OCTOBRE 2021 — 5,90 €
BELGIQUE
MODE
SOUS LE CIEL DES CRÉATEURS
ÉVASION
ÉCO-RESORTS DE LUXE EN EUROPE
SOCIÉTÉ
ET SI L’AMBITION NE NOUS FAISAIT PLUS COURIR ?
FOOD
La nouvelle gastronomie durable PORTRAITS
6 FEMMES BELGES AU SECOURS DE L’ENVIRONNEMENT
ALERTE VERTE 25 PAGES D’INFOS QUI FONT DU BIEN À LA PLANÈTE
DISPONIBLE SUR DIOR.COM - Dior OnLine 02/620.00.00
ROUGE DIOR LE NOUVEAU FOREVER LIQUID SANS TRANSFERT & L’ICONIQUE ROUGE DIOR EN FINI VELOURS
ÉDITO
effet de serre, cela aura une influence considérable sur l’amélioration de la composition atmosphérique et la qualité de l’air. Ouf ! Mais une chose est sûre : il est urgent de changer nos modes de vie et de consommation. Certains, comme Cédric Chevalier, auteur de Terre en vue ! (p. 46) estiment même qu’agir individuellement ne suffit plus et qu’il faut se (re)politiser, se mobiliser ensemble pour relever ce qui est aujourd’hui le plus grand défi de l’humanité. Alors, même si l’écologie et la durabilité sont dans l’ADN de Marie Claire, nous avons décidé de remplir ce magazine d’infos qui font du bien à la planète. Parce que « nous avons le droit de rêver à un futur joyeux et, surtout, les moyens de le concrétiser. » Julie Rouffiange Rédactrice en chef – jro@marieclaire.be
PHOTO PERSONNELLE.
Malgré les inondations et les vagues de chaleur qui ont provoqué des catastrophes chez nous et ailleurs dans le monde ces derniers mois, certains continuent de prétendre que l’homme n’y est pour rien. Pourtant, selon le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), l’influence humaine sur le climat est scientifiquement établie. Elle se manifeste par des changements dont la rapidité et l’ampleur sont sans précédent depuis des siècles et même des millénaires. Pire : « De nombreuses conséquences du changement climatique en cours sont irréversibles à des échelles de temps séculaires, voire millénaires, en particulier en ce qui concerne les océans, les calottes glaciaires et le niveau de la mer. » De quoi perdre tout espoir ? Non ! Car si on réduit drastiquement les émissions de CO2 et des autres gaz à
Photo © Rodolphe OPITCH
TOUJOURS PLUS VERT ?
mollybracken.com
Photos Bruno + Nico Van Mossevelde. Veste en toile enduite, pull en laine et jupe en tulle de soie, boucles d’oreilles en acier et bottes en cuir, Louis Vuitton. Réalisation Anne-Sophie Thomas. Assistantes stylisme Agathe Gire et Manon Baltazard. Mannequins Iris Delcourt/Viva Paris et Mélodie Vaxelaire/Viva Paris. Casting Nicolas Bianciotto/IKKI. Coiffure Vincent de Moro/Airport Agency. Maquillage Tiina Roivainen/Airport Agency, assistée de Flavie Terracol. Manucure Eri Narita. Set design Sylvain Cabouat, assisté de Lili Anschutz et Flavien Perrottey. Nos remerciements à la Jardinerie Truffaut pour l’arrangement floral. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto et Margot Bootz.
p. 16 Jérusalem, la maternité de la paix
SOMMAIRE ÉPOQUE
14 NEWS La pionnière oubliée
16 REPORTAGE Jérusalem, la maternité
de la paix
STYLE
p. 24 Les tendances décryptées
par Marie Claire
24 LES TENDANCES DÉCRYPTÉES PAR MARIE CLAIRE
TÊTE-À-TÊTE(S)
36 ENTRETIEN Mélanie Laurent,
notre folle alliée
40 INTERVIEW Leïla Bekhti : « J’aime jouer
le quotidien au cinéma »
CULTURE
43 AGENDA Expos et sorties
46 LIVRES Cédric Chevalier, « Avoir écrit
ce livre est une forme d’activisme »
48 CINÉMA Daniel Craig, son dernier Bond
50 MUSIQUE On aime Oscar and The Wolf
BRUNO + + NICO NICO VAN VAN MOSSEVELDE. MOSSEVELDE. NICOLAS NICOLAS KUTTLER. KUTTLER. BRUNO
ÉDITO
10 TOUT CE QUI VA FAIRE VIBRER OCTOBRE
Prada.
GALI TIBBON. TIBBON. COURTESY COURTESY OF OF PATOU/IMAXTREE.COM. PATOU/IMAXTREE.COM. GALI
6
Combinaison en laine. Gants en laine et plateformes en cuir,
MAGAZINE
p. 71 Sous le ciel des créateurs
MODE D’EMPLOI
p. 102 Quoi de neuf cet automne ?
LIFESTYLE
52 PORTRAITS Vert, j’espère…
86 PANOPLIE Fauves suprêmes
118 VOYAGES Écotourisme de luxe
58 RENCONTRE Julien Dossena
96 NEWS Mode belgo-green
124 MASTERCLASS Bonnes plantes
56 TENDANCE Les nouveaux chefs militants 62 PSYCHO Travail, la fin de l’ambition ?
66 MOI LECTRICE « J’ai découvert huit sœurs
grâce à un test ADN »
71
MODE
Sous le ciel des créateurs
94 ACCESSOIRES Rois et reines de la jungle
123 DESTINATION S’offrir un palais à Venise 128 HOROSCOPE
BEAUTÉ
130 LE QUESTIONNAIRE Antoine de Caunes
102 NOUVEAUTÉS Quoi de neuf cet
automne ?
110 DÉCRYPTAGE 5 bonnes raisons
d’adopter le shampoing solide
114 NEWS Les envies d’octobre
Suivez-nous sur marieclaire.be/fr
UNE GARDE-ROBE CAPSULE
RAOUL.E EST UNE TOUTE JEUNE MARQUE FRANCO-BELGE LANCÉE EN 2020. L’IDÉE ? PROPOSER À CHACUN.E UN VESTIAIRE NOMADE, INCLUSIF ET INTEMPOREL. LA PREMIÈRE COLLECTION SE CONCENTRE SUR 8 PIÈCES ESSENTIELLES DE LA GARDE-ROBE TELLES QU’UN TRENCHCOAT, UN ENSEMBLE TAILLEUR BLAZER, UN HOODIE OU ENCORE UN JOGGING. DES PIÈCES FACILES À ADOPTER ET IMAGINÉES POUR RÉSISTER À L’ÉPREUVE DES TENDANCES. En ligne sur raoul-e.com
Botero, La Mujer del Presidente UN RENDEZ-VOUS CULTUREL
Du 9 octobre au 12 décembre 2021, la cité montoise organise sa deuxième édition de la Biennale d’Art et de Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le thème de cette année, la “ Révélation ”, tentera de répondre à plusieurs problématiques : comment l’art et la culture révèlent nos racines, nourrissent nos imaginaires collectifs et deviennent révélateurs de nouveaux possibles pour demain. Également au programme : une exposition d’envergure au Musée des Beaux-Arts de Mons consacrée au peintre et sculpteur colombien Fernando Botero, 4 nocturnes à thème, ainsi qu’un focus autour de la gastronomie et l’immigration italienne. DES CRÉATIONS ÉCO-ROMANTIQUES
Aller piocher dans les “ deadstocks ”, les chutes de tissus des maisons de luxe, pour confectionner ses propres créations, c’est la brillante idée qu’a eue la jeune créatrice belge Gabrielle Marcel. Au gré de ses trouvailles et armée de sa machine à coudre, elle donne vie à des pièces uniques à l’allure follement romantique. Un de ses modèles phares ? La blouse à volants Angèle (baptisée d’après notre célèbre compatriote), qui se voit déclinée au fil des saisons dans d’autres tissus et coloris.
UNE INITIATIVE CIRCULAIRE
Commandes sur mesure via gabriellemarcel.com
Par Malvine Sevrin
PRESSE.
TOUT CE QUI VA FAIRE VIBRER OCTOBRE
PRESSE.
TOCADES
DES SNEAKERS DURABLES
Le géant américain O’Neill s’est associé au fabricant de chaussures portugais Zouri pour concevoir une ligne de sneakers écologiques à base de déchets plastiques provenant des océans. Les 12 modèles de la collection ont été conçus à Anvers et sont désormais disponibles en Belgique chez O’Neill, Zeb, Carmi et en ligne sur oneill.com
Collecte de vêtements, upcycling d’anciens meubles, créations textiles, réparation d’électroménagers… Cyclup, c’est en quelque sorte un melting-pot de bonnes idées éco-friendly saupoudré d’une dimension sociale. Cette ASBL créée par le CPAS de Bruxelles compte six projets circulaires parmi lesquels une friperie, une menuiserie ou encore un atelier de réparation qui emploient tous des personnes en réinsertion socioprofessionnelle. Une initiative doublement intelligente. Cyclup - 296c - 300 rue Haute 1000 Région de Bruxelles-Capitale
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TOCADES
OCTOBRE
THE i3
EN TOUT LIEU, SANS CO2.
UN BIJOU RECYCLÉ
CÉCILE, LA CRÉATRICE ET FONDATRICE DE LA MARQUE HOCTAVIUS, RÉALISE DANS SON ATELIER LIÉGEOIS DES BIJOUX ÉTHIQUES FABRIQUÉS ENTIÈREMENT À PARTIR D’OR 18 CARATS RECYCLÉ ET PROVENANT D’ANCIENS BIJOUX. UNE JOLIE FAÇON DE FAIRE DU NEUF AVEC DU VIEUX TOUT EN PRÉSERVANT LES RESSOURCES DE LA PLANÈTE. hoctavius.net
UN LIVRE INSPIRANT
Frida Kahlo. Tout l’œuvre peint, 624 pages, Taschen, 150 €.
UN SAC VEGAN
Confectionnés à la main par des artisans en Italie, les sacs du label anversois Amaré utilisent uniquement des matériaux innovants à base de plantes dont le cuir de cactus. Modèle Zoé, 395 € disponible sur amareantwerp.com
Informations environnementales (AR 19/03/04) : bmw.be
PRESSE.
TASCHEN DÉDIE UN OUVRAGE XXL À LA PEINTRE MEXICAINE FRIDA KAHLO (1907–1954), FIGURE INCONTOURNABLE DE L’HISTOIRE DE L’ART. L’OCCASION DE DÉCOUVRIR EN LONG ET EN LARGE L’ŒUVRE DE CELLE QUI FUT ÉGALEMENT UNE MILITANTE PIONNIÈRE POUR L’ÉGALITÉ HOMMES-FEMMES, LA LIBERTÉ SEXUELLE ET LE FÉMINISME. UNE EXPLORATION VISUELLE AU TRAVERS DE PLUS DE 152 PEINTURES, PHOTOS, PAGES DE JOURNAL INTIME ET LETTRES RAREMENT PUBLIÉES.
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ÉPOQUE
NEWS
PAULINA LUISI LA PIONNIÈRE OUBLIÉE
Célébrée lors de la première moitié du XXe siècle dans les cénacles féministes et médicaux du monde entier, cette médecin uruguayenne énergique a révolutionné la santé publique. Par Françoise-Marie Santucci
femmes. Grâce à sa fougue, l’Uruguay l’autorise en 1932 (douze ans avant la France). Socialiste affichée, capable de partir au combat pour défendre de jeunes téléphonistes sous-payées, Paulina Luisi n’arrête pas. Elle installe son cabinet médical dans sa maison, au cœur de Montevideo, qui sert aussi de QG féministe. Elle voyage dans toute l’Europe, représente l’Uruguay à la Société des nations (ancêtre de l’ONU), et à nombre d’instances internationales. C’est une vraie star latina, suffragette de haut vol, qui finit par mourir en 1949… mais au fil du temps, elle sera peu à peu oubliée.
À FLORE VASSEUR, RÉALISATRICE DE BIGGER THAN US* Pourquoi ce tour du monde de l’engagement des jeunes ?
Melati Wijsen (à d.), qui combat la pollution plastique.
Ils ont entre 18 et 25 ans et changent le monde, bataillant pour l’accès à l’éducation, l’égalité de genre, l’environnement… Un documentaire indispensable dont la réalisatrice nous révèle les enjeux. Propos recueillis par Catherine Castro
Il y a chez les adultes une résistance au changement terrible. Les vrais experts, très jeunes, du changement et du monde d’après vivent dans des sociétés qui se sont effondrées. Quand j’ai rencontré Melati Wijsen – personnage principal et fil rouge du film – à Bali, j’ai reconnu dans son corps de jeune femme la sagesse, l’audace et l’altruisme que j’avais déjà vus chez de grands activistes. Personne ne l’entend, mais une forêt silencieuse est en train de se lever. Cela se passe en ultra-local, et leur combat change des vies. Avant d’aller faire de l’humanitaire au bout du monde, implique-toi dans ton quartier. Ça commence avec toi.
En 2020, l’activité d’Amazon a généré autant d’émissions de gaz à effet de serre que la Suède. La responsabilité des politiques est énorme aussi, non ?
Nos politiques sont le résultat de nos choix. Amazon, pareil. On attend un colis trois jours ou on le veut tout de suite ? Dans un système de valeurs vicié, ces jeunes proposent d’autres solutions. En quoi un film peut-il contribuer au changement ?
Quel meilleur endroit que le cinéma pour faire passer une émotion ? Quand un jeune admire Melati, Memory Banda ou Mohamad Al Jounde autant qu’un joueur de foot, on a gagné. (*) En salles le 29 septembre.
ELZEVIR FILMS/BIG MOTHER PRODUCTIONS/ALL YOU NEED IS PROD/FRANCE 2 CINEMA
3 QUESTIONS
Ci-dessus : la carte du droit de vote des femmes dans le monde, détaillée par Paulina Luisi, en 1929. À g. : la médecin en 1908.
COLLECTION PERSONNELLE (X2), AVEC L’AIMABLE AUTORISATION DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE UDELAR.
L’Uruguay, ce petit État coincé entre les deux géants que sont l’Argentine et le Brésil, a vu naître en 1875 Paulina Luisi, fille d’un Italien et d’une Polonaise récemment émigrés. Paulina est la première enfant d’une large famille (six filles et deux garçons), où chacun reçoit une éducation similaire – et éclairée. Quand elle décide de s’inscrire en fac de médecine, pas une femme à l’horizon. Mais un bizutage permanent. Un jour, elle découvre un pénis sectionné dans sa blouse d’étudiante. À la fin des cours, elle demande à tous ses camarades de classe (masculins), en exhibant la chose : « L’un de vous aurait-il perdu ça ? » Son diplôme en poche, elle devient une défenseuse de l’éducation sexuelle et reproductive, afin d’éviter les grossesses non désirées et les maladies vénériennes, et s’impose comme une figure de proue de la santé publique. Peut-être pas très glamour, mais ça sauve des vies. Notamment celles des femmes. Militante féministe, elle a la plume et l’action faciles quand il s’agit de défendre la veuve et l’orphelin. Elle lutte farouchement contre l’alcoolisme, la prostitution… et pour le vote des
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ÉPOQUE
REPORTAGE
Jérusalem
La maternité de la paix Sœur Valentina (à g.), la religieuse italienne catholique, sage-femme de formation, qui a créé et dirige le service maternité, et Amal Abed Rabbo (à d.), la pédiatre palestinienne chrétienne, spécialiste de l’unité néonatale, n’ont qu’un but : le bien-être des bébés comme celui de leurs parents. À gauche : la vieille ville de Jérusalem.
QUAND ANAEL, 26 ANS, GÉOLOGUE, ET TOMER, 29 ANS, CONSEILLER ÉCONO-
MIQUE, ont annoncé à leur entourage qu’ils avaient choisi un hôpi-
À Jérusalem-Est, au cœur du conflit israélo-palestinien, se trouve la maternité St. Joseph, gérée par des sœurs catholiques et dont le personnel est palestinien. Elle est si réputée pour la qualité de ses soins et son humanité que de plus en plus de familles juives choisissent d’y faire naître leurs bébés. Notre reporter est partie à la rencontre de ces parents et soignants, dans ce lieu ouvert à toutes les confessions, où la vie commence et la guerre s’arrête. Par Caroline Laurent-Simon Photos Gali Tibbon
tal dans les quartiers arabes de Jérusalem avec une équipe palestinienne pour donner naissance à leur premier enfant, leurs proches, amis et voisins de Ma’aleh Adumim, l’une des plus anciennes colonies israéliennes, leur ont dit : « Vous êtes complètement fous, c’est un hôpital arabe ! » Le jeune couple juif religieux a maintenu sa décision, bravant préjugés et ressentiments dans une société qui évolue mais reste encore souvent polarisée entre camps « ennemis ». D’autant que les deux derniers mois de la grossesse d’Anael ont eu lieu en mai et en juin, alors que le conflit israélo-palestinien connaissait les pires troubles depuis 2017, entre bombardements israéliens sur Gaza et tirs de roquettes palestiniens, tandis que se déroulaient quotidiennement de violents affrontements entre foules juives et arabes en Israël. Un énième chaos parti de Cheikh Jarrah, quartier de Jérusalem-Est annexé par Israël en 1967 et où, en mai dernier, les tentatives de colons juifs pour s’emparer de maisons de familles palestiniennes ont mis le feu aux poudres. Or, c’est à Cheikh Jarrah qu’est situé le St. Joseph Hospital et sa maternité gérée par la congrégation catholique des Sœurs de SaintJoseph-de-l’Apparition et dont le personnel administratif, médecins, infirmières, sages-femmes et aides-soignants sont tous palestiniens de confession musulmane ou chrétienne. Valentina Sala, une religieuse italienne catholique de 42 ans, sage-femme de for-
mation, a créé le service maternité de St. Joseph en 2015 et le dirige. Elle se souvient qu’au plus fort des affrontements en mai dernier sur l’esplanade de la mosquée al-Aqsa « on accueillait de jeunes Palestiniens blessés par balles par l’armée au rez-de-chaussée de l’hôpital et des Israéliennes accouchaient au premier étage ». TOMER SE RAPPELLE QU’IL A ENLEVÉ SA KIPA avant de franchir le seuil de l’hôpital, la première fois qu’ils sont venus à une visite prénatale. « J’avais une appréhension malgré tout, sourit-il. Mais je n’ai pas senti d’hostilité à notre égard de la part du personnel médical palestinien, bien au contraire. Nous ne parlons pas arabe, Anael et moi, certaines infirmières et sages-femmes ne parlent pas hébreu, mais on s’est mutuellement compris. Et pas juste parce qu’on utilisait l’anglais pour parfois communiquer ou une tierce personne pour traduire, mais parce qu’on était sur la même longueur d’onde, qu’on s’écoutait et se respectait. Au-delà de tout ce qui sépare Juifs et musulmans ici. » À chacune des visites prénatales suivantes et lorsque Anael a été admise en juin en salle de travail pour donner naissance à leur enfant, Tomer a gardé sa kipa. « Notre entourage s’étonnait qu’en plus, dans ce moment de tension entre Juifs et Arabes, nous persistions à choisir cet endroit plutôt qu’un hôpital israélien, raconte Tomer. Nous leur avons répondu que les infrastructures médicales et les compétences obstétriques étaient renommées et avaient fait leurs preuves, que nous préférions une maternité à taille humaine plutôt qu’un
Toutes les femmes de toutes les religions peuvent accoucher à la maternité du St. Joseph Hospital. Comme cette jeune Palestinienne pour qui c’est le jour de sortie avec son bébé.
REPORTAGE
ÉPOQUE
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1. Ade, juive israélienne, a accouché il y a quelques heures. Ici, c’est au calme, dans sa chambre privée, qu’elle peut allaiter son bébé. 2. Anael, juive israélienne de la colonie de Ma’aleh Adumim en Cisjordanie, quitte la maternité radieuse : son petit garçon va bien, son mari Tomer et sa mère sont venus les chercher. 2
“C’est un espace de mixité, mais aussi une structure où la qualité du lien mèreenfant est prise en compte autant que les soins médicaux.” Dalal, infirmière en chef de l’unité néonatale
hôpital gigantesque où les accouchements se font à la chaîne dans un climat impersonnel. Sans compter que la maternité St. Joseph a acquis une réputation médicale incontestable. » LE PETIT GARÇON DU COUPLE JUIF RELIGIEUX est venu au monde grâce à l’expertise médicale d’une sage-femme musulmane portant un hidjab et de Sœur Valentina. Ils ont fait aussi appel au « coaching » d’une doula juive non religieuse, pratique de plus en plus répandue dans la jeune génération. Le nouveau-né a ensuite été pris en charge par des infirmières et puéricultrices arabes habitant la région de Bethléem ou de Jéricho qui, chaque matin, doivent montrer leur autorisation d’entrer et de circuler à Jérusalem aux soldats israéliens des check-points. Comme Dalal, habitante de Bethléem, infirmière en chef de l’unité néonatale où les prématurés sont placés en couveuse, en surveillance constante. Dégageant une sérénité communicative, Dalal, ovale du visage souligné par
un hidjab, occupe son poste depuis la création de la maternité. Pour rien au monde, elle ne travaillerait dans un autre hôpital : « C’est un espace de mixité, mais aussi une structure où la qualité du lien mère-enfant est prise en compte autant que les soins médicaux. Dans mon unité, nous enregistrons la voix des mères et la diffusons, en dehors des visites, aux nourrissons qui passent parfois des semaines en couveuses. Nous permettons aux mères – et aux pères – de rester longtemps avec leur enfant, pour favoriser les contacts peau à peau. C’est un hôpital à taille humaine, où l’humain prédomine. » Dareen, 23 ans, infirmière en puériculture diplômée en novembre dernier, vient, elle, de Beit Sahour, en Cisjordanie, et passe chaque jour, matin et soir, les check-points militaires. « Avant de travailler ici, je ne connaissais aucun Juif, explique la jeune Palestinienne chrétienne. La plupart des mères israéliennes dont je prends en charge les bébés n’ont jamais rencontré de Palestiniennes. Avec certaines, sans doute aussi grâce à l’ambiance familiale qui règne ici, on échange nos
adresses mail et on reste en contact. Elles me donnent des nouvelles d’elles et de leurs enfants. Travailler dans ce contexte humain inédit, qui bouscule les a priori des deux côtés et la méfiance mutuelle, apporte encore plus de valeur à ma vocation professionnelle. » POUR AUTANT, AUCUN DES MEMBRES DE L’ÉQUIPE HOSPITALIÈRE NE
VERSE DANS LE TRIOMPHALISME, conscient du poids des blessures, de la défiance voire de la haine qui, depuis tant de temps, ont scellé la confrontation entre Israéliens et Palestiniens. « Si l’on travaille dans cet établissement, c’est bien qu’on pense que la société devrait être mixte et tolérante comme c’est le cas ici », appuie Khadija, 30 ans, sage-femme musulmane. Elle sort en cette fin de matinée de deux accouchements, deux bébés palestiniens musulmans, et surveille sur les moniteurs du tableau électronique les contractions et les indications de dilatation du col de l’utérus de deux futures mères d’enfants juifs. « Il serait faux de penser que la réalité du conflit ne
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ÉPOQUE
REPORTAGE
Comme avec toutes les autres mères et leur enfant, Sœur Valentina a noué des liens précieux avec Hana, musulmane palestinienne et sa petite Hani. Aujourd’hui, c’est le jour du départ et des au revoir.
“Toutes les mères, chrétiennes, juives ou musulmanes, ont la même préoccupation : que leur bébé aille bien !” Amal Abed Rabbo, pédiatre
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nous affecte jamais. Il m’est arrivé, lors de graves tensions et affrontements, de me demander si ce bébé israélien qui vient de voir le jour fera la guerre contre des Palestiniens. De même, certaines femmes israéliennes que j’aide à accoucher et qui viennent de colonies dans les territoires occupés doivent avoir de l’appréhension qu’une Palestinienne soit celle qui les aide à donner la vie. » Portable constamment à la main, Sœur Valentina, quadra à l’énergie lumineuse, et la docteure Hania al-Jouzy-Kasbaoui, chaleureuse pédiatre en chef, qui a fait médecine à Nantes, en France, et en Jordanie, et dont le mot d’ordre aux équipes est « ici, on ne traite pas les mères comme des numéros », ne versent pas non plus dans l’angélisme béat. Toutes deux savent que c’est une de leurs prestations, l’accouchement dans l’eau qui, d’abord, a attiré des couples juifs dans l’hôpital palestinien. Mais veulent croire que des couples juifs, musulmans et chrétiens qui se côtoient – et se parlent – dans la pouponnière où dorment côte à côte leurs nouveau-nés, n’oublieront pas cette expérience précieuse à l’heure où certains, en Israël, demandent la ségrégation, avec chambres et lieux réservés selon la confession dans les hôpitaux israéliens où accouchent Juives et musulmanes. “ON NE PEUT PAS ENLEVER L’IDENTITÉ DE L’AUTRE, son ressenti après ces
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1. Les cadeaux ont afflué pour la naissance de Malouk, ici avec sa mère Amira, musulmane palestinienne. 2. Yoni et Naomi, un couple de juifs religieux
israéliens, arrivent à la maternité pour une visite prénatale.
3. Noor, Palestinienne musulmane, heureuse de présenter son bébé
à sa mère (à d.) et à sa grand-mère (à g.).
années de conflit, de terreur et de sang versé, n’élude pas la religieuse italienne coiffée d’un voile blanc. Je ne dirais pas que tout est simple ! Pendant l’escalade de violence en juin, des couples juifs m’ont appelée en me demandant si “le personnel avait changé de comportement envers les futurs parents israéliens”. Un membre du staff palestinien m’a dit : “Peut-être que dans le futur ce bébé tirera sur un de mes enfants.” Que je sois une sage-femme religieuse catholique ne coule pas non plus toujours de source, au début, pour certains parents. Et pourtant, même pendant des épisodes de tension politique, tout se passe avec respect. On se dit qu’au moins dans ce lieu, à la naissance de ces enfants de tous bords, on donne à tous un espace de paix. » En moyenne, deux cent cinquante enfants naissent chaque mois à St. Joseph. Depuis deux ans, le nombre de mères juives est en nette augmentation. Il représente actuellement 20 % des accouchements, pour 30 % côté chrétien et 50 % côté musulman. Alors qu’elle vient d’examiner un grand prématuré, la docteure Amal Abed Rabbo, jeune trentenaire, résume : « Toutes les mères, chrétiennes, juives ou musulmanes ont la même préoccupation : que leur bébé aille bien ! » Beckie, 31 ans, et son mari Michael, 34 ans, vidéaste, membres de l’église pentecôtiste King of Kings, ont choisi de donner encore ici
naissance à leur quatrième enfant. « Nos deux premiers sont nés dans un grand hôpital, on a eu l’impression d’être à l’usine, explique la jeune femme au foyer. On revient ici pour les compétences médicales, le soin donné aux mères et aux enfants mais aussi parce que c’est un lieu de rencontres. Pour mon troisième accouchement, j’ai fait connaissance d’une Arménienne, d’une Juive orthodoxe et d’une musulmane, on était de la même génération, on s’est mises à parler ensemble, à nous retrouver dans la salle de repas. » Dans le patio de la cafétéria au rez-de-chaussée, Diana, 16 ans, de père musulman de Jérusalem-Est et de mère d’origine ukrainienne et roumaine convertie à l’islam, se remet de la naissance de sa petite Mirna née la veille. Ses parents, Ammar et Olicia, sont divorcés mais soutiennent la lycéenne et mère célibataire. « Quand j’ai eu des contractions, on est allées avec ma mère dans un grand hôpital de la ville, le personnel était presque agressif quand il a appris mon âge et que j’étais future mère célibataire. Je trouvais l’endroit sale, bondé, j’ai supplié ma mère d’aller ailleurs. On est arrivées ici. Je suis d’une famille musulmane, et le docteur n’a eu aucun jugement sur mon âge, sur le fait qu’il n’y ait pas de père, au contraire, il m’a rassurée : “Tu n’es pas la première, il y en a d’autres.” » Diana, ado au visage d’enfant, les cheveux coiffés en chignon flou, remonte à l’étage chercher sa fille dans la pouponnière où une jeune mère en hidjab repose la sienne dans un berceau. Dans la pièce voisine, Hana, 29 ans, et Imad, 32 ans, jeune
couple musulman bourgeois, enlacent pour la remercier de ses conseils Sœur Valentina. Dans sa chambre, alors que son accouchement est imminent, Nadar, les yeux rivés sur son téléphone portable, attend le message de son mari palestinien des Territoires qui lui annoncera qu’il est sorti d’Hébron et a passé le check-point pour assister à la naissance de leur premier enfant. Dans une chambre voisine, Ade, 31 ans, et Nadav, 37 ans, Israéliens d’Abou Gosh, n’en reviennent toujours pas d’avoir, disent-ils, « vécu un moment si harmonieux et chaleureux avec la sage-femme palestinienne » quand Ade a donné naissance à leur fille dans la petite piscine. JOURS ORDINAIRES D’UN LIEU TOUT SAUF ORDINAIRE. Certains soirs, à quelques rues de là, on entend encore parfois le fracas d’affrontements entre forces israéliennes et Palestiniens opposés aux expulsions de maisons où sont nés leurs grands-parents. Pas une famille israélienne, et pas une palestinienne, n’ignore qu’une flambée de violence peut, d’un côté comme de l’autre, dégénérer en une nouvelle menace de guerre. Dans la pouponnière au premier étage, six nouveau-nés, filles et garçons, juifs et musulmans, dorment paisiblement dans des berceaux identiques, côte à côte. Des enfants dont la jeune génération de parents des deux camps se prend à espérer que les mentalités finiront par évoluer comme elles se transforment dans cette bulle de mixité.
x LPG® Benelux
LPG® soutient les femmes atteintes du cancer du sein Ce mois-ci, c’est la période où l’on célèbre « l’octobre rose », un rendezvous annuel qui mobilise l’ensemble de la population pour mener une campagne à grande échelle. L’objectif ? Sensibiliser un maximum au dépistage du cancer du sein et récolter des fonds pour la recherche. Chaque octobre depuis 2014, de nombreuses enseignes, peu importe l’univers dans lequel elles opèrent, s’engagent à soutenir cette campagne, symbolisée par son emblématique ruban rose. Cette année, la marque LPG®, dont les soins high-tech sont connus pour stimuler et réveiller activement mais de manière totalement naturelle les cellules de notre corps, soutient l’association Think Pink et en même temps toutes les femmes atteintes du cancer du sein.
et bien-être. Effectivement, certains soins thérapeutiques issus de technologies brevetées et développées par LPG® comme le Cellu M6® et le Huber 360® sont également au service des patients atteints du cancer du sein. Elles aident à combattre la fibrose post-radique, résorber les lymphœdèmes, traiter des cicatrices et rendre la mobilité réduite par l’intervention chirurgicale. À l’occasion de la campagne, l’enseigne met en avant deux produits dans sa gamme de soins : le Booster de Vitalité et le Sérum Lissant Hydratation Intense. Un duo proposé en édition limitée pour continuer à faire bouger les choses.
