François Bal
Marié, père de trois enfants, François Bal est membre d’une communauté Foi et Lumière depuis plus de vingt-cinq ans. Il a assumé différentes responsabilités au service des personnes avec un handicap au sein de Foi et Lumière, puis comme directeur de l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH). Il travaille comme ingénieur des télécommunications. ISBN 978-2-87356-415-5 Prix TTC : 10,95 €
9 782873 564155
Vie spirituelle
L’Évangile du partage des biens L’Évangile du partage des biens
Cet essai veut aborder sans peur le sujet de la propriété. Pour le Français en particulier, une pudeur voluptueuse entoure d’un voile la déclaration vraie des fortunes réelles. Cette situation contribue à laisser les chrétiens dans une solitude intellectuelle et morale terrible vis-à-vis de l’argent personnel. Hormis quelques communautés nouvelles et de trop rares associations qui ont pris la question à la bras le corps, on admet silencieusement que le domaine de l’argent privé n’entre pas dans le champ de l’engagement spirituel, ou le processus de conversion est laissé à la solitude des personnes. C’est comme si l’engagement du baptisé touchait tout, sauf le patrimoine et l’héritage à transmettre. Certes, c’est à chacun dans sa liberté qu’il revient de faire sien l’enseignement de l’Évangile. Mais la liberté doit être éclairée jusque dans ses choix concrets. C’est l’objectif de cet essai : donner à penser sur ce sujet.
François Bal
L’Évangile du partage des biens
Préface de Jean-Yves Calvez
François Bal
L’Évangile du partage des biens
Namur – Paris
Dans la même collection : Brèves rencontres, Willy Gettemans, 2002. La compassion, Henri Nouwen, 2003 (2e éd. 2004). Sous mon figuier, Jacques Patout, 2004. Ce Dieu caché que nous prions, Gaston Lecleir, 2004. Dans le feu du buisson ardent, Mark Ivan Rupnik, 2004. Chemin de Croix au Colisée, André Louf, 2005. Le récit du pèlerin, Ignace de Loyola, 2006. Réapprendre à prier, Cardinal Godfried Danneels, 2006. La prière de contemplation, Franz Jalics, 2007. On a trahi Judas, Paul Maskens, 2008. La Bonne Nouvelle au hasard des routes de Palestine, Édouard Boné, 2008. L’Évangile du partage des biens, François Bal, 2008.
© Éditions Fidélité • 7, rue Blondeau • 5000 Namur • Belgique info@fidelite.be • www.fidelite.be ISBN : 978-2-87356-415-5 Dépôt légal : D/2008/4323/24 Maquette et mise en page : Jean-Marie Schwartz Imprimé en Belgique
Note de l’éditeur Cet ouvrage reprend l’Évangile du partage des biens, Paris, Éditions Zachée, 2002. Il a été adapté par Thierry Monfils, s.j. François Bal s’y fait le porte-parole de l’interpellation forte de Jésus Christ pour que les biens de la terre soient effectivement mis au service de tous. D’une part, sa réflexion médite de nombreuses facettes de l’Écriture Sainte. Ces méditations commentées se trouvent surtout dans la deuxième partie de l’ouvrage. D’autre part, l’auteur reprend avec vigueur l’enseignement des Pères de l’Église et propose des pistes pour le partage des biens aujourd’hui. L’ouvrage entre en dialogue avec des penseurs contemporains comme Simone Weil et Léon Bloy. En épilogue est présentée une application de cet évangile du partage des biens : celle vécue par les religieux aujourd’hui. Nous remercions les éditions Zachée qui nous ont fait l’amitié de permettre cette adaptation de l’Évangile du partage des biens.
