Marcher dans la neige

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jean-pierre lemaire

Marcher dans la neige Un parcours

au singulier

en poĂŠsie



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Jean-Pierre LEMAIRE

Marcher dans la neige Un parcours en poésie Préface de Marguerite Léna


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Au singulier, 39 Une collection dirigée par Françoise Le Corre et Annie Wellens

Du même auteur Chez Lessius Le baptême d’Icare : relectures, 2017 (essai). Chez d’autres éditeurs Les marges du jour, La Dogana, 1981 (poésie). L’Exode et la Nuée suivi de La pierre à voix, Gallimard, 1982 (poésie). Visitation, Gallimard, 1985 (poésie). Le cœur circoncis, Gallimard, 1989 (poésie). Le chemin du cap, Gallimard, 1993 (poésie). L’Annonciade, Gallimard, 1997 (poésie). L’intérieur du monde, Cheyne, 2002 (poésie). Figure humaine, Gallimard, 2008 (poésie). Faire place, Gallimard, 2013 (poésie). Bernadette Soubirous. La plus secrète des saintes, L’Âge d’Homme, 2013 (essai). Le pays derrière les larmes, Gallimard, 2016 (poésie). L’armoire aux tempêtes, Le Bâteau fantôme, 2016 (prose).

Première édition : 2008 © 2018 Éditions jésuites, 7, rue Blondeau, 5000 Namur (Belgique) 14, rue d’Assas, 75006 Paris (France) www.editionsjesuites.com ISBN : 978-2-87299-339-0 D 2018/4255/2


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PRÉFACE

Il est difficile à un poète d’écrire un art poétique. Ce n’est pas à l’oiseau d’expliquer la trajectoire de son envol ni à l’explorateur de faire trop vite la carte des terres découvertes. Jean-Pierre Lemaire est poète, et rien ne lui est plus étranger que l’esprit de lourdeur qui transforme en doctrine le cheminement hasardeux du poème, ou en normes impératives les bonheurs gracieux de la parole. Mais peut-être faut-il, au seuil de ces pages, se souvenir que l’« art » est d’abord, selon sa plus ancienne résonance, travail d’artisan, contact des mains avec un réel rugueux dont il faut consentir la résistance pour que naisse la forme. Marcher dans la neige est un livre d’artisan. Une parole de poète plus qu’un traité de poésie. Une voix plus encore qu’une parole. Un toucher des mots et des choses, attentif à leur mutuel surgissement dans le geste qui les appelle et suscite entre eux l’imprévisible naissance d’une forme. Dès lors, point n’est besoin, pour être l’hôte de ce livre, d’une ample culture littéraire. Il suffit d’avoir parfois marché dans la neige. Ou encore d’être ce passager pressé du métro parisien, soudain arrêté dans sa course, « comme devant une fenêtre ouverte », parce qu’un poème est affiché là, entre deux publicités bavardes, et que l’air soudain, tout autour, retrouve pour un instant sa fraîcheur d’aube. Aussi est-ce par ses images qu’il convient d’aborder ce livre. Si, comme le suggèrent à la fois Bergson et Bachelard, les images d’un auteur nous conduisent plus sûrement au cœur de sa pensée que ne le font les concepts, il suffit de se laisser conduire par elles. Elles affleurent à chaque page. Il y a d’abord celles de la marche et du mouvement, attentives à nous déplacer d’un lieu à l’autre, du prosaïsme opaque de


