Joie Y’A DE LA
BELGIQUE
+50 PAGES FEEL GOOD
® BELGIQUE SEPTEMBRE 2021 MENSUEL 5,90€
COMMENT LA MODE NUMÉRIQUE VA CHANGER LE FASHION GAME
ANISSA JALAB
WHITNEY PEAK
« J’AI CONSCIENCE DE MENER UNE VIE ÉTRANGE »
QUI EST LA MANAGEUSE DE DAMSO ?
MODE
NUMÉRO
LES VÊTEMENTS ONT-ILS UN SUPER-POUVOIR ?
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L’amour est partout autour de nous. Pour s’en convaincre, il suffit de tourner le regard vers nos placards. Les campagnes de l’été avaient annoncé la couleur (rose feu), avec la très voluptueuse série de photos orchestrées par Glenn Martens pour Diesel — qui n’a pas mis longtemps à faire chauffer les moteurs. Baptisée « When Together », cette galerie de couples se chopant à pleine bouche au tournant du confinement effeuille les clichés, rentre dans le vif des sujets, inclusifs et shootés dans des lieux de tous les jours, tous les amours. Les peaux se touchent, les mots aussi : chez Gucci, un « Beloved Show » orchestré par James Corden vend certes des sacs, mais aussi, au bout de la bride, l’idée de l’attachement. Ce n’est plus le porn-chic esthétisé-aseptisé du début des années 2000 signé Tom Ford pour la même maison italienne : désormais, on connecte. On rit ensemble, les yeux brillants. La mode qu’on a tant vilipendée pour être élitiste, inaccessible, hiératique, voire excluante, si on ne rassemblait pas certains critères nous prend par la main. Et on ne sait pas ce qui se passe sous la table.
LA MODE EN MOOD LOVE Le show d’AZ Factory, la marque qu’Alber Elbaz venait de fonder avant de faire sa dernière révérence, clôturera la prochaine Fashion Week de Paris en octobre. Le nom de cette collection : « Love Brings Love », en hommage à l’amour que portait le créateur à la famille de la mode. Le nouveau mood board, c’est la passion humaine. L’amour serait-il devenu l’universelle réponse positive à la dimension anxiogène de cette époque où l’on ne s’est pas assez mélangés ? Car il faut bien constater qu’en Belgique en 2020 et déjà pour 2021, les chiffres de la natalité ont drastiquement diminué tandis que notre impatience augmentait. Alors, cet hiver, la mode nous enveloppe, nous réchauffe, amortit les éventuelles chutes de moral dans de sensuelles farandoles de molleton (matelassé, le plus souvent), déroule des pulls longs et des robes en tricot du sol au plafond, augmente encore les volumes, fait péter les couleurs. Ajoute des plumes et des paillettes pour nous faire perdre la tête. On a envie de faire la fête (pour cela, il y aura des robes à franges qui ont sauté un siècle d’années folles), on a besoin de parader, poitrines en avant, restrictions derrière. Pas tant pour se liker que pour pouvoir s’aimer. À la rescousse d’un automne charnel, les maisons nous tissent des transparences sous forme de mailles arachnéennes, et des catsuits pour galber tout ce qu’on a envie de montrer. Marine Serre a fait de cette pièce un incontournable de la féminité, à mixer avec ce qu’on veut (c’est le mot d’ordre de la saison) : pull fin, veste droite ou manteau cape. Et bien sûr, du cuir. Porté ample, froncé, ajouré, doublé. Moins rock cette saison, interprété plutôt en armures souples. Facile à ôter. La température monte, même si dehors, on en est moins convaincu. Quand la mode flirte avec les pulsions du monde, il nous reste encore le… (vous avez compris).
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sommaire
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HANNA MOON, MARLEEN DANIËLS, IMAXTREE, PRESSE
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94 148 76 60 50 EN COVER Modèle : Whitney Peak Photographe : Matthew Kristall Stylisme : Rebecca Dennett Coiffure & make-up : Nikki Nelms et Emily Cheng pour Chanel Beauty Production : Hillary Foxweldon
28 Front row : les tendances en avant-première. 60 Happy Clothes : est-ce que les vêtements rendent heureux ? 66 Le renouveau du Momu à Anvers. 70 Portrait de Supriya Lele, gagnante du prix LVMH. 76 Kevin Germanier, le gourou du sequin. 78 La mode peut-elle se passer de collabs ? 84 Comment la mode digitale va-t-elle révolutionner le fashion game ? 93 Backstage fashion : à la rencontre des artistes belges. 126 Édito mode : streetstyle et couleurs. 134 Shopping : nos pièces coups de coeur de la rentrée respirent la gaieté.
REPORTAGE 36 « Gossip Girl », le reboot : rencontre avec Whitney Peak 41 Radar : on fait quoi pour la rentrée ? 88 Anissa Jalab, manageuse de Damso: « Vivre un tel succès, c’est impressionnant ! » 91 Psycho Rigolo : le bonheur, simple ? Ou pas.
BEAUTÉ 144 Profession insolite : créateur de rubans pour marques de luxe. 146 Focus beauté : tout ce qu'il faut savoir en septembre.
LIFESTYLE 157 Dans la cuisine du chef Willem Hiele : la joie dans l'assiette. 164 The Nine : le nouveau club féminin in town. 168 « On a tous besoin de rigoler », les conseils de notre coach du rire. 176 L'acte sexuel m'indiffère : enquête sur l'asexualité. 180 Portrait : Sally Ride, première femme dans l'espace.
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RÉDACTRICE EN CHEF ELLE.BE
RÉDACTRICE EN CHEF
Marie-Noëlle Vekemans, mnv@elle.be @maryvekemans
Marie Guérin, Marie.Guerin@elle.be @marie_elle_be
DIRECTRICE ARTISTIQUE
COORDINATRICE ELLE.BE
Iris Rombouts, iro@elle.be @imageboulevard
Jessica Fine, jfi@editionventures.be
SECRÉTAIRE DE RÉDACTION & ICONO
Rosalie Bartolotti, rba@elle.be
Noemi Dell’Aira, nda@elle.be
GRAPHISTE WEB
@noemidellaira
EDITING
Juliette Debruxelles, jdb@elle.be
@juliettedebxl
MODE
CEO Bernard de Wasseige @jessicafine1
@rosaaliee
PHOTOGRAPHES/VIDÉASTES Justin Paquay, jpa@elle.be
@paqju
CREATIVE SALES MANAGERS
CULTURE
Grégory Escouflaire, ges@elle.be
GRAPHISTES
Philippe De Jonghe, pdj@editionventures.be Johanna Webb, jwe@editionventures.be Kelly Gielis, kgi@editionventures.be Alexia Neefs, alexia.neefs@editionventures.be Valérie Decallonne, vdc@editionventures.be Nathalie Fisse, nfi@editionventures.be Elodie Andriveau; ean@editionventures.be
PRINT PRODUCTION COORDINATOR Amélie Eeckman, aee@editionventures.be
Leen Hendrickx, lhe@elle.be @l1hendrickx Florence Collard, fco@elle.be @florencecollard
TRAITEMENT DE L’IMAGE Walter Vleugels, wvl@elle.be
@walt_wings
PHOTOGRAPHIE
Justin Paquay, jpa@elle.be
CORRECTEUR
CREATIVE SOLUTIONS LAB
Lore Mosselmans (Campaign manager) lmo@editionventures.be avs@editionventures.be Charlette Louis (Campaign coordinator) charlette@editionventures.be Pauline De Witte (Campaign coordinator) pdw@editionventures.be
MATÉRIEL PUBLICITAIRE
Geoffrey Favier
Valérie De Jonghe, vdj@editionventures
TRADUCTION Virginie Dupont feat. talkie-walkie srl
ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO
Juliette Debruxelles, Camille Vernin, Alice Herman, Katia Vlerick, Ans Vroom, Jolien Vanhoof, Barbara Van Munninck, Isabelle Vander Heyde
EDITION VENTURES WOMAN DISTRIBUTION AMP
BEAUTÉ
Responsable : Céline Pécheux, cpe@elle.be
COO Florian de Wasseige fdw@editionventures.be
IMPRIMERIE Quad/Graphics
Back-end developer : Paul Ansay; paul@editionventures.be
SALES DIRECTOR
LIFESTYLE
DIRECTEUR GÉNÉRAL Didier Henet
CEO Bernard de Wasseige
CELLULE WEB
Responsable : Marie Guérin, Marie.Guerin@elle.be Elisabeth Clauss, ecl@elle.be @elisabethclauss Responsable : Marie-Noëlle Vekemans, mnv@elle.be
EDITION VENTURES
EVENT
Noah Falcone fnfa@editionventures.be
PRODUCTION
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Par téléphone +32 (0)2 556 41 40 de 8 h à 16 h 30 / du lundi au vendredi par courrier AMP - viapress.be, Route de Lennik 451, 1070 Bruxelles. Par mail info @ viapress.be
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LAGARDÈRE NEWS
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INTERNATIONAL AD SALES HOUSE : LAGARDÈRE GLOBAL ADVERTISING CEO SVP/International Advertising – Julian Daniel ELLE Belgique est publié 10 fois l’an par Edition Ventures Woman
Business Team Corporation Michel Vanderstocken/Isabelle Matthys
IT-MANAGER Dominique Remy (alpha-chrome)
RÉDACTION ELLE BELGIQUE 431 D CHAUSSÉE DE LOUVAIN, 1380 LASNE - E-MAIL : INFO@ELLE.BE
Ligne info lectrices : Vous avez des questions concernant nos reportages, actions ou concours ? Contactez-nous entre 9 h et 12 h au 02 379 29 90
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AUTUMN WINTER 2021
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Coordination Iris Rombouts
EN DIRECT DES CATWALKS Êtes-vous prêtes ? Cet automne, la garde-robe est en fête !
BAIN D'OR
IMAXTREE
GIAMBATTISTA VALLI
ALBERTA FERRETTI
VALENTINO
BURBERRY
Rien de plus puissant, rien de plus audacieux que la couleur or sur votre corps. Des robes de soirée étincelantes aux blazers surdimensionnés repérés chez Valentino et Chanel, celles qui veulent briller cet hiver ont l’embarras du choix. Légèrement trop apprêtée ? Probablement – but who cares ? Shine on you crazy diamond !
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Charlize Theron Misty Copeland Yao Chen
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CHRONOMAT
The Spotlight Squad
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LOUIS VUITTON
SALVATORE FERRAGAMO
COURRÈGES
SALVATORE FERRAGAMO
ANNAKIKI
BALMAIN
CHANEL
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DANS L'ESPACE
SIMONE ROCHA
MAX MARA
MAX MARA
BALMAIN
BALMAIN
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Argenté scintillant, capes aux volumes venus d’autres planètes et même une combinaison spatiale chez Balenciaga : la Voie lactée nous fait rêver. Les tissus métallisés et synthétiques sont combinés aux fibres naturelles sur des silhouettes futuristes, parfois aliénantes. Science-fiction : on ne fait que mater ou on ose le porter ?
IMAXTREE
Le monde de la mode s’inspire de celui de l’armée. Simone Rocha défile avec des perles et des fleurs couleur kaki. Et Balmain sait parfaitement qu’un manteau à épaulettes avec une touche militaire impose le respect.
ALBERTA FERRETTI
GARDE À VOUS !
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Photo © Rodolphe OPITCH
mollybracken.com
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MIU MIU
MIU MIU
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SKI BUNNY
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Les tons pastel ne sont pas réservés au printemps. Miu Miu emmène ces teintes sucrées à la montagne pour un show hivernal de combinaisons et doudounes façon marshmallow. On ajoute une bralette sensuelle qui donnera une touche de légèreté à ce look matelassé. Quand bonhomme Michelin rencontre sexy bunny, voici ce que ça donne.
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TACHES BRUNES ? MANQUE D’ÉCLAT ?
1ERS RÉSULTATS VISIBLES
DÈS 2 SEMAINES**
«CE SOIN A VRAIMENT CHANGÉ MA VIE !» FIEN DEQUECKER, BLOGUEUSE BELGE
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DISPONIBLE EN PHARMACIE & PARAPHARMACIE *
Thiamidol breveté en France, en Belgique et aux Pays-Bas. ** Scorage clinique réalisé sur 32 à 35 sujets (selon le produit testé). Ceci représente un exemple, les résultats individuels peuvent varier. Valable pour la gamme Eucerin Anti-Pigment.
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LolaLiza
20 ANS DE MODE 100 % BELGE
ET DE CÉLÉBRATION DES FEMMES, ÇA SE FÊTE ! Vous avez oublié comment faire la fête ? LolaLiza déverrouille votre côté festif avec sa collection anniversaire judicieusement dénommée « Dance With Us ». Et comme pour tout anniversaire réussi, il y a des surprises à la clé.
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UNE MARQUE BELGE QUI RESTE FIDÈLE À ELLE-MÊME On connaît tous et toutes l’enseigne LolaLiza. Depuis notre enfance, ce nom résonne dans le paysage mode qui nous entoure. Ce qu’on sait moins, par contre, c’est que cette marque est 100 % belge, et qu’elle célèbre cette année ses 20 printemps. Depuis ses débuts en 2001, la marque est passée d’une entreprise familiale locale à une chaîne de magasins de vêtements féminins, modernes et appréciés dans le monde entier. Tout ça sans jamais perdre son ADN de vue : proposer une mode abordable pour les femmes, toutes les femmes, afin qu’elles gagnent en confiance et se sentent bien dans leurs vêtements. Les collections et modèles sont variés, colorés et parés d’imprimés uniques. Avec toujours cette petite préférence pour les robes, pièces émancipatrices par excellence qui mettent si bien en valeur les silhouettes féminines.
UN ANNIVERSAIRE CÉLÉBRÉ PAR UNE COLLECTION FESTIVE ET INCLUSIVE 20 ans de LolaLiza, c’est donc 20 ans de mode belge et fabuleuse, mais également 20 ans d’empowerment au féminin. Deux bonnes raisons de faire la fête, enfin. Car oui, après ces temps troublés, ça nous avait franchement manqué. Se préparer, hésiter entre deux looks, se sentir belle, regardée, s’éclater avec nos amis, célébrer à nouveau la vie avec exubérance… Afin de nous aider à fêter ce bel anniversaire de la façon la plus fashion qui soit, LolaLiza lance la collection « Dance with us », succession de tenues plus festives les unes que les autres. Robes mini ou midi à motifs rétro, imprimés originaux, combinaisons élégantes ou cardigans de couleurs vives… L’idée ici, c’est clairement d’en mettre plein la vue grâce aux coupes flatteuses et aux matières
1 Pull zébré 39,99 € 2 Pantalon uni 39,99 € 3 Robe longue à imprimé rétro 49,99 € 4 Mini robe impimée 49,99 €
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agréables qui replacent l’émancipation et l’autonomisation des femmes au premier rang. Vous choisissez votre style et vous l’assumez pleinement, sans vous embarrasser du regard des autres. Engagée en faveur d’une mode plus inclusive, LolaLiza a d’ailleurs étendu une grande partie de ses pièces à la taille 48. De quoi faire renaitre les années folles, où la danse, la fête et la célébration sont essentielles, sans avoir à se brider sur les plaisirs de la vie ou se sentir mal à l’aise dans des tenues inconfortables et étriquées. Soyez vous-même, soyez folle, soyez femme. Septembre et son été indien s’annoncent donc plus que caliente, hors de question de rester à végéter dans votre canapé. Le dancefloor et la collection assortie n’attendent plus que vous. Gardez un œil sur leurs réseaux sociaux et leur site web, puisque quand LolaLiza décide de faire la fête, elle le fait en grande pompe et veut que tout le monde y goûte. Ça promet de belles surprises. Nouvelle cliente ? Profitez de l’offre welcome exclusive pour les lectrices de ELLE Belgique et bénéficiez d’une réduction de 20 % sur la nouvelle collection afin de dénicher la tenue qui vous collera au corps, mais surtout au cœur.
Offre exclusive rien que pour vous !
CET ARTICLE A ÉTÉ ÉCRIT EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC LOLALIZA. LOLALIZA.COM
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Texte Alexis Okeowo Photos Matthew Kristall Stylisme Rebecca Dennett
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S DE PEAK Veste cintrée, body, boucles d’oreilles et collier, Chanel.
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Whitney Peak, la nouvelle star de « Gossip Girl », se prépare à la célébrité — et à la mode — inhérente au statut de phénomène culturel.
« Gossip Girl », avec son esthétique teeLa plupart des adolescent·e·s qui approchent de l’âge adulte connaissent les mêmes nage-chic, ses filles médisantes et ses textos rites de passage : remiser le contenu de leur chambre d’enfant dans le grenier, entrer à anonymes, dégage une vibe millenial unique l’université et trouver un job à temps plein. Whitney Peak, qui joue dans le reboot de en son genre. La génération de Whitney « Gossip Girl » sur HBO Max, a vécu cette transition d’une tout autre façon. En 2020, Peak a une relation différente, et pourtant elle a quitté le Canada pour s’installer à New York en pleine pandémie, vécu seule pour nostalgique, au gossip. Les adolescent·e·s de la première fois pendant le confinement et commencé à travailler sur l’une des séries la génération Z ont des comptes Instagram les plus célèbres de ces dernières années. Impressionnant ? Peut-être. Mais Whitney anonymes et privés – des « Finstas » – et Peak a surtout trouvé ça passionnant. L’actrice, qui se considère toujours comme une considèrent imprudent de trop s’exposer en enfant, assure qu’elle a pu compter sur les conseils de sa famille et de ses amis plus ligne, à l’instar des étudiant·e·s qui alimenâgés pour se jeter à l’eau, sans se noyer dans ce nouvel environnement surréaliste. taient incognito les révélations explosives « S’installer à New York à 18 ans, c’est définitivement dingue, surtout en ce moment », de Gossip Girl. Whitney Peak est également explique-t-elle. « Je rencontre des gens que je vois à la télévision depuis des années, et de cet avis. « Un faux pas est vite arrivé, et j’ai vraiment l’impression d’être une petite souris dans les endroits où se tiennent des je prends conscience aujourd’hui qu’on ne conversations importantes. » Whitney Peak a également été nommée ambassadrice peut pas partager tout ce qui nous passe de la marque Chanel, ce dont elle ne revient toujours pas. « J’ai conscience que je mène par la tête. Être une enfant dans cette indusune vie étrange. » trie ne permet pas vraiment de changer Et ce n’est que le début. Cadette de quatre frères et sœurs, Whitney Peak est née à d’avis ou de commettre des erreurs. Les Kampala, en Ouganda, d’une mère ougandaise, coiffeuse, et d’un père canadien, pilote réseaux sociaux rendent les revirements très d’hélicoptère et ingénieur. Enfant, elle fréquente un pensionnat et participe à des compétitions de natation. La famille partage son temps entre le Canada et Dubaï, où son père travaille et où elle est entraînée par un ancien champion olympique soudanais. Mais après avoir déménagé à Top avec logo, pantalon, ceinture, collier et bague, Chanel. Vancouver, en Colombie-Britannique, à l’âge de neuf ans, Whitney Escarpins, Amina Muaddi. Peak se lance dans la danse, en commençant par l’acrobatie, et rêve secrètement de passer à la télévision. Entre-temps, elle intègre une école publique, ce qui constitue un choc culturel. « Un enfant m’a fait parvenir un mot pour me demander si je voulais devenir son amie », se souvient-elle. « Comme j’étais terrifiée à l’idée que l’instit me gronde, je lui ai répondu : “Fais attention.” » Son amour de la mode est également né à cette époque, même s’il était davantage centré sur les dessins animés que sur les marques de créateurs/ trices. « Je portais des T-shirts Hannah Montana et Hello Kitty. Chez Target, le rayon Disney était mon préféré. » Whitney Peak était convaincue qu’elle allait devenir médecin. Mais elle s’est mise à regarder des émissions de Disney Channel comme « Phénomène Raven » et à rêver en cachette de devenir actrice. « Je ne pensais pas que c’était un métier à part entière. J’ai toujours cru que je ne faisais pas partie de ce monde-là. Et que je devrais me contenter de le regarder. » Tout a changé le jour où elle a entendu une pub à la radio pour un casting de Disney Channel et pris la décision de se présenter. Elle a obtenu son premier rôle dans le film « Le Grand Jeu », avant de décrocher un rôle récurrent dans la série « Les Nouvelles Aventures de Sabrina », diffusée sur Netflix. Mais c’est « Gossip Girl » qui signera sa première participation à un véritable phénomène culturel.
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Robe, Salvatore Ferragamo. Bijou de corps, Sportmax.
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« MON STYLE DOIT REFLÉTER MON RESSENTI TOUT AU LONG DE LA JOURNÉE. ALORS SI JE VEUX ÊTRE COOL, JE VAIS OPTER POUR UN PANTALON LARGE, DES BASKETS STYLÉES, ET DES BIJOUX À GOGO »
Robe, Givenchy. Boucles d’oreilles, Samuel François.
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Haut col roulé, Dolce & Gabbana. Boucles d’oreilles, Chanel.
difficiles, par exemple si je fais une déclaration à un moment donné, puis que je cesse de m’y identifier plus tard. » Whitney Peak s’intéresse autant à la mode qu’au métier d’actrice. Lisa Bonet, Aaliyah et Teyana Taylor sont ses icônes en matière de mode. « Mon style doit refléter mon ressenti tout au long de la journée. Si je veux être cool, je vais opter pour un pantalon large, des baskets stylées, et des bijoux à gogo. Probablement les cheveux en pagaille. Et si je me sens pousser des ailes, je porterai des bottes en cuir, un pantalon, et peut-être un trench-coat noir. » Le matin, avant de gagner le plateau de « Gossip Girl », Whitney Peak aime arborer des looks « fous » : des bandeaux ornés d’oreilles de chat, un pantalon de survêt et une serviette de bain, un peignoir ou un boxer. (L’équipe de coiffeurs et coiffeuses
« S’INSTALLER À NEW YORK À 18 ANS, C’EST DÉFINITIVEMENT DINGUE, SURTOUT EN CE MOMENT » Après la fin du tournage de « Gossip Girl », elle rentrera au Canada pour passer du temps en famille, profiter de ses derniers moments d’anonymat et réfléchir à son avenir. Whitney Peak aimerait beaucoup travailler avec Viola Davis et le réalisateur Whit Stillman. Elle appréhendait un peu l’accueil que les fans vont réserver à la nouvelle version de la série, mais elle se sent maintenant prête à montrer aux téléspectateurs/ trices le fruit de son travail. Son personnage, Zoya, est la « petite nouvelle » qui se bat pour s’intégrer sans s’écraser, une attitude que Whitney Peak connaît bien. « La série originale de “Gossip Girl” correspondait aux mœurs de l’époque. Et cette version-ci reflète fidèlement la période que nous traversons. J’ai hâte qu’elle soit diffusée, et de voir à quoi va ressembler ce prochain chapitre de ma vie. »
COIFFURE : NIKKI NELMS, MAKE-UP : EMILY CHENG ET MANICURE : ELINA OGAWA POUR CHANEL BEAUTY, PRODUCTION : HILLARY FOXWELDON
de la série a réalisé un collage de ses tenues excentriques.) Elle a toujours eu un penchant pour l’expérimentation. « En grandissant, j’empruntais les vêtements de mon frère, alors ma mère, en bonne religieuse, me demandait de porter des vêtements plus féminins », raconte Whitney Peak. « Aujourd’hui, j’adore m’habiller, sortir avec mes amis et faire ressortir mon côté femme. » Et d’ajouter : « Si je veux mettre un caleçon Calvin Klein, je mets un caleçon Calvin Klein, et je le laisse dépasser de mon pantalon. Les vêtements pour homme sont cool ; les vêtements pour femme sont cool aussi. Ce ne sont que des vêtements après tout. » Lorsqu’elle n’est pas en train de jouer, ou de réfléchir à son travail et à la façon dont sa vie va changer une fois que son plus grand rôle à ce jour sera sur les écrans, Whitney Peak aime déambuler dans les rues de New York jusqu’à tomber de fatigue, faire du yoga et lire (en ce moment, un recueil de pièces de María Irene Fornés que le dramaturge Jeremy O. Harris lui a offert). En parallèle, elle poursuit sa scolarité. « J’ai un professeur d’acting virtuel incroyable qui s’appelle, je vous le donne en mille, Nathaniel Archibald (nom d’un personnage original de « Gossip Girl », NDLR). Quand j’ai dû choisir un prof à l’issue de plusieurs entretiens, je me suis dit : “Je ne peux pas ne pas avoir un professeur qui s’appelle Nathaniel Archibald, c’est trop drôle.” »
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ACBE STUDIOS
Marie Guérin I Jolien Vanhoof I Élisabeth Clauss
SE CHANGER LES IDÉES
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Alors, quel est le programme de la rentrée ? Sorties, musique, coups de cœur, n'en perdez pas une miette.
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À POILS !
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CHANEL
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PRADA
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Le manteau teddy bear, c’est le moyen rapide d’apporter un peu de douceur à son look, selon Burberry et Givenchy.
BON APPÉTIT, BÉBÉ ! La première marque belge de vêtements d’allaitement vient de voir le jour. Milk Away qui, comme son nom l’indique, ne se prend pas au sérieux (sauf quand il s’agit de
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qualité !) a décidé de miser sur le confort tout-terrain. Grâce à d’ingénieuses tirettes dissimulées sur les flans des vêtements, on peut désormais allaiter où on veut, quand on
À quelques rares exceptions près, ces Nuits Botanique s’avèrent l’un des premiers festivals depuis un an et demi. C’est avec une vraie fébrilité qu’on s’apprête à célébrer cette rentrée musicale, en live, enfin ! Évidemment, la progra fait cette année la part belle aux Belges. La faute à qui vous savez, mais ne boudons pas notre plaisir : ce sera l’occasion de prendre des nouvelles des Girls in Hawaii (avant l’album solo de leur chanteur, prévu dans la foulée), de Juicy qui se la joue orchestral, ou de Nicola Testa qui revient après six ans d’absence en mode rainbow warrior. Sur 19 jours, une septantaine de concerts sont prévus, dont 13 « release party » : il faut dire que certain·e·s ont sorti leur disque il y a des mois… Sans avoir eu le droit de le défendre sur scène, de confronter leur œuvre à un public, un vrai. Nos coups de cœur : la pop moderne de David Numwami (comme du Voulzy r’n’b), le rock bien agité d’It It Anita (from Liège, terre indé), la transe douce d’Esinam (flûtiste de ouf) et le groove cosmique de Yôkaï (jazz, psyché). Sans oublier, pour la France : l’inévitable Pomme, Tellier toiletté en Chanel et la rappeuse sous lean Lala &ce (photo). Du beau monde. Les Nuits Botanique, du 8 au 26 septembre, Bruxelles — Programme sur www.botanique.be
veut, sans devoir se déshabiller. Alors, who run the world ? Mums ! Hoodie en coton, 120 € sur Milk-away.com
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ON EN RÊVAIT, LES NUITS L’ONT FAIT
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Texte Elisabeth Clauss
(DU) TOUCHER AU BONHEUR
TATIANA MEGARD Fraîchement diplômée de La Cambre Mode[s], elle signe l’identité naissante de créations graphiques, éloquentes du regard au bout des doigts.
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Pourquoi la mode ?
GRETAR GUNNLAUGSSON
Ce qui la distingue : une maîtrise de la géométrie et des découpes, un goût prononcé pour les jeux de constructions stylistiques. Tatiana Megard, 24 ans, originaire de la région parisienne, a grandi à Abu Dhabi. Ses grands-parents vivaient au Maroc, elle a mené une enfance voyageuse, bercée d’un esprit cosmopolite. Avant Bruxelles, elle a effectué une année de prépa en stylisme aux Ateliers de Sèvres, pour vérifier qu’elle était dans la bonne direction. En toute chose, Tatiana commence par les fondations. Elle a choisi La Cambre « pour la pédagogie de l’école, qui allie création et esprit technique. Savoir très précisément de quelle façon les choses sont élaborées, c’est un moteur de créativité ». Après une collection de quatrième année aux sources picturales inspirées de tableaux en teintes atténuées et en ombres, elle a ressenti le besoin de contredire l’enfermement et la distanciation du contexte de l’année passée avec de la joie, de la positivité, et toute une variété de touchers. La jeune créatrice a utilisé des textiles techniques, ouvragés, embossés, découpés. Elle en a produit une collection à lire avec les doigts, et à assortir avec une certaine notion de bonne humeur. Des formes simples conceptualisées autour du corps, qui mettent en valeur des lignes épurées et géométriques. On sent dans son geste créatif l’influence de l’École belge, « de Margiela notamment, qui a révolutionné la mode. L’apprendre et l’étudier permet d’avancer et de comprendre ».
« Cette discipline crée le lien entre la projection d’un concept et sa réalisation manuelle. J’avais envisagé l’architecture parce que j’ai un esprit scientifique, mais j’aimais le contact direct et plus rapidement concret de la mode. »
Ses projets de création : « Des vêtements fondés sur la justesse et la simplicité des lignes. J’accorde beaucoup d’importance au travail des matières et des textures, qui peut apporter de la joie, du réconfort et de l’assurance au quotidien. Au cours de mes études, j’ai effectué des stages chez Courrèges, chez Marine Serre au moment où elle lançait sa marque, chez Chanel au cours des six derniers mois de présence de Karl Lagerfeld. L’été passé, chez Bottega Venetta, avec Matthieu Blazy (directeur du design et ancien élève de La Cambre, NDLR). Pour commencer, je voudrais travailler dans une maison, collaborer avec des designers qui ont de l’expérience, des savoir-faire à transmettre. »
Son inventivité pour les souliers : « Ils expriment une recherche de volumes, que ce soit par une jambe moulée dans un plan, ou par un escarpin qui sort d’un aplat rectangulaire. J’ai conçu et imprimé en 3D des talons qui sont des sculptures, objets à emboîter dans la chaussure. Potentiellement interchangeables dans le concept, encore à l’état d’expérimentation. La prochaine étape sera de développer le vocabulaire des lignes, d’explorer le rapport global au corps en matière de portabilité. » Une démarche ludique, dans une mode qui retrouve le goût de jouer. magazine ELLE 43
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Texte Elisabeth Clauss
3 QUESTIONS ÉCO / LOGIQUES À PATRICIA TRANVOUËZ
LA LINGERIE À NU Nommée fin 2019, la directrice générale d’ETAM s’est fixé la mission de remettre la marque française leader sur le marché de la lingerie au cœur d’une dimension sociale en prenant des engagements écoresponsables. Des mesures concrètes, pour que la durabilité fasse dans la dentelle.
Quels sont vos objectifs ?
Sur quels volets agissez-vous ? Des améliorations en matière écologique d’abord ; nous sommes signataires et mandataires du Fashion Pact. Nous cultivons également une dimension sociale, en collaborant dans plusieurs pays avec des associations qui soutiennent des femmes en situation de précarité. En Belgique, il s’agit de l’association « Make Mothers Matter »*. Du point de vue sociétal, nous insistons sur le fait que toutes les femmes sont belles, puissantes, et ont le droit d’être en plein amour de leur corps. L’inclusivité est importante pour une marque qui touche à l’intime. Le quatrième volet de notre engagement concerne les processus de fabrication. Nous avons poussé l’innovation technologique avec les teintures végétales (à partir de betteraves, d’oignons, de noyaux d’avocats…) de la gamme Plant Dyed. Pour nos dentelles en polyester recyclé, nous utilisons une coloration par impression et non plus des bains.
Quelles autres actions avezvous mises en place ? Il y a par exemple des QR codes disponibles en magasin et en ligne, pour indiquer en toute transparence dans quelles conditions, où et par qui, tous nos produits sont fabriqués. En les scannant, on peut même voir l’usine. J’ai aussi rapproché la chaîne des fournisseurs, avec une part de fabrication en France, où toute la conception est par ailleurs assurée. Notre opération « Petit geste joli soutien » permet de déposer dans des bornes de récupération placées en boutiques les soutiens-gorge que l’on ne porte plus. Ils sont triés par des personnes handicapées, ce qui prend part à un rôle social. Les pièces réutilisables sont ensuite distribuées à des associations. Le reste est démonté et recyclé. En France, nous aurons récupéré environ 100.000 soutiens-gorge d’ici à la fin de l’année, et depuis la rentrée, ces bornes sont également disponibles en Belgique. *Dont la mission est de « défendre, faire reconnaître et soutenir les mères actrices de changement », pour promouvoir la paix et l’éducation aux niveaux local et international.
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Quand je suis arrivée dans la maison il y a environ deux ans, j’ai tout de suite voulu replacer l’écoresponsabilité au cœur du réacteur. Au début, 9 % de la production étaient concernés, sous le label « WeCare », qui veille à la fois sur les matières et sur les processus de fabrication. Cette ligne utilise des fibres écoresponsables, et parallèlement, nous valorisons l’upcycling. C’est un gros travail, mais il est important de l’accomplir. Fin 2021, nous serons à 50 % de production durable, et nous visons les 65 % pour 2022, sans augmenter les prix. Ça coûte de l’argent, mais vu notre place sur les marchés français et international, nous pouvons avoir un réel impact. Les industriels ont la capacité de faire bouger les choses.
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LE GRAND SEAU Alors que l’on se délecte encore de pouvoir acheter les sacs de la plus célèbre maison de maroquinerie belge en ligne, notre regard se sent attiré par la flamboyance de ce nouveau bijou Pin Daily. Si sa couleur l’emporte sur la grisaille, c’est aussi la praticité de son format qui fera de ce modèle le chouchou de la saison !
BUT FIRST COFFEE, PLEASE !
