Pratique du discernement en commun

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Une équipe, une communauté, une association peuvent-elles vivre la démarche des Exercices spirituels comme si elles étaient « un seul retraitant » ? Comment aider l’un de ces groupes à mieux communiquer et à mener un discernement en commun ? Pourquoi ne pas chercher à vivre l’agir commun quotidien en Église, sous la conduite du Saint-Esprit ? Destiné aux personnes appelées à accompagner des groupes dans la réponse à ces questions, l’ouvrage propose, à partir de l’Écriture et des Exercices de saint Ignace, des manières de procéder (pistes de réflexion et de prière, enseignements plus théoriques) pour éclairer et soutenir l’expérience à vivre ensemble. Une théologie spirituelle et des données anthropologiques sous-tendent le parcours proposé.

Les auteurs Michel Bacq accompagne des personnes dans leur cheminement individuel et communautaire. Il partage depuis plusieurs années la vie d’une communauté de l’Arche de Jean Vanier. Membre de l’équipe ESDAC, il a donné des retraites et des sessions en divers pays. Après avoir passé près de vingt ans dans l’enseignement des grands adolescents, Jean Charlier a exercé les charges de provincial et d’assistant de la CVX. Aujourd’hui, il est membre de l’équipe ESDAC. L’équipe ESDAC propose de mettre la manière de procéder des Exercices spirituels de saint Ignace au service de groupes qui désirent mieux communiquer et mener ensemble un discernement. 978-2-87356-350-9 Prix TTC : 23,95 €

9 782873 563509

Spiritualité

ignatienne

ESDAC

PRATIQUE DU DISCERNEMENT EN COMMUN

PRATIQUE DU DISCERNEMENT EN COMMUN

Michel Bacq , Jean Charlier et l’équipe ESDAC

PRATIQUE DU DISCERNEMENT EN COMMUN Manuel des accompagnateurs

Spiritualité

ignatienne



Michel BACQ et Jean CHARLIER, jésuites et l’équipe ESDAC

Pratique du

discernement en commun Manuel des accompagnateurs

Namur – Paris


Nihil obstat : Daniel Sonveaux, s.j., Provincial de Belgique méridionale, 5 juin 2006.

Toute reproduction ou adaptation d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm, réservée pour tous pays. © Editions 61, rue de Bruxelles 14, rue d’Assas BE-5000 Namur FR-75006 Paris BELGIQUE FRANCE fidelite@catho.be ISBN 10 : 2-87356-350-8 – ISBN 13 : 978-2-87356-350-9 Dépôt légal : D/2006/4323/17 Imprimé en Belgique Maquette et mise en page : Jean-Marie Schwartz Photo de couverture : Détail d’un vitrail de l’église du Sacré-Cœur à Arlon (Belgique) Photo © Jean Lecuit, s.j.


Remerciements

Nous voudrions ici remercier chaleureusement les membres de l’équipe ISECP (Ignatian Spiritual Exercices for the Corporate Person) qui nous ont généreusement transmis leur expérience et leur savoir-faire : Jim Borbely, s.j., notre accompagnateur et superviseur, John English, s.j., notre initiateur, George Schemel, s.j. et son bras droit, Judith Roemer. Ces pionniers nous ont accueillis et formés à Scranton, aux États-Unis. Depuis, John et George ont rejoint la vie du Ressuscité. Nos remerciements vont également aux amis traducteurs des deux premiers manuels ISECP et des écrits de John English, ainsi qu’à ceux qui ont apporté conseils, suggestions, remarques et corrections pour la composition de ce manuel, notamment à Christiane Bedoret pour sa relecture critique et amicale. Merci aux Éditions Fidélité qui ont accueilli notre projet dans leur collection « Spiritualité ignatienne » et l’ont mené à bonne fin. Notre reconnaissance s’étend tout particulièrement aux groupes et aux personnes qui ont participé à une retraite ou session ESDAC. À leur contact, grâce à la confiance qu’ils nous ont manifestée, notre expérience s’est enrichie et diversifiée. Ainsi a-t-elle pu s’exprimer dans les mots de notre culture.



Préface

Voici un livre qui répond à un besoin de notre temps. Cette réponse ne décevra pas, car elle est fondée sur une expérience nourrie d’une longue tradition : celle de l’Alliance que Dieu fait avec son Église pour susciter en elle sa liberté, l’appeler à de justes décisions, et ainsi la guider vers sa fin ultime qui est l’amour, reçu et partagé. Mettre la spiritualité ignatienne au service des groupes, telle est la vocation d’ESDAC (les Exercices spirituels pour un discernement apostolique en commun). Ignace de Loyola a proposé dans ses Exercices spirituels un parcours qui permet au retraitant de mieux discerner la volonté de Dieu sur sa vie et de réaliser davantage, en des actes décisifs, cette espérance qui lui est offerte. L’originalité de la méthode ESDAC est de transférer ce pèlerinage individuel dans l’intériorité et les dynamismes propres au groupe. Celui-ci, en effet, ne se réduit pas à une somme d’individus. Il est une communauté en devenir. En tant que tel, il doit lui aussi répondre à un appel du Seigneur et se décider. Tout groupe n’a sans doute pas nécessairement une histoire commune antérieure à l’expérience ESDAC dans laquelle il entre, mais en lui, toujours, se construit un sens. L’enjeu fondateur est là : prendre conscience de son désir collectif en partie voilé, dépasser la tentation d’être ensemble mais chacun pour soi ou pour son propre projet, puis poser clairement la question : « Quel est le désir de Dieu ? Que devons-nous faire ? » ; tracer enfin un chemin de décision pour un plus grand service du Seigneur, de l’Évangile et de l’Esprit Saint. Nombre de familles religieuses, de paroisses, d’équipes d’animation, de groupes chrétiens de toutes dimensions et de toutes sortes qui se veulent honnêtes et féconds devant le Seigneur, ont aujourd’hui à mûrir des déci-

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PRÉFACE

sions ensemble. Puis à s’y tenir. Certes l’exercice de l’autorité a évolué dans l’Église, mais l’écoute de l’Esprit doit constamment déjouer dans nos communautés les relations de pouvoir qui n’y fonctionneraient pas pour servir. Quels moyens concrets, alors, pour progresser vers une bonne décision, appropriée, respectueuse des réalités et des contraintes, mais surtout fidèle à la fin pour laquelle nous sommes créés ? Ce livre n’est pas une collection de recettes. C’est un manuel pratique qui balise le chemin vers un choix, vers une action : celle qui conjoint l’acquiescement intime d’un groupe au désir de Dieu et l’engagement libre de ses membres, réunis dans un consensus actif selon l’Évangile, dans le concret d’une situation donnée. Voici donc une méthode qui trouve son origine dans une expérience à la fois contemplative et pratique, mûrie au long des années dans le creuset de nombreux échanges. Elle aidera les animateurs et animatrices à servir lucidement ceux et celles qui veulent appliquer en groupe la parole des Exercices spirituels de saint Ignace : « L’amour doit se mettre dans les actes plus que dans les paroles. » En un temps où le travail en équipes d’Église est devenu si nécessaire, ESDAC est une grâce. Je suis très reconnaissant aux auteurs de ce livre de l’avoir si bien partagée. Daniel Sonveaux, s.j. Provincial de la Province belge méridionale


Présentation et avertissements

Historique Parmi les nombreuses manières de proposer les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola, en voici une qui s’est révélée féconde pour les groupes. Expérimentée depuis 1977 outre-Atlantique et, depuis 1995, en Belgique et dans certains pays d’Europe et d’Afrique, elle a été pensée et mise au point en vue d’aider des groupes pour le choix d’orientations et la prise de décisions communes. D’Israël à l’Église, l’histoire du Peuple de Dieu nous rappelle que, comme il conduit chaque individu, l’Esprit mène aussi les groupes. Encore faut-il s’ouvrir à son inspiration : il ne suffit pas de réunir des personnes, même bien motivées, pour y parvenir. Cela suppose « communication » entre elles. Or, le dialogue ne va pas de soi. Aussi ESDAC souhaite-t-il, par la prière et la réflexion personnelle comme par la communication en groupe, rendre possible le discernement en commun à la lumière de l’Évangile lu ou relu à l’école d’Ignace de Loyola.

Contenu Guide rédigé pour l’accompagnement et l’approfondissement de la démarche ESDAC, cet ouvrage comprend trois parties et deux annexes.

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PRÉSENTATION ET AVERTISSEMENTS

La première partie répond aux questions suivantes : D’où vient ESDAC (Exercices spirituels pour un discernement apostolique en commun) ? En quoi consiste-t-il ? À qui est-il destiné ? Quels sont ses rapports avec les Exercices spirituels ? Comment se pratique ESDAC ? Quelles tâches sont à prévoir pour accompagner un groupe par cette méthode ? Comment ESDAC mène-t-il au discernement des esprits ? La deuxième, centrale, propose le parcours ESDAC selon la dynamique des Exercices spirituels. Le chemin est classique ; toutefois, le groupe en retraite y est considéré comme « un retraitant », dès lors invité à prendre les moyens adaptés pour chercher et trouver le vouloir de Dieu sur lui. La troisième partie regroupe des exposés et des propositions d’outils. Les accompagnateurs y recourront sans les appliquer de manière « automatique », mais en veillant à les ajuster au mieux à la retraite, la récollection ou la session de formation à la pratique d’ESDAC.

Pour qui ? ESDAC s’adresse à des groupes constitués ou en voie de se constituer : équipes pastorales, communautés religieuses, équipes éducatives, conseils paroissiaux ou diocésains, équipes de couples, associations et mouvements divers. Elle peut concerner également des regroupements occasionnels de chrétiens désireux de vivre ensemble une expérience d’Église. Pratique du discernement en commun est destiné à des personnes chargées d’accompagner ces groupes dans une dynamique (retraite, récollection, week-end, etc.) de prière et de discernement. Cela suppose de la part des accompagnateurs qu’ils aient eux-mêmes participé à l’une ou l’autre retraite de groupe décrite ici et qu’ils aient entrepris une formation pour conduire ce genre de démarche. Certes, l’ouvrage est susceptible d’intéresser d’autres personnes. Et tant mieux si cette lecture suscite en elles le désir d’entreprendre à leur tour le cheminement décrit, car rien ne pourra remplacer cette expérience.

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PRÉSENTATION ET AVERTISSEMENTS

Il est à noter… Ces pages n’ont d’autre ambition que de présenter un outil pratique aux accompagnateurs : si elles renvoient à des éléments de connaissance théorique, c’est en vue d’aider la réflexion et la mise en œuvre des utilisateurs, de susciter leur créativité. La multiplicité des expériences, la pluralité des rédacteurs et la répartition des matières en trois parties ont entraîné d’inévitables reprises et rappels, par ailleurs favorables à la compréhension progressive et interactive de la manière de procéder. La bibliographie 1 reprend la référence complète de chaque document mentionné dans les notes en bas de page. Certaines notes éclairent le propos par le renvoi à d’autres passages du manuel 2.

Par qui ? Fruit de plus de dix ans de pratique commune en divers pays, le texte a été élaboré par Michel Bacq, Jean Charlier, Daniel de Crombrugghe, Suzy de Gheest, Chantal de Jonghe, Franck Janin, PascalMarie Promme et André Wéry, qui font partie de l’équipe ESDAC. Avec tous les autres membres de cette équipe, ils sont à la disposition de ceux que le cheminement intéresse, notamment pour des sessions de formation. On trouvera sur le site www.esdac.be les renseignements utiles 3. Espérons que ce manuel aide les accompagnateurs et qu’il suscite des réactions et des remarques en vue de suggestions et d’améliorations car, comme tout retraitant, un groupe est toujours neuf, et son accompagnement toujours unique et à ajuster.

1. Bibliographie p. 283 à 289. Les ouvrages mentionnés dans les notes en bas de page y sont classés sous quatre rubriques : 1. Écriture Sainte, 2. Éditions récentes en français des Exercices spirituels, 3. Livres, articles et documents selon l’ordre alphabétique, 4. Sites Web. 2. Sigles : I, II, III pour se reporter aux parties ; chap., aux chapitres ; exp., aux exposés de la IIIe partie ; Ann., aux Annexes 1 ou 2 ; ex., aux exercices de prière en Annexe 2. 3. Adresses, repères chronologiques du développement d’ESDAC, démarches possibles, textes traduits de l’anglais, etc.



Première partie

ESDAC



Chapitre 1 : Présentation d’ESDAC

Le sigle ESDAC (Exercices spirituels pour un discernement apostolique en commun) Il s’agit d’exercices pratiques destinés à des groupes qui cherchent à se rendre libres et disponibles pour répondre à l’appel de Dieu. Les participants sont invités à des temps de prière personnelle, d’écoute et de partage d’expériences, à des temps de délibération et de célébrations. Ces exercices ont une dimension personnelle et communautaire. Ils sont spirituels parce qu’ils font appel à la dimension intérieure et spirituelle des personnes, à leur capacité de se déterminer consciemment et librement. Mais plus encore, ils visent la disponibilité à l’Esprit Saint qui opère en chacun, dans le groupe, dans l’Église, et dans le monde. Le discernement dont il s’agit concerne les questions : « Que faire, pour faire la volonté de Dieu ? Entre deux chemins possibles, lequel choisir ? » Plus spécifiquement, le discernement vise la question suivante : « Ce qui nous pousse à choisir tel chemin, vient-il de l’Esprit Saint, de nous-mêmes ou des forces adverses qui nous tendent un piège ? » La prière est orientée vers une demande de lumière et de purification. Le groupe comme tel, ainsi que chacun de ses membres, est amené à reconnaître ses inclinations peu claires, moins conscientes, injustifiées. Il est conduit à désirer s’en corriger et à en demander la grâce à Dieu.

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ESDAC

Une assemblée de croyants a toujours une dimension apostolique. Elle est tournée vers le monde où s’exerce sa mission de levain dans la pâte. La foi d’un groupe s’incarne dans l’action. Des pratiques justes, c’est-à-dire ajustées aux manières de faire du Royaume, transforment peu à peu notre entourage. Le discernement proposé ici est vécu en commun. Il est fondé sur la conviction que l’Esprit Saint parle au groupe comme tel, à travers chacun de ses membres. D’où l’importance de l’écoute et du respect inconditionnel de l’autre. Ceci suppose que la parole soit donnée à chacun, même à ceux qui semblent occuper une place moins importante dans le groupe. Une « dynamique de groupe » est impliquée dans cette démarche, avec des aspects psychologiques et spirituels. La plume, qui apparaît en arrière-fond du sigle ESDAC, fait référence à une coutume indienne 4 : la personne qui a la plume en main a la parole, tant qu’elle ne remet pas la plume au centre du groupe. Ceci met l’accent sur la conversation spirituelle et ce qui en est le cœur : l’écoute et le dialogue avec l’autre et le Tout Autre 5.

4. Cf. « La plume qui donne la parole », p. 44. 5. Cf. « Conversation spirituelle », p. 37.

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PRÉSENTATION D’ESDAC

Les trois sources d’ESDAC

Les Exercices spirituels de saint Ignace (voir éditions françaises récentes dans la Bibliographie, p. 283)

• Une théologie : manière propre d’approcher Dieu, autrui et soi-même, et d’exprimer leur relation. • Une spiritualité : le réel est le lieu où Dieu se communique : « En toutes choses, chercher Dieu Notre-Seigneur… l’aimant en toutes les créatures, et toutes en Lui. » • Une pédagogie : croître en liberté et en amour, par la prière et l’engagement, grâce au discernement en commun.

Une approche psychologique de la personne Comme l’expérience spirituelle se vit à travers la psychologie personnelle consciente et inconsciente, il importe de : • se connaître (forces, faiblesses, traits personnels…) et de mettre cette sagesse au service de la liberté spirituelle ; • tenir compte des découvertes de la psychologie moderne qui développe une vision positive du rôle de l’inconscient et avoir le souci de connaître les différents types psychologiques ; • puiser dans la tradition des maîtres spirituels. Cf. III, exp. 6.

Une pratique sociale fondée sur le dialogue et la justice, ce qui signifie : • passer de l’individu à la communauté par la prise en charge de tous par chacun ; • travailler le contexte social à partir de l’Évangile dans un monde marqué par l’individualisme et l’oppression des faibles par les forts ; • chercher à construire des communautés « justes », dans leurs structures et leur fonctionnement, par le respect du dynamisme de chacun. • s’inspirer des découvertes de la dynamique de groupe et des intuitions de libération sociale par le dialogue et la responsabilisation de chacun. Cf. III, exp. 7.

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ESDAC

ESDAC : un travail d’équipe Une équipe et un site internet Les accompagnateurs ESDAC travaillent en équipe. Les noms et activités des personnes de l’équipe peuvent être trouvés sur le site internet ; ces membres se réunissent régulièrement pour partager leurs expériences, assurer leur formation permanente et leur supervision, préparer l’agenda annuel, se répartir les activités ESDAC ; bref, vivre leur vocation, leur mission, leur nom de grâce 6, tel qu’il est exprimé ci-dessous.

Un nom de grâce d’équipe « Dans notre équipe ESDAC, nous sommes appelés, comme cellule d’Église, à faire l’expérience de la communion — don de la Trinité — pour la donner à vivre à d’autres, et ainsi nous entraider tous et chacun à rencontrer Dieu, dans et avec le monde d’aujourd’hui. »

Des retraites et des sessions 7 ESDAC répond à des demandes de groupes constitués. L’équipe organise aussi des rencontres pour des groupes spécifiques ou pour favoriser une expérience commune à tous les états de vie dans l’Église : retraites familiales durant les vacances, week-ends de couples, etc. Quelles que soient les adaptations à apporter au cadre de la démarche,

6. Ce qu’on entend par nom de grâce est développé en II, chap. 1, 4e approche, p. 87. 7. Issue des Exercices spirituels, la manière de procéder d’ESDAC suppose toujours une démarche de conversion ; les termes de retraite, récollection, etc. cherchent à l’exprimer. Mais il est possible, si on veut en prendre les moyens, d’introduire la même démarche au cours d’une session de formation.

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PRÉSENTATION D’ESDAC

ESDAC s’efforce toujours de proposer comme finalité la transformation intérieure selon l’Évangile.

Des formations Des journées de formation sont organisées pour aider à l’accompagnement spirituel de groupes, selon la pédagogie des Exercices de saint Ignace, par l’apprentissage de manières de faire et d’outils pratiques propres à ESDAC.

Conditions requises pour être accompagnateur ESDAC Il est essentiel d’être à l’aise dans les trois pôles qui constituent la dynamique : Exercices spirituels de saint Ignace, pratique sociale, approche psychologique 8. De ce fait, il faut : – être capable de travailler en équipe ; – témoigner d’une aptitude au discernement ; – avoir fait les Exercices spirituels individuellement accompagnés, les avoir travaillés ; – avoir fait une retraite ESDAC d’au moins cinq jours ; – avoir suivi la formation ESDAC au moins en huit journées et s’engager dans une formation continue ; – accepter de se faire superviser.

8. Cf. « Les trois sources d’ESDAC », p. 15, et III, exp. 6 et 7, p. 197 et 207.

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But et convictions But de la manière de procéder ESDAC Aider les groupes, les équipes et les communautés à : - prendre conscience de la grâce qui unit et fonde le groupe ; - déceler les lieux d’infidélité à la grâce, tant personnels que communautaires ; - reconnaître dans leur histoire commune les « motions » de l’Esprit ; - intégrer les énergies de chacun au service de la mission commune ; - mieux répondre à l’appel de Dieu ensemble.

Convictions qui fondent ce but – Comme il conduit une personne, Dieu conduit un groupe. Le groupe comme tel reçoit un appel, une vocation qu’on nomme parfois son « charisme ». Rappelons-nous l’expérience du peuple de Dieu dans l’Ancien Testament, celle des premières communautés chrétiennes. – Dieu parle et agit dans la vie, dans le réel, dans le quotidien : la vie est le lieu où nous pouvons rencontrer Dieu et le prier comme nous prions une page d’Évangile. D’où l’importance donnée, dans cette forme de retraite, à la relecture de vie. – Comme une personne, une communauté vit des « mouvements » spirituels : des temps de consolation et de désolation, des temps de lumière et de nuit, une solidarité dans la grâce comme dans le péché. Comme une personne, un groupe se trouve devant des choix à faire, des décisions à prendre, et il est important pour lui de reconnaître l’action du Seigneur en lui. – Le groupe est plus qu’une addition d’individus. Dans un groupe où la vie circule entre les personnes par l’écoute et la parole, où chacun est reconnu et accueilli dans les dons qu’il porte, l’interac-

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tion entre les personnes multiplie les énergies et les potentialités de l’ensemble. – Il s’agit d’un « esprit » et d’une « manière de faire » qui consistent à tenir compte de l’individu et du groupe, de la personne et de la communauté. – Dans un groupe, comme dans l’Église, l’Esprit Saint est donné à tous : il est donc important de reconnaître à chacun sa place et de se mettre à l’écoute de tous les membres de la communauté. Dieu parle souvent par celui auquel on ne s’attend pas 9. – Ce cheminement suppose, comme pour les Exercices individuels, une disponibilité à la conversion du cœur : chacun aura à donner ce qu’il est et à perdre une partie de son désir propre pour entrer dans une perspective plus large faite de l’apport de tous. À travers les « mouvements » de l’Esprit en chacun des membres, le groupe reconnaîtra l’appel de Dieu sur lui. La communauté deviendra alors, entre les mains de Dieu, un lieu privilégié de la croissance spirituelle de ses membres et un puissant moyen d’évangélisation.

ESDAC : pour quels groupes ? ESDAC s’adresse d’abord à des groupes constitués, qui ont un objectif commun : - équipes pastorales, groupes de travail, etc. ; - monastères, congrégations apostoliques, communautés, provinces, conseils… ; - couples et familles, en équipe ou non ; - mouvements chrétiens comme les CVX 10, les groupes du Renouveau, etc. ; - autres mouvements comme l’Arche, etc.

9. Le plus fragile ou le plus jeune (cf. La Règle de saint Benoît, chap. 3). 10. Communautés de Vie chrétienne.

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ESDAC

Lorsque dans un staff, une équipe pastorale, une communauté, les décisions sont le fruit de la prière et de la réflexion de tous les membres, elles prennent une force nouvelle et donnent au groupe une solidarité, un dynamisme commun au service de la mission. En priant ensemble, en s’écoutant, les personnes apprennent à se décentrer d’elles-mêmes, à approfondir l’union mutuelle, à faire Église. ESDAC peut aussi être utilisé pour des groupes de retraitants qui ne constituent pas un groupe de vie ou de travail. Dans ce cas, il sera bon de préciser l’objectif ou le thème qui réunit ces personnes ou ces couples pour une retraite commune.

Conditions préalables • Pour un groupe constitué : - désir de faire une démarche de conversion commune ; - souhait et possibilité de prendre une orientation commune, de la discerner ensemble ; - être prévenu des enjeux, de la forme spécifique de cette retraite et de la forme de prière en trois temps : personnel, en petit groupe et en plénum ; - avoir clarifié l’objectif de la démarche. • Pour chaque personne, que le groupe soit constitué ou pas : - désir de faire une démarche de conversion personnelle et de donner du temps à la prière et à la communication, qu’il s’agisse ou non d’une « retraite » explicite ; - capacité de vivre et d’échanger en groupe, de se laisser interpeller ; - aptitude psychologique et spirituelle à la communication et au partage ; - avoir une habitude à la prière de relecture ou, du moins, une aptitude pour cette forme de prière.

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Ces conditions préalables sont plus importantes encore lorsque le groupe qui fait la retraite n’est pas un groupe constitué.

Quelques points d’attention pour les accompagnateurs – Connaître le groupe, l’avoir rencontré (ou, au moins, ses représentants) avant la retraite afin d’expliquer la démarche et d’avoir perçu la demande et la situation du groupe. – Se poser les questions suivantes avant de commencer la retraite : - Où en est le groupe : est-il en bonne santé spirituelle ? en conflit ? - Quelle est sa maturité humaine et spirituelle ? Quel est son désir ? - Quel temps peut-il consacrer à la retraite ? - A-t-il une décision à prendre ? - Qui le constitue ? Qu’est-ce qui l’unit ? – Adapter l’objectif aux possibilités du groupe. – Déterminer la durée : pour une retraite, le minimum est de cinq jours ; le fruit obtenu sera généralement le résultat de l’investissement du groupe. – Prévoir une évaluation de la retraite ou de la rencontre : démarche indispensable. – Proposer un suivi pour qu’un fruit demeure.

Déroulement d’une journée Une journée comporte habituellement : - deux exercices : un le matin, l’autre l’après-midi, la journée formant un tout ; - une célébration (eucharistie, réconciliation, offrande, etc.) recueillant la grâce du jour ; - une veillée ou une soirée libre.

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ESDAC

Un exercice se déroule généralement en trois temps : - la prière personnelle (souvent 1 heure) ; - le partage en petits groupes de 4 à 6 personnes (idem) ; - le plénum qui réunit tous les participants (durée variable). • LA PRIÈRE PERSONNELLE : elle est essentielle. Aucun groupe ne peut prétendre se mettre à l’écoute de Dieu si chacun de ses membres ne s’y met pas personnellement. Cependant, la prière personnelle, si elle est mouvement de conversion vers Dieu, est de facto celle du membre d’un groupe. Elle vise à ce que chacun puisse apporter sa pierre à la construction de la communauté. Elle implique un double décentrement : vers Dieu et vers les autres. • LES PETITS GROUPES : ils sont la continuation 11, en groupe, de la prière personnelle. Ils constituent un temps privilégié de la retraite qui vise à faire passer chaque personne du « je » au « nous ». La prière personnelle, puis la conversation spirituelle en petits groupes ouvrent les personnes au plus intime de leur identité. Le dialogue à ce niveau de profondeur met en contact avec l’action de Dieu dans la vie de l’autre. Nous prenons dès lors une conscience plus vive de l’action divine en autrui. • LE PLÉNUM : il n’y est pas fait le rapport exhaustif de ce qui a été vécu dans le temps personnel, ni partagé dans les petits groupes. Mais l’échange commencé dans ces petits groupes se poursuit en assemblée plénière. Qui le souhaite prend la parole pour exprimer ce qu’il a vécu au cours des temps de prière précédents, là où il a été interpellé. L’interaction dans les échanges aide à dégager une orientation commune au groupe entier. Autres moments à prévoir : La célébration communautaire du jour — généralement l’Eucharistie — est pour le groupe en prière ce que souvent, à la suite d’Ignace dans ses Exercices spirituels, nous nommons le colloque du retraitant avec son Seigneur (ES 53 et 54) 12.

11. Sans qu’on y fasse rapport de sa prière. 12. ES suivi d’un numéro renvoie aux Exercices spirituels de saint Ignace.

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PRÉSENTATION D’ESDAC

Le silence n’est en principe demandé que durant les temps de prière personnelle où il est impératif pour tous. Habituellement, le groupe parle pendant les repas. Les temps informels de rencontre, de conversation et de détente commune font partie du cheminement spirituel vers Dieu. Certains groupes auront intérêt à se demander si plus de silence ne les aiderait pas à mieux atteindre l’objectif de la retraite. Il est important que chacun se sente libre de prendre les temps de silence supplémentaires qui lui sont nécessaires pour rester disponible à Dieu et aux autres. L’office des Heures, habituellement célébré par des communautés ou des individus, sera allégé ou même omis : cela permettra d’entrer paisiblement dans ces autres rythmes et formes de rencontre avec le Seigneur que sont les différents temps de prière personnelle et de partage en petit groupe et en plénum, ainsi que les célébrations communautaires.

ESDAC et les Exercices spirituels de saint Ignace Similitudes et différences – Tableau Le groupe en retraite est considéré comme le retraitant. C’est le groupe comme tel qui fait la retraite. Moyennant les adaptations nécessaires, il est invité à faire des exercices spirituels comparables à ceux qu’Ignace destine au retraitant individuel. ESDAC ne remplace pas les Exercices spirituels faits et donnés de manière individuelle. Ceux-ci ont comme premier but la croissance humaine et spirituelle de la personne. ESDAC cherche la croissance spirituelle du groupe. La démarche de groupe ne remplace pas la démarche personnelle, même si elle peut y aider. Plus chaque personne sera autonome, consciente de ses forces et de ses faiblesses, désireuse de répondre à l’appel de Dieu, plus le groupe fonctionnera de manière harmonieuse et sera dynamique. Comme il existe diverses manières de donner les Exercices spirituels en tenant compte des besoins du retraitant, de même ESDAC

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ESDAC

peut être modulé de manière différente suivant les besoins du groupe. Les Exercices individuels durent à peu près trente jours (ES 4). Pour produire tout son fruit, la démarche ESDAC requiert du temps. Il est bien sûr possible de consacrer aux Exercices une journée, un weekend, une semaine ou plus. Puisqu’il s’agit d’un désir et d’une volonté de communication et de discernement qui s’incarne dans une méthode de travail, le fruit de la démarche dépendra du temps qu’on lui accorde. Une expérience courte peut déjà éveiller un esprit d’écoute et de partage, créer une communion et donner le goût d’aller plus loin. Pour un groupe qui doit mûrir des décisions, il sera nécessaire de prendre plusieurs journées. L’accompagnateur ESDAC 13 aura toujours sous la main les Exercices de saint Ignace : le recours au texte d’Ignace éclaire bien des questions au cours d’une retraite. Dans le présent manuel, les textes des Exercices ne sont pas reproduits, mais on y renvoie en citant la numérotation courante et le lecteur devra s’y référer. À de multiples reprises, ces pages utilisent le vocabulaire même des Exercices, par exemple « semaines » (c’est-à-dire étapes dans le parcours ES 4), « fondement » (ES 23), « grâce à demander » (ES 91), etc. 14 Le tableau ci-contre compare le parcours d’ESDAC avec celui des Exercices individuellement accompagnés. Il est fort intéressant de référer ces parcours à celui de saint Ignace lui-même : ce travail de comparaison est réalisé dans la traduction du Récit du Pèlerin par A. Thiry 15.

13. Comme aussi le lecteur de ces pages. 14. Explications et commentaires des Exercices dans les éditions du texte, cf. Bibliographie, p. 283. En outre, J. THOMAS et autres, Chercher et trouver Dieu. Commentaires des Exercices spirituels d’Ignace de Loyola, Christus HS no 124, Paris, 1984 ; cf. A. CHAPELLE et autres, Les Exercices spirituels d’Ignace de Loyola. Un commentaire littéral et théologique, Bruxelles, IET, 1990 ; Cl. FLIPO et autres, Pratiques ignatiennes. Donner et recevoir les Exercices spirituels, Christus HS no 170, Paris, 1996 ; A. DE JAER et une équipe, Vivre le Christ au quotidien. Pour une pratique des Exercices spirituels dans la vie, coll. « Spiritualité ignatienne », Namur, Fidélité, 2003 ; A. DEMOUSTIER, Les Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Lecture et pratique d’un texte, Paris, 2006 ; K. RAHNER, Le Dieu plus grand, coll. « Christus » no 30. 15. I. de Loyola, Le récit du Pèlerin. Autobiographie de saint Ignace de Loyola, trad. A. Thiry, Bruges, 1956 (seule cette version contient un travail de comparaison), p. 142-147.

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Présupposé favorable (21) Principe et Fondement (23) Examens (24-43) Trois manières de prier (238-258)

3e Semaine

4e Semaine

Le Règne (91-99) L’Incarnation (101-109) La Nativité (110-118) Répétitions (118-120) Application des sens (121126) Vie cachée (132-134) 2 Étendards (136-147) Groupes d’hommes (149156) Vie publ. (158-161) 3 sortes d’humilité (165168) Élection (169-188) La réforme de vie (189) Règles de discernement (328-336)

La Passion (190-209) Confirmation de l’élection (183) Règles pour s’ordonner dans la nourriture (210217)

La Résurrection (218-229) Confirmation de l’élection (183)

Exercices spirituels de saint Ignace (avec références)

2e Semaine

Comparaison entre les parcours

Aimer Dieu en tout (230237)

Obtenir l’amour

Conversation spirituelle (I, chap. 2) Désirs (II, chap. 1, 1) Ligne historique (II, chap. 2, 1) Visage de Dieu (II, chap. 1, 3) Nom de grâce (II, chap. 1, 4) Qui ? – Quoi ? – Comment ? (III, exp. 2) Cycle « Vie – mort – résurrection » (III, exp. 3) Cycle de l’énergie (III, exp. 1)

Histoire de péché du groupe (Ann. 2, ex. 11) Ligne historique (II, chap. 2, 1) Ce qui aide et n’aide pas (Ann. 2, ex. 30-31) Nos lieux de liberté et de non-liberté (Ann. 2, ex. 13) La grâce de Dieu et nos ornières (II, chap. 2 et Ann. 2, ex. 14) Notre péché et ma responsabilité (Ann. 2, ex. 12) Réconciliation (II, chap. 2) Règles de discernement (I, chap. 3 et ES)

Règne et offrande (II, chap. 3) Vie cachée (II, chap. 3) Vie publique (II, chap. 3) Notre appel (Ann. 2, ex. 22) Nommer notre consolation (Ann. 2, ex. 20-21) Deux Étendards (II, chap. 3) Élection et décision provisoire (II, chap. 3) Règles de discernement et de sagesse (III, exp. 9 et ES)

La Passion (II, chap. 4) Confirmation de notre décision (II, chap. 4)

La Résurrection (II, chap. 4) Confirmation de notre décision (II, chap. 4) Évaluation (Ann. 2, ex. 29-33)

La réunion comme expérience contemplative (III, exp. 5)

ESDAC (Parties, Chapitres, autres subdivisions et Annexes du présent manuel)

3e

Semaine

Les péchés (4554) Les péchés (55-61) Répétitions (62-64) Méditation de l’enfer (6571) Confession générale (44) Règles de discernement des esprits (313-327)

1er,

Princ. et Fond.

2e,

1re

Les Exercices spirituels individuellement accompagnés et ESDAC

PRÉSENTATION D’ESDAC


Chapitre 2 : Accompagnement du groupe

Mission de l’équipe d’accompagnement – L’accompagnateur du groupe en retraite sera généralement une équipe 16 d’au moins deux personnes, de caractéristiques si possible différentes : homme et femme, laïc et prêtre, types psychologiques 17 complémentaires. Ces différences offrent l’avantage d’une perception plus large de ce qui est à l’œuvre dans le groupe. De plus, l’équipe d’accompagnement est amenée à exercer elle-même le discernement communautaire : elle pratique donc ce qu’elle propose. – Il revient à cette équipe de rencontrer le groupe qui demande la retraite. Sur base de cette prise de contact, elle rédigera un planning du déroulement de la retraite indiquant les objectifs de chaque jour. Puis elle confectionnera les projets de feuilles de prière qui seront retravaillées en cours de retraite en fonction de ce qui se passe. Les petits groupes seront constitués avant leur première rencontre pour que d’éventuelles demandes de changement de groupe puissent être entendues. – L’équipe arrivera bien à temps sur les lieux de la retraite afin de préparer le nécessaire : salle de plénum avec éventuellement micros,

16. Cf. J. BORBELY and others, Focusing Group Energies. Common Ground for Leadership, Organization, Spirituality, vol. 1, p. 11 et 12. ; J. ENGLISH, Spiritual Intimacy and community. An Ignatian View of the Small Faith Community, p.182-199. 17. Cf. « Les types psychologiques », III, exp. 6, p. 197.

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ACCOMPAGNEMENT DU GROUPE

salles de petits groupes, salle pour son propre travail, ordinateur, photocopieuse, attribution des chambres, signalisation… – L’accompagnement principal du groupe se fait lors des plénums. Durant ceux-ci, une personne de l’équipe d’accompagnement facilite les échanges entre les participants. Le rôle du ou des autres membres de l’équipe est l’attention au climat général du groupe, aux mouvements affectifs et spirituels qui s’y développent, et à la participation de chacun des membres. Ceci dans le but d’aider le groupe à progresser dans sa relation à Dieu. – Durant la retraite ESDAC, il n’y a habituellement pas d’accompagnements individuels organisés. Ceci n’exclut pas qu’une personne en difficulté puisse bénéficier de l’aide ponctuelle d’un membre de l’équipe d’accompagnement ou de toute autre personne. – Habituellement, les membres de l’équipe d’accompagnement ne participent pas aux petits groupes. En début de retraite, ou au cours de celle-ci, l’équipe aura à vérifier si un ou tous les groupes ne gagneraient pas à avoir un « facilitateur » distinct des membres du groupe. – L’équipe d’accompagnement peut décider de se faire superviser par quelqu’un qui sera présent aux plénums, sans y prendre la parole. Les conclusions de la supervision se dégageront après le plénum. – Comme on l’a déjà noté, l’équipe d’accompagnement aura sous la main, outre les Écritures, le livre des Exercices spirituels.

Feuille de prière Comment la rédiger ? • Préalables – On commencera par rédiger le planning de la retraite, en tenant compte de ce qui suit : - S’agit-il d’une seule rencontre, d’un week-end, d’une retraite de cinq ou de huit jours ? (L’Annexe 1 prévoit des exemples de plannings.)

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- Situer la démarche envisagée à l’intérieur de l’ensemble des Exercices de saint Ignace (cf. tableau p. 25). Va-t-on mettre l’accent sur le Fondement, sur la Première Semaine, la Deuxième, ou sur autre chose ? - Souvent il sera bon de préciser un thème qui exprime l’unité de la démarche. – L’équipe d’accompagnement peut alors cerner l’objectif de chacun des exercices, lui donner un titre et répartir entre ses membres la préparation des feuilles de prière. – À titre indicatif, l’Annexe 2 du manuel propose des exemples de feuilles de prière. L’indication « ☞ Exercice… » les signale au fur et à mesure du parcours. Mais l’équipe d’accompagnement ne peut se contenter de reproduire ces exemples tels quels. Elle devra faire l’effort de créer de nouvelles feuilles de prière adaptées à la situation particulière du groupe en retraite et à l’étape où il est. En cas d’utilisation des exemples proposés, ils seront toujours retravaillés. – La fonction de la feuille de prière est de guider et d’unifier la prière personnelle des retraitants autour de quelques repères communs expliqués ci-dessous : - un contexte (texte biblique ou autre parfois), - une image (composition de lieu) où Dieu est vu à l’œuvre au sein du groupe, - une grâce à demander, - quelques pistes (ou points 18) pour la réflexion et la prière, - un colloque avec le Seigneur, - une conclusion. • Contexte • SA FONCTION Le contexte proposé au début de la feuille a pour but d’aider le retraitant à considérer un aspect de son expérience à la lumière de

18. Dans les Exercices spirituels, Ignace parle de « points » ; le mot « piste » est mieux compris par certains.

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ACCOMPAGNEMENT DU GROUPE

Dieu, tel qu’il s’est révélé et continue à se révéler à nous. - Dans l’expérience d’Ignace, l’Évangile occupe une place de choix. C’est à partir de sa lecture, mise en relation avec la vie des saints et son propre vécu, qu’il s’est converti 19, que de grands désirs ont été éveillés en lui et qu’il a perçu en lui le mouvement des esprits. Les évangiles, il en a, de sa main, recopié les passages marquants en différentes couleurs 20. Dans ses Exercices, la très grande majorité des contemplations des Deuxième, Troisième et Quatrième Semaines, ainsi que les mystères de la vie du Christ détaillés après ces Semaines (ES 261 à 312), sont tirés de l’Évangile. Ignace n’a recours à d’autres textes bibliques que pour le premier exercice de Première Semaine, pour trois apparitions du Ressuscité et pour l’Ascension du Seigneur. L’Évangile rapporte l’expérience du Pionnier de la foi, Jésus (He 12, 2), à laquelle, en tant que disciples, nous souhaitons confronter notre propre expérience. - Reçue avec intelligence et foi, la Parole de Dieu, dans son ensemble, devra toujours éclairer, interpeller notre vécu quotidien, qui est l’objet de la prière. L’Écriture nous donne les critères de discernement pour vivre l’alliance avec Dieu. Elle est la règle de lecture nécessaire pour interpréter les signes des temps. Il importe de lui consacrer du temps 21. - Lorsque nous recevons ainsi l’Évangile et la Parole de Dieu, nous leur donnons un nouveau terrain de fécondation. Ils continuent de s’écrire aujourd’hui dans notre vécu, non en de nouveaux livres inspirés, mais dans l’histoire de l’action de Dieu (Histoire Sainte) à travers le temps et l’espace 22.

19. Voir I. DE LOYOLA, Le récit du pèlerin, trad. A. Thiry, Namur, 2006, no 7 (cf. « Discernement des esprits », I, chap. 3). Cf. aussi I. DE LOYOLA, Écrits, coll. « Christus » no 76, 1991, p. 1019-1073. 20. Le récit du pèlerin, op. cit., no 11. 21. « Reconnaître les passages de Dieu dans nos vies et croire que Dieu se révèle, c’est tout un » : O. DE VARINE, « Écriture sainte et discernement », in Cl. FLIPO et autres, Pratiques ignatiennes. Donner et recevoir les Exercices spirituels, Christus HS no 170, p. 21. 22. Cf. 2 Co 3, 2-3.

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Ignace invite à faire un aller-retour entre le récit biblique et notre propre vie, afin que l’un s’éclaire par l’autre, et réciproquement. C’est ce qu’il appelle : « tirer du fruit » (ES 106). • COMMENT CHOISIR LE CONTEXTE ? - En fonction de la dynamique générale de la retraite, l’objectif de l’exercice s’exprimera dans la grâce à demander. Le passage de l’Écriture sera choisi en vue d’obtenir cette grâce, mais toujours en étant attentif à la force propre et au sens de l’Écriture, en respectant son mouvement, comme saint Ignace a suivi, avec les coutumes de son temps, le mouvement des évangiles en contemplant la vie du Christ. - Le texte biblique sera introduit par un commentaire oral 23 qui, autant que possible, en renouvelle la compréhension pour aujourd’hui. Le retraitant prendra une partie, souvent importante, du temps de prière personnelle pour s’imprégner du texte, afin de laisser la Parole ouvrir son cœur et ses désirs : ainsi sera-t-il amené à faire le lien entre le texte proposé et sa propre expérience. - Il est souvent utile et possible de recourir à la liturgie du jour ou de la période de l’année 24. Pour certaines retraites, il est utile de demander aux groupes concernés le calendrier de leurs célébrations propres de l’Office et de l’Eucharistie. On peut aussi, pour les parcours des Deuxième, Troisième et Quatrième Semaines, choisir un des quatre évangiles et le suivre. • UTILISER UN CONTEXTE NON SCRIPTURAIRE ? Parfois, il est bon, voire nécessaire, de choisir un texte fondateur du groupe ou un texte de spiritualité comme le Principe et Fondement des Exercices spirituels (cf. II, chap. 1), un texte profane, une image, un symbole, ou une situation vécue par le groupe en retraite. Le critère de choix reste le même : permettre au retraitant de lire sa

23. Des ouvrages pour préparer un commentaire sont proposés dans la bibliographie. 24. Dans ce manuel, les traductions bibliques (NT et quelques passages de l’AT) proviennent de la traduction de la Bible de la liturgie ; les autres passages de l’AT, de la Bible pastorale de Maredsous (cf. Bibliographie, p. 283).

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ACCOMPAGNEMENT DU GROUPE

vie à la lumière d’une expérience fondatrice où Dieu — ou simplement « la transcendance » — est à l’œuvre. • Image (ou composition de lieu) – Notre foi gagne à mettre à son service et à évangéliser notre imagination 25. – Dans le livret des Exercices spirituels, Ignace demande au retraitant d’imaginer le lieu matériel où se trouve ce qu’il veut contempler : une synagogue, une montagne… (ES 47). Ou bien il lui propose de se représenter dans telle situation face à Dieu ou face au monde. Ainsi, c’est l’imagination (et non l’imaginaire) qui est sollicitée, car le but est de nous amener au concret, au réel, de ne pas laisser s’établir une coupure entre notre expérience et le Seigneur ressuscité qui agit aujourd’hui, comme il le faisait en Galilée du temps de sa vie mortelle. – Dans la retraite ESDAC, sous le titre « image », est proposée la situation à partir de laquelle le retraitant lit et accueille la Parole aujourd’hui. Faisant appel à sa mémoire et à son imagination, le retraitant évoque le réel dans lequel Dieu le rejoint et où il peut « réhabiter » les situations, les événements qui sont à prier. C’est pourquoi les titres « mise en situation » ou « … et pour moi », « … et pour nous », « dans mon histoire », conviennent également pour l’introduire. – La proposition d’image doit être rédigée de manière brève, simple, et permettre au retraitant de prendre sa propre place dans l’Histoire Sainte. • Demande de grâce La formule d’Ignace dans les Exercices spirituels est : « Demander à Dieu notre Seigneur ce que je veux et désire » (ES 48). • SON RÔLE - Suscitée par le désir du retraitant et la progression de son cheminement, la demande de grâce est rédigée par l’équipe

25. Cf. A. DE MELLO, Sadhana. Un chemin vers Dieu, p. 85, 108, 116.

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d’accompagnement ; elle ouvre une route pour que le retraitant avance. - Elle propose d’établir une relation vivante avec Dieu sur un point précis : la relation à Dieu dans la prière va « travailler » quelque chose dans le cœur des personnes, et dans ce travail un fruit, une vie, vont être donnés. - Dans sa formulation, elle exprime le mieux possible ce que le groupe veut et désire en vue de sa croissance spirituelle. • POINTS D’ATTENTION - Tenir compte de là où en est le groupe et veiller à la continuité du chemin spirituel. - S’appuyer sur les désirs qui s’expriment et s’approfondissent. - Veiller à garder le lien avec l’objectif de l’exercice et avec le texte d’Écriture choisi. - Éviter une demande de grâce passe-partout : sa formulation doit être claire et précise quant à l’étape spirituelle visée par l’exercice. - Éviter aussi le « nombrilisme » : la grâce place le retraitant dans le dessein de Dieu en vue d’une croissance spirituelle et non pour son bien-être personnel. - Pour un groupe moins spontanément religieux, à la place de « demande de grâce », utiliser la formule : « But poursuivi par l’exercice : atteindre tel objectif (à préciser). Si vous vous y sentez porté, demandez-en la grâce au Seigneur ». Ce qui pousse au mouvement est tout à la fois l’Esprit Saint, le retraitant lui-même et l’accompagnateur, ici l’équipe d’accompagnement. • Points ou pistes de prière • LEUR RÔLE - Aider les personnes et le groupe à entrer dans la grâce demandée. - Favoriser l’unité de la démarche : tous et chacun reçoivent les mêmes points.

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- Aider à progresser dans la prière et faciliter l’intégration d’un exposé. - Veiller à faire appel à l’être tout entier dans la prière : mémoire, intelligence, imagination… • COMMENT LES COMPOSER - Généralement, la première piste favorise l’intériorisation de la Parole : soit qu’elle souligne le lien entre le contexte et l’image proposée, ou entre la grâce et cette image, ou entre l’exercice précédent et celui qui est présenté ; soit qu’elle invite à écouter longuement la Parole. - Dans la suite des pistes proposées, chercher une progression en profondeur ou en largeur : on explore le champ donné à la prière avec l’intelligence, la volonté et l’affectivité. - Toujours partir de l’expérience vécue pour y lire le chemin de la grâce. - Faire appel à l’image, au symbole pour exprimer les sentiments dans un langage autre que cérébral et prendre ainsi conscience de ce qui vit en soi. Formuler la même idée en faisant appel à d’autres modes de perception : ce qui permet de respecter chacun dans son approche du réel - Inviter à la contemplation : demeurer, rester là où Dieu se donne, entrer dans la prière du cœur. • POINTS D’ATTENTION - Veiller à la précision des mots tant pour pointer l’objectif de la prière que pour ouvrir un champ de prière assez vaste afin que chacun s’y trouve à l’aise. En faisant appel à l’expérience, veiller à ce que toutes les expériences puissent s’y retrouver. - Rédiger les pistes de prière de manière brève et simple. - Une seule idée par piste proposée et pas trop de pistes. - Autant que possible, l’un ou l’autre mot-clé, repris éventuellement du contexte, devrait parcourir la feuille et ses parties afin de souligner l’unité de la démarche. - Libérer les personnes d’une fidélité excessive envers les pistes : celles-ci sont une aide, un chemin et non un carcan. Parfois

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la prière sera nourrie en suivant une seule piste. Parfois le simple énoncé de la grâce suffira à aider à prier. L’important est de toucher en soi quelque chose du vécu à partager par la suite. - Vérifier que les retraitants n’aillent directement aux pistes de prière sans prendre le temps de s’imprégner du contexte. Ce serait risquer d’entrer dans une réflexion plus que dans une prière car la vie ne serait plus mise sous la lumière de la Parole. • Colloque avec le Seigneur On pourrait aussi parler de conversation, d’échange, de dialogue avec le Seigneur. Ici le retraitant est invité à parler à Dieu à la seconde personne : « Seigneur, tu 26… » • SON RÔLE - Ignace y attache une grande importance. Que la prière ait été, selon les tempéraments, cérébrale ou affective, parler au Seigneur noue l’alliance entre les deux partenaires libres que sont Dieu et le retraitant. - Le colloque exprime le chemin parcouru au cours de l’exercice : la demande de grâce avait exprimé le désir du retraitant au début de l’exercice ; les points ont balisé la progression de la prière ; le colloque est le moment où nous disons au Seigneur quelque chose du changement que la grâce a opéré dans notre cœur. Nous y exprimons l’attitude intérieure qui nous habite : action de grâce, demande, louange, pardon, etc. - Le colloque peut être fait individuellement à la fin de la prière personnelle, ou à la fin du partage en petit groupe, ou à la fin du plénum.

26. « La prière est comme un face à face. L’âme et Dieu sont sur le même plan. Ils occupent la même chambre intime ; ils y sont comme père et enfant, comme époux et épouse, comme ami et ami » (A. GUILLERAND, Face à Dieu. La prière selon un chartreux, Parole et Silence, p. 60).

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- L’équipe d’accompagnement pourra suggérer aux retraitants, verbalement ou sur la feuille de prière, de se poser quelques questions qui favorisent le recours à l’imagination 27 : Est-ce que je parviens à parler au Seigneur ? Puis-je imaginer le Seigneur en train de m’écouter ? Quel aspect pourrait-il avoir ? Me parle-t-il ? Que pourrait-il me dire ? Est-il loin de moi ? proche ? • COMMENT LE RÉDIGER En partant de la grâce demandée et de la dynamique générale de la retraite, chercher une formulation à la fois simple et large. Selon le cas, le colloque sera à prier individuellement, ou en petit groupe, ou en plénum. Il y a parfois lieu de conseiller de terminer le colloque personnel ou en groupe par un texte formel, comme le Notre Père ou le Je vous salue Marie, ou par un chant connu qui récapitule bien l’attitude exprimée dans le colloque. Ainsi peut s’opérer un transfert de sens entre une expérience neuve et des formulations toutes faites. • Conclusion La conclusion invite à rassembler le fruit de la prière personnelle, à le résumer, éventuellement à le noter. Cette invitation à conclure est nécessaire pour que le partage soit préparé et que la prière, dans son ensemble, ne soit pas vécue dans la préoccupation du partage. De sa prière, chacun partage ce qu’il veut et ce qu’il peut.

Comment présenter la feuille de prière au groupe ? – Il convient d’être souple et libre dans la manière de proposer cette feuille, en veillant à laisser libre le retraitant et à miser sur sa capacité de se montrer responsable. La feuille est un moyen au service de

27. Voir W.A. BARRY et W.J. CONNOLLY, La pratique de la direction spirituelle, coll. « Christus » no 66, p. 89-106.

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la prière et n’exerce pas de pression sur le groupe. C’est l’occasion de rappeler que des mouvements spirituels (ES 6) peuvent être éprouvés pendant la prière et de demander que personne ne soit dérangé pendant son temps personnel (ES 12). – Certains groupes n’ont guère l’habitude de la prière. Dans ce cas, il est bon de commencer la prière personnelle en groupe avant de distribuer la feuille. La prière sera amorcée par un des accompagnateurs : rappel de la présence de Dieu (cf. Prière préparatoire, ES 46), lecture voire proclamation de la Parole, commentaire approprié à la demande de grâce qui suivra. L’accompagnateur peut estimer préférable de guider la prière 28 à partir du texte d’Écriture choisi. Sans la feuille en mains, les participants peuvent être aidés à une meilleure écoute et intériorisation de la Parole. Puis, s’adressant à Dieu, l’accompagnateur prononce la demande de grâce. C’est le moment de distribuer la feuille. Les pistes de prière sont parcourues et l’on souligne l’éclairage qu’elles reçoivent de la Parole ainsi que l’interaction entre le texte biblique et ces pistes. Enfin, le colloque rappelle l’importance de ce dialogue personnel avec Dieu pendant la retraite. Les participants prolongeront la prière sur place ou ailleurs, selon leur préférence. Prier personnellement en demeurant ensemble peut être une expérience marquante et l’accompagnateur, s’il le juge opportun, se joindra à ce temps personnel pour soutenir la prière du groupe. – Par ailleurs, la feuille de prière ESDAC sera également présentée à des groupes habitués à une prière plus contemplative (oraison af-

28. La prière guidée réunit tout le groupe dans un même lieu. Elle est animée par un accompagnateur. Ce dernier donne de brèves indications ponctuées de temps de silence. Voici un exemple : « Me disposer à la prière, m’ouvrir intérieurement (silence). Prendre conscience de mon corps, de mes points d’appui : pieds (silence), fesses (silence), dos (silence), mains (silence). Prendre conscience de ma respiration : inspirer et expirer (silence). Par le regard de l’imagination, me rendre présent à la scène de l’évangile. Voir le lieu, le chemin (silence). Voir les personnages, leur allure, leur visage (silence). Que disent-ils ? (silence). Que font-ils ? (silence). En quoi ma vie est-elle concernée par cette scène d’Évangile ? (long silence). Dieu m’est-il actuellement présent ? (silence). Qu’ai-je envie de lui dire ? (silence). Et lui, que voudrait-il me dire ? (silence). Je termine ma prière (silence).

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fective) ou à la simple rumination individuelle de la Parole (lectio divina). Il faut alors expliquer pourquoi, selon l’objectif propre de l’exercice, une même « pâture commune » est proposée pour la prière.

Conversation spirituelle Le présupposé favorable Dans les Exercices spirituels, avant même de mettre le retraitant en prière, Ignace parle de l’entretien entre le retraitant et l’accompagnateur. Pour que celui qui donne les exercices spirituels comme celui qui les reçoit y trouvent davantage d’aide et de profit, il faut présupposer que tout bon chrétien doit être plus enclin à sauver la proposition du prochain qu’à la condamner ; et s’il ne peut la sauver qu’il s’enquière de la manière dont il la comprend et, s’il la comprend mal, qu’il le corrige avec amour. Si cela ne suffit pas, qu’il cherche tous les moyens appropriés pour que, la comprenant bien, il se sauve (ES 22).

Cette attitude de fond suppose de la part de chacun, et réciproquement : - de faire, a priori, confiance à l’autre ; - d’être à l’écoute, chez l’autre, de la vérité que lui dicte sa conscience ; - de vouloir aider l’autre à avoir davantage accès à sa propre conscience. Dans ESDAC, cette disposition est requise de la part de chacun des membres du groupe et de l’équipe d’accompagnement 29.

29. Cette requête n’est pas chose aisée : il s’agit d’une disposition à renouveler sans cesse. Cf. I. et B. ELIAT-SERCK, Oser la relation. Exister sans écraser, ou encore B. et A. THIRAN-GUIBERT, Entrer dans l’Évangile pour sortir de la violence.

