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Le Canada, toujours présent à Cannes
HEn cet été 2021, les journalistes, cinéphiles et membres de l’industrie canadiens se réjouissent du retour du Festival de Cannes sur la Croisette et du Marché du film en format hybride. Nos confrères de la revue québécoise Qui fait quoi font un tour d’horizon de la forte présence de leur pays dans plusieurs sections et événements, et présentent trois jeunes réalisatrices, à découvrir au Marché du film, à Docs-in-Progress ou àTalent tout court.
Ce sont 140 entreprises et 220 professionnel.le.s canadien.ne.s qui comptent participer virtuellement à cette édition hybride du Marché du Film de Cannes, qui se déroule du 6 au 15 juillet. Téléfilm Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) accueilleront, pour la seconde année, les membres de l’industrie au sein de leur pavillon virtuel.
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Une première en 2021, le Marché du Film organise des préséances avant la tenue de son festival en juillet. Parmi celles-ci se retrouvent Félix et le trésor de Morgäa, produit par 10e Ave Productions, Mon cirque à moi, produit par Attraction Images, Brain Freeze, une production de Palomar, et le documentaire My Tree, de Jason Sherman. Pink Parrot Media offrira également un aperçu de son catalogue.
Le genre du documentaire sera aussi à l’honneur dans l’événement Docs-In-Progress – showcase canadien, organisé par Téléfilm Canada, en partenariat avec le Forum RIDM et le festival Hot Docs. Décliné en ligne et en présentiel, l’événement permettra de mettre en valeur quatre projets de longs métrages documentaires canadiens à différents stades de production. Cette année, ce sont Cette maison, de Miryam Charles, Geographies of Solitude, un film de Jacquelyn Mills, Songs She Sings in the Shadows, de Fazila Amiri, et Wochiigii lo Fin de la paix, réalisé par Heather Hatch, que les membres de l’industrie pourront découvrir.
Le Marché Frontières permettra également à plusieurs œuvres canadiennes de rayonner dans des sessions de pitchs, que ce soit le projet britanno-colombien The Island Between Tides, le long métrage d’animation Esluna : The Crown of Babylon, et Kicking Blood, réalisé par le Vancouverois Blaine Thurier.
Une session de pitchs sera également organisée pour le projet Polaris, coproduit par le Québécois Paul Cadieux, dans le cadre de l’événement Fantastic 7.
Huit courts métrages canadiens seront également présentés dans le programme “Talent tout court”, qui effectue son retour cette année. Les Québécois.e.s. Alexa-Jeanne Dubé (Joutel), Colin Nixon (In the Jam Jar) et Aucéane Roux (Le Vent du sud) se joignent à Ritvick Mehra (Lover Boy’s Little Dream), Taylor Olson (Second
Miryam Charles présente “Cette maison” au Marché du Film
H Productrice, directrice de la photographie, cinéaste et programamatrice, Miryam Charles prépare actuellement plusieurs projets. En plus d’avoir remporté la première édition du concours La Forge Québec Cinéma/ Netflix avec le projet de long métrage de fiction, Le Marabout, la réalisatrice termine actuellement son prochain court métrage, Au crépuscule, produit par la Coop Vidéo de Montréal, et planche sur X, une série télévisée développée aux côtés de Trio Orange. Mais dans le cadre de la prochaine édition du Docsin-Progress au Marché du Festival de Cannes, c’est Cette maison qu’elle présentera, un long métrage expérimental produit par Embuscade Films. “C’est un film sur différentes maisons, sur le sentiment d’appartenance, sur mon rapport à Haïti, au Québec et sur comment définir la manière dont nous nous sentons à la maison”, dévoile Miryam Charles.
Le film, distribué par La Distributrice De Films, nous ramène à Bridgeport [en Colombie-Britannique, Ndlr]], le 17 janvier 2008. Une adolescente est retrouvée pendue dans sa chambre. Alors que tout laisse croire à un suicide, le rapport d’autopsie révèle une autre évidence. Dix ans plus tard, la réalisatrice et cousine de l’adolescente examine les causes passées et les conséquences futures de ce crime non résolu. Telle une biographie imaginée, le film explore la relation entre la sécurité du lieu habitable et la violence qui peut la mettre en péril.
