Benoît & Ariane Thiran-Guibert Depuis 1998, ils ont approfondi l’évangile de Marc à partir du contexte de leur vie et de celle des participants aux sessions qu’ils animent. De la dynamique de ce récit, ils ont tiré une pédagogie performante d’apprentissage de la relation non-violente. Cofondateurs de l’association « Sortir de la Violence », ils ont publié en 2006 Entrer dans l’Évangile pour sortir de la violence aux éditions Fidélité. ISBN 978-2-87356-459-9 Prix TTC : 16,95 €
Une production Sortir de la Violence ASBL 9 782873 564599
Benoît & Ariane Thiran-Guibert
Tome 1 Changer notre regard
Ce livre nous offre à la fois une solide réflexion spirituelle sur la gestion de la violence dans les conflits et un précieux outil pédagogique pour nous initier à la prière transformatrice et à la nonviolence dans nos incompréhensions mutuelles. Les croyants s’y trouveront en pays de connaissance, et ils percevront que cet évangile qu’ils croyaient connaître les engage à sortir de la violence. Ceux qui ne croient pas en la divinité de Jésus ne se sentiront aucunement étrangers au propos, car toute personne de bonne volonté peut y trouver une aide efficace pour améliorer ses relations. Peut-être quelques-uns y découvriront-ils l’actualité de cet homme hors du commun qu’est Jésus de Nazareth. Écrit dans un style simple mais percutant, ce livre représente une véritable école de liberté intérieure en même temps qu’il apprend à lire l’évangile dans une perspective d’action non-violente interpellatrice. Jean Radermakers, s.j., extrait de la Préface
Jésus non-violent
Jésus nous apprend a` vivre notre violence et a` développer notre non-violence
Benoît & Ariane Thiran-Guibert
Jésus non-violent Nouvelle lecture de l'évangile de Marc
Tome 1
Changer notre regard Préface de Jean Radermakers
JĂŠsus non-violent
Une production Sortir de la Violence ASBL.
© Editions Fidélité • 7, rue Blondeau • BE-5000 Namur • Belgique info@fidelite.be Dépôt légal : D/2010/4323/08 ISBN 978-2-87356-339-7 Imprimé en Belgique Maquette et mise en page : Jean-Marie Schwartz Dessin de couverture : Claire Paschal, Sortir des limbes, encre, pigments, pastel sec, octobre 2009. Ouvrage édité avec le soutien du département culture de la CCMC, a.s.b.l.
BenoĂŽt & Ariane Thiran-Guibert
JĂŠsus non-violent Tome 1
Changer notre regard
La non-violence n’est pas une technique. C’est la qualité la plus belle du cœur, qui se développe par l’entraînement. Si on l’accepte comme règle de vie, elle doit guider l’être tout entier et ne pas se limiter à des actes isolés. » Gandhi Nous tenons à remercier tous ceux qui nous ont accompagnés sur notre chemin dans la non-violence et dans la foi, et grâce à qui ce livre et notre travail actuel sont devenus possibles. Merci particulièrement à Shuyana, Sara et Paolo, nos enfants, nos parents, Isabelle et Alexis, Jo Hanssens, Jean Radermakers, Bruno & Isabelle Eliat, Géry de Radiguès, Françoise van Rijckevorsel, Thierry & Agnès Montulé, Hildegard Goss-Mayr, Jean Vanier et toutes les personnes qui portent avec nous l’association « Sortir de la Violence », ceux qui nous ont aidés à relire et peaufiner ce livre, Claire Paschal pour l’apport de sa sensibilité artistique pour la couverture, les participants à nos retraites-formations à qui nous avons partagé ce chemin d’Evangile et qui nous ont offert en retour leurs résonances, Rita et Franck, les membres de notre communauté aux Fraternités du Bon Pasteur, tous nos prédécesseurs dans la non-violence qui nous inspirent chaque jour, et merci surtout à Toi, Créateur nous créant sans cesse, Amour « toujours d’abord déjà là », Tu fais de nous des fils et des frères, Toi, Maître de non-violence.
Préface
de Jean Radermakers
Notre monde occidental se prévaut d’être à la pointe du progrès scientifique et technique. Pourtant, nous assistons encore en nos régions dites civilisées à des luttes quasi tribales, à des discussions sans fin, à des conflits ouverts ou larvés, à des affrontements politiques et sociaux à propos de réalités importantes comme l’emploi de tous, l’immigration, le réchauffement climatique, la crise financière et économique, le développement des pays pauvres, mais aussi pour des intérêts locaux et des revendications moins nécessaires, voire mesquines. On se demande pourquoi de tels progrès ont été réalisés en quantité de domaines, alors que sur le plan des rapports entre personnes, l’expérience des sages profite si peu aux générations ultérieures. Ne serait-il pas possible d’améliorer nos relations humaines ? En fait, ce ne le serait qu’au prix d’un investissement et d’un travail sur soi, personnel et communautaire, que peu sont prêts à consentir. Au constat de cette situation ont été entreprises un peu partout des recherches sur le comportement psychologique tant individuel que social, afin de progresser dans la communication entre citoyens et dans la conduite des relations. On cherche des modèles, des figures de proue comme Gandhi, Martin Luther King, Desmond Tutu, et bien d’autres personnalités réputées non-violentes. Or, il existe un modèle que l’on oublie fréquemment et que l’on a même tendance aujourd’hui à gommer parce qu’il date de deux mille ans, et surtout parce qu’il gêne et qu’on le méconnaît. Il s’agit de Jésus de Nazareth, un personnage qui en savait long sur l’humanité, et qui rencontrait ses semblables avec un sens psychologique jamais en défaut. A croire qu’il possédait une juste connaissance des ressorts intimes de cet animal déchaîné que nous devenons quand nous laissons s’exprimer sans contrôle
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nos instincts et nos pulsions. Il est vrai que Jésus avait hérité d’un patrimoine de sagesse peu commun. Son livre de chevet, si on peut s’exprimer ainsi, était la Bible, dans laquelle son peuple avait consigné la mémoire d’une expérience millénaire, notamment à propos de la douceur de Dieu et de la violence des humains. Effectivement, l’Ancien Testament, si on le lit comme un ouvrage de mémoire spirituelle, apparaît comme une base de réflexion destinée au peuple d’Israël, et par la suite aux chrétiens et à tout être humain. Avec son peuple, Jésus savait que la domination par la force et la cruauté ne pouvait mener qu’au massacre des populations et à l’échec du pouvoir. Israël avait connu l’esclavage d’Egypte et il s’était enfui au désert pour y apprendre la maîtrise intérieure et recevoir une Loi. Après cela, arrivé sur sa terre, il s’était choisi des rois qui l’avaient conduit à la ruine et à l’exil, à Ninive et Babylone. A son retour de captivité, Israël avait été soumis au régime perse, puis à celui, plus dur et plus rigide, des empereurs grecs et romains avides de domination et de puissance. Jésus avait longuement médité cette interminable et douloureuse expérience ; chaque sabbat, à la synagogue de son village, il avait participé à des débats sur la situation politique et sociale lue à la lumière de la révélation, et il avait intégré dans sa vie la sagesse de ses ancêtres, dont la figure était Salomon. Ce Nazaréen, résumant en sa personne intelligente et sensible toute la réflexion des sages et des prophètes de son peuple, Simon-Pierre, un pêcheur du lac de Galilée, l’avait rencontré, alors qu’il venait de se faire baptiser dans le Jourdain par un certain Jean fils de Zacharie, dit l’Immergeur, qui prêchait un baptême de conversion après avoir lui-même vécu un temps au désert. Subjugué par Jésus, Pierre l’avait suivi et avait été choisi comme disciple par le rabbi itinérant. Il l’avait accompagné, parfois en le contestant, comme ce jour mémorable où il s’était fait traiter de « satan » (c’est-à-dire : obstacle) par le Maître qui venait d’annoncer qu’il serait victime de la haine de ses compatriotes et qu’on le condamnerait à la mort ignominieuse de la croix. Bien plus tard, après la résurrection de Jésus, un citoyen de Jérusalem du nom de Marc — peut-être le Jean-Marc qui accompagna Paul dans son premier voyage missionnaire, selon le livre des Actes des apôtres —, s’était
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attaché à Pierre et il l’avait suivi jusqu’à Rome, écoutant attentivement sa catéchèse et ses souvenirs sur Jésus. C’est là sans doute, pour la première communauté chrétienne de la ville impériale, qu’il avait écrit une vie de Jésus, depuis le baptême de Jean jusqu’à sa résurrection d’entre les morts. Cette « Bonne nouvelle », écrite dans un style fort personnel, vif et précis, donne à tout moment l’impression du réel, comme si ses lecteurs allaient se retrouver face à Jésus vivant. C’est ainsi que l’évangile selon Marc, par sa tournure abrupte et incisive, nous affronte directement au Christ, au point qu’on sort difficilement indemne de cette confrontation. Sans doute, au contact de son Maître, Pierre était demeuré l’impulsif réactionnaire des débuts, mais il avait appris lentement à se laisser configurer de l’intérieur par la personne de Jésus qui l’habitait. Il mourut d’ailleurs, lui aussi, crucifié ; mais la tête en bas, d’après la tradition, car il s’estimait indigne d’imiter en tout point son Seigneur. Aujourd’hui, le lecteur de l’évangile selon Marc ne connaît Jésus de Nazareth qu’à travers son récit. Mais une attention minutieuse et précise à sa manière de raconter et d’agencer les différents épisodes, tout en puisant à la tradition de la première église de Jérusalem, nous fait découvrir un Jésus extraordinairement vivant. Sans beaucoup nous décrire le contenu de l’enseignement oral de Jésus comme Matthieu le faisait, Marc tient surtout à le montrer agissant, interpellant les personnes qui venaient à lui et qui l’entouraient. Nous ne trouvons chez lui qu’un seul discours du Maître, appelé Christ ou Messie. Il tient à souligner l’importance de sa mort en croix, en conformité avec toute une vie marquée par la non-violence active. En effet, le Crucifié du vendredi-saint continue d’interpeller les hommes et les femmes de ce temps dans la même perspective de libération intérieure et de paix nécessaires pour construire une société humaine respectueuse du bien commun et du prochain. Ariane et Benoît Thiran ont lu, relu, médité cet évangile à partir du contexte de leur vie réelle. Ils ont réalisé que la dynamique de ce récit constitue un vrai apprentissage de la non-violence active, au point d’en tirer une pédagogie performante pour nos contemporains. Sur cette base, ils animent depuis neuf ans des retraites-formations pour approfondir la rela-
