Nouvelles avancées en psychologie et pédagogie de la religion by Éditions jésuites

Jérôme Cottin Henri Derroitte

pédagogie catéchétique

ouvelles avancées en psychologie et pédagogie de la religion

lumen vitae

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Nouvelles avancées en psychologie et pédagogie de la religion

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Pédagogie catéchétique no 34

Sous la direction de Jérôme COTTIN et Henri DERROITTE

Nouvelles avancées en psychologie et pédagogie de la religion Publié avec le concours de l’Université de Strasbourg et de l’Université catholique de Louvain

lumen vitae

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Dernières parutions dans la même collection La catéchèse décloisonnée. Jalons pour un nouveau projet catéchétique, H. Derroitte - Préface de G. Adler La catéchèse de cheminement. Pédagogie pastorale pour mener la transition en paroisse, L. Aerens Mettre en scène la Parole. Théâtre biblique, R. Demaret La catéchèse de toute le communauté. Vers une catéchèse par tous, avec tous et pour tous, B. Huebsch (traduit de l’américain) - Préface d’H. Derroitte Catéchèse et initiation, H. Derroitte (Dir.) Sacrée catéchèse ! Quand tu déranges familles et paroisses, G. Routhier Catéchèse d’adultes : le pourquoi et le comment, J. E. Regan Les nouveaux catéchistes. Leur formation, leurs compétences, leur mission, H. Derroitte & D. Palmyre Langage symbolique et catéchèse communautaire, H. Derroitte et M. Queloz Trouver sa propre parole de foi, R. du Charlat La conversion missionnaire de la catéchèse, E. Biemmi et A. Fossion Dieu désirable. Proposition de la foi et initiation, A. Fossion La catéchèse narrative, E. Biemmi et A. Fossion (Dir.) Catéchèse protestante et enseignement religieux, J. Cottin & J.-M. Meyer (Dir.) Dimensions bibliques de la catéchèse, H. Derroitte (Dir.) La seconde annonce. La grâce de recommencer, E. Biemmi Catéchèse, communauté et seconde annonce, E. Biemmi & H. Derroitte (Dir.) Le langage et les langages en catéchèse, E. Biemmi (Dir.) Être catéchiste. Témoigner d’une expérience. Enquêtes auprès des catéchistes en Belgique (Vicariat de Bruxelles et du Brabant wallon) et en France (Diocèses de Nanterre et Créteil), C. Chevalier et J. Morlet L’enfant théologien. Godly Play : une pédagogie de l’imaginaire, R. Gossin © Éditions jésuites, 2018 Belgique : 7, rue Blondeau, 5000 Namur France : 14, rue d’Assas, 75006 Paris editionslv@editionsjesuites.com www.editionsjesuites.com Illustration de la couverture : © Tobias Eder, Homme 1/Homme 2 (Vainqueur/ Perdant), 2014. Sculptures imprimées en 3D. Elles furent exposées en décembre 2016 dans l’église du Gesù, à Rome. Maquette de couverture : Sabine Malfait Maquette intérieure : Ghislaine Moucharte Mise en page : Jean-Marie Schwartz Dépôt légal : D/2018/0026/02 ISBN : 978-2-87324-583-2 Imprimé en Belgique

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Introduction Accompagner l’apprenant, diversifier les méthodes, élargir l’horizon Jérôme COTTIN Cinq ans après l’organisation d’un premier colloque visant à faire l’état des lieux de la catéchèse et de l’enseignement religieux protestants dans les pays francophones d’Europe1, la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg en a organisé un second en janvier 2017, cette fois-ci en tandem avec la Faculté de théologie de l’Université catholique de Louvain en Belgique. Il s’agit maintenant – pour la pédagogie en contexte protestant tout du moins qui avait accumulé un sérieux retard dans la recherche – de ne plus se contenter d’un état des lieux, mais d’explorer de nouvelles pistes et de s’interroger sur les fondements méthodologiques et les pertinences des méthodes explorées et adoptées dans la pratique. Les deux champs de la psychologie et de la pédagogie, incontournables dans tout acte de transmission, ont d’emblée été retenus. La collaboration avec la Faculté de théologie de Louvain s’explique par plusieurs raisons : cette faculté est bien connue pour avoir une expérience forte dans la recherche en pédagogie religieuse, comme en témoigne le nombre de doctorants de cette faculté sur ces questions, ainsi que ses liens privilégiés avec Lumen Vitae (édition et revue) édités en Belgique. Par ailleurs, une perspective œcuménique constitue un enrichissement, car il est vrai qu’en matière de transmission des questions relatives à la foi, les deux confessions chrétiennes, catholique et protestante, sont confrontées aux mêmes défis en Europe : panne de la transmission, vieillissement des communautés et raréfaction de la jeunesse, complexification des situations, personnalisation de la foi, relativisme et agnosticisme religieux, sécularisation grandissante, attrait d’autres courants religieux, etc. Par ailleurs, une collaboration entre deux pays de 1

Jérôme COTTIN et Jean-Marc MEYER (Dir.), Catéchèse protestante et enseignement religieux. État des lieux et prospectives, Lumen Vitae, coll. Pédagogie catéchétique no 27, Bruxelles, 2013.

