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Mariage à l'étranger : amour et surf
UN MARIAGE DE CLASSE MONDIALE
Des mariages uniques dans des lieux uniques. Pour les aventurier·e·s, les adeptes du rêve éveillé. Lien et Federico ont directement été séduits. Ce couple originaire de Louvain a fait appel aux services d’Aude François de The Beloved Nomad pour planifier son conte de fées espagnol sur le thème du surf. Une semaine avant le grand jour, ELLE Belgique a demandé aux trois protagonistes comment ils se sentaient.
FELIX BONIFACE
Texte Jolien Vanhoof
i je suis prête à replonger dans le bain ? », répète Aude. Nous sommes à la mi-août 2022 et la saison des mariages reprend du service, après un arrêt forcé dû au coronavirus. « Tout à fait ! L’été 2020, j’ai reçu de nombreuses annulations. Tout le monde pensait que c’était la fin du monde… L’été dernier, mes couples en ont eu assez d’attendre. Ils se sont alors mariés en Belgique et portaient un masque sur la piste de danse. » Nous nous trouvons au bar de l’hôtel August, au cœur du Groen Kwartier d’Anvers. Aude François n’est pas une simple wedding planner. Son truc, ce sont les destinations weddings, c’està-dire les mariages à l’étranger. Ses six derniers mois ont été bien remplis, avec un total de 25 célébrations, dont une bonne douzaine hors Belgique. Elle a rendez-vous ici avec Lien et Federico, les derniers futurs mariés de l’année. Ils se diront oui dans une semaine exactement, dans la ville côtière de Zarautz, en Espagne. « Il y a douze ans, ils y faisaient un stage de surf. Ils sont tombés amoureux l’un de l’autre, mais aussi de cette cité balnéaire. Cette destination est devenue le point de départ de notre collaboration. À quoi va ressembler la fête ? Ils vous le diront dans quelques instants (rires) ! » Tout en sirotant son Aperol Spritz, notre interlocutrice explique que la plupart des couples qui font appel à elle ont déjà une idée bien précise en tête. Ils veulent se marier dans la nature, en bord de mer, dans l’intimité ou, au contraire, avec faste. Mais souvent, ils ignorent ce qui est possible et par où commencer. « C’est là que j’entre en scène », précise Aude. « Au cours d’une prise de contact, j’essaie d’en apprendre le plus possible sur eux, en tant
«S qu’individus et en tant que couple. Qui sont-ils, comment se sont-ils rencontrés, que font-ils pendant leur temps libre, quel(s) style(s) aiment-ils, ou encore quel a été leur voyage préféré ? Je veux savoir ce qu’ils veulent sans imposer ma propre vision. Sauf si leur moodboard Pinterest est complètement has been. Dans ce cas, j’y apporte toujours une touche originale. »
La situation, la situation, la situation
Aude a fondé The Beloved Nomad il y a trois ans, alors que l’entreprise s’appelait Vedette Claudette. Auparavant, elle travaillait comme coordinatrice marketing et communication pour des entreprises telles que Nestlé et BMW, un travail principalement axé sur la vente et les chiffres. « Un jour, j’ai eu une révélation : est-ce que l’organisation de fêtes de mariage ne me conviendrait pas mieux ? Si je pouvais planifier de grands événements d’entreprise, ce que je faisais déjà au quotidien, il n’y avait pas de raison que je n’y parvienne pas. » Quelques jours à peine après avoir créé son compte Instagram professionnel, elle recevait un DM. Souhaitait-elle organiser une fête de mariage à l’étranger ? « Jusque-là, l’idée d’un destination wedding ne m’avait pas traversé l’esprit. Mais elle m’a immédiatement séduite ! Dans une autre vie, j’ai été hôtesse de l’air. Je connaissais de nombreuses régions comme ma poche, et j’avais noué des contacts partout dans le monde. Grâce à ce réseau, la transition était moins stressante. » Aujourd’hui, les couples désireux de célébrer leur union peuvent se tourner vers Aude et sa wingwoman, Lauran, pour un service à 360 degrés, de l’élaboration du concept et du graphisme à la recherche de fournisseurs et du lieu idéal, en passant par la planification, la coordination et le stylisme de la fête. Tout un programme, qui représente 150 à 200 heures de travail par mariage pour l’équipe de The Beloved Nomad. « Ce n’est pas simple », admet Aude. « J’ai souvent l’impression d’être plus une gestionnaire de crise qu’une organisatrice de mariages (rires). Récemment, j’ai dû appeler toutes les maisons de champagne de la région depuis l’aéroport parce que mon fournisseur était en rupture de stock. Mais on a bien servi du champagne ce soirlà ! En gros, c’est ça notre travail : résoudre les problèmes. Et nous faisons ça très bien. » Outre les coups de stress imprévus, un mariage à l’étranger est soumis à une foule de formalités administratives. En effet, l’obtention d’au- •••