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tion à la lumière de l’Evangile. Avec les nombreux participants, ils ont pu vérifier, affiner et goûter la justesse et la fécondité de cette clé de lecture… de quoi croire à la résurrection ici et maintenant ! Le résultat en est ce livre, et les deux tomes à paraître, retraçant les trois étapes selon la démarche de l’évangéliste. Il nous offre à la fois une solide réflexion spirituelle sur la gestion de la violence dans les conflits, et un précieux outil pédagogique pour nous initier à la prière transformatrice et à la non-violence active dans nos différends et nos incompréhensions mutuelles. Les croyants s’y trouveront en pays de connaissance, et ils percevront que cet évangile qu’ils croyaient connaître les engage à « sortir de la violence ». Ceux qui ne croient pas en la divinité de Jésus ne se sentiront aucunement étrangers au propos, car toute personne de bonne volonté peut y trouver une aide efficace pour améliorer ses relations. Peut-être quelquesuns y découvriront-ils l’actualité de cet homme hors du commun qu’est Jésus de Nazareth. Celui-ci laisse au lecteur de l’évangile une trace de sa présence en chaque humain, être unique à l’image de l’unique Dieu. Ecrit dans un style simple mais percutant, en dialogue constant avec son lecteur, ce livre que je préface volontiers représente une véritable école de liberté intérieure en même temps qu’il apprend à lire l’évangile dans une perspective d’action non-violente interpellatrice. Je souhaite une fructueuse lecture à tous ceux qui s’y intéresseront. Jean Radermakers, s.j. Bruxelles, janvier 2010 Professeur d’Ecriture sainte à l’Institut d’études théologiques Membre d’honneur de l’association « Sortir de la Violence »
Introduction
Pourquoi lire l’Evangile aujourd’hui ? « A mon avis, tu deviens un homme quand tu arrêtes de couper le monde en deux — bons et méchants, amis et ennemis — quand tu arrives à ne voir, à ne respecter que l’homme. » Jean Goss
Si l’Evangile n’est que de l’histoire ancienne, alors il ne nous intéresse pas plus qu’un livre d’histoires ou de contes. Ce qui fait tout l’intérêt de l’Evangile, c’est qu’il nous parle de nous aujourd’hui. Parce qu’il est le témoignage d’êtres humains comme nous, qui tentent de partager leur expérience de l’indicible, du divin, il peut entrer en résonance avec notre propre chemin et devient alors d’une actualité bouleversante. Et la plus grande surprise qu’il nous réserve, au détour d’une page, c’est la rencontre. La rencontre d’un homme qui nous dit tout de Dieu, bouscule nos certitudes et nous révèle la divinité de l’être humain au point de nous exclamer devant lui comme le centurion : « Pour de vrai, cet homme est fils de Dieu ! » (Mc 15, 39). Ils sont quatre évangélistes à nous rapporter cette expérience, quatre points de vue sur une même personne, comme pour nous inviter à découvrir le nôtre, comme pour nous dire qu’on n’a jamais fait le tour de quelqu’un.
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Une lecture nouvelle, centrée sur la violence et la non-violence En 1990, après deux ans de vie professionnelle en Belgique, nous sommes partis en Equateur, travailler dans un projet de développement. Nous y sommes restés sept ans. D’emblée, la pauvreté et l’injustice que subissait le peuple équatorien nous ont bouleversés. Deux questions fondamentales nous ont alors habités en permanence : - Face à ces violences, ces injustices, sommes-nous impuissants ? Est-ce une fatalité ? Que pouvons-nous faire, face à tout ce qui détruit l’être humain ? - Et si Dieu existe, que fait-il ? Est-il indifférent ? Ces questions nous ont amenés à découvrir la non-violence active. A partir de cette rencontre bouleversante, nous nous sommes mis à lire la Bible avec cette nouvelle clé de lecture : - Que fait Dieu face à la violence des hommes ? - La façon d’être de Jésus peut-elle nous aider aujourd’hui dans notre façon de vivre les situations de violence ou de conflits que nous rencontrons dans notre vie quotidienne ? En côtoyant les communautés de base en Amérique latine, nous avons aussi appris à lire les Ecritures et à les partager à partir de l’écho suscité par l’expérience quotidienne de chacun. Cette Parole se met alors à nous parler d’une manière tellement personnelle qu’on demeure surpris, saisi même. Elle devient source d’un surplus de vie. Elle dépasse aussi notre expérience personnelle… nous découvrons en chemin que des millions d’êtres humains, de cultures et d’époques différentes, l’ont aussi expérimentée. Ainsi notre parcours personnel nous a amenés à relire particulièrement l’évangile selon Marc du point de vue des conflits et de la violence. Ce n’est pas d’abord un travail intellectuel, ni une recherche livresque, qui nous ont amenés à découvrir ce que nous allons vous par-
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tager ; c’est la vie. Les expériences de tous les jours nous ont apporté l’essentiel des éclairages. Cette lecture s’est révélée d’une telle fécondité que sa pertinence s’est avérée évidente. Le chemin de non-violence active que Jésus a parcouru avec ses disciples, il y a deux mille ans, a trouvé un écho formidable aujourd’hui dans nos vies. Nous y avons découvert un message étonnamment actuel qui répond à un grand besoin : devenir ou redevenir acteurs au sein des conflits et de la violence… toutes ces situations où la relation se ferme, où un mur se construit entre soi et l’autre, où la dignité humaine est bafouée en nous et autour de nous. Bien sûr, on peut lire les évangiles à partir de points de vue très différents. Cette lecture en est un parmi d’autres, elle ne prétend pas être exclusive.
Une vision particulière de la violence et de la non-violence En 2006, nous avons publié un livre intitulé Entrer dans l’Evangile pour sortir de la violence 1 dans lequel nous avons développé ce qu’on pourrait nommer les bases évangéliques de la non-violence 2. Dans ce premier livre, nous avions pris le parti de plonger au cœur de l’Evangile pour y rejoindre Jésus et ses disciples confrontés à la violence et au conflit. Nous y avions découvert un autre regard sur la violence, une autre façon de se défendre, de défendre la Vie, toute vie, de sortir de la violence. Jésus nous montre que la violence commence bien avant les manifestations physiques et extrêmes auxquelles nous avons l’habitude de l’identifier. Le fait qu’elle passe inaperçue, là où pourtant nous pour1. Benoît & Ariane Thiran-Guibert, Entrer dans l’Evangile pour sortir de la violence, Namur, Fidélité, 2006. Nous y relisons entre autres le fameux texte sur la gifle et l’amour des ennemis (Mt 5, 35-48). 2. D’autres, tels Martin Luther King, Jean & Hildegard Goss-Mayr, Jean-Marie Muller, Jacques Semelin, le pasteur Jean Lasserre, Etienne Chomé, ont développé les bases évangéliques de la non-violence à leur manière (voir bibliographie en annexe).
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rions avoir prise sur elle, la renforce ! Ce sont les formes de violence « non identifiées comme telles », et même souvent justifiées, qui sont de loin les plus répandues dans nos vies, nos villes et nos sociétés occidentales : là où elles concernent nos relations en famille, en communauté, au travail, en société. Ce sont elles aussi qui sont à la base des manifestations extrêmes que nous craignons tant et qui suscitent et entretiennent tout un système de structures qui engendrent la violence à plus grande échelle. Jésus nous invite à la reconnaître, d’abord dans notre regard, se traduisant ensuite dans nos paroles et dans nos attitudes. Avec lui, nous découvrons dans nos relations quotidiennes les mécanismes de base de la violence mais surtout, comment faire tomber le mur qu’elle construit entre soi et l’autre. Les seuls démons de ce monde sont ceux qui grouillent dans notre cœur et c’est là que doivent se livrer tous nos combats (Gandhi). Parallèlement à cette plongée dans l’Evangile, nous développons dans ce premier livre un outil concret : la roue du changement de regard. Tout en illustrant l’Evangile, elle nous aide à voir où commence la violence et à traduire ce que Jésus propose pour devenir artisans de paix dans nos vies de tous les jours. En voici un rapide résumé.