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l’Union européenne n’est pas sans intérêt, ce qui permet de sortir d’une perspective trop unilatérale, fortement influencée, dans l’hexagone (Alsace comprise) par le modèle de la « laïcité française ». Rajoutons que les deux confessions ont des focus différents en matière de transmission, qui peuvent utilement se compléter : tandis que le catholicisme a privilégié ces dernières décennies le modèle du catéchuménat des adultes (sans pour autant négliger la jeunesse, très représentée par le grand nombre d’établissements scolaires catholiques en Belgique comme en France), le protestantisme s’est de tout temps concentré sur la transmission aux jeunes – voire aux très jeunes – enfants. Enfin, l’objet de la transmission – la Bible et ses effets dans l’histoire – est le même pour tous. Pourquoi alors réfléchir séparément quand on a tout intérêt à le faire ensemble ? D’autant plus que – dernière similitude – la recherche de nos deux facultés repose sur la conviction commune que sur ces questions – comme pour toute recherche théologique – nous ne pouvons avancer qu’avec l’aide des autres disciplines des sciences humaines présentes dans l’Université. C’est ainsi que pour ce colloque, pédagogues, socioanthropologues, psychologues, acteurs de terrain ont été accueillis, comme autant de voix pouvant aider la théologie pratique – et plus spécialement la pédagogie et la catéchétique – à avancer, à remettre en question certains de ses présupposés, à expérimenter de nouveaux modèles. La transmission religieuse des textes, actes et événements fondateurs du christianisme s’est concentrée ces dernières années sur l’intégration communautaire (catéchèse de l’initiation, parcours mystagogique, catéchèse intergénérationnelle) ou au contraire sur l’objectivité des « faits religieux » dans une optique de transmission d’une culture religieuse, en dialogue avec des religions autres que le christianisme, voire avec les convictions éthiques et philosophiques. En catholicisme l’« initiation » est devenue le modèle de référence, au point de devenir une référence omniprésente, au risque de masquer d’autres problématiques. D’autres aspects liés à la transmission religieuse ont de ce fait été laissés de côté, en particulier ceux concernant la psychologie et la pédagogie. Dans ces deux domaines pourtant, des avancées majeures ont vu le jour, qui ont ou vont influencer les recherches dans ces deux domaines appliquées au champ religieux. En psychologie de la religion, des travaux se sont profilés sur la question du monde religieux de l’enfance et de l’adolescence, mais aussi sur la remise en question partielle des stades de la foi pour la période adulte. Se pose aussi la question de savoir s’il existe une psychologie et une pédagogie spécifiquement religieuses, ou s’il ne s’agit que d’un domaine particulier qui relève de questionnements communs à la psychologie et à la pédagogie en général.

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En pédagogie religieuse, les nouvelles méthodes d’exégèse de la Bible (narrative, rhétorique, figurative, iconographique) ont commencé à porter des fruits dans les questions de transmission. Mais une approche plus théorique faisant le lien entre la recherche elle-même et son application pédagogique se fait encore attendre. Toujours dans le domaine de la pédagogie, il serait bon de prendre la mesure de nouvelles approches de la Bible qui ne se présentent pas comme des méthodes de lecture, mais comme des méthodes pédagogiques, permettant un accès impliquant, voire performatif, aux sources scripturaires. On pense par exemple au Bibliologue ou à l’art du récit, mais ces méthodes sont loin d’être les seules. Elles reposent aussi sur ces présupposés autant théologiques que pédagogiques qu’il est utile d’éclaircir. Que ces deux domaines ne soient finalement pas si éloignés que cela et partagent de nombreuses problématiques, nos voisins allemands l’ont déjà souligné, comme en témoigne un ouvrage récent qui fait le point sur ces deux domaines qu’il considère inséparables l’un de l’autre2. Du reste, les travaux de psychologie font appel à la pédagogie et inversement, comme on le lira. Les sept premiers articles de ce volume concernent des questions autour de la psychologie de la religion même si, on le verra surtout avec les deux derniers articles, la pédagogie n’est jamais loin. Il appartenait à Pierre-Yves Brandt, dont les compétences en matière de psychologie de la religion sont internationalement reconnues3, de faire le point sur les travaux scientifiques récents concernant le développement religieux de l’enfant et de l’adolescent – et par extension – de l’adulte. Les modèles du développement religieux organisés en stades de la foi (James Fowler parle de stages of faith) ou stades du jugement religieux (Fritz Oser) font partie des classiques en psychologie de la religion. Ces modèles prétendent que les étapes du développement religieux s’étendent tout au long du parcours de vie. L’hypothèse de stades généraux du développement, notamment du développement religieux chez l’adulte, est difficilement défendable aujourd’hui. Toutefois, l’influence du développement cognitif sur le développement religieux de l’enfant jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte est avérée. Après avoir rappelé quelques acquis de travaux fondamentaux dans ce domaine, l’auteur passe en revue quelques études plus récentes, qui complètent ces acquis et les élargissent aussi à d’autres dimensions. En ce qui concerne les aspects cognitifs du 2 3

Gerhard BÜTTNER et Veit-Jakobus DIETERICH, Entwickungspsychologie in der Religionspädagogik, Vandenhoeck und Ruprecht, coll. UTB Theologie, Göttingen, 2013. Pierre-Yves BRANDT et James M. DAY (Dir.), Psychologie du développement religieux. Questions classiques et perspectives contemporaines, Labor et Fides, Genève, 2013.

