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Tourisme
N° 46 • Sept.-octobre 2019 • 4,95 €
Sept.-octobre 2019
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LE MAGAZINE DE L’ART DE VIVRE
Promenade au fil de l’eau dans le Périgord
Des fleurs de toutes les couleurs
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Le coq au vin, une recette de saison conviviale
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Belgique 5,95 € - Luxembourg 5,95 € - Italie 5,95 € - Suisse 8,80 SFR
La Manche et ses foires aux chevaux
Un automne flamboyant
Le grès au sel des potiers alsaciens La vieille ville du Mans célèbre ses jardins
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Arrêt sur image
« La montagne ne cesse d’offrir une sorte de rythme superbe à celui qui la parcourt pour en connaître la structure. » Élisée Reclus, Histoire d’une montagne
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VAPOREUSES GRAMINÉES Retombantes ou dressées, naines ou géantes, ces plantes au feuillage décoratif vert, argenté, doré, bleuté, rouge ou bicolore embellissent les massifs du jardin comme les jardinières de la terrasse.
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Les très longues panicules dressées de l’herbe aux diamants (Calamagrostis brachytricha) apportent mouvement et légèreté au massif composé à l’arrière-plan d’asters d’automne roses et violets et de hautes eupatoires (Eupatorium) déjà fanées. Au premier plan, l’herbe aux écouvillons naine ‘Little Bunny’ (Pennisetum alopecuroides) qui borde le massif garde son joli feuillage d’automne doré pendant tout l’hiver.
1 1. Un écheveau de longues feuilles de spartine (Spartina), dont certaines ont bruni, a été tressé puis noué pour former une couronne. Les petites feuilles autour du photophore cachent la bride métallique à laquelle il est suspendu. À ne pas laisser sans surveillance ! 2. Les graminées compactes sont de bonnes
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compagnes pour les plantes de vos jardinières. Ici, un stipe penné (Stipa pennata), une laîche ‘Evergold’ (Carex hachijoensis) au fin feuillage bicolore et une herbe sanglante (Imperata cylindrica ‘Red Baron’) s’accordent aux callunes (bruyères communes), à une airelle rouge et à une anémone du Japon naine rose.
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Savez-vous planter les arbres ? Quand la chaleur estivale laisse la place à un temps plus frais, c’est le bon moment pour effectuer les plantations d’arbres et d’arbustes. Avec les larges gammes proposées en pépinière comme en jardinerie, vous aurez l’embarras du choix !
La bêche est un outil irremplaçable pour creuser le trou de plantation. Entreposez la terre retirée (sans gazon) dans une brouette ou sur une bâche posée à même la pelouse : la terre non utilisée pour reboucher le trou servira dans un autre massif.
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A stuce
Passez une couche de peinture bois spécial extérieur pour protéger l’étagère de l’humidité.
Range ton jardin ! Des râteaux en guise de crochets ou des palettes qui se transforment en suspensions pratiques… Avec ces idées créatives, l’abri de jardin sera toujours propre et bien ordonné.
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1. Facile de repérer le bon tournevis : ainsi alignés les uns à côté des autres, ils sont tous visibles en même temps. Un tasseau en bois percé de trous à intervalles réguliers leur sert de support. 2. Magnétique, le rangement ! Fixez une barre métallique sur une planche en bois, puis collez-y des aimants assez puissants pour tenir à votre disposition n’importe quel objet en métal. 3. Un vieux râteau à foin se recycle en suspension pour accrocher toutes sortes d’ustensiles, un vêtement de travail et pourquoi pas un petit bouquet pour décorer ? 4. Les boutons de conduites de gaz et d’eau se transforment en crochets originaux. Avec des vis adaptées, fixez-les sur une latte en bois.
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Pelle et balai se calent simplement entre les boutons d’une patère en bois.
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3 1. Rangement recto verso pour cette étagère qui s’utilise des deux côtés. Le dessus
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supporte plantes et pots vides. Le dessous permet de ranger, bien en vue, clous, vis et autres petits accessoires dans des bocaux, dont les couvercles sont vissés sous l’étagère. 2. Autre usage des bocaux : fixez-les à une planche grâce à des colliers de serrage et des vis. Malin pour ranger la ficelle : la tête en bas et doté d’un couvercle avec un trou de la taille d’une paille, le bocal renferme une bobine de fil qui se déroulera sans effort. 3. Des crochets en S font d’un treillage une suspension pratique. 4. À la manière d’un porte-parapluies, la palette posée à la verticale retient balais, pelles et râteaux. Pour un meilleur maintien, fixez la palette au mur.
