ÉCRITURE EN PASTORALE 4
Il a dressé sa tente parmi nous Lecture de l’évangile de Jean 1 – 13, 35 Philippe Bacq
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Il a dressé sa tente parmi nous Lecture de l’Évangile de Jean 1 – 13, 35
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Écriture en pastorale 4
Philippe BACQ
Il a dressé sa tente parmi nous Lecture de l’Évangile de Jean 1 – 13, 35
Préface d’Ignace Berten, o.p. Postface d’André Fossion, s.j.
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© Éditions jésuites, 2018 ISBN : 978-2-87324-582-5 Éditions jésuites Belgique : 7, rue Blondeau, 5000 Namur France : 14, rue d’Assas, 75006 Paris info@editionsjesuites.com www.editionsjesuites.com Droits de production et de reproduction réservés pour tous pays Illustration de couverture : Mylène Auquière Maquette de couverture : Sabine Malfait Maquette intérieure : Ghislaine Moucharte Mise en page : Jean-Marie Schwartz Dépôt légal : D/2018/0026/01 Imprimé en Belgique.
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Préface
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hilippe Bacq et Odile Ribadeau Dumas ont publié plusieurs commentaires des évangiles dans cette collection Écriture en pastorale : successivement un commentaire de Marc, Un goût d’Évangile. Marc, un récit en pastorale (2006), puis de Luc, Puissance de la Parole. Luc, un Évangile en pastorale, en deux volumes (2009 et 2012). Philippe a entrepris ensuite de travailler un commentaire de l’évangile de Jean dans le même esprit. Il y a plus de vingt-cinq ans, Philippe a souffert d’un cancer à la langue : l’opération subie alors semblait l’avoir définitivement libéré de ce mal. Courageusement, il a réappris à parler. Mais le cancer s’est récemment réactivé de façon très agressive : son visage en a été véritablement mangé. Il a poursuivi cependant son travail sur l’évangile de Jean jusqu’au bout de ses forces. Philippe, homme de parole, mais aussi homme d’écriture. Avec Christoph Theobald, il a dirigé deux ouvrages : Une nouvelle chance pour l’Évangile. Vers une pastorale d’engendrement (2004) et Passeurs d’Évangile. Autour d’une pastorale d’engendrement (2008). « La visée première d’une pastorale d’engendrement est de susciter la vie. Pas seulement la vie chrétienne ou la vie spirituelle, mais la vie dans toutes ses dimensions, physique, psychologique, intellectuelle, affective… Et tout d’abord et avant tout, la vie dans ce qu’elle a de plus élémentaire, ce qui est nécessaire chaque jour pour exister simplement en dignité humaine. Ce devrait être le premier signe distinctif des communautés chrétiennes aujourd’hui : être présentes sur les lieux où la vie est précaire et menacée ; être proches de celles et de ceux qui souffrent ou que l’histoire marginalise ou exclut ; susciter autour d’eux une dynamique de solidarité » (Une nouvelle chance, p. 17). C’est ainsi que Philippe explicitait le sens et la portée de la pastorale d’engendrement. N’est-ce pas précisément ce que signifie le pape François quand il parle d’une Église-hôpital de campagne ou d’une
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Église en sortie ? Le chemin d’une telle pastorale est la proposition de l’Évangile. Quelle figure d’Église dans cet esprit ? « Pour la percevoir, il importe de poser un regard évangélique sur la réalité pour y découvrir la présence cachée de cette nouvelle de bonté en laquelle tout être humain croit tout simplement pour vivre : la vie vaut la peine d’être vécue malgré sa part d’ombre, d’obscurité, de mort. » Dans son épreuve, Philippe a été lui-même le témoin de cette expérience de la bonté de la vie. Il poursuit : « Cette conviction universelle précède l’annonce explicite de l’Évangile. De façon totalement unique, le Christ est passeur de cette bonté radicale de l’existence : par sa manière de vivre et de mourir, par sa résurrection, il l’annonce et la rend effective pour tous. À sa suite, au long de l’histoire, l’Église continue de la proclamer et de la célébrer, aidant ainsi les humains à traverser les moments plus difficiles de leur existence personnelle et de leur histoire commune, surtout lorsque la “foi” en la vie risque de sombrer » (Passeurs d’Évangile, p. 7). Cette approche de la pastorale d’engendrement prend le contre-pied d’une attitude marquée par le dénigrement systématique de la culture européenne contemporaine, qui ne serait que décadence et opposition au message évangélique. C’est dans cet esprit que Philippe Bacq s’est attelé à proposer un commentaire des évangiles. Il s’agit de mettre à la disposition de toute personne, mais surtout de tout groupe, qui en manifesterait l’intérêt, un instrument et une méthode de lecture qui permettent de rejoindre l’Évangile comme bonne nouvelle pour tous à partir du travail sur le texte évangélique tel qu’il nous est proposé. Philippe se situe délibérément dans la ligne de l’exégèse narrative, sans négliger pour autant les apports de l’exégèse historico-critique. La méthode de chacun de ces livres est chaque fois la même : pour chaque section d’évangile, une traduction aussi précise que possible, à partir de la TOB, afin de faire ressortir toutes les nuances linguistiques et sémantiques du texte. Ensuite quelques questions qui visent à aider les lecteurs à s’approprier le texte, en les invitant à une lecture attentive et en attirant l’attention sur tel ou tel point ou détail significatif du texte. Puis un commentaire suivi, accompagné de notes qui se réfèrent à divers auteurs, en justifiant les options prises tout en montrant la diversité possible des interprétations, notes qui précisent aussi la portée du choix par le narrateur de certains mots grecs dans le texte. Des encadrés précisent l’utilisation de certaines expressions ou citent un passage d’un auteur particulièrement éclairant. Il s’agit toujours de se mettre à l’écoute du narrateur pour chercher à percevoir ce qu’il a voulu dire à son lecteur (le lecteur d’autrefois), mais aussi, et par là au lecteur que nous sommes. Chacun de ces livres se