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l’habitude vers ce réel encore innommé qui appelle la parole. Il s’agit, nous dit Jean-Pierre Lemaire à la première ligne de l’ouvrage, « de jalonner les chemins parcourus en poésie pendant ces vingt dernières années » : nous cheminerons donc de balise en balise, non de thèse en thèse. Un peu plus loin, l’évocation d’un poème de Guy Goffette invite à marcher « comme sur des ponts fragiles pour atteindre l’autre rive », tandis que la poésie d’Anne Perrier, ne sachant « se reposer trop longtemps sur la beauté du monde », est dite s’élancer « comme un oiseau de branche en branche ». Mais s’agit-il seulement d’aller d’un lieu à l’autre, en conjuguant le libre vol de l’oiseau et le pas-à-pas difficile du marcheur de neige profonde ? Les images du travail artisanal vont plus loin, associant à la genèse patiente du poème le geste du maçon qui « monte un mur avec des pierres brutes », ou encore l’effort du boulanger pétrissant son pain pour le rendre comestible et savoureux. Images pourtant vite relayées par le recours à des gestes moins maîtrisés, dont la visée s’atteint comme par surprise ; elles font du poète le frère du « pêcheur qui sent frétiller un poisson au bout de sa ligne », du « chercheur de champignons qui découvre un cèpe dans un sous-bois », ou encore ce cueilleur avisé qui sait arrêter le poème « quand il est plein comme un fruit mûr et pas trop tôt, quand il est encore vert ». Ces images d’élan, de patience et de surprise ont finalement toutes la même chose à nous dire : entrer en poésie, c’est, sans changer de monde, se laisser dépayser par le monde. « Réalistes, les poètes ? Mais oui », écrit Jean-Pierre Lemaire au seuil de son livre. De chapitre en chapitre va se déployer un unique geste d’exode vers cet « éclat du réel » que seules peuvent suggérer, sans jamais l’épuiser, les puissances conjuguées du songe et de la sagesse, de l’âme et de l’événement, du langage et de la musique. Ce réel dérobé, silencieux, oublié, aux franges du monde familier, irréductiblement autre, ce peut être une sensation ou une situation que n’a pas encore recouverte l’habitude, à laquelle fait soudain écho un désir ou un souvenir ; ce peut être un « événement devenu intérieur », si menu soit-il en lui-même ; mais ce peut être aussi le mendiant que nul ne regarde, « la réalité timide, les êtres méconnus », une marchande de journaux sur un trottoir… Alors les images qui s’approchent de l’expérience poétique changent de nature pour mieux marquer la mutation qu’opère le poème : c’est le passage d’une frontière vers le pays d’« une langue fraîche », un « changement d’air ou d’allure », « comme si l’on nageait ou l’on marchait en altitude » ; la naissance du poème est accompagnée de cette joie « qu’un nouvel être vivant soit venu au monde, sous les espèces symboliques du langage » ; les mots


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qui le tissent s’émancipent du dictionnaire et retrouvent la saveur de « ceux que les parents guettent sur les lèvres malhabiles de leur enfant ». La métrique du vers dessine le cadre, quasi liturgique, d’une écoute neuve pour cette parole neuve, comme « le rectangle tracé dans le ciel par le bâton de l’augure rendait significatif le passage des oiseaux ». On pourrait alors s’interroger : Jean-Pierre Lemaire n’assigne-t-il pas à la poésie une fonction initiatique qui en sacraliserait et en solenniserait indûment l’exercice ? Ce serait compter sans une dernière image, la plus récurrente, celle de la musique. À vrai dire, c’est moins une image qu’une brassée d’images, moins un jeu d’images qu’une confidence au-delà de l’image. Regardons les titres des chapitres : « Le premier coup d’archet » ; « La musique humaine » ; « Éloge de Dame Mesure »… Recevons la confidence : « On aurait bien déçu l’enfant, l’adolescent que j’étais et qui rêvait d’être musicien, en lui prédisant qu’il écrirait des poèmes. » Poésie, obscure compensation d’un échec musical ? Cette psychologie de magazine ne nous mènerait pas loin. Écoutons plutôt le poète : « Ce n’est pas le lieu de dire quel changement bouleversa mon point de vue sur les mots et les notes. La musique resta un royaume enchanté, mais qui ne serait jamais le mien. Je compris seulement que le handicap dont souffrait à mes yeux la poésie était peut-être l’envers d’un humble privilège : les mots parlaient du monde. » La poésie chez Jean-Pierre Lemaire n’est pas née d’une déception, mais d’une double découverte et d’un double consentement : découverte que la parole poétique naît des « notes pesantes, volumineuses » que font entendre les choses dans les mots, et consentement à prêter son oreille et sa voix « à cette vie que le chant des mots soulève péniblement ». Mais aussi découverte que c’est là « la part du pauvre », à distance de la pure musique, et consentement à l’humilité de cette écoute, de cet accueil. Le poète n’est ni un mage ni un prophète. Il est un « accordeur », en tous les sens de ce beau mot : son sens musical d’abord, bien sûr ; mais aussi son sens cordial et amical, qui « porte les mots les uns vers les autres », réconcilie les mots avec les mots, les mots avec les choses, la « vie accélérée » avec la « durée profonde », « les yeux avec le cœur » ; enfin, son sens libéral de don gracieux et d’offrande généreuse : est poète non seulement celui qui nous accorde au monde, mais celui qui, humblement, magnanimement, nous accorde le monde. Quiconque a lu, si peu que ce soit, l’œuvre poétique de Jean-Pierre Lemaire sait que parler d’humilité n’est pas chez lui une modestie feinte, mais la condition même de son art. « La poésie, chemin par