Où commence la violence ? La roue du changement de regard 3 La violence commence chaque fois que je divise le monde en deux ;
3. Cet outil imaginé par Isabelle Eliat est composé de deux disques : le premier en carton avec une moitié verte sur laquelle est écrit : « Moi » et l’autre moitié blanche sur laquelle est écrit : « L’autre » ; le deuxième en plastique transparent avec une moitié laissée transparente et l’autre moitié rayée. Ces deux disques sont superposés. Ils tiennent ensemble et tournent grâce à leur axe central. Isabelle et Bruno Eliat, cofondateurs de l’association Sortir de la Violence, ont écrit Oser la relation… exister sans écraser (Lyon et Namur, Chronique sociale et Fidélité, 2006), pour approfondir cet outil, tant au niveau de « son emploi » que de « son esprit ».
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chaque fois que je pense, je parle, j’agis, comme si l’une des deux parties en conflit était « toute rayée » et l’autre « toute transparente ». Violence orientée vers l’autre Je sais mieux que l’autre, j’ai raison… Je me sens et me présente comme tout transparent.
moi
L’autre a tort, il se trompe, je l’enferme dans mon jugement… Je le vois tout rayé.
l’autre
Violence orientée vers moi Je m’écrase, me sens incapable, me culpabilise… Je me raie complètement.
Je laisse toute la place à l’autre, à son point de vue, ses intérêts… Je le vois tout transparent.
moi l’autre
Celui que je vois tout rayé, que ce soit l’autre ou moi-même, me devient un ennemi que je cherche à éliminer au lieu d’être un adversaire qui me fait grandir dans la relation. Cette violence se propage par trois mécanismes de base : - LE PING-PONG DES ACCUSATIONS Pour me défendre, j’attaque : « Ce n’est pas vrai : je ne suis pas rayé, c’est toi ! » - LE PING-PONG DES VÉRITÉS Pour me défendre, je me justifie sans faire aucune place à ce que l’autre vit ou me reproche : « Ce n’est pas vrai : je ne suis pas rayé, je suis transparent ! » - FILER À LA SOLUTION Pour fuir le malaise du mur que je sens entre moi et l’autre, je fournis une solution qui arrangerait tout (de mon point de vue), faisant souvent l’impasse sur le point de vue, le vécu et les besoins de l’autre ! La plupart du temps, nous mélangeons ces trois mécanismes, passant de l’un à l’autre sans transition.
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La voie de la relation non-violente se découvre en faisant basculer le mur de la violence. Celui-ci devient alors une passerelle entre soi et l’autre. Non-violence orientée vers l’autre
Non-violence orientée vers moi
1re clé I. Reconnaître l’autre Me mettre à l’écoute du point de vue de l’autre et le reformuler. Quels sont sa vérité, son vécu, ses besoins, ses valeurs ? Pourquoi réagit-il comme cela ? Que défend-il ?
2e
clé II. Accueillir mes limites
1re clé III. M’affirmer
III
I
moi
l’autre
II
IV
Me mettre à l’écoute de ce que l’autre me reproche et le reformuler. J’ai une responsabilité dans ce conflit. Je lâche mon désir d’avoir raison. Qu’est-ce qui dans mon attitude blesse, dérange l’autre ?
= Diagonale de l’écoute active
Oser dire ma vérité, oser exister face à l’autre. Quels sont ma vérité, mon vécu, mes besoins, mes valeurs ? Pourquoi je réagis comme cela ? Qu’est-ce que je défends ?
2e clé IV. Interpeller l’autre Exprimer ce en quoi l’attitude de l’autre m’a blessé ou dérangé. Qu’est-ce que je lui reproche ? Quel mal ou injustice a-t-il commis ? Qu’est-ce qui dans son attitude construit un mur entre nous ?
= Diagonale de l’expression
« Etre non-violent » ce n’est pas « ne jamais être violent » ! Il est peut-être possible pour certains de ne pas entrer dans les attitudes physiques et extrêmes par lesquelles on définit habituellement la violence. Par contre, ne jamais être violent au sens de la roue du changement de regard est impossible. Dans cette optique, être non-violent c’est devenir de plus en plus conscient de sa propre violence. La violence est en nous, notre seul choix est de la vivre consciemment ou inconsciemment. Quand on la rejette ou la nie, quand on la vit inconsciemment, elle prend les commandes. Par contre, si on l’apprivoise, si on la vit consciemment, alors elle participe à la danse de la vie relationnelle avec l’autre et avec soi-même. La non-violence n’est donc pas le contraire, ni la négation de la violence. Jusqu’à présent personne n’a trouvé un mot qui dit vraiment ce qu’elle est. La question de l’inadéquation du terme « non-violence » reste ouverte.
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C’est avec ce regard-là sur la violence et la non-violence que nous avons scruté l’évangile selon Marc. A la lumière de la roue du changement de regard et des techniques d’action non-violente telles que développées durant le XXe siècle, nous avons découvert combien Jésus nous a ouvert ce chemin de l’amour des ennemis, de la non-violence active. Ce n’est donc pas une démarche rationnelle qui nous a amenés à approfondir cet évangile-là, mais bien le fruit de notre cheminement dans la non-violence active.
Quel est le point de vue de Marc ? Marc témoin de Pierre… en prise directe avec l’expérience des disciples Beaucoup d’exégètes s’accordent aujourd’hui pour dire que Marc est en quelque sorte le secrétaire de Pierre : il nous relate son vécu, celui de l’apôtre passionné. Aussi nous lisons cet évangile comme le partage de son expérience et nous nous posons sans cesse les questions suivantes : comment Pierre a-t-il vécu ces années de rencontre avec Jésus ? Quel a été son cheminement ? Pourquoi nous rapportet-il tel épisode à tel moment ? Qu’a-t-il voulu nous transmettre de son expérience ? En quoi cela nous concerne-t-il aujourd’hui ?
Comme l’a vécu Pierre, Marc nous fait rencontrer d’emblée Jésus adulte Il commence son récit à l’époque où les disciples l’ont probablement rencontré pour la première fois, c’est-à-dire lors de la prédication de Jean Baptiste, juste avant la vie publique de Jésus. Il nous met ainsi en contact direct avec le Jésus de l’histoire, celui qui apparaît un beau jour au côté de Jean Baptiste, celui dont les disciples ne savent pas « qui il est », ni « d’où il vient ». Nous sommes tellement habitués à voir Jésus à partir de tout ce que nous savons de lui, depuis l’annonciation à Marie, en passant par le nouveau-né couché dans une crèche, vénéré par des mages venus d’orient, etc. Nous avons du mal à imaginer ce qu’a été la rencontre de Jésus avec les hommes de son temps. Se laisser mener par Marc et
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redécouvrir Jésus de ce point de vue-là, débarrassés de certaines informations que nous possédons aujourd’hui, nous fait faire un chemin étonnant.
Un Jésus et des disciples très humains « Le portrait que Marc trace de Jésus est très humain. Plus que Matthieu et Luc, Marc fait revivre l’homme que fut Jésus en nous faisant partager ses émotions, ses souffrances, sa faiblesse, son espérance » (André Chouraqui 4). Nous pouvons faire la même affirmation pour les apôtres : cet évangile rend bien les doutes, les incompréhensions, les blocages, les crises et autres chocs vécus par eux, mais aussi les joies et les enthousiasmes qu’ils vivent. Il dépeint très bien leur lent cheminement. Marc nous fait pénétrer dans l’épaisseur humaine de chacun des « acteurs » de ses récits.
Marc nous ancre dans le réel : le pays et la culture juive C’est aussi l’évangile qui relate avec le plus de précision les situations concrètes, particulièrement toute la période de Jésus en Galilée. Nous avons eu la joie de pouvoir passer quelques jours dans cette région. Nous nous sommes laissés guider entre autres par le Père Bargil Pixner, o.s.b. à travers ses livres 5. Vivant en Israël-Palestine depuis 1970, il s’exprime ainsi : « La connaissance actuelle, géographique et historique, de l’époque d’il y a deux mille ans, montre clairement que c’est l’histoire d’un homme réel qui est décrite et non une construc-
4. André Chouraqui, La Bible, Paris, Desclée de Brouwer, 2003, p. 1945 (Introduction de l’évangile de Marc). 5. Bargil Pixner, With Jesus through Galilee according to the fifth gospel, Israël, Corazin, 1996 ; et With Jesus in Jerusalem, his first and last days in Judea, Israël, Corazin, 1996.