Miryam Charles décrit Cette maison comme un long métrage documentaire à la forme hybride. Elle y aborde l’idée des différentes maisons, le sentiment d’appartenance et son lien à Haïti et au Québec. Les premières images ont été prises à la fin de 2020 aux Antilles et aux Etats-Unis. La cinéaste ne cache pas que ces déplacements ont été très difficiles en raison de la pandémie. Elle a d’ailleurs dû partir seule, sans son équipe, composée entre autres de la directrice photo Isabelle Stachtchenko, une nécessité qui s’imposait pour des raisons sécuritaires et d’assurances. Même si ces premiers tournages n’étaient en fait que du repérage, la réalisatrice compte utiliser le matériel dans le montage final. Comme elle a elle-même capté les images, elle estime qu’elles insuffleront une dimension encore plus personnelle au projet.
Des portions de tournage de fiction devaient également être faites en studio à Montréal en mars 2021. La comédienne Florence Blain Mbaye, avec qui Miryam Charles travaille aussi pour son court métrage Au crépuscule, interprétera le personnage principal de ces segments. Gordon Neil Allen au son et Romain Camiolo à la musique se joignent également au projet. Collaborant également à la composition de la trame musicale, la cinéaste, comme sur la plupart de ses projets, assurera le montage. Félix Dufour-Laperrière, de chez Embuscade Films, agit à titre de producteur.
Le film a obtenu le soutien financier de la SODEC, de Téléfilm Canada via le programme Talents en vue et du Fonds MELS.
Aucéane Roux hume “Le Vent du sud” porteur de changement
H Pour son film d’études à l’Ecole des médias de l’UQAM, Aucéane Roux a décidé d’explorer Val-Gagné, un village village francophone du Nord-Est de l’Ontario, d’où sont originaires ses grands-parents. Lorsqu’elle a appris que son grand-père vendait des terres familiales, elle s’est intéressée à la passation qui s’opérait sur les lieux. En effet, c’est la communauté religieuse des mennonites qui arrive et poursuit le travail agricole des villageois alors que l’exode rural se fait de plus en plus sentir. La jeune diplômée s’est penchée sur ce phénomène dans Le Vent du sud, court métrage sélectionné à Talent tout court dans le cadre du 74e Festival de Cannes.
Avant de filmer quoi que ce soit, Aucéane Roux s’est rendue sur le terrain lors d’un premier voyage afin d’échanger avec les résidents et déterminer qui apparaitrait dans son court métrage. Diane Robert-Gagnon et Denise Daguerre sont deux historiennes du village et assurent le fonctionnement de l’église malgré la fermeture des commerces autour. ”Elles ont un point de vue d’ensemble Wedding), Maya Bastian (Tigress), Amar Chebib (Joe Buffalo) et Martin Glegg (Unicorn Code, un film qui met en vedette Nahéma Ricci, que le public a découverte dans Antigone) pour cette sélection. Un webinaire réunira la directrice générale de Téléfilm Canada, Christa Dickenson, et Anna Serner, de l’Institut suédois du film pour discuter de financement, de promotion, de changements postpandémiques et d’intersectionnalité.
Enfin, notons la sélection du long métrage Aline, de Valérie Lemercier, une coproduction entre la France (Rectangle Productions) et le Québec (Caramel Films), dans la section Hors Compétition en séance spéciale. Cette biographie librement inspirée de la vie de la chanteuse québécoise Céline Dion doit prendre l’affiche au Québec le 26 novembre 2021 et en France le 10 novembre 2021.
Frédéric Bouchard (Qui fait quoi, Quebec)
sur toute l’histoire du village. Et elles sont encore très impliquées dans la communauté”, note la documentariste.
Souhaitant comparer les réalités et les perspectives du métier, elle s’est aussi entretenue avec deux fermiers, l’un en fin de carrière et l’autre plus jeune.
