Dictionnaire paradoxal de la philosophie. Penser la contradiction

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Pierre DULAU, Guillaume MORANO, Martin STEFFENS

paradoxal

DICTIONNAIRE DE LA PHILOSOPHIE

philosophie

donner raison

Penser la CONTRADICTION



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Pierre DULAU, Guillaume MORANO et Martin STEFFENS

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Donner raison – philosophie, 74 Une collection dirigée par Paul Gilbert sj

Des mêmes auteurs De Pierre Dulau : Aristote. Protreptique, Gallimard, 2006. Heidegger, Ellipses, 2008. Épictète. Manuel, Gallimard, 2009. Marc Aurèle. Pensées pour soi-même, Gallimard, 2009. L’arche du temps : les sens de l’essence du temps : essai sur la structure harmonique de la temporalité, préf. M. Steffens, L’Harmattan, 2011. De Guillaume Morano : Schopenhauer, Ellipses, 2010. Introduction aux grands philosophes, Ellipses, 2012. De Martin Steffens : Nietzsche, Ellipses, 2008. Petit traité de la joie : consentir à la vie, Salvator, 2011. Vivre ensemble la fin du monde, Salvator, 2012. Qui nous fera voir le bonheur ? (avec Ch. André), Le Passeur, 2014. La vie en bleu : pourquoi la vie est belle même dans l’épreuve, Marabout, 2014. Le nouvel âge des pères (avec Ch. Delsol), Cerf, 2015. Rien que l’amour : repères pour le martyre qui vient, Salvator, 2015. Vivre, croire et aimer, Marabout, 2015. Karl Friedrich Schinkel (1781-1841) : un architecte au service de la beauté, Taschen, 2016. Rien de ce qui est inhumain ne m’est étranger : éloge du combat spirituel, Marabout, 2016. L’éternité reçue, Desclée de Brouwer, 2017. L’amour vrai : au seuil de l’autre, Salvator, 2018.

© 2019 Éditions jésuites 7, rue Blondeau, 5000 Namur (Belgique) 14, rue d’Assas, 75006 Paris (France) www.editionsjesuites.com ISBN : 978-2-87299-360-4 DL : 2019/4255/5


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Mais il ne faut pas penser de mal du paradoxe, cette passion de la pensÊe, et les penseurs qui en manquent sont comme des amants sans passion, de piètres partenaires. Kierkegaard


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Introduction MOTIVATION ET SENS DE L’OUVRAGE

La cause occasionnelle de ce livre réside en un simple constat : les dictionnaires et les encyclopédies philosophiques actuellement disponibles ne problématisent les concepts qu’ils soumettent à l’examen que de manière contingente et hasardeuse. D’un côté, nous possédons des lexiques plus ou moins détaillés qui se proposent d’offrir au lecteur des définitions conceptuelles empruntées dogmatiquement à la tradition philosophique. De l’autre, des encyclopédies qui examinent ces définitions, soit en les resituant dans le contexte du débat théorique et historique qui les a vu naître, soit, plus généralement, en les intégrant à une problématique posée comme déterminante par le rédacteur de l’article, mais dont les présupposés scientifiques, fixés d’autorité, ne sont que rarement élucidés. Aussi les dictionnaires philosophiques classiques proposent-ils le plus souvent une définition résolutoire des concepts : ils présentent, au-delà de la définition nominale renseignant sur l’usage du mot dans son contexte linguistique courant, les différents sens attribués aux concepts dans l’ensemble des doctrines philosophiques qui les thématisent, en insistant pour l’essentiel sur les débats qu’ils ont pu susciter dans l’histoire des idées. Si la définition résolutoire présente plus de valeur spéculative que la définition seulement nominale, elle n’en occulte pas moins ce qui, dans le concept même, fait problème pour l’esprit. Dans toutes ces approches, le phénomène de la contradiction, qui est cependant — et c’est bien là la contradiction de la contradiction — tant le moteur que le malheur de la pensée (ce qui simultanément l’arrête et la mobilise1), n’est jamais envisagé comme principe directeur de l’enquête. Ces dictionnaires supposent que des auteurs peuvent se contredire (eux-mêmes ou entre eux), qu’un problème est susceptible de résolutions éventuellement contradictoires, que des variations sémantiques peuvent s’opposer terme à terme, que l’histoire des idées est vraisemblablement une chaîne ininterrompue de contradictions plus ou moins saillantes, mais ils ne supposent jamais que ce sont les concepts en eux-mêmes qui, de l’intérieur, et de 1.¥Voir Contradiction.


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Introduction

manière universelle, sont travaillés par des contradictions qui expliquent qu’ils puissent devenir la matière même de l’exercice philosophique. Le présent ouvrage fait justement ce pari : tout concept, quel qu’il soit, est travaillé de manière immanente par une contradiction interne, une conjugaison de déterminations antagonistes, qu’il revient à la pensée d’identifier et d’élucider — ce qui constitue le cœur même de l’entreprise spéculative. Ce qui tient la pensée en échec est en même temps ce qui l’aiguillonne et lui donne son impulsion, ce en quoi elle redoute de s’abîmer est ce par quoi seulement il lui est donné d’être : penser signifie toujours surmonter des contradictions, et si la contradiction n’était pas partout, la pensée ne serait chez elle nulle part. Ce programme est pour cette raison de nature hégélienne (du moins en ce qui concerne son intention directrice et non en ce qui concerne sa réalisation formelle ni le détail de sa rédaction) parce qu’il tient pour vrai qu’« où que ce soit, il n’y a absolument rien en quoi la contradiction, c’est-à-dire des déterminations opposées, ne puisse et ne doive être montrée… ». Il sera ainsi présupposé que toute définition notionnelle apparemment univoque doit faire l’objet d’un examen qui en dévoile la tension propre, la dualité constitutive, bref, le noyau problématique. Il s’agira aussi de montrer que chaque philosophe appartenant à la tradition occidentale élabore, explicitement ou non, et qu’il l’ait consciemment à l’esprit ou pas, une stratégie visant à faire de cette contradiction un simple paradoxe — soit grâce à une adroite variation de point de vue sur tel ou tel aspect de la définition qui permet de s’absoudre du conflit qu’elle recouvre (tant il est vrai qu’on peut bien dire « une chose et son contraire » si ce n’est pas dans le même temps et pas sous le même rapport2), soit grâce à une pure et simple dissolution de cette dernière à partir d’une perspective plus englobante qui la neutralise. Le lecteur aura donc compris que le présent ouvrage n’est pas un travail de logicien spécialisé. Il ne s’agit pas de compiler différents types de paradoxes (le menteur d’Eubulide, le barbier de Russel, le sorite, le bateau de Thésée, l’hétérologique de Grelling-Nelson, etc.), afin d’examiner la valeur de telle ou telle formalisation idéographique et de réduire des difficultés conceptuelles classiques à des énoncés syntaxiquement corrects. C’est un travail de logique métaphysique qui vise à dévoiler que chaque concept dit la nature d’une réalité qui ne cesse de provoquer l’effort de l’esprit en raison même du fait qu’elle se donne contradictoirement. C’est d’ailleurs à ce point que la cause occasionnelle (un manque éditorial) se conjugue heureusement à la cause finale : s’il vaut de combler un vide de l’édition, c’est parce qu’il compte de suppléer une lacune de la pensée.

2.¥En vertu du principe de non-contradiction lui-même, énoncé par Aristote dans la Métaphysique : « Il est impossible que le même attribut appartienne et n’appartienne pas au même sujet et sous le même rapport » (1005b19).


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ORDRE ALPHABÉTIQUE ET ORDRE SYSTÉMATIQUE Ce projet est un « dictionnaire » et pas une « encyclopédie » (qu’on l’entende au sens du xviiie siècle, au sens hégélien ou au sens trivial). Autrement dit, il se conformera à un ordre de présentation alphabétique purement arbitraire puisqu’extérieur à l’objet, et ne cherchera pas à systématiser les rapports entre concepts de manière nécessaire. Ce serait sans doute possible, en montrant par exemple que l’on peut génétiquement dériver une notion d’une autre, en faisant remonter la possibilité de sa contradiction propre à une autre contradiction, etc. Un tel projet de totalisation supposerait que l’ordre de présentation des concepts soit lui-même signifiant, ce qui reviendrait à élaborer un système dogmatique complet de la pensée et de l’être. Il va cependant de soi que, d’une part, ce système existe déjà au moins sous une de ses formes possibles — c’est l’Encyclopédie hégélienne — et qu’il serait parfaitement vain de la répéter ou de la singer, et que d’autre part, une telle ambition cesserait d’être informative et pédagogique pour devenir aussitôt thétique et dogmatique. Tel n’est pas notre projet qui est moins ambitieux. Il suffira, pour que ce texte soit utile aux étudiants qui doivent préparer une dissertation, aux professeurs qui doivent construire un cours, ou aux honnêtes hommes, qui cherchent à s’instruire et creuser une question, de dévoiler méthodiquement que chaque concept employé par la pensée, n’est rien d’autre qu’une matrice de problèmes qui dérivent tous d’une tension originelle, id est de l’incompatibilité de deux positions exclusives qu’il synthétise de manière inapparente. Aussi, l’ordre suivi dans ce texte est-il bien un ordre abstrait et factice, c’est-à-dire qui expose, de l’extérieur, des déterminations différentes, sans chercher à les unifier de force. Cette artificialité présente l’avantage de restituer ce texte à la place qui convient : il est avant tout un outil. Un instrument devant permettre au lecteur d’identifier la racine onto-logique d’un problème afin d’être en mesure de se situer dogmatiquement par rapport à lui. Ajoutons que ce projet n’est pas non plus « encyclopédique » au sens trivial d’une compilation rhapsodique d’approches scientifiques spécialisées : il ne s’emploiera pas à retracer avec érudition l’histoire des variations sémantiques d’une notion, en multipliant les approches, qu’elles soient anthropologiques, sociologiques, économiques, logiques, etc. Cette manière de faire, bien que parfaitement légitime dans son registre, n’est qu’accidentellement intéressante pour qui est animé du souci philosophique de la vérité parce que son principe de « feuilletage » la rend spontanément perspectiviste : un problème, un thème = une approche spécialisée. Autant de problèmes, autant de vues non convergentes. Notre principe directeur est bien différent et accomplit un travail qui se situe en « amont » de telles approches. Il pose, comme nous l’avons dit, qu’un concept = une contradiction. Toutefois, assumer une telle position, même seulement « utilitaire » en sa finalité, ne peut se faire qu’à la condition de reconnaître à la contradiction une valeur bien


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Introduction

différente de celle qu’on lui accorde communément, en particulier dans la philosophie contemporaine. Avant d’indiquer à quels résultats mène cette entreprise originale d’analyse, tâchons de la « situer » relativement à deux approches antagonistes de la contradiction.

