la hausse significative du budget consacré à cette nouvelle mouture du programme, qui, d’ici à 2027, dépassera les 2,4 Md€, soit une hausse de 63 % par rapport à la période précédente. La ministre a aussi assuré que la présidence française de l’UE, au premier semestre 2022, serait l’occasion de “renouveler notre engagement pour une Europe de la culture, plus forte, plus ambitieuse, plus responsable, plus égalitaire”. Parmi les axes de cette présidence figurera “l’affirmation de notre souveraineté culturelle, la défense du pluralisme des médias, la promotion de la diversité culturelle et linguistique.” Dans un message enregistré, la commissaire européenne à la Culture Mariya Gabriel a souligné qu’“il faut retrouver des forces, soutenir les artistes, consolider les organisations et retisser les partenariats européens.” Pour son collègue Thierry Breton, chargé du Numérique, le programme va “aider les professionnels à se reconstruire et à faire face aux nouveaux enjeux très profonds induits par le numérique, la transition verte et la concurrence internationale.” Lucia Recalde, qui dirige le soutien à l’industrie audiovisuelle à la Commission européenne, a souligné que le nouveau programme s’appuierait “sur les succès des programmes précédents dont on fête aujourd’hui les 30 ans. (…) On a mis l’accent sur la dimension européenne du programme ; cela se traduit (…) notamment au niveau de la création avec un soutien plus décisif aux coproductions.” Une quinzaine d’appels à propositions sont en cours de lancement. Pour aider le secteur à surmonter la difficile période actuelle, il est prévu d’attribuer 30 % du budget global d’ici à la fin 2022; les procédures seront allégées, certains taux d’intervention augmentés. “Le CNC avait dans la négociation du programme six priorités qui se retrouvent dans sa version finale”, estime Jérémie Kessler, directeur adjoint aux affaires juridiques et européennes au CNC. Il s’agit de la circulation des œuvres et de leur accessibilité, de la mise en avant de la coproduction, de l’indépendance des producteurs, de la valeur ajoutée européenne des projets, du maintien d’un soutien aux festivals, de l’accompagnement de l’évolution du secteur avec la prise en compte des effets de la crise sanitaire. “Il ne peut y avoir de sortie de crise sans créativité, sans réinvestissement du réel par la création, par la culture sous toutes ses formes”, a conclu Catherine Trautmann, présidente du Relais Culture Europe qui organisait ce lancement officiel
H L’intelligence artificielle peut-elle réduire les inégalités femmes-hommes au cinéma ? Sans doute pas, mais elle peut au moins contribuer à objectiver cette question, comme le montre une équipe du Centre Marc-Bloch, à Berlin, dans un article à paraître dans le journal en ligne Humanities and Social Sciences Communications. Un trio d’informaticiens a évalué la part du nombre de visages féminins dans l’ensemble des visages présents dans plus de 3 770 films entre 1985 et 2019, ce qui en fait la plus grosse étude de ce type. (…) Le verdict, sans surprise, est tombé. En moyenne, seulement 34% des visages dans ce corpus sont féminins. Mais, plus original, l’étude montre que ce ratio augmente au cours du temps : il est d’environ 45 % pour la période 2014-2019, contre environ 25 % pour la tranche 1995-1998. Mieux, la distribution se féminise ces cinq dernières années avec 10% de films dépassant les 60% de visages féminins, comme Bad Moms, Sisters, Rivales ou Instinct de survie, alors qu’il n’y en avait aucun avant 2014. (…) En France, l’Institut national de l’audiovisuel (INA) réalise des études fondées non sur les images, mais sur le décompte du temps de parole des femmes dans l’audiovisuel, portant sur plusieurs millions d’heures, dont les indicateurs sont utilisés parle Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). “Trente secondes suffisent pour une heure, permettant d’analyser des volumes plus importants”, estime David Doukhan, le chercheur responsable de ces outils à l’INA. Il est également coordinateur d’un ambitieux projet portant sur quatrevingts ans de production télé, radio ou journaux francophones. (…) “C’est une étude utile, car elle permet de poser des chiffres, mais il faut aller plus loin et affiner ces évaluations, notamment en allant vers l’analyse des fonctions narratives”, assure Harold Valentin, producteur (Mother Production), membre du conseil d’administration du collectif 50/50, qui travaille à améliorer la parité et la diversité dans le cinéma. (…) D’autres tentatives d’extraire du sens se sont avérées en revanche moins fructueuses. Ainsi, une des questions est de savoir si les femmes sont plus présentes par leur corps que par leur visage, contrairement aux hommes. Bien que le logiciel utilisé permette de mesurer la taille du visage, les données n’ont pas permis de confirmer ou non l’hypothèse de différences femme-homme dans la représentation des visages et du reste du corps. (…)
Le Monde, David Larousserie, 6 juin
