Soyez dans la joie et l’allégresse (Gaudete et exsultate). Édition présentée et annotée

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Exhortation apostolique

du pape François sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel

SOYEZ DANS LA JOIE ET L’ALLÉGRESSE Édition présentée et annotée sous la direction de la revue Christus et de Lessius



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Soyez dans la joie et l’allégresse (Gaudete et exsultate)


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EXHORTATION APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS

Soyez dans la joie et l’allégresse (Gaudete et exsultate) SUR L’APPEL À LA SAINTETÉ DANS LE MONDE ACTUEL ÉDITION PRÉSENTÉE ET ANNOTÉE SOUS LA DIRECTION DES ÉQUIPES DE CHRISTUS ET DE LESSIUS


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© 2018, Libreria Editrice du Vatican (pour le texte de l’exhortation apostolique). Titre original : Gaudete et exsultate traduction par les services du Vatican © 2018, Éditions jésuites Belgique : 7, rue Blondeau • 5000 Namur France : 14, rue d’Assas • 75006 Paris info@editionsjesuites.com • www.editionsjesuites.com Dépôt légal : D.2018, 4255.16 ISBN : 978-2-87299-355-0 Novembre 2018 Maquette et mise en page : Jean-Marie Schwartz Imprimé en U.E.


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Préface Mgr Jean-Marc Aveline

La portée d’un texte n’est pas proportionnelle à sa longueur. Sous la forme d’une courte « Exhortation apostolique », le pape François a offert à l’Église, à quelques mois du Synode sur « les jeunes, la foi et le discernement vocationnel », un texte simple et dense, mûri par sa longue expérience de pasteur et d’accompagnateur spirituel, un texte permettant d’approfondir le message central de son pontificat. La joie qui s’écoule de l’Évangile et que le pape ne cesse de distiller, par des paroles, des textes et des gestes, pour qu’elle puisse rejoindre et irriguer le cœur de chacun, cette joie devient ici le fondement d’une invitation à accueillir la miséricorde de Dieu et à accepter d’avoir été choisi pour en porter témoignage par une vie de sainteté. « En effet, le Seigneur a élu chacun d’entre nous pour que nous soyons “saints et immaculés en sa présence dans l’amour” (Ep 1, 4) » (2). « Miserando atque eligendo1 » : cette Exhortation apostolique sur l’appel à la sainteté déploie ainsi pour l’ensemble du peuple de Dieu — et pour les jeunes en particulier — la devise épiscopale de son auteur. Avec des mots simples et un style direct qui favorise l’interpellation concrète, le pape renouvelle la théologie de la vocation et encourage la pastorale du discernement. Pour inviter le lecteur à goûter la saveur de ce texte, richement mis en valeur par cette nouvelle édition, je voudrais brièvement introduire aux trois thématiques qui, à mes yeux, le structurent : le primat de la grâce, les combats de la vie et la joie de l’amour.

Le primat de la grâce « C’est seulement à partir du don de Dieu, librement accueilli et humblement reçu, que nous pouvons coopérer par nos efforts à nous laisser transformer de plus en plus » (56). Le récit biblique nous suggère en effet qu’en lui donnant son souffle de vie (Gn 2, 7), Dieu a fait de l’homme son interlocuteur et se montre désireux de parler avec lui comme avec un ami. Dans ce dialogue d’alliance entre la grâce de Dieu qui appelle et la liberté de l’homme qui, parce qu’il a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1, 26), a reçu de Lui la capacité de répondre librement à cet appel, la grâce est tou1. « Choisi parce que pardonné. » Cf. saint Bède le Vénérable, homélie sur Mt 9, 9-13 (NdÉ).

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Préface

jours première. Pour comprendre la visée du pape François quand il parle de la sainteté, il me semble qu’il faut adopter une conception dynamique et non statique de la vocation humaine, au sens où l’entendait déjà le concile d’Orange (529) à la fin de la crise pélagienne, lorsqu’il affirmait que « Dieu nous aime non pas tels que nous font nos mérites, mais tels que nous deviendrons par sa grâce » (Canon 12). En rigueur de termes, on n’a pas, statiquement, une vocation, mais on s’efforce de répondre à un appel qu’on a perçu en posant progressivement des choix cohérents, avec l’aide de la grâce. Dès lors, tout baptisé qui, dans la faiblesse de sa vie, s’ouvre à force de la grâce devient porteur d’une mission où se réalise peu à peu sa vocation à la sainteté. Pas de grâce sans mission… et pas de mission sans grâce ! « La sainteté ne te rend pas moins humain, écrit le pape, car c’est la rencontre de ta faiblesse avec la force de la grâce » (34). Le Seigneur ne nous demande pas d’être des surhommes autosuffisants, mais plutôt d’être disponibles au travail de l’Esprit Saint en nous et dans le monde, et d’apprendre à coopérer avec lui. « Laisse la grâce de ton baptême porter du fruit dans un cheminement de sainteté. […] Ne te décourage pas, parce que tu as la force de l’Esprit Saint pour que ce soit possible ; et la sainteté, au fond, c’est le fruit de l’Esprit Saint dans ta vie (cf. Ga 5, 22-23) » (15). La sainteté n’est donc pas à chercher dans les actions d’éclat, mais dans les petits gestes de solidarité et de fraternité dans la vie quotidienne. Elle germe silencieusement sur l’humus de « la charité pleinement vécue » (21). Elle habite humblement « les petits détails de l’amour » (145). Et même si les parcours de nos vies connaissent des détours ou des échecs, des incompréhensions ou des reniements, ce n’est qu’à la fin du chemin, lorsque nous sera remis le « caillou blanc portant gravé un nom nouveau que nul ne connaît hormis celui qui le reçoit » (Ap 2, 17), que s’unifiera dans le regard de Dieu ce que nous aurons peut-être vécu de façon décousue. Toi aussi, tu as besoin de percevoir la totalité de ta vie comme une mission. […] Puisses-tu reconnaître quelle est cette parole, ce message de Jésus que Dieu veut délivrer aux hommes par ta vie ! Laisse-toi transformer, laisse-toi renouveler par l’Esprit pour que cela soit possible, et qu’ainsi ta belle mission ne soit pas compromise. Le Seigneur l’accomplira même au milieu de tes erreurs et de tes mauvaises passes, pourvu que tu n’abandonnes pas le chemin de l’amour et que tu sois toujours ouvert à son action surnaturelle qui purifie et illumine (23-24).

