Ou pourquoi, aujourd’hui encore, pratiquer sa foi a du sens
Eric de Beukelaer
Du temps où j’allais à la messe…
Eric de Beukelaer Né en 1963, Eric de Beukelaer a été ordonné prêtre à Liège en 1991 après une formation à Louvain-la-Neuve, Liège, Rome et Münster (philosophie, théologie et droit canonique). Il est aujourd’hui formateur au séminaire de Liège où il enseigne l’histoire de l’Eglise et le droit canon. Depuis 2002, il est en outre porteparole francophone des évêques de Belgique.
Du temps où j’allais à la messe…
Du temps où j’allais à la messe…
Avec l’humour et le ton vif et actuel qu’on lui connaît, Eric de Beukelaer resitue d’abord les enjeux de la messe dominicale : une démarche spirituelle essentielle même si elle paraît aride, hors du temps et fort peu divertissante. Dans un second temps, l’auteur (ré)initie le lecteur à la symbolique et au langage de l’eucharistie et passe en revue les lieux et le déroulement de la célébration en détaillant les mots et les rites utilisés.
Eric de Beukelaer
ISBN 2-87356-293-5 Prix TTC : 4,95 €
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9 782873 562939
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Eric de Beukelaer
Du temps où j’allais à la messe… Ou pourquoi, aujourd’hui encore, pratiquer sa foi a du sens
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Du même auteur : Ce sexe qui n’est pas celui des anges, coll. « 15/21 », Namur, Fidélité, 1999. L’Eglise de Judas, Namur, Fidélité, 2002.
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© Editions idélité 61, rue de Bruxelles 14, rue d’Assas BE-5000 Namur FR-75006 Paris Belgique France fidelite@catho.be Dépôt légal : D/2004/4323/16 ISBN : 2-87356-293-5 Imprimé en Belgique Dessin de couverture et dessins intérieurs : © Muriel Blondeau
A mes Parents qui m’ont permis d’apprivoiser l’Eucharistie. A tous ces parents chrétiens qui osent encore faire de même. Aux chrétiens – connus ou anonymes – qui m’ont donné de vivre et aimer ce grand sacrement qui nous fait « Eglise ».
AVERTISSEMENT L’auteur est actuellement porte-parole francophone de la Conférence épiscopale de Belgique. Pour éviter tout malentendu, il précise que ce livre est écrit à titre personnel. Son contenu n’engage en rien les évêques de son pays.
Introduction
La messe, c’est « ch… » !
Il y a quelque temps, je lisais un excellent livre écrit par un compatriote qui s’investit dans le domaine de la communication non-violente. L’auteur ne cache pas qu’il est chrétien. Et de fait, son ouvrage transpire la spiritualité ; les références au Christ* y sont nombreuses et de bon goût. L’homme explique son cheminement : il a reçu une éducation conditionnée — pleine de bons principes, mais étouffante — pour partir un jour à la découverte de son identité profonde et des besoins que celle-ci engendrait. Prendre sa vie en main, explique-t-il, implique de faire les choix qui respectent notre personnalité réelle, plutôt que de se conformer servilement aux attentes de son entourage. « Cessez d’être gentils, soyez vrais ! » lance cet auteur. Et il a bien raison. Au détour de deux pages, je croise une réflexion, posée comme en passant. Presque à la manière d’une douce évidence : « Du temps où j’allais tous les dimanches à la messe*… » * Les mots suivis d’un astérisque sont expliqués dans le Glossaire, page 63 et suivantes.
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Je souris. Oui, bien sûr. Aller à l’eucharistie* tous les dimanches, quand on a quarante ans, parce qu’on est resté trop longtemps le bon-garçon-à-sa-mémère ou la pieuse-fille-quise-console-en-Dieu-faute-de-mieux, ce n’est guère épanouissant. Et dans ce cas, il vaut sans doute mieux y aller moins souvent, voire plus du tout, afin de retrouver au creux de son existence les traces du Dieu jeune et vivant, qui n’a pas grandchose à voir avec ce vieux barbu pervers qui hante tant de nos culpabilités infantiles. Je le reconnais, j’ai rencontré dans ma vie plus d’un homme ou d’une femme qui avaient grandi en humanité et en spiritualité — les deux vont de pair — au fur et à mesure qu’ils désertaient les églises*. Comme prêtre, ce constat me trouble et ne me fait pas plaisir, mais l’honnêteté intellectuelle me force à en prendre acte. « Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures », nous dit le Christ (1 Jean 14, 2). A ceux qui trouvent le Père du ciel loin des églises, je souhaite donc bonne route. Mon écrit n’est pas là pour les récupérer. Cependant, de dimanche en dimanche, mes treize années de prêtrise m’ont également fait rencontrer des chrétiens que la fréquentation régulière de ce grand et humble sacrement* avait rendus proprement « eucharistiques ». La vie de ces croyants n’était ni parfaite, ni exceptionnelle. Elle était tout simplement nourrie à la Parole d’amour et au Pain de vie. Et cela les rendait appétissants de Dieu. C’est pour témoigner de cela que j’écris ces quelques pages, sans illusions quant à leur influence sur les statistiques de fréquentation dominicale. Si vous aimez les prophéties fa-
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ciles, en voici une : « Malgré quelques paroisses* pilotes, sanctuaires et autres JMJ qui continueront à drainer les foules et les jeunes, le taux de pratique religieuse va continuer à baisser. » Pareille évidence sociologique ne m’émeut guère. Les statistiques ne disent qu’une moitié de vérité. Comparer les chiffres de la pratique dominicale d’aujourd’hui à ceux d’il y a cinquante ans équivaut à comparer des pommes à des girafes. La société occidentale a tant évolué que le fait d’aller à messe en 1954 n’a pas la même signification que de pratiquer sa foi* en 2004. Alors, il s’agissait d’un comportement conformiste. Aujourd’hui, il s’agit d’un choix de vie à contre-courant. Je ne dis pas que la pratique religieuse est meilleure aujourd’hui qu’alors et que moins il y aura de chrétiens dans les églises, plus ils seront convaincus. Dans ce cas, le jour où il n’y en aura plus du tout, ils seront parfaits. Non, je ne prétends pas que la qualité de pratique religieuse est meilleure en 2004 qu’en 1954. J’affirme simplement que se comparer avec un passé récent ne nous en apprendra pas nécessairement beaucoup sur le présent. Si les eucharisties d’aujourd’hui attirent moins de monde, ce n’est pas avant tout parce qu’elles ne sont plus « à la page », mais bien parce que le monde est devenu un livre avec beaucoup plus d’autres pages. Le dimanche matin, dans les villages de 1954, la messe était au cœur de la vie. En 2004, les petits-enfants de ceux-là dorment encore quand les cloches sonnent, car ils sont rentrés tard dans la nuit — ou plutôt tôt dans la matinée — de la discothèque.
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Cela ne les rend pas moins généreux pour la cause. La veille, ils ont passé quatre heures à animer des gosses dans le cadre d’un mouvement de jeunesse et, cet après-midi, ils iront faire une partie de baby-foot pour tenir compagnie à un copain qui n’a pas trop le moral. Et puis étudier — encore et toujours — pour décrocher ce diplôme qui, peut-être, leur épargnera le chômage. La messe ? Ils n’ont rien contre. D’ailleurs, ils y vont même de temps en temps. A Noël. Lors d’un enterrement. Pour la fête du mouvement de jeunes qu’ils animent. Mais pour le reste, où trouver le temps ? Ou plutôt l’espace. Dans les églises, il y a de plus en plus de chaises vides, mais pas nécessairement davantage de place pour eux. Quand ils vont à l’eucharistie un dimanche ordinaire, c’est pour accompagner grand-mère qui ne marche plus convenablement. Alors, tout le monde les regarde avec gentillesse, comme en se disant « que cela fait plaisir de voir un peu de jeunesse ! » Eux assistent bien sagement à la cérémonie, mais comme en transit. Au milieu des cannes et des têtes blanches, voire chauves, ils ne font que passer. Dans cinquante ans, ils reviendront. Peut-être. Mais pas maintenant. La vie les appelle. Tout cela est tellement compréhensible. Tout comme le comportement de leurs parents qui ont décroché de la pratique dominicale dans la foulée de mai ‘68. La messe était devenue pour eux le symbole du monde qu’ils rejetaient. La société nouvelle de la génération « yéyé » serait sans religion ni frontières. « Imagine no religion », chantait John Lennon.
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La réalité les a rattrapés et ils se sont convertis au capitalisme dans la foulée des années « Thatcher-Reagan ». Seul un restant de barbe et un gros 4 x 4 urbain rappelle leur folle jeunesse avec ses rêves d’horizons infinis. Et puis, cet anticléricalisme de salon. Messe et culpabilisation judéo-chrétienne, non merci ! Pour la spiritualité, un zeste de zen fera amplement l’affaire. Et puis, soyons francs jusqu’au bout : les grands-parents de nos jeunes n’y vont plus tellement non plus. Il faut les comprendre. Les catéchismes d’antan enseignaient que celui qui ratait sa messe du dimanche méritait l’enfer. Aujourd’hui, les hommes d’Eglise* racontent que Dieu est amour et qu’il pardonne urbi et orbi les pires turpitudes. Ce n’est peut-être pas très glorieux, mais l’honnêteté pousse à reconnaître que moins les hommes ont peur de l’enfer — ce qui est tout de même un progrès — plus les églises se vident. C’est comme ça : pour la vaste majorité d’entre nous, la crainte du gendarme est un moteur de la volonté plus puissant que l’appel à la liberté. « Mais, objectera plus d’un, n’est-ce pas un peu la faute de l’Eglise, tout cela ? » Si jeunes et moins jeunes désertent les églises, il doit bien y avoir une raison. En langage cru, la messe « c’est ch… ! » Combien de fois n’ai-je pas entendu des adultes ou des adolescents me soupirer cela. Certains ajoutaient, comme en excuse : « Mais quand c’est toi qui célèbres, c’est autre chose. Si j’avais un jeune curé* comme toi, j’irais tous les dimanches. J’te jure. »
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Dire que ce genre de réflexion ne flatte pas mon ego serait mentir. Mais une petite voix me rappelle alors que, dans ma paroisse, les mêmes personnes ne pratiquent guère plus. « Parole, parole, parole », chantait Dalida. Non. La messe n’est pas « ch… ! » La messe, n’est pas « sexy » — ça d’accord ! Mais ce n’est pas la même chose. Notre société publicitaire nous a habitués à ce que toute démarche proposée aux consommateurs que nous sommes soit vantée comme conviviale, adaptée, jeune, dynamisante, gratifiante, valorisante… Avec l’eucharistie, rien de tout cela n’est vrai. Mis à part quelques mariages princiers que le monde entier regarde, la messe est une démarche aride, de prime abord peu accessible et passablement hors du temps. Dans une société où beaucoup sont surchargés, elle apparaît dès lors comme une activité « bêtement » répétitive et insipide. Une majorité de chrétiens choisit d’utiliser de manière plus profitable leurs trop rares loisirs dominicaux. Cela, je ne le comprends que trop bien. Parfois, je me demande : « Et si je n’étais pas devenu prêtre, est-ce que je pratiquerais encore aujourd’hui ? » Pas sûr du tout. Oui, l’eucharistie est un pauvre « show », mais son objectif n’est pas tant de divertir que de nourrir. Aux louveteaux de mon ancienne paroisse, je posais la question suivante : « A votre avis, est-ce que moi qui suis votre aumônier, je préfère célébrer l’eucharistie ou aller voir le dernier film de James Bond ? » Ils savaient tous que j’aime beaucoup James Bond et me regardaient donc un peu intrigués.
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Finalement, l’un d’entre eux finissait par dire, avec un petit sourire en coin : « A mon avis, tu préfères aller voir le nouveau James Bond. » Et je lui disais qu’il avait bien raison. Je confesse que je préfère de loin voir un bon divertissement au cinéma, plutôt que de célébrer l’eucharistie. « Cependant, ajoutai-je, un bon film, j’irai le voir une fois… exceptionnellement deux fois. Jamais trois. Par contre, l’Eucharistie je la célèbre à peu près tous les jours et ne m’en lasse pas. Elle me fait vivre. » Dans la vie, les choses les plus nourrissantes ne sont pas nécessairement les plus divertissantes. Et vice versa.