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développement religieux, Brandt présente des analyses plus ciblées qui s’intéressent à l’évolution de la manière dont les enfants conçoivent la prière et leurs représentations de Dieu. Quant à l’élargissement à des aspects du développement autre que cognitif, notre auteur présente des travaux qui traitent de la place des émotions ainsi que du rôle des adultes dans le développement religieux des enfants et des adolescents. Il complète ces analyses par l’apport de travaux qui s’appuient sur la « théorie de l’attachement », en montrant comment l’attachement à une figure spirituelle peut constituer, à un moment de son développement, un moyen de faire face aux difficultés auxquelles est confronté l’enfant ou l’adolescent. Au fil de la présentation, le spécialiste lausannois de psychologie de la religion a cherché à montrer autant que possible comment ces différentes perspectives peuvent s’articuler entre elles. Nous allons au-delà de la seule francophonie avec la contribution de Friedrich Schweitzer, universitaire de Tübingen, bénéficiant d’une audience internationale importante4. L’auteur traite d’une double question : « Les enfants sont-ils naturellement religieux ? », et : « Le droit religieux de l’enfant ». À la première, il répond avec prudence qu’il faut privilégier une approche empirique, étayée par des études concrètes. On ne peut plus se contenter d’énoncés indifférenciés sur la base d’une anthropologie universelle qui aura toutes les chances d’être théorique et donc fausse. À la seconde, qui reprend un livre de l’auteur traduit en de nombreuses langues (mais non en français, hélas)5, l’auteur, sur la base d’étude de cas (dessins compris) – répond que ce sont les enfants eux-mêmes – sous nos latitudes tout au moins – qui posent des questions qui requièrent potentiellement des réponses religieuses. La conséquence est que toute institution éducative devrait pouvoir être équipée pour écouter ces questions et y répondre. Il est devenu classique, en psychologie de la religion comme en psychologie du développement, d’expliquer les étapes du développement cognitif de l’enfant et de l’adolescent à partir des recherches de Jean Piaget (1896-1980). Mais Piaget reste-t-il d’actualité ? En quoi sa psychologie cognitive est-elle encore pertinente ? Doit-elle être complétée, nuancée ou corrigée ? Telles sont les questions auxquelles Eva Commissaire, enseignante et chercheuse en psychologie, répond dans 4

Friedrich Schweitzer reçut un livre (Festschrift) à l’occasion de ses 60 ans, écrit par un collège international de cinquante-trois auteurs, ce qui témoigne du rayonnement de sa pensée : Thomas SCHLAG et Henrik SIMOJOKI (Dir.), Mensch – Religion – Bildung. Religionspädagogik in anthropologischen Spannungsfelden, Gütersloher Verlagshaus, Gütersloh, 2014. Friedrich SCHWEITZER, Das Recht des Kindes auf Religion, Gütersloher Verlagshaus, Gütersloh, 2013².

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un texte à la fois clair, documenté et précis. Elle rappelle d’abord les trois phases du développement intellectuel de l’enfant et de l’adolescent chez Piaget, à partir de la polarité assimilation-accommodation, complétée par des stades du développement moral. Elle explique ensuite les limites de cette explication par stades. Certes, d’autres que Piaget ont proposé des développements par stades, qui ont également leurs pertinences. Mais la notion même de stade, qui suppose une succession stricte dans le temps, est remise en question par la multiplicité des structures de pensée, leur coexistence et l’influence du contexte. Les travaux contemporains ont par ailleurs pointé deux insuffisances dans les travaux du psychologue suisse : en ce qui concerne la petite enfance (0-2 ans), les compétences cognitives ont été sous-évaluées. Le petit enfant n’est pas simplement dans une phase sensori-motrice, il possède déjà des compétences perceptives développées et des capacités de raisonnement. L’autre insuffisance concerne la période de l’adolescence, pour laquelle les capacités cognitives ont été, cette fois-ci, surestimées. Non seulement cette période s’étire jusqu’à un âge adulte avancé6, mais les recherches sur le cortex préfrontal invitent à plusieurs réévaluations. Certaines fonctions mnésiques chez l’adolescent (trois types de mémoire) évoluent lentement, tout comme d’autres fonctions cognitives comme la flexibilité et l’inhibition. La psychologie du développement s’oriente ainsi vers une approche multi-dimentionnelle, qui prend en compte deux autres aspects importants : les interactions entre la cognition et les émotions (trois types d’émotions propres à l’adolescent), tout comme l’importance de l’environnement social, mis en avant par les socio-constructivistes. Le rôle de l’adulte, de la famille, des pairs, dans les apprentissages, est mis en avant, à partir du concept d’étayage. Une autre psychologue, Véronique de Thuy-Croizé, reprend les différentes phases du développement de l’enfant et de l’adolescent, mais les aborde également à travers les questions de foi. Elle émet l’hypothèse que « la foi éprouvée de l’enfant et de l’adolescent a quelque chose à dire pour la foi de toute l’Église ». S’appuyant sur les travaux de l’anthropologue Georges Devereux, elle rappelle les trois dimensions qui nous constituent : l’universel, le particulier et le singulier. Pour le jeune, il s’agit aussi d’être conscient de l’importance de deux pôles entre lesquels il oscille constamment, le lien et la loi. Cela nous ouvre à la condition parentale, à la famille et au lien conjugal, visant à comprendre le jeune à l’intérieur d’une approche familiale systémique. L’auteure présente ensuite une démarche éprouvée dans le cadre de l’ISPC7 à Paris 6 7

La contribution de Thierry Goguel d’Allondans souligne aussi ce fait. Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique, du Theologicum de l’Institut Catholique de Paris.