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Ce bouquet composé d’orpins, d’asters blancs à rameaux étalés, de consoudes, de zinnias ainsi que de fleurs et de feuilles d’heuchère représente tout le charme de la fin d’été. Les infrutescences de la véronique (allongées) et de l’hélianthus (rondes) ajoutent du relief et des touches de verdure.
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UN GOÛT DE BOUCHOT Dans les Côtes-d’Armor, Marion Chevalier a repris les concessions de ses parents. Elle y produit des moules de bouchot, des naissains jusqu’à l’assiette. Texte Emmanuelle Jary Photos Marie-José Jarry
Une fois les coquillages ôtés des bouchots (des pieux), Marion les transporte jusqu’à terre.
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Fichés dans la baie d’Arguenon, les bouchots sont recouverts de moules âgées de 1 an et demi. Les cordes au premier plan servent de nurseries aux jeunes moules : les naissains.
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l est 10 h lorsque nous arrivons dans la zone conchylicole du Guildo, à quelques kilomètres à l’ouest de Saint-Malo. Marion Chevalier, tel un courant d’air, nous frôle en nous saluant de la main. « Ma mère, Marylène, va vous accueillir. » Marylène était fille d’agriculteur mais en épousant Jean-Jacques, conchyliculteur, elle a aussi épousé la mer. « Ici, il n’y a que des “fils de” et “des femmes de” », expliquet-elle. Avant de commencer à nous décrire le cycle de la moule de bouchot, elle demande à faire une pause-café. Car si notre journée commence à peine, la sienne est déjà bien entamée. Arrivée à 5 h du matin, elle ne terminera pas avant 19 h. À plusieurs reprises, Marylène insiste sur la dureté du métier mais on sent dans sa voix une passion toujours intacte. Aujourd’hui, elle est heureuse que sa fille reprenne l’affaire. Depuis toute jeune, Marion s’est intéressée au métier. Alors qu’elle portait encore des couches, elle demandait à mettre ses bottes et à monter sur le tracteur. Mais avant de se lancer, tradition familiale ou pas, il faut étudier. Marion a donc été au lycée professionnel maritime de Saint-Malo. « Ça met tout le monde sur un pied d’égalité », dit Marylène, tout en sachant qu’il est plus facile de reprendre l’affaire de ses parents
que de s’installer en tant que jeune producteur. Il faut trouver des concessions et elles sont rares dans la région. « Quand la famille de mon mari est venue de Charente s’implanter en Bretagne, en 1961, on lui reprochait de manger le pain des autres. Et on l’entend encore aujourd’hui », déplore Marylène.
Le cycle de vie Mais quel est donc ce fameux graal ? La moule de bouchot est réputée pour être bien charnue et joliment orangée. Pour cela, le cycle annuel ne laisse que
COQUILLAGES BIEN ÉLEVÉS Sur les étals de juillet à février, les moules de bouchot sont élevées en Loire-Atlantique et sur tout le pourtour breton, du Morbihan jusque dans les Côtes-d’Armor, ainsi qu’en Normandie dans la baie du MontSaint-Michel, où le coquillage est le premier produit de la mer à avoir obtenu une Appellation d’origine contrôlée (aujourd’hui AOP), en 2006. On trouve aussi dans le commerce une moule élevée en pleine mer sur des cordes immergées à 5 m de profondeur dite moule de Locquémeau. Enfin, dans le Cotentin et sur les plages du nord de la France jusqu’à la frontière belge, la moule sauvage est pêchée depuis des siècles.
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Entre nature et histoire À la confluence de l’Aisne et de l’Oise, la forêt de Compiègne étale ses 14 400 hectares de feuillus. Troisième plus grande forêt domaniale de France, elle garde la trace d’événements historiques. Texte Sylvaine Jeminet Photos Nadia Ferroukhi
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EN EAUX DOUCES Longtemps chassée pour sa fourrure, la loutre d’Europe est sur le point de reconquérir une partie de son habitat d’origine. En France, elle bénéficie d’une protection depuis 1972.
Ses longues moustaches, organes tactiles sensibles, l’aident à chasser sous l’eau.