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Rite
Symbole Il y a quelque temps, j’entendais à la radio un philosophe, dont j’ai oublié le nom, déclarer : « Si la toxicomanie est tellement importante dans notre société — ainsi que d’autres formes de dépendance — c’est parce que nous avons perdu le sens des rites d’initiation. Ceux-ci ouvrent à la dimension symbolique du monde et nous y insèrent. Sans initiation, un homme n’a pas de racines ; pas d’ancrage pour son identité. Comme il n’est de nulle part dans une vie qui n’a guère de sens pour lui, il cherchera à s’échapper du réel par tous les moyens, y compris la drogue. » Je pense qu’il a raison. La science nous permet de comprendre l’univers sous son aspect quantifiable. La physique, la chimie et la biologie nous expliquent comment fonctionne la nature. L’anthropologie, la psychologie, l’économie et la sociologie nous enseignent les lois de la culture humaine. Tout ceci est important, mais ne nous dévoile pas le sens de l’existence. Celui-ci n’est pas quantifiable. Il est de l’ordre de la qualité et, plus encore, de l’intensité.
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Tout homme se demande : « Quel est le sens de ma vie ? Qu’est-ce que je viens faire sur cette terre ? » Sans un accès à la dimension symbolique des choses — le langage de sens qui émane de toute réalité — il n’est pas possible de répondre à pareil questionnement. Ainsi, un arbre n’est pas qu’un organisme végétal. Dans l’ordre symbolique, il est un rappel que sans racines qui creusent profondément notre sol nourricier, le tronc d’une vie ne pourra s’élever vers le ciel et déployer ses branches au soleil. Ainsi encore, la mer n’est pas qu’une énorme masse d’eau en mouvement. Elle est une invitation symbolique à l’aventure, mais aussi un avertissement comme quoi pareil périple n’est pas sans danger et que, tout au bout, il y a l’horizon de la mort. Le symbole s’adresse directement à notre imagination, sans passer par le filtre de notre raison. Il n’a pas à être compris. Son message est de l’ordre de l’évocation, de la suggestion. Il n’explique pas les choses, mais invite au recueillement, à l’élévation, au ravissement. Un symbole s’apprivoise afin de tapisser notre imagination et d’habiter notre vie intérieure. La dynamique magique et mythique des sociétés primitives n’était pas absurde. Elle offrait à chaque membre de la tribu une place — un ancrage — dans le réel. Ceci donnait un sens et une direction à son existence. Le respect des traditions ancestrales permettait à nos ancêtres d’apprivoiser l’histoire du clan. Par les rites d’initiation de la tribu, ils s’appropriaient une place au cœur de celle-ci, et ceci au rythme des saisons et des étapes de la vie. Avec la modernité, les mythes et la magie ont perdu leur rôle fondateur, mais l’homme n’en a que davantage besoin de
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trouver un sens à sa vie. Désormais, ce sens n’est plus imposé par la vie du groupe, mais il est le fruit d’une recherche personnelle — initiatique. C’est ce qu’on appelle « la quête spirituelle ». Pareille quête se doit d’être libre de toute contrainte, mais n’en est pas pour la cause instantanée. Comme tout langage, la spiritualité s’enseigne et se travaille. Les parents qui apprennent à leurs rejetons la maîtrise de six langues étrangères et de quinze programmes informatiques sans leur donner des rudiments de spiritualité, commettent une grave erreur. (Ceux qui disent : « Je ne les influence pas, ils choisiront quand ils seront grands ! ») Leurs enfants devenus adultes seront des analphabètes spirituels, démunis face aux grandes questions de sens : la vie, la mort, la souffrance, l’échec, l’amour… Il est donc sain et naturel que des parents transmettent à leurs enfants leur propre alphabet spirituel — leur conviction religieuse, agnostique ou athée — de la même manière qu’ils leur transmettent une langue maternelle. Devenue adulte, leur progéniture pourra choisir un autre chemin — comme on choisit de parler de préférence une autre langue —, mais il le fera d’autant mieux qu’il aura acquis une grammaire spirituelle. Une telle grammaire passe par des rites d’initiation. Pour les uns, ce sera la bar-mitsva et le respect du Sabbat à la synagogue ; pour les autres, le rite maçon ou les fêtes de la laïcité. Pour le chrétien catholique* ou orthodoxe, les rites d’initiations sont au nombre de trois : le baptême, qui accueille le nouveau chrétien dans l’Eglise ; la confirmation, qui l’envoie en mission avec la force de l’Esprit ; et l’eucharistie, qui le nourrit spirituellement tout au long de son existence.
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Initiation Pour un catholique, l’eucharistie du dimanche n’est donc pas une activité spirituelle parmi d’autres. Elle est un rendezvous qui nourrit son identité. Un peu à la manière du repas de famille. Celui-ci n’est pas toujours un moment facile et agréable. Cependant, une famille qui ne partage pas au moins un repas commun par jour finit par se dissoudre. En pareil cas, il n’y a plus de vie de famille, mais cohabitation sous un même toit. De même, le chrétien qui cesse de pratiquer sa foi le dimanche perd petit à petit le sens de l’Eglise, qui est la famille des chrétiens. En ce sens, l’eucharistie fait de chaque chrétien un homme ou une femme d’Eglise. Souvent, des catholiques non pratiquants objectent : « Ce n’est pas parce qu’on va à la messe qu’on est chrétien ! » Ils ont raison. Participer à l’eucharistie pour se « sentir en règle avec le Bon Dieu » est aussi vain que puéril, car personne ne s’achète une vertu à force de pratiques religieuses. J’ajoute cependant : « C’est parce qu’on est chrétien qu’on va à la messe. » Simple pirouette verbale ? Pas nécessairement. Quand je dis : « Ce n’est pas parce qu’on fête l’anniversaire de sa fiancée qu’on l’aime sincèrement », tout le monde est d’accord. Quand j’ajoute : « Mais quand on l’aime, on lui fêtera son anniversaire », qui me contredira ? L’eucharistie est un rite d’initiation chrétienne. Percevoir la démarche en termes d’obligation morale est une attitude spirituellement adolescente. Se demander s’il faut aller le dimanche à la messe est aussi peu signifiant que de se dire :
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« Est-ce qu’il faut fêter un anniversaire ? » L’adulte spirituel — soit l’homme ou la femme qui a pris sereinement en main la responsabilité de sa vie — se demande : « Est-ce que cela a du sens de fêter un anniversaire ? Est-ce que cela a du sens de vivre une eucharistie ? » Répondre à la question du sens uniquement en fonction du plaisir ou du bien-être que cela procure est également faire preuve d’un manque de maturité spirituelle. Celui qui ne s’investit que dans ce qui est facile ou agréable risque de ne jamais mener à bien quelque projet digne de ce nom. Vivre une eucharistie n’est ni facile, ni agréable. Ce n’est pas pour cela que ça n’a aucun sens. Avec les adolescents, je compare la démarche eucharistique avec le fait d’apprendre à jouer de la guitare. Au début, c’est difficile, car il faut maîtriser les gammes, et l’instrument de musique nous semble étranger. Le novice se sent maladroit et ridicule. Voilà pourquoi beaucoup se découragent et abandonnent. Mais celui qui persévère finit par apprivoiser sa guitare. Elle devient une partie de lui et un merveilleux moyen d’expression et de communication. Il en va de même avec la démarche eucharistique : au début, le néophyte perçoit la célébration* comme étrangère et difficile. « Je n’y comprends rien ; je me sens étranger à cette démarche ! » Du coup, beaucoup ne pratiquent plus. Mais celui qui persévère et apprivoise le langage de l’eucharistie acquiert un formidable moyen de communication et d’expression spirituelle.
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Sacrement
Célébration Pour que mûrisse la foi chrétienne, il y a tout d’abord la prière. Elle est l’écoute d’un cœur qui s’ouvre à la présence divine. Prier signifie perdre du temps avec Dieu sans en attendre de bénéfice en retour. La prière ne m’obtiendra que rarement la guérison d’un être cher et certainement pas la réussite de mes examens scolaires (surtout si je n’ai pas étudié). Elle ne me rendra pas automatiquement meilleur ou ne me délivrera pas de mes penchants mauvais… Sa seule vertu est d’ancrer ma vie un peu plus en Dieu. « C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui la rend unique », disait le renard au Petit Prince. De même, c’est le temps que j’ai perdu avec Dieu qui le rendra davantage « mon » Dieu. C’est tout. Mais cela change tout. La prière suffit à la vie de foi, mais comme la tranche de pain sec nourrit l’homme. Pour profiter du goût du pain, un peu de beurre et de confiture sont les bienvenus. Il en va de même dans la vie religieuse. La prière seule est austère.
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J’admire les chrétiens protestants pour leur recentrage sur l’essentiel : le Christ, son Evangile* et la prière. Toutes choses que nous autres catholiques avons une propension à noyer dans un océan de prescriptions morales ou disciplinaires. A leur contact, nous pouvons réapprendre à contempler le cœur de notre foi. Cependant, il y a un hic. Lorsque j’étais étudiant en Allemagne, j’ai rencontré un séminariste d’une quarantaine d’années. Il était né protestant et s’était marié. Puis, sa femme eut le cancer. Il se sentit démuni, car le protestantisme lui paraissait pauvre en gestes pour dire et vivre chrétiennement l’expérience de la maladie. Une fois veuf, il se fit catholique et — n’ayant pas eu d’enfants — souhaita devenir prêtre. Cette rencontre m’a fait réfléchir. Je suis d’avis que la Réforme protestante pèche par l’abandon d’une bonne part de la dimension tactile, voire même sensuelle, de la foi chrétienne. Si nombre de protestants oscillent entre cérébralisme (tentation de développer une théologie ultra-rationnelle dans certaines Eglises) et fondamentalisme (risque d’exaltation mystique auprès de nombre de chrétiens évangélistes), c’est sans doute aussi parce qu’une fois le baptême reçu, les gestes sensibles pour dire et vivre la grâce* de Dieu font défaut. Evidemment, pareille affirmation appelle des nuances. Nos frères protestants célèbrent la cène et chantent les merveilleux chorals de Bach. Pourtant, je suis d’avis qu’une eucharistie — même mal célébrée — fait entrer le chrétien dans une symphonie spirituelle inégalable. L’avertissement protestant doit être entendu. Aucun rite ne peut être investi d’une vertu magique, comme si l’homme « achetait Dieu » par sa pratique. Un tel risque existe, mais cela
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ne suffit pas pour disqualifier toute célébration sacramentelle. Celle-ci donne de vivre la rencontre spirituelle avec le Christ autrement que par les mots de la prière solitaire ou collective. Dans le rite, c’est la puissance des symboles qui parle au cœur. L’homme moderne est devenu étranger au monde des symboles religieux. Dès lors, il n’y voit souvent que des simagrées. Ne les ayant jamais apprivoisés, les paroles et gestes du rite chrétien sont taxés de « charabia de curés ». C’est oublier que toute relation humaine est corporelle. Pour nous qui avons un corps, il n’y a pas de communication sans signe codé, son prédéterminé, geste rituel. Les hommes communiquent moins avec des mots que par symboles. La réalité des médias le confirme. Pour bien passer à la télé, il ne suffit pas d’avoir raison. Comme plus des trois quarts du message est non verbal, il faut surtout que la voix soit posée et l’expression du visage avenante. Dans la vie ordinaire, il en va de même. Par sa simple façon d’être, chacun de nous fait déjà passer un message. La vie est émaillée de symboles, codes et conventions. Saluer quelqu’un en serrant la main ou en l’embrassant, mettre un costume ou une paire de jeans, tutoyer ou vouvoyer, rencontrer un client, souhaiter un anniversaire, déclarer sa flamme, vivre un deuil… A chaque fois, le non-verbal l’emporte à bien des égards sur les mots. Je le disais au chapitre premier : comme chaque grande expérience humaine — l’amour, l’amitié, la vie politique, la guerre et la paix… —, une croyance religieuse se célèbre par des rites. De la croix dont on se signe à la bougie qu’on allume, en passant par le chapelet que l’on égrène, la vie chrétienne est davantage une histoire de gestes que de mots.
