ÉTUDES CORSES Titre
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En couverture : Détail d’une fresque de Santa Restituta de Calenzana, XVe siècle. ISBN : 978-2-8241-0725-7 ISSN : 0338-361-X © Tous droits de publication, de traduction, de reproduction réservés pour tous pays. Albiana, 2013
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É T UDES CORSES N° 77 – DÉCEMBRE 2013 A SSOCIATION
DES
C HERCHEURS
EN
S CIENCES
HUMAINES
(domaine corse)
STUDII CORSI È MEDITERRANII
ET MÉDITERRANÉENNES
Historiographie de la Corse médiévale
ALBIANA/ACSH
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SOMMAIRE Dossier : Historiographie de la Corse médiévale Introduction Antoine Franzini
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Évolution générale des recherches et des publications d’histoire médiévale de la Corse. Una storia locale en tension vers l’histoire critique Antoine Franzini
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Daniel Istria
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L’archéologie médiévale en Corse
Histoire populaire du Moyen Âge corse. Une synthèse historiographique Philippe Colombani
49
L’Église en Corse au Moyen Âge. Bilan historiographique Alain Venturini
67
L’histoire politique et institutionnelle : un siècle d’historiographie de la seigneurie corse (fin XIXe-début XXIe siècle) Vannina Marchi Van Cauwelaert
93
Varia Giordano Orsini, lieutenant général et gouverneur du roi de France en Corse (1555-1559), à travers sa correspondance conservée dans la collection Lamoignon de Moscou Ekaterina Guerassimova
113
Une enquête inédite sur la société des pinnuti à la fin de la monarchie de Juillet Jean Canavaggio
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Les notables et la modernisation de l’agriculture en Balagne au XIXe siècle Laetizia Castellani
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Football, identité et patrimoine : le cas de la Jeunesse sportive bonifacienne Didier Rey
169
Les « Maghrébins » de Corse. L’expérience d’une altérisation radicale Marie Peretti-Ndiaye
193
Soutenances de thèses
213
Comptes rendus
225
Alessandro GALANTE GARRONE, Franco VENTURI, Vivere eguali, Dialoghi inediti intorno a Filippo Buonarroti, avec un essai de et édité par Manuela Albertone, Reggio Emilia, Diabasis, 2009. Pierre BERTONCINI, Le spectre de la mémoire de Pascal Paoli. Territoire, patrimoine et culture en Corse, Paris, L’Harmattan, 2011. Xavier CRETTIEZ , Pierre PIAZZA, Murs rebelles. Iconographie nationaliste contestataire : Corse, Pays Basque, Irlande du Nord, Paris, Karthala, 2014. Hélène CONSTANTY, Razzia sur la Corse, Paris, Fayard, 2012. Jacques FOLLOROU, La guerre des parrains corses, Paris, Flammarion enquête, 2013.
À signaler
235
Jean-Paul PELLEGRINETTI, « La poussée démocratique en Corse durant le Second Empire. La préhistoire du parti républicain, histoire d’hommes et de réseaux », dans Luis P. MARTIN, Jean-Paul PELLEGRINETTI et Jérémy GUEDJ (dir.), La République en Méditerranée. Diffusions, espaces et cultures républicaines en France, Italie et Espagne, XVIIIe-XXe siècles, Paris, coll. « Cliopolis », L’Harmattan, 2012. Jean-Paul PELLEGRINETTI, « Boire, manger, célébrer et voter : fêtes et banquets XIXe-XXe siècles », Annales du Midi, t. 124, no 280, 2012.
républicains en Corse,
Michel VERGÉ-FRANCESCHI, Marseille, histoire et dictionnaire, Paris, coll. « Bouquins », Robert Laffont éditeur, 2013.