Les combats de la vie L’appel de Dieu à la sainteté nous prend donc tels que nous sommes et nous invite à développer notre humanité, plus encore que nous ne saurions l’espérer. « N’aie pas peur de la sainteté, écrit le pape. Elle ne t’enlèvera pas les forces, ni la vie, ni la joie. C’est tout le contraire, car tu arriveras à être ce que le Père a pensé quand il t’a créé et tu seras fidèle à ton propre être » (32). Ce chemin, prévient-il aussi, n’est pas facile car 6


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Préface

la vie est un combat. L’adversaire est redoutable et on aurait tort de le sous-estimer en n’en faisant qu’une abstraction intellectuelle. Mais depuis que « le Saint de Dieu » est devenu l’un de nous, la sainteté ne nous est plus hors de portée. C’est du moins la foi des chrétiens. Cette sainteté consiste simplement, comme le suggère le texte de la deuxième prière eucharistique, à vivre « dans l’amitié » avec le Seigneur. Et lui n’attend que notre confiance pour nous aider dans nos combats ! Jamais notre insuffisance ne lui sera un obstacle. Mais peut-être notre suffisance, qu’elle soit d’origine gnostique ou pélagienne, c’est-à-dire négligeant l’aide de la grâce en flattant illusoirement les pouvoirs de la raison ou ceux de la volonté. En fin connaisseur des méandres de l’âme humaine, le pape dénonce aussi les idéologies à la mode qui réduisent la suite du Christ soit à de l’action humanitaire sans profondeur mystique, soit à un rigorisme moral sans solidarité concrète. Ces idéologies subtiles et mortifères engendrent entre chrétiens le soupçon, la médisance, la calomnie et tous ces abus de pouvoir de la langue qui abîment en l’autre le don de Dieu et menacent la communion ecclésiale. Or, selon l’esprit des Béatitudes, qu’il commente longuement, le pape rappelle que le saint n’est un « vainqueur » (Ap 2, 17) que s’il consent à se laisser désarmer. Un saint n’est pas un militant d’une cause, si noble soit-elle, mais un disciple du Christ, humble et libre. Habitué à fréquenter lui-même les lignes de fracture de l’humanité, le pape sait d’expérience qu’il faut consolider en chaque disciple du Christ « la force intérieure qui est l’œuvre de la grâce » (116) et qui seule peut donner la vigilance, la résistance et le discernement qui sont nécessaires au combat, car « sans la sagesse du discernement, nous pouvons devenir facilement des marionnettes à la merci des tendances du moment » (167).

La joie de l’amour Le chrétien, comme tout être humain, est lui aussi confronté aux grandes questions de l’existence et engagé dans les multiples combats de la vie. Sa foi ne l’isole pas de la condition humaine ; son bonheur, c’est d’avoir été appelé à être levain dans la pâte, sel de la terre, lumière du monde, en laissant le Christ habiter sa vie, la transfigurer de l’intérieur, la façonner à son image. C’est cela, le chemin de la sainteté : suivre le Christ, mettre sa Parole en pratique et « participer à sa sainteté (He 12, 10) » (17) ! Un chemin que le Pape balise à l’aide de huit brèves injonctions glanées au fil des Béatitudes. Ce chemin peut prendre des formes qui n’ont rien à voir avec les critères humains du bonheur, pouvant même aller jusqu’au martyre. Mais c’est une « joie parfaite », comme François d’Assise l’avait jadis chantée. Une joie qui, parce qu’elle jaillit de l’expérience pascale du salut, est capable de donner du sens à l’existence. « Miserando atque eligendo. » C’est bien Lui, le Christ qui, « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1). C’est Lui qui nous a choisis et appelés pour que, malgré notre misère, nous portions du fruit en participant à sa mission. C’est Lui qui a voulu nous appeler ses amis pour que nous partagions sa joie 7