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Le rôle de la conversation spirituelle Le moyen clé, le moteur de la démarche ESDAC est la mise en œuvre de ce qu’ESDAC nomme la conversation spirituelle. Si la prière personnelle est une rencontre avec Dieu au cœur de notre propre vie, la conversation spirituelle en groupe nous invite à rencontrer Dieu dans la parole et le visage d’autrui. Elle prolonge la prière personnelle. Par le partage de leur expérience personnelle de prière et l’écoute bienveillante des autres, les membres du groupe se mettent ensemble sous la mouvance de l’Esprit. La conversation spirituelle est un moyen pour chercher et trouver ensemble la volonté de Dieu, et faire ainsi l’expérience du salut. Elle fait passer de l’individu au groupe, du « je » au « nous ». L’alternance de notre parole personnelle et de notre écoute attentive d’autrui conduit à une expérience contemplative qui construit le groupe dans son identité propre. Si la conversation spirituelle est d’abord un exercice, elle devrait devenir un climat communautaire, fondé sur le présupposé favorable des Exercices. Dans un couple, une équipe, une communauté, cette conversation peut devenir le climat quotidien où l’échange en profondeur ne se réalise pas seulement à des moments fixés, mais face à l’événement, au quotidien. Elle permet de devenir, de façon informelle, accompagnateur quotidien l’un de l’autre. En ce sens on peut dire que, dans un discernement mené par le biais de la conversation spirituelle, « la manière de procéder fait partie du contenu 30 ».

Ses fondements dans l’Écriture et la tradition spirituelle • Dans l’Évangile • Les DISCIPLES D’EMMAÜS (Lc 24, 13-35). Dans ce récit, la conversation spirituelle et ses fruits sont mis en lumière d’une façon

30. P. BISSON, « La connaissance est aussi entre les nez… et pas seulement entre les oreilles », in Promotio Justitiae, no 89, 2005/4, p. 26-28.

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exemplaire. Deux disciples conversent à propos des événements tragiques qu’ils viennent de vivre : Jésus, en qui ils avaient mis toute leur espérance, est mort. « Comme ils parlaient », voici que le Christ — qu’ils ne peuvent encore reconnaître — fait route avec eux et se met à leur écoute. Face à leur déception, à leur tristesse, le Ressuscité explique l’Écriture et les invite, à cette lumière, à relire leur expérience pour passer de l’incrédulité à la foi. La conversation ne change rien au fait indéniable et irréversible que Jésus soit passé par la mort. Ce qui change radicalement dans l’esprit des deux disciples, c’est leur ouverture progressive à une réalité nouvelle et inouïe : Jésus, actuellement, est vivant. Sa vie leur est communiquée. Une expérience irrécusable leur est donnée : leurs cœurs tristes et froids sont devenus brûlants 31. • La SAMARITAINE (Jn 4, 1-42). Ce récit déploie les conséquences ultimes du présupposé favorable. Tant Jésus que la Samaritaine osent vaincre un tabou et se parler. L’un comme l’autre font progresser l’échange vers plus de profondeur et de vérité. La Samaritaine reconnaît ses failles. Loin de lui faire des reproches, Jésus la complimente : « Tu dis vrai. » Il se fie au jugement de conscience de cette femme. Celle-ci, mue de façon immédiate par l’Esprit, progresse vers la vérité tout entière. Devenue disciple de Jésus, elle attire à lui de nouveaux disciples. • AUTRES RÉCITS. Une multitude de passages de l’Évangile se réfèrent à la conversation spirituelle. Par exemple : - le dialogue entre Jésus et la Syrophénicienne (Mc 7, 24-30). Les deux interlocuteurs s’entraînent l’un l’autre vers une vérité plus profonde. - « De quoi discutiez-vous en chemin ? » (Mc 9, 33). - « Tu vois ces grandes constructions ? Il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit » (Mc 13, 2-3). - « Le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger ? » (Lc 12, 54-57).

31. Cf. « L’expérience fondatrice de Pâques », II, chap. 4, p. 126.

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• Dans la tradition spirituelle – La conversation spirituelle 32 a pour origine le dialogue instauré entre les Trois Personnes de la Trinité. Dans la contemplation de l’Incarnation du Seigneur, saint Ignace propose au retraitant d’écouter l’échange des Personnes divines : « Faisons la rédemption du genre humain, etc. » (ES 107). La conversation dans l’Esprit a pour but le salut du monde, la mission. Elle n’est pas une recette pour améliorer nos relations. – Dans son autobiographie, parlant de son séjour à Manrèse, Ignace témoigne : « À cette époque, il y avait longtemps que le pèlerin était très avide d’entretiens spirituels et de trouver des personnes qui en fussent capables 33. » – La conversation spirituelle est un instrument apostolique privilégié de la Compagnie de Jésus. Tout a commencé par la qualité d’une conversation amicale, dans une petite pièce du Collège Sainte-Barbe de Paris, entre Ignace de Loyola, François Xavier et Pierre Favre 34. – Dans ses Confessions, saint Augustin rend compte d’entretiens spirituels avec sa mère Monique 35. – Rappelons-nous encore Benoît et sa sœur Scolastique, François et Claire, Thérèse d’Avila et Jean de la Croix…

La conversation spirituelle dans le discernement en commun – Il est moins fréquent de voir thématiser la conversation spirituelle en groupe. Rappelons cependant les chapitres des monastères. – Dans la tradition ignatienne, la conversation spirituelle est en œuvre lors de la fondation de la Compagnie de Jésus, en 1539. Lors

32. Cf. M. NEPPER, « La conversation spirituelle », in Dictionnaire de spiritualité, Paris, 1953, tome II, col. 2212 à 2218. 33. Cf. I. DE LOYOLA, Le récit du Pèlerin, trad. A. Thiry, Namur, 2006, no 34. 34. Cf. G. ARANA, « La conversation spirituelle, instrument apostolique privilégié de la Compagnie », in Revue de spiritualité ignatienne, Rome, CIS no 108, 2005, p. 20-47. 35. Cf. Les confessions de saint Augustin, Paris, 1993, X, 9.

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de la délibération des premiers Pères 36, ceux-ci doivent décider s’ils vont rester ensemble et pour cela choisir ou non le moyen de l’obéissance à l’un d’entre eux. La méthode qu’ils utilisent est à la base de la démarche ESDAC : articuler prière personnelle et échange en groupe à partir des fruits de la prière. Ainsi peu à peu se mûrit la décision. – C’est bien plus tard, après Vatican II qui remet en valeur l’esprit collégial, que vont se développer les études récentes sur le discernement spirituel en commun.

Ce qui favorise la conversation spirituelle et ce qui la bloque • Les conditions favorisant la conversation spirituelle a) AU PLAN MATÉRIEL - pour les petits groupes : locaux et sièges agréables, fleurs, bougie, icône… - pour le plénum : local et sièges adéquats ; que tous puissent se voir et entendre, micros testés ; salle mise en ordre avant chaque rencontre. b) AU PLAN DES PERSONNES - une capacité de relecture et de partage de l’expérience de prière ; - l’attention aux mouvements des esprits et la faculté de s’ouvrir aux règles du discernement ; - une attitude intérieure d’écoute fondée sur la foi en Dieu agissant en soi et dans l’autre ; - la juste affirmation de soi en même temps que le renoncement à soi-même et l’humilité qui accepte de se laisser remettre en question ; - un réel désir de conversion.

36. « La délibération des premiers Pères : mars-juin 1539. En trois mois. Comment la Compagnie s’est constituée. Pour rendre l’obéissance à l’un de ses membres », Monumenta Historica Societatis Jesu, Const. I, p. 1-7. Cf. en français : I. DE LOYOLA, Écrits, coll. « Christus » no 76, p. 277.

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• Les difficultés possibles Elles sont multiples, d’ordre psychologique, spirituel et physique. Les conditions mises en place sont une aide pour l’écoute et la parole. Cependant, elles peuvent aussi agir comme révélateur des incapacités et des limites relationnelles des membres du groupe ou de certains d’entre eux : - locaux inadéquats, mauvais sièges, mauvaise acoustique, micros non testés… ; - manque d’écoute ; - difficulté à relire sa prière et à la partager ; - difficulté à parler en « je », en étant libre. À ne dire que ce qu’on veut dire et tout ce qu’on veut dire, sans se raconter ou ne pouvoir rien dire d’essentiel ; - absence de prière mais une simple réflexion ; - difficulté à faire confiance à soi-même, aux autres, à Dieu ; - résistances au changement ; - non-conscience de ses propres attitudes d’agressivité active ou passive ; - peur des différences.

Petits groupes Si la prière personnelle est une rencontre avec Dieu au cœur de ma propre vie, l’étape du petit groupe invite chacun à rencontrer Dieu dans la parole et le visage de l’autre. La rencontre devient ainsi une expérience contemplative qui construit le groupe dans son identité propre. L’alternance de la parole personnelle et de l’écoute de l’autre aide à prendre conscience du cheminement propre de chacun et donne les mots pour l’exprimer. Le temps de rencontre du petit groupe varie selon les besoins. Il dépassera rarement une heure. • Comment composer les petits groupes ? – Autant que possible, mettre ensemble les personnes les plus différentes et qui se connaissent le moins.

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ACCOMPAGNEMENT DU GROUPE

– Avoir des critères clairs et objectifs que l’on communiquera aux participants afin d’éviter tout soupçon de manipulation : âge, sexe, état de vie, profession… – Le nombre de 4 à 6 personnes permet un bon fonctionnement du petit groupe. Chacun peut s’y exprimer aisément. – Si les groupes sont de 7 ou 8 personnes, il peut être bon de prévoir des « facilitateurs ». Leur rôle est de faire respecter les consignes, de veiller à ce que chacun s’exprime et de faire le point sur la situation du groupe à certains moments. – En cas de difficulté dans l’un ou l’autre groupe, pourquoi ne pas en changer la composition le temps d’un ou deux exercices ? – Parfois, il est utile que les groupes se rencontrent deux à deux pour élargir le partage.

La « plume qui donne la parole » Les Indiens d’Amérique du Nord ont gardé une tradition dont l’équivalent existait dans nombre de cultures : les cercles de parole ou cercles de partage. Ces cercles ont pour fonction de résoudre des conflits, d’exprimer des non-dits, d’élaborer des décisions et d’arriver à un consensus. La tradition perdure de nos jours, sous différentes formes, dans des contextes variés : sociaux, religieux, thérapeutiques, politiques 37… Les participants se mettent en cercle. Le cercle exprime le souci de donner à chacun, dans le partage qui va suivre, une place identique, une voix égale. Les titres et les différences de statuts disparaissent. Pour les Indiens, le cercle est aussi le signe du caractère cyclique et continu de la vie, du lien avec les générations précédentes et futures. Disposés

37. Communiqué de presse du Nouveau Brunswick, 23-08-2004 : « Cercles de discussion avec les Premières Nations ». Cf. www.gnb./ca/cnb/news ; Resource Library, Native Council of Nova Scotia. Cf. http://ncns.ednet.ns.ca/culture. Consulter aussi par exemple : www.childguidanceclinic.ca ; http://execulink.com ; www.quakers ; www.iaiachronicle .org/archives/talkingcircle ; www.restorativejustice.org/rj3.

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en cercle, nous sommes unis à toutes les choses et mieux à l’écoute de notre sagesse intérieure. Avant le début de la conversation, le chef — ou un aîné — tient dans la main gauche (côté le plus près du cœur) une plume d’aigle. C’est un geste d’offrande des pensées qui seront échangées. Tenir en main cette plume octroie à celui qui parle une protection : il ne sera interrompu par personne. Lorsque le chef a parlé, il passe la plume d’aigle à son voisin : ce qui l’investit du pouvoir de prendre la parole. Et ainsi de suite. Chacun à tour de rôle reçoit la plume et parle en étant assuré d’être écouté avec attention et respect, sans être interrompu. Ceci l’encourage à parler du plus profond de son cœur, à oser être lui-même. Dans ce qui est nommé cercle de parole, l’écoute occupe la majeure partie du temps. Celui qui préfère passer son tour de parole le dit tout simplement en passant la plume d’aigle à son voisin. L’aigle est un oiseau qui, volant très haut dans le ciel, a une large perspective sur les affaires humaines. Dans la tradition indienne, il est considéré comme faisant le lien entre le Créateur, le Grand Esprit, et les humains sur terre. Chez les Indiens, la plume d’aigle est un objet hautement symbolique, en quelque sorte sacré. Celui qui parle la tient avec grand respect : ce qui affecte la qualité de sa parole. Celle-ci se doit d’être vraie. Lorsque la plume d’aigle parcourt le cercle, elle lui communique force, sagesse, grâce et vérité. En retour, elle est comme nourrie et rechargée d’énergie sacrée. Cette plume est l’arrière-fond du sigle ESDAC.

Consignes pour la « conversation spirituelle » en groupe • Pour favoriser l’écoute et l’expression dans un partage L’attitude principale est une écoute respectueuse et reconnaissante. Chaque personne est experte de sa propre expérience. Des temps de silence sont appropriés et nécessaires.

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Ce qui est confidentiel sera respecté. La discrétion exige de ne citer personne en dehors du groupe sauf, parfois, avec son consentement. Chacun parle à tour de rôle. Tant qu’il a en main la « plume », il a la parole et n’est pas interrompu. Il partage ce qu’il peut, sans se livrer davantage qu’il ne le souhaite. Veiller à décrire son expérience de manière brève et claire. Le (petit) groupe de partage n’est pas le lieu pour une homélie, pour convertir les autres à son point de vue ou imposer ses idées favorites. Ce n’est pas non plus le lieu pour résoudre les problèmes d’autrui ou lui porter secours. Parler sous forme de « je » et non de « on ». Parler en son nom propre.

Désigner un gardien de l’heure qui veillera à ce que, dans le temps imparti, chacun ait le temps de s’exprimer et que le groupe fasse si possible au moins les deux premiers tours de partage. • Les « trois tours » de partage • PREMIER TOUR Chacun partage à tour de rôle, selon ce qu’il a décidé en conclusion de sa prière personnelle, éventuellement à l’aide des notes prises lors de la relecture. Durant ce premier tour, personne ne réagit à ce qui est partagé, sinon pour demander une explication. • DEUXIÈME TOUR Quelques moments de réflexion silencieuse sur l’expérience commune du « premier tour » de partage sont nécessaires : - Qu’ai-je entendu, perçu, même au-delà des mots utilisés ? - Qu’est-ce qui m’a particulièrement touché ? - Qu’est-ce qui m’a donné paix, joie, confiance, élan ? Qu’estce qui m’a troublé, découragé, attristé ? - Y a-t-il des choses qui s’éclairent pour moi ou pour le groupe ? - Quand me suis-je senti en harmonie avec les autres ? En opposition ?

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- Quelles sont les conséquences inévitables de ce qui vient d’être exprimé ? Suit alors le partage, en laissant libre cours aux interactions entre les participants. Au terme de ce tour, selon le cas, tentative de nommer le consensus qui existe actuellement dans le groupe. • TROISIÈME TOUR Temps pour un libre dialogue avec le Seigneur, ou pour prendre une décision de groupe ou pour rassembler un avis commun en vue du plénum décrit plus loin.

Points d’attention pour l’équipe d’accompagnement – Avant le premier petit groupe, les accompagnateurs présenteront et introduiront, en l’adaptant aux attentes et possibilités des participants, le document intitulé « Consignes pour la conversation spirituelle en groupe ». Le commentaire tiendra compte des points suivants : - quel est le but de la conversation spirituelle ? Par le partage du fruit de sa propre prière et par l’écoute attentive de celui des autres, il s’agit de découvrir davantage les chemins de l’Esprit, comment il se révèle, comment il agit, où il nous conduit afin de devenir un seul corps ; - converser spirituellement, c’est communiquer à partir de notre centre, du caractère unique et vrai de notre personne, à partir de nos désirs les plus profonds, de ce qui nous donne énergie pour vivre. C’est à ce niveau d’intériorité que Dieu nous habite, nous anime ; - cette forme de conversation, profondément enracinée dans la foi, est humble, ouverte, désireuse d’accueillir et de partager, de recevoir et de donner, d’aimer et de se laisser aimer. – Après le partage en petits groupes, les accompagnateurs vérifieront le respect des consignes pour la conversation spirituelle. Ils s’assureront, par exemple, que personne dans un groupe ne monopolise

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la parole. En particulier, ils rappelleront que chaque groupe est invité à procéder au « second tour » de partage et à en mesurer la portée : - le deuxième tour ne consiste pas seulement en échanges à propos du contenu de ce qui a été dit. Il permet également la prise de conscience de l’énergie et de la cohésion dégagées par le premier tour, ou, au contraire, des blocages suscités, par exemple, par un non-dit ; - le deuxième tour est une conversation sur l’expérience commune que constitue le premier tour. Par là, le groupe prend conscience de la grâce qui lui est faite, comme groupe. Il reconnaît et se formule comment Dieu est à l’œuvre. Il peut ainsi être amené à la longue à découvrir son charisme, sa personnalité, comme groupe. Il permet de dégager les éléments de consensus du groupe ; - dans la conversation spirituelle en petit groupe, le deuxième tour devrait pouvoir exercer un rôle équivalent à celui de la « relecture » de la prière personnelle. – Comment vérifier si les choses se passent bien ainsi ? - sur une feuille de prière, proposer une brève évaluation de la manière dont on s’y prend en petit groupe ; - en plénum, demander si cette évaluation a eu lieu et quels en sont les fruits ; - durant les pauses ou les moments informels, poser ces questions à l’un ou l’autre ; - dans certains cas (tensions, mauvaise compréhension, etc.), ce sera une aide pour les petits groupes de recevoir un « facilitateur » extérieur, par ex. un membre de l’équipe d’accompagnement.

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Plénum Il y a deux moments clés où le groupe se trouve réuni dans son ensemble : - lorsque l’équipe d’accompagnement présente la feuille de prière ; - lorsque tous se rassemblent après les petits groupes. C’est ce deuxième temps qui est développé ici.

Schéma de différents styles et moments du plénum Le schéma ci-contre présente en tableau divers styles possibles de plénum. • But de tout plénum Recevoir, nommer, déployer ensemble la grâce, en veillant toujours à aider le groupe à « faire un pas de plus ». • Rôle de l’équipe d’accompagnement De manière similaire à un accompagnement individuel, le plénum est la rencontre du groupe-retraitant avec son accompagnateur, ici une équipe. Celle-ci a pour tâche, par son écoute, ses questions, ses interventions, de : - faciliter ce processus ; - favoriser la croissance du groupe dans sa relation à Dieu et dans le dépassement de ses propres idées.

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• « Prendre le pouls » • Vérification au moment de la décision • Confirmation

Discernement des esprits

• Conversation spirituelle ensemble • Partage de vie • Approfondissement

Continuation Répétition

Contemplation

Colloque Célébration

• Image de Dieu • Partage de la Parole

• Dialogue avec le Seigneur • Action de grâce • Intercessions

• Recevoir la grâce, • la nommer, • et la déployer ensemble

Plénum

• Apports de panneaux de groupes • Collecte des informations • Reconnaissance du vécu • Formulation de sentiments • Expression d’un consensus

Remontée

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• Différents styles de plénum • LE STYLE « CONTINUATION-RÉPÉTITION » Le plénum est une poursuite, tous ensemble, de la conversation spirituelle qui a eu lieu dans la prière personnelle entre chacun et Dieu ; puis, dans le petit groupe, entre les participants, et entre ceuxci et Dieu. L’accompagnateur principal invite les personnes qui le veulent à prendre la parole. Il ne s’agit pas de faire le rapport exhaustif de ce qui s’est passé, mais de partager ce qui touche, ce qui affecte davantage. L’idée est qu’en fait la même grâce est demandée à chaque étape : elle s’approfondit, s’élargit, se communique. Il s’agit d’une répétition, au sens ignatien du terme : non pas redire la même chose mais, ayant décelé le point où l’on est touché, s’y arrêter, en parler, l’approfondir, le goûter, en déployer toutes les harmoniques possibles (ES 62, 64, 118). – Adapté pour : partage de vie, histoire de grâce, nom de grâce, ligne historique, désirs… – But poursuivi : aider le groupe à percevoir là où les grâces reçues sont les plus importantes, celles qui « s’imposent » par leur récurrence ou leur force. • LE STYLE « COLLOQUE-CÉLÉBRATION » Ici le plénum est vécu comme ce temps où le corps entier, « le groupe-retraitant », prie et dialogue explicitement avec Dieu à partir de la grâce reçue dans la prière personnelle et les petits groupes. Quel que soit son style principal, on s’efforcera de terminer tout plénum dans le style « colloque célébration ». – Adapté pour : fin de plénum, eucharistie, célébration de réconciliation… – But poursuivi : exprimer la grâce reçue en la reconnaissant comme donnée par Dieu. • LE STYLE « REMONTÉE » Chaque petit groupe est invité à partager les fruits de son partage ainsi que le consensus qui s’en est dégagé, souvent à l’aide d’une grande feuille à afficher en plénum. Un représentant du groupe parle au nom de tous, chacun pouvant ensuite ajouter ou préciser un point

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ou l’autre. Ayant écouté chaque groupe, on cherche à dégager les éléments de consensus présents dans l’ensemble du groupe. – Adapté pour : groupe à tâche ; nommer la grâce du groupe, ses ornières, son péché, son appel, un consensus ; faire une évaluation, des recommandations… – But poursuivi : que le groupe prenne conscience, exprime et s’approprie le consensus qui l’habite. • LE STYLE « DISCERNEMENT DES ESPRITS » Dans ce type de plénum, l’accompagnateur aide le groupe à prendre conscience des mouvements spirituels 38 qui sont à l’œuvre. Il l’aide à mettre des mots sur son ressenti : dynamisme, vie, agitation, inquiétude (ES 17 et I, chap. 3). – Adapté pour : prendre le pouls du groupe, préparer une décision, ressentir une confirmation. – But poursuivi : aider le groupe à discerner les mouvements qui l’agitent et à voir où l’Esprit Saint le conduit ici et maintenant. • LE STYLE « CONTEMPLATION » Le plénum est un exercice de prière guidée 39 par l’accompagnateur. – Adapté pour : les exercices sur le visage ou l’image de Dieu. – But poursuivi : aider chacun et le groupe à prendre mieux conscience de sa relation à Dieu.

38. Cf. « Discernement des esprits », p. 58. 39. Un exemple de prière guidée est donné p. 36, note 28.

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Comment procéder ? – Le plénum doit être bien préparé par l’équipe d’accompagnement. À celle-ci de prévoir certaines difficultés : communication moins aisée que dans le petit groupe en raison du nombre, mouvements de peur ou d’agressivité, risque de parole monopolisée, préoccupation de vouloir arriver trop vite à des résultats concrets (le plénum étant un lieu qui peu à peu devient décisionnel), etc. L’objectif sera chaque fois précisé. – Un accompagnateur principal sera désigné pour mener la rencontre ; il devra se sentir à l’aise et accueillir avec liberté et souplesse tout ce qui se présentera. Les autres membres de l’équipe auront un rôle d’aide, de conseil, d’observation. – Préparer, c’est préciser, en fonction des feuilles proposées et de la grâce demandée, l’objectif à poursuivre en plénum, et donc, le style principal à choisir. Il est important de formuler à l’avance la question à poser en début de plénum : cette question sera à la fois précise et large pour que chacun s’y reconnaisse. – Habituellement le plénum dure environ une heure. Il pourra être plus bref lorsqu’il suit, par exemple, un partage intime en petits groupes sur nos histoires de grâce ; il pourra dépasser l’heure au moment des décisions concrètes. – Selon les cas, commencer par un chant, un silence, un moment d’intériorité : les échanges viennent du cœur. – Poser la question préparée. – Si les interventions des participants vont dans un même sens, offrir la possibilité d’exprimer un point de vue soit semblable, soit différent ou même opposé. – Si une conversation s’instaure entre certains participants, cela peut être l’amorce d’une véritable conversation spirituelle générale, à condition que tout le monde se sente concerné, même si tous n’interviennent pas. Vérifier la chose par des questions comme : « La conversation tourne actuellement surtout autour de tel thème. Untel et untel se sont davantage exprimés. Voulez-vous poursuivre sur ce thème ? D’autres voudraient-ils prendre la parole à ce sujet ? Ou bien

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voudriez-vous plutôt aborder un autre thème ? » (style « continuationrépétition »). – Éventuellement prendre le pouls du groupe. Poser la question : « Dans quel état suis-je : content, plein d’espérance, ou mal à l’aise, tendu… ? » (selon le style « discernement des esprits »). – Ne rien forcer, laisser grandir le climat de foi. Respecter l’attitude de chacun et la timidité de certains. – Peut-être mettre les participants par deux ou trois durant quelques minutes. – Ou proposer de s’exprimer par un dessin, une image, un symbole, un geste. – Terminer le plénum par une conclusion, un chant ou une prière libre (colloque). • Exemples de questions à poser – En petit groupe, qu’ai-je entendu, perçu, même si cela a été exprimé autrement ? Qu’ai-je vécu, dans la prière ou le partage ? (style « continuation-répétition »). – Sur telle question, qu’est-ce qui s’est éclairé ? (style « discernement »). – La grâce demandée a-t-elle été obtenue ? – Ai-je le sentiment qu’en plénum notre groupe est en mouvement, en progrès ? Qu’est-ce qui meut le groupe pour l’instant ? » (style « discernement »). – Où est Dieu maintenant ? Que fait Dieu ? (style « contemplation »). – Que ressort-il du deuxième tour de partage de votre petit groupe ? Au niveau affectif ? Qu’avez-vous appris, compris ? (style « continuation »). – Les suggestions pour le colloque vous ont-elles aidés ? Ceci peut stimuler certains à se risquer à converser avec le Seigneur d’une manière renouvelée (style « continuation »). – Quelles sont les conséquences inévitables de ce que nous sommes en train de nous dire ? (style « discernement »).

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• À l’occasion du plénum, rappeler et vérifier – Que chacun se sente libre de prendre du temps pour lui, pour la prière personnelle, pour passer la pause et le temps libre comme il l’entend, pour faire une sieste, une promenade ou une activité ludique avec d’autres. – Que les consignes pour la conversation spirituelle soient bien respectées en petit groupe : « Quelqu’un monopolise-t-il la parole ? » « Prend-on le temps d’un deuxième tour ? »

Expression symbolique et célébrations Saint Ignace met l’imagination au service de Dieu. Que l’on songe aux méditations du Règne (ES 91), des Étendards (ES 136), de l’enfer (ES 65), aux préambules des Exercices. Si l’on n’y prend garde, le processus ESDAC aura tendance à privilégier la parole. Or, tout est langage : une attitude corporelle, un geste, une mimique, un regard, un silence, la place qu’on occupe. Il est donc important de faire un large usage de l’expression symbolique. Un symbole est un réservoir capable de libérer une puissante énergie psychique et spirituelle. Il donne la parole à l’inconscient. Il crée des rapports inédits entre les choses, les êtres, les idées, les sentiments 40. Une image unifie la conscience intellectuelle et la conscience affective, la perception intuitive et la perception des cinq sens. Notre image de Dieu est sans cesse à purifier 41.

En pratique – Sur la feuille, l’image proposée fait appel à l’imagination. Certains, plus doués en ce domaine, seront utilement encouragés en plénum à dé-

40 Cf. BORBELY and others, Focusing Group Energies, vol. I, p. 11-12. 41. Cf. « Notre image de Dieu », II, chap. 1, 3e approche, p. 85.

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ployer pour le groupe l’image concrète qu’ils se font de la grâce commune à demander ou reçue. Ils pourront même la dessiner. – La liturgie eucharistique sera vécue en lien avec la journée, comme le moment privilégié du colloque fait ensemble, avec des gestes qui expriment le vécu du jour. Il importe donc de relier l’étape où l’on en est à cette célébration — que celle-ci soit quotidienne ou non. Comment faire ? - Si c’est possible et porteur, utiliser les textes liturgiques du jour comme contextes pour la feuille de prière. C’est d’autant plus indiqué si, pour participer à l’Eucharistie, le groupe doit rejoindre une paroisse ou une assemblée plus vaste. Le recours aux textes de la liturgie du jour permet non seulement d’insérer celle-ci dans le processus du groupe en retraite, mais aussi d’ouvrir le vécu du groupe à une dimension plus large que lui-même. - On peut aussi souligner un moment, un geste de l’eucharistie : offrande, célébration du nom de Jésus, geste de réconciliation et de paix, intentions de prière, etc. Au moment de l’offrande du Règne, par exemple, chacun pourra être invité à déposer le pain, à remplir la coupe d’un peu de vin pour signifier sa participation à l’offrande commune. – La célébration communautaire de la réconciliation est un temps fort de la retraite. On pourra inviter chacun à poser un geste symbolique devant tous, comme déposer devant l’icône de la Trinité un objet significatif de sa démarche de conversion. – L’onction des malades ne serait-elle pas indiquée pour un groupe âgé ou particulièrement perturbé ? – D’autres célébrations ou veillées peuvent être envisagées : des gestes éloquents peuvent y être posés. En voici quelques exemples : - soirée de silence ; - écoute de textes et prière partagée autour des Noms attribués à Dieu ; - danse commune ; - chant ; - adoration eucharistique.

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Recourir à la détente et aux techniques de communication Le groupe en plénum doit parfois être appelé à communiquer d’une manière ludique ou à prendre un temps de détente. La communication, l’interactivité et la connaissance mutuelle peuvent être stimulées et améliorées par le jeu qui permet de « s’entraider pour parvenir à un but commun ». C’est un moyen « d’explorer d’autres manières de « faire ensemble » : s’exprimer, argumenter, écouter, prendre des décisions, unir ses forces 42 ». Le jeu aide aussi à découvrir des zones de soi-même dont on ne prend guère conscience dans le travail ou l’application de l’esprit. Il existe des jeux coopératifs 43 qui éduquent à la communication et à la concertation, des jeux qui favorisent la communication non violente 44, etc. Qu’est-ce qui empêche de conclure un jeu par un échange de prière ? Quant à la détente, chaque participant est toujours libre de prendre les moments de détente qui lui sont nécessaires. En outre, il sera parfois utile, voire nécessaire, au cours d’une rencontre ESDAC, d’inviter tous les participants à une après-midi de marche, à une visite à un lieu de pèlerinage voisin, etc. Aussi, l’équipe responsable du plénum ne négligera-t-elle pas non plus les diverses techniques de communication qui permettent au groupe de s’exprimer de manière non verbale. Par exemple : - le dessin, la peinture, la terre glaise, le découpage… - des panneaux, des « post-its », des gommettes, des fiches de couleur ; chacun peut afficher son avis sur une fiche ou in-

42. Cf. Fr. Robert in www.casse-noisettes.be. Voir aussi « Gagner, mais tous ensemble », in En marche du 18 novembre 2004. 43. Cf. M. MASHEDER, « Savoir communiquer », in Jeux coopératifs pour bâtir la paix, ECS, octobre 2005 ; voir aussi www.enmarche.be 44. Cf. M.B. ROSENBERG, Les mots sont des fenêtres (ou des murs). Introduction à la communication non violente, Jouvence éditions, 1999. Voir aussi M. BARLOW, Améliorer la communication. 50 jeux et expériences, ECS, 2001.

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diquer son degré d’approbation avec une gommette placée sur une échelle allant de 1 à 5, etc. On se rappellera l’importance de la dynamique de groupe (III, exp. 7) et la nécessité pour les accompagnateurs ESDAC de se tenir à jour dans l’apprentissage de ces techniques.


Chapitre 3 : Discernement des esprits

De quoi s’agit-il ? Bien des personnes demandent à se mettre à l’école des Exercices parce qu’elles sont appelées à des choix importants ou se trouvent à un tournant de leur vie, ou encore parce que se fait sentir l’exigence d’une relance. Il en va de même des groupes qui s’adressent à ESDAC. Souvent, la demande se résume au désir de « faire un discernement ». L’Écriture nous apprend deux sens du mot « discernement ». Il peut s’agir d’un don, d’un charisme qui, souvent, va de pair avec la prophétie : non pas prédire l’avenir, mais annoncer dans telle situation concrète, la volonté de Dieu sur un événement, un individu, un groupe (1 Co 12, 10 ; 14, 29). Ce don particulier est lié à des circonstances diverses et est soumis à l’autorité du message évangélique (1 Jn 4, 1-3) ainsi qu’au souci de construire le bien commun (1 Co 14, 12). Mais, le plus souvent, l’Écriture nous appelle à l’exercice habituel du discernement (Lc 11, 29 ; 1 Th 5, 19-22 ; Rm 12, 2 ; Ep 4, 20-24 ; etc.) par la mise en œuvre des moyens humains et des dons surnaturels afin que nous puissions arriver à poser cet acte de discerner 45 : il s’agit, après avoir été provoqué par l’Écriture au désir de suivre le

45. Saint Bernard parlera de la vertu de discernement ; saint Thomas, de la vertu de prudence dans le jugement ; saint Ignace invite à un acte de discernement : cf. note sur le discernement dans la traduction d’Ed. Gueydan des Exercices spirituels, p. 225.

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Christ évangélique, de décider librement de choisir ce que nous percevons être le vouloir de Dieu pour nous 46. Pour cet exercice habituel du discernement, un groupe, comme un individu, aura recours aux facultés qu’illumine la foi : mémoire et imagination, intellect, affectivité et volonté, sans omettre la lecture du mouvement des « esprits » et des mouvements intérieurs qui suscitent en nous joie ou tristesse. Les pages qui suivent décrivent et commentent l’expérience fondatrice d’Ignace. Celle-ci lui a fait prendre conscience qu’il était « mû » par des attraits, des inclinations, des penchants, qui se produisaient en lui, indépendamment de son vouloir propre. Il a détecté que certaines de ces « motions » étaient bonnes et à accueillir, car elles allaient dans le sens de ce qui, pour lui, était l’orientation de la vie. D’autres, mauvaises, étaient à rejeter car elles piégeaient en lui le mouvement de la vie. Il a rédigé des règles pour sentir et différencier ces motions. Attention : Pour ces règles, le lecteur se référera aux Exercices spirituels nos 313-327, 328-336, ainsi qu’à d’autres notations des Exercices, par exemple ce qui concerne l’élection aux nos 169-189 et, de manière plus éparse, aux ES 2, 6-7, 23, 76, 77, 130. Ce qui déclenche une motion peut être une pensée ou un raisonnement, une image, un désir, un attachement, un mot… Parfois Dieu meut l’âme directement, sans intermédiaire. Toutes ces motions deviennent conscientes grâce aux répercussions affectives qu’elles provoquent dans la personne, par exemple, contentement ou tristesse. Souvent nous passons du contentement à la tristesse et de la tristesse au contentement. Ce chaud-froid doit éveiller l’attention. Il permet

46. Cf. Y. CONGAR, Je crois en l’Esprit Saint, vol. II, Paris, 1983, p. 233-239, dont ces lignes s’inspirent. Cf. aussi M. GIULIANI, « Se décider sous la motion divine », in Cl. FLIPO et autres, Aimer davantage. Commentaire des Exercices spirituels d’Ignace de Loyola, Christus HS no 186, p. 181.

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de détecter des motions divergentes à l’œuvre en chacun. Il y a « agitation des différents esprits », comme on l’explicitera un peu plus loin. Dans les Exercices spirituels, Ignace écrit : « Je présuppose qu’il y a en moi trois sortes de pensées : les premières, proprement miennes, qui naissent purement de ma liberté et de mon vouloir ; les deux autres qui viennent du dehors, l’une qui vient du bon esprit et l’autre du mauvais 47 (ES 32) ». Les premières, personnelles, qui relèvent de la liberté propre, ne sont pas de pures idées : elles font agir et permettent à chacun d’aller vers des choix qui correspondent au meilleur de lui-même 48. Toute option possible et bonne n’est pas nécessairement celle que l’Esprit suggère à chacun : chaque personne a sa vocation, sa mission, son identité à assumer. Grâce au discernement des esprits, il est possible de savoir quelle est la volonté de Dieu sur soi 49. Dans les pages qui suivent, l’expérience fondatrice d’Ignace sera éclairée par le commentaire et les réflexions de quelques auteurs, théologiens et psychologues.

L’expérience fondatrice d’Ignace (Le Récit du pèlerin) « Parmi toutes les idées vaines qui lui venaient à l’esprit, il en était une qui exerçait un tel empire sur son cœur et l’envahissait tel-

47. Cf. la note 58 sur « le Malin », in l’« Application des règles du discernement des esprits à un groupe », p. 69. 48 Cf. « Le nom de grâce », II, chap. 1, p. 87, et « Identité – vocation – mission », III, exp. 2, p. 153. 49. Sur le discernement des esprits : I. DE LOYOLA, Exercices spirituels, trad. Ed. Gueydan, note p. 225 ; I. de Loyola, lettre du 18 juin 1536 à Thérèse Rejadell dans I. DE LOYOLA, Écrits, coll. « Christus », op. cit., p. 642-646 (Ignace y donne des exemples de motions des esprits) ; J. ENGLISH, Spiritual Intimacy and Community (voir chap. 3 : « The Secret of Communal Discernment : Recognizing Spiritual Consolation », p. 46-58) ; J. GUILLET, G. BARDY, F. VANDENBROUCKE, J. PEGON, H. MARTIN, « Discernement des esprits », in Dictionnaire de spiritualité, 1956, tome III, col. 1222-1291 ; C.P. PEGGY, Guérir l’anorexie et la boulimie par la méthode Montreux (l’auteur montre comment ce qu’elle appelle « la pensée négative » exerce son emprise mortifère sur les personnes souffrant d’anorexie).

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lement qu’il y rêvait deux, trois ou quatre heures sans s’en apercevoir. Il imaginait ce qu’il avait à faire au service d’une certaine dame, les moyens qu’il prendrait pour gagner le pays qu’elle habitait, les vers, les déclarations qu’il lui adresserait, les faits d’armes qu’il accomplirait à son service. Sa présomption était telle qu’il ne voyait pas combien c’était irréalisable ; car cette dame n’était pas d’une noblesse ordinaire : ni comtesse, ni duchesse, mais d’un rang plus élevé encore. » Notre-Seigneur cependant venait à son secours et, à ces pensées, en faisait succéder d’autres, nées de ses lectures. En effet, en lisant la vie de Notre-Seigneur et des saints, il se prenait à penser et à se dire à lui-même : “Et si je faisais ce que fit saint François et ce que fit saint Dominique ?” Il songeait aussi à bien des choses qui lui paraissaient bonnes et envisageait toujours des entreprises difficiles et pénibles. À se les proposer, il avait le sentiment qu’il lui serait facile de les réaliser. Toutes ces réflexions revenaient à se dire : “Saint Dominique a fait ceci, donc je dois le faire ; saint François a fait cela, donc je dois le faire.” » Ces considérations elles aussi duraient tout un temps, puis d’autres occupations les interrompaient et les pensées mondaines évoquées plus haut lui revenaient à l’esprit ; à elles aussi il s’arrêtait longuement. Ces pensées si diverses se succédèrent longtemps en lui. Qu’il s’agît des prouesses mondaines qu’il désirait accomplir ou de celles que son imagination lui suggérait de faire pour Dieu, il s’attardait toujours à celles qui se présentaient à lui, jusqu’à ce que, pris de fatigue, il les abandonnât et s’occupât d’autre chose. » Il y avait pourtant cette différence : à penser aux choses du monde il prenait grand plaisir, mais lorsque, par lassitude, il les laissait, il restait sec et mécontent ; au contraire, à la pensée de se rendre nu-pieds à Jérusalem, de ne manger que des herbes et de se livrer à toutes les autres austérités qu’il voyait pratiquées par les saints, non seulement il trouvait de la consolation sur le moment, mais il restait content et joyeux après l’avoir abandonnée. Il n’y faisait pourtant pas attention et ne s’arrêtait pas à peser cette différence, jusqu’au jour où ses yeux s’ouvrirent quelque peu et où il commença à s’étonner de cette diversité et se mit à y réfléchir. Son expérience l’amena à voir que certaines pensées le laissaient triste, d’autres joyeux, et peu à peu il en vint à se rendre

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compte de la diversité des esprits dont il était agité, l’esprit du démon et l’esprit de Dieu 50. »

Réflexions concernant l’expérience fondatrice d’Ignace Dans les deux rêves éveillés d’Ignace, il y a des similitudes. Dans un cas comme dans l’autre, Ignace est mû. Il est mû par l’ambition et la présomption. C’est flagrant. Il a des idées de grandeur. Il veut faire des exploits, des prouesses. Il recherche la gloire. C’est son tempérament. De soi, l’ambition peut être bonne. Mais ici elle est loin d’être purifiée. Pas mal d’orgueil inconscient reste mêlé à sa quête. Ignace est aussi mû par le désir de faire quelque chose de sa vie. Il est mû par la générosité et se sent prêt à faire de grands sacrifices en vue de la fin poursuivie. Il est mû par son imagination. Il est projeté dans l’avenir. Dans les deux cas, Ignace est en partie passif. « Quelque chose » le travaille, le meut, indépendamment de son effort et de son vouloir. Ses rêves, par certains côtés, s’entretiennent d’eux-mêmes. Ils exercent sur lui un pouvoir propre et lui donnent de l’énergie. Les pensées vaines ont une forte emprise sur son cœur. Mais le fruit de ses lectures dans les évangiles et la vie des saints également. Les projets d’entreprises bonnes et difficiles à faire pour Dieu sont accompagnés du sentiment qu’il lui serait facile de les réaliser. Dans les deux cas aussi, Ignace est en partie actif. Il produit un effort. Il entretient ses rêves, il les caresse. Il y met du sien. Il se meut. Où commence la différence ? Au moment où Ignace cesse son effort d’imagination, il observe qu’un type de pensées le laisse mécontent et triste, et l’autre content et joyeux. Tout se passe comme si, arrêtant d’être actif, Ignace devenait sensible à ces « motions » qui le travaillent indépendamment de son effort et de son vouloir. Ignace choisit intuitivement la voie qui lui donne du contentement, de la joie. Ce qui l’a

50. Ce texte est tiré d’I. DE LOYOLA, Le récit du pèlerin, Namur, 2006, nos 6 à 8. Ignace parle ici de lui-même, à la troisième personne. Les italiques sont de la rédaction (NDA).

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travaillé, il l’appellera « esprits » : le bon esprit ou esprit de Dieu, et l’esprit mauvais ou esprit du démon, l’ennemi de la nature humaine. Qu’a-t-il exactement ressenti pendant l’effort d’imagination ? Lorsque, trente-cinq ans après avoir vécu cette expérience fondatrice, il en fera le récit, il utilisera des termes différents et précis pour qualifier ses sentiments : plaisir (ES 314) pour décrire ce qu’il ressentait en pensant aux choses du monde et consolation (ES 315 et 316) pour le sentiment éprouvé à la pensée de se rendre nu-pieds à Jérusalem. On peut s’étonner que la voie ici indiquée par « le bon esprit » soit encore mêlée à tant d’éléments non purifiés comme la recherche de la gloriole et le goût des prouesses. Référons-nous à la demande des fils de Zébédée : « Seigneur, accorde-nous de siéger l’un à ta droite et l’autre à ta gauche dans ta gloire » (Mc 10, 37). Au lieu de condamner leur proposition, Jésus la sauve (ES 22). Sous l’ambition non purifiée que contient leur demande, il a détecté une aspiration généreuse et authentique à le suivre jusqu’au bout. Il accède à cette dimension profonde et vraie de leur quête : « Ma coupe, vous la boirez. » Lutter contre la gloriole pour chercher la gloire de Dieu sera pour Ignace l’effort de toute sa vie. À Loyola, la conversion n’est pas encore entamée. Sa nécessité n’est même pas entrevue. Ignace est entièrement projeté vers l’avenir. Dieu n’attend pas sa conversion pour se manifester à lui. Il le rejoint immédiatement, dans sa capacité demeurée inaltérée à désirer le vrai, le bon, l’authentique, tout ce qui provoque la joie qui dure.

Une inclination inscrite en moi (Karl Rahner) 51 « J’en ai fait l’expérience, dans le champ de ma liberté et de ses possibilités. Dieu, infiniment libre à l’égard de toutes mes possibilités, a marqué tel objet plutôt que tel autre de son amour particulier ; à la différence de l’autre il a fait celui-ci transparent à la visée vers lui. De

51. Ce texte est tiré de K. RAHNER, Discours d’Ignace de Loyola aux jésuites d’aujourd’hui, p. 24-27. L’auteur fait parler Ignace.

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cette sorte, cet objet de libre choix n’obstrue pas la visée vers Dieu ; au contraire, on peut l’aimer en Dieu et Dieu en lui ; il apparaît ainsi comme “la volonté de Dieu”. […] » J’ai appris à discerner entre, d’une part, ce dans quoi le Dieu incompréhensible et infini veut être proche de moi dans le fini et, d’autre part, ce qui restait en quelque sorte obscur et imperméable à la visée vers Dieu, quoique étant objet d’expérience empirique et, de soi, plein de sens. » Il serait simplement insensé de dire que toute réalité, parce que réelle et provenant de Dieu, aurait une égale transparence vers Dieu pour chaque homme. Car alors toutes les décisions de la liberté — et on ne peut éviter de prendre des décisions — seraient équivalentes et indifférentes. » Dans ce que je viens de dire, je n’ai pas encore exprimé totalement cette expérience de l’“incarnation” de Dieu dans sa créature, incarnation par laquelle la créature, dans la mesure même où elle devient proche de Dieu, ne se dissipe pas mais prend vraiment réalité et valeur. Si incompréhensible que cela puisse paraître, il y a, de la part de celui qui se trouve ainsi placé dans l’immédiateté de Dieu, comme une participation à cette descente de Dieu dans la finitude qui, de ce fait, devient positive. […] Dieu ne doit pas disparaître alors du regard de celui qui prie et agit 52 ; Dieu ne doit pas devenir le soleil qui rend tout visible mais qu’on ne voit pas lui-même. Dieu doit rester immédiat et maintenir tout le reste — je dirai presque — avec une impitoyable évidence dans sa finitude et sa relativité. […] » Et l’homme qui se tient dans la lumière absolument simple et pure de Dieu participe à cette sympathie, à ce penchant et inclination de Dieu pour une créature déterminée et finie. Il peut et doit prendre 52. Ce qu’écrit ici Karl Rahner est à rapprocher de ce que dit saint Ignace de la consolation : alors l’âme « ne peut plus aimer pour elle-même aucune chose créée sur la face de la terre, mais seulement dans le Créateur de toutes choses » (ES 316). On pourra faire le rapprochement avec le dernier degré de l’amour selon saint Bernard. Pour ce dernier, ces degrés sont : s’aimer soi ; aimer le prochain ; aimer Dieu pour soi ; aimer Dieu pour lui-même ; s’aimer soi-même en Dieu : cf. B. OLIVERA, Soleil dans la nuit, p. 94 (NDA).

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vraiment au sérieux cette réalité finie. Elle devient elle-même, pour lui, digne d’amour, belle, investie finalement de valeurs éternelles, parce que Dieu lui-même peut accomplir et accomplit l’incompréhensible miracle de son amour qui est de se donner lui-même à elle. Participant à cette inclination de Dieu, à sa descente dans une réalité finie, sans qu’il se diminue lui-même et ne se consume en cette réalité, l’homme ne peut plus être celui dont le plus secret tourment et plaisir est de démasquer la relativité et l’insignifiance de toute et chaque chose ; il ne peut plus être l’homme qui ou bien idolâtre ou bien (en fin de compte) anéantit telle ou telle réalité finie. […] L’amour pour Dieu, qui semblerait devoir laisser le monde s’engloutir, est amour du monde. »

Viser à s’épanouir ou à faire la volonté de Dieu ? Quel vocabulaire ? Aujourd’hui, l’expression « faire la volonté de Dieu » est souvent très mal reçue. Comme si, de toute évidence, Dieu pouvait ne pas vouloir notre bonheur le plus profond. Parler de « réaliser notre nom de grâce 53 », de « répondre à notre appel et à notre mission », a bien meilleure presse. De même, spontanément, nous serons d’accord avec la formulation suivante : « Viser à épanouir notre moi le plus profond et le plus authentique ». Cependant l’expression « faire la volonté de Dieu » est au cœur de l’Évangile et de la prière que le Seigneur a transmise à ses apôtres (Mt 6, 10). Et, durant son agonie, Jésus prie son Père ainsi : « Non pas ma volonté, mais la tienne » (Lc 22, 42). On ne peut omettre ni ces formulations, ni les réalités qu’elles recouvrent. Il importe donc de situer, de concilier « nom de grâce » et « volonté de Dieu », tant au niveau du vocabulaire que du vécu décrit. L’expérience faite par Ignace à Loyola peut y aider. On l’a vu, ce qui l’a guidé, c’était une forme de contentement, de joie qui dure indépendamment de ses propres efforts.

53. Cf. « Le nom de grâce », p. 87.

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Ce contentement s’est produit lorsqu’il imaginait des entreprises difficiles et pénibles à réaliser pour Dieu. À se les proposer, « il avait le sentiment qu’il lui serait facile de les réaliser ». Ne serait-ce pas là le signe de la grâce, d’un secours qui nous vient d’au-delà de nous 54, de Dieu, pour combattre en nous les tendances possessives, agressives ou dépressives qui nous empêchent de déployer notre moi le plus vrai et le plus authentique ? L’Évangile nous dit que pour suivre Jésus il faut se renier, perdre sa vie, porter sa croix (Mc 8, 34-35). Hors de leur contexte, ces expressions sont redoutables. Elles font peur et sont souvent mal comprises. Avant de les utiliser, Jésus a pris son temps. Il a commencé par remettre les gens debout, il a guéri les aveugles, les sourds, les paralysés. Il a pardonné les péchés. Il a ressuscité des morts. Il n’a commencé à révéler à ses intimes son destin de rejet, de torture infamante et de résurrection qu’au moment où ils étaient prêts à le reconnaître comme le Christ, le tout de leur vie, le tout-puissant (Mc 8, 31-32). La volonté du Père, c’est que nous vivions, et que nous vivions en plénitude, dès maintenant et par delà notre mort (Jn 3, 16-17). Parler de « chercher la volonté de Dieu » présente un avantage par rapport à la formule « chercher l’épanouissement de mon nom de grâce ». La première formulation nous met en relation avec un autre que nous : Dieu. C’est son Nom que nous voulons voir sanctifié. Cette dimension relationnelle est également présente dans la formulation : « Tu m’as appelé par mon nom », où la première place est accordée à Dieu. La recherche de la volonté de Dieu est liée à la prière. C’est une demande que nous adressons à Dieu : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Le texte qui suit développe les implications de cette demande.

54. N’est-ce pas ce genre d’expérience que suggère saint Luc lorsqu’il écrit de Jésus au cours de son agonie : « Alors lui apparut, venant du ciel, un ange qui le réconfortait » (Lc 22, 43) ?

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Une juste relation à Dieu (Lytta Basset) Dans sa démarche théologique, Lytta Basset a deux approches simples et fécondes. Elle considère le péché sous l’angle de la « rupture de la relation », coupure d’avec Dieu et d’avec les autres. Quant au mal, elle l’aborde principalement comme « ce qui fait mal ». Il est clair qu’une rupture de relation fait mal aux partenaires de la relation, quelle que soit l’origine de cette rupture. Inversement, demeurer en relation est bon. Si quelqu’un a pu sur terre discerner son identité profonde en demeurant toujours en relation avec Dieu, même à travers l’épreuve du mal subi, c’est bien le Christ. Il nous invite à sa suite. Voici ce qu’elle écrit 55 : « Le “fils de l’humain” par excellence 56 parlait en ces termes : moi, je suis au moment où je confesse que “je ne fais rien par moi-même”, n’étant pas l’origine dernière de ce qui vient à l’existence par mes mains. En outre, moi je suis dans la mesure où je parle seulement “selon ce que le Père m’a enseigné”, en conformité avec sa Parole mais sans prétendre parler à sa place. Enfin, moi je suis en paix dans une Relation fiable qui me fait exister, “il ne m’a pas laissé/ne me laisse pas seul parce que moi je fais toujours ce qui lui plaît”. Le prix à payer serait-il la servilité envers un Potentat capricieux ? Ce serait oublier que ce qui plaît à Dieu, dès les premières lignes de la Genèse, c’est ce qui en définitive, plaît aussi aux humains (cf. le refrain de Gn 1 : “Et Dieu vit que cela était bon”). Ce qui est à accentuer dans la parole de Jésus, c’est “ce qui plaît à Dieu” : c’est, maintenant, confesser que la valeur dernière de ce que “moi je fais” est dans les mains d’un Dieu qui seul sait, en définitive, ce qui est bon pour moi. Et c’est à nouveau un acte qui édifie la confiance : croire que ce qui lui plaît est et demeure fondamentalement aussi ce qui me plaît, ce qui est “bon” pour moi. »

55. Cet extrait est tiré de L. BASSET, Moi je ne juge personne. L’Évangile au-delà de la morale, p. 202. 56. Ce qui est rendu habituellement par « Fils de l’homme » dans les traductions de la Bible (NDA).

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Une demande d’amour : « Que ta volonté soit faite » (Denis Vasse) « Demander que la volonté d’un autre se fasse pour que mon désir de le rencontrer se réalise, confesse que je ne connais pas le chemin et que, ayant foi en lui, je m’en remets à ceux qui témoignent de lui jusqu’au bouleversement de ma chair. Tel est l’homme en sa quête. Il est aveugle, et pour rencontrer celui qu’il désire, il doit demander son chemin à qui le connaît. Il est malade et, pour guérir, il se confie à un médecin qui, vivant, veut pour lui la vie. » Une telle demande avoue que je ne sais pas par moi-même ce que je veux et désire en vérité. Ne sachant pas ce que je veux, je dois m’en remettre à quelqu’un qui le sait et en qui j’ai confiance. Dans la rencontre d’où jaillissent le sens et la lumière de ma vie, ce quelqu’un supposé savoir ne peut être que le désiré lui-même. Il se donne là où je le cherche. » À l’intime du cœur, l’homme cherche le visage de celui qu’il désire et dont la découverte lui révèle son propre visage méconnu. Celui d’un frère et d’un fils soumis à l’unique loi de l’amour d’un Père. Une telle recherche s’adresse à celui qui sait que je le désire parce qu’il est lui-même au cœur de ce désir. Or, aucun homme ne peut, par sa volonté propre, entrer au cœur du désir. Ce qu’il veut par lui-même n’est pas ce qu’il désire ou, mieux, ce qui est désiré en lui. Ce qui est désiré en lui est inconscient : il ne le sait pas. Il le reconnaît pourtant aux fruits de la vie, ceux de la souffrance et de la joie, quand il le rencontre au cours de sa quête aveugle. Alors se réalise une conversion du sens du désir, et le désirant réalise qu’il était d’abord désiré. Un tel retournement est le seuil de l’Amour : l’amant comme l’aimé s’y découvre aimé d’abord. Ils sont dans l’Amour. » Demander qu’une autre volonté fasse ce que ma volonté ne peut pas faire — parce qu’elle est aveugle et malade, et ne sait discerner la vérité du désir — ne saurait s’adresser à Dieu que dans l’Amour. » Sauf à s’inscrire, en effet, dans une confiance aveugle en celui à qui elle s’adresse, une demande impliquant le renoncement à ma volonté propre pour que la volonté d’un autre se fasse serait insensée, voire provocatrice ou perverse. Le danger est grand pour moi si elle s’adresse à quelqu’un d’autre. Cela arrive toujours lorsque je ne veux

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rien savoir de mon aveuglement, lorsque je crois que l’objet de ma volonté est identique à l’objet du désir. Dès lors, n’ayant pas à m’offrir au travail du discernement qui les distingue, en croyant vouloir ce que je désire, je ne fais que désirer ce que je veux, et le rapport à l’altérité qui fonde la demande et la prière dans le désir se dissocie dans la perplexité mortelle du doute. Si je m’obstine dans cette confusion en voulant en sortir par moi-même, comme l’on dit, me voilà livré à la préoccupation harassante de me construire une idole que j’adore et de la brûler ensuite puisqu’elle ne fait que me révéler l’impuissance de ma propre volonté à vouloir ce qui est désiré en vérité dans mon corps 57. »

Application des règles de discernement des esprits à un groupe Les motions spirituelles qui se produisent dans une personne en retraite affectent également un groupe, surtout lorsqu’il prend un temps de recul, d’intériorité, de prière, de discernement. Ces motions, positives ou négatives, viennent de chaque individu ou du groupe, de l’Esprit de Dieu (bon ange, bon esprit) et du « Satan, du tentateur, de l’ennemi de la nature humaine 58 » (ES 314-327). Ainsi qu’une personne en retraite, le groupe comme tel peut être en désolation ou en consolation. Il peut aussi n’éprouver aucune motion spirituelle, ce qui poserait question (ES 6). Le rôle de l’équipe d’animation est donc capital : aider le groupe à prendre conscience de l’existence des motions qui le travaillent, discerner si elles viennent du bon ou du mauvais esprit et adopter, selon les cas, la conduite adéquate (ES 6 et 7).