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PRÉFACE
termine par un chapitre important sur les perspectives proprement pastorales qui s’offrent à partir de cette lecture. Philippe a entrepris depuis quelques années et dans le même esprit une lecture de Jean, texte tellement différent de ceux de Marc et de Luc. Mais le cancer l’a rattrapé. Le travail est dès lors inachevé. Les Éditions Lumen Vitae ont heureusement jugé que l’état du travail, en raison de sa qualité et malgré son inachèvement, méritait une publication. Tous les lecteurs des commentaires évangéliques précédents s’en réjouiront. Seuls les treize premiers chapitres de Jean ont pu être ainsi abordés. Pour l’essentiel, la rédaction était achevée pour les huit premiers chapitres. Pour les autres, il n’y a pas toujours les points d’attention, le commentaire est parfois un peu plus court. Et bien sûr, Philippe n’a pas eu la possibilité de s’engager dans le grand chapitre de conclusion appelé à préciser les lignes pastorales. Mais le texte tel qu’il est, dans son inachèvement (soigneusement relu et complété là où c’était nécessaire par Odile Ribadeau Dumas et André Fossion), est d’une grande richesse, d’autant plus, peut-on dire, que l’évangile de Jean est si différent des synoptiques. Tant dans la traduction que dans les commentaires, Philippe cherche à rester au plus près du texte, et dans leurs choix interprétatifs, il opte systématiquement pour le sens qui apparaît le plus proche possible de ce que dit le narrateur, en prenant distance par rapport à des interprétations théologiques ou symboliques qui ne trouvent pas d’appui direct dans le texte. Il aide par là le lecteur à mieux entendre ce que dit le texte lui-même. Plus encore que pour Marc et Luc, l’option de lecture narrative, qui conduit notre auteur à parler systématiquement du narrateur et non de Jean ou l’évangéliste, se justifie ici. Cet évangile ne se veut pas un récit « historique » (les synoptiques ne le sont pas non plus, puisqu’ils sont chacun une lecture croyante portée par une théologie particulière, mais ils sont plus proches des événements de la vie de Jésus). Jean est un récit construit afin de porter un message de foi dans une communauté concrète en prenant en compte ce que vit cette communauté. D’où la difficulté d’entendre aujourd’hui ce que pouvait entendre le lecteur de celle-ci, car nous n’avons guère de données précises concernant cette communauté, sauf à reconstruire le contexte à partir des indices que nous offre le texte. Deux exemples qui montrent combien cette approche peut être éclairante pour comprendre le récit. Le narrateur modifie le parcours de Jésus en situant le récit de son action au Temple juste après le récit de Cana, et non à la fin de ce parcours comme c’est le cas dans les trois premiers évangiles. Cette modification
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chronologique permet au narrateur d’éclairer d’une façon particulière le sens de la figure de Jésus telle qu’elle se dégage dans la suite du récit. Par ce déplacement, le narrateur relit toute la vie de Jésus à la lumière de Pâques, en invitant le lecteur à faire de même ; il manifeste aussi par-là combien, pour le croyant, la plénitude de sens du Premier Testament ne se révèle qu’en Jésus. Par là même, il nous guide aussi sur le chemin d’une lecture croyante actualisante des Écritures. La rédaction du récit manifeste clairement que la communauté johannique affronte un double conflit. Un conflit interne dans le rapport aux observances juives : certains membres de la communauté manquent de la liberté offerte par l’Esprit, et ainsi ne s’ouvrent pas à l’offre de vie dont est porteuse la foi en Jésus. Et un conflit externe avec les Juifs qui se refusent à reconnaître en Jésus le véritable envoyé de Dieu, le fils du Père. En ce qui concerne ce dernier confit, les Juifs dont il est question, ne sont pas les Juifs contemporains de Jésus, mais les Juifs contemporains de la communauté à la fin du premier siècle, Juifs auxquels elle se trouve affrontée. Ainsi, à propos de l’aveugle-né exclu de la synagogue parce qu’il croit en Jésus, cette exclusion n’a pas eu lieu au cours de la vie de Jésus, elle est bien celle que subissent les croyants de la communauté johannique. Cette situation du récit du narrateur est importante parce qu’elle permet d’éviter de s’appuyer sur Jean pour justifier l’antisémitisme chrétien en raison de son utilisation de l’expression « les Juifs ». Pour le lecteur de l’évangile de Jean aujourd’hui, le conflit autour de la liberté de l’Esprit exprimé par le narrateur trouve un écho dans les conflits présents au sein de l’Église, donc de la communauté chrétienne aujourd’hui, conflits qui se sont exprimés au cours du synode sur la famille et suite à la publication de l’exhortation apostolique Amoris laetitia du pape François. Ceci n’est évidemment pas explicité dans cet ouvrage (la rédaction en est antérieure à ces événements), mais cette approche du texte à l’écoute du narrateur jette une lumière singulièrement éclairante sur ce présent. Ignace BERTEN o.p.