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Préface

et que notre joie soit complète. C’est donc du « désir » du Christ envers chacun que procède cet « appel universel à la sainteté » qui est le cœur de toute vocation et l’objet ultime de tout discernement. Pas de disciple qui ne réponde à un désir qui le précède et qui vient de l’amour de Dieu. Pas de missionnaire qui ne témoigne d’un amour qui le désarme et le conduit vers les autres à cause de Dieu. « Gaudete et exsultate ! » Tous les grands textes du pape François comportent dans leur titre un mot qui évoque la joie (gaudium, laudato, lætitia). Cette « joie de l’Évangile » est comme une manne cachée (Ap 2, 17) qui peu à peu nourrit les disciples et les réveille de leur torpeur pour les envoyer en mission. Si nous apprenons à l’accueillir, rien ne peut plus nous la ravir ! C’est par elle que l’Esprit Saint, avec patience et délicatesse, travaille le cœur des fidèles pour les entraîner à discerner la présence de Dieu dans l’ordinaire de leurs jours. De même que, comme le suggérait saint Irénée, la vie cachée de Jésus avait « accoutumé » Dieu à habiter chez les hommes, ainsi la manne cachée donnée aux disciples tout au long de leur vie les « accoutume » à habiter la joie de Dieu. Alors, dans le mystère de la communion des saints, ils se joignent déjà à la jubilation prophétique de Marie : « Le Puissant fit pour moi des merveilles ; saint est son nom » (Lc 1, 49) ! + Jean-Marc Aveline Évêque auxiliaire de Marseille

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Présentation générale

LA SAINTETÉ POUR TOUS

Robert Scholtus

L’appel à la sainteté qu’entend faire résonner le pape François s’énonce d’emblée comme une exhortation à la joie : Gaudete et exultate ! On l’aura noté, les titres de ses précédentes exhortations apostoliques ressortissent au même vocabulaire de la joie. Reliés l’un à l’autre, ils mettent en évidence ce qui constitue le cantus firmus de sa théologie pastorale et la raison de l’effet jubilatoire que provoque la lecture de ses textes. En faisant ainsi rimer sainteté et joie, le pape donne sa pleine signification à la fameuse formule de Léon Bloy qu’il cite au no 24 : « Il n’y a qu’une tristesse, c’est de n’être pas des saints. » Il aurait pu faire aussi référence à cette page du Journal d’un curé de campagne de Bernanos où le curé de Torcy dit à son jeune confrère, l’abbé Donissan : « Le contraire d’un peuple chrétien, c’est un peuple triste, un peuple de vieux. Tu me diras que la définition n’est pas trop théologique. D’accord. Mais elle a de quoi faire réfléchir les messieurs qui bâillent à la messe du dimanche. Bien sûr qu’ils bâillent ! Tu ne voudrais pas qu’en une malheureuse demi-heure par semaine, l’Église puisse leur apprendre la joie1. » À l’instar du curé de Torcy, l’ambition du pape François n’est pas d’élaborer des définitions théologiques. Le lecteur est prévenu : « Il ne faut pas s’attendre ici à un traité sur la sainteté. » Son « humble objectif » n’est pas de raisonner mais de « faire résonner une fois de plus l’appel à la sainteté » (2) que Dieu adresse à tous les baptisés, comme promesse de vie et de bonheur, de réveiller et de « promouvoir le désir de la sainteté » (177) qu’ont si souvent étouffé et découragé les saintetés désincarnées des couvents et celles, inaccessibles, du martyrologe.

1. George Bernanos, Journal d’un curé de campagne, Plon, Paris, 1936.

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En lecture partielle‌


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EXHORTATION APOSTOLIQUE

Soyez dans la joie et l’allégresse (Gaudete et exsultate) DU PAPE FRANÇOIS SUR L’APPEL À LA SAINTETÉ DANS LE MONDE ACTUEL


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RAPPEL Le texte en noir est celui de Gaudete et exsultate, le texte en bleu, celui des commentaires.


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1. « Soyez dans la joie et l’allégresse » (Mt 5, 12), dit Jésus à ceux qui sont persécutés ou humiliés à cause de lui. Le Seigneur demande tout ; et ce qu’il offre est la vraie vie, le bonheur pour lequel nous avons été créés. Il veut que nous soyons saints et il n’attend pas de nous que nous nous contentions d’une existence médiocre, édulcorée, sans consistance. En réalité, dès les premières pages de la Bible, il y a, sous diverses formes, l’appel à la sainteté. Voici comment le Seigneur le proposait à Abraham : « Marche en ma présence et sois parfait » (Gn 17, 1). 2. Il ne faut pas s’attendre, ici, à un traité sur la sainteté, avec de nombreuses définitions et distinctions qui pourraient enrichir cet important thème, ou avec des analyses qu’on pourrait faire concernant les moyens de sanctification. Mon humble objectif, c’est de faire résonner une fois de plus l’appel à la sainteté, en essayant de l’insérer dans le contexte actuel, avec ses risques, ses défis et ses opportunitésa. En effet, le Seigneur a élu chacun d’entre nous pour que nous soyons « saints et immaculés en sa présence, dans l’amour » (Ep 1, 4).