57. Ce texte est extrait de D. Vasse, in revue Christus no 144, Paris, 1989, p. 402-404. 58. Ces mots désignent « la manière biblique de nommer les forces mauvaises et adverses. Elle exprime à sa façon très vivement l’expérience humaine du mal, la face d’ombre de l’existence, la violence et le caractère souvent imprévisible de la tentation et des pulsions méchantes. Il y a un mystère du mal qui ne provient pas seulement de notre propre cœur, sur lequel nous ne cessons de buter. Nous sommes exposés à ses agressions. À la suite de leur Maître, les disciples de Jésus luttent contre Satan, contre les forces du mal » (B. CHENU, Fr. COUDREAU et autres, La foi des catholiques. Catéchèse fondamentale, p. 364).

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Pour percevoir les mouvements qui se produisent dans un groupe, l’équipe d’animation dispose de différents moyens. Durant le plénum : - se demander : Dans quel état le groupe est-il ? Découragé ou plein d’ardeur, manquant de confiance ou plein d’audace ? Gagne-t-il ou perd-il de l’énergie ? etc. ; Est-il proche des affects et de l’expérience, ou reste-t-il exclusivement dans le domaine des idées et du cérébral ? Le groupe progresse-t-il dans la confiance en Dieu, dans l’espérance, dans l’écoute, le respect et l’affection mutuels ? ; - poser la question au groupe : Dans quel état vous sentezvous maintenant ? Après quelques secondes de silence, ceux qui le veulent prendront brièvement la parole à ce sujet. Durant les pauses et les temps libres : - interroger l’un ou l’autre : « Comment te sens-tu actuellement ? Et le groupe ? » C’est dans la consolation qui vient de lui que Dieu se donne et éclaire le groupe. L’équipe d’animation cherche à déployer le mouvement spirituel causé par le bon esprit. Elle veille à ce qu’on ne prête aucune oreille aux mouvements suscités par le mauvais esprit. Le consensus est déjà là dans le groupe, avant même qu’il ne le sache. La prise de conscience n’est pas à forcer mais à laisser monter paisiblement au sein du groupe, en s’efforçant de voir et de réduire les entraves à la liberté intérieure. Le consensus est un don que le Seigneur fait au groupe. Ce dernier veillera donc à ne pas se comporter comme s’il était l’auteur du consensus. Il manifestera sa reconnaissance au Seigneur. La consolation que procure le consensus est une forme spéciale de confirmation. Lorsqu’il y a unanimité, il est important de vérifier si le groupe est réellement en consolation ou s’il éprouve le contentement d’en avoir fini avec une question difficile à l’ordre du jour ! Pour cela il est bon que le groupe relise sa manière de procéder, examine la nature de sa satisfaction et décrive l’état de contentement qu’il éprouve. Il est souhaitable que les membres du groupe partagent ce qui a mis leur dé-

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cision à l’épreuve, c’est-à-dire ce qui les a fait hésiter et qui a finalement emporté leur décision. Il se peut qu’un membre du groupe soit en désolation alors que le restant du groupe est en consolation. Il y a lieu alors d’interroger brièvement la personne désolée pour vérifier si la désolation concerne le cheminement du groupe ou si elle relève d’un problème personnel (malaise physique, réveil d’un conflit d’enfance mal réglé, etc.) Dans ce dernier cas, l’animateur pourra dire : « Nous avons bien entendu votre difficulté. Si vous le souhaitez vous pourrez en parler avec un des membres du groupe ou de l’équipe d’animation lors d’une pause ou d’un temps libre. » Si l’un des membres se trouve dans un état persistant de désolation telle qu’elle empêche le groupe de poursuivre ses objectifs, il est nécessaire, que soit cette personne quitte le groupe (au moins momentanément) ; soit, si elle reste, que le groupe prenne consciemment la décision de modifier ses objectifs ou la manière de les atteindre. Au terme de ces premières réflextions 59 sur « le discernement des esprits », on peut comprendre que ce don du discernement souvent désiré et attendu par les groupes et communautés qui demandent à faire un cheminement ESDAC, n’est pas le fruit automatique d’une retraite ou d’une session. Si le chemin de la « charité qui discerne » (discreta caritas) est traditionnel dans l’Écriture et dans l’Église, il demande une attention habituelle à la prière, à la connaissance de soi, à l’écoute, à la volonté de communiquer avec les autres, à l’éducation des sens spirituels. Si la charité agit sans discernement, elle peut errer, et le discernement non enflammé par l’amour n’est guère utile. Lorsque chacun est à sa juste place et cherche à faire de sa vie un service, les relations entre les personnes et dans les groupes deviennent justes et fécondes. Discerner dans la charité donne alors un bon fruit : « beaucoup servir Dieu notre Seigneur par pur amour » (ES 370).

59. On reviendra sur le discernement lors du parcours des Exercices spirituels : cf. « Élection », p. 119.



Deuxième partie

Parcours ESDAC selon la dynamique des Exercices de saint Ignace



Chapitre 1 : Fondement

Objectif du Fondement En commençant le cheminement ESDAC, il s’agit de prendre conscience d’un fait primordial aussi bien pour un groupe que pour une personne : le groupe vient de Dieu et va à Dieu. Même si ses membres ont le sentiment de s’être choisis, un groupe n’est pas à luimême sa propre origine. Il est rassemblé par Dieu. Et sa finalité dernière le dépasse. Elle est reçue d’un autre, elle est d’un Autre. Comme chacun de ceux qui en font partie, le groupe a cette mission-ci : « louer, révérer, servir Dieu » (ES 23). Conséquence incontournable : le groupe doit se rendre libre par rapport aux moyens à choisir en vue d’atteindre cette finalité dernière (ES 1 et 23). C’est un travail qui requiert des « exercices ». Pour préparer les feuilles à proposer, on se reportera au texte de saint Ignace 60 ou à une adaptation 61 de ce texte . PRINCIPE OU FONDEMENT L’homme a été créé pour cette fin : louer le Seigneur son Dieu, le respecter et, en le servant, être finalement sauvé. Et tout ce qui se trouve d’autre sur terre a été créé à cause de l’homme lui-même pour l’aider à poursuivre la fin de sa création.

60. Ci-après, la traduction de J.-Cl. Guy dans son édition des Exercices spirituels. 61. Cf. « Le Principe et fondement » adapté par J. Tetlov, in A. de JAER, Vivre le Christ au quotidien, op. cit., p. 33-34.

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PARCOURS ESDAC SELON LA DYNAMIQUE DES EXERCICES DE SAINT IGNACE

Il s’ensuit donc qu’il doit en user ou s’en abstenir à proportion de ce que cela favorise ou gêne la poursuite de sa fin. Aussi devons-nous nous comporter sans faire de différence entre toutes les choses créées (pour autant qu’elles sont soumises à la liberté de notre choix et non défendues), en sorte que, pour ce qui est de nous, nous ne cherchions pas la santé plus que la maladie, ni ne préférions les richesses à la pauvreté, l’honneur au mépris, une vie longue à une vie brève. Mais, de toutes ces choses, il convient de choisir et de désirer celles-là seulement qui conduisent à la fin (ES 23).

A. En plénum : les présentations et l’expression des attentes Tout groupe qui souhaite faire une retraite est porteur d’attentes multiples. Ces attentes ont déjà été exprimées au moment de la demande de faire la démarche, puis développées au cours du premier entretien préparatoire entre le groupe ou ses responsables, et les accompagnateurs de la retraite. En début de retraite, il est conseillé de faire exprimer par tous, en plénum, leurs attentes. Cet exercice préliminaire pourra être précédé par un court échange à deux ou trois à ce sujet, dans la salle même du plénum. Il ira de pair avec les présentations de chacun et la présentation des membres de l’équipe d’animation. Celleci précisera aussi au groupe ses propres attentes et objectifs. Elle rappellera au groupe qu’il y a grand avantage à entreprendre les Exercices « avec un cœur large et une grande générosité » (ES 5). L’équipe se souviendra que Dieu est le maître de l’impossible.

B. En plénum : la présentation de la conversation spirituelle Avant le premier partage en petits groupes, il est indispensable de donner et commenter, les « Consignes pour la conversation spirituelle en petit groupe » (I, chap. 2).

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FONDEMENT

C. Choisir l’approche ou les approches appropriées au groupe Lorsqu’il arrive en retraite, le groupe est porté par : des désirs très profonds concernant l’avenir ; une histoire qui a façonné son passé ; une image de Dieu à l’œuvre dans ses désirs et dans son histoire ; un nom de grâce qui lui est propre. Chacun de ces quatre éléments porteurs offre une approche possible. Les premiers exercices de retraite s’attacheront à rendre plus conscients, et donc plus mobilisateurs, l’un ou plusieurs d’entre eux que les accompagnateurs choisiront en fonction du temps disponible. Un petit schéma peut aider à réaliser visuellement la manière dont Dieu agit dans le temps, à travers les désirs des membres — pour ce qui est de l’avenir, et à travers l’histoire du groupe — pour ce qui est du passé. Désirs et histoire sont les deux premières approches.

Histoire

Désirs

Dieu à l’œuvre Maintenant

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1re approche : « Nos désirs profonds » Avant de nous faire un don, Dieu commence par nous le faire désirer. Lorsqu’il fait des « rêves éveillés » sur son lit à Loyola, Ignace réalise une découverte capitale : il prend conscience de son désir le plus profond 62. En plus des attentes pour la retraite, qu’ils auront déjà exprimées, le groupe et chacun de ses membres portent des désirs très profonds, existentiels. Le désir est un des plus puissants moteurs spirituels. Il mobilise en nous ce qu’il y a de plus vivant, de meilleur. Il peut être profitable, en début de retraite, de faire l’exercice d’exprimer les désirs personnels profonds. Pourquoi ? Parce que nous risquons de censurer nos désirs, souvent inconsciemment, sous prétexte que ce ne sont que des rêves. Certes, les désirs véhiculent une part de rêve et d’illusion, mais ils portent surtout une grande force de réalisme, même s’ils paraissent un peu fous ! Étouffer ses désirs serait se couper les ailes. Jamais on ne réalisera les rêves que l’on s’est interdit d’avoir. Sont requis ici un travail de confiance et d’imagination, une ouverture à l’inconscient 63 et un dialogue avec lui 64. Dans les Exercices spirituels, Ignace fait amplement appel à l’imagination du retraitant 65. Dans l’Evangile, souvent Jésus s’enquiert : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? (Mc 10, 51) » ; « Que voudriez-vous que je fasse pour vous ? (Mc 10, 36) ; « Que cherchez-vous » (Jn 1, 38). Jésus fait expliciter le désir. Lorsque Jacques et Jean expriment à Jésus le désir d’être à sa gauche et à sa droite dans la gloire (Mc 10, 35-40), leur requête révèle cette part de rêve illusoire. Pourtant Jésus ne s’y arrête pas. Il « sauve » leur demande (ES 22). Par sa question, il amène les deux frères à pré-

62. Cf. « L’expérience fondatrice d’Ignace » et « Réflexions concernant l’expérience fondatrice d’Ignace », I, chap. 3, p. 60 et 62. 63. Cf. « Une approche psychologique de la personne », III, exp. 6, p. 197 ; cf. aussi C.G. JUNG, Ma vie. Souvenirs, rêves et pensées, p. 204-220, et E.G. HUMBERT, Jung, p. 3234. 64. F. DOLTO, Tout est langage, p. 50. 65. Cf. les mots « imagination » et « imaginer » dans l’index d’I. DE LOYOLA, Exercices spirituels, traduction par Ed. Gueydan, coll. « Christus » 61, p. 273.

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ciser leur désir le plus profond : être avec lui, dans une grande proximité, partager son sort. Il y a une autre raison à la censure inconsciente des désirs les plus profonds. C’est qu’ils pourraient faire peur. Qui ne frissonne à l’idée d’être invité à boire la coupe que Jésus va boire (Mc 10, 39) ? Tout ceci montre l’impact d’un exercice où nous demandons à Dieu de prendre conscience de nos désirs les plus profonds, ceux qu’il nous a donnés lui-même. Il est souvent difficile de les expliciter, mais on ne cesse cependant de chercher à les connaître tout au long des Exercices : c’est le sens de la « demande de grâce » dans chaque feuille de prière (ES 48). Parfois il conviendra humblement de se demander si l’on a au moins « le désir du désir » (ES 157).

☞ Exercice : « Mes désirs les plus profonds » (Ann. 2, ex. 1).

2e approche : « Notre histoire sainte – la ligne historique » Le deuxième élément clé porteur de la vie d’un groupe est son histoire. On prie son histoire afin d’y découvrir à l’œuvre le Dieu fidèle qui, dès les commencements et jusqu’à aujourd’hui, a fait route avec chacun et avec le groupe. Si Dieu était là hier, comment ne serait-il pas là demain ? Les événements importants du passé sont comme des moments phares qui éclairent déjà l’avenir.

A. Objectifs poursuivis par « la ligne historique » – Aider le groupe à se percevoir comme groupe, comme un sujet acteur de son destin, comme une corporate person. L’aider à « faire corps 66 ».

66. Cf. J.A. BORBELY and others, Ignatian Spiritual Exercises for the Corporate Person, vol. 1, p. 41-44.

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– Faire ensemble mémoire des faits les plus significatifs de la vie du groupe, afin de se les approprier. – Ensemble, mettre des mots sur les sentiments qui ont habité les membres du groupe lors de ces événements. Oser se les exprimer les uns aux autres. – Reconnaître ensemble la manière d’agir de Dieu avec le groupe. – Aider à préciser ensemble le nom de grâce du groupe, c’est-àdire son charisme, son identité, sa vocation, sa mission. – Œuvrer à la guérison et à la réconciliation des uns avec les autres. – Favoriser l’intégration des nouveaux membres.

B. Comment réaliser une « ligne historique » ? • 1re étape : Repérer des événements significatifs • PREMIER TEMPS Individuellement, chacun des participants relit son histoire personnelle.

☞ Exercice : « Mon histoire sainte » (Ann. 2, ex. 2). En petit groupe, chacun partage son histoire sainte. Un groupe est fait de personnes uniques. La conversation spirituelle sur les histoires personnelles a un double effet. Tout en faisant prendre conscience de l’unicité et de la différence de chacun, elle renforce la cohésion du petit groupe de partage dans la prise de conscience d’un don qui est commun et dont le groupe n’est pas l’origine 67. En plénum, on s’attachera à exprimer la manière dont le partage s’est fait et la grâce qui s’en dégage. Ce plénum pourra être bref. Il pourra même être omis, si le temps manque. Il n’est pas nécessaire, à ce stade-ci, que le contenu de ce que chacun a livré de lui-même dans

67. Cf. J. ENGLISH, Spiritual Intimacy and Community, p. 59-89.

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FONDEMENT

un groupe de taille restreinte soit partagé en grand groupe. L’échange en petit groupe a eu surtout ici la fonction de créer le climat de confiance requis pour ce qui va suivre. Le plénum, quand il a lieu, vérifie si ce climat est présent. • DEUXIÈME TEMPS Individuellement, chacun relit l’histoire commune du grand groupe.

☞ Exercice : « L’histoire sainte de notre groupe : les événements » (Ann. 2, ex. 3). En petit groupe, chaque participant partage sa lecture de l’histoire commune. Comme le peuple hébreux, le groupe apprend à discerner la présence agissante de Dieu à travers les événements chaotiques de son histoire. Le sens de l’histoire ne se donne souvent qu’après coup. Il faut accumuler les faits, voir une tranche de vie. L’histoire du peuple de Dieu ne lui est pas apparue sainte — non pas parfaite, mais sainte — du premier coup. L’histoire devient sainte quand on y découvre que Dieu, le Saint, y est présent. La révélation biblique est celle d’un Dieu qui fait route avec son peuple, travaillant mystérieusement dans l’épaisseur humaine des erreurs et des réussites, et lui donne un sens, une origine, une fin. Sous le regard de Dieu, l’histoire devient une « histoire sainte ». Il s’agit donc de regarder ensemble l’histoire commune, celle qui colle à la peau, et de la regarder avec Dieu. Si elle n’est pas considérée, cette histoire agira de manière inconsciente, de façon peu mobilisatrice ou même parfois anarchique. Il n’est pas question d’aller consulter agendas ou archives : les événements les plus marquants sont ceux qui sont restés vivaces dans les mémoires et dans les affectivités. Généralement, ces événements ont suscité de fortes réactions, positives ou négatives. En plénum, le groupe exprime les événements significatifs, autant que possible en s’en tenant aux faits.

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On aura placé à l’avance un long papier mural au milieu duquel est tracée la ligne du temps. Quelques dates inscrites sur la feuille servent de repères chronologiques. Habituellement, la ligne historique commencera avec l’entrée dans le groupe du membre le plus ancien et s’achèvera… aujourd’hui. Il est néanmoins important d’y laisser place pour des événements marquants qui ont précédé la première date et ceux qui sont en cours de réalisation aujourd’hui ou déjà prévus dans un proche avenir. En début de plénum, l’accompagnateur invite les personnes à nommer les événements, par exemple en commençant par les plus récents. Il est aidé par quelqu’un qui les note au-dessus de la ligne. Il est possible que, dès cette première étape, des éléments d’ordre affectif soient exprimés avec force. Ces retentissements affectifs seront écoutés et indiqués en dessous de la ligne, dans une couleur différente. Cela fait, l’accompagnateur demandera s’il y a d’autres événements importants à signaler et à ajouter. • 2e étape : Exprimer nos sentiments et l’impact affectif passé ou actuel des événements repérés Individuellement, dans le temps de prière personnelle, chacun s’efforce de laisser monter en soi tous les sentiments suscités par les événements déjà repérés ou d’autres qui sont apparus importants lors du dernier plénum. Il s’agit des sentiments qu’on a ressentis à l’époque et que, parfois, on éprouve encore.

☞ Exercice : « L’histoire sainte de notre groupe : sentiments » (Ann. 2, ex. 4). En petit groupe, chacun exprime le fruit de sa prière et partage, comme il le peut, les sentiments qui lui sont venus. Ce partage permet aux sentiments perçus d’évoluer au cours même de la conversation spirituelle. Les disciples d’Emmaüs en conversant avec le Ressuscité sont passés de la désespérance à un « cœur brûlant » (Lc 24, 21 et 32). Cette démarche est souvent plus aisée en petit groupe qu’en plénum : une expression maladroite ou excessive y est mieux tolérée ; de plus,

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FONDEMENT

d’abord exprimé en petit groupe, un sentiment sera plus facilement communiqué en plénum. En plénum, les sentiments seront notés sur la feuille murale, sous la ligne du temps et dans une autre couleur. Il se peut que soient aussi nommées l’une ou l’autre des significations données aux événements. Elles seront ajoutées dans une troisième couleur. Le but du plénum n’est pas d’écrire l’histoire exhaustive et objective du groupe. Ce n’est pas non plus de trouver les mots parfaitement adéquats pour l’exprimer. Ce qui est repris sur la feuille murale n’est qu’un support, un rappel de l’histoire. L’essentiel se vit à l’intérieur du groupe, dans la qualité des échanges entre les personnes. C’est cela qui noue le groupe dans son ensemble et qui l’aide à devenir davantage sujet libre de son destin. Le rôle de l’accompagnateur est de permettre à chacun d’oser exprimer les événements les plus sensibles pour lui, de favoriser l’expression des non-dits afin d’en guérir. Ce n’est pas de l’histoire passée, ce sont des événements dont l’impact affectif agit aujourd’hui sur celui qui en parle. Il est donc essentiel que l’accompagnateur soit vraiment présent à la personne qui parle et au groupe qui écoute. Le ton de la voix, l’expression des visages, les silences, révèlent parfois plus que les paroles au sujet des sentiments et de la signification des faits. Durant le plénum, il est bon que les membres du groupe entrent en interaction au sujet d’événements qui auront pu être vécus de manière très différente par chacun. Des tensions et des besoins pourront s’exprimer. L’échange permettra de relâcher la pression. L’équipe d’animation doit s’attendre à ce que des mouvements spirituels diversifiés se manifestent (ES 6-10). Elle recourra aux règles du discernement des esprits des Exercices spirituels, rappelées page 69. Le respect dans l’écoute sera peut-être le fruit le plus important de ces exercices qui requièrent du temps. La relecture de l’histoire peut prendre toute une journée. Il ne faut pas hésiter à poursuivre le lendemain si l’équipe d’animation sent que tout n’a pas encore été dit. Car ce qui n’a pu s’exprimer à ce stade de la retraite risque de ne pas émerger plus tard ou de surgir de façon inappropriée.

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Comment l’équipe d’animation peut-elle estimer si l’exercice a produit tout son fruit ? – En proposant à chacun en fin de plénum : - de prendre un temps personnel de prière face à la ligne historique. Tous pourront ainsi revoir et déployer les points où aura été ressenti un plus grand sentiment spirituel (cf. « Répétitions », ES 62, 118, 119) ; - de ne pas omettre l’exercice de relecture de sa journée (cf. III, exp. 1 et Ann. 2, ex. 29). – En relisant pour son compte l’exercice de la ligne historique. En effet, ce qui y a été partagé indique en germe la grâce et le péché du groupe (cf. Première Semaine), ainsi que l’appel que Dieu lui adresse (cf. Deuxième Semaine). – En demandant, lors du plénum suivant : - si certains veulent encore prendre la parole pour compléter la ligne historique tant en ce qui concerne les sentiments que les événements notés ; - si le groupe est satisfait. • 3e étape : Chercher la signification des événements et la grâce de Dieu à l’œuvre dans notre histoire Individuellement, chacun cherche à préciser la signification des événements vécus ainsi que la grâce propre au groupe.

☞ Exercice : « Dans notre histoire sainte, reconnaître la grâce de Dieu » (Ann. 2, ex. 5). En petit groupe, a lieu le partage à ce sujet. En plénum, enfin, la conversation spirituelle se fait tous ensemble. N.B. : 1. Si le groupe en retraite n’est pas nombreux ou si l’histoire commune est courte, ou si l’équipe d’animation le juge préférable, il est possible de réaliser conjointement les trois étapes décrites ci-dessus. N.B. : 2. L’exercice de la ligne historique se poursuivra en Première Semaine : cf. II, chap. 2.

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3e approche : « Notre image de Dieu » En prière, nous nous façonnons forcément une certaine image — ou représentation — de ce Dieu avec lequel nous cherchons à entrer en relation. Ceux qui, dans un groupe, sont en froid avec Dieu ou le sentent très éloigné d’eux et de leurs préoccupations ont également une représentation de lui. Partager ensemble sur l’image que chacun se fait de Dieu est décapant pour tous. Car notre représentation personnelle de Dieu restera toujours trop étriquée. Dieu sera toujours au-delà de ce que nous pouvons imaginer. Plus nous élargissons notre image personnelle de Dieu, en écoutant les autres nous partager leur propre représentation, plus nous nous approchons du vrai Dieu. Nous n’entrons en relation plénière avec Dieu que comme famille humaine, comme peuple, comme communauté, comme Église. Même éclairée par l’Évangile, la représentation de Dieu propre à chacun est appelée à évoluer et à mûrir sans cesse 68. Ainsi Jésus attribue à Dieu le nom de Père (Mt 6, 9). Mais il est clair qu’en Dieu, aucune génération, au sens où nous la comprenons habituellement, ne peut exister. En outre, tant qu’à emprunter une représentation de type familial, pourquoi préférer celle du Père à celle de la Mère ? Certes, l’image du Père conduit à l’affirmation d’une origine aimante et à la compréhension de la nécessité d’une loi. Mais au Dieu biblique sont également attribués toute la disponibilité affective, l’amour inconditionnel et la tendresse de la Mère (Is 49, 15 ; 66, 9.13). Si figure paternelle il y a, celle-ci est donc complexe. De plus, toutes nos expériences sont marquées par les relations vécues en famille. Celles-ci influencent également notre expérience de Dieu et donc la représentation que nous nous en faisons. Il existe toute une gamme d’images qui vont du « Dieu maman 69 » au juge sévère, de la présence intime au maître législateur de l’univers. Même chez celles

68. Cf. « Le nom de Dieu », in A. VERGOTE, Interprétation du langage religieux, p. 121. 69. J.F. CATALAN, Expérience spirituelle et psychologie, coll. « Christus » no 77, p. 63.

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et ceux qui sont à distance de la foi, ces représentations anthropomorphiques sont inévitablement à l’œuvre. Elles expliquent parfois la virulence de certains refus de la religion. Rêver d’une foi épurée de toute représentation anthropomorphique, de tout réconfort humain, de toute assurance psychologique, serait tomber dans l’angélisme. L’imaginaire religieux, inévitable, favorise la connaissance du vrai Dieu pour autant que nous restions vigilants à en purifier la représentation 70. Pour qui rejette Dieu, il est essentiel de savoir si ce qu’il rejette est Dieu lui-même ou une de ses représentations inadéquates, une idole en fait. Des images de Dieu, soit qu’on l’affirme, soit qu’on le nie, sont aussi véhiculées par les cultures et les sociétés, par les Églises et les groupes religieux. En Église, à toutes les époques, on rencontre la tradition qui refuse de nommer, décrire ou représenter l’Inconnaissable (Jn 1, 18) et préfère l’expérience du silence, voire des ténèbres 71. Mais les besoins dévotionnels, les requêtes dogmatiques et morales qui conduisent à définir ce qui est divin ou non, les cris qui s’élèvent du cœur des hommes peuvent s’aider de toutes les images de l’Écriture sainte, de la liturgie, de l’art, des représentations de Dieu suscitées par l’engagement social et caritatif des chrétiens, de l’intimité de la prière individuelle, des exemples et des écrits des saints et des mystiques comme aussi de l’organisation hiérarchique de l’Église. Voilà bien des pistes offertes à l’imaginaire pour permettre au désir humain de trouver son chemin vers Dieu. La contestation actuelle de la religion, et en particulier de l’Église, stimule également tous les croyants à préciser, purifier, exprimer autrement leur représentation de Dieu.

70. Au cours de la vie du croyant, « La foi vécue […] est une seconde naissance du désir de bonheur, de par la conjonction entre le désir humain et la présence divine. L’imaginaire religieux s’y trouve repris dans un échange, parce que la foi s’accorde avec Dieu en tant qu’il manifeste son identité divine en se posant comme sujet d’une parole adressée » (A. VERGOTE, Religion, foi, incroyance, p. 242). 71. Cf. D. BARTHÉLEMY, Dieu et son image, p. 19.

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En outre, comme toute famille, tout groupe humain peut avoir une représentation de Dieu avec des traits communs pour tous ses membres. Lorsqu’il lave les pieds des disciples ou meurt sur la croix, Jésus offre de Dieu une icône qui change radicalement bien des représentations habituelles. Imaginer les scènes évangéliques comme Ignace le propose tout au long des Exercices est un puissant moyen de convertir l’imaginaire au réel. Lorsque, après y avoir consacré du temps personnel, les membres d’un groupe partagent sur l’image de Dieu, il peut arriver qu’il leur soit donné de faire une authentique expérience de ce Dieu. Il revient aux accompagnateurs de rendre le groupe attentif à ce qui se passe. C’est souvent dans un deuxième temps, lors d’une sorte de mini-relecture, que l’on prend conscience de ce qui vient d’être donné. « Nos cœurs n’étaient-ils pas brûlants lorsqu’il nous parlait en chemin ? » (Lc 24, 32). Il est bon de prendre le temps de goûter ce moment, sans vouloir aller trop vite plus loin (ES 2).

☞ Exercice : « Mon image de Dieu » (Ann. 2, ex. 6). ☞ Exercice : « L’image de Dieu de notre groupe » (Ann. 2, ex. 7).

4e approche : « Le nom de grâce » De quoi s’agit-il ? C’est habituellement en prenant conscience de son identité, de sa vocation et de sa mission, que chaque membre d’un groupe découvre son nom de grâce, c’est-à-dire le nom qui lui révèle la grâce personnelle et unique dont il est bénéficiaire de la part de Dieu. Ce nom n’a rien d’ésotérique ni d’échevelé : il s’agit du nom par lequel Dieu appelle chacun à être vraiment lui-même et à réaliser sa mission spécifique en ce monde. Pour mieux comprendre ce qui est signifié ici par « nom de grâce », on peut se référer à l’exposé « Identité – vocation – mission. Qui ? –

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Quoi ? – Comment ? », page 153. La notion de nom de grâce intègre en un tout les notions d’identité, de vocation et de mission.

Vocation

Identité

Nom de grâce

Mission – Dans l’Ancien Testament déjà, Dieu révèle à des individus comme à des groupes, leur être propre et leur mission spécifique, en les appelant d’un nom nouveau. - Abram devient Abraham lorsque Dieu lui promet de faire de lui le père d’une multitude de peuples et Saraï devient Sara (Gn 17, 5 et 15) ; - Jacob reçoit le nom d’Israël, car il s’est montré fort dans son combat contre Dieu (Gn 32, 29) ; - Sion reçoit la promesse de ne plus être nommée « Délaissée » mais « Préférée, Épouse » (Is 62, 4) ; - Moïse, appelé « sauvé des eaux » dès l’enfance, restera Moïse (Ex 2, 10). – Dans l’Évangile, il en va de même : - lorsqu’elle est appelée à devenir la mère du Sauveur, Marie est saluée du vocable de « comblée de grâce » (Lc 1, 28) ; - lors du discernement de sa mission, Joseph, l’époux de Marie, est nommé « homme juste » (Mt 1, 19) ; - Nathanaël est appelé par Jésus « véritable fils d’Israël, un

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homme qui ne sait pas mentir » (Jn 1, 47) ; - quand il appelle les Douze, Jésus leur donne le nom d’« apôtres » (Lc 6, 13) ; - lorsque Jésus choisit de se faire solidaire des pécheurs au point de demander le baptême à Jean, la voix du Père confirme que, dans cette option, il se révèle son « Fils bien-aimé » (Mc 1, 11). – Et, dans l’histoire du peuple de Dieu également, le nom est souvent lié à l’identité et à la mission. - François d’Assise est le Poverello, le « petit pauvre » - Thérèse de Lisieux est connue par sa « petite voie d’enfance » - Ignace se nomme lui-même le « pèlerin » - « L’Arche » fondée par Jean Vanier est le nom d’une communauté qui a pour mission d’offrir un accueil sécurisant à des personnes handicapées. • Un nom révélé par Dieu qui appelle et envoie À Césarée, Simon reçoit la révélation de l’identité et de la mission de Jésus à qui il dit : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. » Dans le même mouvement, réciproquement, Jésus lui confère un nom nouveau : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt 16, 16.18). Simon reçoit un nom plus profond, plus intime, qui n’abolit pas le premier mais l’assume et engage le disciple dans une nouvelle manière de vivre à la suite de Jésus, jusqu’au don de sa vie. Un appel surgit de ce nom nouveau, reçu de Jésus. Il est comme un projet de vie, un objectif de vie précisé au cœur de l’ancien nom. Comme à Simon, le Seigneur parle personnellement à chacun, à chacune. Il appelle et dit : « Viens, suis-moi. Sois avec moi. » Le nom de grâce propre, c’est l’appel que Dieu adresse de manière unique, et la réponse de chacun, unique, responsable, personnelle. La grâce est donnée pour répondre à cet appel-là, à nul autre confié. Bien discerner sa vocation et sa mission, et y répondre avec générosité, situe la personne au plus fort du courant de la grâce qui la porte. Qu’il s’agisse de la vie personnelle des membres ou de celle du groupe, le nom de grâce est comme le « fil rouge » de l’existence com-

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mune, fil qui donne cohérence et sens à travers la trame des hauts et des bas du quotidien. Accueillir son nom de grâce, c’est accueillir l’être unique qui se reçoit de Dieu. Chacun de nous, chaque communauté, est une facette de la personnalité du Christ, un visage du Christ. Le nom de grâce peut s’exprimer dans des termes qui paraissent très généraux : « épousée », « enfant de Dieu », « disciple aimé », « communion », « confiance », etc. Mais la résonance qu’il a dans son cœur est unique. Connaître et déployer son nom de grâce conduit à prendre les bonnes décisions. Face à telle ou telle option, l’on peut s’interroger : « Est-ce ajusté à notre nom de grâce ? » Il est important de laisser ce nom s’inscrire dans le cœur, de le prier, d’y revenir souvent.

Comment découvrir son nom de grâce ? Le nom de grâce personnel se découvre souvent lentement et progressivement dans la prise de conscience toujours plus affinée de l’identité, de la vocation et de la mission propres. Découverte qui n’est pas le fruit d’une recherche intellectuelle ou psychologique, mais l’accueil de ce qui est donné au fond de l’être : ceci doit toujours être rappelé. Dans la relecture de l’histoire sainte, le nom de grâce est révélé, donné avec toujours plus de précision et de nuance. Certaines personnes mettent beaucoup de temps à mettre des mots sur leur nom de grâce. Pour d’autres, il apparaît comme une évidence. Parfois, le nom de grâce peut être reçu comme un nom nouveau, lié à une nouvelle naissance, à une expérience forte de la grâce où la personne a été plongée à neuf dans l’amour trinitaire. Le nom de grâce d’un groupe est souvent donné à la fondation, comme une intuition de départ. Généralement les groupes se forment en fonction d’un objectif précis (« Quoi ? 72 ») et cherchent à le réaliser de manière concrète (« Comment ? ») mais ce n’est pas pour cela qu’ils sont au clair sur leur identité (« Qui ? »). Pour un groupe, connaître et

72. Cf. « Identité – vocation – mission. Qui ? – Quoi ? – Comment ? », p. 153.

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approfondir son nom de grâce aide à centrer l’action et à refuser ce qui ne s’inscrit pas dans son déploiement 73. • Quels moyens concrets utiliser pour parvenir à nommer son nom de grâce ? – Préciser l’identité, la vocation et la mission. – Relire l’histoire sainte et découvrir là où Dieu s’est révélé. Parfois il s’agit d’expériences fortes d’union à Dieu qui sont comme des moments fondateurs et auxquels il est bon de revenir comme à une source. Parfois ce sera un lent cheminement dans la foi nue. – Repérer les mots ou les passages de l’Écriture avec lesquels l’on se sent en harmonie, qui rejoignent l’expérience personnelle ou celle du groupe. – Rechercher des aspects de la création, des œuvres artistiques, des symboles qui expriment le « qui suis-je ? qui sommes-nous » ? ainsi que la manière d’agir de Dieu avec chacun, avec le groupe. Par exemple : « Je suis, nous sommes, comme une poterie que Dieu modèle. » – Prendre conscience des activités qui font vivre, qui permettent de donner le meilleur de soi-même. Devant une invitation, un appel, une action à faire, certains diront : « Ceci, c’est mon affaire… ». Ils sentent comme un accord entre ce qu’ils sont et l’action proposée. • Un seul nom de grâce ? – Au cours de la vie personnelle, le nom de grâce s’affine, se précise. Il est dynamique. Dans la mesure où il a été découvert comme la ligne fondamentale de vie, il reste dans la même perspective. – Pour les membres d’un groupe, on peut distinguer : - un nom de grâce qui est spécifique, individuel, comme un prénom. En effet, jamais, au cœur d’un groupe, Dieu ne se révèle de la même manière à tous. Jamais il n’a envoyé en

73. Sur le nom de grâce, cf. J. BORBELY and others, Focusing Group…, vol. 1, p. 24 ; Understanding Group spiritual Life, vol. 3, p. 17-26. Cf. aussi FRANKL, Raisons de vivre, Tome I ; J. MONBOURQUETTE, De l’estime de soi à l’estime du Soi. De la psychologie à la spiritualité, et Stratégies pour développer l’estime du soi et l’estime du Soi.

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mission quelqu’un d’autre de la façon dont il le fait avec chacun et chacune ; - un nom « de famille », qui est le nom du groupe. L’élan de la vocation personnelle entre en résonance avec ce nom de famille. Pour exercer ensemble un travail apostolique fructueux où chacun peut donner ce qu’il est réellement en restant en unité, il est bon de connaître et d’approfondir son nom personnel et le nom du groupe. Au cours de la retraite ESDAC, on travaillera le nom de grâce personnel et le nom de grâce du groupe 74. On recherchera ce qui caractérise le groupe, ce que d’autres voient et disent de lui, quelle grâce Dieu lui communique. • Nom de grâce et image de Dieu L’expérience que chacun a de Dieu (cf. approche précédente) façonne en lui une image de Dieu qui lui est propre. C’est dans le même mouvement que Dieu se révèle à nous et qu’il nous révèle aussi à nousmêmes. L’image que nous nous faisons de Dieu est comme le terreau où nous prenons conscience de qui nous sommes pour lui. Si chacun est une facette, un « visage » de la personnalité du Christ, c’est dans l’expérience et la perception reçues de lui que se découvre le nom par lequel Dieu appelle. Le nom de grâce exprime quelque chose de la relation qui se construit sans cesse entre lui et chaque personne. L’amour consiste en une communication de ce que l’on est (ES 231). Si Dieu se communique à un groupe surtout comme le miséricordieux, il lui donnera d’être un reflet de sa miséricorde. De même s’il se révèle comme l’amour ou la lumière, il donne en même temps d’être pour les autres un canal de son amour ou de sa lumière. De même pour sa bonté, sa fidélité… Si Dieu nous révèle un de ses dons, il nous communique aussi le désir et la manière d’en vivre et de le rayonner.

74. Si, du moins, le groupe a une histoire commune.

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FONDEMENT

• Pourquoi partager sur les « noms de grâce » ? Partager au sujet des noms de grâce aide les membres d’un groupe à se connaître plus profondément et permet de mieux saisir la manière unique dont chacun peut s’approprier et exprimer le charisme du groupe. Une expérience forte de Dieu, un événement spirituel qui donne sens à la vie et l’oriente, n’est pas seulement du domaine de la vie privée. Il est un don, un charisme au service de la construction du groupe, du corps, de la communauté à laquelle tous appartiennent.

☞ Exercice : « Mon nom de grâce » (Ann. 2, ex. 8). ☞ Exercice : « Le nom de grâce de notre groupe » (Ann. 2, ex. 9). Un exemple de découverte du nom de grâce « Il y a quelques années, un jésuite d’âge moyen, mort depuis, vint me voir. C’était un ami. Il se mit donc à me parler spontanément de sa vie personnelle. Il me confia qu’il ne priait pas depuis plusieurs années : même s’il disait des prières, très rarement, il ne priait pas vraiment, reconnut-il ; il était présent seulement physiquement, matériellement… Je lui dis comme en passant : “Tu ne pries plus depuis très longtemps. Dis-moi, est-ce que, une fois dans ta vie, tu t’es senti spontanément proche de Dieu, pas parce que tu avais suivi un processus de raisonnement, mais spontanément, as-tu jamais senti ton cœur s’élever, être en contact avec Dieu, uni à lui ?” J’avais à peine formulé ma question qu’il dit : “Bien sûr, chaque fois que je regarde mon passé et que je vois comment Dieu a été bon pour moi, je me sens immédiatement proche de Dieu, en contact avec lui, uni à lui.” Il était redevenu vivant, il parlait, profondément ému, une lueur dans les yeux. Je l’interrompis : “À t’entendre parler, la bonté de Dieu semble représenter beaucoup pour toi. As-tu jamais prié sur la bonté de Dieu ? — Jamais”, répondit-il. Puis, un peu pris de court par ma question, il passa à la défensive et d’un ton un peu agressif : “D’ailleurs, pendant combien de temps penses-tu que je puisse prier sur la bonté de Dieu ?”, me donnant à entendre qu’il s’en fatiguerait

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vite… Je l’avais écouté attentivement, j’intervins donc doucement : “Tu viens de me dire que tu n’as jamais essayé. Si tu essayais avant de juger que tu t’en fatiguerais ? — C’est juste”, dit-il, et il me quitta. » Quelques trois semaines plus tard, il entra comme un ouragan dans ma chambre, bouillonnant de sa grande découverte : “Tu sais, je peux toujours prier sur la bonté de Dieu. Je peux toujours prier !” Je lui répondis cyniquement : “Eh bien, cela ne fait que trois semaines. Peut-être que si tu essaies un peu plus longtemps, tu t’en fatigueras !” » Contrairement à mon attente, il vint me revoir. Non pas trois semaines plus tard mais quatre mois et demi plus tard. Cette fois il n’entra pas comme un ouragan mais presque sur la pointe des pieds et murmura avec une certaine solennité : “Vraiment, je peux toujours prier sur la bonté de Dieu…” Il commença alors à partager, avec une profondeur touchante, tout ce que la bonté de Dieu signifiait maintenant pour lui : non seulement le secret de sa prière, mais aussi le secret de son apostolat, de ses relations à l’intérieur et à l’extérieur de sa communauté de jésuites, et même de ses loisirs et récréations. À la fin de son partage, j’étais si profondément touché que je lui dis spontanément : “Cher ami, tu as discerné ta vocation personnelle : la bonté de Dieu.” » En fait, nous pouvons faire une seule chose à fond, comme ce jésuite. Le secret de sa prière était la bonté de Dieu… La prière, c’est l’ouverture de notre cœur de sorte que Dieu puisse se donner à nous… Le secret de l’apostolat de ce jésuite, de ses relations aux autres, de ses détentes, était la bonté de Dieu car en toutes choses, comme il le disait lui-même, il n’avait rien d’autre à faire que d’être la bonté de Dieu pour les autres. La bonté remplissait à tel point son être entier qu’il sentait que l’unique défi de sa vie était d’être canal de la bonté de Dieu pour les autres. Sa vocation personnelle, la bonté de Dieu, était devenue pour lui le secret de l’unité et de l’intégration au cœur de sa vie entière 75. »

75. Cf. H. ALPHONSO, Tu m’as appelé par mon nom, p. 16-20.

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FONDEMENT

Exemple d’exercices et de compléments pour le Fondement • Cf. exercices 1 à 9, Ann. 2 • Outils, exposés, règles, autres exercices – Un développement plus précis peut s’imposer : divers outils et exposés présentés dans la IIIe partie conviendront. – Quelques indications seront éventuellement données concernant les règles de discernement des esprits (ES 313-336 et I, chap. 3).

Adaptation du fondement à un groupe qui n’a pas d’histoire commune Il peut être profitable de proposer une retraite ESDAC à des personnes qui n’appartiennent pas à un groupe constitué et n’ont pas un vécu commun. C’est le cas par exemple de week-ends organisés pour couples venant de divers horizons (cf. retraites « Jonas » données par l’équipe ESDAC) ou d’invitations à une retraite pour des animateurs de jeunes adolescents, etc. Dans ce cas, il convient de bien préciser le point commun, par exemple : la vie de couple, la vie consacrée, l’apostolat auprès des jeunes, la direction d’école, la vie paroissiale… Les exercices proposés feront référence à ce point commun.

☞ Exercices et exposés possibles : tous ceux qui précèdent à l’exception de l’exercice de la « Ligne historique » et de l’exposé du « Nom de grâce du groupe ».

Quand le fruit du fondement est-il obtenu ? Le fruit est obtenu lorsque le groupe a atteint l’objectif décrit au début de ce chapitre, c’est-à-dire lorsqu’il expérimente : – la capacité à vivre la conversation spirituelle en petit et en grand groupe, ce qui comporte, d’une part, une réelle écoute de l’autre, (pré-

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supposé favorable, capacité de parler en « je ») et, d’autre part, le renoncement à « ma » volonté propre et la confiance dans le partage ; – un climat de foi, d’ouverture, de générosité ; – la joie, pour le groupe, de sa création, de la présence de chacun de ses membres et de l’amour inconditionnel de Dieu pour lui ; – la relativité de toutes les choses par rapport à Dieu ; – la liberté intérieure, l’indifférence 76 ignatienne (ceci au moins en désir et par rapport à l’objet précis d’un discernement éventuel à entreprendre).

76. L’indifférence ignatienne ne consiste pas à n’éprouver aucun penchant pour quoi que ce soit. Elle est l’attitude requise avant un choix, attitude d’accueil égal pour telle ou telle option, afin que seule la poussée de l’Esprit fasse pencher la balance, et non nos attraits désordonnés (cf. G. BOTTEREAU, « Le rôle de l’indifférence dans la spiritualité ignatienne », Revue d’ascétique et mystique, tome 45, 1969, p. 395-409).


Chapitre 2 : Première Semaine

Objectif de la Première Semaine – Faire, comme groupe, l’expérience de la miséricorde de Dieu. Malgré tous nos errements, Dieu nous a maintenus ensemble. Et les relations entre nous et avec lui sont toujours vivantes ! Cri d’admiration, plein d’amour (ES 60). – Prendre conscience de ce qui a freiné ou bloqué l’œuvre de l’Esprit dans le groupe, afin de ne plus retomber dans les mêmes ornières. – Réaliser que le groupe en tant que groupe est traversé par des dynamiques pécheresses. Celles-ci sont sources d’injustices et de désordres collectifs. Dans le mal comme dans le bien, un groupe est plus que la somme de ses membres. – Aider chaque membre du groupe à réaliser qu’il participe, à sa manière, à cette dynamique collective pécheresse. Aider chacun à reconnaître ses connivences personnelles avec le « péché du groupe ». – Prendre ensemble conscience que notre attitude de groupe n’est pas toujours celle de la liberté intérieure à laquelle nous a fait aspirer le Fondement. – Désirer ensemble changer pour répondre pleinement à l’appel de Dieu.

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La ligne historique poursuivie en Première Semaine Fondement et Première Semaine s’enchaînent. Dans sa relecture de l’étape du Fondement, l’équipe d’animation aura été très attentive aux mouvements spirituels vécus dans le groupe, afin d’y adapter la suite des exercices de Première Semaine. De même, en Première Semaine, elle continuera à être attentive aux mouvements spirituels diversifiés se manifestant, entre autres, en plénum (ES 6-10). Elle écoutera avec attention tout ce qui se dit, se vit, afin de déceler ce qui, dans le groupe, doit être guéri, réconcilié. En conséquence de quoi elle donnera les exercices qu’elle jugera les plus appropriés. L’équipe d’animation aidera peu à peu le groupe à prendre conscience par lui-même des dynamiques spirituelles en jeu. Elle pourra éventuellement donner un bref exposé sur les règles du discernement des esprits, rappelées page 69. Elle invitera les participants à faire l’exercice de relecture de la journée (Ann. 2, ex. 29). La reconnaissance du péché peut se vivre en trois étapes modulables en fonction du temps disponible et du groupe. La démarche ici proposée part de la réalité collective du péché pour déboucher vers ce qui relève de notre responsabilité personnelle. Cette manière de faire correspond à celle des Exercices spirituels où saint Ignace fait d’abord méditer le péché en tant que mystère, réalité qui nous dépasse et nous déborde, opérant dans le monde avant même que nous en fassions partie. C’est dans un second temps qu’Ignace nous fait regarder notre propre histoire et nos complicités (ES 45, 55).

1. Le péché à l’œuvre dans le monde Le péché est un mystère. Sa « force » opère dans le monde avant même que l’homme en ait conscience. Un groupe n’est pas une entité isolée, séparée de son contexte socio-culturel. Il subit l’influence du milieu dans lequel il vit et où opèrent les forces du mal.

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PREMIÈRE SEMAINE

☞ Exercice : « Le péché dans notre monde brisé » (Ann. 2, ex. 10). 2. Le péché du groupe À partir de la ligne historique, il s’agit de reconnaître les infidélités du groupe, son péché, afin d’en demander pardon, d’accueillir la miséricorde de Dieu et de changer de manière de vivre 77.

☞ Exercice : « Le péché du groupe » (Ann. 2, ex. 11). Après le temps habituel de prière personnelle et de partage en petit groupe, le groupe se retrouve en plénum pour partager sur le « péché du groupe », du moins lorsque cet exercice est possible. En ce cas, l’accompagnateur aura placé sur la ligne historique une feuille de papier murale plus petite ; il y indiquera « le péché du groupe » et invitera les membres à partager le fruit des deux temps de prière. Il sera aidé de quelqu’un qui note sur la feuille ce qui est exprimé. Avec certains groupes, il conviendra d’effectuer cet exercice sur le péché du groupe, sans rien écrire.

3. Ma propre participation au péché du groupe Le péché commun trouve en chacun des membres du groupe une forme ou l’autre de complicité personnelle. Le but de cet exercice est donc très précisément de réaliser où et quand chacun a, personnellement, participé aux déviations du groupe, afin d’accueillir sur lui la miséricorde de Dieu. Concrètement, l’équipe d’animation invite chacun à prier personnellement, face à la ligne historique, en y reprenant les points où un

77. Cf. J. ENGLISH, Spiritual Intimacy and Community. An Ignatian View of the Small Faith Community, p. 90-108.

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plus grand sentiment spirituel a été ressenti (cf. les « répétitions 78 », ES 62, 118, 119). Et là, éprouver personnellement regret pour son péché, reconnaissance pour la miséricorde divine et volonté de progrès.

☞ Exercice : « Le péché : ma responsabilité personnelle » (Ann. 2, ex. 12). Cette démarche étant essentiellement personnelle, l’exercice comportera seulement un temps de prière personnelle. Il n’y aura pas de petit groupe, ni de plénum. L’atmosphère de la maison restera silencieuse. Parfois des rencontres interpersonnelles auront lieu. Le groupe entier se retrouvera seulement au moment de la célébration de la miséricorde et de la réconciliation.

Autres exercices et exposés possibles ☞ Exercice : « Ce qui n’aide pas » (Ann. 2, ex. 31). ☞ Exercice : « Nos lieux de liberté et de non-liberté » (Ann. 2, ex. 13).

☞ Exercice : « Les ornières de notre groupe » (Ann. 2, ex. 14). Exposés et outils (IIIe partie) : l’un ou l’autre peuvent convenir. Parfois se présente l’occasion d’expliquer des éléments des « Règles de discernement des esprits » et quelques « règles de sagesse » (I, chap. 3, et III, exp. 9). Selon la situation, on dira ou non un mot de la consolation et de la désolation.

☞ Exercice : « Forces de vie – forces de mort » (Ann. 2, ex. 19).

78. Les répétitions permettent de revenir aux mouvements intérieurs ressentis et de les approfondir (cf. I. DE LOYOLA, Exercices spirituels, trad. J.-Cl. Guy, « Notes complémentaires », p. 161).

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PREMIÈRE SEMAINE

☞ Exercice : « Reconnaître et décrire notre consolation commune » (Ann. 2, ex. 21).

Célébration de la miséricorde et de la réconciliation Avant de passer à la célébration de la miséricorde, l’équipe d’animation devra discerner quand cette grâce de la miséricorde semble avoir été reçue par le groupe dans son ensemble. Un signe de cette réconciliation du groupe avec Dieu est que les membres sont prêts à se pardonner mutuellement leurs errements. L’équipe d’animation mettra l’accent sur la réconciliation communautaire. Le but premier n’est pas de recevoir personnellement le sacrement du pardon, même s’il peut être bon de le proposer en dehors ou à l’intérieur de la célébration communautaire. C’est le chemin parcouru par le groupe qui sera célébré avec simplicité, humilité et réalisme car la réconciliation parfaite n’existe pas. « Il n’est en effet pas possible de décider que tout le monde sera réconcilié, demain à dix-huit heures. » Chacun a son rythme propre. La réconciliation est surtout un état d’esprit, sans cesse à reprendre. Dans une retraite, même la meilleure, tout n’a pas été dit, tout n’a pas été effacé. Les démons ne sont pas complètement écartés, les faiblesses de chacun subsistent. Nous célébrons avant tout la bonté de Dieu qui n’attend pas que nous soyons parfaits pour faire route avec nous et confier une mission au groupe. L’équipe fera preuve de créativité pour trouver des signes, des symboles, une démarche, qui soient éloquents. RELECTURE DE LA JOURNÉE : les participants seront invités à effectuer l’exercice de relecture de la journée (Ann. 2, ex. 29). L’équipe d’animation fera également sa propre relecture du travail sur la ligne historique, car ce qui a été partagé comporte en germe l’appel que Dieu adresse au groupe (cf. Deuxième Semaine).

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Quand le fruit de la Première Semaine est-il obtenu ? Le fruit est obtenu lorsque le groupe a atteint l’objectif principal décrit au début de ce chapitre : l’expérience commune de la miséricorde divine. Un groupe doit pouvoir sortir de la Première Semaine en étant entré dans la réconciliation avec Dieu. Le signe en est que les membres se réconcilient les uns avec les autres. Les « vieilles histoires », les rancœurs accumulées, auront été mises à jour et remises entre les mains de Dieu. Le groupe réalise que Dieu choisit une communauté pécheresse et des disciples pécheurs pour annoncer le Royaume. Dieu n’attend pas que nous soyons parfaits. D’autres fruits peuvent également être reçus comme, par exemple : – vérité et humilité : ne plus s’acharner à trouver par soi-même la cause des déficiences ; ne plus chercher à se cacher vis-à-vis de soi, des autres et de Dieu (ES 326) ; – joie et reconnaissance d’accueillir l’amour inconditionnel de Dieu et d’autrui (ES 316) ; – vigilance grâce à la connaissance plus affinée des points faibles de chacun et du groupe comme tel (ES 327) ; – liberté spirituelle plus grande : le péché n’est plus perçu comme écrasant, il n’agit plus inconsciemment ou sauvagement ; une nouvelle capacité d’entendre et de répondre à l’appel de Dieu s’est éveillée ; – identité plus claire : le groupe se reconnaît créé pour une mission ; malgré les obstacles, il se sait gracié, pardonné, et peut entrer dans l’expérience biblique de la création, du péché, de la rédemption ; – désir de changer : le groupe souhaite mieux répondre à l’appel de Dieu et est mûr pour prier le Règne.

Exemples d’exercices pour la Première Semaine Les exercices 10 à 14 de l’Annexe 2, ainsi que ceux relatifs aux exposés, sont des feuilles de prière données à titre d’exemple. L’équipe

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PREMIÈRE SEMAINE

d’animation veillera à créer ses propres feuilles en les adaptant à la situation du groupe en retraite.

Adaptation de la Première Semaine à un groupe sans histoire commune Pour des personnes n’appartenant pas à des groupes constitués, le point commun qui les rassemble a déjà été précisé à propos du Fondement. Les exercices proposés en Première Semaine feront également référence à ce point commun.

☞ Exercices et exposés éventuels : il ne sera évidemment pas possible de prier à partir d’une ligne historique, puisque le groupe n’a pas de vécu commun. De même, l’exercice « Le péché du groupe » (Ann. 2, ex. 11) ne pourra être pris. Mais tous les autres exercices et exposés conviennent.


Chapitre 3 : Deuxième Semaine

Objectif de la Deuxième Semaine – Obtenir les grâces demandées : - « Ne pas être sourd à l’appel du Seigneur qui veut nous associer à sa mission, mais être prompt et diligent à accomplir sa très sainte volonté » (ES 91) ; - « La connaissance intérieure du Seigneur… afin de mieux l’aimer et le suivre » (ES 104) ; - « La connaissance des manières de faire de Jésus et de celles de l’ennemi » (ES 139). – Se tourner vers la personne de Jésus ressuscité, Christ et Seigneur, qui veut associer les humains à son grand dessein de régénération de l’univers. – Être mis avec le Christ humilié et pauvre. « Avec lui » et « comme lui » préférer la pauvreté et les humiliations, afin d’être davantage effectivement configuré à sa personne. – Faire élection en tenant compte de l’identité précisée dans le Fondement. – Croître dans la foi, l’espérance et la charité.

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Exercice du Règne 1. Objectif dans l’ensemble des Exercices spirituels (ES 91-100) – Ignace n’a pas proposé à tous ses retraitants d’entrer en Deuxième Semaine. Parfois il a attendu des années avant de la présenter. Pour y entrer, l’accompagnateur doit s’assurer que le retraitant est apte à tirer le fruit de cette Deuxième Semaine. Le critère sera souvent sa capacité à faire sienne l’offrande du Règne ou tout au moins d’en avoir « le désir du désir ». – Le Règne est comme un second Fondement. Il appelle maintenant à tourner le regard vers la personne de Jésus ressuscité, reconnu comme Seigneur (Ph 2, 11) — Autorité suprême — de l’univers entier et de notre propre personne (Mt 28, 18). Cet exercice révèle la clé de l’Évangile, la volonté du Christ d’établir son règne, sa primauté, sur tout l’univers, en appelant les retraitants à participer à son œuvre, mais par des moyens qui vont contre la sensibilité et la conception humaine de la toute-puissance : pauvreté et humilité. Le Règne vise à mobiliser, chez le retraitant, le désir de s’offrir à la personne de Jésus, par pur amour, pour être configuré à lui, le servir, être « comme lui », et « avec lui » assumer efforts, souffrance, renoncements, humiliations pour partager « avec lui » la gloire du Père (ES 95). – La méditation du Règne est une étape capitale à vivre car, par la démarche d’offrande inconditionnelle de soi, elle prépare l’appel et l’élection qui devront être déterminés concrètement en fin de la Deuxième Semaine, puis confirmés en Troisième et Quatrième Semaines.

