Alain Gauthier
L’ÉLYSÉE DU GÉOLOGUE 37 € ISBN : 978-2-8241-0632-8
Alain Gauthier
L’ÉLYSÉE DU
GÉOLOGUE
L’île de Beauté : l’Élysée du géologue* Organisation du livre Ce livre a l’ambition de faire découvrir au lecteur non-géologue, la géologie complexe mais passionnante de l’île de Beauté. Il est le fruit d’une longue réflexion et de plusieurs publications dans lesquelles l’auteur a déjà tenté de présenter la géologie de la Corse.
Alain Gauthier Agrégé de l’Université Docteur en géologie
Il s’agit d’un compromis entre un ouvrage pour public scolaire corse publié il y a quelques années et deux ouvrages à vocation plus scientifiques aujourd’hui épuisés. Il reprend certains éléments de ces trois ouvrages, mais en les présentant de façon complètement différente, originale, enrichie d’une part et simplifiée de l’autre. Pour ce faire 78 thèmes ont été sélectionnés (fiches 1 à 78). La présentation par fiche permet au lecteur de choisir directement le sujet qui l’intéresse. Leur nombre et leur variété sont suffisamment grands, nous l’espérons, pour illustrer toute la variété géologique de l’île sans laisser de côté de sujet important et en présentant même quelques sujets originaux et inhabituels. Les thèmes sont précédés d’une présentation générale (14 pages – fiche A à G) et le livre se termine par une mise en perspective des phénomènes dans un essai de reconstitution de l’histoire géologique de la Corse en sept épisodes (fiches 69 à 75). Trois derniers thèmes (fiches 76 à 78) illustrent les conséquences imprévues de la dualité géologique insulaire. Quant à ceux qui constituent le corpus même du livre, ils sont regroupés en trois ensembles et précédés de considérations générales nécessaires à leur compréhension. Chacun des thèmes se développe sur 1 à 6 pages. Le texte a été volontairement réduit au profit de l’illustration : photos, schémas, cartes (plus de 700 illustrations). Lorsque cela est possible, un petit paragraphe intitulé comment s’y rendre – où les trouver ? précise en quelques lignes comment aller observer une roche ou une formation géologique. Des informations plus techniques présentées en encadré permettront au lecteur qui le souhaite d’approfondir ses connaissances. Alain Gauthier
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* Le titre est un clin d’œil à la mémoire d’Émile Gueymard qui déclarait, en 1820, lors de son exploration de la vallée du Fium’Altu, à la recherche du vert d’Orezza, que la vallée était l’Élysée de la géologie.
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Les soixante-dix-huit sites
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Carte géographique avec localisation de la majorité des soixante-dix-huit sites (document cartographique CRDP).
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La Corse, une île sertie dans un golfe La perle de la Méditerranée occidentale Image satellite de la Corse au cœur du golfe de Gênes. Noter au sud l’étroitesse du détroit de Bunifaziu, et à l’est plusieurs îles de l’archipel toscan : du nord au sud : Gorgona et Capraia dégagées, Elbe, Pianosa, Montecristo et Giglio, partiellement dissimulées sous les nuages. Remarquez enfin l’orientation réelle de la Corse dans le golfe de Gênes. L’extrémité du Cap pointe en direction de la cité de Gênes et on est loin des représentations cartographique, ou mise en page oblige, la Corse se trouve reléguée dans un encart que l’on place où l’on peut et parfois même dans le golfe de Gascogne !
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1. Image Envisat : La Corse vue par le capteur Meris du satellite ENVISAT en octobre 2012. Capture sur internet : Image satellite Corse.
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2. Île granitique de Montecristo depuis le Zucarellu au-dessus de Bastia au coucher du soleil.
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3. Carte bathymétrique du bassin ligure. Remarquez l’étroitesse des fonds supérieurs à 200 mètres entre l’extrémité du Cap et l’île de Capraia et a contrario le développement important du plateau continental entre l’Italie et les Îles de l’archipel Toscan.