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en 2013. À partir d’une grille d’analyse adaptée à la situation de l’adolescence, elle montre en quoi la rencontre avec l’adolescent change les manières de proposer la foi. Cela a abouti à la nécessité de remanier des parcours catéchétiques à partir de réalités auparavant négligées : le corps, la relation, le récit incarné, l’intériorité, l’objectivité des médiations de la foi, la formation. Au croisement de la psychologie sociale et de l’anthropologie, et à partir de ses expériences d’éducateur spécialisé, puis d’enseignant et de chercheur en Afrique et dans les quartiers sensibles de la périphérie strasbourgeoise, Thierry Goguel d’Allondans propose de comprendre l’adolescence à partir de ses rites de passage. Alors que Van Gennep formalise la structure d’un rite de passage à partir d’invariants anthropologiques, force est de constater qu’aujourd’hui dans l’hypermodernité, les rites de puberté sociale ont disparu et que le collectif s’est effacé devant le primat de l’individu. Nous assistons alors à la période de « l’adolescence interminable », mais qui renvoie à la capacité de notre société de créer un âge unique, rejetant aux extrêmes l’enfance et la vieillesse. Quant aux rites de passage, ils ont sans doute plus changé de nature que disparu ; les « conduites à risques » en feraient partie. Il appartient également à tous ceux qui sont en situation d’éducation de proposer des rites de passage modernes visant à accrocher les jeunes à risques et valoriser ceux qui sont en manque d’estime (de soi, des autres). On retrouverait alors, mais sous une autre forme, les invariants rituels de Van Gennep. Viennent ensuite, en une sorte de diptyque, deux interventions sur la Pédagogie catéchétique spécialisée (PCS), laquelle concerne les personnes en situation de handicap physique ou mental, un domaine longtemps ignoré dans la catéchèse et l’enseignement religieux. Philippe Leso nous fait part d’une recherche doctorale en cours sur la figure et l’activité de Jean Mesny (1925-2013), l’un des premiers théologiens à prendre en compte l’apport des sciences humaines pour travailler avec des personnes en situation de handicap. Prêtre du diocèse de Lyon, il eut une carrière internationale (surtout au Canada) et contribua à promouvoir et développer une catéchèse symbolique. Dans la suite du progressiste Joseph Colomb (1902-1979) qui eut les problèmes que l’on sait avec le Vatican (« l’affaire Colomb »8), il proposa une méthode catéchétique appelée « Vivre », où une place importante est proposée à la préparation du catéchiste9 lui-même, et qui est marquée par un double 8 9

Joël MOLINARIO, Joseph Colomb et l’affaire du Catéchisme progressif. Un tournant pour la catéchèse, Desclée de Brouwer, Paris, 2010. « Catéchiste » (utilisé en catholicisme) et « catéchète » (en protestantisme) sont équivalents.

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mouvement, descendant et ascendant, de la Parole. Il nous renseigne, pour finir, sur un programme du département de l’Éducation religieuse spécialisée du diocèse de Chicago, s’inspirant de la méthode mise au point par Jean Mesny. Talitha Cooreman-Guittin, qui a soutenu un doctorat sur ces mêmes questions, propose une réflexion en trois temps. Elle esquisse d’abord brièvement quelques théologies du handicap, en montrant l’avance qu’à prise la théologie anglophone sur ces questions10, en particulier sous l’influence du Disability Rights Movement aux États-Unis et à la théologie de Stanley Hauerwas. Elle analyse ensuite la parabole des talents (Mt 25, 14-30) à travers la perspective du handicap, montre les apories de trois interprétations classiques de cette parabole à partir de trois catéchismes utilisés ; elle y oppose une nouvelle piste d’interprétations, en proposant de comparer le talent de la parabole à la vulnérabilité. Elle esquisse pour finir de possibles passerelles permettant de tisser des liens entre ces deux domaines trop cloisonnés que sont les intuitions théologiques sur le handicap et la PCS. Nous passons ensuite, en une seconde partie, aux huit contributions portant plus spécifiquement sur les questions et méthodes pédagogiques. Il est toujours fécond de revenir aux sources. Aussi Christian Grappe nous propose-t-il, à travers une lecture attentive de certains passages néotestamentaires, d’étudier la pédagogie de Jésus et la pédagogie sur Jésus (ceux qui ont, les premiers, écrit sur lui). La méthode exégétique dite de « l’école des formes » (Formgeschichte) a montré que les discours de Jésus s’adaptaient à ses auditeurs et aux circonstances, ce qui constitue la base de tout enseignement pédagogique. Ces discours différenciés en fonction des objectifs et des publics ont été redoublés au niveau des rédacteurs des évangiles, quand il s’est agi d’écrire sur Jésus, en y ajoutant un novum fondamental qui est l’annonce du kérygme. Là encore, différentes formes littéraires ont été créées, ad intra et ad extra, pour rendre compte le mieux possible de la conviction fondamentale du christianisme naissant. Mieux encore, ces formes particulières s’adressent non seulement à des auditeurs différenciés, mais parlent aussi de ceux qui en parlent. L’exégète de Strasbourg poursuit en mettant en évidence les différentes stratégies à la fois pédagogiques et missionnaires (on ne séparait pas les deux) des quatre évangiles. Une autre manière de rendre compte de l’actualité pédagogique des récits bibliques est de privilégier la méthode narrative. Comme la 10 Nancy EIESLAND, The disabled God: toward a liberatory theology of disability, Abingdon Press, Nashville, 1994.