2. Quels moyens Ignace propose-t-il ? Ignace recourt à une comparaison entre deux rois. Cette comparaison exerce le rôle d’un ressort qui mobilise et intensifie le désir. Si déjà il est juste et raisonnable de répondre « présent » à l’appel généreux d’un vrai leader humain, combien plus pour le Roi éternel (ES 94 et 96).

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PARCOURS ESDAC SELON LA DYNAMIQUE DES EXERCICES DE SAINT IGNACE

• 1re ÉTAPE : Ignace en appelle à l’imagination. Ainsi l’exercice atteint-il le niveau profond de l’inconscient. Il invite à se représenter un roi, une personne exerçant une fonction de leadership suprême et ayant une mission de conquête. • 2e ÉTAPE : Apparaît la figure du Christ, Roi éternel et universel. Tout ce qui a été dit du roi très humain s’applique a fortiori au Christ, notre Seigneur. • 3e ÉTAPE : Enfin est proposé un acte d’offrande (ES 98), c’est-àdire la réponse de plus haut prix (ES 97). Cette fois, et c’est neuf, il s’agit d’aimer, d’aimer davantage. C’est un colloque, une parole offerte et donnée à Dieu, et non une considération comme dans le Fondement.

3. Le Règne et ESDAC – Convient-il, aujourd’hui, de suggérer au retraitant l’image d’un roi temporel, proposée par Ignace ? La démarche est possible, si l’on prend le texte d’Ignace comme une parabole de l’exercice de l’autorité. Ce texte peut toucher ce que notre humanité porte au plus profond de son inconscient collectif en ce qui concerne le leadership, l’autorité, le pouvoir, la maîtrise, le contrôle et la manière juste et généreuse de les exercer. Le Messie était attendu par Israël et par les Douze comme celui qui allait rétablir la royauté en Israël (Ac 1, 6). Jésus va consacrer une énergie considérable à transformer l’image que les apôtres ont d’un roi, du pouvoir, de la puissance et de l’exercice de l’autorité. Ce titre de roi est celui qui figure sur la croix. – L’attention au vécu du groupe et de ses membres dictera le choix : le Règne est à proposer avec souplesse et imagination, en cherchant à ce que le contexte proposé éclaire le plus profondément possible la vocation et la mission du groupe 79. 79. Cf. note éclairante de J.-Cl. Guy dans son édition des Exercices spirituels, p. 163. Cf. aussi E. MOREAU DE SAINT-MARTIN, « L’appel du roi temporel », in Cl. FLIPO et autres, Pratiques ignatiennes, Christus HS no 170, p. 139.

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DEUXIÈME SEMAINE

– Attention ! Le Règne est l’appel général fait à tout homme, et non pas encore l’appel concret fait à telle personne ou tel groupe en particulier. Cet appel concret se découvrira dans le travail de l’élection.

4. Comment faire ? • Contextes possibles Selon ce qui convient le mieux au groupe, le texte d’Ignace (ES 91-96) sera proposé ou, peut-être, une paraphrase de celui-ci. Mais des situations contemporaines ou, bien évidemment, des textes de l’Écriture seront éclairants, par exemple : - ramener toutes les choses sous un seul Chef, le Christ (Ep 1, 3-14) ; - l’appel des disciples pour être « avec Jésus et chasser les démons » (Mc 3, 14-15) ; - l’appel des disciples (Jn 1, 35-51) ; - Marthe et Marie (Lc 10, 38-42) ; - le bon pasteur (Jn 10) ; - Jésus invite à « perdre » sa vie avec lui (Jn 12, 20-26) ; - Jésus pose à Pierre la question : « Pour vous, qui suis-je ? » (Mc 8, 29). • Image Elle sera à adapter selon la situation du groupe. Par exemple, prendre conscience des lieux où l’appel du Christ retentit aujourd’hui. • Pistes Elles suggéreront de se tourner vers la Personne de Jésus, de l’écouter, de le suivre. Par exemple : - contempler le Christ, Roi éternel et universel, et devant lui, tout l’univers qu’il appelle et notre groupe en particulier ;

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- nous remettre en mémoire ce que nous avons découvert du Christ depuis que nous le connaissons. • Petit groupe et plénum Chaque membre du groupe est invité à partager sa vision propre du Christ. Il se constitue alors dans le groupe comme un kaléidoscope. Il est important de laisser à chacun le temps d’accueillir et d’intégrer ce que les autres disent pour que se dégage le visage du Christ tel qu’il est vivant dans le groupe aujourd’hui. En se laissant interpeller par les paroles des uns et des autres, chacun dépasse sa propre image du Christ qui l’appelle. L’apport d’autrui élargit la vision. Lentement se dégage une image du Christ par laquelle tous se reconnaissent interpellés.

☞ Exercice : « Le Christ qui nous appelle à partager sa vie » (Ann. 2, ex. 15).

L’acte d’offrande et sa célébration En finale du Règne, l’équipe d’animation peut proposer un acte d’offrande (ES 97, 98), qui exprime le désir du groupe, comme groupe, de se donner à Jésus Christ, de le suivre de plus près. Il ne s’agit pas encore de la réponse à un appel précis mais bien d’un don total de soi : vouloir aimer davantage en imitant celui qu’on aime. Cette offrande peut s’exprimer au cours d’une liturgie, soit à travers un geste symbolique, soit par un texte. Elle peut être faite personnellement, soit en sous-groupe, soit avec le groupe entier. Une expression commune, dans un langage propre, agréé par chacun des membres du groupe, est un facteur d’union.

☞ Exercice : « Notre offrande commune » (Ann. 2, ex. 16).

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DEUXIÈME SEMAINE

Remarques – Lorsque la démarche est très courte, le Règne peut tenir lieu de Deuxième Semaine en condensé. Cette Semaine déploie la grâce contenue en germe dans le Règne. – Les deux feuilles de prière suggérées ci-dessus peuvent au besoin être regroupées en une seule. – Comment proposer l’offrande au groupe ? Veiller à ne pas aller trop vite. Certains seront prêts à entrer dans une démarche de générosité, d’autres pas encore. – Attendre que l’unité se fasse dans le groupe. D’une part il ne faut rien forcer. D’autre part il serait dommage de ne pas formuler le fruit obtenu dans la contemplation du Règne, si minime ou si général soit-il.

Incarnation et vie cachée du Seigneur 1. Objectif de ces contemplations dans les Exercices spirituels (ES 101-135) – Dans les Exercices, les méditations discursives de la Première Semaine font place en Deuxième Semaine à des contemplations qui éveillent le « sentir », le « cœur », la « connaissance intérieure ». L’objectif de ces contemplations est de faire grandir l’amour et le désir de suivre Jésus. – La grâce à demander : « une connaissance intérieure du Seigneur qui pour moi s’est fait homme pour mieux l’aimer et le suivre » (ES 104). – Contempler l’histoire du Verbe de Dieu incarné. Laisser son histoire modeler la nôtre. – Accepter d’être aujourd’hui encore visités par Dieu qui vient sauver les hommes, par les moyens qui sont les siens (petits, pauvres, humbles).

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– Préparer l’élection : contempler la Trinité dans l’Incarnation, puis la vie de Jésus, pour y découvrir comment Dieu prend une décision et s’engage.

2. Quels moyens Ignace propose-t-il ? – Se rappeler « l’histoire » (ES 102) à travers des récits qui renvoient aux événements fondateurs de l’histoire du salut 80. « Le Verbe de Dieu s’est fait chair, il est entré dans mon histoire. C’est pour moi que le Seigneur s’est fait homme » (ES 104, 116). Ressuscité, le Roi de l’univers se révèle à chacun actuellement, au cours de la prière personnelle et des temps de partage, identique à ce Jésus dont les récits évangéliques relatent les faits et gestes. – Utiliser l’imagination et les sens pour contempler, à partir de l’Incarnation, les scènes évangéliques de la vie cachée du Christ. Voir les personnes, écouter ce qu’elles disent, observer ce qu’elles font, goûter et sentir la douceur de la divinité, etc. (ES 122-125). Une simple lecture du texte de l’Évangile est insuffisante : il s’agit d’approcher le Christ et son histoire par le cœur et les sentiments. Les images évoquées par l’Évangile permettent aussi à celui qui contemple de se situer, de réagir, d’ébaucher sa réponse. Le désir spirituel peut ainsi devenir conscient et, du coup, se nourrir des paroles et des actes du Seigneur. L’imagination devient le support de la révélation du désir et conduit à « demander ce que je veux et désire ».

3. La vie cachée et ESDAC La recherche d’une sainteté de groupe ou d’un objectif apostolique de groupe doit se vivre comme l’accueil du Verbe de Dieu incarné dans

80. Cf. J. MILER, « Un fondement historique vrai », in Cl. FLIPO et autres, Pratiques ignatiennes, op. cit., p. 11-15.

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l’être même du groupe et son vécu concret. Il s’agit, pour un groupe, de découvrir que c’est dans sa vie quotidienne, dans la banalité de ses rencontres, de ses décisions, de ses échanges, de ses contraintes et de ses fragilités qu’il est appelé à vivre son objectif apostolique, comme Marie et Joseph. Un groupe doit toujours se souvenir que son histoire propre comportera bien des traits semblables à l’histoire du Verbe de Dieu incarné. La mission chrétienne ne devrait jamais oublier le modèle de la mission du Verbe de Dieu et de celle de Marie : incarner la parole pour sauver le monde 81. Pour le groupe, la grâce sera d’aimer et suivre Jésus tel qu’il se fait connaître dans le groupe, et de correspondre à ce que Dieu attend de lui.

4. Comment faire ? Pour le « comment faire » dans le parcours évangélique des Exercices, l’utilisateur du manuel pourra être aidé par la présentation du schéma habituel des feuilles de prière. À lui d’adapter selon les groupes et situations. • Contextes possibles - L’Incarnation (ES 101) : visée universelle du salut ; - la Visitation (ES 263) : contemplation de la rencontre où chacun se reconnaît aujourd’hui porteur de Dieu et le communique pour la joie de tous ; - la fuite en Égypte (ES 269) et la vie cachée à Nazareth (ES 271) : Dieu est là où il vient, dans l’espace que chacun lui ouvre aujourd’hui, quelles que soient les circonstances difficiles ou banales. Le groupe est là où il va, dans l’espace que Dieu lui ouvre, dans la difficulté ou la vie ordinaire ; - autres : ES 262-272. 81. Cf. P.H. KOLVENBACH, « Ne cachez pas la vie cachée du Christ », in Revue de spiritualité ignatienne, Rome, CIS 74, 1993, p. 11-25. Article repris dans Fous pour le Christ. Sagesse de Maître Ignace, p. 78-91.

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• Image Elle sera à formuler selon les groupes et les contextes choisis, en insistant sur le fait que l’on se voit, par l’imagination, avec Jésus au milieu du groupe ; ou que le Père, le Fils et l’Esprit regardent le groupe engagé dans le monde actuel ; ou que l’Enfant Jésus naît là où vit et travaille le groupe. • Grâce à demander Elle sera souvent répétée en Deuxième Semaine : elle consiste à « demander une connaissance intérieure du Seigneur qui pour nous s’est fait homme, afin de mieux l’aimer et le suivre » (ES 104). • Pistes – Comment Dieu qui cherche le salut universel se communique en un point particulier du temps et de l’espace. Réfléchir pour tirer profit de ce qui a été contemplé. – Comment chacun dans le groupe et dans l’Église est interpellé par des événements qui sont aujourd’hui annonce et visite du Père, du Fils et du Saint-Esprit. – Comment Dieu révèle sa manière d’agir dans les mystères de la vie cachée. – Comment Dieu se révèle dans les relations interpersonnelles de la sainte Famille et réfléchir à ce que cela signifie quant aux relations dans le groupe. – Contempler la vie de la sainte Famille à Nazareth et goûter comment Dieu prend corps dans l’histoire du groupe, ses activités, ses relations, ses missions. – Contempler, à la lumière du mystère de la Visitation, comment chacun dans le groupe est porteur de Dieu. – Comment au Temple, à douze ans, Jésus vit liberté et obéissance. • Colloque avec le Seigneur À adapter selon les groupes et les situations. À vivre parfois en plénum. ☞ Exercice : « Les manières d’agir de Dieu » (Ann. 2, ex. 17).

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Vie publique de Jésus 1. Objectif dans les Exercices spirituels (ES 158-164 ; 270-288) – Pour Ignace, il s’agit de suivre Jésus dans son histoire concrète, de Nazareth à Jérusalem, afin de se laisser former et enseigner par lui. L’histoire de Jésus va éclairer la nôtre. – Les contemplations vont faire voir, entendre et considérer comment Jésus s’y prend pour établir son Royaume par des moyens pauvres et humbles. S’il veut suivre Jésus, le retraitant est invité à prendre conscience des conséquences pour lui-même des choix du Seigneur : « Pour cela, celui qui voudra venir derrière moi… » (ES 93). – Contempler les mystères de la vie du Christ va donc éveiller chez le retraitant : - l’intelligence à une connaissance intérieure du Seigneur ; - le cœur à un amour tel qu’il va désirer imiter autant qu’il peut sa manière de vivre. – La grâce à demander est « une connaissance intérieure du Seigneur qui pour moi s’est fait homme, afin de mieux l’aimer et le suivre » (ES 104). – Contempler la vie publique peut permettre de trouver quel mystère de la vie de Jésus caractérise la mission propre du groupe.

2. Contemplations de la vie publique et ESDAC – Par les méditations de la vie publique, le groupe est invité à voir Jésus marcher avec lui dans le concret de la vie quotidienne et du travail apostolique. – Le groupe, comme chacun de ses membres, est appelé à la sainteté : les contemplations de la vie publique ont pour but de mettre chacun devant la manière d’agir de Jésus afin de se laisser éclairer sur sa propre manière d’agir et sur celle du groupe. – L’équipe d’accompagnement doit faire ici un travail de discernement pour identifier les besoins du groupe : quels mystères de la vie

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de Jésus est-il bon de proposer, afin d’aider le groupe à mieux aimer et suivre le Seigneur ou afin de mieux remplir les objectifs qu’il s’est fixés ? – On veillera à choisir les scènes d’évangile d’après la visée de la méditation dans le cheminement du groupe : - en se rappelant ce qui a été vécu en Première Semaine (péché, ornières du groupe) ; - en fonction de l’élection qui se profile et qui doit encore mûrir. – Pour être fidèles à leur identité et à leurs objectifs (Qui ? – Quoi ? – Comment ?), certains groupes auront besoin d’approfondir la gratuité de Jésus, d’autres son obéissance au Père et aux événements, d’autres son choix des moyens pauvres, d’autres sa manière de vivre l’autorité ou encore sa prière… selon ce que le Seigneur révélera au groupe de lui-même et de ce qu’il désire. Pour éviter toute manipulation, chaque hypothèse de relecture sera vérifiée par le groupe. – Les contemplations des mystères de Jésus pourraient être proposées dans la ligne de la méditation des trois types d’hommes (ES 149), ou de celle des trois degrés d’humilité (ES 164), ou de celle des deux Étendards (ES 136), selon la situation et les besoins du groupe.

3. Comment faire ? • Contextes possibles - proposés par Ignace : Cana (ES 276), Jésus chasse les vendeurs du temple (ES 277), les béatitudes (ES 278), la tempête apaisée (ES 279), le baptême du Christ (ES 273), les tentations (ES 274), l’appel des apôtres (ES 275), la marche sur la mer (ES 280), l’envoi en mission (ES 281), la conversion de Madeleine (ES 282), la multiplication des pains (283), la transfiguration (ES 284), la résurrection de Lazare (ES 285), l’onction à Béthanie (ES 286) ; - le bon Samaritain : entrer dans l’action (Lc 10, 29-37) ; - la Syrophénicienne et sa foi (Mc 7, 24-30) ;

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- Zachée : l’appel à sortir de son comportement habituel, l’audace d’être soi face aux autres (Lc 19, 1-10). • Image Comme pour l’Incarnation et la vie cachée du Seigneur, il sera suggéré de voir le Seigneur présent au milieu du groupe et celui-ci participant au mystère contemplé. • Grâce La grâce à demander est toujours celle d’une connaissance intérieure du Christ afin de mieux l’aimer et le suivre. • Pistes – Une première piste invite les retraitants à voir la scène, à entendre ce qui s’y passe et à contempler Jésus, à laisser l’Écriture ouvrir les cœurs et provoquer des mouvements intérieurs 82. – Une deuxième piste invite les retraitants à recevoir l’interpellation de ce mystère pour leur propre vie ou celle du groupe, et à en tirer profit. – Adapter les autres pistes à l’évolution du groupe.

Méditation des deux Étendards 1. Son objectif dans les Exercices spirituels (ES 136-147) – Cet exercice sollicite l’imagination (mais non l’imaginaire) 83 du retraitant afin qu’il reconnaisse que se joue, dans sa propre vie, le combat ancestral du « bien » et du « mal ». Le retraitant en est lui-même l’acteur, l’enjeu et le lieu. Il s’agit d’un exercice de discernement : le choix du camp du Christ a déjà été fait (Règne) ; il reste à considérer 82. Cf. « Les mouvements intérieurs ouverts par la contemplation de l’Écriture », in I. DE LOYOLA, Exercices spirituels, trad. J.-Cl. Guy, p. 23. 83. Cf. sur l’Image : « La feuille de prière », I, chap. 2, p. 31.

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les pièges à éviter et à choisir les valeurs de vie proposées comme modèles par le Christ. – Demander la grâce de connaître les tromperies du malin et l’aide pour s’en garder, ainsi que la connaissance de la vraie vie qu’enseigne le Seigneur et la grâce de l’imiter (ES 139). – Prendre conscience des enjeux de nos recherches, des pièges qui nous guettent. – Démêler dans nos désirs ce qu’il y a de plus vrai, de plus profond, et la part d’illusion.

2. Quels moyens Ignace propose-t-il ? Au moyen d’images qui attirent et sollicitent la générosité, et d’autres qui repoussent et font peur, la contemplation des deux Étendards dévoile au retraitant deux manières de conquérir le monde : - celle du chef des ennemis — Lucifer : terrifiant, arrogant, insistant, piégeant et attaquant par des tromperies, et tentant le monde par la convoitise des richesses afin qu’on en vienne aux vains honneurs et à un orgueil immense ; - celle du souverain capitaine des bons — le Seigneur : simple, discret, attentif, respectueux, et invitant à aider les hommes par la pauvreté, les humiliations et l’humilité. Le retraitant est ainsi amené à découvrir que le Seigneur, en proposant la vraie vie (vie pauvre et humble), veut le détourner des pièges de l’avoir, du valoir et du pouvoir, présents en chacun.

3. Les deux Étendards et ESDAC Avant d’envisager l’élection, le groupe doit s’arrêter, faire le point afin d’être bien au clair sur ce qui est en jeu : choisir le Christ et sa manière de procéder. Avec le Christ et comme lui, il s’agit d’aider les hommes par la pauvreté, par l’acceptation des humiliations et par l’accueil du don de l’humilité. Or, de « belles lumières » suggérées par Lu-

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cifer vont tenter de barrer le chemin. Ce sont les éclats de la richesse matérielle ou spirituelle (« nous sommes le bon groupe, avec la bonne méthode »), menant à la vaine gloire (« nous sommes les meilleurs »), et jusqu’à un orgueil immense (« les autres sont nuls »). Le groupe sera invité à reconnaître qu’il est mû par ces deux attitudes opposées et que celles-ci risquent fort de le traverser lorsqu’il s’engagera dans l’élection. Va-t-il prendre telle option pour vraiment aider les hommes ou pour se mettre en valeur ? Dans les options apostoliques se mêlent souvent des éléments qui ont peu à voir avec la pauvreté et l’humilité, des éléments visant à surtout faire éviter les humiliations ! Trop de choses sont entreprises pour de bonnes et belles raisons qui ne sont pas celles du Christ, ni conformes à sa manière de faire. Il importe toutefois, à ce moment du parcours, de veiller à ce que le groupe, ou certaines personnes dans le groupe, ne soient tentés, en découvrant leurs motivations, de « retourner en Première Semaine » et de considérer à nouveau les péchés. Il s’agit maintenant de voir et de regarder les pièges et illusions qui empêchent de prendre les moyens proposés par l’Évangile.

4. Pour rédiger la feuille de prière • Contextes possibles Choisir en fonction de ce qui a été vécu par le groupe jusqu’à présent : - la méditation d’Ignace (ES 136 et suivants) ; - la demande des fils de Zébédée (Mt 20, 20-28) : Quelles sont les intentions profondes et véritables de leur demande ? ; - les tentations de Jésus au désert (Lc 4, 1-13) : les attaques du Malin pour nous écarter du droit chemin, etc.

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• Image Voir, dans notre quotidien et à la lumière du contexte proposé, comment nous sommes appelés à la vie et en même temps sollicités par notre orgueil ou par le Malin. • Grâce à demander Demander la connaissance des tromperies du mauvais chef 84 et l’aide pour s’en garder, ainsi que la connaissance de la vraie vie qu’enseigne le Seigneur, et la grâce de l’imiter (ES 139). • Pistes – Derrière les deux manières de procéder, celle propre au Christ et celle propre à l’ennemi, il est question de liberté : l’ennemi « enchaîne ». Une méditation sur les forces de liberté et de non-liberté dans le groupe peut aider à discerner ce qui est de la manière du Christ ou de son adversaire. – Une autre approche est d’inviter le groupe à repérer les ornières dans lesquelles il s’enlise facilement et qui l’empêchent, directement ou indirectement, de partager la vraie vie proposée par le Christ. Voir aussi les « bons prétextes » que nous invoquons facilement et qui nous écartent du bien. – Où et quand avons-nous fait l’expérience que les moyens proposés par Jésus étaient effectivement porteurs de vie ou que ceux proposés par le Malin nous détournaient de cette vraie vie ? – Reconsidérer les points faibles par lesquels l’ennemi attaque et trompe.

☞ Exercice : « Les deux Étendards » (Ann. 2, ex. 18).

84. À propos du « mauvais chef », du « Malin », cf. p. 69, note 58.

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Élection : les trois types de temps favorables à la prise de décision Pour qu’une décision soit saine et bonne, elle doit être prise à un moment adéquat de la retraite ou de la vie du groupe (ES 169-174). Il existe trois types de moments adéquats, nettement différenciés (ES 175-177). Soit lorsque Dieu meut et attire les volontés de telle sorte que, sans douter ni pouvoir douter, le groupe suit ce qui lui est montré. La lumière, le consensus et l’attirance sont très clairs et manifestement donnés par Dieu. Le groupe expérimente un état de consolation pure et simple, tel que l’expérience de la Résurrection (Jn 20, 20) et de la Pentecôte (Ac 2, 4). Cet état de consolation pure et simple exclut évidemment la fausse consolation que serait une unanimité née de l’émotion des sensibilités, de la séduction d’une influence, voire de l’admission par tous d’un raisonnement imparable. Soit lorsque, passant par des alternances de consolation et de désolation, le groupe reçoit, de son expérience du discernement des esprits, suffisamment de lumière par rapport à la décision à prendre. Une situation de désolation pure et simple n’est jamais adéquate pour des changements. Dans une telle situation, le groupe doit se changer luimême, tout en demeurant fermement fidèle aux décisions prises en période de consolation (ES 318). Soit lorsque le climat du groupe est tranquille et empreint de liberté intérieure. Dans ce cas, les membres du groupe ne sont pas, comme dans la situation précédente, agités par des mouvements spirituels contrastés et par des alternances de consolation et de désolation. Ils peuvent dès lors utiliser leurs facultés naturelles (mémoire, intelligence, volonté, imagination, affectivité…) de façon calme et libre, c’est-à-dire sans parti pris, sans attachement désordonné à une solution plutôt qu’à une autre. Un climat de non-liberté, de non-disponibilité, de non- indifférence par rapport au choix envisagé ne convient pas pour prendre une décision saine et bonne (ES 150-155). Tout l’art, pour l’équipe d’accompagnement, est de repérer si le groupe vit une de ces trois situations afin de pouvoir passer à la prise

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de décision. Si tel n’est pas le cas, les accompagnateurs veilleront à différer la prise de décision et inviteront le groupe à mûrir sa disponibilité intérieure. Il est aussi extrêmement important de pouvoir préciser, parmi ces trois situations, quelle est actuellement celle du groupe concerné. Car la manière de décider en dépend. Il serait, par exemple, aberrant et cause de désolation de déployer un grand renfort d’arguments pour et contre une option, comme on pourra le faire dans le troisième type de situation, alors que la décision est déjà mûre ou en voie de l’être (cf. page précédente).

Dans le troisième type de temps, comment mûrir la décision et la prendre ? Notes préalables Discerner, ce n’est pas attendre naïvement que Dieu dicte ou donne par infusion la bonne solution. Étude, recherche, connaissance des faits concrets qui éclairent l’objet de la décision, sont indispensables. Si le discernement implique des personnes, toute information, à leur propos ou venant d’elles, doit être incluse dans les données. Outre les faits, il sera tenu compte, autant que possible, des valeurs et sentiments qui habitent chaque membre du groupe. On se souviendra de ce qui a été dit dans le chapitre 3 de la Ire partie à propos de l’accord à chercher dans la décision finale : le consensus. Celui-ci ne naît pas d’un vote à la majorité des voix ni même de l’unanimité comme telle : le mot « consensus » convient seulement pour désigner l’accord et l’unité d’un groupe après que chacun et chacune aient pu pleinement participer à l’élaboration de la décision 85.

85. Pour ce processus, cf. « Le nom de grâce », II, chap. 1, 4e approche, p. 87-94, et III, exp. 1-3, p. 143-172.

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1. Faire mémoire des consolations reçues durant la retraite Dans la tranquillité et la liberté, le groupe ravive l’expérience de son nom de grâce. Il est mis ainsi dans les meilleures dispositions pour prendre une bonne décision. L’équipe d’animation sera attentive à la nouvelle manière dont le charisme — le nom de grâce — s’exprime à ce moment de la retraite. On proposera, si c’est nécessaire, un exercice de relecture à partir d’un des textes bibliques suivants : - Emmaüs, une expérience de consolation commune (Lc 24, 13-35) ; - parabole du filet et du tri des poissons (Mt 13, 47-50).

2. Dégager l’appel entendu Il s’agit d’exprimer le consensus présent dans le groupe à propos de l’appel perçu : « Aujourd’hui, notre groupe est appelé à … ». • Comment procéder ? – Référence, si c’est nécessaire, à l’un ou l’autre des textes évangéliques suivants : - aimer en acte et en vérité (1 Jn 3, 18) ; - appel de Zachée (Lc 19, 1-10) ; - faire la volonté du Père (Mt 7, 21) ; - « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis » (Jn 15, 1516) ; - appel des disciples pour la moisson (Lc 10, 1-3). Parfois un passage d’un texte fondateur du groupe, d’une charte ou de constitutions peut utilement introduire la prière. – Rappel de tout ce qui a été vécu depuis le début de la retraite et énoncé clair de l’appel perçu en une proposition affirmative. – Relevé des raisons favorables et défavorables d’une telle proposition (avantages et désavantages, selon le vocabulaire de saint Ignace (ES 178-183).

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Soit, par exemple, l’énoncé suivant de l’appel : « Nous poursuivons notre activité de façon bénévole. » Tous cherchent et considèrent en privé d’abord, puis ensemble, les raisons « pour » une telle recommandation. Dans un deuxième temps, à nouveau en privé puis ensemble, les raisons « contre ». Il ne sera pas inutile, parfois, de considérer semblablement la proposition contraire : « Nous poursuivons notre activité de façon rémunérée. » La parole est donnée à chacun à tour de rôle suivant les règles de la conversation spirituelle 86. Par une telle procédure, tous cherchent d’abord les raisons pour (avantages) ; puis, dans un deuxième temps, les raisons contre (inconvénients et dangers) 87 : ceci évite la constitution de clans opposés. De plus, les timides ont la possibilité de s’exprimer et les bavards sont priés d’être concis. Ainsi, les défenses du groupe sont-elles réduites au minimum et les chances de voir s’établir un consensus grandissent.

3. Préciser les moyens à mettre en œuvre pour répondre à l’appel Il s’agit d’envisager ensemble les moyens concrets à choisir : « Pour répondre à l’appel entendu, nous préconisons tels moyens précis : … 88 ». Il est important, dans l’étape des moyens de mise en œuvre, de tenir compte de toutes les oppositions exprimées par rapport à la décision à prendre. Elles permettront d’affiner la décision. En outre, les moyens de mise en œuvre seront détaillés aussi concrètement que possible. Les délégations confiées à chacun seront précisées, ainsi que les délais d’exécution : « Qui fait quoi ? Quand ? Comment ? » Si réponse à ces questions de mise en œuvre n’est pas donnée durant la retraite, l’élection risque bien de rester lettre morte. (Il se peut que 86. Cf. « Consignes pour la conversation spirituelle en groupe », p. 44. 87. ES 181. 88. Cf. « Mission de groupe », p. 161

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pour clarifier les moyens de mise en œuvre, il faille répéter des étapes du processus de décision).

4. Décider • Comment procéder ? S’assurer au préalable de l’accord de tous quant au contenu et à la formulation de la décision à prendre. À ce moment, chacun énonce au groupe sa propre décision provisoire ainsi que les motifs intellectuels et affectifs qui pèsent davantage dans sa prise de décision : « Si j’étais celui ou celle dont dépend la décision finale, sans autres informations, voici ce que je déciderais maintenant en conscience : … » Ce partage sera suivi d’un moment de réflexion silencieuse. Ensuite, chacun sera invité à dire si, selon ce qu’il ressent et comprend, le groupe a atteint un consensus dans la décision. Si le consensus ne se dégage pas encore sur la décision à prendre, le groupe déterminera, par le dialogue, où se situe à ce moment un consensus. À partir de ce point de consensus, le groupe devra : - soit reformuler la proposition possible ; - soit prendre en considération l’une des autres propositions possibles et recommencer le travail. Au terme, l’équipe d’accompagnement invitera le groupe à reconnaître et entériner selon les procédures habituelles la décision prise avec ses éléments de mise en route ou, le cas échéant, à la confier à la personne responsable du groupe : « Telle est notre réponse à l’appel 89. »

89. Ces pages sur la prise de décision s’inspirent de J. ENGLISH, Spiritual Intimacy and Community, p. 131-175, ainsi que de G.J. SCHEMEL, et J.A.ROEMER, « Communal Discernment », in Review for Religious (vol. 40, no 6, nov.-déc. 1981). Révisé en juillet 1992, trad. par M. Bacq sur le site Web d’ESDAC.

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5. Remarques Selon la taille et la situation du groupe, l’élection se fera : - soit en alternant les moments de prière personnelle, de petit groupe et de plénum, selon la manière de faire habituelle ; - soit en travaillant directement avec le groupe la suite des différentes étapes. Une élection commune postule de la part de chacun des membres du groupe une décision personnelle, par laquelle il fait sienne l’élection du groupe. Cette décision personnelle ne sera habituellement pas partagée en plénum si elle concerne une attitude intérieure. Mais elle sera évidemment communiquée à tous si elle concerne un rôle et un agenda dans l’activité du groupe. Ignace propose deux autres manières de faire élection dans ce troisième type de temps (ES 184 à 188). Pour un groupe, cela reviendrait à l’un des exercices d’imagination suivants : - soit imaginer un groupe que nous ne connaissons pas et qui désire prendre, dans notre situation, la décision qui procurera à Dieu une gloire plus grande : « Que lui conseillerionsnous ? » - soit imaginer notre groupe et ses membres, face au Seigneur, au jour de la mort : « Quelle décision aimerions-nous avoir prise ? »

Exemples d’exercices pour la Deuxième Semaine Les feuilles de prière proposées pour cette étape en Annexe 2, exercices 15 à 24, le sont à titre d’exemple. L’équipe d’animation veillera à créer ses propres feuilles en les adaptant à la situation du groupe en retraite.


Chapitre 4 : Troisième et Quatrième Semaines Contemplation pour obtenir l’amour

Objectif des Troisième et Quatrième Semaines L’objectif de ces deux Semaines est de confirmer l’élection. Il s’agit de : – vérifier la pertinence de la « décision provisoire 90 » prise en Deuxième Semaine et s’assurer que la force soit donnée pour passer à l’acte ; – aider le groupe à fortifier sa détermination : se préparer aux conséquences inévitables et prévisibles de l’élection faite (agenda, priorités…) ; consentir aux renoncements et sacrifices exigés (affronter des résistances, mener un combat, dialoguer avec l’autorité…) ; – s’unir au Christ dans son passage vers le Père, rendu douloureux et humiliant de par le rejet des hommes ; connaître, de l’intérieur, la force que l’Esprit à l’œuvre dans le groupe désire lui communiquer. Ainsi, l’élection est située à sa juste place, celle d’un don à recevoir du Père, dans l’humilité, le silence et la force de Dieu 91.

90. « Une fois l’élection faite, saint Ignace invite à la laisser confirmer par le Seigneur. Car les exercices spirituels ne s’achèvent pas avec l’élection […] il y aurait là une certaine autosuffisance » (A. DE JAER, Vivre le Christ au quotidien, op. cit., p. 134). Lorsque la retraite comporte une Troisième et une Quatrième Semaines, l’élection, considérée comme provisoire, est intégrée dans le mystère pascal. Une grâce de confirmation de l’élection est demandée. Ce n’est donc pas seulement le passage à l’action qui va indiquer si la décision prise est cohérente avec le réel de tous les jours. 91. « … l’essentiel est sans projet… il est ici et maintenant dans les bras aimants du Père » (Cl. LY, Sagesse boudhique et christianisme, in revue Christus no 203, 2004, p. 282).

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Expérience fondatrice de Pâques Pour tout observateur extérieur, il est indéniable qu’à Pâques quelque chose s’est passé, qui a transformé les apôtres. Un don leur a été fait, qu’ils n’avaient pas reçu avant cela. Essayons d’imaginer quels pouvaient être les sentiments des disciples le soir du vendredi saint. La torture et la mort infamante subies par Jésus, sans que ni lui ni son Père n’aient rien fait pour les empêcher, ont profondément scandalisé les siens. La mort de Jésus fut une mort lamentable. Il mourut comme un maudit de Dieu (Dt 21, 23), comme un rejeté, un réprouvé. Les apôtres ont dû vivre cela comme l’échec total de leur rêve de voir un jour s’instaurer le royaume de Dieu sur terre. Leur désarroi, leur désillusion doivent être à la mesure de leur espérance déçue. La nonrésistance de Jésus à ses ennemis leur saute brutalement aux yeux comme incapacité à faire triompher la vérité et la justice. Les disciples sont en état de choc, sans espérance, sans foi, en pleine désolation 92. Le lien qui les unissait est rompu. Chacun part de son côté. De plus, ils sont fondamentalement remis en question dans leurs propres capacités. Ils avaient été sincères le jour où ils avaient donné leur foi à Jésus (Jn 6, 68). Ils étaient sincères en se disant prêts à mourir avec Lui (Jn 11, 16). Et voilà que, le moment venu, c’est comme si, de façon inexplicable, l’énergie et la capacité de bouger leur avaient été ôtées 93. Le courage de suivre Jésus leur avait cruellement fait défaut. Pierre avait nié connaître cet homme-là. Un des leurs avait trahi Jésus et s’était suicidé. Ils devaient culpabiliser et se faire de reproches les uns aux autres. C’est précisément au milieu de ce contexte infernal que tout bascule. « Le premier jour de la semaine, toutes portes étant closes par crainte des Juifs, là où se trouvaient les disciples, Jésus vint et se tint au milieu

92. Cf. « Règles pour sentir et reconnaître les diverses motions qui se produisent dans l’âme », 4e règle : définition de la désolation, ES 317 93. Cf. ibid., 2e règle, ES 315.

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d’eux ; il leur dit : « La paix soit avec vous. » Ce disant, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie à la vue du Seigneur » (Jn 20, 19-20).

Alors que, quelques instants auparavant, leur espérance était radicalement morte, voilà que les disciples redeviennent des vivants. La résurrection de Jésus, ils en éprouvent, en eux, les vrais et très saints effets (ES 223) : la paix, la joie. La Résurrection n’est pas seulement une expérience qui ne concernerait que le Christ en sa personne individuelle. Elle rejaillit sur les siens, sur son corps que sont les siens. Le Christ remplit auprès d’eux un rôle de consolateur (ES 224). Ils font l’expérience de ce qu’Ignace appelle la consolation « sans cause précédente 94 ». Ils sont délivrés de leur culpabilité. Jésus ressuscité ne leur a fait aucun reproche ! Ils se sentent lavés, purifiés, réconciliés avec lui, avec le Père, entre eux. Ils se découvrent les premiers bénéficiaires d’un pardon que Jésus leur donne mission de transmettre, à leur tour, de proche en proche. « Il souffla sur eux et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis »… » (Jn 20, 22-23).

Les apôtres sont transformés. Les voilà qui ouvrent les portes et se mettent à annoncer avec audace, assurance, courage et détermination, que Jésus est vivant. Ils l’annonceront au péril de leur vie. Ils finiront par mourir pour leur Seigneur. Ils en recevront l’Esprit, la force. À leur tour ils vont devenir capables de souffrir l’injustice et de pardonner à leurs bourreaux. Après la Résurrection, les apôtres ont pris conscience que la force à l’œuvre était déjà présente dans la passion : elle avait permis à Jésus de pardonner et de ne pas rendre les coups. Ce que les apôtres avaient pris au moment des faits comme de l’impuissance était en réalité le

94. Cf. « Règles sur le même sujet pour un plus grand discernement des esprits », 2e règle, ES 330.

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summum du pouvoir et de la maîtrise. Maîtrise reçue du Père, exauçant la prière de Jésus.

Comment proposer ces deux Semaines ? Déjà dans le déroulement des retraites individuelles de trente jours, le temps accordé aux Troisième et Quatrième Semaines est souvent plus court que celui consacré aux deux premières. Qu’en est-il alors pour les retraites ESDAC dont la durée entière excède rarement cinq à huit jours ? Il arrive bien souvent que le mystère de Pâques ne puisse pas, ou guère, y être abordé comme tel 95. Or il s’agit là, pour les disciples de Jésus, de l’expérience fondatrice ! Que faire ? En fonction du temps disponible, de l’état du groupe et de l’objectif de ces deux Semaines, l’équipe d’animation devra juger la manière dont il convient de les présenter. Peut-être sera-t-il préférable d’organiser, à titre de suivi, une retraite ou un week-end entier autour du mystère pascal. Les Troisième et Quatrième Semaines se vivront souvent à un rythme différent de ce qui a précédé. Il ne sera pas toujours nécessaire de préparer une feuille de prière ou de donner un temps de petit groupe, mais il sera utile de prévoir une répétition de l’exercice. Parfois le fruit du plénum servira d’introduction à l’étape suivante et le rythme découlera de la nécessité du travail à accomplir. L’équipe d’accompagnement veillera particulièrement à ce que soit maintenu un climat de prière, d’intériorité et de discernement. La perspective proche du retour au concret habituel de la vie comporte le risque de perdre ce climat. Le disciple de Jésus qui a choisi le Royaume pourra aussi éprouver, en lui et autour de lui, contradiction et hostilité. Sa foi est appelée à s’abandonner à l’Amour, comme celle de Jésus, malgré le silence de

95. Ne pas oublier que la méditation du Règne (Deuxième Semaine) présente le Christ ressuscité.

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Dieu. Par cette voie, il se rendra solidaire, avec Jésus, de toutes les souffrances et de tous les errements de l’humanité. Pour prier la passion et la mort de Jésus, trois pistes de prière s’ouvrent au retraitant 96 : - reconnaître la vérité du salut, la libération du péché (ES 193 et 195) ; - considérer Dieu qui se rend vulnérable, « comment la divinité se cache, c’est-à-dire comment elle pourrait anéantir ses ennemis et ne le fait pas » (ES 196) ; - demander la compassion envers le Christ souffrant pour moi (ES 203). Quant à l’expérience fondatrice de la présence active du Ressuscité, elle est ouverte à tous. Il sera donné à saint Paul de la faire sur le chemin de Damas (Ac 9, 3-9). Ignace la fera à Loyola 97. Il est capital de partager nos expériences fondatrices du Ressuscité. Elles confortent notre foi. Elles sont données pour le bien et l’édification de la communauté. La Résurrection et ses effets en nous attestent que Dieu s’est indéfectiblement lié à nous quoi que nous ayons pu faire, quoi que nous fassions, quoi que nous puissions faire. Avec la résurrection de Jésus, quelque chose de totalement neuf est survenu dans l’histoire et dans l’univers. Toute notre vie est éclairée d’une lumière nouvelle. Qu’il s’agisse de notre manière de connaître, de sentir, de percevoir, d’apprécier, d’exercer notre liberté, d’offrir notre amour, l’Esprit du Ressuscité nous ouvre des chemins neufs. Ces chemins, nous les découvrons parfois dans des événements extraordinaires. Mais régulièrement notre quotidien tout simple se révèle porteur de « miracles cachés ».

96. Cf. la manière dont ces pistes sont développées in C.M. MARTINI, Et moi, je suis avec vous. Avec Ignace de Loyola méditer l’évangile de saint Matthieu, Suppl. Vie chrétienne no 369, 1991, p. 106-107. 97. Cf. « L’expérience fondatrice d’Ignace », p. 60.

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Troisième Semaine : Quels exercices ? À travers le cheminement de la retraite, le groupe a pris, ou repris, conscience de son identité, il a affiné ses objectifs en les adaptant à la réalité actuelle, il a arrêté une décision qui le conduit maintenant à « ajuster » son action. Le moment est venu d’incarner la décision dans la vie quotidienne. Le groupe commence à voir quelles seront les lignes de conduite à suivre afin de la mettre en pratique. Vision de foi et non d’un pragmatisme utilitaire. Le groupe précisera : - la manière de communiquer la décision ; - les délégations ; - le budget, les délais, le matériel nécessaire ; - la manière de procéder aux contrôles et évaluations de sa réalisation. À ce moment, certaines tensions ou résistances peuvent se manifester soit à l’intérieur du groupe, soit dans la communauté élargie. Comme toute élection, cette décision va mener les membres du groupe à des renoncements et peut-être à de réels sacrifices (temps à libérer, choix et priorités à déplacer, etc.) qui ne sont pas légers mais qui sont les conséquences inévitables, pour chacun, du choix commun. Il arrive aussi que la mise en œuvre de la décision renvoie à d’autres tensions préexistantes. Les vieux démons ressortent déjà ! Il est important de les situer et de voir comment les assumer. Le groupe vivra ces tensions en union avec la vie et la personne du Christ. Il s’agit vraiment d’accepter les humiliations et les rejets, les violences et les conflits, de se laver les pieds les uns aux autres, de donner sa vie. La décision a été prise sous la motion de l’Esprit Saint : le groupe est donc uni en profondeur à Jésus et à son désir de vie pour le monde. Avec lui, il participe à la transformation de la réalité humaine. Inévitablement, le groupe rencontrera des résistances et, peut-être, la souffrance. Il trouvera en Jésus le sens de sa souffrance et la force de tenir son engagement.

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La Troisième Semaine conduit le groupe à prendre conscience de l’enjeu spirituel du moment et à enraciner sa décision dans la constance et la détermination à suivre le Seigneur en sa Passion. Voilà bien une confirmation.

1. Exercices proposés pour la Troisième Semaine – Cerner la mise en pratique de la décision. – Peser les résistances au projet. – Lire sa vie comme une Troisième Semaine. – Considérer les conséquences inévitables des décisions prises. – Prendre conscience des vieux démons qui ressortent déjà, des difficultés de la mise en œuvre de la décision pour une vie nouvelle, de la conformité avec la Passion. – Organisation et délégations : qui fait quoi, avec quels moyens ? – Planning et agenda des réunions suivantes.

2. Pour rédiger la feuille de prière • Contextes possibles Selon les besoins du groupe, les points ci-dessus seront repris à la lumière de l’une ou l’autre étape du chemin du Seigneur : - l’eucharistie : à la suite de Jésus, donner sa vie pour le monde (Lc 22, 14-20) ; - le lavement des pieds : avec lui entrer dans le service humble (Jn 13, 1-17) ; - la trahison : accepter les incompréhensions (Lc 22, 47-51) ; - le chemin de croix : accepter les rejets, les insultes (Lc 23, 2646) ; - « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt… » (Jn 12, 23-25).

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PARCOURS ESDAC SELON LA DYNAMIQUE DES EXERCICES DE SAINT IGNACE

• Image Voir le groupe instruit et façonné par les grâces reçues, les appels discernés, la décision, les moyens arrêtés. • Grâce à demander Demander au Seigneur la grâce d’être prêt à accomplir avec lui ce qu’il a donné de désirer et de décider, quel qu’en soit le prix. • Pistes (À adapter selon la situation du groupe.) – Contempler la scène de la Passion choisie. – Accueillir le fruit de la retraite comme un don de Dieu et le faire sien. – Prévoir et mesurer les résistances, obstacles, peurs, fragilités… ainsi que les conséquences inévitables des choix décidés, pour le groupe et pour chacun des membres. – S’engager dans la décision, chacun personnellement et en groupe. • Exposés possibles – Cycle de l’énergie et du pouvoir (III, exp. 1) – Vie – mort – résurrection (III, exp. 3). – Les types psychologiques de personnalité (III, exp. 6). – La réunion comme expérience contemplative (III, exp. 5).

Exemples d’exercices pour la Troisième Semaine Les feuilles de prière sont à adapter par l’équipe d’accompagnement (Ann. 2, ex. 25 et 26).

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TROISIÈME ET QUATRIÈME SEMAINES

Quatrième Semaine : Quels exercices ? 1. Exercices proposés Contemplation de scènes de la résurrection du Seigneur.

2. Pour rédiger la feuille de prière • Contextes possibles - manifestation de Jésus et ses effets sur les apôtres (Jn 20, 1923) ; - apparition aux apôtres au cœur de leur travail (Jn 21, 1-14) ; - les disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35) ; - l’envoi des disciples et la promesse du Seigneur d’agir avec eux (Mc 16, 14-20) ; - ou toute autre scène de la résurrection du Seigneur. • Image Voir le groupe, avec tout le vécu de la retraite, dans la joie de la rencontre du Ressuscité • Grâce à demander – Demander la grâce de se réjouir avec Jésus ressuscité et victorieux, aujourd’hui, des forces du mal. – Demander confirmation de la décision. – Demander l’audace de nous laisser envoyer par l’Esprit du Ressuscité. • Pistes (À adapter selon la situation du groupe.) – Contempler le Christ ressuscité qui ne cesse de se rendre présent aux siens dans leurs peurs et leurs résistances. – Accueillir sa présence au milieu du groupe, comme ont fait les apôtres.

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PARCOURS ESDAC SELON LA DYNAMIQUE DES EXERCICES DE SAINT IGNACE

– Lui offrir la décision prise. – Se laisser envoyer par Lui, pour faire passer la décision prise dans l’agir quotidien. • Exposés possibles On reprendra utilement l’un des exposés donnés précédemment dans la IIIe partie : - soit « Identité – vocation – mission » (exp. 2) ; - soit « Vie – mort – résurrection » (exp. 3) ; - soit le cycle de l’énergie (exp. 1) ; - soit l’exercice de l’autorité (exp. 4). Leur compréhension et intégration seront enrichies par le travail accompli durant la retraite.

Exemple d’exercice pour la Quatrième Semaine La feuille de prière sera adaptée par l’équipe d’animation (Ann. 2, ex. 27).

Contemplation pour obtenir l’amour A. Objectif dans les Exercices spirituels (ES 230-237) Ignace et les principaux commentateurs des Exercices spirituels ont placé cette contemplation après la Quatrième Semaine, même si aucune indication ne précise le moment où il convient de la proposer au retraitant, tout comme pour le Principe et Fondement. Ainsi, elle ouvre à la vie selon l’Esprit (Rm 8) et permet de prier et de vivre au quotidien le mystère pascal. La progression des quatre points de la contemplation invite à comprendre tout le réel comme le rayonnement de la vie divine (comparaison du soleil et de ses rayons) et le jaillissement d’eau vive (comparaison de la source et de ses eaux). Tout l’être intime, toutes les rela-

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TROISIÈME ET QUATRIÈME SEMAINES

tions, toutes les réalisations personnelles et de groupe sont le lieu de communication entre Dieu et l’homme. Le « louer et servir » du Fondement (ES 23) est devenu « aimer et servir » (ES 233). On ne demande à Dieu que sa seule « grâce », c’est-à-dire la présence gratuite et féconde de l’Esprit, donné par la mort et la résurrection du Fils. Désormais, tout l’être et l’agir de la créature sont peu à peu divinisés 98.

B. La contemplation pour obtenir l’amour et ESDAC Les notes qui suivent se proposent de considérer quatre données de la vie d’un groupe et de ses membres. Ces données — que rappelleront certains exposés et outils de la IIIe partie — concernent l’être et l’agir du groupe. À partir d’elles, on pourra multiplier d’autres pistes afin d’aider le groupe à devenir davantage « instrument dans la main de Dieu », « en toutes choses 99 », et aider l’agent humain à devenir participant de l’agir de Dieu. 1. L’agir et la décision dans le cycle de l’énergie et du pouvoir À chaque étape du vécu de ce cycle (III, exp. 1), plus un groupe cherchera à vivre l’union à Dieu selon la demande d’amour de la contemplation, plus il aura de chances — non nécessairement d’un succès plus grand ou de réussite assurée — mais d’un agir qui l’unisse à la vie et à la Pâque du Seigneur. Plus les décisions, grandes ou petites, aideront tous et chacun à être avec Dieu, plus l’Évangile rayonnera de lui-même.

98. Contemplation pour obtenir l’amour, cf. A. DEMOUSTIER et autres, Aimer Dieu en toutes choses. La contemplation pour parvenir à l’amour, Christus HS no 159. En ce qui concerne cette contemplation et ESDAC, cf. J. ENGLISH, Spiritual Intimacy and Community, p. 176-185. 99. I. DE LOYOLA, Constitutions de la Compagnie de Jésus, nos 288 et 813, in Écrits, op. cit., p. 465 et 598.

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2. La liberté spirituelle et les conditionnements psychologiques Dans l’acte d’offrande de cette contemplation, Ignace propose au retraitant d’offrir d’abord sa liberté, ensuite les capacités du psychisme humain (III, exp. 6), enfin tout don reçu. Pourquoi cette énumération ? Sans doute parce que la liberté est la manifestation et le signe de l’esprit : si nous dépassons, quelque part, les conditionnements matériels et psychosociaux, c’est grâce à notre liberté. Par elle, se manifeste une vie proprement spirituelle 100. Il y a donc lieu de réfléchir à l’articulation, dans le vécu et l’agir communs, du spirituel et du psychologique car la vie spirituelle ne se développe qu’à travers les conditionnements psychologiques et autres, sans se confondre avec eux. Tout est don de Dieu : le physique, le psychologique, le spirituel 101. Il ne s’agit donc pas d’opposer l’un à l’autre mais de « distinguer pour unir ». « Chercher et trouver Dieu en toute chose » n’aide-t-il pas à situer les données du psychisme, à les accepter, à y recourir ? Connaître les ressources et les blessures du psychisme propre, comme d’ailleurs les forces et les limites du groupe et de chacun de ses membres, conduit à mieux en faire don. « Nommer ce qu’on est » permet de se libérer, non de ses pulsions ni de son tempérament, mais de leur tyrannie, et de se disposer à les ordonner à leur fin divine. Relire sereinement ses expériences, découvrir ses aptitudes propres, reconnaître les mobiles qui mettent chacun en route sont des actes libérateurs pour les personnes et pour le groupe. Celui-ci forme un réseau où forces et limites se conjuguent et peuvent se métamorphoser pour le bien commun. « Prends et reçois, Seigneur, toute ma liberté… » (ES 234). 3. L’autorité, ses styles, son exercice L’exposé concernant l’autorité, ses différents styles et son exercice (III, exp. 4) présente l’autorité fonctionnelle dans un groupe et

100. Cf. J.-F. CATALAN, Expérience spirituelle et psychologie, coll. « Christus » no 77, chap. 8 : « Équilibre humain et maturité spirituelle », p. 141. 101. Cf. corps, âme, esprit chez saint Paul : 1 Th 5, 23.

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TROISIÈME ET QUATRIÈME SEMAINES

fait réfléchir aux processus à établir pour que cette autorité ait la capacité de servir le groupe pour la gloire de Dieu. Dans l’exercice de ce leadership, on comprendra aisément que plus le responsable cherchera à voir dans tout ce que vit le groupe l’agir divin à l’œuvre (activités ou passivités), plus il sera libre, à la fois prudent et audacieux, pour exercer la mission qui est la sienne, quel que soit le style d’autorité requis par les circonstances. 4. La mission en Église Ce qui précède rappelle que le vécu concret de la contemplation pour obtenir l’amour demande une purification progressive non seulement par rapport aux fautes et aux erreurs d’un groupe, mais aussi dans sa manière de voir, de juger et d’agir. Le voilà bien cet « œil simple » dont parle l’Évangile, qui établit tout le corps dans la clarté (Mt 6, 22-23). Un vieux routier des Exercices disait un jour : « Dans une retraite, la décision doit porter sur “être avec Dieu”. Le reste en découle 102. » Ne peut-on dire que la mission d’un groupe (III, exp. 2 et 3), comme toute mission chrétienne consiste à faire rayonner la révélation de l’amour de Dieu pour les hommes et l’appel à répondre à cet amour en l’aimant en retour ? L’apostolat requiert beaucoup de forces et de moyens pour son déploiement, pour son organisation et l’Église a besoin de structures, mais l’âme et le secret de la mission chrétienne, c’est l’amour qui se reçoit, se noue, se tisse entre Dieu et chaque personne, entre Dieu et la communauté des hommes. Ces réflexions ne cherchent qu’à faire comprendre pourquoi ce sommet des Exercices spirituels est devenu un mode de prier dans le quotidien.

102. Mot du père Prosper Monier, s.j.

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PARCOURS ESDAC SELON LA DYNAMIQUE DES EXERCICES DE SAINT IGNACE

C. Pour rédiger la feuille de prière • Contextes possibles - « L’amour doit se mettre dans les actes plus que dans les paroles » (ES 230). L’amour de Dieu se reçoit et se perçoit dans ce qu’il fait. De même, l’amour que l’on porte à Dieu et aux autres se manifeste dans l’agir plus que par les paroles. - L’amour est échange et communication (ES 231). Sans dialogue entre deux libertés, il n’y a pas d’amour. Toute la révélation apprend comment Dieu, en se communiquant, appelle à une communication réciproque de la part des hommes. Dans un groupe ou une communauté, l’idéal de la communication reste l’échange trinitaire (« La conversation spirituelle », I, chap. 2). - « Mes bien-aimés, puisque Dieu nous a tant aimés… » (1 Jn 4, 11-12). - « Car tu aimes tout ce qui existe » (Sg 11, 24 – 12, 2, trad. Maredsous). • Image Se tenir avec le groupe, devant Dieu et tous les saints, c’est-à-dire face à la fin ultime 103. • Grâce à demander Connaître tout le bien reçu, tant à travers le gratifiant qu’à travers l’épreuve du parcours de la retraite, du parcours de la vie de chacun, du parcours du groupe. • Pistes possibles – Tout est donné par Dieu, l’histoire personnelle comme celle du groupe.