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ne île au cœur du bassin Ligure, séparée de l’Italie par le canal de Corse, relativement étroit (environ 90 km de large), peu profond et parsemé des sept îles de l’archipel Toscan. Une île très montagneuse (altitude moyenne 568 mètres – 1 614,4 km² à plus de 1 000 mètres), où plus de 100 sommets dépassent 2 000 mètres. Une île où les plus hauts sommets ne sont jamais à plus de 40 km de la mer (Monte Cintu à 22,5 km de la côte calvaise).
Une île où la très grande diversité de roches et une histoire géologique vieille de plus d’un demi-milliard d’années et aux nombreux bouleversements expliquent la variété des paysages sur une superficie réduite (180 km de long, 84 km de large au maximum, 8 712,8 km²). Une île ou la géologie conditionne le relief, la végétation, la faune et l’habitat et donc dans une certaine mesure l’histoire (Deçà et Delà des Monts des Génois).
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La Corse géologique : deux montagnes juxtaposées 1. Deux montagnes côte à côte : au premier plan la Castagniccia ; le San Pedrone, point culminant de la Corse alpine (ophiolites) et de la Castagniccia ; second plan, au centre et à gauche, la grande dorsale rhyolitique et granitique enneigée et en particulier, le massif du monte Cintu, point culminant de la Corse. 2. Formations miocènes dans la plaine ; second et troisième plans, la Corse alpine ; quatrième et cinquième plans : corse ancienne (Monte Rinosu et Monte d’Oru – vue prise depuis le barrage d’Alzitone). 1 2
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Carte géologique simplifiée
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a Corse occidentale (en rose avec croix sur la carte) est constituée pour l’essentiel de granitoïdes (granites variés pour l’essentiel, diorite, syénite, gabbro de façon accessoire). Ces roches datent de 340 à 240 millions d’années (Ma). Les granitoïdes corses sont associés à des roches volcaniques, à des roches métamorphiques, terrains les plus anciens de l’île (jusqu’à près d’un milliard d’années), et à de rares roches sédimentaires, dont certaines ont plus de 400 Ma. Les terrains formant la Corse orientale ou alpine (en chevrons marron sur la carte) sont issus, comme ceux des Alpes occidentales, d’un océan disparu appelé liguro-piémontais (170 à 60 Ma) et de ses marges continentales. Les roches océaniques présentent diverses
variétés de schistes métamorphiques et les ophiolites* roches de l’ancienne croûte océanique. Dès le sud de Bastia, elle est bordée à l’est (en vert) par les collines basses et les plaines côtières de la Marana-Casinca et de la plaine orientale.
3 et 4. Deux villages pour illustrer la dualité géologique insulaire. Santa Lucia di Tala (3) en Corse granitique et un hameau du Morianincu (4) en Castagniccia. Noter les différences de couleur des façades et des toits.
Corse ancienne et Corse alpine s’affrontent de San Fiurenzu à Sulinzara, (en jaune) dans un secteur géologiquement complexe où affleurent les roches, principalement sédimentaires, des marges continentales*. Une zone déprimée qui ne dépasse pas 600 m d’altitude, le sillon central (de l’Ostriconi à Sulinzara) s’y superpose en général, mais pas toujours. Enfin deux petits bassins sédimentaires existent au sud (Bunifaziu) et au nord-ouest (San Fiurenzu).
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Les deux tiers de la Corse (soit environ 5 000 km²) sont constitués par des granites variés et des roches apparentés : les granitoïdes. Malgré des points communs (toutes ces roches sont formées de cristaux), des différences existent dans la nature : taille des cristaux, résistance à l’altération, puis à l’érosion.
Des granites de la fin du primaire Ils y règnent en maîtres. Ils manifestent une grande diversité et pour certains une grande originalité. 1
1. Le Capu Rossu au sud du golfe de Portu. L’ensemble de la presqu’île est constitué de granitoïdes. Noter l’opposition entre la partie supérieure du cap où le granite coloré affleure en l’absence de sol et de végétation et la base du cap ou granite et autres roches grenues (diorite et gabbro) sont masquées par le maquis.
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2. Embouchure commune de la Gravona et du Prunelli : l’opposition entre différents granitoïdes s’exprime sous forme de collines vallonnées ou de reliefs plus hardis. En arrière-plan la crête enneigée de Scaldasole.
