lumen vitae
Donner du goût à nos liturgies
Jean-Marc ABELOOS, Jean-Luc LEPAGE, Patrick PRÉTOT Sous la direction d’Arnaud JOIN-LAMBERT
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Donner du goût à nos liturgies
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© Éditions jésuites, 2018 Belgique : 7, rue Blondeau, 5000 Namur France : 14, rue d’Assas, 75006 Paris info@editionsjesuites.com www.editionsjesuites.com Conception de couverture : Olivier Cravatte Illustration de couverture : Mylène Auquière Tous droits de traduction et de reproduction réservés pour tous les pays ISBN : 978-2-87324-595-5 Dépôt légal : D/2018/0026/12 Imprimé en Belgique
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Collection Trajectoires no 31 Jean-Marc ABELOOS, Jean-Luc LEPAGE, Patrick PRÉTOT sous la direction d’Arnaud JOIN-LAMBERT
Donner du goût à nos liturgies
Publié avec le soutien de la Commission interdiocésaine de pastorale liturgique belge francophone
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La collection Trajectoires Romans de Dieu, Dieu des romans n° 12 - J.-Fr. Grégoire Habiter et vivre son corps n° 13 - J.-P. Lebrun - N. Frogneux - É. Gaziaux - W. Lesch - Br. Cadoré Des rites et des hommes. Regards d’anthropologie et de théologie n° 14 - L. Voyé - R. Deliège - J. Cottin - A. Haquin Mystiques et politiques n° 15 - J. Leclercq - M. Bartoli - J.-P. Delville - M. Léna - A. Veilleux Le mal. Qu’en faire ? n° 16 - N. Jeammet - É. Gaziaux - A. Wénin - J. Reding Pèlerinage et espace religieux n° 17 - J.-P. Delville - A.H. Mahfoud - J. Scheuer - L. Voyé La foi chrétienne. Quelle transmission ? n° 19 - H. Carrère d’Encausse - H. Derroitte - B. Lobet - I. Saint-Martin Au cœur du monde. L’engagement du chrétien dans la société n° 20 - J.-M. Faux Habiter notre temps en chrétiens n° 21 - sous la direction d’A. Borras et de L. Bressan Le christianisme est-il misogyne ? n° 22 - J. Famerée - M.-É. Henneau - É. Parmentier - A. M. Reijnen Qu’arrive-t-il à l’Église aujourd’hui ? n° 23 - I. de Gaulmyn - P. Poucouta - P. Scolas - A. Veilleux Monothéisme et violence n° 24 - S. Bencheikh - W. Lesch - D. Meyer - P. Valadier Quand les religions doutent de la science n° 25 - B. Bourgine - D. Lambert - J.-M. Balhan - O. Perru - Fr. Euvé Paroles de foi et réalités éthiques : quelles voies et quelles voix ? n° 26 - É. Gaziaux - D. Jacquemin - C. Ehrwein Nihan - D. Greiner W. Lesch Dieu, un personnage de roman ? Littérature et théologie n° 27 - J. Famerée - B. Lobet - P. Kéchichian - G. Ringlet Quelle âme pour l’Europe ? n° 28 - J.-P. Delville - G.-Fr. Dumont - V. Dujardin - J. De Volder Le salut vient des femmes n° 29 - C. Lanoir - Chr. Pedotti - A.-M. Pelletier - A. Wénin Sédation, euthanasie. Éthique et spiritualité pour penser… n° 30 - J.-M. Abeloos, J.-L. Lepage, P. Prétot, sous la direction d’A. Join-Lambert
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À Paul De Clerck, maître, guide et témoin d’une liturgie bienfaisante
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Avant-propos La liturgie : une affaire de goût ?