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tion littéraire d’une personne idéale. […] Selon de nombreux savants, c’est également mon avis, deux des quatre évangélistes, Jean et Marc, font preuve d’une parfaite connaissance du paysage galiléen. Celle-ci contribue pour une grande part à une meilleure compréhension du déroulement de la vie de Jésus. » Pour lui, le pays et la culture de Jésus est un « cinquième évangile ». Nous laisser imprégner par celui-ci, a été l’occasion pour nous de découvrir, presque douloureusement, la petitesse du Jésus de l’histoire. Dieu qui s’incarne, et pourtant tout paraît ridiculement petit, insignifiant : un petit coin du monde perdu au bord d’un lac, entouré de petits villages, on dirait plutôt des hameaux, dont il ne reste quasiment rien ; quelques personnes qui suivent un homme… Quand on est sur place, on ne peut pas s’y tromper, le mystère de l’incarnation de Dieu nous prend à la gorge, ne nous laissant plus la possibilité d’imaginer la toute puissance de Dieu à la façon des hommes, dans les grandes manifestations et le fracas ; ni non plus de façon surréaliste avec un Dieu « baguette-magique » qui agit malgré nous dans notre histoire ! Tout est trop réel, incarné, petit et insignifiant ! Si Jésus a vécu il y a deux mille ans dans un peuple précis, à un endroit précis, ce n’est pas pour que nous décollions du réel. Les évangiles sont extrêmement concrets, parfois même croustillants, et ce d’autant plus quand on essaye de retrouver leur contexte réel.
Marc nous fait parcourir, dans la foi, le chemin du Jésus de l’histoire Les évangiles mêlent inextricablement le « Jésus de l’histoire » et le « Jésus de la foi ». Ils relatent avant tout l’expérience des hommes qui ont rencontré Jésus et qui ont été aimantés par lui. Ils n’ont vraiment compris ses paroles et ses actes qu’après sa mort et à la lumière de sa résurrection. Les évangiles sont bel et bien une relecture de ce qu’ils ont vécu avec Jésus à la lumière de leur expérience de la résurrection. Nous faisons l’hypothèse que Marc a voulu nous faire parcourir un chemin analogue à celui des disciples en utilisant la pédagogie que
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Jésus lui-même avait utilisée avec eux, en nous menant peu à peu sur ce chemin de la non-violence active qui n’est autre que celui de tout homme en humanité.
Trois étapes dans la pédagogie de Jésus Nous avons découvert trois grandes étapes dans le cheminement des apôtres par rapport au conflit, à la violence et à la non-violence, et donc trois étapes de la pédagogie de Jésus 6. Dans la première étape, Jésus les invite à une prise de conscience par rapport à la violence en eux. Dans la deuxième, il les accompagne dans la manière de mettre ce nouveau regard en pratique dans la relation avec l’autre. Dans la troisième, il montre comment ouvrir des chemins d’humanité dans un groupe ou une société où la violence fait des dégâts. En annexe, nous avons résumé chacune de ces étapes. Elles seront publiées en trois tomes dont celui-ci est le premier (cf. Annexe 1, p. 175).
Un évangile court qui facilite une lecture globale C’est enfin l’évangile le plus court, le plus abordable à approfondir dans sa globalité. On a l’habitude de le lire par fragments, ce qui nous fait perdre une partie du sens qui découle de l’enchaînement des récits. Une lecture continue de cet évangile, sans omettre aucun verset, fait apparaître une cohérence globale époustouflante. Il nous a permis de creuser la « réponse » que Jésus a donnée à ses apôtres par rapport aux questions qui nous travaillent : Qu’a fait Jésus face à la violence ? Comment a-t-il agi ? Qu’a-t-il vécu confronté à cette réalité humaine qui est aussi la nôtre ? Qu’ont vécu Jésus et les disciples ensemble ? Est-il possible de vivre cette fraternité à laquelle il nous invite ou bien est-ce une utopie ?
6. Elles seront publiées en trois tomes : « Changer notre regard », « Traverser nos peurs » et « Passer de la mort à la vie ».
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Que pouvons-nous faire concrètement face à la violence aujourd’hui ? Jésus et les disciples nous ont-ils ouvert des chemins praticables par tous ? Pourquoi cet apparent silence de Dieu ? Si Jésus nous révèle le visage du Père, que nous a-t-il appris sur l’action de Dieu au sein de la violence ? Que fait Dieu face à tout ce qui détruit l’être humain ?
Différents intervenants… différentes parts de nous-mêmes Plusieurs groupes d’intervenants sont identifiés par Marc et Pierre : les Juifs, les pharisiens, les Sadducéens, les Hérodiens, les scribes, les Grands Prêtres ; les païens, les Romains ; les malades, les possédés, etc. Nous essayons de les resituer pour mieux comprendre ce que Pierre et Marc ont voulu nous dire et pouvoir l’actualiser. Il serait cependant erroné, et contraire à la vision et au message de cet évangile, d’en tirer des conclusions ethniques ou sociologiques qui enfermeraient tel ou tel groupe dans tel comportement. La visée est aussi symbolique et spirituelle : nous avons en nous ces différents personnages. Jésus nous invite à en prendre conscience pour nous libérer et rejoindre ainsi de plus en plus notre être authentique.
Une traduction qui ouvre La traduction de sœur Jeanne d’Arc 7 sert de base au commentaire que nous faisons dans ce livre 8. Elle a profondément nourri notre méditation. Nous apprécions l’option de parallélisme avec le texte original grec, tant dans les mots choisis (toujours le même mot français pour le même mot grec) que dans le rythme de présentation du texte (que nous n’avons pas pu reprendre faute de place). Nous avons
7. Paris, Desclée de Brouwer, 1988. 8. Quand nous utilisons une autre traduction, nous l’annonçons ou faisons suivre la mention des versets par les initiales BJ pour la Bible de Jérusalem, TOB pour la Traduction œcuménique de la Bible, BL pour la traduction liturgique (AELF) et BCH pour la traduction de Chouraqui.
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aussi beaucoup aimé plusieurs traductions nouvelles et différentes qui ont aiguisé notre attention.
Entrer dans une expérience qui nous donne de vivre plus intensément… Vous l’aurez compris, notre propos est de faire découvrir ou redécouvrir Jésus non-violent, et la pertinence de ce à quoi il nous invite concrètement aujourd’hui. C’est aussi de vous partager comment l’expérience de Pierre au côté de Jésus non-violent résonne avec notre expérience personnelle… quel émerveillement de comprendre quelqu’un au-delà des mots parce qu’on a vécu le même type d’expérience. François d’Assise disait : « On ne comprend bien que ce qu’on expérimente soi-même. » C’est ce que nous souhaitons à chacun de vous qui lirez ces pages… qu’elles puissent se relier à votre vécu, votre expérience et devenir vivantes pour vous. Alors vous « verrez que le Fils de l’homme est venant » (Mc 13, 26), même au sein de la violence, et vous n’aurez plus peur. Vous pourrez à votre tour ouvrir des chemins d’humanité là où cela paraissait impossible !
Préambule
Une rencontre qui change la vie (1, 1-15)
Les quinze premiers versets de l’évangile selon Marc constituent une ouverture : quatre tableaux très courts pour présenter Jésus. A l’époque de sa rencontre avec Jésus, Pierre n’avait sûrement pas une vision aussi claire, ni élaborée. Il s’agit en quelque sorte d’une « reconstruction théologique » réalisée a posteriori pour nous orienter dans la lecture et la méditation de son expérience avec Jésus. Ces quatre tableaux par lesquels Marc nous introduit à cette rencontre avec Jésus qui a changé toute la vie de Pierre et des premiers disciples pourraient être résumés de la façon suivante :
« C’est lui ! » et « c’est maintenant ! » On pourrait dire qu’ils ont senti quelque chose de cet ordre. C’est lui le messie qu’on attendait, le fils de Dieu… mais ce n’est pas le type de messie ni le type de fils de Dieu qu’on croyait. C’est maintenant le Royaume de Dieu… Dieu qui s’approche, se révèle comme un Père et nous fait découvrir que nous sommes ses enfants bien-aimés… des frères et sœurs. Il n’en dit pas plus, juste ce qu’il faut pour aiguiser notre curiosité et orienter notre regard. L’évangile selon Marc va nous faire vivre une révélation progressive sur la personne de Jésus et sur son message. La première partie, entre le verset 1, 1 — « Commencement de la bonne nouvelle de Jésus, messie, fils de Dieu » —, et la profession de
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foi de Pierre au verset 8, 29 — « Tu es le messie » —, nous fait entrer dans l’expérience de Pierre : quel messie a-t-il découvert ? La question nous est renvoyée à chacun : quel messie avons-nous rencontré ? La suite du récit conduit au témoignage du centurion romain, un païen, au pied de la croix, après la mort de Jésus au verset 15, 39 : « Pour de vrai, cet homme était fils de Dieu ! » A travers ce témoignage, Pierre nous entraîne encore plus loin, plus profond : en quoi Jésus est-il fils de Dieu ? Quel type de fils ? Quel type de Dieu ? L’évangile selon Marc n’est pas un discours philosophique sur ces questions, mais le témoignage d’une expérience, celle de Pierre et des disciples. Elle peut rejoindre la nôtre aujourd’hui. On pourrait presque dire que c’est une sorte de chemin initiatique, celui de notre rencontre avec Celui que Jésus appelle « Abba », Papa ! Certains exégètes parlent de cet évangile comme celui du « secret messianique ». Jésus ne veut pas qu’on le proclame messie ou fils de Dieu. Seuls les possédés s’adressent ainsi à lui et il les fait taire. Chaque fois que les disciples ou le peuple, pris par leur enthousiasme, veulent en faire un messie-roi, il les renvoie et s’en va dans la solitude. Jésus connaît le risque de court-circuit contenu dans ces qualificatifs : on croit connaître, on ne fait plus l’expérience. On sacralise Jésus en le renvoyant trop vite dans le ciel, loin de nous et loin de ce qu’il désire nous révéler ! Marc nous interpelle et nous invite à un changement de regard, comme Jésus qui proclame : « Convertissez-vous ! Et croyez en la bonne nouvelle ! » Ne croyons pas trop vite que nous avons tout compris, que nous connaissons Jésus.