LPG® X THINK PINK
UNE ACTION SOUS LE SIGNE DU RUBAN ROSE PRESSE.
Chaque année ce sont plus de 10 000 nouveaux cas qui sont diagnostiqués en Belgique. Un chiffre qui terrifie autant qu’il motive à sensibiliser notre entourage et à communiquer haut et fort l’importance du dépistage pour sauver des vies. Pour ce mois dédié au soutien des personnes atteintes du cancer du sein et celles qui se positionnent du côté de la recherche, LPG® a décidé de collaborer avec Think Pink, l’organisation nationale de la lutte contre ce cancer, qui correspond au plus fréquent chez les femmes. Si la marque est réputée pour ses soins endermologie® pour visage et corps qui promettent la stimulation naturelle et surtout sans douleur des cellules de la peau et la correction de ses petites imperfections (comme les rides, la peau d’orange ou encore la cellulite), elle va aussi au-delà de l’aspect beauté
Fidèle à son concept global IN & OUT, les deux nouveaux produits embrassent la même philosophie de la beauté simple, durable et raisonnée.
Arborant un packaging extérieur de la couleur de ce mois d’octobre, le Booster de Vitalité se présente sous forme de 56 petites gélules à prendre par voie orale (2 gélules par jour avec un verre d’eau). Ces compléments alimentaires permettent de maximiser l’énergie cellulaire et sont le premier réflexe pour optimiser les résultats des cures endermologie®. Ginseng, hibiscus, cannelle, vitamine B12, fenouil, chicorée, ascophyllum, kola, vitamine C et fer, tout un mix d’ingrédients qui combattent efficacement les coups de fatigue tout en augmentant les performances mentales et physiques, détoxifiant l’organisme et brûlant les graisses. Notre conseil : les gélules Booster de Vitalité se consomment de préférence le matin ou avant 15 h, si vous voulez éviter tout problème de sommeil. Grâce à sa texture fluide et onctueuse sans parfum, le Sérum Lissant Hydratation Intense est d’un
confort extrême et est également adapté aux peaux matures. Dans votre routine cosmétiques endermologie®, il s’applique matin et soir sur le visage sans oublier la zone du cou. Ses effets ? Comme l’indique son appellation, ce produit apporte un boost d’hydratation. Il comble également les rides et ridules pour un peau lisse et en bonne santé.
LPG® s’engage à reverser à l’association 1€ par vente de ces produits en édition limitée. Et si on prenait soin de nous tout en soutenant un projet qui nous tient à coeur ?
Cet article a été écrit en étroite collaboration avec LPG® Benelux.
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Chanel, Patou, Givenchy, Salvatore Ferragamo.
7 COURTESY OF LONGCHAMP/IMAXTREE.COM. THIERRY LEGAY (X8). MISE EN PLACE EMMANUELLE MATAS.
Ci-dessus, de gauche à droite, défilés automne-hiver 2021-2022 Dawei,
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COURTESY OF GIVENCHY/IMAXTREE.COM. COURTESY OF SALVATORE FERRAGAMO/IMAXTREE.COM.
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LA VALSE DES LILAS
COURTESY OF DAWEI/IMAXTREE.COM. COURTESY OF CHANEL/IMAXTREE.COM. COURTESY OF PATOU/IMAXTREE.COM.
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VERY SHORT LA PANOPLIE
Cette saison, on ose le short en denim ultracourt à condition de le réchauffer d’un long manteau et de bottes en caoutchouc. Un mix réussi à la campagne comme à la ville.
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Réalisation Julie Cristobal et Linda Heynderickx
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LE LOOK PODIUM Défilé Longchamp automne-hiver 2021-2022. 1. UN DUO DENIM Chemise western en coton Levi’s Red Tab, 79 €. Short en denim Gap, 45 €. 2. UN PLASTRON COQUELICOT En maille Mango, 30 €. 3. DES CHAUSSETTES DE SPORT en lot de 3 paires C&A , 6,99 €. 4. UNE SEMELLE CRANTÉE Bottine en caoutchouc Essentiel Antwerp, 245 €. 5. UN COL ROULÉ TOMATE En cachemire et viscose Marina Rinaldi, 169 €. 6. LA BONNE SILHOUETTE Manteau en laine double face The Kooples, 525 €. Pull en cachemire Kujten, 95 €. Combi en denim L.F.Markey, 150 €. Col roulé en laine mélangée La Petite Française, 89 €. 7. DES BOTTES TOUT-TERRAIN En caoutchouc Barbour, 80 €. 8. UN SAC FAÇON CROCO En vachette et veau velours Longchamp, 390 €.
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LE RAYON VERT
LA PANOPLIE Réchauffée d’un bomber et d’une veste en laine, la robe verte est l’alliée parfaite pour illuminer un look masculin-féminin. Réalisation Julie Cristobal et Linda Heynderickx
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LE LOOK PODIUM Défilé Stella McCartney automne-hiver 2021-2022. 1. UN COMBO TWEED-VERT POMME Veste en laine vierge Vanessa Bruno, 395 €. Col roulé en polyester Valette Studio, 150 €. 2. DES MAILLONS FORTS Bague en or Buddha to Buddha, 299 €. 3. UN BOMBER NOIR En cuir Caroline Biss, 370 €. 4. UN BÉRET EN FEUTRE &Other Stories, 25 €. 5. UN MINI SAC En cuir Coccinelle, 285 €. 6. LA BONNE SILHOUETTE Bomber en satin Calvin Klein Jeans, 200 €. Blazer en polyester Mango, 60 €. Robe en soie Victoria Beckham sur zalando.fr, 596 €. Col roulé en coton American Vintage, 40 €. 7. DES CUISSARDES MOUTARDE En cuir Made by Sarenza sur sarenza.com, 199 €.
COURTESY OF STELLA MC CARTNEY/IMAXTREE.COM. THIERRY LEGAY (X7). MISE EN PLACE EMMANUELLE MATAS.
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Always be in the moment.
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LES PARFUMS QUI NOUS FONT DU BIEN
5 pièces must-have pour l’automne
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PHÉNOMÈNE
Boostées par les neurosciences et l’intelligence artificielle, les fragrances misent désormais sur des bénéfices physiques et émotionnels. Décryptage. Par Joy Pinto
Ni trop chaude, ni trop froide, l’automne est la saison idéale pour prendre plaisir à s’habiller. Tour d’horizon des indispensables à ajouter à sa garde-robe pour assurer une transition mode au sommet de l’élégance.
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JUSQU’ICI, L’UNIVERS DU PARFUM SE VOULAIT
DES NOTES RELAXANTES, ÉNERGISANTES…
Timidement mais sûrement, les initiatives se multiplient. IFF associe neurosciences et intelligence artificielle afin de classifier les notes, celles qui relaxent, qui énergisent, qui rendent positif·ves… ou négatif·ves. Mieux, la maison utilise même l’intelligence artificielle afin de tester des combinaisons. Car même si l’on sait que la fleur d’oranger, star du parfum Girl de Rochas, est une note relaxante, le reste de la composition doit venir aussi soutenir cet élan. Dans Phantom, le nouveau Paco Rabanne pour homme, c’est l’acétate de
Féminine et agréable à porter, la robe longue protège nos jambes du froid et assure une allure sophistiquée. Pour éviter de se cacher derrière des pièces sans relief, on la choisit dans un joli imprimé fleuri pour une touche de gaieté. Robe longue imprimée, 39,99 €. 2. UN LONG MANTEAU
C’est la touche finale qui peut faire ou défaire un look. On investit donc dans une belle pièce qui non seulement tient chaud, mais se suffit également à elle-même comme ce manteau 2-en-1 parfait pour switcher son look d’un jour à l’autre.
styrallyle qui active la sensation d’énergie portée par les citrus. Chez Shiseido, spécialiste de l’aromachologie, l’impact des odeurs sur l’humeur et même sur la peau est observé depuis longtemps. « Nos études, qui associent des mesures d’ondes cérébrales et de taux cortisol, ont notamment révélé l’impact de la valériane sur le niveau de stress ou des citrus sur la dépression », précise Nathalie Broussard, directrice de la communication scientifique. Une façon d’objectiver un savoir déjà étudié depuis des millénaires en aromathérapie. C’est précisément sur ce socle que s’appuie Patty Canac pour composer les fragrances Confiance en Soi ou Lâcher-Prise de 100bon. Mais à la différence des roll-on d’huiles essentielles 100 % thérapeutiques, aux parfums souvent bruts, ces compositions proposent des senteurs à la fois feel good et plus raffinées. Le futur de la parfumerie en somme. 1. Eau de Toilette Phantom de Paco Rabanne, 74 € les 50 ml. 2. Spray aromachologique 1.05 Lâcher-Prise de 100bon, 19 € les 30 ml. 3. Eau de Parfum Rising Sun de Shiseido, 60 € les 100 ml. 4. Eau de Toilette Girl de Rochas, 30 € les 40 ml. 5. Eau de Parfum Functional Fragrance de The Nue Co, 30 € les 10 ml, sur net-a-porter.com
Manteau réversible, 89,99 €.
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3. UN ENSEMBLE COMFY
Une tenue coordonnée est indispensable pour flâner à la maison en toute décontraction. Ultraconfortables, tout en étant stylées, ces pièces cocooning n’auront rien à envier au reste de votre garde-robe.
Top et pantalon en cachemire, 39,99 € et 89,99 €.
Pull en cachemire 79,99 €. Manteau en laine, 99,99 €.
4. UN PANTALON EN SIMILI CUIR
Dès la chute des températures, cette pièce incontournable de l’automnehiver vole la vedette aux éternels jeans. En ton sur ton, en version taille haute et ceinturée, avec des escarpins ou une chemise blanche... l’essayer c’est l’adopter. Pantalon en simili cuir, 39,99 €. 5. UN PULL EN CACHEMIRE
Cette pièce phare du vestiaire automnal nous garde au chaud en toute élégance. Versatile, elle se porte aussi bien avec une jupe mi-longue qu’avec un jean brut, et même par-dessus une longue slipdress satinée pour une allure des plus chic.
À travers sa collection durable #wearthechange, C&A propose des pièces fabriquées à partir de matériaux recyclés et confectionnées via des énergies renouvelables et des modes de production améliorant la gestion de l’eau.
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Plus d’infos sur c-and-a.com
Pull en cachemire, 79,99 €.
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1. UNE ROBE IMPRIMÉE
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ARTISTIQUE. Les fragrances cherchaient à déclencher des émotions à travers des représentations olfactives de l’amour, de la puissance, de la sensualité… Elles pouvaient faire voyager ou donner une impression de nature sauvage. Des sensations qui font du bien, en flacon. Aujourd’hui, le monde de la parfumerie pousse le curseur un cran plus loin et propose des parfums aux vertus bien- être étudiées. « Les consommateurs et consommatrices ont envie de lisibilité, de connaître les ingrédients et d’avoir des formules qui sont plus ciblées sur leurs besoins, leurs envies et leurs objectifs », explique Patty Canac, aromathérapeute et nez pour la maison 100bon. Même écho chez IFF, une maison de parfumeurs qui compose des fragrances pour des grandes marques comme Lancôme, Paco Rabanne ou Givenchy : « Nous avons interrogé trente mille personnes dans quatorze pays et les résultats sont sans appel : 87 % souhaitent plus de bénéfices émotionnels et physiques », confirme Céline Manetta, docteure en psychologie, directrice de la Science du consommateur chez IFF.
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Disponible dans certains magasins en Belgique, au Luxembourg et sur c-and-a.com. Jusqu’à épuisement des stocks. Sous réserve de modifications.
Cet article a été écrit en étroite collaboration avec C&A. c-and-a.com
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LE ROMANTISME LETTRÉ DE MOLLY BRACKEN CURRICULUM
Toujours inspirée par les grandes écrivaines anglo-saxonnes du xixe siècle, la marque Molly Bracken s’inscrit résolument dans l’époque avec de nouveaux labels où se répondent inclusivité et écoresponsabilité. Par Louise des Ligneris
UNE FÉMINITÉ DÉLICATE
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Si les sœurs Brontë avaient vécu à notre époque, nous trouverions probablement dans leurs vestiaires des créations signées Molly Bracken. C’est, en tout cas, le style romantique et typiquement anglais de cette célèbre sororité de poétesses qui inspira, aux premières heures, Catherine Sidonio, dirigeante et directrice artistique, lorsqu’elle pense la marque Molly Bracken, en 2008. Ou bien encore celui de la romancière américaine Edith Wharton, première femme à obtenir le prix Pulitzer du roman en 1921, avec Le temps de l’innocence. Au xixe siècle, ces écrivaines s’habillaient selon les codes de leur époque qui exprimaient une féminité délicate : longues robes vaporeuses, imprimés floraux, dentelles… Au fil des collections, Molly Bracken s’enrichit de nouvelles inspirations. Catherine Sidonio, passionnée d’art et de cinéma, aime les accents vintage que l’on retrouve des années 50 à 70 : les motifs fleuris se parent de couleurs vives, les tissus sont aériens, les mailles et tops ajourés deviennent rétro-bohèmes. LE STYLE DANS LA PEAU
1. Les fondateurs Catherine et Julian Sidonio. 2. Campagne automne-hiver 2021-2022. 3. Une blouse de la collection automne-hiver 2021-
2022. 4. Molly Bracken, déjeuner sur l’herbe. Une image d’archive aux sources de l’inspiration de la marque. 4
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DES LIGNES INSPIRANTES
Pour les Sidonio, l’important est de proposer une mode accessible à toutes. Le groupe Molly Bracken s’est ainsi décliné au fil des années en différentes marques. Il y a Molly Bracken, la ligne principale, Mini Molly, pour les enfants, et Lili Sidonio, un label plus arty, inspiré de l’Angleterre des années 80-90. Et enfin la ligne Molly Bracken Premium, qui porte une philosophie écoresponsable : 80 % de la collection est réalisée avec des tissus recyclés et nobles. Et même si cette dernière ligne porte l’étiquette Premium, sa gamme de prix reste accessible. Ici, les principes se joignent à des offres bien concrètes.
COURTESY OF MOLLY BRACKEN.
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L’aventure commence au Theatre Royal Drury Lane de Londres dans les années 80 : une jeune costumière, Catherine, rencontre un étudiant en finance, Julian Sidonio. En 2008, le couple installe sa maison de prêt-à-porter sur la Côte d’Azur, dans le Var. Treize ans plus tard, la marque compte deux bureaux supplémentaires, à Madrid et à Los Angeles, et plus de sept mille six cents points de vente dans le monde. C’est aussi une affaire de famille. Dès 2015, à seulement 14 ans, leur fille Lili Sidonio dessine ses premières collections au sein de l’entreprise, pour une nouvelle marque qui porte son nom. Aujourd’hui âgée de 20 ans, étudiante à l’école Central Saint Martins puis au King’s College de Londres, elle en gère intégralement la direction artistique. Tandis que sa sœur, Justine, s’occupe des affaires familiales au Canada et aux États-Unis.
Du 13 octobre au 14 novembre 2021
En coproduction avec La Coop asbl et Shelter Prod avec le soutien de taxshelter.be, ING et du tax-shelter du gouvernement fédéral belge
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LE MATELASSÉ COME-BACK
Chéri depuis plusieurs générations par la famille royale britannique, il écume les podiums cette saison, comblant notre désir de nature. Et bouscule son côté tradi avec des volumes XXL ou décliné en cape et caban.
2021
Diana Spencer, sur l’île d’Uist, Écosse.
Défilé Raf Simons automne-hiver 2021-2022.
NATURE, RANDONNÉE, GRAND AIR : voici les thèmes qui s’imposent sur les moodboards des collections de prêt-à-porter de la saison. Depuis leurs bureaux en centre-ville, créateurs et créatrices ont exprimé en chœur leurs envies d’ailleurs. Avec du matelassé en veux-tu en voilà. C’est indéniable, ses propriétés isolantes sont idéales pour affronter les aléas climatiques. Mais pourquoi est-il réapparu ainsi, à l’unisson, sur tant de podiums ? Raf Simons a présenté pas moins de quinze looks dominés par cet effet de matière, comme ce pardessus à pleins volumes. Hermès, Max Mara, Dior le déclinent sur des capes ou cabans. Chez Celine aussi, ces blousons de grand air sont présentés in situ : dans les jardins du château de Vaux-le-Vicomte. Chic et champêtre. Les confinements successifs ont bien évidemment marqué les imaginaires des designers et cela se traduit par le choix de ce matériau traditionnel, « off-road », aux accents britanniques. Historiquement, la technique puise ses origines en Orient, pour un usage militaire, avec parfois jusqu’à quarante couches de tissus. Mais les Anglais l’ont ensuite réinterprétée avec surpiqûres et rembourrage plus léger adapté aux parties de campagne de la famille royale à Balmoral, dont la ravissante Diana, icône tout-terrain forever.
LE DOMAINE DU MAS DE PIERRE UN NOUVEAU RESORT À LA FRANÇAISE AU CŒUR D’UN JARDIN MÉDITERRANÉEN
©Jérôme_Mondiere
1974
RUE DES ARCHIVES/RDA2. COURTESY OF RAF SIMONS/IMAXTREE.COM.
Par Louise des Ligneris
Saint-Paul-de-Vence • Côte d’Azur • France www.domainedumasdepierre.fr
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PEOPLE
LA MISSION DURABLE DE XANDRES
VIRGIL ABLOH
L’ÉVOLUTION EN LIGNE DE MIRE
En avril dernier, Jasmien Wynants a rejoint ce groupe de travail en tant que coordinatrice du développement durable. « Xandres n’est pas une marque écologique, vous n’entendrez personne le prétendre. Nous évitons le greenwashing. Il existe des start-ups qui prennent en compte tous les principes de l’économie circulaire dès le lancement du label. Nous avons un parcours différent. Notre objectif, à terme, est de tendre vers plus de durabilité. En impliquant tous les départements de l’entreprise, les progrès sont plus rapides qu’ailleurs. Pour atteindre notre but,
SA FRENCH CONNECTION
Lorsque le groupe LVMH prend 60 % des parts d’Off-White, son label streetwear, c’est dans The New York Times que l’annonce est faite le 20 juillet dernier. Fondée en 2013, la marque a connu un succès planétaire et fait la renommée du créateur. Également directeur artistique homme pour Louis Vuitton, Virgil Abloh scelle ici définitivement son alliance avec Bernard Arnault.
Par Timon Van Mechelen Adaptation Marie Honnay
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SON HÉRITAGE MODE
Sur Instagram, Virgil Abloh diffuse des messages d’unité, de tolérance, et partage des moments de son histoire familiale. Ici, il raconte comment cette tenue Louis Vuitton lui a été inspirée par une photo de sa grand-mère, Madem Hellen Dei Ashie. Et c’est Amanda Gorman, poétesse féministe qui s’est illustrée lors de l’investiture du président Joe Biden, qui la porte.
SON SOUTIEN À LA JEUNESSE
À aujourd’hui 40 ans, le créateur profite de sa très grande audience (plus de 6 millions d’abonnés) pour porter des projets destinés aux jeunes. Ainsi, ce programme de bourses d’études « Post-Modern » qui, depuis 2020, aide les étudiants noirs désireux de s’engager dans les domaines de l’art et du design. 4
nous nous appuyons sur six piliers phares au sujet desquels nous communiquons de manière transparente. Par exemple, nous envoyons souvent des commandes depuis la boutique en ligne sans emballage plastique et nous examinons avec nos partenaires logistiques comment nous pouvons encore réduire notre empreinte écologique. Nous développons également un cahier des charges très strict pour nos fournisseurs et nos matières premières, et examinons comment nous pouvons faire des progrès continus dans ces domaines. En nous fixant des objectifs concrets, nous voulons augmenter progressivement l’utilisation de matériaux durables, par exemple. » LE LABORATOIRE XANDRES
Le Xandres Lab constitue une autre facette du processus de développement
durable du label belge. Il s’agit d’un lieu où il innove et expérimente afin d’évoluer vers un business model circulaire. « Vous ne pouvez jamais être complètement durable si vous travaillez de manière isolée, déclare Jasmien Wynants. C’est pourquoi nous collaborons activement avec des instituts de recherche et d’autres partenaires. De plus, nous nous associons à des marques qui, tout comme nous, accordent la priorité à la durabilité. Nous leur offrons une plateforme et espérons également profiter de leur expertise. Ensemble, nous pouvons accomplir tellement plus de choses ! »
1. Image de la collection automne-hiver 2021. 2. & 3. Images de la campagne précédente. 4.
Débardeur de la collection Automne/Hiver 2021.
SES ARCHIVES MILITANTES
INSTAGRAM.COM/VIRGILABLOH.
UNE HISTOIRE DE FAMILLE
En 1927, la famille Andries de Destelbergen fonde la société Andries & Co, spécialisée dans les vêtements de travail. Quant à la marque Andres - aujourd’hui Xandres -, elle est fondée en 1968. Centrée sur l’idée de proposer des vêtements à la coupe parfaite dans de beaux tissus, elle i n ca r n e, au j o u rd’ hu i e n co re, l’es sence-même de la mode durable. Xandres, ce sont des pièces de qualité qu’on porte des années. Aujourd’hui, la marque veut aller encore plus loin. Elle a donc créé une équipe composée de collaborateurs issus de tous les départements. Ils sont chargés de développer le plan « Pour notre avenir ». Leur mission : rendre l’ensemble du processus de production – des fils et tissus aux vêtements proprement dits – aussi durable que possible. L’équipe se réunit toutes les deux semaines pour discuter des progrès accomplis.
Fondateur de la maque Off-White et directeur artistique des lignes homme Louis Vuitton, le créateur est l’une des figures de la poussée street dans l’univers du luxe. Ultrapopulaire, il se révèle, sur Instagram, fidèle à ses combats en faveur de la communauté noire. Par Louise des Ligneris
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SUR LE FIL INSTA DE
CURRICULUM
Pour la marque belge Xandres, la durabilité n’est pas juste un concept à la mode. La qualité et l’intemporalité sont inscrites dans l’ADN du label qui cherche plus que jamais à pousser cette démarche encore plus loin. Au Q.G. de Xandres, une équipe de sept personnes s’engage au quotidien pour un avenir encore plus vert.
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SES AUTRES CARRIÈRES
Architecte de formation, Virgil Abloh est aujourd’hui entrepreneur, designer de mode, d’objets et il est aussi DJ. Ce profil multifacette fait d’ailleurs sa singularité et la richesse de sa page Instagram. Ce jour-là, il se remémore en images son passage sur la scène du festival Coachella.
En légende de ses photos, Virgil Abloh documente « l’histoire contemporaine des Noirs ». Ici, Edward Buchanan : « Né dans l’Ohio, il est designer et fondateur du label Sansovino 6. De 1996 à 2001, il a été directeur artistique de Bottega Veneta. Actuellement, il supervise la conception et le développement de la collection des mailles Off-White à mes côtés, en tant que directeur de la création. »
SON GOÛT DU PARTAGE
Virgil Abloh aime faire se rencontrer les marques et mêler leurs esthétiques, même au sein de la maison Vuitton. Cette année, il a collaboré avec la NBA, la ligue de basketball américaine, et l’équipementier Just Don. Pour une collection à la croisée du luxe et du sportswear.
SECTION
ENTRETIEN
RUBRIQUE
TÊTE-À-TÊTE(S) 37
Mélanie Laurent Notre folle alliée Avec son nouveau film Le bal des folles (1), qui suit le parcours d’une jeune patiente du célèbre professeur Charcot au xixe siècle, l’actrice et réalisatrice épouse une fois de plus la cause des femmes, alors utilisées comme sujets d’expériences dans le cadre de la recherche sur les maladies mentales. “Les femmes me rattrapent toujours”, nous avoue-t-elle entre deux uppercuts verbaux adressés au sexisme ambiant. Rencontre avec une “guerrière” désarmante d’énergie et de sincérité. Par Philomène Piégay Photos Philip Gay
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Brassière, jean et bottines Celine par Hedi Slimane. Créoles, bracelet Love et montre Panthère mini-modèle Cartier.
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ébut juillet, le ciel était gris souris et l’été avait déserté la place de la Nation, mais s’il en était une qui n’avait pas le temps de s’appesantir sur les caprices de la météo, c’était bien elle. Départ à Cannes pour le Festival quelques jours plus tard, des dizaines de robes à essayer avant les tapis rouges, c’était la course. Mélanie Laurent avait été choisie pour être membre du jury présidé par Spike Lee. On a rencontré l’actrice-réalisatrice juste avant cette enthousiasmante aventure, un peu chagrine peut-être de devoir raccourcir les longues vacances prévues avec ses enfants. Une telle proposition ne se refusait pas. « Je garderai le souvenir de cette dernière montée des marches avec tout le jury qui ressentait une grande émotion, et qui avait conscience d’avoir vécu une expérience inoubliable, confiera-t-elle en nous livrant ses impressions par mail à son retour. On s’est tous pris la main et on a pensé à la chance qu’on avait eue de voir tous ces beaux films ensemble, et d’avoir partagé des moments aussi forts. » Mais, c’est avant tout pour évoquer son nouveau film que nous l’avons rencontrée : Le bal des folles, récit coup de poing qu’elle a librement adapté du livre éponyme (2) de Victoria Mas, gros succès de librairie en 2019. Avec, à la clé, une sortie mondiale pour ce premier film français signé Amazon Original, lancé dans l’Hexagone et plus de deux cent quarante pays en septembre. L’histoire est celle d’Eugénie, une jeune fille rayonnante issue de la grande bourgeoisie, qui possède un don singulier : elle voit et entend les morts, et peut communiquer avec eux. Une étrangeté bien dérangeante aux yeux de son père, qui la place à la Salpêtrière dans le service du professeur Charcot. Là, Eugénie découvre une véritable cour des miracles, et le sort réservé aux patientes de l’éminent neurologue. Qualifiées d’hystériques ou de folles, toutes sont considérées comme déviantes parce que sortant du cadre bien corseté de la fin du XIXe siècle. Et à l’écran, toutes ces femmes sont des héroïnes dont le regard heurté nous hante, des figurantes jusqu’aux têtes d’affiche d’un casting impeccable – de Lou de Laâge, lumineuse Eugénie, à Emmanuelle Bercot, follement inquiétante, en passant par Mélanie Laurent elle-même, tout en nuances dans le rôle complexe de cette infirmière qui travaille étroitement avec Charcot. Regard limpide entre vert jade et céladon, timbre grave et voilé, fidèle à elle-même pour défendre avec force ses convictions : la réalisatrice a le débit alerte et le verbe percutant pour évoquer cette histoire troublante, et partager ses coups de gueule comme ses enthousiasmes. 1. Sur Amazon Prime Video. 2. Éd. Albin Michel.