Par Arnaud JOIN-LAMBERT
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Donner du goût à nos liturgies. Le titre de ce petit livre collectif résonne comme un objectif et un défi. C’est une question majeure et évidente pour la plupart des personnes engagées dans la préparation et la célébration des liturgies catholiques dans les pays d’ancienne « chrétienté ». C’est pourtant une manière radicalement nouvelle de penser et d’appréhender la liturgie. Pendant des siècles, la question n’était pas du tout celle d’apprécier ou non la messe du dimanche. Il fallait surtout et d’abord y venir pour accomplir son « devoir dominical ». Cet impératif catégorique – forgé dès le premier millénaire dans les conciles provinciaux et les synodes diocésains – s’installe définitivement dans la société médiévale avec la « civilisation paroissiale » et le rôle central du curé à partir du XIIe siècle. Les concessions faites au goût et à la sensibilité sont liées principalement au chant et à la musique, allant des cantiques populaires dans les campagnes à la musique instrumentale et au chant choral dans les liturgies des grands de ce monde. Ce sera ainsi encore après la Réforme protestante, les Réformés développant une nouveauté avec le psautier en langue vernaculaire. Les catholiques francophones voient se développer le chant 9
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populaire, notamment au XVIIe et XVIIIe siècles1, ce qui correspond à l’époque des missions paroissiales (saint Vincent de Paul, saint Jean Eudes, saint Louis-Marie Grignon de Montfort, etc., et leurs disciples). Mentionnons enfin le rôle particulier de l’orgue dans la dimension sensible des liturgies, ainsi que les liturgies spécifiques des rogations, des saluts du Saint Sacrement et des grandes fêtes (Noël, Fête-Dieu, Assomption). Malgré ces initiatives en faveur d’une saveur à goûter dans la liturgie, l’essentiel était que la messe soit célébrée exactement comme c’était demandé dans les rubriques, ainsi que l’on nomme ces instructions imprimées en rouge dans le Missel romain. Pour le texte à dire (en noir dans le Missel), il fallait s’en tenir à la lettre près et ne strictement rien y modifier. Le XIXe siècle est le sommet du rubricisme (suivre les rubriques à la lettre) catholique romain, s’achevant avec les réformes liturgiques de Saint-Pie X qui ouvrent une nouvelle ère. Dès le début du XX e siècle, certes petitement, ce pape utilise le mot « participation » : encouragement des chœurs mixtes et communion plus fréquente. Par le chant et la communion, ce sont directement les sens qui sont sollicités. Ces dimensions de participation et de corporéité seront une marque croissante du Mouvement liturgique jusqu’au concile Vatican II. Concernant la messe dominicale, le XX e siècle est traversé par un processus de désaffection, dans tous les pays où la pratique dominicale avoisinait les 100 %. Les historiens ont tenté de rendre compte et de comprendre ce phénomène. À la différence de quelques-uns réduisant les causes sur la décennie 1960, les historiens de la liturgie situent ceci dans un 1
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Ces chants n’ont pas eu la postérité de Mozart ou Palestrina. Et pourtant tous les thèmes spirituels et les saints étaient chantés, pour encadrer toutes les activités paroissiales. Voir un exemple parmi d’autres : Cantiques spirituels sur divers sujets de la doctrine et de la morale chrétienne, sur les plus beaux airs anciens et nouveaux notés pour en faciliter le chant, chez Ph. Nic. Lottin, Paris, 1732.