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C’est comme si, à travers cet évangile, Pierre nous disait : « Acceptez-vous de laisser de côté toutes vos représentations de Jésus, de Dieu, du messie, du fils de Dieu et de notre histoire racontée ci-après ? Les laisser de côté pour faire le chemin avec nous, pour entrer dans cette expérience que moi, Pierre, j’ai vécue avec Jésus. » Cela donne envie, mais peut aussi faire peur. Ne vais-je pas perdre « mon Jésus », celui qui m’a déjà tellement donné vie, celui que je connais ? Nous aimons citer « la lettre à Théophile » écrite par une religieuse de septante et un ans à la fin d’une retraite de cinq jours que nous avons animée sur l’évangile selon Marc. Mon cher Théophile,
Imagine-toi que, le premier jour de la retraite, les « prédicateurs » (un couple de laïcs !) nous ont demandé d’oublier tout ce que nous savions sur Jésus. A mon âge ! Après au moins cinquante retraites en tous genres et des années de méditation quotidienne de l’Evangile. La meilleure, c’est qu’ils ont réussi leur pari ! Depuis toujours, je savais que Jésus est vrai Dieu et vrai homme, mais j’avais tendance à ne considérer que le « vrai Dieu ». Eh bien, si on lit honnêtement l’évangile selon Marc, comme nous l’avons fait ici, on découvre le « fils de l’homme », fils bien-aimé du Père, tout attentif à tout l’homme et à tous les hommes (hommes et femmes, bien sûr). Et surtout, on découvre qu’il nous demande de faire comme lui. Nous avons eu plusieurs partages où je me suis rendu compte des souffrances que chaque personne porte. Et en même temps, les visages étaient tellement sereins : de quoi croire à la résurrection, ici et maintenant.
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Avant de plonger dans le récit de cette aventure, parcourons verset par verset chacun des quatre tableaux évoqués dans le prologue.
Prologue : une nouvelle création (1, 1)
1 Commencement de la bonne nouvelle, de Jésus messie, fils de Dieu (Mc 1, 1).
Dès les premiers mots, Marc, et à travers lui Pierre, nous dit tout… en une seule phrase où chaque mot compte : « Commencement » nous transpose immédiatement au début du Premier Testament 9. Le livre de la Genèse débute par « Au commencement Dieu créa la terre et le ciel » (Gn 1, 1). Il s’agit ici d’un nouveau commencement, d’une nouvelle création ! « De la bonne nouvelle », c’est à dire de l’évangile qui est une bonne nouvelle ! « De Jésus », bonne nouvelle de quelqu’un, un homme précis que Pierre a rencontré à l’âge adulte et qu’il va nous faire connaître. « Messie » ou christos, en grec, qui correspond au mot hébreu mashiah, messie, et signifie « celui qui a reçu l’onction ». De 1030 av. J.-C., la première onction de Saül par Samuel, jusqu’à l’extinction définitive de la royauté en 583 av. J.-C., les prophètes donnaient l’onction royale aux rois d’Israël le jour de leur intronisation. Par la suite, l’attente du « messie » fut connotée d’une espérance eschatologique devant s’accomplir à la fin de l’histoire. « Fils de Dieu 10 » était une appellation courante en Orient, même
9. Nous préférons parler de « Premier Testament » plutôt que « d’Ancien Testament » pour éviter ainsi une mauvaise compréhension de cette partie de la Bible, comme si elle était ancienne au sens de dépassée. 10. Inspiré de Philippe Bacq et Odile Ribadeau Dumas, Un goût d’Evangile. Marc, un récit en pastorale, Bruxelles, Lumen Vitae, 2006, p. 22.
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si elle était le plus souvent réservée aux rois et avait alors une connotation divine. En Egypte et à Rome, on rendait un culte divin aux rois ou aux empereurs. En Israël, même si le roi était aussi appelé fils de Dieu, ce titre rejoignait le sens du mot messie et se comprenait dans le sens d’une filiation adoptive. Par contre, on ne rendait jamais un culte divin au roi. Ainsi tout est dit dès le premier verset, et rien n’est dit… Il nous faudra faire l’expérience de la rencontre avec Jésus pour que ces termes « messie », « fils de Dieu » s’éclairent pour nous. C’est une démarche de foi, de confiance qu’il nous est demandé de faire en ouvrant le livre pour découvrir quel messie, quel fils de Dieu, il était et comment il l’était. Les quatre tableaux viennent alors comme un générique pour nous expliquer sur quelles bases nous entrons dans cette aventure.
1er tableau : une nouvelle libération (Jean le Baptiste 1, 2-8) Après la résurrection de Jésus, Pierre a dû beaucoup méditer le Premier Testament qui s’éclairait d’un jour nouveau à la lumière de cet événement. On trouve ici une citation créée à partir de deux passages des livres de Malachie et d’Isaïe 11 à qui elle est attribuée.
Comme il est écrit dans Isaïe le prophète : Voici : j’envoie mon messager devant ta face, il aplanira ton chemin. 3 Une voix ! Quelqu’un crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, faites droits ses sentiers ! 4 Survient Jean : il baptise dans le désert, 2
11. Malachie 3, 1 et Isaïe 40, 3.
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et clame un baptême de conversion pour la rémission des péchés (Mc 1, 2-4). Ce passage nous présente un Jésus qui s’inscrit dans l’histoire et la foi du peuple hébreu, annoncé par Jean le Baptiste, lui-même annoncé par les prophètes. « Le chemin du Seigneur », c’est-à-dire celui de Dieu en personne 12. « Survient Jean », voilà l’événement qui accomplit la prophétie. Il baptise dans le désert. Le désert, lieu de l’épreuve, de la tentation, de la soif. Ce lieu aride où les Hébreux ont erré longuement, où ils ont découvert la vraie liberté et sont devenus peuple de Dieu. Baptiser dans le désert, n’est-ce pas voir surgir la vie dans le désert ? De quelle vie s’agit-il ? Jean ose faire l’impensable. A une époque où le salut était réservé à une élite, où le pardon se réalisait dans le Temple à travers des sacrifices offerts par un prêtre, Jean le Baptiste bouscule tout ! Il offre le salut au peuple pécheur dans le désert et non dans un lieu de culte, ni un lieu sacré. Il invite tout un chacun à la conversion personnelle, non plus à travers des sacrifices et l’intervention d’un prêtre, mais à travers un « simple » baptême, une plongée dans l’eau… Chacun y est invité : s’il se repent de son péché — cet égarement fondamental qui le fait vivre sans Dieu — s’il ose Lui faire confiance à nouveau… Quelle révolution ! Nous savons par l’évangile selon Jean que Pierre, André son frère et leurs amis fréquentaient Jean le Baptiste. Ici, Marc ne nous en parle pas. Il évoque plutôt le succès rencontré par le Baptiste.
12. Dans le Premier Testament, l’expression « le Seigneur » désigne Dieu lui-même.
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Tout le pays de Judée sort vers lui et tous ceux de Jérusalem : ils sont baptisés par lui dans le fleuve Jourdain, en avouant leurs péchés (Mc 1, 5). 5
Tous sortent pour aller vers lui… Il y a un mouvement. La référence au Jourdain évoque le passage, l’entrée en terre promise. Dans l’évangile selon Marc, il sera très souvent question de sortir, d’aller hors, dehors, comme si l’avènement de Jésus nous appelait irrésistiblement à sortir de nous-mêmes, de nos enfermements, nos emprisonnements, nos esclavages. L’histoire du peuple hébreu qui se répète sans cesse dans notre aujourd’hui. Tel est effectivement le type de libération qu’avaient vécu leurs ancêtres : ils avaient découvert un Dieu qui s’intéressait à eux, les petits, les esclaves, et pas seulement aux puissants comme dans les religions officielles. Un Dieu qui leur proposait une relation, un Dieu présent jusqu’au cœur de l’épreuve, de la souffrance, de l’échec, de l’angoisse, un Dieu qui les invitait sans cesse à se remettre debout, en marche. L’entrée en terre promise se réalise ici en osant avouer leurs péchés, c’est-à-dire leurs enfermements en eux-mêmes. Oser avouer ses péchés, c’est oser reconnaître sa part de rayé (cf. la roue du changement de regard). Non pas dans une démarche d’effondrement… Non pas dans ce mécanisme mortifère et profondément violent qui nous fait passer de tout transparent (je me sens bien, je suis OK), à tout rayé (je suis nul, j’ai une seule envie : disparaître, m’enfuir)… Pour entrer en terre promise, il s’agit d’apprendre à vivre dans la réalité… avec son transparent et son rayé !