Préface
Rien de plus impersonnel et anonyme que l’argent ; il n’est que de la valeur d’échange, nous dit l’économiste, sans qu’apparaisse son rapport aux besoins concrets, particuliers. Rien de plus personnel pourtant, en même temps : il est à moi, cet argent, je puis beaucoup de choses par lui, entièrement à ma disposition. Il est à moi, que sa forme soit celle d’une liasse de billets, d’un lot d’actions, d’un compte — tout autant à vrai dire d’un appartement, d’une « propriété », dans la mesure où je puis assez facilement en réaliser la valeur. Merci à François Bal d’avoir écrit ce petit livre de réflexion sur l’argent personnel : sur les comportements personnels à l’endroit de l’argent. On n’en traite pas souvent, en dépit des fortes paroles de Jésus dans l’Évangile. Il s’agit des dangers de l’argent, non de sa nature, pensons-nous en lisant l’Évangile : l’argent n’est pas mauvais en lui-même puisque c’est plutôt un formidable instrument de socialisation — instrument d’échange. Pourtant, Jésus a dit que les dangers dont il parle sont grands, très grands même : « Il est plus difficile au riche d’entrer dans le Royaume des cieux qu’au chameau de passer par le trou de l’aiguille. »
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« À Dieu il est possible pourtant » de conduire au salut, poursuit Jésus. Pas sans le partage, il est vrai. Zachée est en tout cas loué pour avoir décidé de donner la moitié de ses biens. Très vite, il sera question des premiers disciples, à Jérusalem, mettant tout en commun. (Parenthèse ici, il n’est dit nulle part dans les Écritures que ceci n’ait dû concerner que les disciples de ce premier moment !). François Bal nous interroge : n’y a-t-il que le partage institutionnel, à savoir ce qui relève du budget de l’État (les impôts) et des cotisations à la sécurité (solidarité) sociale ? Ne reste-t-il pas, même dans nos sociétés passablement socialisées, tout un devoir de partage personnel ? L’auteur met le doigt sur la passion avec laquelle nous nous excusons du partage en disant que nous défendons le bien de nos enfants, leur héritage. Réfléchissons-nous d’ailleurs au fait que l’institution de l’héritage est aujourd’hui passablement déviée, là où elle n’a pas encore été corrigée : l’héritage tend à venir trop tard dans la vie des héritiers pour servir à la réalisation de projets créateurs. Il est juste d’aller plus loin et de faire se demander aussi : suis-je plus utile à mes enfants par ce que je leur ai donné d’exemple, ou par ce que je leur donnerai éventuellement de biens matériels ? Bien sûr, il est capital de leur expliquer l’exemple même, autrement ce n’est pas un exemple. Je voudrais surtout retenir qu’il ne faut pas opposer le partage institutionnel — celui qu’organisent plus ou moins bien nos sociétés, en certaine harmonie avec les prescriptions
PRÉFACE
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de la doctrine « sociale » de l’Église — et le partage personnel. Ils se tiennent : car, si je suis insensible à l’urgence du partage personnel, je le suis probablement aussi au moment de voter pour telle ou telle réforme de redistribution sociale, et cette indispensable redistribution n’a pas lieu — voyez, depuis plusieurs décennies, la résistance du peuple américain à l’institution d’une sécurité santé généralisée, Bill & Hillary Clinton s’y sont cassé les dents. Il faut retenir encore que la propriété, en aucune de ses formes, n’est jamais pour moi seul : la propriété privée est généralement une forme opportune de gestion — c’est ce que disait saint Thomas d’Aquin — mais il ne faut jamais oublier que le but de cette gestion même est l’usage commun, c’est-à-dire par tous. Ce propos de morale sociale est clairement un propos de morale personnelle en même temps. Insister sur le côté plus personnel de la morale de l’argent vaut par lui-même, sans le moindre doute, mais sachant qu’il conditionne, en même temps, les enjeux plus sociétaux. C’est le mérite de ce livre de nous en faire prendre conscience. Jean-Yves Calvez Centre Sèvres et Ceras, Paris
« Que voulez-vous opposer de solide, ou quel piège voulez-vous tendre à celui qui, à toute seconde, est toujours prêt à tout donner ? » Georges Bernanos
Introduction
Des centaines de millions d’hommes, de femmes, d’enfants, sont écrasés par le dénuement matériel ; dans le même temps, des centaines de millions d’autres, au contraire rassasiés de leurs biens matériels, découvrent dans la douleur la présence dévorante de nouvelles pauvretés, les pauvretés psychiques. Depuis l’épreuve de la dépression, jusqu’aux maladies mentales, en passant par les jeunes sans repères sociaux et toutes les formes plus ou moins exprimées du dégoût de la vie, les pauvretés psychiques nous envahissent sans qu’une vision claire ne permette aux structures de la société d’y répondre. Souvent nous craignons cet envahissement et nous nous en protégeons. Car nous n’y voyons qu’une marée de ténèbres, sans percevoir quelles nouvelles lumières pourraient guider les chercheurs de paix, au milieu de ces pauvretés nouvelles. Le père Thomas Philippe 1, dominicain, exceptionnellement lucide sur cette nouvelle ère, a donné la di-
1. Après avoir enseigné la théologie au Saulchoir et au Collège Angelicum (Rome), le père Thomas Philippe (1905-1993) a fondé en 1964 avec Jean Vanier la communauté de l’Arche, qui regroupe personnes avec un handicap et assistants. Il fut prêtre de l’Arche pendant trente ans. Il est enterré à Trosly-Breuil, près de Compiègne (France).