103. Cf. même image dans la méditation des Trois Hommes (ES 149-157) et l’offrande du Règne (ES 98).

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TROISIÈME ET QUATRIÈME SEMAINES

- se remettre en mémoire, avec grand amour, tout le bien reçu durant la retraite, personnellement et pour le groupe ; - considérer combien Dieu s’y est manifesté ; - considérer ce que, avec le groupe, chacun est appelé à offrir et donner à Dieu en réponse à tant d’amour. N.B. Cette première piste pourrait être proposée en deux exercices distincts : la bonté de Dieu à travers soi pour les autres ; la bonté de Dieu à travers le groupe pour les autres. – En tout, Dieu réside et est présent, étant l’être de tout, par l’Esprit. – En tout, Dieu travaille et peine : le Fils l’a vécu et révélé, et le deuxième Paraclet continue l’œuvre du Fils avec tous et chacun, dans la logique de l’échange. – Tout ce qui est devient présence de Dieu. Si tout vient d’en haut, tout est en bas, Dieu est dans le réel. Dieu peut devenir « tout en tous » (1 Co 15, 28). Ignace ouvre ici la dimension divino-humaine, chère à l’Orient, qui voit dans l’union de l’agir de l’homme et de l’agir de Dieu, le but de l’Incarnation rédemptrice. C’est aussi un thème souvent évoqué par Teilhard de Chardin dans le Milieu divin. • L’offrande – L’offrande suggérée après chacun des points porte à l’échange et au don de plus en plus profonds, car « il faut estimer par-dessus tout le fait de beaucoup servir Dieu notre Seigneur par pur amour » (ES 370). – « Prends, Seigneur, et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence et toute ma volonté, tout ce que j’ai et possède. Tu me l’as donné : à toi, Seigneur, je le rends. Tout est tien. Disposes-en selon ton entière volonté. Donne-moi la grâce de t’aimer. C’est assez pour moi » (ES 234). • Exemples d’exercice pour cette contemplation La feuille de prière (Ann. 2, ex. 28) sera adaptée par l’équipe d’animation.



Troisième partie

Exposés et outils Cette partie comprend : - des exposés et outils à proposer pour les retraites et récollections comme pour leur suivi, ainsi que pour les sessions de formation (III, exp. 1-5) ; il convient d’y recourir pour éclairer le parcours d’un groupe, sans les présenter comme des règles ou systèmes théoriques ; - des notes sur « une approche psychologique » et « une pratique sociale » présentées comme sources d’ESDAC 104 (III, exp. 6 et 7) ; - un bref récapitulatif pour mener un discernement en commun (III, exp. 8) ; - des « règles de sagesse » qui reprennent sous forme ramassée quelques manières de faire propres à ESDAC (III, exp. 9).

104. Cf. « Les trois sources d’ESDAC », p. 15.



1. Cycle de l’énergie et du pouvoir

« Tout pouvoir m’a été donné » (Mt 28, 18)

Quelques réflexions sur le pouvoir Le « pouvoir » est la capacité de faire, d’agir. L’énergie est la force permettant de passer à l’acte. Tout ce qui existe exerce un pouvoir qui lui est propre. Le soleil, par exemple, a la capacité et la force de réchauffer et d’éclairer. Il peut aussi brûler et aveugler. L’énergie atomique éclaire des villes, mais les raye également de la surface de la terre 105. Comme toute chose créée par Dieu, en soi, le pouvoir est bon (Gn 1, 31). Mais la manière dont la liberté en use peut être mauvaise, injuste. L’être humain exerce un pouvoir. Doué de liberté, il a le pouvoir de déployer son être authentique et de rayonner sa bonté et sa beauté, de manière unique 106. Mais il peut aussi abuser de son pouvoir ou le sous-estimer. C’est le cas chaque fois qu’un plus fort opprime un plus faible ou chaque fois qu’un plus faible, par peur, s’écrase devant un plus fort. Un groupe a un pouvoir, pour le meilleur et pour le pire. Son

105. Le pouvoir, tel qu’il est conçu ici, est à distinguer de l’autorité qui sera considérée en III, exp. 4, p. 173. 106. Dans la section suivante, l’« être authentique » sera vu sous l’aspect « Identité – vocation – mission », que ce soit pour un individu ou pour un groupe. Cf. également « Le nom de grâce », p. 87.

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EXPOSÉS ET OUTILS

pouvoir est un pouvoir reçu, car nul ne s’est fait lui-même 107. Le pouvoir de la personne comme d’un groupe doit s’ajuster au don reçu. Des penchants, des attraits, des pensées, des « motions 108 » influencent chacun et tous. Certains de ces mouvements inclinent dans le sens de la vie. D’autres portent vers le sens contraire. Il en va de même pour l’image que l’homme se forme de Dieu : qu’il en soit ou non conscient, cette image (celle de la « Toute-Puissance » et de la Bonté, le Dieu pervers ou inexistant) le conditionne 109. Jésus exerce un pouvoir. Son pouvoir, il le reçoit amoureusement, de façon unique, de sa relation au Père. Son oui à la vie, qu’il reçoit du Père, est sans faille. Investi de la force aimante de l’Esprit, il renonce à tout abus de pouvoir. Il n’opprime pas le faible. Il ne s’écrase pas devant le puissant ; il ne l’écrase pas non plus. Il préfère souffrir les coups qu’en donner, et cela jusqu’à accepter de subir une mort injuste et ignominieuse. Sa manière de concevoir le pouvoir est d’établir des relations justes et vivifiantes. En ce moment décisif de l’histoire, le pouvoir divin de susciter la vie l’emporte sur la mort. Jésus nous appelle aujourd’hui à partager sa manière de faire et, pour cela, nous transmet la force vivifiante du Souffle qui l’anime pour toujours. Notre prière exerce un pouvoir. Ainsi, l’humble demande que la volonté du « Tout Aimant » soit faite, et non la nôtre (Lc 22, 42). Et la demande que vienne le règne de Dieu 110. Le Royaume de Dieu que Jésus annonce et inaugure est notre réalité quotidienne, lorsque notre prière et notre agir permettent à Dieu d’y exercer son pouvoir aimant, doux et humble. Ce type de pouvoir est comparable à celui d’une graine, qui a l’énergie de pousser toute seule, on ne sait trop comment (Mc 4, 27). Il est comme un peu de levain qui, de son propre ressort, fait lever toute la pâte, incognito (Lc 13, 21). C’est le type de pouvoir salutaire qu’exercent souvent sur nous les

107. En Dieu, le pouvoir n’est pas domination, il est relation : relation créatrice et libératrice, relation d’amour, de justice et de vérité. 108. Cf. « Le discernement des esprits. De quoi s’agit-il ? », p. 58. 109. Cf. « Notre image de Dieu », p. 85. 110. Cf. « Une demande d’amour : “Que ta volonté soit faite” », p. 68.

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CYCLE DE L’ÉNERGIE ET DU POUVOIR

personnes en difficulté, sans même que nous en prenions conscience, chaque fois que nous nous faisons proches d’elles (Mt 25, 31-46). La Parole de Dieu exerce sur nous un pouvoir, un pouvoir d’attraction, de redressement des idées reçues, de transformation des cœurs, un pouvoir de guérison (Is 55, 10-11).

Le cycle de l’énergie et du pouvoir Le schéma qui suit est un outil de travail qui pousse à plus de vigilance et d’ajustement par rapport à la manière dont les personnes et les groupes exercent le pouvoir. Aidant à revoir le passé et à préparer l’avenir, il permet d’exercer la relecture et la prospective. Ce schéma présente un cycle de quatre phases : action, évaluation, recommandations et décision. Les trois phases évaluation, recommandations et décision forment un tout qui conduit à l’élaboration des décisions. L’action est alors vue comme l’exécution des décisions. On peut entrer dans ce cycle à chacune de ses phases, pour autant qu’on en respecte l’ordre. À Loyola 111, Ignace est d’abord intéressé par l’avenir. On pourrait dire qu’il entre dans le cycle à la phase des recommandations, là où s’expriment les désirs, les rêves, les projets. Ce n’est qu’immédiatement après la décision de se rendre à Jérusalem qu’il commence à réfléchir à sa vie passée. Alors commence pour lui la phase d’évaluation. Le livret des Exercices entre dans le cycle de l’énergie et du pouvoir par la porte de l’évaluation, qui correspond à la Première Semaine. Les recommandations et la décision correspondent à la Deuxième Semaine.

111. Cf. « L’expérience fondatrice d’Ignace », p. 60.

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EXPOSÉS ET OUTILS

Schéma des étapes du pouvoir :

Décision

Recommandations

Action

Évaluation • Évaluation Ce qui est évalué, c’est la phase précédente du cycle, c’est-à-dire « l’action ». Il s’agit d’apprécier l’agir et les manières de faire. Cela peut concerner par exemple l’activité globale spécifique au groupe ou un aspect particulier de cette activité. Cela peut être aussi le temps de plénum qu’un groupe vient de vivre ou la retraite qui se termine. Bref, toute action. C’est de façon spontanée qu’à ses débuts un groupe se structure, se donne des objectifs, attribue à chacun un rôle, se fixe des critères et des normes d’action, choisit un mode d’autorité et développe un jargon propre. Mais ce qui demeure structuré inconsciemment, le devient vite injustement. D’où, par après, l’importance d’évaluer, de prendre conscience de ce qui a été voulu et pourquoi, de ce qui a été réalisé, du fonctionnement qui s’est mis en place tout seul. L’évaluation requiert un climat de respect mutuel et d’a priori favorable (ES 22). Les questions qui peuvent ouvrir l’évaluation sont multiples. Par exemple : – Qu’est-ce qui a été bon ? quels fruits avons-nous recueillis ? – Où nous sommes-nous ouverts au don spécifique de notre groupe ? – Dans ce qui a été vécu, quels ont été nos points forts, nos points faibles ? Quels aspects précis de l’action ont-ils été féconds ?

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CYCLE DE L’ÉNERGIE ET DU POUVOIR

– Quelle incidence a eu notre agir sur d’autres personnes ? d’autres groupes ? – Quel pourrait être l’impact de notre action à court ou plus long terme ? – Où et comment Dieu a-t-il été à l’œuvre ? Qu’est-ce qui a favorisé son action ? – Qu’est-ce qui a contrecarré, bloqué l’action de Dieu ? – Avons-nous mis à exécution les décisions prises ? Ces décisions ont-elles été confirmées, dans l’action, comme bonnes ?… 112 Le partage soulignera d’abord ce qui est positif : reconnaître en quoi le groupe s’est ouvert au don de Dieu. Dans un deuxième temps, chercher à voir ce qui pourrait être amélioré ou modifié. Il importe de se formuler clairement et courageusement des réponses aux questions apparues lors de l’évaluation. Mettre des mots sur le vécu commun tel qu’il a été ressenti par chaque personne. Oser se faire confiance en partageant des formulations parfois incomplètes ou maladroites. L’écart entre les désirs profonds d’un groupe et ses réalisations concrètes provoque honte et peur. Il risque de ne pas émerger à la conscience du groupe et de rester dans le non-dit : ce qui peut donner lieu à des malaises souterrains, des rancœurs, de l’agressivité, du stress… L’évaluation est un temps pour libérer la parole. Il arrive qu’un groupe remette toujours à demain le temps d’évaluer. Peut-être garde-t-il un souvenir négatif d’un tel essai dans le passé ? Ou bien craint-il d’affronter les échecs actuels ? Redoute-t-il le changement et la mort à soi-même qu’il implique ? Un groupe qui ne parvient pas à se remettre en question finit, tôt ou tard, par s’éteindre. En fin d’évaluation, il peut être utile, selon les groupes et en fonction du temps disponible, de prévoir un temps de célébration qui permet notamment de : - reconnaître la fin d’une étape du cycle et le début d’une autre ;

112. « Évaluation de la retraite », p. 277, et « Suggestions pour évaluer une retraite, une session », p. 278.

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EXPOSÉS ET OUTILS

- se réjouir ensemble de ce qui a été vécu dans les stades précédents ; - se dire merci les uns aux autres, rendre grâce à Dieu ; - se réconcilier, entre membres et avec le Seigneur ; - se stimuler, s’encourager mutuellement, vivre un moment de convivialité ; - demander le soutien du Seigneur. • Recommandations Alors que l’évaluation regarde le passé et l’action accomplie, les recommandations 113 considèrent l’action à venir et le futur. Après un moment de réflexion silencieuse personnelle, le groupe se pose certaines questions : - Tirant les leçons du passé, comment faire mieux ? - En fonction des résultats de l’évaluation, quels sont nos attentes, nos désirs, nos rêves pour l’avenir ? - Comment mieux accueillir le don qui nous est propre ? - Comment mieux répondre à l’appel que Dieu nous adresse ? - Quelles sont nos suggestions, nos propositions concrètes ? À ce stade-ci, on veillera à ne censurer aucune suggestion émise. Décourager l’expression des rêves — même si une part d’illusion s’y glisse —, ce serait tuer le désir authentique qui s’y cache. Or le désir mobilise le meilleur de soi. Il est donc capital de garder un climat de bienveillance, de confiance et d’a priori favorable. La célébration qui a précédé a dû normalement y contribuer. L’évaluation l’a rappelé : Dieu est à l’œuvre dans l’action. L’action est riche du don de Dieu 114. Mais Dieu est aussi à l’œuvre dans les désirs les plus profonds et les plus authentiques comme dans l’intelligence et la raison. Il suscite chez tous les membres un penchant, une attirance, des inspirations. En suivant ces attraits, le groupe entre

113. Le mot « recommandation » est à prendre au sens fort d’un acte qui invite les responsables à passer à une décision. Il est plus fort que « proposition » ou « suggestion » qui ne sont que des étapes avant la recommandation proprement dite. 114. Cf. « Contemplation pour obtenir l’amour », p. 134 et suivantes.

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CYCLE DE L’ÉNERGIE ET DU POUVOIR

en alliance avec lui et est investi du pouvoir et de l’énergie qui sont les siens, de façon unique. • Décision Vient le moment de considérer ensemble les suggestions qui ont abouti à quelques recommandations : - Lesquelles paraissent les plus adaptées ? - À laquelle, auxquelles donner priorité ? - Pour incarner cette recommandation, qui va faire quoi ? quand ? comment ? Une ou deux recommandations, pas davantage, sont choisies : ainsi est-on sûr de les mettre en pratique. Il convient d’envisager et de détailler les moyens concrets à employer pour l’action. Aussi ouvre-ton les agendas et chacun précise à quoi il s’engage. L’écoute mutuelle, la confiance, le respect continuent d’être requis. Dans le rapport de réunion, la décision sera clairement énoncée et explicitée avec ses conséquences. Elle a un statut différent des délibérations qui l’ont préparée. Elle exprime l’engagement conscient du groupe, en réponse à l’appel de Dieu. Cet engagement est vital 115. • Action « L’amour doit se mettre dans les actes plus que dans les paroles » (ES 230). Le passage à l’action va se charger de mettre à l’épreuve la décision prise qui sera confirmée comme bonne si les renoncements impliqués par le choix provoquent un surcroît de vie et de fécondité. Mais il est possible qu’en s’incarnant la décision se révèle destructrice de vie, dans le groupe et autour de lui 116. Une nouvelle évaluation devra permettre d’en prendre conscience et de formuler d’autres suggestions pour y remédier. Un nouveau cycle est en route. *

115. Cf. « Dans le troisième type de temps, comment mûrir la décision et la prendre ? », p. 120 116. Cf. « Vie – mort – résurrection », p. 164.

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EXPOSÉS ET OUTILS

Le cycle de l’énergie et du pouvoir est un mouvement continu, en spirale pourrait-on dire. Il ne tourne pas en rond mais ouvre sans cesse à l’avenir car le réel change et conduit constamment à se changer soimême. Vitalité, responsabilisation, engagement sont générés à chacune des quatre phases du cycle de l’énergie et pas uniquement au stade décisionnel. Les décideurs ne sont pas les seuls à exercer le pouvoir dans un groupe. Ceux qui évaluent ou font des recommandations exercent un pouvoir considérable, sans parler de ceux qui ont le pouvoir d’exécuter… ou de se croiser les bras. Dans le discernement en commun, lorsque le travail d’évaluation et de recommandations — éventuellement de prise de décision — est mené ensemble, il stimule l’engagement de chacun. Les personnes se sentent concernées et responsabilisées à tous les niveaux de l’élaboration des décisions. Elles réalisent de quoi il est question et à quoi elles s’engagent réellement. Elles sont stimulées, dynamisées. Une nouvelle énergie est donnée au groupe. Celui-ci voit s’accroître la capacité d’accueillir son don propre et d’influencer son environnement. Le pouvoir est accru. Si tous peuvent consentir librement à mener l’évaluation à la lumière de la Parole 117 de Dieu, les membres du groupe y découvrent la grâce de résurrection, car la Parole possède un pouvoir transformant. Maladresses, erreurs, faiblesses et blessures, loin d’engendrer le dépit, sont relues comme autant de lieux privilégiés où Dieu va pouvoir faire œuvre de guérison, de pardon, de résurrection. La puissance du Seigneur se déploie dans la faiblesse humaine (2 Co 12, 9). L’énergie et le pouvoir d’un groupe reposent sur l’engagement libre de chacun de ses membres et de tous envers des buts et des objectifs qu’ils ont librement choisis. Cet engagement les lie ; il est juste lorsque le groupe expérimente qu’il a choisi librement une voie qui lui donne vie. 117. Se référer à Dieu ou à Jésus, sans vérifier qu’il y a consensus pour cela, risque d’être tacitement facteur de division au sein du groupe… Voir la section suivante : « Identité – vocation – mission. Qui ? Quoi ? Comment ? », p. 153.

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CYCLE DE L’ÉNERGIE ET DU POUVOIR

L’énergie et le pouvoir d’un groupe — sa vitalité — naissent de la perception et de l’accueil communs du don 118 qui lui est fait ainsi que d’une volonté commune d’accroître la capacité de s’ouvrir à ce don. Le pouvoir d’un groupe ne repose pas d’abord sur ses ressources en nombre de personnes, en finances, en bâtiments, en notoriété, ni dans ses structures. Il consiste surtout dans sa capacité à se laisser remettre régulièrement en question par la vie, par les uns et les autres, ainsi qu’à prendre les bonnes décisions et à les mettre en œuvre 119.

Exemples d’exercices En Annexe 2, on trouvera différentes propositions d’exercices à adapter.

☞ Exercice 29 : « Relecture personnelle de ma journée ». Cet exercice pourra être proposé et adapté à un groupe lorsque chacun l’aura fait personnellement.

☞ Exercice 30 : « Ce qui aide ». ☞ Exercice 31 : « Ce qui n’aide pas ». Ces deux exercices proposent une forme d’évaluation, par exemple pour une activité du groupe (comme la catéchèse paroissiale, les camps de jeunes, la présence aux isolés etc.). Ils visent à mettre le groupe dans un état de liberté intérieure par rapport à l’activité considérée. Leur intérêt réside dans le fait que tous les membres du groupe sont invités : - dans un premier temps, à chercher ensemble tout ce qui aide à la réalisation de l’activité en question ;

118. C’est en quelque sorte le charisme du groupe : un don qui lui est propre, qui donne vie et fécondité. 119. Sur le cycle du pouvoir, cf. J. BORBELY and others, Focusing Group Energies, vol. 1, p. 53.

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EXPOSÉS ET OUTILS

- puis, dans un deuxième temps, à chercher ensemble tout ce qui y fait obstacle. Cela veut dire que tout le monde sait qu’il a la possibilité de faire entendre son opinion. Ainsi est diminué au maximum le risque de voir se constituer des clans qui chercheraient à défendre leur point de vue. Pour ces feuilles, d’autres contextes seraient possibles.

☞ Exercice 32 : « Évaluation de la retraite ». ☞ Exercice 33 : « Suggestions pour aider à évaluer une retraite, une session ».


2. « Identité – vocation – mission » « Qui ? Quoi ? Comment ? » Sur un chantier au Moyen Âge, des ouvriers s’activent. Un étranger passe et demande à l’un : « Que faites-vous ? — Je pousse une brouette. » Il interpelle alors un autre ouvrier et lui pose la même question : « Que faites-vous ? — Je gagne ma vie. » À un troisième ouvrier, il demande : « Que faitesvous ? » Celui-ci lui répond : « Je bâtis une cathédrale. »

Cet exposé repose sur une conviction fondamentale. Pour être en accord avec soi-même, il ne suffit pas de chercher à bien faire (agir en accord avec la morale) ou à faire mieux (progresser). Il faut encore s’efforcer de découvrir ce à quoi chacun est vraiment appelé, ce qui correspond à sa vocation et à sa mission en ce monde, ce qui donne sens à la vie, en la situant dans un ensemble et une histoire qui la dépassent. Il en va de même pour un groupe 120. Ce qui suit est illustré par un schéma en fin de section. Il est important de l’avoir sous les yeux. Trois dimensions de l’existence sont envisagées et distinguées ; elles correspondent à trois niveaux de consensus dans un groupe.

120. Cf. pour cet exposé : J. BORBELY and others, Focusing Group Energies, op. cit., vol. I, p. 23-26. Cf. aussi J. BORBELY and others, Understanding Group Spiritual Life, vol. 3, p. 1726.

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EXPOSÉS ET OUTILS

Identité – vocation – mission Le sens retenu pour ces trois mots va s’éclairer au cours de l’exposé. Identité, vocation et mission doivent s’accorder pour que l’action soit « juste », « ajustée » au réel, à l’époque, à la culture, à l’environnement d’un groupe. Ainsi sera-t-elle source de vie pour tous. Autrement dit, le consensus entre les membres du groupe doit s’établir à trois niveaux correspondant à ces trois questions : – QUI ? précise la dimension de l’identité ; – QUOI ? correspond à la dimension de la vocation ; – COMMENT ? est relatif à la mission. Selon que le groupe est ouvert à Dieu et à Jésus Christ, trois formulations sont possibles. Qui sommes-nous ? … aux yeux de Dieu ? … pour Jésus Christ ? À quoi sommes-nous appelés ? … par Dieu ? … par Jésus Christ ? Comment répondre à cet appel ?

Au centre des trois axes : ce qui fait autorité entre nous Dans la recherche de l’accord avec soi et avec les autres, chacun est soumis à sa conscience, à cette voix intérieure qui l’appelle à faire le bien et à rejeter le mal 121. Mais qu’est-ce qui est bien ? C’est ce qui est « vrai », authentiquement moi et « bon » pour chacun et pour les autres, et ce qui respecte « l’unicité » de chaque être et son « rapport harmonieux à l’ensemble » du réel 122. Ceci implique le respect inconditionnel

121. Quand dans le « Principe et Fondement », Ignace parle des « choses créées… soumises à la liberté de notre choix et non défendues » (ES 23), il s’agit de la conscience morale. 122. Les « transcendantaux », liés à des formes différentes et complémentaires d’appréhension du réel. Le Vrai et le Bon, par exemple, relèvent de deux formes de jugement. L’une porte un jugement selon la pensée et l’autre selon le sentiment. Ce sont deux formes de logique : celle des principes et celle du ressenti. Le souci de l’harmonie entre les données et l’intérêt pour les faits à l’état brut relèvent de deux formes de perception : l’intuition et la sensation. Spontanément, chacun de nous privilégie une forme de perception et une forme de jugement. Il privilégie aussi soit la perception soit le ju-

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« IDENTITÉ – VOCATION – MISSION »

de toute personne, si humble, blessée ou différente soit-elle. Chacun est aussi appelé à se respecter soi-même, à accueillir sa vulnérabilité et sa fragilité : cela fait partie de sa vérité. L’accord avec soi-même implique aussi pour le croyant une relation à Dieu et au Christ : cette foi révèle à l’homme qui il est. Dans un groupe pluraliste, certains se réfèrent à Dieu ou à Jésus, d’autres pas. Ce peut être une chance. Le fait qu’à ce sujet il n’y ait pas spontanément unanimité est une invitation à approfondir quelles sont nos images de Dieu 123. Si Dieu est Dieu, il est toujours au-delà des représentations trop limitées que nous nous en faisons. Partager sur nos différentes représentations affine notre image de Dieu. Si le groupe se réfère à Dieu, celui-ci fera autorité entre les membres, pour autant que l’image qu’on s’en fait n’entre pas en contradiction avec ce qui vient d’être dit. Le croyant cherche à vivre une relation interpersonnelle consciente avec Dieu qui attire et meut sa conscience morale, ses facultés de perception et de jugement ainsi que sa volonté et sa capacité d’aimer. Un groupe de disciples de Jésus et, à ce titre, bénéficiaires d’une révélation qui entend donner son sens ultime au réel, est soumis à l’autorité de Jésus, à sa Parole et à la conduite de son Esprit. Pour autant, ce groupe n’échappe point à l’autorité de la conscience de chacun ni à l’autorité de Dieu, car la prétention de Jésus est précisément de porter celles-ci à leur expression ultime. Comment préciser les trois termes identité, vocation et mission ? On examinera ce que chacun de ces termes signifie, d’abord dans l’existence des personnes, puis pour le groupe. L’accord dans un groupe — le consensus — sera d’autant plus grand que chacun des membres du groupe est en accord avec lui-même.

gement. D’où l’intérêt de discerner ensemble. Nous bénéficions ainsi d’un éclairage plus complet de la situation. Cf. « Les types psychologiques », p. 197, ainsi que « Le discernement des esprits », I, chap. 3, p. 58-72. 123. Cf. « Notre image de Dieu », p. 85 et suivantes.

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EXPOSÉS ET OUTILS

1. Identité • Identité personnelle Je ne me suis pas fait moi-même. Je ne suis pas ma propre origine. Je suis un don, offert à moi-même et aux autres. Un don unique 124. Et ce don, j’ai choisi, plus ou moins consciemment, plus ou moins délibérément, de l’accueillir jusqu’à ce jour, en consentant à la vie. Il y a là un « consensus » avec l’être qui me vient d’au-delà de moi, en sorte que je vive en « alliance » avec moi-même. Mon existence est marquée par la croissance, le devenir. C’est là aussi une donnée du réel. L’être humain passe par différentes phases : enfance, âge adulte, vieillesse. Naissance et mort. J’aspire à croître dans l’accueil de la vie en moi et autour de moi. Et j’aspire à faire rayonner cette vie. Dans mes choix, j’ai à me travailler pour mieux me connaître, mieux accueillir qui je suis vraiment, me libérer d’un « moi » d’emprunt, faux, agressif ou dépressif. J’ai à affronter mes peurs, à tempérer mes excès, à apprivoiser le côté ombrageux et mal aimé de moimême, bref, à tabler sur la vie qui sourd en moi et de moi. Développer consciemment sa relation à Dieu approfondit pour la personne la perception de son identité. Il lui est donné alors de connaître son origine et sa fin : Dieu qui donne à la vie un sens absolument unique. La foi permet au croyant de se connaître grâce à une rencontre délibérée — l’alliance — avec Dieu. Le don de la foi en Jésus creuse davantage encore la connaissance de l’identité. Comme le Christ se reconnaît de Dieu, qu’il nomme son Père, ainsi appelle-t-il chacun de nous à se découvrir enfant du Père et à reconnaître tous les autres comme frères et sœurs en humanité. Il y a une facette de la personnalité de Jésus que chaque personne est seule à pouvoir révéler aux autres.

124. Cf. « La recherche de son identité », in J. MONBOURQUETTE, À chacun sa mission, p. 101-113.

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« IDENTITÉ – VOCATION – MISSION »

• Identité de groupe Les membres d’un groupe font l’expérience d’être « mis ensemble », de recevoir un don propre à leur groupe et qui est sa raison d’être. S’ils décident de rester ensemble, de vivre une histoire commune, c’est parce qu’ils expérimentent que plus ils accueillent ce don, plus ils se trouvent vivants, unis et féconds. Dans un groupe, le consensus le plus profond se vit au niveau de cette identité commune. C’est là un premier aspect transcendant de l’existence d’un groupe. Il y a une autre expérience : ensemble, les individus sont beaucoup plus que l’addition des capacités personnelles. Celles-ci, reconnues dans leur unicité, entrent en harmonie dans le groupe. Elles se marient, se conjuguent et font alliance. Elles croissent et se multiplient, et produisent quelque chose d’original. Les croyants ont le privilège de connaître l’auteur du don propre au groupe : Dieu. Ce don, ils le nomment « grâce ». Avec Dieu, ils entretiennent une relation d’alliance qui connaît, comme toute relation, des hauts et des bas. En lui, ils puisent force, courage, lumière pour aller de l’avant. En lui, ils trouvent accueil, compréhension, miséricorde et pardon lorsqu’ils font des faux pas et le reconnaissent humblement. S’il a été donné au groupe de reconnaître en Jésus Christ celui pour lequel il existe et par qui tout est créé, il lui est aussi donné, comme groupe, de ne faire qu’un en lui (Ga 3, 27-28).

2. Vocation • Vocation personnelle Par « vocation », on entend ici un attrait et un don pour un engagement spécifique. C’est ce pour quoi je suis fait et doué, ce à quoi je suis appelé. C’est une orientation de mon être, inscrite en moi, à déployer et à épanouir dans les relations envers les autres, et qui me fait devenir davantage moi-même ». Le mot « vocation » (en latin, vocatus, c’est-à-dire « appelé ») renvoie à un appel persistant venu du plus profond de soi. Il n’est pas toujours facile de l’entendre. Il est encore plus difficile d’oser

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EXPOSÉS ET OUTILS

y croire, de s’y fier, et de se risquer à y répondre. Car toute vocation est éminemment personnelle. Elle relève des aspirations et des désirs les plus authentiques de la personne. Sans cesse, elle remet en question la routine et la froide organisation du destin. Elle invite à un engagement total qui mobilise l’existence, lui donne sens et but. Elle est source d’estime de soi et de confiance en soi. Elle procure une joie qui dure. Dire oui à sa vocation, c’est se situer au cœur du courant vital, du souffle qui emporte l’univers. C’est adhérer à son surgissement, l’estimer bon et précieux, lui donner sa confiance, sa foi 125. La foi en Dieu donne de pouvoir nommer comme un « Tu » celui qui appelle, qui suscite le désir et qui offre de quoi y répondre. Mes projets, mes buts et mes objectifs sont relatifs au grand dessein d’amour qu’a Dieu sur moi et sur l’univers entier (Ep 1, 3-14). Loin d’être celle d’un tyran ou d’un dictateur, sa volonté se révèle à moi à travers mes talents humains, mes aspirations, mes élans de liberté et de générosité. Ceci ne supprime en rien la liberté mais, au contraire, la suscite. Car Dieu, s’il est vraiment Dieu, ne peut qu’être la source de la liberté. Il veut chacun libre. Lui répondre oui, c’est faire alliance avec lui, collaborer à son œuvre, s’ajuster à ses desseins 126. Chacun à sa place, si humble soit-elle, devient avec Dieu responsable de l’humanité et artisan du devenir du monde. En confrontant son expérience à l’Évangile, le disciple de Jésus expérimente que celui qui l’attire et l’appelle à l’intime du cœur, c’est Jésus, qu’il reconnaît comme l’absolu de sa vie, par rapport à qui tout devient relatif. Il entend, comme à lui très personnellement adressée, cette invitation : « Viens, suis-moi, je ferai de toi un pêcheur, un pasteur d’hommes 127, un « passeur 128 ». Jésus l’entraîne à vivre avec lui, et comme lui, entièrement donné au Père et aux autres, en particulier « aux

125. Cf. le sens donné ici au mot foi in Y. PRIGENT, L’expérience dépressive, Paris, 1978, p. 11-17. 126. C’est faire œuvre de « justesse », de justice au sens biblique du terme (cf. Mt 3, 15). 127. Cf. Mc 1, 17 et Jn 21, 16. 128. Cf. l’appel du Roi éternel (ES 95), qui entraîne au « passage pascal ».

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« IDENTITÉ – VOCATION – MISSION »

plus petits 129 », pour le meilleur et pour le pire. Le Christ est devenu le sens 130, l’orientation de son existence, la révélation ultime de l’Amour en actes (1 Jn 4, 8). • Vocation de groupe Un groupe peut se sentir clairement appelé à une tâche spécifique. Il en perçoit l’attrait et sent qu’un don particulier lui est octroyé pour réaliser cette tâche, de façon originale, unique en son genre. Plus il s’ajuste à ce don, plus il le ressent comme source de vie et d’énergie. Au sein du groupe, les vocations particulières sont respectées, même développées, tout en étant mises au service de la vocation du groupe et de l’humanité entière. Il arrive qu’un groupe préfère, au mot « vocation », le terme « vision ». Il se demandera : « Quelle est notre vision pour l’avenir ? » C’est une transposition au registre visuel de ce qui correspond en termes auditifs aux vocables « appel » ou « vocation ». Il faut noter cependant une différence. La notion d’appel explicite mieux que ce qui est perçu vient d’au-delà de soi. Lorsqu’on s’interroge : « Quelle est notre vision commune des choses ? », l’aspect transcendant n’apparaît pas aussi clairement. Il en va de même lorsque la question se pose dans le registre de la finalité : « Quel est notre but ? » ou « Quels sont nos objectifs ? » Certains groupes sentent que c’est Dieu qui les appelle. Cette conviction fonde l’assurance, l’énergie et le potentiel du groupe 131. Cela ne veut pas dire que ce groupe se croit meilleur qu’un autre ou qu’il répond adéquatement à sa vocation. Cela veut dire qu’il expérimente, dans le don gratuit qui lui est fait, un lien explicite au donateur, perçu comme partenaire d’alliance.

129. Cf. Mt 25, 40. 130. « Sens » est la signification première du mot grec logos utilisé par saint Jean pour désigner Jésus Christ au premier verset de son évangile. Cf. H. ALPHONSO, Tu m’as appelé par mon nom, p. 25 et aussi V. FRANKL, Raisons de vivre, Tome 1, p. 49-74. 131. C’est vraiment le « pouvoir du groupe » cf. exposé no 1. « Si leur entreprise ou leur œuvre vient des hommes, elle se détruira d’elle-même. Mais si vraiment elle vient de Dieu, vous n’arriverez pas à la détruire » (Ac 5, 38)

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EXPOSÉS ET OUTILS

Enfin, des groupes ne peuvent adéquatement rendre compte de leur appel qu’en le référant à la personne de Jésus et à l’expérience des Douze, telle que les évangiles la relatent. Les Douze ont été appelés chacun individuellement par Jésus, mais ils l’ont été aussi ensemble, comme corps (Mc 3, 13). Pour le groupe, l’« être-ensemble » exprime alors un aspect spécifique du corps, dont le Christ est la tête (1 Co 12, 12-31).

3. Mission • Mission personnelle Assez fréquemment, dans le langage courant, les mots « mission » et « vocation » apparaissent comme équivalents. On dira : « Ma mission, c’est ma vocation 132 ». Ou bien on parlera de mission à la place de vocation, ce dernier terme apparaissant comme trop exclusivement lié au vocabulaire religieux ou chrétien. Dans cet exposé, la mission sera définie comme l’incarnation de la vocation dans un lieu, dans un temps et une culture, dans des moyens concrets 133. C’est l’affectation des énergies d’une personne, de ses capacités et de ses ressources — forcément limitées — à la réalisation de sa vocation. Ceci implique que soient utilisés les moyens qui favorisent cette réalisation et soient rejetés ceux qui y font obstacle 134. Un travail sur soi-même doit être mené pour se rendre intérieurement libre (ES 23) par rapport aux moyens reçus, afin de pouvoir adopter, aujourd’hui, ceux qui sont davantage ajustés à un réel en constante mutation. La foi permet de nommer celui qui dit « va » et qui envoie. Il habite déjà là où il envoie les siens. Ceux-ci ne le précèdent pas. Vérité et sens

132. Voir J. MONBOURQUETTE, À chacun sa mission. 133. Aux États-Unis et au Canada, entre autres, ce que nous convenons de nommer ici « mission » est appelé « plan stratégique ». Dans cette optique, « mission » se rapproche fort de « vocation ». 134. Cf. ES 155 et Ann. 2, « Ce qui aide » (ex. 30) et « Ce qui n’aide pas » (ex. 31), p. 275-276.

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« IDENTITÉ – VOCATION – MISSION »

se révèleront dans une infinie pudeur, dans l’échange de paroles et de gestes vrais, entre l’envoyé et ceux auxquels Dieu l’envoie. Pour remplir sa mission parmi nous, Jésus a fait choix de moyens pauvres. De Nazareth à la croix, il a vécu simplement, humblement. La seule chose qu’il avait, il nous l’a donnée : son corps. Lorsqu’il envoie ses disciples en mission, Jésus leur recommande de ne prendre ni argent, ni provisions, ni vêtement de rechange. Faire confiance aux maisons qui acceptent de les recevoir devient pour eux une condition de survie 135. Par là sont assurées les exigences d’une véritable réciprocité, d’une alliance entre l’envoyé et le destinataire de la mission. Le sens ultime de l’existence est révélé dans l’échange de paroles de vie et du pain quotidien, en référence à Jésus, à l’Évangile et aux béatitudes. • Mission de groupe La mission incarne la vocation du groupe en lui fixant un cadre précis : lieu, temps, durée, agenda, planning, horaire, effectif en personnes, délégations, budget, matériel requis, locaux, etc. Un groupe de croyants fonde son assurance sur Dieu qui l’envoie. Il compte sur cet envoi et il y reconnaît ses capacités et ses ressources humaines comme un don de Dieu. Pour suivre Jésus, les Douze ont tout quitté. Ils ont compté sur sa capacité de nourrir les foules à partir des cinq pains et des deux poissons offerts par le jeune garçon (Jn 6, 9). Jésus donne à ses disciples mission de plonger l’humanité entière dans le Souffle de vie et d’amour, qui le lie au Père (Mt 28,19).

4. Interaction entre les trois questions Qui ? Quoi ? Comment ? Les trois dimensions du consensus sont inséparables. L’une renvoie à l’autre. Si, dans cet exposé, on a commencé par la dimension de l’identité, c’est pour des raisons d’ordre logique et théorique. En pratique,

135. Cf. Mt 10, 5-16.

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EXPOSÉS ET OUTILS

c’est souvent dans l’agir que l’identité comme la vocation se révèlent au groupe et à ses membres. La mission change celui qui s’y engage.

Vocation

Identité

Mission Souvent, dans la vie d’un groupe, les difficultés et les conflits surgissent à propos des moyens concrets mis ou à mettre en œuvre dans l’action. Il est important alors de prendre du temps ensemble pour que, grâce à l’échange, soient retrouvés les fondements : celui de la vocation, voire celui de l’identité. Car on peut espérer que là, le consensus demeure. Le vérifier ensemble est source de confiance pour oser se remettre en question au niveau moins essentiel : celui des moyens. Plus un groupe croyant prend conscience des interactions entre son identité, sa vocation, sa mission, plus il devient conscient de son nom de grâce 136.

136. Cf. « Le nom de grâce », p. 87 et suivantes.

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« IDENTITÉ – VOCATION – MISSION »

5. Conclusion Lorsqu’un groupe a été invité, soit au cours de la Première Semaine des Exercices, soit à l’occasion d’un exposé comme celui-ci, à réfléchir à son identité, à sa vocation et à sa mission, il est souvent utile que soit rédigé un énoncé bref et clair des éléments dans lesquels le groupe s’est reconnu. Deux ou trois personnes seront désignées pour rédiger, sur la base du ou des plénums qui ont traité de la question, un texte qui sera soumis à la réflexion et à la prière de tous les membres avant d’être définitivement corrigé et adopté.

Quoi ?

Comment ?

À quoi sommes-nous appelés ?

Comment répondre à l’appel ?

• Quelle est notre vocation ? • Quel est notre désir profond ? • Quel est notre but, notre objectif ?

• Quels moyens mettre en œuvre ? • Quelle est notre mission ? • Quels sont nos engagements ?

Autorité intérieure • conscience • foi en Dieu • suite du Christ

Qui ? Qui sommes-nous ? • Quelle est notre identité ? • Quelle est la grâce fondatrice qui nous unit ? • De quoi Dieu nous fait-il don ?


3. Cycle « Vie – mort – résurrection » « Si le grain de blé ne meurt… » (Jn 12, 24)

De quoi s’agit-il ? Dans les pages concernant le cycle de l’énergie et du pouvoir, on a pu comprendre que ce cycle est un mouvement continu, comme en spirale. Il ne tourne pas en rond, mais ouvre sans cesse vers l’avenir car le réel change et nous amène constamment à nous changer nousmêmes 137. Le changement est donc inévitable et fait partie de la vie. Il affecte tout groupe. Tout évolue : le monde environnant, les personnes ellesmêmes. Les manières de voir et de comprendre changent. Les manières d’agir et de se comporter aussi. Ce qui allait de soi hier est remis en question aujourd’hui. La culture des plus jeunes n’est plus celle qui a formé les aînés. Même l’appréciation de ce qui est conforme à la morale et à la justice évolue. Le changement entraîne une certaine mort, un deuil, car le passé est révolu. Face au changement, les groupes adoptent différentes attitudes. En voici trois : • LE DÉNI ET L’IGNORANCE : « Rien d’essentiel n’a changé ; le chaos actuel est passager ; tout redeviendra comme avant. » • LA RÉSISTANCE ET LA DÉFENSE : « Surtout ne changeons rien… notre manière de faire a fait ses preuves. »

137. Cf. « Cycle de l’énergie et du pouvoir », p. 150.

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CYCLE « VIE – MORT – RÉSURRECTION »

• LE CONSENTEMENT ET L’OUVERTURE GÉNÉREUSE À LA NOUVEAUTÉ : « Une nouvelle naissance suit toujours les moments de mort ». Par ailleurs, au cœur des bouleversements, l’identité profonde demeure et est appelée à se préciser. Pour être à même de renoncer, de bonne grâce, à ce qui est périmé, un groupe doit parvenir à : - distinguer dans son activité ce qui, d’une part, est essentiel à son identité, à sa vocation et à sa mission propres ; et d’autre part, ce qui est relatif aux circonstances historiques, fortuites, des débuts du groupe ; - discerner si la nouveauté, offerte aujourd’hui, est appelée à entrer en alliance avec le don spécifique du groupe. Il s’agit alors pour lui et chacun de ses membres de s’ouvrir à la nouveauté en y adaptant sa mission et ses ressources. S’adapter ne signifie nullement brader sa vocation. Au contraire, c’est innover pour lui rester fidèle. C’est adhérer, au plus près, au souffle qui emporte l’univers dans d’incessantes « re-créations 138 ». Pour le disciple de Jésus, l’Esprit est toujours à l’œuvre. Il parle par les prophètes d’aujourd’hui. Même si, depuis la Pentecôte, l’Esprit est répandu sur tous (Ac 2, 17), certains dans une communauté — souvent les plus « petits 139 » — lui sont plus ouverts que d’autres. L’Esprit suscite de nouvelles communautés et renouvelle celles qui vieillissent. Il se peut aussi qu’un groupe ait fait son temps. C’est le cas lorsqu’il a rempli sa mission. Il est possible alors que le don propre à ce groupe s’offre à d’autres, car la vie est transmission. Le charisme du groupe pourrait ne plus être nécessaire aujourd’hui : en arriver à cette conclusion nécessite un discernement. Il ne faudrait pas que la peur du changement motive une disparition trop facilement ou aveuglément consentie. L’Évangile affirme que pour porter du fruit, le grain de blé doit mourir (Jn 12, 24). Cela relève d’une simple observation de la nature. Ses disciples savent que Jésus lui même a vécu ce passage de 138. Cf. J. CHITTISTER, Le feu sous les cendres. Une spiritualité pour la vie religieuse contemporaine, p. 165. Cf. aussi B. OLIVERA, Soleil dans la nuit, p. 171. 139. Cf. Mt 11, 25.

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EXPOSÉS ET OUTILS

la mort à la Vie et à une fécondité nouvelle. La Résurrection est au cœur de leur foi.

Le tableau « Vie – mort – résurrection » Le tableau de la page 168 présente l’une des nombreuses courbes de la vie d’un groupe, celle du cycle « Vie – mort – résurrection ». Ce cycle est le déploiement du cycle de l’énergie et du pouvoir, aux trois niveaux de consensus « identité – vocation – mission », répondant aux trois questions : « Qui ? Quoi ? Comment ? 140 ». Dans ce schéma théorique, on trouvera ces niveaux de consensus « Identité (Qui ?) – vocation (Quoi ?) – mission (Comment ?) » disposés cette fois les uns au-dessus des autres : Mission (Comment répondre ?) Vocation (À quoi sommes-nous appelés ?) Identité (Qui sommes-nous ?) Dans cette disposition, il ne faut voir aucune connotation de préséance. Le bas est ici le symbole de la profondeur, le sous-sol des fondations. Ainsi, le cycle de l’énergie et du pouvoir peut être appliqué là où, précisément, le consensus est recherché. Généralement, on commencera la lecture du schéma par l’étage supérieur, celui du « comment », ou de la mission, c’est-à-dire celui des moyens mis en œuvre pour incarner la vocation dans l’agir. Si, là, des questions se posent et entraînent des fissures dans le consensus, il faudra prendre le temps d’échanger à un plan plus profond, celui du « quoi », de la vocation, c’est-à-dire à un niveau plus fondamental de consensus : là, le groupe retrouve un terrain sûr qui continuera à le maintenir uni.

140. Cf. exposés précédents.

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CYCLE « VIE – MORT – RÉSURRECTION »

Enfin, si la remise en question touche le don spécifique du groupe, il devra examiner son identité de groupe (le « qui ») c’est-à-dire le lieu du consensus primordial. C’est le lieu de sa consolation 141, le lieu où il vit son nom de grâce 142. Fortifié par cette assurance, le groupe trouvera l’énergie et le courage de faire face au doute, à la remise en question occasionnée par la prise en considération des divergences concernant les moyens et les objectifs. Dans la vie d’un groupe, il est donc vital de prévoir systématiquement et gratuitement des temps de partage au sujet de la vocation et de l’identité, tant du groupe que de tous ses membres 143. Ce partage fortifie le consensus, facilite et prépare l’accord sur les moyens. Si ces échanges réguliers et profonds sont négligés, les mises en question concernant les moyens se répercuteront dangereusement sur la mission et même l’identité. Le groupe se sentira menacé.

Lecture et analyse du schéma (voir page suivante) – Sur la courbe de gauche est indiquée la phase d’élaboration des décisions. C’est l’entrée dans des déterminations de plus en plus précises concernant un projet, en réponse à un appel : le mouvement est ascendant, signifiant le dynamisme du groupe à partir de son expérience fondatrice, de son charisme pourrait-on dire. – À droite, la phase de l’action, lieu de mise en question des décisions, va du doute sur le simple détail dans l’exécution jusqu’au doute absolu quant à la fin ultime poursuivie. Les trois degrés de consensus (Qui ? – Quoi ? – Comment ?) sont forcément les trois niveaux auxquels vont se faire les remises en ques-

141. Cf. « Comment mûrir la décision et la prendre ? », p. 120-125, et « Reconnaître et décrire notre consolation commune », Ann. 2, ex. 21, p. 262. 142. Cf. « Le nom de grâce », p. 87 et suivantes. 143. Cf. « Conversation spirituelle », p. 37 et suivantes.

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identité

Qu i ?

ÉVALUATION

Quoi ? vocation

ÉVALUATION

Comment ? mission

RÉEL

Partageons-nous encore les mêmes convictions ?

Notre agir coïncide-t-il avec nos buts ?

Sommes-nous tous d’accord sur le but poursuivi ?

Utilisons-nous les bons moyens ?

Aucun doute

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DÉSIRS

BUTS ET ASPIRATIONS

OBJECTIFS MESURABLES

PROJET moyens en personnes, finances et temps

DÉCISION

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EXPÉRIENCE FONDATRICE

RÉEL

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Cycle « Vie – mort – résurrection »

EXPOSÉS ET OUTILS

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CYCLE « VIE – MORT – RÉSURRECTION »

tion. Loin d’être un danger, la mise en question peut être vue comme une chance. C’est le prix à payer pour rester vivants 144. Il va de soi que ce schéma est théorique. Un exemple : après qu’une action a été décidée, une durée de temps pourrait être marquée par la prolongation sur une droite horizontale de la case DÉCISION, pour signifier la confirmation reçue par le groupe dans le déploiement de son agir.

1. Remettre en question l’expérience fondatrice Les mises en question peuvent être telles qu’elles ébranlent l’identité même. Est alors atteinte l’image que tous et chacun se faisaient des fondements du groupe. C’est le cas, par exemple, lorsque des éléments passés sous silence dans l’histoire des origines, estimés peu importants, se révèlent tout à coup essentiels. Avec le temps, les interprétations des récits et des documents fondateurs divergent. Que faire alors ? Dans un premier temps, renoncer à l’exégèse des textes fondateurs, car cela provoquerait un débat d’idées. Et ce n’est pas dans les idées déconnectées du réel qu’on touche le consensus mais dans l’expérience. Et, de « son expérience, chacun est expert 145 ». Si des personnes demeurent ensemble, un vécu les a unies et les tient ensemble. Quelle est cette expérience qui donne vie, qui dynamise, mobilise tous et chacun ? Voilà ce qui doit être partagé. Que les uns et les autres se racontent leur « histoire sacrée ». Chacune est riche d’un don reçu. L’expérience qui fonde le groupe est d’abord celle qu’il vit aujourd’hui et non celle du fondateur. Si les expériences d’aujourd’hui se réfè-

144. « Ce n’est pas une condition de la vie spirituelle que d’arrêter de croître lorsque vient le moment de choisir. C’est au contraire la fidélité qui rend la croissance possible en nous obligeant sans cesse à faire des choix, à nous frayer toutes sortes de chemins à travers la vie et à rechercher l’objectif qui nous convient en prenant appui sur le présent […]. L’échec est souvent la seule chose susceptible de nous enseigner ce que nous avons vraiment besoin de savoir sur la vie » (J. CHITTISTER, Le feu sous la cendre, op. cit., p. 165. 145. Cf. « Conversation spirituelle », p. 37.

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EXPOSÉS ET OUTILS

rent à la sienne, cette référence commune est précisément à la source du consensus et les membres du groupe ont à interpréter et réactualiser chaque jour cette référence. On parle parfois de refonder un groupe. Cela ne veut pas dire que le groupe aurait été mal fondé et qu’il est temps de le fonder mieux. Cela veut dire que chaque fois que, dans une expérience personnelle, le charisme du groupe est accueilli, sa fondation est actualisée. « Nous commençons maintenant. Efforçons-nous de commencer toujours » écrivait Thérèse d’Avila 146. Il s’agit de renforcer la fondation, de la rendre vivante et féconde, actuelle. Se raconter les histoires sacrées personnelles et communes est vivifiant. Référées aux récits fondateurs, les expériences personnelles en reçoivent lumière et souffle. Simultanément, la compréhension des récits fondateurs se renouvelle. Le groupe se les approprie et les rend pertinents et actuels, par delà un style et un vocabulaire anciens. L’échange de récits donne de la respiration. L’expérience des origines fait apparaître ce qu’a d’originel celle d’aujourd’hui. Un pont se construit entre le passé et le présent. Le don du groupe, son charisme, apparaît mieux, car ce qui lui est propre se dégage des formes culturelles non essentielles. L’approche ici proposée est donc très différente de celle qui consisterait à se dire : « Remettons-nous devant les yeux l’idéal du groupe à l’origine, mesurons l’écart entre l’idéal et le réel, et cherchons comment redevenir plus fidèles à l’idéal de nos devanciers. » L’expérience fondatrice est en rapport étroit avec le mythe des origines 147. Un mythe est un récit, une tradition ou une croyance qui donnent sens à l’expérience humaine. Le mythe n’est pas qu’une explication pré-scientifique du réel. Il explique symboliquement ce qui, dans le réel, échappe à la maîtrise de l’homme. Si quelque chose échappe à cette maîtrise, c’est bien le mystère des propres origines. Le mythe de-

146. Cf. Les Fondations 29, 32, in Œuvres complètes 2, trad. des Carmélites de Paris-Clamart, 1963, p. 190. 147. G.A. ARBUCKLE, Out of Chaos. Refounding Religious Congregations, p. 17-27. Cf. aussi J. CHITTISTER, op. cit., notamment le chapitre : « Ce Dieu qui nous fait signe », p. 156.

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CYCLE « VIE – MORT – RÉSURRECTION »

vient fantaisiste ou erroné le jour où le pont qui le relie à l’expérience est inexistant ou rompu. Comme il a pour fonction de donner sens, le mythe est concerné par tout le chaos qui précède l’émergence du sens. Le mythe éclaire l’expérience confuse et instable d’une période de changement durant laquelle les repères traditionnels ne fonctionnent plus. Le récit biblique de la Genèse, par exemple, révèle que le chaos est le prélude à l’ordre et au sens (Gn 1 – 2, 4). Il en acquiert une valeur éminemment positive. De même le récit d’Adam et Ève au paradis terrestre permet d’appréhender le sens de la liberté, même si elle se fourvoie et expérimente confusion et chaos (ES 51). Le mythe éclaire l’expérience actuelle de celui qui lit ces lignes, qui anime un groupe, ou qui partage en plénum. Ignace avait la conviction d’avoir « fait l’expérience de Dieu 148 ». Il réalisait que celle-ci avait révolutionné la compréhension qu’il avait de lui-même. Il a perçu là un trésor à partager avec mission d’en aider d’autres à faire leur propre expérience de celui qui est « innommable et insondable… silencieux et pourtant proche 149 ». Les disciples de Jésus reçoivent un souffle nouveau chaque fois qu’ils confrontent leur vécu personnel aux récits des évangiles 150. Ceux-ci sont révélateurs d’une expérience fondatrice. Souvent ce sont des récits de transformation. Un aveugle se met à voir. Un paralysé marche. Un sourd entend. Une communauté tétanisée par la peur s’enhardit. Des désespérés sont retournés par l’évidence que le Crucifié est vivant. Un souffle régénérateur se dégage de ces textes inspirés. En les accueillant, on découvre qu’ils rendent compte d’une expérience semblable à celle d’aujourd’hui et qu’ils la fécondent.

148. Cf. K. RAHNER, Discours d’Ignace de Loyola aux jésuites d’aujourd’hui, p. 11. Voir aussi « L’expérience fondatrice d’Ignace », p. 60. 149. K. RAHNER, ibid., p. 27. 150. L’Église en a fait la singulière expérience lors du concile Vatican II.

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EXPOSÉS ET OUTILS

2. S’interroger sur les désirs Dans un groupe, le partage sur les désirs est très important. Le mot « désirs » recouvre ici : aspirations, attentes, rêves 151…

3. S’accorder sur le but, les objectifs, le projet et les moyens L’identité prend corps dans la vocation et la mission 152 qu’il est utile de préciser clairement. • Le BUT est la fin poursuivie, à un niveau assez général. Par exemple : « Notre but est l’éducation des enfants ». Souvent le but répond à des besoins ou des appels qui nous sont adressés et rencontrent notre désir profond. • L’OBJECTIF est le but plus précis, avec des données mesurables dans le temps et dans l’espace. Par exemple : « Pour atteindre notre but qui est l’éducation des enfants, nous nous fixons comme objectif d’ouvrir à Bruxelles, dans deux ans, une école avec trois sections : maternelle, primaire, secondaire. » • Le PROJET est l’objectif précisé dans tous ses détails (qui fait quoi ? quand ? et comment ?) : le groupe entre dans l’étape de mûrissement et de prise de décision 153. • Les MOYENS concrétisent le projet : en personnel, finances, locaux, matériel… délais, planning, délégations… systèmes d’organisation, structures administratives, organigramme, procédures, règlement… Manières d’être, de faire, de prendre les décisions, d’évaluer… Réfléchir au cycle « Vie – mort – résurrection » et le discuter ensemble est indispensable pour permettre au groupe, ou de confirmer les décisions ou d’en prendre de nouvelles. De plus, les renouvellements inhérents à cette démarche favorisent la croissance du groupe 154.

151. Cf. « Nos désirs profonds », p. 78. 152. Cf. « Identité – vocation – mission. Qui ? Quoi ? Comment ? », p. 153. 153. Pour ce qui concerne l’élection et la décision, cf. II, chap. 3, p. 119 et suivantes. 154. Cette présentation du cycle « Vie – mort – résurrection » s’inspire de J. BORBERLY and others, Understanding Group Spiritual Life, vol. 3, p. 27-50.