Jean est vêtu de poils de chameau, ceinture de cuir autour de ses reins. Il mange sauterelles et miel agreste (Mc 1, 6). 6
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Jean a renoncé à tout privilège humain… il mène une vie simple, désencombrée. Façon de dire que sa vie interpelle autant que ses paroles ? Et qu’il est prêt à payer de sa personne ? Il se sait de passage et annonce une suite mystérieuse.
7 Il clame et dit : « Vient derrière moi un plus fort que moi : je ne mérite pas de me baisser pour délier le cordon de ses chaussures. 8 Moi, je vous ai baptisés d’eau. Lui vous baptisera d’Esprit saint (Mc 1, 7-8).
Parole mystérieuse que Pierre nous rapporte là. Dans tout le reste de l’évangile, il ne nous parlera pas une seule fois de Jésus baptisant. Voilà notre curiosité aiguisée… Comment Jésus baptise-t-il dans l’Esprit saint ? Quelle est sa manière propre de baptiser ? Dans quelle réalité nous immerge-t-il ?
2e tableau : l’expérience fondatrice (le baptême de Jésus 1, 9-11)
Or, en ces jours-là, Jésus vient de Nazareth en Galilée. Il est baptisé dans le Jourdain par Jean. 10 Aussitôt en remontant hors de l’eau, il voit se fendre les cieux, l’Esprit comme une colombe descendre sur lui. 11 Et une voix des cieux : « Tu es mon fils, l’Aimé, en toi je me plais » (Mc 1, 9-11). 9
« Jésus vient de Galilée »… C’est là que tout commence et là aussi qu’il donnera rendez-vous à ses disciples à la fin de l’Evangile. La Galilée des nations, faite du mélange de différents peuples, était dépréciée par les Juifs croyants. Il y régnait une grande soif de liberté et la présence de villes païennes ne plaisait pas aux autorités. Les Galiléens étaient souvent considérés comme des semi-païens, contaminés et impurs. Pendant son enfance, Jésus avait certainement entendu par-
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ler de la désobéissance civile partie de Sefforis où les Galiléens avaient refusé de payer l’impôt à Rome 13. « Jésus est baptisé dans le Jourdain par Jean »… cela évoque pour nous la passation de pouvoir de Moïse, qui avait fait sortir le peuple d’Egypte et l’avait guidé dans le désert, à Josué qui prend le relais pour entrer en Terre Promise (Dt 31, 1-8). Le passage aussi d’Elie le prophète à son continuateur Elisée (2 R 2, 7-14). Le plus important va se produire après le baptême de Jésus. A partir de ce moment, quelque chose démarre, se met en route. L’adverbe « aussitôt » intervient ici pour la première fois. Dorénavant, il ne va cesser de rythmer le récit (41 fois), nous faisant percevoir un élan, un empressement joyeux, une urgence, quelque chose qui met en mouvement. « Hors de l’eau » : Jésus remonte des eaux, symbole des abîmes, des forces du mal, il en sort… mouvement de bas en haut et du dedans vers le dehors. « L’Esprit comme une colombe »… symbole universel de douceur et de paix, descend des cieux qui se sont fendus, comme le voile du temple qui se fendra en deux au moment de la mort de Jésus (Mc 15, 38)… mouvement de haut en bas. L’un vient à la rencontre de l’autre : la relation verticale directe de Dieu avec l’homme est révélée en Jésus. Seul Jésus voit les cieux s’ouvrir… Dieu se communique à lui dans la plus grande intimité et proximité. Il s’agit d’une expérience intérieure et personnelle qui fait voir différemment l’extérieur… voir ce que d’autres ne voient pas : le lien avec le Tout. « L’Esprit comme une colombe descendre sur lui »… Nous découvrons Jésus baptisé, non seulement dans l’eau, mais surtout dans l’Esprit. Pierre veut attirer notre attention sur l’action de l’Esprit de Dieu dans
13. Cf. Flavius Josèphe, historien juif.
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la vie de Jésus. C’est l’Esprit qui lui fait entendre la voix du Père : « Tu es mon fils, l’Aimé, en toi, je me plais 14. » Arrêtons-nous quelques instants sur cette expérience fondatrice de Jésus. Sans elle, il n’y aurait rien eu de ce qui suit. Jésus reçoit là les bases de tout son être. Il expérimente un Dieu qui se communique d’une façon toute nouvelle, avec une tendresse et une proximité insoupçonnée, comme un Père. Jésus n’aura de cesse de nous révéler ce lien avec le Père. Il a perçu que cette parole n’était pas que pour lui. C’est dans ce baptême-là qu’il veut nous plonger. Entendons-nous cette voix qui s’adresse à chacun de nous sans exception ? « Tu es mon fils que j’aime, je suis satisfait de toi » (traduction latino-américaine). « Tu es mon fils bien aimé, il m’a plu de te choisir » (traduction de Florin Callerand 15).
14. « Le narrateur crée une citation à partir de deux extraits du Premier Testament, l’un tiré du Psaume 2, 7 : “Tu es mon fils” et l’autre d’Isaïe 42, 1 : “En toi j’ai mis mon bon plaisir.” Le Psaume 2 était chanté jadis en Israël, lors de chaque intronisation royale ; le roi était considéré comme le fils de Dieu à un titre exceptionnel : il recevait la puissance divine pour dominer tous ses adversaires et les écraser. Le narrateur corrige cette compréhension guerrière de la royauté par la référence au serviteur d’Isaïe : “Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu en qui j’ai mis mon bon plaisir ; j’ai mis mon Esprit sur lui… il ne brisera pas le roseau ployé, il n’éteindra pas la mèche qui s’étiole…” (Is 42, 1). Plus aucune violence chez le serviteur ; il est habité par l’Esprit de Dieu et vient exercer sa sollicitude et sa bienveillance, surtout à l’égard des plus faibles. Ainsi le récit donne à contempler l’expérience spirituelle tout à fait unique de Jésus lors de son baptême : il est “fils” de Dieu, “roi” de son peuple, mais à la façon du “serviteur”, dans la non-violence totale » (Philippe Bacq et Odile Ribadeau Dumas, op. cit., p. 23). 15. Florin Callerand est le fondateur de la Communauté de la Roche d’Or. Nous avons été profondément touchés par son enseignement lors des nombreuses retraites auxquelles nous avons participé.
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« Tu es mon fils, l’Aimé, en toi, je me plais » (traduction de sœur Jeanne d’Arc). Si nous pouvions prendre la mesure de cette parole, ne serionsnous pas libérés de toutes nos angoisses de ne pas être à la hauteur, de nos peurs de ne pas être aimé et compris, de nos soifs d’être quelqu’un, de notre besoin d’avoir une place, de nos convoitises, etc. ? A tout cela, Dieu nous dit : « Tu es mon fils, ma fille, bien-aimé, mon amour seul te suffit. » Pierre nous rapporte cette expérience spirituelle comme un événement ponctuel au moment du baptême par Jean dans le Jourdain. Ce moment-là eut un rôle décisif : il y a eu un avant et un après. Mais vraisemblablement, cette expérience, qui a orienté toute la vie de Jésus, ne s’est pas passée en une fois. Elle est le résultat de toute son enfance et sa jeunesse.
3e tableau : Jésus a vaincu la violence (au désert 1, 12-13)
Aussitôt, l’Esprit le jette dehors, au désert. Il est dans le désert quarante jours, éprouvé par le satan. Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient (Mc 1, 12-13). 12 13
Aussitôt… l’élan… il y a urgence. « L’Esprit le jette dehors, au désert »… C’est l’Esprit qui jette Jésus dehors. Expression forte, propre à Marc, qu’il emploiera plus loin pour désigner l’action de Jésus face aux démons qu’il jettera aussi dehors, hors des personnes possédées. Dehors, c’est hors du monde des humains, hors des foules, du lieu social, des pressions multiples… Ce « dehors » est aussi « au désert », lieu de l’épreuve, de la tentation. Ici commence une étape de discernement profond. Que veut Dieu de lui ? Quelle est sa mission ? Avec quelle autorité ? Quelles études ? De quel droit ? Comment ? On peut imaginer ce qui a pu se passer en Jésus.
En lecture partielle‌
Annexes
Annexe 1
Résumé des trois étapes… des trois livres
Préambule — Une rencontre qui change la vie (Mc 1, 1-15) En quinze versets, Pierre nous dit ce qu’il a perçu en rencontrant Jésus. Quelque chose de l’ordre de « c’est lui » et « c’est maintenant ». C’est lui le messie qu’on attendait, le fils de Dieu… Mais ce n’est pas le type de messie ni le type de fils de Dieu qu’on croyait. C’est maintenant le Royaume de Dieu… Dieu qui s’approche, se révèle comme un Père et nous fait découvrir que nous sommes ses enfants bien-aimés… des frères et sœurs. Bref, des temps nouveaux s’annoncent ! Il n’en dit pas plus, juste ce qu’il faut pour aiguiser notre curiosité et orienter notre regard. Un peu comme s’il nous disait : « Acceptez-vous de laisser de côté toutes vos représentations de Jésus, de Dieu, du Messie, du Fils de Dieu et de notre histoire racontée ci-après ? Les laisser de côté pour faire le chemin avec nous, pour entrer dans cette expérience que moi, Pierre, j’ai vécue avec Jésus. »
1re étape (1er livre) — Changer notre regard (Mc 1, 15 – 8, 30) Tout commence par l’expérience de communion intime de Jésus avec Dieu : « Tu es mon fils bien-aimé, il m’a plu de te choisir ». Au fur et à mesure des rencontres, il donne à d’autres de l’expérimenter : il montre leur valeur aux exclus ; il interpelle ceux qui se croient en ordre. Il les entraîne tous dans un changement de regard radical sur l’être humain, ami ou ennemi, aimé avec ses ombres et ses lumières.