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Le prologue 1, 1-18 Au commencement était la Parole et la Parole était auprès de Dieu et la Parole était Dieu. 2 Elle était au commencement auprès de Dieu. 3 Tout advint par elle et pas une chose de ce qui advint n’advint hors d’elle. 4 En elle était la vie et la vie était la lumière des hommes 5 et la lumière dans les ténèbres luit et les ténèbres ne l’ont pas saisie. 6 Advint un homme envoyé de Dieu ; son nom était Jean. 7 Il vint pour un témoignage, afin qu’il témoigne au sujet de la lumière, afin que tous croient par lui. 8 Il n’était pas, lui, la lumière, mais afin qu’il témoigne au sujet de la lumière. 9 (La Parole) était la lumière, la véritable, qui illumine tout homme, en venant dans le monde. 10 Elle était dans le monde et le monde advint par elle et le monde ne la connut pas. 11 Dans ses biens propres elle vint et ses propres ne l’accueillirent pas. 12 Or, ceux qui la reçurent, elle leur donna pouvoir d’advenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom. 13 Eux qui, non de sangs, ni de volonté de chair, ni de volonté d’homme, mais de Dieu furent engendrés. 14 Et la Parole advint chair et elle dressa sa tente parmi nous et nous avons vu sa gloire, gloire comme celle que tient de son Père, un Fils unique accompli de grâce et de vérité. 15 Jean témoigne à son sujet et il s’est écrié disant : « C’est de celui-ci que j’ai dit : celui qui vient derrière moi est passé devant moi, parce que avant moi, il était. » 16 De sa plénitude en effet, tous nous avons reçu et grâce contre grâce. 1
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IL A DRESSÉ SA TENTE PARMI NOUS Si la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. 18 Personne n’a jamais vu Dieu. Le Fils unique qui est vers le sein du Père celui-là l’a raconté. 17
1. v. 1-2 : Repérez les mots qui se répètent ainsi que le verbe utilisé et son temps. S’agit-il du même « commencement » que celui de Gn 1, 1 ? Quelle est ici la relation de la Parole avec Dieu ? 2. v. 3 : Repérez le verbe utilisé et son temps. À quelle activité de la Parole fait allusion ce verset ? 3. v. 4 : Repérez le mot qui se répète ainsi que le verbe utilisé et son temps. Par quels symboles est caractérisée la Parole ? Repérez, au v. 5, le mot qui se répète. À quels autres mots s’oppose-t-il ? 4. v. 6-8 : Repérez, au v. 6, le verbe principal. Dans quel verset est-il déjà venu ? Quelle est, au v. 7, la mission de Jean ? Pour qui est-il venu ? Au v. 8, quelle relation le narrateur établit-il entre Jean et la lumière ? 5. v. 9-11 : Comment est caractérisée la lumière au v. 9 ? Qui illuminet-elle ? Repérez la répétition du verbe « venir ». Sur quoi portent les deux négations ? 6. v. 12-13 : Repérez le verbe « advenir » : dans quels versets est-il déjà venu ? Qu’advient-il à ceux qui croient ? À quoi s’oppose l’expression « être engendrés par Dieu » (v. 13) ? Quelle est la condition pour être engendré par Dieu ? 7. v. 14 : Repérez le verbe « advenir ». Dans quels versets est-il déjà venu ? « Elle dressa sa tente en nous ». Quel lien peut-on établir avec Ex 40, 34-38 ? Repérez la répétition du pronom « nous ». De qui parle le narrateur ici ? Dans ce contexte, quel est le sens du mot « gloire » ? 8. v. 15 : Repérez les expressions « derrière moi », « devant moi », « avant moi » : comment Jean se situe-t-il devant Jésus ? Pourquoi ? 9. v. 16-17 : Dans quels versets sont déjà venus les mots : « grâce » et « vérité » ? À quoi s’opposent-ils ici ? Comment est nommée la « Parole » ici ? 10. v. 18 : Comment est nommé ici Jésus Christ du v. précédent ? L’expression « il l’a raconté » du v. 18 est le mot grec exêgêsato. Connaissez-vous un mot français qui vient de la même racine ?
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LE PROLOGUE 1, 1-18
Le prologue s’ouvre à la manière du premier récit de la création dans le livre de la Genèse : Au commencement… 1 Le narrateur remonte ici au principe même de l’acte créateur, à Dieu lui-même et il introduit le lecteur dans cette intimité divine. Comment exprimer dans des mots humains ce que la foi chrétienne fait pressentir du mystère de Dieu ? Le mot qui monte aux lèvres du narrateur est celui qui nourrit Israël depuis toujours : la Parole2. Le lecteur juif y verra spontanément la Parole de Dieu du Premier Testament ; le lecteur grec pensera au « Logos » stoïcien qui gouverne le monde. Le chrétien y verra peut-être déjà la personne de Jésus Christ dont l’hymne va bientôt parler, mais pas encore… Au début, le terme reste largement ouvert à plusieurs interprétations : progressivement, le lecteur va être conduit de plus en plus loin dans le mystère. Les paroles humaines ne révèlent jamais jusqu’au bout celui qui les prononce. Elles dévoilent tout en masquant. Elles durent seulement le temps d’un souffle ; aussitôt dites, elles s’évanouissent dans le silence. Tout autre est la Parole (v. 1-2). Depuis toujours, elle est auprès de Dieu dans une proximité si grande qu’elle peut être appelée Dieu, elle aussi3. Elle ne s’identifie cependant pas à lui ; elle reste différente, mais si proche qu’elle le manifeste dans une transparence totale. Elle ne passe pas, elle demeure dans le temps ; elle était, comme Dieu lui-même, éternellement.
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Ces deux premiers versets forment une unité littéraire grâce à la répétition, sous forme d’inclusion, de l’expression au commencement, renforcée par la répétition de auprès de Dieu. Le substantif grec ho Logos qui signifie en français « la Parole » est employé de façon absolue, seulement dans le prologue (v. 1-2 et 14). Pour cette raison, certains exégètes préfèrent ne pas le traduire et conservent le mot grec ; d’autres optent pour sa traduction latine verbum, « verbe », d’où le français « le Verbe ». Vu l’allusion à Gn 1, rythmée par l’expression « Dieu dit », nous choisissons de traduire « la Parole ». Cette traduction permet en outre de relier le prologue aux autres passages du récit où intervient le mot logos. Au v. 1b, Dieu est écrit avec l’article (ho Theos). Celui-ci disparaît en 1c, lorsque la Parole est appelée, elle aussi, « Dieu » (Theos). Elle diffère donc de Dieu. Elle est considérée ici sous son aspect fonctionnel, en lien avec la création, plus qu’avec la révélation (cf. J. Z UMSTEIN , L’évangile selon saint Jean (1–12), t. I, Labor et Fides, coll. Commentaire du Nouveau Testament, Genève, 2014, p. 69), bien qu’elle préexiste à l’univers créé.