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l’autre » sert de titre à l’un des chapitres de l’ouvrage. Il pourrait le désigner tout entier. Car à chaque page l’exercice poétique proposé au lecteur passe par des médiateurs, et ces médiateurs sont toujours d’autres poètes, reconnus ou méconnus, français ou étrangers, évoqués au détour d’une phrase ou plus explicitement commentés. Nous cheminons ainsi de poème en poème, de Vladimir Holan à Gérard de Nerval, d’Umberto Saba à Arthur Rimbaud, de Jessica Powers à Paul Claudel. Parfois le pas s’arrête, et nous restons longuement à l’écoute d’un seul poème, « Amour » de George Herbert, « Graduel » de Jean Grosjean, « Sur la difficulté d’un retour à Dieu » de Jacques Réda. Nous découvrons alors la poésie dans l’acte du commentaire. Mais un commentaire qui ne se substitue jamais au texte même ; il nous en approche plutôt, comme ces verres grossissants posés sur la Bible, entre les mains du chanoine Van der Paele dans La Madone au chanoine Van der Paele de Jan van Eyck : le texte est là en personne, simplement rendu lisible par le geste qui s’en approche sans s’en emparer, respectant la distance du regard, le grain du papier, la pliure du livre, et jusqu’à ce lent mot à mot, ligne à ligne, qu’impose le verre grossissant. L’humilité fait de ces choses. Alors se dessine, tout au long du parcours, quelque chose comme une spiritualité de l’acte poétique, qui est aussi une spiritualité de la lecture poétique. De quoi est-elle faite ? De renoncement d’abord, avoué d’entrée de jeu : « La vraie poésie a commencé pour moi quand j’ai renoncé à m’exprimer moi-même totalement, elle a, d’une certaine manière, récompensé ce renoncement. » Mais encore d’un long travail sur soi pour se rendre moins opaque au réel, pour laver son regard. De silence et de patience aussi, car rien ne se fabrique en matière de poésie ; tout advient et tout s’accueille. Point n’est besoin à Jean-Pierre Lemaire de développer une critique de tel ou tel courant poétique, surréalisme ou formalisme, dans lequel il ne reconnaît pas sa propre expérience. Il a mieux à faire : creuser cette expérience jusqu’au point où, discrètement, sans appareil théologique ni mystique, dans la simplicité de l’acte poétique, à la croisée de la sagesse et de l’imagination, du réel extérieur et de la résonance intérieure, s’entrouvre la porte de la divine Sagesse. Car Jean-Pierre Lemaire n’est pas seulement un merveilleux lecteur de la poésie des autres. Il est un lecteur de la Bible, et la Sagesse biblique est pour lui « comme une femme qui nous apprend à lire, ou mieux, à relire ». Il ne s’agit pas d’emprunter à la Bible des thèmes ou des épisodes nourrissant le poème à la manière des scènes de genre dans la peinture