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Dossier
HISTORIOGRAPHIE DE LA CORSE MÉDIÉVALE coordonné par Antoine Franzini
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ÉTUDES CORSES, N° 77 ALBIANA/ACSH JUIN 2013
ANTOINE FRANZINI
Introduction Historiographie de la Corse médiévale Le rassemblement de cinq articles consacrés à l’historiographie de la Corse médiévale – et donc la réunion de cinq historiens médiévistes –, dans ce numéro thématique de la revue Études corses, ne doit rien au hasard. Il scande un moment important de la curiosité scientifique portée aux époques anciennes. Il annonce un nouveau temps de la sociabilité savante dans un domaine qui fut longtemps constitué d’autant de chasses gardées que de chercheurs. On sait beaucoup sur la Corse et ses habitants entre XVIe et XVIIIe siècle. Les citadelles fortifiées du littoral, les églises paroissiales toujours debout, les villages eux-mêmes dans leurs structures architecturales ou sociales, constituent un univers familier, à portée de main, à portée de souvenir. Mais passée la barrière de la fin du XVe siècle, les sources sont rares, lointaines, difficiles d’accès. Même si on ne trouve pour ces longues années du Moyen Âge dans l’île pour ainsi dire aucun château debout, aucun registre de notaire en dehors des villes comptoirs de Bonifacio et Calvi, aucune représentation figurée, sinon quelques rares donateurs au pied de saints personnages, cette période a pourtant toujours suscité une certaine curiosité chez les amateurs d’Histoire, entretenue autant peut-être par l’existence d’une chronique remarquable que par la belle présence des églises romanes et de leurs fresques. Pourra-t-on alors se réjouir que cette pauvreté des représentations et la dispersion des rares sources écrites aient constitué paradoxalement un heureux défi pour les historiens médiévistes, corses, français ou italiens, tandis que les transformations de la science
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Antoine Franzini
historique au cours du XXe siècle obligent à renouveler profondément une vision contenue jusqu’alors dans le projet de l’illustration familiale ou patriotique ? Le grand médiéviste Georges Duby n’a-t-il pas caressé l’idée de s’intéresser lui-même à l’histoire de la Corse, avant qu’il fût élu au Collège de France ? L’histoire du Moyen Âge est en effet une discipline exigeante, nécessitant l’apprentissage d’outils parfois rébarbatifs comme la paléographie (l’étude des écritures anciennes) ou le latin. Cependant, bien plus que ces aspects techniques, le défi de la recherche médiévale réside dans l’interprétation de sources précaires, discontinues et souvent mutilées, dans un contexte socio-culturel qui nous est si profondément étranger. Aller aussi loin que possible, quelques pas au-delà de nos prédécesseurs, sans céder à la tentation de donner une réponse romanesque là où le doute, la retenue et la rigueur restent de mise. Reprendre sans cesse l’étude des sources connues à la lumière des nouvelles trouvailles, croiser et affronter les sources, multiplier les études du contexte méditerranéen, savoir recourir à d’autres disciplines comme l’anthropologie, le droit ou l’économie, se méfier plus que tout de la psychologie, et surtout dialoguer sans cesse avec les avancées de l’archéologie, autant de dispositions qui forment le cœur de la méthode historienne. Faut-il aussi interroger l’amplitude de la très longue période médiévale, classiquement placée entre la fin de l’Antiquité et les débuts de la modernité occidentale ? Si les historiens de la Corse suivent les évolutions de la discipline pour les périodes les plus anciennes, attentifs au croisement entre Antiquité tardive et Haut Moyen Âge, ils proposent souvent d’étendre le Moyen Âge insulaire au-delà des dates traditionnelles de 1453 ou 1492, jusqu’aux années de la guerre dite des Français et de Sampiero au milieu du XVIe siècle, alors que la République de Gênes vient en 1562 de reprendre le contrôle direct de l’île, qu’elle avait confié au milieu du XVe siècle à l’Office de Saint-Georges. On ne s’étonnera pas que, si l’histoire médiévale de la Corse est aujourd’hui un chantier actif et plein d’avenir pour les derniers siècles de la période, entendons de la fin du XIe au milieu du XVIe siècle, les hautes époques soient en revanche laissées en friche en raison de l’extrême rareté des sources textuelles et des obscurités de la chronique de Giovanni della Grossa.
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Introduction au dossier : Historiographie de la Corse médiévale
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Quoi qu’il en soit, depuis les années 1950, plusieurs facteurs ont ouvert à ce secteur de la recherche de nouveaux horizons, produit de nouveaux résultats. Nous avons tenté dans ce numéro de les exposer avec précision et aussi complètement que possible, car il nous a semblé important d’offrir au lecteur la connaissance la plus avancée non seulement des anciens auteurs, mais aussi des problématiques et des travaux en cours. Pour approcher cette ambition, nous avons amicalement choisi de nous répartir le travail en trois articles généraux et deux articles thématiques. Les trois premiers sont consacrés à l’évolution générale des recherches et des publications, respectivement d’histoire et d’archéologie médiévale, ainsi qu’à la déclinaison de ces recherches dans l’histoire populaire. Les deux autres articles approfondissent la question de la seigneurie et celle de l’Église, deux dimensions cruciales pour cette période. Autant dire que bien des aspects n’ont pu être abordés, comme les dimensions économique ou artistique, et peut-être surtout une réflexion centrée sur l’histoire sociale, que Jean-André Cancellieri s’était proposé de traiter, ce dont il a finalement été empêché. Un nouveau temps de la sociabilité savante, disions-nous en entrée. Séminaires, colloques, projets communs, partage des découvertes, échanges permanents avec les archéologues ou les historiens de l’art, sont le lot des historiens d’aujourd’hui. Le temps est en effet venu des entreprises collectives dont ce numéro spécial est un riche exemple. Sans renoncer à son travail d’élaboration et d’écriture solitaire, l’historien médiéviste ne peut plus avancer sans la collaboration de ses collègues. L’amitié fait le reste.
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