Science et foi ne font pas toujours mauvais ménage. Au contraire. Les grands noms de la science ont souvent été des croyants. Toutefois, la science, aux yeux de beaucoup, continue à être un argument contre la religion. Comment donc articuler ces deux démarches dans le respect de la raison qui n’est le monopole ni de l’une ni de l’autre ? Aujourd’hui, cependant, une autre problématique apparaît, plus urgente, que la question religieuse. Que devient l’humanisme au vu de l’évolution des sciences et de la technique ? Déjà, on parle d’une « humanité 2.0 ». On a l’habitude d’opposer Dieu à la science, mais cette dernière pose autant de questions sur l’homme, son statut, sur sa dignité. C’est le domaine de l’éthique. Le christianisme peut apporter une vision de l’homme — un sens et des valeurs — sans laquelle les technosciences sont aveugles. Mais sans la science, on ne peut avoir prise sur le monde. Science et foi doivent se donner la main pour que l’avenir soit digne de l’homme, cet être assoiffé à la fois de connaissances et d’amour.
Le père Charles Delhez, jésuite, sociologue de formation, est aumônier de l’Université de Namur où il enseigne les Sciences religieuses aux futurs médecins et économistes. Durant une vingtaine d’années, il fut rédacteur en chef du journal Dimanche et prédicateur aux messes télévisées de France 2 et de la RTBF. Ses livres sont traduits en différentes langues, dont l’italien, l’espagnol, le coréen, l’arabe, l’allemand. Il est directeur éditorial des éditions Fidélité. Avec les contributions d’André Füzfa et de Jean-Bernard Baudin.
ISBN 978-2-87356-606-7 Prix TTC : 14,95 €
9 782873 566067
Charles Delhez
Science, éthique et christianisme
Quel homme pour demain?
Quel homme pour demain?
Photos de couverture : laboratoire de sciences : © Charles Delhez ; galaxie spirale NGC 4414 : PD-USGOV-NASA ; Pierre Teilhard de Chardin, scientifique et jésuite : © inconnu ; ASIMO, robot humanoïde conçu par Honda.
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Charles Delhez
Quel homme
pour demain?
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Charles Delhez, s.j.
quel homme pour Demain ? Science, ĂŠthique et christianisme
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Imprimi potest : pierre Sauvage, s.j., namur, le 26 janvier 2015.
© 2015, Éditions jésuites Belgique : 7, rue Blondeau • 5000 namur France : 14, rue d’assas • 75006 paris info@editionsjesuites.com • www.editionsjesuites.com iSBn : 978-2-87356-606-7 Dépôt légal : D.2015, 4323.08 maquette et mise en page : Jean-marie Schwartz imprimé en Belgique
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À mes étudiants de premier baccalauréat en médecine et en sciences pharmaceutiques et de deuxième baccalauréat en sciences biomédicales de l’Université de Namur, année académique 2014-2015.
La science est moralement neutre, elle est au service de la sagesse des hommes comme au service de leur folie. Demain comme aujourd’hui comme hier, elle court le risque d’être dévoyée, détournée au profit de la tyrannie, de l’avidité ou de l’archaïsme 1. Amin Maalouf
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Bibliographie sélective de Charles Delhez, s.j. - Au jardin de Dieu, paris, Cerf, 1983. - Ce Dieu inutile, Eloge de la gratuité, namur, Fidélité, et Bruxelles, lumen Vitae, 1988. - Une vie au souffle de l’Esprit, namur, Fidélité, et Bruxelles, racine, entretiens avec le p. philippe Verhaegen, 1995. - Il est une foi. Valeurs et croyances des Belges, avec rudolf rezsohazy, namur, Fidélité, et Bruxelles, racine, 1996. - Ces questions sur la foi que tout le monde se pose, paris, Cerf, etb Bruxelles, racine, 1997. - « Dites : Notre Père… », Bruxelles, racine, et namur, Fidélité, 1998. - Les derniers des Mohicans ? Les catholiques en Belgique, Bruxelles, labor, 1998. - Mal, où est ta victoire ? paris, mame, 1999. - Nouvelles questions sur la foi, paris, Cerf, Bruxelles, racine, et namur, Fidélité, 2001. - Apprendre à lire la Bible, avec Jean radermakers, s.j., namur, Fidélité, 2007 (2e édition 2008). - Sous le ciel étoilé. Contes et paraboles (illustrés par Fleur nabert), namur, Fidélité, 2009. - Le sexe et le goupillon. Regards croisés d’un prêtre et d’un sexologue, avec armand lequeux, namur, Fidélité, 2010. - L’essentiel du christianisme, namur, Fidélité, 2011 (2e édition 2012). - Le Grand ABC de la foi, paris, mame, et namur, Fidélité, 2013.
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Pour les enfants et les jeunes : - Dieu existe-t-il ? et 101 autres questions, namur, Fidélité, et paris, Fleurus. nouvelle édition 2014 (nouvelle maquette). - Tu peux changer le monde (pour les 14–18 ans), namur, Fidélité, 2006 - Jésus, qui est-il ? Namur, Fidélité, et paris, mame, 2007. - Tu peux croire à l’amour (pour les 14–18 ans), namur, Fidélité, 2008 - La prière, c’est facile, namur, Fidélité, et paris, mame, 2008.
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introduction
une nouvelle problématique
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ue l’on se détrompe, science et foi ne font pas toujours mauvais ménage. au contraire. les grands noms de la science ont souvent été des croyants. il suffit de citer Copernic, mendel, Teilhard de Chardin, Georges lemaître, tous les quatre prêtres. Galilée, malgré ses démêlés avec l’inquisition, est resté croyant, newton était féru de théologie. Soit, dira-t-on, mais à l’époque, Dieu était une évidence. il faudrait alors se poser la question du pourquoi de sa disparition aujourd’hui. mais tel n’est pas le sujet. Ces pages cherchent à savoir comment faire coexister — mais sans doute, n’est-ce pas le bon mot — ces deux démarches à tout le moins bien différentes.