4. Service de l’autorité : le leadership « Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites bien… (Jn 13, 13)

Réflexion sur le leadership Groupe et autorité Sous des formes diverses, le pouvoir 155 est omniprésent dans tout groupe et en toute société. Il est la capacité de faire et d’agir et, en soi, il est bon comme tout ce qui est créé par Dieu (Gn 1, 28.31). Mais l’usage qu’en fait la liberté humaine peut l’altérer. Un réajustement est donc sans cesse requis. Les Exercices spirituels permettent de réordonner ce qui pourrait être démission dans la responsabilité assumée ou, au contraire, abus de pouvoir : ce chemin de conversion sera d’autant plus fécond qu’on en prendra le temps au cours d’une retraite de quelques jours, plutôt que de se contenter d’un exposé théorique. Dans une action commune, le pouvoir réside dans le groupe qui agit ou n’agit pas, évalue son action, le réajuste en faisant des recommandations 156 et décide ou non. S’il est fidèle à son identité, à sa vocation et à sa mission, bref à son nom de grâce, le groupe réajuste régulièrement son action en parcourant le cycle de l’énergie et du pouvoir, et permet ainsi à chaque membre de devenir de plus en plus responsable.

155. Veiller à faire le lien entre cet exposé et le « Cycle de l’énergie et du pouvoir », p. 143 et suivantes. 156. Pour le sens précis de ce mot, cf. p. 148, note 113.

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EXPOSÉS ET OUTILS

Sans le souci du bien commun et le sens de la responsabilité commune 157, un groupe n’exerce pas son pouvoir. En outre, il doit avoir une tête : quelqu’un qui, dans le groupe, assume le service principal de l’autorité, du « leadership 158 ». C’est le rôle du responsable qui reçoit mandat pour exercer l’autorité au sein du groupe 159. L’autorité dans un groupe est la capacité de gestion de l’énergie et du pouvoir, en vue d’organiser et de diriger l’action commune. Partagée par la responsabilité de tous, elle est confiée à quelqu’un par délégation du groupe ou d’une instance supérieure. Un groupe n’acquiert le statut formel de groupe que si une personne y exerce l’autorité. Il s’agit ici de la fonction d’autorité institutionnalisée 160. L’absence d’autorité reconnue expose le groupe soit à ne jamais se constituer comme groupe responsable, soit à voir émerger des pouvoirs anonymes voire la loi du plus fort. La personne qui reçoit et accepte cette relation d’autorité assume deux responsabilités fondamentales : - être le garant ultime de l’identité, de la vocation, de la mission du groupe 161 ; - aider le groupe à parcourir les quatre phases du cycle de l’énergie et du pouvoir 162.

157. La passivité ou l’obéissance paresseuse conduisent un jour ou l’autre à des conflits. 158. Ce leadership ne précède pas le groupe, mais celui-ci « s’autorise » à se donner une tête. 159. Cf. pour cet exposé : J. BORBELY and others, Focusing Group Energies. Common Ground for Leadership, Organization, Spirituality, vol. I, p. 53-55 et J. BORBELY and others, Understanding Group Spiritual Life, vol. 3, p. 59-63. 160. On peut en effet distinguer d’autres types d’autorité qui exercent un pouvoir ou une influence dans un groupe : autorité personnelle d’ordre charismatique, autorité morale, autorité de compétence, autorité prophétique (celle des saints par exemple), autorité de la loi, de la coutume, etc. Cf. G. BURDEAU, « Autorité », in Encyclopaedia universalis, Corpus 3, Paris, 1989, p. 578. 161. Rappeler l’objectif, montrer la voie, maintenir le cap. 162. Prendre la responsabilité de mettre en route, veiller à l’évaluation, susciter suggestions et recommandations.

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SERVICE DE L’AUTORITÉ : LE LEADERSHIP

Autorité fonctionnelle dans l’Écriture La fonction d’autorité est nécessaire dans tout groupe humain. S’exerce-t-elle d’une façon spécifique dans le peuple qui se reconnaît choisi par Dieu 163 ? Dès l’Exode, nous voyons Moïse installer les juges (Ex 18, 13-26 et Dt 1, 13,18) : ces chefs doivent guider le peuple (Nb 27, 17). Plus tard, le peuple réclamera un roi, pour ressembler aux autres nations. Dieu accédera à cette requête, non sans réticence (1 Sa 8, 6-9). Les prophètes ne cesseront de rappeler aux chefs que leur rôle est de servir la communauté (Jr 12, 10 ; 23, 1 s. ; Ez 34, 1-10 ; Mi 3, 1-4 ; So 3, 3-4). Dans le Nouveau Testament, Jésus ne récuse pas l’autorité, mais la définit et l’exerce comme un service. Son autorité n’est pas domination : il l’a reçue du Père dont il se reconnaît l’envoyé (Jn 8, 17). Il appelle ses disciples à exercer l’autorité autrement que les chefs de ce monde : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations païennes commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous » (Mc 10, 42-44). Le Christ n’accepte d’être déclaré roi qu’au moment où, sur la croix, il exerce ce qui apparaît comme le plus grand des pouvoirs : donner sa vie par amour. Avant de mourir, lui, le leader a lavé les pieds de ses disciples avec amour et leur a demandé de faire de même (Jn 13). Il leur confère la force en leur communiquant son Esprit et en les envoyant dans le monde, investis d’un pouvoir nouveau (Mt 28, 18-20). Dans les Actes et les écrits pauliniens, l’autorité est exercée par les apôtres et déléguée par eux (Ac 6, 1-6 ; 10, 48 ; 1 Co 7, 17 ; 2 Co 13, 10 ; 1 P 5, 2-3). Il est demandé aux frères de respecter cette autorité (1 Th 5, 1-13 ; He 13, 7 ; 1 P 5, 5). Et cette autorité apostolique n’empêche pas la liberté responsable de chacun des croyants (Ga 2, 11).

163. Sur l’autorité dans l’Écriture, cf. X. LÉON-DUFOUR, « Autorité » et notices de renvoi, in Vocabulaire de théologie biblique, Paris, 3o, 1974, p. 102.

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EXPOSÉS ET OUTILS

Qualités du responsable Jésus a surpris et fasciné ses contemporains qui n’ont trouvé en lui aucun décalage entre ce qu’il a dit et ce qu’il a fait. Sans doute l’exercice de l’autorité dans un groupe est-elle facilitée par les qualités innées de celui qui est désigné pour ce service. En tout cas, l’exercice de l’autorité requiert de son titulaire l’aptitude à nouer des relations, l’honnêteté, la capacité de bien juger et de se remettre en question. Tant mieux si, à cela, s’ajoutent des dons pour la dynamique de groupe, les tâches administratives et le suivi de l’action. Il serait très précieux, selon la perspective du discernement ignatien, qu’un responsable soit doué pour repérer les « motions 164 » qui sont à l’œuvre dans un groupe. Plus ce responsable sera conscient de l’importance de son service, plus il sera à même d’être accepté par les membres du groupe 165. L’accomplissement réussi de sa mission ne dépend pas seulement du mandat officiel et de ses compétences mais aussi de la façon dont il est accueilli et reconnu par le groupe 166. Si le pouvoir est la capacité de « faire », l’autorité est la capacité de « faire faire ». En ce qui concerne l’action, le responsable fixera les délégations requises. Plus il assume de responsabilités décisionnelles d’ensemble, plus il doit recourir aux délégations nécessaires, tout en se considérant lui-même garant du charisme du groupe. Déléguer ne signifie pas abdiquer ; celui qui donne délégation doit s’assurer qu’elle s’exerce de façon responsable. Il doit aussi veiller à ne pas reprendre subrepticement les commandes.

164. Cf. « Le discernement des esprits, de quoi s’agit-il ? », p. 58. 165. Dans cet exposé, nous n’étudions pas le rapport entre autorité personnelle (autorité innée, charisme, etc.) et autorité de fonction. Cf. p. 174, note 160. 166. Ce point est détaillé sous le titre « Engagement réciproque entre le responsable et le groupe », p. 185 et suivantes.

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SERVICE DE L’AUTORITÉ : LE LEADERSHIP

Désignation du responsable Choisir un responsable, dans un groupe constitué, suppose que soit préalablement déterminé le profil souhaité en fonction de la situation du moment, que soient fixées l’étendue et les limites du mandat, sa durée et la façon d’en rendre compte, ainsi que les manières de procéder. • Pouvoir informel Assumer la responsabilité ultime du groupe est une fonction exercée par le responsable officiel du groupe, mais les autres membres y sont impliqués. Dans tout groupe, il arrive que quelqu’un (individu ou sous-groupe) puisse et, parfois, doive prendre des responsabilités sans en avoir reçu le mandat officiel. Si l’énergie ainsi générée est réintégrée dans le processus formel du cycle de l’énergie, elle est constructive. Dans le cas contraire, elle est destructrice. • Différents styles de leadership Selon les situations et les relations envisagées, l’autorité fonctionnelle s’exerce de diverses manières 167, et ipso facto, selon divers styles.

167. Souvent, l’autorité, non différenciée du pouvoir, est d’emblée située dans le domaine socio-politique : ce pouvoir s’exerce alors entre « autorités » et « sujets », dans des structures inégalitaires. Or, « le pouvoir pénètre et informe toute collectivité humaine pourvu qu’elle soit organisée ». Cf. B. GUILLEMAIN, « Pouvoir et contre-pouvoir », in Encyclopaedia universalis, Corpus 18, Paris, 1989, p. 851-853. On peut aussi étudier l’exercice de l’autorité du point de vue de la relation entre l’objectif à poursuivre et les personnes à encadrer. Ainsi, par rapport à la relation aux personnes d’une part, et à la productivité d’une organisation d’autre part, le modèle de Hersey et Blanchard distingue quatre styles de management : directif (« je dis, je décide »), persuasif (« parlons-en, mais je décide »), participatif (« parlons-en, décidons »), et délégatif (« tu dis, tu décides »). Cf. K. BLANCHARD et P. et D. ZIGARMI, Le leader et la minute du succès. Dans une réflexion théologique, l’autorité se présentera encore autrement : cf. N. SCHIFFERS, « Autorité-Pouvoir », in P. EICHER, Nouveau dictionnaire de théologie, adaptation française B. Lauret, 2o, p. 58-64. La réflexion théologique sur le pouvoir et l’autorité est pleine de contrastes, et ce dès le Nouveau Testament car, d’une part, tout pouvoir est subordonné à l’amour, puisque la seule puissance de Dieu est l’amour et,

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EXPOSÉS ET OUTILS

Il en sera retenu trois représentant de manière théorique les processus décisionnels du responsable, en fonction de la participation des membres du groupe dans l’évaluation de l’action, l’élaboration et la prise des décisions. • LE STYLE DIRECTIF : le responsable décide sans recourir à l’avis du groupe ; • LE STYLE CONSULTATIF : le responsable décide après avoir consulté le groupe ; • LE STYLE PARTICIPATIF : le responsable aide le groupe à décider. Il importe de souligner qu’aucun de ces trois styles n’est en soi meilleur que les deux autres, ni que d’autres d’ailleurs. Chaque style de leadership ne sera efficace que si les membres du groupe soutiennent la responsabilité commune. Quant au responsable, plus il se dégagera de ses idées préconçues et de ses préférences personnelles (ES 23), plus il sera capable de changer de style en fonction des circonstances, des questions à traiter, de l’état psychologique et spirituel du groupe et des personnes. Au cours d’une même rencontre, il sera parfois nécessaire de varier les styles, voire de passer de l’un à l’autre. Théorique, cette présentation des styles n’a rien de statique ni d’exhaustif. • Style directif Ce mode de leadership est habituel et nécessaire lorsqu’un groupe débute. Le responsable y recourra également lors d’une crise interne ou externe, et lorsque le groupe se trouve en état de confusion ou de doute par rapport à son identité 168.

d’autre part, les apôtres et leurs successeurs, envoyés comme serviteurs, deviennent des « autorités ». En outre, les relations entre puissance interne de l’Église et puissances externes varient avec les aléas de l’histoire. 168. Dans ce style, il s’agit, pour l’autorité, de veiller au « qui » du groupe : cf. « Identité », p. 156-157.

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SERVICE DE L’AUTORITÉ : LE LEADERSHIP

Une crise interne peut avoir pour cause l’immaturité du groupe ou son incapacité à se renouveler 169, ou d’autres facteurs dus aux personnes ou à des événements. Les symptômes d’une crise interne sont : discussions sans fin, désaccord constant engendrant agressivité ou démission. Le groupe tourne en rond, perd de l’énergie. Le doute fait surface. Une crise externe est provoquée par un bouleversement qui fait perdre les points de repères habituels. Le responsable doit être très vigilant 170. Dès que le doute est semé, sa propagation est rapide. Si sa présence n’est pas vite détectée, il risque de s’insinuer jusqu’à remettre en cause la raison d’être du groupe : « On ne fait rien de bon ici ! Tout cela est inutile ! » Une crise, petite ou grande, révèle souvent une crise du sens. Crise à vivre comme une chance pour le groupe invité à retrouver ou à redéfinir les sources de son être-ensemble. Il s’agit alors pour le responsable de prendre résolument les commandes, en indiquant clairement la direction à suivre. Les quatre phases du cycle de l’énergie et du pouvoir 171 sont alors de son ressort. À lui, avec les données qu’il possède, de rapidement évaluer la situation, de rechercher des issues et de décider seul. S’il estime utile, dans certains cas, de présenter les raisons de ses choix ou de s’exposer à des questions de clarification, il ne doit en aucun cas fléchir par rapport aux options qu’il a prises ; entraînés dans la spirale de la perte du sens, les membres du groupe ne sont plus en mesure d’apporter des éléments significatifs pour la conduite des opérations. S’éterniser dans la discussion ne ferait que renforcer la confusion. De la part du groupe, ce style d’autorité exige l’acceptation des initiatives, des décisions et des directives du responsable. L’exercice de l’autorité au service du pouvoir étant considéré ici dans un contexte spirituel ignatien, on pourra se référer à l’agere contra (ES 97) : certaines situations demandent au responsable et aux membres du groupe

169. Cf. cycle « Vie – mort – résurrection », III, exp. 3, p. 164. 170. Cf. « Qualités du responsable », p. 176. 171. Cf. III, exp. 1, p. 143.

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EXPOSÉS ET OUTILS

d’agir « contre leurs propres sens et leur amour charnel et mondain » pour répondre à leur appel. Dans bien des cas enfin, quel que soit l’état du groupe, le style directif s’imposera pour permettre l’observance stricte d’un processus reconnu nécessaire : qu’y a-t-il de plus directif que la plume qui circule dans un groupe en retraite ESDAC ? • Style consultatif Le recours à ce mode d’autorité suppose un groupe stable et en sécurité par rapport à son identité et à sa vocation. En possession du sens de son existence, il sait dans quelle direction investir ses énergies pour atteindre ses buts et ses objectifs. Soumis à des tensions, il n’en est pas ébranlé. La parole échangée étant consensuelle, le responsable peut la laisser s’exprimer pleinement quant à l’action, l’évaluation et les recommandations. À ces trois niveaux, le responsable exerce un rôle de « facilitateur » de réunion. Sur tous les sujets traités, les questions, les appréciations et les suggestions des membres du groupe sont bienvenues. La décision finale demeure cependant du ressort du responsable 172. Le mode consultatif est couramment employé dans les groupes et les communautés. La personne responsable y est souvent entourée d’un conseil à qui elle soumet ses projets, pour avis et dans un dialogue ouvert. Cependant, elle reste la dernière instance décisionnelle. Dans ce mode consultatif, les réponses requises du groupe sont celles de la coopération dans le processus menant aux décisions, l’acceptation de celles-ci et leur mise en action responsable (ES 175-188) 173. • Style participatif On se trouve ici dans le cas où le groupe est non seulement en profonde connivence avec son identité et sa vocation, ses buts et ses objectifs, mais aussi capable d’embrasser toutes les données concrètes 172. Dans le style consultatif, l’autorité aide à la responsabilité du « quoi » du groupe : cf. « Vocation », p. 157 et suivantes. 173. Cf. « L’élection ou prise de décision », p. 119.

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SERVICE DE L’AUTORITÉ : LE LEADERSHIP

indispensables à la prise d’une décision réaliste. Ce cas est souvent, on le comprend, le fait de petites équipes dans lesquelles chacun peut être informé de tout et de manière complète. Mais il peut arriver dans tout groupe que se présente une question à traiter selon ce style. Le leader invitera le groupe à évaluer son action et à en tirer les conclusions. Il fournira alors toutes les informations qu’il possède (contraintes de temps ou d’espace, budget, moyens en personnel, etc.) et appellera les membres du groupe à les compléter et à explorer les options possibles, afin de parvenir à une décision cohérente avec le projet du groupe. Dans ce style d’autorité, le responsable délègue aux membres du groupe la gestion de chacune des phases du cycle de l’énergie et du pouvoir. Il y exerce un rôle de « facilitateur » de réunion et cherche à faire apparaître le consensus présent dans le groupe 174. Ce mode requiert bien entendu une situation stable ainsi qu’une grande maturité de la part des membres du groupe desquels on attend un sens aigu des responsabilités et une entière volonté de collaboration durant tout le processus, décision finale incluse 175. Pourtant, ce mode n’est pas plus parfait qu’un autre : il est lié aux circonstances et aux personnes. L’Esprit est à l’œuvre en tout processus de pouvoir et d’autorité qui cherche à être juste 176.

☞ Exercice : « Mon attitude par rapport à l’exercice de l’autorité » (Ann. 2, ex. 33).

174. Dans ce cas, le responsable aide surtout au « comment » du groupe : cf. « Mission », p. 160 et suivantes. 175. Cf. « Élection », p. 119. 176. Ne sont pas développées ici les dérives possibles de ces styles d’exercice de l’autorité : l’autoritarisme, la manipulation, la démagogie, la délégation qui serait une démission, etc.

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EXPOSÉS ET OUTILS

Style d’autorité requis Du groupe est attendu

Débuts d’un groupe Manque d’identité Crise (externe ou interne) Désolation Survie

DIRECTIF D Le responsable décide sans prendre l’avis du groupe : - soit sans exposer ses raisons R A (urgence ou nécessité) ; - soit en présentant les raisons préparées à l’avance (monoE logue) ; - soit en invitant à poser des - qu’il accepte la décision questions de clarification et en communiquant les raisons - qu’il coopère librement à l’action qui répondent aux questions posées (dialogue mais sans - qu’il se laisse guider dans changer la décision). l’action

Sécurité Stabilité Conscience croissante de son identité et de l’orientation de son énergie Consolation

CONSULTATIF Le responsable décide après avoir consulté le groupe : - soit, après avoir fait seul l’évaluation et les recommandations, il présente un projet de décision tout en se déclarant ouvert aux réactions (dialogue avec volonté de changer la décision si nécessaire) ; - soit il procède seul à l’évaluation, puis passe à un style participatif pour demander de faire des recommandations. Enfin il reprend un style directif pour décider seul ; - soit il fait appel au groupe pour évaluer l’action, faire des recommandations et proposer une décision. Mais, il se réserve de décider en dernier ressort.

Pleine et entière appropriation du projet et du but poursuivi Identité claire Mûre perception des contraintes Consolation de groupe

r

D R

r

A

E

- qu’il coopère à l’élaboration de la décision - qu’il accepte la décision - qu’il prenne ses responsabilités dans l’action

PARTICIPATIF Le responsable aide le groupe D à décider : - soit en fournissant lui-même les informations nécessaires et en spécifiant lui-même les R A contraintes (d’argent, de temps, de personnes…) ; - soit en aidant le groupe à déE tecter la question qui se pose, à recueillir les informations requises, à spécifier les - qu’il se montre coresponcontraintes et à trouver le sable dans les 4 phases du consensus. cycle de l’énergie 177

r

177. Ce tableau est inspiré de MDI, Inc. Materials, in J. BORBELY and others, Focusing Group Energies…, vol. 1, p. 53.

182

Dans les petits schémas, A = Action, E = Évaluation, R = Recommandations, D = Décision, r = responsable.

État du groupe


SERVICE DE L’AUTORITÉ : LE LEADERSHIP

Délégation : une expérience de coresponsabilité Présupposés – Déléguer est nécessaire lorsqu’une décision doit être exécutée par quelqu’un d’autre que la ou les personnes qui ont décidé. – Une bonne procédure de délégation n’amoindrit pas le pouvoir des décideurs. En fait, elle l’augmente, car elle les rend capables d’atteindre des objectifs qu’ils n’auraient jamais pu réaliser par eux-mêmes. – Le délégateur conserve la responsabilité qui est légitimement sienne. – Le délégué doit se sentir autorisé à prendre ses responsabilités. Il a besoin de se sentir soutenu et encouragé dans l’exercice de l’autorité. Ce soutien est nécessaire pour contrebalancer le risque qu’il accepte de prendre. – La confiance en ses propres capacités est stimulée chez le délégué par la confiance que lui manifeste celui qui délègue. – La confiance grandissante entre le responsable et son délégué les fait croître tous deux en maturité. La coresponsabilité et l’interdépendance augmentent. Partager un engagement commun devient source de satisfaction mutuelle 178.

Procédure de délégation A. Offre de délégation – Le délégateur définit la tâche demandée, c’est-à-dire l’étendue et les limites du pouvoir qu’il désire communiquer. – Cette définition inclut le degré de perfection ou de détail qu’il souhaite voir mis dans l’accomplissement de la tâche.

178. Cf. aussi le modèle de Hersey et Blanchard, p. 177, note 167.

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EXPOSÉS ET OUTILS

– Celui qui donne délégation indique clairement la ou les personnes à qui s’adresse l’offre de délégation (ceci précise, ipso facto, ceux à qui ne s’adresse pas l’offre). – L’offre de délégation inclut la libre disposition des ressources nécessaires : information, équipements, personnes ressources. – La délégation doit comporter la durée précise du mandat confié. B. Engagement réciproque – Avant d’accepter la délégation, le candidat délégué partage la responsabilité de voir si les étapes mentionnées jusqu’ici ont été correctement suivies. – En vue de conclure un engagement réciproque, il est indispensable que les deux parties se mettent d’accord sur la manière de rendre compte (contenu des rapports intermédiaires, date des rencontres) pour : - assurer au délégué le soutien et l’encouragement nécessaires pour persévérer dans sa tâche ; - s’assurer que le délégateur assume toujours la responsabilité qui est sienne, sans abdiquer. – Cet accord mutuel sur la manière de rendre compte fait partie du contenu de la délégation. – L’acte d’engagement de délégation doit être clair et reconnu par toutes les parties. La ritualisation (du hochement de tête à la signature formelle d’un contrat) va responsabiliser d’autant plus qu’elle sera proportionnée à la dimension du pouvoir conféré. – L’engagement accepté, le délégateur est tenu d’en informer toutes les personnes concernées. C. Suivi – La délégation acceptée et reconnue, le délégateur doit : - négativement : s’empêcher d’annuler sa propre délégation en faisant lui-même le job ou en demandant à quelqu’un d’autre de le faire ;

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SERVICE DE L’AUTORITÉ : LE LEADERSHIP

- positivement : soutenir l’engagement du délégué en l’appelant pour qu’il fasse rapport sur les points conclus au préalable, en prenant ces rapports au sérieux et en donnant au délégué une appréciation sur ses réalisations. – Le délégué assume la responsabilité de : - faire usage de tout le pouvoir qui lui est confié ; - faire rapport selon la manière conclue au préalable ; - participer à l’évaluation de façon coopérative. D. Terme et remerciements La satisfaction sera d’autant plus grande que le terme d’une délégation sera célébré avec un rituel approprié 179.

Engagement réciproque entre le responsable et le groupe La relation entre le responsable et le groupe est une relation de confiance mutuelle. Si un groupe veut promouvoir la maturité et la liberté de ses membres, l’autorité qui s’y exerce doit lier des personnes libres envers des objectifs librement choisis. C’est ce qu’on nomme l’engagement. Ce leadership n’est basé ni sur la crainte, ni sur l’intérêt, ni sur un dédommagement escompté. L’engagement de tous dans un effort commun concerne plusieurs points précis : - les objectifs du groupe et en particulier le processus par lequel ils sont fixés ; - l’attribution claire des rôles assumés par chacun et par le groupe comme tel ; - les délégations ; - l’interaction entre le responsable et le groupe. Dans ces domaines, la force d’engagement des individus dans le groupe est multipliée ou annihilée selon le mode d’interaction mis

179. Ces réflexions sur la délégation sont adaptées d’après J. BORBELY and others, Focusing Group Energies…, vol. 1, p. 157-160.

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EXPOSÉS ET OUTILS

en place. Ce mode n’est pas neutre : il va générer soit l’enthousiasme et le désir de participation, soit l’apathie et la démission. Ci-dessous, une illustration des étapes par lesquelles l’engagement se construit dans le domaine des relations entre le responsable et le groupe 180. Il s’agit d’une forme de délégation réciproque. D’une part, comment un groupe confie-t-il le service de l’autorité à l’un de ses membres en l’investissant du pouvoir requis ? D’autre part, comment le responsable investit-il le groupe de la capacité du pouvoir requis par l’action à entreprendre ? Cette délégation repose sur un crédit mutuel.

Illustration des étapes par lesquelles l’engagement se construit a. Le groupe expose au responsable son identité, ses buts et ses normes, et lui révèle ainsi le sens profond de ce qui l’unit. Les compétences développées au cours de son histoire sont exprimées. Ainsi se précisent les attentes du groupe par rapport au responsable : « Voici quel type de responsable nous souhaitons. » a. Le responsable adhère à cet appel et à ce qu’il signifie. Il s’engage à répondre à ces attentes : « OK, je serai ce type de responsable. » a. Groupe

Responsable b.

180. Cf. « Délégation : une expérience de coresponsabilité », p. 183.

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SERVICE DE L’AUTORITÉ : LE LEADERSHIP

b. Le responsable marque son accord en adoptant le comportement souhaité : « Voyez, je fais ce que vous m’avez demandé. » a. Le groupe apprécie ce comportement : « Nous voyons que notre responsable respecte notre groupe et ses normes. Il nous estime. »

c. Le groupe confirme qu’il apprécie ce comportement en reconnaissant au responsable son « statut » de responsable : « Nous voudrions vous montrer que nous vous considérons comme un bon responsable. » a. Le responsable accepte cette reconnaissance. Son autorité se confirme. Elle dépend de la volonté qu’a le groupe de continuer à lui donner ce statut : « Merci pour votre soutien. » c. Groupe

Responsable d.

d. Maintenant, le responsable est libre de demander au groupe des projets nouveaux, conformes aux normes et aux objectifs du groupe : « Je vous demande de me soutenir en collaborant avec moi. » a. Le groupe accepte, parce que ses propres normes sont acceptées et appréciées par le responsable « Nous allons collaborer avec vous. »

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EXPOSÉS ET OUTILS

e. Le groupe entre dans des projets neufs et constate qu’il est capable d’aller plus loin pour réaliser ses objectifs : « Nous sommes capables de faire ce qu’on avait dit. » a. Le responsable reconnaît le succès du groupe : « C’est du beau travail. Très bien ! »

e. Groupe

Responsable f.

f. Maintenant le responsable a la liberté d’innover, de proposer de l’inattendu au groupe. Par exemple, lui demander de se risquer à renouveler quelque chose de son identité, de ses normes. C’est devenu possible car le crédit du responsable a grandi dans le groupe qui lui a donné autorité : « Pourrions-nous, dit-il, essayer quelque chose de neuf ? » a. Puisqu’on le lui demande à ce stade-ci, le groupe, satisfait, est capable d’accorder au responsable la liberté d’innover. Courir un risque devient possible, car il est sécurisé : « Nous avons un vrai responsable. D’accord pour bouger 181. »

181. Ces réflexions sur l’engagement réciproque dans la relation « responsable-groupe » sont adaptées d’après J. BORBELY and others, Focusing Group Energies…, vol. 1, p. 151-154.


5. La réunion comme expérience contemplative « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18, 20)

Présentation Une des forces qui travaillent le monde actuel est bien un mouvement de rassemblement, de regroupement des énergies en vue d’une plus grande efficacité. Les groupes d’action et de réflexion fleurissent un peu partout, les équipes de recherche ou de travail prennent le relais des efforts individuels. Les champs de responsabilité, de connaissance et d’action deviennent si vastes qu’il faut plusieurs approches pour en avoir une certaine maîtrise. Beaucoup découvrent combien les possibilités humaines sont décuplées lorsqu’elles agissent en synergie. Un groupe est plus que la somme des parties. Jésus a appelé les siens un à un pour qu’ensemble ils fassent Église. Partout se fondent des équipes pastorales ou vicariales, des groupes de recherche ou d’action, des communautés de croyants, des associations diverses qui se reconnaissent un appel, une mission dans l’Église. Aujourd’hui, l’on prend sans doute davantage conscience que Dieu appelle non seulement des individus mais des équipes, des groupes, des communautés et des associations, les envoyant en mission d’Église. Comment, dans le vécu d’une équipe, la réunion de travail peutelle devenir un lieu où s’expérimentent la présence et l’action de Dieu ? Comment les nombreuses réunions d’un groupe, tantôt joyeuses, tantôt lourdes, peuvent-elles devenir une expérience commune de

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EXPOSÉS ET OUTILS

contemplation 182 ? En quoi, d’ailleurs, consiste une telle expérience ? Ou, plus concrètement, que fait le chrétien qui veut rendre vivante sa foi ? Il cherche Dieu et sa volonté, et après avoir discerné et décidé, il agit en conséquence. Trois moments qui peuvent s’accomplir pour un groupe dans le même mouvement d’union à Dieu. La « contemplation pour obtenir l’amour » (ES 230) ouvre à la conscience que, en tout ce que nous pensons, agissons et vivons, nous sommes en union avec Dieu. N’est-ce pas une manière de devenir « contemplatif 183 » ? Discerner la volonté de Dieu est souvent difficile et onéreux, car celui qui prie et cherche Dieu n’est pas désincarné. Il trouvera la présence de Dieu dans le constant de l’action, comme au sein de toute situation. Si le groupe accepte, lui aussi, de traverser avec le Seigneur tous les moments de son parcours, il grandit dans la fidélité à son identité, à sa vocation et à sa mission. La contemplation n’est pas un état d’euphorie, d’absence de contradictions et de douleurs. C’est une manière de poser, sur le réel, un regard de foi, afin d’y chercher Dieu et son appel. Dans cette recherche, le groupe va pouvoir agir au service de Dieu, devenir les pieds, les mains, les yeux, les oreilles, l’intelligence, le cœur de Dieu en ce monde. Il s’agit bien d’une spiritualité apostolique d’incarnation dont les mots essentiels sont « aimer et servir » (ES 370).

Trois attitudes intérieures requises Ce qui va être dit des rencontres et des réunions ne concerne-t-il pas des aspects de la vie quotidienne, souvent vécue de manière dichotomique ? D’un côté, des moments individuels de prière, tôt le

182. Cf., sur cet exposé, J.A. ROEMER, The Group Meeting as a Contemplative Experience, trad. française inédite par J. Parmentier. 183. Le père Nadal a écrit d’Ignace qu’il était « un contemplatif dans l’action ». Ignace, pour sa part, sans jamais se nommer tel, recommandait de chercher Dieu et de s’efforcer de le trouver en tout. La contemplation est une grâce d’union à Dieu, un moyen donné par l’Esprit pour aider à aimer et servir Dieu et le prochain. Ce n’est jamais une conquête.

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matin ou en retraite. De l’autre, de longues heures happées par l’organisation efficace dont les réunions font partie. Les dynamiques de l’une et de l’autre diffèrent parfois jusqu’à s’opposer. Pourtant, un appel est bien là : si un groupe veut être, entre les mains de Dieu, un instrument souple et fécond pour la croissance du Royaume, s’il veut chercher Dieu en tout, il doit avoir en tant que groupe, une vie spirituelle habituelle. Quelles en sont les conditions ?

1. A priori favorable et amour des différences – L’a priori favorable (ES 22) est une attitude intérieure faite d’ouverture à l’autre, d’écoute attentive, d’aptitude à se laisser interpeller et transformer par la parole d’autrui. Dans un groupe, des personnalités très différentes sont en présence : ce qui est source de confrontations et de conflits. Pour travailler ensemble, la tolérance ne suffit pas, il faut cultiver l’amour des différences car, dans le discernement communautaire, les différences sont une richesse. – Aimer Dieu que je ne vois pas est possible, mais peut-être ambigu 184. Aimer mon frère que je vois en sera le critère de vérité (1 Jn 4, 20). Les collaborateurs immédiats sont parfois les premiers à être perçus comme menaçants ou ennemis à cause de leurs vues divergentes des nôtres. Ils sont aussi les premiers avec qui la communauté fraternelle pourrait être construite. – Dans un groupe, s’entrecroisent de multiples façons de se situer par rapport à la foi. Toutes respecteront la manière par laquelle s’expriment la foi et la volonté de servir le bien commun 185.

184. Cf. « Notre image de Dieu », p. 85. 185. Cf. « Les types psychologiques », p. 197-203.

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2. Engagement de foi et de prière – Là où tous se réfèrent clairement à la foi au Christ, il convient de rendre explicite, à partir de l’écoute de la Parole de Dieu, la manière dont les uns et les autres expérimentent l’action de Dieu dans la vie du groupe. Le discernement repose sur la conviction que Dieu entretient une relation personnelle d’alliance avec le groupe et avec chacun de ses membres. – Plus une personne est proche de son identité réelle, paisiblement consciente de ses forces mais aussi de ses limites et de ses pauvretés, plus elle va être active dans le groupe, car elle est ajustée au désir de Dieu. De même pour le groupe : c’est dans la mesure où il clarifie et expérimente de plus en plus la grâce dont il est porteur 186, en croissant dans l’accueil de son identité, de sa vocation et de sa mission, qu’il est efficace entre les mains de Dieu. – Toute matière soumise au discernement provoque des pensées et des sentiments mêlés. Les réactions peuvent aller en tous sens : positives ou négatives, rationnelles ou irrationnelles, contrôlées ou spontanées. Mais un groupe qui discerne en cherche la force dans la prière. Confronté à sa condition de créature et de pécheur, il veille à demeurer en contact avec Dieu. La prière propre au discernement consiste à demander d’accueillir ce qui délie la liberté intérieure de ses entraves et de s’ouvrir à la lumière quant à la décision à prendre.

3. Quête de liberté intérieure – Dans une réunion de groupe, les vues et perspectives d’un chacun sont constamment appelées à être mises en cause ; cette interpellation fait prendre conscience des résistances, des préjugés et des peurs de chacun mais aussi des différences dans les dons que réunit le

186. Il s’agit de croître dans la reconnaissance de l’identité, de la vocation et de la mission du groupe comme dans l’accueil de son nom de grâce.

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groupe. Le discernement comme la décision à prendre requièrent un lâcher-prise même par rapport à des positions bonnes en soi et dûment priées et réfléchies. L’Esprit peut conduire le groupe ailleurs. Le détachement intérieur de chacun des membres par rapport à ses propres vues est la condition pour que le groupe lui-même se laisse guider et entre, comme communauté, dans le désir de Dieu (ES 16). En conclusion, ces trois attitudes sont des attitudes pour la vie de tous les jours. Dans un groupe, elles conditionnent le groupe vers un authentique « discernement spirituel communautaire ». La manière dont on discerne est aussi importante que la décision elle-même. Une tâche essentielle des accompagnateurs est de vérifier si les conditions sont remplies en vue du choix concret à faire maintenant. Si elles ne l’étaient pas, que le groupe reprenne les exercices appropriés 187. Préparer et disposer le groupe est essentiel 188 (ES 1).

Procédure pour une réunion de travail Une réunion au service du Royaume de Dieu se prépare et suit les mêmes lois que toute réunion de travail. Vécues dans la foi, ces lois ouvrent à un processus où notre activité et celle de Dieu font alliance, tout comme dans la prière formelle. Les réunions ont des objectifs divers : évaluation, délibération, prise de décision. Il s’agit toujours de vivre la rencontre comme un lieu où Dieu œuvre avec nous.

1. Ordre du jour Il est essentiel que l’ordre du jour, minutieusement préparé, ait été communiqué avant la réunion à chaque membre car, en langage

187. « Nous ne pouvons rien faire de bon que d’un commun accord. Et il est impossible que nous soyons d’accord dans l’action, si nous ne le sommes pas d’abord par le cœur » (NEWMAN, Tract 90, trad. in Tous à Mambré, Paris, janvier-mars 1985, p. 32). 188. Cf. « Comment mûrir la décision et la prendre ? », p. 120 et suivantes.

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EXPOSÉS ET OUTILS

de foi, il est comme la demande de grâce et les points proposés pour la prière 189 : « Que voulons-nous aujourd’hui ? Pour quel sujet demandons-nous la grâce de Dieu ? Quelles étapes allons-nous parcourir ensemble ? » Un ordre du jour bien établi, c’est une réunion qui démarre au mieux. Une énergie est en route sur laquelle le responsable va pouvoir compter. Chacun, dans le groupe, aura pris personnellement le temps de peser, dans la prière et la réflexion, les différents points. Plus la préparation personnelle a été sérieuse, plus ce que chacun apporte est « pur », simple, essentiel, venant de Dieu. Venir à une réunion sans avoir pris ce temps personnel de prière et de réflexion, c’est être amené soit à se taire et à laisser un vide, soit à parler à partir de ce qui vient spontanément, voire bavarder… Dans ces cas, le partage risque de rester superficiel et les décisions prises, insatisfaisantes.

2. Conversation spirituelle à partir de la Parole Prendre un temps d’intériorité est essentiel pour se décentrer de soi, pour se détacher des préoccupations journalières ; cette conversation spirituelle dure, par exemple, de quinze à vingt minutes. Une bonne manière de procéder est de donner à chacun le temps de dire aux autres où il en est actuellement dans sa relation à luimême, aux autres, à Dieu 190. Ce temps de conversation spirituelle est gratuit. Il est ouverture aux uns et aux autres, et met chacun en communion avec le vécu de tous. L’Esprit ainsi écouté conduit à la nouveauté de la grâce d’aujourd’hui.

189. Cf. « Feuille de prière », p. 27 et suivantes. 190. Cf. « Consignes pour la conversation spirituelle en groupe », p. 44.

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LA RÉUNION COMME EXPÉRIENCE CONTEMPLATIVE

3. Lecture et approbation du procès-verbal de la réunion précédente – Vérifier que le procès-verbal (P.V.) soit le reflet fidèle de la réunion précédente. Le corriger et le compléter si nécessaire. – Se remettre en mémoire les décisions prises. – Assurer le suivi, soit brièvement lors de cette lecture, soit plus longuement, en le mettant à l’ordre du jour d’une réunion ultérieure.

4. Discussion des points à l’ordre du jour – Établir définitivement l’ordre du jour : pour ce faire, on demandera aux participants d’ajouter les divers points qu’ils souhaitent aborder ainsi que le temps nécessaire à en débattre, afin d’éviter d’allonger exagérément le temps de réunion. – Se fixer un temps de débat pour chacun des points. Ceux-ci peuvent être d’ordre divers mais, en général, à part la pure information, ils recouvrent les aspects soit d’évaluation, soit de recommandations, soit de décision, soit d’action 191. – L’animateur s’assurera que le groupe est dans un moment favorable à la prise de décision 192. Si le groupe se trouve dans le troisième type de situation décrite par Ignace, l’animateur pourra avoir recours à la procédure : « Dans le troisième type de temps, comment mûrir la décision ? » (p. 120). – Passer les différents points en revue de façon systématique en veillant à respecter le temps prévu.

191. Cf. « Cycle de l’énergie et du pouvoir », p. 143, et « Les sept éléments du discernement communautaire », p. 210. 192. Cf. « Élection : les trois types de temps favorables à la prise de décision » : a) le groupe suit ce que Dieu lui indique clairement ; b) la décision est le fruit des alternances de consolation et de désolation ; c) dans la prière, le groupe recourt, pour décider, aux facultés naturelles, p. 119.

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5. Fin de la réunion Achever par un temps de prière où ceux qui le souhaitent ont l’occasion d’exprimer un merci, une intention. Il est possible de reprendre ce qui a été vécu en se demandant : « Quelle grâce avons-nous reçue pendant ce temps de réunion ? » Terminer une réunion quelques minutes avant la fin prévue est toujours source de réconfort !

6. Rapport de la réunion Le compte rendu est aussi important que l’ordre du jour. Il est la mémoire du chemin de discernement fait avec Dieu et des décisions qui ont été prises. C’est une manière d’assurer la suite et de garder le groupe attaché à ce qui a été décidé et planifié en consolation, et qu’aucune désolation ne pourra remettre en cause.


6. Une approche psychologique de la personne : quelques outils

Noverim me, noverim Te (« Me connaître, Te connaître ») Saint Augustin

Les types psychologiques Le discernement en commun est affecté par les différentes manières dont, spontanément, les personnes et les groupes prennent conscience des informations, les recueillent, les traitent et en tirent des conclusions. Imaginons quelques situations : – Trois personnes qui réfléchissent à partir de ce qu’elles ressentent au profond d’elles-mêmes en valorisant l’harmonie, l’empathie (fonction 193 « Sentiment ») rédigeront un compte rendu de réunion sur un tout autre mode que trois personnes qui raisonnent à partir de principes sûrs, qui veillent surtout à l’exacte vérité, à la cohérence logique, à la précision (fonction « Pensée »). – Dans un groupe de travail, une personne se veut uniquement réaliste : « Ce qui a été dit, voilà sur quoi on peut s’appuyer et construire. » Cette personne de s’étonner alors du temps que fait perdre au groupe un autre membre qui, lui, perçoit immédiatement des implica-

193. Les mots « fonction », « attitudes » seront expliqués ci-après.

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tions non dites dans ce qui est exprimé, appréhende des relations diverses qui lui font saisir tout un futur. Si ces deux modes de perception (qu’on nommera « sensation ou sens du réel » pour le premier, « intuition ou sixième sens » pour le deuxième) ne prennent pas la peine de s’écouter, le groupe risque de faire du sur place. – Un duo chargé d’une animation ESDAC, composé d’une personne de fonction « Sentiment » et d’une autre de fonction « Pensée », formeront une magnifique équipe d’accompagnement dans la mesure où elles sont capables de reconnaître, d’apprécier et d’admirer leurs préférences opposées. – Un groupe de séminaristes discute de l’organisation des célébrations de l’ordination presbytérale. Pour les uns, un mode de célébration discret, en présence des parents et amis proches, privilégiant le silence, sera le meilleur : ils vivront mieux ce grand moment en touchant leur intériorité (tendance à l’attitude d’« introversion »). D’autres ont déjà loué des cars pour faire venir le plus de monde possible et sont en quête d’une église assez grande pour accueillir, dans l’après-midi, une foule nombreuse, avec chorale et orchestre… « N’estce pas du monde créé par Dieu que vient toute notre énergie ? » pensent ceux-ci (tendance à l’attitude d’« extraversion »). Quelle est la meilleure célébration d’un mystère chrétien ? – Si je pense que ma manière de percevoir le réel, de réfléchir, de tirer des conclusions, de prendre des décisions, est la seule bonne et que ceux qui prennent d’autres chemins se trompent et doivent apprendre de moi ce qui est vrai, j’en arrive à traiter comme une infériorité ce qui constitue simplement une différence. En cette matière, il importe précisément de devenir conscient des différences qui affectent notre prise de conscience 194 du réel. Si, dans les Exercices spirituels, Ignace commence par proposer les examens (ES 24 – 44), c’est bien parce qu’on ne peut arriver à aucune décision de

194. Cf. H. EY, « Conscience », in Encyclopaedia universalis, Corpus 6, Paris, 1989, p. 406412.

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UNE APPROCHE PSYCHOLOGIQUE DE LA PERSONNE : QUELQUES OUTILS

vie, à aucun discernement sans la prise de conscience de qui on est. Avant lui, bien avant les découvertes de la psychanalyse, Augustin, Bernard, Thérèse d’Avila, et, plus proches de nous, un François de Sales ou même Dostoïevski, pour n’en citer que quelques-uns, ont déjà aidé à explorer le champ non immédiatement conscient du sujet (subconscient, inconscient). La référence à ces maîtres reste d’ailleurs indispensable pour se former à accompagner une expérience spirituelle 195. Lorsqu’il s’agit d’aider autrui dans un chemin de discernement, se connaître soi-même est primordial. C’est pourquoi l’approche psychologique est l’une des trois sources d’ESDAC 196. En ce qui concerne les types psychologiques, les approches sont multiples 197. ESDAC propose dans ses formations de recourir à l’indicateur typologique de Myers-Briggs (MBTI) 198 qui est la mise en œuvre opérationnelle de la pensée de Jung 199 par deux Américaines, mère et fille, Katharine Briggs et Isabel Briggs-Myers. Selon ces auteurs, les variations de comportement que l’on observe entre les individus sont la conséquence de préférences spontanées concernant quatre attitudes et quatre fonctions psychologiques fondamentales. La combinaison de ces préférences conduit à déterminer seize « types psychologiques », lesquels d’ailleurs ne figent pas les personnes dans des standards définitifs.

195. Cf. A. DE MELLO, Quand la conscience s’éveille, trad. P. Pierre. Cf. aussi J.F. CATALAN, Expérience spirituelle et psychologie, coll. « Christus » no 77. 196. Cf. « Les trois sources d’ESDAC », p. 15. 197. Cf. par exemple, avec les précautions nécessaires, M. BEESING, R. NOGOSEK, P. O’LEARY, L’Ennéagramme, un itinéraire de la vie intérieure, trad. française de J.-P. Bagot. Il existe d’autres moyens pour reconnaître les divers types psychologiques. 198. I. BRIGGS-MYERS, Introduction aux types psychologiques, trad. E. Casas, Edmonton, Psychometrics Canada Ltd, 1987. Cf. aussi E. CASAS, Les types psychologiques jungiens. Manuel et guide pour l’indicateur de types psychologiques Myers-Briggs. Cf. aussi www.aideemploi.net/mbti.htm 199. C.G. JUNG, Types psychologiques, 1950 et 1983 (première parution 1920). Cf. aussi P. CAUVIN et G. CAILLOUX, Les types de personnalité.

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Dans un groupe qui cherche à communiquer et discerner, il importe d’être attentif à la diversité des types psychologiques : - pour apprendre à connaître son type propre et celui de chacun des membres ; - pour s’entraider à l’ouverture d’esprit et de cœur, en réalisant mieux que d’autres personnes fonctionnent autrement que soi ; - pour accueillir les différentes manières d’appréhender le réel comme des richesses et non comme des menaces ; - pour en tirer profit, en les rendant complémentaires ; - pour permettre que soit écouté « ce que l’Esprit dit aux Églises » (Ap 2, 17) ; - et enfin, pour veiller à l’équilibre des équipes d’accompagnement en recherchant à mettre ensemble des accompagnateurs qui ont des fonctions et des attitudes spontanées complémentaires. Le MBTI est un indicateur qui aide à percevoir et déterminer le type psychologique d’une personne d’abord. Pour remplir le questionnaire proposé, il est nécessaire de recourir à quelqu’un de qualifié. Le résultat sera simplement indicatif, il n’a jamais le dernier mot. Celuici revient au sujet qui cherche à connaître son « type ». Personne, d’ailleurs, n’est jamais enfermé dans un type psychologique comme dans une prison : ce type est en effet la résultante de plusieurs composantes. De plus, avec l’âge, la personne est suffisamment structurée pour pouvoir s’ouvrir, sans dommage et avec profit, à des attitudes et des fonctions qui lui étaient moins spontanées. C’est libérant pour un groupe de prendre conscience de la manière dont chacun de ses membres perçoit, travaille, décide. Du coup, des freins sautent et chacun peut occuper sa juste place, selon les dons qu’il a reçus. Une meilleure connaissance de soi et des autres aide à reconnaître les dons et l’expérience propres à chacun. Dès lors, le MBTI aide aussi à réaliser qu’un groupe comme tel possède une personnalité qui relève spontanément d’un type psychologique plus ou moins accusé. Tout groupe développe ses préférences, ses particularités, ses dynamiques. Il est sujet à des résistances, des limites

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et des aveuglements qui lui sont propres. Mais il a également ses points forts. Le type psychologique du groupe est la résultante des types psychologiques de ses membres. Un groupe devra veiller à cultiver les attitudes et fonctions pour lesquelles il est plus faible, éventuellement grâce à l’aide d’un ou deux accompagnateurs extérieurs. La reconnaissance par le groupe des forces et des limites des membres et du groupe lui-même favorise l’interaction et permet d’avancer sans être paralysé par des oppositions et des jugements.

Indices pris en compte par le MBTI pour déterminer le type psychologique Chacun est doué de capacités de percevoir et de décider (juger) : ces capacités impliquent des fonctions et des attitudes. Il existe donc : - les fonctions de perception, par lesquelles on recueille ou prend conscience des informations ; - les fonctions de décision, par lesquelles on traite l’information et on en tire des conclusions. Les fonctions de perception sont : la SENSATION S (sens du réel, percevoir les données premières, comme les cinq sens les livrent) et l’INTUITION N (sixième sens, percevoir les relations entre les données). Les fonctions de décision sont : la PENSÉE T (décider sur base de critères logiques) et le SENTIMENT F (décider sur base de ses valeurs et de son ressenti). Ainsi, pour appréhender le réel, chacun de nous a pris spontanément l’habitude de privilégier une fonction de perception et une fonction de décision, celles pour lesquelles nous nous sentons le plus doués. Ces fonctions déterminent notre vie consciente, les autres étant — à des degrés divers — laissées dans l’ombre, dans le domaine de l’inconscient 200.

200. G.J. SCHEMEL et J.A. BORBELY, Facing your Type, p. 3. Cf. aussi J. ROEMER, Growing with Type.

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Il est possible de devenir plus conscient des fonctions qui opèrent inconsciemment en nous. Cela nous permet de ne pas nous laisser piéger par celles-ci et même de les mettre à notre service. • Comme il y a quatre fonctions, il y a aussi quatre attitudes. Il y a d’abord l’INTROVERSION I et l’EXTRAVERSION E selon que la personne puise son énergie préférentiellement dans son monde intérieur ou dans le monde extérieur. Il y aussi les attitudes dites de JUGEMENT J et de PERCEPTION P qui correspondent à la manière de structurer et de gérer son espace et son temps. Quand une personne valorise le J, elle a tendance à agir de manière programmée et organisée. Quand une personne valorise le P, elle valorise l’adaptation, la souplesse et les changements de programme 201. Le MBTI définit donc quatre dimensions qui ont chacune deux pôles (E et I, S et N, T et F, J et P). Chaque personne privilégie naturellement un des deux pôles, ce qui ne l’empêche pas d’utiliser les deux. La combinaison des préférences de chaque personne pour les quatre dimensions permet de déterminer seize types psychologiques fondamentaux. Une personne ESTJ, par exemple, aura tendance à aller chercher son énergie dans le monde extérieur (E), à avoir le sens du détail (S), à être rationnelle et logique dans sa prise de décision (T) et à aimer les choses organisées et structurées (J). Une personne INFP, au contraire, a tendance à aller chercher son énergie dans son monde intérieur (I), à voir les choses de manière globale (N), à décider en fonction de ses valeurs et de son ressenti (F), et à privilégier l’adaptation permanente en fonction des circonstances (P). Voici deux brefs extraits de témoignages d’une personne INFP et d’une personne ESTJ. • SYLVAIN (INFP) : « Je suis quelqu’un de sensible. Je recherche pardessus tout l’harmonie. J’ai un côté rêveur et idéaliste. J’ai le goût du changement et de la nouveauté. J’ai du mal à me structurer car j’aime les imprévus. J’écoute plus que je ne parle. »

201. Pour MBTI, il y a à la fois des fonctions de Perception et des attitudes de Perception qui ne se confondent pas tout en renvoyant implicitement les unes aux autres.

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UNE APPROCHE PSYCHOLOGIQUE DE LA PERSONNE : QUELQUES OUTILS

• MARIANNE (ESTJ) : « Je suis très organisée et je déteste les changements de programme pour le plaisir. Je suis orientée vers l’action concrète et efficace. Je suis ordonnée et j’appelle un chat un chat. On sait directement ce que je pense. Je déteste les gens qui tournent autour du pot. » Le MBTI permet de mener en groupe la découverte des types : chacun cherche pour lui-même, mais reçoit l’aide des autres. Ainsi, le groupe comme tel découvre ses caractéristiques et s’aperçoit que telles différences privilégiées quand on travaillait seul se sont enrichies d’autres acquis, grâce à la vie sociale. Il découvre aussi à quelles tâches il peut ou non s’affronter, à qui il peut demander telle responsabilité, etc. Évidemment, comme d’autres processus de recherche psychologique, le MBTI n’offre qu’un instrument pour devenir plus conscient de ce que chacun est. Les renseignements qu’on en reçoit sur les types personnels et le type dominant du groupe n’agissent pas par euxmêmes de sorte que, miraculeusement, règnerait l’harmonie. Mais, rendus plus conscients par ce qu’ils ont découvert, les membres du groupe peuvent en tenir compte pour s’engager avec amour et courage sur le chemin de la vérité et de la justice. « Vous voulez vous réveiller ? Vous voulez être heureux ? Vous voulez être libre ? » C’est très simple : débarrassez-vous de vos idées fausses. Voyez clair dans ceux qui vous entourent. Si vous voyez clair en vous-même, vous verrez clairement ceux qui vous entourent. Alors vous les aimerez. Si vous ne voyez pas clairement ces êtres, vous passerez votre temps à vous colleter avec les idées fausses que vous vous faites sur eux, avec vos illusions qui ne cessent de se heurter à la réalité 202. »

202. A. DE MELLO, Quand la conscience s’éveille, op. cit., p. 45.

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EXPOSÉS ET OUTILS

Points d’attention par rapport à l’inconscient Plusieurs phénomènes psychologiques peuvent, à notre insu, déformer et perturber nos capacités de perception et de jugement. Ce sont des phénomènes inconscients, c’est-à-dire non perçus et non voulus par les sujets qu’ils affectent 203. En voici trois des plus fréquents. – Le TRANSFERT 204, report inconscient, sur des personnes ou des objets apparemment neutres, d’émotions ou d’attitudes développées durant l’enfance. Par exemple, sans s’en rendre compte, un des participants d’un plénum reproduit avec un des membres de l’équipe d’accompagnement le type de rapport conflictuel qu’il entretenait avec l’un de ses parents, lorsqu’il était enfant. Comme un enfant incapable de se défendre face à un adulte, il transfère sur un « plus faible » la réaction qu’il n’a pas osé manifester face à un plus fort 205. Autre cas : un employé, malmené par son patron durant la journée, s’en prend à son épouse en rentrant chez lui le soir. – La RÉACTION AU MAL SUBI 206, par lequel, à l’âge adulte, nous faisons subir aux autres un mal intensément vécu dans notre petite enfance, refoulé dans l’inconscient. Ce phénomène est à l’œuvre lorsque nous accusons autrui, ou Dieu, ou nous-même, ou lorsque que nous voulons à tout prix justifier notre comportement. – La PROJECTION 207 investit inconsciemment des personnes ou des objets extérieurs d’éléments subjectifs refoulés en soi. Par exemple, je reproche à Jean mes propres lacunes, dont je n’ai nulle conscience. Ou bien je trouverai fascinante chez Marie la sérénité que je refoule en moi. Sans le savoir, j’aurai tendance à mépriser Jean, alors que je vais mettre Marie sur un piédestal.

203. Cf. J. BORBELY and others, Focusing Group Energies…, vol. 1, p.165-173. Cf. aussi Understanding Group Spiritual Life, vol. 3, p. 157-162. 204. Cf. S. FREUD, Cinq leçons de psychanalyse. Voir 3e et 5e leçons. 205. Cf. M. BALMARY, Le sacrifice interdit. Freud et la Bible, p. 59 et A. MILLER, L’avenir du drame de l’enfant doué. Les options de l’adulte, trad. par L. Marcou, p. 69. 206. Voir les travaux d’Alice Miller ainsi que la thèse qui sous-tend l’ouvrage de Lytta BASSET, Le pardon originel. De l’abîme du mal au pouvoir de pardonner, Genève, 2o, 1995. 207. Cf. J. MONTBOURQUETTE, Apprivoiser son ombre. Le côté mal aimé de soi, p. 95-100.