Puis, il fallait approcher les mennonites, qui pouvaient de prime abord sembler fermés face à l’idée d’un projet documentaire. “Ils sont très ouverts à nous parler, rapporte la réalisatrice. C’est plutôt avec la prise d’images que ça a été plus difficile. Ils ne se prennent pas en photo et n’ont pas de miroir parce qu’ils rejettent l’individualité.” Aucéane Roux et sa directrice photo Myriam Payette ont donc privilégié un point de vue collectif auprès d’eux lors du tournage. Afin qu’ils ne puissent pas être reconnus à l’écran, elles ont favorisé des plans où le spectateur les perçoit de loin, ou encore à partir de leur silhouette. La cinéaste a pu développer des liens avec une famille en particulier et ses membres ont accepté d’apparaître – sans toutefois être identifiés.
Durant le processus, constitué de deux blocs de tournage totalisant six jours de prises de vues, la réalisatrice a voulu témoigner du regard rafraîchissant des villageois face à l’arrivée des mennonites sur leurs terres, c’est-à-dire de leur attitude positive envers ces nouveaux résidents qui représentent une chance pour la pérennité des activités agricoles. Toutefois, elle ne cache pas non plus l’ambivalence que crée le déchirement des citoyens et des citoyennes devant le fait que ce ne soit pas les leurs qui assurent la relève dans leur village. “C’était important pour moi de garder cette nuance, car c’est ce qu’ils et elles vivent. J’aurais trouvé malhonnête de juste axer le film sur le positif. Je voulais ›
représenter leur point de vue de la façon la plus honnête possible”, indique celle qui, au moment de son entretien avec Qui fait Quoi, était choisie en tant qu’assistante à la réalisation sur Disappointement Blvd., le prochain long métrage d’Ari Aster [le réalisateur, notamment, du remarqué Midsommar, Ndlr], actuellement en tournage à Montréal.
Egalement intéressée par la fiction, Aucéane Roux réalise actuellement un nouveau court métrage documentaire aux côtés des Productions Club Vidéo. Ça se passe cette fois-ci dans un village en Beauce, révèle-t-elle.
Alexa-Jeanne Dubé joue l’exploration formelle contre la Mort dans “Joutel”
H Quatrième court métrage d’AlexaJeanne Dubé, Joutel est né d’un désir d’aborder le sujet de la mort et de transposer une crise existentielle à travers celle d’un couple de personnes âgées. Pour la cinéaste, qui a entamé l’écriture de ce projet avant Scopique et SDR, ses deux précédentes œuvres, il y avait un parallèle à faire entre les angoisses en fin de vie et celles de l’adolescence où l’absurdité de l’existence se dévoile à nos yeux. Elle a alors choisi de camper une partie de son récit dans le village fantôme qui donne son titre au film, sélectionné dans le programme Talent tout court en marge du 74e Festival de Cannes. “Comme bien d’autres villes fantômes, des gens ont cru en Joutel, ils ont investi de leur temps, de leur argent et de leur amour. Finalement, ce n’est qu’un no man’s land où la nature reprend possession du territoire. Il y a quelque chose de beau, en même temps, dans tout ça”, explique la réalisatrice.
En plus de se rendre sur place pour explorer les lieux, Alexa-Jeanne Dubé a investi une partie de sa recherche à interroger un groupe de personnes âgées face au sentiment de la mort imminente. Elle s’est rendue dans la région de Charlevoix et, grâce à sa grand-mère, a pu mener de multiples entrevues d’aînés âgés de 70 à 100 ans. “Je leur demandais carrément : avez-vous peur de mourir ? Comment vous sentez-vous en fin de vie ? La seule chose à laquelle je n’avais pas pensé et qui en même temps est évidente, c’est le fait que tous sont croyants et sont convaincus qu’il y a une vie après la mort”, rapporte celle qui prête ses traits au personnage de Suzanne dans la série québécoise Après, récemment rendue disponible sur ICI Tou.Tv. La cinéaste s’est donc amusée à intégrer des allusions symboliques, par exemple des retailles d’hostie [on appelle ainsi, au Québec, les reliquats de la pâte dans laquelle sont découpées les hosties, Ndlr].