Une autonomie progressive
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l’affaire Galilée (1633) est comme la parabole de l’opposition entre l’Église catholique* et ce qui deviendra la science moderne. Ce conflit fut pourtant plutôt de l’ordre de l’exception. au fil des siècles, en effet, des croyants et même des prêtres ont été de grands savants, ainsi les jésuites qui, du temps de Galilée, étaient parmi les plus audacieux et les meilleurs astronomes (voir p. 33). À l’époque, d’ailleurs, la plupart des expériences astronomiques se déroulaient dans les églises. il est sans doute plus juste de dire qu’en ce temps* l’opposition à la science ne fut pas le fait des seuls catholiques. luther traita Copernic de fou, et Calvin, de monstrueux ceux qui affirmaient que le Soleil ne bouge pas et que c’est la Terre qui tourne, faisant allusion à Copernic. 5
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là, la science, au sens moderne du terme, était seulement en train de naître, de manière douloureuse certes. elle allait apprendre aux hommes que la réalité n’est pas toujours ce que l’on croit voir et qu’une bonne partie nous en est tout simplement cachée. qui a déjà vu un atome ? et, tant qu’on ne l’a pas appris, qui pourrait dire que la Terre tourne autour du Soleil alors que l’inverse est obvie ? au xviie siècle, on était donc occupé à inventer la science. il fallut pour cela se distancier d’aristote, la bible profane, le dogme philosophique d’alors. le penseur grec se contentait de décrire et de classer. Galilée fut le premier à donner une expression mathématique à ce qu’il observait — « Le grand livre de la nature est écrit dans un langage mathématique », disait-il — et à établir des lois régissant la nature. la science naissante dut dès lors trouver sa place dans la culture. Jusqu’alors, on s’en passait bien, la religion suffisait. Ce fut une révolution culturelle. l’explication religieuse a en effet été la première réponse de l’homme aux questions existentielles qu’il se posait. l’apparition progressive de la science a donné de nouvelles réponses, obligeant les précédentes à se reformuler, sans disparaître pour autant. Galilée fut un devancier et le procès qu’on lui a intenté ne l’a pas rendu incroyant pour autant. il fut d’ailleurs soutenu par l’évêque de Genève, saint François de Sales, et pas par lui seulement. le cardinal Bellarmin, qui a jugé l’affaire, avait lui-même déclaré que le jour où il y aurait une preuve de l’orbitation terrestre autour du Soleil, il faudrait revoir la manière d’interpréter le texte biblique. il situait donc la question dans le registre scientifique. par ailleurs, à cette époque, le texte sacré était interprété autrement qu’aujourd’hui, car la notion de « genres littéraires », qui permet de lire les récits bibliques de la création de manière symbolique, n’était pas encore acquise. Darwin, trois siècles plus tard, n’aura pas besoin de l’Église catholique pour recevoir quantité de quolibets à la une des journaux d’alors. Cela dit, ce n’est sans doute pas un hasard si la science expérimentale est née en italie, dans un contexte chrétien. les premières pages de la Bible, en effet, ont désacralisé le cosmos. le texte sacré présente les astres non plus comme des divinités intangibles, mais des créatures de Dieu au même titre que la Terre dont il confiait la responsabilité à l’homme, la plus éminente de ses créatures. Tout peut dès lors devenir objet de science. 6
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En dialogue il aura cependant fallu du temps à l’institution Église, reflet de la culture de son époque, pour reconnaître la totale autonomie de la science. Ce n’est qu’au xxe siècle que les relations seront clarifiées. un Teilhard de Chardin, jésuite français, y a amplement travaillé, et dans le silence, ses supérieurs lui ayant demandé de ne rien publier pour éviter une condamnation du Vatican. on pourrait aussi citer le prêtre belge Georges lemaître, le « père du big bang », qui demanda clairement au pape qu’il ne fasse pas de cette théorie une confirmation du récit biblique. C’est ce que craignait pourtant einstein qui professait alors l’éternité d’un univers statique. Dans un premier temps, il refusa la thèse du professeur de louvain, lui reprochant d’être inspirée par le dogme chrétien de la création. Dans un texte inédit de 1931, le chanoine lemaître fut cependant très clair : « Je pense que quiconque croit à un Être suprême soutenant chaque être et chaque acte, croit aussi que Dieu est essentiellement caché, et peut se réjouir de voir comment la physique actuelle fournit un voile cachant la création 2. » pour qui est un peu au courant, la guerre entre science et foi appartient maintenant au passé. pie iX reconnut l’inexistence de toute opposition, affirmant que l’Église n’interdirait aucune discipline de la culture à la condition unique que chacune d’entre elles occupe son domaine propre et se serve de méthodes adéquates à son champ d’action, sans troubler le domaine de la foi. un siècle plus tard, Jean-paul ii réaffirmait cette position en prônant l’autonomie respective de la science et de la foi. l’homme, en tant que croyant, se réjouit de la vie et du monde, et en rend grâce à Dieu. En tant que scientifique, il prend le temps de déballer ce qu’il considère comme un cadeau, il s’émerveille de ce qu’il y a dans la boîte, aime expliquer Dominique lambert. De plus, la foi lui permet de croire que les problèmes posés par la science peuvent être résolus, puisque le monde n’est pas absurde. la science permet d’émonder la foi qui, laissée à elle-même, risquerait, par ses représentations, de se dégrader en croyances fondamentalistes. il s’agit en effet d’évacuer ce qui n’appartient pas à la foi, mais plutôt à la culture qui l’a véhiculée. la foi, quant à elle, protégera les sciences dites exactes de la tentation de réduire l’homme à un paquet de molécules, à un 7