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classique. Il s’agit de lui demander ce pour quoi elle est très exactement faite : le déchiffrement de notre propre vie et de la vie autour de nous, un déchiffrement qui soit en même temps un ressourcement, ce « renouvellement que la vie laissée à elle-même ne suffit pas à débloquer ». On conçoit alors l’affinité intime qui relie l’acte poétique tel que le comprend l’auteur et l’écoute spirituelle de la Parole, l’alliance secrète qui se noue entre l’accueil du réel et l’accueil du Verbe. Une affinité et une alliance que Jean-Pierre Lemaire se garde de réduire à une identité, échappant ici encore à l’emphase et à la prétention qui voudraient voir dans la poésie un chemin de salut. Non, « le poème appelle […] l’avènement du Royaume d’amour, il ne [le] réalise pas magiquement, et l’art n’est nullement une dispense d’y travailler dans la vie avec les moyens de tout le monde ». Parce qu’il prend le temps de séjourner parmi les choses et les êtres, et d’en entendre le cri, le poète sait, mieux que d’autres, que le Royaume n’est pas de ce monde, mais qu’il n’est pas davantage un arrière-monde en surplomb de ce monde. Dès lors, il se rendra simplement attentif « aux traces d’un passage », car « l’Amour se donne dans l’événement, les rencontres de la vie ordinaire ». Le poète chrétien partage avec ses frères, les poètes agnostiques, la surprise heureuse devant le réel, mais quand il y incarne ses mots et son regard, « il y suit les pas, les gestes de son Seigneur », et redécouvre ce réel comme « le lieu choisi par son amour ». S’il donne comme eux la même attention aiguë aux « humiliés et offensés », il devine dans leurs visages blessés « ces profils perdus dont s’illuminera la Face au dernier jour ». Comment ne pas penser, ici encore, à ces peintres flamands qui n’ont pas besoin de nommer la Vierge ou les saints pour faire œuvre religieuse, mais seulement de regarder d’un certain regard les plus humbles choses du monde pour qu’y rayonne, silencieuse, irréfutable, la Présence ? Et quand le monde se fait trop violent, au point de dénoncer dans la poésie une entreprise illusoire et même « inadmissible », quand le délai s’allonge entre l’appel et la réponse, le poète peut encore lever les yeux vers « la Sagesse crucifiée » et meurtrie, assumant sans ciller « notre tristesse de fils inaccomplis » ; il sait que cette « Sagesse crucifiée » nous accepte tels que nous sommes, terreux, boueux, et qu’elle fait, de notre boue, rejaillir la Source… « La Sagesse nous renvoie à l’enfance », écrit Pascal. Le dernier chapitre de Marcher dans la neige s’adresse aux enfants : « Pour les enfants : comment faire un poème ». Faut-il dire qu’ici Jean-Pierre Lemaire est


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un merveilleux conteur ? Un merveilleux instituteur ? Sans doute. Mais le plus frappant est qu’il dit aux enfants exactement la même chose que ce qu’il proposait à son lecteur dans toutes les pages qui précèdent. Nous y entendons « une espèce de petite chanson sans notes », une leçon de création si simple qu’une main d’enfant peut la cueillir, si profonde que tout poète peut y puiser sans l’épuiser. Et cette leçon si peu doctorale, lutine et souriante, vient consoner, en une complicité inavouée, avec le seul poème de Jean-Pierre Lemaire qui soit cité dans son livre, et encore en précisant aussitôt qu’il « fait entendre la voix d’un autre » : un poème fait de mots si simples qu’un enfant de trois ans peut les comprendre ; mais où se disent à la fois le ciel et la terre, la lumière et l’ombre, la résistance et le consentement, l’enracinement et l’envol, la nuée et l’eau vive. Où vient se poser, silencieuse et têtue, la Paix : Paix Mais Paix Mais

disent les nuages. disent les arbres. disent les nuages

paix.