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La source du prologue Selon la majorité des exégètes, ce prologue n’a pas été entièrement composé par l’auteur de l’Évangile. Le lecteur y trouve en effet des mots de vocabulaire qui ne se retrouveront plus dans son récit et ne viennent donc probablement pas de lui ; ainsi, « la Parole », prise de façon absolue ou les termes « grâce » et « plénitude ». Il s’agit probablement d’un hymne ancien qui était chanté par la communauté johannique lors des rassemblements communautaires. L’évangéliste le reproduit au début de son Évangile tout en lui imprimant sa marque personnelle. On y lit en effet aussi des thèmes et des expressions qui lui sont familiers : la vie, la vérité, la lumière, le témoignage de Jean, le Fils unique, la foi en son nom… Mais il est bien difficile de préciser avec certitude les passages qui remontent au poème primitif et ceux qu’il a rédigés lui-même. Il est cependant fort vraisemblable que les v. 6-8 et 15, concernant le témoignage de Jean, soient de sa main. (Voir X. L ÉON -D UFOUR , t. I, p. 41, note 7 ; J. Z UMSTEIN , t. I, p. 50-55.)
La création entière advint par elle dans l’imprévisible d’un événement contingent, en grand contraste avec le caractère éternel de la Parole (v. 3)4. Dieu aurait pu ne pas créer ; ce n’était pas nécessaire. Mais il a voulu « prendre la Parole » et susciter l’univers entier dans une décision totalement libre et gratuite. Il a suffi que Dieu « dise » et le monde fut dans son immense variété5. Depuis le firmament du ciel jusqu’aux humains sur la terre, tout le réel vient à l’existence grâce à la Parole6. Pour les humains, elle est la vie et la lumière (v. 4-5)7. Pas seulement la vie biologique, mais beaucoup plus largement, la vie dans toutes ses dimensions, physique, psychique, spirituelle… La vie en plénitude, « une vie heureuse, riche d’avenir et qui n’est plus soumise à la mort »8. Elle est aussi la lumière qui offre sens à l’existence ; elle désigne un chemin qui ne trompe pas, une voie de bonheur. Elle la propose à tous, comme un don à recevoir. Lumière dans les ténèbres. Celles-ci n’étaient 4 5 6 7 8
Ce verset 3 forme une nouvelle unité littéraire, marquée par l’inclusion « par elle » et « hors d’elle ». Cf. Gn 1. Le monde créé est donc foncièrement bon. Cf. Y. S IMOENS , « Le dualisme johannique. Une question » dans Nouvelle Revue Théologique (NRT), 137, 2015, p. 183. Les v. 4 et 5 peuvent être reliés l’un à l’autre grâce à la répétition des mots lumière et ténèbres. J. Z UMSTEIN , op. cit., t. I, p. 58.
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pas de toute éternité comme la Parole. Elles n’advinrent pas, comme la création. Aucun verbe ne précise leur origine ; elles sont simplement là. Elles jettent l’ombre de la mort sur les humains, mais elles ne disent pas le dernier mot de l’histoire, car elles n’ont pas saisi la lumière9. Elles ne l’ont pas comprise, ne l’ont pas reçue ; elles n’ont pas réussi non plus à s’emparer d’elle. Aujourd’hui encore, la lumière luit dans les ténèbres10 ; la « Parole » de l’Évangile brille pour le lecteur. Jean surgit dans l’hymne de façon aussi inattendue que l’acte créateur (v. 6-8)11. Il advint comme la création tout entière. Marquant une nouvelle intervention de Dieu dans l’histoire, il fut envoyé pour montrer, face aux ténèbres, où est la vraie lumière. Il vint non seulement pour son peuple, mais il témoigne, aujourd’hui encore, pour les lecteurs du récit. Il est en effet venu pour que tous puissent croire grâce à lui. Croire, tout simplement croire, sans aucune autre qualification, c’est-à-dire, en cet endroit du poème, recevoir la lumière en se référant au témoignage de Jean. Seule la Parole est la vraie lumière qui illumine tout homme (v. 9-11)12. Il est possible de vivre à la lueur de lumières artificielles ; elles semblent éclairer, donner sens à la vie, mais elles n’illuminent pas vraiment, mêlées de ténèbres, de mensonge, d’illusions. La lumière véritable elle, éclaire en venant dans le monde13. Elle prend l’initiative de venir 9
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En grec, comme en français, le verbe « saisir » (katalambanô) est ambivalent. Il signifie aussi bien : « saisir par l’intelligence », « recevoir » que « s’emparer de », « empêcher ». Les exégètes sont partagés entre ces deux traductions. À notre sens, elles ne s’excluent pas, comme le pense J. Z UMSTEIN , op. cit., t. I, p. 60. Deux interprétations ont été proposées : soit la lumière brille désigne la Parole, présente dans le monde depuis sa création (X. L ÉON -D UFOUR , Lecture de l’évangile selon saint Jean, t. I, Seuil, Paris, 1988, p. 98-99) ; soit la lumière signifie Jésus de Nazareth incarné dans l’histoire (J. Z UMSTEIN , op. cit., t. I, p. 59). À notre sens, le texte ouvre aux deux interprétations : le contexte de création des v. 3-4 fait penser à la Parole présente dans le monde et le refus de la lumière au v. 5 suggère la Parole faite chair. Ces versets 6-8 sont étroitement reliés par le verbe témoigner, répété deux fois, le substantif témoignage et la lumière qui revient trois fois. Les versets 9-11 peuvent être reliés grâce à une série de répétitions : venant (v. 9)… elle vint (v. 11). Le monde (v. 9 et 10). On relève aussi une similitude : ne la connut pas (v. 10)… ne l’accueillirent pas (v. 11). L’expression venant dans le monde peut être référée à la lumière ou à tout homme. Il est préférable de la comprendre de la lumière comme en 3, 19 et 12, 46 et dans les autres passages du récit qui font allusion à l’incarnation (6, 14 ; 9, 39 ; 10, 36 ; 11, 27 ; 16, 28 ; 18, 37). Cf. J. Z UMSTEIN , op. cit., t. I, p. 62, note 84.