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3. Granite porphyroïde. 4. Granodiorite avec enclave. 5. Granite alcalin (calanche). 6. Filon d’aplite. 4 5
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7. Pegmatite. 7
Des granites très variés
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es variétés des granites en Corse sont très nombreuses comme on le verra ci-après. Le plus simple, pour l’amateur, sur le terrain, est de les distinguer d’après la dimension et les proportions des divers minéraux (cf. page 27). Les aplites sont des granites à grains très fins (cristaux de moins d’un millimètre), généralement de couleur claire. Au contraire, les cristaux atteignent de grandes tailles dans les pegmatites. Enfin dans les granites porphyroïdes, le feldspath alcalin est présent sous forme de gros cristaux, alors que les autres éléments ont une taille plus réduite.
Granites et granitoïdes donnent naissance dans le paysage à des formes de relief différentes (falaises et aiguilles, collines émoussées, etc.). Le plus souvent ces roches sont couvertes d’une formation superficielle meuble, un sol, provenant de leur altération, associée à un couvert végétal. Le paysage est donc constitué par les roches, le sol, la végétation et éventuellement par les aménagements de l’homme. Les plus colorés et les plus récents (Permien*) de ces granites donnent naissance à certains des paysages les plus touristiques de l’île : calanche de Piana, aiguilles de Bavedda, aiguilles d’Upulasca, cirque de Bonifatu.
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Un volcanisme explosif Daté lui aussi du primaire 1. La presqu’île de Scàndola et, en arrière-plan, le massif du Cintu. 1
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2. Face ouest de la grande barrière formée de roches volcaniques. De droite à gauche : Tafunatu, Paglia Orba, Capu Tighjettu, Capu Falu, Punta Minuta et Cintu. 3. Orgues rhyolitiques. 4. Lahars : presqu’île de Scàndola. 5. Quelques roches volcaniques du massif du Cintu.
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e la presqu’île de Scàndola au sommet du Monte Cintu, sur 30 km et près de 700 km², existent des roches volcaniques qui se sont mises en place il y a 250 millions d’années. Elles correspondent à un volcanisme explosif et sont représentées : - par des projections volcaniques : brèches, tufs*, lapillis* et cendres, le tout fortement cimentés (massif du Cintu) ; - une épaisse série ignimbritique* rose violacé (Punta Minuta, Capu Larghja). Des orgues rhyolitiques, des lahars*, s’y observent également, en particulier à Scàndola.
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La boule sommitale de l’Omu di Cagna.
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LES PAYSAGES ET LES ROCHES DE LA CORSE ANCIENNE
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1. Granite et structure grenue à la partie inférieure, structure microgrenue à la partie supérieure. Noter la quasi-disparition des cristaux au contact des deux roches. On parle de bordure figée. 2 et 3. Structure microgrenue à l’œil nu en haut et au microscope polarisant en bas.
Magmas, roches plutoniques et laves
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n magma, dont la lave d’un volcan nous donne un exemple familier, résulte de la fusion en profondeur, dans la lithosphère* ou le manteau*, d’une roche silicatée*. Le liquide dû à cette fusion, très chaud (entre 600 et 1300 °C suivant les cas), plus léger que les roches encaissantes, à tendance à monter, tout en refroidissant, ce qui généralement provoque la formation de quelques premiers cristaux. Si le magma atteint la surface, un volcan naît ; la lave brutalement refroidie de plusieurs centaines à quelques dizaines de degrés
Celsius, subit donc une « trempe » qui interrompt brutalement la cristallisation débutante. Ainsi naît une roche volcanique où coexistent des cristaux noyés dans une masse faite soit de cristaux plus petits (texture microgrenue) soit du verre volcanique non cristallisé (texture microlithique). Si au contraire, le magma ne peut atteindre la surface, c’est une roche plutonique qui naît. Le refroidissement très lent et complet du magma permet une cristallisation complète de tous les minéraux : la roche acquiert une texture grenue, comme les granites ou les gabbros.
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A. La dorsale océnique.
Origine des magmas
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B. La subduction. C. Différents phénomènes éruptifs.
l’origine, toutes les roches magmatiques proviennent de la fusion partielle des péridotites du manteau (cf. page 85).