Au dernier Festival de Cannes (3), vous avez été membre du jury présidé par Spike Lee. Cette expérience unique aura-t-elle une influence sur votre métier de réalisatrice, et aussi d’actrice ? Devoir juger, à travers tant de films différents, le travail des autres fait-il réfléchir à sa propre démarche ?
Je ne sais pas si on peut parler de jugement, c’était plus le besoin d’aller à l’essentiel, de savoir ce qui nous a émus le plus, le film qui avait le plus de force, celui qui parlait de ce qui se passait dans le monde… Évidemment que ça va influencer mon métier en tant que réalisatrice, certainement plus qu’en tant qu’actrice. Je pense que voir des films et surtout être entourée de cinéphiles d’horizons différents aide à s’ouvrir et à s’élever. Comment s’est faite votre rencontre avec Le bal des folles ? Vous aviez lu le livre ?
Comme souvent, c’est la proposition d’un pro du cteur qui m’a décidée. Alain Goldman, avec qui j’avais travaillé pour La rafle (4), avait acheté les droits, il m’a appelée. Je vivais à Los Angeles, je venais d’accoucher. J’ai lu le livre, j’ai tout de suite eu envie de l’adapter. Le fait d’avoir une petite fille a rendu ce projet encore plus nécessaire. À ce moment-là, je voulais faire un film d’époque avec des sorcières, mais je cherchais encore mon sujet. Je n’arrêtais pas de me dire que la façon la plus moderne de parler de féminisme, c’était de raconter ce qui se passait
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hier, pour ne jamais oublier là d’où on vient. J’ai vu dans ce Bal des folles une histoire très forte impliquant des femmes. Je m’aperçois que je ne fais finalement que des films où les femmes sont au premier plan, à part Plonger (5)… et encore, c’est une femme qui part parce qu’elle n’arrive pas à élever son enfant. Je n’arrive pas à écrire autre chose, les femmes me rattrapent toujours. (Rires.) Comment vous êtes-vous documentée sur ce bal que Charcot organisait à la Salpêtrière ?
Il existe quelques gravures de ce fameux bal. Et puis il y a une jeune fille qui est entrée dans ma vie, par bouche à oreille. Une étudiante qui avait écrit une thèse sur les patientes de Charcot. Une mine ! Elle rentrait dans le détail de tout ce qui se passait à la Salpêtrière, les examens médicaux, les suicides au sein de l’hôpital, quelques infos sur le bal. Mais je n’ai pas voulu faire un film historique. Dans la réalité, ce bal annuel, où les gens venaient voir les patientes, s’amuser et danser avec elles, était sans doute plus confidentiel et moins impressionnant visuellement qu’il ne l’est dans le film. Charcot avait monté ce bal pour se faire connaître et présenter son travail. Et puis il y avait ce mystère autour de la Salpêtrière : les gens voulaient voir ces hystériques, ces « folles à lier », avec tous les fantasmes qu’elles suscitaient. Quelle idée vous faisiez-vous de Charcot ?
Quand j’ai commencé à lire sur lui, je l’ai trouvé détestable. Il était critiqué, moqué, mais il avait aussi un succès fou. Ce fut l’un des premiers médecins stars. Il ne voulait pas torturer ces femmes, il était convaincu du bien-fondé de ses expé-
riences et voulait faire avancer la médecine. Après, ce qui est terrible et que j’ai voulu montrer, c’est que faire des expériences sur ces femmes déjà un peu fragiles ou traumatisées, c’était jouer à la poupée. On leur faisait subir des examens gynécologiques, on ne les écoutait pas, elles étaient instrumentalisées… La Salpêtrière, c’était d’ailleurs plus une prison qu’un hôpital. Dans les dortoirs, se côtoyaient des femmes qui avaient tué, des femmes violentes et des femmes violées, des bipolaires, des mélancoliques, des dépressives… et même des femmes avec des scolioses, des maladies qu’on n’expliquait pas. Elles se retrouvaient toutes là, forcées de vivre ensemble. C’est cela qui rend vraiment folle. Cette histoire est aussi celle de la condition féminine au XIXe siècle…
Oui, depuis toujours, on ne veut pas que les femmes apprennent, une femme qui a du savoir est considérée comme dangereuse. Le bal des folles parle aussi de cela : comment on essaie de faire taire celles qui dérangent. Ces femmes ont des choses à dire, mais leur rébellion est insupportable. Toute critique envers l’homme ou la société l’est aussi. L’angle bourgeois m’intéressait également. N’importe quelle bonne, n’importe quelle pute, n’importe quelle femme jugée inintéressante, à partir du moment où elle dérangeait, on s’en débarrassait. Dans la grande bourgeoisie, c’était plus compliqué : comment faire disparaître sa propre fille ? Qu’allait-on dire aux autres ? Les filles riches étaient placées dans des maisons pour jeunes filles de bonne famille, rarement à la Salpêtrière. Mais il y en a eu tout de même deux ou trois, ce qui m’a permis d’y glisser Eugénie.
“Est-ce qu’en 2021, quand une femme dit quelque chose, elle est prise aussi vite au sérieux qu’un homme ? Je n’en suis pas certaine.”
Vous dites que Le bal des folles est avant tout un film sur les croyances, c’est-à-dire ?
Eugénie n’embête personne avec les siennes. Au contraire, elle pourrait faire le bien, aider les autres grâce à son don. Mais personne n’essaie de la comprendre. La seule chose qu’on trouve à faire, c’est de la mettre au cachot. C’est surtout un film sur la tolérance. Je suis athée mais j’ai souvent abordé la question de la religion dans mon travail. Le sujet me fascine, je me pose beaucoup de questions. Vous êtes dans une recherche spirituelle ?
Je vois en tout cas à quel point croire peut faire du bien. Le personnage de Geneviève, l’infirmière que j’interprète, est intéressant : elle est ultra-rationnelle, elle croit en la médecine, qui lui permet de travailler et de s’émanciper. Mais elle a perdu sa sœur, et elle est dans une souffrance physique et mentale telle qu’elle aimerait croire que celle-ci l’entend. Ça la rassurerait. Elle ne croit pas en Dieu mais elle voudrait que quelqu’un lui dise que sa sœur morte va bien. Est- ce que ça, c’est une vraie croyance ? Je ne sais pas, mais c’est bien que ça puisse exister. Quelles résonances trouvez-vous entre cette histoire et le monde d’aujourd’hui ?
À l’époque où se déroule le film, Victor Hugo perd sa fille, il est sous le choc et commence des séances de spiritisme. Eugénie, elle, n’a pas le droit de croire aux esprits parce qu’elle est une femme. Est-ce qu’en 2021, quand une femme dit quelque chose, elle est prise aussi vite au sérieux qu’un homme ? Je n’en suis pas certaine. Quant à celles qui ont du pouvoir, un métier, des enfants, on ne leur dira jamais qu’elles sont des bonnes mères, par exemple. Si leur mec assure un peu, on dira : « Qu’est-ce qu’il est bien ton homme, t’as de la chance ! » On m’a dit ça il y a deux jours. Bien sûr que le père de ma fille s’occupe très bien d’elle. Et c’est aussi très nouveau pour moi d’être avec un h o m m e q u i m e s u i t , et q u i n e m e demande pas de choisir entre mes enfants et mon métier. Pour autant, je n’ai pas l’impression d’en faire moins. J’emmène mes deux enfants dès que je peux, j’ai mon cocon qui se déplace partout avec moi. Et j’ai quinze journées en une ! Lorsque je tourne Le bal des folles de 6 heures à 18 heures, ensuite quand je rentre, c’est l’heure du bain pour la petite, celle des devoirs, du coucher, etc.
Jouer dans votre propre film, c’est un plaisir que vous vous accordez ?
Cela peut être une contrainte, mais à l’arrivée c’est un plaisir, oui. J’adore jouer avec mes acteurs, j’ai plus de facilité à les emmener quelque part quand je joue avec eux. Avec Lou (de Laâge, ndlr), c’était la troisième fois qu’on travaillait ensemble. Elle est ma muse, mon icône. On se comprend dans la seconde. J’ai aussi vécu des moments forts avec des figurantes à la personnalité singulière. Certaines avaient des scolioses, d’autres des maladies de peau… Beaucoup m’ont dit : « Je veux que vous filmiez mon corps tel qu’il est parce que je l’aime. » Arriver sur ce plateau, c’était très intense. Vous donnez le sentiment d’être affranchie, de ne pas vous interdire grand-chose dans votre carrière. Est-ce le fruit de votre éducation, d’une liberté conquise au fil du temps ?
Un peu des deux, mais cette liberté n’est pas toujours bien vue. Je connais beaucoup de réalisateurs qui tournent un long métrage par an, d’acteurs qui en tournent quatre, mais on les interroge rarement sur les raisons de leur « frénésie ». On dit toujours que je suis boulimique, un mot que je déteste. Non, j’ai un métier qui me passionne, me fait voyager et rencontrer des gens merveilleux. Je serais un peu « folle » de freiner ces possibilités. (Rires.) Néanmoins, vous vous êtes souvent définie comme une hyperactive. Dans Marie Claire, au printemps 2020, vous disiez : « Par cette frénésie pas très saine, qu’est-ce que je comble, qu’est-ce que je fuis ? » Avez-vous depuis répondu à cette question ?
J’ai adoré ce moment du premier confinement, cette pause forcée, ce silence. Je me suis reconnectée à ma famille, à la nature. C’était essentiel. Après, je trouve le monde dans lequel on vit assez terrifiant. Si on se pose juste pour regarder les infos, qu’est-ce qu’on dit à nos enfants ? J’ai pris le parti d’être du côté de l’action, pour ne pas me laisser happer par ce qui m’effraie. Je me remets au travail pour raconter des histoires, c’est ce qui me fait survivre. Qu’avez-vous appris de cette période ?
Cette année, c’est le premier été où je n’ai pas travaillé. Je suis partie avec toute ma famille, pour voir grandir ou vieillir les gens autour de moi. J’ai appris à prendre plus de recul par rapport à ce que je considérais comme des mini-drames de la vie.
Robe Alaïa. Bague Berlingot Cartier. Styliste Célia Moutawahid. Assistante stylisme Anna Carraud. Coiffure Cyril Auchère. Maquillage Jolanta Cedro. Manucure Eri Narita. Production Lotti Paris.
Je vais souvent sur mon île en Bretagne, je suis avec mes enfants. Je reçois des messages sur mon téléphone mais il y a un très mauvais réseau, alors je laisse filer. Autrefois, j’aurais couru partout sur l’île pour attraper un peu de connexion et pouvoir répondre. Et puis je dors, je dors enfin ! Je suis passée de cinq à huit heures de sommeil par nuit, et ça c’est très nouveau pour moi. Avant, j’avais l’impression que le sommeil était une petite mort. J’ai aussi appris à m’écouter, à ralentir le soir pour prendre le temps de réfléchir à ma journée. C’est bien d’être une guerrière, mais une guerrière trop fatiguée perd au combat ! Au printemps, vous nous aviez surpris en jouant dans Oxygène, un film d’anticipation. Vous alternez les genres à la fois comme actrice et comme réalisatrice. Est-ce le fruit des rencontres ou une vraie volonté ?
Plutôt d’une volonté. J’ai vite compris que je préférais brouiller les pistes et ne jamais m’empêcher de faire quoi que ce soit. Je pense que c’est aussi pour cette raison qu’Alexandre Aja a pensé à moi pour Oxygène. Il m’avait vue sans doute avant dans un film d’action improbable (rires), puis dans une comédie. L’avantage de changer de registre, c’est que je ne m’ennuie jamais, et réaliser des films me permet de ne pas être dans l’attente d’un scé-
nario à jouer, c’est un luxe. Je n’ai pas envie de choisir entre le jeu et la réalisation. Il y a des réalisateurs, notamment dans le cinéma d’auteur, avec lesquels je rêverais de tourner. Mais certains me voient comme une réalisatrice, alors qu’ils cherchent une muse… et peut-être que cela freine un peu les choses. Pourtant, quand je suis actrice, je ne suis que cela, je passe en mode bon petit soldat. Est-ce que dans vos films les actrices sont payées autant que les acteurs ?
Elles ont les premiers rôles, donc elles sont bien payées. Mais cela reste un vrai combat. J’ai fait récemment un film avec un acteur moins connu que moi et il était pourtant payé à l’identique. Les femmes ne sont jamais mieux payées que les hommes, même quand leur carrière le justifie. Et ce sont pourtant les actrices qui souvent font les couvertures de magazines et les émissions télé ! C’est compliqué : quand on me propose un film avec un acteur que j’admire, je ne vais pas dire que je refuse de tourner s’il est mieux payé que moi. Et pourtant il faut savoir dire non si on estime les conditions injustes. Et si on veut que le système change enfin. 3. Question posée après notre rencontre de début juillet. 4. De Rose Bosch (2010), avec Jean Reno, Gad Elmaleh. 5. Avec María Valverde, Gilles
Lellouche (2017).
40 TÊTE-À-TÊTE(S) INTERVIEW
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Le tournage s’est déroulé, l’été 2020, durant le confinement et les masques y apparaissent.
C’était une idée de Joachim Lafosse et cela racontait aussi quelque chose sur le virus. Il s’agit d’un couple confiné. Elle a moins de vie sociale depuis la maladie de son mari. Après, j’aime la nuance qu’il y a dans ce film et les masques n’y apparaissent que comme des accessoires. Parce que le sujet du film est très intemporel. Vous avez tourné ce film juste après la naissance de votre fille ?
Elle passe du registre de la comédie à celui du drame avec une facilité déroutante. Dans Les Intranquilles de Joachim Lafosse, Leïla Bekhti est bien plus qu’une femme courageuse. Aimant la vie par-dessus tout, l’actrice a su se créer son propre univers dans un monde où naissent les fantasmes. Par Joëlle Lehrer
« J’aime jouer le quotidien au cinéma »
STENOLA PRODUCTIONS.
LEÏLA BEKHTI
D
ans sa famille, la connexion avec Joachim Lafosse existe puisqu’il y a quelques années, Tahar R ahim , le mari de Leïla, jouait dans À perdre la raison du même Lafosse. « Ce qui me plaît dans son cinéma, c’est sa manière de raconter les névroses. Et j’aime le fait qu’il n’y propose pas de vision manichéenne », me dit-elle au téléphone pendant que ses enfants jouent dans la pièce à côté. Les Intranquilles parle d’amour et de bipolarité. Les histoires d’amour sont trop irrationnelles, selon Leïla Bekhti. « Quand des amis à nous viennent nous raconter leurs problèmes de couple, on fait vachement attention à ce qu’on leur dit. Parce que ce sont des conseils qui peuvent changer une vie. » Qu’est-ce qui vous a plu par-dessus tout dans votre personnage des Intranquilles ?
Le fait qu’elle soit en quelque sorte l’infirmière de son mari, atteint de bipolarité, mais qu’elle ne soit pas pour autant soumise. Elle n’est pas une victime, non plus. Elle aime son mari. Et lui l’aime aussi.
Exactement. J’avais du poids à perdre mais Joachim trouvait que ces kilos en trop étaient intéressants pour le personnage. Et j’étais entièrement d’accord. Cette femme ne peut pas apparaître en version glam avec des faux cils et sans cernes sous les yeux. Avant d’être actrice, je suis spectatrice. Quand le rôle le permet, que l’actrice ne la joue pas sur le physique me donne une impression de proximité. En tant que femme, on est tour à tour de nombreuses personnes : amante, mère, amie, confidente, bosseuse. Et il arrive que parfois, on se laisse aller. On mange plus, on dort moins. C’est la vie. J’aime jouer le quotidien au cinéma. Votre personnage dans ce film est restauratrice de meubles. Ce qui n’est pas anodin.
Pour moi, elle répare les meubles comme elle répare son mari. Elle a l’impression qu’elle passe sa vie à ça. Mais elle est passionnée par son travail. Et c’est une battante. J’aime l’idée qu’elle veuille s’occuper de son mari. Pour moi, c’est plus rock’n’roll d’essayer de rester avec la personne qu’on aime que de la quitter au moindre problème. Mais je ne peux pas juger les autres. Quel est votre prochain film ?
Je suis en plein tournage de Un cœur en abîme de Guillaume Bureau, avec Karim Leklou. Cela se passe en 1920. C’est un régal de porter les costumes de cette époque. C’est l’histoire d’une femme qui attend le retour de son mari qui était au
front. Je suis une très grande romantique et l’idée de jouer ce personnage, fébrile et prêt à tout, m’a emballée. Ensuite, je tournerai de nouveau x épis o des de La Flamme, une série sur Canal Plus. Vous avez réussi à vous créer une famille au cinéma. Ainsi, Géraldine Nakache et Jonathan Cohen sont, pour vous, plus que des amis.
La vie l’emporte avec certaines personnes. On ne se parle pas que de films. Les plaisirs que ce métier peut m’offrir, si je ne les partage pas avec des gens que j’aime, je m’en fous. Ça ne m’intéresse pas d’être seule dans un super hôtel ou une super maison. Vous êtes une grande fan de Céline Dion mais le sait-elle ?
Écrivez-le ! Son parcours me fascine et ses chansons ne me donnent que l’envie de faire des playbacks. Quand je l’écoutais, dans mon enfance, il m’arrivait d’avoir envie d’être triste pour ressentir ce qu’elle vivait dans ses chansons. (Rires.) Votre mari, Tahar Rahim, mène dorénavant une carrière internationale. Cela vous tente vous aussi ?
Moi, je fais des films pour les histoires qu’ils racontent. Donc, si ça se déroule à Los Angeles, Carcassonne ou Namur, ce n’est pas le plus important. C’est aussi pour cela que Tahar cartonne en ce moment. Il a fait les choix de bons rôles. Ce qui lui arrive est formidable mais surtout très mérité. Je l’admire beaucoup pour son travail et son intégrité. Et c’est la plus belle personne que je connaisse. Et la réalisation ?
Oui, je viens de terminer l’écriture d’un scénario. Je réaliserai le film mais je ne jouerai pas dedans. J’ai envie de raconter cette histoire derrière la caméra. Et j’espère qu’on l’appréciera pour ce qu’il est, pas comme un film de femme ou d’actrice. Le débat sur ce point se terminera quand on arrêtera de parler du genre. Les Intranquilles, de Joachim Lafosse, avec Leïla Bekhti, Damien Bonnard et Gabriel Merz Chammah, sortie le 6 octobre. Le film ouvrira le Festival du Film Francophone de Namur le 1er octobre.
LE MAS DE TORRENT en terre catalane
hotelmastorrent.com
DAVID HOCKNEY.
la campagne alentour.
David Hockney, nr. 299 – 29/04/2020, Tableau support iPad.
PRESSE.
1. Le Mas de Torrent dans une ancienne ferme du XVIIIe. 2. Entre modernité et tradition dans le grand salon de l’hôtel. 3. Chaque suite offre une vue sur
On aurait tort de résumer la Costa Brava à ses plages, aussi séduisantes soient-elles. Dans l’arrière-pays, le Mas de Torrent est l’une des plus jolies adresses de la Catalogne. Un Relais & Châteaux du XVIIIe qui bénéficie d’un confort luxueux et de prestations affirmées, dans une retraite bucolique. Niché dans une ancienne ferme catalane, le Mas de Torrent Hotel & Spa (Ùnico Hotels) se trouve à juste distance entre Gérone et la côte. Estampillé Relais & Châteaux, l’hôtel séduit par le calme, le raffinement et l’exclusivité qu’il respire. Après une remise au goût du jour minutieuse de sa décoration – plus épurée - et de ses installations, la propriété se dévoile aujourd’hui sous un nouveau jour pour plaire aux voyageurs les plus exigeants. L’idée a été de créer un espace à la fois cosy et luxueux, tout en renforçant la position de l’hôtel en tant que lieu de rencontre local. Avec une trentaine de suites, dont 7 Suites Piscine qui ouvrent sur une vaste terrasse et une petite piscine privative, réparties sur plusieurs hectares de jardins et de vignes, l’espace est le luxe ultime au Mas de Torrent. Quant à la Suite Nature, aussi apaisante que sensorielle, elle est entièrement composée de matériaux naturels, écologiques et durables, et semble comme «intégrée » dans le paysage bucolique qui l’entoure. On aime aussi le Mas Spa, 600 m2 dédiés au bien-être, avec 4 salles de soins (By Natura Bissé), deux piscines chauffées (intérieure et extérieure), hammam, sauna et cours de yoga, méditation ou Pilates. Cerise sur le gâteau, sa table faisant la part belle aux produits locaux ! Un restaurant dirigé par le chef catalan de renom, Ramón Freixa, qui fait rimer tradition et modernité. Sans oublier une cave d’excellentes maisons. Par Raoul Buyle
« DO REMEMBER THEY CAN’T CANCEL THE SPRING. » DAVID HOCKNEY David Hockney : L’arrivée du printemps, Normandie 2020 et Œuvres de la collection de la Tate, 1954-2017, double exposition à Bozar Bruxelles, bozar.be
CULTURE
AGENDA
CULTURE
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POÈMES PLASTIQUES
« Ces disques sont faits comme des gaufres », explique Marcel Broodthaers (1924-1976) à propos des assiettes en plastique qu’il a produites entre 1968 et 1972, autour de l’influence de la publicité et des médias de masse sur le langage et la communication visuelle. En utilisant les éléments populaires des panneaux de signalisation en plastique, Broodthaers a créé des poèmes visuels énigmatiques avec des signaux, des images, des lettres, des mots ou une ponctuation sans signification universelle. Les contours arrondis des lettres et des pictogrammes, fabriqués industriellement à l’aide de la technique de formage sous vide, les rendent presque tangibles. L’exposition montre toute la gamme et tous les motifs secondaires, versions et variations inconnues, pour révéler la vision idiosyncratique de la sérialité de l’artiste, ainsi qu’une sélection de ses Lettres ouvertes.
Ada M. Patterson, Kanga for the Present, 2019.
Malgré les prévisions, les inondations, les affaissements et les incendies de forêt, nous avons trop souvent tendance à penser que le réchauffement climatique est encore un scénario apocalyptique lointain. Ce n’est pas le cas d’un certain nombre d’artistes des Caraïbes.
Le changement climatique est partout, même s’il peut paraître encore peu visible dans notre vie quotidienne. Un peu comme si nous étions dans l’œil du cyclone, un silence menaçant entouré d’un vent écrasant. Cette image s’applique littéralement aux Caraïbes, où les ouragans font des ravages et exposent à une grande disparité. Ce qui semblait autrefois être une perspective lointaine pour nous, Européens, est déjà une réalité quotidienne là-bas. Les récentes catastrophes naturelles suggèrent
Marcel Broodthaers, Poèmes industriels, lettres ouvertes, jusqu’au 9 janvier 2022 au Wiels, 354 avenue Van Volxem, Bruxelles, wiels.org
BRUXELLES
BINCHE
MALMEDY
MONS
Hyperrealism Sculpture. Ceci n’est pas un corps
Visions
La Coccinelle, voiture de légende
Avant le coucher du soleil
Ceci n’est pas un corps, emprunté à La trahison des images de Magritte : le titre de l’expo exprime bien l’idée que plus on cherche à saisir le réel, plus il s’éloigne. Une quarantaine d’œuvres exposées à Bruxelles, après leur succès à Bilbao, Canberra, Rotterdam et Liège.
Jusqu’au 7 novembre à Tour&Taxis, 86C avenue du Port, 1000 Bruxelles, tour-taxis.com
Jusqu’au 2 janvier 2022 au Musée international du carnaval et du masque de Binche, 10 rue Saint-Moustier, 7130 Binche, museebinche.be
Elle a été la voiture la plus vendue au monde, avec plus de 21 millions d’exemplaires ! L’expo replonge dans son passé, de ses débuts sous le régime nazi, à son ascension fulgurante après la Deuxième Guerre mondiale et la fin de sa production en 2019. Séquence nostalgie !
Jusqu’au 20 février 2022 au Malmundarium, 9 place du Châtelet , 4960 Malmedy, malmundarium.be
Un parcours dans l’univers de la sorcière à travers les œuvres de la collection de la Province de Hainaut. Une façon d’interroger les archétypes liés à la sorcière, comme femme, nature, vie animale, sortilège, transformation, maternité, spiritualité, énergie vitale… entre autres ! Jusqu’au 19 décembre à la Maison Losseau, 39-41 rue de Nimy, 7000 Mons, maisonlosseau.be
COURTESY THE ARTIST.
AGENDA Quatre artistes belges proposent leur vision du masque, à travers des photos, des œuvres céramiques, des pièces textiles et des installations sonores et visuelles. Ils posent un nouveau regard sur les folklores, les mascarades et les rituels masqués. Déconcertant !
Marcel Broodthaers, modèle : la pipe, 1968-69.
In the Eye of the Storm, jusqu’au 23 janvier 2022 au Z33, Bonnefantenstraat 1, Hasselt, z33.be
SUCCESSION MARCEL BROODTHAERS, SABAM 2021. PRESSE.
LE MAUVAIS ŒIL
que l’avenir, c’est maintenant. Basée sur le travail de plus de dix artistes, notamment de Porto Rico, Haïti, La Barbade, La Grenade, la Guadeloupe et la Martinique, cette exposition met en lumière l’impact du changement climatique et montre comment la population caribéenne en général et les artistes en particulier y font face. À travers des films, des photographies, des peintures, des sculptures et des installations, chacun d’entre eux explore l’impact des tempêtes réelles ou potentielles. Les artistes recherchent la confrontation poétiqu e avec le problème, au lieu de dépeindre directement les tempêtes.
ODE À L’AUTOMNE
Par Étienne Heylen et Aurélia dejond
Après une pause d’un an due à la pandémie, nous pouvons à nouveau admirer la nature dans sa splendeur automnale au parc de Beervelde. Avec 240 exposants rigoureusement sélectionnés et plus de 20 000 visiteurs, les Garden Days sont connus dans toute l’Europe. En plus des plantes et des fleurs, la visite est bercée par un accompagnement musical et propose un large choix dans le domaine de la décoration, de l’artisanat, des animations pour enfants, des ateliers et des produits culinaires régionaux. Les exposants ont le chic pour installer leur stand autour d’un thème général. Cet automne, le parc fera une tournée de contes de fées, basée sur La Princesse et la Grenouille, d’après un dessin de l’illustrateur David Audenaert. En dehors des Garden Days, on peut également se promener gratuitement dans le parc. Les Journées des Plantes, les 8, 9 et 10 octobre au Parc de Beervelde, parkvanbeervelde.be
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CULTURE
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LIVRES
CÉDRIC CHEVALIER
« Avoir écrit ce livre est une forme d’activisme. »
Nos trois coups de cœur du mois Par Gilles Chenaille et Aurélia Dejond LE BIJOU Rien à déclarer de Richard Ford
Comme l’altermondialiste et ancien collaborateur de Kofi Annan, Jean Ziegler, je crois en l’optimisme de la volonté. Laisser l’humanité aller à sa perte n’est pas une fatalité. Oser s’autoriser à envisager un futur plus serein demande de sortir des actions individuelles, trop limitées et limitantes. Les écogestes qui donnent bonne conscience, c’est loin d’être suffisant. Il faut absolument amorcer un mouvement de force, porté par une prise de conscience sur le plan collectif. Cela commence par un engagement beaucoup plus fort de chaque citoyen. Cela signifie qu’il faut se politiser ?