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robot. en effet, il ne peut jamais être un moyen. il est une fin en soi, ce que la croyance en Dieu justifie de manière absolue. la démarche scientifique n’est cependant pas exempte de sens. Trouver de l’ordre là où on aurait pu s’attendre à du chaos l’indique et invite à poursuivre la quête : le sens partiel permet de supposer une plénitude de sens. inversement, si l’on postule l’absence de sens, si l’on est face à l’incohérence la plus totale, pourquoi donc rechercher des lois qui structurent le monde ? Faire du hasard absolu une règle (car la science refuse par méthode toute cause transcendante), c’est déjà sortir de l’absurde puisqu’on accepte que ce hasard régule la science et lui offre une réelle fécondité. il a d’ailleurs sa propre rationalité : il existe des lois statistiques. hélas, le dialogue entre science et foi est souvent entravé par la vision caduque que les scientifiques ont de la théologie qui, tout comme la science, évolue. il faut veiller à ne pas comparer des croyances dépassées avec l’état actuel des connaissances scientifiques, et inversement. Toutes deux sont en effet en constante évolution. D’aucuns tombent aussi dans un simplisme outrancier, un « degré 0 de la réflexion » (Étienne Klein), une « totale absence de conscience des limites du discours scientifique » (michel Blay). on pourrait citer des noms. ils ne conçoivent pas que la croyance en Dieu puisse être un choix rationnel et réduisent souvent la religion au discours des fondamentalistes ou à une théologie datée qui, effectivement, prêtent aisément le flanc à la critique scientifique. La métaphore du Lotus La science cherche la vérité, et les spiritualités aussi. Leurs méthodes et leurs chemins sont différents. Mais la vérité est une, et toujours la même. […] Les deux sont sans fin, et veulent toujours aller plus loin. Dans tous les cas, il s’agit de partir en quête d’une forme de transcendance, et de chercher à devenir plus que ce que nous sommes. En Inde, de nombreux textes se réfèrent à la métaphore du lotus. Cette plante pousse dans la boue. Une tige émerge de la boue, et de la tige une fleur. Souvent nous sommes dans la boue, parfois nous sommes dans la tige. Il faut parier que la fleur existe 3. Sudhair Kakar, anthropologue indien
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Nouvelles questions aujourd’hui, cependant, une autre problématique apparaît, plus urgente que la question religieuse. que devient l’humanisme au vu de l’évolution des sciences et de la technique ? Tel est le dossier qui occupera les décennies à venir. Déjà, on parle d’une « humanité 2.0 ». on avait l’habitude d’opposer Dieu à la science, mais cette dernière pose autant de questions sur l’homme, sur son statut, sur sa dignité. un autre domaine, aux frontières de la science, est celui de l’écologie. Selon l’étymologie grecque oikos, il s’agit de la maison des hommes dans laquelle ils doivent pouvoir continuer à vivre dignement. nous sommes en effet passés au stade de l’exploitation de la nature, ce qui risque bien d’en compromettre le puissant et génial équilibre. Saurons-nous, dirait michel Serres, « maîtriser notre maîtrise 4 » ? le progrès est comme une bête sauvage : si on ne l’apprivoise pas, il vous dévore. « La science peut rencontrer la main de Dieu ou la queue du diable », dit hubert Curien. avec William Carlos Williams (1883–1963), on peut s’interroger : « L’homme a survécu jusqu’ici parce qu’il était trop ignorant pour pouvoir réaliser ses désirs. Maintenant qu’il peut les réaliser, il doit les changer ou périr. » il ne s’agit pas d’une opposition à la science ou à la technique, mais de prudence au bénéfice de l’homme. il y a du bon dans tous ces progrès, des promesses, mais aussi des impasses. que fera-t-on, en effet, de ces avancées ? monique atlan et roger-pol Droit se contentent d’observer, dans leur livre Humain, qui m’a beaucoup inspiré, que « la responsabilité humaine face à la puissance technique actuelle n’est pas abordée de la même manière selon qu’on considère que le ciel est vide ou qu’il ne l’est pas 5 ». il est donc urgent que religions et sciences se rencontrent dans le questionnement éthique et se parlent. les premières peuvent en effet apporter une vision de l’homme — un sens et des valeurs, pourrait-on dire — sans laquelle les secondes sont aveugles. mais sans la science, les religions ne peuvent avoir prise sur le monde. Toutes deux doivent se donner la main pour que l’avenir soit digne de cet être assoiffé à la fois de connaissances et d’amour. Si la science a longtemps été en débat avec la foi, elle l’est maintenant avec l’éthique. le front est tout aussi important. « La science ne donne pas le droit 9
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d’échapper à l’éthique 6 », écrit Dominique lambert. il y a des valeurs humaines à respecter si l’on ne veut pas, à terme, l’implosion sociale et la ruine de l’homme. nous sommes en effet, disait Teilhard de Chardin, « les joueurs, en même temps que les cartes et l’enjeu 7 ». * ma gratitude va au p. hubert Jacobs, s.j., aux professeurs Dominique lambert et Étienne montero ainsi qu’à mes confrères Éric Charmetant (pour le chap. 7) et Dominique peccoud (pour le chap. 8) pour leurs précieux avis et parfois les emprunts que je me suis permis, avec leur autorisation. Je remercie également les professeurs andré Füzfa, de namur, et Jean-Bernard Baudin, de paris, pour le chapitre que chacun a écrit à ma demande (les 2 et 11). le savoir devient aujourd’hui si complexe que l’on a besoin des autres. et heureusement ! Je remercie aussi mes étudiants de l’université de namur qui, par leurs travaux, m’ont aidé à peaufiner ce que je voudrais dire le plus clairement possible. merci aussi à tant d’auteurs, notamment à mes confrères jésuites — François euvé, Gustave martelet, Christoph eobald — qui m’ont tant aidé par leurs écrits. merci à Jean-marie Schwartz pour sa mise en page, ainsi qu’à michèle Vandroogenbroeck. merci à anne-marie Delecour, à emmanuel Servais, à Gabriella Tihon et à pierre Sauvage pour leur relecture attentive.