Pin Mini Bucket, Delvaux, 1.600 € sur Delvaux.com
Qui dit rentrée, dit bonnes résolutions ! Et parmi celles-ci, on a décidé de changer notre routine matinale. Désormais, quand la météo le permet (seul détail capable de freiner nos bonnes intentions parce que style et drache nationale ne font pas bon ménage), on se rend à la rédac en enfourchant notre nouveau vélo préféré : le RE:CYCLE, créé en partenariat avec la marque de vélo suédoise Vélosophy et fabriqué à partir de capsules de café Nespresso recyclées. Incroyable, mais vrai ! Et surtout idéal pour les amateurs/ trices de design épuré, de café et de durabilité. Son plus (outre sa beauté) : il est doté d’un très pratique porte-gobelet intégré, histoire de pouvoir arriver les cheveux au vent, mais le gosier hydraté grâce à notre café préféré, désormais facile à transporter. Et d’ailleurs, question café et durabilité, Nespresso ne cesse d’innover avec, entre autres, la garantie que l’aluminium utilisé pour la confection des capsules est recyclé à l’infini. D’ailleurs, d’ici la fin de l’année, la marque ambitionne de fabriquer l’ensemble de ses capsules à partir de minimum 80 % d’alu recyclé. Une matière également utilisée pour confectionner d’autres objets, tels que des porte-mine et stylos à bille, des cannettes, etc. Quant au marc de café, il est collecté et utilisé comme source d’énergie renouvelable et transformé en compost. La boucle est bouclée.
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GLAMOUR TOUJOURS
ALBERTA FERRETTI
LOUIS VUITTON
GIVENCHY
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DRIES VAN NOTEN
Cet hiver, vous n’en finirez pas de surprendre : franges, sequins et tête haute, le dressing fait du hors-piste… de danse.
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CLUB KIDS
STELLA MCCARTNEY
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DOLCE & GABBANA
C’est vrai à la fin, qui fait encore cette distinction ? Pas chez Piment en tout cas. La toute nouvelle marque belge de vêtements nous parle de confort avec ses robes et combis entièrement réalisées à Bruxelles. « La marque est née du souhait d’offrir aux femmes des vêtements qui les comprennent et les libèrent tout en les mettant en valeur », explique la fondatrice, Chanelle (la bien nommée). Nous, on craque complètement pour ces pièces au style régressif qui n’attendent que nous pour leur donner vie.
GIAMBATTISTA VALLI
DU HOMEWEAR, OÙ ÇA ?
ISABEL MARANT
Illuminez votre garde-robe, ainsi que le dancefloor, avec des pièces et des imprimés néon. Vous êtes prête pour la rave party.
Combishort « Jane » en coton, 119 € sur piment.studio
RENDEZ-VOUS AU PREMIER ? La Maison Natan, chère à nos cœurs, inaugure un salon couture au premier étage de sa boutique à Knokke. Pourquoi est-ce une bonne nouvelle ?
Elles n’ont l’air de rien comme ça, mais ces dattes vont vous bouleverser les sens. Une recette perse, un savoir-faire belge, Toop promet de ravir les gourmandes. Notre préférée : rose-chocolat. On vous a dit que c’était vegan ? Miam. Dattes fourrées à la rose, au beurre d’amande ou au beurre de pistache, 7,50 € pour deux sur Toopbites.com
Parce que si l’exclusivité peut parfois intimider, il s’agit ici de repenser un concept dans son ensemble. Avec son ambiance intime et feutrée, ce nouveau lieu permet aux clientes de se sentir « comme à la maison », le temps de découvrir la collection couture. Natan ne cesse de se rapprocher de sa cliente pour lui offrir une expérience sur mesure au plus proche de ses standards de qualité. Quand une marque belge se réinvente pour redéfinir le concept même de retail… et bien ça nous plaît ! Natan Knokkne, 150 Kustlaan, 8300 Knokke — Natan.be
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SUR LE POUCE
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SPLASH ! Comment ne pas tomber en amour devant le nouveau sac Elisa Baguette de notre chausseur préféré ? Avec sa couleur bleu splash, c’est le coup de fouet nécessaire pour dynamiter notre look de la rentrée. Et, rassurez-vous, il n’oublie pas les codes de la maison : le cuir intérieur est entièrement verni de rouge. Vous avez eu chaud ?
EXTRAVAGANTE KARISMATISK
Sac en cuir, Christian Louboutin, 990 €
C’est le nom de la nouvelle collaboration d’Ikea et pour une fois, on réussit à le prononcer et à s’y projeter de la même façon : en souriant, un arc-en-ciel entre les dents. La créatrice britannique Zandra Rhodes a apposé ses couleurs et son goût des formes « excentrisks » à une série de 26 pièces singulières et hautes en atmosphère. C’est l’happy thérapie, pour redécorer en palette de licorne cet intérieur qu’on a bien eu le temps d’étudier. La pièce culte à collectionner ? Le sac Frakta, objet minimaliste et « iconisk » de la maison suédoise, revu et glamourisé en fuchsia frangé. KARISMATISK, dès septembre en magasin.
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FAITES RIMER MODE & CONFORT AVEC L‘UNIQUE TECHNOLOGIE SOFT-AIR DISPONIBLE DANS LE MONDE ENTIER, DANS 900 BOUTIQUES MEPHISTO AINSI QUE CHEZ LES DÉTAILLANTS SPÉCIALISÉS DE LA CHAUSSURE. WWW.MEPHISTO.COM
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Texte Elisabeth Clauss
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LA PIÈCE QU’ON N’AVAIT PAS VUE VENIR
FAIRE LE MUR
MARINE SERRE
C’est le motif de la saison, le visuel joyeux et entêtant comme un refrain qui invite à danser. En déco comme en mode, les dessins fleuris ou géométriques se répètent à l’infini.
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1 Foulard Mitzah Dior Zodiac, Dior, 190 € 2 Pantalon, Mayerline, 129 € 3 Pochette, Delvaux, 650 € 4 Chemise Collection des 50 ans, Vilebrequin, 175 € 5 Chaussures à imprimé fleuri, Unisa, 100 €.
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JIL SANDER
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On pensait pouvoir traîner en joggings unis quoique désassortis, une fois la téléconférence bouclée, encore quelques mois après avoir été déconfinés ? C’est raté. La « party revenge », gros rattrapage euphorique des sauteries refoulées, appelle à se parer comme une déco d’hôtel rococo ou en total look d’un monogramme psychédélique sorti de l’imagination d’un graphiste post-hippie. L’imprimé papier peint met de bonne humeur. Celle ou celui qui le porte, et celle ou celui qui observe ses motifs répétitifs, sorte de mandala trendy qu’on suit du regard sans s’en apercevoir. Dessins hypnotiques, ils véhiculent un message, comme chaque phénomène de mode. Lorsqu’il s’agit de logos, ils affirment une appartenance, s’emparent d’un signe distinctif pour parler d’histoire, d’exclusivité, de frime, de communauté, avec cette façon paradoxale de vouloir se distinguer en faisant comme les autres. Produit direct de l’épidémie streetwear, la logomania démocratise le luxe et surclasse l’accessible. Les marques s’en délectent puisqu’elles transforment les consommateurs/trices en campagnes de pub ambulantes – et ils/elles payent pour ça, ce qui est aussi machiavélique que sophistiqué. Même non brandé, l’imprimé tapisserie n’est pas anodin : il révèle un culot et une culture, et nécessite l’éducation au goût qui permettra de l’assortir. Même le décaler, c’est le revendiquer. Surtout, il dépeint la joie : déprimé, personne ne songe à se recouvrir d’imprimé. Dans des teintes sombres, il capte les rayons, contraste avec la lumière. Quels que soient 5 nos codes de mode, le motif papier peint n’est pas au bout du rouleau.
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SOUS LES COUVERTURES
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ISABEL MARANT
DOLCE & GABBANA
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Le confort, c’est le nouveau cool. Alors on s’enroule dans des pantalons cargos et des manteaux en patchwork.
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CHUTES D'EAU
LES PIEDS SUR TERRE Pas de grandes tendances, pas de grands thèmes : la nouvelle collection hiver d’Atelier Content peut être interprétée et combinée selon nos envies. Les bottes et les chaussures
Toshio Shibata est devenu l’un des artistes japonais les plus passionnants de ces 50 dernières années. Il a commencé sa carrière en tant que peintre, est tombé amoureux du travail d’Edward Weston et de Joel Meyerowitz dans un cours de photo à Gand, puis est retourné à Tokyo en tant que photographe de paysage accompli. Ses images sont élémentaires dans la forme et le thème, mais stimulent plus d’un sens : comme si nous pouvions ressentir l’eau couler, se heurter et glisser sur les barrages, les écluses et les canaux tout en les regardant. On s’immerge : la galerie Ibasho à Anvers met actuellement en lumière la carrière de Shibata de 1996 à 2019. L’exposition ’Painting/Falling Water’ se tient jusqu’au 10 octobre au 67 de la rue Tolstraat à Anvers. ibashogallery.com
à lacets sont accessibles et élégantes sans en faire trop. Ce qui n’empêche pas de sortir du lot avec des couleurs étonnantes comme le bleu métallisé et le rose clair, un imprimé reptile ou une semelle contrastante. Prix entre 260€ et 390€ sur ateliercontent.com
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Maison De Greef
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3 LOOKS DE RENTRÉE
AVEC MAISON DE GREEF Réputée pour son savoir-faire en joaillerie et horlogerie depuis 1848, Maison De Greef continue à imposer son style luxueusement élégant tout en jouant subtilement avec les tendances du moment. Notre obsession de la saison : la nouvelle collection Solis, une gamme au doux nom poétique présentant des pièces colorées uniques mêlant pierres précieuses et pierres fines, et la collection Link, l’intemporelle repensée en or rose ou or blanc serti de diamants, ainsi qu’en or et argent. On vous propose 3 looks simples mais travaillés pour scintiller à la rentrée.
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WORKING GIRL
- Bague Solis en or rose sertie d’une morganite bleue et de saphirs roses (7.700€). - Montre A/Lange & Söhne Saxonia à remontage manuel en or rose (17.300€).
On reprend le boulot avec prestance cette année en portant fièrement la magnifique bague Solis en or rose sertie d’une morganite et de saphirs roses. Pour habiller délicatement notre cou, on ose le pendentif Link en or rose et argent et les boucles d’oreilles de la gamme Simply Gold. La montre A.Lange & Söhne Saxonia vient terminer ce look à la perfection.
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1 Pendentif Link en argent et or rose (2.970€). 2 Boucles d’oreilles Simply Gold en or rose (1.450€).
WEEK-END VIBES La semaine de travail a été difficile ? On profite un max de ces deux jours de repos bien mérités pour s’occuper de soi et se pimper légèrement sans trop en faire. On opte pour un look casual avec les mini créoles de la gamme Diamonds, le pendentif Wave en or rose et blanc, la bague Link en argent et or rose avec son bracelet assorti. Au poignet la Ressence Type 1 Slim. Basique, mais chic !
PARTY NIGHT C’est décidé ! À la prochaine soirée, on veut briller de mille feux. La bague sculpturale de la collection Wave en or blanc et rose, sertie de diamants, s’accordera parfaitement avec des boucles d’oreilles asymétriques. Et pourquoi ne pas faire tout matcher avec le pendentif en or blanc de la même collection ? Agrémentez votre poignet avec l’un des deux bracelets Link en or blanc ou rose et diamants. La touche finale ? La montre A.Lange & Söhne Little Lange 1 viendra peaufiner notre look façon boule à facettes.
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3 Bague Link en argent et or rose (1.550€). 4 Montre Ressence Type 1 Slim (17.500€). 5 Pendentif Wave en or rose et blanc (2.100€).
6 Bague Wave en or rose et or blanc sertie de diamants (5.970€). 7 Boucles d’oreilles Wave asymétriques en or blanc serti de diamants (3.200€) et en or rose (1.150€). 8 Bracelet Link en or rose ou en or blanc serti de diamants (22.500€).
CET ARTICLE A ÉTÉ ÉCRIT EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC MAISON DE GREEF. DEGREEF1848.COM
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GRANNY STYLE
MAX MARA
CELINE
VALLI
RAF SIMONS
LOUIS VUITTON
COACH
Avec l’âge viennent la sagesse et le style. Mais ces tricots artisanaux parfaitement finis ne sont pas à confondre avec ceux de votre mamie !
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BRUSSELS TOUCH : SUR L’ESSOR INTERNATIONAL DES CRÉATEURS/TRICES DE LA CAPITALE
JAMAIS SUR LA TOUCHE Olivier Theyskens, la mode au cœur.
Anthony Vaccarello (le superstar directeur artistique de Saint Laurent), Marine Serre (au succès sur orbite), Olivier Theyskens (directeur artistique d’Azzaro et précédemment de Nina Ricci et Rochas, entre autres), Cédric Charlier (créateur ancré dans son époque et plébiscité partout où il pose ses traits à l’identité forte et à la séduction libre), Elvis Pompilio (qui coiffe de ses chapeaux narratifs les têtes les plus célèbres), Jean Paul Knott (et ses collections transversales, inclusives, poétiques, intemporelles), la Maison Delvaux, Christophe Coppens, Ester Manas, JeanPaul Lespagnard, Mosært, Olivia Hainaut, Annemie Verbeke, Tony Delcampe et Sandrine Rombaux, Xavier Delcour. Et tant d’autres. Souvent issus de La Cambre Mode[s] qui fournit les studios les plus
prestigieux du monde, saison après saison, ils diffusent la prolifique originalité particulière à cette ville. Ces designers enrichissent la mode contemporaine de leur signature cosmopolite, avant-gardiste, prescriptrice, tentatrice. Du fait même de la variété géographique et sociologique de Bruxelles, leurs influences sont multiples, volontiers extravagantes, mais pas tapageuses, sincères, généreuses, décalées. Une mode habitée, pour un futur habillé. Jusqu’au 15 mai 2022, l’exposition fait défiler les pièces fortes d’une trentaine de ces talents indissociables de l’expression d’une époque en évolution, et rappelle que Bruxelles est un carrefour européen, d’où le génie émerge à la croisée des chemins.
Delvaux, Les Humeurs du Brillant
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Depuis les années 80, la « mode belge » - terme générique qui réunit plusieurs familles de créateurs/ trices - influence les podiums du monde entier. Souvent, elle est associée à l’École anversoise. Cet automne, le Musée Mode & Dentelle met ses talents bruxellois en lumière, en perspective et en vitrine.
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radar Sylvie Kreusch
Texte Katia Vlerick
musique
LA NOUVELLE NOSTALGIE
PL AYLIST « LET IT ALL BURN » – SYLVIE KREUSCH Dans le clip de ce morceau au style garage tout droit sorti des 60’s, Sylvie Kreusch, assise sur une solide bécane, fonce plein pot vers un avenir radieux (avec un caméo amusant de Maarten Devoldere, son « vilain » ex). Un délicieux avant-goût du premier album solo de la chanteuse qui sortira fin de l’année.
« LIKE I USED TO » – SHARON VAN ETTEN & ANGEL OLSEN Un duo magnifique et puissant entre deux déesses de la musique indé. Leur toute première collaboration s’inscrit dans une veine eighties baroque (on pense à « Edge of Seventeen » de Stevie Nicks) et nous donne envie de crier « we want more ».
« YALI YALI » – ALTIN GÜN Un son traditionnel turc, de la région de la mer Morte, mélangé à des sonorités très Kraftwerk. Avec le groupe amstellodamois Altin Gün, le folklore rencontre les robots.
« RUN RUN RUN » – KURT VILE Kurt Vile ne quitte pas sa bulle rock pour interpréter cette reprise du classique du Velvet Underground, qui figure sur l’album hommage « I’ll Be Your Mirror ». Un « perfect Altin Gün
match » comme on dit.
FERRY VAN DER NAT, ALBERT VRZGULA
Le XXe siècle s’éloigne, certes, mais l’influence de la pop créée à partir des fifties est encore tangible. Avec la pandémie, nous avons usé et abusé de Spotify et autres applications de streaming. Faute de nouvelle musique à écouter dans les clubs et les salles de concert, nous avons approfondi notre culture musicale à la maison en (re)découvrant toutes sortes de classiques. Est-ce parce que le monde (de la musique) s’est arrêté pendant un an et demi que pas mal de nouvelles sorties font écho aux années 60, 70 et 80 ? L’année dernière, Sylvie Kreusch s’est retirée en Normandie, dans la ferme de son styliste Tom Eerebout (qui a aussi travaillé avec Lady Gaga et a conçu les tenues portées par Hooverphonic à l’Eurovision), pour écrire de nouveaux textes. « Let It All Burn » se déploie autour d’une guitare des sixties que n’auraient pas reniée les Stooges, tandis que Sylvie Kreusch incarne une sorte de Jane Birkin au mieux de sa forme. Ironiquement, dans ce morceau rétro-sexy, elle enterre son passé personnel, et plus précisément sa relation tumultueuse avec Maarten Devoldere de Balthazar et Warhaus. Depuis quelques années, les années 80 constituent une source d’inspiration inépuisable pour les groupes indépendants, de The War On Drugs jusqu’à notre School Is Cool national. La décennie musicale autrefois si critiquée pour son glam metal, ses ballades langoureuses et ses synthétiseurs omniprésents est depuis lors louée pour avoir accouché des meilleurs disques de Bruce Springsteen et Kate Bush. La chanson de 2021 qui incarne à merveille cette tendance est « Like I Used To » de Sharon Van Etten & Angel Olsen, un morceau irrésistible qui n’est pas sans rappeler Stevie Nicks (la Stevie des années 80, pas celle des années 70). Altin Gün est un groupe psychédélique basé à Amsterdam dont les racines turques sautent immédiatement aux tympans. La formation mélange sans complexe la musique folk anatolienne avec des sons synthpop des années 80 et l’Eurodisco des années 90. « Âlem » est le deuxième album qu’Altin Gün sort cette année : tous les bénéfices des ventes, qui se font exclusivement via Bandcamp, seront reversés à l’organisation de protection de la nature EarthToday. Altin Gün : « Pour chaque chanson que vous achetez, vous protégez un mètre carré de nature menacée. De notre côté, nous veillons également à voyager en van autant que possible, plutôt qu’en avion. » Un album hommage unique est également de sortie. « I’ll Be Your Mirror » est une ode au Velvet Underground, groupe phare des années 60 mené par Lou Reed qui a vu le jour dans la Factory d’Andy Warhol. Des icônes musicales telles que Michael Stipe, Matt Berninger (The National) et, une fois encore, Sharon Van Etten & Angel Olsen, rendent hommage à l’un des groupes les plus influents de tous les temps. À l’aube des années folles, les baby-boomers peuvent pousser un soupir de soulagement : leur musique n’est pas près de finir aux oubliettes.
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TRAGÉDIE HIVERNALE
Le nouveau livre de Cécile Coulon rend clairement hommage au genre littéraire gothique, délicieusement effrayant et suranné. Impossible de ne pas penser à « Rebecca » (le fameux roman de Daphné du Maurier) en découvrant ici l’histoire mystérieuse de la jeune Aimée, mariée à un veuf sombre et taiseux et isolée dans son domaine en pleine forêt. Jeune femme en détresse, nature sauvage, manoir menaçant… tous les ingrédients sont réunis.
Alaska. Le blizzard fait rage. Au cœur de la tempête de neige, quelques secondes d’inattention et un gamin disparaît. Dans une course glaçante contre la montre, les recherches s’organisent. Et peu à peu, les rares protagonistes se révèlent… Qui sont-ils ? Et surtout, que font-ils dans ce coin reculé du bout du monde ? Un premier roman rude et bouleversant. Une lecture en apnée, urgente et tourbillonnante. Marie Vingtras est définitivement une plume à suivre.
« Seule en sa demeure », Cécile Coulon, L’Iconoclaste, 19 €
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UNE GANGSTER À NEW YORK Née dans la misère en Martinique, Stéphanie St Clair, alias Queenie, est devenue une cheffe de gang redoutée et respectée et a régné sur le Harlem des années 30, protégeant la communauté noire des violences policières
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« Jalna », c’est une saga phénoménale vendue à plus de 11 millions d’exemplaires dans le monde et adulée par des générations entières de lectrices, puis totalement tombée dans l’oubli (sauf quand une ado découvrait par hasard un des seize tomes poussiéreux dans la bibliothèque de sa grand-mère). Heureusement, Omnibus réédite cette série savoureusement romanesque en quatre gros volumes. L’occasion de s’y (re)plonger avec délice !
« Le plus bel été du monde », Delphine Perret, Les fourmis rouges, 19 €
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et se frottant à la mafia italienne. Un destin de femme incroyable et fascinant, mis en images dans un somptueux roman graphique en noir et blanc. À ne surtout pas manquer. « Queenie, la marraine de Harlem », Elizabeth Colomba & Aurélie Lévy, Anne Carrière, 24,9 €
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FAIRE DURER L’ÉTÉ
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chronique • Juliette Debruxelles
Humeur
SOURIS PUISQUE C’EST GRAVE
Ainsi, entre virus et cata, il fallait être heureux/euse et exprimer sa joie d’être (encore) là, mais pas trop fort, dans le respect de celles et ceux moins chanceux/euses. De l’exemple pour illustrer : jadis, un labeur s’accompagnait de soupirs, de plaintes et de railleries bien légitimes. Aujourd’hui, pas de place à la bougonnerie : « Quand on a la chance d’avoir un boulot, on ne s’en plaint pas », crie l’écho sur les réseaux sociaux. Naguère, quand de son aménagement de jardin on était particulièrement fier·e, on vantait la chose en photo (pour inspirer, pour se la raconter, pour afficher). Aujourd’hui, on se tâte plusieurs fois avant de poster un cliché de son bégonia, des fois que celui de la voisine serait décédé au cours de l’été. On en connaît même qui prétendent que leur petit sac Saint Laurent est une contrefaçon pour ne pas avoir à expliquer d’où elles tirent leur pognon. Se tordre de rire en rue, c’est essuyer l’agressivité de celles et ceux qui se sentiront visés. Creuser ses pattes d’oie en souriant aux éclats, c’est déroger à l’injonction du lisse, du plat, de la tiédeur rassurante. Des précautions et discrétions censées refléter notre altruisme ? Si seulement. En limitant nos expressions de joie aux seules situations autorisées par la morale réinventée, on en viendrait à confondre discrétion et modestie, égoïsme et empathie. Tirer une tronche de six pieds de long pour coller à la lumière d’automne n’a rien d’un acte de rébellion. C’est, au mieux, une capitulation. Alors, rions !
« AVANT, LES CHOSES ÉTAIENT ORGANISÉES, TRANCHÉES, HARMONIEUSEMENT RÉPARTIES : LES MARRANT·E·S, LES PAS MARRANT·E·S »
PRESSE
Dans la vie, avant, il y avait deux catégories de gens. D’abord les bitch faces portant leur sinistrose, les sérieux/euses, les concentré·e·s : les Rihanna, les top models et modeux/ euses, les Victoria Beckham, les grandes minces diaphanes diplômées de moins de 28 ans, les ministres, les dentistes, les exploitant·e·s de bars branchés, les mixilogistes, les huissiers, les vendeurs et vendeuses dans des enseignes de luxe, les vendeurs et vendeuses dans des enseignes mi-cheap situées dans des quartiers de luxe, les client·e·s desdites enseignes, les hote·sse·s de l’air de compagnies low cost, les exportateurs/trices de vins nature, les dealers d’art contemporain, les écrivain·e·s, les polémistes, les propriétaires de grands chiens de race, les épidémiologistes, les bourgmestres des villes de la mer du Nord, les chocolatier·e·s du Sablon. Seconde catégorie : les hilares, les extatiques, les excité·e·s. Le marchant d’olives bio au marché, belle-maman en présence de messieurs encore frais, l’animateur/ trice de supermarché, le garagiste de Drogenbos, Cyril Hanouna dans le poste, le boute-en-train de bistro, le frotteur du métro, l’attachée de presse en démo. Les choses étaient organisées, tranchées, harmonieusement réparties : les marrant·e·s, les pas marrant·e·s. Entre elles et eux, une frontière de caste et de classe qu’une équation renforçait : plus les dents étaient droites suite à un traitement orthodontique coûteux, plus la probabilité de ne jamais les dévoiler à la faveur d’un sourire augmentait. Puis vinrent le monde d’après et la fin des degrés. Tout fut ramené au premier, à la réalité, au pragmatisme, à la saine prudence. Une exagération, une interprétation pouvaient renvoyer son auteur·e à sa nature visqueuse. Si les biais et clichés étaient heureusement progressivement éradiqués, l’expression des émotions humaines devenait compliquée.
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reportage
Texte Barbara De Munnynck
NOS VÊTEMENTS DÉTEIGNENT SUR NOS ÉMOTIONS
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On a toutes une veste ou une paire de chaussures qui fait ressortir notre facette la plus joyeuse. Certaines tenues nous donnent l’impression d’être sur un petit nuage. Est-ce la magie de la mode ou y a-t-il une explication scientifique ? Nous avons enquêté sur le phénomène des happy clothes avec la psychologue Karen Pine et la créatrice Annelies Bruneel.
n se sent mieux dans une jolie tenue qui flatte notre silhouette. C’est la fashion sagesse – ou le bon sens – qui parle. Ces derniers mois, nous l’avons appris à nos dépens. C’était amusant pendant un temps de travailler à la maison en pyjama ou en jogging. Mais très vite, le négligé a commencé à affecter l’image que nous avions de nous-mêmes. Le « no-poo » et les vêtements informes se sont révélés déprimants. Au bout d’un moment, chaque jour en présentiel au boulot constituait un soulagement. Parce qu’avec les tenues de bureau, notre confiance en nous et notre espoir de jours meilleurs sont sortis du placard.
Le vêtement, ce superpouvoir Le choix de nos vêtements peut déteindre sur notre humeur, en bien ou en mal. En fait, il nous arrive d’adopter un comportement en fonction de la tenue que nous portons. Si ça peut nous laisser perplexes, une foule d’études scientifiques le prouve. « Les vêtements ont un superpouvoir », affirme Karen Pine, professeure de psychologie du développement. « Ils sont capables de nous transformer. » Karen Pine a travaillé à l’université du Hertfordshire, en Angleterre, pendant des années et écrit un livre sur l’impact des vêtements sur notre psyché : « En 2012, Hajo Adam et Adam Galinsky ont mené une expérience intéressante. Ils ont demandé à deux groupes de personnes de porter la même blouse blanche. Au premier, les chercheurs/euses ont expliqué qu’il s’agissait d’une blouse de peintre ; au second, ils l’ont présentée comme une blouse de médecin. Résultat ? Les sujets portant la blouse dite de médecin ont obtenu de meilleurs résultats en matière d’attention et d’empathie. » Les chercheurs/euses ont baptisé ce processus « enclothed cognition », à savoir les effets engendrés par l’habillement sur le processus cognitif : les personnes qui portent
« LE LIEN ENTRE LE DRESSING D’UN INDIVIDU ET SON ÉTAT D’ESPRIT EST ÉTONNAMMENT FORT » KAREN PINE, PROFESSEURE DE PSYCHOLOGIE
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un vêtement à forte valeur symbolique adoptent inconsciemment un certain nombre de caractéristiques associées à ce vêtement. Et Karen Pine de nuancer : « L’impact est subtil, mais significatif. Bien sûr, les sujets n’auraient pas été en mesure de pratiquer une opération à cœur ouvert du jour au lendemain, mais ils se sont comportés de manière serviable et ponctuelle, comme l’aurait fait un·e médecin. » Fascinée par les conclusions de Hajo Adam et Adam Galinsky, Karen Pine a mené ses propres recherches : « J’ai demandé à mes étudiant·e·s d’enfiler un T-shirt de Superman. Et force est de constater qu’ils ont spontanément évalué plus généreusement leur force physique que le groupe de référence. »
S’habiller pour s’impressionner Il existe d’autres expériences fascinantes autour de l’enclothed cognition (voir encadré). Elles s’intéressent aux effets des vêtements sur la personne qui les porte. Ce qui intéresse Karen Pine, c’est l’interaction corps-esprit : dès que nous nous habillons, nous orientons notre mental vers un certain état d’esprit. Voyons le côté positif des choses : nous pouvons nous habiller pour nous impressionner ! En cette période d’émancipation et de body positivisme, c’est plus que jamais crucial. Dans le cadre d’une enquête internationale, Karen Pine a interrogé des femmes sur les motivations qui président au choix de leur tenue. Les trois réponses les plus souvent données sont : « Je veux me sentir plus sûre de moi » (73 %) ; magazine ELLE 61
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PLUS BÊTE EN BIKINI, PLUS MÉCHANT EN CAGOULE Les filles obtiennent de moins bons résultats au même test de mathématiques lorsqu’elles portent un bikini ou un maillot de bain au lieu de leur tenue scolaire normale. Pour ce qui est des garçons en maillot, aucun effet particulier n’a été constaté. La raison ? Dénudées, les filles ont à l’esprit l’idéal de beauté qui prévaut et la manière dont leur corps s’en écarte. Ces sentiments négatifs nuisent à leurs performances intellectuelles.
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Étude menée par Barbara Fredrickson, 1998
Lorsque des étudiant·e·s traversent leur campus dans une tenue embarrassante — une jupe hawaïenne et un chapeau Tutti
« Je veux me sentir à l’aise dans un environnement formel » (52 %) ; et « Je veux exprimer ma personnalité » (40 %). Il semble qu’en 2021, nous nous adonnons enfin au jeu de la mode à des fins personnelles. Seule une minorité de femmes souhaitait « se démarquer des autres » (18 %) ou « qu’on les trouve sexy » (14 %) grâce à leur choix vestimentaire. Pour Karen Pine, il ne fait aucun doute que nous utilisons la mode pour gérer nos humeurs. Dans son livre, elle avoue douter que les stylistes prennent en compte l’impact psychologique de leurs vêtements au cours de leur processus créatif : « Si les créateurs/trices de mode s’efforçaient de concevoir des vêtements qui renforcent la confiance en soi, ce serait un séisme dont les retombées seraient hyperpositives. »
Frutti —, le temps et la distance qu’ils
Tailleur-psychologue
de suivre des ordres cruels.
C’est exactement ce que fait la créatrice Annelies Bruneel, dont l’atelier éponyme est situé à Forest. Elle se définit comme « tailleur slash penseur de vêtements », et se veut en marge du système : « Les chaînes de fast fashion et les créateurs/trices qui participent aux Fashion Weeks fonctionnent selon une logique économique. Une taille 38 doit correspondre à un tour de taille, de hanches et de poitrine bien défini. De cette manière, ils privilégient l’efficacité de la production, alors qu’aucune femme ne répond à ce modèle. En agissant de la sorte, ils envoient un message négatif. La désillusion se produit dans la cabine d’essayage, où la cliente déçue s’interroge : “Pourquoi ce pantalon ne me va pas ?” Moi j’ai envie de retourner la question : pourquoi ce pantalon est mal coupé ? Je ne veux pas jouer sur les mots, c’est de la psychologie élémentaire ! J’ai envie que mes créations valorisent la personne qui les porte. Votre corps et votre personnalité ont le droit d’être là : voilà, selon moi, le message que doivent transmettre les vêtements. » Après une formation en création de textiles et de costumes, Annelies Bruneel
Étude menée par Philip Zimbardo, 2004
parcourent leur semblent plus longs que les étudiant·e·s qui ne sont pas déguisé·e·s. La honte altère notre jugement. Étude menée par Emily Balcetis, 2007
Pour inciter une personne à devenir agressive, donnez-lui une cagoule ou un uniforme. Moins les cobayes se sentent
Un look captivant, tellement plus puissant avec une cagoule sur la tête.
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a travaillé dans une boutique de vêtements sur mesure, avant de lancer en 2016 l’Atelier Annelies Bruneel, où elle conçoit des tenues de bureau, de mariage, mais aussi des vêtements casual pour homme et femme. Sa motivation semble trouver sa source dans son enfance : « Avec mon mètre quatre-vingt-deux, je suis grande pour une femme. Quand j’étais enfant, mes pantalons étaient souvent trop courts. L’idée selon laquelle il faut souffrir pour être belle est horrible. Quand un vêtement serre, le corps vous envoie un signal que vous ne pouvez pas ignorer. Sinon, la mode s’apparente uniquement à un traumatisme. Les vêtements ne doivent jamais vous donner l’impression que quelque chose ne va pas chez vous. »
Jours phares et jours normaux Annelies Bruneel et Karen Pine s’accordent à dire que les vêtements doivent donner confiance à celles et ceux qui les portent. Dans « Mind what you wear », la psychologue du développement décrit ce qu’elle considère comme des happy clothes : une robe bien coupée dans une belle matière, un bijou singulier, des imprimés joyeux ou un mélange ludique de styles, des vêtements à valeur émotionnelle, des tops et des pulls en soie ou en laine de qualité… La liste des vêtements qui peuvent améliorer notre humeur n’est pas exhaustive. « J’analyse les choses un peu plus en profondeur », affirme Annelies Bruneel, qui ne préconise pas que nous remplissions notre dressing de couleurs vives ou de pièces originales : « Ce que nous ressentons varie d’un jour à l’autre. Nous avons besoin de vêtements qui nous font nous sentir en sécurité et à l’aise, quelle que soit notre humeur. » Elle préfère donc parler de « garde-robe de soutien » plutôt que de « vêtements joyeux » : « J’ai une superbe robe à rayures rouges et blanches. C’est ma robe phare : quand je la porte, je suis sûre d’être complimentée. Mais pour moi, chaque jour n’est pas un jour phare. C’est pourquoi j’en ai une deuxième, dans la même coupe, mais un peu plus longue et en bleu, ma couleur préférée. Je la porte les jours normaux ou quand j’ai un coup de blues. » Annelies Bruneel déplore que certaines personnes semblent porter un déguisement : « On ne devrait jamais enfiler une tenue qui est diamétralement opposée à notre corps, notre personnalité ou notre humeur. »
certaines émotions : l’anxiété chez les patient·e·s déprimé·e·s diminue lorsqu’ils/elles portent des vêtements qu’ils/elles aiment. Cela incite Karen Pine à l’optimisme : « Le lien entre le dressing et l’état d’esprit d’une personne est très fort, et je n’exclus pas qu’à l’avenir les médecins ou les thérapeutes prescrivent une tenue joyeuse au lieu d’une pilule magique pour lutter contre les idées noires. » Le vêtement comme remède psychologique miracle ? Annelies Bruneel préfère s’en tenir à son expérience : « Quand une femme me commande une tenue pour le bureau, je ne me contente pas de prendre ses mesures. Nous parlons honnêtement du contexte sur son lieu de travail. Veut-elle s’y fondre ou s’en écarter ? Quelle coupe la met en valeur et dans quelles matières se sent-elle bien ? Parfois, les client·e·s viennent me voir jusqu’à six fois avant que leur vêtement soit finalisé. Je ne chercherai jamais à imposer mon style. Ce qui est bon pour moi, c’est ce qui convient aux client·e·s. »
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Fashion thérapie Selon Karen Pine, les recherches scientifiques actuelles montrent surtout que les vêtements viennent renforcer les sentiments existants : « Celles et ceux qui se sentent bien s’habillent de manière joyeuse et originale, reçoivent de bons retours et se sentent encore mieux. Celles et ceux qui sont mal dans leur peau négligent leur apparence. Il en résulte une image décevante dans le miroir et une estime de soi plus faible. » Pourtant, certaines études montrent que les vêtements peuvent aussi contrecarrer
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interview
Texte Jolien Vanhoof
MOMU 2.0 En avril 2018, le MoMu fermait ses portes pour une rénovation complète qui allait durer plus de deux ans. C’est du moins ce qui était prévu. Mais c’était sans compter sur la crise du coronavirus qui a différé la réouverture d’une année supplémentaire. Les 4 et 5 septembre, on pourra enfin admirer la nouvelle collection avec des pièces d’archives en rotation, et visiter l’exposition « E/Motion. Mode en transition ». La deuxième exposition temporaire, « P.LACE.S – Regards entrelacés sur la dentelle d’Anvers », s’ouvrira à la fin du mois de septembre et reliera le musée à quatre autres sites dans la ville. Du jamais vu pour le MoMu, qui sort pour la première fois de ses murs.