Deux cas différents sont représentés en Corse : le magma des dorsales et celui des zones de subduction. Dans le premier, au niveau d’une dorsale océanique (schéma A), zone où deux plaques s’écartent, un magma basaltique naît à 40 km sous la crête de la dorsale. Il monte vers la surface, et son refroidissement crée de la croûte océanique, constituée de laves (basaltes) surmontant des roches plutoniques grenues (gabbros). Tel fut le cas lors de l’ouverture de l’océan liguro-piémontais (Corse alpine – cf. page 85). Dans le second, lorsque de la lithosphère océanique subducte*, elle entraîne en profondeur une certaine quantité d’eau (schéma B). Cette eau facilite la fusion partielle de la péridotite* vers 100 à 150 km de profondeur. Le magma qui prend naissance est chimiquement très différent du précédent et beaucoup plus visqueux. Il est dit calco-alcalin ou andésitique. Il monte très lentement et subit au cours de sa migration vers la surface des transformations diverses.
Son arrivée en surface crée des volcans violemment explosifs. S’il reste en profondeur, il cristallise lentement pour donner des roches plutoniques variées regroupées sous le nom de granitoïdes qui participe à la fabrication de la croûte continentale (schéma C). Ultérieurement certaines fractions pourront fondre à nouveau sous l’effet conjugué de l’énergie dégagée par les minéraux radioactifs de la croûte et d’éventuelles modifications de la pression (l’abaissement brutal de la pression peut entrainer la fusion de matériaux qui étaient jusque-là à l’état solide). De nouveaux magmas prennent naissance près de la surface. Plus riches en silice, ils sont très visqueux et génèrent des rhyolites et ignimbrites (roches volcaniques) ou des granites alcalins (roches plutoniques). En Corse vont se succéder en une centaine de millions d’années trois associations magmatiques différentes par leur origine, leur chimisme, leurs minéraux, leur mode de mise en place et leur comportement face à l’altération. Elles sont nommées respectivement U1, U2 et U3. Lors de leur refroidissement les magmas peuvent provoquer, par l’intermédiaire de vapeurs ou de solutions hydrothermales, la minéralisation des roches encaissantes et donner ainsi naissance à des gîtes métalliques plus ou moins importants (cf. pages 76 à 81).
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LES PAYSAGES ET LES ROCHES DE LA CORSE ANCIENNE Roches plutoniques et effusives de la Corse occidentale
1. Schéma d’un massif granitique. 1 : roches encaissantes. 2 : auréole de métamorphisme de contact (roche encaissante transformée par la chaleur apportée par la magma voisin). 3 : filons. 4 : enclave de terrains encaissants. 5 : bordure « figée » : granite à grain fin. 6 : granite.
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Les granites de la région de Lumio et d’Algajola Des représentants de l’association magmatique U1
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Comment y aller ? Pour le monolithe : dans la longue ligne droite avant Algajola (en venant d’Isula Rossa), prendre au niveau de la station d’essence, le petit chemin qui se dirige vers la mer. On rejoint bientôt (à pied) la carrière dans laquelle gît le monolithe. Pour le gisement d’Algajola : gagner le bord de mer à l’entrée d’Algajola. Suivre la route, puis la piste vers l’est. S’arrêter au terminus de la piste, rejoindre le bord de mer.
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1. Ancienne exploitation artisanale de granite à l’extrémité est de la plage d’Algajola. Remarquez la trace des coins sur les blocs. 2. Noter la présence d’une enclave basique et la différence dans la taille des grains. 3. Monolithe d’Algajola (en réalité sur la commune de Corbara).
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4. Quartz.
7. Micas.
5. Amphiboles.
8. Cristal de sphène.
6. Feldspaths.
9. La granite d’Algajola.
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Les minéraux principaux des granitoïdes sont constitués de silice et de divers silicates. On distingue facilement des minéraux clairs, quartz et silicates contenant silice, potassium, sodium et calcium (les feldspaths), et des minéraux colorés, qui contiennent en outre du fer et du magnésium (micas, amphiboles et plus rarement pyroxènes).