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méthode exégétique du même nom11, la narrativité biblique s’est fortement développée ces dernières années ; elle possède en soi des capacités catéchétiques et pédagogiques évidentes par son effet entraînant sur l’auditeur. En duo, Pierre Prigent et Élisabeth Parmentier nous font part de l’expérience strasbourgeoise de narrations bibliques. Pierre Prigent raconte d’abord comment il est passé de l’exégèse savante au récit biblique, touché qu’il fut par les paroles d’acteurs comme Raymond Gérôme et Pierre Fresnay lisant la Bible, tout simplement. Il découvre ensuite que le récit est, dans le christianisme ancien et dans la Bible ellemême, constitutif de l’acte même de confesser sa foi. Élisabeth Parmentier reprend le flambeau, et raconte ensuite vingt-deux années d’expérience d’un groupe de conteurs bibliques à Strasbourg, lequel a fondé les Cahiers de la Bible contée, qui parurent jusqu’en 2014. Elle en arrive à la conclusion que le cœur de l’expérience chrétienne n’est pas l’interprétation d’un texte, mais le travail du texte en nous. Elle termine par un exemple pratique, en racontant « Dieu de dos », une relecture narrative de l’événement de la croix, et en analysant les différents effets (autant psychologiques que théologiques) que ce récit a sur nous. On passe ensuite à des méthodes pédagogiques qui ne reposent plus, stricto sensu, sur une exégèse spécifique qui lui correspond. Parmi les nouvelles méthodes pédagogiques, celles qui font une place à l’image autre qu’illustrative sont à découvrir. Jérôme Cottin ne se contente pas de rappeler les vertus pédagogiques de l’image. Il montre que l’« image » désigne maintenant beaucoup plus qu’une traduction visuelle d’un texte ou d’un récit ; anthropologiquement située, elle désigne les émotions et les médiations symboliques. L’auteur propose une méthode de compréhension et d’analyse de ces nouvelles réalités d’images, à partir de notions empruntées à la sémiologie et à l’anthropologie visuelle. Il définit ensuite trois types d’images utilisables en catéchèse et en pédagogie religieuse : – l’image comme document, qui peut être étudiée comme une source d’information complémentaire au texte ; – l’image comme expérience, qui permet à l’auditeur de devenir spectateur, puis interprète, puis lui-même créateur d’images. En même temps que l’imaginaire de l’individu est sollicité, il est aussi amené à faire le détour par la « mémoire des images », immense réservoir d’images fabriquées au long des siècles, et souvent façonnées par le christianisme. Enfin l’image comme manifestation de l’Esprit pose la question de la spiritualité véhiculée par elles, et rend attentif à la proximité entre l’expérience d’une transcendance et celle d’une intuition créatrice, que ce soit du côté du créateur ou du regardeur. Nous poursuivons avec l’image – il s’agit cette fois de réalisations vidéo – avec la contribution de Geoffrey Legrand, professeur de religion 11 L’exégèse narrative, ou narratologie.

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en Belgique et doctorant à l’UCL. Il étudie comment les jeunes élèves peuvent devenir eux-mêmes acteurs et transmetteurs du savoir, et donne différents exemples d’expériences de terrain, où il s’agissait de fabriquer de courtes séquences vidéo mises sur Youtube12 ou utilisées ensuite dans le cadre de célébrations liturgiques rassemblant tout l’établissement scolaire. Il s’agit, avec ces vidéos, de recontextualiser le message chrétien pour qu’il parle aujourd’hui à partir du vécu et des expériences des élèves. L’auteur théorise ensuite ces essais, à partir de la démarche particulière de trois théologiens que sont Paul Tillich (théologie de la corrélation, même si la méthode de la corrélation tend à s’essouffler), Marc Dumas (théologie en l’expérience – et non « de » l’expérience) et Lieven Boeve (pédagogie de l’interruption). La contribution de Diane du Val d’Éprémesnil nous invite à quitter le monde occidental pour partir à la découverte de Discovery, un « outil d’investigation des valeurs ». Il a été mis au point en Inde par le pédagogue indien Jadav Manirao Sampath, à partir d’histoires à découvrir, visant à introduire aux valeurs humaines fondamentales et à initier un processus d’investigation de soi. Il s’agit d’apprendre à être mieux à l’écoute du monde, de l’école de la vie et de ce que celle-ci peut nous enseigner. Discovery s’appréhende à trois niveaux de questionnements, celui d’un apprentissage explicite d’abord, puis celui du partage d’expériences, enfin celui de la conceptualisation par le biais de l’introspection. L’intérêt de cet outil – qui devrait être prochainement disponible en français – est de pouvoir se repositionner en pédagogie religieuse, dans un monde pluraliste et une société ouverte. Il peut être prolongé théologiquement à partir du concept d’« apprentissage narthical » mis au point par le théologien Bert Roebben13, et pourra être particulièrement utile pour un enseignement religieux évoluant vers une découverte de la diversité des ressources morales et spirituelles permettant d’embrasser la vie dans toute sa complexité. Il s’agit aussi de pouvoir sortir du seul domaine informatif, pour emmener les élèves « dans un chemin de transformation de soi », en mettant en relation les trois domaines de l’action, du sentiment et de la pensée avec ceux des valeurs morales, des émotions et du raisonnement14. Nous revenons en Europe, mais c’est pour découvrir le Bibliologue avec Laurence Hahn, une méthode d’appropriation de la Bible qui nous vient des États-Unis (Peter Pitzele) et qui a été mise au point 12 Des références sont données pour aller voir certaines vidéos en ligne. 13 Bert ROEBBEN, Theology Made in Dignity. On the Precarius Role of Theology in Religious Education, Peeters, Louvain, 2016 ; id, « Repenser l’enseignement religieux comme pèlerinage. Pour un apprentissage religieux “narthical” », dans Lumen Vitae, vol. 63, 2008/1, p. 51-70. 14 Id., Seeking Sense in the City, LIT Verlag, Berlin/Münster, 2013.