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1. La loutre se déplace rapidement et agilement dans l’eau. Sa queue d’environ 30 à 40 cm de long lui permet de changer de direction à la vitesse de l’éclair.
2. Après s’être baignée, la loutre s’ébroue brièvement. Son épaisse fourrure empêche la moindre goutte d’eau d’y pénétrer. 3. Les poissons constituent la nourriture préférée de la loutre. Elle les capture en les mordant fortement puis les engloutit en les bloquant entre ses courtes pattes antérieures.
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ammifère d’eau douce, la loutre d’Europe (Lutra lutra) est dotée d’un corps fuselé parfaitement adapté à la vie aquatique. Lors de ses plongées, elle peut retenir son souffle jusqu’à 8 min, tandis que son épaisse fourrure constituée de 60 000 à 80 000 poils au cm2 la protège du froid. La quasi-totalité de ces poils sont appelés les poils de bourre (mais aussi « sous-poils » ou duvet), eux-mêmes recouverts de poils de jarre, plus épais et plus longs. Pesant entre 6 et 11 kg, l’animal atteint 1 m à 1,3 m de long de la pointe du nez à l’extrémité de la queue. Cette dernière représente à elle seule un tiers de sa taille. Rien d’étonnant, donc, à ce que quelques ondulations lui suffisent à prendre de la vitesse. La loutre se nourrit principalement de poissons, mais aussi d’amphibiens, de crustacés ainsi que d’oiseaux et de reptiles. Elle peut passer jusqu’à 5 heures par jour à chasser dans l’eau, une femelle qui allaite pouvant même chercher sa nourriture pendant 8 heures. Les berges naturelles sont des n°46 • 71
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La cathédrale SaintLazare, construite entre le xiie et le xive siècle, illustre le riche passé de la cité.
AUTUN, ROMAINE ET MÉDIÉVALE Aux portes du Morvan, l’ancienne cité gallo-romaine recèle un patrimoine historique d’une exceptionnelle richesse. Texte et photos Paul-André Coumes
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À travers champs et forêts L’été prend fin dans une explosion inouïe de couleurs. C’est le moment de partir sur les chemins pour découvrir la nature sous un autre jour.
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Si les chevaux ne trouvent pas preneurs à la foire de Lessay, les éleveurs les emmèneront certainement à celle de Gavray.
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Ces trois percherons sont fin prêts pour les trois jours de foire à Lessay, avec en point d’orgue le concours dominical pour tous les équidés.
es chevaux, des ânes, des hommes, des femmes et un grand champ pour décor… Les acteurs sortent de remorques ou de camions venus de tout le Grand Ouest, quand ce n’est pas de Belgique. Oui, c’est cela, exactement cela, un petit théâtre. On s’interpelle. On chuchote. Quelques pas pour regarder les aplombs de l’animal, vérifier qu’il n’y a pas un soupçon de boiterie. Et on renvoie la balle au vendeur, qui retourne l’argument… Les négociations peuvent ainsi durer toute une matinée, parfois sans même aboutir à une vente. Barbara Le Guiriec, la trentaine, est d’abord venue à la foire Saint-Luc de Gavray dans les pas de son père. Elle revient très souvent dans cette petite ville de la Manche. « J’aime bien le côté traditionnel. » Et, parfois, elle repart avec « un double-poney qui a l’air bien dans sa tête », un cheval polyvalent qu’elle finira de dresser dans son centre équestre. Elle fait partie des inconditionnels de cette fête située sur un promontoire, que l’on peut atteindre à pied au prix d’une jolie ascension. Moins sportif, l’accès au site peut aussi se faire en voiture. Ou en bus, pour éviter les bouchons. Si la foire aux équidés se termine le vendredi midi, la foire de Gavray se poursuit jusqu’au dimanche. « Nous comptons entre 100 000 et 140 000 visiteurs », annonce Nathalie Tapin, la régisseuse qui coordonne toutes les animations sur une bonne douzaine n°46 • 95
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1. Trio d’ânes du Cotentin avec leurs « papiers », comme disent les éleveurs, à savoir leurs carnets d’identification nécessaires à la vente. 2. Les foires aux équidés commencent au lever du jour et peuvent durer jusqu’à douze, treize heures… Ce qui laisse bien le temps de « causer » un peu. 3. Ce sont souvent de « petits » éleveurs qui viennent aux foires, par tradition et par plaisir, car cette activité ne les fait pas vivre.