Un MoMu flambant neuf, et vous cherchez déjà à vous délocaliser ? Kaat Debo : « Temporairement (rires). L’exposition “P.LACE.S” met en lumière le rôle séculaire qu’a joué Anvers dans la production et le commerce de la dentelle. C’est pourquoi il nous a semblé logique d’impliquer plusieurs lieux historiques uniques. Les visiteurs·euses pourront ainsi se rendre au Musée Plantin-Moretus, dont les archives sur le commerce de la dentelle figurent parmi les plus anciennes au monde, ou au Maagdenhuis, un ancien orphelinat où les filles apprenaient la dentelle. Sur le site même du MoMu, nous présenterons comment des créateurs·trices contemporain·e·s comme Iris van Herpen et Azzedine Alaïa expérimentent l’impression 3D et la découpe laser. Nous souhaitons conserver cette approche par la suite ; la collaboration avec différent·e·s partenaires rend notre histoire intéressante, nous ne sommes pas seulement un musée pour fashionistas. La mode est un “signifiant visuel”, elle offre un regard sur notre société. L’opportunité de découvrir le MoMu dans toute la ville au cours des prochains mois devrait faciliter l’accès du musée à un public diversifié. »
Le nom de la campagne est « Mode/Engagée ». À quoi cette prise de conscience fait-elle référence ? « Mode/Engagée » peut se comprendre de trois façons. C’est d’abord la prise de conscience du rôle prépondérant d’Anvers en tant que ville de la mode. Mais l’expo renvoie aussi à quelque chose de plus personnel. Il s’agit alors de votre sensibilité à la mode et de votre manière de vous habiller. Enfin, peut-être la signification la plus actuelle : la mode sous un angle nouveau en tant qu’industrie en mutation, tant en matière de digitalisation que de durabilité.
FREDERIK VERCRUYSSE, PRESSE
Avec deux expositions temporaires, une nouvelle collection permanente, des animations en tous genres et des promenades dans la ville, le ModeMuseum d’Anvers sera un spot incontournable dans les mois à venir. L’ambitieux programme de réouverture « Mode 2.021 — Mode/ Engagée » entend bien secouer toute la cité portuaire. Rencontre avec la directrice du musée, Kaat Debo.
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« ILS DOIVENT APPRENDRE À GÉRER LE CHANGEMENT ; S’ILS NE LE FONT PAS, ILS NE SURVIVRONT PAS »
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interview
Pensez-vous que le secteur de la mode s’est bien adapté aux défilés virtuels ? Oui, même si ça reste un challenge pour les créateurs·trices de présenter leurs collections de manière créative. Certain·e·s y parviennent mieux que d’autres. Ont-ils le choix ? Pas vraiment. Ils doivent apprendre à gérer le changement ; s’ils ne le font pas, ils ne survivront pas. D’autre part, je pense que de nombreux·euses créateurs·trices ont découvert les avantages d’un défilé virtuel et qu’ils continueront à l’avenir d’emprunter cette voie hybride. Le MoMu fait de même. Depuis plusieurs années, nous nous sommes engagés à numériser notre collection. Au cours des récents travaux de rénovation, plus de mille pièces ont été rephotographiées pour le site web et les réseaux sociaux. De cette façon, la collection ne vit pas seulement pendant les expositions temporaires, mais demeure visible tout au long de l’année.
Dans une interview accordée à « De Tijd », le directeur du S.M.A.K., Philippe Van Cauteren, a déclaré que l’art ne vaut rien si on doit l’admirer en ligne. Partagez-vous son avis, et cette affirmation s’applique-t-elle également à la mode ?
Image de la campagne de Vivienne Westwood, printemps-été 1999.
« LE MoMu RESTE UN LIEU DE RENCONTRE ESSENTIEL POUR ENTAMER UN DIALOGUE SUR LA CULTURE DE LA MODE »
Je comprends ce qu’il veut dire. L’émotion procurée par la confrontation physique avec une œuvre d’art disparaît en ligne. Mais je pense que c’est un peu radical de dire que le rapport virtuel à l’œuvre est dénué de toute valeur. Le titre de notre exposition d’ouverture, « E/Motion », est un jeu de mots entre émotion et motion. Nous avons posé les questions suivantes à des créateurs·trices et à des étudiant·e·s en mode : que signifie l’émotion dans la mode d’aujourd’hui ? Dans un monde de la mode strictement numérique, y a-t-il encore de la place pour une véritable émotion ? Nous ne trouverons pas de réponse toute faite du jour au lendemain, mais force est de constater que le défi a été relevé. Pensez à l’essor des vêtements numériques dans une optique de durabilité. Même Moschino s’y met. Je crois fermement en une complémentarité. Outre les progrès numériques, les contacts réels restent importants, dans tous les secteurs. Le MoMu reste un lieu de rencontre essentiel pour entamer un dialogue sur la culture de la mode. Mais les photos que nous diffusons en ligne encouragent et renforcent les visites physiques.
Les images de la campagne « Mode 2.021 » sont magnifiques, des oeuvres d’art en soi.
Avec cette campagne, le MoMu veut également consolider la position d’Anvers en tant que ville de la mode. Était-ce nécessaire ? Pas spécialement. Mais peut-être qu’à l’international, on se borne encore trop souvent à chercher qui seront les prochains Six d’Anvers. Il n’y aura pas de successeurs, du moins pas à ce titre. En revanche, nous disposons d’une quantité incroyable de talents qui parviennent à se faire une place, même sans véritable formation en mode ou sans boutique physique. Anvers est plus que jamais un incubateur expérimental pour la mode. Et ça, il convient une fois de plus de le souligner. Edito du magazine « Detour », mars 1997.
« Mode 2.021 — Mode/Engagée » ouvrira ses portes les 4 et 5 septembre 2021, et dévoilera une programmation impressionnante jusqu’à fin janvier 2022. Plus d’informations : momu.be.
DAVIDE SORRENTI, GIAN PAOLO BARBIERI
L’équipe était incroyable ! Après une distanciation sociale imposée pendant plus d’un an, la directrice de la création Isabella Burley (ancienne rédactrice en chef de « Dazed & Confused », NDLR) a voulu célébrer le pouvoir du toucher. Elle a demandé à six designers de choisir une source d’inspiration. Raf Simons a choisi un couple qui s’embrasse, Walter Van Beirendonck s’est tourné vers une poignée d’étudiant·e·s en mode qui dansent, Supriya Lele a pris une photo avec ses copines… Les images parlent d’ellesmêmes. Elles nous invitent à être ensemble, mais aussi à réfléchir sur nous-mêmes et à nous transformer. La make-up artist Inge Grognard a illustré cette thématique avec une touche poétique, au moyen de fleurs colorées qui semblent fondre sur la peau.
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UN GLAMOUR PROGRAMMÉ Des coupes affûtées et faciles à porter, des imprimés colorés, élégants et positifs, une réflexion tissée de bon sens et d’humanité dans la conception : IMPREVU, jeune marque belge, explore tout en raffinement la gamme de nos envies de mode au quotidien.
Justine God, Liégeoise impliquée dans la mode par conviction et passion, a fondé son entreprise à taille humaine et aux processus artisanaux pour suivre une ambition ancrée et respectueuse, à la fois des fabricants et des clientes. La production de ses collections contemporaines, polyvalentes d’une vie professionnelle à des activités de loisirs, est entièrement assurée en Europe, pour certains à partir de matériaux recyclés. Des pièces souvent imprimées, toujours inspirées, qui collent aux saisons, traversent les tendances et reviennent, intemporelles.
POUR CET AUTOMNE, ET POUR LONGTEMPS On aspire à s’habiller d’optimisme et à retrouver le sens de la fête, Imprevu joue du glamour aux reflets dorés, conjugue l’allure d’une femme élégante avec son droit à la nonchalance, en silhouettes durables et adaptables aux nouvelles saisons. Intuitions rétro, on aborde la rentrée avec une inspiration college girl au détachement souriant, mix de motifs folk flirtant avec le bobo chic. Puis on avance vers l’hiver, avec des imprimés de tigres sensuels et ludiques à l’élégance rugissante, et des combinaisons manches longues – l’incontournable de la saison. Enfin, pour les fêtes, la troisième capsule nous invite par des matières précieuses à refléter la lumière de cette fin d’année. Le concept-même de la Maison – des collections capsules en éditions limitées distillées tout au long des saisons – répond au souci de l’époque de limiter la surproduction, tout en restant unique. IMPREVU, mais réfléchie et toujours pointue. Pour célébrer ses 5 ans avec vous, Imprevu lance un concours pour vous permettre de remporter une édition limitée « spécial anniversaire » !
CET ARTICLE A ÉTÉ ÉCRIT EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC IMPREVU. IMPREVUBELGIUM.COM
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Texte Jolien Vanhoof
S U P R I YA L E L E , 90’S KID AUX RACINES INDIENNES
« MON TRAVAIL, C’EST DE LA NOSTALGIE PURE »
JAMIE HAWKESWORTH, WILL GRUNDY, PRESSE
Son nom ne vous dit peut-être rien. C’est ce qui arrive quand on doit partager le Prix LVMH avec sept autres finalistes. Mais Supriya Lele est à surveiller de près. La créatrice indo-britannique jouit d’une grande notoriété outre-Manche et apparaît également chez nous dans la nouvelle campagne du MoMu. « Anvers exerce une énorme influence sur mon travail. »
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ettre la main sur Supriya Lele n’est pas une mince affaire. Avec son nouveau chiot, elle est en plein déménagement d’un quartier londonien à l’autre. Un monde complètement différent de celui de Meriden, village des West Midlands où elle a passé une grande partie de son enfance, au milieu des skaters et des gothiques. Supriya Lele était le mouton noir d’une famille de médecins. Elle ne s’habillait que de couleurs sombres, peignait sa chambre en violet et faisait hurler Black Sabbath de la cave au grenier. Au grand soulagement de ses parents, elle a rapidement abandonné ses tenues gothiques, mais le style monochrome noir de Helmut Lang, Jil Sander et Martin Margiela lui est resté. « J’aimais expérimenter les matières, jamais les couleurs », souligne-t-elle. « Je me souviens encore vaguement d’une longue jupe en cuir largement fendue sur le devant (rires). C’était une belle période pour tâtonner, sans la pression et la surveillance des réseaux sociaux. Mon environnement était très inclusif. Même si j’appartenais à une minorité ethnique dans un petit village conservateur, j’avais un chouette groupe d’amis. Ça m’a donné la confiance nécessaire à l’adolescence pour oser affirmer ce qui me plaisait et ce qui ne me plaisait pas. » Aujourd’hui âgée de 33 ans, Supriya Lele aime toujours porter du cuir, le côté gothique en moins. En 2017, elle a fait ses débuts à la London Fashion Week avec le soutien de Fashion East ; deux ans plus tard, elle s’est lancée en solo avec une esthétique minimaliste qui ne manquera pas de susciter la nostalgie des 90’s kids. Pantalon stretch patte d’eph, top épaules dénudées, minijupe moulante… Bref, tout ce qui était considéré comme « incorrect » pendant plusieurs années, mais qui revient aujourd’hui dans le dressing de la jeune génération. « Si je trouve quelque chose de beau ou d’intéressant, ça ne nécessite aucune explication supplémentaire », fait-elle remarquer à propos de son propre style. « Je travaille rarement autour d’un thème. C’est difficile à expliquer, mais une collection commence toujours de manière très intuitive, autour d’une émotion ou d’une expérience. Pour moi, la sous-culture des
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années 90 et 2000 évoque un sentiment de confiance sexuelle, d’empowerment et aussi un peu de rébellion ; tout ça est très actuel. »
Bustiers et saris Bien que le travail et le look personnel de Supriya Lele soient souvent associés au noir, elle apprécie aujourd’hui beaucoup la couleur. Sa nouvelle collection automne-hiver aligne des teintes étonnantes qui se situent à la frontière du mauvais goût : vert citron, rose bubble-gum, brun tabac, rouge cerise… Elle s’est inspirée des combinaisons de couleurs inhabituelles des maillots de football, mais en réalité, ce sont ses racines indiennes qui colorent ses croquis et ses créations. Elle pense souvent à sa grand-mère, qui portait un sari sous sa blouse pour aller travailler à l’hôpital. « Un vêtement au pouvoir magnétique », admet Supriya Lele, qui a connu une relation amour-haine avec cette pièce pendant son adolescence. « J’ai enfilé un sari et j’ai pensé : “Comment vais-je faire pour que ça ait l’air cool ?” Ou simplement pour montrer que ça fait partie de moi ? À l’époque, c’était plus facile de mettre cette partie de moi en sourdine. Lorsqu’on a une couleur de peau
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JAMIE HAWKESWORTH
« TOUT LE MONDE CONNAÎT LES VÊTEMENTS INDIENS TYPIQUES, TRÈS CHARGÉS, ORNÉS DE MOTIFS CACHEMIRE ET DE COULEURS VIVES. MAIS J’AVAIS ENVIE DE QUELQUE CHOSE D’AUTRE »
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« ADOLESCENTE, JE NE SAVAIS PAS COMMENT RENDRE UN SARI COOL »
différente ou qu’on a grandi dans un autre pays, on a tendance à renier certaines facettes de son héritage afin de mieux s’adapter à la culture dominante. Ça s’apparente à une stratégie de survie. Et c’est ce que j’ai fait. »
Confinement Elle ne s’éloigne jamais de l’Inde pendant longtemps. Elle y rend régulièrement visite à sa famille paternelle, et en 2019, elle a shooté sa collection SS20 sur la Narmada à Jabalpur avec le photographe Jamie Hawkesworth. Le duo a été tellement impressionné par le fleuve sacré et les femmes qui peuplent ses rives qu’un livre cousu main en a découlé. Il a permis à Supriya Lele de se faire connaître auprès d’un public féministe (toutes les recettes de Narmada sont reversées à la campagne Girl Rising) et renforcé sa position de créatrice de mode ultraféminine au parcours interculturel. Si elle a réussi à si bien capturer le concept de féminité, c’est probablement aussi grâce à son équipe composée uniquement de femmes. « Au studio, chacune de nous passe tous les vêtements. Il est important de voir comment une coupe s’adapte à différentes silhouettes. Bien que nous en ayons marre d’essayer des vêtements (rires), nous avons envie de nous sentir libres et belles quand nous mettons le nez dehors. » Bien que, dans la sphère privée, Supriya ait ressenti la pression de devenir une yogi accomplie et de venir à bout de son interminable liste de livres (« J’en ai acheté une centaine pendant le premier confinement »), la marque Supriya Lele n’a pas trop souffert de la pandémie. La créatrice a dû partager la dotation du Prix LVMH 2020 avec ses sept collègues finalistes, mais l’aurait-elle gagné s’il en avait été autrement ? Et Kaat Debo, directrice du MoMu d’Anvers, a invité la créatrice indo-britannique à participer à une campagne à laquelle ont également collaboré des noms bien établis comme Raf Simons, Walter Van Beirendonck et Glenn Martens. « Les circonstances étaient contraignantes, mais c’est précisément dans ces moments-là que les meilleures opportunités se présentent. C’est important pour moi de prendre part à des projets artistiques en tous genres et de nourrir ma créativité. Cette collaboration était une évidence. Anvers exerce une influence énorme sur mon travail, même si je n’y suis jamais allée. Je vais bientôt remédier à ça, promis. Mais laissez-moi d’abord le temps de m’installer et de lire la pile de livres qui trône sur ma table de nuit. » supriyalele.com
PRESSE
Ce n’est que bien plus tard, lorsqu’elle a commencé à étudier la mode au Royal College of Art de Londres, que Supriya Lele s’est prise de passion pour ses racines indiennes. Elle a fait de sa double identité une marque de fabrique. Des influences qui semblaient auparavant incompatibles continuent de coexister. Du bustier au dupatta (foulard traditionnel), qu’elle a retravaillé pour en faire une robe en mousseline de soie transparente, en passant par un motif de serpent de la région du Madhya Pradesh qui rappelle étrangement les tatouages tribaux effrontés des années 90. Supriya Lele joue avec les codes visuels de l’Inde et les réinterprète à partir de son éducation britannique. « Tout le monde connaît les vêtements indiens typiques, très chargés, ornés de motifs cachemire et de couleurs vives. Aussi magnifiques qu’ils soient, j’avais envie de quelque chose d’autre. Un ourlet asymétrique par exemple. Des matières transparentes. Ou du cuir noir (rires) ! Ces détails subversifs rendent mes créations fortes. Elles sont parfois qualifiées de “sexy” ou de “sensuelles”, mais ce n’est pas comme ça que je les décrirais. Lorsque je fais référence aux vêtements indiens dans mon travail, c’est généralement parce que j’en garde des souvenirs qui éveillent en moi une certaine nostalgie. »
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Musée de la Mode de Hasselt
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L’ACTIVEWEAR, UN PHÉNOMÈNE DE MODE Les vêtements de sport squattent de plus en plus souvent nos dressings. Le musée de la Mode de Hasselt ne pouvait pas passer à côté de cette révolution du style et organise une exposition baptisée « Activewear », dont les athlètes Élodie Ouédraogo et Olivia Borlée sont les curatrices invitées. Les shorts cyclistes, hoodies et sneakers colorent les rues, tandis que sur les podiums, les créateurs s’essaient aux matières utilisées habituellement pour la confection de vêtements de sport tels que le néoprène et le spandex. Ces références seront-elles bientôt « so 2021 » ou vont-elles s’implanter durablement dans les années à venir ? Le musée de la Mode de Hasselt a construit son exposition « Activewear » autour de cette question. L’exposition démarre en 1850, et montre comment le sport et la mode n’ont cessé de s’influencer mutuellement en Europe, de Coco Chanel, qui a utilisé les vêtements de sport comme un outil d’émancipation féminine, à Gianni Versace, qui, dans les années 80, a intelligemment réagi à la mode du fitness en vogue à l’époque, en passant par Dirk Bikkembergs, dont les créations ont tourné autour du corps athlétique et viril au début du millénaire. L’exposition accorde l’attention nécessaire aux figures clés de la fusion et l’essor de mou-
vements comme le sportwear, le streetwear et l’activewear, à savoir Kim Jones et Virgil Abloh. Enfin, des collaborations exceptionnelles, comme celle qui a associé Adidas et notre Raf Simons national, ont également leur place dans l’exposition. Le musée de la Mode de Hasselt a conçu « Activewear » en collaboration avec les anciennes athlètes Élodie Ouédraogo et Olivia Borlée. En effet, après avoir remporté une médaille d’argent aux Jeux olympiques de Pékin, ces dernières ont fondé le label de mode 42I54, à travers lequel elles ont joué un rôle important dans le développement de l’athleisure en Belgique. Visitez « Activewear » jusqu’au 30 décembre 2021 au musée de la Mode de Hasselt. Pour parfaire vos connaissances en matière de mode, ELLE offre 10 x 2 tickets pour l’expo, comprenant une rencontre avec Élodie Ouédraogo et Olivia Borlée le 6 novembre au musée. Un high tea sera également offert ce jour-là.
Pour tenter votre chance et en savoir plus, rendez-vous sur
ELLE.be
CET ARTICLE A ÉTÉ ÉCRIT EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC LE MUSÉE DE LA MODE DE HASSELT. MODEMUSEUMHASSELT.BE
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reportage
Texte Elisabeth Clauss
C R É AT E U R À S U I V R E
RILLANCE DES SENTIMENTS
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Kevin Germanier est animé du feu sacré, passionnément entouré par sa famille. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle sa marque porte le nom de la tribu : c’est une histoire collective. « Ma mère est la femme la plus forte que je connaisse, et je lui en ai fait voir de toutes les couleurs. » Au sens propre comme au figuré.
Au moment où on l’appelle pour l’entretien qui va suivre, il brode des perles dans un parc. Il prépare une pièce de sa nouvelle collection, pour laquelle il met l’accent sur le savoir-faire. Kevin ne reste jamais inoccupé. À 29 ans et avec sa toute jeune marque fondée en 2018, ce jeune créateur suisse, Parisien d’adoption, fait un tabac en Asie, habille Lady Gaga, Taylor Swift, Kylie Minogue, Rihanna, Beyoncé. « Dans le monde des célébrités, il n’y a pas que les États-Unis. Pour avoir un impact en Asie, il faut aussi habiller Jenny de Blackpink. » Son lien avec la pop culture coréenne lui vient de son côté travailleur assidu : « J’ai commencé à écouter de la K-Pop parce que si je me passais de la musique en français ou en anglais, je comprenais les paroles et ça me déconcentrait. » Depuis, il a conçu des tenues pour une trentaine de chanteurs du phénomène musical coréen. Mais c’est dans le Valais, puis à Londres, Hong Kong et Paris, qu’il a semé les petits cailloux brillants qui l’ont mené à ce succès ascendant.
Des montagnes suisses à Central Saint Martins « Je voulais faire de la mode, mes parents qui n’étaient pas du tout du métier ne savaient pas comment m’accompagner. Mais ils m’ont toujours soutenu. » D’abord, il a suivi une année de prépa où lui ont été enseignées les bases de la couture, « et c’est une excellente chose parce que par la suite à Saint Martins, on apprend surtout la survie », puis un an à l’HEAD de Genève. Depuis toujours, il rêvait de Saint Martins, « parce que John Galliano, Riccardo Tisci, Stella McCartney ». À 20 ans, il est enfin parti pour Londres. « C’est là qu’est née ma sensibilité pour l’upcycling, parce que j’étais fauché. Je n’étais pas spécialement écolo avant ça, je le suis devenu par nécessité. J’ai découvert la récup’ et la débrouille. » Ambitieux, il a rapidement remporté le Redress Design Award, concours international de mode basé à Hong Kong, histoire d’occuper son été. Dans la foulée de son prix, il s’est envolé six mois sur l’île, et dès son retour, a gagné le projet Louis Vuitton, autre concours qui l’a mené six mois en stage à Paris. Mais entre les bouts de ficelles des débuts et les chaînes dorées des icônes de la pop, il a fallu passer par une banlieue de Hong Kong. Enfilons les perles une à une.
Mise en lumière, du noir au kaléidoscope Ce garçon qui fonde sa carrière sur l’extraglamour coloré est toujours habillé en noir. « Je déteste attirer l’attention, et j’ai du mal à exprimer mes émotions. » Il crée pourtant des vêtements pour une femme qui, elle, aime capter tous les regards. Progressivement, son destin s’enfile en chapelet d’opportunités provoquées. À Hong Kong, dans le cadre de son stage, on l’avait envoyé chercher des fournitures dans une zone industrielle.
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se disperse pas : il bosse. « C’est bien d’avoir une vision et un ADN, mais personne ne vous apprend à être votre propre CEO. » Alors il fait tout, de l’envoi des robes à Lady Gaga à la vérification des tricots. Son meilleur conseil à quelqu’un qui voudrait monter sa marque ? « Ne le faites pas ! On parle plus de chiffres que de jupes, on y consacre toute sa vie. »
« C’EST À LONDRES QU’EST NÉE MA SENSIBILITÉ POUR L’UPCYCLING, PARCE QUE J’ÉTAIS FAUCHÉ »
Un homme se débarrassait de paquets de perles décolorées par la lumière, Kevin les a récupérés, a tout rapporté à Londres. Ses professeurs l’enjoignaient à sortir du gris et du noir ; piqué, pour sa collection de Bachelor, il a tout explosé : les couleurs et les brillants. « Aujourd’hui, je ne veux plus de lourdeur. Je suppose que c’est ma part de candeur. »
Diplôme, collection, connexions Alors en CDD chez Louis Vuitton, le soir à la maison, il montait des jupes pour se détendre. Son mentor chez LVMH, Alexandre Capelli, responsable environnement auprès du groupe, a été touché par ses créations. Il lui a présenté Loïc Prigent qui s’est enthousiasmé à son tour, et lui a conseillé de montrer ses pièces artisanales à la Fashion Week. En une heure seulement, tout était vendu. Petit vent de panique, parce qu’il n’avait encore jamais supervisé de production. Mais sa marque était lancée. Rapidement, onze membres de sa famille sont venus soutenir la passion du créateur. Sa mère adorée est désormais comptable trésorière de la marque, son père a pris en charge toute la partie juridique, administrative et la gestion, sa grand-mère de 82 ans est cheffe d’atelier de la maille. Quatre sœurs de sa grand-mère ont rejoint l’entreprise pour ne pas se retrouver sur le banc de touche, sa tante également, la meilleure amie de sa maman, sa cousine, jusqu’à la belle-mère de sa sœur. Kevin, tout dévoué à cette entreprise éponyme ne sort pas, ne
Une constellation en expansion Son univers, c’est ce qu’il trouve, des « déchets ». Il affectionne le terme, parce qu’il décrit sa démarche avec simplicité. Ce sont quand même des restes d’organza mis à disposition par LVMH, ou les invendus de Swarovski, qu’il agence de manière à créer une nouvelle forme d’émerveillement. Son idéal : devenir directeur artistique de la maison Dior. « J’ai envie de changer les choses. Je peux le faire avec Germanier, mais ce ne sera jamais aussi impactant que si je le fais sous l’un des cinq noms les plus puissants. » Kevin ambitionne de faire évoluer la durabilité dans l’industrie de la mode, mais sans naïveté : « C’est un processus extrêmement long et compliqué, pour autant, il faut bien commencer un jour. Je voudrais ramener un côté plus humain dans la mode. Je parle de mon ambition pour Dior dès que j’en ai l’occasion dans une interview, parce que je serai peut-être entendu un jour. » Il n’y a plus qu’à briller, encore.
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Texte Elisabeth Clauss
LA MODE PEUT-ELLE ENCORE SE PASSER DE COLLABS ?
« HACKING » CONSENTI GUCCI & BALENCIAGA
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GETTY IMAGES, GIO STAIANO, PRESSE
Elles ont toujours existé, dès l’Ancien Régime et les associations de manufactures pour créer les plus beaux habits de la cour. Dans la période moderne, entre Dali et Saint Laurent, Picasso et Chanel. Depuis quelques années, la machine s’emballe. Les collaborations, eldorado marketing ou manière d’additionner les talents ?
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VETEMENTS & HANES
n avril dernier, il y a eu le cas emblématique de la collection hybridée Gucciaga présentée par Alessandro Michele pour Gucci, en hommage à l’empreinte forte de Demna Gvasalia chez Balenciaga (un « hacking » consenti entre les deux maisons de luxe appartenant au même groupe). Partout, les collabs fleurissent, attisant la soif d’exclusivité et de rareté auprès de consommateurs galvanisés par la nouveauté. Dans le très rentable secteur des sneakers, lier deux noms déjà populaires assure généralement un succès commercial, avec des prix alignés sur la désirabilité.
Des associations de compétences Pour certaines marques, c’est une manière d’explorer d’autres domaines de création qui ne sont pas les leurs, en se faisant aider par des ateliers rodés. Chacun apprend, et optimise ses propres savoir-faire. Ces alliances d’expertises ont toujours existé. Pour Laurent Dombrowicz, styliste pour de nombreux magazines internationaux, journaliste et consultant, « ce qui est intéressant et porteur de sens, c’est le mariage de mode contre nature. Quand une marque de luxe rencontre la technicité d’un équipementier sportif, comme K-Way x Fendi. Une idée simple suffit, et la collaboration devient légitime ». Dans cette veine, pour Y/Project, dont il est le directeur artistique, Glenn Martens initie régulièrement des associations avec des marques iconiques reconnues pour leur technicité, et leur insuffle un décalage sexy qui crée la surprise : Fila avec une ligne de sportwear red carpet, Canada Goose avec de l’outwear extrapolé, Ugg et ses inoubliables cuissardes dégoulinantes sur la jambe, Melissa Shoes et ses souliers de plastique baroques. Des valeurs sûres au départ, qui requièrent un savoir-faire spécifique, et jouissent, le temps d’une hybridation, d’une nouvelle originalité. Tout le monde y gagne, en particulier les amateurs de pièces de niche. Mais dans ses dérives, la formule surexploitée de la collab destinée à soutenir les ventes peut aussi aboutir à superposer des logos, à appliquer une image TikTokable. Visibilité au carré, rentabilité aussi.
Versatilité ou transdisciplinarité ? Thierry-Maxime Loriot, directeur créatif, expert mode, commissaire d’expositions et écrivain, estime que, conjuguées aux réseaux sociaux, les collaborations représentent un outil marketing exponentiel : « Quand Kate Moss fait la campagne de Skims pour Kim Kardashian, la collaboration est très étudiée des deux côtés pour leur permettre de développer de nouveaux marchés à chacune. De même, Virgil Abloh chez Louis Vuitton signe probablement une nouvelle ère commerciale pour la marque aux États-Unis. Les gens influents – attention, pas les influenceurs ! – se servent des collaborations pour toucher d’autres audiences. C’est une façon de se renouveler, la coolitude des uns soutient
ADIDAS & RAF SIMONS
la légende des autres. Dans le cas de la collaboration Dries Van Noten x Christian Lacroix, le créateur belge a eu l’intelligence, au lieu de faire du Lacroix, de faire “avec” Lacroix. Certaines de ces associations temporaires peuvent marquer l’histoire de la mode et des arts. Jean Paul Gaultier x Almodovar ou Jean Paul Gaultier x Jeunet et Caro (NDLR, pour « La cité des enfants perdus »), ce sont des échanges culturels qui ont influencé le succès de ces films, et le travail de Gaultier luimême. » Culture qui se nourrit aussi parfois de façon non officielle de sources de mode.
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Manque d’imagination ou signe des temps ? Laurent Dombrowicz valide le principe des collaborations entre deux marques quand elles mettent en avant leur identité et leur savoirfaire respectif pour se rencontrer et se renforcer. « Mais à un moment donné, ça a dérapé, quand c’est devenu une systématique de marketing. Si on parle de collaborations arty, la plupart des marques ne font DRIES VAN NOTEN & CHRISTIAN LACROIX
« IL EST TRÈS INTÉRESSANT QUE LES MARQUES S’INSPIRENT ET SE SOUTIENNENT EN FONCTION DE LEUR SAVOIR-FAIRE »
FENDI & K-WAY
en réalité que payer des droits pour reproduire des œuvres sur un vêtement. C’est arrivé à plusieurs reprises chez Raf Simons. Or ce n’est pas l’essence de la collaboration, de se donner une conscience “arty” à moindres frais. En revanche, d’autres partenariats sont vraiment authentiques. Notamment celles de Raf Simons justement, avec Sterling Ruby, qui n’est pas restée en surface. Mais c’est plus rare dans l’industrie de la mode. Le deuxième cas où le principe de collaboration est dévoyé, c’est quand elle est consanguine. Par exemple, Supreme x Louis Vuitton. Ils ciblent le même public, il n’y a pas de confrontation d’univers, ça n’apporte rien en matière de créativité, c’est juste un effet de logos. Le troisième type de collaboration, et c’est la pire, c’est celle initiée avec des célébrités. Quand une marque n’a pas besoin de nom connu pour susciter l’intérêt, et que le résultat n’apporte rien. Il y a des célébrités qu’on se repasse entre maisons comme des fiches de cuisine, et on voit fleurir ces capsules “top model x telle marque de luxe ” où la seule chose qui se vend, ce sont des noms. La mode qui a tant critiqué les licences Cardin ou Lacroix fait du name dropping sans légitimité de création. » En partenariat détourné intelligemment mené, il cite les œuvres d’art signées Helmut Lang x Saint Laurent, ou les créations Longchamp x Jeremy Scott : « C’était très malin aussi, en mêlant des contraires, une maison ancienne et un chantre du pop. » Un avis que partage Herbert Hofmann, directeur créatif et responsable des achats du média d’analyses de commerce Highsnobiety, dont les collabs représentent une partie importante de l’activité. Pour lui, « il est très intéressant que les marques s’inspirent et se soutiennent en fonction de leur savoir-faire, en particulier quand il s’agit de maisons historiques qui cultivent une tradition forte, mais dont le plus grand atout n’est pas forcément le story telling ». Dans cette configuration-là, les partenariats constituent une opportunité de renforcer à la fois communication et transmission.
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Autre responsabilité, et pas des moindres : celle de bien verrouiller la dimension juridique de ces associations. Corinne Champagner Katz, avocate au Barreau de Paris, spécialiste en propriété intellectuelle, rappelle qu’« il s’agit d’un exercice à la fois intéressant et contraignant. En droit, on appelle plutôt ça des “partenariats”, pour un shot ou sur la durée. Les compétences d’une maison font effet tremplin aux compétences de l’autre. Certaines industries créatives contribuent très fréquemment à réaliser des produits pour une marque mais on ne le saura jamais, parce que ça se fait en B2B, au niveau des matières premières. Ce qui fait une “collaboration”, c’est quand les noms sont connus et communiqués. C’est la configuration qui apporte le plus de valeur ajoutée. Les contrats doivent être bétonnés pour consigner qui apporte quoi, pour valoriser ces nouveaux actifs immatériels que crée ce partenariat. Il faut en définir le périmètre à la fois dans les produits, dans la visibilité et dans le temps. Et bien sûr, cadrer la répartition financière. A cet égard, la créativité juridique n’a pas de limites non plus ».