a. L’appel à la sainteté est une catégorie de l’Ancien Testament et le concile Vatican II le reprend dans la constitution sur l’Église, Lumen gentium (39-41). En Mt 5, 48, Jésus n’appelle pas à la « sainteté » mais à la « perfection » : « Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » C’est ainsi qu’est traduite la phrase du Lévitique (19, 2) : « Tu leur diras : “Soyez saints, car je suis saint, moi, le Seigneur, votre Dieu.” » Sainteté et perfection sont assimilées comme la « qualité » même de Dieu. En choisissant la version de l’Ancien Testament qui privilégie la sainteté plutôt que celle du Nouveau Testament qui parle de perfection, le pape François aide à sortir d’une certaine confusion que le mot « perfection » peut induire. En ce sens, « faire résonner une fois de plus cet appel » consiste à l’expérimenter. Cf. Evangelii gaudium où le pape appelle à la « sortie missionnaire » (24, 27s.), à être des « personnes-amphores » (86)…

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CHAPITRE PREMIER

L’appel à la sainteté


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PRÉSENTATION

Valérie Le Chevalier et Pascal Sevez

Laissons-nous surprendre par ce premier chapitre consacré à l’« appel à la sainteté ». Cette expression, pourtant essentielle dans l’apport du concile Vatican II, est rare dans notre manière de parler de notre vie chrétienne et peut renvoyer à des références désuètes et obsolètes. Nous sentons-nous concernés par cet appel là où nous sommes ? Le pari de ce chapitre est précisément de nous rendre cet appel bien réel et actuel, de nous pousser tous à l’écouter attentivement, car il n’est pas réservé à une élite ou aux croyants d’époques révolues. Dès le préambule, nous sommes informés qu’il va être question, non d’un enseignement sur la sainteté mais d’une traversée biblique et existentielle, donc spirituelle, dans la sainteté. Tout comme au début d’une retraite spirituelle, le pape François se positionne en accompagnateur pour poser les fondements de cet appel : sur le plan historique, spirituel, éthique, scripturaire. C’est tout un matériau qu’il propose pour nous mettre dans les conditions favorables d’une disponibilité à l’appel qui nous est aujourd’hui adressé, à chacune et chacun, depuis le commencement. La sainteté est l’enjeu d’un appel, c’est-à-dire d’une vocation (du latin vocare : appel) qui, depuis Abraham, court dans le peuple de Dieu et tisse des liens de communion, d’encouragement, de consolation entre générations. C’est l’esprit des Béatitudes et du Royaume qui souffle bien plus largement que la liste — pourtant bien longue — des personnalités canonisées. Ce chapitre est construit comme un itinéraire spirituel qui part d’une relecture historique des « saints qui nous encouragent et nous accompagnent » (3-5) pour déboucher sur une perspective très contemporaine de salut pour le monde « plus vivants, plus frères » (32-34). Le passage de l’une à l’autre s’organise comme une méditation qui rappelle étrangement une certaine contemplation des Exercices spirituels, où les trois personnes divines se penchent sur la terre et regardent ce qui s’y passe… Ici, tout est très concret. Le pape regarde avec nous « les saints de la porte 27


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d’à côté » (6-9) qui encouragent, témoignent et dessinent un visage d’Église, et le focus se resserre sur « toi », le lecteur, interpellé car « le Seigneur appelle » (10-13) « pour toi aussi » (14-18). Au cours de la lecture, nous retrouverons un certain vocabulaire caractéristique du pape François : le chemin, la route, tirer profit, donner le meilleur… Ce pape est un pèlerin qui ne répugne pas à converser avec nous, sur la route, sur le mode de la proximité, en nous tutoyant. Cela sent cette grâce de la conversation sur le chemin d’Emmaüs et celle que l’on reconnaissait aux premiers « compagnons de Jésus ». François nous initie à une mystique qui ne s’arrête ni aux grades, ni au genre, ni au statut canonique, mais qui n’a pour seule garantie que le plus simple appareil : le baptême. Et gare à celles ou ceux qui se cacheraient derrière l’arbre de la vocation religieuse ou cléricale pour ne pas regarder en face ce peuple de Dieu à qui est adressé explicitement cet appel : c’est « ta mission dans le Christ » (19-24). C’est lui l’unique modèle à imiter ; c’est lui seul qui appelle et attend notre réponse. Et c’est lui seul qui fixe le cadre de cette mission de sainteté : la réalisation du Royaume. Si nouvelle évangélisation il y a, elle a pour cadre les Béatitudes et pour finalité le Royaume, c’est-à-dire la mise en œuvre d’une « activité qui sanctifie » (25-31). Il faudra donc tenir les deux bouts dans un mouvement de réciprocité : contemplation et action. Laissons-nous donc surprendre par cet appel à la sainteté et entrons dans ce chapitre avec le grand cœur et la générosité qui sied à la suite du Christ.