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Quand le croyant n’est pas ce qu’on appelle « un intellectuel », c’est-à-dire quelqu’un qui maîtrise la jungle des concepts abstraits, cela est davantage vrai. J’ai rencontré tant de gens simples, bien incapables de me dire qui était le Christ pour elles, mais vivant au travers de rites leur foi chrétienne avec une réelle profondeur. « D’accord ! me dira-t-on, mais au XXIe siècle, ne faut-il pas quelque peu moderniser tout cela ? Pensez à nos jeunes ! » Je réponds : « Oui et non. » Tout d’abord, ne nous trompons pas d’objectif. Il ne s’agit pas de rendre les choses plus compréhensibles, mais bien plus accessibles. Nos jeunes passent des heures à écouter les chansons de groupes rocks anglo-saxons sans rien comprendre aux paroles — pour peu qu’il y ait quelque chose à comprendre. Pourtant, cette musique les fait vibrer. Il s’agit de « leur » musique. Adhérer à une eucharistie ne se fait pas non plus en fonction de la compréhension, mais bien de l’adhésion. Aussi longtemps que vivre l’eucharistie est perçu par ces jeunes comme une démarche étrangère à leur vie, ils la trouveront insignifiante. Le jour où ils perçoivent que cette démarche les concerne, tout devient possible. C’est donc cela qu’il s’agit de travailler : veiller à ce que l’eucharistie ne soit pas coupée de la vie de ceux qui la célèbrent. J’ajoute cependant que si dans le rite, tout peut un jour changer, tout ne doit pas être toujours en changement. Nombre de gestes et symboles chrétiens se renouvellent avec les siècles. Cependant, le rite ne peut vivre que dans la durée. Il est de l’ordre de la tradition, de la sainte mémoire. Dans la célébration de l’eucharistie, certains gestes sont aussi vieux que le christianisme. Il serait dommage de les abandonner, sous prétexte qu’ils nous sont devenus étrangers. Ils font partie de notre héritage.
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De plus, si on les délaisse sans les remplacer par d’autres symboles, la tendance sera de niveler le culte chrétien par le bas. La célébration en deviendra bavarde, intellectualisante et donc lourde et pâteuse. Vouloir tout expliquer ou adapter dans un rite religieux tue le langage symbolique. Enfin, comme le disaient les anciens : Lex orandi, lex credendi (« la façon de prier dit la foi de l’Eglise »). Or, l’Eglise est mondiale et pas seulement locale. Une saine adaptation selon les cultures est nécessaire. Cependant, si la façon de célébrer diverge fondamentalement selon les endroits, l’unité de notre foi en sera endommagée.
Communion* Mort et ressuscité, Jésus de Nazareth a terminé sa vie terrestre il y a bientôt deux mille ans. Etre chrétien ne signifie en aucun cas essayer d’imiter servilement la vie humaine du charpentier de Nazareth, qui d’un point de vue culturel est fort éloignée de la nôtre… un peu comme pensaient faire les hippies. Il ne s’agit donc pas de devenir « jésuistes », mais bien « chrétiens ». Etre chrétien signifie laisser sa vie être animée par le même Esprit qui reposait en plénitude sur Jésus. Ceci afin de devenir de plus en plus « christiques », chacun à sa mesure et selon sa vocation. Comme l’écrit saint* Paul : « Vous êtes le corps du Christ, et membres chacun pour sa part », et : « De même, en effet, que le corps est un, tout en ayant plusieurs membres […] aussi bien est-ce en un seul Esprit que vous avez été baptisés en un seul corps » (Première lettre aux Corinthiens 12, 27 et 12, 13).
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Comment devenir plus intensément membre de ce « corps du Christ » que l’on appelle l’Eglise ? Par une vie fidèle à l’Evangile et par la prière, mais aussi par des célébrations rituelles au langage symbolique. Parmi celles-ci, les sacrements occupent une place toute particulière. Ils sont les rites chrétiens par excellence. Un sacrement est un rendez-vous spirituel avec l’Amour de Dieu qui a pris chair en Jésus de Nazareth. Chaque célébration sacramentelle est un acte symbolique où l’Esprit offre de rencontrer dans la foi le Christ comme Chemin, Vérité et Vie (Jean 14, 16).
Sept sacrements dans l’Eglise catholique Le baptême, la confirmation et l’eucharistie sont les sacrements d’initiation chrétienne. Ils font entrer et grandir dans la vie christique. Le mariage élève l’amour charnel entre un homme et une femme — marqué par l’humaine fragilité — au niveau de l’attachement indéfectible du Christ envers les hommes. Le sacrement de l’ordre marque les responsables chrétiens — évêques*, prêtres* ou diacres* — d’une façon particulière. Par l’ordination, les chefs terrestres du peuple chrétien représentent bien plus que leur petite personne avec ses limites : ils sont des signes vivants du Christ, pasteur de son Eglise. Le sacrement du pardon et celui des malades revêtent de la force guérissante de l’Amour du Christ deux situations de crise que chaque humain rencontre au cours de sa vie : la faiblesse de l’âme (le péché*) et celle du corps (maladie, blessure, han-
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dicap, vieillesse). Dans ces deux sacrements, il nous est donné de communier au Christ d’une façon particulière, à un moment où nous nous sentons moins en communion avec nous-mêmes. Parmi ces sept démarches rituelles, l’eucharistie a un rôle pivot, central. Elle est dans la vie chrétienne le sacrement le plus répétitif, le plus régulier : celui de la présence nourrissante du Christ tout au long des jours. Qui dit eucharistie pense à régularité. Vivre l’eucharistie quand « j’en ai envie », c’est déjà bien. Cependant, y participer de façon régulière est un plus. Alors ce sacrement rythme l’existence et déploie, ce faisant, sa pleine efficacité. Le symbole du repas peut nous aider à comprendre les choses. Se nourrir de façon irrégulière est malsain. Tous les médecins et diététiciens nous rappellent qu’il s’agit de manger avec régularité. Pour le repas du Seigneur*, il en va de même. Quel type de régularité ? S’il le souhaite, un chrétien peut participer à l’eucharistie tous les jours, mais cela n’est pas nécessaire. Il est avant tout invité à le faire une fois par semaine, le dimanche (ou le samedi soir) — jour qui fait mémoire de la résurrection du Christ. Ce jour-là, les chrétiens catholiques (et orthodoxes) du monde entier se rassemblent pour célébrer l’eucharistie. Ce faisant, ils écoutent la parole du Christ, font mémoire de son amour pour nous et communient à sa présence. Comme les autres sacrements, l’eucharistie nous fait communier à la vie du Christ donnée pour le monde. Les gestes et paroles de la célébration se greffent sur ceux du dernier repas que Jésus prit avec ses disciples — à l’occa-
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sion duquel il prit du pain et dit « ceci est mon corps » et puis partagea la coupe de vin en ajoutant « ceci est la coupe de mon sang ». Cependant, l’eucharistie n’est pas un mime de ce que le Christ a fait ce soir-là. A proprement parler, la dernière cène du Nazaréen n’est pas la première messe. L’évangile* selon saint Jean — le plus symbolique des quatre — a bien compris cela. C’est pourquoi il ne parle pas de l’institution de l’eucharistie. Par contre, dans son récit de la Passion du Christ, il fait référence au baptême et à l’eucharistie : « Un des soldats, de sa lance, lui perça le côté, et il sortit aussitôt du sang et de l’eau » (Jean 19, 34). A l’instar des autres sacrements, l’eucharistie naît dans l’événement de Pâques — la mort et la résurrection du Sauveur — et se vit dans l’attente de la Pâque définitive pour toute la création. Ceci permet de mieux saisir ce que l’on entend par la « présence eucharistique » qui fait tant problème à l’homme moderne. Les chrétiens catholiques et orthodoxes croient que le Christ ressuscité se rend réellement présent dans chaque eucharistie par le pain rompu et le coupe partagée. Comment comprendre que le Sauveur soit présent dans une petite hostie*… un « bête petit morceau de pain » ? Certainement pas à l’aide d’un cours de chimie. La messe n’est pas un tour de passe-passe qui « transforme » le pain en Corps du Christ 1.
1. Ainsi, la formule fétiche des magiciens anglo-saxons n’est pas « abracadabra », mais « hocus pocus » qui est la contraction de la formule latine de consécration eucharistique chez les catholiques : hoc est corpus. Une preuve qu’à l’époque des querelles religieuses entre chrétiens, les protestants raillaient la conception catholique de l’Eucharistie comme étant magique.
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L’expérience chrétienne est celle d’un Dieu qui se fait proche au point de se faire homme en Jésus de Nazareth. Le Dieu des chrétiens nous rejoint dans le concret de nos vies. Quoi de plus concret que la nourriture ? Chacun de nous a besoin de se nourrir pour vivre. Reprenant les gestes et paroles du Sauveur au cours de la dernière Cène, l’eucharistie utilise le langage symbolique du repas pour nous nourrir de la présence du Christ. Dans chaque eucharistie, l’Esprit nourrit les chrétiens de ce que le Père céleste offre de plus précieux à l’humanité : le don que Jésus fait de sa vie, jusqu’à la croix, par amour pour le monde. Le trésor de l’eucharistie — qui est réellement présence nourrissante (et devant laquelle il est bon que les chrétiens viennent prier au cours d’une adoration eucharistique) du Seigneur au milieu de son Eglise — constitue cependant un risque. Celui de vivre l’eucharistie comme un médicament qu’on vient chercher chaque dimanche « parce que ça fait du bien ». Ce n’est évidemment pas faux, mais il s’agit là d’une vision bien pauvre — individualiste, bourgeoise et utilitariste — du sacrement dont il s’agit de se défaire. L’eucharistie n’est pas uniquement au service du chrétien. Elle est au service de l’Eglise, afin que les chrétiens servent le monde. Saint Augustin (354–430) résumait les choses de façon lumineuse : « Chrétien, deviens ce que tu reçois, le corps du Christ. » Si nous communions au Christ présent dans l’eucharistie, c’est pour devenir présence eucharistique du Christ pour le monde. Pour dire les choses différemment, adorer* le Christ en son eucharistie et le mépriser dans chacun de ses frères, c’est faire mentir ce sacrement. Prêchant à la cour de l’empereur de Constantinople, saint Jean Chrysostome (344 – env. 407) ne
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disait pas autre chose : « Tu veux honorer le Corps du Christ ? Ne le méprise pas lorsqu’il est nu. Ne l’honore pas ici, dans l’église, par des tissus de soie tandis que tu le laisses dehors souffrir du froid et du manque de vêtements. Celui qui a dit : “Ceci est mon corps”, et qui l’a réalisé en le disant, c’est lui qui a dit : “Vous m’avez vu avoir faim, et vous ne m’avez pas donné à manger”, et aussi : “Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.” Ici le corps du Christ n’a pas besoin de vêtements mais d’âmes pures ; là-bas il a besoin de beaucoup de sollicitudes. » A méditer…
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Premiers pas
Recueillement Quand tu entres dans une église pour participer à l’eucharistie, prépare ton cœur. Tu foules un endroit où il ne s’agit pas de paraître, de te faire voir ; tu n’es pas à un cocktail mondain où la bonne conscience remplace les petits fours. Non, tu entres dans un lieu de prière et de culte. Dieu t’y attend. Prépare ton cœur — fais silence — si tu ne veux pas bâcler le rendez-vous. Cela ne veut pas dire que tu ne puisses saluer ton voisin, lui adresser une parole… (Ce qui n’équivaut pas tout à fait au fait de lui raconter toute ta semaine. Attends la fin de la célébration pour cela.) Il ne s’agit pas pour autant d’être constipé comme un canon, mais simplement recueilli. Prépare ton cœur. Dieu t’attend. Une Eucharistie se vit ou se subit. Ne pas toujours y participer de gaieté de cœur est bien normal. Y aller « en attendant que ça passe » est par contre peu productif… et le temps n’en semblera que plus long.