À mes yeux, c’est le début de la solution. Que l’on s’affilie à un parti, un syndicat,
une association… passer de un à plusieurs et penser collectivement est primordial. Cela nécessite une éducation des plus jeunes, avant tout. Se (re)politiser ne va pas de soi. On ne se réveille pas tout à coup citoyen le jour de ses 18 ans, avec le droit de vote à portée, dont on parle à peine à l’école. Quant aux plus âgés, cela signifie qu’il faut s’auto-éduquer, au regard de l’évolution de la société. Les générations émergentes semblentelles moins passives ?
Une partie d’entre elles semble vraiment réaliser qu’elle pourra moins profiter de la croissance et s’inquiète pour son avenir environnemental et social, notamment. Le confort individuel et matériel des générations X et des baby-boomers a contribué à dépolitiser ces derniers, qui
Feu de Maria Pourchet
ressentaient moins le besoin d’être autant acteurs que les ados et les jeunes adultes d’aujourd’hui. Ceux-ci ont besoin de modèles inspirants et nécessaires, comme Adélaïde Charlier et Anuna De Wever en Belgique ou Greta Thunberg à une échelle plus mondiale. Montrer l’exemple, ouvrir des brèches, susciter la réflexion, ouvrir les yeux… c’est fondamental et extrêmement rassurant pour l’avenir.
L’HISTOIRE
Ils ne sont pas faits l’un pour l’autre, mais la passion ne s’arrête pas à ce genre de détail. On peut même penser que c’est cette incompatibilité qui allume la mèche de leur incendie intime. Laure, prof de fac ouverte au monde, la quarantaine séduisante, deux enfants dont une adolescente à vif, et un compagnon. Clément, la cinquantaine en vrac, financier speedé-désabusé, célibataire ne s’encombrant que d’un chien, n’ayant de liaison durable qu’avec YouPorn. Mais derrière leur attirance physique qui ne s’explique pas, se profile un truc qui va mettre le bazar dans leurs vies : un mot de cinq lettres qu’ils n’osent pas prononcer.
Vous proposez un pacte social écologique comme alternative…
L’idée est de sortir du contrat social de Rousseau, qui ne prenait pas en compte l’environnement, la nature ou les animaux et le renouveler en les y intégrant comme acteurs fondamentaux de la société. J’imagine une sorte de cahier des charges qui rassemble citoyens, État et nature, pour une cohabitation réfléchie : il faut sortir du mythe de la croissance éternelle, au détriment de la nature, qui montre de plus en plus ses limites. Terre en vue ! Plaidoyer pour un pacte socialécologique, Cédric Chevalier, préface d’Esméralda de Belgique, éd. Luc Pire 19,90 €.
Un top de la rentrée étrangère, par l’un des tout premiers écrivains américains, lauréat du prix Pulitzer de la fiction avec Indépendance, du Fémina étranger avec Canada, et auteur de l’inoubliable Un week-end dans le Michigan. Dans ce nouveau recueil de nouvelles d’une bouleversante clairvoyance malgré leur grâce et leur légèreté stylistique, les protagonistes, qu’ils soient à New York, La Nouvelle-Orléans, Paris ou Dublin, pensent à leur passé, fait de moments heureux comme de rendez-vous manqués. Nostalgie certes, mais pas délectation morose, vision claire de nos rapports humains si imparfaits, mais pas rumination, ce Rien à déclarer – alors qu’il y a tant à dire de la vie et que Ford le fait si bien – signifie qu’elle lui convient telle qu’elle est et qu’il n’a pas de grande déclaration à faire. Avec une forme de sagesse détachée entre les lignes et dans un style toujours aussi épuré, ce grand écrivain nous dit aussi qu’on se relève de tout, et que si le diable est dans les détails, le bonheur aussi.
Éd. de L’Olivier, traduit de l’anglais (États-Unis) par Josée Kamoun, 22,50 €. LA SURPRISE
Mon mari de Maud Ventura
En faisant le compte de sa vie intérieure, et après quinze ans de vie commune (deux enfants, une maison, de l’argent), – ce qui aurait pu la pousser à l’indifférence, voire à l’indigestion – elle arrive à ce constat : 65 % de ses pensées concernent son mari. Être toujours amoureuse, et même de plus en plus, est-ce normal ? Alors elle se met à le tester et à noter dans le moindre détail tout ce qui pourrait prouver qu’il ne l’aime plus. Un premier roman hilarant, obsessionnel, un brin inquiétant…
Éd. L’Iconoclaste, 19 €. LA DÉCOUVERTE
LE VERDICT
PRESSE. AURÉLIA DEJOND.
Par Aurélia Dejond
LA PREMIÈRE PAGE
PRESSE.
Parce que les intellectuels engagés manquent cruellement à ses yeux, Cédric Chevalier a décidé de militer à sa façon pour l’environnement, en mettant ses compétences au service de la conscientisation. Avec Terre en vue!, il espère contribuer à modifier l’inconscient collectif.
Vous écrivez qu’on a le droit de rêver à un avenir joyeux, malgré l’urgence climatique… c’est audacieux !
VITE ET BIEN
Amour. Vous aviez compris que c’est de cela qu’il s’agissait, et dont ce livre incandescent parle si bien, sans trémolos ni violons. Mais comment « gérer » cela, dans l’hypermodernité de vies rationnelles engagées sur d’autres rails ? Leurs différences, leurs caractères, leurs histoires, tout semble incompatible. C’est là que le talent de Maria Pourchet – alliant vivacité, humour ravageur et réalisme inspiré – frappe fort, nous montrant comment l’amour-passion, par une espèce d’alchimie quantique, permet d’être ici et là en même temps, liant et même fusionnant deux réalités distinctes. Alors, happy end pour nos deux allumées ? Gilles Chenaille (*) Éd. Fayard, 20 €.
Vent debout, d’Aurélie Giustizia
C’est un premier roman impossible à lâcher, rythmé par une écriture qui décrit l’univers de Léonie, héroïne dont l’univers flirte avec l’étrange. Un monde parallèle où chaque repère et valeur prend d’autres contours et chamboule, interroge, dérange. On rit, on pleure, on a peur, on ne sort pas indemne de cette lecture qui nous confronte finalement à nous-même, à notre vie réelle et à l’autre, rêvée, fantasmée… ou vécue, d’une façon ou d’une autre, et seule connue de nous. Une plume belge à suivre.
Éd. Cent Mille Milliards, 15 €.
CINÉMA
Et juste avant, on avait pu le remarquer dans Munich de Steven Spielberg. Pour vivre au rythme de l’agent 007, l’acteur cessa de fumer. Son corps fut assuré pour 9,5 millions de dollars. Il fut rapidement considéré comme un sex-symbol et élu parmi les quinze hommes les plus sexys au monde. Ce qui était vraiment nouveau pour lui qui avait vécu à l’écart des radars. Quand il a accepté de jouer James Bond, en 2005, l’acteur ne voulait pas ressembler à ses prédécesseurs. En plaisantant, Daniel Craig dit être nul en imitations. Plus fondamentalement, il désirait qu’on lui laisse une forme de liberté dans son jeu. Pourtant, il y a une tradition James Bond. Et une légende écrite depuis vingtcinq films. No Time To Die est le vingt-cinquième. Il commence là où Ian Fleming, le créateur du personnage, aimait se ressourcer. Et aussi là où James Bond pense couler une retraite paisible. En Jamaïque. Conçu comme un James Bond classique mais avec un côté extrêmement contemporain, selon Barbara Broccoli, No Time To Die est edgy. Avec un visuel fort. Et aussi des dialogues écrits, en partie, par Phoebe Waller-Bridge, considérée comme l’Anglaise la plus drôle du monde. LE JAMES BOND DE L’APRÈS #METOO
Dans No Time To Die (Mourir peut attendre), le nouveau James Bond, 007 sort de sa retraite. Daniel Craig, lui, raccrochera après cet épisode-ci. Enfin, il restera acteur mais dans d’autres scénarios. Ce que l’iconique espion aura changé en lui, c’est un secret qu’on a tenté de percer. Portrait. Par Joëlle Lehrer
son dernier Bond
PRESSE.
Daniel Craig,
Cet acteur anglais n’est pas un James Bond comme les autres. Pas seulement à cause de la lumière qui passe dans ses yeux et cette force tranquille qu’il dégage. Non, Craig est aussi l’un des producteurs des cinq films qu’il a tournés sous la bannière bondienne. Et c’est un élément peu connu mais qui explique la singulière modernité des derniers James Bond. Selon Barbara Broccoli, la productrice, Craig a amené Bond dans le XXIe siècle. Parce qu’entre autres choses, il a humanisé cette machine à tuer (pour le bien de tous) qu’est 007. Comme de nombreux acteurs britanniques, Daniel Craig a démarré sa carrière au théâtre et il connaît Shakespeare sur le bout des doigts. Ses camarades du cours d’art dramatique étaient Ewan McGregor et Joseph Fiennes. Il avait 37 ans quand il a été choisi pour incarner James Bond dans Casino Royale.
Selon Daniel Craig, un James Bond reflète toujours le monde dans lequel lui et nous évoluons. « Le contraire serait impossible. Et puis, ce qui se produit dans le monde influence aussi les personnages. Mais ce serait une erreur de trop les référencer. Nous parlons des peurs. Nous parlons de ce que veulent les méchants. Veulent-ils dominer le monde ou le détruire ? » Le méchant de ce nouveau Bond est interprété par Rami Malek. Oui, le jeune acteur qui jouait Freddie Mercury dans Bohemian Rhapsody. On le sait, les transformations physiques ne lui font pas peur. Ce nouveau James Bond est aussi le James Bond de l’après #Metoo. Et ce n’est pas rien. Aussi, un nouvel agent féminin, incarné par Lashana Lynch, rejoint 007. « Nous nous sommes posé beaucoup de questions à propos de #Metoo et je ne veux pas esquiver ça mais vous ne pouvez pas résoudre les choses avec Bond. Placer face à lui un
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personnage aussi fort est une manière de l’amener à se révéler », explique Daniel Craig. Outre Lashana Lynch, le cast féminin comprend Ana de Armas, Naomie Harris et Léa Seydoux. Mais avec Léa, on sait bien qu’entre Bond et elle, c’est presque sérieux… Ce qui est certain, c’est que le prochain James Bond ne sera pas joué par une femme. Barbara Broccoli est formelle sur ce point. « On doit imaginer d’autres histoires pour les femmes », assuret-elle. Si le choix de l’acteur qui prendra la relève de Daniel Craig n’a pas encore été arrêté, la productrice est ouverte à tout. « La seule contrainte qu’on se fixe, c’est qu’il soit anglais ou du Commonwealth », précise-t-elle. Daniel, lui, est aussi certain d’une chose : « Le monde continuera de tourner même si j’arrête Bond. » LA VIE D’APRÈS
L’après Bond, pour Craig, se déroulera, dans un premier temps, dans sa sphère privée. Il avoue l’avoir régulièrement délaissée depuis quinze ans, ses années dans la peau de 007. Marié depuis 2011 à l’actrice Rachel Weisz, qu’on a pu voir, entre autres, dans La Favorite, Rachel et Daniel ont eu leur premier enfant (une petite fille) en 2018. Elle avait, alors, 48 ans et lui, 50. Ils ont longtemps vécu à New York, dans l’East Village, avant de déménager vers Brooklyn. Du moins, lorsqu’ils ne sont pas sur les plateaux de tournage… Le couple n’a pas pour habitude de s’exprimer sur des questions personnelles. Il fuit les paparazzis comme la peste. Et pour passer inaperçu en rue, Daniel a coutume de porter un chapeau, ce qui le rendrait méconnaissable. Que ses fans se rassurent, l’acteur a repris du service dans la suite de Knives Out de Rian Johnson dont la sortie est prévue pour 2022. On n’imagine pas, en effet, qu’il n’y ait pas d’après à ses années bondiennes. Not Time To Die (Mourir peut attendre), de Cary Joji Fukunaga, sortie le 30 septembre.
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CULTURE
CINÉMA
MUSIQUE
GRAND ÉCRAN
CULTURE
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On aime
OSCAR AND THE WOLF
Ce mois-ci, on découvre le talent de la réalisatrice belge Laura Wandel, l’histoire du premier restaurant français, les émois d’une jeune fille berbère et le cambrioleur de la National Gallery. Par Joëlle Lehrer
En une dizaine d’années, le Belge Oscar and The Wolf, aka Max Colombie, a réussi à créer un univers musical de synthé-pop personnel impressionnant. Ce troisième album nous permet davantage de pénétrer dans sa bulle intime. Enregistré à Bruxelles, au studio ICP, avec le producteur Jeroen De Pessemier et le multi-instrumentiste Ozan Bozdag, The Shimmer a été conçu comme la bande-son d’un blockbuster. Des émotions mélancoliques aux moments de bliss, du sens de la répartie dans les textes, I am not your nostalgic bitch par exemple, tout est changeant et chatoyant. Écrit durant le confinement, cet album possède, comme l’indique son auteur, un côté « riviera » très séduisant. Il a été entre autres inspiré par le film Call Me By Your Name de Luca Guadagnino, l’histoire d’une passion amoureuse peu banale sous le soleil italien.
ON DÉCOUVRE
Vous connaissiez Isabelle Adjani, voici sa nièce Zoé Adjani. Dans Cigare au miel, premier film de Kamir Aïnouz, elle tient le rôle d’une jeune fille, issue d’une famille berbère laïque installée à Neuilly-surSeine, qui découvre la sensualité, le plaisir et la liberté. On est en 1993 et cela sonne bien de son époque mais c’est sans compter le poids du paternalisme. Et l’idée d’un mariage arrangé traverse l’esprit de ses parents alors que dans leur pays d’origine, l’Algérie, le fondamentalisme est en train d’émerger.
On aime
The Shimmer, PIAS, sortie le 22 octobre.
Éric Besnard se propose de nous raconter, dans Délicieux, la naissance du premier restaurant… Un joli défi en costumes d’époque où la petite histoire rejoint la grande. Puisque c’est à l’aube de la Révolution française qu’un cuistot, licencié par le Duc de Chamfort, se mettra à l’œuvre pour le bien de tous. Selon ce pionnier de la restauration, tout le monde, quels que soient son rang et ses titres, a droit à bien manger. Et il innovera dans cette discipline.
De Laura Wandel, avec Maya Vanderbeque, Günter Duret, Karim Leklou et Laura Verlinden, sortie le 20 octobre.
D’Éric Besnard, avec Grégory Gadebois, Isabelle Carré et Benjamin Lavernhe, en salles.
ON SE DÉLECTE
ON SOURIT
Basée sur des faits réels, The Duke, de Roger Michell, est une comédie comme seuls les Britanniques sont capables d’en faire. En 1961, un chauffeur de taxi, proche de la retraite, se met en tête de subtiliser une œuvre d’art à la National Gallery. Son choix se porte sur le portrait du Duc de Wellington par Goya. Pour la police, seul un gang a pu faire le coup. Interprété par les merveilleux Jim Broadbent et Helen Mirren, ce film contient aussi une petite touche sociale inattendue. De Roger Michell, avec Jim Broadbent et Helen Mirren, sortie le 6 octobre.
PRESSE.
Le cinéma belge peut désormais compter sur le talent de la jeune réalisatrice Laura Wandel. Cette Bruxelloise de 36 ans signe un premier film qui émeut autant qu’il interpelle. Un monde nous plonge dans l’enfer du harcèlement scolaire. Mais vu par les yeux des enfants. Nora et Abel, la sœur et le frère, fréquentent la même école. Ni l’un, ni l’autre n’ont fort envie d’y aller. Dans cet établissement, les plus grands terrorisent les plus petits. Abel, bien qu’il soit l’aîné de la fratrie, a l’air aussi le plus fragile. Et c’est sur le plus fragile que les autres cognent. Sa frangine n’ose pas raconter à leur père ce qu’il se passe vraiment. Filmé à hauteur d’enfant, Un monde ne pose pas de jugement moral et ne présente pas une panoplie de solutions pour lutter contre ce fléau. Les jeunes acteurs y sont incroyables de justesse. Présenté au Festival de Cannes, dans la catégorie « Un Certain Regard », ce film a reçu le Prix de la critique internationale.
MARIE WYNANTS. MAYLI STERKENDRIES. MELIE HIRTZ. AXLE JOZEPH.
De Kamir Aïnouz, avec Zoé Adjani, Amira Casar et Lyes Salem, sortie le 6 octobre.
ON SUIT Lubiana
Belge, avec des origines en partie camerounaises et un prénom qui rappelle Ljubljana, la capitale slovène, Lubiana a l’habitude des mélanges. Son premier album, entièrement chanté en anglais, mixe donc ce qui lui plaît dans son héritage africain - entre autres, une grosse passion pour la kora, l’un de ses instruments de prédilection - et la pop soul moderne. Fort agréable, ce premier album manque peut-être d’un grain de folie et de quelques morceaux addictifs. Nul doute que la jeune artiste saura rajouter ce qu’il faut de piment sur scène. Beloved, Autoprod.
ON RETROUVE BRNS
La formation bruxelloise de rock indé livre sa quatrième production intitulée Celluloid Swamp à la pochette pop psyché. Pour renouveler le son et éviter les redondances, BRNS s’est embarqué pour Brooklyn mais aussi pour Outlier Inn, un resort pour musiciens qui leur permet d’enregistrer dans des conditions optimales et proches de la nature. Cette fois, la chanteuse Nele De Gussem a fait partie du voyage et sa voix éclaire ces nouvelles compos particulièrement denses. Un album que BRNS qualifie de futuriste. Celluloid Swamp, PIAS, sortie le 22 octobre.
ON SAVOURE Poupie
Elle a la tchatche et pas sa langue en poche, Poupie. À 21 ans, elle ignore les préoccupations des poupées fragiles. Sur des airs de pop urbaine, avec un soupçon de reggae, la Lyonnaise balance ce qui fait son existence et parvient à glisser « steak saignant » juste avant « état d’âme » dans un même morceau. Elle dédie une chanson à « Thelma et Louise », duettise avec Jul, et prouve qu’elle peut chanter en espagnol aussi bien qu’en anglais. On dit bravo ! Enfant roi, Universal Music.
Par Joëlle Lehrer
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Vert, j’espère... Déterminées à être actrices du changement face à l’urgence climatique, ces six femmes belges ont décidé de faire partie de la solution. Chacune pose des éco-gestes forts, dans un domaine particulier, pour éduquer, responsabiliser et conscientiser au devoir de protection d’une planète plus que jamais en danger. Par Aurélia Dejond
Virginie Pierre PREMIER PRIX (EX AEQUO) TERRE DE FEMMES YVES ROCHER 2021 AVEC « CUEILLEUSES DE MIEL »
« Apprendre à être autonome alimentairement est un acte citoyen. » Laurence de Vestel
COFONDATRICE DE VESTACULTURE, LES JARDINS COMESTIBLES
Delhaize de Boondael. Ils sont réalisés par mon associé Antoine Arnould. Une façon de planter l’avenir ? Complètement. Encourager à manger sainement et localement, au recyclage des déchets grâce au compostage, à la solidarité dans un quartier, à l’éducation des plus jeunes au locavorisme grâce au jardin… La permaculture fait partie de la solution pour une planète plus verte ! vestaculture.com
PRESSE.
Être actrice du changement en créant des jardins comestibles, une évidence ? Apprendre à être autonome alimentairement est un acte citoyen, cela permet d’être moins dépendant de géants de l’agro-industrie, comme le monstre Monsanto. Le film Demain montre à quel point ce que nous mettons dans notre assiette vient souvent de très loin. Cultiver son potager, c’est poser un geste fort et un premier pas vers une responsabilisation plus grande, sur le plan individuel et collectif. Je dessine des jardins comestibles pour des particuliers, des entreprises, des restaurants ou récemment, pour le toit du
PRESSE.
À quand remonte votre sensibilisation à l’environnement ? Petite déjà, un animal mort dans mon assiette me posait question. Le livre de Jean Giono, L’homme qui plantait des arbres, a également beaucoup marqué mon enfance. Votre premier éco-geste ? Je suis devenue végétarienne vers 40 ans. Ça a été le fruit d’un cheminement profond suite à une conscientisation salutaire, grâce à des lectures, notamment, comme l’ouvrage de Matthieu Ricard, Le végétarisme - Une vue bouddhiste, qui a achevé de m’ouvrir les yeux.
À quand remonte votre sensibilisation à l’environnement ? J’ai très tôt senti que je faisais partie d’un tout, d’un écosystème, au même titre qu’une carotte ou une mouche. Petite, je me promenais en forêt avec mon grand-père pour aller écouter les oiseaux. Quant à ma conscience écologique profonde, elle s’est manifestée quand j’ai commencé à faire des voyages lointains, dans des pays où j’ai clairement pu vivre le changement climatique dans ma chair, comme l’Inde. Depuis que je vis en Guinée, je constate une hausse des températures chaque année, mais je vois aussi des rivières disparaître complètement. L’urgence est plus que palpable. Votre premier éco-geste ? J’ai très vite refusé la malbouffe et soutenu le local et le bio. Enfant, je refusais la viande et j’ai rapidement eu un comportement végétarien. La surconsommation me posait déjà problème. Bref, j’étais la copine idéale qui refusait de manger au fast-food et prisais les légumes oubliés... l’ado chiante. (Rires.) Les abeilles, une passion de toujours ? Ça a été l’amour fou, grâce à une rose ! Comme moi, les abeilles adorent leur parfum. J’ai créé mes ruchers à Liège et au fil du temps, les apidés m’ont menée partout dans le monde, de la Turquie à la Guinée aujourd’hui. Comme entrepreneure et féministe engagée (elle a créé le réseau d’affaires féminin Diane, ndlr), j’ai beaucoup voyagé et m’installer en Guinée Conakry s’est très vite imposé comme une évidence. J’y ai créé une guesthouse et j’ai installé des ruches dans le jardin. En 2018, j’ai lancé le programme « Cueilleuses de Miel », pour promouvoir une apiculture intuitive et naturelle au cœur du Fouta-Djalon. Mon objectif était clair : à travers ce projet, je souhaitais contribuer à l’autonomie financière des femmes, à l’éducation des enfants et à la préservation d’un écosystème fragile. On a confié 50 ruches kényanes aux
« L’avenir de la planète passera par les écoféministes. » femmes maraîchères dans les montagnes. Les produits de la ruche sont valorisés localement et sont à la base d’une petite gamme de soins, baumes, élixirs, propolis et miel... L’écoféminisme pour changer le monde ? J’ai toujours organisé des ateliers pour les femmes, dans différents pays, dans le but de promouvoir les échanges multiculturels, artistiques et humains, avec une attention très particulière accordée à l’écologie, l’environnement, l’égalité et les droits des femmes. L’accent est mis sur la préservation de l’environnement et la protection des abeilles en permettant aux femmes de se familiariser avec l’apiculture intuitive. L’avenir de la planète passera entre autres par les écoféministes, j’en suis convaincue !
Ce prix Terre de Femmes Yves Rocher, une consécration ? Quand j’ai appris que je l’avais, j’étais la reine... des abeilles ! (Rires.) Il va permettre d’acheter du matériel, de nous agrandir et de planter 1500 arbres moringa, qui feront le bonheur des apidés. Nous lançons d’ailleurs un crowdfunding* et les bénéfices de la vente de nos miels liégeois contribueront aussi à nous développer là-bas. Écologie et émancipation des femmes : quelle récompense ! Crowdfunding : setya.fund/fr ceuilleusesdemiel.world Inscriptions au prix Terre de Femmes Yves Rocher 2022 jusqu’au 1er octobre 2021 sur yves-rocher-fondation.org
PORTRAITS
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Syvlie Droulans PIONNIÈRE DU ZÉRO DÉCHET EN BELGIQUE
« Chacun peut devenir un éco-héros ! »
À quand remonte votre sensibilisation à l’environnement ? La rencontre de mon futur mari, ingénieur agronome, a été déterminante ! Je lui dois la découverte d’une autre manière d’être en relation avec la nature. Quant au vrai déclic, il remonte à la naissance de notre première fille, qui a 14 ans aujourd’hui. Une multitude de questions se sont posées, dont celle, cruciale, d’une alimentation saine, du bio et des circuits courts. Votre premier éco-geste ? Notre adhésion au premier groupe d’achats de Bruxelles, alors que notre fille était bébé. Nous avons ensuite créé le nôtre. Un cap important, engagé et solidaire, dans le respect des producteurs, des saisons, des arrivages. Manger, c’est poser un acte politique En 2015, vous créez le blog « Zéro Carabistouille », une volonté de donner le bon exemple ? C’est une conférence de Bea Johnson, pionnière du zéro déchet, qui m’a convaincue de m’engager concrètement et d’inspirer tous ceux qui ont envie de se lancer. Montrer sur un blog comment une famille peut réellement s’engager, au quotidien, pour réduire le gaspillage, c’est participer à la transformation de chacun en éco-héros. L’émulation a été très grande. Beaucoup sont en quête de sens et remettent en question leurs comportements de consommation. Conférencière, auteure de deux ouvrages, fondatrice de l’Académie Zéro Déchet, seule en scène à partir du 2 octobre avec « La revanche du Lombric », vous êtes devenue la papesse belge de l’anti-gaspi ! (Rires.) Le spectacle vise à toucher un public moins averti. Les conférences attirent des gens souvent sensibilisés au sujet et l’Académie s’adresse à ceux qui veulent être coachés pour viser le zéro déchet, à terme. Sur scène, je souhaite fédérer les moins convaincus, les hésitants. Il n’est pas facile de s’y retrouver aujourd’hui : la mouvance est verte, mais comment ne pas se faire influencer par le greenwashing de certaines marques ou par la poudre aux yeux d’un vert pas aussi green qu’il en a l’air ? Éduquer est primordial. Mon angle est humoristique et déculpabilisant. Votre devise green ? Être en cohérence avec mes valeurs : solidarité et transmission avec bienveillance et objectivité, pour conscientiser au mieux.
« Je veux réveiller les gens ! » Anuna De Wever
MILITANTE POUR LE CLIMAT, CO-AUTEURE DE QUEL MONDE POUR DEMAIN ? *
À quand remonte votre sensibilisation à l’environnement ? Quand j’avais 14 ans, ma mère m’a emmenée dans un camp de réfugiés à Calais. J’ai vu comment les gens vivaient dans des circonstances horribles et comment cela était causé par des politiques qui ne donnaient pas la priorité aux droits de l’homme. J’ai réalisé que j’étais extrêmement privilégiée et que j’avais la possibilité et la responsabilité de changer les choses. Je suis militante des droits de l’homme depuis lors. J’ai compris que la plus grande menace pour les droits de l’homme dans le monde entier est la crise climatique.
Infos livres, conférences et Académie Zéro Déchet sur zerocarabistouille.be - Infos spectacle : larevanchedulombric.com
tion, et si nous n’apprenons pas à respecter les écosystèmes qui nous maintiennent en vie, nous ne survivrons pas en tant qu’humanité. Nous avons besoin d’un changement de système !
Quel monde pour demain ? Dialogue entre générations, éd. Luc Pire.
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« Cessons de compter sur les autres ! »
« La cuisine est un outil quotidien de sensibilisation. »
Myleen Verstraete
Jessica Vansever
INVESTISSEURE DURABLE ET PHILANTHROPE
restaurantyelo.be
PRESSE.
encore une vertu pour moi à ce jour. C’est ce dont j’ai besoin. Ce n’est qu’en procédant comme ça que je peux transmettre la valeur de ma cuisine tous les jours. Le local fait-il partie des solutions pour sauver la planète ? C’est une des solutions, en effet, mais cela devrait et devra encore beaucoup évoluer. Si chaque chef avait ce souci de la transparence sur les origines des produits qu’il pourra travailler de ses mains, ce serait déjà un grand pas vers une cuisine plus honnête. Votre cuisine est-elle un outil de sensibilisation du grand public ? Absolument ! À travers mes produits frais et respectueux de l’environnement au quotidien. C’est ce que représente Yelo : une cuisine pure et honnête.
BART ALBRECHT. PRESSE.