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L’ÉVANGILE DU PARTAGE DES BIENS
rection dans laquelle il nous faut regarder : la paroisse 2 des pauvres. Là où les pauvretés — matérielles, physiques et psychiques —, sont partagées en pleine communion fraternelle, une vie nouvelle peut éclore. La pauvreté marque aussi l’Église de l’intérieur. Des pans entiers de pratique religieuse se sont écroulés dans les pays rassasiés de biens matériels ; des pans entiers du lien entre le christianisme et la vie sociale se sont aussi effondrés. Pour la nouvelle génération, ce ne sont plus les revêtements qui vont tomber, mais les murs euxmêmes ! En France, les communautés paroissiales prennent des allures de peau de chagrin. N’étaient quelques communautés ferventes, par exemple parmi les charismatiques. N’était la joie de l’Évangile et des sacrements, toujours présente, mais souvent si ténue : aujourd’hui, le témoignage chrétien voit ses forces se disperser. À tel point que le monde risque bien de ne plus connaître le nom du gardien de son âme, le Corps du Christ. Les chrétiens ne peuvent pas empêcher l’écroulement de certains de ces murs. Ils ne peuvent pas non plus continuer à vivre sur un champ de ruines, sans lumière.
2. Le mot paroisse désigne cette entité de l’Église catholique organisée au service des croyants selon une répartition géographique ; son étymologie indique dans la paroisse un accueil des personnes qui peuvent s’y trouver comme chez elles (du grec oikia, « maison ») ; ici, elle désigne aussi toute communauté locale.
INTRODUCTION
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Cette venue subite des nouvelles pauvretés a trop assombri le ciel. On n’y voit plus clair. Des paroisses de pauvres qui intègrent pleinement ces nouvelles pauvretés pourraient être la lumière qui manque. Mais il y a un préalable incontournable : que les chrétiens retrouvent un peu de cohérence à l’égard de la pauvreté matérielle. D’abord, c’est un défi croissant. Ensuite, une question de crédibilité : si nous n’osons plus regarder en face ce qu’elle fait de la pauvreté matérielle, comment regarderons-nous en face ces nouvelles pauvretés ? En Église, il nous faut retrouver une parole claire et un comportement adéquat à l’égard de ceux et celles qui sont pauvres matériellement. Alors, nous pourrons redire avec tout le poids de la douleur du monde d’aujourd’hui : « Bienheureux les pauvres ». Comment dire la béatitude des pauvres en esprit, si l’on est incohérent envers la pauvreté matérielle ? Tout au long de ces cent dernières années, l’Église — et le Magistère en particulier —, s’est dépensée en enseignements, en paroles, en encycliques à propos de l’usage de l’argent. Il s’agissait de répondre au bouleversement économique induit par l’industrie, par l’emploi de la machine, par le travail salarié, le capitalisme, le socialisme, le marxisme, la colonisation, la mondialisation des échanges et des contraintes économiques etc. Ces efforts ont élaboré la « doctrine sociale de l’Église », qui offre une réponse aux idéologies, une réponse institu-
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tionnelle aux injustices. Quelques documents phares du magistère universel éclairent cette immensité : Rerum novarum, Pacem in terris, Populorum progressio, Lumen gentium, Centesimus annus, le Compendium de la doctrine sociale de l’Église, Deus caritas est. Il manque cependant une parole et un engagement sur un maillon essentiel : l’argent personnel. Tout a été dit au sujet de l’argent collectif, celui de l’entreprise, de l’État, des marchés économiques. Tout a été dit ou presque sur les dépendances de l’homme, de l’organisation sociale, de la pensée, vis-à-vis de cet argent anonyme. Et cela n’a pas été inutile. Des chrétiens se sont engagés fortement au service de la justice matérielle, avec des moyens conséquents : des entreprises, du combat social, des structures caritatives, des structures humanitaires, du combat politique et idéologique. Très bien. Mais il manque un maillon : ce que le chrétien fait de son argent personnel, de son salaire, de son patrimoine, de son choix de niveau de vie, de sa propriété. Il ne s’agit plus d’un argent anonyme, collectif, mais de cette part de biens universels sur lequel le chrétien a une autorité de décision extrême, quasi sans limite, son patrimoine en somme, avec son compte en banque, ses biens matériels, et éventuellement d’autres biens financiers moins visibles. Outre les documents du magistère, les cours, sessions et propositions catéchétiques ont été passés en revue. En effet, ils constituent une vitrine incomparable de ce que