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A qui consacrons-nous cette petite heure de messe ? Au poulet qui cuit et que nous ne devons pas oublier de sortir du four en rentrant ? Au moche chapeau de la grosse dame de devant ? A la belle-mère qui vient rendre visite, ce qui représente une belle corvée, même si je n’ose pas trop le faire sentir à mon conjoint ? A ma nouvelle copine qui chante dans la chorale et que je mate du coin de l’œil ? Un peu à tout cela, sans doute, mais pourquoi pas aussi au Christ ? Tâchons de laisser un instant de côté le poulet, le chapeau, la belle-mère ou la copine… Il y a là « Quelqu’un » qui voudrait bien nous parler. Faisons-lui une place dans notre cœur et écoutons… Le mot « recueilli » rime avec « déconfit », mais ce n’est pas exactement la même chose… Il nous arrive tous de participer à l’eucharistie avec une sale tête, suite à une migraine ou des problèmes personnels. Cependant, ne nous sentons pas obligés de donner l’impression d’avoir enterré père et mère à chaque fois que nous entrons dans une église… En célébrant l’eucharistie, j’aimerais parfois cacher un petit appareil photo sous mon aube*, afin de saisir quelques tronches sur le vif. Est-il donc si difficile d’avoir l’air un tant soit peu épanoui quand on participe au culte ? Je ne demande à personne de prendre un air béat. Un air normal fera amplement l’affaire.
Durée Quand tu entres dans l’église, gère ton temps. Sauf imprévu, il est bon d’arriver à temps, c’est-à-dire quelques minutes à l’avance. Ce n’est pas très agréable de commencer un
office avec un tiers des personnes qui arrivent en cours de route. Dans la mesure du possible, il est également souhaitable de rester jusqu’à la fin et donc de ne pas quitter l’église avant que le célébrant ait rejoint le fond de l’église pour saluer ses paroissiens. Je sais bien que, le dimanche matin, il y a foule à la boulangerie du coin et qu’il est dommage de perdre quelques places dans la file, mais tout de même… Ce n’est pas très sympathique pour le célébrant de voir ses ouailles s’encourir à la fin de l’office, sans même prendre la peine de lui souhaiter un bon dimanche. Evidemment, nous ne vivons pas en Afrique où les célébrations durent de trois à quatre heures, mais quand nous participons à une eucharistie, prenons notre temps. Regarder sa montre en soupirant parce que le curé déborde de dix minutes ne nous fera que perdre le bénéfice spirituel de notre démarche. De même, dire les prières comme s’il s’agissait de gagner une course de vitesse n’a pas beaucoup de sens. Quand je célèbre, il m’arrive parfois d’avoir la tentation d’introduire la prière du « Notre Père », en remplaçant les paroles traditionnelles : « Comme nous avons appris du Sauveur et selon son commandement, nous osons dire… », par : « A vos marques. Trois, deux, un… partez ! »
Espace En poussant la porte de l’église, tu verras un « bénitier* ». Plonge ta main dans l’eau bénite* et signe-toi « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Ce geste rappelle ton propre baptême.
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Puis, dirige ton regard vers la « lampe du sanctuaire », à la droite de l’autel*. Cette petite flamme rouge brûle jour et nuit pour signaler le lieu où se trouve le tabernacle* qui contient la réserve d’hosties consacrées. L’Eglise croit que — même après la célébration — elles demeurent présence amoureuse du Christ. La lampe qui brûle devant le tabernacle rappelle cela. Par respect, incline légèrement la tête ou fais une génuflexion. C’est un petit acte de foi et de respect qui aide à entrer en prière. Ensuite, prends place dans l’église, mais pas comme au cinéma… c’est-à-dire dans le fond. Tu ne viens pas à l’eucharistie en spectateur, mais comme acteur. Occupe les premières places, afin que le prêtre n’ait pas la désagréable impression de célébrer la résurrection du Christ… devant des chaises vides. Je sais bien que certaines personnes préfèrent rester dans le fond de l’église par besoin de discrétion, d’anonymat… Cela est respectable et doit donc être respecté. Cependant, si tout le monde fait ainsi, aucune célébration un tant soit peu vivante n’est possible. Une fois installé, prends tes repères. Il y a quatre lieux de célébration. D’abord, le siège de la présidence, d’où le célébrant ouvre et clôture l’eucharistie. Ensuite, l’ambon*, qui est le lieu d’où est proclamée la Parole. On y lit les deux lectures, le psaume et l’évangile. Le prêtre célébrant (ou un autre prêtre ou un diacre) y commente la Parole au cours de l’homélie*, et y invite l’assemblée à proclamer la foi de l’Eglise. Enfin, on y présente la prière de l’assemblée (les intentions).
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Un troisième endroit de culte est l’autel. Il est cette table de pierre, d’acier ou de bois qui est le lieu de la célébration eucharistique proprement dite. L’assemblée est le quatrième lieu de la célébration… souvent le plus méconnu. Elle n’est pas un « public » qui vient assister à une représentation, en choisissant « sa messe » en fonction de l’heure, de la beauté de l’édifice et des capacités oratoires du célébrant. Non, l’assemblée est la portion du Peuple de Dieu qui se rassemble pour prier le Père, « par Christ, avec Christ, et en Christ, dans l’unité de l’Esprit ». A proprement parler, on ne « va pas à la messe », mais on célèbre la Pâque du Seigneur. Ceci se manifeste par une participation priante et active du peuple chrétien à l’eucharistie, mais aussi par une vie en dehors des célébrations. La paroisse est d’ordinaire le lieu où l’on « fait Eglise », en réalisant concrètement ce que l’on a célébré le dimanche : la catéchèse*, l’aide aux plus démunis, la préparation d’une célébration ou d’un sacrement, la visite des malades… sont autant d’activités éminemment « eucharistiques ». A l’entrée de l’église, tu verras sans doute le célébrant qui se prépare. Avant de commencer, ce brave homme essaie de se recueillir au milieu de mille et un détails à régler. Si tu as une demande à lui adresser — dans la mesure du possible — ne le dérange pas maintenant, mais attends la fin de l’office pour ce faire. Il t’en sera fort reconnaissant. Tout comme ses acolytes*, le prêtre a revêtu l’aube — la robe blanche qui rappelle le baptême — et signifie qu’il entre en célébration. Il porte, en plus, l’étole* (« l’écharpe » qui signale qu’il est prêtre), ainsi qu’éventuellement la chasuble* (sorte de « poncho » liturgique). Parfois, il est accompagné
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d’autres prêtres et assisté par un diacre, qui met son étole en diagonale. La couleur* des vêtements liturgiques du célébrant n’a pas pour objectif de signaler le club de football qu’il soutient. Elle indique le temps liturgique dans lequel nous nous trouvons. Les ornements seront soit verts (temps ordinaire, couleur de l’espérance), blancs (fêtes chrétiennes, Pâques, Noël…), rouges (couleur de l’Esprit Saint* et du sang, Pentecôte, fête de martyrs*), ou violets (couleur du deuil, pour les funérailles, et de préparation spirituelle, pour le temps de l’Avent et du Carême).
Temps L’eucharistie se célèbre non seulement dans un espace bien précis, mais également selon une séquence temporelle particulière. Il est bon que le fidèle ne perde pas de vue l’époque de l’année dans laquelle il pratique sa foi. On ne participe pas à l’eucharistie exactement de la même manière durant le temps de l’Avent et durant celui de Pâques, ou au cours du temps ordinaire et au cours de celui du Carême. L’année liturgique commence tout naturellement avec l’attente du Christ. Elle débute donc avec le premier dimanche de l’Avent (couleur liturgique violette), puisque celui-ci regroupe les quatre semaines qui prépare à Noël. Après l’Avent suit le temps de Noël (couleur liturgique blanche). Celui-ci commence dans la nuit du 24 décembre et
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dure environ quinze jours. Il se clôture avec la fête du Baptême du Seigneur, qui marque le début de la vie publique du Christ. Pendant quelques semaines, la liturgie* entre alors dans le temps dit « ordinaire » (couleur liturgique verte) et ceci jus-
qu’au Mardi gras. Le lendemain du carnaval s’ouvrent, avec le Mercredi des Cendres, les quarante jours du Carême (couleur liturgique violette). Ils préparent à Pâques. La fin du Carême — Jeudi saint, Vendredi saint et Samedi saint — forme avec la nuit de Pâques le sommet liturgique de l’année. On appelle cela le « Triduum pascal » (les trois jours saints). La célébration vespérale ou nocturne entre le Samedi saint et le dimanche de Pâques s’appelle la « Vigile pascale ». Sans exagérer, on peut la décrire comme la « mère de toutes les eucharisties ». A elle seule, elle récapitule toute l’aventure chrétienne. S’il ne fallait pratiquer qu’une seule fois par an, c’est ce soir-là qu’il s’agirait de le faire. La Vigile de Pâques dure longtemps, mais elle est si belle ! Le temps de Pâques (couleur liturgique blanche) dure cinquante jours et se conclut par la fête de la Pentecôte (couleur liturgique rouge) qui rappelle le don de l’Esprit fait à l’Eglise.
Fortifiés par cet Esprit, les chrétiens retournent dans le temps ordinaire (couleur liturgique verte) tout au long des dimanches de l’été et de l’automne. L’année liturgique s’achève vers la fin novembre avec le dimanche du « Christ, roi de l’univers » (couleur liturgique
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blanche) qui marque l’attente chez les chrétiens de la victoire définitive du Prince de la paix sur tout mal. La semaine qui suit ouvre une nouvelle année liturgique avec un autre premier dimanche de l’Avent. Mais ce n’est pas tout. Les années liturgiques fonctionnent également selon un cycle triennal. Au cours de l’année A, on lit pendant les eucharisties du dimanche principalement l’évangile selon saint Matthieu ; lors de l’année B, il s’agit surtout de saint Marc ; et avec l’année C, saint Luc. Quant à l’évangile selon saint Jean — qui est le plus symbolique, mais également le moins narratif des quatre — on en saupoudre des extraits tout au long des trois années liturgiques. Si vous m’avez suivi jusqu’ici, vous avez dès lors compris que les mêmes lectures reviennent à l’eucharistie du dimanche tous les trois ans. Prenons au hasard un exemple : le 26e dimanche du temps ordinaire de l’année C. Celui-ci est advenu les dimanches 27 septembre 1998, 30 septembre 2001 et 26 septembre 2004. Au cours de ces trois dimanches, les lectures eucharistiques étaient donc les mêmes. Les curés paresseux connaissent fort bien ce cycle : à chaque dimanche, ils ressortent de leurs archives l’homélie qu’ils avaient faite trois années plus tôt. Ils se disent que leurs paroissiens ne se rendront compte de rien, car ils ont complètement oublié ce qu’ils racontaient alors. La plupart du temps, c’est effectivement le cas… et il n’a pas fallu attendre trois ans pour cela.
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Célébration
Avec son corps Durant l’eucharistie, l’assemblée se lève et s’assied à plus d’une reprise. Il ne s’agit pas, ce faisant, d’éviter d’avoir des fourmis dans les jambes. Pareille gestuelle a un sens bien précis. La célébration se vit aussi avec le corps. La position assise est celle de l’écoute et du recueillement. Telle est l’attitude adoptée durant les lectures, l’homélie et le temps de prière après la communion. La position debout est celle de la prière communautaire : c’est debout que le peuple chrétien célèbre la résurrection du Christ. Cela est de mise pour accueillir l’évangile et la prière eucharistique. Enfin, dans certaines églises se pratique encore l’agenouillement aux moments les plus solennels de la célébration. Tant d’autres gestes participent à la célébration. Cela commence par le signe de croix*. Il est fait au début de l’eucharistie et lors de la bénédiction finale. Beaucoup le confondent avec un vague chasse-mouches. C’est bien dommage.
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Il y a également les trois croix sur le front, la bouche et le cœur, qui sont faites au commencement de la lecture de l’évangile. Elles préparent à recevoir la Parole avec tout son être. Il y a encore le fait de s’incliner en signe de respect en entrant et en sortant de l’église, ainsi qu’au moment du récit de l’institution (après que le prêtre ait dit : « Ceci est mon corps » et « Ceci est mon sang »). La plupart des paroissiens d’Occident ont une pudeur mal placée. Ils ont peur de faire trop de gestes : « Que va penser le voisin ? » Je suis pour la discrétion et récuse toute ostentation, mais si nous avons un corps, il faut apprendre à prier avec celui-ci. Nos frères africains sont moins paralysés. Notre culture n’est pas la leur, mais ce n’est pas une excuse pour que nos célébrations soient amidonnées et paralysantes.