disent les arbres

Marguerite Léna Communauté Saint-François-Xavier


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AVANT-PROPOS Première neige. Est-il plus pur prologue pour nos pas ? Gilles Baudry

Au moment de jalonner les chemins parcourus en poésie pendant ces vingt dernières années, je n’ai pas l’impression de regarder en arrière, mais de me trouver, à nouveau, comme au seuil d’un poème : comment parler autrement de l’expérience poétique ? Oui, c’est une expérience analogue à celle de marcher dans la neige où chaque pas crisse, inaugural. Ainsi la parole poétique, dans ses meilleurs moments, est-elle fraîche, neuve, non parce qu’elle userait d’un vocabulaire, d’une syntaxe ou d’une métrique particulièrement originaux, mais parce qu’elle s’applique à une réalité vierge, encore innommée. En marchant dans la neige, on prend mieux conscience du sol qui précède nos pas. La page blanche, visible autour du poème alors qu’elle disparaît sous la prose, nous rappelle la réalité silencieuse qui est le « pur prologue », la préface discrète de nos mots ; poésie est la parole qui précisément s’en souvient. Ajoutons qu’il est difficile de courir dans la neige. De même, on écrit et on lit la poésie pas à pas. Ce petit livre procédera donc ainsi, en associant aux remarques d’ensemble des lectures de poèmes, pour être fidèle à une expérience et tenter de la faire partager.


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Chapitre premier LE PREMIER COUP D’ARCHET On envie souvent à l’écrivain ou à l’artiste le privilège de pouvoir « s’exprimer ». Pourtant, quand j’écris de la poésie, je n’ai guère le sentiment de « m’exprimer » ou, si je le fais, c’est de façon partielle et seconde. On pourrait même dire que la vraie poésie a commencé pour moi quand j’ai renoncé à m’exprimer d’abord et totalement ; elle a, d’une certaine manière, récompensé ce renoncement. Un poème délivre bien sûr quelque chose en nous, mais si l’effort de délivrance est limité à nous-mêmes au lieu de libérer aussi le monde autour de nous, le poème finit par se dissocier, privé de son unité intérieure, et tombe en morceaux ; le poète est alors renvoyé à son enfermement précédent. Pour débrouiller un peu cette « implication » réciproque du poète et du monde, la meilleure voie, sans doute, est de remonter à la naissance du poème. Quand on invite quelqu’un à s’exprimer, dans la conversation, on suppose qu’il a des choses à dire. On pense aider à la délivrance d’un sentiment intime, d’une expérience personnelle, immédiats pour celui qui les éprouve, alors même qu’il cherche ses mots ; le délai serait seulement dans la communication. Or, si la poésie est une école de patience, ce n’est pas d’abord au cours du travail, mais dans la période antérieure, qui peut durer des mois, voire des années : l’attente où l’on n’a « rien à dire ». Ce qu’on porte au fond de soi va prendre forme un jour au contact de tel détail aperçu dans la rue, d’un souvenir, d’un appel ressenti ; le premier coup d’archet


En lecture partielle‌


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TABLE DES MATIÈRES

Préface, par Marguerite Léna................................................................

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Avant-propos .......................................................................................... Chapitre I. Le premier coup d’archet ................................................ Chapitre II. La réalité des poètes ........................................................

11 13 15 26 29 35 41 47 51 55 61 73 85

Une lecture : Sur la poésie d’Anne Perrier ..........................................

Chapitre III. La part du songe ............................................................ Chapitre IV. La poésie, chemin par l’autre........................................ Une lecture : « Amour » (George Herbert) ..........................................

Chapitre V. La musique humaine ...................................................... Chapitre VI. Éloge de Dame Mesure.................................................. Chapitre VII. Sagesse biblique et navette poétique ..........................