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la communauté chrétienne veut dire et transmettre. Ces formations proposent une floraison fantastique. Mais, à propos de l’argent personnel, sur plus de deux cents titres d’enseignements examinés, aucun ne traite directement du sujet. Pas un mot sur le partage des biens privés et sur la doctrine de la juste propriété. Quelques formations abordent la répartition des biens, mais toujours sous l’aspect collectif des choses : l’économie, la politique mondiale, les marchés financiers etc. Jamais en réponse à la question : « Que dois-je faire de mes biens ? » Ce survol est aussi troublant que catastrophique. Troublant : la juste répartition des biens ne ferait-elle pas partie des enjeux majeurs du XXIe siècle ? Catastrophique : les questions morales et spirituelles associées à la juste répartition des biens, à la juste propriété privée, sont inconnues du système de formation des laïcs aujourd’hui. Seuls les aspects économiques et collectifs sont traités : les décisions morales liées à la propriété personnelle sont ignorées. Cela veut-il dire que la question de la juste répartition des biens privés, de la juste propriété, n’intéresse pas la communauté chrétienne ? Autrement dit, la formation des laïcs semble à cet égard désincarnée. En y introduisant le sujet de la juste répartition des biens, un pas se ferait vers une concrétisation du message, pour que sa pertinence se fasse vraiment opératoire au plan de l’action.
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Dans les encycliques, les sermons, des livres, des formations, des catéchismes, le maillon de l’argent personnel est traité en quelques lignes. La parole de l’Église n’est pas à la hauteur de l’objet qui, lui, est immense, au moins aussi grand que l’argent collectif. C’est d’autant plus urgent que l’Église est dépositaire d’une parole unique et exceptionnellement puissante à ce sujet : l’Évangile de Jésus. Il y est parlé cent fois de l’argent, et de l’argent personnel. Il y en est parlé non seulement pour éclairer l’homme sur ses choix vis-à-vis de l’argent, mais il y en est parlé avec tout ce dont l’Église a besoin pour comprendre le lien entre l’argent et le salut, entre l’argent et le commandement : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » C’est d’autant plus dommage que l’Église dispose d’une doctrine complète et cohérente sur le sujet : la doctrine de la juste propriété, qui permet de garder de quoi pourvoir à nos besoins, mais qui demande d’affecter le reste au bien commun. Ce livre veut plaider pour la pertinence de cette doctrine et rouvrir une brèche dans ce qui paraît à certains égards un mur. Alors, faisons ce travail inlassable, à la lecture des signes des temps, de redire cet appel évangélique confronté à ces réalités d’aujourd’hui que sont le compte en banque, la propriété privée, le patrimoine, le fruit en argent des placements personnels. Cet essai veut aborder sans peur le sujet de la propriété. Parfois, les curés de paroisse ont peur de blesser. Dans les
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mouvements, on craint d’aborder cette question. Pour le Français en particulier, une pudeur voluptueuse entoure d’un voile la déclaration vraie des fortunes réelles. Cet ensemble malsain contribue à laisser les chrétiens dans une solitude intellectuelle et morale terrible vis-à-vis de l’argent personnel. Hormis quelques communautés nouvelles et de trop rares associations qui ont pris la question à brasle-corps par un choix de vie particulier, on admet silencieusement que le domaine de l’argent privé n’entre pas dans le champ de l’engagement spirituel, ou le processus de conversion est laissé à la solitude des personnes. C’est comme si l’engagement du baptisé touchait tout, sauf le patrimoine et l’héritage à transmettre. Certes, c’est à chacun dans sa liberté qu’il revient de faire sien l’enseignement de l’Évangile. Mais la liberté doit être éclairée jusque dans ses choix concrets. C’est l’objectif de cet essai : donner à penser sur ce sujet. ❧
Première partie
La doctrine de la juste propriété
Que penser de ces biens qui m’appartiennent ? M’aidentils à louer Dieu ? À vivre et à aider les autres ? La première partie clarifie trois notions à propos des biens qui nous sont propres : devant les besoins criants des plus pauvres aujourd’hui, comment l’appel au partage dans l’Évangile va-t-il jauger le caractère juste de notre propriété (chapitre 1) ? Et qu’en est-il du patrimoine ? Doisje donner des biens qui m’ont été transmis précieusement ou que j’ai accumulés au prix de mon travail (chapitre 2) ? Et mes enfants ? Ne dois-je pas garder des biens pour eux et prévoir pour eux un héritage (chapitre 3) ? Commençons donc par nous demander dans quelles limites la propriété est juste.