LADY CHEF AU RESTAURANT YELO À WENDUINE
À quand remonte votre sensibilisation au locavorisme ? Dès mon plus jeune âge, j’ai été stimulée par mes parents. Ils avaient leur potager de légumes et herbes aromatiques, leur fermier et leur boucher attitrés, mon grand-père était chasseur et pêcheur, j’ai toujours été habituée à des produits frais et du coin dans mon assiette. Je pense qu’il est fondamental de savoir d’où vient ce que l’on mange, la traçabilité et la transparence sont primordiales, c’est ce que j’applique dans mon restaurant. Votre premier éco-geste ? Mon premier espace dans le jardin d’herbes aromatiques de mes parents. Mon objectif : apprendre comment et quand planter, et admirer la première croissance. Je me suis documentée et ai tout consigné dans mon carnet de bord, pour voir ce que je pouvais en faire. Ces stimuli restent
Être actrice du changement, une évidence ? Les gens attendent toujours que « quelqu’un » change les choses, et je pourrais être ce « quelqu’un ». Je ne voulais pas être d’accord avec ce qui se passe dans le monde, j’ai décidé d’utiliser mon pouvoir en tant qu’individu pour crier aussi fort que possible et réveiller les gens. Si l’avenir n’est pas rose, la solution est-elle verte ? Si nous ne respectons pas les frontières planétaires et continuons à exploiter les droits de l’homme, l’avenir ne nous attendra pas. Notre idée de croissance continue est fondée sur l’exploita-
Quel a été votre déclic vert ? Une vérité qui dérange, le film d’Al Gore en 2006, véritable gifle qui a provoqué un déclic profond en moi et la volonté de m’investir au plus vite dans des comportements beaucoup plus réfléchis, sur le plan individuel, familial et collectif. Nous devons apprendre à vivre et à travailler en harmonie avec notre planète. C’est une question de survie. Professionnellement aussi, le besoin d’être actrice du changement est une évidence ? Une conférence sur « l’impact investing » a été le réel déclencheur : nos investissements peuvent faire la différence. L’investissement socialement responsable est devenu une conviction, un objectif noble dans ma vie. La création de valeur sociale est tout aussi importante que la création de valeur financière. La philanthropie reste nécessaire. Je continue à m’engager en tant qu’ambassadrice auprès d’organisations qui ont du sens.
Notamment auprès de GoodPlanet Belgium, qui agit sur l’éducation, auprès d’Ashoka, qui soutient des entrepreneurs sociaux, ou encore auprès de Waste2Wear, qui propose des solutions aux grands problèmes de pollution au plastique. Au sein de la fondation PYM, comme philanthrope, ma principale activité est de sensibiliser, inspirer et cultiver une communauté d’investisseurs à impact, afin de faire bouger le capital pour le bien-être de la planète. La solution d’avenir est-elle verte ? Oui, si l’on accepte qu’il s’agit d’un combat humain et universel. Cessons de compter sur les autres. Aujourd’hui convertie à l’investissement à impact, je tente de convaincre les acteurs les plus aisés. Je veux faire du bruit et faire partie du changement. pym.nu - waste2waste.com - goodplanet.be ashoka.org
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TENDANCE
Les nouveaux chefs militants
GASTRONOMIE 2.0
Nicolas Decloedt, chef du restaurant végétal Humus et Hortense à Ixelles, peut être considéré comme un pionnier dans le « militantisme gastronomique ». À l’instar d’autres chefs flamands tel que Seppe Nobels, ex-chef de Graanmarkt 13 à Anvers, il entend bousculer ce qu’il reste de préjugés au sujet de la cuisine végétale. Pour lui, c’est tout un système qu’il faut réinventer. Pour ces deux chefs conscientisés aux grands enjeux climatiques de notre époque - et qui figurent, l’un comme l’autre, parmi les meilleurs cuisiniers de légumes du monde -, il s’agit avant tout de proposer une nouvelle manière, à la fois inspirante et gourmande, d’envisager le contenu de nos assiettes. Une approche que partagent Kevin Perlot, le jeune chef de Vertige, autre adresse emblématique de la nouvelle gastronomie durable, et Olivier de Vriendt, chef de Rizom, la brasserie du Musée des Arts Contemporains du GrandHornu. Tous deux disciples du chef étoilé Sang Hoon Degeimbre, ces jeunes cuisiniers se font l’écho de la vision de leur mentor : celle d’une cuisine du futur, essentiellement végétale, couplée à un engagement écocitoyen. Décomplexés, les étoilés nouvelle génération pensent local avant de viser l’étoile. Et quand elle arrive, cette étoile devient un véritable moteur de changement. C’est en tous cas l’avis de Jean Vrijdaghs et Sébastien Hankard, chefs étoilés du restaurant Le Gastronome à Paliseul. De la vaisselle artisanale en terre indigène signée Olivier Hermia qu’ils ont choisie pour leur restaurant à la viande du jeuner boucher Bertrand Jaspar, l’un de leurs nombreux partenaires locaux, tout leur concept est pensé dans une logique d’archi-proximité, mais aussi de revalorisation des métiers oubliés.
Ils sont wallons, bruxellois ou flamands. Ils ont pour la plupart dans la trentaine. Non contents de dessiner les contours de la gastronomie belge 2.0, ces cuisiniers militent pour une alimentation locale, végétale, citoyenne et engagée. Par Marie Honnay
dans les assiettes de Ben, cuisinier voyageur, on la retrouve dans chaque facette de son projet. Et pour fédérer un autre public, peu familiarisé avec la cuisine gastronomique, il compte proposer des cours de cuisine à destination, entre autres, des enfants du quartier. Pour ces trentenaires qui, avant de dénicher cette maison en plein confinement, comptaient faire le tour du monde en quête de nouvelles expériences gustatives et citoyennes, il aurait été inconcevable de ne pas s’inscrire pleinement dans la vie du quartier et le quotidien de ses habitants. VIE DE VILLAGE
Cette approche de la cuisine et du vivre ensemble, c’est aussi celle de Stefan Jacobs, chef du restaurant Hors-Champs à Gembloux. En 2019, après avoir fait ses armes dans plusieurs grandes maisons et décroché une étoile à 25 ans pour sa première enseigne, le Va Doux Vent à Uccle, le jeune chef a choisi de construire un nouveau projet, en phase avec ses aspirations profondes. S’installer à la campagne : un choix délibéré né d’une envie de cuisiner en mode archi-local, mais aussi de contribuer à restaurer un « esprit de village » qu’on croyait perdu. En août dernier, le chef a d’ailleurs inauguré une boulangerie dont la vocation première traduit parfaitement son engagement citoyen, ainsi que celui de sa jeune
équipe. « Quand on décide de miser sur le local, de cuisiner sur base de son propre potager et de réintroduire le concept de boulangerie villageoise au cœur d’une ferme-restaurant, on se met forcément en danger. Cette approche est moins confortable que celle qui consiste à commander, au jour le jour, les produits que l’on a envie de cuisiner. Dans la cuisine de Hors-Champs, nous sommes tributaires de ce que la nature veut bien nous donner, mais cette manière de travailler est très gratifiante. Quand nos clients s’intéressent à notre démarche, nous posent des questions sur les ingrédients que nous cuisinons, puis se rendent chez notre maraîcher ou notre boucher pour cuisiner euxmêmes les produits de ce terroir, je considère que nous avons rempli notre mission. Cette boulangerie répond à une demande : celle de nos clients, mais aussi des habitants du village, qui souhaitaient acheter le pain cuit au feu de bois que nous proposons au restaurant depuis son ouverture », ajoute le chef. Le pain, nouveau liant social. Dans ce cas précis, on dirait bien que oui. Quand Stefan Jacobs participe à la fête du village, qu’il organise un pique-nique bucolique dans son fief ou qu’il contribue à financer le camp scout du patelin, son objectif est clair : transcender les codes de la gastronomie classique en s’invitant là où on ne l’attendait pas, mais aussi en se rapprochant des gens et de leurs préoccupations quotidiennes.
UTOPIA, 40 rue Chapuis, 4100 Seraing. 04 272 09 06. HORS-CHAMPS, 170 chaussée de Wavre,
EQUINOX LIGHT. PRESSE.
Quand on a officié en tant que jeune chef dans plusieurs cuisines étoilées en Belgique et à l’étranger, de quoi peut-on rêver ? D’un restaurant à soi, idéalement situé dans une grande ville, voire une capitale ? Pas certain. La preuve avec Utopia, une cantine gastro inaugurée à Seraing en juin dernier. À sa tête, un couple qui, en pleine pandémie, a quitté Bruxelles pour s’installer dans cette ville voisine de Liège. Seraing, également surnommée la Cité du Fer, a subi de plein fouet le déclin de la sidérurgie liégeoise. Le commerce, autrefois florissant, y est aujourd’hui quasi inexistant. C’est pourtant là que le chef Benjamin Gauge et sa compagne, Amina El Banouti, ont ouvert Utopia. Plus qu’une cantine gastronomique, cette adresse gourmande s’articule autour d’un vrai projet citoyen. « D’emblée, nous avons voulu créer un restaurant à vocation écoresponsable. Nous ne travaillons qu’avec des fermes situées à moins de 5 km de chez nous », raconte Ami. Non content de jouer la carte locale et de dynamiser un quartier en manque d’adresses sexy, le couple s’est également lancé dans la réhabilitation d’un petit site en friche situé juste à côté de leur cantine. « Ce terrain accueillait l’ancienne poste du quartier. La ville de Seraing nous l’a prêté pour y créer un potager. Nous y organisons aussi des concerts qui rassemblent des gens de tous âges et de tous horizons », précise Ami. Cette mixité, très présente
5030 Gembloux. hors-champs.be. HUMUS ET HORTENSE, 2 rue de Vergnies, 1050 Bruxelles. humushortense.be. VERTIGE, 19 rue de Flandre, 1000 Bruxelles. vertigebxl.be. RIZOM, 82 rue Sainte-Louise, 7301 Boussu. rizom-restaurant.be. LE GASTRONOME, 2 rue de Bouillon, 6850 Paliseul. le-gastronome.be.
Nicolas Decloedt
Benjamin Gauge et Amina El Banouti
Seppe Nobels
Stefan Jacobs
UN SOL VIVANT Historienne de l’art et nutritionniste, Caroline Baerten est la co-fondatrice de Soilmates, un mouvement citoyen qui entend remettre la terre au centre de nos préoccupations. En collaboration avec son compagnon, le chef Nicolas Decloedt, l’agronome Dries Delanote, fondateur du Monde des Mille Couleurs à Ypres, ainsi que d’autres cuisiniers, artistes, écomilitants et scientifiques, elle orchestre les différentes actions de ce collectif qui entend conscientiser le public à l’importance de conserver un sol vivant. soilmates.be
Jean Vrijdaghs et Sébastien Hankard
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de temps infini à utiliser pour soi, mais sans bien savoir qu’en faire non plus. Assez déstabilisant . (Rires.) Maintenant , j’éprouve une grande joie à retrouver les gens, à pouvoir partager, toucher et reconstruire des choses ensemble.
Le créateur dans son bureau parisien du 8e arrondissement.
Des questionnements personnels ont-ils émergé, à la faveur de ce ralentissement ?
Le directeur artistique de Paco Rabanne invente depuis huit ans une mode forte et joyeuse. À l’heure des nouveaux possibles, il insuffle une énergie salvatrice à ses collections et veut parier sur un avenir solaire, sensuel et graphique. Entretien éclairant. Par Nathalie Dolivo Photo Lucile Boiron
Voilà huit ans qu’il fait pulser la maison Paco Rabanne, injectant de l’énergie et de la poésie, offrant des silhouettes flirtant parfois avec le mysticisme mais marquées aussi par une radicalité moderniste bluffante. Julien Dossena, passé par l’École de La Cambre puis ayant travaillé de longues années auprès de Nicolas Ghesquière chez Balenciaga, est un garçon qui aspire « à s’inscrire dans une singularité ». Comme les créateurs phare des années 90, qui l’inspirent par leurs personnalités affirmées – il aime citer Gaultier, Alaïa, Kawakubo, Lang et les autres –, il veut garder son cap, rêver à sa guise. Ses égéries, dit-il, ne se trouvent pas sur les red carpets mais sur le bitume du nord-est parisien qu’il parcourt à pied. Rencontre, dans ses bureaux parisiens, avec un créateur volubile et cérébral à la parole affûtée.
Julien Dossena
Comment avez-vous traversé ces derniers mois ?
“Plutôt que d’offrir des armures, des choses pour se cacher, je préfère aider les femmes à s’assumer.”
À titre personnel, pour vous qui êtes un créateur pris dans un rythme trépidant, cela a dû être une période étrange… CRÉDITS
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Je crois que ça a été une violence universelle et une montagne de questionnements : un peu comme si tout le monde allait voir un psy au même moment ! (Rires.)
Oui, je n’étais plus habitué à ce rythme ralenti. Cela m’a rappelé un peu le temps de l’enfance : quand on avait une palette
Je sais que mon métier demandera toujours beaucoup d’implications. Mais c’est une passion, donc ça reste acceptable ! En revanche, j’aime l’idée d’avoir un refuge, un temps de recul, dédié à l’épanouissement personnel. Sortir de la compétitivité. Être jugé quatre fois par an, remis en cause quatre fois par an, à chaque collection, ce n’est pas évident… Il me semble donc impor tant de se questionner : rates-tu quelque chose ? As-tu pris assez de temps pour ceci ou cela ? Peux-tu essayer d’équilibrer un peu les choses ? Tes exigences se placent-elles au bon endroit ? La remise en cause, parfois, n’est pas mauvaise. Et dans votre métier, justement, y a-t-il des choses que vous voudriez changer radicalement ?
J’ai le sentiment qu’il faut essayer de revenir aux racines. C’est ce que nous allons nous appliquer à faire. Donc resserrer les collections. Penser le produit moins en termes marketing et plus en profondeur. Bref, se débarrasser du superflu. Comment mettre ces changements en œuvre ?
Cela demande beaucoup d’énergie si on veut faire ça de façon pérenne et saine. Pour ne pas que ça devienne un coup marketing de plus, il faut être dans une démarche sincère, au sens moral du terme : 100 % irréprochable, ne rien laisser passer. Mais c’est une industrie qui a fonctionné sur les mêmes schémas depuis sa création, donc c’est difficile de bouger à toutes les étapes de la chaîne. Changer de fournisseurs, de chaîne intermédiaire, repenser la distribution… C’est vertigineux. Concrètement, qu’allez-vous faire pour aller vers un développement plus durable ?
Je veux être très vrai et sincère là-dessus. Par exemple, on fait des jeans en coton bio traité au laser, ce qui évite d’utiliser des centaines de litres d’eau pour le stonewasher. On essaie d’avoir des réflexes, et de faire prendre des réflexes à nos façonniers et fournisseurs. De là à dire qu’on est dans
une quête entièrement axée sur la « sustainability » : non, on n’y est pas encore, mais on avance en essayant d’être le plus honnête possible. Vous avez aussi changé votre calendrier de défilés et vous présentez désormais vos collections en juin et janvier, au lieu de mars et octobre comme le veut le calendrier traditionnel. Pourquoi ce choix ?
Ce calendrier décalé nous donne plus de temps et permet une production plus efficace car on a un peu d’avance. Ainsi, on peut produire plus près, transporter en camion en Europe plutôt que d’aller faire produire en Asie pour avoir les vêtements très vite. On arrête les pré-collections aussi. Mais on propose, en plus des collections printemps-été et automne-hiver, plusieurs petites capsules par an. Cela permet de resserrer le propos. Votre collection automne-hiver était une ode à la fête, une célébration d’un vêtement ostentatoire, presque d’apparat. Est-ce cela, pour vous, le sens ultime de la mode ?
Oui, c’était une sorte de projection d’un temps qui allait revenir, un temps de liberté, de plaisir, d’amusement, d’insouciance, d’innocence. Il faut dire qu’on est bombardés d’infos anxiogènes et que cela oblitère la légèreté. L’idée, c’était : le temps de l’insouciance finira par revenir. Et la jeune génération aura le droit aussi de vivre ça. J’ai élaboré cette collection à un moment où on stigmatisait les jeunes : ils font des fêtes, ne respectent pas les règles, etc. C’était insupportable ! Alors que c’était juste des gamins de 20 ans qui se retrouvaient avec leurs potes. J’ai trouvé pénible ce ton moralisateur. Prônez-vous une mode légère, à rebours des discours de mode qui voudraient tout « sociétaliser » ?
J’avais l’impression d’avoir vu déjà quatre
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RENCONTRE
collections sur l’apocalypse ou sur le changement climatique et le fait qu’on était tous voués à devenir des survivors de l’enfer (rires)… Je trouve ça intéressant, mais j’estimais que ça n’apporterait pas d’eau au moulin. J’avais envie de pouvoir offrir une perspective.
Qui sont vos auteurs de chevet ?
Votre collection printemps-été 2022, présentée en juin dernier, enfonçait d’ailleurs le clou de ce désir joyeux et coloré. Vous le voyez comme ça, notre été 22 ?
Au début, je n’y suis pas allé du tout. Puis j’ai commencé à m’y rendre, et j’ai découvert à quel point le designer Paco Rabanne était fantastique. Un gourou visionnaire. Je vois dans ses créations beaucoup de sensualité, une radicalité, un truc intellectuel très français, l’invention d’une sorte de féminité solaire, voire lunaire parfois. Il n’a jamais eu peur de quoi que ce soit, jamais rien bridé : il a pu faire des collections hippie, ou tout en bois, puis mythologique, ou des armures… J’ai vu des trucs un peu fous dans les archives, j’adore cette générosité ! C’est assez rare pour être remarquable.
Je le vois solaire, sensuel et graphique. Je veux vraiment proposer des perspectives, de l’espace. Pensez-vous que les vêtements aient une fonction psychologique ?
Oui, j’ai voulu créer des vêtements pour accompagner l’envie de retrouver les autres, de rencontrer des gens nouveaux, de vivre ensemble, de s’amuser. Une singularité, une extravagance peuvent subtilement donner le ton de cette joie retrouvée. Un flash de couleur, une paire de petits talons, un morceau de peau qu’on laisse apparaître : c’est un plaisir intime mais aussi une idée de ce qu’on veut être, ce jour-là, à cette minute-là. Les vêtements sont des outils d’expression. Récemment, vous avez beaucoup parlé, dans les interviews, de votre quête d’une beauté « plus réelle ». Qu’entendezvous par là ?
J’habite à côté du Cirque d’Hiver, à Paris, j’ai beaucoup d’amis à Belleville. Je passe mon temps entre Belleville, Bastille, le 19 e arrondissement, République et le Marais. Et j’adore observer les filles que je croise dans ces quartiers. En sortant de confinement, ce sont elles que j’ai vues en premier, boulevard Magenta ou rue du Faubourg-du-Temple. Il y avait chez elles l’idée d’un certain sexy, d’une sensualité, l’idée d’assumer ou même de célébrer son corps, presque comme une revendication féministe. Une manière courageuse d’affirmer l’existence de ce corps féminin dans la rue. Des filles en robes roses très décolletées avec des petites chaussures, des brassières comme des hauts de maillot de bain… je trouve ça incroyable ! Et du coup ça a inspiré tout mon travail de la collection d’octobre. J’ai envie d’accompagner ce mouvement. Plutôt que d’offrir des armures, des choses pour se cacher… je préfère aider les femmes à s’assumer.
“Un flash de couleur, un morceau de peau qu’on laisse apparaître : c’est un plaisir intime mais aussi une idée de ce qu’on veut être, ce jour-là, à cette minute-là.”
J’aime beaucoup Mathieu Lindon, Hervé Guibert. Et puis Roland Barthes, dont la lecture m’aide dans mon travail mais aussi dans ma vie personnelle ou amicale. Vous êtes-vous beaucoup plongé dans les archives de la maison ?
La crise nous a fait aussi basculer dans une ère digitale. Le défilé physique est-il encore d’actualité ?
Oui car les personnalités qui font cette industrie de la mode ont besoin de se rencontrer, de se voir. Avant, on râlait : il y avait trop de shows, trop de gens… Finalement, quand il n’y en a plus, ça manque. Les shows par vidéo, les interviews par Zoom, ce n’est pas toujours très drôle. Voir les vêtements, les toucher, regarder les détails, c’est important. Ne pas le faire, ça coupe l’herbe sous le pied des envies. Le défilé est un moment de célébration. Presque une sorte de messe, quand c’est bien fait. Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir créateur de mode ?
Vous revendiquez cette filiation ?
En tout cas, je m’inscris dans ses valeurs : l’idée de laboratoire, de recherche, de liber té, de respect . Les yeux grand ouverts. Il a arrêté de travailler depuis longtemps, mais il reste central pour moi.
Quand j’étais adolescent et que j’ai commencé à m’intéresser à ce métier, j’étais fasciné par les shows de Jean Paul Gaultier : pour moi, ça avait l’air d’une énorme fête. C’était à la fois radical et joyeux. Je me disais : « Qu’est-ce qu’ils doivent se marrer ! » Ça avait l’air d’une conversation permanente, un travail en s’amusant. Être payé pour chercher la beauté, c’est quand même génial. Il me semblait aussi que la mode était une communauté accueillante, où la diversité pouvait s’exprimer. C’était, pour moi, l’endroit où je pouvais trouver ma place. Pas une terre d’asile mais pas loin (rires)… En tant que gamin de province, je me disais : « Là, tu pourras enfin vivre ce que tu as envie de vivre. »
Vous ne l’avez jamais rencontré ?
Avez-vous des rituels d’inspiration ?
Y a-t-il des femmes qui vous inspirent particulièrement ?
Non. Parfois, ça vient tout de suite, je me mets au travail, je commence à dérouler les choses. Parfois, c’est plus laborieux, je dois avouer… Dans ces cas-là, je fais un peu d’esbroufe pendant quelques semaines, le temps de trouver des idées à agglomérer pour en faire naître une autre… Mais une fois que j’ai trouvé le truc, tout arrive, comme si un radar se mettait en place : je tombe sur cette photo, sur ce film, ce livre…
Jamais. Par personnes interposées, j’ai eu des retours très positifs de sa part mais je n’ai jamais eu le courage de lui demander une rencontre. Mais s’il manifeste l’envie de me voir, j’irai tout de suite ! En tant que créateur, avez-vous l’ambition de marquer votre époque ?
C’est une ambition noble mais je ne crois pas que je travaille comme ça. J’aime plutôt l’idée de m’inscrire dans une singularité qui ne serait pas suffisamment universelle pour marquer un temps. Je redoute le lissage, la globalisation de l’expression. J’espère que mon travail restera assez personnel pour ne pas devenir global.
J’aime l’idée d’une femme productive, au sens large. Pour moi, par exemple, la jeune fille du boulevard Magenta produit sa propre liberté, et c’est énorme ! Je veux vraiment proposer les meilleurs outils possible pour que ces femmes-là puissent trouver de la force, de la joie, de la sensualité. Tout ce qui me semble nécessaire à la vie au quotidien et à l’expression de soi.
YANNIS VLAMOS.
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Défilé Paco Rabanne printemps-été 2022.
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PSYCHO
Travail
La fin
de
Par Géraldine Dormoy-Tungate Photos Kourtney Roy
CRÉÉE POUR INCADAQUÈS INTERNATIONAL PHOTO FESTIVAL RÉSIDENCE ARTISTIQUE.
Perte de repères, moindre motivation, nouvelles priorités : nous sommes de plus en plus nombreuses à ne plus nous satisfaire du modèle unique du “toujours plus” – d’argent, de statut, de pouvoir. Le Covid n’a fait qu’accélérer le processus. Mais alors, l’avenir est-il forcément au renoncement ? Comment évoluer et trouver sa voie en marge des schémas traditionnels ? Des éclaireuses partagent avec nous leur cheminement.
IMAGE EXTRAITE DE LA SÉRIE « IN DREAMS YOU’RE MINE » DE KOURTNEY ROY,
l’ambition ? « Adolescente, je rêvais d’être Sigourney Weaver dans Working girl, se remémore Caroline, 43 ans. J’aimais son côté masculin, sa force, son égoïsme. Elle était loin de mes valeurs, mais c’est ce qui m’attirait. Elle correspondait à l’idéal que l’on nous vendait à l’époque. » Caroline est devenue cadre supérieur dans le secteur du parfum, dirige une équipe et gagne bien sa vie, mais elle repense souvent au personnage du film culte (1) des années 1980, archétype de l’ambitieuse New-Yorkaise prête à tout pour réussir. « N’est-ce pas encore ce type de femme qui arrive en haut ? s’interroge-t-elle, un brin amère. J’aime mon job, c’est tout ce qu’il y a autour qui ne me va pas : les gens avec qui il faut composer, les mauvaises décisions managériales, les dysfonctionnements… Je veux bien quitter la course, mais pour faire quoi ? » À 33 ans, Oriane est « sortie du game » depuis un moment. Après une école de commerce et plusieurs postes dans de grands groupes « rutilants », elle est devenue directrice artistique free-lance il y a sept
ans. « J’ai vite compris que grandir dans ce type d’entreprise ne me comblerait pas humainement. Le masque social me pesait, j’avais l’impression de contribuer au vaste vide du monde. » CAROLINE ET ORIANE NE SONT PAS LES SEULES À REMETTRE
E N QU E STI ON LA COU R S E À LA PE R F OR MAN CE et les manœuvres politiques. Céline Alix trouve la culture d’entreprise ambiante si pesamment masculine qu’elle a écrit un livre, Merci mais non merci. Comment les femmes redessinent la réussite sociale (2), pour exprimer son rejet d’un monde du travail « enfermé dans un moule unique, des codes et des pratiques professionnels périmés et qui a grand besoin d’un nouveau modèle de réussite codé au féminin ». Elle-même ancienne avocate, elle a raccroché la robe pour monter sa structure de traduction juridique et travailler à son rythme, selon ses convictions éthiques. Une décision que Laëtitia Vitaud, auteure (3) et conférencière sur le futur du travail, comprend aisément. « Les codes
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“Je me suis vue devenir marchande de fruits et légumes, dans le village de mes parents. Cette image m’a apaisée. Je me suis dit que mon bonheur était peut-être là.”
masculins du monde de l’entreprise n’ont guère été remis en question depuis leur création, analyse-t-elle. À cela s’ajoute un surinvestissement de la maternité dans notre société. Prises en étau entre présentéisme et injonctions familiales, les femmes rejettent un contrat de travail qui ne leur convient plus, le point de rupture ayant été atteint avec les préoccupations environnementales : “À quoi bon tous ces efforts si, in fine, mon activité détruit la planète ?” s’interrogent-elles. » En 2018 déjà, et sans distinction de genre, Nicolas Bouzou et Julia de Funès s’attaquaient à « l’absurdie » du management contemporain dans La comédie (in)humaine (4) et militaient pour « un retour en force de l’autonomie, de la franchise et du sens », loin des reportings sans fin et des réunions à rallonge. HEUREUSEMENT, LA MULTIPLICATION DES FAÇONS DE TRA-
VAILLER REBAT LES CARTES ces derniers temps. « En 1988, à l’époque de Working girl, il n’y avait pas d’alternative, pointe Laëtitia Vitaud. Créer son entreprise demandait des capitaux. Désormais, d’autres modèles sont possibles. En 2021, Sigourney Weaver s’y serait prise autrement pour réussir. » La pandémie a accentué cette flexibilité avec la généralisation du télétravail. Aux États-Unis, on parle même de Yolo Economy, acronyme de « You only live once » (« on ne vit qu’une fois »), carpe diem revendiqué par une partie de la jeune génération qui, lassée d’enchaîner les réunions Zoom, développe en parallèle l’activité dont elle rêve ou quitte son emploi pour créer son entreprise. En France, « le phénomène est plus souterrain mais salariés et entreprises sont en train de négocier leurs nouvelles conditions de travail, estime Laëtitia Vitaud. Leurs façons de réagir au bouleversement du télétravail vont être déterminantes dans les prochaines années ». Portées par la quête d’efficacité et le besoin de maîtriser son temps, ces réactions posent des questions majeures. Comment travailler ensemble ? À quelle distance ? Avec quelle souplesse ? « Le changement va être massif et poser des problèmes de recrutement », avertit l’experte. L’époque est à la fin du modèle unique de réussite. « Ce n’est plus parce qu’on n’est pas PDG qu’on n’a pas réussi,
IMAGE EXTRAITE DE LA SÉRIE « IN DREAMS YOU’RE MINE » DE KOURTNEY ROY, CRÉÉE POUR INCADAQUÈS INTERNATIONAL PHOTO FESTIVAL RÉSIDENCE ARTISTIQUE.