L’APPROCHE ANALYTIQUE DE LA CONTRADICTION Pour les grands logiciens contemporains, qu’il s’agisse de Wittgenstein ou bien de Quine par exemple, la contradiction ou le principe de non-contradiction n’occupent qu’une place mineure dans l’exercice spéculatif de la philosophie. La contradiction sert seulement de critère trivial d’évaluation de la cohérence des énoncés permettant leur hiérarchisation. Le fait qu’on ne puisse pas dire une chose et son contraire dans le même temps et sous le même rapport, ou encore qu’un même sujet ne puisse recevoir simultanément des déterminations exclusives l’une de l’autre, ne sert en dernier ressort qu’à dessiner la « géographie » du discours significatif possible. Cantonnée à l’ordre du discours et au problème de la formulation (disons, de la rectitude dans la formalisation idéographique des problèmes que la pensée rencontre), la contradiction occupe seulement la place de principe toujours et déjà reçu ; fondamentale, elle est un outil qu’il est de facto inutile d’interroger. Par analogie, elle n’est en ce sens pas bien différente de l’Être chez Pascal — une fois qu’on a affirmé qu’il est présupposé par tout jugement qu’il irrigue secrètement, il n’y a plus rien à en dire3. Ces perspectives contemporaines, globalement, ne confèrent donc aucune espèce de portée ontologiquement problématique à la contradiction. Ainsi Wittgenstein peut-il énoncer que « la tautologie et la contradiction ne sont pas des images de la réalité. Elles ne représentent pas des états de choses possibles4 ». Restriction à l’ordre du discours. Puis : « Sans doute dans la tautologie et la contradiction, les signes sont-ils connectés entre eux, c’est-à-dire qu’ils se trouvent en relation les uns par rapport aux autres, mais ces relations sont sans signification, inessentielles au symbole5. » Réduction à l’insignifiance. Cette approche culmine dans l’énoncé bien connu : « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire6. » Pourquoi cela ? Car c’est justement la contradiction qui délimite le champ de ce qui est énonçable… En somme, la seule chose à dire d’elle, c’est qu’elle figure la borne du discours 3.¥Blaise Pascal, De l’esprit géométrique, dans Œuvres complètes, éd. L. Lafuma, Seuil, Paris, 1963, p. 350. 4.¥Ludwig Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus (1918), 4.462, trad. P. Klossowski, Gallimard, Paris, 1961, p. 62-63. 5.¥Ibid., 4.4661. 6.¥Ibid., 7. p. 107.


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significatif possible — et qu’en son au-delà, il n’y a que l’impossibilité inepte. Frontière déjà donnée du discours vrai, impossible à mettre en question sinon par une « fantaisie burlesque » comme l’affirme Quine7, elle n’est pas un objet en lui-même intéressant d’un point de vue ontologique.

L’APPROCHE CRITIQUE DE LA CONTRADICTION Par différence avec l’approche analytique de la contradiction qui la cantonne au rôle de critère de hiérarchisation formelle des énoncés, on peut penser, du fait de son importance historique, à la conception critique de la contradiction telle qu’elle se trouve essentiellement développée dans la philosophie de Kant. Pour le dire en un mot, selon Kant, ce n’est pas l’essence du monde pensé par la raison qui est, en ses déterminations mêmes, contradictoire, mais l’essence de la raison qui pense le monde qui est contradictoire. Ici, par différence avec l’approche analytique, le caractère spéculativement problématique de la contradiction est sensible (elle est bien en jeu dans les questions qui intéressent le plus l’être humain : liberté, nature du monde…), mais ce caractère problématique, toutefois, demeure interne à l’esprit humain, qui se voit du même coup condamné à une sorte de frustration ontologique de principe. Soyons plus précis : on se rappelle que dans la Critique de la raison pure, Kant énonce plusieurs choses fondamentales au sujet de la contradiction. D’une part, il considère le principe de contradiction comme « le principe universel et pleinement suffisant de toute connaissance analytique8 ». Mais ce n’est vrai qu’au plan analytique, puisque ce principe est insuffisant pour permettre de statuer sur la vérité d’un jugement synthétique (dont la véracité est par définition indexée à l’expérience et non à la seule exigence de l’entendement). D’autre part, son originalité est de montrer que la Raison pure est conduite à des contradictions inéluctables appelées « Antinomies » (du moins lorsqu’il est fait d’elle un usage constitutif et non seulement régulateur). Ces contradictions sont au nombre de quatre ; Kant les analyse dans la Dialectique transcendantale, et il entend montrer qu’elles affectent exclusivement la raison dans son fonctionnement interne : 1. Limitation et illimitation du monde ; 2. Existence et inexistence de la simplicité ; 3. Existence et inexistence de la liberté ; 4. Existence et inexistence d’un être absolument nécessaire. Ce qui découle d’une telle localisation de la contradiction dans la raison dont il est fait un usage pur et constitutif, c’est bien sûr d’abord une forme de scepticisme 7.¥Willard Van Orman Quine, La philosophie de la logique (1970), trad. J. Largeault. Aubier, Paris, 1975. p. 120. 8.¥Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, dans Œuvres philosophiques I, Gallimard, coll. La Pléiade, 1980, p. 894.


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modéré, celui de Kant : la vocation de l’esprit humain à connaître l’Absolu ne peut que demeurer frustrée, empêchée, du fait de l’inadaptation de ses facultés à leur objet ultime. Mais ce qui est surtout présupposé par une telle localisation, c’est que le réel est en lui-même indemne de toute contradiction. La contradiction naît seulement de la discorde malheureuse des facultés humaines à certains objets (compris au sens non kantien), et non point du tout d’une déficience ontologique des objets eux-mêmes, en tant qu’au cours de leur auto-développement dans l’espace et le temps, ils s’opposeraient à eux-mêmes.

LA VÉRITÉ ONTOLOGIQUE DE LA CONTRADICTION Pour Hegel, le geste de Kant est capital et constitue son apport le plus important : parce qu’il révèle que l’expérience de la contradiction est immanente à la raison. Autrement dit, qu’elle n’est pas comme on pouvait le croire avant lui l’effet d’une inadvertance dans le raisonnement, d’une erreur dans la manière d’articuler les pensées, qu’elle serait malheureuse et fortuite comme peut l’être une simple erreur de calcul dans la résolution d’un problème mathématique, mais qu’elle est bien, en quelque sorte, le cœur battant de l’esprit humain lorsqu’il se penche sur ses objets d’enquête les plus hauts en dignité : la liberté, Dieu, le Monde, l’âme, etc. Mais Hegel, aussitôt cet hommage rendu, dénonce ce qui constitue à ses yeux une double « naïveté » de la proposition de Kant. D’une part, première naïveté, il suffit, dit Hegel, de porter une « tendre attention aux choses du monde9 » pour se rendre compte qu’il est par lui-même travaillé, en permanence, par la contradiction (c’est-à-dire par la conjugaison concrète de déterminations exclusives), et que ce que Kant place à l’intérieur se trouve, de manière bien plus pressante et oppressante, à l’extérieur. Il faut surtout se garder de voir dans cette invocation de la « tendresse », une manière d’introduire gratuitement du pathos dans l’exercice spéculatif afin de « vernir » un simple argument de fait d’une belle tonalité affective. La « tendresse » (Zärtlichkeit) ici invoquée par Hegel doit plutôt être conçue comme cette modalité de l’amour qui sait se rendre attentive à la fragilité ontologique des phénomènes — une attention portée à leur déficience, à leur caractère « fini », bref, à leur réalité. Le regard « tendre » n’a rien de pathétiquement affectueux, il est, rigoureusement, la meilleure manière d’être attentif et ouvert pour ce que le monde dévoile, dans sa processualité, comme toujours incomplet, imparfait, inachevé, écroulé, insuffisant… La présence en son sein de traits qualitatifs qui ne peuvent que s’exclure et qui donc, tour à tour, s’opposent les uns aux autres, en accuse la déficience ontologique ensemble que le

9.¥G.W.F. Hegel, Science de la Logique, p. 307-308 (Concept préliminaire, § 48).