« JE NE VEUX PAS CRÉER DE CONCEPTS FIXES AUXQUELS DIX COUPLES SOUSCRIVENT » AUDE FRANÇOIS
torisations et de licences varie d’un pays à l’autre. À cela s’ajoutent les défis culturels qui ralentissent les choses. Selon Aude, travailler avec un Français ou un Italien, ça n’a rien à voir. « À choisir, je préfère l’Italien, car avec lui tout sera possible ! Revers de la médaille, il parlera souvent mal l’anglais, ce qui dresse inévitablement une barrière linguistique. » Les meilleurs lieux et les contacts « faciles » sontils parfois recyclés pour un mariage ultérieur ? « Jusqu’à présent, je n’ai réutilisé aucune adresse, mais si une de celles précédemment choisies convenait parfaitement à un autre couple, pourquoi pas ? Quoi qu’il en soit, je veillerai toujours à ce que chaque mariage soit unique. C’est en cela que nous nous démarquons. Je ne veux pas créer de concepts fixes auxquels dix couples souscrivent. C’est aussi pour cette raison que je ne choisis jamais l’option menu, sur lequel seuls les noms changent. Nous repartons à chaque fois de zéro, ce qui prend énormément de temps. »
Le luxe à pieds nus
C’est la force de The Beloved Nomad : offrir une expérience inoubliable et personnalisée aux mariés. Pourtant, la patte d’Aude est visible dans chacun de ses projets. Elle aime le design minimaliste, un flow naturel et des saveurs pures. C’est ce qu’elle appelle le « luxe à pieds nus » sur son site web. Tout est possible, et rien n’est gravé dans le marbre. Aude : « Je suis adepte du luxe, mais il faut aussi qu’on se sente le bienvenu à pieds nus. Plus je fais ce métier, plus je me rapproche de mon style authentique. À mes débuts d’entrepreneuse, j’étais à la recherche de travail, et il m’arrivait souvent d’accepter des missions qui ne me correspondaient pas vraiment. Ma devise était : le service d’abord, la rémunération ensuite. Aujourd’hui, c’est différent. Je suis flexible, mais si je ne crois pas au projet, je ne le fais pas. Ces premières expériences ont bien évidemment été précieuses. En faisant des choses qu’on apprécie moins, on découvre plus rapidement ce qu’on aime vraiment. » Est-ce qu’Aude rêve parfois de son propre mariage ? Être constamment entourée d’amour déteint sur une personne, non ? « Et comment ! », répond Aude sans ambages. « Je suis avec mon compagnon depuis huit ans, mais il est assez passif en termes de romantisme (rires). Je rêve d’une finca confortable à Ibiza parce que c’est là que nous sommes tombés amoureux. Pas de cliché bohème à coups de plumes partout, mais du luxe à pieds nus à Ibiza. Le concept, je l’ai, il ne lui reste plus qu’à faire sa demande… » On peut faire appel à Aude non seulement pour un mariage sur mesure, mais aussi pour un « lovelopement » : un mariage en toute intimité, rien qu’à deux, dans un endroit idyllique quelque part dans le monde.
Pour plus d’informations : thebelovednomad.com
FELIX BONIFACE
TANGUY PELS Aude françois.
LIEN & FEDERICO
Elle est physiothérapeute pour les Red Panthers, il codirige Fittingroom, une entreprise de mode qui distribue des marques telles que Veja, Vans, Diemme et Havaianas. Leurs passions communes ? Le surf et les voyages. Il était écrit dans les étoiles que le mariage de Lien Steurs (31 ans) et Federico Dugnani (35ans) serait un savoureux mélange des deux.
Vous vous êtes rencontrés il y a 12 ans à Zarautz, et maintenant vous vous y mariez. Qu’est-ce qui rend cette destination si particulière ?
À gauche : Lien et Federico discutent des derniers détails avec Aude, une semaine avant leur mariage. À droite : la cave Txakoli Rezabal à Zarautz.