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Les saints qui nous encouragent et nous accompagnent 3. Dans la lettre aux Hébreux, sont mentionnés divers témoignages qui nous encouragent à « courir avec constance l’épreuve qui nous est proposée » (12, 1). On y parle d’Abraham, de Sara, de Moïse, de Gédéon et de plusieurs autres (cf. 11, 1 – 12, 3) et surtout on nous invite à reconnaître que nous sommes enveloppés « d’une si grande nuée de témoins » (12, 1) qui nous encouragent à ne pas nous arrêter en chemin, qui nous incitent à continuer de marcher vers le but. Et parmi eux, il peut y avoir notre propre mère, une grand-mère ou d’autres personnes proches (cf. 2 Tm 1, 5). Peut-être leur vie n’a-telle pas toujours été parfaite, mais, malgré des imperfections et des chutes, ils sont allés de l’avant et ils ont plu au Seigneur. 4. Les saints qui sont déjà parvenus en la présence de Dieu gardent avec nous des liens d’amour et de communion. Le livre de l’Apocalypse en témoigne quand il parle des martyrs qui intercèdent : « Je vis sous l’autel les âmes de ceux qui furent égorgés pour la Parole de Dieu et le témoignage qu’ils avaient rendu. Ils crièrent d’une voix puissante : “Jusques à quand, Maître saint et vrai, tarderas-tu à faire Justice ?” » (6, 910). Nous pouvons dire que « nous nous savions 29


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entourés, conduits et guidés par les amis de Dieu […]. Je ne dois pas porter seul ce que, en réalité, je ne pourrais jamais porter seul. La troupe des saints de Dieu me protège, me soutient et me porte1 ». a. « Jusqu’à la mort » est historiquement associé au martyr, mais l’étymologie de ce mot (gr. martys) signifie témoin. De fait, des chrétiens des deux premiers siècles ont payé par ce « baptême du sang » leur adhésion au Christ. La suite de l’histoire chrétienne, avec l’Édit de Milan (313) a déplacé le témoignage individuel vers l’adhésion à une communauté organisée et visible, initiée par le monachisme. Pourtant, la radicalité chrétienne reste actuelle et doit continuer de nous déranger. Jour après jour, cette « imitation exemplaire du Christ » peut nous faire entrer dans cette familiarité avec celui qui nous aide à voir le monde et l’autre comme Il le voit lui-même. Imiter n’est pas « singer » de l’extérieur mais se mettre à la suite de l’Unique, Jésus. Sans doute y a-t-il des parts de nous-mêmes à faire mourir pour ce témoignage…

b. M.-G. Sagheddu (1914-1939), religieuse trappistine italienne. Son monastère à Grottaferrata étant sensible à la cause œcuménique, elle décide d’offrir sa vie pour l’unité des chrétiens après ses premiers vœux en 1937. Elle fut béatifiée en 1983. Cf. Jean-Paul II, Ut unum sint, n° 27 ; Marie de la Trinité Kervingant, Le monachisme, lieu œcuménique. La bienheureuse Maria Gabriella, OEIL, Paris, 1984.

c. Cf. Lumen gentium, chap. II : « Le peuple de Dieu ».

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5. Lors des procès de béatification et de canonisation, on prend en compte les signes d’héroïcité dans l’exercice des vertus, le don de la vie chez le martyr et également les cas du don de sa propre vie en faveur des autres, y compris jusqu’à la morta. Ce don exprime une imitation exemplaire du Christ et est digne d’admiration de la part des fidèles2. Souvenons-nous, par exemple, de la bienheureuse Maria Gabriella Sagheddu qui a offert sa vie pour l’union des chrétiensb.

Les saints de la porte d’à côté 6. Ne pensons pas uniquement à ceux qui sont déjà béatifiés ou canonisés. L’Esprit Saint répand la sainteté partout, dans le saint peuple fidèle de Dieu, car « le bon vouloir de Dieu a été que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel ; il a voulu en faire un peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté3 ». Le Seigneur, dans l’histoire du salut, 1. Benoît XVI, Homélie lors de l’inauguration solennelle du ministère pétrinien, 24 avril 2005 : Acta Apostolicae Sedis (AAS) 97 (2005), p. 708. 2. Cela suppose qu’il y ait, de toute façon, la réputation de sainteté et l’exercice, au moins à un niveau ordinaire, des vertus chrétiennes : cf. Lettre apostolique sous forme de Motu proprio Maiorem hac dilectionem (11 juillet 2017), art. 2c : L’Osservatore Romano, éd. en langue française, 13 juillet 2017, p. 12. 3. Concile œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Église Lumen gentium, no 9c.


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L’appel à la sainteté

a sauvé un peuple. Il n’y a pas d’identité pleine sans l’appartenance à un peuple. C’est pourquoi personne n’est sauvé seul, en tant qu’individu isolé, mais Dieu nous attire en prenant en compte la trame complexe des relations interpersonnelles qui s’établissent dans la communauté humaine : Dieu a voulu entrer dans une dynamique populaire, dans la dynamique d’un peuple. 7. J’aime voir la sainteté dans le patient peuple de Dieu : chez ces parents qui éduquent avec tant d’amour leurs enfants, chez ces hommes et ces femmes qui travaillent pour apporter le pain à la maison, chez les malades, chez les religieuses âgées qui continuent de sourire. Dans cette constance à aller de l’avant chaque jour, je vois la sainteté de l’Église militantea. C’est cela, souvent, la sainteté « de la porte d’à côté », de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présence de Dieu, ou, pour employer une autre expression, « la classe moyenne de la sainteté4 ». 8. Laissons-nous encourager par les signes de sainteté que le Seigneur nous offre à travers les membres les plus humbles de ce peuple qui « participe aussi de la fonction prophétique du Christ ; il répand son vivant témoignage avant tout par une vie de foi et de charité5 ». Pensons, comme nous le suggère sainte Thérèse Bénédicte de la Croix, que par l’intermédiaire de beaucoup d’entre eux se construit la vraie histoire : « Dans la nuit la plus obscure surgissent les plus grandes figures de prophètes et de 4. Cf. Joseph Malègue, Pierres noires. Les classes moyennes du Salut, Spes, Paris 1958b. 5. Concile œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Église Lumen gentium, no 12c.