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Partenaires particuliers cherchent collab particulière
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Mais une collaboration, c’est aussi un défi de coordination, qui n’a pas échappé à Yves Bensimon, responsable des collections Bensimon : « Il faut être conscient que c’est beaucoup de travail, ça monopolise toute une équipe pour un seul projet. Nous sommes très sollicités, mais finalement nous en acceptons peu, parce qu’il faut que ça colle avec notre identité. » Pour sa collection printemps-été 2017, Demna Gvasalia, alors chef de file du collectif VETEMENTS, avait initié une collaboration avec 18 marques populaires (Eastpak,
VETEMENTS & CANADA GOOSE
« LES COLLABORATIONS SONT UN BON MOYEN DE MULTIPLIER DE NOUVELLES SORTIES PRODUITS »
destinées à une jeunesse avide de références. Demna expliquait à l’époque avoir choisi des marques plus professionnelles pour gérer des produits précis, parce qu’elles en avaient la capacité, les moyens et pouvaient tenir les délais. Pour eux, qui était alors le meilleur pour les tailleurs ? Brioni. Pour les chaussures sexy, les pumps pour femmes ? Manolo Blahnik. Pour les cuirs ? Schott, qui s’était chargé de la fabrication des perfectos. Chaque produit était devenu le fruit d’une collaboration différente, et un carton plein. Mais pas d’une parenthèse de détente : ils ont réalisé après coup l’ampleur du défi logistique, entre Reebok qui assurait son développement en Chine, Manolo Blahnik en Angleterre, Juicy Couture à Los Angeles…
« En général, ça se passe bien » Au delta de nombre de ces partenariats, Corinne Champagner Katz constate que dans la majorité des cas, « les maisons aiment travailler ensemble, il y a souvent une reconnaissance mutuelle ». Yves Bensimon relativise d’ailleurs la systématisation du procédé : « Notre marque existe depuis très longtemps, et on pourrait se passer de collaborations. Mais en l’occurrence, elles sont toujours les fruits de belles rencontres. La première, il y a 15 ans avec Jean Paul Gaultier, a été initiée pour l’anniversaire de la tennis. » Rudy Achache, DG de la marque, renchérit : « Chez nous, le travail avec Jean Paul Gaultier s’est reproduit dans le temps, parce que c’était une démarche à long terme. Mais parfois, il faut reconnaître quand l’alchimie ne prend pas, alors on arrête le projet si on ne trouve pas une histoire qui a suffisamment de sens. C’est devenu un outil marketing à la mode pour développer une nouvelle clientèle à l’international notamment, mais je pense que l’effet est plutôt temporaire. »
Y PROJECT & UGG
Reebok, Alpha Industries, Levis, Manolo Blahnik, Juicy Couture, Brioni, Schott, Canada Goose, Dr. Martens… ) pour intégrer leur culture universelle à sa démarche subversive. Il en a résulté 18 mini-capsules
Elles existent depuis que le monde est mode, mais pourquoi le phénomène s’accélère-t-il ? Selon Herbert Hofmann, il faudrait chercher la réponse du côté des spécialistes du marketing, de plus en plus soumis à la pression de la nouveauté. « Les collaborations sont un bon moyen de multiplier de nouvelles sorties produits, quand il est humainement impossible d’avoir des idées innovantes à cette cadence. En outre, les collaborations permettent aux consommateurs de s’exprimer avec encore plus de subtilité. Dans le cas de Raf Simons x Prada, il était bien vu de présenter ce partenariat sous forme de “conversation” plutôt que “collaboration” parce que c’est un cas de cocréation, une invitation à revoir à la fois les lignes et les règles d’une maison. La clé, c’est de rester organique. » Il rappelle que certaines marques comme Asics ont lancé très tôt des collaborations avec des marques émergentes comme GmbH, et leur a permis de grandir. « C’est courageux, et cela instaure des relations commerciales de longue durée. Les collaborations signées par Highsnobiety le sont justement sans snobisme, elles sont inclusives. On voyage, on vit, on aime manger, on est fan de design, il y a donc des processus qui se font naturellement, comme la collaboration avec le Café de Flore, parce que pendant la Fashion Week, on veut aussi chiller en terrasse. » Loin d’être galvaudées, les collabs offrent à de jeunes marques un kick de popularité, et permettent tout simplement à d’autres de continuer d’exister.
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Vices et vertus des collabs
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UN SAVOIR-FAIRE UNIQUE ET DURABLE C’est luxe, c’est belge et c’est familial. DEPUIS SA CRÉATION EN 1992, La maison de Couture 29TH | OCTOBER est spécialisée dans la confection de pièces authentiques réalisées à partir de matières naturelles comme le cuir, le daim et les peaux lainées. Composée de Manufer, Claudine et de leurs enfants, Lucie et Benjamin Gulcu, tous partageant cette même passion génétique pour la mode, la marque fait d’ailleurs profiter d’autres Maisons de renom de son travail minutieux du cuir et crée parallèlement ses propres collections, intégralement réalisées dans ses ateliers bruxellois. Des pièces intemporelles, sophistiquées et raffinées qui sont là pour durer. 29TH | OCTOBER, c’est aussi un voyage à travers le temps. L’enseigne met à l’honneur de grands classiques de la mode comme le perfecto, que l’on retrouve coloré et repensé selon les codes d’aujourd’hui. S’inscrivant dans une démarche plus consciente de l’environnement, la Maison belge a cessé depuis plusieurs années d’utiliser de la fourrure dans la confection de ses pièces et ne collabore qu’avec des tanneurs d’exception en Italie et en Espagne dont les peaux sont exclusivement issues du secteur alimentaire. Depuis peu, la marque s’est lancée dans la créations d’accessoires, sacs et ceintures et compte également une collection capsule en cuir de cactus. Des nouveautés qui montrent une volonté bien présente de s’intégrer dans les rouages d’une mode plus actuelle. 29TH | OCTOBER présente sa nouvelle collection automne-hiver 21/22 mêlant couleur et douceur, somptueusement bien pensée pour affronter le froid avec allure et élégance. Venez découvrir leurs créations au pop-up store situé dans le bâtiment Balthasar au coeur de Bruxelles ou sur 29thoctober.com.
CET ARTICLE A ÉTÉ ÉCRIT EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC 29TH | OCTOBER. 29THOCTOBER.COM
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Texte Isabelle Vander Heyde
M O D E D I G I TA L E :
UNE RÉVOLUTION ? ce plan, les possibilités créatives des jeux sont infinies, et cette liberté grisante plaît. Oubliez Il y a quelques années, des l’image stéréotypée du nerd influenceurs/euses virtuel·le·s asocial. Ces dernières années, ont fait leur apparition sur la communauté des gamers les réseaux sociaux, sortis de s’est élargie et comprend autant nulle part, avec des vêtements d’hommes que de femmes. Une immatériels superposés en foule de gens qui ont besoin 3D autour de leurs corps tout de créer leur propre identiaussi fictifs. Bizarre ou non, ils té, et c’est exactement ce que sont parvenus à amasser en un la mode sait si bien faire. Les rien de temps des millions de avatars et les skins offrent une followers. Leur succès a ouvert réponse très fluide à la question la voie à d’autres croisements du genre : vous êtes parfois un entre l’industrie de la mode et homme, parfois une femme, l’univers virtuel, notamment les et si vous en avez envie, vous jeux vidéo. Valentino, Maison pouvez même être une banane Margiela et H&M dessinent qui parle ou un extraterrestre. désormais une série de looks La prochaine étape ? Des vêtements qui n’existent Peu importe : c’est de la fantasy, – des « skins » dans le jargon du pas vraiment. Logique ? Pas du tout, mais c’est les règles de la logique n’ont gaming – pour les personnages là tout l’intérêt : bienvenue dans le monde de la pas cours ici. Les connaisseurs d’Animal Crossing, Nicolas blockchain, des NFT et de la mode numérique ! appellent cette nouvelle forme Ghesquière fait de même pour d’expression de soi l’expresles personnages de League of sionnisme d’avatar. L’envie de Legends, Moschino habille les se faire connaître virtuellement Sims et Balenciaga a créé son devient si forte que, dans un avenir proche, il sera tout à fait normal propre jeu l’hiver dernier. Simple coup marketing pour certaines de posséder un « double » numérique de son dressing hors ligne. maisons, activité essentielle pour d’autres, la mode sans contact, qui n’existe qu’en ligne, devient l’apanage d’une nouvelle génération de créateurs/trices. Un créneau en plein essor, notamment La ruée vers l’or numérique en raison de la forte demande des « digital natives », qui réclament Ces prévisions vont de pair avec l’émergence de technologies des skins uniques leur permettant de développer et de soigner leur comme la blockchain et les NFT. Les cryptomonnaies sont l’usage identité virtuelle. Après plus d’un an passé à la maison, les frontières le plus connu de la blockchain, mais il en existe d’autres. La nature entre la vie en ligne et hors ligne se sont définitivement estompées ; décentralisée de la « chaîne de blocs » donne lieu à une gestion aujourd’hui, nous passons une grande partie de notre vie professiondémocratique en vertu de laquelle les utilisateurs/trices dictent nelle et sociale en ligne. Les réseaux sociaux et les mondes virtuels ce qui peut exister dans l’univers numérique. Ajoutez-y l’idée ludiques sont devenus les nouveaux cafés, terrains de sport, centres d’un métavers ultime et ouvert (un monde virtuel qui n’est plus commerciaux et salles de réunion. Des lieux où nous voulons aussi confiné aux limites d’un seul jeu, d’un seul réseau social ou d’une nous montrer sous notre meilleur jour, représentés par un alter ego seule marketplace, mais dans lequel les avatars peuvent voyager, digne de ce nom – autrement dit, un avatar. Il s’agit d’une apparence communiquer et commercer sans entraves), et vous obtenez un feu numérique qui n’a rien à voir avec le statut ou les conventions, dont d’artifice de créativité. Les NFT (jetons non fongibles, de l’anglais l’authenticité est cruciale. Les joueurs et joueuses utilisent des ava« non-fungible token ») sont les « blocs de construction » que vous tars pour exprimer visuellement leurs normes, leurs valeurs et leurs achetez en ligne et avec lesquels vous pouvez modeler entièreambitions. Une hache à la main ou en robe de gala Dior, peu importe, ment votre expérience. Dans un tel monde, les créateurs/trices de pourvu que vous vous sentiez bien dans votre peau numérique. Sur mode pourraient proposer leurs créations directement aux gamers
INSTAGRAM / RTFKTSTUDIOS, SHUTTERSTOCK, IMAXTREE, PRESSE
Expressionnisme d’avatar
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sous la forme de NFT. Ces technologies n’en sont encore qu’à leurs balbutiements, mais elles annoncent une véritable ruée vers l’or numérique. Les start-up et agences spécialisées poussent comme des champignons. The Dematerialized, par exemple, est une plateforme qui vend des vêtements numériques sous forme de NFT. En tant qu’acheteur, vous devenez propriétaire d’un fichier source que vous pouvez, en théorie, intégrer à n’importe quoi, de vos photos Instagram à votre avatar Fortnite. En théorie, car, pour l’instant, cette application est limitée aux personnes qui maîtrisent les codes de la mode numérique. Cependant, la technologie devient chaque jour plus accessible, comme en témoigne la success-story de RTFKT. Ce label de sneakers immatérielles apparu en 2020 est devenu rentable la même année. La société est née après que l’un de ses fondateurs a envoyé à un tournoi de League of Legends son avatar chaussé d’une paire de baskets qu’il avait lui-même conçue. Il n’a pas remporté le premier prix, mais a été assailli de questions sur ses chaussures. En collaboration avec l’artiste numérique Fewocious, RTFKT a récemment sorti une collection de baskets en édition limitée, qui a été sold out en sept minutes, générant plus de trois millions de dollars en jetons. Fewocious est un adolescent de Seattle qui, depuis un an, gagne des millions en vendant des œuvres d’art immatérielles. Pour vous donner une idée de l’engouement que suscite la propriété numérique, il a même représenté une vente aux enchères à lui tout seul chez Sotheby’s.
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Mutani Dément ? Réfléchissons-y à deux fois. Il s’agit d’une nouvelle façon de vivre la mode : la fonctionnalité est bannie, tout comme l’idée sacrée selon laquelle nous devrions pouvoir « toucher » les vêtements. De nos jours, tout est question d’expression. « Quiconque jouait aux Sims à l’adolescence est déjà familiarisé avec cette façon de voir les choses », remarque la designer australienne Shayli Harrison. « J’ai grandi avec la Gameboy, la PlayStation et surtout les Sims. Créer son propre monde et le contrôler complètement, concevoir son compagnon idéal, créer de toutes pièces une version différente de soi-même : c’est incroyable ! L’absence de limites de la mode numérique dans les jeux me plaît : vous n’avez aucune restriction financière, sociale ou matérielle, et vous pouvez construire votre propre idéal personnel. Sans oublier que toutes les audaces sont permises. » Shayli Harrison, diplômée de l’Académie d’Anvers en 2018, a fondé cette année Mutani, une « creative unitive » qui établit des connexions entre les designers d’avant-garde et les développeurs/euses de jeux, deux secteurs dans lesquels la Belgique est pionnière. « Nous mettons en relation des créateurs/trices avec des développeurs/euses de mode numérique qui possèdent le savoir-faire nécessaire pour donner vie aux créations des stylistes dans le monde des jeux. Le potentiel de la mode numérique est grand, mais esthétiquement, elle manque encore de vision. Et ce, alors que de nombreux créateurs/trices de talent ne trouvent pas de
« VALENTINO, MAISON MARGIELA ET H&M DESSINENT DES LOOKS POUR LES PERSONNAGES D’ANIMAL CROSSING, MOSCHINO HABILLE LES SIMS »
Page de gauche : looks originaux signés par la marque digitale de sneakers RTFKT Studios. Page de droite : de grandes maisons de couture ont imaginé des « skins » pour Animal Crossing, dont Valentino (FW20) et Chanel (FW20). Au milieu : l’enseigne belge Mutani conçoit des personnages anthropomorphes pour le métavers Digital Village.
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En haut : robe de la collection virtuelle de The Dematerialised. En bas : la Metajacket de RTFKT Studios.
travail parce que leur vision tranche avec les valeurs du circuit traditionnel de la mode. » Mutani veut rapprocher ces deux mondes, en créant un réseau qui met en relation une sélection de designers IRL (« in real life ») avec des équipes techniques développant des actifs numériques afin de toucher un nouveau public URL (« unreal life »). « La mode numérique est une bouffée d’air frais pour le secteur, un nouveau canal où tester et lancer des idées innovantes. L’industrie est dans une impasse, le coût écologique et humain des vêtements n’est plus admissible. La durabilité est devenue une caricature, un stratagème pour soutirer encore plus d’argent aux consommateurs/trices. Après leurs études, les aspirant·e·s créateurs/trices s’engagent dans un dédale de stages non rémunérés, mais ils n’ont pas tous les moyens de financer cette situation. La créativité et le talent ne comptent plus. Et celles et ceux qui parviennent à entrer dans “le game” sont contraints de se cantonner aux limites de ce qui est commercialement acceptable. On sent que ça manque d’âme et que le secteur aspire à de la nouveauté, mais dans le système actuel, toute impulsion en ce sens est étouffée dans l’œuf. Bien sûr, il y aura toujours de la place pour la mode hors ligne, mais je pense qu’un canal en ligne où s’exprimeraient des visions plus radicales pourrait sauver tout le secteur. La créativité et le soutien financier qu’apporte l’espace numérique peuvent également donner lieu à une mode plus durable hors ligne. Mutani entend fournir aux talents émergents les outils nécessaires pour mener cette expérience au-delà du statu quo actuel. » Les sceptiques ont des doutes sur la mode qui n’a pas été confectionnée dans les règles de l’art, avec du fil et des aiguilles – une préoccupation que Shayli Harrison comprend. « J’ai moi-même suivi une formation classique et je préfère travailler avec mes mains. L’Académie est très traditionnelle et encourage la peinture, l’illustration, le col-
lage, le drapage et la sculpture. Ça confère un côté magique au processus de fabrication, et je ne compte pas faire l’impasse sur cette façon de faire. La seule différence est que je vais désormais voir un·e développeur/euse de mode numérique avec mes croquis, tout comme un·e designer traditionnel le ferait avec un·e modéliste ou un·e couturier·e. Dans les deux cas, il s’agit de déterminer comment traduire techniquement une vision créative. »
La nouvelle normalité Quelle est la prochaine étape ? Aujourd’hui, on ne peut pas se promener à sa guise dans différents jeux avec son propre skin. Toutes les plateformes ne disposent pas du support technique nécessaire, on est généralement limité aux ressources développées par les créateurs/ trices d’un jeu spécifique. Toutefois, une technologie en cours de développement permettra de contrôler à 100 % son propre personnage en ligne et ses propriétés, pour se déplacer dans différents métavers avec un avatar personnalisé. « C’est très intéressant », poursuit Shayli Harrison. « J’ai hâte de voir ce que les joueurs et joueuses proposeront une fois qu’ils seront totalement autonomes. J’espère devenir bientôt chasseuse de tendances dans le monde numérique, une sorte de pendant virtuel d’un·e photographe de street style. » Tout comme la rue et une poignée de blogueurs novateurs ont jadis bousculé la hiérarchie rigide de la mode, le trottoir numérique pourrait lui aussi apporter un changement durable. Les développeurs/euses de mode virtuelle suivent de près les innovations de la réalité augmentée et travaillent déjà avec des lunettes spéciales comme les Google Glass ou les Spectacles de Snapchat qui peuvent donner vie à leurs skins en situation réelle. Des baskets qui prennent feu quand on traverse la rue, un manteau long de plusieurs mètres qui flotte derrière celle qui le porte, une robe qui change de couleur en fonction de la météo : préparez-vous, car fantasy is the new black !
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« LA MODE NUMÉRIQUE EST UNE BOUFFÉE D’AIR FRAIS, UN NOUVEAU CANAL OÙ TESTER ET LANCER DES IDÉES INNOVANTES »
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elle interview Texte Grégory Escouflaire
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NISSA JALAB
LA DARONNE DERRIÈRE DAMSO
Comment devient-on manageuse de Damso ? J’ai toujours été passionnée de musique… Et j’ai toujours su que je finirai là-dedans ! Quand j’avais 16 ans, je partais déjà à Paris avec mon sac à dos et ma caméra pour faire des interviews d’artistes que j’avais contactés sur MySpace. Et les portes s’ouvraient à chaque fois ! Lors de mes études supérieures, je me suis retrouvée à bosser pour une agence de booking, sur des concerts de la Sexion d’Assaut et de Booba… Je n’étais même pas payée ! Je voyais ça comme un stage d’apprentissage. Puis un jour, en 2015, je suis entrée en contact avec le boss d’une maison de disques, parce que j’étais persuadée qu’il se passait un truc en Belgique. C’est comme si j’avais une vision… Et là il me dit : « Vas-y, envoie-moi des propositions », et je lui envoie la première vidéo que Damso venait de mettre en ligne, « Comment faire un tube ? »… Il me rappelle quelques mois plus tard et me dit : « Anissa, Booba veut signer Damso, est-ce que tu veux bien t’en occuper ? » J’étais trop contente !
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« A woman in the music industry »… Le ton est donné sur Insta : on a ici affaire à une entrepreneuse. Et pas qu’un peu : en à peine cinq ans, Anissa Jalab est devenue LA manageuse badass qui gère son biz et le rap game comme personne. Qu’elle soit derrière la carrière de Damso ou celle des nouveaux princes du raï 2.0 (TiiwTiiw, Tawsen), la meuf transforme tout ce qu’elle touche en disques d’or et de diamant. Débrouillarde à jamais, jamais, jamais.
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interview
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Qu’est-ce qui te plaît le plus dans ce métier ?
Et tu ne le connaissais pas ? Non, je lui ai juste envoyé un message sur Facebook pour avoir son numéro, puis je l’ai appelé très tard pour lui annoncer la nouvelle… Il me dit qu’il est chaud, je lui envoie le contrat, et voilà ! J’avais tellement envie que la Belgique soit enfin reconnue pour ses talents, au lieu de toujours croire qu’il faut aller en France pour réussir. Ce complexe, ça m’a toujours frustrée, c’est mon côté nationaliste ! Et donc la signature se fait, et là je dis à Damso : « Maintenant, faut que tu te trouves un manager », et il me répond : « Je sens que c’est avec toi que je dois faire cette aventure »… Quand je l’ai rencontré, j’ai vraiment senti une connexion très forte, alors qu’on ne se connaissait pas du tout. C’est un mec très intrigant, qui dégage un truc inexplicable, une aura presque mystique. Mais je savais qu’il allait aller très loin. Je le sentais.
Et tu avais raison. J’ai beaucoup d’intuition. Je me fais énormément confiance. C’est à la fois ma plus grande qualité et mon plus grand défaut. Quand je disais à l’époque à tout le monde qu’il allait remplir les salles, on me prenait pour une folle, puis quand il a commencé à cartonner on me parlait de chance… C’est pour ça qu’en 2018 j’ai pris sous mon aile un deuxième artiste, Tawsen (voir encadré), parce que j’avais besoin de me prouver que j’étais capable de faire percer quelqu’un d’autre… J’ai trop de fierté. « Comment ça c’est de la chance ?! » Je suis maman. J’ai sacrifié plein de moments de famille pour les accompagner, tellement j’étais déterminée. Tellement mon objectif était clair et que je voulais y arriver. C’est pour ça aussi que j’ai lancé mon label, « The Lab Production », un jeu de mots avec mon nom, et parce que je le vois comme un laboratoire : tu entres chez moi et tu ressors en star ! J’aimais bien cette image. Je fais vraiment du sur-mesure.
Ben c’est ma passion, la musique… Donc, honnêtement, je n’ai pas l’impression de travailler ! Même si c’est très fatigant, parce que tu n’as jamais de jour off : c’est du H24. Mais ce qui me plaît le plus, c’est qu’aucun jour ne se ressemble. Et vivre un tel succès, c’est impressionnant ! Ça me remplit. On a réussi à toucher le cœur des gens, à remplir Bercy, à remporter une Victoire de la Musique (l’album rap de l’année avec « Lithopédion » en 2019, NDLR)… C’est choquant ! Et je pense que Damso a fait beaucoup de bien à beaucoup de gens avec ses paroles.
Et beaucoup de mal à beaucoup de femmes aussi, non ? Un seul exemple : la lettre ouverte du Conseil des femmes francophones de Belgique lors de la polémique de l’hymne pour la Coupe du monde en 2018… Dans laquelle elles condamnaient les textes de Damso comme étant « remplis de dégoût, de mépris et de violence verbale envers les femmes »… Tu en penses quoi ? Moi je vais te dire une seule chose, et je le pense sincèrement : personne ne m’a jamais autant respecté que Damso. Je n’ai même jamais vu un homme respecter autant la femme. Honnêtement. Bref, ici, on parle d’un cas parfait de liberté d’expression :
C’est quoi une bonne manageuse ? Pour moi, le maître mot, c’est la bienveillance. Avec Damso, par exemple, on aurait pu faire un million de choses en plus (Damso a annoncé se retirer du game après la sortie de son dernier album « QALF », NDLR). On pétait tous les records, mais lui ne le sentait pas. Pour lui l’important c’était de faire les choses avec plaisir et avec passion. T’as des managers qui vont te presser comme un citron, mais moi ce que je fais, c’est vraiment de l’accompagnement. Quelles sont tes envies en tant qu’artiste ? Tes objectifs ? Parce que je suis celle qui a le recul. Selon moi, être une bonne manageuse, ce n’est pas un truc que tu apprends à l’école. C’est d’abord un tempérament. Un caractère. Tu es à la fois la psy de l’artiste, sa maman, sa grande sœur.
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« T’AS DES MANAGERS QUI VONT TE PRESSER COMME UN CITRON, MOI, CE QUE JE FAIS, C’EST VRAIMENT DE L’ACCOMPAGNEMENT »
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elle interview Anissa en compagnie du Dems et de Jeny BSG, la danseuse qu’elle manage (aussi)… Et qu’on a vue chez Ellen DeGeneres.
« QUAND J’AI DÉBARQUÉ DANS CE MILIEU-LÀ, J’AI VOULU EFFACER MON GENRE »
Moi, je ne me suis jamais sentie comme une merde parce que j’étais une femme. D’autant que Damso est tellement respecté dans le game qu’automatiquement on te respecte en tant que manageuse… Mais c’est vrai que quand j’ai débarqué dans ce milieu-là, j’ai voulu effacer mon genre. Quand on me disait : « C’est fou tout ce que tu fais dans un milieu d’hommes », je le prenais très mal. Attendez les gars, parce que je suis une meuf, je ne suis pas censée être là ? Du coup, je ne voulais pas qu’on me remarque en tant que femme, qu’on mette en avant ma féminité : je voulais que mon travail seul soit pris en compte.
C’est quoi le plus dur dans ce métier ? C’est quand même un milieu de requins ! Et moi je suis une vraie gentille, j’ai une personnalité très lumineuse… Bref, au début, il m’a fallu du temps pour comprendre que c’était pas les Bisounours. Mais en même temps ça m’a forgée. Parce que j’étais très jeune : j’avais 25 ans. J’ai pris dix ans d’âge en cinq ans. Ça m’a vraiment fait évoluer.
Et ta plus grande joie ? Quand je réalise mes objectifs. Et avec Damso, il y a eu des moments de joie intense. Tout était tellement décuplé. À la sortie de « QALF », il était l’artiste le plus écouté au monde (avec plus de 14 millions de streams en une seule journée, NDLR) ! Personne n’a jamais accompli ça en Belgique, ni en France.
Vous avez sorti le champagne au moins ? Nooon, il ne célèbre jamais rien ! Et c’était très frustrant pour moi, parce que j’ai besoin d’extérioriser… Et là on gagne des disques d’or, de diamant, et lui te dit : « Anissa, il faut rester concentrés. » C’est un philosophe le mec ! Idem quand on a fait Bercy : pour moi, c’était juste énorme, j’en savourais chaque instant, alors que pour lui c’était juste le résultat d’un travail acharné. C’était juste logique… Mais pour en revenir à la joie, moi je pars du principe qu’on attire ce qu’on est : plus tu es dans la joie, plus t’attires le positif. Et plus t’attires du positif, plus tu montes. Ça, c’est vraiment mon « mindset » : n’attirer que du positif ! @anissatv @the_labproduction
MAROC ARRIVE De l’homme qui valait un milliard de vues sur YouTube (TiiwTiiw) au « Damso marocain » (ElGrandeToto), de l’étoile montante de l’urban pop (Manal) au nouveau daron du néo-raï (Tawsen), Anissa Jalab s’est fixé un nouvel objectif après le carton planétaire de « QALF » : « Développer l’industrie musicale au Maroc », rien que ça. « On a vraiment cassé les portes là-bas, y avait rien à part sur internet, alors que nous, les Arabes, on est des gros consommateurs de musique. » Tailler des « diamants bruts » pour en faire des stars, les « faire breaker » au-delà d’un marché très ciblé (en gros le Maghreb), bref décliner la Dems Touch à l’internationale, en mode habibi et compagnie : c’est la mission, la « vision », que mène notre manageuse en chef depuis la retraite dorée de son premier poulain. Vous savez ce qu’il vous reste à faire : « Aimer, liker et follower. »
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N’empêche que le milieu de la musique — sans même parler du rap — reste encore très patriarcal, non ?
JENY & DAMSO
ce mec explique simplement ce qu’il a vécu avec certaines femmes… Il a vécu ces situations-là : il ne les a pas inventées. Il est juste tombé sur des meufs qui lui ont fait des sales coups, il a vécu des relations qui l’ont marqué, et il en parle. Il raconte son histoire. Après son histoire est crue, qu’est-ce que tu en fais ? Tu édulcores le truc ? Pourquoi il n’y aurait que les femmes qui pourraient crier au scandale quand un homme se fout de leur gueule ? Pourquoi pas le contraire ? Tu ne trouveras jamais personne pour te dire que Damso est un connard qui se comporte mal. En particulier avec les femmes.
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Texte Elisabeth Clauss
LE BONHEUR ?
HEUREUSEMENT, IL NE TIENT QU’À NOUS Être heureux·se est simple, mais ça n’est pas toujours facile. La preuve, c’est qu’un professeur de Harvard, aidé de nombreux scientifiques (des éclairés, pas des fantaisistes), a dû s’y coller pour nous. Tal Ben Shahar enseigne dans l’une des plus prestigieuses universités américaines, celle qui prépare les futur·e·s capitaines d’industrie, les politicien·ne·s, les médecins, les ingénieur·e·s qui changeront le monde. Il leur apprend à viser un autre type de profit que ceux auxquels on pense habituellement, financier, voire humaniste quand on a de la chance. Tal les forme à produire et cultiver le bonheur. Psychologue cofondateur de la Hapiness Studies Academy and Potentiallife, spécialisé dans les domaines de la psychologie positive et du leadership, il publie cet automne son guide des « 5 clefs du bonheur »*, même si cinq, ça peut paraître peu au regard des centaines des verrous de complications tarabiscotées qu’on s’ingénie à flanquer sur tous les aspects de notre vie. Mais il n’est pas naïf : il construit sa démonstration – et c’est ça qui capte notre attention quand on est plutôt hermétique à la méditation à flanc de colline au soleil levant – sur les exemples pratiques et étayés d’études scientifiques. L’auteur prévient : pas question de mettre le bonheur en quarantaine !
1 – FAIRE LES CHOSES SANS Y PENSER ? OUBLIEZ ! C’est logique : plus on reste premier degré, plus on colle au ras du sol. Pour être heureux, vivons perchés, et donnons de la perspective à nos actions. Quand on boucle depuis trois heures un dossier excitant comme des brochettes de tofu sans sauce, il faut changer de perception : la tâche accomplie, on aura dégagé cette ligne de notre agenda, et ce soir, rentré·e un peu plus tôt, on pourra se faire couler un bain à la mousse ananas-rose de Damas, et utiliser tout ce précieux temps gagné à s’enfiler des stories à la chaîne (pardon : à méditer). LA 1 RE CLEF : LE BIEN-ÊTRE SPIRITUEL
Pour Tal, c’est la première étape vers le bonheur. Il rappelle que le « présent » est aussi un « don ». La pleine conscience, un exhausteur de sens. Ce qui implique de ne pas se laisser distraire sans arrêt, et de s’impliquer dans chacun de nos actes du quotidien. Pour cela, il n’y a pas de mystère : il faut se déconnecter de nos chères distractions virtuelles. Pour mieux se reconnecter à nos petits moments réels.
2 – AUTORISEZ-VOUS À VOUS REPOSER C’est l’illustration du concept selon lequel « si tu peux le feindre, tu peux le faire » (originalement « if you can fake it, you can make it »). D’après Tal Ben Shahar, le problème de nos sociétés n’est pas le stress (qui nous rend en fait de nombreux services, dont assurer notre survie face à des hippopotames caractériels – 500 victimes humaines par an, et on n’en parle jamais). Non, notre vraie fragilité, c’est le manque de récupération. L’auteur cite des études qui démontrent que le manque de sommeil affecte notre système immunitaire, fait grossir (le corps va chercher de l’énergie ailleurs), fait vieillir plus vite, et sabote la libido. De quoi en perdre le sommeil. Ou plutôt, le retrouver. LA 2 E CLEF : LE BIEN-ÊTRE PHYSIQUE
Le corps et l’esprit sont liés. Le professeur cite une expérience menée à l’Université de Florida Atlantic : une psychologue a demandé à un groupe de personnes de marcher avec une attitude conquérante, tête haute, à grandes enjambées. Un autre échantillon a été sommé de traîner la patte, épaules voûtées, pendant le même laps de temps. À l’arrivée ? Des gens optimistes et d’excellente humeur, d’autres beaucoup moins enjoués. On vous laisse deviner leur répartition dans
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les équipes. Autre expérience réjouissante : des scientifiques de la clinique de Cleveland ont assigné à un groupe des exercices réguliers du petit doigt, et demandé à un autre panel de s’imaginer en train de les faire. Après quelques semaines, celles et ceux qui n’avaient fait que se concentrer avaient gagné presque autant de force que celles et ceux qui avaient physiquement réalisé ces entraînements. Moralité ? Concilier physique et mental nous ouvrira plus grand de plus belles portes, littéralement sans lever le petit doigt.
3 – LA CURIOSITÉ EST UN EXCELLENT ANTI-DÉFAUT On ne parle pas d’espionner ses « amis » ou pire, son ex, sur les réseaux sociaux. La bienfaitrice soif d’apprendre ne justifie pas tout, même en lendemain de veille en tétant de la Badoit. Ici, le livre nous encourage à poser plein de questions, mais surtout à nous poser les bonnes. Il rappelle que selon l’adage qu’on prête à Confucius, mais au fond on n’en est pas sûrs (d’où l’intérêt de fouiller, toujours) : il vaut mieux avoir l’air bête cinq minutes que tout le reste de sa vie. La curiosité est un muscle, à ceci près que lorsqu’on arrête l’entraînement, au lieu de se ramollir, ce muscle-là reste étiré, renforcé, prêt à reprendre du service. On pose donc des questions, pour devenir moins abscons. LA 3 E CLEF : LE BIEN-ÊTRE INTELLECTUEL
Quel est le point commun entre Mozart, Einstein, Marie Curie et Shakespeare ? Ils ont plus souvent échoué que la plupart des gens. Manifestement, ils n’en sont pas restés là. Tal évoque une étude de l’Université de Davis en Californie, qui démontre que l’échec est essentiel à l’apprentissage et au développement. À condition de s’accrocher, ce qui demande une certaine sécurité psychologique. Le professeur, qui est quand même drôlement sage, dit : « Apprenez à échouer ou échouez à apprendre. Il n’y a pas d’autres alternatives. » Il nous invite par là à accepter l’incertitude. Enfin, je crois.