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caractère auto-moteur — le jeu de la contradiction initie le mouvement par lequel toute chose se finit, et finit, s’effondrant sur elle-même, par devenir son autre. Toujours est-il que c’est ce constat de l’universalité mondaine de la contradiction qui amène Hegel à renverser brutalement la proposition kantienne : Ce n’est pas la raison qui par essence est contradictoire, c’est bien plutôt le monde et la nature, qui constituent la « contradiction non résolue » — alors que la raison achevée (le moment « positivement rationnel » dans un mouvement dialectique) constitue la solution de toute contradiction. La seconde naïveté, qui découle de la première, c’est de limiter le nombre de contradictions à quatre, tandis qu’un examen lucide des formes de pensées comme des phénomènes doit amener à la conclusion qu’elle est en réalité partout et qu’il y a donc autant de contradictions que d’objets. Les choses, toutes les choses, sont affectées d’un mouvement négatif à elles-mêmes — parce que leur devenir les conduit à s’opposer sans cesse à leur propre nature idéale. Ainsi conçue, la contradiction ne marque pas fondamentalement la déficience de la raison dans son effort pour penser les choses (critique), non plus que la limite purement formelle du discours significatif (analytique), mais la déficience mobile des choses (spéculatif) dont la pensée doit, justement, toujours rendre compte pour prétendre pouvoir rendre raison du réel. Ce que nous avons tenu pour vrai dans la rédaction de notre dictionnaire, c’est ce principe hégélien que la contradiction est le moteur même du réel dans son développement — et, par voie de conséquences, ce qui rend compte de sa problématicité pour l’esprit — problématicité qui, comme on le détaillera plus loin, travaille de manière immanente dans la langue naturelle.

PARADOXE DE LA CONTRADICTION Mais si la contradiction est universelle et que c’est elle qui permet de rendre raison du déploiement des phénomènes comme de la processualité de la pensée, elle ne cesse pourtant pas de signifier, en un sens, l’abolition de la pensée. Il ne suffit pas d’affirmer sans plus d’explication que la contradiction est partout et que penser le monde implique d’en suivre dynamiquement les contours. Il faut encore maintenir que la contradiction est elle-même le cran d’arrêt de toute pensée rationnelle, et c’est bien là la vérité de l’approche analytique : la contradiction est ce qui borne de facto l’exercice de l’esprit. Autrement dit, il faut reconnaître, pour aller au bout de la démarche, quelque chose comme le « paradoxe de la contradiction » qui est qu’elle est simultanément ce qui détruit la pensée, parce qu’en elle le sens s’abolit (une proposition contradictoire est insignifiante — deux propositions qui se contredisent ne peuvent être simultanément vraies), et ce par quoi la pensée s’accomplit et s’anime, parce qu’elle lui confère son dynamisme, sa processualité (une proposition ne


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Introduction

témoigne de sa vérité qu’en s’avérant, c’est-à-dire en réfutant, par la contradiction, la proposition qui s’y oppose — et même il faut parfois, pour comprendre l’unité problématique d’une chose, lui attribuer des déterminations antagonistes). Aussi le rapport du rationnel à la contradiction est-il forcément double : il est de répulsion et d’attraction. L’esprit fuit la contradiction qui le rejette, mais c’est précisément ce rejet qui le met en branle. Penser un problème, c’est toujours et nécessairement reconnaître une contradiction et tâcher de l’élucider. Se situer, donc, dans une relation ambivalente par laquelle on cherche à surmonter ce qui précisément, nous donne de nous mettre en branle — par laquelle on fuit, comme la mort, ce qui nous donne d’être en vie.

ÉROS ET THANATOS Ce caractère double du rapport rationnel à la contradiction et au paradoxe est tout à fait manifeste chez Kierkegaard lorsqu’il écrit : « Mais il ne faut pas penser du mal du paradoxe, cette passion de la pensée, et les penseurs qui en manquent sont comme des amants sans passion, de piètres partenaires10. » On voit bien ici que la contradiction comprise comme passion est d’abord, comme dans la passion du Christ, la mise en croix de la raison — Thanatos — l’épreuve par laquelle elle subit sans cesse le tiraillement des déterminations incompatibles du réel (vertical/ horizontal) et par laquelle son effort est constamment menacé de s’échouer dans l’insignifiance. De ce point de vue, on comprend que la pensée fuit la contradiction comme la vie fuit la mort. La pente naturelle de l’esprit va nécessairement à rebours de la logique contradictoire des choses. Nous nous gardons intuitivement de la contradiction comme de notre pire ennemie. C’est la raison pour laquelle il faut bien dire que le travail d’objectivation du mouvement de la contradiction exige de la part de l’esprit une forme d’ascèse (c’est, soit dit en passant, ce qui rend la lecture de Hegel si difficile : elle a réellement quelque chose de « contre-nature », compte tenu de l’inclination toute naturelle de l’entendement à séparer unilatéralement les propositions exclusives). Il faut littéralement purifier l’esprit de toutes les définitions constituées par la tradition pour s’ouvrir à la chose, précisément par là où elle nous échappe. Mais ajoutons que dans l’énoncé de Kierkegaard il est également fait droit à la dimension érotique de la passion — Eros — parce que le désir d’élucidation de la pensée ne lui advient précisément que par la contradiction. Le désir de vérité n’a de sens qu’à éprouver l’insuffisance et la crainte de voir celle-ci plongée dans la confusion. C’est cette crainte qui a pour corrélat lumineux le désir de s’élever à ce qui est

10.¥Sören Kierkegaard, Miettes philosophiques (1844), trad. K. Ferlov et J.-J. Gateau, Gallimard, Paris, 1990 (ch. III : « Le paradoxe absolu », p. 74).


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vrai. Les axes antagonistes de la croix ne font donc pas que « déchirer » la chose pour en révéler la finitude, ils sont les vecteurs qui en indiquent le centre et en élucident la nature propre. En résumé : nous postulons que tout effort de problématisation philosophique ne fait, en un certain sens, que dévoiler cette ambivalence de la contradiction elle-même qui est ce qu’il faut sans cesse fuir pour dire quelque chose de sensé et simultanément, ce qui anime de l’intérieur tout discours significatif. Si l’on prend au sérieux ces dernières affirmations, cela jette une lumière singulière sur le travail d’analyse philosophique : penser, c’est toujours penser la contradiction et penser par la contradiction. Cela signifie qu’il ne s’agit jamais d’abord pour la raison philosophique d’élucider l’incompréhensible, ni même de montrer l’incompréhensible, mais de montrer plus fondamentalement pourquoi l’incompréhensible est incompréhensible — c’est-à-dire à manifester pourquoi la réalité, dans toute la richesse de ses manifestations, nous oppose, sans cesse, une résistance. On pourrait formuler simplement ce principe de la philosophie en disant que seul l’impensable peut et doit constituer l’objet de la pensée.

STRUCTURES PARADOXALES MATRICIELLES ET CONTRADICTION DE L’EXERCICE SPÉCULATIF Il est d’autre part important de relever que si de jure l’approche originale que met en œuvre le Dictionnaire paradoxal peut être reconduite à l’infini, puisque toute notion, dès lors qu’elle universalise l’expérience ne peut le faire qu’en synthétisant des déterminations opposées, elle renvoie de facto à un nombre très restreint de figures abstraites qu’on peut considérer comme étant des paradoxes matriciels ou encore des méta-paradoxes qui constituent les structures invariantes de l’exercice spéculatif. Il y a différentes manières, pour le fini, de finir — et l’examen d’une centaine de notions nous a permis d’identifier, empiriquement, des récurrences qui méritent d’être mentionnées. Donnons quelques exemples : 1. Quand la chose exige pour être ce que son être exclut (à titre d’exemple, inconscient : on ne peut concevoir l’inconscient qu’à la condition de le structurer comme une conscience, de sorte que pour être, l’inconscient doit être ce que son être exclut). 2. Quand la chose ne prend sens qu’au regard de ce qui la rend vaine ou insignifiante (promesse : la promesse n’est réelle qu’à la condition d’être inconditionnelle, mais elle ne peut se formuler que dans l’horizon d’une incertitude qui interdit son inconditionnalité). 3. Quand la chose est la condition de sa propre condition (parole : il faut bien qu’il y ait un sens à dire pour qu’une parole s’efforce de l’énoncer, mais le sens n’advient pourtant que par la parole qui l’énonce).


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Introduction

4. Quand la condition de possibilité de la chose abolit ou inquiète ce qu’elle rend possible (consolation : le consolateur ne peut apporter un soulagement authentique qu’à condition d’être lui-même désolé, ce qui de fait le prive des moyens de consoler). 5. Quand la chose elle-même n’existe qu’en annulant sa condition de possibilité (libre arbitre ou domination : la domination ne s’accomplit qu’en abolissant la volonté d’autrui qui la rend seulement possible, elle cesse quand elle se réalise). 6. Quand la chose ne peut être qu’à la condition de n'avoir nulle raison d’être (méchanceté : on ne peut la comprendre qu’en réduisant sa gratuité apparente, par quoi on la transforme en autre chose qu’elle-même). 7. Quand la chose, pour être, suppose d’être déjà (attention : il faut commencer par être attentif à son inattention pour pouvoir seulement être attentif ; commencement : on ne peut concevoir le commencement d’une chose qu’à la condition de supposer l’existence de la chose en amont de son commencement). 8. Quand l’être même de la chose contredit sa raison d’être (règle : elle doit être générale pour s’appliquer aux cas singuliers et c’est par sa généralité même qu’elle échoue à leur faire droit). Sans s’engager dans une analyse systématique de ces figures, on aura compris que, généralement, les structures paradoxales de la pensée fonctionnent toujours : 1. Soit sur des renversements ontologiques de causalité ou de conditionnalité qui font que l’effet devient la cause de la cause, le résultat, le point de départ du point de départ, le principe, la conséquence du processus qu’il engendre, etc. (ce qui implique tant des violations de l’ordre temporel physique et chronologique que des entorses à la logique de sens commun). 2. Soit sur des apories gnoséologiques qui font que le sens du phénomène (en tant qu’il est pensable ou pensé) en abolit l’être et la réalité qui, par sa saisie, se dérobent. 3. Soit sur des fusions catégorielles qui font que parvenu à un certain degré de compréhension, il devient nécessaire d’identifier purement et simplement des notions fondamentales qui s’excluent, (intérieur et extérieur, psychique et physique, nature et artifice, immanent et transcendant, etc.), à commencer, bien entendu, par l’être et le néant (nous ne distinguons ici ces aspects que par souci pédagogique, en réalité, il peut bien arriver que l’analyse d’un concept oblige à croiser ces structures les unes avec les autres, ce qui produit un surcroît effrayant de complexité, cf. infini). La difficulté principale est bien sûr que ces renversements, ces apories et ces fusions par où s’abolit la logique commune, dès lors qu’ils sont déterminés et exposés patiemment comme c’est ici le cas, sont nécessairement intégrés dans un schéma d’intelligibilité classique (présupposant l’universelle validité de l’exigence de non-contradiction) qui les sauve de l’effondrement dans la pure et simple ineptie. Autrement dit, remonter du concept à sa contradiction ne signifie pas remonter à un pur et simple « impossible-impensable » qui castrerait l’effort spéculatif et conduirait tout droit à un relativisme sceptique de mauvais aloi, mais bien s’approprier par le mouvement même de la réflexion, dans une dynamique de droit infinie,