Parce que cela fait partie intégrante de sa démarche, Alexa-Jeanne Dubé explore également quelques éléments formels dans Joutel. Contrairement à Scopique et S.D.R., c’est plus tard, lors du processus de montage, que se sont précisés ces jeux sur le cadre, ces superpositions d’images et l’envie d’utiliser lesplitscreen. “Je ne pouvais pas nier le style que je me suis créé”, confie-t-elle, expliquant cet attrait envers la forme par une sensibilité à l’art visuel, développée au fil du temps en côtoyant son père muséologue.
Ce court métrage produit par Unité Centrale marque une première pour la réalisatrice: la présence de mouvements de caméra plus élaborés. Avec la directrice photo Léna-Mill-Reuillard, elle a profité de rails pour déplacer la caméra et explorer un autre pan de son univers cinématographique. D’autant plus que le film a été tourné à Joutel et à Matagami [ville minière du nord canadien, comme Joutel, Ndlr], une expérience nécessaire d’une part pour l’immersion de l’équipe, et d’autre part pour la collaboration avec les résidents.
Ce sont Pierre Curzi et Marie Tifo qui ont décroché les rôles principaux du projet. Tourné en octobre 2020, pendant la pandémie, le film devait mettre à l’écran un couple d’acteurs aîné et c’est le célèbre duo qui a accepté, au grand étonnement de toute l’équipe. Durant le tournage, la cinéaste et actrice a constaté qu’elle projetait ses propres insécurités de comédienne sur le tandem. “Je ne voulais pas les brusquer. Parfois c’est dur de recevoir des notes, mais c’est mon travail et ça peut davantage insécuriser les acteurs que je ne les encadre pas”, relate-t-elle.
Pour la suite des choses, AlexaJeanne Dubé développe une idée de court métrage avec la comédienne Fanny Migneault-Lecavalier. Elle prépare également un projet de série télévisée aux côtés de Marjorie Armstrong, qu’elle réaliserait et qui serait produite par Josée Vallée chez Sphère Média Plus et Carolyne Boucher chez Deux par deux. “Il reste à savoir si un diffuseur est intéressé”, conclut la réalisatrice.
F. B. (Qui fait quoi , Québec)
HLa directrice générale d’UniFrance détaille le programme cannois de l’organisme chargé de la promotion dans le monde du cinéma français, mais aussi – depuis la fusion avec TV France international – de l’audiovisuel.
Avoir beaucoup de films français dans toutes les sélections cannoises est assurément un atout pour le travail d’UniFrance sur le festival…
Pour nous, c’est formidable. Déjà, cela prouve que la France a continué de produire pendant la pandémie, puisqu’elle a très vite mis en place un fonds d’assurance. Et il y a aussi les films qui ont su attendre cette nouvelle édition cannoise. La France apparaît comme une nation qui n’a pas baissé les bras et qui affirme que le cinéma existe.
Quelle est l’ampleur de votre présence à Cannes ?
Nous serons toujours présents à notre terrasse, rue des Belges, pour accueillir les équipes de films et la presse internationale. Sur place, nous avons renforcé nos outils, avec un studio photo et un studio dédié aux interviews télévisuelles, et éventuellement aux interviews à distance. De plus, et c’est une nouveauté, nous avons pris un grand stand sur le Marché pour offrir un point de chute aux exportateurs.
Le Marché du film est organisé sous une formule hybride. Allez-vous aussi assurer une présence en ligne ?
Pour la presse, nous pouvons le faire, si cela peut aider quelques journalistes qui ne peuvent pas se rendre à Cannes. C’est ce que nous avons fait pendant nos Rendez-vous de janvier, avec des artistes en présentiel et des journalistes en Zoom. Pour le reste, tout se passera physiquement, sur notre terrasse et le stand du Marché. Notre rôle se concentre vraiment sur ces deux lieux. Nous tenons à marquer le coup, à montrer que nous revenons physiquement au Festival.
Quels seront les moments forts d’UniFrance durant le Festival ?
Deux grands événements vont marquer notre présence. Le premier est la demi-journée sur l’export, le 8 juillet, avec une table ronde organisée par le CNC sur sa terrasse.