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Les minéraux des granites et des granitoïdes en général
Comment reconnaître les minéraux des granitoïdes ? Quartz : c’est de la silice (SiO2). Aspect de verre, de gros sel, souvent grisâtre ; très dur il raye le verre et l’acier. Feldspaths : ce sont des silicates contenant des substances alcalines (potassium et sodium) et/ou du calcium. Le feldspath alcalin est de couleur beige, rouge ou rose, parfois sous la forme de grands cristaux ; sa variété la plus courante est l’orthose, potassique. Les feldspath calco-sodique sont en général de teinte blanche.
Le cas particulier d’Algajola et des granitoïdes de la région calvaise
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l s’agit de roches riches en micas noir, donc souvent de teinte assez foncée, présentant souvent de gros feldspaths potassiques. Ils contiennent un minéral accessoire particulier : le sphène. Ils forment une association magmatique appelée U1 qui correspond aux plus anciens granitoïdes de la Corse. Certains de ces granites sont très peu fracturés et ils ont pour cette raison été exploités (exemple du mono-
lithe, mais aussi socle de la colonne Vendôme, monument aux soldats d’Orient à Marseille, etc.). L’association magmatique U1, comme les autres, présente une variété certaine des granites, quant bien même ils ont « un air de famille » et des caractéristiques chimiques communes. Granites à grains différents, plus ou moins riche en éléments sombres, etc.
Les micas noirs (biotite) ou blancs (muscovite) sont constitués de petits cristaux plats et brillants se clivant facilement en petites lamelles (paillettes). Les amphiboles quand elles sont bien cristallisées se présentent sous la forme de petites baguettes à section hexagonale. La variété la plus commune, de couleur vert foncé est la hornblende. Quant aux pyroxènes, il s’agit de minéraux sombres, en prismes trapus à section octogonale.
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Comment se rendre à N.-D. de la Serra ? À Calvi, prendre la route littorale (D 81b) vers Galeria. Après quelques kilomètres, en face de l’embranchement vers la Punta di Revellata, utiliser la petite route de gauche pour rejoindre la chapelle.
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En montant vers la chapelle, très beaux tafoni sur la gauche, ancienne carrière de granite sur la droite.
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À la chapelle : vues remarquables sur Calvi et son golfe.
Les granites au sud de la Revellata sont les plus vieux de Corse. Ainsi celui sur lequel est bâti le sémaphore de Cavallu a-t-il été daté de 340 millions d’années.
On peut se rendre sur le petit sommet à l’ouest de la chapelle pour admirer les vues sur la chaîne du Cintu et le golfe de Calvi.
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Dans le détail, la route côtière permet de faire de jolies observations sur les coupoles granitiques, leur débit en dalles concentriques et les zones de contact entre deux granites de couleur suffisamment différente pour qu’il soit permis de découvrir ce contact.
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10. Baie de Calvi dominée par le Capu di a Vetta, en arrière plan le massif du Cintu. 11. Le granite de Capu Cavallu. 12. Contact entre deux granites : vue générale. 13. Contact entre deux granites : vue de détail.
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Prendre la petite route de la marine de Sant’Ambrogiu à partir de la RN 197. Suivre vers la gauche les pancartes en direction du restaurant le rocher. Ce dernier se trouve au sud de la Punta Spanu. Stationner sur le grand parking au terminus de la route. Suivre le littoral vers le sud et l’ancienne carrière.
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Comment s’y rendre ?
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14. Carrière de Spanu : vue aérienne. 15 et 16. Carrière de Spanu : vues de détail. 17. La diorite de Spanu. 15
Fermant le golfe de Calvi, à l’opposé de la Revellata et de Calvi, le Capu Spanu, présente une curiosité géologique. Il s’agit d’une carrière circulaire de diorite à grain assez fin au milieu d’un granite à gros grains. Cette roche a fait au début du xxe siècle l’objet d’une exploitation assez soutenue. Des actions ont même été émises. La roche était transportée par bateau jusqu’à Calvi et de là sur le continent. La rue
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de la République à Marseille a été pavée, au moins en partie avec cette diorite dont la résistance à l’écrasement était bien supérieure au granite à grains grossiers. Lors du déplacement en bord de mer, on peut observer le granite porphyroïde recoupé par tout un système de filons.
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