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la processualité énantiodromique du réel. Le but n’est pas de montrer que tout est contradictoire, mais de montrer qu’il n’y a de tout que par la contradiction. Aussi dévoiler la contradiction qui joue à même la langue et l’entendement ne signifie-t-il jamais dissoudre l’expérience du sens dans une insignifiance généralisée, mais plutôt montrer que l’exercice spéculatif rigoureux consiste à remonter d’une apparence de signification unilatérale que fixe (plus ou moins) arbitrairement un concept de la langue, jusqu’à un fonds de contradictions complexes, et ce, sans arrêt. Ce serait sans doute l’objet d’un autre ouvrage que de se concentrer sur l’analyse des figures paradoxales susmentionnées et de tenter de les intégrer à un schéma d’intelligibilité plus global. Projet ambitieux qui sera peut-être mené à bien un jour. Pour ce qui concerne la seule entreprise du Dictionnaire paradoxal, il suffit amplement de constater que ces figures existent (peu importent leur ordre et leur nombre) et qu’elles sont partout et toujours présentes dès lors qu’une pensée philosophique s’élabore. Cela étant dit, il demeure bien vrai que la pensée qui travaille sur le chemin de la détermination conceptuelle ne peut que parvenir à ce constat proprement vertigineux : toutes les structures de l’expérience et de la compréhension reposent sur des impératifs de cohérence et de simplicité logique qui ne valent qu’à une certaine échelle de saisie phénoménale, mais qui disparaissent dès lors qu’elles sont restituées au cœur vivant du réel qui est le mouvement infini des opposés. Par analogie, on pourra dire que la logique d’entendement abstrait qui sépare de manière stricte les déterminations opposées est comme la physique moderne, qui reste valable à l’échelle macroscopique, mais qui cesse de l’être dès que l’on entreprend l’analyse du comportement subatomique de la matière. Dans un cas comme dans l’autre, les principes de l’expérience intuitive (caractère irréversible de la causalité, séparation substantielle des objets, universalité et homogénéité du temps et de l’espace, etc.) sont, sinon niés, du moins mis en crise par la compréhension qui se porte au-delà de l’échelle empirique immédiate. Si l’on prolongeait l’analogie, l’on pourrait affirmer que le Dictionnaire paradoxal est une physique des concepts qui les regarde à l’échelle de leur formation sub-langagière : à une strate, donc, où plus rien n’est univoque, où l’effet peut précéder la cause, la condition venir après ce qu’elle conditionne et où un phénomène, pour être ce qu’il est, peut devoir violer les principes mêmes qui structurent son apparition. Si l’on devait généraliser ce problème du point de vue de la raison et en employant le vocabulaire de la philosophie classique, l’on pourrait sans doute dire la chose suivante : la pensée rationnelle elle-même (et c’est d’ailleurs peut-être là sa contradiction propre, à savoir réclamer sans cesse une intuition infra ou supra-discursive dans laquelle elle ne peut que s’abolir) s’affronte toujours à une impossibilité : soit rendre la chose intelligible par l’analyse, mais figer la dynamique contradictoire qui l’anime, soit faire droit à cette dynamique, mais prendre le risque de la rendre du même coup impensable. En disséquant la poule aux œufs d’or, on trouve seulement un cadavre et des viscères, mais, ni vie ni or. Tout ce qui est atteint est détruit. On aura compris que notre entreprise s’efforce en fait de réconcilier ces deux exigences (rendre intelligible, sans la trahir, la vie des concepts) et ainsi de rendre raison, par


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Introduction

la rigueur du raisonnement, du mouvement spontané même de la contradiction. La poule ne sera pas disséquée, mais passée aux rayons X (!), et si l’on ne trouve pas d’or, du moins n’aura-t-on pas attenté à sa vie. Et si l’on s’élève encore d’un degré supplémentaire pour chercher à formaliser le problème posé par le Dictionnaire paradoxal, on retrouvera sans surprise le problème éternel de la relation entre la pensée et l’Être. Il tient en peu de mots. La pensée doit toujours supposer son identité avec l’être pour pouvoir le saisir (sans quoi elle ne pourrait jamais le comprendre), mais elle ne peut d’autre part que supposer sa différence fondamentale d’avec lui pour saisir qu’il puisse lui apparaître et lui poser problème (sans quoi il n’y aurait jamais rien à comprendre). La traque du mouvement de la contradiction mène donc, in fine, à la considération de cette double postulation qu’on peut synthétiser de la manière suivante : l’Être requiert notre pensée que cependant il exclut. En un certain sens, chaque définition que le lecteur pourra lire dans le texte qui suit constitue une variation sur cet unique thème.

SURPASSEMENT DES CONTRADICTIONS En outre, il est à relever que s’il y a des méta-paradoxes dont la forme est universelle, il y a en symétrique des manières récurrentes de surmonter les contradictions afin de les réduire à n’être que de simples paradoxes. Pour résumer, on pourra dire la chose suivante : l’exercice de surpassement des méta-paradoxes comprend deux limites, l’une haute, l’autre basse. La « limite-haute » est celle qui consiste à supposer que les déterminations antagonistes que le concept oblige à conjuguer doivent être maintenues chacune dans leur vérité propre et que l’exacte compréhension de la notion implique de n’en dissoudre aucune — à l’extrême limite, cela implique de reconnaître à la contradiction une place ontologiquement déterminante et d’en élucider le déploiement dynamique, ce qui est le cas dans le système hégélien. Dans ce cas de figure, rien n’est « sacrifié » de la détermination initiale du concept que l’on s’efforce alors de présenter comme processus impliquant la composition de traits exclusifs. Par différence, la « limite-basse » de l’exercice de surpassement paradoxal consiste à annihiler purement et simplement l’objet en question. Par exemple expliquera-t-on que puisque la substance est un concept intrinsèquement contradictoire, il ne recouvre aucune réalité authentique. En affirmant comme pourrait le faire Hume qu’il n’y a jamais rien d’autre que des « collections d’idées simples qui sont réunies par l’imagination11 », on annule le fait 11.¥David Hume, Traité de la nature humaine (1739), I, I, VI, trad. Ph. Baranger et Ph. Saltel, Garnier-Flammarion, Paris, 1995, p. 60 : « L’idée d’une substance, de même que celle d’un mode, n’est rien d’autre qu’une collection d’idées simples qui sont réunies par l’imagination et se voient attribuer un nom particulier, qui nous permet de rappeler cette collection, soit à nous-mêmes, soit à autrui. »


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de ce qui est à penser en sacrifiant l’ensemble de ses déterminations (il n’y a littéralement « rien » qui ne change pas « dans les choses qui changent »). Cette stratégie consiste à réduire la pression paradoxale de la chose en l’indexant à la confusion que recouvre un simple « mot ». Les contradictions, insignifiantes, ne seraient au fond, que les absurdités qui naissent d’un flatus vocis — le mot, sac fourre-tout n’ayant aucun référent, peut fort bien intégrer des traits qualitativement incompatibles d’un point de vue logique. Entre cette limite-haute et cette limite-basse, tout un nuancier de surpassements est possible : maintenir une détermination, mais sacrifier l’existence de celle qui s’y oppose, montrer que la composition est possible grâce à une variation de point de vue ontologique obligeant, par exemple, à distinguer le plan de l’être et le plan du devenir, etc. Toutefois, si l’on part du principe que la langue vulgaire n’est pas qu’un terrain miné de chausse-trappes et de signes vains recouvrant seulement du vide, mais qu’elle est, en avance de toute réflexion théorique élaborée, cet élément par où la charge même de l’expérience se trouve condensée de manière signifiante, alors il faudra bien considérer que toutes ces stratégies résolutoires ne se valent pas, et qu’à vrai dire, on peut les hiérarchiser en fonction de la manière plus ou moins arbitraire dont elles se débarrassent de l’objet même qu’elles prétendent prendre en charge. Une théorie de la Substance qui finira par affirmer que les qualités de la substance ne sont les qualités « de rien », vaudra sans doute moins qu’une théorie capable de maintenir son existence tout en rendant compte du rapport contradictoire qu’elle entretient avec les qualités qui la manifestent et qu’elle manifeste. D’une manière générale, on affirmera le principe suivant : toute élucidation du concept conduisant à sacrifier l’existence d’une de ses déterminations qualitatives est moins bonne qu’une élucidation qui maintient chacune des déterminations — une difficulté que l’on dépasse sans passer par elle n’est pas affrontée, et on prend bientôt le risque de la voir resurgir ailleurs. De même, une élucidation qui pour surpasser la contradiction obligerait à additionner aux déterminations comprises par la définition initiale des déterminations supplémentaires que le sens commun ne reconnaît pas pourra à bon droit être taxée d’arbitraire. En somme : on pourra légitimement supposer que la bonne élucidation est celle qui fait droit à la chose sans rien retrancher de la difficulté qu’elle recouvre et qui n’ajoute rien à sa détermination initiale.