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en Allemagne par Uta Pohl-Patalong, tous deux d’origine juive. Cette méthode, qui fait appel à la créativité de chacun, s’inspire du Midrash juif, lequel remplit les espaces vacants du texte biblique, en se situant entre le « feu noir » (le texte écrit) et le « feu blanc » (l’espace vide entre les mots et les lignes). Il y a bien une narration, mais ce sont les membres du groupe (enfants ou adultes) qui sont les narrateurs, ou plutôt qui complètent, actualisent, inventent une narration seconde qui suit la narration première d’un texte biblique. L’auteure, diplômée en Bibliologue et qui bénéficie d’une longue expérience d’animatrice dans ce domaine, explique les différentes règles à suivre permettant le déroulement d’un Bibliologue, tout en montrant en quoi il est nécessaire qu’une personne compétente et formée anime la séance, essentiellement sous la forme de reformulation orale des récits entendus. L’intérêt d’une telle méthode est qu’elle ne nécessite aucun matériel (le matériel de base, ce sont la Bible et les personnes présentes) et peut s’adapter à tous publics, jeunes et moins jeunes, dans et à la périphérie des Églises, en milieu scolaire ou extrascolaire, pour ceux qui connaissent bien la Bible comme pour ceux qui ne l’ont jamais ouverte. Dans un dernier article, Richard Gossin présente la méthode du Godly Play, venue elle aussi des États-Unis, et dont il a pu amplement rendre compte ailleurs15. Le Godly Play (que l’on peut traduire en français de différentes façons : « Jeu en Dieu », « Dieu en / Jeu », « Jeu de Dieu », « Jeu avec Dieu ») est une méthode pédagogique qui favorise le jeu et la créativité de l’enfant de 3 à 12 ans, sur la base d’une narration biblique, d’ateliers créatifs et d’un accompagnement spécifique (l’accueil, ainsi que le partage, sont des moments importants valorisés en tant que tels). Cette méthode qui utilise des figurines dans des bacs à sable a été inventée par le pédagogue américain Jerome Berryman, lequel a travaillé en Italie avec Sofia Cavaletti, dans une école fondée sur la pédagogie de Maria Montessori. Les principes base sont que l’enfant crée, l’adulte suit ; l’enfant (doué d’une « capacité spirituelle » naturelle) est autant pédagogue de l’adulte que l’inverse. Enfin, l’enfant est imaginatif et créatif, et c’est à partir du jeu et d’activités pratiques et plastiques qu’il va découvrir de manière plus active la présence de Dieu dans sa vie. Notre ouvrage ne prétend pas à l’exhaustivité en matière de méthodes d’animations et d’appropriations bibliques. Il y en a de nombreuses autres, certaines relèvent plus de l’animation à proprement dit, d’autres reposent sur un travail d’exégèse ou une étude littéraire du texte, d’autres encore font appel aux arts visuels, à la musique, au théâtre et au mime. Des fiches allemandes destinées à des pédagogues de religion 15 Richard GOSSIN, L’enfant théologien. Godly Play : une pédagogie de l’imaginaire, Lumen Vitae, coll. Pédagogie catéchétique no 33, Namur, 2016.

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recensent pas moins de soixante méthodes d’animations bibliques actuellement utilisées16. Henri Derroitte propose pour terminer une synthèse des différents travaux, mais qui est aussi un élargissement visant à baliser divers itinéraires possibles à emprunter pour la suite. Après avoir présenté différents modèles de théories de l’éducation faisant part aussi bien à la psychologie qu’à la pédagogie, qu’il s’agisse de « types » ou de « paradigmes », il en souligne les limites. Les contributions de ce volume montrent une mise en avant de nuances et de paradoxes que ne permet pas l’utilisation des modèles. Elles ont de surcroît ouvert les questions pédagogiques à l’interdisciplinarité, à la prise de risque, à l’impermanence des théories. Le théologien de Louvain suggère alors de penser la transmission sous forme de quatre « nœuds », paradoxes ou polarités, qu’il va développer. La polarisation « individuel-communauté », qui cherche à conjuguer l’individualisation des propositions chrétiennes et l’aventure communautaire sans laquelle le christianisme n’existerait tout simplement pas. À cela s’ajoute la polarisation « ouverture-identité » ; l’auteur rapporte qu’un christianisme « d’identité » (ou identitaire) résiste mieux à la panne de la transmission qu’un christianisme « d’ouverture ». Constatation troublante, si l’on sait que toutes les contributions de ce volume se situent clairement dans le second cas. Il envisage alors trois manières de réagir à ce constat. La troisième polarisation se situe dans la tension entre « expérience et contenus », et il l’aborde à partir d’un ouvrage modeste, mais interpellant et resté souvent inaperçu du pasteur Pascal Goeffroy17. Mais l’interrogation de l’auteur dépasse cette polarité quand il aborde une question presque taboue : que et comment transmettre quand il n’y a plus de public ? Il propose des éléments d’interprétation – et peut-être de réponse – à travers quelques balises historiques et actuelles en pédagogie religieuse. La dernière polarité « Intergénérationnel – par âges » rejoint les deux lieux de la transmission religieuse : l’école (par âge) et la communauté paroissiale (intergénérationnel). L’auteur reprend la question traitée en début de volume de la pertinence des différents âges de la vie/stades de la foi, et plaide, avec d’autres, pour un développement d’une catéchèse intergénérationnelle. Cela correspond du reste à l’ecclésiologie chrétienne, qui n’a jamais voulu séparer les générations (ni les milieux sociaux) : idéalement l’Église, bien que constituée d’individus les plus divers, est une communauté une et solidaire. 16 Alex WIEMER, Anke EDELBROCK, Ingrid KÄSS, Basiskartei Religionsdidaktik. Grundlagen – Unterrichtsplannung - Methoden (UTB), Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 2011. Les « méthodes d’animation biblique » concernent les fiches M 15 à M 71. 17 Pascal GEOFFROY, La fin de la catéchèse ?, Olivetan, Lyon, 2004.