H (…) Preniez-vous donc conscience que le regard du cinéma est à la fois masculin et hétéro? Pas du tout ! Je suis en admiration. Et j’intègre le canon. Le cinéma est un art qui repose sur le canon, et la répétition du canon. (…) Et puis un jour, on découvre La vie ne me fait pas peur, de Noémie Lvovsky [1999], premier film que je vois en ayant conscience qu’il est fait par une femme. Et je suis sous le choc. Non seulement une jeune réalisatrice me montre que ce métier est accessible à une femme. Mais son film propose quelque chose de différent, touche une corde sensible et me bouleverse littéralement. A partir de là, je fais attention au metteur en scène, et plus seulement au film. (…) La singularité de votre regard et de votre style a frappé, dès votre pre-
mier film – Naissance des pieuvres –, réalisé à la sortie de votre école de ciné-
ma… J’ai tellement aimé le faire ! Tellement jubilé à chaque étape, chaque rencontre, chaque geste. J’avais foncé, jeunette, minus, sans aucune expérience, parfaitement inconsciente, mais avec une intuition politique et une radicalité dans la mise en scène qui m’émeuvent aujourd’hui (…) En tout cas, le succès du film et le plaisir que j’y ai pris m’ont fait dire : c’est ça que je veux faire ! C’est comme ça que je veux vivre. Dans cette intensité émotionnelle d’une création collective. Dans cette fusion éphémère des tournages. Mais quel est le dessein? Je sais l’importance qu’a eue le cinéma dans ma vie de jeune spectatrice. Mon ambition est donc à ce niveau. Le cinéma peut sauver la vie. Quels films voulez-vous faire ? Des films qui bouleversent, troublent, interpellent. Des films qui nous augmentent. Des films qui font se sentir infiniment vivant et dont on sort le cœur battant. Je voudrais fabriquer de la beauté. Et même de la poésie. Et avoir un impact politique et social ? Evidemment ! Mais pas en faisant un tract ! (…) En proposant des expériences, plus que des débats. En montrant d’autres visages, d’autres attitudes, d’autres rapports. En sortant de la dramaturgie du conflit, omniprésente dans la fiction. Mes films ne se veulent pas des pavés dans la mare. (…) Vous savez, au deuxième jour du tournage de Portrait de la jeune fille en feu, alors que nous filmions sur la plage la scène où les deux héroïnes s’embrassent et pleurent, car elles doivent se séparer, je me suis retournée vers ma chef opératrice et je lui ai dit : “On va changer le monde !” Elle est donc bien là, l’ambition ! Mais bien sûr ! Je prends très au sérieux le cinéma. Et c’est pourquoi j’accompagne mes films d’une parole politique que je pourrais m’épargner. Mais je suis engagée. Je porte des idées. Et de recevoir des milliers de témoignages de fans et d’activistes de toutes sortes et du monde entier affirmant que cette histoire d’amour a changé leur vie me chamboule. (…) S’engager rend toujours vulnérable. (…)
En bref…
La Fabrique Cinéma 2021 dévoile ses 10 projets
H L’Institut français a révélé les 10 projets de La Fabrique Cinéma, son programme de valorisation des cinéastes et producteurs des pays du Sud et émergents, qui leur propose un accompagnement sur mesure dans le cadre du Festival de Cannes. Cette année, l’événement proposera un programme hybride. En attendant, des rencontres se déroulent depuis la fin du mois de mai pour les lauréats étrangers, avec de nombreux professionnels, et ils seront ensuite accueillis à Cannes pour la poursuite de leur programme de mentorat sur le pavillon des Cinémas du monde, accompagnés par la marraine de la manifestation, la cinéaste Danielle Arbid. Celle-ci vient de terminer Passion simple, son quatrième long métrage de fiction (sélection officielle Cannes 2020 et compétition au festival de San Sebastian 2020) dont la sortie française est prévue le 11 août 2021 chez Pyramide Distribution. “Cette année encore, nous avons tout mis en œuvre pour permettre au programme de se tenir malgré la situation complexe à gérer au vu de l’instabilité de la situation sanitaire sur plusieurs continents, explique Erol Ok, directeur général et président de l’Institut français par intérim. Pour la première fois, des projets d’Afghanistan et du Gabon sont sélectionnés. Les projets retenus : • Flesh of my Flesh, de Matthys Boshoff (Afrique du Sud), fiction, 2e long métrage, produit par Jozua Malherbe / Make Stuff Machine • Les Fresques des oubliés, d’Amédée Pacôme Nkoulou (Gabon), fiction, 1er long métrage, produit par Samantha Biffot / Princesse M. Productions • Hijo mayor, de Cecilia Kang (Argentine), fiction, 1er long métrage, produit par Juan Pablo Miller / Tarea Fina •Alis,de Clare Weiskopf et Nicolas van Hemelryck (Colombie), doc, 2e long métrage, produit par Clare Weiskopf et Nicolas van Hemelryck / Casatarantula • If We Don’t Burn, How Do We Light Up the Night, de Kim Torres (Costa Rica), fiction, 1er long métrage, produit par Alejandra Vargas Carballo / Noche Negra Producciones • Fallen, de Damian Sainz Edwards (Cuba), fiction, 1er long métrage, produit par Viana González / Autonauta Films • Eka, de Suman Sen (Inde), fiction, 1er long métrage, produit par Arifur Rahman / Goopy Bagha Productions (Bangladesh) • Dancing the Tides, de Xeph Suarez (Philippines), fiction, 1er long métrage, produit par Alemberg Ang / Daluyong Studios • Mélodies de Kaboul, de Sahra Mani (Afghanistan), doc, 2e long métrage, produit par Sahra Mani / Afghanistan Doc House • The Missing Planet, de Marouan Omara et Tom Rosenberg (Egypte), doc, 2e long métrage, produit par Mark Lotfy / Fig Leaf Studios