Avec la voix Les « répons » sont un mode important de participation des fidèles à l’eucharistie. Il s’agit là des interventions orales de l’assemblée qui répond à la prière du célébrant. Il ne faut pas les confondre avec des leçons d’arithmétique apprises par cœur par une classe de gosses : « deux fois deux, quatre ; trois fois deux, six… » Chacune des interventions de l’assemblée a sa place et son sens. « Amen* ! » veut dire dans la langue du Christ : « C’est ainsi ! » « Et avec votre esprit » signifie : « Nous demandons au Seigneur d’agir par les mains et la voix du célébrant. » « Alle-
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luia* ! » est un autre mot hébreu qui peut se traduire par : « Louons Dieu, Vive Dieu ! » Sans pour autant faire preuve d’exaltation hystérique, il n’est pas interdit de mettre un minimum de cœur dans ses répons. Le vague murmure entre les dents de beaucoup de paroissiens, qui remplace chaque réponse à la prière du célébrant par « menieumenieu », tue la célébration plutôt que de la faire vivre. Une autre forme d’intervention de l’assemblée dans la célébration est le rôle des lecteurs. Comme tout service, lire à l’église s’apprend. S’il est vrai qu’on ne fait pas une lecture comme on déclame du Shakespeare, un minimum d’intonation n’est pas interdit. Il s’agit de faire passer la Parole de Dieu. Le chant est une manière simple de participation vocale à l’Eucharistie. Il en va du chant comme de la nage. Certains ont décidé une fois pour toutes qu’ils ne savaient pas nager et qu’ils n’apprendraient jamais. D’autres se contentent de se mouiller le bout des orteils. D’autres enfin se jettent à l’eau. Jetons-nous à l’eau. « Oui mais… j’ai une mauvaise voix. Je ne sais pas chanter. Je ne connais pas les notes… » Une fois pour toutes, je refuse d’écouter ces excuses. Allez participer à une eucharistie en Grande-Bretagne ou en Allemagne et vous verrez ce que chanter lors d’une célébration veut dire ! Ne me dites pas que les voix saxonnes ou teutonnes sont différentes des voix latines. C’est notre mentalité qui doit évo-
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luer sur ce point. En effet, chanter, c’est prier deux fois. Une eucharistie chantante est une eucharistie priante.
Avec… ses sous La collecte — ou quête — est une forme bien concrète de participation du peuple chrétien à l’eucharistie. Au moment de l’offertoire, alors que le prêtre présente le pain et le vin à Dieu au nom de tous, l’assemblée présente sa contribution financière. Au Moyen Age, on apportait des poules et des jambons sur les autels latéraux de l’église. Dans une récente cathédrale*, il paraît qu’on accepte même les cartes de crédits… Tout change, mais l’intention est la même. Certains critiquent la collecte, en disant : « Collecter de l’argent en pleine messe, que c’est indécent ! » Il faut n’avoir jamais été pauvre pour trouver l’argent sale. Celui-ci n’est pas un but en soi dans la vie, mais n’en demeure pas moins nécessaire pour vivre. En Belgique, les prêtres sont rémunérés par l’Etat, et l’argent de la collecte ne va pas dans leurs poches. Le fruit de celles-ci alimente la caisse paroissiale. Certaines collectes spéciales sont également affectées aux œuvres de l’évêque ou de toute l’Eglise. Dans d’autres pays, la quête constitue la principale forme de rentrée financière pour les célébrants. Dans tous les cas, il s’agit d’une forme bien concrète de contribution des fidèles à la vie de l’Eglise et à l’aide aux plus démunis.
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S’il y a bien un endroit où l’indexation est peu appliquée, c’est à la collecte. Jadis, mon grand-père mettait vingt francs belges (cinquante centimes d’euro). Quand je compare cette somme avec la moyenne de cinquante centimes que l’on retrouve au fond d’un panier un dimanche ordinaire, je me dis qu’il n’y a que trois possibilités : soit mon grand-père était un homme d’une générosité hors du commun ; soit le niveau de vie a énormément baissé depuis son époque ; soit l’inflation est un mythe. A la défense des paroissiens d’aujourd’hui, j’ajoute que c’est souvent la méconnaissance des besoins financiers d’une paroisse plus que l’avarice des croyants qui explique le phénomène. L’expérience apprend que quand les membres d’une communauté chrétienne sont impliqués dans la gestion financière du culte et savent où va l’argent, leur contribution financière augmente en conséquence.
Avec le clergé et les laïcs, les présents et les absents, les vivants et les morts Pour parer à la pénurie de prêtres, pourquoi ne pas créer des chapelles cybernétiques, avec messe téléchargeable au gré des envies du moment, et distributeurs automatiques d’hosties ? « Pour la messe de Jean-Paul II, tapez 1. Pour l’homélie de Guy Gilbert, tapez 2 ! » Pourquoi pas ? Parce que cela n’aura aucun sens. L’eucharistie est certes une démarche individuelle (on choisit d’y aller ou non), mais reste avant tout une prière communautaire. Vivre celle-ci en changeant de lieu de culte au gré de ses humeurs, de ses affinités ou des facilités d’horaires est
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se couper d’un aspect essentiel du sacrement : le lien aux autres baptisés qui sont l’Eglise. Evidemment, le temps de la paroisse avec son clocher unique est révolu en Europe occidentale. Partout, des unités pastorales* regroupent de vastes quartiers urbains ou des dizaines de villages. Le lieu des célébrations dominicales d’une même paroisse peut dès lors varier au fil des semaines. Il n’empêche, il s’agit toujours de la célébration d’une communauté bien concrète de croyants. Si celle-ci participe au culte ensemble, c’est aussi parce que, la semaine durant, elle forme une petite cellule d’Eglise qui tente de vivre l’Evangile. Certains paroissiens sont catéchistes et transmettent la foi aux jeunes et adultes ; d’autres aident les plus démunis de la région ; d’autres encore prient régulièrement pour tous, ou bien s’occupent des finances paroissiales, des animations liturgiques, des baptêmes, des mariages, des funérailles, de la jeunesse, des malades… D’autres encore ne trouvent pas le temps de s’investir pour la paroisse, mais font de leur vie professionnelle ou familiale un témoignage chrétien. Quand ils se rassemblent à l’église le dimanche, c’est toutes ces semences d’Evangile — avec leurs joies et leurs peines — que les chrétiens apportent dans leurs poches. Dans l’eucharistie, ils présentent cela au Père céleste comme une offrande. Ils unissent celle-ci au don d’amour du Christ, afin de repartir fortifiés par la force de son Esprit. J’apporte à ce que je viens d’écrire une nuance de taille : la communauté eucharistique ne peut jamais se suffire à elle-même. Une paroisse, ce n’est pas toute l’Eglise. Si l’esprit de clocher domine et qu’une communauté se ferme sur
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elle-même, la vie chrétienne cuit dans son jus et devient stérile. L’eucharistie dominicale se doit d’être « catholique », c’està-dire « universelle » dans le sens du mot grec kath-holon, qui se traduit par « selon le tout ». Une célébration eucharistique ne s’adresse pas à un club de membres triés sur le volet, mais rassemble « selon le tout » une diversité de chrétiens : le célébrant qui préside et l’assemblée qui participe, les jeunes et les vieux, les spirituels et les sociaux, les traditionnels et les progressistes, les pratiquants réguliers et les occasionnels, les autochtones et les visiteurs, etc., etc. Dans l’invisible de Dieu, il y a même lieu d’élargir la liste à tous ceux qui sont absents. Premièrement les membres malades de la paroisse, les blessés, les personnes âgées ou en voyage. Ensuite, les hommes et les femmes du quartier qui ne pratiquent plus ou ne sont pas chrétiens. Plus vaste encore, il y a les chrétiens du monde entier et tous les hommes de bonne volonté. Enfin, n’oublions pas les défunts qui sont dans la foi des « plus-que-vivants », car présents en Dieu.
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Déroulement
Le déroulement d’une Eucharistie n’est pas opaque. Chaque célébration dominicale suit une séquence relativement simple, qu’il est bon de connaître afin de mieux participer.
L’entrée en célébration Au début de la célébration, le prêtre se rend à l’autel, qu’il baise de ses lèvres en signe de respect. Le célébrant est éventuellement accompagné des prêtres concélébrant*, du diacre et des acolytes. Pour manifester son entrée en célébration, l’assemblée se lève. Le prêtre en charge de la célébration se place au siège de la présidence. De là, il entame la prière par le signe de la croix, suivi de la salutation (« Le Seigneur soit avec vous » ou une autre formule), ainsi que d’une courte introduction à la célébration. Il est de tradition d’entamer la célébration en reconnaissant sa condition de pécheur : les chrétiens en appellent au Christ sauveur. Le célébrant dit : « Préparons-nous à la célébration de l’eucharistie en reconnaissant que nous sommes pécheurs. »
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Suit une prière communautaire, pour laquelle il est loisible de reprendre la très antique formule : « Seigneur, prends pitié* » (en grec : Kyrie eleison*). D’autres variantes existent, telle l’aspersion d’eau bénite en rappel du baptême, ou la récitation du Confiteor (« Je confesse à Dieu tout-puissant… »). Le prêtre conclut par la formule : « Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde*, qu’il nous pardonne nos péchés et nous conduise à la vie éternelle. » Les dimanches et jours de fête — sauf en Avent et en Carême — il est usuel d’entonner alors le chant du Gloire* à Dieu. Il s’agit d’une antique hymne de Noël, originaire de la région de Milan. Enfin, après avoir invité à un bref recueillement, le célébrant clôture cette première partie de la célébration par une prière d’ouverture, que tous concluent par un « Amen » qui signifie leur adhésion.
Liturgie de la Parole La première partie de la célébration s’est vécue debout. Maintenant, tous s’asseyent en signe d’écoute. La liturgie de la Parole se déroule à l’ambon. Après une courte introduction faite par le célébrant, un diacre ou un fidèle, des membres de l’assemblée proclament les lectures. La première lecture est généralement tirée du Premier Testament*, qui relate l’alliance* entre Dieu et le peuple juif. Elle a un rapport direct avec l’évangile. Certains textes nous semblent fort durs : ils parlent de guerre, de massacres et de colère di-
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vine. Rappelons-nous que cette parole divine a été vécue par des hommes appartenant à une culture religieuse totalement différente de la nôtre. Pareille lecture nous parle de l’alliance avec Dieu, qui réclame foi et confiance, mais ceci à travers le filtre de ces hommes, qui n’est plus le nôtre… Dieu merci ! Après la première lecture vient le psaume, qui est un poème biblique. Parfois, celui-ci est remplacé par un chant de méditation. Personnellement, je trouve cela dommage, car les psaumes sont un patrimoine que nous avons en commun avec les juifs. Durant sa vie terrestre, Jésus priait les mêmes psaumes que nous aujourd’hui. La deuxième lecture est généralement tirée d’une lettre de saint Paul ou d’un autre apôtre*. Son rapport à l’évangile est plus distant, voire inexistant. Cela est en soi regrettable, mais n’est pas une raison suffisante pour systématiquement la supprimer. La richesse de la pensée de saint Paul et le récit de la vie de l’Eglise des origines sont dignes d’écoute. Suit alors l’acclamation de l’évangile par le cri de Pâques : « Alleluia ! » Tous se lèvent en signe de respect. (En temps de carême, l’alleluia est remplacé par une autre acclamation.) L’évangile, qui est un court passage tiré d’un des quatre récits de la vie du Christ, est la lecture la plus importante de l’eucharistie. C’est pourquoi, il est lu par le diacre ou — en son absence — par un des célébrants. Après que le diacre ou le prêtre ait annoncé l’évangile par la formule : « Le Seigneur soit avec vous… », chacun se signe trois fois. Cela veut dire que le message du Christ pénètre mon intelligence (sur le front), mes paroles (sur la bouche), et mon cœur (sur la poitrine).