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temps long, dont les racines plongent dans le XIX e siècle, encadré par la fin du siècle des Lumières et la fin de la crise moderniste. En tout cas, le résultat est criant sous nos yeux. La participation à la messe dominicale en Europe de l’Ouest s’est réduite partout à moins de 10 % et parfois moins de 1 %. De nombreux baptisés catholiques ne ressentent pas la nécessité de se déplacer à l’église le dimanche, ni même de regarder la messe à la télévision ou sur Internet. Le verbe « ressentir » paraît ici le plus approprié. Car c’est bien de cela dont il s’agit dans toutes les enquêtes grand public et les réflexions des responsables pastoraux. La plupart de nos contemporains, y compris ceux et celles qui se disent catholiques, n’ont pas de motivation suffisante pour la messe dominicale régulière. Le diagnostic est alors sévère : ils et elles n’y trouvent rien justifiant le déplacement. Le subjectivisme régnant aujourd’hui et le « chacun son goût » ne suffisent pas pour rendre compte de cela. Ces liturgies n’ont pour eux pas assez de goût, voire aucun goût. Lucides sur ce constat douloureux – difficile à digérer pour les personnes elles-mêmes engagées dans les liturgies –, la Faculté de théologie de l’Université catholique de Louvain, les responsables de la formation continue dans les diocèses et vicariats francophones de Belgique et la Commission interdiocésaine de Pastorale liturgique de Belgique francophone ont voulu aborder de front le problème. Le 30 janvier 2018, cette journée suscita un engouement inégalé depuis vingt-quatre ans, puisque 400 personnes y participèrent. C’est au moins l’indice d’une conscience du problème largement partagée. Les trois conférences principales sont proposées dans ce volume. Le frère Patrick Prétot livre une ample réflexion sur la prise en considération progressive du goût dans la liturgie au Concile et dans les années qui suivirent. L’enjeu actuel est selon lui théologique par l’approfondissement de la dimension pascale et le recours à un véritable discernement en liturgie. Des clés
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pour ce qui demeure un vaste chantier sont ensuite posées par Arnaud Join-Lambert sur la place désormais nécessaire à faire à l’émotion dans les liturgies, et par l’abbé Jean-Marc Abeloos sur le rôle du prêtre présidant la liturgie, sa personnalité et sa manière de célébrer. Le volume se conclut par la relecture savoureuse de sa propre pratique par Jean-Luc Lepage, organiste de la basilique de Dinant. Nous ne proposons pas un livre de recettes, mais plutôt un apéritif destiné à tous ceux et celles qui aiment la liturgie. Puissent ces quelques réflexions et pistes encourager les personnes qui se nourrissent de l’eucharistie dominicale et tentent de la faire vivre auprès du plus grand nombre des baptisés. Et s’il fallait se convaincre encore qu’il s’agit bien d’une affaire de goût, laissons résonner encore et encore cet appel du Psaume 33 : « Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ! » Arnaud Join-Lambert 1er octobre 2018, e 50 anniversaire de la mort de Romano Guardini
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Heureux les invités : entrer en liturgie aujourd’hui À propos de l’expérience liturgique dans le monde contemporain
Par Patrick PRÉTOT
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Des défis en guise d’introduction En pastorale liturgique, nous sommes face à de grands chantiers parce qu’avec le troisième millénaire, nous sommes désormais loin du temps de la réforme liturgique de Vatican II. Seuls les plus de 60 ans en ont un souvenir plus ou moins clair. La plupart ignorent tout ce qui a été porté par le Mouvement liturgique dont l’origine belge est bien connue. Et pour beaucoup aujourd’hui, la liturgie de Vatican II ne paraît pas attirante parce que renouvelée, alors que c’était le cas par exemple dans les années septante. Mais elle serait peu désirable parce qu’elle manque de tonus et qu’elle semble décalée par rapport aux attentes nouvelles. Dans ces conditions, il ne faut pas s’étonner du faible taux de « pratique » de la messe dominicale. Se rencontrer entre pays européens, et spécialement entre francophones, est évidemment nécessaire alors que le chantier actuel concernant la traduction de la troisième édition typique du Missel romain met en lumière des enjeux qui sont communs aux pays de la francophonie mais que chaque pays aborde différemment, pour de multiples raisons qui tiennent notamment à 15
En lecture partielle‌
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Liste des auteurs Jean-Marc ABELOOS, prêtre de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles, curé de Court-Saint-Étienne, responsable de la pastorale liturgique et sacramentelle dans le vicariat du Brabant wallon. Arnaud JOIN-LAMBERT, professeur de liturgie et de théologie pratique à la Faculté de théologie de l’Université catholique de Louvain, en Belgique. Jean-Luc LEPAGE, chantre-organiste titulaire (collégiale de Dinant et paroisse Saint-Michel de Waulsort) et sousdirecteur à l’Académie de musique de Dinant. Patrick PRÉTOT, moine bénédictin de l’abbaye de La Pierre-qui-Vire, professeur de liturgie à l’Institut Catholique de Paris, ancien directeur de l’Institut Supérieur de Liturgie (Paris).