❧ un peu de science éloigne de Dieu, mais beaucoup y ramène.
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Louis Pasteur
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1. le grand malentendu
Je ne sais qu’une chose, c’est que je ne sais rien 1. Socrate
l’aventure de la connaissance est amenée à progresser indéfiniment, bien que, et parce que, faisant progresser indéfiniment l’ignorance 2. Edgar Morin
Le vieux contentieux entre l’Église catholique, alors toute-puissante, et les sciences naissantes au sein même de la culture européenne traîne toujours dans les mémoires comme si le dialogue n’avait pas progressé. Depuis toujours, des croyants ont fait avancer la connaissance rationnelle de l’univers. Reste cependant la grande question du sens de la vie à laquelle chacun est confronté un jour ou l’autre.
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À
quoi pensent les hommes ? se demande Jean d’ormesson dans son livre C’est une chose étrange à la fin que le monde : « Les hommes vivent. Ils sont là. Pas depuis très longtemps. Pour combien de temps ? Personne ne le sait. Mais, enfin, ils sont là. Et ils pensent. À quoi pensent-ils ? À plaire, à aimer, à leur santé, à jouer aux échecs, à payer leurs impôts, à partir en vacances, à gagner de l’argent, à ne pas rater le train, à prendre le pouvoir, à monter un piège, à l’emporter sur le voisin, à collectionner des timbres-poste, à faire la révolution. Dans le meilleur des cas, à sauver une vie, à peindre des fleurs ou la Vierge, à écrire un opéra, à édifier un bâtiment. Et puis, comme moi un matin d’été sur les bords de la Méditerranée, ils se demandent ce qu’ils font 11
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là, d’où ils viennent et où ils vont 3. » les deux questions de la signification ultime de l’existence humaine sont posées : Dieu, du côté de l’origine ; l’au-delà, du côté de l’accomplissement possible. Si dans le registre du savoir (la science), des consensus sont souvent possibles, dans celui de la signification (qui est aussi du domaine du raisonnable), non. les réponses souvent divergentes auront sans doute une influence sur le comment vivre « ici et maintenant », l’éthique (voir chapitre 9). l’homme est en recherche de « vérité », et pas seulement au niveau « scientifique », afin de pouvoir vivre. on ne peut en effet vivre dans le mensonge, que ce soit en amour, en religion, ou en science. la science n’est cependant pas le seul lieu de la manifestation de cette vérité, ni le seul mode de connaissance, car l’homme n’est pas unidimensionnel. il s’en approche par différentes « avenues » : l’art, l’engagement social, les relations humaines, la philosophie, la théologie… elle demeure toujours un horizon que chacun et toute l’humanité tentent d’atteindre par une libre recherche. « La vérité est sur la terre comme un miroir brisé dont chaque éclat reflète la totalité du ciel », écrit le poète Christian Bobin. et la raison peut y trouver son compte. Celle-ci « appartient autant aux religions qu’aux sciences », affirme sans ambages le philosophe des sciences michel Serres. « À partir du xviiie siècle, explique-t-il, la science a fait une OPA sur la raison, donnant à penser que celle-ci n’avait d’égale que celle-là. Eh bien, ce n’est pas vrai ! Une grande partie de la raison n’est pas scientifique. Et la foi sans la raison n’est que fidéisme, c’est-à-dire une soupe un peu tiède… La raison appartient aux deux 4. » que seule la science ait un langage adéquat pour décrire la réalité est donc un « dogme » abusif. ernest renan, représentant notoire du scientisme, cette idéologie qui considère la science comme l’ultime lieu de la raison et de la vérité, a pu écrire : « Ce n’est pas une exagération de dire que la science renferme l’avenir de l’humanité, qu’elle seule peut dire le mot de sa destinée et lui enseigner la manière d’atteindre sa fin 5. » que deviennent alors les relations humaines ? Échapperaient-elles à l’exigence de vérité ? Seraient-elles sans raisons ? Seule l’expérimentation scientifique pourrait-elle être source de vérité ? la première erreur du scientisme consiste donc à tout ramener à la science. la seconde sera de croire que la science viendra à bout de toutes nos questions 12
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et que tout sera un jour « sans mystère », comme l’avait naïvement affirmé marcelin Berthelot, inaugurant l’académie des sciences en 1893 ! C’était au xixe siècle. Depuis lors, les sciences ont fait du chemin et gagné en humilité. « Toute science qui progresse en sait davantage sur ses propres limites », n’hésite pas à dire andré Comte-Sponville. leur seul argument, finalement, c’est leur « extraordinaire efficacité qui offre une image du monde manifestement pas en total désaccord avec le monde tel qu’il est » (michel morange). la vérité scientifique est donc de l’ordre de la validité : ça marche ! Son efficacité est en effet surprenante !