Une lecture : « Graduel » (Jean Grosjean) ............................................

Chapitre VIII. Sagesse et imagination ................................................ Chapitre IX. Une initiative imprévisible............................................

Une lecture : « Sur la difficulté d’un retour à Dieu quand on a trop pris le large » (Jacques Réda) ............................................................

95 Chapitre X. Pour les enfants : comment faire un poème ................ 107 Index des noms cités.............................................................................. 111 Table des matières .................................................................................. 115


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Dans la même collection La plus universelle des paroles fut aussi la plus singulière : celle du Christ de Dieu. À sa suite, des hommes et des femmes rendent témoignage, au singulier. Dans la collection « Au singulier » se dessinent des visages d’hommes et de femmes passionnés de Dieu. À toutes les époques et selon des voies différentes, des croyants ont engagé leur vie entière pour répondre à la Parole du Christ, la plus singulière et la plus universelle qui soit. Chaque titre manifeste la diversité et la singularité des engagements pour le Royaume de Dieu… Figures d’Évangile, ces hommes et ces femmes de tous les horizons témoignent au singulier. Toute leur vie a été la mise en actes d’une Parole toujours bonne et toujours nouvelle. Peter-Hans Kolvenbach, Fous pour le Christ. Sagesse de Maître Ignace, 1998, 288 p. Dominique Lambert, Un atome d’univers. La vie et l’œuvre de Georges Lemaître, 2000, 376 p. Jaime Castellón, Alberto Hurtado s.j. Les fondations du Royaume, 2000, 152 p. Susanne Batzdorff, Edith Stein, ma tante, 2000, 232 p. Françoise Jacquin, Une amitié sacerdotale. Jules Monchanin – Édouard Duperray, 1919-1990, 2003, 304 p. Maria Amata Neyer, Edith Stein au Carmel, 2004, 136 p. William W. Meissner, Ignace de Loyola. La psychologie d’un saint, 2002, 548 p. Nechama Tec, Dans la fosse aux lions. La vie d’Oswald Rufeisen, 2003, 400 p. Albert Chapelle, Au creux du rocher. Itinéraire spirituel et intellectuel d’un jésuite. Mémorial, 2004, 184 p. Marguerite Jean-Blain, Eugène Ionesco. Mystique ou mal croyant ?, 2005, 176 p. Gustave Martelet, Teilhard de Chardin, prophète d’un Christ toujours plus grand. Primauté du Christ et transcendance de l’homme, 2005, 280 p. Michaëlle Domain, La Vie en abondance, 2006, 221 p. Tomáš Špidlík, Ignace de Loyola et la spiritualité orientale, 2006, 260 p. Dominique Bertrand, Pierre Favre, un portrait, 2007, 352 p. Ignace de Loyola, Journal des motions intérieures. Suivi du « Papier des élections » et du « Feuillet de Madrid », édition critique et nouvelle traduction des manuscrits autographes par Pierre-Antoine Fabre, 2007, 286 p.