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Après l’évangile suit une acclamation par l’assemblée. Le diacre ou le prêtre dit : « Acclamons la Parole de Dieu », et la foule répond : « Louange* à toi, Seigneur Jésus ! » Dès lors, chacun s’assied en signe d’écoute, car le célébrant — ou un concélébrant ou le diacre — fait une actualisation de la Parole proclamée. On appelle cela l’homélie. Il n’est pas interdit de faire un effort pour écouter le brave homme qui prêche. Parfois, c’est même intéressant et peut nourrir la vie spirituelle. Si le prédicateur est un peu plus long que d’habitude, cela ne sert à rien de tousser ou de regarder sa montre. De toute façon, il ira jusqu’au bout. L’homélie se conclut les dimanches par un court moment de recueillement. Suit alors la proclamation de la foi. L’assemblée se lève et redit la foi de l’Eglise à travers l’antique formule des premiers chrétiens qu’on nomme le Credo* (« Je crois en un seul Dieu… »). Si je ne comprends pas chaque mot du Credo, ce n’est pas un drame. Ici, il ne s’agit pas de proclamer sa foi personnelle, mais celle de toute l’Eglise à laquelle j’appartiens. Ceci n’empêche cependant pas de creuser les mots du Credo pour se les approprier. Après le Credo, il y a la prière universelle, qu’on appelle plus communément les intentions. Ayant écouté les lectures et leur commentaire et après avoir redit la foi des chrétiens, l’assemblée fait monter sa prière devant Dieu. Il y a place pour des intentions très personnelles et ciblées (prier pour un malade, pour un nouveau couple, pour un défunt), mais il s’agit aussi d’élargir ses horizons en priant
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pour la vie de l’Eglise et celle du monde, pour les pauvres et ceux qui souffrent, pour la communauté rassemblée.
Liturgie eucharistique A présent s’ouvre la partie proprement eucharistique de la célébration. Elle commence par l’offertoire. Le président de la célébration se rend à l’autel. Au nom de toute l’assemblée, quelques fidèles ou acolytes apportent au diacre ou au prêtre les offrandes, c’est-à-dire le pain et le vin qui seront consacrés. Ceci se fait de préférence sous forme de procession. C’est à ce moment-là qu’a habituellement lieu la collecte (ou quête). Tout comme le pain et le vin sont le don des hommes en vue du culte, la collecte est un don de l’assemblée destiné à subvenir aux besoins de l’Eglise et des indigents. A l’autel, le célébrant élève le pain et le vin. Ce faisant, il les présente symboliquement au Père céleste. Il prie, souvent à voix basse : « Tu es béni*, Seigneur Dieu de l’univers, Toi qui nous donnes ce pain, fruit de la terre et du travail des hommes ; il deviendra le pain de la vie. Tu es béni, Seigneur Dieu de l’univers, Toi qui nous donnes ce vin, fruit de la vigne et du travail des hommes ; il deviendra le vin du Royaume* éternel. » Puis il s’incline et demande à Dieu d’accueillir ces offrandes et se lave symboliquement les mains en signe de purification, car lui aussi est un homme pécheur.
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Enfin, il prononce une prière sur les offrandes. Celle-ci est introduite par la formule : « Prions ensemble au moment d’offrir le sacrifice* de toute l’Eglise… » Vient alors la grande prière appelée prière eucharistique, qui est le cœur de la célébration. Héritière des grandes bénédictions que prononçaient les juifs au cours de certaines fêtes, celle-ci est dite au nom de l’assemblée par le célébrant (avec la participation éventuelle des prêtres concélébrants). Il l’introduit par les paroles : « Le Seigneur soit avec vous… Elevons notre cœur… » Les chrétiens se lèvent en signe de participation à cette prière. Par une série d’acclamations, l’assemblée s’associe au célébrant. Ainsi — comme nous verrons plus loin — le Saint, Saint, Saint, l’anamnèse et l’Amen final. La première partie de la prière eucharistique s’appelle la préface. Elle commence toujours un peu comme ceci : « Vraiment Père, il est bon de te glorifier, car… ». Cette préface varie selon les temps de l’année et le thème de la célébration. L’assemblée la conclut en chantant ou proclamant la grandeur de Dieu par cette hymne antique : « Saint, Saint, Saint, le Seigneur, Dieu de l’univers… » Ensuite, le célébrant demande au Père d’envoyer son Esprit sur le pain et le vin. Il dit une prière comme celle-ci, en imposant les mains : « Sanctifie ces offrandes par la puissance de l’Esprit… qu’elles deviennent le corps et le sang de ton Fils Jésus. » On appelle cela l’épiclèse. C’est à ce moment-là que le prêtre redira posément les paroles laissées par le Christ au cours de la dernière Cène. Sur le
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pain, il dit : « Prenez et mangez-en tous : ceci est mon corps livré pour vous. » Sur la coupe de vin, il dit : « Prenez et buvezen tous, car ceci est la coupe de mon sang, le sang de l’alliance nouvelle et éternelle, qui sera versé pour vous et pour la multitude en rémission des péchés. » Il conclut en ajoutant comme le Christ : « Vous ferez cela en mémoire de moi. » On appelle cet instant solennel le récit de l’institution ou la consécration. La tradition catholique tient qu’à ce moment-là — mais en lien avec toute la célébration et non comme par magie — l’Esprit investit le pain et le vin de la présence réelle et agissante du Christ. C’est pourquoi, après que le célébrant — ayant prononcé les paroles du récit de l’institution — ait élevé l’hostie et la coupe, il est bon d’incliner légèrement la tête en signe de respect et de dire en son cœur une silencieuse prière comme : « Je crois, Seigneur, mais augmente ma foi », ou encore l’ancienne formule : « Mon Seigneur et mon Dieu. » Après le récit de l’institution, l’assemblée ratifie le geste du célébrant en chantant ou proclamant sa foi : « Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus ; nous célébrons ta résurrection ; nous attendons ta venue dans la gloire. » On appelle cette prière l’anamnèse, ce qui signifie en grec « faire mémoire ». Au nom de l’assemblée, le célébrant poursuit la prière eucharistique. Il a pour ce faire le choix entre plusieurs versions. Le prêtre prie d’abord le Père pour ceux qui vont communier, afin qu’ils soient rassemblés par l’Esprit en un seul corps qui est l’Eglise. On appelle cet instant la seconde épiclèse. Puis il prie pour cette Eglise et ses pasteurs (le Pape, l’Evêque…), pour les défunts et tout homme qui cherche Dieu avec droiture.
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Le célébrant conclut la prière eucharistique en présentant le corps et le sang du Christ* avec une formule qui résume la célébration eucharistique : « Par Lui (Christ), avec Lui et en Lui, à Toi, Dieu le Père et dans l’unité de l’Esprit, tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles ! » L’assemblée confirme la prière eucharistique par le répons : « Amen ! »
La communion L’assemblée se prépare à communier en priant comme Jésus nous a appris à le faire. C’est le Notre Père. Dans certaines paroisses, les fidèles lèvent alors les mains tous ensemble. Il arrive que d’autres chrétiens, plus classiques, réagissent en disant : « Encore des nouveautés fantasques ! » Ils se trompent. Rien n’est plus traditionnel qu’un tel geste. Ce faisant, l’assemblée ne fait que reprendre la plus ancienne posture de prière chrétienne. Puis vient la prière pour la paix (« Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous… »), suivi — dans certaines célébrations — par l’échange de la paix du Christ parmi les participants. Il ne s’agit pas de donner une simple poignée de main ou une accolade à son voisin, histoire de lui signaler qu’on l’aime bien. Cette antique tradition rappelle que l’eucharistie ne se vit pas seul, mais en Eglise. C’est la paix du Christ qui nous rassemble et non les affinités humaines. Ensuite, il y a un geste plus ancien encore : la fraction du pain. Le prêtre rompt le pain qu’il a consacré (ou du moins la grande hostie). Il manifeste ainsi que tous les fidèles communient à un même pain, puisqu’il n’y a qu’un seul Christ qui se rompt et se partage pour les hommes. A ce moment, l’assemblée chante l’Agneau de Dieu*.
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Maintenant, ceux qui le désirent et qui s’y sentent préparés viennent communier. Pendant et après la communion, tous se recueillent. Pour recevoir dignement l’hostie, le chrétien présente la paume de ses mains. Les anciens disaient : « Fais de tes mains un trône. » Quand le prêtre lui remet le Corps du Christ*, le communiant répond distinctement : « Amen ». Certains préfèrent recevoir l’hostie sur la langue. Il n’y a en soi aucun inconvénient à cela. Ce qui compte est l’attitude du cœur. De même, celui qui choisit de communier à la coupe est appelé à le faire avec délicatesse et respect afin que le vin consacré ne se répande pas partout. Les enfants qui n’ont pas encore fait leur première communion peuvent s’avancer et venir demander qu’on leur fasse une petite croix sur le front en guise de bénédiction. Ce simple geste manifeste qu’ils font pleinement partie, à leur manière, de l’assemblée eucharistique. Petit clin d’œil : la façon de communier de plus d’un fidèle mériterait également d’être filmée. Certains vous arracheraient presque l’hostie des mains. D’autres remplacent l’amen responsorial par un vague « groumpf ». Beaucoup donnent plus l’impression de venir pointer que de recevoir le Seigneur en communion. Je le répète, nous avons tous nos mauvais jours, et c’est humain… mais pas tous les dimanches. Après avoir distribué la communion, le célébrant nettoie les calices* et les ciboires* avec un peu d’eau apportée par les acolytes.
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Puis, il se rassied au siège de la présidence et laisse à chacun un temps de recueillement. C’est un moment tout indiqué pour un peu de silence. Ce dernier est, en effet, parfois le grand absent de nos célébrations.
Conclusion et envoi Après le recueillement, le célébrant se lève et dit la prière de clôture.
Ensuite, il lit souvent quelques annonces paroissiales. Même s’il y en a beaucoup, il est bon de faire un effort pour écouter. Elles concernent la vie de la communauté. Il est bon de s’intéresser à ce que l’Eglise vit sur place, sans pour autant se sentir obligé de participer à tout. Enfin, il y a la bénédiction finale, annoncée par la formule : « Le Seigneur soit avec vous… ». Elle est suivie de l’envoi : « Allez dans la paix du Christ ! » Ce faisant, le prêtre invite l’assemblée à se disperser pour vivre durant la semaine de la grâce de l’eucharistie. Encore une fois, si nous participons à l’eucharistie, c’est pour rendre notre vie plus eucharistique. Le chrétien qui quitte l’église sans faire aucun lien entre ce qu’il vient d’y vivre et sa vie quotidienne fait mentir le sacrement.
Conclusion
Une porte ouverte
Certains me diront : « C’est bien beau, tout ce que tu écris, mais dans ma paroisse le curé est vieux et caractériel ; la chorale chante comme une casserole ; et en hiver c’est mal chauffé. Comment puis-je encore vivre une eucharistie dans ces conditions-là ? » Je n’ai pas de réponse à cela. La seule chose que je sache est que chacun de nous est responsable de sa vie spirituelle et des choix qu’elle implique. Dire : « Je ne vais pas à la messe à cause du curé, de la paroisse, du pape, de l’Eglise, de mon rythme de vie… », est souvent une façon de se déresponsabiliser. Il est plus juste de dire : « J’ai fait le choix de ne plus aller à l’eucharistie ; d’y aller moins souvent ; d’aller dans une autre paroisse ; d’aller tous les jours ; etc. » Et là, je n’ai rien à redire. A chacun de mettre ses priorités spirituelles là où il juge bon de le faire. Ceci ne doit cependant pas fermer la porte à d’éventuelles remises en question. En matière spirituelle, les portes doivent toujours rester ouvertes. C’est pourquoi, quand les chrétiens célèbrent l’eucharistie, les portes de l’église ne sont jamais fermées à clef. N’importe qui peut entrer pour voir ce qui se passe et ressortir quand il le souhaite. Certains s’en iront bouleversés, d’autres
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indifférents, d’autres encore agacés ou dégoûtés. Pourquoi ? Parfois, c’est bien mystérieux. Ce livret se veut également une porte ouverte. Le lecteur le prendra ; en lira tout ou une partie ; le laissera séduit ou énervé. Je ne pense pas qu’il convaincra beaucoup de monde. Les convaincus le sont déjà. Les autres ne changeront pas d’avis à cause d’un écrit. Pour cela, il faut une expérience spirituelle. Mon écrit a pour objectif principal de permettre à chacun d’apprivoiser le langage symbolique de l’eucharistie. Un jour peut-être, quelqu’un qui en avait perdu l’habitude — ayant lu ce livre — poussera la porte d’une église et se retrouvera au beau milieu d’une célébration. Si cet homme ou cette femme, ce jeune ou ce moins jeune, cet intellectuel ou ce manuel… retrouve alors un peu plus facilement ses repères, cela suffirait amplement à mon bonheur. Le reste est l’affaire de Dieu. Il travaille les cœurs et les consciences dans le secret et aime tous les hommes inconditionnellement : les chrétiens comme les autres ; ceux qui vont à la messe comme ceux qui n’y vont pas.