4 – #MESAMI·E·SMARICHESSE Les vrais, celles et ceux qui vous aiment à bras le corps et sont vos potes pour toujours, pas celles et ceux qui vous likent du bout du doigt juste pour avoir un poke de retour. Il s’agit des conclusions d’une étude majeure menée par l’Université d’Harvard sur une période de quatre-vingts ans. On n’est pas sur un Doodle, donc. Les millions de données analysées sur plusieurs générations révèlent que « ni l’argent, ni les récompenses, ni la réussite matérielle ou le prestige » ne garantissent le bonheur. Mais « la relation humaine, et les relations sociales intimes sources de soutien », complètement. En conséquence de quoi, arrachez tout de suite ces appareils électroniques des mains de vos gamins, et envoyez-les se faire des copains (c’est écrit dans le bouquin).
LA 4 E CLEF : LE BIEN-ÊTRE RELATIONNEL
Pour recevoir, il faut commencer par donner (comme dans un magasin, finalement). Toujours à la lumière d’études circonstanciées qui expliquent ce principe plus scientifiquement, non seulement se montrer généreux avec les autres et avec soi-même rend plus heureux, mais cela accroît considérablement la confiance en soi. Tal explique que si le mot hébreu pour « donner », « natan » est un palindrome (il se lit dans les deux sens), ça n’est sans doute pas une coïncidence. Et on ajoute que le bonheur, d’ailleurs, « natan » pas le nombre des années.
5 – RESSENTONS, IL EN RESTERA TOUJOURS QUELQUE CHOSE L’auteur souligne l’injustice majeure faite à nos émotions douloureuses : on les refoule. La joie, l’euphorie, la compassion, la bonne humeur tout ça, bénéficient d’un pass illimité, full access backstage et loges. Mais celles qui sont moins marrantes ou moins glorieuses (tristesse, jalousie…), on les rejette le plus loin possible. Avec fort peu d’efficacité, comme on sait. Tal rappelle ce que savent déjà tou·te·s celles et ceux qui ont dû écluser un chagrin d’amour : « Rejeter les émotions les rend plus fortes. » Ou, comme dirait Étienne Daho qui s’y connaît pour faire vibrer notre corde sensible : « L’amour, comme un boomerang. » Que faire pour éviter de se reprendre ces émotions dans le museau ? Selon des études, après un coup dur, celles et ceux qui serrent les dents s’en sortent globalement moins bien après un an que celles et ceux qui auront pleuré et parlé de leurs tourments. Il compare les émotions à la gravité : on ne peut pas y échapper. Apparemment, vu comme on va les partager, nos amis non plus… LA 5 E CLEF : LE BIEN-ÊTRE ÉMOTIONNEL
Le professeur donne des pistes concrètes : d’abord, le processus d’acceptation active, qui n’est pas de la résignation, mais plutôt une façon d’aborder l’adversité de la façon la plus appropriée. Notamment, en ne confondant pas ce qu’on ressent, et qui on est. Entre « je suis triste/je suis jaloux·se », et « je ressens de la tristesse/de la jalousie », il y a un monde de points de vue, qui pourraient nous soulager. Et puis, apprendre à se réjouir, à cultiver l’espoir, à ne pas se circonscrire à une idée arrêtée de soi-même ni des événements. Pour aller de l’avant, commençons, à l’invitation de cet auteur qui est finalement un philosophe, à démythifier la réussite comme clef du bonheur : des tas de recherches (réussies) démontrent que la réussite (d’examens, de concours…) est très surfaite à moyen terme. On pense que cela changera notre vie, puis rapidement – qu’on ait échoué ou scoré – on revient au même niveau de satisfaction qu’avant. « Ce n’est pas la réussite qui conduit au bonheur, mais plutôt le bonheur qui conduit à la réussite. » Et si on a compris ça en refermant le livre, on aura à la main un porte-clefs comme un couteau suisse. *Robert Laffont
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Ensemble, Chanel.
MARLEEN DANIËLS
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Stylisme Francis Boesman Photos Marleen Daniëls
L’ ART DE LA JOIE Lyna, Zoe, Amber, Hebe, Marleen, Carli, Sophie. Ces femmes aux multiples talents ont accepté de partager avec nous un peu de leur souffle créateur et de leur magnifique énergie. Elles portent les nouveaux vêtements de la saison, érigées en muses le temps d’une rencontre dans les coulisses de De Studio, au cœur d’Anvers. On découvre leurs histoires joyeuses, thème de ce numéro.
Coiffure et make-up : Kim Theylaert pour Dior et Eva De Keersmaeker — Mannequin : Hebe @ Dominique Models —Assistant photo : Andrew Thomas — Assistant stylisme : Joshua Basubi — Production : Marie Guérin — Direction artistique : Iris Rombouts
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Texte Ans Vroom
Du lever au coucher, l’art est omniprésent dans sa vie. Et à chaque fois que son travail est couronné de succès, elle s’offre une pièce intemporelle d’un créateur belge. Espérons qu’Amber Andrews ait de la place dans sa garde-robe.
AMBER ANDREWS PEINTRE
Les choses vont bon train pour Amber Andrews (26 ans). Depuis qu’elle a été repérée par la galeriste Sofie Van de Velde et la galerie Ciaccia Levi à Paris, ses tableaux se vendent comme des petits pains. Elle est rayonnante lorsqu’elle arrive à De Studio, car elle part exposer en Italie deux jours plus tard. Malgré le succès, Amber reste très modeste. « Je me réjouis bien entendu de la reconnaissance dont je bénéficie aujourd’hui, mais le monde de l’art est capricieux et je n’aime pas trop le tapage médiatique. Je tire ma satisfaction de la création. » À 26 ans à peine, Amber semble remarquablement posée et mature. Elle explique cette personnalité réfléchie par le rappel à la réalité qu’elle a connu au cours des premières années qui ont suivi sa formation à l’Académie des beaux-arts d’Anvers. « J’ai toujours été très rationnelle. À l’école, on est entouré pendant quatre ans de personnes qui partagent les mêmes idées, mais ce n’est qu’après avoir obtenu son diplôme qu’on entre dans le monde réel. Je savais que personne ne m’attendait, alors j’ai travaillé très dur de façon à gagner suffisamment d’argent pour continuer à peindre après mes heures de travail. Parce que la peinture était et reste la seule chose que je veux vraiment faire. » Amber a été contaminée par le virus de l’art dès son plus jeune âge lorsque, enfant, elle fréquentait les ateliers de son oncle (le peintre Nick Andrews) et de sa tante (la sculptrice Nadia Naveau). « Je viens d’une famille d’artistes. Mon oncle et ma tante sont bien établis dans le monde de l’art. Pendant des années, j’ai évité de mentionner mon nom de famille parce que je ne voulais pas être “la nièce de”. Mais je dois beaucoup à mon oncle, car c’est
lui qui a convaincu mes parents de me laisser étudier l’art. Il a vu quelque chose en moi bien avant les autres. L’art, c’est toute ma vie. Mon compagnon (Tom Poelmans) est également peintre. C’est très agréable de pouvoir partager ma passion avec lui. Du lever au coucher, l’art est omniprésent dans notre vie. J’apprécie particulièrement la peinture classique de la Renaissance et le Modernisme. Je peux me perdre complètement dans des œuvres qui racontent une histoire. En visitant une exposition de mon grand héros David Hockney, je suis restée sans voix devant ses tableaux. Je m’inspire de toutes sortes d’objets que je trouve dans des ressourceries ou sur des sites de seconde main. Je suis atteinte de collectionnite aiguë et j’aime m’entourer de bibelots, tout comme Ariel dans “La Petite Sirène” (rires). Chaque nouvelle trouvaille me rend heureuse, et je suis capable d’apprécier la beauté des choses simples. La bonne nourriture et les beaux vêtements me mettent également en joie. À chaque fois que mon travail artistique est couronné de succès, je m’offre une pièce intemporelle d’un créateur belge. Dries Van Noten et Martin Margiela sont mes préférés. Les chaussures que j’ai achetées après avoir vendu ma première œuvre, je les ai surnommées mon ode à la joie. Mon grand rêve est de pouvoir un jour vivre de mon art. Le sentiment que mon travail suscite l’intérêt me donne une force incroyable. Tout artiste cherche à ressentir ce déclic qui se produit lorsqu’il remarque qu’il crée quelque chose de précieux. Je ne peux qu’espérer pouvoir me consacrer à mon art encore très longtemps. » •••
sofievandevelde.be — ciaccialevi.com — Suivez Amber sur Instagram @amberandroes. 96 ELLE magazine
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Pull à col roulé en jersey, Essentiel. Manteau en velours avec imprimé et pantalon assorti, col et ceinture, le tout Daniela Gregis. Bottes à plateforme en cuir, AGL.
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« JE M’INSPIRE DE TOUTES SORTES D’OBJETS QUE JE TROUVE DANS DES RESSOURCERIES OU SUR DES SITES DE SECONDE MAIN » AMBER ANDREWS
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Hebe : col roulé en laine, écharpe en soie, gilet en tweed avec capuche et jupe assortie, bottes en cuir verni et lunettes de soleil, le tout Christian Dior.
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Hebe : robe en soie avec imprimé, MSGM. Cuissardes en cuir, AGL. Amber : pull à col roulé en jersey, Essentiel. Pantalon avec imprimé, col et ceinture, le tout Daniela Gregis. Bottes à plateforme en cuir, AGL.
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Ensemble, Chanel. Cuissardes en cuir, Arket.
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Texte Marie Guérin
Être mannequin est définitivement une forme d’art, du mouvement, de la pose et de l’interprétation. Elle se réinvente, à chaque séance, un personnage. Pour notre shooting, Hebe est à la fois la toile sur laquelle se dessine le thème du numéro, la joie, mais aussi le mentor bienveillant qui a rassuré celles qui shootaient pour la première fois.
HEBE MANNEQUIN
Vingt ans, c’est peu, mais pour un modèle, c’est suffisant pour gagner toute son assurance. C’est ce qui m’a plu chez Hebe, la spontanéité et l’énergie de sa jeunesse, mélangées à la maturité d’une vieille âme qui a déjà parcouru le globe. « J’ai toujours adoré poser. Quand j’étais enfant, je me maquillais et je défilais. J’ai été repérée pour la première fois dans une galerie commerçante d’Utrecht quand j’avais douze ans. Et je n’ai jamais cessé d’y penser, je voulais devenir mannequin après mes secondaires. Mais j’ai galéré à trouver une agence qui partageait mes valeurs. J’ai fini par faire moi-même un casting pour trouver l’agence parfaite (rires) ! » C’est Touché Models qu’elle a choisi aux Pays-Bas et Dominique Models en Belgique. Et puis les contrats se sont enchaînés. « J’ai eu mon premier job juste avant mes 18 ans, à Milan. J’avais dit à mes parents que je ferais tout pour vivre là-bas. Et j’ai tenu parole ! » Après avoir défilé à la Fashion Week, elle comprend rapidement que le catwalk, ce n’est pas son truc. « Je voyais l’excitation des filles autour de moi et je ne ressentais pas la même chose. J’avais l’impression que ce n’était pas ma place. En réalité, je me sens plus à l’aise avec les shootings commerciaux. Quand je pose, je suis relax. Je fais juste “mon truc” et je me concentre sur l’objectif plutôt que la personne derrière. Les choses sont naturelles, même quand j’ai des poses compliquées. Ce sont des mouvements spontanés. » Et si elle me confie qu’elle évite d’intellectualiser son travail, je comprends qu’elle se prépare avant chaque shoot pour appréhender l’univers
de la marque. Avait-elle été scruter l’Instagram du ELLE Belgique ? « Je connais bien le ELLE (rires). Même si un magazine peut raconter plein d’histoires différentes. Avec le thème de la joie, je savais que je devrais rire beaucoup. J’adore ça ! Si ça avait été l’édition des “tough girls”, les dures à cuir, je n’aurais pas été le bon casting. C’est la mission que je préfère : être joyeuse et sourire. » Plus facile à dire qu’à faire. Surtout quand ton corps est ton outil de travail : une relation qui n’est pas toujours simple, si ? « J’ai dû apprendre à être en confiance avec mon corps. C’est un vrai parcours. Depuis peu, je suis fière de qui je suis sans avoir besoin de me comparer aux autres. D’ailleurs, quand tu n’es pas 100 % à l’aise avec qui tu es, ça se ressent sur les photos. Je n’ai jamais prêté attention aux pressions de l’industrie jusqu’à ce qu’à un moment, je perde du poids. On a fini par me dire que finalement, j’étais trop maigre. J’ai compris qu’il y avait une grande différence entre ce que veulent les clients qui ne recherchent désormais plus du tout la taille 0 et les agences qui sont encore parfois très à cheval sur les mensurations. Cela doit changer. Alors, je vis la vie que je désire, je profite de mes amis, je mange, je m’amuse et je ne me restreins pas la veille d’un jour de travail. Et, je dois te le dire… je me sens fabuleuse en ce moment ! » Parce que tu l’es, mon chou, et ta joie de vivre rayonne sur ce shooting. Suivez Hebe sur Instagram @hebe_witte.
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« JE VIS LA VIE QUE JE DÉSIRE. JE PROFITE DE MES AMIS, JE MANGE, JE M’AMUSE, ET JE NE ME RESTREINS PAS LA VEILLE D’UN JOUR DE TRAVAIL » HEBE
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Hebe : col roulé en laine, écharpe en soie, gilet en tweed avec capuche et jupe assortie, bottes en cuir verni et lunettes de soleil, le tout Christian Dior. Marleen : chemise, Jil Sander via Louis. Blazer, pantalon et mocassins, Balenciaga via Louis.
« UN JOUR, J’ÉTAIS DANS UN VILLAGE DÉTRUIT EN IRAK ; LE LENDEMAIN, DEVANT UN PODIUM À PARIS. CE CONTRASTE A CONFÉRÉ UNE CERTAINE PROFONDEUR À MON TRAVAIL DANS L’UNIVERS DE LA MODE » MARLEEN DANIËLS
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Robe à carreaux, Selected Femme. Débardeur en laine, Howlin. Collier, Louis Vuitton. Sac fluffy, Stand Studio. Chaussettes, Arket. Chaussures, Essentiel.
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Texte Ans Vroom
Carli Gellings a façonné son identité au moyen de la danse et, grâce à la chorégraphie, sa carrière a pris une nouvelle direction. Pour elle, la danse, le théâtre et la musique sont inextricablement liés.
CARLI GELLINGS DANSEUSE-CHORÉGRAPHE
Carli Gellings (27 ans) est tout sauf une ballerine ordinaire. Son travail se situe au croisement de la danse contemporaine et du théâtre, et en discutant avec elle, je suis frappée de constater à quel point son discours est réfléchi. Carli ne se cantonne pas à l’exécution de pas existants. Elle veut faire passer un message, et cet automne, elle le fera pour la première fois en tant que chorégraphe, avec le spectacle « We Go Places » de la compagnie Fabuleus, basée à Louvain. « C’est la toute première fois que je conçois un spectacle sans être moi-même sur scène, je n’aurais jamais pu deviner toute l’énergie que ça procure. Les onze jeunes qui racontent cette histoire se trouvent à un moment crucial de leur vie. C’est incroyablement inspirant de les voir tâtonner en quête de leur identité. » Le parcours de Carli n’a pas été de tout repos non plus. « Au cours de mes dernières années d’école secondaire, je me sentais mal dans ma peau. Je manquais de confiance en moi et je peinais à trouver ma place parmi les adolescents de mon âge. C’était une période de grande solitude. C’est pourquoi j’ai choisi délibérément d’aller étudier dans une autre ville, dans un autre pays. » Carli déménage alors à Tilbourg, où elle étudie la danse et le théâtre, avec succès, puisque depuis qu’elle est diplômée en 2015, elle n’a presque pas cessé de travailler. « La formation en danse m’a permis de me retrouver, de m’aimer à nouveau. La danse a toujours été mon exutoire, depuis que je suis toute petite. Je n’étais pas la danseuse la plus virtuose ni la plus technique, mais la danse est un moyen de m’exprimer, de formuler des questions
et de libérer des émotions devant un public. Je peux lâcher prise totalement et j’en retire beaucoup de joie. Les recherches que je fais pour préparer mes représentations comptent tout autant. Je puise mon inspiration dans différentes disciplines artistiques, car je crois que la photo, la musique, le théâtre et la danse peuvent se renforcer mutuellement. J’ai une énorme admiration pour une chorégraphe comme Pina Bausch, qui a magistralement réussi à connecter le théâtral et le social. » Carli rayonne quand elle parle de son travail. Il est clair qu’à travers cette représentation, elle semble avoir trouvé sa voie, même si elle reste très prudente lorsque je l’interroge sur ses attentes. « J’essaie de ne pas me projeter trop loin. Quand on attend trop de la vie, on ne peut être que déçu. Bien sûr, j’ai beaucoup de rêves, et je veux poursuivre mon développement en tant que créatrice. Je veux continuer à explorer la manière dont je peux laisser mon empreinte dans le paysage théâtral, à la fois en tant qu’artiste individuelle et avec la compagnie Batmat, que j’ai fondée avec trois amies actrices. Pardessus tout, je suis extrêmement reconnaissante de pouvoir faire chaque jour ce que j’aime. Ce n’est pas toujours facile, certes, mais si vous sentez vraiment que vous devez monter sur scène, je vous conseille de ne pas hésiter et de vous lancer. Si vous pensez que c’est ce que vous devez faire, il y aura toujours une place pour vous. » fabuleus.be — Suivez Hebe sur Instagram @carligellings.
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Carli : robe à rayures et bottes de neige, le tout Kenzo. Hebe : col roulé à rayures, Stieglitz.
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« LA DANSE A TOUJOURS ÉTÉ MON EXUTOIRE. SANS ÊTRE LA DANSEUSE LA PLUS TECHNIQUE, J’Y AI TROUVÉ UN MOYEN D’EXPRESSION » CARLI GELLINGS magazine ELLE 109
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Lyna : chemise à carreaux, Pinko. Débardeur en laine, Attic and Barn. Jupe à carreaux, Burberry. Manteau à carreaux, Pinko. Chaussettes, Arket. Chaussures, Monki. Hebe : col en jean, Essentiel. Pull en laine, Momoni. Jupe à carreaux, Collectors Club. Chaussettes, Falke. Chaussures, AGL. Carli : robe à carreaux, Selected Femme. Débardeur en laine, Howlin. Collier, Louis Vuitton. Écharpe, Howlin. Chaussettes, Arket. Chaussures, Essentiel.
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Texte Marie Guérin
Une toute petite demoiselle à la démarche déterminée avec un T-shirt oversize et un pantalon large pointe ses yeux perçants sur moi. Sa voix est suave, elle parle néerlandais, anglais et français dans une même phrase. Je pense tout de suite que je vais adorer cette personne.
LYNA CHANTEUSE
Lyna a 23 ans, mais la vie ne l’a pas épargnée. Il se dégage d’elle l’assurance d’une femme qui peut tout surmonter. À 4 ans, elle agrippait son premier micro, à 8 ans, elle postait des covers de R’n’b sur YouTube et à 15 ans, elle enregistrait ses premiers titres en studio. Après avoir participé à tous les concours, tous les télécrochets en Flandre, monté un girlsband, elle atterrit à « The Voice Van Vlaanderen », et ensuite tourne la page. « Oui, j’ai vraiment testé plein de trucs (rires) ! Et puis pendant deux ans, j’ai cherché ma voie. J’ai sorti ma première chanson, “Smoke”. J’ai ensuite lancé plusieurs EP : “Gemini”, “Lemon Haze” en 2020, et maintenant je travaille sur un nouvel album. » Parce que Lyna est une chanteuse pressée. Biberonnée au son des années 90 et 2000, elle commence par la pop et continue à affiner les contours de son univers musical. « Aujourd’hui, je pense que j’ai vraiment trouvé mon son : c’est un mélange de R’n’B et de trap avec beaucoup de “old school vibes”. S’il fallait décrire mon univers en images, il serait divisé en deux parties : une complètement rose et bubblegum, faite de paillettes et de lumière. L’autre plus sombre, plus introspective. C’est sans doute parce que je suis gémeau. Je peux m’adapter à plein de choses et c’est ce que ma musique reflète. » Sa voix est son instrument, elle imagine ses textes et compose à l’instinct. Elle me parle de Big Mama Thornton, d’Etta James, d’Otis Redding et de Little Richard, de leur technicité, de leur âme. Ça me donne envie de chanter ! Mais heureusement pour elle, je m’abstiens. « J’ai commencé à écrire mes textes il y a trois ans. Ça a été un déclic. Avant, je travaillais avec des
auteurs à qui je devais expliquer ce qui se passait dans ma vie, mais c’était finalement plus simple pour moi de trouver mes propres mots. Je parle beaucoup de ma vie : il y a beaucoup de “dramas” donc j’ai beaucoup de choses à dire (rires). Ça sort tout seul. » Il y a deux mois, Lyna a perdu ses managers et, emportant avec eux les droits de toutes ses chansons. Elle ne peut désormais plus rien diffuser, plus rien chanter. « Imagine un peintre avec une galerie remplie de ses œuvres et puis, du jour au lendemain, il ne reste plus que des murs blancs. Tout est vidé. Leur message était clair : si je n’avais pas de succès avec eux, je n’en aurais pas du tout. On parle de quatre ans de travail, de 150 chansons. » Mais Lyna, je l’ai dit, n’a pas de temps à perdre. Elle préfère mettre son énergie dans la création plutôt que la poursuite de ce qu’elle a perdu. « En septembre, je sors mon nouveau single : “WIN”. Il raconte toute cette histoire. J’ai eu envie d’expliquer d’où je viens, ce que j’ai fait dans ma vie et où je vais. » Et là je comprends. Quand la musique est à ce point liée à tes plus profondes aspirations, ton salut passe par la création. C’est l’essence d’une vocation. « Ce qui m’apporte le plus de joie dans la vie, c’est chanter sur scène. Je me sens tellement bien, c’est indescriptible. Parfois, je vais au studio parce que j’ai le blues et j’ai besoin de me mettre en face d’un micro. Je chante et tout s’éclaircit. » C’est aussi ce qui m’arrive quand j’écoute sa musique : la sensation douce et enveloppante de profiter de quelques minutes de répit. La sortie de son single « Win » est prévue début septembre 2021.
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Top, Guess. Manteau, Christian Wijnants. Bottes, AGL. Lunettes de soleil, Christian Dior.
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Lyna et Hebe : total looks, Prada.
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Top, Guess. Manteau, Christian Wijnants. Bottes, AGL. Lunettes de soleil, Christian Dior.
« PARFOIS, JE VAIS AU STUDIO PARCE QUE J’AI LE BLUES ET J’AI BESOIN DE ME METTRE EN FACE D’UN MICRO. JE CHANTE ET TOUT S’ÉCLAIRCIT » LYNA LAHBIRI
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Texte Marie Guérin
Il me tardait de rencontrer Zoé ! Il y a toujours quelque chose de fascinant à l’idée de percer les mystères de l’écriture. Comment un monde peut-il vivre en toute autonomie dans l’esprit de quelqu’un ?
ZOÉ DERLEYN L’ÉCRIVAINE
Dans son premier roman, « Debout dans l’eau », Zoé raconte l’histoire d’une petite fille à l’imagination fertile, entourée par la nature. C’est un monde de sensations, de perceptions et d’éveil des sens. On peut littéralement – le mot est bien choisi – ressentir l’étang dans le jardin. D’où vient cette écriture ? « J’ai toujours écrit. Des journaux intimes, des petites histoires, des notes. Mais ça m’a pris beaucoup de temps avant d’envisager d’en faire quelque chose de tourné vers l’extérieur », me confie Zoé. J’aime son élégance, sa voix posée et son regard profond. Je lui imagine une vie jalonnée d’épreuves et de bonheurs, d’intensité et de douceur. Elle a probablement eu mille vies. « Mon premier amour, c’est la peinture. J’ai étudié à l’Académie des beaux-arts de Tournai. J’ai commencé à intégrer l’écriture dans mes tableaux. J’ai réalisé un journal intime en peinture avec du texte, du collage, des photos. À un moment donné, j’ai arrêté de peindre, mais j’ai continué à écrire. Il a fallu longtemps avant d’envisager d’être publiée. C’était en 2017, j’avais 42 ans (rires) ! » Elle sort alors un recueil de nouvelles, « Le Goût de la limace », dix textes courts qui cristallisent cette écriture organique, presque comme un réflexe. « Au moment où j’ai commencé à envisager la publication, ça a modifié mon écriture : j’ai dû terminer ce que j’écrivais. J’ai découvert ce que cela faisait de ne plus se limiter à des impressions ou des débuts d’histoire comme lorsque tu vois quelqu’un dans la rue et que ça te touche, je ne pouvais plus m’arrêter à cela. D’ailleurs, “Debout dans l’eau” était une nouvelle
à l’origine, mais je n’arrivais pas à lâcher le personnage de la petite fille. Si la nature est très présente, c’est parce que cela faisait écho à mes inquiétudes sur le réchauffement climatique et les problèmes écologiques. » Voir quelqu’un dans la rue, dans le train, entendre une bribe de conversation sont autant de sources d’inspiration. « Cela pourrait être un shooting mode aussi (rires) ! Tout à coup, on vit une situation qui déclenche l’écriture. Cela peut être une émotion. Même si je ne fais pas d’autofiction, je pars toujours de quelque chose que j’ai ressenti en remettant ce sentiment chez mon personnage. Quand je vois quelque chose de beau, de dur aussi, une très belle lumière, j’ai envie de la capter avec des mots. Je ne sais jamais où je vais. Je ne sais jamais comment cela va se terminer. » Lorsqu’elle décrit ces instants volés à la vie quotidienne, je vois qu’ils sont précieux comme autant de petites joies. Une poésie qui se dépose instinctivement sur ses notes de papier. Est-ce là son moteur ? « Il y a les grandes joies de la vie et les petites joies. Ce matin, j’étais à la gare, il y avait une super lumière, des petits oiseaux, ça m’a enchantée. Mais c’est aussi boire un thé, choisir mes vêtements le matin. Aujourd’hui, je suis sortie de ma zone de confort en enfilant cet ensemble Christian Wijnants. Je me sens complètement différente ! » Et ce look lui va à ravir. Peut-être est-ce le début d’une prochaine nouvelle ? « Debout dans l’eau » de Zoé Derleyn, ed. du Rouergue, 16 €.
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Robe en soie à imprimé floral, sac matelassé et bomber assortis, le tout Christian Wijnants.
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Zoé: robe en soie à imprimé floral, sac matelassé et bomber assortis, le tout Christian Wijnants. Hebe : robe chemise en cuir, Riani. Pull en laine mohair, Sportmax. Cuissardes en jacquard, Prada.
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« IL Y A LES GRANDES JOIES ET LES PETITES JOIES. CE MATIN, J’ÉTAIS À LA GARE, IL Y AVAIT UNE SUPER LUMIÈRE, DES PETITS OISEAUX, ÇA M’A ENCHANTÉE » ZOÉ DERLEYN
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Texte Ans Vroom
Il fallait qu’elle joue de la harpe, c’était plus fort qu’elle. C’est ce qu’elle a fait, et c’est une chance pour nous. À travers ses concerts uniques, Sophie Baguet rend la musique de harpe — à la fois classique et contemporaine — accessible à un nouveau public.
SOPHIE BAGUET HARPISTE
J’aperçois à peine le corps frêle de la jeune musicienne quand Sophie Baguet (28 ans) franchit la porte du centre d’art De Studio avec son imposante harpe. « Lorsque j’ai dû choisir un instrument à l’âge de 10 ans, tout le monde a essayé de me convaincre d’opter pour quelque chose de plus accessible comme le piano ou la guitare », raconte-t-elle. « Mais ce n’était absolument pas une option pour moi. Ma décision était prise. Il fallait que je joue de la harpe, c’était plus fort que moi. J’ai toujours été assez têtue », poursuit-elle en rigolant. Elle peut sembler menue et innocente de prime abord, mais Sophie est une artiste ambitieuse qui sait très bien où elle veut aller. « Les gens ont une vision dépassée de la harpe. Je veux montrer que c’est un instrument polyvalent. Pendant mes études, lorsque j’ai découvert que peu de compositeurs contemporains osaient écrire de la musique pour harpe, je me suis personnellement adressée à eux en leur demandant de composer des morceaux pour moi. Mon objectif est d’élargir le répertoire étriqué et de décloisonner le genre. Je veux rendre la musique classique plus accessible en offrant au public une expérience globale et singulière. Par exemple, j’ai déjà donné un concert dans une piscine ou demandé au public de changer de place pendant une représentation. Assister à un concert classique ne signifie pas nécessairement s’installer dans une salle sombre et écouter un groupe de musiciens statiques. » La passion qui habite Sophie quand elle parle de musique est contagieuse. Pourtant, sa carrière a été mise en veilleuse pendant un temps. « Juste après mes études, j’ai eu du mal à trouver ma place dans le cercle fermé de la musique classique. Par ailleurs,
je suis devenue maman de deux enfants beaucoup plus tôt que prévu. Mais maintenant que Lima (4 ans) et Bas (2 ans) sont à l’école et à la crèche, je parviens à nouveau à dégager du temps pour étudier et donner des concerts. Combiner le travail et la vie de famille n’est pas toujours évident, certes, mais lorsque je joue de la harpe, je m’évade dans un autre monde. Je me blottis contre mon instrument et me laisse absorber pleinement par la musique. C’est physiquement et mentalement très intense, mais ça m’aide à canaliser mon perfectionnisme et me procure de l’énergie. Bien sûr, j’aime mes enfants de tout mon cœur, mais lorsque je joue, ils s’effacent provisoirement de mon esprit. La satisfaction que je retire de ma musique est incomparable. J’ai hâte de remonter sur scène l’année prochaine avec mes propres projets et avec SP!TSBERGEN, une création contemporaine emmenée par le compositeur George De Decker. C’est seulement lorsqu’on a été privé de contact avec le public pendant un moment qu’on remarque le plaisir que représente le live. Avant chaque concert, j’ai le trac et je me demande pourquoi j’ai choisi ce métier. Mais dès que je commence à jouer, toute la tension disparaît. Après les applaudissements, je me sens regonflée à bloc. Ce n’est pas facile de vivre de la musique, c’est pourquoi j’enseigne également, et j’ai fondé l’ASBL Harppunt, une plateforme visant à attirer davantage l’attention sur la harpe en Belgique. Pouvoir transmettre ma passion à un nouveau public, c’est mon grand rêve. » sophiebaguet.com — harppunt.be.
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« JE VEUX OFFRIR AU PUBLIC UNE EXPÉRIENCE GLOBALE ET SINGULIÈRE. J’AI DÉJÀ DONNÉ UN CONCERT DANS UNE PISCINE » SOPHIE BAGUET
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Hebe : T-shirt sans manches avec bermuda assorti et bottes en cuir, le tout Riani. Lunettes de soleil, Victoria Beckham. Sophie : pull court en laine avec le short en laine assorti, manteau en cachemire avec écharpe en fourrure et épingles à cheveux, le tout Fendi. Bottes en cuir, Sarenza. Lunettes de soleil, Christian Dior.
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« BIEN SÛR, J’AIME MES ENFANTS DE TOUT MON CŒUR, MAIS QUAND JE JOUE, ILS S’EFFACENT PROVISOIREMENT DE MON ESPRIT » SOPHIE BAGUET
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Marleen : chemise, Jil Sander via Louis. Blazer, pantalon et mocassins, Balenciaga via Louis.
« JE PHOTOGRAPHIE LES GENS DE LA MANIÈRE LA PLUS PURE POSSIBLE. QUICONQUE POSE DEVANT UN OBJECTIF SE FIGE RAPIDEMENT » MARLEEN DANIËLS
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Texte Ans Vroom
Les gens et leurs histoires ont toujours énormément intéressé Marleen Daniëls. En reportage de guerre ou dans les coulisses d’un défilé de mode, elle aime tout ce qui est réel et pris sur le vif.
MARLEEN DANIËLS PHOTOGRAPHE
Marleen Daniëls (62 ans) est visiblement plus à l’aise derrière l’objectif que devant. Depuis plusieurs décennies, elle est une valeur sûre de la photographie belge, mais elle préfère laisser son travail parler pour elle. Elle me montre fièrement son nouveau livre, « Sarajevo to Paris », qui présente une rétrospective de son incroyable travail des quarante dernières années. Je suis bouleversée par les photos, dont chacune raconte une histoire fascinante. Pour chaque image, Marleen évoque avec enthousiasme une anecdote. « J’ai commencé comme photographe documentaire dans les années 80. C’était une époque très intéressante pour la photographie. J’ai fait le tour du monde en tant que correspondante de guerre et je me suis rendue dans des endroits où personne d’autre n’allait. En parallèle, on me demandait aussi de faire des reportages sur les Fashion Weeks, qui commençaient à devenir très populaires. C’était l’époque des Supermodels et de l’ascension des grands créateurs belges. Je me retrouvais un jour dans un village détruit en Irak ou à Sarajevo, et le lendemain devant un podium à Paris. C’était évidemment un choc culturel, mais ces deux mondes se sont influencés mutuellement, ce qui a conféré une certaine profondeur à mon travail dans l’univers de la mode. » S’il y a un fil conducteur qui relie l’ensemble du travail de Marleen, c’est son intérêt pour les personnes qui passent devant son objectif. « Les gens et leurs histoires représentent ma plus grande source d’inspiration. J’aime les photographier de la manière la plus pure possible, sans pose forcée. En posant devant un appareil photo, on a tendance à se figer rapidement. Dans le même ordre d’idée, je préfère photographier les mannequins professionnels dans les coulisses plutôt que sur le catwalk. Les photos de défilés de mode se ressemblent toutes. Or, je voulais chercher les histoires embusquées derrière les créateurs et les
mannequins. Cette approche correspondait beaucoup plus à mon expérience en tant que photographe-reporter. » Des créateurs du monde entier ont demandé à Marleen de faire des reportages dans les backstages de leurs shows ; elle les a tous vus défiler devant son objectif, de John Galliano et Stella McCartney à Ann Demeulemeester et Dries Van Noten. Pour ce dernier, elle conserve une énorme admiration. « Comme moi, Dries est toujours à la recherche de contenu. Il veut véritablement raconter une histoire à son public. La mode est encore trop souvent associée au glamour et à la superficialité, mais elle est bien plus que ça. Les créateurs talentueux sont des artistes qui livrent une réflexion sur le monde à travers leurs vêtements. Ils m’inspirent, et lors de la préparation de mon livre, je me suis sentie particulièrement fière en repensant à toutes ces belles collaborations. Je me rends compte aujourd’hui que ces photos ont quelque chose d’unique. » Pendant toutes ces années, Marleen ne s’est jamais pliée à l’aspect commercial de la mode. En tant que free-lance, elle a continué avec obstination à faire les choses à sa manière. Aujourd’hui encore, elle insiste pour photographier les mannequins en analogique, car elle estime que cette technique correspond mieux au caractère artistique du shooting. « Le lien entre un photographe et un modèle est magique. C’est une question de confiance. Quand j’ai pris une bonne photo, je le sais. Le monde de la mode est un secteur difficile, mais il constitue une vraie source d’inspiration et de joie. J’espère continuer à faire ce qui me rend heureuse pendant encore au moins dix ans. »
« Sarajevo to Paris », Stockmans Art Books, 75 €. Suivez Marleen sur Instagram @marleendaniel marleendaniels.com magazine ELLE 125
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Sac en bandouillère matelassé, mini-sac, pochette, ensemble veste et jupe, chemisier, collier et boots fluffy, le tout Chanel.