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RACES EN PÉRIL Le normand, le bélier normand, le blanc de Hotot, l’avranchin, le roussin, le cotentin… Cet inventaire à la Prévert – le poète repose non loin de là, dans le Cotentin, à Omonville-la-Petite, face à la mer – illustre la variété des races de lapins et de moutons de la région. Une diversité que l’on retrouve lors de la foire Sainte-Croix, à Lessay, pendant les concours dominicaux de quatre races d’équidés : l’âne du Cotentin gris, reconnaissable à la croix présente sur sa robe, l’âne normand brun-marron, le cob normand, superbe cheval à la robe brunrouge, ainsi que l’incontournable percheron offrent un spectacle insolite. Les diverses animations proposées au cours de la foire ne doivent pas faire oublier que toutes ces races sont menacées : on compte en effet 70 naissances annuelles pour l’âne du Cotentin, 28 pour l’âne normand, 182 pour le cob, dans… toute la France. Le percheron s’en sort un peu mieux : 775 poulains, dont 181 en Normandie. Un plan de préservation régional lancé début 2018 tente désormais d’inverser la tendance.
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C’EST LE BOUQUET ! Loin de se cantonner au simple assemblage de fleurs et de feuillages, le bouquet est un art de la composition qui ne s’improvise pas. Rencontre dans le Cher avec une artiste de l’art floral qui sort des sentiers battus. Texte et photos Omar Mahdi et Virginie Quéant / Greenfortwo Media
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LES MOUTONS, BIENFAITEURS DES BUIS Six mille buis jouxtent le jardin de Catherine Joyaux Corselli. « Ce sont ceux de mon père, explique-t-elle. Ils lui servent à concevoir ses jardins. » À y regarder de plus près, aucune mauvaise herbe ne vient ne serait-ce que leur chatouiller les pieds. « Les buis ont les meilleurs jardiniers du monde, reprend Catherine : mes moutons ! » Ce n’est pas dangereux de laisser des ovins au milieu de tous ces arbustes ? « Ils n’y touchent pas et laissent un véritable green de golf. » Sans compter que leurs crottes pourraient avoir une action répulsive contre la pyrale du buis. C’est ce que l’on appelle l’écopâturage : mettre à paître des animaux permet d’entretenir des espaces naturels sans mécanisation ni utilisation de produits chimiques.
3 1. Comme les coloquintes qu’ils accompagnent, les choux d’hiver possèdent des formes et des couleurs variées qui se prêtent à tous les arrangements. 2. Le vert soutenu des euphorbes et du buis offre un contrepoint aux tons plus clairs des graminées et des premières teintes orangées automnales des érables. 3. Branches de bois et graminées : pas besoin de fleurs pour former un bouquet ! 4. Toute la magie de l’automne est à l’œuvre. Cet ancien panier à œufs typique du Berry accueille une brassée généreuse de fleurs et de feuillages aux teintes variées.
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Une structure en sarment de vigne, des hortensias, des roses,
« Un test grandeur nature de huit jours bien intenses », se remémore-t-elle en souriant. Mais, et c’est tout ce qui compte, une épreuve réussie. Suivront trois mois de stage auprès de Georges François, qui a « révolutionné l’art floral en France », rappelle-t-elle. Installée dans l’escalier de la boutique, faute de place, elle confectionne des bouquets sous l’œil du maître. « Il m’a tout appris en trois mois, reprend Catherine. Puis a proposé de m’embaucher, offre que j’ai déclinée car je souhaitais me consacrer à des événements comme les mariages, les défilés… » Elle veut surtout continuer à se former. Le frère de Georges François, Gérard, lui enseigne le commerce des fleurs à Rungis. « Avec eux, j’ai appris ce qu’était l’éclat de la fleur. » Une formation transversale qui se révélera fort utile quand, des années plus tard, elle devra s’occuper d’un dîner russe de 800 personnes à Versailles, un 25 décembre « J’avais été prévenue quatre jours auparavant. Avec une exigence non négociable : on me demandait uniquement des bulbes blancs odorants. Pour le jour de Noël ! J’ai rameuté le ban et l’arrièreban des amis, de la famille, j’ai fait fleurir des milliers de boutons à Rungis. Le dîner s’est bien passé. »
de la mousse et des pommes de pin pour une couronne inspirante.