a. Cette expression remonte à la bulle de Clément VI, Unigenitus Dei filius (1343). Elle a caractérisé, jusqu’au catéchisme de Trente, l’ensemble des fidèles menant le combat sur terre, par opposition à l’Église « triomphante », celle qui est au ciel. Ignace de Loyola consacre la finale des Exercices spirituels (352370) à sentir dans cette « Église militante ». Est-ce à cette Église que le pape pense ici ? Il est intéressant de voir associées ici trois expressions aussi différentes qu’« Église militante », « sainteté “de la porte d’à côté” » et « classe moyenne de la sainteté », ce qui change considérablement l’éclairage sur le militantisme qui ne peut plus être assimilé à une lutte guerrière contre des adversaires de la foi. L’espace ecclésial est ouvert à ceux de « la porte d’à côté » qui ne sont pas nécessairement dedans et à ceux de « la classe moyenne » qui ne sont pas nécessairement engagés de manière visible… On retrouve bien ici l’esprit pastoral de l’« Église hôpital de campagne » (Pape François, L’Église que j’espère).

b. J. Malègue (1876-1940), essayiste et romancier français catholique, dont le style et l’ambition l’ont fait comparer à Marcel Proust. Dès le début de son épiscopat et de son pontificat, J.-M. Bergoglio a souvent cité des extraits de cette œuvre à forte empreinte théologique, comme son premier roman : Augustin ou Le Maître est là (1933).

c. Voir note 3.

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Gaudete et exsultate

a. Thérèse-Bénédicte de la Croix est le nom religieux que prit Edith Stein (1891-1942) lorsque cette philosophe allemande est devenue carmélite en 1934. Le texte cité ici date de cette époque.

b. Cette image du visage est habituelle dans la littérature. Parmi tant d’autres, André Malraux, dans ses discours, cherchait à faire percevoir aux plus jeunes générations le visage de la résistance sous les traits d’un homme martyrisé ou d’une femme de Corrèze vêtue de noir. Le visage « incarne ». Avec la sainteté, le visage devient lui-même le visage du visage du Père : Jésus.

saints. Mais le courant de la vie mystique qui façonne les âmes reste en grande partie invisible. Certaines âmes dont aucun livre d’histoire ne fait mention, ont une influence déterminante aux tournants décisifs de l’histoire universelle. Ce n’est qu’au jour où tout ce qui est caché sera manifesté que nous découvrirons aussi à quelles âmes nous sommes redevables des tournants décisifs de notre vie personnelle6a. » 9. La sainteté est le visage le plus beau de l’Égliseb. Mais même en dehors de l’Église catholique et dans des milieux très différents, l’Esprit suscite « des signes de sa présence, qui aident les disciples mêmes du Christ7 ». D’autre part, saint Jean-Paul II nous a rappelé que « le témoignage rendu au Christ jusqu’au sang est devenu un patrimoine commun aux catholiques, aux orthodoxes, aux anglicans et aux protestants8 ». Lors de la belle commémoration œcuménique qu’il a voulu célébrer au Colisée à l’occasion du Jubilé de l’an 2000, il a affirmé que les martyrs sont un « héritage qui nous parle d’une voix plus forte que celle des fauteurs de division9c ».

c. Après le visage, la voix. Il s’agit bien d’entrer dans une « application des sens » telle que le proposent les Exercices spirituels, afin de goûter et d’accéder à cet appel à la sainteté.

6. Edith Stein, « Vie cachée et épiphanie », dans Source cachée. Œuvres spirituelles, Cerf, Paris, 1998, p. 241-247. 7. Jean-Paul II, Lettre apostolique Novo millennio ineunte (6 janvier 2001), no 56 : AAS 93 (2001), p. 307. 8. Jean-Paul II, Lettre apostolique Tertio millennio adveniente (10 novembre 1994), no 37 : AAS 87 (1995), p. 29. 9. Homélie lors de la Commémoration œcuménique des témoins de la foi du xxe siècle, 7 mai 2000 : AAS 92 (2000), no 5, p. 680-681.