LIEN : « C’est un de ces endroits où on se sent immédiatement chez soi. Nous y sommes tombés amoureux lors d’un stage de surf organisé par BoardX et, au fil des ans, nous avons tissé des liens d’amitié étroits. Chaque fois que nous planifiions un road trip pour faire du surf, nous finissions là-bas. » FEDERICO : « Je tenais aussi absolument à faire ma demande à Lien à Zarautz. Une fois qu’elle a dit oui, je me suis dit : bon, maintenant il faut organiser le mariage. Pourquoi pas ici aussi ? » LIEN : « J’en ai un souvenir différent. Tu as dit d’un ton décidé : Voilà ce qu’on va faire : on va se marier ici (rires) ! »
Mais vous avez néanmoins délégué l’organisation du mariage ?
LIEN : « C’est vrai, nous sommes rapidement tombés d’accord sur ce point. Une de mes bonnes amies est photographe de mariage et m’a conseillé The Beloved Nomad. Aude s’est avérée être la partenaire idéale pour nous. » FEDERICO : « Nous venons d’organiser une cérémonie et une grande réception en Belgique, car il est impossible de faire venir toute la famille et les amis en Espagne. Nous nous sommes occupés des préparatifs pour
La robe de mariée de Lien provient de chez Olive & Juno. cette journée, et c’était vraiment stressant. Heureusement, c’est Aude qui se charge du volet Zarautz. Nous ne devons plus nous tracasser de quoi que ce soit. » LIEN : « Il ne nous reste qu’à en profiter. »
« LE PLUS GRAND DÉFI ? PRENDRE CONSCIENCE QUE LA LISTE DES INVITÉS EST LIMITÉE »
LIEN & FEDERICO Aude a-t-elle carte blanche ?
FEDERICO : « Oui, nous lui avons simplement montré un moodboard pour les invitations et le stylisme. Nous voulions surtout beaucoup de vert. C’est la couleur préférée de Lien, et elle symbolise à merveille les collines et les vignobles du Pays basque. Aude l’a combinée avec l’orange. Pas le terracotta typique qu’on voit partout ces derniers temps, mais un orange vif qui apporte un peu plus de peps. » LIEN : « J’ai été claire : pas de fleurs roses et de couleurs pastel à table. Je préférais aussi éviter un mariage sur la plage. Aude a cherché et déniché la Bodega Txakoli Rezabal, un magnifique domaine viticole surplombant la mer. »
À quoi les invités peuvent-ils s’attendre ?
LIEN : « Pour nous, Zarautz, c’est le surf, le bien-manger et le bien-boire, et évidemment la fête. La veille du mariage à la Bodega, nous organisons un apéritif au Berazadi Berri, sur la colline où BoardX installe toujours ses camps. C’est donc là aussi que j’ai croisé Federico pour la première fois. » FEDERICO : « Le lendemain du mariage, nous avons réservé un cours de surf pour tout le monde. Nos invités auront ainsi la même expérience de Zarautz que celle que nous avons vécue toutes ces années. Il paraît d’ailleurs que le surf est le meilleur remède contre la gueule de bois (rires)... »
Quel est le plus grand défi d’un mariage à l’étranger ?
FEDERICO : « Prendre conscience que la liste des invités est limitée. D’où notre choix de faire la fête en Belgique au préalable. Seuls nos parents, nos frères et sœurs, et nos amis proches seront du voyage à Zarautz. » LIEN : « Nous serons 65. Au départ, nous avions prévu d’offrir le séjour à tout le monde, mais ça s’est avéré trop coûteux. Nous savons que nous demandons beaucoup à nos invités : faire le voyage et réserver un logement euxmêmes. Nous espérons qu’ils ne le regretteront pas. En fin de compte, c’est à eux de voir, et personne ne doit se sentir obligé de rien. » FEDERICO : « C’est amusant : grâce à notre petite bande, tout est complet à Zarautz cette semaine-là. Mon cousin, qui a tardé à se décider, devra passer la nuit dans le village voisin. »
Comment vous sentez-vous ? Pas trop nerveux ?
FEDERICO : « Lien a géré ça intelligemment : elle est allée à Zarautz le mois dernier pour se détendre. » LIEN : « J’ai l’impression que les attentes sont encore plus élevées pour un mariage à l’étranger. Mes amis me disent sans arrêt : “On se réjouit tellement d’y être, ça va être le meilleur mariage de tous les temps !” Ça me stresse (rires). » FEDERICO : « Mais Aude prend une grande part du stress à son compte. Pour nous, il est important de profiter de cette fête comme tous les autres invités. Mais je n’ai aucun doute là-dessus. » La fête de Lien et Federico a-t-elle été le « meilleur mariage de tous les temps » ? Nous laissons les images parler d’elles-mêmes...