La grâce de l’éphémère Aujourd’hui, Catherine se consacre de plus en plus à la transmission de son art. Elle a créé l’École du bouquet il y a une dizaine d’années où elle propose, dans la convivialité et la bienveillance, de partager ses techniques – et sa vision – du bouquet. Les élèves, des jardiniers et des amoureux du végétal, pour la plupart, cherchent non seulement à acquérir un savoir-faire mais aussi (et surtout ?) à partager une passion commune. « Ils viennent chez moi, on a tout sur place », souligne-t-elle. Devant la porte d’entrée, en effet, les stipes sont légion et voisinent avec des euphorbes et des sauges, les pieds bordés de touffes d’érigérons. « Mais on peut aussi utiliser des plumes d’oie que le vent a ramenées, des feuillages d’automne ou des branches et des tiges sèches », fait-elle remarquer, avant de rajouter, malicieusement : « Il n’y a pas besoin de fleurs pour faire des bouquets, surtout pas ! Mon père conçoit des jardins faits pour durer 150 ans. Moi, j’aime la beauté de l’éphémère. » Une formule aussi poétique que philosophique qui résume bien la vision du bouquet selon Catherine Joyaux Corselli.
4 Voir carnet d’adresses p. 120
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L’École du bouquet. Cours d’art floral à domicile ou dans les ateliers des Jardins de La Lande Chevrier, à Saint-Christophe-le-Chaudry (18). Certains cours sont aussi délocalisés à Paris (75).
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Parenthèse de charme Cette maison d’hôtes mosellane, à mi-chemin entre Metz et Nancy, n’est pas qu’une confortable étape pour les voyageurs. C’est aussi et surtout le projet de vie réussi d’une sympathique famille.
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Texte Dominique Lesbros Photos Marie-José Jarry
a maison d’hôtes, c’était le rêve de Julie. Un rêve partagé avec Yannick lors de leur rencontre. Le jeune couple se met alors en quête d’une vieille bâtisse à restaurer. Une demeure qui serait assez grande pour accueillir leur famille d’un côté et des chambres d’hôtes de l’autre, et susceptible d’être découpée et remodelée selon leur goût. « Nous avions envie d’une maison pleine, qui vit », se souvient Julie, les yeux pétillants. Au regard de l’adresse, le pari était osé car il faut avouer que la commune rurale de Secourt n’a pas les mêmes attraits touristiques que Metz, sa dynamique voisine distante d’une vingtaine de kilomètres. « Le calme à portée raisonnable de la ville, voilà exactement ce que recherchent nos hôtes, constate Julie. Beaucoup nous ont choisis comme gîte 104 •
d’étape, se fiant aux photos du site. Mais, après y avoir fait escale, ils se promettent d’y revenir, de découvrir la région, de s’y attarder. Ceux qui viennent exprès (et parfois de loin) visiter le Centre PompidouMetz côtoient autour de la table des Messin(e)s venus faire le plein de chlorophylle, le temps d’un weekend. La Parenthèse exerce une force d’attraction qui met tout le monde d’accord », s’enthousiasme-t-elle.
La maison des gens heureux Julie aime recevoir, faire plaisir, chouchouter, procurer du bien-être et cuisiner tout en étant chez elle. Elle réserve un accueil personnalisé à ses hôtes, lesquels apprécient énormément le fait de se savoir attendus. On voit bien qu’ils partent à regret, presque
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1. La décoration mêle avec bonheur éléments chinés et créations contemporaines. La grande table, elle, a été fabriquée sur mesure, à partir d’un plancher de wagon. 2. La tribu souriante au grand complet, entourée de ses deux chiens, véritables mascottes de la maisonnée. 3. La Parenthèse est un lieu attaché à la détente et au bien-être de ses hôtes. 4. Avec ce matou à l’affût, les mulots n’ont aucune chance !