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INDIS PENS ABLES ACCESS OIRES Stylisme Suganuma Shino Photos Omi Saki
L’accessoire nous fait nous sentir unique et pétillante. Parmi ces nouveautés, crushons sur les coups de cœur au rayon sacs et chaussures.
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Sac cabas à poignée en bambou en version médium et mini, robe, boucles d’oreilles, collier et boots à talons, le tout Gucci.
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Sac Speedy, sac Petite Boîte Chapeau, sac Cannes façon artsy, top, jupe, bague et bottes, le tout Louis Vuitton.
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Sac Amazona 28', pochette, robe kaki, boucles d’oreilles, bracelet et bottines jaunes, le tout Loewe.
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Sac Trifolio en version médium et mini, short bleu, haut à col montant, veste et escarpins, le tout Salvatore Ferragamo.
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Sac à bandouillèreKaïa, sac fluffy, chemise à carreaux, blazer, pantalon court en cuir, ceinture, collants et bottes, le tout Saint Laurent.
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ADD SOME COL OUR Notre look renaît de ses cendres sur une palette ultra saturée. Attention, les yeux, ça va chauffer !
JUSTIN PAQUAY, IMAXTREE, PRESSE
Coordination Marie Guérin
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MONOCHROMANIA Une couleur nous obsède ? Alors, on en remet une couche (ou deux ou trois) que l’on n’hésite pas à mixer à d’autres accessoires color block !
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Le look de la saison : l’ensemble en satin Filles à Papa, 195€ la cravate, 490€ la chemise et 540€ le pantalon 1 Sac à main en cuir effet croco Hourglass, Balenciaga, 1 690€ 2 Bottines en caoutchouc, Off White, 985€ 3 Robe à manches bouffantes, Essentiel, 225€ 4 Chemise et pantalon en similicuir, Twinset, 173€ et 159€ 5 Bague en argent, Hotlips by Solange; € 235 6 Escarpins en cuir, Jennifer Chamandi via Net-a Porter, 625€ 7 Boucles d’oreille en plastique, Live-to-Express, 10€ 8 Manteau en laine ceinturé, Victoria Victoria Beckham, 785€ 9 Jupe en satin, Dries Van Noten, 395 10 Porte-téléphone en cuir croco, Maje, 125€ 11 Pull en laine, APC, 185€ 12 Sac Crocodile Monogram, Tommy Hilfiger, 169,90€ 13 Pantalon droit, WE Fashion, 50€
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EN PELUCHE Place à la douceur avec les vêtements ultra texturés : fausse fourrure, dentelle, laine et maille font bon ménage à condition de respecter le code couleur : rouge, mauve et vert !
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Le look de la saison : le manteau en fausse fourrure, Essentiel, 375€, le sac Brillant en cuir, Delvaux, 4300€ et ceinture en cuir (vintage) 1 Mini sac Fly Fur, Patrizia Pepe, 228€ 2 Jupe en tartan, Collectors Club, 395€ 3 Bottines en cuir, Caroline Biss, 285€ 4 Bague en plaqué or, Anna+Nina, 59,95€ 5 Jogging en maille, American Vintage, 115€ 6 Pull vert en maille, Twinset, 191€ 7 Chemisier à dentelle, & Other Stories, 79€ 8 Robe midi beige avec imprimé floral brun, Xandres, 239€ 9 Bottines en satin, Guiseppe Zanotti 795€ 10 Gants en laine, Paul Smith, 60€. 11 Hoodie en coton, Gant, 130€ 12 Legging à imprimé floral, Ganni, 115€ 13 Pull en maille zébrée, LolaLiza, 39,99€.
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Lavallière ou volants, fronces et cols extravagants, ce sont les ingrédients pour rendre un look classique plus flamboyant. Ici, pas besoin de couleur, le volume fait son œuvre.
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Le look de la saison : chemise rayée oversize en coton avec lavallière, Ester Manas, 600€ et jupe crayon en jeans, Façon Jacmin, 245€ 1 Robe en maille, TedBaker, 215€ 2 Blouse en popeline de coton, Ganni, 145 3 Chemise en satin, Nanushka, 425€ 4 Bottine en cuir, AGL, 365€ 5 Boucles d’oreille en argent plaqué or, Wouters & Hendrix, 160€ 6 Jupe crayon en maille, Pinko, 155€ 7 Chemise en coton organique, By Malene Birger; 190€ 8 Jeans, Ba&sh, 170€ 9 Col en soie blanc cassé avec dentelle et perles, Essentiel, 95€ 10 Mocassin en cuir, Sebago, 170€ 11 Escarpins en cuir à plateaux, Steve Madden, 129,99€ 12 Chemise en coton plisée, Lemaire By MyTheresa, 350€
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VINYLE Le plastique n’a jamais été aussi chic et on le préfère recyclé et coloré. On s’inspire des couleurs primaires pour assortir nos pièces monochromes. Et si on a un doute ? Du beige.
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Le look de la saison : Chemise en vinyle, Natan, prix sur demande et le pantacourt en jeans, Façons Jacmin, 190€ 1 Jupe crayon en cuir, 16 Arlington by Net-A-Porter, 732,24€ 2 Doudoune rouge, Filippa K, 695€ 3 Bracelet jaune, Amanda Johanne Linde via Smallable, 101€ 4 Pull en maille, Róhe, 390€ 5 Pochette, N°21, 195€ 6 Mini jupe en cuir, Ted_Baker, 220€ 7 Bottines vernies, Steve Madden, 153,30€ 8 Pull en maille à capuche, American Vintage, 145€ 9 Mules en cuir, Arket, 175€ 10 Trench en similicuir, Daily Paper via Farfetch, 435€ 11 Pantalon droit en vinyle, MM6 Maison Margiela via Farfetch, 290€ 12 Sac rond en cui, Mama Benz, 675€ 13 Babies en cuir vernis, Christian Louboutin, 695€ 14 Jean droit taille mi-haute à découpe et à cristaux, AREA, 756,25€.
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LXS - Luxury Cosmetics
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MASTERCLASS LUXURY COSMETICS Vous recherchez le parfum qui vous va comme un gant tout en étant différent ? Participez à la Masterclass ELLE x Luxury Cosmetics pour découvrir une palette de parfums de niche formulés à base d’ingrédients spéciaux et uniques par leur histoire.
Une Masterclass, kézako ? Il s’agit d’un atelier de découverte olfactive autour de parfums de luxe comme Amouage, Juliette has a gun, Goldfield & Banks, Frapin, Olfactive Studio, Pozzo di Borgo et bien d’autres encore. Loin de l’offre grand public, vous y découvrirez la fragrance qui vous correspond à la perfection. Au cours de la Masterclass exclusive dédiée à Amouage, une édition spéciale, le grand parfumeur de renommée internationale Cécile Zarokian vous entraînera en personne dans un périple inoubliable au pays des senteurs. Deux heures durant dans la parfumerie de votre choix, vous vous immergerez dans le monde merveilleux de la Rolls Royce des parfums. Où et quand : du 16 septembre au 16 décembre 2021 de 19 à 21 h dans 13 parfumeries de luxe. Prix de l’atelier : 55 euros par personne. Lors de l’atelier, vous recevrez un cadeau d’une valeur minimale de 100 euros sous la forme d’un ou de plusieurs kits de découverte de parfums de luxe.
SURFEZ VITE SUR ELLE.BE POUR VOUS INSCRIRE ! 16/09 – Elixsir, Hasselt | 23/09 – Smets Beauty, Luxembourg | 30/09 – Rève d’âme, Knokke-Heist | 14/10 – Parfumerie Margaux, Maaseik 21/10 – Necessities, Anvers | 28/10 – Liquides Confidentiels, Namur | 04/11 – Parfumerie Tina, Erembodegem | 10/11 Parfum d’Ambre, Bruxelles 18/11 – Botanic Sanctuary, Anvers | 25/11 - Beauty by Kroonen, Bruxelles | 02/12 – Introspection, Lipperscheid | 09/12 – Parfuma, Anvers 16/12 – Parfums & Beauté, Laethem-Saint-Martin
CET ARTICLE A ÉTÉ ÉCRIT EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC LXS - LUXURY COSMETICS. WWW.LUXURYCOSMETICS.BE
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NANNIC.BE COMMENT S’ABONNER ? C’EST SIMPLE ET RAPIDE : RENDEZ-VOUS SUR VIAPRESS.BE/MAGAZINE-ELLE-BELGIQUE . D’AUTRES QUESTIONS ? ENVOYEZ UN MAIL À INFO@VIAPRESS.BE, TÉLÉPHONEZ AU 02 556 41 40 (DE 8 H À 16 H 30 DU LUNDI AU VENDREDI) • OU ÉCRIVEZ À AMP - VIAPRESS.BE ROUTE DE LENNIK 451, 1070 BRUXELLES. OFFRE VALABLE JUSQU’AU 23/09/2021. 142 ELLE magazine
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Texte Marie-Noëlle Vekemans
PRESSE ADRIA ARJONA POUR ©ARMANI BEAUTY
On fait le plein d'inspirations et de conseils pour se sentir bien dans sa peau.
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Texte Marie-Noëlle Vekemans
MÉTIER INSOLITE
RUBANIER POUR PARFUM DE LUXE On n’y prête pas toujours attention. Pourtant, ces quelques centimètres de luxe noués sur le col des flacons Miss Dior demandent énormément de temps et de savoir-faire pour être réalisés.
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Dit « poignard » ou « queue d’hirondelle », le nœud de Miss Dior est une véritable signature. Sa dernière version a été réalisée dans le secret des ateliers Faure, l’un des plus grands rubaniers français, dédié depuis des décennies à des créations pour les défilés haute couture. Élaboré pendant de longs mois sur des métiers à tisser en bois traditionnels, ce ruban jacquard est tissé de quelque 396 fils et chaque centimètre contient pas moins de 12.000 croisements. Julien Faure nous livre les secrets de fabrication du nœud coloré qui habille la nouvelle Miss Dior Eau de Parfum. Un trésor de savoir-faire et de gestes séculaires décliné sur chaque flacon.
Aviez-vous déjà collaboré avec une maison de parfums ? Non, jamais jusqu’à présent. Nous sommes les garants d’un savoir-faire français d’exception et avons pour interlocutrices privilégiées les plus grandes maisons de luxe françaises, particulièrement celles de haute couture et d’horlogerie. Les Parfums Dior sont les premiers à avoir eu l’idée d’une collaboration avec un artisan d’art comme moi. C’est une grande première pour nous, car il n’est pas fréquent pour un rubanier de travailler sur le nœud d’un flacon de parfum.
Quel a été le processus avant d’aboutir au résultat final ? Beaucoup de pistes ont été explorées pendant plusieurs mois. Nous avons élaboré de nombreux motifs floraux et essayé plusieurs effets complexes avant de nous arrêter sur ce ruban jacquard entièrement recouvert d’un motif floral en « all-over ».
LE PARFUM Grasse, avril 2020. Non loin des « Fontaines parfumées », François Demachy, nez des parfums Dior, se trouve avec Carole Biancalana, productrice de Rose Centifolia, lorsqu’il découvre dans son jardin une rose qu’il ne connaissait pas. Immédiatement inspirante, « Sweet Love » va devenir le point de départ de la nouvelle Eau de Parfum Miss Dior. La Rose Centifolia est ici mêlée à la fleur préférée de Christian Dior, le muguet. Une pivoine colorée ainsi qu’un iris noble poudré viennent galvaniser cette nouvelle création parfumée.
PRESSE
Miss Dior Eau de Parfum, 50 ml, 109,21 €
LA ROBE Pour la campagne, dont l’égérie est toujours la pétillante Natalie Portman, Maria Grazia Chiuri a imaginé une nouvelle robe spectaculairement féminine et moderne à la fois. Rebrodée d’une myriade de fleurs « Millefiori », elle semble animée par des fleurs sauvages multicolores qui
Quel était l’effet voulu ?
s’épanouissent sur une soie plissée.
Nous avons souhaité faire figurer sur ce ruban clair une floraison presque abstraite, quasi pointilliste. Le résultat est très moderne, comme un jeté de très fines fleurs bleues, roses, jaunes qui recouvre tout l’espace du ruban.
Cette création signe un travail de
Quel a été le défi technique ? Nous avons fait preuve de la même exigence en matière de créativité et de qualité que pour un ruban destiné à une robe de haute couture. Notre travail de recherche minutieux nous a fait opter pour la réalisation dans nos ateliers d’un fil multicolore particulièrement fin, afin que le toucher du ruban reste doux. Un fil qui résulte d’une série d’étapes débutant par l’impression de bobines transparentes, ensuite découpées en fils multicolores.
Sur quel type de métiers à tisser ce ruban a-t-il été conçu ?
La création se déroule toujours sur d’anciens métiers à tisser en bois datant du XIXe siècle qui seuls offrent la technique du tissage à navettes. Les essais pour les rubans d’exception se font toujours sur ces machines que nous avons conservées et restaurées.
broderie d’exception, fruit d’une technique experte. Chaque fleur est, en effet et au préalable, peinte à la main puis imprimée pour être ensuite rebrodée artisanalement, avec un mélange de fils de coton et de soie multicolores. Le travail des mains aguerries des ateliers Couture Dior aura duré 500 heures pour faire éclore cette robe unique.
Peut-on dire que chaque nœud qui orne un flacon de Miss Dior est unique ? Oui, absolument, car les fleurs sont brodées de façon aléatoire. De cette manière, chaque nœud Miss Dior est absolument unique, dans un véritable esprit couture. C’était un énorme défi et nous sommes ravis de l’avoir relevé.
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Texte Marie-Noëlle Vekemans
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REGARD MON BEAU REGARD
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Aucune zone du visage n’est touchée aussi rapidement et durablement que le regard par le temps qui passe, le soleil, la pollution, mais aussi les écrans, la fatigue et les nouvelles habitudes sociétales.
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ne récente étude menée par Dior démontre que cette partie du visage détermine 80 % de notre âge perçu et près de 65 % de notre attractivité. Le regard fait en effet partie, avec la bouche, de ce que l’on appelle le « triangle social » qui est en fait la zone fondamentale sur laquelle l’attention se focalise lors de la découverte d’un visage. Constamment en mouvement, obéissant aux pensées, à l’environnement et aux émotions de manière consciente ou inconsciente, le regard assure un rôle prépondérant dans l’expressivité. Il peut également informer sur la santé de la personne et reflète ses dispositions émotionnelles. Il est l’élément déclencheur de la connexion aux autres, que celle-ci soit amoureuse, amicale, professionnelle ou purement sociale. Plus de raisons qu’il n’en faut pour en prendre soin comme de la prunelle de nos yeux.
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1 Chez Estée Lauder, l’iconique gamme Advanced Night Repair se dote pour la rentrée d’un nouveau venu spécialement dédié à la beauté du regard. C’est toute la technologie des soins l’ANR qui est concentrée dans ce produit capable de lutter contre les dégâts causés par les micromouvements constants infligés au contour de l’œil. Son embout en cryoacier permet de rafraîchir la zone de près de deux degrés, favorisant la décongestion et améliorant la tonicité de la peau. 15 ml, 74,48 €. 2 L’emblématique soin Double Sérum de Clarins, dont un flacon se vend toutes les cinq secondes dans le monde, se décline désormais en soin pour les yeux. Cette petite bombe anti-âge est dotée d'une formule composée à 96 % d’ingrédients d’origine naturelle et enrichie en 13 actifs de plantes. Un soin complet qui va hydrater, nourrir, protéger et régénérer. 20 ml, 72 €. 3 Le Super Potent Eye Serum de Dior est un concentré de puissance et de naturalité. Sa formule contient pas moins de 92 % d’ingrédients d’origine naturelle et son applicateur doublement breveté promet de défatiguer et de lisser toute la zone du contour de l’oeil des tempes aux arcades sourcilières. 20 ml, 78,75 €. 4 Avec la collection Pure Gold, La Prairie atteint les sommets du luxe. Ingrédient
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rare et précieux, l’or est ici utilisé pour ses propriétés tout à fait uniques. La technologie de diffusion des actifs développée pour ce soin permet une libération en trois temps garantissant l'obtention de résultats immédiats, mais aussi une réelle amélioration de l'aspect de la peau sur le long terme. 20 ml, 576 €. 5 Le soin roll-on « antistress » du regard au CBD de Talika cible les traces de fatigue et de stress du contour de l’œil. Son format nomade lui confère un véritable plus et sa formule possède des vertus apaisantes qui aide à lutter contre tous types d’agressions du quotidien telles que le stress, la fatigue, l’alcool, le tabac, mais aussi la pollution et la lumière bleue des écrans. 10 ml, 29,90 €. 6 Pour un effet défatigant express, les patchs Optim-Eyes de Filorga sont bluffants d’efficacité. Ce soin diffuseur d’actifs lisse les ridules, réduit les cernes et le volume des poches en 15 minutes seulement. 39,90 € la boîte de huit. 7 Isdincentics Vital Eyes est une crème réparatrice à base de mélatonine et de caféine, deux ingrédients capables de stimuler les défenses antioxydantes de la peau et d’assurer une action détoxifiante. Son embout effet froid aide à décongestionner la zone et à limiter efficacement l’apparition de poches. 15 ml, 49,90 €.
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MADE IN BELGIUM Bubbles at Home est une marque coup de coeur qui propose des savons à la glycérine végétale ainsi que des produits de bain et des soins visage et corps dont les formules sont inspirées par le meilleur de ce que la nature a à offrir. Tous leurs produits sont vegan et cruelty free, bien entendu, et leurs formulations contiennent des pourcentages élevés d’ingrédients d’origine naturelle, dont une partie provient de Belgique. Au plus loin, le sourcing et la production ne dépassent jamais les frontières de l’Europe. Des produits équitables et de qualité qui rappellent que prendre soin de soi ne demande pas toujours de dépenser des fortunes dans une multitude de produits. Un « back to basics » qui fait un bien fou au corps et à l’esprit. bubblesathome.be
100 ml, 33,20 €
séculaire arrive en Occident en traversant d’anciennes routes commerciales et est considéré comme aussi précieux que
TENTATION ULTIME
l’or. Plus tard, il servira à parfumer la soie et les étoles luxueuses. Plus récemment,
Identifié comme l’une des
dans les années 1970, il devient
plus grandes tentations de
un symbole de rébellion et de
la nature, le patchouli est
liberté d’esprit. On le retrouve
une plante tropicale qui
aujourd’hui au coeur de
exhale un parfum terreux,
Splendida Patchouli Tentation,
chaud, épicé et musqué.
le parfum sensuel, séducteur et
Utilisé comme parfum et
provocateur de Bvlgari. 50 ml, 96 €
aphrodisiaque, cet ingrédient
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C’est le nombre de bougies soufflées par Nuxe cette année. Fondée par l’entrepreneure française Aliza Jabès, la marque fut l’une des entreprises pionnières de la cosmétologie d’origine naturelle. Un anniversaire fêté tout naturellement avec le lancement d’une nouvelle version de son emblématique Huile Prodigieuse® : la Néroli. Cette nouvelle huile sèche certifiée 100 % d’ingrédients d’origine naturelle, dont 42 % d’ingrédients bio (la première de la gamme), se dote d’un parfum addictif mêlant des notes apaisantes de Néroli, de bergamote et de lavandin. Comme ses grandes soeurs (l’Iconique, la riche, l’or et la florale), cette huile multifonctions ultrasensorielle s’utilise sur le visage, le corps et les cheveux pour en booster le glow et l’hydratation. Un must pour prendre soin de son corps et de son esprit.
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Pure Encapsulations
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NUTRICOSMÉTIQUE : QUAND LA BEAUTÉ NAÎT DE L’INTÉRIEUR Pour prendre soin de notre peau, de nos cheveux et de nos ongles, nous faisons appel en priorité aux lotions, shampoings et autres huiles. C’est oublier que la beauté authentique émane de l’intérieur. Dans tous les sens du terme.
La nutricosmétique joue en effet un rôle déterminant dans notre beauté en complétant les soins externes par un apport adéquat en micronutriments. Saviez-vous par exemple qu’une carence en zinc peut entraîner une chute de cheveux ? De nombreux nutriments ont prouvé leur efficacité sur le plan cosmétique. La prise d’un complément alimentaire peut donc avoir un effet bénéfique sur une peau sans éclat, des cheveux ternes ou des ongles cassants Pure Encapsulations® a mis au point une formule qui contribue à régénérer la peau, ainsi qu’à fortifier les cheveux et les ongles. Cela fait plus de trente ans que la marque développe des compléments alimentaires de haute qualité, issus de la recherche et à base d’ingrédients purs. Les produits sont EXEMPTS d’additifs non essentiels, de colorants, d’arômes et d’édulcorants artificiels, d’OGM, de gluten, de stéarate de magnésium et de toutes sortes d’allergènes courants.
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La formule Peau-Cheveux-Ongles allie des vitamines et des oligoéléments à des composés bioactifs spéciaux. La biotine et le cuivre aident à garder une chevelure épaisse. Le zinc et les vitamines C et E protègent nos cellules contre les agressions extérieures comme le rayonnement UV. Le silicium est un minéral essentiel à la synthèse des protéines structurantes telles que le collagène dans la peau et la kératine dans les cheveux et les ongles. Qui dit structure renforcée, dit moins de rides, et des cheveux et des ongles plus résistants. À vous ensuite de rayonner vers l’extérieur ! PURE ENCAPSULATIONS PEAU-CHEVEUX-ONGLES EST DISPONIBLE SOUS FORME DE CAPSULES IDÉALEMENT DOSÉES ET CONVIENT POUR UNE UTILISATION DE LONGUE DURÉE.
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TENDANCE ÉBLOUISSANTE
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COURRÈGES SIRIANO
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MURAD
Déjà plébiscité la saison dernière en raison de l’obligation de porter un masque, l’eyeliner noir fait également fureur cet hiver. Des lignes géométriques épurées aux gribouillages à main levée. Encore plus de plaisir pour les yeux ? Collez quelques paillettes sur ou sous vos paupières. Un regard intense garanti.
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Nina Ricci
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EXTRA ÉLÉGANT Prête à vous damner pour un parfum ? Cédez à la tentation de la nouvelle fragrance Nina Extra Rouge de Nina Ricci. Cette eau de parfum florale aux notes orientales et à l’arôme intense de gourmandise a tout d’un fruit défendu dans son flacon en forme de pomme d’amour écarlate aux accents veloutés.
Avec Nina Extra Rouge, Nina Ricci crée la surprise : son parfum gourmand fait rimer élégance et extravagance. Le cassis se joint à la framboise et au pamplemousse acidulés pour composer la note de tête. Le cœur floral est le mariage réussi des boutons de rose et des notes de thé épicées. Enfin, la praline et la vanille subliment la note de fond de leur douceur suave. Le magnifique rouge carmin du flacon est un clin d’œil à l’espièglerie indissociable de Nina Ricci. La délicieuse fragrance du nouveau Nina Extra Rouge vous entraîne dans un périple olfactif où la joie, la liberté et surtout l’impétuosité règnent en maître. Un parfum audacieux avec ce petit extra auquel nous aspirons toutes. Nina Extra Rouge est disponible dès maintenant dans toutes les parfumeries à partir de 59,40 euros (pour 30 ml).
CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC NINA RICCI. NINARICCI.COM
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Coup de coeur
UN PARFUM D’AVENIR Pour le lancement de la nouvelle version de son parfum féminin My Way, Giorgio Armani prouve une nouvelle fois sa volonté de réduire l’impact de la fabrication de ses parfums sur l’environnement. Tout est désormais mis en oeuvre pour éviter, limiter et compenser la production d’émissions de carbone, principale cause du changement climatique. Des efforts concrets qui ont permis d’aboutir à la confection d’un parfum neutre en carbone : My Way Intense.
ÉCOCONCEPTION AU COEUR DU FLACON
INGRÉDIENTS NATURELS AU COEUR DE LA FORMULATION
La conception vise à changer les habitudes de consommation dans le secteur du luxe. Les flacons de My Way et de My Way Intense présentent la même innovation permettant d’être rechargés facilement dans tous les formats et sans utiliser d’entonnoir. L’opération peut donc être réalisée chez soi. Cette technologie permet d’adopter une consommation responsable puisque l’acquisition d’un flacon de 50 ml et de sa recharge de 150 ml permet de réduire de 64 % les émissions carbone de la fragrance. En comparaison avec l’achat de quatre flacons, l’utilisation de la recharge permet de consommer 32 % moins de carton, 55 % moins de verre, 64 % moins de plastique et 75 % moins de métal. Des chiffres convaincants à l’heure où l’avenir de l’humanité est remis en question.
Pour la composition de la fragrance, des ingrédients naturels et sourcés de manière responsable ont été soigneusement sélectionnés afin de garantir la qualité du jus tout en venant en aide aux communautés locales à travers des programmes respectant les principes du commerce équitable. Giorgio Armani s’est également engagé à participer à plusieurs projets d’envergure de préservation et de reforestation au Brésil, en Amazonie péruvienne, au Zimbabwe et à Madagascar. My Way Intense porte donc bien son nom. Un parfum intensément audacieux du jus au flacon et chaleureux par les messages d’espoir et de liberté qu’il porte. Recharge My Way Eau de Parfum Intense, 150 ml, 160 €
COME -BACK Fondée en 1946, la marque française de cosmétiques de luxe Stendhal revient sur le devant des étalages des parfumeries avec une toute nouvelle ligne de maquillage presque 100 % vegan (91 formules sur 100). Une gamme complète capable de sublimer
qui conviendront à toutes les carnations et les couleurs d’yeux. Formulé sans parabène, phénoxéthanol ou nanomatériaux, le maquillage Stendhal est disponible en exclusivité chez Planet Parfum. www.planetparfum.com
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le teint, les sourcils, les yeux et les lèvres avec une grande élégance grâce à des teintes chaleureuses et intemporelles
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Iris Mittenaere pour
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Le bon geste pour des cheveux forts
Complément alimentaire
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3 QUESTIONS À THIERRY MARX Selon vous, quels sont les points communs entre la cuisine et le cosmétique ? Ce sont clairement des univers croisés et finalement presque inextricables. Je pense qu’on fait globalement le même métier à la différence que nos manières de transformer le produit ne sont pas les mêmes ni nos façons de se les approprier, mais finalement, dans 80 % des cas, nous avons les mêmes besoins d’un point de vue environnemental puisque nous utilisons les mêmes matières premières, les mêmes ingrédients.
LA COLLAB QUI CLAQUE
SHISEIDO & THIERRY MARX On peut s’étonner de cette collaboration entre une marque de cosmétiques et un chef étoilé. Pourtant, elle coule de source puisque « manger, nourrir sa peau... les frontières entre l’alimentation et la cosmétique n’ont jamais été si minces », explique le chef français, ambassadeur du programme Sustainable Beauty Actions, une initiative mondiale de développement durable élaborée autour de trois piliers, dont le « mottainai » (qui signifie arrêter le gaspillage) incarné par Thierry Marx, cuisinier engagé, militant de la première heure, et passionné par la culture japonaise.
Parlez-nous de la philosophie du mottainai, applicable en cuisine, mais aussi en cosmétique. Je vais prendre l’exemple d’une orange. Quand j’ai commencé ma carrière de cuisinier il y a 30 ans, on épluchait une orange et on en jetait la peau pour n’utiliser que le coeur. En faisant cela, on jette près de 30 % de la partie la plus importante du fruit. C’est dans les écorces que se trouvent les huiles essentielles. Dans la partie blanche se trouve un gélifiant naturel qui est extrêmement intéressant comme texturant et qui évite d’avoir recourt à des gélatines animales, etc. Le mottainai, c’est respecter ce que nous donne la nature. Il n’y a pas de déchets, on parle désormais de « coproduits » qui doivent être intégrés dans le processus de création tant d’un plat que d’un cosmétique finalement. Il faut tendre vers une gastronomie et un cosmétique durables.
Quel est l’ingrédient le plus intéressant de cette nouvelle gamme de soins ? J’aime beaucoup les agrumes, on retrouve donc le Yuzu et le Shikulime qui possèdent de puissantes vertus antioxydantes et que je connaissais déjà bien puisque j’ai beaucoup voyagé au Japon. Personnellement, je trouve que le Koshirice est vraiment un ingrédient fort. J’ai toujours assimilé le riz à un ingrédient assez complet en matière de nutrition, il possède réellement une large palette d’utilisations. Son goût fermenté et sa maturation en font un ingrédient très intéressant pour le cosmétique et un liant aussi. Lors de la montée en cuisson du riz, vous obtenez une pâte de riz qui est un formidable texturant et une eau de riz qui regorge de bienfaits. J’aime l’idée de se centrer sur un monoproduit et de l’utiliser dans son ensemble, au maximum de ses possibilités et de ses valeurs. 1 Masque gommant purifiant,80 ml, 35 € 2 Soin correcteur teint SPF30, 50 ml, 33 € 3 Gel-en-huile nettoyant, 125 ml, 26 € 4 Masque de nuit hydratant, 50 ml, 26 €.
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Sous l’impulsion du chef, la nouvelle gamme Waso a été entièrement pensée dans l’esprit du mottainai, à savoir réduire les déchets, réutiliser, recycler et remplacer. Il s’agit donc d’une ligne courte de sept produits possédant des formules clean pour la peau et l’environnement. Les ingrédients utilisés sont issus de petites exploitations agricoles familiales. Les packagings sont plus responsables (95 % de plastique recyclé dans les pots et
la production de jus concentré et habituellement jetée au cours du processus. Parce qu’avec du bon sens, on obtient de bons produits.
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30 % de cosse de riz dans les bouchons) et la quantité d’eau utilisée a été réduite grâce à l’utilisation d’eau de pomme recyclée, recueillie lors de
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CHEVEUX ET ONGLES STRESSÉS APRÈS LA CRISE COVID-19 ? Les plantes et vitamines qui reboostent
Le soleil, le sel et le chlore, les brushings, l’épuisement de la vie qui s’accélère et récemment le stress du Covid – voire la convalescence suite au virus, laissent nos cheveux et nos ongles épuisés, ternes, cassants. Pour la rentrée, FORCAPIL® concentre tous les compléments dont ils auront besoin pour mériter à nouveau des compliments. Plus d’un an après le début de la pandémie, les effets post-infection sont mieux connus, et les besoins de soutien à la repousse et à la bonne santé des cheveux et des ongles beaucoup plus sensibles. 27% des personnes ayant contracté le Covid ont notamment observé une perte de cheveux significative. Expert en beauté, FORCAPIL® contribue à ralentir la chute des cheveux, à leur rendre longueur et souplesse, tout en accompagnant la bonne santé des ongles, grâce à une formule ultra complète qui agit sur le long terme. Le bonus plaisir ? Ce qui est bon pour les cheveux l’est aussi pour le moral.
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APRÈS LES GÉLULES, VOICI LES GUMMIES ! Les LABORATOIRES ARKOPHARMA ont développé FORCAPIL® GUMMIES, au bon goût de fruits, pour des cheveux plein de vitalité, grâce à une formulation innovante, complète et originale : du zinc pour redonner force et vitalité à la fibre capillaire et sublimer la chevelure. De la prêle pour favoriser la pousse des cheveux. La biotine et le sélénium vont également contribuer à la bonne santé des cheveux qui restent souples, brillants et résistants ainsi qu’à la conservation de beaux ongles. Les vitamines B5, B6 et B9 ainsi que la vitamine C aux propriétés antioxydantes complètent la formule. C’est désormais tellement plus facile et ludique de prendre soin de ses cheveux !