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UNE APPROCHE PSYCHOLOGIQUE DE LA PERSONNE : QUELQUES OUTILS

Comment devenir plus conscient ? Généralement, ce qui met la puce à l’oreille c’est l’intensité disproportionnée d’une émotion manifestée par rapport à la situation réelle. L’exubérance et l’enthousiasme, la colère ou la jalousie sont excessifs. Quelque chose n’est pas ajusté, est faussé. Ignace, dans les Exercices spirituels, demande qu’on fasse l’examen du « conscient ». Une attention à des comportements ou réactions dont le sujet n’avait pas encore pris conscience peut aider à grandir en conscience 208. On pourra se demander, par exemple : « Cette colère a-t-elle une commune mesure avec l’objet réel de l’échange en cours ? Pourquoi cette réaction de susceptibilité ? Ne suis-je pas en train de désigner un coupable, de me culpabiliser, de me justifier ? » Dans un groupe, certains phénomènes psychologiques peuvent être à mi-chemin entre le conscient et l’inconscient. Ils sont comme « des accords tacites », souvent dangereux car non nommés ni décidés. En voici à nouveau deux, à titre d’exemple. – La désignation sous-entendue d’un bouc émissaire 209. Le bouc émissaire est la personne sur laquelle, plus ou moins consciemment, le groupe s’accorde à faire retomber tous les torts. Quelle attitude adopter ? Se rappeler la règle de l’a priori favorable. S’interdire de parler en termes de torts car cela blesserait la communication et la relation. Savoir qu’accuser l’autre, s’accuser soi-même ou s’autojustifier sont des réactions de défense par rapport à une situation dont on méconnaît qu’elle fait d’abord intensément mal. Considérer la difficulté en termes de souffrance, de souffrance partagée, faire preuve de compassion, sans se laisser écraser, permet d’avancer. – L’implicite mise en place des règles du jeu 210. C’est ce qui peut arriver, par exemple, lorsqu’en se présentant à l’équipe d’accompagnement, les membres d’un groupe adoptent tous spontanément, sans ré-

208. Cf. H. EY, « Conscience », article cité ; cf. aussi J.A. ROEMER, The Examination of Unconsciousnes, en particulier p. 14 (trad. en français par J. Hye de Crom, résumée sur le site Web d’ESDAC). 209. Cf. R. GIRARD, Le bouc émissaire.

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EXPOSÉS ET OUTILS

flexion ni esprit critique, le mode de présentation de celui qui a commencé : « Je m’appelle Pierre Dubois, j’habite Bruxelles, j’ai trente ans, je suis employé… » Tout se passe comme si, tacitement, il y avait là un modèle de présentation à suivre nécessairement par tous. Qui aura ensuite la liberté de commencer sa présentation ainsi : « J’aime la poésie et les petits oiseaux… » ? A fortiori, lorsque les règles du jeu concernent l’ensemble du fonctionnement du groupe, il importe de les rendre conscientes et délibérées pour éviter de fausser le libre jeu de l’ensemble 211.

210. L’approche systémique ouvre aussi à des enseignements psychologiques. 211. Cf. « Quelques règles de sagesse », nos 1 et 2, p. 212.


7. Une pratique sociale

« Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice » (Lc 6, 21)

En cherchant à établir entre les membres d’un groupe une communication juste et un maximum d’engagement personnel face aux décisions prises, ESDAC a bénéficié des recherches et résultats des techniques de dynamique de groupe et des réalisations éducationnelles par la responsabilisation des personnes. Ce manuel n’a pas à présenter la naissance et le développement des dynamiques de groupe : il suffit de renvoyer notamment à R. Muchielli et D. Anzieu 212. Et, à partir d’eux, aux références d’autres sources. Les accompagnateurs ESDAC veilleront à entretenir par une formation permanente les techniques d’animations de groupe tant anciennes que nouvelles 213. Les intuitions et travaux de Paulo Freire ont aidé les initiateurs d’ESDAC dans la mise au point de l’attention à la responsabilisation des groupes 214. Freire s’est consacré à l’alphabétisation et à l’éducation

212. D ANZIEU et J.-Y. MARTIN, La dynamique des groupes restreints. Cf. aussi « Groupe (Dynamique de) », in Encyclopaedia universalis, Corpus 10, 1989, p. 971-974. R. MUCCHIELLI, La dynamique des groupes ; R. MUCCHIELLI, La conduite des réunions, Paris, ESF 1987. J. ARTAUD, L’écoute, attitudes et techniques ; www.wikipedia.org/wiki/dynamique_des_groupes 213. Par exemple la systémique, la communication non violente, etc. 214. Cf. « Les trois sources d’ESDAC », p. 15.

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EXPOSÉS ET OUTILS

de groupes humains en associant apprentissage et prise de responsabilité sociale. L’essentiel de son projet est développé dans « Pédagogie des opprimés 215 », son principal livre. Comme la plupart de ses ouvrages, il est traduit en français et la liste de ses travaux peut facilement être lue sur le Web 216. Par son intuition, Freire a fait de l’alphabétisation « une arme de libération 217 ». Sa méthode inspira également le développement des communautés de base et est donc liée à la « théologie de la libération » 218. Son action continue de s’exercer. Cinq ans après sa mort survenue en 1997, l’Unesco collabora à un séminaire sur son action et son influence 219 à travers le programme « Gestion de transformations sociales ». Freire visait à plus de justice par une démarche d’apprentissage en groupes responsables (les cercles culturels). Quelques passages de Pédagogie des opprimés pourront faire saisir combien cette pensée et cet agir sont pertinents pour ESDAC. – « Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque seul, les hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde 220. » – « Personne ne libère autrui, personne ne se libère seul, les hommes se libèrent ensemble 221. » – « Si, en parlant, en exprimant le monde, les hommes le transforment, alors le dialogue s’impose comme le chemin par lequel les hommes trouvent leur signification en tant qu’hommes. Le dialogue est une exigence existentielle. Et, s’il est la rencontre de la réflexion et de l’action de ceux qui le pratiquent, tournés vers le monde à transformer et à humaniser, il ne peut se réduire au « dépôt » des idées d’un individu dans un autre, ni à un simple échange d’idées. Ce ne doit pas

215. P. FREIRE, Pédagogie des opprimés, suivi de Conscientisation et révolution. 216. Les sites Web consacrés à P. Freire sont nombreux ; voir par ex. http://portal.unesco. org/education/fr/ev.php-URL_ID=11819&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html 217. Cf. M. GADOTTI, « Paulo Freire », in Encycopaedia universalis, Paris, 1998, p. 471. 218. Cf. R. GIBELLINI, Panorama de la théologie au XXe siècle, p. 406. 219. Cf. site repris à la note 216 ci-dessus. 220. P. FREIRE, Pédagogie des opprimés, op. cit., p. 62. 221. Ibid., p. 44.

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UNE PRATIQUE SOCIALE

être non plus une discussion agressive, polémique entre des individus qui ne voudraient pas s’engager en exprimant le monde et en cherchant la vérité, mais qui voudraient imposer leur vérité (…). C’est un acte de création 222. » – « Fondement du dialogue, l’amour est aussi dialogue. C’est essentiellement une tâche de sujets, qui ne peut se réaliser dans la relation de domination […]. Il ne s’agit pas de sentimentalité, mais d’un acte de courage […]. Si je n’aime pas le monde, si je n’aime pas la vie, si je n’aime pas les hommes, je ne peux pas dialoguer […]. Le dialogue exige une grande confiance dans les hommes […]. En se fondant sur l’amour, l’humilité et la foi dans les hommes, le dialogue devient une relation horizontale où la confiance d’un pôle à l’autre s’établit naturellement 223. » – « L’essentiel, du point de vue d’une éducation libératrice […] est que, en tout état de cause, les hommes se sentent sujets de leur propre pensée, et puissent mettre en question leur pensée et leur vision du monde, exprimées implicitement ou explicitement dans leurs suggestions et dans celles de leurs compagnons 224. »

222. Ibid., p. 72-73. 223. Ibid., p. 73-76. 224. Ibid., p. 115.


8. Les sept éléments du discernement en commun

« Les Douze convoquèrent alors une assemblée… » (Ac 6, 2)

Des éléments essentiels du discernement en commun 225 ont été rassemblés en sept points. Ce rappel et aide-mémoire à l’usage des accompagnateurs s’avérera également utile lors de réunions de prise de décision ou d’évaluation. Cultiver l’a priori favorable et l’amour des différences (ES 22 ; conversation spirituelle I, chap. 2 ; approche psychologique III, exp. 6). Vivre l’engagement de foi et de prière (ES 5, 12, 23). Rechercher la liberté intérieure (ES 1, 23). Ce sont là trois attitudes intérieures de la vie de tous les jours, qui sont développées dans cette IIIe partie, exp. 5 : « La réunion comme expérience contemplative ». S’informer : diffuser l’information et l’assimiler (« Discernement », I, chap. 3 ; « Élection », II, chap. 3).

225. Cf. G.J. SCHLEMEL et J.A. ROEMER, Communal Discernement, publié pour la première fois dans Review for Religious, vol. 40, no 6, nov-déc. 1981, révisé en juillet 1992. trad. française sur le site www.esdac.be par M. Bacq. Cf. aussi « Lettre sur le discernement apostolique en commun », in Acta romana Societatis Jesu, vol. XIX, fasc. III, anno 1986, Romae, 1987.

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LES SEPT ÉLÉMENTS DU DISCERNEMENT EN COMMUN

Formuler la question en une simple phrase affirmative (« Discernement », I, chap. 3 ; « Élection », II, chap. 3). Tenter de nommer le consensus (« Consensus », I, 3). Il s’agit des trois étapes développées dans la IIe partie, chap. 3 (cf. « Les trois types de temps favorables à l’élection ou prise de décision » et « Dans le troisième type de temps, comment mûrir la décision ? »). Recevoir la confirmation (« Troisième et Quatrième Semaines », II, chap. 4) - interne : joie et paix dans l’Esprit Saint ; - externe : • la décision est-elle en accord avec l’autorité légitime ? • que donne la décision une fois mise à l’épreuve du temps ?


9. Quelques règles de sagesse

La pratique d’ESDAC (I) a conduit à la formulation ramassée de quelques observations susceptibles d’aider, de clarifier et de nourrir la réflexion. Ces « règles », qui ne sont pas des normes, ne sont pas exhaustives. Elles s’éclairent au fil du parcours ESDAC selon la dynamique des Exercices de saint Ignace (II) comme dans l’utilisation des divers exposés et outils (III). Elles s’affineront au contact du jugement critique et du bon sens. L’expérience en formulera d’autres 226. Chaque énoncé est suivi de références aux Exercices spirituels et à certains passages de ce manuel. Ces renvois aideront l’équipe d’accompagnement à situer les « règles » et à les utiliser judicieusement en fonction de l’état et des besoins du groupe. 1.

2. 3.

C’est de façon inconsciente et spontanée qu’à ses débuts un groupe adopte une manière d’agir, de prendre des décisions, de se répartir les tâches, de se structurer (III, exp. 1 et 2). Ce qui demeure inconsciemment structuré risque de se structurer injustement (III, exp. 1, 2 et 4). Un groupe qui n’évalue pas va vers sa perte (ES 24 à 42 ; III, exp. 1).

226. On pourra aussi se référer à J. BORBELY and others, Focusing Group Energies…, vol. 1, p. 203-206.

212


QUELQUES RÈGLES DE SAGESSE

4.

Plus l’évaluation est différée, plus les remises en question et les doutes sont profonds (III, exp. 1 et 3). 5. Lorsque, dans une évaluation, les remises en question concernent la pratique concrète : « Comment agir ? », il est bon que le groupe se remémore et vérifie son consensus à une étape intermédiaire : « À quoi sommes-nous appelés ? » et même, si nécessaire, au niveau fondamental : « Qui sommes nous ? » Le groupe revient alors sur une base sûre qui lui donne, avec le recul nécessaire, la confiance requise pour affronter la remise en question (III, exp. 1, 2 et 3). 6. La tendance d’un groupe à vouloir maintenir l’équilibre acquis lui cache ses attitudes et comportements moins conscients (III, exp. 3 et 6). 7. Qu’il soit d’ordre social, physique ou psychologique, un dysfonctionnement dans un groupe est souvent une défense contre l’angoisse. Il est requis d’y remédier de façon systématique et personnalisée (III, exp. 1, 2, 3 et 6). 8. L’une des causes pour lesquelles un groupe omet l’évaluation, c’est la peur de la perte, du changement, de l’anéantissement, voire de la mort. Plutôt que d’affronter ces peurs, chacun préfère se protéger dans un train-train confortable (ES 149-157 ; III, exp. 1 et 3). 9. Si, dans le passé, une évaluation n’a rien donné de significatif, le groupe n’a nulle envie de répéter ce genre de processus (III, exp. 1 et 3). 10. Des personnes de caractère semblable, et affectivement très dépendantes, ont tendance à se regrouper. Cela leur procure un bien-être qui ne fait que renforcer et conforter leur dépendance les unes vis-à-vis des autres (III, exp. 1, 3 et 6). 11. Pour qu’un nouveau groupe se constitue, il est indispensable que chacun des membres ait sa propre identité, et sache ce qu’il recherche et désire. Celui qui refuse d’exprimer ses désirs empêche la communauté de se former (ES 48 ; II, chap. 1, 1re approche ; III, exp. 2). 12. Un groupe est, en tant que groupe, plus que la somme de ses parties (III, exp. 1).

213


EXPOSÉS ET OUTILS

13. Le groupe a pour fonction de libérer une énergie supérieure à la somme des énergies individuelles de ses membres (III, exp. 1). 14. Un groupe qui n’exprime pas concrètement sa réalité de corps ne se perçoit jamais comme tel (III, exp. 1, 2 et 5). 15. Le rôle de l’accompagnateur est de fournir une méthode grâce à laquelle chaque membre du groupe entre en dialogue avec les autres, de façon consciente et délibérée, à propos de l’ordre du jour (ES 15 ; III, exp. 4, 5 et 8). 16. En période d’agitation et de désolation, il convient de se donner un cadre rigoureux pour permettre la prise de décisions claires. Déclarer : « Nous pouvons faire avec » est l’indice fréquent d’une absence d’engagement (ES 7, 10, 14, 17 et 318 à 321 ; I, chap. 3 ; II, chap. 3 ; III, exp. 4, 5 et 8) 17. Dans un groupe, la vitalité apportée par une réunion est aussi importante que le contenu des décisions. Si l’énergie et l’enthousiasme manquent, les décisions prises ne seront pas suivies d’effet (III, exp. 1 et 5). 18. Au cours d’une réunion, lorsqu’une situation de grande tension persiste, il est utile de proposer quelques minutes de silence pour que chacun prenne conscience de son état affectif. L’expression par chacun de ce contenu affectif ainsi objectivé permettra souvent le retour à une atmosphère plus sereine (I, chap. 2 ; III, exp. 5 et 6). 19. Refuser de passer ensemble le temps nécessaire en réunions est le plus grand obstacle à la croissance spirituelle d’un groupe (III, exp. 5 et 8). 20. La hâte d’en avoir fini peut empêcher certains membres d’un groupe de s’exprimer sur les enjeux qui sont réellement, à leurs yeux, à l’ordre du jour (III, exp. 1, 5 et 8). 21. Dans une équipe, plus chaque personne prend conscience de sa mission propre, de son nom de grâce personnel, plus le travail commun est unifié et fécond. En effet, la reconnaissance mutuelle des apports de chacun profite à l’ensemble et démultiplie l’énergie. (II, chap. 1, 4e approche ; III, exp. 2 et 5).

214


QUELQUES RÈGLES DE SAGESSE

22. Les objectifs conscients d’un groupe jaillissent d’un rêve, d’une expérience et d’une foi que tous partagent (II, chap. 1, 1re et 4e approches ; III, exp. 3). 23. Jamais nous ne réaliserons les rêves que nous ne nous sommes pas permis d’avoir (II, chap. 1, 1re approche ; III, exp. 3). 24. Nourrir de grandes espérances, sans qu’elles n’aient de racines dans le réel ni de chances d’impact sur celui-ci, dilapide l’énergie du groupe (III, exp. 1 et 3). 25. Manquer de vision à propos d’une situation concrète expose à prendre à la lettre son propre imaginaire inconscient (ES 5 et 23 ; II, chap. 1, 1re et 4e approches ; III, exp. 6). 26. Il est essentiel de démasquer les discours pieux et lénifiants qui ne sont pas ancrés dans la réalité (ES 176, 313, 328 ; I, chap. 3 ; III, exp. 1, 3 et 5). 27. Dieu est la vie. Il est source du réel. En étant fidèles au réel, nous sommes fidèles à Dieu (ES 23 et 234-237 ; III, exp. 1, 3 et 5). 28. Chacun est expert de sa propre expérience (I, chap. 1 ; III, exp. 1 et 5). 29. Pour entreprendre un discernement spirituel en commun, trois attitudes sont requises : le respect des différences, la confiance en Dieu et la liberté intérieure par rapport aux choix à faire (ES 22 et 23, 176, 313, 328 ; I, chap. 2 et 3 ; II, chap. 3 ; III, exp. 5 et 6). 30. « Fais confiance à Dieu comme si le succès de l’action ne dépendait que de toi, en rien de lui. Agis comme s’il allait tout faire et toi rien » (G. Hevenesi) – (ES 5 et 165-169 ; II, chap. 3 ; III, exp. 1, 2, 3 et 5). 31. Dans un groupe, faire preuve de flexibilité est un acte de justice envers chacun. Il s’agit d’honorer les différences dans ce qu’elles ont de constructif (I, chap. 2 ; III, exp. 2 et 7). 32. Si un groupe veut respecter chacun de ses membres, il doit pouvoir varier ses méthodes et ses rythmes de réunions (III, exp. 1 et 5). 33. Négliger de formuler l’ordre du jour de façon simple, claire, saisissable par tous, est une échappatoire pour ne pas former communauté (III, exp. 1 et 5).

215


EXPOSÉS ET OUTILS

34. Dans un groupe, le souci exagéré du mot adéquat peut cacher des conflits plus graves. Toutefois, au moment de formuler une décision, ce n’est pas perdre du temps que de chercher les mots justes et précis (III, exp. 1 et 5). 35. Le pouvoir ne se limite pas au pouvoir de décider. Il inclut le pouvoir d’agir, d’évaluer et de faire des recommandations 227 (III, exp. 1 et 4). 36. La principale ressource d’un groupe ne réside pas dans ses moyens en personnes, finances et bâtiments, mais dans la vitalité, le souffle et la grâce qui l’animent (III, exp. 1 et 2). 37. Un groupe est un groupe s’il a une tête et que chaque membre du corps se situe à sa place (III, exp. 4). 38. Pour qu’un groupe vive consciemment le « cycle de l’énergie », il faut que la tête coordonne la démarche du corps, en mobilisant les énergies du groupe et en veillant à ce qu’elles se régénèrent (III, exp. 1 et 4). 39. Le responsable du groupe veille à ce que tout membre, quel qu’il soit, participe au pouvoir (III, exp. 4 et 7). 40. Désigner un responsable officiel du groupe implique qu’aient été fixées la manière de procéder, l’étendue et les limites du pouvoir du responsable, la durée de son mandat et la façon d’en rendre compte (III, exp. 4). 41. S’effacer comme responsable d’un groupe, dans l’espoir que les autres vont ainsi prendre leurs responsabilités, aboutit au résultat inverse. La bonne manière de responsabiliser c’est de déléguer (III, exp. 4). 42. Plus un responsable assume des responsabilités d’ensemble, plus il doit recourir aux délégations nécessaires, tout en se considérant davantage lui-même comme garant du charisme du groupe (III, exp. 4). 43. Déléguer ne signifie pas abdiquer. Celui qui donne délégation doit s’assurer qu’elle s’exerce de façon responsable (III, exp. 4).

227. Pour le sens du mot « recommandation », cf. p. 148, note 113.

216


QUELQUES RÈGLES DE SAGESSE

44. Celui qui délègue doit veiller à ne pas reprendre subrepticement les commandes (III, exp. 4). 45. Les trois styles d’autorité (directif, consultatif, participatif) sont bons et peuvent donner à un groupe du pouvoir et de l’énergie. Le style d’autorité variera selon les situations, l’évolution et les besoins du groupe, et non selon les préférences personnelles du responsable (I, chap. 3 ; III, exp. 4). 46. C’est par délégation du groupe qu’un de ses membres y exerce le service de l’autorité. C’est également vrai lorsqu’un groupe fait sienne la nomination de son responsable, décidée par une instance autre (III, exp. 4). 47. Quelles que soient les limites ou l’étendue de son mandat officiel, le responsable dispose de l’autorité que lui reconnaît effectivement le groupe. Le pouvoir réel dans un groupe est détenu par le groupe (III, exp. 1 et 4). 48. Dans tout groupe, quelqu’un (individu ou sous-groupe) peut — et doit parfois — prendre des responsabilités sans en avoir préalablement reçu le mandat officiel. Si l’énergie ainsi générée est réintégrée dans le processus formel du cycle du pouvoir et de l’énergie, elle est constructive. Dans le cas contraire, elle détruira (III, exp. 1 et 4). 49. Assumer la responsabilité du groupe regarde non seulement le responsable officiel du groupe, mais concerne aussi tout membre, de bien des manières et en de multiples occasions (III, exp. 1 et 4). 50. Tout changement implique une perte et peut générer un gain si les individus aussi bien que le groupe font le deuil de la perte et en intègrent la souffrance. Alors seulement pourra reprendre dans le groupe un mouvement de liberté créatrice (III, exp. 3). 51. Si, pour clarifier une expérience actuelle, on en appelle à la lettre du charisme sans dynamisme ni clarté, cela peut ôter au groupe la liberté d’examiner l’ensemble des alternatives possibles (III, exp. 1, 2 et 3).

217


EXPOSÉS ET OUTILS

52. S’accrocher à un problème du passé est une manière subtile d’éviter de mettre à l’ordre du jour le problème présent (III, exp. 1 et 3). 53. Tout mouvement de personnes au sein d’un groupe ou en dehors de celui-ci affecte l’équilibre acquis. L’inquiétude qui en résulte doit être traitée de façon claire et responsable (III, exp. 1, 3, 4 et 7). 54. La vie de groupe offre aux individus la chance d’unir leurs énergies autour d’une action commune tout en développant leur personnalité propre. Encore faut-il que chacun en profite pour travailler ses projections et ses angoisses (III, exp. 1, 6 et 7). 55. Si nous entrons dans un groupe, c’est pour notre salut et non pour notre bien-être. La vie de groupe offre la chance de pouvoir grandir et progresser bien au-delà de ce dont nous serions capables en restant livrés à nous-mêmes (ES 5 et 91-98 ; III, exp. 3) 56. La consolation d’un groupe ne peut être jugée à l’aune de celle de chacun de ses membres pris individuellement (ES 6 et 7, 316 ; I, chap. 3 ; III, exp. 5 et 8). 57. Plus un dirigeant prend distance par rapport aux projections du groupe qu’il sert, plus il est libre pour le servir (III, 4 et 6). 58. Tout vrai dialogue présuppose qu’on soit plus prompt à sauver la proposition de l’autre qu’à la condamner (ES 22 ; I, chap. 2 ; III, exp. 5). 59. Si, dans un groupe, la communication manque, chacun s’isole et se désengage (I, chap. 2 ; III, exp. 1 et 2). 60. Si, lors du partage, la vulnérabilité de chacun peut être perçue et respectée par le groupe, la confiance et la vérité grandiront entre tous (I, chap. 2 ; III, exp. 1, 5 et 6). 61. Une situation de vie difficile peut occulter une force intérieure peu visible, peu mise en valeur, mais porteuse d’espérance si le groupe prend le temps de la laisser s’exprimer sans jugement de valeur (I, chap. 2 ; III, exp. 1 et 3). 62. Les faiblesses et les imperfections d’un groupe ont un aspect positif. Elles sont comme le chaos initial à partir duquel l’acte créa-

218


QUELQUES RÈGLES DE SAGESSE

teur peut venir séparer, distinguer, ordonner, renouveler (ES 50 à 52 ; III, exp. 3). 63. C’est dans l’écoute réciproque et le partage qu’un groupe se constitue peu à peu en sujet, conscient de son identité et de ses potentialités, capable de faire des choix responsables (I, chap. 2 et 3 ; III, exp. 1, 5 et 8). 64. Il apparaît parfois clairement qu’un membre ne pourra plus ni s’épanouir, ni grandir, ni progresser au sein d’un groupe. L’humble reconnaissance mutuelle de cette situation ouvre la porte à la recherche de ce qui pourra répondre le mieux aux besoins et aux attentes de cette personne, y compris l’éventualité de son départ (I, chap. 3 ; III, exp. 1, 2, 3 et 7). 65. Se réunir pour entendre une question, écouter un appel, chercher des réponses, laisse entendre que, sans encore savoir vers où l’on va, un consensus est déjà donné. Il reste à travailler la question et l’appel, à expliciter les objections, à imaginer des réponses, à articuler les possibilités qui se dessinent et à formuler aussi précisément que possible une réponse commune (I, chap. 3 et II, chap. 3 ; III, exp. 1, 5 et 8).



Annexe 1

Exemples de plannings et d’horaires Ces plannings et ces horaires ont été composés pour des groupes spécifiques. Bien qu’ils aient été préparés à l’avance, ils apparaissent ici dans leur rédaction finale. Ces exemples peuvent aider à prévoir une distribution des périodes et des exercices, mais ne sont pas des modèles à reproduire. Chaque fois, la demande du groupe ainsi que son évolution détermineront la manière d’organiser le planning.



EXEMPLES DE PLANNINGS ET HORAIRES

1. Planning de 8 jours en deux étapes

1re étape

Mercredi

Jeudi 1.1

Conversation spirituelle et prière sur l’histoire personnelle de chacun (Jn 1, 35-51)

1.2 Histoire commune et constitution de la ligne historique (Dt 7, 1-9)

Soirée : présentations personnelles et explication de la manière de faire. Prière (Mc 6, 30-31)

Soirée : relecture de vie.

Vendredi 2.1 Mouvements et sentiments suscités par la ligne historique (les sentiments de Jésus dans l’Évangile). Eucharistie.

2.2

Samedi 3.1

Regarder le Christ et entendre son appel (Lc 4, 14-21)

3.2

Rencontrer ce qui Suivre le construit et Christ détruit malgré les (Mt 13, 47-48) tentations

Dimanche 4.1 Découvrir ce qui fait vivre, ce qui rend heureux (diverses béatitudes dans l’Écriture). Exposé sur le cycle de l’énergie et du pouvoir.

4.2

Appels : que retenir comme possible pour moi, pour nous ? (Mt 13, 31-34)

5.2

À quoi, Appels pos- moi, suis-je sibles disposé, décidé ? (Mc 6, 6-13)

Confessions (Mc 10, 35-45) possibles. Plénum sur les forces de construction et de destruction. Exposé : « Qui ? Quoi ? Comment ? »

Lundi 5.1

(Lc 12, 22-32)

Eucharistie du dimanche.

Adoration avec offrande et chant final.

223


ANNEXE 1

2e étape

Jeudi

Vendredi 6.1

Mon nom de grâce (Lc 10, 17-20 et quelques autres références)

6.2 Le nom de grâce de notre groupe (Mc 1, 10-11 et Ep 4, 4-6)

Soirée : rappeler les exposés « Qui ? Quoi ? ComSoirée : faire ment ? » ; le point : « identité – qu’avonsvocation – nous mission » ; réalisé ? At- « cycle de tentes et l’énergie et désirs ? du pouvoir » ; la ligne historique et y lire le « nom de grâce ».

224

Samedi 7.1

Dimanche 8.1

Exposé « Vie – mort Contem– résurrecplation tion » pour ob(Lc 24, 13-25 : tenir la croix et la l’amour résurrection éclairent notre engagement)

7.2

Le combat quotidien (Même texte que 7.1)

(Sg 11, 24 à 12, 2)

8.2 Dieu est bon en nous, à travers nous, pour les autres (Rm 8, 31-39)

Soirée : exposé sur Eucharistie l’autorité et finale. réflexions à ce sujet.


17 h 00 : Groupes

18 h 00 : Plénum

21 h 00 : Présentations + attentes

20 h 00 : Eucharistie

19 h 00 : Repas

16 h 30 : Pause

20 h 30 : Prière personnelle

22 h 00 : Prière finale

Groupes

Repas

Eucharistie

Plénum

Pause

Prière pers.

Notre monde brisé

2.2

15 h 30 : Prière pers.

15 h 15 : Mon nom de grâce

14 h 30 : plénum

1.2

Repas

Plénum

11 h 00 : Groupes

12 h 00 : Repas

Groupes

10 h 45 : Pause

Célébration pénitentielle

Après-midi de silence

Ma responsabilité personnelle

3.2

Plénum

Groupes

Prière personnelle

Prière pers.

Pause

Nos ornières en congrégation

Jeudi 3.1

Notre expérience de congrégation

Laudes

Mercredi 2.1

9 h 45 : Prière personnelle

9 h 00 : Mon histoire sainte (explication et feuille).

8 h 40 : Laudes

Mardi 1.1

20 h 00 : Introduction à la retraite : présupposés, méthode…

18 h 30 : Repas

16 h 00 : Arrivée

Lundi

Eucharistie avec offrande

Groupes

Prière personnelle

La vie cachée

4.2

Partage en plénum

Prière personnelle

Contemplation du Christ qui nous appelle à partager sa vie

Vendredi 4.1

Partage en plénum directement

Reconnaître et accueillir les grâces

5.2

Plénum

Groupes

Prière personnelle

Les forces de vie et d’illusion

Samedi 5.1

Prière personnelle

Élection personnelle

6.2

Plénum sur les appels

Groupes : Dégager trois appels

Prière personnelle

Quels appels pour nous ?

Dimanche 6.1

Plénum

Groupes

Prière personnelle

La présence du Ressuscit

7.2

Plénum

Groupes

Prière personnelle

Moyens concrets à choisir pour répondre aux appels

Confirmation de l’appel personnel

Lundi 7.1

EXEMPLES DE PLANNINGS ET HORAIRES

2. Planning de retraite de 7 jours

225


ANNEXE 1

3. Horaire d’un week-end ESDAC

Vendredi soir À l’accueil, un tableau pour inscrire les attentes, puis repas. • 20 h 15 : • Présentation mutuelle : - un personnage de la Bible en qui je me retrouve - avec quoi j’arrive ce soir • 20 h 1 • Présentation de la retraite par les accompagnateurs ESDAC - les trois temps de la prière • 21 h 30 : Prière du soir

Samedi • 8 h 45 : Prière du matin • 9 h 00 : Présentation de la journée, de la conversation spirituelle, de la feuille « Histoire sainte personnelle » • 9 h 45 : Prière personnelle • 10 h 45 : Pause • 11 h 00 : Petits groupes • 12 h 00 : Plénum • 12 h 30 : Repas • 14 h 00 : Présentation de la feuille « Histoire sainte du groupe » (événements et sentiments) • 14 h 15 : Prière personnelle • 15 h 00 : Petits groupes • 16 h 00 : Pause • 16 h 30 : Plénum : événements relus dans l’histoire du groupe • 17 h 00 : Plénum : sentiments suscités par les événements • 17 h 45 : Pause

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EXEMPLES DE PLANNINGS ET HORAIRES

• 18 h 00 : Sur place, travail avec le groupe devant la ligne historique afin de dégager la grâce fondatrice et nos infidélités à cette grâce (+ exposé « Vie – mort – résurrection ») • 18 h 45 : Repas • 20 h 30 : À la chapelle, donner les feuilles sur « Les grâces et ombres du groupe » et « Ma participation personnelle aux infidélités à la grâce ». Possibilité de confession et adoration de nuit

Dimanche • 9 h 00 : Se remettre devant le chemin parcouru hier • 9 h 30 : « Contemplation de la manière d’agir de Jésus » : le Baptême de Jésus (évangile du jour) (prière personnelle et pas de petits groupes) • 11 h 00 : Plénum : partage de la prière personnelle et proposition de quelques interpellations qui se dégagent pour le groupe • 12 h 30 : Repas • 14 h 00 : « Quel pas concret » ? Pour moi — pour le groupe — pour être plus fidèle à la grâce du groupe et à la manière de faire de Jésus : prière personnelle • 15 h 00 : Eucharistie finale au cours de laquelle se fait le plénum.

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ANNEXE 1

4. Planning incorporant la démarche de conversion et la formation pour des responsables de communautés

Un groupe constitué pourrait faire appel à ESDAC sans pour autant vouloir entreprendre la « démarche de discernement en commun », son souhait étant de prendre un temps de prière et de réflexion ou de formation sur un point précis. Parfois, il s’agira d’aider le groupe à une évaluation ou à élaborer des projets d’avenir. Parois, il s’agira d’une demande de formation ou de préparer une élection. La manière de procéder d’ESDAC pourra s’adapter à la demande. En s’appuyant sur les Exercices spirituels, l’équipe d’animation intégrera au parcours des exposés et des outils d’ESDAC ou encore des techniques de groupe répondant aux besoins exprimés et aboutissant à une prise de décision. Ci-contre, le planning d’une telle réalisation sur le thème particulier de l’autorité, destiné à des responsables de communautés. Les éléments de démarche de conversion sont notés en romain, ceux qui regardent la formation, en italique.

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EXEMPLES DE PLANNINGS ET HORAIRES

Vendredi

Samedi 1.1

Dimanche 2.1

Lundi 3.1

Topo : pouvoir, autorité Histoire sainte personnelle : Jésus Berger (Ps 23) Exposé : conversation spirituelle

1.2

Présentation - des participants - du thème - de la méthode de travail et d’ESDAC. 18 h 30 : repas

Retour de mission (Mc 6, 30-32) : mes joies et mes difficultés dans la relation d’obéissance et d’autorité En fin de plénum : quel est l’essentiel de ma mission de responsable ? Exposé : Qui ? Quoi ? Comment ?

CélébraLe bon Berger tion de la (Jn 10, 11.14) miséricorde Exercice Ce qui d’évaluation m’aide à de la célébrabien vivre ma mission tion de la de respon- miséricorde sable Exposé : Cycle de En fin de plénum : ce l’énergie qui me met Temps peren consola- sonnel tion

2.2

Mardi 4.1

Écoute active : jeu de rôle (argent emprunté et non rendu) Relecture Exposé : trois manières de vivre l’autorité Temps personnel Plénum

Mercredi 5.1 « Pierre m’aimes-tu ? » (Jn 21, 15-19)

Appels personnels Les placer sur la feuille du Qui ? Quoi ? Comment ? Groupes : Partage sur l’engagement personnel et expérience du feedback Eucharistie

3.2

4.2

5.2

Mener une réunion communautaire : jeu de rôle (usage des téléphones) Relecture Exposé : le discernement communautaire

Relecture des dons et des grâces reçus au cours de la session Groupes. Plénum : remontée libre

Évaluation de la session Faire des recommandations et voir à qui les remettre Célébration d’envoi et prière fraternelle (Jn 15, 1-11)

Le faux pasteur et le mercenaire (Jn 10, 10.12)

Ce qui ne m’aide pas à vivre ma mission En fin de plénum : ce qui me met en désolation Donner la feuille pour préparer la célébration du lendemain matin : responsabilité personnelle

229


ANNEXE 1

5. Planning d’un processus réparti sur trois années Expérience de l’Arche

L’Arche est une fédération regroupant des communautés de foi. Certaines de ces communautés sont chrétiennes, d’autres œcuméniques, d’autres pluriconfessionnelles. Les convictions, les appartenances religieuses et les références culturelles des membres de l’Arche sont donc diversifiées. Les communautés sont constituées de personnes ayant une déficience au niveau intellectuel, et d’autres qui partagent leur vie et s’engagent dans des relations de simplicité et de réciprocité. Ce « vivre avec » se réalise dans des maisons de type familial, des ateliers, des écoles ou des centres de jour. Près de quarante ans après sa fondation par Jean Vanier, l’Arche se sentait à un grand tournant de son histoire. De 2003 à 2005, elle a entrepris un vaste processus de discernement pour réfléchir sur son identité et sa mission aujourd’hui. Le discernement a été proposé à tous avec des niveaux d’implication adaptés à chacun, soit environ 5 000 personnes dans 126 communautés réparties dans 31 pays. Le processus, appelé « Identité – mission », s’est déroulé en trois étapes échelonnées sur trois ans : - la PREMIÈRE ÉTAPE a permis de partager les histoires personnelles et communautaires, et de préciser les aspects essentiels de l’identité de l’Arche ; - la DEUXIÈME ÉTAPE, plus éprouvante émotionnellement, a été le moment de nommer les obstacles et les pièges qui empêchent l’Arche d’être fidèle à son identité ; - la DERNIÈRE ÉTAPE a servi à définir la mission de l’Arche aujourd’hui. Un énoncé d’identité et de mission, concis et parlant, a pu être rédigé. Il exprime le consensus.

230


EXEMPLES DE PLANNINGS ET HORAIRES

Pour conduire ce processus, des feuilles de prière ont été rédigées. Des animateurs ou « facilitateurs » de rencontres ont été recrutés. Chaque année, les résultats de l’étape furent collationnés par un comité international de pilotage d’une trentaine de personnes. Mettant en commun les fruits de ce qui avait été vécu dans chacune des communautés et dans chaque groupe de réflexion, le comité de pilotage pratiquait lui-même la conversation spirituelle et le discernement communautaire tels qu’ils sont présentés dans ce manuel. Le fruit de ce processus est exposé sur le site Web de l’Arche : www.larche.org 228.

228. Cliquer sur « l’Arche », puis sur « L’identité et la mission ».



Annexe 2

Exemples de feuilles de prière Rédigées pour des publics particuliers dont la diversité se ressent dans l’expression, ces feuilles sont données à titre d’exemples. Les accompagnateurs veilleront donc à composer chaque fois leurs propres feuilles de prière, adaptées à l’objectif poursuivi et au groupe qu’ils accompagnent. La numérotation des feuilles n’est prévue que pour faciliter leur consultation. Elle n’implique évidemment pas qu’une telle séquence représente un modèle de démarche ESDAC.



Feuilles de prière pour le Fondement

☞ Exercice 1 : « Mes désirs les plus profonds » • CONTEXTES – « Les deux disciples […] suivirent Jésus. Celui-ci se retourna, vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » » (Jn 1, 3738). – « Il leur demanda : « Que voudriez-vous que je fasse pour vous ? […] —… de siéger l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire » […]. La coupe que je vais boire, vous la boirez… » (Mc 10, 35- 45). – Jamais tu ne réaliseras les rêves que tu ne t’es pas permis d’avoir. • IMAGE. Je m’imagine à un tournant très important de ma vie, face à une décision capitale. • GRÂCE À DEMANDER. Demander à Dieu la grâce que je prenne conscience de mes désirs les plus profonds et les plus vrais. • PISTES – Que souhaiterais-je avoir réalisé, « réussi », de plus important dans ma vie ? – Quels sont mes rêves, mes attentes les plus grands par rapport à : - ma vie de couple ? - ma vie de famille ? - ma vie professionnelle ?

235


ANNEXE 2

– Déployer ce qu’il m’est donné de découvrir et de sentir, là où je sens du goût. Car c’est cela qui va me nourrir et nourrir le partage en groupe. • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. À propos des désirs qu’Il a mis en moi, converser avec le Seigneur, comme un ami partage avec son ami. • CONCLUSION. Décider ce que je vais partager au petit groupe.

☞ Exercice 2 : « Mon histoire sainte » • CONTEXTE « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers des eaux tranquilles et me fait revivre ; Il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom. Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal Car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure. Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; Tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante. Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie ; J’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours. » (Ps 22) • IMAGE. Par le regard de l’imagination, je relis ma vie avec le Seigneur et je revois tout ce que j’ai vécu avec lui. • GRÂCE À DEMANDER. Demander au Seigneur de me montrer combien il m’aime et m’a conduit dans ma vie jusqu’à ce jour. • PISTES – Après avoir prié le psaume, je laisse remonter en moi les événements, visages, expériences, situations… ce qui fut pour moi « prés d’herbe fraîche ou ravins de ténèbres, eaux tranquilles ou justes che-

236


EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

mins », où j’ai fait l’expérience que Dieu me conduisait, me guidait, me rassurait. – Je prends conscience et je nomme les émotions, les sentiments, les mouvements (joie, colère, découragement, doute, peur…) que ces événements ont suscités en moi. – Je demeure là où le Seigneur se donne à moi et goûte sa présence agissante et aimante. • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Je remercie le Seigneur de m’avoir accompagné et aimé avec douceur et fidélité tout au long des années. • CONCLUSION. Noter brièvement ce que je désire partager au groupe.

☞ Exercice 3 : « L’histoire sainte de notre groupe

– les événements »

• CONTEXTE « Si le Seigneur s’est attaché à vous, s’il vous a choisis, ce n’est pas que vous soyez le plus nombreux de tous les peuples, car vous êtes le plus petit de tous. C’est par amour pour vous, et par fidélité au serment fait à vos pères, que le Seigneur vous a fait sortir par la force de sa main, et vous a délivrés de la maison d’esclavage et de la main de Pharaon, roi d’Égypte. Vous saurez donc que le Seigneur votre Dieu est le vrai Dieu, le Dieu fidèle qui garde son Alliance et son amour pour mille générations à ceux qui l’aiment et gardent ses commandements » (Dt 7, 7-9). • IMAGE. Revoir, par le regard de l’imagination, l’histoire de notre groupe depuis que je l’ai rejoint. • GRÂCE À DEMANDER. Demander ce que je veux et désire : reconnaître et accueillir les événements qui ont marqué notre histoire et dans lesquels Dieu était et est présent.

237


ANNEXE 2

• PISTES – Considérer dans le texte du Deutéronome la longue fidélité de Dieu. – Me remettre en mémoire, comme de simples faits, les événements qui, selon moi, sont les plus significatifs de l’histoire de notre groupe : - moments heureux ou difficiles, - moments de communion ou de distance, de conflit, - moments de fécondité ou de découragement, etc. – Voir et reconnaître dans la foi comment, à travers tout ce vécu, Dieu nous a été présent et nous a conduits. • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Remercier le Seigneur de sa présence invisible, mais bien réelle tout au long de notre histoire. • CONCLUSION. Je note ce que je souhaite partager au groupe du fruit de ma prière. • EN PETIT GROUPE. Après avoir écouté chacun, et après un bref moment de réflexion silencieuse, le groupe note, par ordre d’importance, les trois ou quatre événements qui lui semblent les plus importants de son histoire. Le groupe cherche à se formuler en quoi ces événements sont pour lui majeurs.

☞ Exercice 4 : « L’histoire sainte de notre groupe

– nos sentiments »

• CONTEXTES – « À ce moment, Jésus exulta… » (Lc 10, 21) – « Jésus fut bouleversé d’une émotion profonde… Alors Jésus pleura » (Jn 11, 34-35) – « Quand Jésus fut près de la ville, il pleura sur elle » (Lc 19, 41) – « Il commence à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit : « mon âme est triste à en mourir » (Mc 14, 34)

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

– « Il s’étonna de leur manque de foi » (Mc 6, 6). • IMAGE. Voir le Seigneur cheminer avec nous tout au long de notre histoire selon sa promesse : « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps » (Mt 28, 20). • GRÂCE À DEMANDER. Demander la grâce, face à la ligne historique de notre groupe, de laisser monter en moi les émotions, les sentiments, les mouvements intérieurs suscités par les événements et qui m’habitent encore. Demander de pouvoir les accueillir, les reconnaître, les nommer sans jugement. • PISTES – À partir des textes de l’Écriture ci-dessus, voir Jésus laisser monter en lui toute la gamme des sentiments humains. – Face à la ligne historique de notre groupe et en me rappelant la tonalité de nos échanges à ce propos, m’efforcer de laisser monter en moi ce que je ressens. • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Dialoguer avec le Seigneur à propos de ce que j’éprouve. Lui dire ce que je ressens. • CONCLUSION. Je note ce que je souhaite et décide de partager au petit groupe.

☞ Exercice 5 : « Dans notre histoire sainte, reconnaître

la grâce de Dieu »

• CONTEXTE – « Le Royaume des cieux est encore comparable à un filet qu’on jette dans la mer, et qui ramène toutes sortes de poissons. Quand il est plein, on le tire sur le rivage, on s’assied, on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien. Ainsi en sera-t-il à la fin du monde : les anges viendront séparer les

239


ANNEXE 2

méchants des justes et les jetteront dans la fournaise : là il y aura des pleurs et des grincements de dents » (Mt 13, 47-50). – « Moïse convoqua tout Israël et lui dit : “Écoute, Israël (….). Le Seigneur notre Dieu a conclu avec nous une alliance à l’Horeb. Ce n’est pas avec nos pères que le Seigneur a conclu cette alliance, mais avec nous-mêmes, tous ici vivants aujourd’hui.” […]. Il dit : “Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir de l’Égypte, de la maison de servitude. Tu n’auras point d’autre dieux devant ma face” » (Dt 5, 1-7, trad. Bible pastorale, Maredsous). • IMAGE. Voir le Seigneur cheminant avec nous, partageant notre histoire, attentif à nos sentiments. • GRÂCE À DEMANDER. Demander la grâce de pouvoir identifier dans ces événements et à travers ces mouvements intérieurs ce qui, selon moi, relève de l’initiative de Dieu. • PISTES – Me remettre en mémoire ce que nous avons partagé en faisant notre ligne historique. – Y a-t-il une signification, des significations, qui se dégagent ? – Où puis-je y voir l’action de Dieu… même si elle a été parfois difficile à accueillir et à vivre ? – Comment nommer cette grâce qui est propre à notre groupe ? Comment la décririons-nous à quelqu’un d’extérieur au groupe ? • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Rendre grâce au Seigneur. • CONCLUSION. Rassembler ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière.

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

☞ Exercice 6 : « Mon image de Dieu » • CONTEXTE « La parole du Seigneur lui fut adressée : “Sors dans la montagne et tiens-toi devant le Seigneur, car il va passer.” À l’approche du Seigneur, il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau, il sortit et se tint à l’entrée de la caverne. Alors il entendit une voix qui disait : “Que fais-tu là, Élie ?” Il répondit : “J’éprouve une ardeur jalouse pour toi, Seigneur, Dieu de l’univers, car les fils d’Israël ont abandonné ton Alliance, renversé tes autels, et tué tes prophètes par l’épée. Je suis le seul à être resté et ils cherchent à me tuer.” » (1 R 19, 11-14). • IMAGE. Par le regard intérieur, je me mets en présence de Dieu tel qu’il s’est révélé dans ma vie. • GRÂCE À DEMANDER. Demander au Seigneur un approfondissement de la connaissance intérieure : – de qui il est pour moi, tel que je l’ai expérimenté ; – de ma relation avec lui. • PISTES Choisir parmi les pistes suivantes celles qui m’aident davantage : – Comment Dieu m’a-t-il été révélé ? Quelles sont mes expériences fortes de lui ? – À travers ces expériences, quels sont les sentiments que je perçois davantage en lui et qui me touchent : compassion, exigence, bienveillance, douceur… ? – Quels sont les passages de l’Écriture qui me parlent le plus de Dieu, qui m’ont aidé à le connaître, à le rencontrer ?

241


ANNEXE 2

– Quelle œuvre littéraire, ou musicale, quelle peinture… ? – Quels aspects de la création expriment pour moi quelque chose de Dieu ? – Quels événements du monde, m’ont révélé, me révèlent qui est Dieu ? – Finalement… qui est Dieu pour moi ? • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Je converse familièrement avec le Seigneur, tel qu’il se révèle à moi. • CONCLUSION. Je rassemble ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière.

☞ Exercice 7 : « L’image de Dieu de notre groupe » • CONTEXTES – « Il y eut un ouragan, si fort et si violent qu’il fendait les montagnes et brisait les rochers, mais le Seigneur n’était pas dans l’ouragan ; et après l’ouragan, il y eut un tremblement de terre, mais le Seigneur n’était pas dans le tremblement de terre ; et après ce tremblement de terre, un feu, mais le Seigneur n’était pas dans ce feu ; et après ce feu, le murmure d’une brise légère. Aussitôt qu’il l’entendit, Élie se couvrit le visage avec son manteau » (1 R 19, 11-13). – « L’Esprit du Seigneur… m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres » (Lc 4, 18). – « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits…, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). – « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lc 22, 27). – « Ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi » (1 Co 1, 27). – « Ce que nous avons entendu…, contemplé, vu…, c’est le Verbe, la Parole de vie… nous vous annonçons » (1 Jn 1, 1-3).

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

• IMAGE. Je laisse venir à moi l’image de Dieu avec laquelle, spontanément, j’associe notre groupe. • GRÂCE À DEMANDER. Demander la grâce de prendre conscience de l’image que Dieu nous révèle de lui-même dans notre groupe. • PISTES – Me remettre en mémoire les expériences, les rencontres les plus significatives où j’ai « entendu », « vu », « senti », « touché », « contemplé » la présence de Dieu dans notre groupe. – Chercher ce qui, selon moi, dépeint tout particulièrement Dieu tel qu’il se révèle à notre groupe : symboles, images, photographies, peintures, musiques, éléments de la nature, textes de la Bible, de la littérature (poésie, sagesse…). – À partir de cela, j’essaie de décrire aussi précisément que possible ce Dieu que, dans notre groupe, j’ai « entendu », « vu », « senti », « touché »…. Ne pas hésiter à être très concret. • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Je prends du temps avec Dieu tel qu’il se révèle dans notre groupe. • CONCLUSION. Je rassemble ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière.

☞ Exercice 8 : « Mon nom de grâce » • CONTEXTE « Jésus leur dit : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suisje ? » Prenant la parole, Simon Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle. » » (Mt 16, 15-18).

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ANNEXE 2

• IMAGE. Je revois, par le regard de l’imagination, les circonstances, les personnes, les événements, bref tout ce qui a façonné ma vie de manière unique et me fonde aujourd’hui. J’imagine Jésus marchant auprès de moi tout au long de cette route. • GRÂCE À DEMANDER. Je demande au Seigneur de mieux pénétrer la relation qui m’unit à lui : qui il est pour moi et qui je suis à ses yeux. Je lui demande d’accueillir le nom qu’il me donne. • PISTES À CHOISIR – Contempler la scène évangélique. – Dans ma relation à Dieu, quelle est l’expérience centrale — la plus grande grâce — qui éclaire ma vie ? – Une fois au moins dans ma vie me suis-je senti spontanément proche de Dieu, tourné vers Lui, uni à Lui ? Me remémorer cette grâce et l’exprimer avec mes mots d’aujourd’hui. – De quels dons très particuliers Dieu m’a-t-il doté ? Comment formulerais-je ma vocation, ma mission personnelle en ce monde ? Que diraient les personnes de mon entourage à ce sujet ? – Quand m’est-il arrivé de donner le meilleur de moi ? Quand aije pu dire : « Ça, c’est vraiment moi » ? – Dans quelles circonstances me suis-je senti le plus en harmonie avec moi-même, avec les autres, avec Dieu ? • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Je remercie le Seigneur de m’aimer personnellement, de manière unique, d’inscrire en moi un trait de son visage qui fonde mon être et ma mission. • CONCLUSION. Je rassemble ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière.

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

☞ Exercice 9 : « Le nom de grâce de notre groupe » • CONTEXTES – L’histoire de Noé (cf. Gn 6.7.8.9,1-17). – « Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix du Dieu vivant ? (Dt 4, 33). – « Il appela ses disciples, en choisit douze et leur donna le nom d’apôtres » (Lc 6, 13). • IMAGE. J’essaie de me former une image représentant notre groupe quand, selon moi, il est pleinement fidèle à lui-même, pleinement fidèle à la vision que Dieu a sur lui. • GRÂCE À DEMANDER. Demander à Dieu de découvrir ou d’éclairer le nom de grâce de notre groupe ; ce qu’est ce groupe à ses yeux ; la grâce dont il est porteur pour ses membres et pour le monde. • PISTES – Je reprends tout ce qui a été vécu depuis le début de ce parcours de discernement : prières personnelles, partages en groupe de réflexion, cheminement en communauté. – Où et quand ai-je senti que notre groupe expérimentait une plus grande joie, paix, confiance, espérance, amour, force, énergie ? – Qu’est-ce que ces expériences révèlent de ce qu’est notre groupe ? – Qu’est-ce que les personnes autour de notre groupe disent de lui ? Quels dons lui reconnaissent-elles ? – Par quelles expériences ai-je senti que notre groupe apportait quelque chose au monde, à la société environnante, ou que notre groupe pouvait être un signe ? Lequel ? • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Je confie à Dieu ce que j’ai mieux compris du groupe, j’écoute ce que Dieu désire m’en dire.

245


ANNEXE 2

• CONCLUSION. Je rassemble ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière. • EN GROUPE. Écrire, ensemble, quels sont les éléments essentiels qui caractérisent le groupe et son nom de grâce.

246


EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

Feuilles de prière pour la Première Semaine

☞ Exercice 10 : « Le péché dans notre monde brisé » • CONTEXTES – « La lumière brille dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée… Le Verbe était la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans ce monde. Il était dans le monde, lui par qui le monde s’était fait, mais le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu » (Jn 1, 5.9-11). – « Les désordres, si souvent rencontrés dans l’ordre social, proviennent en partie des tensions existant au sein des structures économiques, politiques et sociales. Mais, plus radicalement, ils proviennent de l’orgueil et de l’égoïsme des hommes qui pervertissent aussi le climat social… Voici que toute la vie des hommes, individuelle et collective, se manifeste comme une lutte, combien dramatique, entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres » (concile Vatican II, Gaudium et Spes, nos 25, 3 et 13, 2). • IMAGE. Par le regard de l’imagination, je me vois impliqué dans le monde d’aujourd’hui, monde brisé et séparé de Dieu. • GRÂCE À DEMANDER. Demander à Dieu de prendre conscience des désordres et des blessures, du mal, du péché qui affectent notre monde et le prier d’en avoir le cœur touché. • PISTES – Écouter le texte de saint Jean et celui du Concile. – Contempler la carte du monde et les lieux où les personnes et le Christ lui-même sont aujourd’hui en croix.

247


ANNEXE 2

– Quelles sont les situations de mal, de péché, vues, entendues, expérimentées dernièrement dans mon environnement proche ? – Voir et sentir combien la puissance des ténèbres en action dans tous ces désordres et tensions brise le cœur de Dieu. • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Imaginant le Christ notre Seigneur devant moi, placé sur la croix, lui demander comment lui, le Créateur, il en est venu à se faire homme et à mourir pour nos péchés. Et moi… qu’est-ce que je fais ? (ES 53) • CONCLUSION. Je rassemble ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière.

☞ Exercice 11 : « Le péché du groupe » • CONTEXTES – « Est-ce qu’une nation a jamais changé ses dieux ? Et ce ne sont même pas des dieux ! Mon peuple, lui, a changé celui qui est sa gloire contre des dieux sans pouvoir […] ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive, et ils se sont creusé des citernes : des citernes fissurées, qui ne retiennent pas l’eau » (Jr 2, 11 et 13). – « À qui demande comment une telle misère peut être surmontée, les chrétiens confessent que toutes les activités humaines, quotidiennement déviées par l’orgueil de l’homme et l’amour désordonné de soi, ont besoin d’être purifiées et amenées à leur perfection par la croix et la résurrection du Christ » (Vatican II, Gaudium et Spes, no 37, 4). • IMAGE. Par le regard de l’imagination, je nous vois dans notre vécu quotidien de groupe. • GRÂCE À DEMANDER. Demander à Dieu de prendre conscience du mal et du péché (habitudes, attachements désordonnés, rancunes,

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

critiques…) à l’œuvre chez nous. Demander d’en éprouver de la douleur afin de nous tourner vers Dieu. • PISTES – Écouter les textes du prophète et du Concile. – Parcourir les lieux, circonstances, relations, manières d’être et de faire qui nous sont habituelles dans le groupe : voir et sentir comment la puissance du mal y est à l’œuvre. Voir et sentir combien ce péché fausse et brise les relations et blesse le cœur de Dieu. – Chercher à repérer et nommer deux ou trois « ornières » dans lesquelles nous nous enlisons habituellement. • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR – Demander à Notre-Dame qu’elle nous obtienne la grâce de son Fils et Seigneur pour trois choses (ES 63) : - Que nous sentions une connaissance intérieure de nos péchés et que nous les ayons en horreur. - Que nous sentions notre désordre, afin que l’ayant en horreur, nous nous réformions et ordonnions notre vie. - Que nous demandions la connaissance du « monde », afin que l’ayant en horreur, nous écartions de nous ce qui est vain et « mondain ». – De même au Fils, afin qu’il nous l’obtienne du Père. – De même au Père, afin qu’il nous l’accorde. • CONCLUSION. Je rassemble ce que je souhaite partager au groupe du fruit de ma prière. • PETIT GROUPE. Formuler et noter deux ou trois « ornières » dans notre manière de vivre en groupe.