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L’appel à la sainteté

Le Seigneur appelle 10. Tout cela est important. Cependant, ce que je voudrais rappeler par la présente Exhortation, c’est surtout l’appel à la sainteté que le Seigneur adresse à chacun d’entre nous, cet appel qu’il t’adresse à toi aussia : « Vous êtes devenus saints car je suis saint » (Lv 11, 44 ; cf. 1 P 1, 16). Le Concile Vatican II l’a souligné avec force : « Pourvus de moyens salutaires d’une telle abondance et d’une telle grandeur, tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et leur état de vie, sont appelés par Dieu, chacun dans sa route, à une sainteté dont la perfection est celle même du Père10. » 11. « Chacun dans sa route », dit le Concile. Il ne faut donc pas se décourager quand on contemple des modèles de sainteté qui semblent inaccessibles. Il y a des témoins qui sont utiles pour nous encourager et pour nous motiver, mais non pour que nous les copiions, car cela pourrait même nous éloigner de la route unique et spécifique que le Seigneur veut pour nous. Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même, ce que le Seigneur a déposé de vraiment personnel en lui (cf. 1 Co 12, 7) et qu’il ne s’épuise pas en cherchant à imiter quelque chose qui n’a pas été pensé pour luib. Nous sommes tous appelés à être des témoins, mais il y a de nombreuses formes existentielles de témoignage11. De fait, quand le grand mystique saint Jean de la Croix écrivait son Cantique spirituelc, il préférait éviter des

10. Concile œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique sur l’Église Lumen gentium, no 11. 11. Cf. Hans U. von Balthasard, « Théologie et sainteté », dans Communio no 6 (1987), p. 489.

a. Ce tutoiement est rare dans ce type de document. Le pape François a inauguré un style différent jusque dans ses Exhortations avec cette proximité de la conversation entre compagnons, et ce dès Evangelii gaudium (113) : « Le Seigneur t’appelle toi aussi à faire partie de son peuple et il le fait avec grand respect et amour ! »

b. Discerner son propre chemin pour offrir le meilleur : tel est bien l’enjeu du discernement auquel le pape ne cesse de nous inviter. Trouver son « juste » appel comme on parlerait de sa « juste » place. La mienne et non celle d’un autre. Imiter n’est pas copier, imiter c’est suivre le Christ qui nous révèle progressivement à quoi nous sommes appelés.

c. Jean de la Croix (1542-1591), fondateur de la branche masculine de l’Ordre du Carmel déchaussé, écrivait des poèmes qu’il commentait. Le Cantique spirituel est une variation du Cantique des Cantiques. Canonisé en 1726, docteur de l’Église en 1926.

d. H.U. von Balthasar (1905-1988), théologien suisse, un des plus grands de sa génération, inspirateur de Jean-Paul II. L’article cité connut depuis le début des années 1950 quatre rédactions.

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En lecture partielle‌


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PRÉSENTATION DES CONTRIBUTEURS Anne-Marie Aïtken, xavière, rédactrice en chef de Vers dimanche. A notamment publié aux Éditions SER : Pour mieux vivre la messe. 36 gestes et paroles à comprendre et Pour développer sa vie spirituelle. 36 conseils pour aller vers Dieu (avec Th. Lamboley, 2014). Jean-Marc Aveline, évêque auxiliaire de Marseille. Directeur-fondateur de l’Institut de sciences et théologie des religions (ISTR), à Marseille, il a notamment publié au Cerf : L’enjeu christologique en théologie des religions. Le débat TillichTroeltsch (2003), et à Chemins de dialogue : Paul Tillich (2007) et La manne cachée (2009). Sylvain Cariou-Charton, jésuite, délégué du provincial de la province d’Europe occidentale francophone pour la pastorale des jeunes adultes. A dirigé l’ouvrage collectif : Accompagner les jeunes adultes. 7 jésuites témoignent (Lessius, 2017). Michel Fédou, jésuite, enseigne la patristique et la théologie dogmatique au Centre Sèvres. A récemment publié : Les théologiens jésuites : un courant uniforme ? (Lessius, 2013), Les Pères de l’Église et la théologie chrétienne (Éditions Facultés jésuites de Paris, 2013) et La voie du Christ (3 vol., Cerf, 2006-2015). Anne-Claire Langlois, laïque, spécialiste des plateformes pédagogiques numériques, collabore à Christus. Christophe Langlois, laïc, conservateur de bibliothèque, poète, nouvelliste, romancier, a publié deux essais chez Lessius : La dictature du partage. Éloge de l’incommunicable (2015) et Ni le jour ni la nuit. Face à Guernica de Picasso (2017). Valérie Le Chevalier, laïque, responsable des cycles « Croire & comprendre » au Centre Sèvres et secrétaire de rédaction de Recherches de science religieuse. A publié chez Lessius : Ces catholiques qui ne pratiquent pas assez… Quel statut dans l’Église ? (2017). Anne-Marie Pelletier, exégète laïque, spécialiste d’herméneutique biblique, enseignante à la Faculté Notre-Dame (Paris). A notamment publié chez Lessius : D’âge en âge, les Écritures (2004) et chez Salvator : Débats éthiques, sagesse biblique (2018). Robert Scholtus, essayiste, prêtre diocésain. Chargé du domaine culturel dans le diocèse de Metz, il est membre de l’Observatoire Foi et culture de la Conférence des Évêques de France. Il a notamment publié chez Bayard : Lettres à mes morts (coll. Christus, 2008), et chez Lessius : Petit christianisme d’insolence (2015). 163


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Présentation des contributeurs

Pascal Sevez, jésuite, directeur du Centre d’Études pédagogiques ignatien (CEP-I). Collaborateur de Christus et d’Études, il a participé au collectif Accompagner les jeunes adultes. 7 jésuites témoignent (dir. S. Cariou-Charton, Lessius, 2017). Annie Wellens, laïque, co-directrice de la collection « Au singulier » chez Lessius. A notamment publié chez Bayard : Qui a peur de la Bible ? Un manuscrit retrouvé (coll. Christus, 2008), et chez Lessius : L’ordinaire des jours. Un itinéraire spirituel et Les Pères de l’Église dans tous leurs états. Goûter aujourd’hui le fruit de leurs vignes (2017).