FELIX BONIFACE
RÉUSSIR ET ENTREPRENDRE
Les 18 et 19 novembre, le ELLE Active Forum donne rendez-vous à toutes celles qui veulent booster leur carrière. Cinq conférencier·e·s partagent leurs meilleurs conseils pour surfer sur la vague du Web3, comprendre la révolution numérique, construire une relation harmonieuse avec l’argent et comprendre les freins à l’entrepreneuriat féminin. Ces sujets vous questionnent ? Inscrivez-vous sur Elle.be/fr/elle-events.
IMAXTREE
LES FEMMES SURFENT SUR LA VAGUE DU WEB3
Blockchain, cryptomonnaies, NFT… autant de termes à première vue un peu barbares qui attirent de plus en plus d’attention sur les réseaux. Le Web3 est rapidement devenu le terme descriptif de la vision d’un nouvel internet meilleur que le précédent et les femmes sont déterminées à revendiquer leur place dans ce nouvel écosystème. Le Web3 est un internet qui se développe en réponse au Web2, le réseau sur lequel nous évoluons aujourd’hui. Il met l’accent sur les réseaux sociaux et une centralisation des données, donnant à une poignée de géants du web un pouvoir immense et menant à de nombreuses dérives, notamment concernant la protection des données personnelles. Le Web3 prend, lui, le parti de la décentralisation : il est construit, exploité et détenu par ses utilisateurs et utilisatrices, et place ainsi le pouvoir entre les mains des individus plutôt que des entreprises. Karen Jouve est la fondatrice de Doors3, le premier cabinet de conseil indépendant spécialisé dans le Web3. Elle le décrit comme un internet qui repose sur la confiance, notamment grâce à la technologie blockchain. « Dans le futur, au lieu de se connecter via Facebook, nous nous connecterons avec notre Wallet, qui est un portefeuille digital », décrit-elle, « nous pourrons nous balader dans le métavers pour acheter du e-commerce. » En résumé, c’est l’aube d’un passage critique vers un web qui élimine les intermédiaires et redonne le contrôle à ses utilisateurs et utilisatrices. Le Web3 représente une réelle aubaine pour les femmes, car il est basé sur des valeurs comme la transparence et la confiance qui favorisent la diversité et l’équité. « Il s’agit d’un tout nouvel écosystème encore en construction », précise Karen, « dont la maturité n’est attendue que dans trois à cinq ans. » L’occasion pour les femmes d’y prendre part dès le début et de faire partie des figures de demain. Ce n’est cependant pas encore acquis, les femmes étant encore peu représentées dans la communauté. Selon Karen, les femmes sont plus prônes au syndrome de l’imposteur et ne pas se sentir assez formées dans le secteur peut en dissuader plus d’une à se lancer. Pourtant, le rappelle la fondatrice de Doors3, il s’agit d’un secteur en construction : tout le monde est en train de se spécialiser. Le frein principal réside néanmoins dans le fait qu’il s’agisse d’un monde né du blockchain et de la cryptomonnaie, un écosystème encore principalement masculin. Cela pourrait freiner certaines femmes qui ne s’y sentent pas légitimes. Or, selon Karen, tous les métiers actuels ont leur place sur le Web3 et les femmes y ont toute leur place. C’est pourquoi il est essentiel de se l’approprier le plus tôt possible. Après 20 ans de carrière dans le monde des médias et des GAFA, Marine Adatto et Alexandra Watenberg se sont tournées vers le Web3 au début de la crise sanitaire, car elles n’étaient plus alignées avec les valeurs du Web2 dans lequel elles évoluaient. Conscientes de la révolution que représente ce nouvel écosystème pour la société, elles ont lancé au début de l’année 2022 Wagmi Trends, le premier média francophone qui démocratise le Web3. Leur objectif est que chacun·e puisse comprendre comment le Web3 fonctionne, puisque bientôt, chaque personne évoluant dans la société sera concernée directement. Cette inclusion numérique se traduit par un contenu gratuit qui explique des thématiques concrètes liées au Web3 et les met en perspective. « Si on prend l’exemple de l’immobilier dans le métavers », illustre Alexandra, « nous allons expliquer le concept, les enjeux, les perspectives qui y sont liés et qu’aujourd’hui, il est tout à fait possible d’acheter une petite partie d’un immeuble pour l’équivalent de 10 euros qui en vaudra peut-être 3.000 dans quelques années. » Ou pas, prévient-elle, car l’investissement n’est jamais assuré, « ce qu’il faut comprendre, c’est que c’est un phénomène de société qui est nouveau et qui grandit. »
Texte Juliette Maes