Le deuxième est une fête du cinéma français à l’occasion du 14-Juillet : nous avons incité les distributeurs qui doivent sortir prochainement des films français, partout dans le monde, à réfléchir à un événement chez eux, le jour de notre fête nationale. Nous leur proposons pour cela une petite aide financière ainsi que des éléments visuels aux couleurs de la France, une bandeannonce et des messages d’artistes. En
Daniela Elstner
« La France n’a pas baissé les bras »
contrepartie, nous demandons aux distributeurs de nous envoyer des vidéos, des témoignages de cette journée, dont nous aurons ainsi le reflet en images. Nous voudrions que tout le monde se sente un peu français ce jour-là!
De plus, pendant toute la durée du Festival, nous lançons en parallèle une édition spéciale Cannes de My French Film Festival avec une sélection de films cannois montrés lors des éditions précédentes. Tous les films seront sous-titrés en dix langues. Et je suis très heureuse de constater que beaucoup de ces films ont été réalisés par des femmes – Alice Winocour, Rebecca Zlotowski…
Les tournées habituelles d’UniFrance dans le monde ont-elles pu reprendre ?
Nous avons fait notre festival à Rome, du 10 au 14 juin dernier, accompagnés de Caroline Vignal pour présenter Antoinette dans les Cévennes, Emmanuelle Béart et Ludovic Bergery pour L’Etreinte, Jean-Paul Salomé pour La Daronne, Yahya Mahayani pour L’Homme qui a vendu sa peau, ou encore Nicolas Maury pour Garçon Chiffon et Danielle Arbid pour Passion simple. Cela se déroulait au Nuovo Sacher, le cinéma de Nanni Moretti, et tout s’est très bien passé avec le public italien qui, je le rappelle, est, chaque année, l’un des premiers publics du monde pour les films français.
Nous avons aussi assuré une présence au festival d’Annecy pour accompagner des courts et des longs métrages car nous travaillons de plus en plus sur l’animation.
De plus, en ce moment, des équipes de films partent en tournée. Celle d’OSS 117: Alerte rouge en Afrique noire va parcourir les pays d’Europe.
Comment se comportent actuellement les films français à l’international ?
Forcément, les films sortent timidement, le beau temps ne joue pas en faveur du cinéma et les jauges compliquent la donne, mais beaucoup de pays attendent les sorties françaises pour proposer des films. Les Français sont bien placés, généralement dans les top 5 ou top 10 des pays qui ont rouvert leurs salles. Des films comme Antoinette dans les Cévennes, Mon inconnue ou La Daronne continuent de faire leur chemin. Quant aux nouvelles sorties, La Fine Fleur, de Pierre Pinaud, est sorti au Japon avant même la France, ce qui est assez extraordinaire. Mais le film le plus remarqué est sans doute The Father, de Florian Zeller, qui démarre une très belle carrière partout dans le monde.
En France, on voit que le cinéma est très désiré et que les plateformes n’ont pas empêché les gens d’y retourner dès la reprise. Cette tendance est-elle mondiale ?
Les 18 mois de fermeture n’ont pas fait disparaître cette envie d’aller au cinéma. Le cinéma à la maison, sur les plateformes, n’était pas si riche que ça et n’a pas remplacé l’expérience de la salle. Mais il est trop tôt pour tirer des conclusions ; il faut laisser les autres pays retrouver leur jauge habituelle et on analysera la situation dans quelques mois, quand on aura plus de recul.
Comment fonctionnera le nouvel UniFrance, désormais uni avec les équipes de TV France international ?
Les instances ont été renforcées, avec notamment une commission de producteurs et une pour les distributeurs audiovisuels. Nous avons trouvé un équilibre budgétaire, chacun amenant un apport qui restera acquis dans le futur, et nous bénéficions en plus des 3 M€ qui nous ont été accordés dans le cadre du plan de relance. Nous allons l’employer pour des actions communes qui sont en train de se dessiner.
Cependant, nous ferons très attention à préserver les deux socles cinéma et audiovisuel, afin de permettre à chaque secteur de garder son autonomie. Les marchés sont différents, la manière de vendre aussi. L’avantage d’être dans une même maison nous permettra d’être plus forts à l’étranger. Les prochaines années verront se lancer des chantiers très excitants. Après un an et demi de crise, nous pourrons démontrer partout dans le monde que, en France, nous avons mis ce temps à