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TABLE DES MATIÈRES

PRÉFACE, par Mgr Jean-Marc Aveline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

5

Présentation générale. LA SAINTETÉ POUR TOUS, par Robert Scholtus . . . . . . . .

9

NOTE SUR CETTE ÉDITION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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[PRÉAMBULE] [1-2] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Annotation : Valérie Le Chevalier et Pascal Sevez

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Chapitre Ier. L’APPEL À LA SAINTETÉ [3-34] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Présentation et annotations : Valérie Le Chevalier et Pascal Sevez

25

Les saints qui nous encouragent et nous accompagnent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les saints de la porte d’à côté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le Seigneur appelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Pour toi aussi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ta mission dans le Christ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’activité qui sanctifie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Plus vivants, plus frères . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

29 30 33 35 38 40 43

Chapitre II. DEUX ENNEMIS SUBTILS DE LA SAINTETÉ [35-62] . . . . . . . . . . . . Présentation et annotations : Annie Wellens

47

Le gnosticisme actuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un esprit sans Dieu et sans chair . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une doctrine sans mystère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les limites de la raison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le pélagianisme actuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Une volonté sans humilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un enseignement de l’Église souvent oublié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les nouveaux pélagiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le résumé de la Loi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

52 52 53 55 57 57 60 63 64

Chapitre III. À LA LUMIERE DU MAÎTRE [63-109] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Présentation et annotations : Anne-Marie Pelletier

67

À contre-courant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . « Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des cieux est à eux » . . . . . . . . . . . . . . . « Heureux les doux, car ils posséderont la terre » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

72 72 74 165


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Table des matières « Heureux les affligés, car ils seront consolés » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . « Heureux les affamés et les assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés » . . . . . . . . . « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . « Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu » . . . . . . . . . . . . . . . . « Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux » . . . . . . . . Le grand critère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Par fidélité au Maître . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les idéologies qui mutilent le cœur de l’Évangile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le culte qui lui plaît le plus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

76 77 78 79 81 83 84 85 87 89

Chapitre IV. QUELQUES CARACTÉRISTIQUES DE LA SAINTETÉ DANS LE MONDE ACTUEL [110-157] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Présentation et annotations : Anne-Marie Aïtken et Sylvain Cariou-Charton

95

Endurance, patience et douceur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Joie et sens de l’humour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Audace et ferveur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En communauté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En prière constante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

100 104 108 112 116

Chapitre V. COMBAT, VIGILANCE ET DISCERNEMENT [158-177] . . . . . . . . . . 123 Présentation et annotations : Anne-Claire et Christophe Langlois Le combat et la vigilance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127 Plus qu’un mythe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127 Éveillés et confiants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 La corruption spirituelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 Le discernement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 Une nécessité impérieuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 Toujours à la lumière du Seigneur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 Un don surnaturel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 Parle, Seigneur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 La logique du don et de la croix . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 Postface. LE CHEMIN DE LA SAINTETÉ, par Michel Fédou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139 Index thématique : Yves Roullière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151 Index des citations bibliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155 Index des noms cités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159 Présentation des contributeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163 Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165

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Achevé d’imprimer le 13 novembre 2018 sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique).



Publiée le 9 avril 2018, l’exhortation Gaudete et exsultate, inattendue, est presque passée inaperçue. Et pourtant, il s’agit certainement d’un des textes les plus personnels du pape François, où se révèle la fine pointe de sa spiritualité. En empruntant les chemins qu’il nous indique, nous sommes toujours sûrs d’aller de surprise en surprise. Cette édition commentée souhaite faire découvrir les richesses de cette exhortation à toutes les personnes en recherche de voies de sainteté dans le monde présent. Pour les accompagner, une dizaine de spécialistes ont été sollicités par les équipes de la revue Christus et de Lessius. Préfacée par Mgr Jean-Marc Aveline, évêque auxiliaire de Marseille, et postfacée par Michel Fédou s.j., théologien au Centre Sèvres (Paris), cette édition est présentée par Robert Scholtus, prêtre et essayiste. Chaque chapitre est présenté, annoté et conclu par des questions pour aller plus loin (seul ou en groupe). En fin de volume, on trouvera trois index : thématique, biblique et onomastique. Autres contributeurs : Anne-Marie Aitken, Sylvain Cariou-Charton, Anne-Claire et Christophe Langlois, Valérie Le Chevalier, Anne-Marie Pelletier, Pascal Sevez, Annie Wellens.

ISBN 978-2-87299-355-0 Prix TTC : 15,00 €

9 782872 993550


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