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pour que chacun puisse la connaître. Chose étrange, car à proprement parler, une lumière ne vient pas. Elle s’allume, éclaire ou s’éteint… Mais ici, elle vint dans le monde comme une personne vivante. Elle en était déjà le secret intime, puisque le monde advint par elle. Elle n’a donc jamais cessé d’éclairer de l’intérieur les consciences. Présente dans tout désir de mener une vie authentique, elle sous-tendait les aspirations les plus vives de toutes14. Et cependant, lorsqu’à un moment précis de l’histoire, elle vint dans le monde qui lui appartient en propre15, les siens ne l’accueillirent pas. C’est le drame de l’humanité qui a préféré les ténèbres lorsque la lumière est entrée dans le cours du temps. Et cependant… Tous ne l’ont pas rejetée (v. 12-13)16. Certains l’ont reçue : ils l’ont accueillie personnellement ; désormais ils croient en son nom de façon durable. La Parole en effet, possède un nom qui la distingue parmi tous les autres, même s’il n’est pas encore prononcé. Ceux qui lui font confiance reçoivent en retour le pouvoir d’advenir comme enfants de Dieu. Advenir, comme la création elle-même advint. Il s’agit bien d’une nouvelle naissance, non plus de chair et de sang, mais de Dieu lui-même. Car personne n’est enfant de Dieu de par son origine familiale ; chacun le devient en croyant personnellement au nom de la Parole. L’acte du croyant qui se donne à la Parole rejoint celui de Dieu qui l’engendre comme son propre enfant. La foi transforme ainsi profondément l’identité de celui qui croit. Comme la création advint, comme Jean advint, ainsi la Parole advint chair (v. 14). Librement, gratuitement, elle a voulu entrer dans la condition de faiblesse humaine menacée par les ténèbres et la mort. Elle 14 L’interprétation des v. 9-10 est discutée : soit il s’agit de la Parole-lumière, avant sa venue dans la chair : elle était depuis toujours dans le monde (v. 10) (X. L ÉON D UFOUR , op. cit., t. I, p. 98.101). Soit, c’est déjà la personne de Jésus Christ qui, étant venu dans le monde (v. 9), était donc dans le monde (v. 10) (J. Z UMSTEIN , op. cit., t. I, p. 63). À notre sens, ces deux significations sont présentes. L’expression du v. 9 « en venant dans le monde » fait clairement allusion à Jésus Christ. Mais, au v. 10, l’imparfait « elle était dans le monde » opposé au passé « et le monde advint par elle » suggère qu’elle était depuis toujours dans le monde qui fut créé par elle, comme c’est le cas aux v. 3-4. 15 Vu le contexte, l’expression ses biens propres (v. 11), au neutre pluriel (ta idia), désigne plutôt le monde et non le peuple élu. Cf. J. Z UMSTEIN , op. cit., t. I, p. 63, note 87. Elle est reprise juste après au masculin : ses propres, « les siens », (hoi idioi). Y S IMOENS (« Le dualisme johannique », p. 183) commente : « Qui sont dès lors “les siens” ? Tous ceux, disciples inclus, qui n’étaient pas en mesure d’accueillir le Verbelumière sans un don spécial. Celui-ci survient dans le Christ, dans son propre mystère de mort et surtout de résurrection… » 16 Les versets 12-13 sont étroitement reliés par les expressions : ceux qui (v. 12)… eux qui (v. 13) et advenir enfants de Dieu (v. 12)… de Dieu furent engendrés (v. 13).
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s’est fait homme, dans son aspect de finitude et de fragilité, elle, la Parole qui était auprès de Dieu. Elle s’est rendue visible et palpable ; on a pu l’entendre et la toucher. Comme la gloire du Seigneur remplissait la tente de la rencontre durant l’Exode17, ainsi la Parole incarnée a dressé sa tente parmi nous. Elle a rassemblé tous ceux et celles qui croient en elle ; ils forment désormais le nous de la communauté chrétienne qui témoigne à son tour. Ils ont vu la gloire de Dieu lui-même dans la Parole devenue chair. Celle-ci est désormais l’unique lieu où Dieu vient à la rencontre des humains. La gloire de Dieu ! Dans le livre de l’Exode, elle était force et puissance. Moïse ne pouvait pas entrer dans la tente de la rencontre toute remplie de la gloire de Dieu ! Mais dans la Parole faite chair, elle devient la présence aimante du Père dans la relation à son Fils, l’unique engendré18. Dans la grâce et la vérité19, ils offrent leur union à tous ceux et celles qui croient au nom du Fils. Don inépuisable qui introduit dans la relation filiale avec le Père. Jean de nouveau le certifie (v. 15). Il s’est écrié jadis pour ses contemporains et il témoigne encore aujourd’hui20 : celui qu’il atteste est entré dans l’histoire des humains derrière lui, comme son disciple et cependant, il était avant lui, il lui préexistait. Voilà pourquoi, il est passé devant lui : Jean s’est mis à son école. Seul le Fils Unique est source de la grâce qui vient du Père (v. 16-17). Lui seul en effet est la plénitude de sa présence parmi les humains. Sans compter, il donne grâce contre grâce dans un échange de totale réciprocité. Le premier, il offre gratuitement la grâce qui vient de Dieu ; celui qui la reçoit suscite en échange une nouvelle communication de grâce. Ce mouvement d’accueil et de don en retour est sans fin. Il reproduit, au cœur de la communauté chrétienne, la relation qui existe depuis toujours entre le Père et le Fils. 17 Cf. Ex 40, 34-38 : « La nuée couvrit la tente de la rencontre et la gloire du Seigneur remplit la demeure. Moïse ne pouvait pas entrer dans la tente de la rencontre car la nuée y demeurait et la gloire du Seigneur remplissait la demeure. » 18 Tel est le sens littéral de l’expression grecque Monogenês au v. 14 et 18. 19 Selon J. Z UMSTEIN , op. cit., t. I, p. 66, la vérité est « la réalité divine comme fondement du monde et de l’histoire humaine ». Selon M. G OURGUES (op. cit., p. 135), elle est « la révélation définitive faite en Jésus Christ ». C’est la signification que nous privilégions Cf. I. DE LA P OTTERIE , La vérité dans saint Jean, P.I.B., coll. Analecta Biblica nos 73 et 74, Rome, 1977, p. 117-241. 20 Le jeu de langage entre le présent : Jean témoigne et le parfait : il s’est écrié, est significatif. En grec, le parfait désigne le résultat présent d’une action accomplie. Jean s’est écrié et son cri demeure encore aujourd’hui.