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DE LA JOIE JUSTIN PAQUAY
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Texte Céline Pécheux Photos Justin Paquay
LA VAGUE À L’ÂME DE WILLEM HIELE
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Reflet d’un terroir brut et sauvage, Willem Hiele à Coxyde est une des tables les plus confidentielles et singulières de notre plat pays. On y déguste une cuisine vivante, puissante, authentique, à l’image de son chef Willem et de son associée Shannah Zeebroek. Entre terre et mer, bienvenue dans leur univers.
a signature, c’est la mer. Ses saveurs iodées imprègnent chacun de mes plats. Je cuisine pour donner de l’émotion aux gens. C’est aussi simple que ça ! », nous explique le chef Willem Hiele… Un chef à la stature de géant qui nous fait visiter son resto singulier, perdu dans une campagne tranquille de Flandre-Occidentale, à quelques centaines de mètres de la mer. « La passion, je la puise dans les produits que je trouve ici, dans mon jardin où chez les petits producteurs·trices des environs, mais aussi dans les souvenirs de mon enfance… Les herbes du potager de mon père, la bisque de crevettes fraîchement cuisinée de ma grand-mère… Ces souvenirs remplis de couleurs, d’odeurs et de goûts sont le point de départ de mon histoire. » Une histoire ancrée dans ces contrées mouvementées, brutes, tournées vers les polders, les vagues, les algues, les crustacés… Il enchaîne : « J’étais tellement mauvais à l’école que mon père m’a envoyé travailler de nuit dans une boulangerie. » Une punition qui se transformera en révélation : « J’ai tout de suite su que c’était ça que je voulais faire de ma vie. » Depuis, l’enfant terrible Willem Hiele a fait son petit bonhomme de chemin sur la scène gastronomique belge au point de séduire le guide Gault & Millau qui en fait sa Découverte de l’année en 2017 et le Michelin qui lui décerne une étoile en 2021. « Je me suis souvent senti stupide. Mais quand je regarde mon parcours, je me dis que finalement je ne suis pas si nul que ça ! » Son caractère fougueux et sa grande gueule font partie du décor. « Je ne suis pas un mouton. Je ne fais pas partie du troupeau. Je veux faire voyager les gens et leur montrer la beauté de notre terroir local. » Un terroir que cet amoureux de nature explore sans répit, le tout épaulé par son bras droit/sommelière/hôtesse en chef, Shannah Zeebroek. À la carte de leur restaurant hors du commun : un menu unique, sans compromis, baptisé « Seafire ». Des combinaisons de goûts et de couleurs aussi surprenantes que bluffantes. « Quand je sers des langoustines vivantes, c’est un choc pour les gens ! », plaisante Willem pour qui la plus grande fierté est de servir à chaque service des produits de très haute qualité fournis par des petits producteurs·trices locaux respectueux de l’homme et de la mer. « Les relations que nous entretenons avec les paysan·ne·s, les pêcheurs·euses, les agriculteurs·trices de la région sont de vraies relations de confiance. Mais attention ! Ce n’est pas parce que c’est local que c’est bon ! Il faut dénicher les pépites comme les Wild Farmers du Monde des Mille Couleurs qui pratiquent la permaculture. Ils sont belges et on peut en être fiers. »
L’endroit C’est dans une petite maison de pêcheur d’Oostduinkerke qui appartient à la famille Hiele depuis huit générations que Willem et Shannah accueillent leurs client·e·s. « J’ai vécu à Ostende jusqu’à mes 15 ans, puis j’ai emménagé ici avec mes parents », explique Willem. « L’intérieur du restaurant n’a pas changé depuis 26 ans. La bâtisse est classée. On ne peut pas y toucher. » Sa complice sommelière l’écoute parler, le sourire aux lèvres… Leur complicité est évidente. « Nous avons vécu beaucoup de jolies choses ici. On s’est mariés sous un pommier à l’entrée de la propriété. On a travaillé comme des fous pendant des années. Nous nous sommes séparés il y a un an et demi juste avant le premier confinement. Mais nous sommes restés très amis ! », explique cette ancienne philosophe qui en plus d’être une hôtesse hors pair avec son sourire solaire a le don de marier les mets singuliers de Willem avec des vins nature (ou pas) et des bières sélectionnées avec soin. Dans leur repère dédié à l’amour du bon, on se sent comme à la maison. Tout commence quand, il y a neuf ans, le duo décide de lancer une
L’EXPÉRIENCE WILLEM HIELE ? UNE CLAQUE POUR LES PAPILLES, UNE IMMERSION DANS UN UNIVERS TRÈS PERSONNEL, UN RETOUR AUX SOURCES SANS COMPROMIS magazine ELLE 159
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« LA WILLEM HIELE’S EXPERIENCE, C’EST QUELQUE CHOSE D’UNIQUE QU’IL FAUT VIVRE UNE FOIS DANS SA VIE POUR COMPRENDRE » SHANNAH ZEEBROEK
table d’hôtes, couplée à une activité de chef à domicile. « À l’époque, mes parents vivaient encore ici », explique Willem. « Il y avait parfois des client·e·s dans leur salon. C’était très underground comme concept, mais super cool ! » Et Shannah d’ajouter : « Pendant cinq ans, on a travaillé comme des fous. Parfois plus de 120 heures pas semaine ! Mais on a tenu bon. Un jour, un gars du Gault & Millau est venu, et tout a changé. » Le duo fait désormais salle comble et il faut réserver sa table des mois à l’avance. Une consécration pour l’ex-couple qui, depuis la crise sanitaire, veut revenir à un rythme de vie plus humain. « On ouvre trois jours par semaine. On a ralenti la cadence pour préserver notre santé, mais aussi la passion pour notre métier. »
Un plat signature « Les crevettes grises, c’est la madeleine de Proust de mon enfance. J’en ai fait mon plat signature, une bisque de la mer du Nord inspirée de celle qui mijotait chaque jour dans la vieille casserole de ma grand-mère… », explique Willem. Un cappuccino de crevettes grises servi avec un beurre parfumé avec le même crustacé et du pain au levain. Un orgasme pour les papilles qui tient à une divine longueur en bouche et, bien sûr, à la qualité des produits utilisés : des crevettes vivantes que lui livrent les paardenvissers d’Oostduinkerke. Seulement douze familles
pratiquent encore cette pêche traditionnelle à cheval inscrite en 2013 par l’Unesco sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. À sa table, Willem Hiele privilégie donc les produits locaux et évite les espèces menacées par la surpêche comme le cabillaud. À la place, il propose des poissons moins connus ou issus de la capture traditionnelle. La cueillette est aussi un pan important de sa cuisine. Dévolue à l’un des membres de son équipe, qui parcourt chaque jour les dunes alentour à la recherche de roquette sauvage, de roses des dunes ou de fleurs d’aubépine, la récolte sert de point de départ à l’élaboration des plats de ce chef naturaliste qui en connaît un rayon en matière de botanique. « Tous les légumes servis à ma table ont été cueillis à maximum une heure d’ici. Même l’eau minérale que je sers est belge ! Bru est pour moi une des meilleures eaux du monde. »
Dieu du feu Surfeur invétéré, qui a voyagé aux quatre coins du monde à la recherche de la vague parfaite, Willem Hiele s’est mis à la cuisson au feu de bois lors d’un voyage en NouvelleZélande. C’est là qu’il découvre le « hangi », un mode de cuisson ancestral pratiqué par les Maoris. L’idée est simple : on allume un grand feu dans lequel on met des pierres volcaniques. Une fois le feu éteint, on transfère les pierres brûlantes dans un trou et, par-dessus, on dépose un animal entier, qui cuit grâce à la chaleur accumulée dans les pierres. Aujourd’hui, ce chef à l’allure de samouraï qui maîtrise la flamme à la perfection cuit ainsi d’énormes turbots directement au barbecue sous des toiles de jute mouillées. « Je ne suis pas un chef qui fait très attention à la technique. Ce qui prime, c’est le goût ! Ma cuisine est instinctive. Elle se mange avec les mains. Sans chichi. » •••
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les nouveaux ateliers by Romain
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UNE PASSION AIGUISÉE Mordu de coiffure dès son plus jeune âge, Romain meurt d’envie d’en faire son métier. Après des années de formation aux quatre coins du monde, il crée un salon qui lui ressemble, Les Nouveaux Ateliers by Romain. Un lieu où convivialité, expertise et résultat règnent en maître.
Dynamique et plein de talents, un style décontracté et passionné par les couleurs, Romain aime jouer de ses ciseaux pour nous donner entière satisfaction. Fort de ses longues années d’expérience, entre la Côte d’Azur, la Belgique et Barcelone, à coiffer les plus grands, Romain et son équipe nous offrent une expertise précise et supérieure de la coiffure. En poussant les portes des Nouveaux Ateliers by Romain, on découvre un jeune homme à l’accueil amical et chaleureux. Grand perfectionniste et mordu de son métier, l’artiste se coupe en quatre pour répondre aux envies et aux besoins de tout un chacun. Sa mission? Mettre en valeur chaque client, quels que soient son style et sa carnation. Amoureux de la couleur, il se plaît à nous conseiller sur ce qui nous flatte le mieux. Forme du visage, teinte de la peau et des sourcils, style vestimentaire et allure générale, Romain ne laisse rien au hasard pour déceler la nuance parfaite. Résultat? Une jolie coupe dans l’air du temps et une couleur qui illumine celui qui la porte, en toute simplicité. Les Nouveaux Ateliers by Romain, c’est un endroit à part, où l’on revient tant pour le résultat que pour passer un bon moment. Une nouvelle adresse uccloise à découvrir sans plus tarder !
RÉALISATION : LAURENCE DE LOOZ-CORSWAREM
Les Nouveaux Ateliers by Romain, rue Joseph Stallaert 36, 1180 Ixelles
CET ARTICLE A ÉTÉ ÉCRIT EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC LES NOUVEAUX ATELIERS BY ROMAIN. INFOS ET RENDEZ-VOUS 02/3560693
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RESTAURANT DE DESTINATION AU CONCEPT BELGE, FLAMAND ET LOCAL, POUR LEQUEL ON VIENT DE LOIN, WILLEM HIELE PROUVE QUE LE LUXE SE TROUVE DANS LA SIMPLICITÉ
De la fourche à la fourchette Le chef connaît en détail l’origine de tous les ingrédients qui pigmentent sa palette de cuisine. Et pour cause, la plupart d’entre eux ont été produits sur ses terres. Alors, quand à Bruxelles et Anvers les tables gastronomiques jouent les roulements de tambour, Willem Hiele choisit, dans son restaurant de Coxyde, la modestie d’une asperge sauvage dans son plus simple appareil. « Je veux que la nature reprenne ses droits, laisser pousser en paix tout ce que nous offre la terre sans l’intervention systématique de l’homme. » Aussi, son jardin potager qui lui permet d’être pratiquement autosuffisant est le reflet de cet état d’esprit : légumes goûteux, fleurs savoureuses, plantes curieuses et herbes folles se côtoient avec délice et composent un tableau aux mille couleurs. « C’est un grand sensible qui cherche toujours la perfection », nous confie Shannah. « Il est toujours en éveil et il a une capacité fantastique à emmener ses équipes au bout de ses convictions. » Parmi celles-ci, l’idée d’avant-garde selon laquelle la traditionnelle carte de restaurant où les client·e·s choisissent ce qui leur fait envie a fait son temps. « C’est trop facile de ne cuisiner que des produits de luxe dans un menu préétabli », s’exclame Willem Hiele. « Avec de belles asperges de saison, n’importe quel·le chef·fe peut procurer du plaisir à ses client·e·s. Ce sont nos matières premières qui décident du menu que nous allons servir quotidiennement, et pas le contraire ! »
Sa mission ? La transmission ! « Tout m’inspire ! La musique, la poésie, la littérature, l’art, le cinéma. Les couleurs d’une toile peuvent me mettre en joie et me donner des idées pour élaborer un plat. » Lieu d’expérimentation où travaillent aujourd’hui entre dix et seize personnes à temps plein, Willem Hiele est devenu un lieu de stage très prisé et une adresse où de nombreux grands chefs viennent s’attabler. Et pour cause… Digne héritier de traditions nordiques ancestrales, ce chef au charisme à revendre et aux cheveux en chignon part en croisade à chaque service pour transmettre son message : « Il faut être fier de nos racines. Nous devons protéger cette authenticité. En tant que chef, c’est de ma responsabilité de former les personnes qui inspireront les autres dans ce sens. » Pour lui, un zeste de chauvinisme est indispensable pour entretenir la flamme de traditions culinaires bien de chez nous : « Je ne veux pas juste nourrir les gens. Je veux leur faire plaisir, leur faire découvrir ma région, partager mes émotions, mes souvenirs, mon enfance… Un·e chef·fe aujourd’hui doit pouvoir s’asseoir avec ses hôtes pour parler de sa vision du monde. Un restaurant, c’est comme une pièce de théâtre. C’est une expérience où il faut se laisser surprendre. Si l’endroit porte mon nom, c’est parce qu’on est ici chez moi. Un petit territoire hors du temps où s’applique un art de vivre conscient et responsable et où j’incite mes client·e·s à remettre en question leurs comportements de consommateurs·trices… » Bref, un endroit que le monde nous envie et qui donne du plaisir, autant qu’il fait réfléchir. Restaurant Willem Hiele, Pylyserlaan 138, 8670 Koksijde — Restaurant.willemhiele.be
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Rad Power Bikes
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TESTÉ ET APPROUVÉ :
LE FATBIKE ÉLECTRIQUE RADMINI Aujourd’hui, les vélos électriques font partie intégrante du paysage urbain. Cet été, l’e-fatbike ou VTT électrique à pneus larges est en plein essor dans notre pays. Nous avons testé le RadMini et voici nos conclusions.
Mais pourquoi ce « mini » dans RadMini ? Tout simplement parce qu’il se replie en un éclair en un miniformat, ce qui facilite son transport en train ou en voiture en vue d’une excursion. Bref, un minivélo pour un maxiplaisir !
Ne vous laissez pas avoir par le côté robuste du RadMini, car ses pneus surdimensionnés sont avant tout garants d’un grand confort. Cet e-fatbike de la marque américaine Rad Power Bikes est très pratique pour sillonner la ville ou la campagne. Et ne vous inquiétez pas si, comme nous, vous n’avez rien d’un coureur cycliste chevronné : faire du vélo avec le RadMini est un vrai jeu d’enfant. Un petit coup de « pousse » du Twist Power Assist, et c’est parti. Une fois lancé, vous pouvez sélectionner le niveau d’assistance souhaité, de 0 à 5. Envie d’un solide entraînement ? Optez pour le niveau 0. Sur les parcours où le plat prédomine, les niveaux 1 ou 2 sont déjà d’une aide précieuse. Les montées ne présentent aucune difficulté en position 3 ou 4, tandis que le niveau 5 permet de maîtriser les pentes plus abruptes. En plus des nombreux composants technologiques qui rendent son utilisation très conviviale, le RadMini marque aussi des points en termes de sécurité. Il est équipé d’un feu de freinage intégré, d’une fourche à suspension avant avec amortisseur et d’une charnière pliante qui prévient tout déverrouillage accidentel.
CET ARTICLE A ÉTÉ RÉALISÉ EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC RAD POWER BIKES. RADPOWERBIKES.EU
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Texte Marie Guérin
THE NINE
LE NOUVEAU CLUB « WOMEN ONLY » Le club, c’est l’endroit où on passe pour se changer les idées, discuter, se ressourcer. On est sûre d’y retrouver des visages familiers avec l’assurance de quelque nouveauté. Ça manquait à Bruxelles, mais on l’a enfin trouvé !
HANNELORE VEELAERT
Georgia Brooks, la fondatrice charismatique de The Nine.
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ienvenue à The Nine, un club exclusivement féminin, sorti de l’imagination d’une jeune femme épatante : Georgia Brooks. Il faut la connaître pour comprendre l’endroit. Mi-anglaise, mi-égyptienne, elle a traversé la Manche par amour avec pour objectif de changer le monde. Ou du moins, l’améliorer. « C’est vrai que l’idée semble un peu basique. Mais c’était mon plan quand j’ai débarqué à Bruxelles », nous confie-t-elle. Après une carrière de journaliste au magazine spécialisé « Chambers & Partners » à Londres, elle se lance dans un master en politique étrangère à Bruxelles et s’intéresse aux ONG. Un bon début pour changer le monde. « J’ai d’abord fait des stages dans des associations qui se battaient pour les droits humains. Mais je n’ai pas trouvé à Bruxelles une organisation qui aidait les femmes en Égypte. J’ai donc lancé Fem Power Initiative, en 2017. Maintenant, on travaille avec plusieurs ONG qui s’occupent d’une clinique au Caire et d’une école au Liban. Les deux piliers sont la santé et l’éducation. Deux grands sujets d’inégalité pour les femmes. Je me suis beaucoup investie et, en 2018, j’ai été malade et je n’ai plus pu voyager. » Elle eut deux mois, clouée au lit, pour cogiter. Et penser à la Belgique. « Je me suis posé une question importante : c’est quoi être une femme en 2021 ? On ressent toujours de l’insécurité, de l’inégalité, même à Bruxelles ! Il nous fallait donc un espace à nous. Je ne sais pas si on peut changer la ville, mais on peut changer les gens. On peut inviter les décisionnaires, les personnes qui ont des idées et créer un carrefour de rencontres et de changement. C’est important que le lieu soit magnifique, mais… “It’s not enough just to be beautiful, you have to do something.” » Son projet a mûri autour d’un bon plat italien, rue Archimède. « J’avais beaucoup de mal à trouver un endroit. Il me fallait un bâtiment commercial, mais je voulais que ce soit grand comme une maison. Je ne trouvais pas. À un dîner avec une amie, je lui ai expliqué mon désarroi, cela faisait déjà un an que je cherchais. Elle avait entendu qu’un restaurant italien projetait de vendre. On est allés y manger avec mon mari. Dans un premier temps, les propriétaires ne semblaient pas intéressés… jusqu’à ce qu’ils nous rappellent le lendemain pour accepter. Une opération très bruxelloise, dans le fond, où tout débute par une conversation et le bouche-à -oreille. » C’est sympa d’arriver dans un endroit où on vous reçoit avec un « Oh Salut [mettez votre nom], comment tu vas ? Et ton homme, le boulot ? » Une famille, mais à la demande, qui se concentre en un espace,
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toujours ouvert et animé. On y mange à la carte, on y boit, on y participe à des conférences, on y travaille avec ses collaborateurs et collaboratrices (les invité·e·s sont admis·es) et… on y fait aussi la fête ! « À Londres, j’étais membre de deux clubs, un pour l’art et la culture, et l’autre pour le fun. Je n’ai pas retrouvé ça ici et il me semblait que c’était un bon point de départ pour aider la communauté bruxelloise très divisée entre les Belges d’un côté, et les expats de l’autre. J’ai beaucoup d’ami·e·s qui vivent en Belgique et qui n’ont pas d’ami·e·s belges ! Il fallait que ça change (rires). » The Nine symbolise les neuf muses. On aime l’idée de cette complémentarité de personnalités différentes : la musique, la poésie, l’astronomie, l’éloquence, la danse… toutes réunies à travers leur sororité. « Muse » est aussi un terme à se réapproprier, galvaudé, car sans cesse ramené à l’idée d’un faire-valoir.
« Je me suis posé une question importante : c’est quoi être une femme en 2021 ? » magazine ELLE 165
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On peut être sa propre muse ! Sa propre source d’inspiration ou celle d’autres femmes. Et les membres fondatrices du club suivent cette philosophie avec une politique d’inclusivité sociale et intergénérationnelle. « J’ai beaucoup de membres qui viennent et qui demandent ce qu’elles peuvent faire ! J’adore les gens comme ça. Pour venir à The Nine, c’est une question d’énergie, mais aussi de “give & take”. Les trois valeurs sont l’authenticité, la curiosité et l’élévation, “uplifting” en anglais, cette idée d’inspirer, d’encourager, de tirer vers le haut. » Avec ses 800 m2 de salles de conférence, bar, restaurant, espaces de coworking, son jardin, ses toilettes incroyables, sa bibliothèque militante, conçus par l’architecte d’intérieur belge Helen Van Marcke, The Nine est un cocon imaginé par des femmes pour des femmes qui ont mis l’empowerment au centre d’un art de vivre. Comment ne pas être convaincue ? Ah le prix… peut-être ? « Être membre n’est pas une question de statut ou de salaire », explique Georgia. « C’est ce que je n’ai pas aimé à Londres, il faut être dans une profession définie ou un certain niveau social. Mais on est tellement plus que notre job. C’est pour cela que j’ai décidé de proposer des tarifs adaptés. » Concrètement, 900 €, c’est la cotisation annuelle de base. Pour les femmes qui travaillent dans l’associatif, c’est 750 € et 650 € pour les moins de 35 ans. Moins cher qu’un abonnement à une salle de sport. Rien qui puisse nous dissuader. Les inscriptions s’ouvrent dès le 16 août pour une ouverture officielle du club en septembre. Venez comme vous êtes, drapée de passion et de motivation. Check ! The Nine, 69 rue Archimède - 1000 Bruxelles, thenine.be - @theninebxl
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« Je ne sais pas si on peut changer la ville, mais on peut changer les gens »
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en mode #TooCrazy * en mode #TropDingue
#Indécise #Audacieuse #Pétillante #Chaussures #Vêtements #Accessoires #Mode _PUBS ELLE.indd 1
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Texte Julia Dion, Alix Girod de l’Ain et Noemi Dell’Aira illustrations Florence Collard
LA VOIE ROYALE POUR LE
COMPTE DOUZE MARCHES Paresser, rêvasser, alléger ses pensées… Les chemins qui mènent à la félicité sont pavés de douces intentions. Et les ouvrages pour y arriver fourmillent. Nous les avons testés.
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Encore des conseils de coach en méditation ? Non ! Avec « Écoute » (éd. Le Courrier du livre), le journaliste et réalisateur Stéphane Haskell, dont le yoga a sauvé la vie il y a quelques années. Cloué dans un fauteuil par une maladie due au stress, il a retrouvé l’usage de ses jambes après une quête initiatique à travers le monde. Il explique comment le son peut nous faire du bien. Pas besoin de se contorsionner en faisant des « om » dans une salle chauffée à 42 °C. Écouter, écouter vraiment les vibrations sonores, bruits et musiques qui nous entourent aide à se recentrer, voire à guérir de ses angoisses. C’est scientifiquement prouvé, assure-t-il. Convaincant. (Et pas fatigant !)
REL ATIVISER
« Je m’en tape et j’assume »… Le programme très « cash » de la journaliste Alexandra Reinwarth (éd. Marabout) a été vendu à plus 500.000 exemplaires en Allemagne et on comprend pourquoi. Halte aux injonctions contradictoires dont on nous bombarde, halte aux conseils qui ne servent qu’à nous culpabiliser, halte à la pollution mentale ! Et pour se libérer de ces amis, enfants, collègues, amoureux qui grignotent notre énergie, la meilleure façon, c’est de pratiquer le tri : déterminer ce qui nous plombe, ne plus se soucier de l’avis des autres et assumer ses décisions. Voilà le triptyque gagnant d’une méthode joyeusement badass. Après avoir lu ce livre, vous ne regarderez plus votre copine éternellement geignarde ni votre belle-mère de la même façon. Et ce sera tant mieux.
RÉGRESSER
Une proposition poétique, idéale pour toutes les nostalgiques du « vert paradis des amours enfantines » – ce qui n’est pas le cas de tout le monde : « 365 jours pour retrouver son âme d’enfant », de Christie Vanbremeersch (éd. Larousse). Comment c’était avant l’âge des responsabilités, des choix de vie, lorsque tout était encore à faire, à rêver ? Et s’il était possible de retrouver cette légèreté-là ? Apprendre un poème par semaine, partir nez au vent à la découverte d’un nouveau coin, écrire une lettre au père Noël, marcher en évitant les joints des pavés, faire ses choix « à la plouf », rédiger à la main son journal en se fichant de l’orthographe, pratiquer la pensée magique et manger des gâteaux : la voie royale vers la joie ?
RECEVOIR CHEZ SOI À NOUVEAU Le bonheur est dans le lien ! Et accueillir des gens chez soi est le plus sûr moyen de l’entretenir, même si on n’a ni les moyens, ni le talent, ni surtout le temps de passer des heures en cuisine. C’est ce qu’affirme Nadine Levy Redzepi, femme du célèbre chef danois René Redzepi et auteure de « Savourer, le plaisir de cuisiner » (éd. Marabout), un recueil de ses recettes familiales. On l’imaginerait instagrammeuse snob et pointue, elle se révèle bonne vivante et terre à terre. Avec cette maman de trois fillettes, tout devient facile et gourmand, mais jamais ennuyeux. Le secret d’un bon poulet rôti ? Le beurre ! Et surtout, une fois balancé au four, on n’y touche plus. Impossible de ne pas céder à son énergie contagieuse et décomplexée : non seulement recevoir des compliments sur sa cuisine ne fait pas du bien qu’aux femmes nées sous De Gaulle, mais c’est un excellent booster de confiance en soi ! Et puis le beurre, c’est bon, non ?
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RÉDIGER À LA MAIN SON JOURNAL EN SE FICHANT DE L’ORTHOGRAPHE, PRATIQUER LA PENSÉE MAGIQUE ET MANGER DES GÂTEAUX : LA VOIE ROYALE VERS LA JOIE ?
NE PLUS SE SABORDER
Les conseils d’empowerment d’une boxeuse professionnelle : rien de plus radical pour se secouer vraiment ! « Fight. Contre l’autosabotage, gagnez le combat ! », de Hazel Gale (éd. Belfond), nous propose rien moins que venir à bout de nos blocages et de notre fatigue chronique. Lorsqu’elle a découvert l’hypnothérapie cognitive il y a dix ans, la vie de cette championne du monde de kick-boxing a changé. Le combat intérieur : tel serait son nouveau défi. En matière d’autosabotage, les femmes sont souvent super fortes : sentiment de ne pas être à la hauteur, dépendance au regard des autres, voire phobies et addictions… la liste est longue, mais des solutions existent, expliquées avec clarté et méthode dans un livre dense et percutant comme un direct au cerveau.
DEVENIR CHAMANE Si l’on n’est pas encore prête à se métamorphoser en femme-aigle, on peut déjà s’inspirer de l’itinéraire spirituel de Sandra Noirtin qui relate, dans « Je suis devenue chamane » (éd. Larousse), sa transformation progressive en un être plus sage et plus connecté à l’univers. Le terme « chaman » signifiant « celui qui sait » ou « celui qui bondit, s’agite et danse », on peut commencer par appliquer la seconde définition pour libérer ses bonnes énergies !
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« ÊTRE HUMAIN EST DÉJÀ BIEN ASSEZ COMPLIQUÉ, INUTILE DE SE METTRE LA PRESSION POUR L’ÊTRE AVEC TALENT »
BOUQUINONS HEUREUX…
PARESSE HISTOIRE DE VIBRATIONS
« Durant trois années, lorsque j’étais petit, nous n’avons pas eu de domicile fixe. » Voici comment Vex King, mind coach et influenceur sur Instagram, entame l’introduction de son bouquin. Plombage d’ambiance ? Pas vraiment. Malgré les difficultés de la vie, il s’est rendu compte qu’il pouvait changer sa façon de voir les choses et délivre dans son livre six clés précieuses pour cultiver ses bonnes ondes et son énergie positive. Good vibes only please ! « Good vibes Good life », Vex King, Leduc S., 19,90€ REPARTIR À ZÉRO
Une nouvelle histoire inspirante racontée avec sincérité par celui qui l’a vécue. Julien, 37 ans, est coincé dans l’engrenage d’une vie qui ne lui convient pas et enchaîne les excès pour s’en libérer l’espace de quelques instants. Un jour, celui de trop, il décide de tourner le dos à toutes ses obligations et s’en va seul débuter une marche sur le chemin de Compostelle durant laquelle il fera des rencontres poignantes. Un cheminement de sept semaines pour mieux repartir et avancer. « Compostelle Therapy », Julien Charles, Larousse, 16,95 €
L’Anglais Tom Hodgkinson, auteur du best-seller « L’Art d’être oisif dans un monde de dingue » (éd. Les Liens qui libèrent), a élevé la flemmardise au rang d’art de vivre. La paresse selon lui est parée de toutes les vertus : elle permet de somnoler en mettant ses idées au clair, de reconquérir son temps libre pour faire de la place à de purs moments de plaisir – comme déclamer de la poésie – ou encore de « travailler juste ce qu’il faut ». Une ode à la flemme reprise en chœur par Jennifer McCartney Palmer, une Canadienne vivant à Brooklyn, qui après avoir flatté les désorganisés (« De la joie d’être bordélique », éd. Mazarine) – une autre piste pour aller mieux ? – nous promet, dans « De la joie d’être paresseux » (éd. Mazarine), bonheur et félicité si l’on « ne fait que le strict nécessaire » tout en tenant à distance « ceux qui tentent d’en faire toujours plus ». Végéter sur son canapé, laisser son appartement en vrac, boire un verre de trop, zapper ses rendez-vous… Être paresseux est à la portée de n’importe qui ! Avec un mantra : « Être humain est déjà bien assez compliqué, inutile de se mettre la pression pour l’être avec talent. » What else ?
AVOIR UN PLAN B
Les alternatives, ça allège l’esprit et ça rassure. Laurence Bourgeois, experte en ressources humaines, nous l’affirme dans « Les gens heureux ont toujours un plan B » (éd. Larousse). Envisager une « solution de repli » est salvateur et fait retomber la pression d’un coup : « C’est une gymnastique de l’esprit qui permet de s’entraîner à réagir si jamais le projet sur lequel on planche depuis des mois tombe à l’eau ou si un rendez-vous amoureux tourne au fiasco ! C’est être à l’affût de toutes les possibilités qui s’offrent à nous et que l’on ignore trop souvent, obnubilé par la seule voie que l’on croit possible. » Cette spécialiste en bien-être au travail conseille de garder en tête un horizon qui fait rêver : « L’idée est de prévoir un ou deux grands plans B – faire un tour du monde, prendre un congé sabbatique en famille, écrire un roman, ouvrir une maison d’hôte… Quelque chose que l’on garde dans le coin de sa tête pour plus tard et qu’on peaufine petit à petit tous les jours. » Une issue de secours, en somme.
ADOPTER LE BON SENS DE NOS ANCÊTRES
C’est ce que propose le professeur de psychiatrie Michel Lejoyeux (un nom en forme de promesse !) dans son dernier livre, « La Médecine du bon sens » (éd. JC Lattès). Que nous enseignent les humains préhistoriques ? Que la vie est faite d’imprévus, qu’il ne sert à rien d’adopter des régimes frustrants (trop se priver de calories est dangereux, car le cerveau a besoin de gras pour bien se développer !) et que mastiquer aide à se sentir bien… Que des bonnes nouvelles ! 170 ELLE magazine
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BON POUR LE MORAL
RETIRER SES LUNETTES DÉFORMANTES !
Selon François Lelord, psychiatre résolument optimiste, auteur de « Hector et les lunettes roses pour aimer la vie » (éd. Odile Jacob), nous voyons tout avec un prisme, comme un filtre entre nous et la réalité qui serait le fruit de notre éducation, de notre histoire sentimentale, de nos émotions. Afin de changer la perception parfois morose que l’on a des événements, de ce qui nous arrive, il suffirait de prendre conscience de nos biais. Exemple : avec vos proches, défaites-vous de l’effet lunettes à rayons X, celles qui vous font croire que vous devinez les pensées de l’autre, ses sentiments, ses idées à partir d’indices – « Il ne m’a pas rappelée : il ne m’aime plus », « Il invite toujours ses amis à la maison : il s’ennuie avec moi », « Elle a refusé mon projet : elle me trouve stupide », c’est faux ! Cessez d’extrapoler des hypothèses qui, en général, sont invérifiables et, le plus souvent, fausses.
REVENIR À LA TERRE
Faire pousser des plantes, les regarder grandir, c’est « prendre conscience du rythme de la vie » selon Martine Laffon, docteure en philosophie et auteure de « Cultiver son petit jardin intérieur » (éd. Flammarion) qui retrace l’histoire des jardins, des lieux clos du Moyen Âge aux merveilles intérieures des palais arabo-andalous, et invite à devenir soi-même « jardin » en cultivant « patience, humilité, ténacité et goût de l’harmonie ». Cultiver son jardin, loin du bruit du monde, un chouette programme pour retrouver son énergie naturelle.
VOIR LES AUTRES EN COULEUR Fermez les yeux et donnez une couleur aux gens qui vous embêtent. Ils sont gris, n’est-ce pas ? Et ceux que vous aimez ? Blancs avec comme un halo tout autour ? Eh bien, vous avez tort. En réalité, chaque individu peut être rouge, jaune, vert ou bleu. Via un prisme d’analyse psychologique a priori zinzin, mais finalement très convaincant, l’expert en communication suédois Thomas Erikson a déjà conquis plus d’un million de lecteurs et lectrices avec le livre « Tous des idiots ? », qui vient de sortir en France (éd. First). On se prend vite au jeu, c’est une pure joie de classer ses proches afin de mieux les comprendre (mon patron est rouge, normal que son énergie m’épuise, mon mari est vert avec une pointe de bleu, c’est pour ça qu’il met des semaines à prendre une décision), mais, surtout, on en apprend beaucoup sur soi-même. Tenez, depuis qu’elle a découvert qu’elle est une jaune pure et dure (c’est-à-dire extravertie, spontanée, ayant besoin d’attention, etc.), l’auteure de ces lignes travaille activement à acquérir une pointe de vert (la couleur de la patience, la persévérance, l’empathie, etc.). Tellement plus encourageant que de se découvrir névrosée à tendance procrastineuse !
Cette rentrée, il y aura du changement dans l’air. Fini de voir la vie en noir ! Sophie Trem, créatrice du blog lifestyle et bienêtre The Other Art of Living, partage dans cet ouvrage cinq clés pour encourager la pensée positive et retrouver sa bonne humeur enfouie. Simple et accessible, ce guide regroupe de nombreux conseils et exercices pratiques à mettre en place au quotidien. À lire et à relire autant de fois qu’on en ressent le besoin. « Good Mood Class », Sophie Trem, Albin Michel, 17,90 €
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Êtes-vous heureux ? Êtes-vous capable de quantifier votre bonheur ? Et si on vous disait qu’il est possible d’augmenter ce chiffre de 40 %, mais vraiment ? Après huit ans de recherches, Sonja Lyubomirsky, directrice du laboratoire de psychologie positive de l’université de Californie, démontre que ces 40 % correspondent au bonheur que nous avons chacun·e le pouvoir de changer ou développer, peu importe qui nous sommes et d’où nous venons. Des propos clairs, concrets et des stratégies mises à l’épreuve par des équipes de chercheurs et chercheuses. Basé sur des études scientifiques sans pour autant être assommant, on le garde précieusement dans sa collection et surtout, on le prête aux grands sceptiques du développement perso. « Comment être heureux et le rester », Sonja Lyubomirsky, Marabout, 20,30 €
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Texte Ans Vroom Illustration Iris Rombouts
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Les enfants rient jusqu’à 400 fois par jour, contre 15 fois pour les adultes. Pourtant, le rire est bon pour notre santé mentale et physique. Alors, il est grand temps de réapprendre à rigoler. Rencontre avec Anja Vandenbergh, coach du rire.