Ce dimanche 15 août 2004, en la fête de l’Assomption
Glossaire
Toute discipline sportive, branche académique ou organisation humaine utilise un vocabulaire spécialisé, un jargon. Il en va de même dans la foi chrétienne. Ainsi, il y a des mots qui se rencontrent régulièrement au cours d’une célébration. Le fait d’en connaître le sens peut aider à vivre l’Eucharistie. D’où ce petit glossaire à la fin de mon écrit. Il n’est pas exhaustif, mais se veut simplement une aide : ACOLYTE : Appelés aussi enfants de chœur ou servants de messe,
les acolytes sont les jeunes — ou adultes — qui aident le célébrant pour le service de l’autel. Ainsi, ils apportent le pain et le vin au moment de l’offertoire. Longtemps, ce service fut réservé aux garçons. Désormais, il est ouvert aux filles. ADORER : Combien de fois n’entend-on pas prier : « Dieu,
nous t’adorons ». L’adoration est l’attitude des humains face à leur Créateur. Adorer signifie reconnaître que seul Dieu est le maître de toute réalité. L’homme qui en viendrait à adorer autre chose que Dieu (roi, patron, argent, carrière…) tombe dans l’idolâtrie.
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AGNEAU DE DIEU : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde… », prie le célébrant au moment de la communion. Pareille formule désigne le Christ dans les écrits selon saint Jean (l’évangile selon Jean, l’apocalypse). Les Juifs sacrifiaient un agneau sans défaut dans la nuit de la Pâque. Les chrétiens ont repris cette image pour l’appliquer à Jésus, qui — sans péché — a donné sa vie une veille de Pâques et, ce faisant, a assumé le poids du péché du monde. ALLELUIA : Signifie en hébreu : « Louons Dieu » ou « Vive
Dieu ! » C’est le cri de joie des chrétiens face à la résurrection du Christ. Il remonte à la plus ancienne tradition. Durant l’eucharistie, l’alleluia se chante comme acclamation avant l’évangile. Au cours du temps de Carême, il est omis pour marquer le fait que les chrétiens attendent la nuit de Pâques, au cours de laquelle il sera chanté plus solennellement que jamais. ALLIANCE : On désigne l’Eucharistie comme « le sacrement
de la nouvelle alliance ». L’alliance est la relation amoureuse que Dieu veut établir avec l’humanité en général et chacun de nous en particulier. En Jésus, le Très-Haut se donne totalement à connaître et aimer. Cette « nouvelle » alliance en Christ est la dernière, car la plus absolue. AMBON : L’ambon est le pupitre d’où l’on proclame les lectures et fait l’homélie. Il est souvent décoré aux couleurs du temps liturgique. AMEN : Mot hébreu qui peut se traduire par « c’est la vérité »
ou encore « c’est ainsi ». Le mot est surtout utilisé par l’assemblée en guise de ponctuation et d’acquiescement avec la prière du célébrant. Ce dernier termine souvent sa prière par : « Nous te le demandons par Jésus, ton Fils et notre Seigneur,
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qui vit et règne avec Toi et le Saint-Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles… » et tout le monde répond : « amen ! » APÔTRE (APOSTOLIQUE) : Signifie en grec « envoyé » et désigne les premiers disciples qui ont vécu avec Jésus ou qui ont été les témoins directs ou proches de sa résurrection. L’Eglise est dite « apostolique », car sa foi et tradition remonte à ces pionniers. Ce qu’elle est aujourd’hui a donc un lien continu avec la figure historique de Jésus. AUBE : L’aube est à l’origine la tunique que revêtaient les baptisés. Aujourd’hui, elle est ce long vêtement blanc que porte toute personne ayant un service liturgique d’une certaine durée. AUTEL : L’autel est la table solennelle sur laquelle on célèbre l’eucharistie. Il peut être en bois et amovible, mais il est conseillé qu’il soit plutôt en pierre et encastré dans le sol. Ceci manifeste l’enracinement de la célébration dans le roc qui est le Christ. BAPTISTÈRE : La cuve d’eau dans l’église où l’on baptise les
nouveaux chrétiens. Il contient de l’eau bénite. BÉNIR (BÉNÉDICTION) : Vient du latin bene diceˇre, qui signi-
fie « dire du bien ». En bénissant quelqu’un (par exemple, l’assemblée à l’eucharistie) ou quelque chose (par exemple, le livre qui contient le texte de l’Evangile), le célébrant demande à Dieu — source de toute bénédiction — d’en dire du bien. Le geste de la bénédiction chez les chrétiens est, soit l’imposition des mains, soit le signe de la croix. Bénir est le contraire de « maudire » (« malédiction »).
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BÉNITIER : Les réceptacles à l’entrée de l’église qui contiennent de l’eau bénite. D’où l’expression « grenouille de bénitier » pour désigner des personnes excessivement dévotes. Tout comme les grenouilles aiment les mares, les bigots vivent près des bénitiers. CATHOLIQUE : Dans le credo, l’assemblée proclame : « Je crois
en l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique. » Catholique vient du grec kath holôn, qui signifie « selon le tout ». L’Eglise catholique — ici — n’est pas le contraire de l’Eglise protestante, mais signifie « l’Eglise selon le tout » : celle des jeunes et des vieux, des riches et des pauvres, des pratiquants et des non pratiquants, des saints et des pécheurs, des noirs, des jaunes et des blancs, des catholiques romains, des protestants et des orthodoxes. CATHOLIQUE ROMAIN : Désigne les chrétiens qui reconnaissent l’autorité de l’évêque de Rome — le pape — comme suprême dans l’Eglise, en n’oubliant cependant pas que celle-ci s’exerce en lien avec les évêques du monde entier. CALICE : Il s’agit de la coupe qui contient le vin lors de la cé-
lébration eucharistique. En général, elle est faite d’un matériel noble pour souligner son utilisation solennelle. Dans la culture juive, la coupe symbolise l’alliance du salut. CATÉCHÈSE : Du grec : « faire écho » à une parole. Il s’agit de
l’apprentissage de la foi chrétienne. Elle ne concerne pas que les enfants, mais tous les chrétiens. Un adulte qui se prépare au baptême est appelé un « catéchumène ». CATHÉDRALE : Vient du grec cathedra qui signifie « siège ». Bâ-
timent d’église où l’évêque d’un lieu a son siège — symbole de son autorité — et célèbre ordinairement l’Eucharistie. La ca-
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thédrale est l’église-mère d’un diocèse*, car toutes les eucharisties sont célébrées en communion avec l’évêque du lieu. CÉLÉBRATION : Il s’agit du déroulement de la prière chré-
tienne communautaire. Elle comprend des paroles, des gestes, des mouvements, des chants… Ainsi, les chrétiens « célèbrent » un baptême, une eucharistie, un mariage, le sacrement du pardon, la prière du soir (les vêpres)… CHASUBLE : Ils s’agit du vêtement que le prêtre peut revêtir
par-dessus l’aube et l’étole. La chasuble a la couleur du temps liturgique. CHŒUR : Le chœur de l’église est la partie du bâtiment où se
trouve l’autel. Traditionnellement, il était orienté vers l’Orient. Le lieu du soleil levant désigne en effet, symboliquement, l’attente du Christ, lumière du monde. CHRIST : Désigne dans la foi Jésus de Nazareth comme le Sau-
veur. Vient du grec et signifie « qui a reçu l’onction de Dieu ». Son synonyme de racine hébraïque est « Messie ». CIBOIRE : Il s’agit d’un vase de préférence en matière noble,
qui peut contenir un grand nombre d’hosties. Dans le tabernacle se trouve un ciboire avec la « sainte réserve ». COMMUNION : Le moment de l’eucharistie où les chrétiens vont recevoir l’hostie consacrée et éventuellement communier à la coupe. Communier signifie recevoir au cœur de son existence. La « communion des saints » est l’unité invisible entre tous ceux — tant vivants que morts — qui ont laissé l’Esprit de Dieu agir au cœur de leur existence.
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CONCÉLÉBRANT : Se dit d’un évêque ou d’un prêtre qui célèbre une eucharistie sans en assumer la présidence. COULEURS LITURGIQUES : Les couleurs utilisées lors des cé-
lébrations eucharistiques sont au nombre de quatre et varient selon les temps de l’année et les occasions. Le vert est utilisé pour le temps ordinaire ; le blanc pour une fête (Pâques, Noël, Assomption…) ; le violet pour les deuils et les temps de préparation et pénitence (Avent et Carême) ; le rouge pour les fêtes de l’Esprit Saint (dont la Pentecôte : couleur de feu) et celles des martyrs (couleur du sang). CORPS DU CHRIST : Quand les chrétiens professent que le
pain consacré est « corps du Christ », cela ne veut pas dire qu’il devient un morceau de viande. Dans la culture juive à l’époque de Jésus, le corps est le symbole de la présence concrète de quelqu’un. Il s’agit d’exprimer que le pain consacré est investi de la présence concrète du Christ, en qui Dieu a pris corps. CREDO : Signifie en latin « je crois ». Ce sont les premières pa-
roles des antiques proclamations de la foi du peuple chrétien. Le mot « credo » en est ainsi venu à désigner ces proclamations. Il en existe deux versions officielles : une longue, dite « de Nicée-Constantinople » (deux conciles du IVe siècle, au cours desquels la foi des chrétiens fut précisée), et une courte, nommée « symbole des Apôtres ». CURÉ : Le prêtre ayant la charge pastorale d’une paroisse. DIACRE : Vient du grec diaconos, qui signifie « serviteur ».
Comme l’évêque et le prêtre, le diacre a reçu le sacrement de l’ordre. Celui qui reste diacre sans devenir prêtre est appelé « diacre permanent ». A l’eucharistie, le diacre lit l’évangile et proclame une série de prières. Il peut faire l’homélie. A la
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communion, c’est normalement lui qui présente la coupe de vin consacré aux fidèles. La fonction du diacre se situe cependant principalement hors de la liturgie. Il est, par excellence, le serviteur de l’Eglise au cœur du monde. DIOCÈSE : Le diocèse est une portion du peuple chrétien vi-
vant sur un territoire. Il est confié à la responsabilité pastorale d’un évêque. DOYEN : Un prêtre ayant pour mission de coordonner le travail
de tous les curés d’un secteur de paroisses appelé « doyenné ». ÉGLISE : Le grec ecclesia signifie « rassemblement ». L’Eglise
avec une majuscule est le peuple des chrétiens. On l’appelle le « Peuple de Dieu ». Les chrétiens sont, en effet, le peuple de la nouvelle Alliance, comme Israël l’est dans la première alliance. L’Eglise est dite également « Corps du Christ ». Tous les chrétiens ont reçu l’Esprit Saint — l’Esprit du Christ — pour témoigner dans le monde du message de Jésus. Ils sont ses mains, ses pieds, ses yeux… Bref, son corps. L’Eglise est enfin nommée le « Temple de l’Esprit ». Les baptisés sont le lieu où l’Esprit est présent et agissant ; son temple. Ecrit avec une minuscule, « l’église » est le bâtiment où les chrétiens se retrouvent pour prier. ENCENS : L’encens est un parfum que l’on brûle dans un en-
censoir et qui, ce faisant, dégage une fumée. On l’utilise principalement lors de célébrations plus solennelles. Il symbolise la prière des croyants qui monte vers Dieu. EAU BÉNITE : Il s’agit de l’eau qui a été bénite par un évêque,
prêtre ou diacre. Elle se trouve dans le baptistère ou le bénitier. Quand un chrétien entre dans une église, il est indiqué
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qu’il mette sa main dans l’eau bénite et fasse le signe de la croix. Il s’agit d’un rappel symbolique de son baptême. ESPRIT SAINT : Si l’Eglise est appelée « Corps du Christ », l’Es-
prit de Dieu est l’âme de ce corps. Sans le souffle de l’Esprit, notre Eglise n’est qu’une institution humaine avec sa hiérarchie et ses règles. Avec l’Esprit, l’Eglise offre le Christ aux hommes d’aujourd’hui. De même, l’Esprit est l’âme de toute eucharistie. Sans l’Esprit, l’eucharistie n’est qu’un rite parmi tant d’autres. Avec l’Esprit, elle est un sacrement qui donne aux chrétiens de se nourrir de l’amour du Christ. L’épiclèse est le moment plus particulier qui manifeste cela. L’Esprit est dit « saint ». En langage biblique, cela signifie qu’il porte la vie divine. ÉTOLE : L’étole est une bande de tissu ayant la forme d’une longue écharpe. Le célébrant la porte autour du cou, sauf quand il s’agit d’un diacre. Il la porte alors en diagonale. Comme la chasuble, l’étole a la couleur liturgique de la célébration du jour. EUCHARISTIE : Vient du grec et signifie « rendre grâce ». On
parle plus communément de la « messe ». ÉVANGILE : Vient du grec et signifie « bonne nouvelle ». L’Evangile avec une majuscule signifie la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. Ecrit avec une minuscule, il s’agit d’un des quatre récits qui retracent la vie et les paroles de Jésus : les évangiles selon saint Matthieu, selon saint Marc, selon saint Luc et selon saint Jean, ou d’un passage tiré de ceux-ci pour être lu au cours de l’eucharistie.