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Sous la direction de Jérôme COTTIN et Jean-Marc MEYER

Catéchèse protestante et enseignement religieux État des lieux et prospectives Pédagogie catéchétique no 27

Pour la première fois, une réflexion collective est proposée sur les questions catéchétiques et pédagogiques dans le protestantisme européen francophone et dans l’enseignement religieux scolaire. Cette synthèse se déploie autour de quatre axes : - Une prise en compte des expériences de transmission autour du protestantisme de tradition luthérienne et réformée, dans les trois pays francophones d’Europe : la Belgique, la France et la Suisse. - Une attention spécifique aux deux types de pédagogie que sont la catéchèse d’Église et l’enseignement religieux scolaire là où il est dispensé. On sera attentif aux différences et complémentarités entre elles, ainsi qu’à leurs évolutions respectives. - Une mise en regard de ces perspectives catéchétiques et pédagogiques protestantes, avec des apports de spécialités extérieures que sont l’histoire, la philosophie, la sociologie ou encore la transmission analogue qui se fait dans le catholicisme. - Enfin, un recentrage sur des notions qui se sont petit à petit éloignées du champ de la théologie, ce qui implique aussi une réflexion sur le statut actuel de cette dernière, inconfortablement située entre les pratiques ecclésiales déclinantes et les enjeux scientifiques de la recherche universitaire. Cette réflexion veut être à la fois ciblée sur les questions religieuses et de foi, attentive aux fragilités des Églises, et ouverte à la complexité de la situation culturelle et religieuse contemporaine. Elle a pour ambition de redynamiser, par un éclairage le plus actuel possible, les questions de transmission et de pédagogie, qui ne sont pas séparables des contenus même de la transmission. Coéd. Lumen Vitae/Labor et Fides, Namur/Genève ISBN : 978-2-87324-452-1, 248 p., 22,00 € Diffusion en France par le Cerf, Paris ; en Suisse, par Labor et Fides, Genève ; au Canada, par Novalis, Montréal.

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Le développement religieux de l’enfant et de l’adolescent à la lumière des travaux récents Pierre-Yves BRANDT Introduction Les modèles du développement religieux organisés en stades de la foi (James Fowler parle de stages of faith) ou de stades du jugement religieux (Fritz Oser) prétendent que les étapes du développement religieux s’étendent tout au long du parcours de vie. La généralité de ces travaux, qui datent des années 1960 pour le premier et des années 1980 pour le second, a depuis lors été remise en question par diverses études. Reste cependant avérée, comme le postulaient ces modèles, l’influence du développement cognitif sur le développement religieux, tout spécialement de l’enfant jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte. Dans les pages qui suivent, nous allons commencer par rappeler comment ces modèles du développement religieux sont conçus, avant d’en faire la critique. Nous présenterons ensuite quelques courants de recherche plus récents qui nous paraissent les plus intéressants pour comprendre le développement religieux de l’enfant et de l’adolescent. Ce sera l’occasion de construire un tableau plus complet des facteurs qui contribuent à ce développement, incluant non seulement les aspects cognitifs, mais intégrant aussi les dimensions émotionnelle et psychosociale. Commençons donc par rappeler comment sont conçues les théories des stades du développement religieux.

Des stades du développement religieux : un modèle en question Les modèles du développement religieux organisés en stades font partie des classiques en psychologie de la religion. Sont associés à ces

En lecture partielleâ&#x20AC;Ś

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Table des matières Introduction. Accompagner l’apprenant, diversifier les méthodes, élargir l’horizon, Jérôme Cottin .................................5 Le développement religieux de l’enfant et de l’adolescent à la lumière des travaux récents, Pierre-Yves Brandt ......................17 Introduction ..................................................................................17 Des stades du développement religieux : un modèle en question 17 Développement religieux chez l’enfant : dominance des approches cognitives...............................................................20 Développement et prière ..............................................................25 La dimension émotionnelle et la théorie de l’attachement...........28 La dimension sociale et le rôle des adultes ..................................33 Prolongements à l’adolescence ....................................................35 Conclusion....................................................................................38 Le droit de l’enfant à la religion. Les enfants sont-ils naturellement religieux ?, Friedrich Schweitzer ........................41 À quoi bon poser la question de la nature de l’enfant ? ...............42 Le droit de l’enfant à la religion : un exemple pour illustrer une approche en théologie pratique ...............................................45 Encore une fois la question : les enfants sont-ils naturellement religieux ?................................................................................53 Psychologie de l’enfance et de l’adolescence. L’héritage de Piaget, Eva Commissaire .............................................................55 Développement cognitif et moral selon Jean Piaget ....................55 Limites des travaux piagétiens et perspectives contemporaines sur le développement de l’enfant et de l’adolescent ...............60 Conclusions ..................................................................................67