Un enfant est naturellement programmé pour être joyeux ; il rit de tout et n’a cure de ce qu’en pensent les autres. Petit à petit, à mesure que nous perdons le contact avec notre enfant intérieur, cette capacité tend à disparaître. Nous ne savons plus rire et nous nous sentons inhibé·e·s dans l’expression du plaisir que nous éprouvons. C’est dommage, car le rire, comme la nourriture, l’exercice physique et le soleil, est un facteur nécessaire pour rester en bonne santé. Il réduit le stress, accroît la confiance en soi et renforce le système immunitaire. « Le rire est un calmant naturel », affirme Anja Vandenbergh, coach du rire et présidente de l’Académie du rire de Belgique. « Il libère les hormones du bonheur telles que la sérotonine, la dopamine, l’ocytocine et l’endorphine qui atténuent la douleur physique, mais transforment aussi les sentiments négatifs en émotions positives. Les personnes qui rient souvent améliorent leurs relations avec les autres, mais aussi avec elles-mêmes. Parce que la positivité attire la positivité. C’est ce que j’ai appris à mes dépens. » Anja a découvert la thérapie par le rire alors qu’elle cherchait un moyen de se relaxer après son deuxième burn-out. Les thérapies conventionnelles, comme la pleine conscience et la méditation, ne lui étaient d’aucun secours. C’est pourquoi, décidée à sortir des sentiers battus, elle s’est inscrite à une séance de yoga du rire. « Cette activité m’a procuré une énergie sans précédent », raconte Anja. « Et la sensation de détente qui en a découlé était énorme. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai dormi d’une seule traite. Enfant, je riais beaucoup, mais en grandissant, j’ai perdu cette faculté, sans doute à cause de l’accumulation des soucis et des responsabilités. Quand un divorce et un burn-out sont venus s’ajouter à ces tracas, j’ai perdu ma joie de vivre. Cette première séance de rire m’a ouvert les yeux. Soudain, j’étais capable d’appliquer tout ce que j’avais appris lors des thérapies précédentes. En combinant des exercices de respiration et de rire, j’ai commencé à y voir beaucoup plus clair. » Sur les conseils de son coach, qui trouvait le rire d’Anja contagieux, elle a suivi une formation
d’animatrice du rire et créé le club De Stralende Lachertjes, par le biais duquel elle propose des séances de rire aux particuliers et aux entreprises tout en aidant les gens à renouer avec leur enfant intérieur. Depuis lors, elle se consacre à la revalorisation du rire, car « tout le monde a besoin de rigoler. »
Fake it until you make it Nous associons le rire au plaisir et à la spontanéité, alors que le mot « thérapie » évoque des sentiments très différents. Peut-on vraiment se forcer à rire ? Et un rire artificiel au cours d’une séance suscite-t-il les mêmes bienfaits qu’un fou rire entre amies à une terrasse ? « Oui, tout à fait », affirme Anja. « Notre cerveau ne fait pas la différence entre un rire forcé et un rire spontané. Parfois, un rire forcé est même encore plus efficace, car il prend naissance dans le ventre, alors que le rire provoqué par une blague nécessite l’intervention du cerveau. Il est prouvé scientifiquement qu’une séance de rire libère les mêmes hormones qu’un rire spontané. De plus, il faut rire pendant au moins 15 minutes pour en ressentir les effets bénéfiques, ce qui n’arrive pas forcément dans la vie de tous les jours, à moins d’avoir vraiment un fou rire incontrôlable. Ce sont aussi les rares moments où l’on ressent à quel point le rire peut être curatif. On a les larmes aux yeux et on peut laisser libre cours à toutes les émotions qui affleurent. Pendant une séance de rire, nous prononçons les syllabes “ha ho he hi hu” plusieurs fois de suite à des vitesses variables. De cette façon, nous signalons à notre cerveau que nous rions et pouvons donc également profiter des effets d’un véritable rire. » Sylvie Roobrouck a elle aussi fait auprès d’Anja l’expérience de ce pouvoir thérapeutique, pendant sa rééducation après un grave accident de vélo. « Lorsque j’ai pu quitter l’hôpital après trois mois, je me suis retrouvée livrée à moimême. J’avais très mal, je ne supportais ni la lumière ni le bruit, et je devais marcher avec des béquilles. Pendant le confinement l’année dernière, même le kiné n’était pas autorisé à venir me rendre
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visite, et je suis restée seule pendant de longues journées. J’ai essayé de positiver en ayant recours à des exercices de méditation et de relaxation, mais sans y parvenir totalement. Les choses ont changé lorsque j’ai commencé à suivre les ateliers de rire en ligne d’Anja. J’ai tout de suite été agréablement surprise par leur impact. Après une séance, je me suis sentie reboostée, à nouveau pleine d’énergie pour me battre. Il m’arrivait de commencer un atelier les larmes aux yeux et la boule au ventre, mais les hormones du bonheur libérées par le rire me donnaient le coup de boost mental dont j’avais besoin. Je n’aurais jamais imaginé que le simple fait de rire pouvait procurer une telle quantité d’énergie. Je suis persuadée que ça a également accéléré ma guérison sur le plan physique. »
LE RIRE EN QUATRE CONSEILS Anja Vandenbergh, coach du rire, nous donne quatre conseils pour rire davantage dans la vie quotidienne : • Prononcer les syllabes « ha ho he hi hu » à des vitesses différentes est un excellent moyen de faire croire à votre cerveau que vous rigolez. Si vous continuez ainsi pendant un certain temps, vous commencerez généralement à rire. Essayez en compagnie
Lâcher prise Professeure de musique, Sylvie est enjouée et spontanée par nature. Avec elle, les séances de rire se sont déroulées facilement, mais ce n’est pas toujours le cas. De nombreuses personnes se sentent inhibées lorsqu’elles sont amenées à déclencher le rire de façon artificielle pour la première fois. Pour elles, Anja a mis au point un programme individuel de six séances, dans le but de leur apprendre à rire et à oser ensuite le faire en groupe. « Rire, c’est se connecter », souligne Anja. « Avec soi-même, mais aussi avec les autres. » Sylvie confirme que le rire l’a aidée à renouer avec son entourage : « La douleur constante et l’isolement m’ont enfermée dans un cercle vicieux. Je n’étais pas toujours de bonne compagnie pour mes enfants. Un jour, j’ai spontanément éclaté de rire alors que nous étions à table, exactement comme Anja m’avait appris à le faire. Au début, ils ont cru que j’étais devenue folle, mais j’ai vite remarqué que l’énergie entre nous avait changé et la légèreté était revenue. Le rire m’a aidée à améliorer ma relation avec mes enfants. Si je reste trop longtemps sans faire de séance, les idées noires me gagnent à nouveau. Je dois vraiment entretenir le rire pour garder ma force et mon énergie. Je suis incroyablement reconnaissante à Anja de m’avoir sortie de mon isolement dans les moments difficiles. » Anja : « Les personnes qui viennent me voir ont souvent tout essayé pour retrouver leur énergie. Afin que les barrières tombent, je leur propose des techniques très simples qui, dans un premier temps, ont un effet physique. Les inconditionnels de la pensée analytique qui réfléchissent en permanence, luttent contre le stress et sont au bord du burn-out ont parfois du mal à lâcher prise. Mais ce sont précisément ces personnes-là qui obtiennent les meilleurs résultats. Celles qui sont dans un processus de deuil et qui pensaient qu’elles ne riraient plus jamais de leur vie peuvent également apprendre par des exercices simples à se laisser submerger par le plaisir. Elles se sentent alors libérées et les larmes coulent plus facilement. Rire, c’est lâcher prise, et tout le monde en est capable. »
d’un proche, car le rire est contagieux. Après quelques instants, vous vous marrerez ensemble. • Démarrez chaque journée par une courte séance de rire devant le miroir de la salle de bains. J’appelle ça le « rire du réveil ». Regardez-vous en rigolant à voix haute (utilisez les syllabes de l’exercice précédent). Au début, ça peut sembler compliqué, mais au bout d’un moment, vous remarquerez combien il est agréable de voir votre reflet dans le miroir vous sourire chaque matin. Une excellente façon de commencer la journée en s’administrant une solide dose de positivité. • Aux personnes qui voudraient rire davantage, je recommande le « rire de la voiture jaune ». C’est un exercice qui consiste à vous esclaffer chaque fois que vous voyez une voiture jaune dans la rue. Tout le monde pense qu’il n’y a pratiquement pas de voitures jaunes dans la circulation, mais si vous commencez à y prêter attention, vous en verrez beaucoup plus souvent que vous ne le pensez. C’est une façon de vous sensibiliser à la nécessité de rire. La voiture jaune est en quelque sorte un signe que vous envoie l’univers pour vous rappeler de rire. Si vous êtes ouvert à cette idée, vous verrez que ça fonctionne.
RIRE EN BELGIQUE Envie d’en savoir plus sur le pouvoir du rire ou de participer à une séance d’essai ? Sur la page Facebook et le site web de l’Académie du rire de Belgique (www.academiedurire.be), vous trouverez la liste de tous les clubs de rire de notre pays, aussi bien à Bruxelles qu’en Wallonie ou en Flandre. Des activités sont régulièrement organisées, telles que des promenades du rire dans différentes villes et de courtes séances de rire en ligne pour rompre avec le stress de la vie quotidienne. Vous trouverez de plus amples informations sur les activités d’Anja Vandenbergh sur son site web : www.destralendelachertjes.be. 174 ELLE magazine
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Texte Camille Vernin
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ACTE SEXUEL M’INDIFFÈRE « Nous évoluons dans une société où le sexe est partout. (…) Ne pas ou moins participer revient à être tout de suite perçu comme un perdant de la dictature du jouir, un relégué du capitalisme de la séduction. C’est basculer du côté de la honte et d’une prétendue anormalité. » C’est par ces mots que s’ouvre le roman « Les corps abstinents » d’Emmanuelle Richard.
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Ici, il ne s’agira pas de parler seulement du tabou de l’abstinence. Le rejet – ou plutôt le désintérêt, car ils ne se privent de rien – est plus profond et plus durable que ça. L’asexualité se définit comme le « fait de ne pas ressentir d’attirance sexuelle pour autrui, de ne pas considérer le sexe comme important et de pouvoir s’en passer sans jamais en ressentir le besoin ». Cette orientation sexuelle concernerait 1 % de la population selon une étude publiée en 2004. Parmi elle, on compterait 62 % de femmes, 25 % de personnes non binaires et 13 % d’hommes. La faute aux injonctions liées à la performance sexuelle masculine ; l’homme n’est-il pas censé être celui qui a toujours envie ? Mais tous ces chiffres sont à prendre avec des pincettes, en raison du peu de recensements scientifiques récents sur le sujet. La science n’est d’ailleurs pas la seule à blâmer. Rien qu’à la télé, la représentation des asexuels se résume à des talk-shows du style « Ça commence aujourd’hui », ou des personnages un brin borderline : Todd Chavez dans « BoJack Horseman », Sheldon Cooper dans « The Big Bang Theory » ou… Bob L’éponge. Pour gagner en visibilité, l’Asexual Visibility Je suis asexuelle non binaire et plus ou moins homoromantique (attirance and Education Network (AVEN) a vu le jour en romantique envers des personnes du même sexe que le sien, NDLR). L’attirance 2001. Dix ans plus tard, ses membres créent l’Assexuelle, c’est avoir un très fort désir dirigé vers une personne, non ? Pour sociation pour la visibilité asexuelle (AVA) dans un triple but : informer sur l’asexualité, faciliter moi, c’est juste que cette personne n’existe pas sur cette planète, personne la communication avec les journalistes et cherau monde ne satisfait mes critères d’attirance. Certains asexuels parviennent cheurs·euses et faire (re)connaître cette orienà prendre du plaisir dans des relations sexuelles, même sans désir. Pour moi, tation sexuelle. Ils et elles parviennent même à c’est juste « ew ! » depuis que je suis enfant. J’ai été élevée dans une famille organiser la première Journée de l’asexualité le 26 avril 2013. Depuis la même année, l’asexualiméditerranéenne assez stricte et patriarcale. Je pensais que j’allais me marier té est reconnue comme une orientation sexuelle à un homme et avoir des rapports sexuels avec lui, il n’y avait pas beaucoup et plus comme une pathologie par l’Association d’autres schémas possibles. Plus jeune, j’ai songé à devenir nonne, c’était américaine de psychiatrie. ma parade ultime pour échapper à tout ça. Mais c’est con, je ne crois pas en Pourtant, de nombreux asexuels s’ignorent encore. « De nouvelles personnes viennent s’insDieu (rire) ! crire chaque jour », raconte Julien, administrateur Quand j’ai annoncé mon asexualité, j’ai dû expliquer à tout le monde ce que du forum AVEN francophone. « Lorsqu’elles c’était. Aujourd’hui, les gamins ont accès à internet. Ton premier réflexe, c’est découvrent l’asexualité, c’est un énorme soulade te dire que tu as un problème, un blocage. On va te dire que tu as subi un gement, car elles se rendent compte qu’elles ne sont ni seules ni malades. » Ce qui ne signifie pas traumatisme ou on va aller checker ton taux d’hormones. On nous bassine que tout le monde est un asexuel qui s’ignore, depuis des décennies avec l’idée que les relations sexuelles monogames sont mais que le spectre des sexualités est beaucoup indispensables au bonheur, que « le sexe est le ciment du couple », que c’est plus vaste et fluide qu’on ne le pense. Même au comme ça et c’est tout. sein des asexuels, une large palette de variantes existe. On parle de demisexuel (qui ressent de Beaucoup nous demandent si on en souffre. Ce n’est pas notre identité qui l’attirance sexuelle uniquement pour une pernous fait souffrir, mais la perception des autres. Je reçois souvent des mails sonne envers laquelle il/elle a développé un lien du style « je ne veux pas être asexuel, est-ce que vous pouvez m’aider à me émotionnel fort), graysexuel (qui ressent parsoigner » ou des parents qui cherchent des thérapies de reconversion pour leurs fois de l’attirance sexuelle, de façon fluctuante), d’autosexuel (qui n’a d’activité sexuelle qu’avec enfants. Malheureusement, beaucoup de médecins et psychologues sont encore lui/elle-même). Parmi les asexuels, on distingue mal informé·e·s, il faut absolument arrêter de prescrire systématiquement des encore les romantiques des aromantiques (qui médicaments ou des thérapies. Car la souffrance interne est extrême pour celles ne ressentent pas de sentiment amoureux). Mais et ceux que l’on tente d’« aider ». qui sont les personnes qui se cachent derrière ces ••• appellations multiples ?
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« ON NOUS BASSINE DEPUIS DES DÉCENNIES AVEC L’IDÉE QUE LES RELATIONS SEXUELLES MONOGAMES SONT INDISPENSABLES AU BONHEUR, QUE "LE SEXE EST LE CIMENT DU COUPLE" » magazine ELLE 177
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JULIEN (36) J’ai entendu parler de l’asexualité pour la première fois il y a dix ans. Je l’étais depuis toujours, mais je le refoulais. Je me considérais comme sexuel. D’ailleurs, la sexualité m’a toujours intéressé, car elle était très obscure pour moi, je lisais des magazines sur le sujet, des émissions explicatives. Jusqu’au jour où je suis tombé sur deux femmes qui en parlaient à la télé. Je me suis exactement retrouvé dans leur description, ça a été le déclic. À ce moment-là, le soulagement est extrême. J’exprimais enfin ce que j’avais enterré au fond de moi pendant des années. Aujourd’hui, je me définis comme totalement asexuel. Je suis en couple avec une personne demi-sexuelle, c’està-dire qu’elle doit nouer un lien émotionnel
« L’ASEXUALITÉ ADMET UN SPECTRE ASSEZ LARGE QUI VA DES PERSONNES QUI N’AURONT JAMAIS AUCUNE ATTIRANCE SEXUELLE DU TOUT À CELLES QUI POURRONT EN ÉPROUVER UN PEU À CERTAINS MOMENTS DE LEUR VIE »
très fort avec une personne en particulier pour éprouver de l’attirance sexuelle. Ma compagne a eu plusieurs petits amis avant, mais elle n’éprouvait aucun désir. Aujourd’hui, elle en a avec moi. L’asexualité admet un spectre assez large qui va des personnes qui n’auront jamais aucune attirance sexuelle du tout à celles qui pourront en éprouver un peu à certains moments de leur vie. Personnellement, je n’ai aucun dégoût pour la sexualité. Je peux même en extraire du plaisir à travers le côté partage, intimité, amour. Pendant un rapport, je me sens rempli de sentiments forts, mais ce n’est pas sexuel. Mon ex était sexuelle et très demandeuse. À l’époque où on sortait ensemble, elle m’avait fait remarquer que je n’allais jamais vers elle, que je ne prenais jamais les devants. Je n’étais pas au courant de mon asexualité à l’époque, alors je me suis un peu forcé avec le sentiment qu’elle n’avait pas tort. J’ai fait semblant d’avoir de l’attirance sexuelle pour elle pour ne pas la faire souffrir, car pour elle, mon manque de désir traduisait à tort un manque d’amour.
VALERIK (36) Le désir est quelque chose que j’ai toujours eu du mal à définir, car c’est quelque chose qui m’est totalement étranger. Je dirais que c’est l’envie de réaliser quelque chose, une sorte de besoin. En ce qui me concerne, je ne ressens pas la moindre attirance envers qui que ce soit. L’acte sexuel m’indiffère. D’ailleurs, je n’ai jamais eu aucun rapport sexuel avec personne. Par contre, le plaisir individuel est plutôt agréable pour moi. À ce niveau-là, j’ai même une libido plutôt active je dirais (rire). Je suis asexuel aromantique. Je ne suis jamais tombé amoureux et je doute de pouvoir le devenir un jour. À nouveau, il m’est très difficile de définir l’amour ou la romance, mais il me semble qu’elle passe par le partage de moments d’intimité émotionnelle, le fait de s’embrasser, de se tenir la main, de se faire des câlins… Je ne ressens pas particulièrement de besoin ni de manque à ce niveau-là. La seule fois où j’ai été en couple était à 18 ans. J’étais curieux. Il a fait le premier pas, mais j’avoue qu’avant qu’il ne me propose qu’on sorte ensemble, je n’avais jamais vraiment réfléchi à la question. Il m’a demandé s’il pouvait m’embrasser et je me suis dit : « OK, pourquoi pas ? » Quant à ce que j’ai ressenti à ce moment-là, j’imagine que c’était… sympa ? Je suppose ? J’ai annoncé mon asexualité à ma mère dans une lettre, en même temps que mon coming out trans. Je me suis dit que, tant qu’à le faire, autant y aller à fond (rire). Elle a eu du mal à avaler la pilule. Elle pense que c’est une phase, que ça viendra plus tard. Elle aimerait avoir des petits-enfants. Je viens d’une famille nombreuse, ça m’a donné envie d’avoir des enfants, de les élever, leur enseigner l’inclusion, l’ouverture. J’aimerais que la prochaine génération n’ait pas à en souffrir autant.
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Texte Juliette Debruxelles
Chaque mois, ELLE revient sur le destin de femmes qui ont changé la face du monde...
L’ENVOLÉE « Et vous allez porter un soutien-gorge dans l’espace ? » Ça, c’est l’une des questions posées lors de la conférence de presse précédant le premier vol de Sally Ride pour le compte de la Nasa. Nous sommes en 1983 et la préoccupation des journalistes est de savoir si elle pense chialer et couiner au décollage. « Tout le monde voulait savoir quel type de maquillage je prenais avec moi, mais pas si je m’étais préparée à utiliser le bras robotique ou à déployer des satellites de communication », déclarait-elle plus tard. Parce que oui, c’est pour ça qu’elle a été recrutée et drillée : pour grimper à bord de la navette spatiale Challenger et devenir la première femme américaine à participer à une mission habitée dans l’espace. Ou plutôt la « charmante première Américaine de l’espace » pouvait-on lire dans la presse. Sally Ride a beau exploser le plafond de la stratosphère, elle est, pour le public, une « Jolie Californienne aux yeux bleus ». Pourtant, son exploit fait encore résonner son nom dans la tête des écolier·e·s outre-Atlantique. Au point qu’en 2019, Mattel (en plein « pink washing » salvateur) sortait une Barbie à son effigie. C’est que Sally est une figure du combat pour l’égalité et une parfaite illustration des inepties vécues par les femmes scientifiques entourées de nerds. Avant le décollage, l’agence spatiale lui recommande d’emporter avec elle une trousse contenant 100 tampons périodiques (soit un changement de tampon toutes les heures et demie pour une semaine de trip spatial). Mieux : un kit de make-up incluant blush, eye-liner, ombre à paupières, mascara, gloss et démaquillant est spécialement conçu pour les femmes astronautes et fièrement offert. Sally oubliera le sien sur Terre. Elle oubliera aussi de faire son coming-out, craignant à juste titre que son homosexualité la disqualifie d’office. Pour l’heure, le 18 juin 1983, c’est entourée de cinq autres astronautes qu’elle décolle de Cape Canaveral en Floride. Elle a 32 ans et son recrutement s’est tenu cinq ans plus tôt. Trente-cinq retenu·e·s, dont cinq autres femmes (Anna Fischer, Shannon Lucid, Judith Resnik, Rhea Seddon et Kathryn Sullivan) parmi plus de 8.000 candidat·e·s. Le parcours de Sally Ride ? High level classique : une passion pour les sciences depuis l’enfance, un corps d’athlète (elle aurait pu devenir tenniswoman pro), un bachelor en anglais et en physique à l’université de Stanford. C’est là qu’elle repère une petite annonce de recrutement de la Nasa. Elle passe des tests d’aptitude et les résultats sont bluffants. George Abbey – directeur des opérations aériennes responsable (entre autres) de la gestion des équipages de vol – la repère et veut en faire « la première Américaine blabla ». Sally envoie bouler les titres et quotas et réclame d’être jugée selon ses compétences. « Je ne vais pas dans l’espace pour écrire une page d’histoire, mais pour faire progresser la science. » Si elle en est là, c’est parce qu’elle en est capable et que d’autres avant elle ont essuyé les plâtres. Exemple, le projet « Woman in Space », financé par le secteur privé en 1960 et mené par des scientifiques à la clinique Lovelace. Objectif : savoir si les femmes – considérées comme plus petites et plus légères que les hommes – disposaient de bonnes aptitudes pour voler dans l’espace. La recherche allait se clôturer en 1962 pour les 13 femmes pilotes d’avion impliquées. Qui remercier pour cet arrêt ? John Glenn et Scott
Carpenter, astronautes, qui avaient déclaré face au Congrès américain que les femmes n’étaient pas qualifiées (parce qu’elles n’étaient pas pilotes d’essai, profession alors inaccessible au genre féminin). Ce n’est qu’en 1978 – année du recrutement de Sally Ride et de ses potes – que la Nasa oublie le témoignage des deux machos et retrouve un peu de bon sens scientifique. Sally contribue, durant sa formation (faite de sauts en parachute, de stage de survie en mer, de pilotage…), à développer le bras robotique de la Station spatiale internationale. Elle devient, en 1983, membre d’équipage de STS-7 pour un vol de six jours ayant pour objectif de récupérer des satellites. Margaret M. Heckler, alors secrétaire à la Santé et aux Services sociaux, déclarera : « Neil Armstrong a fait un petit pas pour l’homme en 1969, mais Sally Ride fait un pas beaucoup plus grand pour l’homme et la femme. » En 1984, c’est pour huit jours qu’elle s’envole pour une seconde mission. Il n’y en aura pas de troisième pour elle, car une tragédie survient dans le cadre du programme spatial américain : l’explosion de la navette Challenger en 1986. Effarée par l’accident, Sally Ride ne vole plus et quitte la Nasa peu de temps après. Elle devient professeure de physique à l’université de Californie et directrice de l’Institut spatial de l’université de Californie. Avec sa compagne, la scientifique Tam O’Shaughnessy (dont elle partagera la vie durant 27 ans), elle crée en 2001 la fondation Sally Ride Science pour accompagner les filles dans des carrières scientifiques. Le 23 juillet 2012, à l’âge de 61 ans, elle s’éteint des suites d’un cancer du pancréas. À ce jour, une quarantaine d’astronautes américaines ont participé activement à des missions habitées dans l’espace. La Nasa envisage même, lors de la mission Artemis de 2024, de faire alunir une femme. « La Nasa fera atterrir la première femme et la première personne “de couleur” sur la Lune », peut-on lire sur le site de l’agence spatiale. L’étape suivante (et inclusive) pour l’humanité, loin des projets de milliardaires qui font joujou dans la stratosphère : atteindre Mars.
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« JE NE VAIS PAS DANS L’ESPACE POUR ÉCRIRE UNE PAGE D’HISTOIRE, MAIS POUR FAIRE PROGRESSER LA SCIENCE »
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BOUDOIR DU REGARD BRUXELLES Votre regard mérite le meilleur
C’est en 2017 que Valéry ouvre LE BOUDOIR DU REGARD à Ixelles. Entourée d’une équipe de « brow stylists » formée au sein de l’école BDR Academy, elles ont toutes appris l’art de sculpter les sourcils et de styliser le regard en respectant les protocoles élaborés par Florence Temim, la fondatrice du concept. Toujours à votre écoute, elles subliment votre regard en vous proposant une gamme complète de soins d’excellence sur mesure, comme le microshading (pour un effet naturel), les extensions et rehaussements de cils ou encore le Brow Lift ... Dans la subtilité et la précision, des techniques de pointe alliées à des pigments de qualité bio et végan permettent de redessiner la ligne, de combler les manques tout en apportant de l’intensité au sourcil avec un résultat plus vrai et plus naturel. Que vos sourcils soient fins, épais, sombres, clairs… Le Boudoir du Regard saura trouver la forme qui les mettra en valeur. Soyez-en certaines !
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Texte Elisabeth Clauss
YOU DO, YOU DO SAINT-TROPEZ ! Attendre la rentrée pour se reconfiner, mais pour le plaisir, avec ses copines, une ribambelle d’enfants ou un moment ensemble. Dans des conditions de confort absolu, de luxe subtil, de discrétion totale : c’est à La Réserve, mais sans réserve.
Intégré au paysage, cet hôtel moléculaire est prisé pour sa culture particulièrement luxueuse d’une intimité protégée. C’est comme avoir le meilleur de Ramatuelle et de Saint-Tropez juste pour soi, en commençant par des jardins apaisés, pour une retraite cinq étoiles à l’abri du tumulte. - EN COUPLE : même les chambres de première catégorie, les plus accessibles, sont plus grandes que la plupart des appartements de ville. Chaque lit, chaque baignoire bénéficie de la même perspective plongeante sur la Méditerranée. Pour oublier le monde autour, l’horizon à nos pieds. Les suites dans leur version extrapolée méritent leur nom, avec un grand salon, une salle de bain géante, et une terrasse assez vaste pour y faire du vélo. Et pour les gourmets, La Voile, restaurant doublement étoilé et sur la terrasse à l’étage son pendant japonais, le Sky Bar avec sa cuisine ouverte, offrent un panorama à perte de vue sur la mer, quasi un belvédère. - EN JOYEUSE BANDE : les 14 villas ont toutes vue sur les flots, et surplombent une baie protégée. Idéalement agencées pour 6 à 12 personnes (de 3 à 6 chambres), on les investit pour déconnecter de la vie quotidienne. Et si on a embarqué de la marmaille — c’est assez nouveau dans les établissements de luxe — tout un programme d’activités lui est spécialement destiné. Les villas jouissent d’une piscine privée et du service d’un·e gouvernant·e qui veille au confort des convives, prépare les petits-dé-
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jeuners sur demande, s’occupe des courses et des chambres. Dans certaines villas, une maisonnette indépendante, mais accolée aux chambres garantit une intimité supplémentaire. Des navettes sont mises à disposition pour explorer les environs, et pour de l’ultra sur-mesure, le service B Spoke, sorte de all in très haut de gamme, adjoint en plus les services d’un·e butler, d’un·e chef·fe, d’un·e chauffeur·e, et deux heures quotidiennes de soins spa. Pour se promener sur l’immense domaine de la réserve, cette formule inclut la mise à disposition d’une voiturette de golf. - POUR SE RECENTRER : un·e coach de sport propose des programmes boot camp ou plus soft : de la marche nordique au réveil musculaire, en passant par l’aquabike, et le massage détoxifiant. La formule « mind & body retreat » inclut tout un programme de massages déstressant, de massages oxygénants, de séances de yoga et de Pilate. La Réserve abrite évidemment un spa d’agrément de tout haut niveau, où l’on bénéficie de soins maison à la signature olfactive qui est un voyage en soi.
Prix de la chambre première catégorie : à partir de 1.300 € pour deux personnes, petit déjeuner et minibar compris. Tout est envisageable : de l’organisation en amont à l’improvisation. Le forfait inclut petit déjeuner et parking, il n’y a ici que de grands sentiments, pas de petits suppléments, pour un service sur mesure haute couture.
LE BLENDER À EMPORTER PARTOUT AVEC SOI
TOM CLAEREN, GRÉGOIRE GARDETTE
Vous avez l’âme nomade et vous avez envie de profiter à fond de la fin de l’été en extérieur ? Ce petit électroménager portable va vous faciliter la vie ! Le On The Go Blender pensé par Cuisinart porte parfaitement son nom ! Grâce à son système sans fil et son design compact et épuré, il peut facilement être transporté n’importe où, n’importe quand. Une petite soif ou un creux à combler ? Il vous permet de réaliser des mélanges et préparations mixées comme des cocktails, des soupes, des jus ou encore des smoothies en seulement quelques instants. Doté d’une batterie en lithium-ion (chargée en deux heures), son gobelet d’une capacité de 450 ml et son couvercle muni d’un bec (à placer dans le lave-vaisselle une fois utilisés) en font l’accessoire incontournable des pique-niques ou brunchs sains en famille et des apéros entre amis. Des moments simples où l’on se retrouve en bonne compagnie autour d’un panier garni et d’une boisson fraîchement préparée pour profiter de cet air frais qui nous a tant manqué.
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CET ARTICLE A ÉTÉ RÉALISÉ EN ÉTROITE COLLABORATION AVEC CUISINART. CUISINARTBELGIUM.BE
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santé
Texte Elisabeth Clauss
cheveux
SOINS ANTISTRESS POUR CRINIÈRES FATIGUÉES LES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES FAVORABLES À LA REPOUSSE 1 Les acides aminés du type cystine, méthionine et arginine ; 2 Les vitamines D3, B6, B8 (également appelée biotine ou vitamine H) et B9 (acide folique) ; 3 Le zinc (qui contribue à la synthèse de la kératine) ; 4 La Prêle (qui soutient la croissance et apporte de la force au cheveu).
Jean-Philippe Beaupied, fondateur du salon Premier Studio à Bruxelles*, mise sur la santé des cheveux pour optimiser le rendu en coiffure. « Le plus efficace est de traiter les cheveux en profondeur, à la fois en leur prodiguant des soins ciblés, et en les boostant de l’intérieur grâce à des compléments alimentaires adaptés. On peut utiliser d’une part des lotions à répartir raie par raie sur le cuir chevelu — ce qui revient à soigner la terre pour avoir de belles plantes — et au plus simple, à prendre par exemple des gélules de levure pour nourrir la racine et fortifier le cheveu de l’intérieur. »
FAVORISER LES SHAMPOINGS FORTIFIANTS À BASE DE KÉRATINE
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Les cheveux aussi ont besoin d’être déconfinés. Ce qui se passe dans notre tête se répercute dessus. Les tensions et la fatigue ont fragilisé votre chevelure ? Un expert livre ses salvatrices recettes pour rebooter la beauté.
• QUAND ON VEUT RETROUVER DE LA LONGUEUR : paradoxalement, il faut commencer par couper un ou deux centimètres. « Les pointes s’abîment en frottant sur les vêtements, et si on est réticent à couper même un tout petit peu, ce qu’on arrive à faire repousser à la racine on le perd au bout, d’où une frustrante impression que ça stagne. En coupant, on favorise le résultat, visuel et réel. » • LA COUPE QUI SAUVE : elle peut être droite, en piquetage, effilée, en dégradé, selon la nature du cheveu. « Une base de carré ou un beau dégradé s’adapte à une envie de légèreté dans la coiffure, à un besoin de volume, ou encore à ôter un peu de masse. » • LE NOUVEAU SOIN STAR : c’est le grand succès des innovations en matière de résurrection de cheveux, dans les salons les plus avisés du monde entier. On l’appelle le « botox capillaire », même s’il ne contient pas de toxine botulique et n’implique aucune aiguille. Juste une façon de parler, sans couper les cheveux en quatre. « La chevelure est composée de protéines, dont la kératine. Ce soin, qui en est hyperconcentré, regonfle les cheveux fragilisés, et leur redonne littéralement vie. » • ON LE FAIT QUAND ? « Après les vacances, quand les cheveux ont besoin d’être redensifiés. » • COMMENT ÇA MARCHE ? « Après un shampoing à base de kératine, on applique soigneusement ce mélange nourrissant au pinceau, on laisse poser 30 minutes à température ambiante, puis on procède au brushing, sans rincer. Le “botox” de protéines et kératine est entièrement bu par le cheveu, et produit le même effet repulpant que les injections qui lui ont valu son nom. Ensuite, on passe le lisseur : la chaleur achève de fixer les précieuses molécules dans les fibres capillaires. » Toutes celles qui l’ont essayé en témoignent : ce soin est révolutionnaire. • COUP DE POUCE OXYGÉNATION : « Le massage du cuir chevelu qui relaxe, détend et stimule le bulbe pour favoriser la repousse. » Et être stimulé du bulbe avant la rentrée, c’est toujours une bonne idée. * premier-studio.be
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