Les limites de la science les limites, actuelles ou définitives, de tout savoir, et donc de la science, sont nombreuses. le mur de planck est une des plus célèbres. au-delà des 10-43 secondes après le big bang survenu il y a 13,7 milliards d’années, tout nous devient inconnaissable. les limites de l’expérimentation sont atteintes. notre logique « ne joue plus », nos sens n’y ont pas accès et nos lois n’y fonctionnent plus. nous sommes dans un no man’s land. A fortiori au-delà du big bang. mais ce n’est pas la seule limite. 96 % de la nature de l’univers nous sont encore inconnus. nous ne connaissons que la matière lumineuse (0,5 %) et la matière noire ordinaire (3,5 %). un peu comme ces couleurs que nous voyons et qui ne représentent qu’une infime partie du spectre de la lumière, ces 4 % ne sont qu’une part minime de la masse totale. il y aurait 22 % de « matière noire exotique » qui nous traverse en permanence. on ne peut en établir l’existence que par l’étude de la rotation des galaxies et de leur formation qui oblige de postuler des poches de matière noire invisible. il y a encore 74 % d’une mystérieuse énergie noire découverte il y a peu. Celle-ci implique qu’on réintroduise dans nos modèles de l’univers une constante cosmologique prévue par einstein et qui accélère l’expansion de l’univers. Demeure aussi la question des dimensions cachées de l’univers. pourrat-on trouver des arguments prouvant les grands modèles théoriques qui agitent les physiciens : les particules sont-elles des supercordes ? notre univers a-t-il dix dimensions d’espace et non trois comme le prévoit la théorie des cordes qui permettrait d’unifier la mécanique quantique et la relativité générale (qui, pour le moment sont incompatibles, mais marchent très bien 13
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de leur côté) ? qu’est-ce qui est à l’origine de la mystérieuse accélération de l’expansion de l’univers qu’on enregistre pour l’instant ? et puis, n’y a-t-il pas une infinité d’univers, ainsi que le prétend la théorie des multivers (voir p. 51). l’esprit humain, fini, pourrait-il comprendre l’infini de l’univers ? la philosophie des sciences ne cesse de le répéter : quelque chose échappe au scientifique. la vérité, en grec, se dit alètheia, dévoilement. mais le réel semble de plus en plus voilé. Du côté de l’infiniment petit, on ne connaît que 5 % des mécanismes du cerveau, comme si l’humain était constitué « d’une part d’ombre, d’intériorité non visible, qu’aucune machine ne pourra jamais restituer » (monique atlan et roger-pol Droit). les séquences d’aDn, quant à elles, ne représentent que 1,2 % du matériel génétique. la science, qui doit nous offrir des idées « claires et distinctes », nous plonge aussi de plus en plus dans le flou du côté des frontières, celles entre l’espace et le temps, la matière et le vivant, l’animal et l’humain, le corps et l’esprit. Des frontières floues Les sciences bouleversent nos représentations. Et rendent floues des frontières. Frontières de l’espace et du temps… Frontières entre la matière et le vivant… Entre l’animal et l’humain… Entre le corps et l’esprit… Frontières anciennes, qui séparaient. Frontières nouvelles, lieux de passage, d’émergence, seuils, transitions… Mais à travers ces transformations, le vivant apparaît toujours autre que la matière dont il émerge, l’humain, toujours autre que le vivant qui l’a fait naître. Et la vie intérieure, la conscience, la mémoire et les rêves vivent de leur propre existence dans ce corps qui les a fait naître et qu’ils animent. Nous sommes faits de poussières d’étoiles, mais ce qui brille en nous est d’une autre nature que ce qui brille dans les étoiles. Chacun de nous est plus que ce que nous pouvons en mesurer. Depuis la nuit des temps, les démarches spirituelles et religieuses ont posé que l’être humain est plus que ce que l’on pourra jamais en mesurer. Ce postulat est fondé sur une forme de connaissance, donnée a priori, de ce qui ne peut être mesuré : la part de divin, de sacré, la part de l’âme que chacun porte en soi. Et quand les religions ne creusent pas le fossé entre « nous » et « les autres », plongeant ceux qui disent « nous » dans la lumière et rejetant « les autres » dans la nuit, elles proclament une forme d’égalité, par-delà les innombrables différences entre les êtres humains 6. Jean-Claude Ameisen, professeur d’immunologie, Paris, Diderot
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il y a également des phénomènes apparemment tout simples à propos desquels les savants ne parviennent pas à se mettre d’accord, de véritables énigmes. ainsi le célèbre linceul de Turin qui semblerait bien être un authentique linge funéraire d’un juif crucifié du ier siècle, flagellé à la romaine, couronné d’épines et enseveli dans une étoffe coûteuse. Des guérisons qui échappent à la compréhension du commun des mortels et des scientifiques, sont constatées dans un cadre religieux, notamment dans les sanctuaires mariaux, les groupes de prière, ou lors des procès de béatification ou de canonisation. ainsi, les « miracles de lourdes ». Les guérisons de Lourdes Depuis 1858, date des apparitions de la Vierge Marie à la jeune Bernadette Soubirous, 7 000 personnes ont témoigné avoir été guéries et 67 guérisons ont été déclarées « soudaines, parfaites et définitives », « médicalement inexpliquées en l’état actuel de la connaissance scientifique * ». Un bureau médical composé de chrétiens et de nonchrétiens peut constater ces faits. Ils sont vus par les croyants comme des signes de la bonté de Dieu, de la force de la foi. Le miracle n’est pas un concept scientifique, mais religieux. Le médecin déclare la guérison inexpliquée, le chrétien en remercie Dieu. L’essentiel n’est cependant pas le prodige, qui sera peut-être un jour expliqué, mais l’appel que ceux qui y croient y perçoivent. Ces guérisons sont davantage à prendre comme des signes d’espérance pour le croyant que comme des preuves **.
pour Karl popper, aucune théorie expliquant l’ensemble de la réalité ne peut prétendre à la vérité scientifique. ne mérite le titre de science que ce qui énonce, en même temps que ses propres postulats, les limites expérimentales. De plus, le « théorème d’incomplétude » (ou d’indécidabilité) de Kurt Gödel implique qu’au cœur même des mathématiques des vérités peuvent être perçues avec certitude sans pour autant être démontrables. il n’est pas possible * ainsi le cas de Vittorio micheli guéri le premier janvier 1963 d’une tumeur cancéreuse du bassin (date de reconnaissance, 1976). « notre rôle de médecin se borne à constater que la guérison est inexplicable », dit le professeur michel-marie Salmon. et d’expliquer qu’il doit se satisfaire de cette certitude médicale : la maladie existait, la guérison est effective, aucune raison médicale n’explique cette guérison. la dernière reconnaissance de guérison date de 2013, celle de Danila Castelli de Bereguardo (italie). ** À propos des miracles de Jésus dans l’Évangile, voir « petite anthologie », p. 156. 15
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de démontrer par la logique qu’un système est cohérent sans sortir de ce système, sans recourir au moins une fois à une référence extérieure. une théorie ne peut donc par elle-même apporter la preuve de sa cohérence. un système d’arithmétique cohérent et non contradictoire contient inévitablement des propositions « indémontrables », c’est-à-dire dont on ne peut dire par la logique si elles sont vraies ou fausses. « Les Sciences ne nous suffisent pas parce qu’elles ne se suffisent pas ! » (maurice Blondel).