Chapitre 1
La juste propriété
« La propriété privée est un besoin vital de l’âme 3 » : la belle formule de Simone Weil rejoint une aspiration profonde de l’être humain au travail : « un jardinier, au bout d’un certain temps, sent que le jardin est à lui. » Simone Weil présente la propriété privée non pas comme une nécessité politique ou morale : elle aurait alors parlé de justice. Elle présente la propriété privée comme un besoin de l’âme, c’est-à-dire comme une nécessité tout à fait première pour permettre à l’âme de se développer. « L’âme est isolée, perdue, si elle n’est pas dans un entourage d’objets qui soient pour elle comme un prolongement des membres du corps. » L’être humain a un besoin essentiel de cette propriété privée : sinon il est inutile, son âme ne peut pas se développer ; l’âme est isolée, perdue. Oui, répond la philosophe, il y a un lien
3. L’Enracinement. Prélude à une déclaration des devoirs envers l’être humain, Paris, Gallimard, collection « Idées », 1949, p. 50 (le texte a été écrit en 1943). Simone Weil, philosophe française (1909-1943), fut enseignante, ouvrière, syndicaliste, résistante. Communiste critique, elle fut à la fin de sa vie fascinée par Jésus Christ. Les citations qui suivent sont tirées du début de son ouvrage.
En lecture partielle‌
Table des matières
Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 1re PARTIE
La doctrine de la juste propriété Chapitre 1. La juste propriété . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 La propriété est un besoin de l’âme . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 La propriété privée vient de Dieu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 La destination universelle des biens . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 La destination universelle et la propriété privée des biens selon le Catéchisme de l’Église catholique [encadré] . . . . . . . 35 Dans le cadre du bien commun . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Chapitre 2. Le patrimoine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Les biens de famille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Renoncer de son vivant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 L’audace de préférer Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 Qui perd gagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
Chapitre 3. L’héritage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 « Pèlerin de l’Absolu » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51 Voué à Dieu, notre gardien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 Les yeux tournés vers le ciel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57 Dieu prendra soin de vos enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
2e PARTIE
Le questionnement spirituel Chapitre 4. Ce que dit Jésus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 Un choix radical. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 Faire confiance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73 Imiter Dieu et les pauvres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76 Faire l’aumône . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
Chapitre 5. Un grand abîme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 Sans souci . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 Une question de lucidité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 La compassion de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Le besoin d’être sauvé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Chapitre 6. L’épreuve décisive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Détachement et vie nouvelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95 Tout est emporté. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Renoncer a fortiori à ses biens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Pour l’amour de Jésus Christ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
Chapitre 7. Et maintenant… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 La formation des laïcs et les catéchismes . . . . . . . . . . . . . 115 L’étude doctrinale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 Les mouvements et les paroisses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119 Le ton pour dire les choses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 Épilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
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Achevé d’imprimer le 20 octobre 2008 sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique)
François Bal
Marié, père de trois enfants, François Bal est membre d’une communauté Foi et Lumière depuis plus de vingt-cinq ans. Il a assumé différentes responsabilités au service des personnes avec un handicap au sein de Foi et Lumière, puis comme directeur de l’Office chrétien des personnes handicapées (OCH). Il travaille comme ingénieur des télécommunications. ISBN 978-2-87356-415-5 Prix TTC : 10,95 €
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L’Évangile du partage des biens L’Évangile du partage des biens
Cet essai veut aborder sans peur le sujet de la propriété. Pour le Français en particulier, une pudeur voluptueuse entoure d’un voile la déclaration vraie des fortunes réelles. Cette situation contribue à laisser les chrétiens dans une solitude intellectuelle et morale terrible vis-à-vis de l’argent personnel. Hormis quelques communautés nouvelles et de trop rares associations qui ont pris la question à la bras le corps, on admet silencieusement que le domaine de l’argent privé n’entre pas dans le champ de l’engagement spirituel, ou le processus de conversion est laissé à la solitude des personnes. C’est comme si l’engagement du baptisé touchait tout, sauf le patrimoine et l’héritage à transmettre. Certes, c’est à chacun dans sa liberté qu’il revient de faire sien l’enseignement de l’Évangile. Mais la liberté doit être éclairée jusque dans ses choix concrets. C’est l’objectif de cet essai : donner à penser sur ce sujet.
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L’Évangile du partage des biens
Préface de Jean-Yves Calvez