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Nous suivons pas à pas la manière progressive et pleine de délicatesse dont Jésus rééduque le regard des apôtres et le nôtre ; par cercles concentriques. Il commence par les « plus proches », d’abord au gré des rencontres au bord du lac de Tibériade, ensuite cela s’élargit progressivement à un niveau national… pour finalement aller vers les « tout autres » : les païens. Ce changement de regard nous donne de voir la vie de l’autre et aussi la violence qui nous habite. Il nous appelle à accueillir nos limites et notre faiblesse, non plus comme une condamnation ou une fatalité, mais comme une libération et une chance. Pour les disciples, cela change tout. Pourtant, ils sont rapidement envahis par l’inquiétude, car tout le monde ne réagit pas comme eux, certains résistent et s’opposent. Cela soulève bien des questions : N’estce pas utopique ? Quelle est la « stratégie » de Jésus ? Comment Dieu s’y prend-il pour changer le monde ? Par ses actes et ses discours, Jésus ramène les disciples à leur responsabilité dans ce processus qui s’étend par contagions successives. Il les invite à oser des gestes concrets et à croire qu’ainsi ils permettent à Dieu d’agir dans le concret de leur vie. Jésus prend soin de Pierre et ses amis. Il les invite à s’occuper d’abord et exclusivement de la violence intérieure que les agressions extérieures ne manquent pas de générer en eux. C’est pourquoi quand nous parlons de cette première étape, nous faisons référence à la dimension personnelle du conflit, de la violence et de la non-violence. La guérison de notre regard sur l’être humain y est centrale. Comme les disciples, nos yeux s’ouvrent progressivement pour voir Jésus et les êtres humains comme Dieu les voit. Mais « voir l’homme » c’est aussi sortir de nos rêves d’un paradis où tout le monde serait parfait… à nos yeux. « Voir l’homme », c’est entrer dans l’altérité…
2e étape (2e livre) — Traverser nos peurs (Mc 8, 31 – 10, 52) Cette deuxième étape est rythmée par les trois annonces de la passion comme trois vagues qui viennent peu à peu approfondir la vision que Jésus a du Royaume de Dieu. Ces trois vagues commencent juste après la guérison d’un aveugle et se terminent par la guérison
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d’un autre aveugle… Travail sur notre aveuglement qui continue le chemin d’humanisation et de divinisation de chaque être humain. Nous voyons les disciples confrontés à leur difficulté de mettre en pratique ce changement de regard dans leur vie quotidienne. Ce travail, en eux et dans leur façon d’être-en-relation, les confronte à leur peur de la souffrance et de la mort. Il sème en eux le doute : « C’est impossible. » Jésus prend soin d’eux et leur montre la vraie solidité : « l’adhérence » au Père. Ils découvrent une nouvelle stabilité intérieure qui leur ouvre de nouveaux possibles. La première vague nous conduit au centre de la problématique, et nous donne la clé : ne pas vouloir assurer, contrôler notre vie mais accepter le lâcher-prise qui permet d’entrer dans la dynamique du réel qui est celle de Dieu. La seconde vague nous plonge dans notre vie quotidienne et ce travail de changement de regard qui doit se traduire partout, face à nous-même, aux autres, dans notre couple, avec nos enfants, face aux richesses. Travail impossible si nous ne nous fions qu’aux apparences extérieures. Il s’agit d’oser faire notre pas concret et croire que nous rejoignons ce grand courant qu’ont déjà expérimenté avant nous tous les « constructeurs de l’avenir heureux ». La troisième vague est comme un dénouement. A l’approche du but, les apôtres veulent s’assurer qu’ils ne font pas tout cela pour rien. Si ce n’est pas pour ici et maintenant, alors au moins pour après : « dans ton royaume ». Jésus, avec une tendresse et une prévenance fantastique, les ramène à l’aujourd’hui de leur liberté et à leur décision de continuer ou pas avec lui : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Aussi, quand nous parlons de cette deuxième étape, nous faisons référence à la dimension interpersonnelle du conflit, de la violence et de la non-violence. Dans ces trois vagues, Jésus est en chemin avec ses disciples. Ils marchent, ils évoluent. Mais le chemin physique lui aussi avance : ils se rapprochent de Jérusalem, lieu où Jésus a tant insisté qu’il allait être persécuté et mis à mort. Il s’adresse à ceux qui ont accepté de le
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suivre, aux « marcheurs ». Il leur donne de goûter cette présence intime qui l’habite, de voir au-delà de leurs aveuglements et de vivre au-delà de leurs impossibles, cette présence intime que Jésus appelle Abba !
3e étape (3e livre) — Passer de la mort à la vie (Mc 11, 1 – 16, 8) Jésus entre dans Jérusalem. Il ne parle presque plus mais agit. Pour affronter la violence des hommes, il se prépare : il observe, prend du recul et décharge sa violence intérieure sur des médiations symboliques. Puis, il ose la confrontation, par la force de la vérité et la noncoopération avec l’injustice : il dénonce ce qui détruit l’homme dans sa relation à lui-même, aux autres et à Dieu. Chemin faisant, il prend soin de ses apôtres, submergés par leurs propres angoisses. Il les prévient des types de violence qu’ils vont vivre et leur montre comment les traverser. Enfin, il ne capitule pas face à la menace et au mensonge : il accepte de prendre la violence de l’autre sur lui pour l’en décharger. Pris dans la spirale de la violence, il parvient à être non-violent jusqu’au bout en restant dans l’amour. Dans un premier temps, les disciples vivent la victoire apparente de la violence et perçoivent la mort de Jésus comme un échec total. Puis ils découvrent que sa vie ne s’est pas arrêtée là où ils l’avaient vu mourir. Ils le retrouvent par le dedans… Voilà que cette intensité que lui seul avait réveillée en eux continue à se vivre et à se transmettre. Grâce à lui, les apôtres découvrent que la violence n’a pas le pouvoir de les anéantir ! Ils sont libérés en profondeur de ce qui les paralysait. Expérimentant cette présence autre de Jésus au cœur de la violence, ils pourront désormais oser la retraverser avec d’autres. Au fur et à mesure que nous avançons dans l’évangile, nous sommes frappés de voir se dessiner une double dynamique : - au niveau des disciples, leur prise de conscience devient de plus en plus intérieure à mesure qu’ils passent de la superficie d’euxmêmes aux profondeurs de leur être ;
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- en parallèle, nous assistons à l’ouverture du champ d’action de Jésus et des disciples : plus ils acceptent d’aller à l’intime d’euxmêmes, plus s’élargit l’environnement dans lequel ils deviennent capables d’agir. Cette descente dans nos profondeurs inexplorées pour laisser Dieu les habiter de plus en plus n’est en aucun cas du nombrilisme ou de l’égocentrisme. Il s’agit au contraire du moyen qu’il nous donne pour changer le monde, pour rompre l’escalade de la violence. Comme le disaient Gandhi, Martin Luther King, Jean Goss et beaucoup de nonviolents connus : « On ne naît pas non-violent, on le devient petit à petit. » Plus nous acceptons d’aller profond en nous-mêmes, de descendre là où nous avions peur d’aller, plus nous devenons capables de vivre dans des environnements violents et d’y être des artisans de paix. L’action de Jésus et son appel pour chacun de nous ne se confinent pas à un niveau personnel, ni même à un niveau interpersonnel. Jésus est concerné par les structures injustes de nos sociétés et a besoin de nous pour les changer ! C’est une de nos responsabilités ! Mais pas n’importe comment, ni n’importe quand ! Il s’agit de se laisser préparer par lui, guider par lui… Aussi quand nous parlons de cette troisième étape, nous faisons référence à la dimension sociétale ou groupale du conflit, de la violence et de la non-violence.
Publication L’ensemble de ce cheminement, commentaire de l’évangile selon Marc, sera publié en trois volumes sous le titre commun Jésus nonviolent. - Changer notre regard : sous-titre du premier tome qui regroupe le Préambule et la 1re étape ; - Traverser nos peurs : sous-titre du deuxième tome qui comprend la 2e étape (publication prévue fin 2010) ;
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- Passer de la mort à la vie : sous-titre du troisième tome qui contient la 3e étape (publication prévue en 2011).