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Voici enfin prononcé, tout à la fin de l’hymne, le nom du Fils unique de Dieu : Jésus ! C’est le prénom humain de la Parole qui existe depuis toujours auprès du Père et qui est la lumière et la vie. Il est le Christ21, celui qu’avaient annoncé les prophètes, le roi parfaitement juste aux yeux de Dieu, l’espérance de tout son peuple. À tous ceux qui croient en lui, il communique la grâce et la vérité, bien différentes de la Loi qui fut donnée par Moïse. Celle-ci aussi fut donnée par Dieu, mais elle ne peut instaurer ce mouvement d’accueil et de don en retour qui nous advient par Jésus Christ. La loi indique où est le don. Elle révèle aussi les refus du don et en cela, elle est un reflet de la lumière. Mais elle ne communique pas la gratuité de l’amour à l’intime des consciences. Ce don de grâce advient par le Christ seul. À la fin de l’hymne, le narrateur revient en son commencement (v. 18). Dieu échappe à toute prise ; il est à jamais hors d’atteinte ; il est autre, tout Autre, personne ne l’a jamais vu. Les humains ne peuvent pas le connaître, sauf s’il prend l’initiative de se révéler à eux. Or il a pris la Parole en son Fils unique qui, depuis toujours, est tourné vers son sein. Vivant dans l’intimité avec lui, il le connaît et peut le révéler ; de fait, il l’a raconté durant sa vie, dans ses paroles et ses gestes d’homme. Littéralement parlant, il en a donné l’exégèse, il l’a interprété pour les lecteurs du récit. Tout l’Évangile qui suit raconte le Père pour celui qui accueille dans sa vie Jésus Christ, son Fils unique. En présentant cet hymne comme porche d’entrée de son récit, le narrateur manifeste clairement la visée qu’il poursuit. Il ne cherche pas, comme les auteurs des évangiles synoptiques, à introduire son lecteur dans un itinéraire de foi qui le conduit progressivement à la découverte du Christ, le Fils de Dieu. Il s’adresse d’emblée à un lecteur déjà croyant et il approfondit sa foi en lui montrant que Jésus est la Parole de Dieu devenue chair22. Il est la seule et unique lumière, il est la vraie vie. Grâce à lui tous les humains peuvent advenir « enfants de Dieu ». Mais avant de mettre son lecteur en présence du Fils lui-même, le narrateur le place devant Jean, le témoin qu’il a cité deux fois dans le prologue. Il le situe clairement à un moment de l’histoire, tout en actualisant son témoignage. Jean est aussi le témoin du Christ qui, dans le récit, vient à la rencontre du lecteur.
21 Christ est dérivé du grec et signifie « celui qui est oint ». Il traduit le mot hébreu mashiah, en français, Messie. 22 Il y a consensus aujourd’hui sur ce point. Cf. D. M ARGUERAT , Le Dieu des premiers chrétiens, Labor et Fides, Genève, 2011, p. 189.
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Le genre littéraire du prologue On pourrait dire du quatrième évangile qu’il est un prologue devenu récit. Le narrateur raconte, tout au long de l’Évangile, comment le prologue s’est réalisé dans l’histoire. Jésus a manifesté, par ses paroles et ses gestes, qu’il était bien la Parole incarnée et le Fils unique du Père, communiquant à la communauté croyante grâce en échange de grâce. Ceci ne veut pas dire que le prologue est un « résumé » de l’Évangile ; il n’aborde pas explicitement tous les thèmes qui s’y rencontrent, par exemple, le procès injuste de Jésus, sa mort sur la croix et son réveil d’entre les morts. Mais lorsque le lecteur abordera ces épisodes au cours de sa lecture, il se souviendra des images du prologue qui pouvaient y faire allusion : les ténèbres étaient présentes dans le monde, mais elles n’ont pu empêcher la lumière de briller. Les symboles de ce poème sont ouverts : le récit leur donne une consistance historique précise. Il est donc très délicat de préciser le genre littéraire du prologue. D’une part, il est une réflexion sur l’histoire qui sera racontée. Il en dévoile d’emblée « l’enjeu et la signification ». Mais d’autre part, le récit rejaillit sur lui et lui confère une coloration narrative : le narrateur évoque la Parole créatrice et la montre à l’œuvre dans l’histoire jusqu’à sa venue dans la chair. Et cependant, il ne procède pas de façon lisse et continue. En introduisant le témoignage de Jean dès le v. 6, il évoque déjà implicitement Jésus, tout en ne mentionnant son incarnation qu’au v. 14. Comment préciser cette finesse d’expression en une catégorie littéraire précise ? Le mieux est de suivre le texte pas à pas en respectant à la fois son caractère réflexif et son aspect narratif. C’est ce que tente le commentaire présenté ici. (Voir J. Z UMSTEIN , t. I, p. 49-50.)
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Ouverture Du témoignage de Jean aux premiers disciples de Jésus 1, 19-51 Cette première unité s’ouvre par deux témoignages de Jean et se conclut par l’engagement des premiers disciples à la suite de Jésus. Jean témoigne d’abord devant les autorités religieuses de Jérusalem (1, 1928) : il n’est ni le Messie, ni le prophète de la fin des temps. Jean montre ensuite Jésus en disant qui il est (1, 29-34) : voici l’agneau de Dieu qui prend sur lui le péché du monde. Sur ce témoignage, deux de ses disciples le quittent pour suivre Jésus ; ils sont les premiers d’une série de compagnons qui deviendront eux aussi ses disciples (1, 35-51). Cette première séquence vise à montrer l’immense différence entre Jean-Baptiste et Jésus. À terme, le lecteur ne peut plus les confondre : Jésus seul est la Parole faite chair, Jean est son témoin. Le prologue se réalise déjà dans le concret de l’histoire. Une petite expression, le lendemain, rythme la progression de la révélation du Fils.