Caroline, cadre supérieur dans le secteur du parfum
remarque Céline Alix. Or plus on aura de role models, plus il sera facile de trouver le sien. » Ce qui peut prendre du temps. Fatima-Ezzahra, 35 ans, a gravi les échelons au sein d’une banque commerciale jusqu’à devenir directrice d’agence. « La seule chose qui m’intéressait dans la vie était d’être la première », se remémore-t-elle. Un jour, un pépin de santé fissure son ambition : « Je venais de perdre ma mère, je me suis demandé pourquoi je m’acharnais à travailler cinquante heures par semaine. J’avais débuté comme conseillère financière à Belleville dans une optique sociale, mais j’étais devenue gestionnaire en patrimoine. Je plaçais de l’argent dans des entreprises qui heurtaient mes convictions, j’avais l’impression de contribuer à nourrir le chaos. » Elle négocie une rupture conventionnelle, part sillonner le monde sac au dos et revient avec l’idée de s’expatrier à Montréal. Le Covid bouleverse ses plans : « Je me suis retrouvée face à moimême. J’ai compris que j’avais besoin de donner. » Elle se reconvertit dans l’action sociale envers les personnes handicapées. « J’ai de grosses journées, mais je ne rentre plus épuisée car il n’y a plus d’écart entre ce que je suis et ce que je fais », se félicite-t-elle. Il n’est pas toujours nécessaire de quitter son poste pour assouvir ces envies. Céline Orjubin, cofondatrice et PDG de la start-up My Little Paris, a créé Traverses (5), une école de créativité en ligne, dans le but de faciliter l’exploration de soi. « Le changement fondamental, c’est de prendre du temps pour nourrir son désir, avance-t-elle. Aujourd’hui, l’ambition dépasse le champ du job actuel. Chacun redéfinit à sa manière les contours de sa vie professionnelle, que ce soit en partant habiter en province, en passant aux 4/5es pour mener à bien un projet ou pour suivre des cours qui élargiront ses horizons. » S’écouter devient le maître-mot. Difficile pourtant de savoir ce que l’on veut dans une société qui se complexifie. « Ça nécessite d’imaginer sa propre vie », concède Céline Alix. Pour cela, « notre seule boussole, c’est la joie », poursuit Céline Orjubin. Lors du dernier confinement, Caroline a entrevu une autre voie : « Je me suis vue devenir marchande de fruits et légumes dans le village de mes parents. Cette image m’a apaisée. Je me suis dit que mon bonheur était peut-être là. » Pour le moment, Caroline ne s’autorise pas à aller plus loin. « Et si cette vie était une fuite ? Je ne voudrais pas m’engager avec un sentiment d’abandon de ma vie d’avant. » APPRENDRE À SE CONNAÎTRE DEVIENT UNE DÉMARCHE
ACTIVE. On peut s’aider d’un coach, dont l’offre et la demande explosent, mais Internet regorge aussi d’outils de développement personnel : « Les réseaux sociaux, Instagram et les podcasts m’ont ouvert un champ des possibles hallucinant », témoigne Fatima-Ezzahra. On peut également compter sur la sororité. Le temps où Melanie Griffith lançait : « Ôte ton pétard osseux de mon soleil » à sa rivale Sigourney Weaver est révolu. « Working Girl, c’est du cinéma, sourit Marine Griot, coach carrière (6). Si Caroline hésite à lâcher son poste, je l’inviterai à aller parler à de vraies top décideuses ou à des personnes reconverties dans le domaine qui l’intéresse.
Elles lui raconteront les freins rencontrés. » Dans une société ultra-connectée, l’entraide se développe de manière informelle. « Avec mes copines, nous sommes tout le temps en train de nous recommander des gens, souligne Oriane. Dernièrement, j’ai été invitée dans un Discord (plateforme de discussion en ligne, ndlr) féministe de cinq cents personnes. Plusieurs projets sont nés sous mes yeux. On vit la meilleure époque », se réjouitelle. La réinvention se fait ensemble, pas à pas. « En tant que dirigeante, j’ai le sentiment d’avancer sur un pont que je suis en même temps en train de construire, confie Céline Orjubin. J’y vois un rôle politique : plus on sera nombreuses à le faire, plus ça changera le collectif. » CET EMPOWERMENT PASSE PAR UNE ÉVOLUTION DU RAP-
PORT À L’ARGENT. Face aux différences de rémunération entre hommes et femmes, Laëtitia Vitaud juge crucial de lever ce qui reste un tabou : « Il s’agit de se renseigner sur les salaires, les tarifs journaliers et la négociation, d’apprendre à demander, à gérer un budget, une épargne, à préparer sa retraite, énumère-t-elle. Je suis sûre qu’il est possible de travailler dans de très bonnes conditions, de faire ce que l’on aime et de facturer cher. » Les femmes sont en train d’apprendre collectivement à se faire rémunérer à leur juste valeur, mais l’argent n’est plus un but en soi : elles sont prêtes à gagner moins si cela leur permet de profiter davantage de la vie qu’elles ont choisie. « J’ai eu beaucoup de mal à renoncer à l’aspect financier, reconnaît Fatima-Ezzahra. Le fossé entre mon salaire d’aujourd’hui et celui d’hier est énorme, mais je n’ai jamais été aussi épanouie, donc il n’y a pas photo. » Si Caroline ne se voit pas renoncer à son style de vie parisien, gagner moins en vivant dans un petit village au bord de la mer lui semble envisageable. « Mais peutêtre qu’au fond, je ne veux pas évoluer, tempère-t-elle. Peut-être que j’aimerais juste rester travailler au même poste sans que cela soit perçu comme un échec. » Après la paye, la paix comme ambition ? 1. De Mike Nichols (1988), avec aussi Melanie Griffith, Harrison Ford, Alec Baldwin. 2. Éd. Payot. 3. Du labeur à l’ouvrage, éd. Calmann-Lévy. 4. Éd. de L’Observatoire. 5. traverses-ecole-creativite.com 6. lundisoleil.com
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MOI LECTRICE
MOI LECTRICE
“J’AI DÉCOUVERT HUIT SŒURS GRÂCE À UN TEST ADN” À près de 40 ans, Léa reçoit un e-mail qui va changer sa vie : née grâce à un don de sperme, elle apprend que huit filles au moins sont les enfants du même géniteur anonyme. Et qu’elles seraient ravies de faire sa connaissance… Propos recueillis par Corine Goldberger Illustrations Joel Burden
“I L E ST PRÈ S D E 9 H E U R E S CE MATI N-LÀ,
le 4 décembre 2019, quand je me connecte sur MyHeritage, la plateforme de généalogie. Un message d’une Cassandre m’y attend depuis trois heures. Je commence à le lire et je sens que ma vie bascule… “Bonjour Léa, je me permets de te contacter car d’après le site, nous sommes demi-sœurs biologiques. Je sais que cette nouvelle va probablement bouleverser ta vie et je m’en excuse par avance. Tu es aussi la demi-sœur biologique de Clara, Aurélia, Axelle, Anna, Lara et Carole. Nous avons toutes les huit comme point commun d’avoir été conçues par don de sperme dans un cabinet privé de gynécologie à Toulouse car nos pères ont découvert qu’ils étaient stériles et c’était le seul moyen pour eux d’avoir un enfant. Nous sommes réparties sur quatre familles différentes.” Je tremble de tout mon corps, agrippée à la main de mon compagnon. J’éclate en sanglots et pourtant je ressens une joie profonde : mon Dieu, je ne suis pas seule ! C’est
ma première réaction, le cri du cœur d’une fille unique qui a beaucoup souffert de sa solitude. Imaginez le choc : avoir grandi sans frère ou sœur et se découvrir d’un coup sept demi-sœurs biologiques. Une huitième, Lisa, est apparue depuis. Bouleversée, je fais défiler les photos de ces sept magnifiques inconnues. Nous avons en effet une trentaine de segments ADN identiques. Vais-je enfin obtenir des réponses à toutes mes questions sur mon origine ? Pour moi, tout a commencé l’année de mes 13 ans. Mes parents sont alors sur le point de se séparer car papa a une autre femme dans sa vie. Ce soir d’août, lors d’une énième scène de violence avec ma mère, il me balance qu’il n’est pas mon père. C’est un véritable séisme qui m’expulse de mon enfance. Sur le moment, je ne comprends pas ce que cela signifie. J’ai donc été adoptée ? Les jours suivants, ma mère lève un coin de voile sur ma naissance. Je suis née d’une IAD, une insémination arti-
ficielle avec donneur de sperme. Un étudiant en médecine, lui avait dit le gynéco à l’époque. Qui vendait sans doute son sperme pour arrondir ses fins de mois. Pourquoi mon père m’avait-il assené l’histoire de ma naissance sans prendre de gants, au plus fort d’une crise de couple ? Est-ce qu’il déchargeait sur moi une douleur intime, une honte inguérissable liée à sa stérilité ? Je ne le saurai jamais. Il est décédé l’année de mes 18 ans sans avoir eu le temps de s’expliquer. Et puis les années passent , mais les mêmes questions tournent dans ma tête. Qui suis-je ? D’où je viens ? Qui est mon géniteur ? À quoi ressemble-t-il ? J’ai besoin de savoir pour me construire, car je ne me sens pas complète. Il me manque un morceau de ma vie, celui, indéchiffrable, que j’aperçois quand je me regarde dans une glace. Je ressemble à quelqu’un que je ne connais pas. En 1998, animée par le désir de lutter contre les injustices, je m’inscris en fac de
droit. Lors d’un cours sur la filiation, j’apprends qu’un don de sperme peut servir à plusieurs mères. Je n’y avais jamais pensé. Depuis 1994, le don de sperme est non rémunéré, anonyme et limité à dix enfants par donneur en France.* Mais avant, à l’époque de ma conception, en 1980, des gynécologues de ville pratiquaient sans limites des inséminations payantes de sperme frais, en rémunérant des donneurs. J’ai donc peut-être de nombreux demifrères et sœurs biologiques inconnus. Cette idée commence à me perturber. J’ai été conçue par pipette non pas dans une banque du sperme, mais dans un cabinet privé près de la gare de Toulouse. Je n’ai jamais quitté la région… Et si je tombais amoureuse d’un demi-frère ? Cela me taraude au point que je “m’arrange” pour choisir des amoureux beaucoup plus âgés que moi. Pour être bien sûre de ne jamais former un couple consanguin à notre insu. (Cassandre a la même terreur et demande
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“Je tremble de tout mon corps, agrippée à la main de mon compagnon. J’éclate en sanglots et pourtant je ressens une joie profonde : mon Dieu, je ne suis pas seule !”
à chaque nouveau petit copain de faire un test ADN). Puis je deviens maman. Mon deuxième enfant a d’épais cheveux bruns. Ressemble-t-il à mon géniteur ? Et puis il a des problèmes de santé dont on ne connaît pas l’origine. Cela me mine : quand un médecin me demande mes antécédents familiaux, je dois avouer que je n’en connais que la moitié, côté maternel. E N N OVE M B R E 2019, J E DÉ COUVR E N E LLY,
qui témoigne dans l’émission Ça commence aujourd’hui sur France 2. Son histoire me bouleverse. C’est exactement la mienne. “Écoute, tu portes toutes ces questions depuis trop d’années. Fais enfin un test ADN. Qu’est-ce que tu as à perdre ?” m’exhorte mon compagnon. Il a raison. Jusqu’ici, je n’avais pas osé me lancer, par manque de confiance en la fiabilité de ces tests. Je commande un kit ADN. Je ne cherche pas un père, j’en ai eu un. Je veux juste un minimum d’informations sur lui, ses origines. Il me suffit de frotter l’intérieur des joues avec une sorte de coton-tige.
La fin du message de Cassandre m’avait comblée : “Je suis très émue de cette découverte et je serais évidemment enchantée de faire ta connaissance si tu le souhaites également.” C’est génial ! Bien sûr, les filles, que j’ai hâte d’échanger avec vous toutes, en espérant que c’est réciproque. Avec joie, je rejoins leur groupe WhatsApp de sœurs. Nous nous écrivons tous les jours, nous échangeons des photos. J’apprends qu’Anna, Lara et Carole ont la même mère. Elle a été inséminée à chaque fois avec les gamètes de notre géniteur. Tout comme celle de Cassandre et Clara. Quant à Aurélia, son père n’était pas stérile, mais il avait une maladie orpheline qu’il ris quait de transmettre à s es enfants. Notre géniteur a visiblement des cousins éloignés qui ont des “matchs” ADN avec nous sur MyHeritage. Peutêtre pourront-ils nous aider à en savoir plus sur lui ? Puis le grand jour arrive : un dîner de sœurs est programmé chez Cassandre. Trois d’entre nous peuvent venir. Avec Axelle, nous décidons d’y aller ensemble et de nous retrouver à la gare de Toulouse Matabiau. Le jour J, je l’attends, le cœur battant, quand je l’aperçois de loin. Elle aussi m’a reconnue tout de suite. Nous nous embrassons, un peu gauches, mais si émues. “C’est vrai qu’on se ressemble !” et nous prenons le métro, sans nous quitter des yeux. Chez Cassandre, Aurélia est déjà là. Nous tombons dans les bras les unes des autres. J’ai les yeux qui piquent… Nous pouvons enfin nous toucher, nous comparer, jusqu’à nos taches de naissance communes. Nous avons le même gabarit, les mêmes cheveux et yeux brun foncé, ceux de notre donneur, d’origine napolitaine, nous a appris MyHeritage. Clin d’œil à nos racines italiennes, Cassandre a prévu des pizzas. Il y a une alchimie particulière entre nous. J’ai le sentiment de voir trois doubles de moi, à différentes périodes de ma vie. Ainsi je me retrouve dans la personnalité de Cassandre, 33 ans, dans ses attitudes, ses timidités, ses choix professionnels. Elle est active dans l’association PMAnonyme, qui milite pour la levée de l’anonymat des donneurs de gamètes. Bien sûr, nous sommes toutes pour ! La loi de bioéthique, adoptée par l’Assemblée nationale, est en discussion au Sénat. La levée de l’anonymat, même partielle, serait une avancée considérable pour les 70 000 Français et Françaises nés comme nous.
NOUS NOUS TROUVONS DES POINTS COMMUNS
dans nos métiers. Le droit, les enfants. Dans ma nouvelle fratrie, il y a donc une policière, Lisa, une future avocate, Cassandre – qui a fait la même spécialisation en droit que moi, à huit ans d’écart, et qui prépare sa thèse de doctorat. Je suis juriste, spécialisée dans l’aide aux victimes de violences conjugales. Aurélia travaille au service d’intendance d’un lycée, Axelle est enseignante en école maternelle, Anna est assistante maternelle. Et pour la plupart, nous avons vécu tout près les unes des autres. Lisa a même grandi à un kilomètre de chez moi ! Nous sommes très en colère contre ce gynéco, qui a fait appel de nombreuses fois au même donneur, entre 1979 et 1991, multipliant ainsi les risques de couples consanguins à leur insu. Pire : bien que Clara, l’aînée de Cassandre, soit née avec un lourd handicap mental, le gynéco n’a pas cru bon de cesser, dans le doute, de faire appel au même donneur, comme il l’avait promis à cette famille. Combien sommes-nous, en vrai, dans cette fratrie ? Avons-nous d’autres “demi·es” inconnu·es qui soit n’ont pas fait de test ADN, soit l’ont fait sur d’autres plateformes, comme 23andMe ou Ancestry ? Plusieurs d’entre nous ont essayé d’interroger le gynéco sur notre géniteur, pour qu’il nous donne des informations non identifiantes. II a prétendu qu’il ne se souvenait de rien. Alors qu’il a vendu son sperme frais pendant douze ans ? Mensonges. Ce soir-là, jusqu’à 3 heures du matin, on rigole tout de même. On imagine des projets. Et si on organisait un voyage en Italie, un pèlerinage à Naples sur les traces de nos ancêtres biologiques ? Nous sommes toutes un peu pompettes. Alors que deviendra cette sororité tissée juste avant le confinement ? Peut-être que nos relations s’approfondiront, surtout entre celles qui habitent dans la région toulousaine, ou peut-être pas, et pas forcément avec toutes. Chacune son cheminement, ses motivations. Quelle que soit la suite, j’ai le sentiment apaisant d’avoir retrouvé une partie de mon histoire, et je me sens à jamais liée à celles avec qui je la partage. » (*) En Belgique, le don de sperme est autorisé pour les couples hétérosexuels, mais aussi pour les femmes célibataires et les couples de femmes. Il peut être anonyme ou résulter d’un accord direct entre le donneur et le couple receveur ou la receveuse. Le sperme d’un même donneur ne peut conduire à des naissances chez plus de 6 femmes (ou couples de femmes) différentes. Sa commercialisation est interdite.
Ar t’is Big
Valérie Alter l Marianne Goffard Catherine Ickx l Valou Kervyn
Isabelle Matthys l Laetitia De Meyer l Patricia Timmermans
EXPOSITION “NO LIMIT FOR ART“ Octobre 2021
Du mardi au samedi de 10h30 à 18h00
What Galerie
Chaussée de Bruxelles 238 à 1410 Waterloo COURRÈGES
Auteure Corine Jamar “Les replis de l’hippocampe“ Séances de dédicace les samedis 2 et 9 octobre de 15h à 17h.
Les Artistes soutiennent l’Association No limit 4 us asbl Vos dons sur le compte BE98 7320 4246 1193
Blouson en vinyle.
SOUS LE CIEL DES CRÉATEURS
LES TOTAL LOOKS DE LA SAISON
Ci-dessus, Mélodie Vaxelaire/Viva Paris, photographiée
par Bruno + Nico Van Mossevelde
MODE
SAINT LAURENT PAR ANTHONY VACCARELLO
Veste en tweed, body en lurex et culotte en laine. Colliers et ceinture en laiton, cuissardes en cuir.
SOUS LE CIEL DE S CR É AT EU R S
Tons veloutés, matières cocons et coupes sculpturales traversées, ça et là, par des éclairs de métal : la quintessence de la saison, en vingt-six silhouettes marquantes choisies parmi les collections automne-hiver des grandes maisons. Photos Bruno + Nico Van Mossevelde Réalisation Anne-Sophie Thomas
DIOR
Robe en tulle de soie brodé. Collier col en métal et perles, escarpins en cuir.
MAX MARA
Manteau court, manteau long et pantalon en laine. Bottines en cuir. Fichu en soie mélangée.
DOLCE & GABBANA
Veste et robe brodées de cristaux. Fichu en soie mélangée.
ROKH
Robe en dentelle brodée et jean en denim.
GIORGIO ARMANI
Robe en velours. Bottines en cuir.
FENDI
LOEWE
Blouse et pantalon en soie. Mules en cuir à talon métal.
Manteau, chemise et pantalon en laine. Ceinture et chaussures en cuir.
MIU MIU
Manteau en laine et métal, robes en soie et caraco en mohair. Collant en laine, bottines en cuir. Cagoule en laine.
JIL SANDER
Robe et pull-étole en laine.
LONGCHAMP
CHANEL
Coupe-vent en coton et cuir, pull en laine, sous-pull et short en coton. Guêtres en laine et bottes en cuir.
Manteau en toile de coton, robe en soie et culotte en soie. Boucles d’oreilles en métal et bottines en cuir.
ACNE STUDIOS À gauche
Robe et étole en coton. Bottes en cuir. À droite
Manteau en coton.
Assistantes stylisme Agathe Gire et Manon Baltazard. Mannequins Iris Delcourt/Viva Paris et Mélodie Vaxelaire/ Viva Paris. Casting Nicolas Bianciotto/IKKI. Coiffure Vincent de Moro/Airport Agency. Maquillage Tiina Roivainen/Airport Agency, assistée de Flavie Terracol. Manucure Eri Narita. Set design Sylvain Cabouat, assisté de Lili Anschutz et Flavien Perrottey. Nos remerciements à la Jardinerie Truffaut pour l’arrangement floral. Production Zoé Martin/ Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto et Margot Bootz.
PACO RABANNE
Robes, collier et ceintures en métal et cristaux.
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MODE D’EMPLOI
PANOPLIE
Fauves suprêmes LA ROBE BUSTIER SUR UN PULL À COL ROULÉ
LA VESTE KIMONO SUR UNE ROBE LONGUE
Pour rester au top du glamour lorsque les températures viennent à baisser.
Ceinturée et laissée ouverte, elle monte sur le podium de l’automne.
Manteau en laine
Manteau en coton enduit Laurence Bras, 390 €, robe en similicuir Molly Bracken, 180 €, col roulé côtelé en coton et cachemire Majestic Filatures, 100 €. Ceinture cloutée en tannage végétal Aline Schmitt, 140 €.
Alberta Ferretti,
1 750 €, pull col roulé en mesh Vanessa Bruno, 210 €, robe en polyester Marciano by Guess, 249 €. Bagues en argent rhodié Ti Sento Milano, 99 € et 89 €.
Sur toutes les photos
Créoles en laiton
Isabelle Toledano,
70 €, chaussettes en laine et cachemire chinés Éric Bompard, 90 €, boots en cuir André, 115 €.
Les imprimés animaliers rôdent sur toutes les pièces phares de la saison. Comment les apprivoiser ? Nos 8 propositions. Photos Jérémie Monnier Réalisation Agathe Gire
MODE D’EMPLOI
PANOPLIE
PANOPLIE
LE SHORT LARGE SOUS UN GROS MANTEAU Sous une avalanche de laine (manteau, chaussettes), il donne le sentiment d’être encore en été. Manteau en laine
Comptoir des Cotonniers, 395 €, pull en laine Acne Studios,
prix sur demande, short en lin et coton Ganni, 175 €.
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LE COL MONTANT AVEC UN TRENCH Avec son motif tacheté, il s’impose comme le détail vibrant d’un look esprit army. Trench en coton mélangé Caroll, 199 €, surchemise en twill de laine A.P.C., 210 €, pull col montant en cachemire Éric Bompard, 295 €, pantalon en cuir Oakwood, 240 €. Collier en acier Zag Bijoux, 45 €, ceinture à œillets en cuir à tannage végétal Aline Schmitt, 140 €, sac en suédine Alberta Ferretti, 650 €.
MODE D’EMPLOI
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MODE D’EMPLOI
PANOPLIE
LE PULL CROP TOP SOUS UNE LONGUE CHEMISE
LA VESTE ET LA CEINTURE LARGE
Incontournable du vestiaire street, il se fond dans la jungle urbaine de l’automne.
Portées avec un trench, elles se répondent en mode « félin pour l’autre ».
Chemise et pantalon en lin mélangé Cop·Copine, 149 € pièce, sweat-shirt en molleton Sweet Pants, 85 €, pull en cachemire Notshy, 210 €. Casquette en coton Phipps, 140 €, bagues en argent rhodié Ti Sento Milano, 99 € et 89 € au majeur, 59 € à l’annulaire.
Trench en coton The Kooples, 465 €, veste en lin et coton Ganni, 265 €, nuisette en organza de soie et dentelle de Caudry Carine Gilson, 1 250 €. Ceinture en cuir Mirela Cerica, 120 €.
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MODE D’EMPLOI
PANOPLIE
LA ROBE EN SOIE SOUS UNE SAHARIENNE
LE MANTEAU DROIT SUR UNE ROBE
Pour donner un peu de légèreté à un look safari-chic.
Porté ouvert avec une ceinture corset, il donne un supplément de cool à une robe aux reflets mordorés.
Veste en lin Hod Paris, 130 €, robe en soie Rosso35, 480 €. Bob en polyester Esprit, 30 €, colliers en argent sterling Thomas Sabo, prix sur demande, ceinture en cuir Alaïa, prix sur demande, bracelet en métal argenté Gas Bijoux, 140 €, bagues en argent rhodié Ti Sento Milano, 99 € et 89 € au majeur, 59 € à l’annulaire.
Manteau en laine et ceinture corset en polyester Rokh, 1 250 €, robe en velours Pomandère, 140 €. Lunettes de soleil Wayfarer, en acétate Ray-Ban, 145 €, collier en acier Zag Bijoux, 45 €, collier en argent rhodié Ti Sento Milano,
199 €.
Assistante stylisme Manon Baltazard. Mannequin Ben Massarenti/Oui Management. Casting Nicolas Bianciotto/IKKI. Coiffure Natsumi Ebiko. Maquillage Alice Gabbaï. Manucure Fanny Santa Rita/Call My Agent. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée de Ludovic Del Puerto et Margot Bootz.
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MODE D’EMPLOI
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ACCESSOIRES
Rois et reines de la jungle
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Fauve ou reptile, les imprimés de la saison embarquent sacs et souliers dans un safari très racé, et s’allient à du noir pour plus d’éclat. La preuve en 20 pièces. Réalisation Alexandra Conti et Julie Cristobal
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PRESSE.
PRESSE.
1. COBRA Botte en cuir imprimé, avec semelle respirante Geox, 200 €. 2. DEMI-LUNE Sac en cuir recyclé Nat & Nin, 130 €. 3. PYTHON Sac First Fendi, 3 700 €. 4. ROOTS Sabot en cuir Salvatore Ferragamo, 950 €. 5. ÉVENTAIL Sac en cuir Lancel, 590 €. 6. TIGRÉ Sabot en caoutchouc Crocs, 50 €. 7. TEXANE Botte en cuir glacé à talon style western The Kooples, 395 €. 8. JAGUAR Escarpin en matière synthétique Guess, 125 €.
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9. GIRAFE Sac en cuir Acne Studios, 790 €. 10. ARMY Bottine en cuir NeroGiardini, 155 €. 11. CRANTÉES Boots imitation cuir Tamaris, 80 €. 12. TRIANGLE Sac en cuir Talel, 350 €. 13. OKAPI Sac en polyester Desigual, 90 €. 14. COLLÈGE Mocassin en cuir Hilfiger Collection, 199 €. 15. LÉOPARD Pochette Pasticcino, en veau velours imprimé Max Mara Weekend, 509 €. 16. IGUANE Bottine en cuir imprimé serpent Free Lance, 550 €. 17. CROTALE Sac façon python Calvin Klein sur zalando.fr, 120 €. 18. BISEAUTÉE Bottine en cuir Steve Madden sur sarenza.com, 150 €. 19. ZÈBRE Sac en cuir Louis Vuitton, prix sur demande. 20. PANTHÈRE Mule en cuir Nodaleto, 550 €.
NEWS
MODE D’EMPLOI
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GREEN IS THE NEW BLACK
HNST – ou Honest – est le label de Lander Desmedt et Eva Engelen. Les deux Anversois proposent des jeans cools et 100 % circulaires. Quand on sait que les jeans stretch traditionnels sont très polluants, on comprend que ce détail n’a rien d’anodin. letsbehonest.eu
DEADSTOCK
Depuis des années, Sybil Mortelmans dessine des chaussures pour des marques telles que Vanessa Bruno et Paula Ka. Il y a deux ans, elle a lancé Tres Sis Zero, un label de sacs conçus à partir de cuir premium non utilisé par des maisons de luxe et donc voué à finir à la poubelle. De la doublure à la fermeture éclair, tout ce qui compose les sacs Tres Sis Zero est récupéré. Un vrai projet durable qui a du sens.
CHAUSSURES VÉGANES
Huit ans après son lancement, la marque de chaussures véganes Rombaut cartonne. Parmi les fidèles, on compte une brochette de stars dont Billie Eilish et Charli XCX. Le label est également présent à Paris par le biais d’un flagship situé dans le Marais et d’une ligne « bis », Viron, qui fait tout aussi bien que son grand frère. Chaussure, 305 €, rombaut.com
Sac à main, 109 €, tressiszero.com
REPÉRAGE
NEWS MODE BELGO-GREEN
TAILLE UNIQUE
Par Timon Van Mechelen et Marie Honnay
yngr.eu
PRESSE.
YNGR
La marque de l’ancien étudiant en mode anversois Donovan Tjon et de l’architecte Jan Pirenne. Tjon a fait ses armes auprès de grands noms tels que Tom Ford et Marc Jacobs. En 2019, il a lancé sa propre marque de sacs en cuir recyclé. Désormais, le duo poursuit cette même approche durable en créant des chemises et des foulards en soie ; des pièces uniques qu’ils font produire en édition limitée à partir d’un mélange de soie et de lyocell, une fibre conçue à base de pulpe de bois. Toutes les pièces sont également non-genréeS, un gage de modernité.