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3 4 à reculons, s’attardant dans le jardin à jouer avec les chiens, véritables mascottes des lieux. Oh, ce ne sont pas les seuls animaux ! Il y a aussi un chat, des poules et quelques chouettes qui ont élu domicile dans l’arbre, devant la fenêtre du petit salon. Elles viennent surtout l’hiver et regardent par la vitre avec leurs grands yeux dorés. Peut-être aimeraient-elles paresser dans l’une des trois chambres aussi douces qu’un cocon et profiter des attentions de Julie… « Je veille à ce que tout soit parfait. Je veux que les gens aient l’impression d’être les premiers à occuper une chambre, insiste-t-elle. Mon ancien métier m’a amené à me déplacer fréquemment et j’aurais voulu faire étape dans un endroit comme celui-ci. Un lieu où l’on se sent vraiment comme à la maison. »
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LE PÉRIGORD AU FIL DE L’EAU Nature, architecture, gastronomie… Les vallées de l’Isle et de la Dronne distillent leurs trésors tout au long de leurs rivières. Texte Patricia Marini Photos Marie-José Jarry Illustration Claudine Panagopoulos
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PÉRIGUEUX, VILLE ET PAYS D’ART ET D’HISTOIRE Née en 1240 de l’union de la cité gallo-romaine Vesunna et du bourg du Puy-Saint-Front, ensemble médiéval et Renaissance dominé par sa cathédrale de style romano-byzantin (ci-contre), Périgueux est la première ville d’Aquitaine à avoir été labellisée, en 1987, ville et pays d’art et d’histoire. Pas étonnant avec un secteur sauvegardé qui, sur 20,5 hectares, réunit 44 édifices inscrits ou classés Monuments historiques. Flâner dans les ruelles sinueuses recouvertes de pavés est un bon moyen d’en apprécier la densité et la richesse.
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À Bourdeilles, le château (en réalité un ensemble de deux châteaux, l’un médiéval , l’autre Renaissance) domine le village traversé par la Dronne.
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Au pied du donjon du château de Bourdeilles, l’ancien moulin seigneurial, dissimulé sous la vigne vierge, est posé sur la Dronne.
Tourin Pour 4 à 6 personnes. Préparation : 15 min. Cuisson : 35 min. l 100 g de cèpes l 3 œufs l 50 g d’ail (environ 6 gousses) l 2 c. à soupe de graisse
de canard l 1 litre de bouillon de volaille l 1 c. à soupe de farine l 1 c. à soupe de vinaigre l sel l poivre
1. Nettoyez les cèpes et émincez-les. Pelez, dégermez et hachez l’ail. Dans un faitout, faites revenir l’ail avec les lamelles de cèpe dans la graisse de canard. Réservez quelques champignons pour la présentation. 2. Ajoutez la farine, mélangez, puis versez le bouillon de volaille. Laissez mijoter 20 min à feu doux. Salez, poivrez et mixez grossièrement. 3. Séparez les blancs des jaunes d’œufs. Ajoutez les blancs d’œufs dans le faitout. Attention, l’œuf fait monter le liquide. Laissez cuire 10 min supplémentaires. 4. Mélangez les jaunes avec le vinaigre et, hors du feu, ajoutez-les à la préparation. Le mélange ne doit pas bouillir. 5. Ajoutez les cèpes réservés au moment de servir. Une recette proposée par le chef Patrick Marty du restaurant Le Moulin du Pont, à Lisle (24).
Mauriac par exemple, où il fait bon s’arrêter pique-niquer tout en admirant le château du même nom et ses jardins. Un peu plus loin, à Neuvic, l’Isle alimente les bassins d’élevage des esturgeons destinés à la production du caviar local. Pédagogique, la visite de ces installations permet aussi de goûter ce mets d’exception, dont quatre tonnes ont été commercialisées en 2017. Un peu plus loin sur la rivière, au moulin de la Veyssière, l’huile de noix et de noisette a remplacé la farine. Les minoteries, papeteries et fonderies alimentées par l’énergie hydroélectrique ont, quant à elles, peu à peu fermé leurs portes.
De moulin en château De Brantôme jusqu’à sa confluence avec l’Isle, la Dronne a compté jusqu’à 108 moulins. Seuls quatre seraient encore en activité. À Ribérac, celui de la Pauze, exploité par la famille Mazeau depuis 1710, a cessé de fonctionner en 2013. Son propriétaire, Alain Mazeau, l’a transformé en écomusée qu’il fait visiter sur rendez-vous. L’ancien minotier y confectionne du pain tous les week-ends, dans la boulangerie artisanale qu’il a créée sur place. À quelques encablures, la Maison de la Dronne occupe un moulin à farine du xiie siècle qui a produit de l’électricité jusqu’en 1957. C’est désormais un point d’information touristique, point de départ de visites guidées et de n°46 • 113
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