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ÉVÊQUE : Vient du grec episcopos qui signifie « surveillant ».
L’évêque a reçu la plénitude du sacrement de l’ordre. A ce titre, il est reconnu comme successeur des apôtres et donc comme référence dans l’Eglise. Ce sont les évêques qui enseignent avec autorité et qui dirigent le peuple chrétien. FOI : Avoir foi en quelqu’un signifie lui donner sa confiance,
vouloir bâtir quelque chose avec lui… Avoir foi en Dieu est exactement la même chose. GLOIRE : La gloire est ce que nous ressentons de Dieu quand nous en faisons l’expérience spirituelle. Il s’agit de sa puissance d’amour qui nous surprend et nous dépasse. On peut traduire le mot gloire par « rayonnement ». Quand on dit « gloire à Dieu », cela signifie : « Que le rayonnement de Dieu soit reçu des hommes. » Glorifier signifie reconnaître la gloire de Dieu. GRÂCE : La grâce est l’œuvre gratuite de l’Esprit Saint en
l’homme. Elle le libère du péché qui est un aveuglement spirituel. « Rendre grâce » (ou « action de grâce ») veut dire remercier Dieu pour un tel don. HOMÉLIE : Anciennement appelée le « sermon ». Après la lecture de l’évangile, le célébrant principal ou un autre évêque, prêtre ou diacre fait un commentaire des lectures. Il s’agit de rendre la Parole de Dieu vivante, actuelle et concrète pour l’assemblée. Sous nos latitudes, la durée de prédication pour une eucharistie dominicale se situe entre sept et dix minutes. En Afrique, une homélie de moins de trente minutes est souvent perçue comme bâclée. HOSTIE : Le pain utilisé pour la célébration eucharistique dans l’Eglise catholique romaine est du pain sans levain, en
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souvenir de la Pâque juive. Il se présente sous la forme d’une grande galette ronde (de couleur brune ou blanche) qu’utilise le célébrant et de plus petites galettes qui seront distribuées. Ce sont les hosties. Elles sont « consacrées » au cours d’une eucharistie. KYRIE ELEISON : Signifie en grec « Seigneur, prends pitié ».
Cette formule, qui remonte aux plus anciennes traditions, est encore souvent utilisée au début de nos Eucharisties. « LE SEIGNEUR SOIT AVEC VOUS — ET AVEC VOTRE ESPRIT » : Cette salutation du célébrant et son répons par l’assemblée sont utilisés à chaque tournant de l’eucharistie. Cette façon de se souhaiter mutuellement la présence du Seigneur, est une manière rituelle de relancer la célébration. Un peu à la façon des « cris de patrouille » lors de rassemblements scouts. LITURGIE : La liturgie est l’art de la célébration chrétienne.
Alors que la théologie est avant tout une démarche de réflexion sur la foi, la liturgie est une action dans la foi. LOUANGE : La louange est plus ou moins synonyme de l’action de grâce. Il s’agit de remercier Dieu pour ses dons gratuits. MARTYR : Signifie en grec « témoin ». On appelle « martyr »
un homme ou une femme qui a donné sa vie pour témoigner de Jésus Christ. MESSE : Ancien mot pour « eucharistie ». Il vient du latin et signifie « envoi ». Le mot « eucharistie » est cependant plus approprié, même s’il est plus difficile… à prononcer. MESSIE : Mot hébreu synonyme de « Christ ».
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MISÉRICORDE : Vient du latin miserere (« prendre pitié ») et cor
(« cœur »). La miséricorde de Dieu, ou des hommes, est l’acte de laisser son cœur être touché par la détresse humaine. MYSTÈRE : Dans le langage chrétien, ce mot n’a pas le sens ha-
bituel de « ce qui est incompréhensible ». Il signifie ce qui se dévoile sans fin, ce qui est infini et qu’on n’a jamais fini de découvrir, car on n’en fera jamais le tour. Ainsi, le mystère de la souffrance, de la foi, de l’amour, etc. Mysterion est ainsi devenu le mot grec pour désigner les sacrements. En effet, les sacrements — et en particulier l’eucharistie — nous dévoilent l’amour infini de Dieu et le chrétien n’a jamais fini d’en creuser le sens. OSTENSOIR : En dehors des célébrations eucharistiques, il arrive que des chrétiens catholiques veulent prier devant une hostie consacrée, afin de se recueillir devant le Christ présent dans l’eucharistie. On appelle cela une adoration eucharistique. Dans ce cas, l’hostie consacrée sera souvent insérée dans un support orné qui la rend plus visible. On appelle cet objet un « ostensoir ». PAROISSE : Il s’agit d’une portion — ordinairement territoriale — d’un diocèse, confiée à la responsabilité pastorale d’un curé. PASTORALE : La pastorale est tout ce qui touche à la conduite du peuple chrétien et à l’annonce de l’Evangile. PATÈNE : Il s’agit d’une sorte de soucoupe en métal qui sert à recevoir une grande hostie. PÉCHÉ : Le péché est l’acte de se détourner de l’amour de Dieu. Il n’est pas synonyme de « faute ». Celle-ci désigne le fait
de transgresser une règle. Dans le péché, l’acte peut être irréprochable, mais l’intention spirituellement dévoyée.
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PITIÉ (PRENDRE —) : Ancienne formule pour dire : « Donne-
nous ton pardon », « souviens-toi de ton amour pour l’homme ». PRÊTRE : Vient du grec presbyteros, qui signifie « l’ancien ». Dès
les origines, un conseil d’anciens entourait l’évêque. Par après, ils allèrent célébrer l’eucharistie le dimanche dans des endroits éloignés, car l’évêque ne pouvait être partout à la fois. Le prêtre reçoit le sacrement de l’ordre pour être en quelque sorte le « lieutenant » de son évêque auprès du peuple chrétien. ROYAUME (RÈGNE) : Le Royaume — dont Jésus parlait si souvent — est le monde selon le rêve de Dieu. Celui-ci se réalise chaque fois que l’homme s’ouvre à l’œuvre de l’Esprit. SACERDOCE (SACERDOTAL) : Celui qui est un lien avec Dieu. Pour les chrétiens, c’est le Christ qui — par sa vie donnée — est le lien par excellence avec son Père. Par lui, avec lui et en lui, toute l’Eglise — qui est le corps du Christ se déployant à travers les siècles — devient sacerdotale. On appelle cela le sacerdoce commun des fidèles. Par le sacrement de l’ordre, certains chrétiens reçoivent un ministère qui exprime le sacerdoce du Christ d’une manière particulière en les instituant pasteurs au service du peuple des croyants. Il s’agit du sacerdoce ministériel des évêques et des prêtres. SACREMENT : Un sacrement est un signe ou un rite symbolique qui a une efficacité spirituelle. Ce que l’on célèbre avec des paroles et des gestes humains se réalise par la force de l’Esprit. SACRIFICE : Vient du latin sacrum facere, soit « rendre sacré ».
Dans l’eucharistie, le Christ nous fait communier à son sacrifice, c’est-à-dire à sa vie offerte pour les hommes et devenue « sacrée » ou « sainte » en ce qu’elle donne l’Esprit.
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SACRISTIE : Le lieu près de l’église où sont rangés les vête-
ments liturgiques, ainsi que les objets du culte (calice, patène…). Quand une personne a la responsabilité de ce lieu, on l’appelle le « sacristain » ou la « sacristine ». SAINT : La sainteté est la vie de Dieu. Dieu seul est « le Saint » au sens propre du terme. Un saint ou une sainte n’est pas un homme ou une femme sans failles ni défauts, mais un être de chair et de sang, tellement imprégné de la vie de Dieu par l’Esprit qu’il ou elle en irradie. SAINT SACREMENT : Est le nom donné au pain et au vin consacré. Quand il s’agit des hosties consacrées gardées dans le tabernacle comme réserve, on parle aussi de « sainte réserve ». Les chrétiens ont pris l’habitude de venir prier devant cette présence et de distribuer les hosties consacrées aux malades et personnes âgées. SANG DU CHRIST : Quand les chrétiens professent que le vin consacré est « sang du Christ », cela ne veut pas dire qu’il se transforme en hémoglobine. Dans la culture juive à l’époque de Jésus, le sang est le symbole de la vie. Il s’agit d’exprimer que le vin consacré est investi de la vie même du Christ, cette vie qui fut donnée par amour pour les hommes. SEIGNEUR : Nom donné à Dieu dans la Bible. Utilisé durant
les prières de l’eucharistie, il désigne en général Dieu le Père, mais peut aussi être donné au Fils ou à l’Esprit. SIGNE DE CROIX : Un chrétien se signe de la main droite. Il
met la main au front en disant « au nom du Père » ; puis au ventre en disant « et du Fils » ; puis sur l’épaule gauche en ajoutant « et du Saint-Esprit » ; pour clôturer le geste de la croix par l’épaule droite en ponctuant par « amen ».
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TABERNACLE : Ce mot signifie « tente » et est un rappel de la tente de l’alliance où Dieu parlait à Moïse. Il désigne l’armoire où se trouvent les hosties consacrées et devant laquelle brûle en permanence une petite lampe. Celle-ci rappelle discrètement la présence eucharistique. TESTAMENT : Le mot signifie « alliance ». VICAIRE : Le prêtre qui assiste un curé dans une paroisse. Un « vicaire dominical » assiste le curé uniquement les week-ends. Petit clin d’œil : pour les sujets de Sa Très Grâcieuse Majesté, un Vicar désigne le curé d’une paroisse. Son vicaire s’appelle, quant à lui, Curate. Very British, isn’t it ?
Table des matières
Introduction. La messe, c’est « ch… » ! .................................... 5 1. Rite ...................................................................................... 13 2. Sacrement .......................................................................... 19 3. Premiers pas ...................................................................... 31 4. Célébration ........................................................................ 41 5. Déroulement ...................................................................... 49 Conclusion. Une porte ouverte .............................................. 61 Glossaire ................................................................................ 63 Table des matières .................................................................. 79
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Achevé d’imprimer le 29 septembre 2004 sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique).
Ou pourquoi, aujourd’hui encore, pratiquer sa foi a du sens
Eric de Beukelaer
Du temps où j’allais à la messe…
Eric de Beukelaer Né en 1963, Eric de Beukelaer a été ordonné prêtre à Liège en 1991 après une formation à Louvain-la-Neuve, Liège, Rome et Münster (philosophie, théologie et droit canonique). Il est aujourd’hui formateur au séminaire de Liège où il enseigne l’histoire de l’Eglise et le droit canon. Depuis 2002, il est en outre porteparole francophone des évêques de Belgique.
Du temps où j’allais à la messe…
Du temps où j’allais à la messe…
Avec l’humour et le ton vif et actuel qu’on lui connaît, Eric de Beukelaer resitue d’abord les enjeux de la messe dominicale : une démarche spirituelle essentielle même si elle paraît aride, hors du temps et fort peu divertissante. Dans un second temps, l’auteur (ré)initie le lecteur à la symbolique et au langage de l’eucharistie et passe en revue les lieux et le déroulement de la célébration en détaillant les mots et les rites utilisés.
Eric de Beukelaer
ISBN 2-87356-293-5 Prix TTC : 4,95 €
fidélité
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9 782873 562939
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