LA MARQUE BELGE ESTER MANAS PART À LA CONQUÊTE DU MONDE. PROPOSÉES JUSQU’À LA TAILLE 50, LES CRÉATIONS HAUT DE GAMME DU LABEL SONT DISTRIBUÉES DANS DES BOUTIQUES EN VUE À LOS ANGELES, LONDRES ET NICE. NON CONTENTS DE CÉLÉBRER UNE APPROCHE INCLUSIVE DE LA MODE, SES CRÉATEURS SE CONCENTRENT SUR LA DURABILITÉ. LES VÊTEMENTS SONT FABRIQUÉS DANS UN ATELIER PROTÉGÉ À BRUXELLES ET UNE GRANDE PARTIE DES TISSUS SONT SOIT DE SECONDE MAIN, SOIT ISSUS DE SURPLUS. estermanas.com
LES VOYAGES D’ODETTE
Proposés sur base de capsules thématiques, les pulls de la nouvelle marque belge around mrs.o sont autant de voyages imaginés par Séverine Lagrange, sa créatrice. Hommage à sa grand-mère Odette, son nouveau label lui donne la possibilité d’explorer l’univers du tricot. Sa marque de fabrique : un amour de la maille (héritage de la fameuse grand-mère) qui lui inspire des modèles en laine de mérinos au relief très texturé. Pour sa première capsule, Odette s’est évadée jusqu’en Ouzbékistan. Le résultat : un joli cardigan aux nuances épicées, produit en mini-séries, soit une dizaine de pièces par couleur. À partir de 399 € sur aroundmrs-o.com
Abonnez-vous à avec
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Bee Nature est une gamme de soins dermocosmétiques à base de miel bio issu du commerce équitable et d’ingrédients naturels à haute valeur ajoutée. Le miel est hydratant, nourrissant, cicatrisant, antioxydant et antiseptique. Il permet de prévenir le vieillissement cutané. Cette gamme, formulée sans perturbateur endocrinien et sans huile essentielle, est destinée à toute la famille et également aux femmes enceintes et allaitantes.
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Le Gel douche, au parfum naturel de verveine citronnée, qui convient à toute la famille. Grâce à sa texture légère, délicate et à sa formulation naturelle, il nettoie la peau sans l’agresser. Son odeur vive et fraîche réveillera votre esprit dès le petit matin ! Le Savon surgras aux graines de pavot, qui nettoie tout en exfoliant en douceur. Idéal aussi bien pour le visage que pour le corps.
x Pure Encapsulations Un sillage élégant et naturel Voici un oxymore olfactif. Chloé Signature s’enrichit d’une nouvelle version 100 % naturelle, qui réussit la prouesse d’une empreinte fidèle et chic. Elle est toujours composée par le parfumeur Michel Almairac. C’est la rose qui trône en majesté, venue de Bulgarie, adoucie par le néroli, rafraîchie par le cédrat et le bourgeon de cassis, et réchauffée par la caresse du mimosa poudré et du cèdre. On aime cette idée d’un luxe vertueux des matières, dont la plupart sont issues de cultures responsables jusqu’au flacon, au verre en partie recyclé teinté de vert-de-gris. L’Eau de Parfum Naturelle de Chloé, 95 € les 50 ml.
Le collagène, la beauté de l’intérieur Une petite ride ici et là rehausse votre beauté et vous donne du charme. Elle est aussi l’indice du processus naturel de vieillissement. Mais rien ne vous empêche d’atténuer les rides et ridules en préservant le plus longtemps possible la jeunesse de votre peau. La solution ? Lui procurer les soins adéquats, y compris depuis l’intérieur de votre corps. En quoi consiste le vieillissement de la peau ? La formation des rides résulte d’un relâchement du tissu conjonctif sous-jacent. Celui-ci est constitué entre autres d’un réseau de collagène, d’élastine et d’acide hyaluronique. Toute perte de collagène, composant clé d’une peau ferme, se traduit par l’apparition de rides. Face à la baisse du capital collagène au fil des ans, la prise d’un complément alimentaire peut se révéler une bonne idée. COMPLEXE DE COLLAGÈNE BREVETÉ
Le collagène de Pure Encapsulations® renferme le complexe breveté BioCell Collagen® qui allie les bienfaits du collagène à ceux de l’acide hyaluronique et du sul-
fate de chondroïtine. Différentes études sur des sujets humains ont démontré ses excellents résultats. Le collagène et l’acide hyaluronique contribuent au maintien d’une peau lisse et raffermie, ainsi qu’à l’estompement des rides et ridules. Voici encore un conseil important : riez et soyez vous-même car, en fin de compte, on a l’âge que l’on se donne ! Pure Encapsulations Collagène est disponible sous la forme de capsules idéalement dosées et exemptes d’additifs non essentiels et d’allergènes courants.
Cet article a été rédigé en étroite collaboration avec Pure Encapsulations. www.pureencapsulations.be. pureencapsulations_be
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NOUVEL AUTOMNE
NOS COUPS DE CŒUR SOINS, MAKE-UP, PARFUMS DE LA SAISON. Photo Mélissa De Araujo Illustration Nicolas Kuttler
BEAUTÉ
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BEAUTÉ
NOUVEAUTÉS
Quoi de neuf cet automne ? Riche en innovations et raffinements, cet automne nous donne envie de pousser à nouveau la porte de nos boutiques préférées. Découvrez nos treize coups de cœur soins, make-up et parfums de la saison.
Un lipstick vibrant et confortable
Une couleur intense et lumineuse en un seul passage, longue tenue, agréable et qui sait se faire oublier ? Le défi était de taille. Il est ici savamment relevé en conjuguant deux huiles habituellement incompatibles, associées pour la première fois : l’une, protectrice, évite les sensations de tiraillement, l’autre, semi-volatile, à l’évaporation lente, permet une forte concentration de pigments. On apprécie la pointe en forme de goutte, qui facilite le tracé du contour des lèvres. Rouge à lèvres Lip Power de Giorgio Armani, 38,50 €. Existe en 22 teintes.
Par Aurélie Lambillon et Nolwenn du Laz Photos Mélissa De Araujo Illustrations Nicolas Kuttler
Un effaceur de rides
La gamme Replasty d’Helena Rubinstein est une référence absolue pour les perfectionnistes qui souhaitent optimiser les interventions de médecine esthétique. La pépite de la gamme vient d’être reformulée, elle associe cinq acides hyaluroniques de différents poids moléculaires pour corriger autant de types de rides – front, dessous des yeux, pattes-d’oie, lèvres supérieures, sillons nasogéniens – en surface et en profondeur. Enrichie également de Pro-Xylane réparateur, de LHA resurfaçant, de Matrixyl lissant et de panthénol apaisant, sa texture aussi soyeuse qu’hydratante se délivre via une seringue ultra-précise. Pensée pour prolonger les effets des injections, elle donne aussi de très bons résultats seule, quand on se refuse à sauter le pas. Replasty Profiller d’Helena Rubinstein, 350 € les 50 ml.
NOUVEAUTÉS
BEAUTÉ
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Un révélateur de glow
Ce soin hybride est infusé de nacres iridescentes délicatement rosées pour donner du relief et un éclat immédiat au visage tout entier. On le dépose du bout du doigt, sous ou par-dessus le make-up, sur les zones bombées : haut des pommettes, arc de Cupidon et arête du nez. C’est subtil mais ça change tout. Le visage paraît plus frais, comme rajeuni. Skin-Unify Radiance de Filorga, 39,90 € les 15 ml.
Des boucliers pour une peau plus forte
Un antitache illuminateur
Le but de ce sérum : lutter contre les taches et les zones d’ombre, deux obsessions qui sont aujourd’hui loin d’être une fatalité. Il conjugue quatre actions ciblées agissant sur la qualité de peau en profondeur. D’abord sur la mélanine, avec un extrait de lansium qui aide à ralentir l’hyperpigmentation liée aux expositions au soleil. Deuxièmement sur la respiration cellulaire, grâce à un complexe minéral (zinc, cuivre, magnésium), du ginkgo biloba et de l’églantier dépolluant. Ensuite sur la synthèse de collagène, avec un extrait peptidique de soja pour optimiser la réflexion de la lumière en profondeur. Enfin sur la texture, avec des graines d’avoine et des actifs hydratants pour un effet tenseur immédiat et confortable. Résultat : un teint rafraîchi, plus homogène, vivifié et dégrisé. L’Intégral Anti-Âge Sérum Éclat Anti-Taches Sisleÿa de Sisley, 395 € les 30 ml.
Le point commun entre ces deux compositions : chacune a fait appel aux dernières avancées scientifiques pour créer un soin de pointe qui fortifie la barrière cutanée. L’une, issue des découvertes de la science de la longévité de la peau, cible le déclin cellulaire. Au cœur de la nouvelle formule Lancôme : la rose Perpétuelle Absolue bio, cultivée dans le sud de la France, reconnue pour ses vertus régénératrices et dont les molécules sont extraites sans eau, avec du CO2. Associée au Pro-Xylane (la molécule anti-âge maison), elle améliore les défenses de l’épiderme. La seconde, déjà multi-primée, est ici reformulée pour renforcer plus efficacement les défenses cutanées avec une nouvelle technologie Shiseido qui optimise la circulation sanguine, facteur d’oxygénation et de nutrition des cellules. Mention spéciale pour le flacon, désormais rechargeable, et l’étui, réalisé à partir de papier issu du bois de forêts responsables. Le Sérum Absolue de Lancôme, 235 € les 30 ml. Sérum Ultimune de Shiseido, 140 € les 75 ml.
NOUVEAUTÉS
Une pommade caresse pour les mains
Voici la première offre de soin d’Hermès et elle s’adresse aux mains. « Notre complice, notre œil, notre identité. Elle n’a pas de genre, elle indique des comportements, c’est la main du cavalier, de l’artisan. Elle est à la fois puissante et délicate », résume Pierre-Alexis Dumas, le directeur artistique. Certifiée Écocert, à 98 % d’ingrédients d’origine naturelle, cette crème hydrate, répare et préserve des agressions extérieures. En plus de sentir très bon, puisque c’est la talentueuse nez maison, Christine Nagel, qui a imaginé sa signature olfactive, délicieusement aromatique. Les Mains Hermès d’Hermès, 89 € les 100 ml.
BEAUTÉ
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Des formules pour un regard pétillant
Deux soins complets destinés à la zone fragile du contour de l’œil pour qu’il garde toute sa jeunesse. Le premier questionne l’impact des micro-mouvements quotidiens. La recherche Estée Lauder a étudié ce stress oculaire et ses conséquences sur les cellules cutanées pour penser cette formule qui ralentit la perte en collagène. Bon point : l’applicateur métallique inspiré de la cryothérapie. Refroidissant (-2 °C pendant environ 5 min), il décongestionne, accélère la microcirculation et offre une relaxation express bienvenue en fin de journée. Le second s’attaque aux effets néfastes de la pollution et de la lumière bleue en dynamisant les fonctions vitales de la peau. Les stimulants élus par Clarins ? Treize extraits de plantes bios super-efficaces (cerfeuil des bois, curcuma) qui activent les intégrines (ces protéines « velcro » assurant la cohésion des cellules). On applaudit la certification bio, la cueillette responsable et le 100 % made in France. Concentré Contour des Yeux Matrix Advanced Night Repair d’Estée Lauder, 72 € les 15 ml. Double Serum Eye de Clarins, 69 € les 20 ml.
Un fond de teint reconstituant
Si vous fuyez les fonds de teint parce que vous jugez qu’ils marquent les rides, essayez donc celui-ci, gorgé de soin. Sa texture fondante glisse sur le visage pour fusionner avec la peau et unifier pile ce qu’il faut tout en hydratant confortablement, jusqu’à 24 heures. Mieux encore, grâce à sa technologie biocellulaire – qui relance le potentiel énergétique de la peau affaibli par les années –, il agit globalement sur rides, taches, fermeté et éclat. Il est également doté d’un SPF20. Super Potent Serum Foundation Capture Totale de Dior, 83,50 € les 30 ml. Existe en 13 teintes.
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BEAUTÉ
NOUVEAUTÉS
Un vernis couleur d’automne
Ce chocolat rougi suscite notre convoitise car il signe sur nos ongles l’élégance de la rentrée. Même en jean, il nous donne (presque !) autant d’allure qu’un sac de la maison. Le Vernis Rouge Brun de Chanel, 26 €.
Des senteurs oniriques
Une collection de six fragrances revisitées par Daphné Bugey, parfumeur, qui réinterprète une nature exaltée, se réveillant à la nuit tombée, et dont les odeurs puissantes affolent les sens. Parmi elles, deux belles nouveautés : 25 Obscuratio, un souffle voluptueux d’ylangylang, patchouli et vanille Bourbon, et 63 Crepusculum Mirabile, aux effluves charnels de fleurs blanches fraîches (jasmin), fève tonka et santal. Cette nature merveilleuse et fantasmagorique est illustrée par l’artiste britannique Katie Scott, dont le trait délicat rappelle la finesse des planches botaniques, mâtinées d’une pointe de surréalisme. Et pourquoi ce chiffre précédant le nom ? Il correspond au nombre d’essais pour arriver à la note finale. Eaux de Parfum 25 Obscuratio et 63 Crepusculum Mirabile, collection La Botanique de L’Artisan Parfumeur, 195 € les 100 ml.
Un élixir ultra-réparateur
En 2013, Guerlain créait L’Huile-en-Eau, une formule inédite issue des produits de l’abeille, puissante comme un sérum, à la texture riche comme une huile et légère comme une eau rafraîchissante. La troisième version de ce désormais best-seller annonce une composition à 95 % d’ingrédients d’origine naturelle, aux performances dopées par un nouvel assemblage de gelée royale et de quatre miels (de l’abeille noire d’Ouessant, Corse, Grèce et Finlande) aux propriétés réparatrices exceptionnelles. Leur action combinée dynamise les connexions entre cellules cutanées et neuronales (essentielles au bon fonctionnement du processus d’autoréparation) pour intervenir plus rapidement sur la qualité de la peau. Un soin très sensoriel qui répond aux épidermes en quête de rebondi et d’éclat. Advanced Huile-En-Eau Jeunesse Abeille Royale de Guerlain, 136 € les 50 ml. Mannequin Alicia G./Francina Models. Casting Nicolas Bianciotto/ IKKI. Coiffure Yumiko/ASG, assistée de Louma Sliti. Make-up réalisé par Maelys Jallali, assistée de Daurianne Emboule, avec les produits Charlotte Tilbury. Manucure Lora De Sousa. Production Zoé Martin/Producing Love, assistée d’Alix Cantal.
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BEAUTÉ
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DÉCRYPTAGE
5 bonnes raisons
2. Sa formule est intelligente
d’adopter
Oubliez vos préjugés. Le shampoing solide n’a en commun avec un savon que l’aspect. « On ne formule pas un shampoing-savon dont le pH hyper-basique avoisine 9 ou 10 et décollerait les écailles des cheveux entraînant un fini sec et terne, mais bien un nouveau produit au pH de 6 environ, beaucoup plus en phase avec la peau et les longueurs », explique Pascal Portes. Marie Debrix, coiffeuse et directrice de la formation Aveda, confirme : « Avec la saponification classique, on obtient une texture sèche qui rend les cheveux rêches et incoiffables. » En fait, la nouvelle génération des shampoings solides s’appuie tout simplement sur la formule d’un shampoing liquide, dans une version sans eau (sauf l’eau qui compose naturellement certains ingrédients), qui mêle donc des tensioactifs doux, des agents émollients soin et du parfum. « Toutes les matières premières utilisées se présentent sous forme solide (pastilles, copeaux, poudres…) ou huileuse », précise Annabel Mari, directrice scientifique Dop. Un troc d’ingrédients plus sensible qu’il n’y paraît : « On parle ici d’une véritable révolution galénique. Il est encore très difficile de trouver auprès des fournisseurs les matières premières naturelles nécessaires », décrit Pascal Portes. Un défi qui explique pourquoi les principaux acteurs du marché du capillaire ont tardé à se lancer sur ce créneau. Dernier défi et pas des moindres : que la matière mousse immédiatement, mais que le shampoing ne se délite pas à la première utilisation et sèche vite et bien.
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1. Il fait du bien à la planète
Question écologie, les shampoings solides ont un CV irréprochable. Il faut dire que la formule d’un shampoing liquide est composée de 80 à 90 % d’eau, contre à peu près 10 % uniquement dans la formule solide. « L’économie globale d’eau est impressionnante : on en utilise 96 % de moins que lorsqu’on produit du shampoing classique », se réjouit Grégory Daures, chef de produit Klorane. Et cette économie d’eau engage tout un cercle vertueux avec des shampoings plus légers et compacts, faciles à empiler et donc à transporter sur les différents lieux de distribution. « Moins d’eau, c’est aussi moins de potentielle prolifération bactérienne et donc moins de conservateurs dans la formule », précise Pascal Portes, directeur de l’innovation scientifique L’Occitane. Côté formulation, la rinçabilité du produit est aussi étudiée afin que les utilisateur·rices aussi puissent faire à leur tour des économies d’eau. Un shampoing solide permet également de dire adieu au plastique et la plupart des marques s’engagent sur du carton recyclable issu de forêts responsables, certifiées FSC. Cerise sur le gâteau : malgré un format ultra-compact, il équivaut à deux flacons de shampoing liquide, avec entre trentedeux et quarante-quatre utilisations par produit. Votre portefeuille est ravi lui aussi.
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le shampoing solide Son allure de savonnette lui a donné mauvaise réputation. Écologique, pratique et bénéficiant de technologies avancées, il a pourtant toutes les qualités. Tour d’horizon.
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THIERRY LEGAY.
Par Joy Pinto
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POUR TOUS LES CHEVEUX ?
Même si les shampoings solides ont fait beaucoup de progrès et se déclinent dans diverses versions, certaines chevelures ne trouveront pas forcément la formule qui leur convient. C’est notamment le cas des cheveux traités, colorés ou décolorés, qui ont besoin d’attentions supplémentaires, ou de ceux bouclés, frisés, crépus ou particulièrement épais, qui, dans certains cas, peuvent manquer d’un peu de nutrition.
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BEAUTÉ
DÉCRYPTAGE
3. Sa composition est clean
Plus facile de formuler en clean que de faire évoluer les produits anciens en modifiant les ingrédients. Du coup, cette nouvelle famille de shampoings joue la carte du naturel avec des agents lavants issus du coco, des huiles végétales à gogo, de la glycérine, du beurre de karité pour les cheveux secs ou de l’argile pour les racines grasses. Bref, rien de douteux pour la planète. « Notre shampoing est sans silicone, sans sulfate, sans savon et sans conservateurs. Sans surprise, il s’affiche à 99 % biodégradable », confirme Annabel Mari.
4. Il se révèle aussi efficace que sensoriel
À l’utilisation, les idées reçues s’effondrent. Les shampoings solides produisent une mousse onctueuse et enveloppante, absolument pas décapante. Au contraire même : « Notre version à la mangue est même plus nutritive que la version liquide du même shampoing », assure Marie Ducos, directrice marketing Klorane. Logique car cette formule compactée sans eau comprend en fait généralement plus d’agents soins qu’un shampoing classique. Même écho du côté d’Aveda : « Par rapport au Shampure classique, la version solide nettoie et purifie même mieux, au point de pouvoir switcher pour espacer les shampoings », déclare Marie Debrix. Là encore, les formulateurs ont pu doser plus largement l’agent purifiant, en l’occurrence de l’argile. En fait, comme pour les shampoings classiques, il suffit de choisir le bon.
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5. Il est si facile à utiliser
Pour que l’expérience shampoing solide soit gratifiante, mieux vaut adopter la bonne gestuelle d’application. Sur cheveux courts ou mi-longs, on peut soit faire mousser le shampoing dans les mains avant d’étaler la mousse, soit la répartir sur le crâne à l’aide de l’objet. Dop a notamment travaillé une forme oblongue qui épouse les contours du crâne. Si les cheveux sont longs, mieux vaut tracer quelques raies avec le shampoing afin d’être sûre que toutes les racines seront lavées. Ensuite, c’est comme avec un shampoing classique : on masse du bout des doigts, on ajoute un peu d’eau pour répandre la mousse sur les longueurs et on rince. « En fait, le shampoing solide rappelle aux femmes comment bien se laver les cheveux. Car l’important est de laver les racines et non les longueurs, plus fragiles et qui n’ont pas particulièrement besoin d’être purifiées », assure Marie Debrix. Il ne reste plus qu’à accrocher le shampoing avec la ficelle intégrée (chez Dop) ou à le déposer sur un porte-savon perforé pour garantir un séchage optimal. Les cheveux normaux se passent volontiers de soin, les autres peuvent embrayer sur la routine après-shampoing ou masque habituelle.
BIENTÔT DES APRÈS-SHAMPOINGS ET DES MASQUES SOLIDES ?
10 shampoings solides zéro casse-tête
1. Shampoing Solide à la Mangue de Klorane, 7,65 €. 2. Barre de Shampoing Nourrissant Shampure d’Aveda, 15 €. 3. Shampoing Solide de Respire, 9 €, sur respire.co. 4. Shampoing Solide Semplicità de N.A.E., 5,19 €, chez Monoprix. 5. Shampoing Solide Équilibre & Douceur de L’Occitane, 12 €. 6. ShampoingDouche Solide BarberClub de L’Oréal Men Expert, 5,95 €. 7. Shampoing Solide aux Œufs de Dop, 4 €. 8. Le Shampoing Solide Nutrition d’Yves Rocher, 11 €. 9. Shampoing Solide Ultra Doux de Garnier, 5,79 €. 10. Shampoing Solide de Lush,11,50€.
THIERY LEGAY.
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Déjà existants dans les marques de niche, ces deux soins sont en préparation chez les grands du secteur. Contraintes : faire en sorte que le point de fusion des corps gras, comme le beurre de karité, soit suffisamment équilibré pour éviter que le produit n’imbibe le packaging, mais qu’il fonde facilement dans les cheveux. À suivre en 2022 chez L’Occitane et Klorane.
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BEAUTÉ
NEWS
LES ENVIES D’OCTOBRE REPÉRAGES
Une huile qui va à l’essentiel pour l’éclat du visage, un maquillage du regard poétique, et une émulsion anti-soif : tour d’horizon des idées qui nous inspirent. Par Aurélie Lambillon et Malvine Sevrin
UNE COLOGNE CLEAN
Plus qu’un parfum, Neo Cologne, c’est une toute nouvelle génération de Colognes, intenses et formulées sans alcool. Celui-ci a été remplacé par une eau déminéralisée afin de limiter les transformations chimiques et laisse place à un minimum de 85 % d’ingrédients d’origine naturelle. Une formulation clean, un packaging écoresponsable et rechargeable et cinq senteurs aussi puissantes qu’une eau de parfum classique. 78,90€ les 100 ml, à découvrir chez Planet Parfum.
L’ÉCOCONCEPTION
Qui a dit que luxe et durabilité n’étaient pas compatibles ? En 2021, Dior continue sur sa lancée en proposant davantage de parfums, maquillages et soins aux packagings éco-conçus. Un exemple concret : après avoir repensé Rouge Dior - le rouge à lèvres le plus vendu au monde - en format rechargeable, la maison s’engage à revoir le packaging d’un autre produit iconiqu : le Dior Addict. C’est aussi ça le luxe.
L’Émulsion-Infusion Hydratante de La Mer, 105 € les 50 ml.
UN MAKE-UP ONIRIQUE
La collection haute couture automnehiver 2021-2022 de la maison Chanel était inspirée par deux femmes peintres clés du Paris impressionniste, Berthe Morisot et Marie Laurencin. Les silhouettes imaginées par la directrice artistique Virginie Viard, délicatement romantiques, étaient accompagnées d’un maquillage des yeux poétique qui nous séduit cet automne. Son point fort : un regard comme agrandi par un mascara qui déploie les cils, un crayon qui ourle les paupières et un smoky léger qui les habille.
UNE HUILE MINIMALISTE
DES NOTES AROMATIQUES DE GARRIGUE, DES INGRÉDIENTS BIOS, DONT L’HUILE ESSENTIELLE D’IMMORTELLE : CET ÉLIXIR VISAGE N’A RETENU QUE LE MEILLEUR POUR L’ÉCLAT DE LA PEAU. Huile de Beauté Visage Herbier de Payot, 46 € les 30 ml, en instituts et parapharmacies.
PRESSE (X4). OLIVIER MORITZ. CHARLES HELLEU FOR PARFUMS CHRISTIAN DIOR.
UN SOIN DÉSALTÉRANT
Votre peau a soif ? Offrez-lui cet onguent riche en bons nutriments (algues, soja) qui lui apportera une hydratation légère et continue tout au long de la journée. Également doté du Miracle Broth, le complexe maison anti-inflammatoire, il lui assurera équilibre et apaisement.
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Quatorze lodges dans un écrin de verdure de 20 ha : c’est le coin de paradis qu’ont créé Patricia et Michel Boreux. Une expérience qui allie calme, nature et bien-être. Chaque chalet durable construit sur pilotis possède son jacuzzi en terrasse, son feu ouvert et son barbecue. On s’y déplace à pied, avec son cuistax attitré et/ou sa barque privée. Pour les gourmands, Jordan Boreux propose une mise en valeur exceptionnelle des produits régionaux au restaurant L’Épisode, à côté du site.
elle a les yeux revolver - marc lavoine
EQUINOX LIGHT PHOTO.
Par Aurélia Dejond
ODE À LA NATURE 490 € de 2 à 4 personnes pour 2 nuits (660 €/6 personnes). Petit déjeuner : 15 €. Les Lodges de la Vierre, 2 route de Waillimont, 6887 Saint-Médard. 061 86 08 04, leslodgesdelavierre.com
LIFESTYLE
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LIFESTYLE
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VOYAGES
PORTUGAL
TheAddresses
Une nouvelle marque hôtelière qui allie architecture, design, services et conseils de voyage haut de gamme. En plein centre d’un ancien village de pêcheurs du Portugal, entre des orangeraies ou les pieds dans le sable, vous avez l’embarras du choix. Sur base de bâtiments chargés d’histoire, les deux fondateurs belges du projet conçoivent des maisons de vacances au luxe discret, mais aussi durables et centrées sur le savoir-faire local. Dotée d’un intérieur élégant et d’un espace extérieur avec piscine, chaque maison dispose du confort d’un hôtel de charme. De la réservation de restaurants aux massages en passant par les randonnées à pied ou à vélo, le service de conciergerie s’adapte à vos besoins. À son arrivée, chaque invité reçoit également un magazine rempli de conseils précieux rédigés par les fondateurs. theaddresses.com
Écotourisme de luxe NORVÈGE
Par Timon Van Mechelen Adaptation Marie Honnay
svart.no
Svart
Vous avez toujours rêvé d’admirer les aurores boréales ? Alors, réservez une chambre au Svart. Cet hôtel circulaire est situé au pied du glacier Svartisen, dans le nord de la Norvège. Perdu au milieu de nulle part, l’établissement dessiné par le cabinet d’architectes Snøhetta est tout aussi impressionnant que son environnement direct. Plus important encore, Svart est le premier hôtel à énergie positive du monde. Sa forme ronde sert non seulement à assurer une vue panoramique à ses hôtes, mais aussi à capitaliser au maximum sur les rayons du soleil pour que le bâtiment puisse produire sa propre énergie. Svart compte quatre restaurants. Les chefs ne travaillent que sur base de produits locaux. Notez que l’ouverture était prévue au début de cette année, mais a été reportée à janvier 2022 en raison de la pandémie.
CORSE PRESSE. RAF MAES. CAMILLE MOIRENC.
Si vous souhaitez voyager de manière éthique et dans le respect de l’environnement, vous n’êtes pas obligée pour autant de dormir dans une tente minable au milieu d’une forêt. Les éco-resorts et les hébergements de luxe poussent comme des champignons, y compris en Europe. Ces paradis de rêve prouvent que luxe et durabilité vont de plus en plus souvent de pair.