OBJECTION DE PRINCIPE : PENSER N’EST PAS PENSER LA CONTRADICTION On pourra bien sûr objecter que le principe d’un tel ouvrage est contestable et arbitraire. Ce faisant, on formulera donc une contradiction qui avérera sur le principe son bien-fondé… En outre, et même s’il était présomptueux de prétendre pouvoir comprendre l’essence de l’exercice philosophique, nous supposons que nous pouvons raisonnablement tenir pour vrais au moins deux principes de


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Introduction

philosophie générale qui authentifient, sur le fond, la légitimité de l’entreprise du Dictionnaire paradoxal : d’une part, l’homme est un être qui questionne ce qui est (à commencer par lui-même), et d’autre part, s’il questionne ce qui est, c’est parce que la réalité s’offre à lui sous un jour non univoque. Son exception se résume en cette puissance d’interrogation qui ouvre d’un coup d’un seul, tant les aspirations des plus hauts savoirs que les pires vertiges du doute. Des déterminations réelles s’opposent sans cesse entre elles, ce qui mobilise donc le questionnement et l’effort de la spéculation. Autrement dit, il n’y a de pensée que parce que la réalité est problématique et que parce que l’esprit humain, à tort ou raison, s’imagine pouvoir surmonter ces problèmes en les conceptualisant et en les dépassant par l’effort de la réflexion qui totalise l’expérience. En un mot, penser signifie toujours reconnaître une contradiction et tâcher de la dépasser par l’universalisation du jugement. Il est donc assez naturel de considérer qu’un dictionnaire qui se donne pour ambition de remonter des concepts jusqu’aux systèmes d’oppositions qu’ils synthétisent soit légitime. Il n’y a de pensée humaine que parce qu’il y a des problèmes, et la forme pure des problèmes est toujours une contradiction.

OBJECTION DE MÉTHODE 1: QU’EST-CE QUI JUSTIFIE LA DÉFINITION INITIALE DE LA NOTION ABORDÉE? On pourra aussi demander ce qui justifie le choix des définitions qui servent de base aux articles. À quoi l’on répondra que la définition initiale qui sert de matériau à l’entreprise d’élucidation paradoxale est la définition philosophique commune, c’est-à-dire celle qui (compte non tenu des options philosophiques déterminées propres à chaque auteur) constitue le socle de la réflexion. D’une manière générale, nous avons considéré que les définitions « spéciales » qui obligent à réformer le sens qu’a l’intelligence commune des réalités concernées ne pouvaient pas servir de base, et ce, pour la raison évidente, que ces définitions spéciales constituent toujours des tentatives plus ou moins heureuses (et plus ou moins conscientes) pour surmonter la contradiction qui travaille dans le sens commun. Lorsqu’elles interviennent, c’est justement pour montrer qu’on peut s’émanciper d’une contradiction première en modulant la définition d’un concept — mais cela implique déjà de s’inscrire dans un débat philosophique particulier. Ainsi, à la définition communément reçue de l’« action » comme mouvement volontaire (et qui pose le problème de l’impossible causalité entre un principe psychique et un principe physique), on pourra opposer une définition dogmatiquement déterminée qui énoncera que d’un point de vue matérialiste, la volonté n’est elle-même qu’un certain type de mouvement physique, neuronal ou autre. Ce point mérite d’être relevé, car on pourrait accuser ce dictionnaire de n’être au fond qu’un répertoire des contradictions du sens commun et de ses manières d’échouer à penser la complexité — un répertoire philosophique des apories infraphilosophiques en quelque sorte. Ou bien un nuancier phénoménologique de l’illusion


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et de l’impossibilité qu’il y a à penser la sophistication du réel en se contentant de recevoir, comme un prêt-à-réfléchir, les simplifications qu’en propose toujours la langue naturelle. Cette remarque est en partie pertinente : le Dictionnaire paradoxal figure bien un tableau d’impossibilités inhérentes à l’entendement abstrait (cette instance qui sépare, sans jamais relier), qui est le principe moteur des langues que nous parlons communément. Mais d’un autre côté nous observons deux choses : 1. Les philosophes, lorsqu’ils s’engagent dans l’approfondissement d’un problème ne partent jamais d’ailleurs que de la perception commune et des définitions les plus communément admises12. 2. Les dépassements que leurs doctrines permettent ne font sens que d’être référés à ces définitions communes dont il est nécessaire de reconnaître l’existence. On ne fait abstraction que de ce qu’on connaît, on affirme ce que l’on tend à nier, et l’on ne s’émancipe que de ce qui s’est d’abord, de lui-même, imposé. Autrement dit, il est légitime de partir de ces définitions communes et de les prendre au sérieux dans ce qu’elles énoncent. Elles forment bien, de facto, le matériau premier de la pensée qui universalise l’expérience, et les contradictions qu’on y repère, peuvent bien être considérées (mais c’est là une option philosophique plus personnelle) comme des contradictions logiques propres à l’expérience en elle-même. Ainsi que nous l’avons dit précédemment, le Dictionnaire paradoxal peut être envisagé comme une physique des concepts à leur état inchoatif. Il s’agit de faire retour, par l’analyse, jusqu’à cette matrice qui se trouve dans la langue naturelle, en supposant que les notions qu’elle propose, les « mots » qu’elle délivre, sont autant de problèmes apparemment surmontés, de questions apparemment résolues, de difficultés « fixées » ou « cristallisées ». Les mots que nous employons enjambent silencieusement des contradictions. Nous les arrêtons ici, au plein de leur course.

OBJECTION DE MÉTHODE 2 : QU’EST-CE QUI GARANTIT QUE LA CONTRADICTION EST LA BONNE ? Une notion ou un concept peuvent présenter, c’est entendu, bien des paradoxes et des contradictions. Ainsi certaines notions sont-elles même effrayantes tant elles proposent une surabondance de difficultés dans leur détermination. Il pourra ainsi arriver que le lecteur, sensibilisé pour X raisons à telle contradiction, s’étonne de ne pas la trouver en place centrale dans les articles qui suivent. C’est que nous avons considéré comme valables les deux principes suivants qui méritent d’être énoncés explicitement : 1. Que la contradiction d’un concept peut être tenue pour matricielle ou principielle dès lors qu’on peut logiquement dériver d’elles d’autres contradictions qui lui sont liées (et dès lors tenues, non pas pour moins importantes dans l’absolu, mais pour secondaires du point de vue de l’ordre des raisons). 12.¥Ainsi procède Aristote par exemple.


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Introduction

2. Que la contradiction identifiée ne chevauche pas ou ne s’identifie pas terme à terme à celle d’une autre notion (ce qui ne contredit pas le principe de l’universalité des figures paradoxales, qui ne définit que la constance formelle des paradoxes, mais point du tout leur contenu). Le lecteur se doute que dans bien des cas, les auteurs auront dû discuter longuement et âprement avant de statuer pour définir la contradiction tenue pour essentielle et qu’il est bien entendu possible — errare humanum est — qu’ils se soient en certains cas fourvoyés. Mais comme la vertu d’un livre, fût-il un dictionnaire, n’est pas de capter la parole pour la monopoliser, mais de la prendre, pour la restituer à celui l’aura reçue avec bienveillance, les auteurs sont bien sûr tout prêts à se laisser instruire, et surtout — puisqu’il s’agit ici de philosophie et que toute entreprise revendiquant ce nom se place sous l’autorité de Socrate — à se laisser contredire. Pierre Dulau


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A ABSOLU

Entendu en son sens le plus simple, l’absolu est ce qui n’a besoin que de soi pour être ou encore, ce qui constitue à soi-même son propre fondement. Il désigne ainsi une réalité inconditionnée, anhypothétique, radicalement hétérogène aux chaînes de la causalité (plan ontologique) et se situant par définition hors des chaînes de la raison déductive (plan logique). En témoigne l’étymologie absolutus, du verbe absolvere, signifiant « détacher ». L’absolu constitue en ce sens le point d’indexation terminale dont procède toute réalité, laquelle s’y rapporte particulièrement comme à sa condition universelle, sa cause ou encore sa raison ultime, sans que lui-même ne soit pour autant compréhensible à partir des procédures conventionnelles de la rationalité. L’absolu désigne la mesure de tout qui n’est au sens strict mesurée par rien, puisque toute chose s’y rapporte sans qu’il ne s’épuise en aucune d’elle. C’est ainsi que Platon le détermine (en l’identifiant au Souverain Bien) lorsqu’il fait dire à Socrate : « Avoue aussi que les choses intelligibles ne tiennent pas seulement du Bien leur intelligibilité, mais tiennent encore de lui leur être et leur essence, quoi que le Bien ne soit point l’essence, mais fort au-dessus de cette dernière en dignité et en puissance1. » Pour être authentiquement absolu, l’absolu doit donc nécessairement s’opposer au relatif (tant quantitatif que qualitatif) et entretenir vis-à-vis de lui une relation asymétrique de transcendance. Son aséité présuppose toujours une différence ontologique fondamentale, sans laquelle il perdrait son statut principiel. Ainsi l’absolu, chez Kant par exemple, ne peut être pensé que comme « fondement suprasensible de la série complète des phénomènes, 1.¥Platon, République, 509b, trad. R. Baccou, Flammarion, Paris, 1966, p. 267.