Jean témoigne devant les prêtres et les lévites de Jérusalem 1, 19-28 19 Et voici le témoignage de Jean lorsque les Juifs de Jérusalem envoyèrent [vers lui] 23 des prêtres et des lévites pour l’interroger : « Toi, qui es-tu ? » 20 Et il confessa et il ne nia pas et il confessa : « Moi, je ne suis pas le Christ. » 21 Et ils l’interrogèrent : « Quoi donc ? Es-tu Élie ? » Et il dit : « Je ne suis pas. » « Es-tu le prophète ? » Et il répondit : « Non. »
23 Les mots entre crochets, dans la traduction, manquent dans certains manuscrits.
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En lecture partielle‌
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Bibliographie J.-N. ALETTI, « Le discours sur le pain de vie (Jean 6) », dans Recherches de science religieuse, avril-juin 1974, tome 62/2. Ph. BACQ et O. RIBADEAU-DUMAS, Puissance de la Parole, Luc un évangile en pastorale, Luc 4, 14-24, 53, t. II. Lumen Vitae, coll. Écriture en pastorale no 3, Bruxelles, 2012. M. BALMARY, « Les Lois de l’homme », dans Études, no 375, 1991. P. BEAUCHAMP, « Le signe des pains », dans Lumière et Vie, no 209, 1992. M.-E. BOISMARD, Approche du mystère trinitaire par le biais du IV e évangile, Cerf, coll. Lectio Divina, 143, Paris, 1990. J. CORBON et A. VANHOYE, « Connaître », dans Vocabulaire de théologie biblique, Cerf, Paris, 1962. I. DE LA POTTERIE, La Vérité dans saint Jean, Rome, coll. Analecta Biblica nos 73 et 74, P.I.B., 1977. F. GENUYT, « Ressusciter pour apprendre à vivre et à mourir, la résurrection de Lazare selon l’évangile de Jean (11, 1-44) », dans Lumière et Vie, XXV, no 179, novembre 1986. M. GOURGUES, En esprit et en vérité. Pistes d’exploration de l’Évangile de Jean, Médiaspaul, Paris, 2005. J. JEREMIAS, La Dernière Cène, les paroles de Jésus, Cerf, coll. Lectio Divina, 75, Paris, 1972. R. KIEFFER, Le monde symbolique de Jean, Cerf, coll. Lectio Divina, 137, Paris, 1989. G. LAFON, Le temps de croire. Jean 11, 11-46, Lumen Vitae, Coll. Connaître la Bible, no 37, Bruxelles, 2005. X. LÉON-DUFOUR, Lecture de l’Évangile selon saint Jean, 4 tomes, Seuil, Paris, 1988, 1990, 1993, 1996. Ch. L’ÉPLATTENIER, L’évangile de Jean, Labor et Fides, Genève, 1993. E. LIPINSKY, « Dédicace », dans Dictionnaire encyclopédique de la Bible, Brepols, Turnhout, 1987.
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Table des matières
PRÉFACE, Ignace BERTEN, o.p.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 LE PROLOGUE 1, 1-18. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 OUVERTURE. DU TÉMOIGNAGE DE JEAN AUX PREMIERS DISCIPLES DE JÉSUS 1, 19-51 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Jean témoigne devant les prêtres et les lévites de Jérusalem 1, 19-28 . . . 19 Jean témoigne pour le lecteur du récit 1, 29-34. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 De Jean à Jésus : les premiers disciples 1, 35-51. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
PREMIER ENSEMBLE. ENTRE LES DEUX SIGNES DE CANA, JÉSUS SE RÉVÈLE ; CERTAINS CROIENT EN LUI 2, 1 – 5, 47 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Premier moment. Le premier signe de Cana et l’avènement du nouveau Temple à Jérusalem 2, 1-22 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Les noces de Cana 2, 1-12. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Jésus chasse les vendeurs du Temple 2, 13-22 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Deuxième moment. Jésus se révèle à Nicodème, Jean professe sa foi 2, 23 – 3, 36. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 Jésus se révèle à Nicodème 2, 23 – 3, 21 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 Jean professe sa foi 3, 22-36 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Troisième moment. En Samarie, Jésus est reconnu comme le sauveur du monde 4, 1-42 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 Le dialogue entre Jésus et une Samaritaine 4, 1-42. . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Quatrième moment. Le deuxième signe : À Cana, Jésus donne la vie 4, 43-54 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 À Cana, la guérison du fils d’un officier royal 4, 43-54 . . . . . . . . . . . . . . 68
Cinquième moment. À Jérusalem… L’autorité du Fils. Jésus donne la vraie vie et jugera tous les hommes 5, 1-47 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 Jésus restaure un homme couché, un jour de sabbat 5, 1-18. . . . . . . . . . . 72 Le Fils œuvre au nom du Père et reçoit de lui l’autorité de juger 5, 19-30 . 78
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TABLE DES MATIÈRES Les témoins de Jésus 5, 31-40 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 Jésus accuse ses adversaires : ils sont jugés par les Écritures 5, 41-47 . . . 85
DEUXIÈME ENSEMBLE. EN GALILÉE : LE PAIN DE VIE 6, 1-71 . . . . . . . . . . . . . . 89 Premier moment. Jésus partage des pains et marche sur la mer 6, 1-21 . . 89 Le partage des pains 6, 1-15 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 Jésus se manifeste à ses disciples sur la mer 6, 16 -21 . . . . . . . . . . . . . . . 96
Deuxième moment. Jésus enseigne la foule : il est le pain de vie 6, 22-59 . 98 La foule cherche Jésus et le trouve 6, 22-25 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 L’œuvre de Dieu : croire en celui qu’il a envoyé 6, 26-29 . . . . . . . . . . . 100 Que fais-tu, toi, comme signe, pour que nous croyions ? 6, 30-34 . . . . . 101 Moi, je suis le pain de la vie 6, 35-40 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Personne ne peut venir à moi si le Père ne l’attire 6, 41-47 . . . . . . . . . . 106 Le pain que je donnerai est ma chair pour la vie du monde 6, 48-51 . . . 107 Manger sa chair, boire son sang 6, 52-59 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Troisième moment. Jésus interpelle ses disciples : la profession de foi de Pierre 6, 60-71 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 De nombreux disciples se retirent 6, 60-66 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 Au nom des Douze, Pierre professe la foi 6, 67-71. . . . . . . . . . . . . . . . . 114