Un rêve inassouvi Ce que nous ne savons pas, constate Jean d’ormesson, « au lieu de se restreindre, aurait plutôt tendance à s’accroître à la façon d’un ballon qui ne cesserait de se gonfler : la surface de ce qui n’est pas encore connu ne cesse de s’accroître. La science n’atteint jamais son but parce que le but n’en finit pas de se dérober — et qu’en vérité il n’y a pas de but : la science est une tâche infinie. Sa grandeur est de se présenter comme un rêve toujours inassouvi 7. » Déjà henri poincaré (1854–1912) disait : « Plus on éclaire, plus la zone d’ombre grandit autour. » la vérité que poursuit la science demeure un horizon qui recule. les vérités qu’elle exprime sont sans cesse remplacées par d’autres, comme le montre l’histoire des sciences. edgar morin, philosophe et sociologue français, né en 1921, a pu écrire : « Les progrès de la certitude scientifique apportent un progrès de l’incertitude. Ainsi nous connaissons de mieux en mieux la nature et la composition physique de l’univers, le mode de formation de ses étoiles et de ses atomes, notre situation dans cet univers, mais nous sommes de plus en plus incertains sur son origine, sa destination, notre destinée. Toute connaissance gagnée sur l’ignorance débouche sur un océan d’inconnaissance. Ainsi l’aventure de la connaissance est amenée à progresser indéfiniment, bien que, et parce que, faisant progresser indéfiniment l’ignorance 8. » la méthode scientifique progresse donc d’expérience en théorie, puis de théorie en expérience, chacun de ces cycles explorant les limites de la théorie précédente afin d’en proposer une meilleure. les scientifiques sont tous des nains juchés sur des épaules de géants, comme dans l’allégorie humaniste médiévale. ainsi le professeur Füzfa, à l’université de namur, étudie-t-il les extensions de la théorie de la relativité générale d’einstein. Son équipe y a 16
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découvert des objets nouveaux, les monopoles de Brout-englert-higgs. Ces objets n’existent pas en relativité générale et pourtant ils offrent une meilleure description physique de ce fameux champ de higgs que la relativité générale. Chaque théorie permet que « le monde soit vrai en ce moment pour nous », selon la formule de pierre Teilhard de Chardin. il faudra donc veiller à un dialogue synchronique. que la science d’aujourd’hui ne dialogue pas avec la philosophie et la théologie d’hier, par exemple. Ces disciplines, pour poursuivre l’exemple, n’avancent cependant pas de front. Cette relation est dialectique. Science, philosophie et théologie s’entraînent mutuellement vers la « vérité », l’une étant parfois, à un moment donné, en avance sur l’autre ou en retard. ainsi, la Bible, désacralisant le cosmos, a-t-elle permis l’avancée des sciences. les astres, par exemple, étaient des divinités dans les religions environnantes et dirigeaient le destin des hommes. Dans le récit biblique de la Création, ils sont réduits à de simples créatures. quant à Galilée, il a invité la théologie à se purifier de certaines représentations incompatibles avec la science, à distinguer comment on va au ciel et comment va le ciel, selon sa Lettre à Christine de Lorraine (1615)*. Science, philosophie et théologie constituent, avec d’autres éléments, la culture d’une époque, c’est-à-dire la manière dont les humains se situent dans le monde et considèrent la condition humaine. À une époque où la culture se disait surtout dans le registre religieux, la place de la science était fort réduite. il ne faudrait donc pas interroger les textes d’alors selon les découvertes scientifiques d’aujourd’hui. mais la théologie du xxie siècle, elle, ne peut plus ignorer les apports de la science. le dialogue entre elles doit être « synchronique ». Ce dialogue permet à chacune de ces disciplines de se corriger ou de s’émonder mutuellement. C’est l’épistémologie qui a permis à la science de sortir de l’impasse du scientisme, mais c’est la science qui a permis d’affiner le concept de création, aidée d’ailleurs par la philosophie. et ce seront la philosophie et la théologie qui aideront la science à ne pas ignorer la question éthique (voir chap. 9). Sans un système de référence éthique, en effet, la science risque de régner en maître, pour le pire.
* Descartes énoncera en 1644 le principe d’objectivité selon lequel la science ne s’occupe que du comment des choses, et non de leur pourquoi. 17
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Une tâche infinie la grandeur de l’œuvre divine excède de beaucoup le pouvoir du langage humain ; de là vient la difficulté de parler comme le motif de ne pas se taire. Saint Léon, pape
la tentation, devant ces impasses de la science, provisoires ou définitives, serait de combler les failles avec des notions ésotériques ou d’y assigner Dieu à résidence, comme un deus ex machina, un God of the gaps, diraient les anglo-Saxons. Ce serait une aberration tout comme si les sciences répondaient aux impasses des religions. la théologie, en effet, reconnaît aussi qu’elle est face à un mystère, au sens de ce qui est inépuisable et ne peut jamais être totalement connu. C’est pourquoi, à côté de la théologie positive, il y a une théologie négative ou « apophatique » (du grec apopheimi, « nier »). Dieu est tellement grand que rien d’humain ne peut raisonnablement être dit sur lui. on ne peut dire de Dieu que ce qu’il n’est pas. les manques de la science et de la théologie ne sont pas là pour être comblés par des réponses bouche-trous, mais pour relancer la marche. la connaissance en effet est une tâche infinie. nous sommes conduits sur des « avenues » nombreuses, la science n’étant pas la seule. et les règles sont à chaque fois différentes. on n’étudie pas un poème comme une amibe. entre ces différentes allées du savoir, il faut établir un dialogue et surtout éviter l’empiétement réciproque. Stephen Jay Gould a forgé l’expression anglaise non-overlapping magisteria (noma), un « non-chevauchement magistériel ». religion et science doivent demeurer dans des domaines distincts de questionnement (« magistères ») afin d’éviter d’entrer en contradiction l’une avec l’autre. il existe cependant des fanatiques scientifiques (ainsi Dawkins qui veut prouver l’inexistence de Dieu) tout comme des fanatiques religieux (ainsi les créationnistes, cf. plus bas)*.