En lecture partielle‌


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INDEX DES NOMS CITÉS

Abraham : 159, 162, 164, 191, 386, 445, 446 Adam : 69, 78, 167, 188, 242, 243 Agamben, Giorgio : 289, 390 Agamemnon : 445 Agrippa : 100-102, 122, 405, 406, 408 Allah : 389 Amos : 385, 389 Anaximandre : 437 Angelus Silesius : 31, 56, 59, 423, 425 Anselme de Cantorbery : 164, 228, 229, 231 Antigone : 179, 180, 443 Apollinaire, Guillaume : 371, 372, 374 Arendt, Hannah : 72, 75, 79, 118 Aristophane : 28 Aristote : 4, 8, 21, 27, 41, 50, 53, 59, 73, 75, 102, 116, 131, 134, 151, 154, 162164, 179, 180, 201, 210, 217, 218, 221, 222, 247, 248, 268-270, 272, 273, 275, 276, 313, 327, 330, 332, 340, 345, 359, 360, 363, 368, 374, 375, 378, 380, 392, 398, 427, 429, 449 Arnauld, Antoine : 27, 98, 102 Arndt, Ernst Moritz : 336, 337 Athéna : 217, 270, 400 Augustin, saint : 63, 66, 78, 129, 130, 161, 164, 243, 244, 297, 298, 303-305, 307, 308, 313, 324, 328, 332, 353, 436, 441, 442, 446 Baas, Bernard : 374

Bachelard, Gaston : 212, 215 Barbey d’Aurevilly, Jules : 58, 59 Baudelaire, Charles : 58, 59 Bénatouil, Thomas : 222 Bénichou, Paul : 238, 241 Benoît XVI : 29 Benveniste, Émile : 419 Bergson, Henri : 154, 343, 345, 349, 351, 353, 376, 377, 379 Berkeley, George : 27 Binkley, Timothy : 250 Blake, William : 54, 59 Blanché, Robert : 69-71, 102 Blanchot, Maurice : 156, 159 Bloch, Marc : 204, 208 Blondel, Maurice : 316 Bloy, Léon : 385 Boèce : 94, 95, 288 Boileau : 362, 363 Bolzano, Bernard : 268 Bonaventure, saint : 324 Bonhoeffer, Dietrich : 191, 194 Borella, Jean : 117, 125, 227, 258, 271, 272, 281, 282, 369, 374, 417, 419 Borges, Jorge Luis : 349, 353 Boudon, Raymond : 384, 387, 390 Boulanger, Georges R. : 126 Bourdin, Jean-Claude : 394 Bourdin, Pierre : 56 Bourricaud, François : 384, 387, 390


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Index des noms cités

Bradley, Francis H. : 396, 397, 398 Brague, Rémi : 300, 303, 390 Braudel, Fernand : 205, 206, 208 Brentano, Franz : 83, 87 Breton, Stanislas : 395 Bruch, Jean-Louis : 320 Brunschvicg, Léon : 71, 85, 87, 116, 165, 168, 179, 180, 316, 428, 429 Brutus : 445 Burke, Edmund : 59 Calliclès : 169, 301, 302, 303, 366 Calvin, Jean : 243 Camus, Albert : 171, 172 Canguilhem, Georges : 213, 215, 222, 332 Cassirer, Ernst : 125 Causse, Jean-Daniel : 29, 33 César : 402 Chantal, Laure de : 98 Char, René : 193, 194 Chartier, Bernard : 49 Chenu, Bruno : 385, 390 Chestov, Léon :95, 98, 321 Choderlos de Laclos, Pierre : 306, 308 Chrétien, Jean-Louis : 157-159, 353 Chronos : 270, 401 Churchland, Paul : 26, 28, 107, 108 Cicéron : 82, 98, 116, 177, 222 Cioran : 356, 359 Clastres, Pierre : 390 Clément d’Alexandrie : 161, 164 Code civil : 392 Conche, Marcel : 405, 410 Constant, Benjamin : 310, 311, 312, 313 Corneille, Pierre : 238 Créon : 443 Dalton, John : 42 Davidson, Donald : 27, 208 Déclaration d’indépendance américaine : 181 Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen : 181 Dedekind, Richard : 267 Deleuze, Gilles : 125, 276 Démocrite : 42

Desoche, Philippe : 451, 452 Diderot : 394 Dieu : 12, 29, 32, 33, 38, 39-50, 54, 59, 63, 64, 78, 83, 88, 92, 93, 97, 109, 113, 116, 121-123, 129, 134, 137, 140, 142, 145, 148, 152, 159, 160, 161-164, 166, 167, 169, 170, 175, 184, 191, 197, 203, 220, 221, 223-230, 237, 240-244, 248, 249, 251, 255, 256, 257, 264, 266, 274, 281, 292, 293, 298, 304, 307, 308, 315, 316, 318-325, 328, 329, 332, 339-341, 345, 356, 378, 380, 384-390, 398, 399, 403, 407, 423, 426, 428, 436, 441, 442, 445, 447, 448 Diogène Laërce : 84, 87, 100, 102, 178, 1890, 425 Diogène de Sinope : 74, 423, 425 Dolmancé : 443 Dostoïevski, Fedor M. : 172, 320, 321 Duncan, roi : 114 Duns Scot, Jean : 287, 290 Durkheim, Émile : 388 Ecclésiaste : 151, 154 Ecclésiastique : 160 Eckhart, Maître : 32, 49 Eco, Umberto : 419 Einstein, Albert : 323, 338, 340 Eisler, Rudolf : 24, 125 Eliade, Mircea : 119, 120 Élie : 385 Élisée : 385 Élissalde, Yvan : 346 Ellul, Jacques : 385, 390 Empédocle : 42 Engels, Friedrich : 256, 258 Épictète : 75, 93, 219, 222, 413, 414 Épicure :42, 46, 60, 65, 178, 180, 237, 239, 241, 339, 366, 367, 368, 394, 437, 441 Épiménide : 113, 227, 310 Éros :14, 32, 232 Ésaü : 243 Eubulide : 8 Ézéchiel : 385 Febvre, Lucien : 204, 208


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Index des noms cités

Feuerbach, Ludwig : 88, 90, 226, 227, 257, 258 Fénelon : 32 Fichte, Johann Gottfried : 354, 334-337 Fisette, Denis : 26, 28, 107, 108 Fœssel, Michaël : 98 Fontenay, Élisabeth de : 394 Foucault, Michel : 349, 252 François de Sales : 53, 54, 59 Frege, Gottlob : 439, 441 Freud, Sigmund : 34-36, 232, 235, 255, 258, 260, 262, 276, 282, 351, 353, 432, 433, 434, 435 Frisch, Karl von : 157, 159 Fustel de Coulanges, Numa D. : 74, 75 Gadamer, Hans-Georg : 159 Galilée : 211-213, 215, 291, 295 Garcia, Tristan : 274-276 Garrigues, Jean-Miguel : 403 Geoffroy Saint-Hilaire, Isidore : 329, 332 Gibbs, Willard : 127 Gilson, Étienne : 221, 222, 288, 290 Godbout, Jacques T. : 173, 176, 177 Gómez Dávila, Nicolás : 277, 282, 317 Gorgias : 113, 116, 169, 172, 271, 272, 283, 286, 301, 303, 308, 368 Gracq, Julien : 314 Grégoire de Nazianze : 49 Grelling, Kurt : 8 Guénon, René : 119, 120, 268 Guiomar, Jean-Yves : 337 Gusdorf, Georges : 383 Gutenberg, Johannes : 203, 205, 208 Habermas, Jürgen : 159 Habib, Claude : 98 Hadès : 348 Hamlet : 114 Hegel, Gottfried Wilhelm Friedrich : 1214, 24, 25, 50, 51, 80, 82, 101, 102, 116, 125, 135, 153, 154, 159, 163, 171, 172, 181, 189, 190, 201, 203, 207, 208, 223, 226, 227, 231-235, 249, 254, 264, 266, 268, 284-286, 289, 290, 331, 332, 336, 340, 344, 345, 355, 361, 363, 392, 395,

457

402-404, 407-410, 413, 414, 421, 422, 429, 435, 436, 440, 441, 444, 446 Heidegger, Martin : 4, 33, 35-37, 51, 125, 163, 164, 200, 201, 203, 208, 254, 342, 346, 350, 353, 364, 374, 424, 425 Heisenberg, Werner : 46, 214, 215 Henry, Michel : 112 Héraclite : 48, 203 Herder, Johann Gottfried von : 335, 337 Hermès : 73 Hermione : 31 Hérodote : 46, 73, 437, 441 Hésiode : 265 Hiéron de Syracuse : 149, 151, 152 Hippias : 54-57, 59, 283, 286, 410, 420, 421, 422 Hippocrate : 117 Hirschman, Albert O. : 241 Hobbes, Thomas : 79, 80, 82, 133, 134, 143 Holbach, Baron d’ : 107, 108, 146, 149 Homère : 98, 270, 272, 314, 348, 350, 352, 400 Horace : 238 Hume, David : 18, 69-71, 124, 125, 246, 248, 615, 408, 410, 453 Husserl, Edmund : 51, 112, 117, 120 Iphigénie : 445 Isaac : 159, 162, 164, 445 Isaïe : 384, 385 Issa : 389 Ivanovna, Aglaé : 172 Jacob : 160, 162, 164, 243 Jacob, François : 332 Jacobi, Friedrich H. : 124, 125 Jacques, saint : 323 Jankélévitch, Vladimir : 34, 36, 195-197, 262, 284, 286, 308, 313, 353, 411, 414, 432, 435 Jansénius : 142, 169, 243, 244 Janus : 206 Jaynes, Julian : 87 Jean, saint : 30, 32, 78, 97, 191, 193, 242, 323, 380, 389 Jelles, Jarig : 201, 342, 345