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Table des matières Avant-propos. La liturgie : une affaire de goût ?.............. 7 Par Arnaud Join-Lambert Heureux les invités : entrer en liturgie aujourd’hui. À propos de l’expérience liturgique dans le monde contemporain .................................................................... 13 Par Patrick Prétot Des défis en guise d’introduction ............................................15 Aller au cœur de la foi pascale ................................................19 La liturgie comme expérience de la miséricorde......................25 Pour un discernement en liturgie ..............................................29
Une liturgie désirable. Quatre clés pour un discernement pastoral .............................................................................. 35 Arnaud Join-Lambert Ancrer « l’expérience de foi » ..................................................39 Inculturer une « émotion liturgique »........................................43
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Passer de l’extraordinaire à l’ordinaire ....................................51 Œuvrer pour une liturgie désirable ..........................................53 Conclusion : une « émotion éduquée »......................................59
Qui dit la messe dimanche prochain ? Défis de la présidence aujourd’hui...................................................... 63 Jean-Marc Abeloos Le passage du prêtre « officiant » au prêtre « célébrant » ........67 Présidence pastorale et présidence liturgique ..........................70 Fonder la présidence sur une certaine autorité ........................72 Présider, c’est savoir communiquer..........................................73 Présider, c’est exercer un art avec justesse ..............................75 Présider avec sa personnalité....................................................77 Présider dans « l’Esprit de la liturgie » ....................................85
Libres propos d’un organiste ............................................ 87 Par Jean-Luc Lepage L’organiste commente et célèbre la liturgie, il la corrige et la colorie..........................................................................90 L’organiste célèbre....................................................................93 L’organiste corrige : « Mr. S.O.S. » ..........................................95 L’organiste colorie ....................................................................96
Liste des auteurs ................................................................ 97 Table des matières .............................................................. 99
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Achevé d’imprimer le 1er octobre 2018 sur les presses de l’imprimerie Nevelland, Belgique.
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Jean-Marc ABELOOS Prêtre, responsable de la pastorale liturgique dans le vicariat du Brabant wallon, archidiocèse de Malines-Bruxelles.
Arnaud JOIN-LAMBERT Professeur à la FacultÊ de thÊologie de l’UniversitÊ catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve.
Jean-Luc LEPAGE
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Donner du goĂťt Ă nos liturgies
Donner du goĂťt Ă nos liturgies
Comment dynamiser les liturgies paroissiales ? Comment y faire place aux jeunes adultes et autres absents des dimanches habituels ? En fin de compte, qu’est-ce qui donne goÝt aux liturgies ? Le concile Vatican II propose comme piste principale la rencontre du Christ :  Pour l’accomplissement d’une si grande œuvre, le Christ est toujours là auprès de son Église, surtout dans les actions liturgiques.  Comment, à travers les rites liturgiques, manifester cette prÊsence du Christ au cœur de son peuple ? Comment le ministre qui prÊside peut-il y contribuer ? Quelle est la responsabilitÊ de l’assemblÊe, appelÊe à  une participation pleine, consciente et active aux cÊlÊbrations liturgiques , comme le dit encore le Concile ? Autant de questions qu’on peut croiser avec des dÊfis plus contemporains : Comment faire place aux diffÊrentes gÊnÊrations et aux diffÊrentes cultures dans nos assemblÊes ?
Chantre-organiste titulaire Ă la collĂŠgiale de Dinant et Ă la paroisse Saint-Michel de Waulsort.
Patrick PRÉTOT Moine bÊnÊdictin de l’abbaye de La-Pierre-qui-Vire, professeur de liturgie à l’Institut Catholique de Paris. 16 ₏
9 782873 245955
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