* il faudrait cependant être plus nuancé, car cette position du noma risque d’avoir des relents de discordisme : chacun de son côté. or une articulation en profondeur demeure non seulement possible, mais nécessaire si l’on veut maintenir une cohérence dans la structure du réel sans pour autant tomber dans le concordisme. il s’agit donc d’une complémentarité des regards, et non d’un dualisme. Voir plus bas. 18
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la science a pour but de décrire et de maîtriser la réalité empirique, le réel qui tombe sous nos sens. elle part toujours de quelque chose qui existe pour aller vers autre chose qui existe. elle procède par expérimentation, allant d’hypothèses en vérifications. Culturellement parlant, cette démarche a été rendue possible dès le moment où l’on a quitté le « sacré » qui expliquait tout. la science n’advient que lorsque l’explication de la nature prend son autonomie par rapport à l’explication religieuse. la Bible a permis cette évolution en distinguant Dieu qui crée par sa parole et le monde qui évolue selon son dynamisme propre et qui est confié à l’homme.
Progressive et humaine les sciences sont tout simplement humaines. Jacques Arnould
la découverte de la vérité est donc progressive. Toute théorie scientifique, par exemple, devrait toujours s’énoncer ainsi : « Dans l’état actuel de nos connaissances, tout se passe comme si… ». la théorie de la gravité de newton a été dépassée par celle de la relativité d’einstein et celle-ci est actuellement en voie d’être dépassée. le déterminisme de laplace a été remis en question par l’incertitude d’heisenberg. aux yeux des scientifiques d’aujourd’hui, les énigmes sont nombreuses. « Ils disent qu’ils ne savent même pas ce qu’ils ignorent 9 » (JeanClaude Carrière). « La science ne cessera de progresser, mais n’atteindra jamais une vérité absolue » (Jacques de Bourbon Busset). et elle demeure l’œuvre d’hommes et de femmes, marqués par leur temps, habités par des convictions, voire des idéologies qui elles-mêmes doivent être questionnées. la science n’échappe pas aux travers de notre humanitude. elle peut poursuivre aussi des buts de puissance, avoir pour objectif la gloriole personnelle ou être récupérée par des intérêts économiques ou politiques puissants. la recherche de la vérité, différente d’un mode de connaissance à l’autre, est un chemin de liberté, et celle-ci est faillible. les exemples ne manquent pas de falsifications des sources ou des expériences, de conclusions divulguées hâtivement, d’interprétations biaisées. le choix des hypothèses, des sujets de recherche, de l’utilisation des découvertes, tout cela n’est pas uniquement « scientifique », mais humain, pour le meilleur et pour le pire.
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À sa manière, d’ailleurs, la démarche scientifique est aussi un acte de foi. le savant fait « le pari métaphysique qu’au moins une partie du réel est intelligible sous la forme de lois 10 » (Étienne Klein). albert einstein, dans un texte célèbre, s’étonnait que ce fût le cas et parlait à ce propos de « miracle » (voir encadré ci-dessous). Comment interpréter que le monde soit intelligible et mathématisable, qu’il existe une harmonie entre les mathématiques et la physique, entre la structure du monde et celle de notre pensée ? nous entrons ici dans le domaine de la philosophie des sciences. La compréhensibilité du monde Vous trouvez curieux que je considère la compréhensibilité du monde comme un miracle ou comme un éternel mystère. Eh bien, a priori, on devrait s’attendre à un monde chaotique, qui ne peut en aucune façon être saisi par la pensée. On pourrait et même on devrait s’attendre à ce que le monde soit soumis à la loi dans la mesure seulement où nous intervenons avec notre intelligence ordonnatrice. Ce serait une espèce d’ordre comme l’ordre alphabétique des mots d’une langue. L’espèce d’ordre, par contre, créé par exemple par la théorie de la gravitation de Newton est d’un tout autre caractère. Car si les axiomes de la théorie sont posés par l’homme, le succès d’une telle entreprise suppose un ordre d’un haut degré du monde objectif qu’on n’était, a priori, nullement autorisé à attendre. C’est cela le miracle, qui se fortifie de plus en plus avec le développement de nos connaissances. […] Le curieux, c’est que nous devons nous contenter de reconnaître le miracle, sans qu’il y ait une voie légitime pour aller audelà 11. Albert Einstein
Bornes et limites il restera toujours des limites à la science, à bien distinguer, selon Kant, des bornes. Ces dernières sont des limitations simplement relatives, provisoires, dues précisément au caractère progressif de la connaissance. elles peuvent donc être déplacées : je ne sais pas aujourd’hui, je saurai demain. les limites, par contre, sont absolues, intrinsèques à notre condition humaine et à notre pensée. Ce qui se passe après la mort, nous ne le saurons pas mieux dans dix ans, car c’est hors de notre portée. quelle est l’origine du monde, de même. on en revient aux grandes questions de d’ormesson (cf. supra).