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Index des noms cités

Jérémie : 96, 385-388, 390 Jésus-Christ : 14, 32, 40, 64, 103, 139, 174, 191, 193, 228, 240, 313, 315, 318, 321, 323, 324, 325, 355, 356, 359, 383, 385, 388, 389, 390, 403 Job : 94, 95, 98, 386 Jocaste : 401 Joël : 385 Jonas : 385, 386, 390 Jupiter : 292, 378 Kafka, Franz : 250 Kant, Emmanuel : 11-13, 23-25, 27, 28, 30, 32, 46, 56, 58-60, 66, 70, 71, 77, 79, 101, 102, 114-116, 118, 120-125, 147, 149, 182, 183, 186, 190, 212, 215, 221, 222, 225, 227, 228, 231, 255, 258, 294, 296, 300, 303, 308, 310-313, 316, 319, 320, 324, 326, 335, 339, 340, 380, 383, 390392, 413, 414, 425, 444, 446, 449, 451, 453 Kelsen, Hans : 180, 181 Kierkegaard, Sören : 5, 14, 36, 78, 102, 137, 140, 191, 193, 228, 229, 231, 284, 286, 444-446 King, Martin Luther : 385 Kojève, Alexandre : 149 Koyré, Alexandre : 117 Kuhn, Thomas : 208 Lacan, Jacques : 444, 446 Lacoue-Labarthe, Philippe : 250, 252 Lafond, Jean : 32 Lafontaine, Céline : 126, 130 Laïos : 401 La Mettrie, Jules de : 364, 368 Laplace, Pierre-Simon de : 146, 147, 149 La Rochefoucauld, François de : 32 Lazare : 321 Lefort, Claude : 385 Leibniz, Gottfried Wilhelm : 28, 32, 45, 46, 65, 66, 102, 105, 108, 121, 134, 148, 149, 162, 210, 221, 222, 231, 254, 258, 259, 261, 262, 303, 313, 315, 318, 319, 326, 378, 394, 395, 397, 398 Leucippe : 42 Levinas, Emmanuel : 48, 49, 51, 437

Lévi-Strauss, Claude : 250, 435 Lewis, C.S. : 315, 317, 324-326 Locke, John : 82, 87, 184, 186, 409, 410 Louis XVI : 202, 207 Luc, saint : 31, 40, 41, 191, 193, 323, 383 Lucrèce : 42, 45, 46, 63, 65, 105, 108, 340, 394, 395, 424, 425 Luther, Martin : 244 Lysias : 271 Mabille, Bernard : 332 Machiavel : 27, 401, 402, 404 Mahomet : 389 Maine de Biran : 453 Malebranche, Nicolas : 37, 41, 98, 318, 321, 322, 324, 326, 394 Mallarmé, Stéphane : 372, 374 Marc, saint : 32, 191, 193, 323, 383, 403 Marc Aurèle : 4, 63, 66, 75, 91, 93, 94, 149, 153, 154, 219, 222, 298, 303, 353, 414, 423 Marcel, Gabriel : 108, 110-112 Marie, Vierge : 389 Marquet, Jean-François : 208 Marx, Karl : 97, 256, 258 Matthieu, saint : 31, 93, 96, 174, 177, 191, 193, 233, 383 Mauss, Marcel : 176, 177 Macbeth : 114 McLuhan, Marshall : 203, 208 Ménon : 145, 351, 352 Merleau-Ponty, Maurice : 112 Mersenne, Marin : 68, 71, 292, 296 Merteuil, Madame de : 306 Mesland, Denis : 287, 290, 453 Mesmer, Franz Anton : 361 Métis : 270, 400 Meyer, Louis : 266, 268 Michée : 385 Moïse : 384, 386 Molina, Luis de : 242, 244 Montaigne, Michel de : 409, 410 Montesquieu : 179-181, 293, 296 Moreau, Denis : 98, 322, 326 Mounier, Emmanuel : 49, 51


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Index des noms cités

Muglioni, Jean-Michel : 115, 117 Muray, Philippe : 167, 168 Nefer-rohu : 385 Neher, André : 385, 387 Nelson, Leonard : 8 Némésios : 154 Newton, Isaac : 211, 234, 235, 379 Nicolas de Cues : 50, 51 Nicole, Pierre : 102 Nietzsche, Friedrich : 4, 25, 71, 85-87, 92, 93, 96, 97, 103, 108, 111, 112, 115, 116, 154, 175, 177, 249, 251, 271, 272, 274, 276, 280-282, 303, 321, 345, 383, 389, 393-395, 399, 400, 404, 429, 450 Niobé : 98 Nygren, Anders : 29, 32 Ockham, Guillaume d’ : 383 Œdipe : 401, 433 Oreste : 31, 32 Osée : 385 Pallas : 378 Papaionnou, Kostas : 116 Parménide : 201 Pascal, Blaise : 10, 30, 46, 82, 85, 87, 116, 135, 140, 142, 145, 160, 163, 165, 168, 169, 172, 186, 195, 197, 200, 210, 215, 224, 227, 229, 231, 234, 235, 240, 241, 243, 244, 263, 268, 315, 316, 339, 340, 414, 428, 429 Pasiphaé : 433 Paul, saint : 63, 97, 103, 104, 108, 116, 139, 230, 241, 243, 244, 315, 321 Pénélope : 153 Pénia : 28 Périclès : 75, 313 Périer, Marguerite : 316, 322 Philippovna, Natassia : 172 Pic de la Mirandole, Jean : 251 Pierce, C.S. : 419 Pierre, saint : 191, 318, 323, 342 Pindare : 149, 154 Platon : 23, 25, 28, 32, 37, 40, 41, 48, 50, 51, 55, 59, 72, 73, 75, 78, 102, 108, 110, 112116, 140, 141, 145, 152, 154, 159, 169,

459

170, 172, 201, 221, 248, 249, 251, 254, 265, 266, 268-272, 282, 283, 285, 286, 298, 301, 303, 304, 308, 313, 337, 340, 345, 349, 351, 352, 368, 380, 384, 402, 404, 410, 419, 420, 422, 424, 425, 449 Plutarque : 98 Poincaré, Henri : 323 Poirier, Pierre : 26, 28, 107, 108 Polyclète d’Argos : 58 Polyphème : 270 Popper, Karl : 149, 379 Poros : 28 Porphyre : 392 Poussin, Nicolas : 423 Protagoras : 72, 73, 248, 251, 304, 308 Psaumes : 116 Pseudo-Denys l’Aréopagite : 380 Pyrrhon d’Élis : 405, 410 Pyrrhus : 31, 32 Pythagore : 68, 249 Quine, Willard van Orman : 10, 11, 393, 395 Rachel : 96 Racine, Jean : 31, 32 Radcliffe-Brown, Alfred R. : 431, 435 Raskolnikov, Rodion R. : 320 Ravaisson, Félix : 248 Raynaud, Philippe : 337 Rebecca : 243 Reicke, Rudolf : 121, 125 Renan, Ernest : 313, 334, 336 Renaut, Alain : 56, 58, 59, 182, 186, 313, 334, 336, 337 Rials, Stéphane : 337 Ricœur, Paul : 92, 93, 135, 159, 227, 245, 246, 248, 282, 290, 303 Rifkin, Jeremy : 130 Rivenc, François : 399, 439, 441 Rodin, Auguste : 203 Rogojine, Parfione S. : 172 Rosset, Clément : 337, 340 Rouilhan, Philippe de : 439, 441 Rousseau, Jean-Jacques : 62, 66, 77, 79, 185, 392, 402, 404, 419, 423, 425


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Index des noms cités

Russell, Bertrand : 396, 398, 439, 441 Ruyer, Raymond : 130, 374, 395 Ryle, Gilbert : 27 Sade, marquis de : 171, 172, 276, 300303, 366, 443, 444, 446 Sapir, Edward : 418 Sartre, Jean-Paul : 36, 88, 89, 90, 132, 133, 135, 170, 172, 194, 249, 252, 256, 258, 262, 288, 341, 346, 371, 374, 383, 412, 414 Saturne : 292 Saussure, Ferdinand de : 362, 363, 415, 416, 418, 419 Schiller, Friedrich von : 360, 363 Schlegel, Friedrich : 335 Schmitt, Carl : 193, 194 Schneider, Monique : 98 Schopenhauer, Arthur : 4, 62, 66, 71, 137, 138, 140, 145, 187, 188, 190, 194, 196, 197, 235, 259-262, 305-308, 356, 453 Schürmann, Reiner : 37 Senancour : 423, 425 Sénèque : 168, 173-177 Sextus : 378 Sextus Empiricus : 100, 102, 405, 410 Shakespeare, William : 114, 314 Siéyès, Emmanuel-Joseph : 333, 336 Simiand, François : 205 Smith, Adam : 188-190, 393, 395 Socrate : 22, 23, 48, 54-57, 100, 144, 145, 155, 200, 201, 265, 283-286, 298, 304, 410, 420 Solovine, Maurice : 323, 338 Sonia : 320 Sophocle : 150, 152, 154, 179, 180 Sphynx : 203, 204 Spinoza, Baruch : 27, 68, 71, 87, 143-145, 148, 149, 201, 221, 222, 250, 254, 266, 268, 274, 276, 342, 345, 376, 378, 429, 453 Strauss, Leo : 181