PORTUGAL
Grand Hôtel Cala Rossa
Cet hôtel familial paradisiaque est situé à seulement quinze minutes en bateau du port de Porto Vecchio en Corse. Construit dans les années 60, le Grand Hôtel Cala Rossa a conservé la grandeur de cette époque, la touche écologique en bonus. Chaque chambre est dotée d’une douche à l’italienne en pierre naturelle et d’articles de toilette de la marque de soins durables de la fille des propriétaires. Le chef n’utilise que les produits de son propre potager, disposé en plusieurs grands cercles et entouré de pins et de figuiers. Si vous souhaitez profiter pleinement de la vue sur la mer turquoise et la belle plage de sable fin, réservez un séjour dans la cabane. Située dans un arbre, elle dispose, on s’en doute, de tout le luxe possible. hotel-calarossa.com
Six Senses Douro Valley
Envie de séjourner dans un petit bijou reconnu au patrimoine mondial de l’Unesco, mais assez confidentiel tout de même ? Réservez quelques nuits dans le resort Six Senses Douro Valley au Portugal. Ce domaine idyllique du XIXe siècle est situé au sommet d’une colline surplombant le fleuve Douro, au cœur d’une sublime vallée. L’hôtel prend soin de ses clients, mais aussi de l’environnement. Il protège en effet 4 ha de terres dans la vallée et soutient les nombreuses familles défavorisées de la région en leur assurant un soutien scolaire. Dans le resort, vous pourrez déguster des fruits et des légumes issus de l’agriculture biologique, du vin produit localement et d’autres spécialités artisanales. Afin de supprimer totalement l’utilisation de plastique d’ici 2022, l’hôtel a mis en place un programme ambitieux qui passe, en autres, par la production de sa propre eau minérale. Ce complexe de luxe fonctionne en outre sur base d’énergies renouvelables et d’autres concepts durables tels que le compostage, le recyclage et le « zéro déchet ». sixsens.com
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LIFESTYLE
VOYAGES
GRÈCE
Ikos Olivia
Soleil, plages de sable doré et nature préservée. Voici, en résumé, le menu de votre séjour à l’hôtel Ikos Olivia. Ce complexe est le nec plus ultra en matière de vacances haut de gamme. À l’Ikos Olivia, des chefs étoilés sont aux fourneaux. Rien que çà. Vous pouvez aussi profiter de soins magiques ou d’un moment de détente dans l’une des piscines à débordement. En matière de respect de l’environnement, l’hôtel a également tout bon. Les propriétaires œuvrent notamment à la protection des plages et des ports de plaisance et proposent des programmes d’éco-apprentissage pour mieux apprécier la biodiversité locale. L’Ikos Olivia a déjà reçu des éco-certifications reconnues internationalement telles que l’écolabel « Green Key » et le « Travel Life Award ». ikosresorts.com
Borgo Pignano
Vous rêvez d’une retraite toscane « grand luxe » ? Vous êtes au bon endroit. La piscine du Borgo Pignano offre une vue imprenable sur le paysage très vert qui l’entoure. L’hôtel compte aussi une ferme avec des chevaux (un must pour découvrir la région), une ancienne bibliothèque, un hammam et un restaurant étoilé. Le Borgo Pignano a remporté le prestigieux prix d’excellence « Condé Nast Johansens » en 2019, une récompense décernée au meilleur hôtel durable d’Europe. Le bâtiment a été restauré avec des matériaux respectueux de l’environnement, tels que des pierres locales et de la peinture écologique. La majeure partie de l’énergie provient de panneaux solaires installés sur le toit. borgopignano.com
BELGIQUE
Les Sorbiers
À deux pas de Dinant, au cœur de l’ Ardenne belge et en bordure de Meuse, les Sorbiers jouissent d’une situation idéale. Cette oasis de verdure s’étend sur pas moins de 17 ha, dont une île privée labellisée « réserve naturelle ». Le domaine, qui a longtemps appartenu à la famille Boël, a été récemment transformé en un éco-hôtel trois étoiles doté de 32 chambres et du restaurant « En face de l’île ». L’établissement travaille exclusivement avec des produits régionaux et possède son propre potager naturel avec ruches et aires de cueillette. Et comme l’hôtel est chauffé par le biais d’une chaudière biomasse, les déchets de bois du domaine sont ainsi transformés en combustible. lessorbiers.com
PRESSE.
ITALIE
DESTINATION
LIFESTYLE
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Actu des marques Page réalisée par le service commercial
Le restaurant Adriatica d’Il Palazzo Experimental.
DE’LONGHI
S’OFFRIR UN PALAIS À VENISE
BRAD PITT EN NOUVELLE ÉGÉRIE
Quand le leader mondial des machines à café à usage domestique lance sa première campagne internationale réalisée par Damien Chazelle, on n’est pas loin du petit noir oscarisé ! Le casting ? Brad Pitt, who else, en grand rival de Georges Clooney, ambassadeur d’une autre marque célèbre. Grand consommateur de café et défenseur acharné de l’environnement, l’acteur le plus sexy de sa génération propulse le café au rang de star. So chic !
La Cité des Doges n’a pas encore renoué avec son flot continu de visiteurs. Cet automne, on peut avoir la ville pour soi, ou presque. Notre adresse idéale pour en explorer les méandres ? Il Palazzo Experimental*, merveille d’hôtel qui rend hommage au savoir-faire vénitien, à table comme dans son décor.
delonghi.com
THE NEW PLACE TO BE
Quoi de plus authentique qu’une brasserie à l’italienne pour donner un goût de vacances à vos assiettes ? Mets traditionnels, dont les fameuses pasta’s fresca préparées sur place, irrésistible voyage gustatif en mode dolce vita. Avec sa grande terrasse, cette nouvelle adresse aux couleurs méditerranéennes est le nouveau lieu incontournable à découvrir à Uccle. Dante, 354 rue Vanderkindere, 1180 Uccle. Instagram : dantebruxelles Tél. : 02/ 721 75 08
TOPICREM
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TROIS EN UN
LA VIE AVANT TOUT
Rien de tel qu’une huile pour hydrater, illuminer et sublimer : cette toute nouvelle galénique s’utilise aussi bien sur le corps, que le visage et les cheveux, pour un rendu satiné incomparable. Sa texture est onctueuse, son fini non gras, et son parfum floral et oriental convient à toutes les peaux, même ultrasensibles. Avec son duo d’huiles végétales raffinées et son lipide biomimétique, c’est la routine beauté idéale à installer pour une peau et une chevelure éclatantes de santé.
C’est l’accessoire vital intelligent à porter sur soi dès qu’on se déplace. Que l’on soit automobiliste, cycliste, promeneur amateur, sportif averti, fragilisé par un handicap ou une maladie, cette pochette de couleur vive est conçue pour être visible et s’accroche partout grâce à des attaches Velcro®. À l’intérieur, une carte avec vos données essentielles : informations sur des allergies, un handicap ou toute pathologie, les coordonnées des personnes à contacter au besoin... autant d’éléments essentiels pour les premiers secours.
Topicrem UH, prix de vente conseillé 21,90 € en pharmacies et parapharmacies
Life Cover, 24 €. En vente en ligne sur lifecover.be et dans certaines pharmacies bruxelloises.
KAREL BALAS/PALAZZO EXPERIMENTAL.
DANTE
PRESSE.
Par Elvira Masson
Le jardin privé de l’hôtel, qui donne sur le canal dei Ognissanti.
L’IDÉAL EST D’ARRIVER À L’HÔTEL EN MOTOSCAFO, ces petits bateaux en bois qui sillonnent la lagune. On amarre au ponton de l’hôtel, dans le quartier du Dorsoduro. Le palazzo siège en majesté avec ses trois entrées sur le canal de la Giudecca. À l’arrière, il ouvre sur un merveilleux jardin secret donnant sur le canal dei Ognissanti. À deux pas de là, la collection Guggenheim et l’Accademia. Une adresse discrète et comme toujours avec les hôtels de l’Experimental Group, que ce soit à Minorque ou à Verbier, une belle interprétation de l’artisanat et des arts appliqués locaux. L’architecte d’intérieur Dorothée Meilichzon a su transformer l’ancien hôtel particulier de Giovanni Stucky, un entrepreneur suisse très actif à Venise, qui fut ensuite dans les années 50 le siège de l’Adriatica, grosse compagnie maritime italienne. Le gothique du bâtiment est magnifié par les détails inspirés par les grands architectes Andrea Palladio (1508-1580) et Carlo Scarpa (1906-1978), dessinant dans les trente-deux chambres et le restaurant un esprit nouveau, coloré, riche, faisant la part belle aux techniques et matériaux typiquement vénitiens : les sols en terrazzo, les murs en marmorino, les colonnes torchon en bois sculpté, la laque et les rayures clin d’œil aux gondoliers. Autre point fort : le soin accordé à la cuisine. En collaboration avec l’Italian Supper Club, le restaurant Adriatica célèbre les trésors de la côte… Adriatique : Frioul, Abruzzes, Émilie-Romagne et, bien sûr, Vénétie, avec légumes du potager vénitien de Sant’Erasmo, fromages et charcuteries du Veneto, crevettes de la lacune, cicchetti (tapas vénitiennes), pasta maison. On rêve déjà d’un verre d’Orto Di Venezia avec vue sur le canal, suivi de gnocchi à l’ortie, artichauts violets et stracciatella... Le goût de Venise.
(*) palazzoexperimental.com
FOOD & DRINKS
LES ADRESSES CONFIDENTIELLES DES FONDATEURS DU GROUPE EXPERIMENTAL ESTRO VINO E CUCINA : LA PLUS ÉCOLO
Très bonne cuisine et superbe choix de vins nature. estrovenezia.com
COVINO : LA PLUS BULLES
Encore une bonne carte des vins et une carte de champagnes au top. Et l’équipe est drôle. covinovenezia.com
ALLE TESTIERE : LA PLUS MARITIME
Une adresse adorable et cosy, avec une bonne cuisine de fruits de mer notamment. Réservation indispensable. osterialletestiere.it
IL MERCANTE : LA PLUS MIXOLOGUE
« Le » bar à cocktails de Venise, piloté par une équipe géniale, dans l’ancien magnifique Caffè Dei Frari. Réservation indispensable. ilmercantevenezia.com
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LIFESTYLE
FOOD
Bonnes plantes MASTERCLASS
Pas moins de 15 % de toutes les émissions de CO2 dans le monde proviennent de l’élevage. Manger des aliments à base de plantes deux fois par semaine permet de diminuer davantage son empreinte carbone que si on décide de ne plus prendre l’avion. Pas mal, non ? Le bon point : devenir végétalien n’oblige pas à renoncer à ses plats préférés. La preuve avec ces trois recettes, à peine différentes de leur version originale. Par Timon Van Mechelen Adaptation Marie Honnay
Ingrédients pour 4 personnes Pour la garniture des tacos 3 c à s d’huile végétale, 2 c à s de sirop d’agave, 1 ½ c à c d’épices mexicaines, 1/2 c à c d’ail en poudre, 2 boîtes de fruits du jacquier (dans de l’eau). Pour la salsa verde 30 g de coriandre, 30 g de persil, 2 piments jalapeños épépinés
(finement hachés), 2 échalotes (finement hachées), 1 gousse d’ail (finement hachée), 1 c à c de câpres, 100 g de tomates (vertes) (finement hachées), le jus d’1 citron vert, sel et poivre selon votre goût.
8 tacos, chou rouge (en lanières), crème aigre végétale ou yaourt à la noix de coco, coriandre (pour la garniture). Préparation
Mélanger 2 c à s d’huile, le sirop d’agave, le mélange d’épices
mexicaines et la poudre d’ail dans un bol jusqu’à l’obtention d’une marinade. Intégrer le jacquier dans la marinade et écarter un peu la chair. Couvrir d’une pellicule plastique et réfrigérer pendant 2 heures. Préparer la salsa verde : broyer tous les ingrédients dans un mixeur jusqu’à l’obtention d’une belle sauce onctueuse. Saler et poivrer. Conserver la salsa verde dans un bocal en verre au réfrigérateur. Faire chauffer 1 c à s d’huile d’olive dans une poêle et faire frire le jacquier mariné
pendant environ 5 min jusqu’à ce que la chair se défasse complètement. Chauffer les tacos au four selon les instructions de l’emballage. Garnir les tacos avec le jacquier effiloché, la salsa verde, le chou rouge, la crème sure aux légumes et un peu de coriandre.
Ragoût végétalien & frites Ingrédients pour 4 personnes
PRESSE. ALINE BOUMA.
Tacos au jacquier effiloché et salsa verde
2 c à s d’huile d’olive, 4 échalotes (en fines rondelles), 1 gousse d’ail (pressée), 1 grosse carotte (en petits cubes), 1 courgette (en petits cubes), 500 g de jeune jacquier en conserve (bien rincé, égoutté et haché), 60 ml de vinaigre balsamique, 600 ml de bouillon de légumes, 3 feuilles de laurier, 6 clous de girofle, 3 bâtons
de cannelle, 2 brins de romarin frais, 2 brins de thym frais, 2 brins d’origan frais, 4 tranches de pain d’épices, frites au four ou pommes duchesse (surgelées). Préparation
Faire chauffer l’huile d’olive dans une poêle et faire revenir les rondelles d’échalotes et l’ail écrasé jusqu’à ce que les oignons soient translucides. Après quelques minutes, ajouter les cubes de carotte et de courgette. Cuire au four pendant trois minutes. Avec
les doigts, déchirer le jacquier égoutté en petits morceaux pour qu’il ressemble à du porc effiloché et verser dans la poêle. Ajouter le vinaigre balsamique et laisser réduire pendant trois minutes. Ajouter le bouillon de légumes, les feuilles de laurier, les clous de girofle, les bâtons de cannelle et les herbes fraîches. Porter à ébullition et laisser mijoter à feu doux pendant 30 minutes. En fin de cuisson, retirer les bâtons de cannelle, les feuilles de laurier, les clous de girofle et les herbes
fraîches de la poêle. Émietter le pain d’épice et laisser mijoter le ragoût à feu très doux pendant encore 30 min. Préchauffer le four et faire dorer les frites (ou les pommes duchesse) au four selon les instructions sur l’emballage. Servir le ragoût avec les frites et éventuellement avec quelques légumes supplémentaires, comme des tranches de betterave ou de chou rouge.
LIFESTYLE
FOOD
Pain perdu (pas perdu pour tout le monde) Ingrédients pour 4-6 portions
250 ml de lait d’amande, 1 c à s de farine, 1/2 c à c d’arôme de vanille, 1 c à c de cannelle en poudre, 4 à 6 tranches de pain rassis, 1 c à s de beurre végétal, 100 ml de yaourt végétal à la vanille (facultatif), 150 g de mûres (facultatif), sucre glace. Préparation
Dans une assiette creuse, mélanger le lait d’amande, la farine, la vanille et la cannelle avec un fouet jusqu’à obtention d’une substance homogène. Tremper le pain dans le mélange, mais pas trop longtemps pour éviter qu’il devienne trop humide. Faire chauffer une noix de beurre dans une poêle avec un bon revêtement antiadhésif. Placer les tranches de pain dans la poêle une à une et les faire frire jusqu’à ce qu’elles soient dorées. Retourner le pain perdu de temps en temps avec une spatule. Empiler les tranches et servir avec du yogourt à la vanille, des mûres et du sucre glace.
Recettes tirées du livre Vegan voor iedereen de Merel Wildschut, éd. Fontaine
PRESSE.
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LIFESTYLE
HOROSCOPE
MARIE CLAIRE EST UNE PUBLICATION DE BASTILLE VENTURE CAPITAL S.A. (TVA BE 0875.062.635) CHAUSSÉE DE LOUVAIN 431 D, B-1380 LASNE.
ÉMOTIONS Mais qui est cette
femme fascinante et irrésistible ? Vous, bien sûr, car Vénus sera dans votre signe. Rendez-vous à partir du 20 pour de la passion et des surprises. AMBITION La première quinzaine va se révéler motivante en termes de rencontres, de projets et d’épanouissement personnel. À anticiper : une petite baisse d’énergie à partir du 16.
Sagittaire 23.11 – 21.12
ÉMOTIONS Le début de mois s’annonce particulièrement agréable, plein d’amour, d’amitié et de projets excitants. La seconde quinzaine, plus troublante, pourrait ranimer des émotions oubliées. AMBITION Mars vous promet un rythme soutenu et un esprit de compétition marqué jusqu’au 15. Ne lâchez rien, la seconde quinzaine vous récompensera.
Capricorne 22.12 – 20.1
ÉMOTIONS L’amour se réinvente
Par Carole Vaillant
avec Vénus et Uranus. Au menu : nouvelles envies, jolies rencontres et situations excitantes. Une histoire pourrait même naître. AMBITION Pas d’obstacle en vue pour le début du mois, hormis de possibles désaccords qui devraient se régler rapidement. Des enjeux motivants vont se profiler à partir du 17.
Verseau 21.1 – 18.2
BALANCE
24.9 – 23.10
Ce mois-ci, l’amour redevient un projet excitant et joyeux. Une relation amorcée récemment pourrait prendre une ampleur imprévue. En mode conquête ? La deuxième quinzaine vous appartient. ÉMOTIONS
À vous chance insolente, opportunités et énergie de battante. Ce mois-ci, Mars et Jupiter vous donnent les clés du succès. En bonus, une force de persuasion imparable. AMBITION
ÉMOTIONS Vénus fait du gringue à Jupiter dans votre signe. Résultat ? Amour, plaisir et projets à gogo jusqu’au 10. En solo, vous pourriez faire une rencontre dans le cadre de votre travail. AMBITION Pariez sur un ciel à gros potentiel pour vous démarquer et donner de l’élan à vos projets. Un impératif : être réactive et savoir improviser, car tout peut aller vite.
Poissons 19.2 – 20.3
ÉMOTIONS Entre tension sexuelle et baston en règle, Mars place vos échanges amoureux sur un terrain accidenté (jusqu’au 16). La bonne nouvelle ? Dès le 11, Vénus va vous faire vibrer comme jamais AMBITION Là non plus, vous n’êtes pas à l’abri de désaccords avec le reste du monde. Profitez-en pour mettre les choses à plat afin de profiter pleinement d’une seconde quinzaine ultra-positive.
Bélier 21.3 – 21.4
ÉMOTIONS Après un début de mois facile avec Vénus, Mars va remettre en tension des désirs et des émotions qui pourraient faire écho à une situation vécue l’an dernier. Une chose est sûre, ce sera intense.
RÉDACTRICE EN CHEF Julie Rouffiange jro@marieclaire.be RÉDACTEUR EN CHEF ADJOINT Timon Van Mechelen tvm@marieclaire. be timonvm DIRECTRICE ARTISTIQUE Sophie Brevers sbr@marieclaire.be COLLABORATEURS Aurélia Dejond (culture, psycho, société), Virginie Dupont, Marie Geukens, Étienne Heylen (culture), Linda Heynderickx, Marie Honnay (mode, lifestyle), Elspeth Jenkins (mode, design), Joëlle Lehrer (cinéma, musique), Malvine Sevrin.
AMBITION Pas de quartiers ! Ce mois-ci, il va falloir monter au créneau et sortir les gants de boxe pour s’imposer. En échange, comptez sur des enjeux intéressants et des occasions de vous démarquer.
Taureau 22.4 – 21.5
ÉMOTIONS Vénus et Uranus vous rendent plus impulsive et aventureuse. Vous pourriez vivre une situation inhabituelle ou vous enflammer subitement pour une rencontre. AMBITION L’énergie de Mars vous porte au quotidien, comptez sur des résultats concrets et des retours positifs sur votre travail. À valoriser : créativité et intuition.
DIGITAL RÉDACTRICE EN CHEF MARIECLAIRE.BE/FR Malvine Sevrin mse@marieclaire.be thetinynomad DIGITAL ART DIRECTOR MARIECLAIRE.BE rosaalieeb Rosalie Bartolotti rba@editionventures.be BACK-END DEVELOPER MARIECLAIRE.BE Paul Ansay paul@editionventures.be COORDINATRICE DES PROJETS ÉDITORIAUX & COMMERCIAUX Jessica Fine jfi@editionventures.be jessicafi ne1
Gémeaux 22.5 – 21.6
ÉMOTIONS Le duo le plus hot du zodiaque s’intéresse à votre cas. Vénus va satisfaire vos moindres désirs en début de mois et grâce à Mars, une relation pourrait bien décoller à partir du 16. AMBITION Ce mois-ci, la communication est plus que jamais le nerf de la guerre. C’est le bon moment pour relancer vos contacts, partager vos idées et cartonner sur vos réseaux.
CHIEF OPERATING OFFICER (COO) MARIE CLAIRE Florian de Wasseige fdw@editionventures.be
POUR VOUS ABONNER
9 numéros pour seulement 26,95 €. Simple et rapide : surfez sur www.viapress.be/marieclairefr Vous avez des questions ? Envoyez un mail à info@viapress.be, viapress.be, téléphonez au 02 556 41 40 (de 8 h à 16 h 30 du lundi au vendredi) ou écrivez à AMP, 451 route de Lennik, 1070 Bruxelles.
Cancer 22.6 – 22.7
ÉMOTIONS L’amour est plus que jamais un sujet d’avenir. Dès le 9, Vénus va vous proposer plein d’options excitantes pour vous faire palpiter : jeux de séduction, rencontres, projets : tout est ouvert. AMBITION Comptez sur un contexte propice à l’affirmation personnelle, mais tenez compte d’un risque de nervosité et de tensions relationnelles en hausse à partir du 16.
Lion 23.7 – 23.8
ÉMOTIONS La passion vous manquait ? Tant mieux, car ce mois-ci, le ciel n’aime ni la routine ni les sentiments tièdes. Un vrai coup de théâtre n’est pas à exclure vers la fin du mois. AMBITION Misez sur un climat stimulant et un bon esprit d’équipe. La communication fonctionne et vous aurez l’occasion de démontrer votre valeur. À valoriser : intuition et imagination.
CREATIVE SALES MANAGERS Johanna Webb jwe@editionventures.be Kelly Gielis kgi@editionventures.be Deborah Schols dsc@editionventures.be Alexia Neefs alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne vdc@editionventures.be Nathalie Fisse nfi@editionventures.be CREATIVE SOLUTIONS LAB Lore Mosselmans (Campaign Manager) lmo@editionventures.be Amélie Eeckman (Print Production Coordinator) aee@editionventures.be Charlette Louis (Campaign Coordinator) charlette@editionventures.be Pauline De Witte (Campaign Coordinator) pdw@editionventures.be EVENTS Ondine Scohier (Event Coordinator) osc@editionventures.be PRODUCTION Business Team Corporation / Michel Vanderstocken Matériel pub/Valérie De Jonghe vdj@editionventures.be IT MANAGEMENT Dominique Remy - Alpha-Chrome sprl EDITION VENTURES CEO Bernard de Wasseige DIRECTEUR GÉNÉRAL Didier Henet
IMPRIMERIE Quad/Graphics
Vierge 24.8 – 23.9
ÉMOTIONS Le Soleil vous dispense un bonus de charisme et d’énergie qui vous rend plus attirante que jamais. Et avec l’aide de Vénus dès le 11, comptez sur des échanges amoureux brillants et inspirés. AMBITION Ça sent bon les projets neufs ! Et avec Mars pour vous motiver, rien ne pourra vous arrêter. Conclusion : pas une minute à perdre, foncez, c’est vous qui avez la main.
SALES DIRECTOR Philippe De Jonghe pdj@editionventures.be
BASTILLE VENTURE CAPITAL CEO Bernard de Wasseige
SHUTTERSTOCK.
Scorpion 24.10 – 22.11
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AIMEZ-VOUS VOTRE VISAGE ?
LE GOÛT DONT VOUS AVEZ HONTE ?
Je me supporte mais j’aurais adoré ressembler à Clint Eastwood. Je n’aime pas me regarder, m’écouter, me voir, ce qui complique la donne quand on fait mon métier. ÊTES-VOUS GARÇON OU HOMME ?
Je me sens très enfantin et immature, scotché aux reliquats de l’enfance. Je me sens beaucoup plus proche de cet âge d’or que de l’âge adulte. Être adulte impose d’être dans l’artifice de soi-même. DORMEZ-VOUS LA NUIT ?
Très mal. La nuit n’est pas mon amie. Ça fait très longtemps que ça dure. J’ai du mal à m’endormir parce que je n’arrive pas à déconnecter avec tout ce qui s’agite dans ma tête. VOTRE MÈRE (3) ÉTAIT-ELLE DOMINANTE OU SOUMISE ?
À la maison, une main de fer dans un gant de velours. Dans sa vie professionnelle, tout sauf soumise. C’était une pétroleuse. Elle n’a jamais joué de sa féminité pour y arriver. Elle se battait pour que les femmes du petit écran soient traitées de la même manière que les hommes, et dans le milieu de la télévision des années 50, croyez-moi, c’était pas joué ! COMBIEN DE DROGUES VOUS FAUT-IL POUR VIVRE ?
Plus aucune. Je suis arrivé à un degré d’ascèse assez intéressant en renonçant à toutes les substances auxquelles on peut être accoutumé pendant l’existence. Je suis passé au thé vert qui est une vraie addiction chez moi.
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Je ne connais pas la honte, c’est un mot que je n’aime pas. En dehors des fautes morales, la honte, non. QUE NE SUPPORTEZ-VOUS PAS QUE L’ON DISE DE VOUS ?
LE PLUS BEAU REGARD QU’ON AIT POSÉ SUR VOUS ?
Je vais vous faire une réponse très neuneu : le premier regard de chacun de mes enfants, resté marqué au fer rouge en moi.
CITEZ TROIS AMANTS ET AMANTES RÊVÉ·ES AU COURS DE VOTRE VIE ?
Shirley MacLaine, Ashley Judd et David Bowie. VOTRE PLUS GRAND PLAISIR SIMPLE ?
Marcher. Je suis un grand marcheur, dans les villes, à la campagne ou au bord de la mer. Quand j’ai un problème d’écriture, je vais marcher à pas rapides et ça se débloque.
J’ai très longtemps été à fleur de peau. Avec le temps, j’ai appris à amortir la violence des commentaires. Mais je prends toujours très mal le fait d’être attaqué pour de mauvaises raisons. LA PREMIÈRE FOIS OÙ VOUS VOUS ÊTES SENTI LIBRE ?
AIMEZ-VOUS VOTRE PRÉNOM ?
FUIR, S’ADAPTER OU COMBATTRE ?
Pour se sentir libre, il faut avoir ressenti de l’enfermement et je n’ai jamais subi ça. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont laissé une grande liberté de manœuvre.
Ça dépend, mais s’adapter est une règle d’or dans mon métier. Il faut savoir s’adapter sans se trahir ni se compromettre. N’oubliez pas la devise des marines américains : « S’adapter pour survivre. »
POUVEZ-VOUS PRENDRE UNE PHOTO DE VOUS ?
LA PLACE DU SEXE DANS VOTRE VIE ?
VOTRE DERNIÈRE RECHERCHE GOOGLE ?
Dans les coulisses de la garde républicaine. Pour la simple raison que je reçois bientôt à la radio l’un de ses colonels.
LE MEILLEUR CONSEIL QUE L’ON VOUS AIT DONNÉ ?
De mon père : l’important, ce n’est pas d’arriver, c’est de partir. ÊTES-VOUS VIOLENT ?
Je peux être violent mais c’est une violence froide, en me servant des mots. Cela dit, je n’ai pas les moyens de ma violence. Je me suis mis à la boxe il y a quelques années mais j’ai découvert que je n’étais pas un fighter-né. (Il rit.) LA DERNIÈRE CHOSE QUE VOUS AYEZ BUE ET MANGÉE ?
Des makis de chez Yamamoto, mon restaurant japonais préféré. Accompagnés d’un thé vert, évidemment.
Raisonnable et équilibrée. Le sexe n’a jamais occupé une importance prépondérante chez moi. Je suis très sensible à la séduction, à la sensualité, mais moins au sexe proprement dit même si j’apprécie quand même ce plaisir agréable. La preuve : j’ai des enfants. (Il rit.) SI VOUS ÉTIEZ UNE FÉE ET QUE VOUS POUVIEZ OFFRIR TROIS DONS À UN ENFANT NAISSANT, LESQUELS SERAIT-CE ?
STIB
Si j’étais une fée, j’aurais quand même l’air con avec le chapeau pointu et la petite voilette. J’exigerais un droit de regard sur la direction artistique. Trois dons à un enfant naissant ? Qu’il vive entouré d’amour, qu’il soit libre de vivre sa vie comme il l’entend et qu’il ne manque jamais de rien sans être pourvu de tout.
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LE QUESTIONNAIRE
ANTOINE DE CAUNES En librairie ce mois-ci, Perso, son autobiographie (1), prendra la forme d’un amusant abécédaire dans le désordre. Les confidences du cinéaste et animateur de Popopop sur France Inter (2), fidèle à son humour, se rangent, quant à elles, toujours bien au rayon pop culture : entre Clint Eastwood, San Antonio et David Bowie. Propos recueillis par Fabrice Gaignault
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Oui, beaucoup, parce qu’il évoque Saint-Exupéry et San Antonio, un écrivain et un personnage romanesque que je vénère.
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