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ANNEXE 2

☞ Exercice 12 : « Le péché : ma responsabilité personnelle » • CONTEXTE « Le Seigneur envoya vers David le prophète Nathan qui alla le trouver et lui dit : “Dans une même ville, il y avait deux hommes ; l’un était riche et l’autre était pauvre. Le riche avait des brebis et des bœufs en très grand nombre. Le pauvre avait tout juste une petite brebis qu’il avait achetée. Il la nourrissait, et elle grandissait chez lui avec ses enfants, elle mangeait de son pain, elle buvait dans sa coupe, elle dormait tout près de lui : elle était comme sa fille. Un jour, un voyageur se présenta chez l’homme riche. Celui-ci, voulant nourrir son hôte tout en ménageant ses troupeaux, alla prendre la brebis du pauvre, et la prépara pour le voyageur…” En entendant cela, David entra dans une grande colère contre cet homme, et dit à Nathan : “Je le jure par le Seigneur qui est vivant : l’homme qui a fait cela mérite la mort ! Et il remboursera la brebis au quadruple, pour avoir commis une telle action et n’avoir pas eu de pitié.” Alors Nathan dit à David : « Cet homme, c’est toi ! […] » David dit à Nathan : “J’ai péché contre le Seigneur !” » (2 S 12, 1-7 ; 13). • IMAGE. Me voir, avec le Seigneur, dans mon groupe et mes engagements. • GRÂCE À DEMANDER. Demander à Dieu la grâce de voir plus clairement ma responsabilité personnelle dans les blessures, le mal, le péché qui affectent notre groupe. Je demande d’en avoir le cœur touché et d’en être confondu. • PISTES – Ruminer l’histoire de David. – Considérer et peser tout ce qui a été partagé : péché du monde, péché dans mon groupe. – Regarder ma vie : mon groupe, mes relations, les liens structurels où je suis engagé, la mission qui m’est confiée… Reconnaître et sentir comment je suis partie prenante du péché du

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

monde et des ornières de mon groupe et combien je laisse le mal prendre emprise sur moi. – Qu’est-ce qui m’est le plus douloureux, le plus lourd à accepter ? – Préparer ma manière de participer à la célébration commune de la réconciliation par un objet, un geste, une parole… • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Considérer qui est Dieu contre lequel j’ai péché. Quelles difficultés il a avec moi ! Cri d’admiration et de reconnaissance, avec une profonde émotion : je suis toujours en vie (ES 60). Dieu continue à s’offrir lui-même à moi, malgré ma faiblesse ! Former le propos de m’amender à l’avenir, avec sa grâce.

☞ Exercice 13 : « Nos lieux de liberté et de non liberté » • CONTEXTES – « Beaucoup l’interpellaient vivement pour le faire taire, mais il criait de plus belle… » (Mc 10, 48) ; – « Laisse les morts enterrer leurs morts » (Lc 9, 60) ; – « Le vent souffle où il veut » (Jn 3, 8) ; – « L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c’est un Esprit qui fait de vous des fils (Rm 8, 15) ; – « Or vous, frères, vous avez été appelés à la liberté » (Ga 5, 13). • IMAGE. Je me forme une image de notre groupe et de ses membres lorsqu’ils sont ligotés, emprisonnés, liés… • GRÂCE À DEMANDER. Demander la grâce de pouvoir nommer tout ce qui nous tient encore emprisonnés et nous empêche d’être pleinement libres pour répondre à l’appel de Dieu.

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ANNEXE 2

• PISTES – Qu’est-ce qui, en moi, dans mes rapports avec le groupe : - entraîne, stimule, pousse à une vraie liberté ? - ou, au contraire, freine, entrave, enchaîne ? – À partir de mon expérience, quels sont, selon moi, le ou les domaines où le groupe manque de liberté ? – Qu’est-ce qui nous empêche de vivre vraiment dans l’Esprit de liberté : peurs, préjugés, ressentiments, etc. ? – Quelle est ma part de responsabilité dans ce qui empêche le groupe de vivre en pleine liberté ? • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Lui parler cœur à cœur de ce qui entrave ma liberté. Lui demander sa grâce de nous rendre vraiment libres. • CONCLUSION. Je rassemble ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière.

☞ Exercice 14 : « Les ornières de notre groupe » • CONTEXTE « Mon peuple, lui, a changé celui qui est sa gloire contre des dieux sans pouvoir. Cieux, soyez-en consternés, horrifiés, épouvantés ! Mon peuple a commis un double péché, déclare le Seigneur : ils m’ont abandonné, moi, la source d’eau vive, et ils se sont creusé des citernes : des citernes fissurées, qui ne retiennent pas l’eau » (Jr 2, 11-13). • IMAGE. Par le regard intérieur de l’imagination, je vois notre communauté insérée dans le monde d’aujourd’hui. • GRÂCE À DEMANDER. Demander à Dieu de prendre conscience du mal, du péché à l’œuvre dans notre groupe et dans nos engagements, de

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

nos résistances à l’action de Dieu. Demander d’en éprouver de la douleur. • PISTES – Parcourir les lieux, circonstances, relations, manières d’être et de faire qui nous sont habituels. Voir, sentir, nommer la puissance du mal à l’œuvre parmi nous. – Voir et sentir combien cela blesse le cœur de Dieu. – Repérer et nommer deux ou trois ornières majeures dans lesquelles, comme groupe, nous nous enlisons habituellement. – Quelles difficultés Dieu a-t-il avec nous ? Quelles sont nos résistances à son action ? Avec quelles conséquences ? • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Parler avec le Christ en croix, en communion avec l’humanité brisée par les conflits, les rivalités, la violence, la jalousie, l’orgueil… • CONCLUSION. Je rassemble ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière. En petits groupes : mettre par écrit deux ou trois ornières principales du groupe, pour préparer le plénum.

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ANNEXE 2

Feuilles de prière pour la Deuxième Semaine

☞ Exercice 15 : « Le Christ qui nous appelle à partager

sa vie »

• CONTEXTE [Paraphrase du texte du Règne d’Ignace (ES 92-96).] – Me représenter un roi humain, leader généreux, selon le cœur de Dieu, estimé de tous. Ce roi parle ainsi à son peuple : « Ma volonté est de conquérir tous les territoires insoumis. Pour cela celui qui voudra venir avec moi devra se contenter de la même nourriture que moi, de la même boisson, du même vêtement… Il devra aussi, avec moi, peiner le jour et veiller la nuit pour prendre part ensuite, avec moi, à la victoire, comme il l’aura prise à la peine. » Considérer comment ses sujets doivent répondre à un tel roi. Celui qui resterait sourd à une telle requête se couvrirait de honte et mériterait d’être tenu pour lâche. – Combien ne devons-nous pas prêter plus d’attention encore au Christ, notre Seigneur, Roi éternel. Il appelle tout l’univers, en même temps que chacun en particulier. Il dit : « Ma volonté est de conquérir le monde entier et tous les ennemis, et d’entrer ainsi dans la gloire de mon Père. Pour cela, celui qui voudra venir avec moi doit peiner avec moi afin que, me suivant dans la souffrance, il me suive aussi dans la gloire ». • IMAGE. Voir Jésus, Christ et Seigneur, appelant l’univers entier, en même temps que moi, que nous. • GRÂCE À DEMANDER. Demander la grâce de ne pas rester sourd à l’appel de Jésus Christ.

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

• PISTES – Comparer les deux rois et leurs appels respectifs. Je tire profit de cette comparaison. – Dans l’Évangile tel que je le connais, quels sont les gestes, les attitudes, les manières de faire, les paroles de Jésus Christ qui me touchent davantage et qui éveillent en moi le désir d’être avec lui et d’agir comme lui ? – Quels sont les textes de l’Évangile qui me donnent le goût de répondre à l’appel du Seigneur, de me mettre à son service, de partager sa destinée ? – Demeurer là où je sens que Jésus le Christ, mon Seigneur, se donne à moi. • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Exprimer au Seigneur mon désir et ma détermination de le suivre comme il le souhaite. • CONCLUSION. Rassembler ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière.

☞ Exercice 16 : « Notre offrande commune » • CONTEXTE « Il les interrogeait de nouveau : “Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?” Pierre prend la parole et répond : “Tu es le Messie.” Il leur défendit alors vivement de parler de lui à personne. Et, pour la première fois, il leur enseigna qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les chefs des prêtres et les scribes, qu’il soit tué et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cela ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : “Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.” Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : “Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive. Car

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ANNEXE 2

celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera. Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier en le payant de sa vie ? Quelle somme pourrait-il verser en échange de sa vie ? Si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les anges” » (Mc 8, 29-38). • IMAGE. Voir Jésus, Christ et Seigneur, origine et fin de toute chose, homme parmi les hommes, et son grand désir de nous rassembler tous à sa suite. • GRÂCE À DEMANDER. Demander la grâce qu’ensemble nous puissions nous offrir au Christ, pour être avec lui comme il est avec nous, quoi qu’il en coûte. • PISTES Personnellement – À l’aide des notes prises au cours du plénum précédent et, ayant en mémoire le contexte ci-dessus, je demeure avec ce que j’ai vu, entendu, touché de la personne du Christ. – À la fin de ma prière, je m’offre au Seigneur et réfléchis à ce que je vais partager à mon groupe. En petit groupe – Chacun partage à tour de rôle. – Après un moment de silence, nous nous exprimons les uns aux autres ce qui a résonné en nous lors de ce premier tour. – En silence, réfléchir à ceci : « C’est le Christ, notre Seigneur, qui nous appelle. Comment allons-nous nous offrir à lui pour le suivre ? » – Mettre en commun et essayer de formuler ce que nous désirons dire ensemble au Christ. Rédiger l’offrande de notre groupe : elle sera présentée à l’Eucharistie du soir. • PLÉNUM. Partage des offrandes des groupes au cours de l’Eucharistie.

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

☞ Exercice 17 : « Les manières d’agir de Dieu » • CONTEXTE « Le sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit : “Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi.” À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : “Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin.” Marie dit à l’ange : “Comment cela vat-il se faire, puisque je suis vierge ?” L’ange lui répondit : “L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait la femme stérile. Car rien n’est impossible à Dieu.” Marie dit alors : “Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole.” Alors l’ange la quitta » (Lc 1, 26-38). • IMAGE. Voir notre vie ordinaire, ceux et celles avec qui nous vivons, prions et travaillons, ceux que nous accueillons. • GRÂCE À DEMANDER. Demander une connaissance intérieure du Seigneur qui pour nous s’est fait homme afin que nous l’aimions et le suivions davantage. • PISTES – Regarder, contempler, écouter… comme si je me trouvais présent à Nazareth. Voir et sentir ce qui se passe. Quels mouvements intérieurs cela suscite-t-il en moi ?

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ANNEXE 2

– Comment Dieu s’y prend-il pour accomplir son projet de salut ? Quels enseignements en recueillir quant à la réalisation des projets du groupe ? – Que m’apprend la contemplation de Marie ? • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Avec Marie, je m’offre au Seigneur pour l’aimer et le suivre comme il le souhaite. • CONCLUSION. Je rassemble ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière.

☞ Exercice 18 : « Les deux Étendards – les forces de vie

et d’illusion »

• CONTEXTE « Jésus, rempli de l’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l’Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l’épreuve par le démon. Il ne mangea rien durant ces jourslà et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim. Le démon lui dit alors : « Si tu es le Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. » Jésus répondit : “Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme doit vivre.” Le démon l’emmena alors plus haut, et lui fit voir d’un seul regard tous les royaumes de la terre. Il lui dit : “Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’appartient et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela.” Jésus lui répondit : “Il est écrit : Tu te prosterneras devant le Seigneur ton Dieu, et c’est lui seul que tu adoreras.” Puis le démon le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : “Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi à ses anges l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre.” Jésus répondit : “Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu.” Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le démon s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé » (Lc 4, 1-13).

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

• IMAGE. Nous voir au cœur d’un combat. D’un côté Jésus enseigne la vraie vie et nous attire. De l’autre, le Tentateur nous tend ses pièges ; il est le mortel ennemi de notre nature humaine. • GRÂCE À DEMANDER. Demander la connaissance des tromperies du Mauvais et l’aide pour nous en garder, ainsi que la connaissance de la vraie vie qu’enseigne le Seigneur et la grâce pour l’imiter (ES 139). • PISTES – Me rappeler, à partir de l’Écriture, la manière dont le Christ est venu nous sauver et nous libérer : pour cela, il choisit la simplicité, la pauvreté, l’obéissance, l’humilité… – Quand avons-nous fait, personnellement et en groupe, l’expérience que les moyens proposés par le Christ sont porteurs de vie ? J’essaie d’en nommer l’un ou l’autre et d’en dire le fruit. – Quand me suis-je senti et nous sommes-nous sentis, comme Jésus, détournés de Dieu, même sous de bons prétextes ? J’essaie de nommer deux ou trois de ces illusions. – Comment pourrais-je me décrire lorsque je me laisse envahir par les illusions ? Comment pourrais-je me décrire lorsque je suis sur les chemins de Dieu ? • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Demander au Père, par le Verbe incarné et l’intercession de Notre-Dame d’« être mis avec Jésus », pauvre et humble. • CONCLUSION. Rassembler ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière.

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ANNEXE 2

☞ Exercice 19 : « Forces de vie – forces de mort » • CONTEXTES – « Gédéon : Aujourd’hui, le Seigneur Dieu nous a abandonnés… mon clan est le plus faible… je serai avec toi… » (Jg 6, 13.1516) ; – « Jésus fut conduit au désert par l’Esprit… Le tentateur s’approcha et lui dit… » (Mt 4, 1 et 3) ; – « Aussitôt un homme possédé d’un esprit mauvais sortit du cimetière à sa rencontre… Jésus lui dit : « Esprit mauvais, sors de cet homme » (Mc 5, 2 et 8) ; – « Puisez votre énergie dans le Seigneur et dans la vigueur de sa force » (Ep 6, 10). • IMAGE. Me former une image du groupe lorsqu’il est soumis aux « esprits » différents. • GRÂCE À DEMANDER. Demander de prendre conscience clairement et de nommer les forces, les dynamiques, les « esprits » qui sont à l’œuvre dans le groupe : – les uns nous mettent dans la confiance, la paix, l’espérance, l’amour ; – les autres nous découragent, nous rendent tristes, nous inquiètent, nous séparent les uns des autres. • PISTES – Reprendre ce qui a été découvert jusqu’ici durant la retraite. – Me remettre en mémoire et décrire l’une ou l’autre expérience, personnelle ou commune, où j’ai davantage senti : - soit joie, confiance, paix, allégresse, dynamisme ; - soit peurs, doutes, découragement, tristesse, désengagement. – Quelles sont les forces positives les plus à l’œuvre dans le groupe ? – Quelles sont les forces négatives qui y travaillent le plus souvent ?

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

– Par quelles « voix » (de l’intérieur ou de l’extérieur) le groupe est-il tenté le plus habituellement ? • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. M’entretenir avec Dieu sur tout ce qui retient l’Esprit de liberté de souffler en moi et dans le groupe. Lui demander ce souffle. • CONCLUSION. Rassembler ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière.

☞ Exercice 20 : « Reconnaître et décrire ma consolation » • CONTEXTE « Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux. Ils racontaient : “Seigneur, même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom.” Jésus leur dit : “Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Vous, je vous ai donné pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et pouvoir sur toute la puissance de l’Ennemi ; et rien ne pourra vous faire du mal. Cependant, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux.” À ce moment, Jésus exulta de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et il dit : “Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté” » (Lc 10, 17-21). • IMAGE. Imaginer Jésus qui accueille notre communauté et moimême, comme il accueillit ses apôtres. • GRÂCE À DEMANDER. Demander à Dieu d’éclairer mon intelligence et de mouvoir mon cœur de façon à connaître intérieurement la consolation de Jésus ainsi que celle qui m’est propre, et d’être capable de la décrire.

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ANNEXE 2

• PISTES – Me rappeler des moments évidents où j’ai ressenti la présence de Dieu dans ma vie : événements, personnes, situation mondiale… - quand cette consolation m’a-t-elle été donnée ? - qu’ai-je vécu à ce moment ? – Réfléchir sur ces moments et ces dons de sorte que je sois capable de les décrire de vive voix ou par un dessin. • COLLOQUE à son ami.

AVEC LE

SEIGNEUR. Parler à Jésus comme un ami parle

• CONCLUSION. Je rassemble ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière.

☞ Exercice 21 : « Reconnaître et décrire notre consola-

tion commune »

• CONTEXTE « Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : “Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse.” Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Alors ils se dirent l’un à l’autre : “Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ?” À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem » (Lc 24, 28-33a). • IMAGE. Faire mémoire d’expériences du groupe où je considère que nous, en tant que « nous », avons éprouvé la consolation de Dieu.

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

• GRÂCE À DEMANDER. Demander à Dieu de me faire saisir de l’intérieur, par le cœur et l’intelligence, ces moments de consolation commune afin que je trouve les mots ou les images pour les décrire. • PISTES – Me rappeler les moments évidents où la présence de Dieu s’est clairement manifestée dans nos expériences de groupe. – Réfléchir sur ces moments et ces grâces de sorte que je sois capable de les décrire. – Gardant à l’esprit cette description, chercher à reconnaître si une expérience de consolation commune nous a été donnée récemment. – Décrire le groupe en consolation. • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Converser librement avec Jésus. • CONCLUSION. Je rassemble ce que je souhaite partager au groupe, du fruit de ma prière.

☞ Exercice 22 : « Reconnaître l’appel actuel du Seigneur » • CONTEXTE « Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : “Avance au large et jette les filets pour prendre du poisson.” Simon lui répondit : “Maître, nous avons peiné toute une nuit sans rien prendre, mais sur ton ordre, je vais jeter les filets” » (Lc 5, 4-5). • IMAGE. Choisir une image qui caractérise notre groupe dans son désir de mieux collaborer à l’œuvre du Seigneur. • GRÂCE À DEMANDER. Demander au Seigneur la grâce de détecter l’appel fondamental qu’il adresse à notre groupe actuellement.

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ANNEXE 2

• PISTES Faire mémoire du vécu de la retraite, formel et informel : – se remémorer les rêves et les désirs, les suggestions et les propositions qui me sont apparus importants, et commencer à voir les appels qui apparaissent ; – se rappeler aussi notre nom de grâce et la grâce reçue au cours de ces journées ; la formuler en quelques mots ; – à partir de cette relecture, comparer les appels avec notre « nom de grâce » et la grâce reçue en retraite ; – chercher à déterminer l’appel fondamental que, d’après moi, le Seigneur nous adresse actuellement pour que nous correspondions davantage à la grâce qu’il nous accorde ; – sans encore chercher un « comment répondre », je note cet appel : « Selon moi, le Seigneur nous appelle actuellement à… ». • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Demander au Père d’être mis avec le Fils, demander au Fils d’être mis avec lui, le demander par Marie. • PARTAGE EN PETITS GROUPES – Chacun partage son chemin de délibération personnelle. – Moment de silence pour accueillir et peser les choix apportés par chacun. – Le groupe détermine et met par écrit un ou deux appels qui lui apparaissent déterminants : « Le Seigneur nous appelle à… »

☞ Exercice 23 : « Discerner les moyens à mettre en œuvre » • CONTEXTE « Comme les disciples s’étaient rassemblés autour de Jésus sur la montagne, il leur disait : “Il ne suffit pas de me dire : Seigneur, Seigneur ! pour entrer dans le royaume des cieux ; mais il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux. Ce jour-là, beaucoup me diront : Seigneur, n’est-ce pas en ton nom que nous avons été prophètes, en ton nom que nous avons chassé les démons, en ton nom que nous avons fait beau-

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

coup de miracles ? Alors je leur déclarerai : Je ne vous ai jamais connus ; écartez-vous de moi, vous qui faites le mal. Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s’est abattue sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée car elle était fondée sur le roc” » (Mt 7, 21-25). • IMAGE. Nous voir rassemblés autour de Jésus devant la réalité de nos vies avec le désir de faire sa volonté. • GRÂCE À DEMANDER. Demander au Seigneur la grâce de discerner la suite à donner en réponse aux appels entendus. • PISTES – Me remettre en mémoire les appels perçus. – En me situant en liberté et avec réalisme, quels sont à mes yeux les moyens concrets à mettre en œuvre par notre groupe pour répondre aux appels perçus ? – Pour chacun de ces moyens, voir où, quand, comment, avec qui… nous allons les mettre en œuvre. – Quelles répercussions, conséquences inévitables, cette mise en œuvre va-t-elle impliquer ? • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Comme un ami parle à un ami, je confie au Seigneur notre groupe et notre désir de faire sa volonté. • PARTAGE

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ANNEXE 2

☞ Exercice 24 : « Décision personnelle » • CONTEXTE « L’heure est venue pour le Fils de l’Homme d’être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruits » (Jn 12, 23-24). • IMAGE. Me voir, au milieu des membres de mon groupe, petit grain de blé tombé en terre. • GRÂCE À DEMANDER. Demander au Seigneur d’éclairer mon intelligence, de fortifier ma volonté et de me montrer comment mourir à moi-même pour porter davantage de fruit. • PISTES – Reprendre conscience : - des grâces personnelles que le Seigneur m’a faites ; - de ses appels pour notre groupe et des moyens choisis pour les mettre en œuvre. – En liberté et avec réalisme, voir à quoi le Seigneur m’invite : - dans ma vie personnelle ; - dans ma vie communautaire. – Pour chacun de ces appels voir où, quand, comment, avec qui je réponds personnellement en les mettant en œuvre. • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. J’offre au Seigneur cette décision personnelle et les moyens concrets pour la mettre en œuvre pour qu’il les confirme en moi si tel est son désir.

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

Feuilles de prière pour la Troisième Semaine

☞ Exercice 25 : « Jésus lave les pieds de ses disciples » • CONTEXTE « Au cours d’un repas, alors que le démon avait déjà inspiré à Judas Iscariote, fils de Simon, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est venu de Dieu et qu’il retourne à Dieu, se lève de table, quitte son vêtement et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis, il verse de l’eau dans un bassin, il se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. (Jn 13, 2-5). « Après leur avoir lavé les pieds, il reprit son vêtement et se remit à table. Il leur dit alors : “Comprenez-vous ce que je viens de faire ? Vous m’appelez Maître et Seigneur et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous.” » (Jn 13, 12-15). • IMAGE. Nous voir, tous les membres du groupe, rassemblés par Jésus. • GRÂCE À DEMANDER. Avoir le courage, comme Jésus, de poser les gestes qui vont jusqu’au bout de l’amour. Demander la confirmation de l’élection. • PISTES – Contempler Jésus qui nous lave les pieds à chacun, comme à ses apôtres.

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ANNEXE 2

– Reprendre ce qui a déjà été dit en plénum, au niveau des appels du Seigneur et des moyens pour y répondre. – Y en a-t-il d’autres ? – Lesquels me semblent les plus appropriés ? – Quelles seront pour nous, comme pour Jésus, les conséquences inévitables de ces décisions ? • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Laisser mon cœur parler à Jésus. • CONCLUSION. Préciser ce que je vais partager au groupe.

☞ Exercice 26 : « La passion – Jésus en croix » • CONTEXTE « Pendant qu’ils l’emmenaient, ils prirent un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus. Il se retourna et leur dit : “Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ! […] On emmenait encore avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter. Lorsqu’on fut arrivé au lieu dit : Le Crâne, ou Calvaire, on mit Jésus en croix, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche. Jésus disait : “Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font.” Ils partagèrent ses vêtements et les tirèrent au sort. Le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : “Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu !” Les soldats aussi se moquaient de lui. S’approchant pour lui donner de la boisson vinaigrée, ils lui disaient : “Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !” Une inscription était placée au-dessus de sa tête : “Celui-ci est le roi des Juifs.” […] Le rideau du Temple se déchira par le milieu. Alors, Jésus poussa un grand cri : “Père, entre tes mains je remets mon esprit.” Et après avoir dit cela, il expira » (Lc 23, 26-46).

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

• IMAGE. Par le regard de l’imagination, nous voir, mêlés aux apôtres et au peuple, suivant de loin Jésus sur le chemin du calvaire et assistant à sa mise en croix. • GRÂCE À DEMANDER. Demander au Seigneur que nous soyons prêts, avec lui, à accomplir ce qu’il nous a donné de désirer. • PISTES – Contempler Jésus dans sa passion. Participant à ce mystère, par quels sentiments suis-je saisi ? – Reprendre la feuille où sont exprimés la grâce, l’appel, les moyens discernés. Accueillir ce fruit de notre retraite. Je fais mien ce don de Dieu. – Préciser un, deux ou trois moyens très concrets (où ? quand ? comment ? avec qui ?) que le Seigneur m’appelle à prendre, de façon réaliste et généreuse, pour être personnellement fidèle à la grâce donnée à notre groupe cette semaine. – Chercher à prévoir et mesurer les conséquences inévitables de mes choix. Suis-je prêt à les assumer jusqu’au bout, comme et avec le Christ ? • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Présenter au Seigneur notre élection pour qu’il la confirme. • CONCLUSION. Préciser ce que je vais partager au groupe.

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ANNEXE 2

Feuille de prière pour la Quatrième Semaine

☞ Exercice 27 : « La Résurrection

– la présence du Ressuscité »

• CONTEXTE « Ce même soir, le premier jour de la semaine, les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : “La paix soit avec vous !” Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : “La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie.” Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : “Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus” » (Jn 20, 19-23). • IMAGE. Nous voir réunis autour du Christ ressuscité. • GRÂCE À DEMANDER. Demander la grâce : – d’éprouver intensément la joie du Christ ressuscité qui sèche les larmes, détruit la peur, pardonne, restaure la foi, envoie en mission, donne l’Esprit Saint, est victorieux à tout jamais des forces de mort ; – de recevoir l’audace de nous laisser envoyer. • PISTES – Avec les disciples, contempler le Christ ressuscité. Me placer au milieu d’eux et vivre avec eux la venue du Christ ressuscité. Qu’est-ce que j’y vis ?

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

– Il ne cesse de venir… au milieu de nos peurs et de nos résistances : dans le concret de ma vie, ai-je déjà expérimenté la force d’amour du Ressuscité qui transfigure les situations et les personnes ? – Ai-je déjà vu vivre cette expérience par d’autres ? – Dans la force de l’Esprit, me laisser envoyer. • COLLOQUE AVEC gneur de la vie.

LE

SEIGNEUR. Chanter, louer Jésus Christ, Sei-

• CONCLUSION. Préciser ce que je vais partager au groupe.

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ANNEXE 2

Feuille de prière pour la « contemplation pour obtenir l’amour »

☞ Exercice 28 : « Contemplation pour obtenir l’amour » • CONTEXTE – « Mes bien-aimés, puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons nous aussi nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais, si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous et son amour atteint en nous sa perfection » (1 Jn 4, 11-12). – « L’amour consiste en une communication réciproque » (ES 230). • IMAGE. Je me tiens avec mes frères et mes sœurs devant notre Créateur et Seigneur. • GRÂCE À DEMANDER. Demander une connaissance de tout le bien reçu afin que, plein de reconnaissance, je puisse, en tout, aimer et servir sa divine Majesté. • PISTES – Me remettre en mémoire tout le bien reçu et comment Dieu s’y est manifesté : - tout ce qui m’est arrivé (au cours de cette retraite, activité, semaine, mois, année…) ; - ce que j’ai appris et découvert ; - la grâce reçue personnellement. – Me remettre en mémoire tout le bien reçu par le groupe (communauté, équipe, etc.) et comment Dieu s’y est manifesté :

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

- tout ce qui est arrivé au groupe en tant que corps ; - ce que, comme corps, nous avons appris et découvert ; - ce que je pense être la grâce accordée au groupe. – Considérer ce que, avec mes frères et sœurs, je suis appelé à offrir et donner, à mon tour, à Dieu notre Seigneur. • COLLOQUE. « Prends, Seigneur, et reçois toute ma liberté, ma mémoire, mon intelligence et toute ma volonté, tout ce que j’ai et possède. Tu me l’as donné : à toi, Seigneur, je le rends. Tout est tien. Disposes-en selon ton entière volonté. Donne-moi la grâce de t’aimer. C’est assez pour moi » (ES 234). • CONCLUSION. Préciser ce que je vais partager au groupe.

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ANNEXE 2

Feuilles de prière pour le cycle de l’énergie

☞ Exercice 29 : « Relecture personnelle de ma journée » (Cf. ES 24 à 31 et 77) – Je me remets en mémoire les moments de ma journée (rencontres, partages, prière, repas, détente, sommeil…). Je puis demander au Seigneur qu’il me remette en mémoire ce qui est important. – Je porte mon attention sur les moments où j’ai éprouvé un sentiment, une émotion, un affect particulier en positif ou en négatif : contentement et mécontentement, confiance et défiance (envers moi ou les autres), courage et découragement, goût et dégoût, lumière et obscurité, consolation et désolation 229, etc. – Si je me sens perdu, en colère, agité, inquiet, coupé des autres, de Dieu, je prends conscience de ce sentiment. Il fait partie du réel et, à ce titre, il a le droit d’exister. Mais je ne braque pas mon regard sur ce qui me tient loin de Dieu. J’essaie de le regarder, lui, d’entrer en relation avec lui, d’être vrai, de lui dire ce que je ressens 230. J’écoute ce qu’il me dit ou pourrait me dire. – Je prends le temps de goûter, de savourer, de déployer les moments de la journée où m’ont été donné courage, force, confiance, connaissances, inspirations, consolations, pour traverser vaillamment les difficultés de la vie.

229. Cf. « Le discernement des esprits – De quoi s’agit-il ? », p. 58-69. 230. Éventuellement se remettre en mémoire un rêve de la nuit, un lapsus significatif ou un moment de colère sur quelqu’un qui n’avait rien à y voir. Ou déployer une image qui s’éveille à ce sujet et en parler au Seigneur (cf. J.A. ROEMER, The Examination of Unconsciousness, trad. inédite en français par J. Hye de Crom).

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

– Je remercie Dieu. S’il y a lieu, je lui demande pardon. Je lui offre éventuellement une résolution et lui demande son aide pour la tenir.

☞ Exercice 30 : « Ce qui aide » • CONTEXTE « L’homme a été créé pour cette fin : louer et révérer le Seigneur son Dieu et enfin, en le servant, être sauvé. Et les autres choses qui se trouvent sur la terre ont été créées pour l’homme lui-même, afin de l’aider à poursuivre la fin de sa création. D’où il suit que l’on doit en user ou s’en abstenir dans la mesure où elles sont une aide ou un obstacle à la poursuite de la fin. C’est pourquoi nous devons nous comporter sans faire de différence en face de toutes les choses créées pour autant qu’elles sont soumises à la liberté de notre libre arbitre et ne sont pas défendues ; de telle sorte que, pour ce qui est de nous, nous ne cherchions pas plus la santé que la maladie, ni ne préférions les richesses à la pauvreté, l’honneur au mépris, une vie longue à une vie brève. Mais il convient que de toutes choses, nous choisissions et désirions seulement celles qui nous conduisent à la fin » (ES 23, trad. Écrits, op. cit., p. 63). • IMAGE. Par les yeux de l’imagination, me rendre présent aux lieux, communautés, personnes, mouvements, que je connais et qui sont engagés dans l’activité en question. • GRÂCE À DEMANDER. Demander à Dieu une compréhension profonde de ce qui est à l’œuvre, aujourd’hui, dans cette activité. • PISTES – Je me remets en mémoire tout ce que je connais de cette activité. – Je me demande ce qui se révèle être une aide : - dans l’ensemble de cette activité ;

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ANNEXE 2

- dans cette activité telle que j’en ai, moi, l’expérience. – Je demeure là où Dieu se rend présent dans ce que je perçois et ressens le mieux. • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Je parle au Seigneur. Je lui dis ce que j’ai sur le cœur. J’écoute ce qu’il me répond ou pourrait me répondre. • CONCLUSION. Préciser ce que je vais partager au groupe.

☞ Exercice 31 : « Ce qui n’aide pas » • CONTEXTE « L’homme a été créé pour cette fin : louer et révérer le Seigneur son Dieu et enfin, en le servant, être sauvé. Et les autres choses qui se trouvent sur la terre ont été créées pour l’homme lui-même, afin de l’aider à poursuivre la fin de sa création. D’où il suit que l’on doit en user ou s’en abstenir dans la mesure où elles sont une aide ou un obstacle à la poursuite de la fin. C’est pourquoi nous devons nous comporter sans faire de différence en face de toutes les choses créées pour autant qu’elles sont soumises à la liberté de notre libre arbitre et ne sont pas défendues ; de telle sorte que, pour ce qui est de nous, nous ne cherchions pas plus la santé que la maladie, ni ne préférions les richesses à la pauvreté, l’honneur au mépris, une vie longue à une vie brève. Mais il convient que de toutes choses, nous choisissions et désirions seulement celles qui nous conduisent à la fin » (ES 23, trad. Écrits, op. cit., p. 63). • IMAGE. Par les yeux de l’imagination, me rendre présent aux lieux, communautés, personnes, mouvements, que je connais et qui sont engagés dans telle activité, objet de notre discernement communautaire. • GRÂCE À DEMANDER. Demander à Dieu une compréhension profonde de ce qui est à l’œuvre, aujourd’hui, dans cette activité.

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

• PISTES – Je me remets en mémoire tout ce que je connais de cette activité. – Je me demande ce qui se révèle être un obstacle, ce qui n’aide pas : - dans l’ensemble de cette activité ; - dans cette activité telle que j’en ai, moi, l’expérience. – Je demeure là où Dieu se rend présent dans ce que je perçois et ressens le mieux. • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Je dis au Seigneur ce que j’ai sur le cœur. J’écoute ce qu’il me répond ou pourrait me répondre. • CONCLUSION. Préciser ce que je vais partager au groupe.

☞ Exercice 32 : « Évaluation de la retraite » • CONTEXTE « Et puisque Dieu a si bien commencé chez vous son travail, je suis persuadé qu’il le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus. Il est donc juste que j’aie de telles dispositions à votre égard, car je vous porte dans mon cœur, puisque vous communiez tous à la grâce qui m’est faite de justifier et d’affermir l’annonce de l’Évangile jusque dans ma prison. Oui, Dieu est témoin de mon attachement pour vous tous dans la tendresse du Christ Jésus. Et, dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance qui vous feront discerner ce qui est plus important. Ainsi, dans la droiture, vous marcherez sans trébucher vers le jour du Christ ; et vous aurez en plénitude la justice obtenue grâce à Jésus Christ, pour la gloire et la louange de Dieu » (Ph 1, 6-11).

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ANNEXE 2

• GRÂCE À DEMANDER. Demander la connaissance intérieure de la manière dont Dieu a travaillé durant cette retraite à travers les divers moyens employés. • PISTES – Qu’ai-je trouvé aidant (horaire, manière de faire, temps de prière, feuille, partage, etc.) ? – Qu’ai-je trouvé moins aidant ? – Qu’est-ce que je retiens de la retraite, qu’est-ce qui s’est clarifié : - pour moi-même ? - pour mon groupe ? – Quel est pour moi le fruit principal de la retraite ? – Suggestions, désir de suivi, etc. • COLLOQUE AVEC LE SEIGNEUR. Je rends grâce au Seigneur pour ce temps de retraite vécu avec lui et pour lui.

☞ Exercice 33 : Suggestions pour aider à évaluer une

retraite, une session

• INTRODUCTION – Évaluer, c’est apprécier, déterminer la valeur de quelque chose ou d’une action. – L’évaluation doit avoir un but : rendre compte d’une mission et faire des recommandations pour le futur. – L’évaluation d’une action doit aller au-delà de l’action proprement dite pour examiner pourquoi et comment, elle a été décidée et mise en œuvre. – Une bonne évaluation suppose que ceux qui s’y soumettent soient préparés et capables de mener l’appréciation demandée avec ouverture d’esprit et dans un but constructif. – Enfin, il ne faut pas perdre de vue la limite de l’évaluation d’une activité spirituelle dont il est difficile de mesurer la grâce reçue et son action.

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

• POINTS À ÉVALUER – LES OBJECTIFS (un objectif est ce que l’on vise en réponse à un appel ou à un besoin pressenti) : a. Quels étaient les objectifs de départ ? b. Ont-ils changé ou évolué au cours de l’action ? c. Ont-ils été atteints ? Si oui, comment ? Si non, pourquoi, selon vous ? d. Des objectifs secondaires ou sous-entendus sont-ils apparus ? Lesquels ? – LES MOYENS : a. Quels ont été les moyens utilisés ? b. Étaient-ils adaptés à l’objectif ? – LES FRUITS : un fruit est ce que l’on récolte après un travail et qui est utile pour que la personne et le groupe atteignent leurs objectifs. a. Nommer les principaux fruits de l’action. b. De quelle action découlent-ils ? – L’IMPACT : D’après vous, quelle pourrait être l’incidence de cette action : a. à court terme (quelques semaines) sur vous, sur votre communauté, sur votre groupe ; sur un environnement plus large, l’Église, le monde ? b. à plus long terme (quelques mois, années…) sur vous, sur votre communauté, sur votre groupe ; sur un environnement plus large, l’Église, le monde ? – POINTS FORTS ET POINTS FAIBLES : a. Quels sont les aspects que vous avez aimés, et que vous estimez positifs ? b. Quels sont les aspects à améliorer ? – LES GRÂCES : Pouvez-vous identifier et nommer quelques grâces de la retraite, de la session : ce que vous considérez comme une parole de Dieu, un moment fort de sa présence ou de son action ? Conclure par la prière.

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ANNEXE 2

Feuille de prière sur l’autorité

☞ Exercice 34 : « Mon attitude par rapport à l’exercice

de l’autorité »

• CONTEXTE Me remettre en mémoire : – le cycle de l’énergie et du pouvoir (p. 143 et suivantes) ; – la feuille concernant les trois styles d’autorité (p. 182) ; – éventuellement certaines des règles de sagesse à la fin de la Ire partie (p. 212 et suivantes). • IMAGE. Prendre du temps pour visualiser, sous forme d’image — peut-être même de caricature — mon attitude habituelle par rapport à l’exercice de l’autorité. Quel animal symboliserait le mieux cette attitude ? • GRÂCE À DEMANDER. Je demande la grâce de mieux me connaître dans mon rapport à l’autorité, quand je l’exerce envers d’autres et quand on l’exerce envers moi. Je demande la grâce d’une attitude juste, non prisonnière de préférences inconscientes ou de facilités qui m’arrangent bien. • PISTES – Quel style d’autorité a spontanément ma préférence : directif, consultatif, participatif : - lorsque j’exerce l’autorité ? - lorsqu’un autre l’exerce sur moi ? sur le groupe ? – Lorsque j’exerce l’autorité : - ce qui m’est le plus aisé est… - ce qui m’est le plus difficile est…

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EXEMPLES DE FEUILLES DE PRIÈRE

– Dans la manière dont ils exercent l’autorité : - j’apprécie chez les autres… - je redoute chez les autres… – Suis-je capable de changer de style d’autorité en fonction de ce qu’exigent les circonstances, l’état du groupe, les questions à traiter ? – Puis-je déléguer en donnant confiance à celui qui accepte la délégation ? – Les membres du groupe me donnent-ils confiance en mes capacités de responsable ? • COLLOQUE LIBRE AVEC LE SEIGNEUR • EN GROUPE Après avoir partagé vos réponses aux questions, partagez les suggestions que vous pourriez vous faire pour vous entraider dans vos difficultés.



Bibliographie

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Table des matières

Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Présentation et avertissements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

PREMIÈRE PARTIE ESDAC Chapitre 1 : Présentation d’ESDAC. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Le sigle ESDAC. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Les trois sources d’ESDAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 ESDAC : un travail d’équipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Une équipe et un site internet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Un nom de grâce d’équipe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Des retraites et des sessions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Des formations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Conditions requises pour être accompagnateur ESDAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 But et convictions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 But de la manière de procéder ESDAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Convictions qui fondent ce but. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 ESDAC : pour quels groupes ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Conditions préalables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 • Pour un groupe constitué • Pour chaque personne, que le groupe soit constitué ou pas Quelques points d’attention pour les accompagnateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Déroulement d’une journée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 ESDAC et les Exercices spirituels de saint Ignace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Similitudes et différences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

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TABLE DES MATIÈRES

Chapitre 2 : Accompagnement du groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Mission de l’équipe d’accompagnement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Feuille de prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Comment la rédiger ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 • Préalables • Contexte • Image (ou composition de lieu) • Demande de grâce • Points ou pistes de prière • Colloque avec le Seigneur • Conclusion Comment présenter la feuille de prière au groupe ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35 Conversation spirituelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Le présupposé favorable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Le rôle de la conversation spirituelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 Ses fondements dans l’Écriture et la tradition spirituelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 • Dans l’Évangile • Dans la tradition spirituelle La conversation spirituelle dans le discernement en commun . . . . . . . . . . . . . . 40 Ce qui favorise la conversation spirituelle et ce qui la bloque. . . . . . . . . . . . . . . 41 • Les conditions favorisant la conversation spirituelle • Les difficultés possibles Petits groupes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 • Comment composer les petits groupes ? La plume qui donne la parole. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 Consignes pour la « conversation spirituelle » en groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 • Pour favoriser l’écoute et l’expression dans un partage • Les « trois tours » de partage Points d’attention pour l’équipe d’accompagnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46 Plénum. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 Schéma de différents styles et moments du plénum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 • But de tout plénum • Rôle de l’équipe d’accompagnement • Différents styles de plénum Comment procéder ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52 • Exemples de questions à poser • À l’occasion du plénum, rappeler et vérifier Expression symbolique et célébrations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 En pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54 Recourir à la détente et aux techniques de communication . . . . . . . . . . . . . . . 56

Chapitre 3 : Discernement des esprits . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 De quoi s’agit-il ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 L’expérience fondatrice d’Ignace (Le Récit du pèlerin) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Réflexions concernant l’expérience fondatrice d’Ignace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62

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TABLE DES MATIÈRES

Une inclination inscrite en moi (Karl Rahner). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Viser à s’épanouir ou à faire la volonté de Dieu ? Quel vocabulaire ? . . . . . . . . . 65 Une juste relation à Dieu (Lytta Basset) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Une demande d’amour : « Que ta volonté soit faite » (Denis Vasse) . . . . . . . . . . 68 Application des règles de discernement des esprits à un groupe . . . . . . . . . . . . 69

DEUXIÈME PARTIE Parcours ESDAC selon la dynamique des Exercices de saint Ignace Chapitre 1 : Fondement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Objectif du Fondement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 A. En plénum : les présentations et l’expression des attentes . . . . . . . . . . . . . . . 76 B. En plénum : la présentation de la conversation spirituelle . . . . . . . . . . . . . . . 76 C. Choix de l’approche ou des approches appropriées au groupe. . . . . . . . . . . . . 77 1re approche : « Nos désirs profonds » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78 2e approche : « Notre histoire sainte – la ligne historique » . . . . . . . . . . . . . . . . 79 A. Objectifs poursuivis par « la ligne historique » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 B. Comment réaliser une « ligne historique » ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 • 1re étape : Repérer des événements significatifs • 2e étape : Exprimer nos sentiments et l’impact affectif passé ou actuel des événements repérés • 3e étape : Chercher la signification des événements et la grâce de Dieu à l’œuvre dans notre histoire 3e approche : « Notre image de Dieu » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 4e approche : « Le nom de grâce » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 De quoi s’agit-il ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 • Un nom révélé par Dieu qui appelle et envoie Comment découvrir son nom de grâce ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 • Quels moyens concrets utiliser pour parvenir à nommer son nom de grâce ? • Un seul nom de grâce ? • Nom de grâce et image de Dieu • Pourquoi partager sur les « noms de grâce » ? Un exemple de découverte du nom de grâce. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 Exemple d’exercices et de compléments pour le Fondement . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Adaptation du fondement à un groupe qui n’a pas d’histoire commune . . . . . 95 Quand le fruit du fondement est-il obtenu ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

Chapitre 2 : Première Semaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 Objectif de la Première Semaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 La ligne historique poursuivie en Première Semaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 1. Le péché à l’œuvre dans le monde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 2. Le péché du groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99

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TABLE DES MATIÈRES

3. Ma propre participation au péché du groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Autres exercices et exposés possibles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 Célébration de la miséricorde et de la réconciliation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101 Quand le fruit de la Première Semaine est-il obtenu ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 Exemples d’exercices pour la Première Semaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 Adaptation de la Première Semaine à un groupe sans histoire commune . . . . 103

Chapitre 3 : Deuxième Semaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 Objectif de la Deuxième Semaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 Exercice du Règne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 1. Objectif dans l’ensemble des Exercices spirituels. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 2. Quels moyens Ignace propose-t-il ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 3. Le Règne et ESDAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 4. Comment faire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 • Contextes possibles • Image • Pistes • Petit groupe et plénum L’acte d’offrande et sa célébration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 Remarques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 Incarnation et vie cachée du Seigneur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 1. Objectif de ces contemplations dans les Exercices spirituels. . . . . . . . . . . . 109 2. Quels moyens Ignace propose-t-il ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 3. La vie cachée et ESDAC. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 4. Comment faire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111 • Contextes possibles • Image • Grâce à demander • Pistes • Colloque avec le Seigneur Vie publique de Jésus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 1. Objectif dans les Exercices spirituels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 2. Contemplations de la vie publique et ESDAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 3. Comment faire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114 • Contextes possibles • Image • Grâce • Pistes Méditation des deux Étendards. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 1. Son objectif dans les Exercices spirituels (ES 136-147) . . . . . . . . . . . . . . . 115 2. Quels moyens Ignace propose-t-il ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 3. Les deux Étendards et ESDAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 4. Pour rédiger la feuille de prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 • Contextes possibles • Image

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TABLE DES MATIÈRES

• Grâce à demander • Pistes Élection : les trois types de temps favorables à la prise de décision . . . . . . . . . 119 Dans le troisième type de temps, comment mûrir la décision et la prendre ? . 120 Notes préalables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120 1. Faire mémoire des consolations reçues durant la retraite . . . . . . . . . . . . . . . 121 2. Dégager l’appel entendu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121 • Comment procéder ? 3. Préciser les moyens à mettre en œuvre pour répondre à l’appel . . . . . . . . . . . 122 4. Décider . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123 • Comment procéder ? 5. Remarques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124 Exemples d’exercices pour la Deuxième Semaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124

Chapitre 4 : Troisième et Quatrième Semaines Contemplation pour obtenir l’amour. . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 Objectif des Troisième et Quatrième Semaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 Expérience fondatrice de Pâques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 Comment proposer ces deux Semaines ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128 Troisième Semaine : Quels exercices ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 1. Exercices proposés pour la Troisième Semaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 2. Pour rédiger la feuille de prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 • Contextes possibles • Image • Grâce à demander • Pistes • Exposés possibles Exemples d’exercices pour la Troisième Semaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 Quatrième Semaine : Quels exercices ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 1. Exercices proposés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 2. Pour rédiger la feuille de prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 • Contextes possibles • Image • Grâce à demander • Pistes • Exposés possibles Exemple d’exercice pour la Quatrième Semaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 Contemplation pour obtenir l’amour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 A. Objectif dans les Exercices spirituels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134 B. La contemplation pour obtenir l’amour et ESDAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 1. L’agir et la décision dans le cycle de l’énergie et du pouvoir 2. La liberté spirituelle et les conditionnements psychologiques 3. L’autorité, ses styles, son exercice 4. La mission en Église

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TABLE DES MATIÈRES

C. Pour rédiger la feuille de prière. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138 • Contextes possibles • Image • Grâce à demander • Pistes possibles • L’offrande • Exemples d’exercice pour cette contemplation

TROISIÈME PARTIE Exposés et outils 1. Cycle de l’énergie et du pouvoir. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 Quelques réflexions sur le pouvoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 Le cycle de l’énergie et du pouvoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145 • Évaluation • Recommandations • Décision • Action Exemples d’exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

2. « Identité – vocation – mission » « Qui ? Quoi ? Comment ? » . . . . . . . 153 Identité – vocation – mission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 Au centre des trois axes : ce qui fait autorité entre nous . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 1. Identité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156 • Identité personnelle • Identité de groupe 2. Vocation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 • Vocation personnelle • Vocation de groupe 3. Mission. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 • Mission personnelle • Mission de groupe 4. Interaction entre les trois questions Qui ? Quoi ? Comment ? . . . . . . . . . . . . 161 5. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

3. Cycle « Vie – mort – résurrection » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164 De quoi s’agit-il ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164 Le tableau « Vie – mort – résurrection » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166 Lecture et analyse du schéma. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 1. Remettre en question l’expérience fondatrice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169 2. S’interroger sur les désirs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172 3. S’accorder sur le but, les objectifs, le projet et les moyens. . . . . . . . . . . . . . . 172

296


TABLE DES MATIÈRES

4. Service de l’autorité : le leadership . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173 Réflexion sur le leadership . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173 Groupe et autorité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173 Autorité fonctionnelle dans l’Écriture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175 Qualités du responsable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176 Désignation du responsable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177 • Pouvoir informel • Différents styles de leadership • Style directif • Style consultatif • Style participatif Délégation : une expérience de coresponsabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 Présupposés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 Procédure de délégation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 A. Offre de délégation B. Engagement réciproque C. Suivi D. Terme et remerciements Engagement réciproque entre le responsable et le groupe . . . . . . . . . . . . . . . . 185 Illustration des étapes par lesquelles l’engagement se construit . . . . . . . . . . . . 186

5. La réunion comme expérience contemplative. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189 Présentation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189 Trois attitudes intérieures requises . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190 1. A priori favorable et amour des différences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191 2. Engagement de foi et de prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192 3. Quête de liberté intérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192 Procédure pour une réunion de travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193 1. Ordre du jour. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193 2. Conversation spirituelle à partir de la Parole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194 3. Lecture et approbation du procès-verbal de la réunion précédente. . . . . . . . . 195 4. Discussion des points à l’ordre du jour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195 5. Fin de la réunion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196 6. Rapport de la réunion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196

6. Une approche psychologique de la personne : quelques outils . . . . . . 197 Les types psychologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197 Indices pris en compte par le MBTI pour déterminer le type psychologique . . . 201 Points d’attention par rapport à l’inconscient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204 Comment devenir plus conscient ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205

7. Une pratique sociale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 207

297


TABLE DES MATIÈRES

8. Les sept éléments du discernement en commun . . . . . . . . . . . . . . . . . 210 9. Quelques règles de sagesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 212

ANNEXE 1 Exemples de plannings et d’horaires 1. Planning de 8 jours en deux étapes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223 2. Planning de retraite de 7 jours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225 3. Horaire d’un week-end ESDAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226 4. Planning incorporant la démarche de conversion et la formation pour des responsables de communautés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 228 5. Planning d’un processus réparti sur trois années . . . . . . . . . . . . . . . . . 230

ANNEXE 2 Exemples de feuilles de prière Feuilles de prière pour le Fondement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235 Exercice 1 : « Mes désirs les plus profonds » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 235 Exercice 2 : « Mon histoire sainte » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 236 Exercice 3 : « L’histoire sainte de notre groupe – les événements » . . . . . . . . . . 237 Exercice 4 : « L’histoire sainte de notre groupe – nos sentiments » . . . . . . . . . . 238 Exercice 5 : « Dans notre histoire sainte, reconnaître la grâce de Dieu » . . . . . 239 Exercice 6 : « Mon image de Dieu » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241 Exercice 7 : « L’image de Dieu de notre groupe » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 242 Exercice 8 : « Mon nom de grâce » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243 Exercice 9 : « Le nom de grâce de notre groupe » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245

Feuilles de prière pour la Première Semaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247 Exercice 10 : « Le péché dans notre monde brisé » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247 Exercice 11 : « Le péché du groupe » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248 Exercice 12 : « Le péché : ma responsabilité personnelle » . . . . . . . . . . . . . . . . 250 Exercice 13 : « Nos lieux de liberté et de non liberté » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251

298


TABLE DES MATIÈRES

Exercice 14 : « Les ornières de notre groupe » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252

Feuilles de prière pour la Deuxième Semaine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254 Exercice 15 : « Le Christ qui nous appelle à partager sa vie » . . . . . . . . . . . . . . 254 Exercice 16 : « Notre offrande commune » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255 Exercice 17 : « Les manières d’agir de Dieu » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257 Exercice 18 : « Les deux Étendards – les forces de vie et d’illusion » . . . . . . . . . 258 Exercice 19 : « Forces de vie – forces de mort » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 260 Exercice 20 : « Reconnaître et décrire ma consolation » . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261 Exercice 21 : « Reconnaître et décrire notre consolation commune » . . . . . . . . 262 Exercice 22 : « Reconnaître l’appel actuel du Seigneur » . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263 Exercice 23 : « Discerner les moyens à mettre en œuvre ». . . . . . . . . . . . . . . . . 264 Exercice 24 : « Décision personnelle » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265

Feuilles de prière pour la Troisième Semaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267 Exercice 25 : « Jésus lave les pieds de ses disciples » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267 Exercice 26 : « La passion – Jésus en croix » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 268

Feuille de prière pour la Quatrième Semaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 270 Exercice 27 : « La Résurrection – la présence du Ressuscité ». . . . . . . . . . . . . . . 270

Feuille de prière pour la « contemplation pour obtenir l’amour » . . . . . . 272 Exercice 28 : « Contemplation pour obtenir l’amour » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272

Feuilles de prière pour le cycle de l’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 274 Exercice 29 : « Relecture personnelle de ma journée ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 274 Exercice 30 : « Ce qui aide » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275 Exercice 31 : « Ce qui n’aide pas » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276 Exercice 32 : « Évaluation de la retraite » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277 Exercice 33 : Suggestions pour aider à évaluer une retraite, une session . . . . . 278

Feuille de prière sur l’autorité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280 Exercice 34 : « Mon attitude par rapport à l’exercice de l’autorité » . . . . . . . . . 280

Bibliographie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283 1. Écriture Sainte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283 2. Éditions françaises récentes des Exercices spirituels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283 3. Livres, articles et documents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 284 4. Sites Web . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289

Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291


Achevé d’imprimer le 20 septembre 2006 sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique)



Une équipe, une communauté, une association peuvent-elles vivre la démarche des Exercices spirituels comme si elles étaient « un seul retraitant » ? Comment aider l’un de ces groupes à mieux communiquer et à mener un discernement en commun ? Pourquoi ne pas chercher à vivre l’agir commun quotidien en Église, sous la conduite du Saint-Esprit ? Destiné aux personnes appelées à accompagner des groupes dans la réponse à ces questions, l’ouvrage propose, à partir de l’Écriture et des Exercices de saint Ignace, des manières de procéder (pistes de réflexion et de prière, enseignements plus théoriques) pour éclairer et soutenir l’expérience à vivre ensemble. Une théologie spirituelle et des données anthropologiques sous-tendent le parcours proposé.

Les auteurs Michel Bacq accompagne des personnes dans leur cheminement individuel et communautaire. Il partage depuis plusieurs années la vie d’une communauté de l’Arche de Jean Vanier. Membre de l’équipe ESDAC, il a donné des retraites et des sessions en divers pays. Après avoir passé près de vingt ans dans l’enseignement des grands adolescents, Jean Charlier a exercé les charges de provincial et d’assistant de la CVX. Aujourd’hui, il est membre de l’équipe ESDAC. L’équipe ESDAC propose de mettre la manière de procéder des Exercices spirituels de saint Ignace au service de groupes qui désirent mieux communiquer et mener ensemble un discernement. 978-2-87356-350-9 Prix TTC : 23,95 €

9 782873 563509

Spiritualité

ignatienne

ESDAC

PRATIQUE DU DISCERNEMENT EN COMMUN

PRATIQUE DU DISCERNEMENT EN COMMUN

Michel Bacq , Jean Charlier et l’équipe ESDAC

PRATIQUE DU DISCERNEMENT EN COMMUN Manuel des accompagnateurs

Spiritualité

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