TROISIÈME ENSEMBLE. À JÉRUSALEM : LES FÊTES DES TENTES ET DE LA DÉDICACE 7, 1 – 10, 42 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 Ouverture de la séquence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120 La liberté de Jésus vis-à-vis de ses frères 7, 1-9 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
Premier moment. La fête des Tentes 7, 10-53 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 Lors de la fête des Tentes, Jésus enseigne au Temple 7, 10-53 . . . . . . . 122
Deuxième moment. La femme adultère 8, 1-11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 Les pharisiens en appellent à la Loi de Moïse : Cette femme doit mourir 8, 1-11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132
Troisième moment. Jésus est la lumière du monde : il préexiste à Abraham 8, 12-59 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136 Moi, je suis la lumière du monde 8, 12-20 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136 Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, vous connaîtrez que je suis 8, 21-30. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 Nous sommes de la descendance d’Abraham 8, 30-38 . . . . . . . . . . . . . . 142 Si vous étiez enfants d’Abraham vous feriez les œuvres d’Abraham 8, 39-47 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144 Avant qu’Abraham n’advienne, moi je suis 8, 48-59 . . . . . . . . . . . . . . . 146
Quatrième moment. La guérison d’un aveugle de naissance 9, 1-41 . . . 150 Cinquième moment. Le bon pasteur 10, 1-21 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161 Le voleur et le vrai pasteur 10, 1-6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161 Je suis la porte des brebis… Je suis le bon pasteur 10, 7-21 . . . . . . . . . . 163
Sixième moment. Le Père est en moi, je suis dans le Père 10, 22-42 . . . 166
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TABLE DES MATIÈRES Moi et le Père nous sommes un 10, 22-31 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 Croyez… que le Père est en moi et moi dans le Père 10, 32-42 . . . . . . . 169
QUATRIÈME ENSEMBLE. LE RETOUR DE LAZARE À LA VIE, LA DÉCISION DE TUER JÉSUS ET L’ONCTION À BÉTHANIE 11, 1 – 12, 11 . . . . . . . . . . . . . . . .
. . 173
La réanimation de Lazare signe de sa résurrection 11, 1-46 . . . . . . . . . . 173 La décision de tuer Jésus 11, 47-54. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187 L’onction à Béthanie 11, 55 – 12, 11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
CINQUIÈME ENSEMBLE. L’ENTRÉE DE JÉSUS À JÉRUSALEM 12, 12-50. . . . . . . 193 L’entrée à Jérusalem 12, 12-19 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193 Quelques Grecs désirent voir Jésus 12, 20-50. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
SIXIÈME ENSEMBLE. LE LAVEMENT DES PIEDS ET UN COMMANDEMENT NOUVEAU 13, 1-20.34-35. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201 Le geste prophétique de Jésus 13, 1-5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201 Jésus, Pierre et Judas 13, 6-11 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203 L’enseignement de Jésus 13, 12-20. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205 Un commandement nouveau 13, 34-35. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 206
POSTFACE. HOMÉLIE DE L’EUCHARISTIE D’ACTION DE GRÂCE ET D’ADIEU, André FOSSION, s.j. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207 TABLE DES ENCADRÉS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211 BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213 TABLE DES MATIÈRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215
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Achevé d’imprimer le 25 janvier 2018 sur les presses de l’imprimerie Bietlot à 6060 Gilly (Belgique)
L’ouvrage consiste en une lecture continue de l’Évangile de Jean depuis le prologue jusqu’au chapitre 13. L’originalité de cette lecture est de présenter l’ensemble de l’évangile comme une mise en récit du prologue qui l’inaugure: en Jésus Christ, le Verbe de Dieu «advint chair et dressa sa tente parmi nous» (Jn 1, 14). Cette perspective, sans négliger les apports de l’exégèse historicocritique, conduit l’auteur à adopter une approche narrative du texte, abordé au plus près de sa lettre et traduit aussi précisément que possible. Pour chaque section de l’ouvrage, des questions adressées au lecteur font ressortir les enjeux du texte; elles l’aident à se l’approprier. Puis vient le commentaire qui met en évidence toutes les nuances du récit éclairées par de nombreuses notes. L’Évangile de Jean s’avère, à partir de cette lecture, théologiquement très élaboré. Rédigé dans des circonstances historiques données, l’Évangile de Jean présenté ici demeure éclairant pour qui le travaille dans le contexte actuel. L’auteur n’a pu achever sa lecture de tout l’Évangile. Au bout de ses forces, il s’est arrêté à l’épisode du lavement des pieds, réalisant ainsi, dans sa propre chair, cela même qu’il commentait: «Il les aima jusqu’à l’extrême». Philippe BACQ, jésuite, prêtre, est décédé le 21 novembre 2016 à l’âge de 78 ans. Dès 1975, il fut professeur au Centre International Lumen Vitae. Il en assura la direction de 1987 à 1992. Depuis cette année-là, atteint d’un cancer de la langue, il continua néanmoins avec passion son enseignement et ses nombreuses sessions de formation. Rattrapé par la maladie en 2015, il poursuivit jusqu’au bout ses travaux d’écriture.
Illustration: Mylène Auquière Maquette de couverture: Sabine Malfait Mise en page: Jean-Marie Schwartz ISBN 978-2-87324-582-5
9 782873 245825
lumen vitae