Supervielle, Jules : 371, 374 Swedenborg, Emmanuel : 114 Tauler, Jean : 49 Terestchenko, Michel : 32 Tertullien : 139, 152, 154, 355, 359 Thalès : 68, 84, 87 Thanatos : 14, 232 Théodore : 378 Thérèse de Lisieux : 230 Thésée : 8 Thomas, saint : 148, 228 Thomas d’Aquin : 148, 149, 201, 231, 244, 308, 309, 313, 316, 319, 324, 326, 332, 449 Thomson, Joseph J. : 42 Thucydide : 75 Tiamat : 265 Tolstoï, Léon : 320, 321 Torricelli, Evangelista : 212 Tourvel, Madame de : 306 Ulysse : 270, 348, 400 Valéry, Paul : 353, 370, 374 Valmont, vicomte de : 306 Vernant, Denis : 439, 441 Vernant, Jean-Pierre : 71, 72, 75 Vierge Marie (voir Marie, Vierge) Vigarello, Georges : 112 Virgile : 192 Vlastos, Gregory : 286 Voilquin, Jean : 48 Volange, Cécile de : 306 Weber, Max : 384, 385, 390 Weil, Simone : 37-41, 322, 323 Whorf, Benjamin L. : 418 Wiener, Norbert : 125, 126, 127, 129, 130 Wilde, Oscar : 356, 359 Wittgenstein, Ludwig : 10, 360, 364 Wolff, Christian : 121 Wordsworth, William : 356, 359 Wundt, Wilhelm : 433, 435 Xénophane :161 Zeus : 73, 270, 400


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TABLE DES MATIÈRES

Introduction. Motivation et sens de l’ouvrage, par P. Dulau ………………

7

A …………………………………………………………………………… Absolu, par P. Dulau ……………………………………………………… Action, par P. Dulau ……………………………………………………… Amour, par M. Steffens …………………………………………………… Angoisse, par G. Morano ………………………………………………… Attention, par M. Steffens ………………………………………………… Atome, par G. Morano …………………………………………………… Attente, par P. Dulau …………………………………………………… Autre, par M. Steffens ……………………………………………………

23 23 26 28 33 36 42 47 48

B …………………………………………………………………………… Beauté, par P. Dulau ……………………………………………………… Bonheur, par G. Morano …………………………………………………

53 53 60

C …………………………………………………………………………… Causalité, par G. Morano ………………………………………………… Cité, par G. Morano ……………………………………………………… Commencement, par G. Morano ………………………………………… Confiance, par G. Morano et M. Steffens ………………………………… Conscience, par P. Dulau ………………………………………………… Conscience de soi, par G. Morano ……………………………………… Consentement, par G. Morano ………………………………………… Consolation, par M. Steffens ……………………………………………… Contradiction, par P. Dulau ……………………………………………… Corps, par P. Dulau ……………………………………………………… Corps propre, par P. Dulau ……………………………………………… Cosmos, par M. Steffens ………………………………………………… Crise, par G. Morano …………………………………………………… Criticisme, par P. Dulau et G. Morano ………………………………… Cybernétique, par G. Morano ……………………………………………

67 67 71 76 79 83 88 90 94 99 102 108 113 117 121 125


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462

Table des matières

D …………………………………………………………………………… Délibération, par G. Morano …………………………………………… Désespoir, par G. Morano ……………………………………………… Désir, par G. Morano …………………………………………………… Déterminisme, par P. Dulau ……………………………………………… Devenir, par P. Dulau …………………………………………………… Dialogue, par P. Dulau …………………………………………………… Dieu, par P. Dulau et G. Morano ………………………………………… Divertissement, par P. Dulau …………………………………………… Domination, par G. Morano …………………………………………… Don, par G. Morano ……………………………………………………… Droit, par P. Dulau ……………………………………………………… Droit de résistance, par G. Morano ………………………………………

131 131 135 140 146 149 155 159 164 169 173 178 181

E …………………………………………………………………………… Égoïsme, par G. Morano ………………………………………………… Engagement, par M. Steffens …………………………………………… Ennui, par G. Morano …………………………………………………… Être, par P. Dulau ………………………………………………………… Événement, par P. Dulau ………………………………………………… Évidence, par G. Morano ………………………………………………… Expérimentation, par G. Morano …………………………………………

187 187 190 194 197 202 208 211

F …………………………………………………………………………… Finalité, par G. Morano ………………………………………………… Finitude, par G. Morano ………………………………………………… Foi, par G. Morano ……………………………………………………… Force, par G. Morano ……………………………………………………

217 217 223 227 231

G …………………………………………………………………………… Gloire, par G. Morano …………………………………………………… Grâce, par G. Morano ……………………………………………………

237 237 241

H …………………………………………………………………………… Habitude, par G. Morano ………………………………………………… Humanisme, par M. Steffens ……………………………………………

245 245 248

I …………………………………………………………………………… Identité, par P. Dulau …………………………………………………… Illusion, par G. Morano ………………………………………………… Inconscient, par G. Morano ……………………………………………… Infini, par P. Dulau ……………………………………………………… Intellect, par G. Morano ………………………………………………… Intensité, par G. Morano ………………………………………………… Interprétation, par G. Morano …………………………………………… Ironie, par G. Morano ……………………………………………………

253 253 254 258 263 268 272 277 283


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Table des matières

463

L …………………………………………………………………………… Libre arbitre, par G. Morano …………………………………………… Loi, par G. Morano ………………………………………………………

287 287 291

M …………………………………………………………………………… Mal, par P. Dulau ………………………………………………………… Méchanceté, par G. Morano ……………………………………………… Mensonge, par G. Morano ……………………………………………… Miracle, par M. Steffens ………………………………………………… Monstre, par P. Dulau ……………………………………………………

297 297 304 308 313 327

N …………………………………………………………………………… Nation, par G. Morano …………………………………………………… Nature, par P. Dulau et G. Morano ……………………………………… Négation, par G. Morano …………………………………………………

333 333 337 340

O …………………………………………………………………………… Oubli, par P. Dulau ………………………………………………………

347 347

P …………………………………………………………………………… Paradoxe, par P. Dulau …………………………………………………… Parole, par P. Dulau ……………………………………………………… Plaisir, par G. Morano …………………………………………………… Poésie, par P. Dulau ……………………………………………………… Possible, par G. Morano ………………………………………………… Principe, par P. Dulau …………………………………………………… Promesse, par G. Morano ………………………………………………… Prophète, par M. Steffens ………………………………………………… Propriété, par P. Dulau ……………………………………………………

355 355 359 364 368 374 379 381 383 390

R …………………………………………………………………………… Réductionnisme, par M. Steffens ………………………………………… Relation, par G. Morano ………………………………………………… Ruse, par M. Steffens ………………………………………………………

393 393 395 399

S …………………………………………………………………………… Scepticisme, par P. Dulau ………………………………………………… Sérieux, par G. Morano ………………………………………………… Signe, par P. Dulau et G. Morano ………………………………………… Singulier, par G. Morano ………………………………………………… Solitude, par P. Dulau …………………………………………………… Substance, par P. Dulau …………………………………………………

405 405 410 415 419 422 426

T …………………………………………………………………………… Tabou, par P. Dulau ……………………………………………………… Totalité, par P. Dulau …………………………………………………… Transgression, par G. Morano ……………………………………………

431 431 435 441


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464

Table des matières

V …………………………………………………………………………… Vérité, par G. Morano …………………………………………………… Volonté, par G. Morano …………………………………………………

447 447 450

Index des noms cités ………………………………………………………

455

Table des matières …………………………………………………………

461

Imprimé en Belgique Imprimerie Bietlot Avril 2019



Le paradoxe n’est-il pas au cœur de la pensÊe philosophique,

elle-même toujours animÊe par sa propre contradiction ? Ainsi, l’attention est-elle jamais possible si, pour sortir de la distraction, il faut dÊjà être attentif ? La domination ne risque-t-elle pas de nier sa condition de possibilitÊ en rÊduisant à nÊant la volontÊ de celui sur qui elle s’exerce ? Comment pouvons-nous consoler s’il nous faut pour cela commencer par rejoindre l’autre en sa dÊsolation ?‌ C’est le principe assumÊ de ce dictionnaire : penser signifie toujours surmonter les contradictions, et si la contradiction n'Êtait pas partout, la pensÊe ne serait chez elle nulle part. Dans un langage accessible, 150 notions sont ici ÊlucidÊes par l’Êpreuve de leur propre paradoxe. D’Absolu à VolontÊ, en passant par Conscience et Tabou, Plaisir et Droit, Cosmos et Substance, ce dictionnaire offre une introduction inÊdite à la philosophie et un remarquable approfondissement de son exercice.

Pierre DULAU, agrĂŠgĂŠ de philosophie, enseigne en classes prĂŠparatoires Ă Strasbourg. Il a notamment publiĂŠ : Heidegger, pas Ă pas (Ellipses, 2008). Guillaume MORANO, agrĂŠgĂŠ de philosophie, enseigne en classes prĂŠparatoires Ă Mulhouse. SpĂŠcialiste de Schopenhauer, il a publiĂŠ entre autres : Introduction aux grands philosophes (Ellipses, 2012). Martin STEFFENS, agrĂŠgĂŠ de philosophie, enseigne en khâgne Ă Metz. SpĂŠcialiste de Nietzsche et de Simone Weil, il a rĂŠcemment publiĂŠ : L’amour vrai : au seuil de l’autre (Salvator, 2018).

ISBN : 978-2-87299-360-4

9 782872 993604

35,00 â‚Ź

www.editionsjesuites.com


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