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Le développement affectif de l’enfant et de l’adolescent et les incidences sur la pédagogie religieuse, Véronique de Thuy-Croizé ............................................................71 Introduction ..................................................................................71 L’enfance......................................................................................74 L’adolescence...............................................................................76 Conclusion....................................................................................81 Les rites de passage. L’éducation spécialisée au risque de l’anthropologie, Thierry Goguel d’Allondans.............................83 Les rites de passage, un concept fécond.......................................83 Les rites de passage, des logiques d’humanité .............................84 Les rites de passage, une structure par oppositions......................86 Les rites de passage, entre tradition et modernité ........................86 L’appropriation du texte biblique dans la pédagogie catéchétique spécialisée. Sur les traces théologiques et pédagogiques de Jean Mesny, Philippe Leso.............................93 Une découverte actualisante de Jean Mesny ................................93 Que nous donne à penser Jean Mesny dans notre posture de théologien pratique ? ...............................................................96 Pour ne pas conclure sur la figure de Jean Mesny et son apport : une présence d’Esprit............................................................100 Théologies du handicap et catéchèse : des passerelles pour une catéchèse « capacitante » ?, Talitha Cooreman-Guittin............105 Introduction ................................................................................105 Les théologies du handicap ........................................................106 Lecture de la parabole des talents tenant compte de la perspective du handicap ....................................................................107 Utilisation de cette parabole dans quelques outils récents .........110 Conclusion : contre la tyrannie des talents .................................113 La pédagogie mise en œuvre par Jésus et les premiers chrétiens en fonction des publics et des contextes, Christian Grappe....117 Introduction ................................................................................117 L’apport de l’école de l’histoire des formes pour évaluer la pédagogie mise en œuvre par Jésus et par les premiers chrétiens ................................................................................119 La pédagogie adoptée par chacun des quatre évangiles canoniques122 Envoi ..........................................................................................129

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L’appropriation narrative de la Bible pour la catéchèse des adultes, Pierre Prigent et Élisabeth Parmentier........................131 « Voici comment je suis passé de l’exégèse au conte » : l’expérience de Pierre Prigent...............................................132 Le groupe de conteurs : vingt-deux années de récits bibliques et théologiques ......................................................................134 Raconter les histoires bibliques pour discerner Dieu .................136 Raconter quand il n’y a rien à voir ? ..........................................136 Le pouvoir de la narratrice .........................................................137 De passage en passage de Dieu, l’espérance naît de la mémoire .137 Traverser les obscurités du mal, du malheur et du doute ...........138 Au-delà du jugement, les possibilités de conversion .................139 La catégorie du « nouveau » : faire vivre de l’air de Pâques ......140 Récit : … Dieu de dos ................................................................141 Plus qu’une illustration et pas que pour les enfants : les multiples fonctions de l’image en catéchèse, Jérôme Cottin.145 De nouvelles réalités d’images...................................................146 L’image comme document.........................................................148 L’image comme témoignage......................................................150 L’image comme manifestation de l’Esprit Saint........................155 La pastorale scolaire belge. Proposer l’Évangile via la pédagogie de l’interruption, Geoffrey Legrand .......................161 Expériences du terrain................................................................162 Analyse des démarches pédagogiques .......................................164 Théorisation des pratiques..........................................................165 En guise de perspective ..............................................................168 Le rayonnement du projet « Discovery » de Jadav M. Sampath. Analyse critique et intérêt pour repositionner la pédagogie religieuse, Diane du Val d’Eprémesnil ......................................171 Une genèse indienne ..................................................................172 Un outil interactif .......................................................................173 Intérêt pour notre contexte .........................................................175 Intérêt pour repositionner la pédagogie religieuse .....................177 Contexte belge............................................................................178 Le Bibliologue : chacun a quelque chose à dire, Laurence Hahn ..181 Plaidoyer pour une réappropriation de la parole ........................182 Le Bibliologue, comment ça marche ? .......................................183 Le public.....................................................................................188 Le Bibliologue, d’où cela vient-il ? Quelles sources ? ...............189

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Godly Play : une pédagogie de l’imaginaire, Richard Gossin ......193 Les conditions d’une bonne mise en œuvre ...............................193 La mise en œuvre .......................................................................197 Les grands défis de la transmission en christianisme, Henri Derroitte ...........................................................................201 Introduction ................................................................................201 La polarisation « individuel – communautaire » ........................204 La polarisation « ouverture – identité » ......................................206 La polarisation « expérience – contenus »..................................209 La polarisation « intergénérationnel – par âges » .......................213 Conclusion..................................................................................215 Liste des auteurs.............................................................................219 Table des matières..........................................................................221

pédagogie catéchétique

ouvelles avancées en psychologie et pédagogie de la religion

La transmission religieuse s’est concentrée ces dernières années sur l’intégration communautaire (l’initiation) ou au contraire sur l’objectivité des « faits religieux ». De ce fait, certains aspects liés à la psychologie et à la pédagogie ont été laissés de côté. Dans ces deux domaines pourtant, des avancées majeures ont vu le jour.

En psychologie de la religion, des travaux se sont profilés sur la question du monde religieux de l’enfance et de l’adolescence, mais aussi sur la remise en question partielle des stades de la foi pour la période adulte.

En pédagogie religieuse, les nouvelles méthodes d’appropriation de la Bible (narrative, performative, visuelle, ludique) ont commencé à porter des fruits. Se pose aussi la question de l’articulation de ces deux disciplines dans l’enseignement religieux, que celui-ci se fasse sur une base confessionnelle ou culturelle. Jérôme COTTIN, professeur de théologie pratique à la Faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg, chargé d’inspection pour l’enseignement religieux protestant en Alsace-Moselle.

Henri DERROITTE, professeur à la Faculté de théologie de l’Université catholique de Louvain où il enseigne la théologie pratique, la théologie de la catéchèse, la missiologie et la pédagogie religieuse.

20 €

ISBN : 978-2-87324-583-2

9 782873 245832