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Si on ne peut mettre a priori des bornes à la connaissance, les impasses suffisant amplement et étant appelées à être dépassées, il faut en mettre à l’application que l’on fait de ces connaissances. notre époque croit de moins en moins au « progrès » ou, tout au moins, le relativise, prenant conscience des conséquences collatérales possiblement négatives 12. que l’on pense à toutes les questions posées par le nucléaire, le réchauffement climatique, la bioéthique. on observe aujourd’hui l’effet transgénérationnel de certains produits, tels les pesticides qui ont des incidences sur la fertilité. ici, on entre dans un autre domaine, celui de l’éthique (que nous aborderons plus loin). il devient de plus en plus évident pour tous que ce que la science peut faire, elle ne doit pas nécessairement le faire. Dans tous les États, des comités de bioéthique sont mis en place. Des philosophes et des représentants de religion en font aussi partie. la philosophie et la religion sont précisément les lieux où l’homme se forge une idée de lui-même. la science semble donc débordée de toute part : elle ne peut répondre à la question de leibniz « Pourquoi y a-t-il quelque chose et non pas rien ? » et ne peut que constater sans expliquer pourquoi la matière a été amenée à devenir de plus en plus organisée, pourquoi les lois sont telles. elle ne dit pas ce que sont les choses, mais « établit des images, des rapports que nous avons au monde. Elle ne donne jamais accès à la chose en elle-même 13 », explique Véronique le ru. elle doit aussi accepter que des questions éthiques lui soient posées : tout ce qui est possible doit-il se faire ?
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En lecture partielle‌
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Table des matières
introduction. une nouvelle problématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Une autonomie progressive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 En dialogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Nouvelles questions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1. le grand malentendu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Les limites de la science . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Un rêve inassouvi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Une tâche infinie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Progressive et humaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Bornes et limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2. l’univers raisonnablement silencieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 La démesure de l’Univers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Un Univers à la portée de notre intelligence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Cosmos intelligent contre Univers intelligible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
3. Science et religion, quel dialogue ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 Concordisme, discordisme et articulation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Science, philosophie et théologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 Quelle hiérarchie de vérité ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Comme les méridiens à l’approche du pôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
4. et Dieu dans tout ça ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 La vie vaut la peine d’être vécue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 Les deux questions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
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Au pays de l’amour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 Dieu ou la nature ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 Les Univers parallèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
5. la Création et l’évolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 Une réalité en devenir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 Un dessein intelligent ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Et le hasard ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
6. la matière elle-même est spirituelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 Le découvreur du Sinanthrope . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 L’Esprit-Matière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62 La loi de « Complexité-Conscience » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Le point Oméga . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 Apologétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
7. l’homme, un animal perfectionné ou dégénéré ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 De l’animal à l’homme, un continuum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Différent quand même . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Les droits des animaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77 La dignité humaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 L’homme au-delà des frontières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
8. l’homme augmenté et remplacé ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 De la fiction à la réalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 La grande convergence des technosciences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 L’homme neuronal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 L’homme, une machine ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 L’ère des robots . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 La guerre automatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 La fin de l’humanité ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
9. la science des responsabilités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 L’éthique, enfant de la terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 La loi naturelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Et les lois démocratiques ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 Un cheminement souvent tâtonnant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 Quelle justification ultime ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 L’horizon d’un accomplissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 174
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10. mourir dans la dignité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 La bonne mort ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 Rupture anthropologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Liberté ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 Dignité ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118 Ce qui est légal est-il moral ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
11. un changement climatique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 La complexification des modèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 Pour alimenter le débat public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 Évolutions prévisibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
12. Développement responsable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129 Un rapport inversé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 Dualisme ou alliance ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 Crise spirituelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 L’« unité de création » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136 Simplicité volontaire et joyeuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
anneXeS petite anthologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155 notes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166 Table des auteurs cités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 Table des encadrés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171 Table de la petite anthologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
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achevé d’imprimer le 16 février 2015 sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique)
Science et foi ne font pas toujours mauvais ménage. Au contraire. Les grands noms de la science ont souvent été des croyants. Toutefois, la science, aux yeux de beaucoup, continue à être un argument contre la religion. Comment donc articuler ces deux démarches dans le respect de la raison qui n’est le monopole ni de l’une ni de l’autre ? Aujourd’hui, cependant, une autre problématique apparaît, plus urgente, que la question religieuse. Que devient l’humanisme au vu de l’évolution des sciences et de la technique ? Déjà, on parle d’une « humanité 2.0 ». On a l’habitude d’opposer Dieu à la science, mais cette dernière pose autant de questions sur l’homme, son statut, sur sa dignité. C’est le domaine de l’éthique. Le christianisme peut apporter une vision de l’homme — un sens et des valeurs — sans laquelle les technosciences sont aveugles. Mais sans la science, on ne peut avoir prise sur le monde. Science et foi doivent se donner la main pour que l’avenir soit digne de l’homme, cet être assoiffé à la fois de connaissances et d’amour.
Le père Charles Delhez, jésuite, sociologue de formation, est aumônier de l’Université de Namur où il enseigne les Sciences religieuses aux futurs médecins et économistes. Durant une vingtaine d’années, il fut rédacteur en chef du journal Dimanche et prédicateur aux messes télévisées de France 2 et de la RTBF. Ses livres sont traduits en différentes langues, dont l’italien, l’espagnol, le coréen, l’arabe, l’allemand. Il est directeur éditorial des éditions Fidélité. Avec les contributions d’André Füzfa et de Jean-Bernard Baudin.
ISBN 978-2-87356-606-7 Prix TTC : 14,95 €
9 782873 566067
Charles Delhez
Science, éthique et christianisme
Quel homme pour demain?
Quel homme pour demain?
Photos de couverture : laboratoire de sciences : © Charles Delhez ; galaxie spirale NGC 4414 : PD-USGOV-NASA ; Pierre Teilhard de Chardin, scientifique et jésuite : © inconnu ; ASIMO, robot humanoïde conçu par Honda.
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Charles Delhez
Quel homme
pour demain?