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Dominique Lambert, L’Itinéraire spirituel de Georges Lemaître, suivi de « Univers et atome », conférence inédite de G. Lemaître, 2007, 222 p. Pierre Teilhard de Chardin et Lucile Swan, Correspondance, avec les contributions de Pierre Leroy, Mary Wood Gilbert, Thomas M. King et Gustave Martelet, 2009, 448 p. Gianni La Bella (éd.), Pedro Arrupe, supérieur général des Jésuites (19651983). Le gouvernement d’un prophète, 2009, 496 p. Anne Khoudokormoff-Kotschoubey et sœur Élisabeth, Élisabeth de Russie. Moniale, martyre et sainte, 2010, 256 p. Pierre Teilhard de Chardin, Le Rayonnement d’une amitié. Correspondance avec la famille Bégouën (1922-1955), 2011, 320 p. Michel Farin, En enfer, il n’y a personne. Parole anonyme et parole biblique, 2011, 144 p. René-Claude Baud, Ce qui remonte de l’ombre. Itinéraire d’un soignant, 2011, 144 p. Collectif, Jésuites hongrois sous le pouvoir communiste, témoignages recueillis par Ferenc Szabó, 2012, 400 p. Carole Dagher, Passion pour une terre délaissée. Nicolas Kluiters, jésuite au Liban, 2013, 224 p. Association des amis de Pierre Teilhard de Chardin, Défis d’une évangélisation renouvelée. Les apports de Pierre Teilhard de Chardin, textes du Colloque international de Rome (2012) réunis par Marie-Anne Roger, Marie Bayon de La Tour et Itala Ménard, 2013, 256 p. Philippe Dupriez (éd.), Joseph Comblin, prophète et ami des pauvres, 2014, 192 p. Christophe Langlois, La dictature du partage. Éloge de l’incommunicable, 2015, 112 p. Geneviève Comeau et Alain Cugno, Le pari de l’espérance. Dialogue entre une théologienne et un philosophe, 2016, 88 p. Philippe Lécrivain, Les premiers siècles jésuites. Jalons pour une histoire (1540-1814), 2016, 688 p. Alexandre Men, Dire le Christ en temps de persécution. Catéchèses familiales (U.R.S.S. : 1985-1990), 2016, 208 p. Gabriel Miró, Figures de Bethléem, 2016, 96 p. Christophe Langlois, Ni le jour ni la nuit. Face à Guernica de Picasso, 2017, 88 p. Bernard Pitaud, Jean-Jacques Olier (1608-1657), 2017, 496 p. Charles Péguy, Entretiens, 2017, 130 p.


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Christian Reille, Un jésuite en terre d’islam. Autobiographie, 2017, 240 p. Annie Wellens, L’ordinaire des jours, 2017, 120 p. Annie Wellens, Les Pères de l’Église dans tous leurs états, 2017, 184 p. Henri Madelin, Heurs et malheurs de l’autorité, 2018, 144 p. Jean-Pierre Lemaire, Le baptême d’Icare. Relectures, 2018, 108 p.


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ImprimĂŠ en Belgique Janvier 2018 Imprimerie Bietlot.



L

’auteur jalonne les chemins parcourus en poĂŠsie pendant une vingtaine d’annĂŠes. En alternant commentaire d’un thème (la rĂŠalitĂŠ, le songe, la musique, la mesure, la Bible, la sagesse, l’imagination, etc.) et commentaire d’un poème pour l’illustrer ou le contrebalancer (auteurs : George Herbert, Jean Grosjean, Anne Perrier, Jacques RĂŠda), il propose d’authentiques mĂŠditations spirituelles. Ce livre paru initialement chez Bayard en 2008 dans la collection Christus fut vite ĂŠpuisĂŠ. Il est considĂŠrĂŠ comme un classique, Ă l’instar d’ouvrages du mĂŞme type de Philippe Jaccottet ou de Jacques RĂŠda.

Jean-Pierre LEMAIRE, longtemps enseignant de lettres modernes et classiques en classes prĂŠparatoires Ă Henri-IV et Ă Sainte-Marie de Neuilly, enseignant au Centre Sèvres, est l’un des poètes français les plus lus Ă l’heure actuelle. Il a publiĂŠ une dizaine de recueils de poèmes, principalement chez Gallimard. Le prĂŠsent ouvrage est son premier livre d’essais.

ISBN : 978-2-87299-339-0

9 782872 993390

XX,XX â‚Ź

www.editionsjesuites.com

En couverture :

La prĂŠfacière, Marguerite LÉNA, membre de la CommunautĂŠ SaintFrançois-Xavier, fut longtemps professeur de philosophie en hypokhâgne Ă Sainte-Marie de Neuilly. Elle a notamment publiĂŠ chez Lessius : Patience de l’avenir : petite philosophie thĂŠologale (2012).


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