Nos sources… Diverses sources nous ont aidés à incarner cette lecture, dont : - les nombreuses retraites suivies avec les pères Florin Callerand et Roger Robert à la communauté de la Roche d’Or, à Besançon ; - les lectures incarnées de la Bible avec les communautés de base en Equateur ; - le père Bargil Pixner, o.s.b. à travers ses deux livres (cités en note) ; - un séjour en Israël-Palestine, dont quelques jours dans une famille palestinienne chrétienne, nous a permis de découvrir le pays de Jésus et d’en percevoir certaines réalités ; - les cours suivis à l’Institut d’études théologiques (IET), à Bruxelles, durant deux années, accompagnés par le père Jean Radermakers comme directeur d’études, nous ont permis d’approfondir notre chemin dans la non-violence, plus particulièrement les travaux et recherches réalisés avec son appui et celui du père Jean-Pierre Sonnet, s.j. ; - la formation Mess’Aje, qui, tout en nous apportant beaucoup de nouveaux éclairages, nous a souvent confirmés dans nos intuitions ; - les nombreux échanges et partages vécus avec Bruno & Isabelle Eliat et Jo Hanssens, tant au niveau de notre foi que de nos recherches dans la non-violence active et nos tentatives de la mettre en pratique au quotidien ; - les apports des participants à nos retraites et retraites-formations. - la vie communautaire pendant trois ans à La Viale Europe et, depuis 2001, aux Fraternités du Bon Pasteur, autant d’occasions de mettre en pratique ce chemin de non-violence ; - de nombreux séminaires et lectures en lien avec la non-violence active. Nous reprenons les principaux livres dans la bibliographie.
Annexe 2
Présentation de l’association « Sortir de la Violence »
L’association « Sortir de la Violence » a pour objet de promouvoir la non-violence active comme dynamique positive et profondément humaine pour vivre autrement les situations de violence, que ce soit au sein d’un simple conflit interpersonnel ou d’une situation plus globale de violence. Elle a été créée pour se mettre au service des personnes ou des groupes qui portent en eux le désir d’agir face à la violence. Sa première spécificité est de donner des moyens très concrets pour repérer où commence la violence dans nos relations humaines en vue de se donner les moyens d’agir. Sa deuxième spécificité réside dans une approche où Evangile et sciences humaines se complètent pour susciter une dynamique de vie directement applicable au quotidien.
Quatre branches d’activités Formation Elle a développé plusieurs outils originaux et un tableau de bord de la relation non-violente. Elle a créé différents types de formations (pluralistes, ouvertes à tous), de retraites-formations et de retraites (pour ceux qui sont attachés aux valeurs évangéliques). Elle anime aussi des formations « sur mesure » pour des groupes, associations, institutions et des entreprises.
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Diffusion Faire connaître la non-violence active, son lien avec nos vies et avec l’Evangile par des conférences, des émissions de radio ou de télévision, des articles, des livres.
Accompagnement En groupe ou individuellement, sous forme d’entraînement, de médiation ou de coaching.
Recherche De moyens pédagogiques et de leurs applications ; approfondissement du thème de la violence dans la Bible.
Membres L’association est portée par : - MEMBRES D’HONNEUR : Hildegard Goss-Mayr, Jean Radermakers s.j., Jean Vanier. - MEMBRES EFFECTIFS : Maïté Barrès, Christian Brodkom, Stéphanie Chantraine, Valentine d’Ursel, Vincent Delcorps, Géry de Radiguès, Bruno Eliat, Ariane Guibert, Jo Hanssens, Marie Jouanneaux, Agnès Lefèvre, Thierry Montulé, Joseph Ntamuhungiro, Isabelle Serck, Anne Thielen, Benoît Thiran, Jan Vanden Berghe, Françoise van Rijckevorsel, Fabienne Verhoeven, Mieke Vrints. « Sortir de la Violence » ASBL 365 b, rue au Bois, bte 17 BE-1150 Bruxelles, Belgique info@sortirdelaviolence.org www.sortirdelaviolence.org
« Sortir de la Violence » Association loi 1901 13, rue de Neuilly FR-94120 Fontenay-sous-Bois France
Annexe 3
Témoignages de participants à nos retraites-formations
Voici quelques extraits, vous en trouverez plus sur notre site <www.sortirdelaviolence.org> à la page des témoignages. « J’ai pris conscience de la violence qui était en moi et j’ai découvert qu’il y avait des pistes pour parvenir à la démasquer et à mieux l’employer. Les enseignements sur l’évangile selon Marc ne restent pas au niveau de l’intellect mais touchent tout notre être » (une maman). « C’est une expérience humaine intense, à la découverte de ses zones d’ombre et de lumière. Personnellement, cela m’a permis de me familiariser un peu plus — car ce n’est pas terminé — avec la violence qui est en moi, de pouvoir la reconnaître sans m’effrayer. A travers ce cheminement périlleux, Jésus m’est apparu comme le compagnon « toujours d’abord déjà là », nonviolent et présent dans toutes mes violences » (un professeur). « Au cours de cette formation, c’est un monde nouveau que j’ai reçu à voir : j’ai rencontré Jésus comme je ne le connaissais pas, vivant au sein des conflits et de la violence comme nous, mais tellement différemment. Il nous montre comment vivre comme lui la non-violence. C’est un parcours qui ouvre à une espérance nouvelle et me désintoxique de toutes les images d’un Jésus moralisateur et au-dessus des contingences, apprises dans l’enfance. Il a vécu cette non-violence parmi nous et je ne l’avais jamais su ! Marcher à sa suite, c’est vivre cette responsabilité d’artisan de paix » (une responsable d’institution).
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« Par différents moyens (enseignements, prière personnelle et célébrations, jeux de rôles…), j’ai pris conscience que mon comportement et mes paroles pouvaient souvent être violents, agresser l’autre — même sans que j’en aie conscience. J’ai appris, à travers l’évangile de Marc et la roue du changement de regard comment réagir face à un comportement violent ou injuste, tout en respectant l’autre et l’amenant, comme moi, à changer d’attitude. Ceci exige une profonde humilité, un amour de l’autre et une liberté intérieure, avec un souci de justice et de vérité. Et d’accepter les conséquences de son engagement… J’ai acquis peu à peu une vision nouvelle de l’Evangile » (un prêtre).
« Jésus le premier a changé son regard et le regard de ses disciples. Il m’invite librement à changer le mien. En moi, il y a de la violence que je dois regarder en face avant de voir celle de l’autre. Je ne peux plus croire que l’injustice, la violence sont seulement chez les autres. Chacun a sa part de responsabilité » (une religieuse africaine de la région des grands lacs). « Personnellement, j’ai pu aller au cœur de ma violence, lever un voile, pleurer, sécher mes larmes et repartir avec une espérance tant avec mes proches que dans ma relation au travail, dans la rue, au monde. L’évangile ne m’a pas donné une recette magique, il m’a offert d’ouvrir une porte que je reste libre de franchir ou de refermer » (un directeur d’association). « J’ai découvert l’humanité de Jésus, c’est d’abord un homme qui vient me réveiller, me secouer dans mes principes et idées toutes faites sur lui et sur la vie ! C’est un homme libre qui m’appelle à la liberté ! » (un cadre).
Annexe 4
Collection « Sortir de la Violence »
Oser la relation… Exister sans écraser Bruno & Isabelle Eliat-Serck, Lyon et Namur, Chronique Sociale et Fidélité, 2006 Nos relations sont très souvent marquées par un dualisme d’opposition. Par exemple lorsque je pense que j’ai raison/que l’autre a tort ou à l’inverse. Pour m’épanouir et humaniser mes relations, dans la vie ordinaire et jusqu’au cœur de mes conflits, j’éviterai deux écueils : écraser l’autre ou m’écraser moi-même. Je pourrai alors exister sans que l’autre ne se sente nié. J’y arrive lorsque mon regard sur lui s’ouvre et intègre les quatre composants d’une relation ajustée : reconnaître l’autre — accueillir mes limites — m’affirmer — interpeller. A travers la « roue du changement de regard », ce livre veut aller au cœur de la relation pour mieux cerner la secrète et universelle logique qui l’habite. Il s’adresse tant à ceux qui veulent améliorer leur relation avec leurs proches qu’à des formateurs ou à des personnes engagées dans des actions plus larges. Une « roue du changement de regard » à fabriquer soi-même est jointe au livre. Elle permet de visualiser, de façon très didactique, la dynamique décrite dans l’ensemble du livre.
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Entrer dans l’Evangile pour sortir de la violence Benoît & Ariane Thiran-Guibert, Préface de Jean Vanier, Namur, Fidélité, 2006 Ce livre plonge au cœur de l’Evangile pour y rejoindre Jésus et ses disciples confrontés à la violence et au conflit. Nous y découvrons un autre regard sur la violence, une autre façon de se défendre, de défendre toute vie. Nous apprenons « où commence la violence », ce mur ou ce fossé que nous sentons parfois entre nous et l’autre, et nous explorons deux clés pour stopper son escalade. Parallèlement, nous découvrons deux outils : la « roue du changement de regard » et les « quatre réponses à la violence » qui nous aident à traduire ce que Jésus propose dans nos vies de tous les jours. Enfin, ce livre propose quelques pistes pour agir concrètement, illustrées par des exemples et des témoignages. Dans ce livre, les auteurs présentent à leur manière les bases évangéliques de la non-violence. C’est avec ce regard qu’ils ont lu et approfondi l’évangile selon Marc dans ce livre et les deux suivants à paraître.
Tends l’autre joue. Ne rends pas coup pour coup. Mt 5, 38-42 : Non-violence active et Tradition Etienne Chomé, Bruxelles, Lumen Vitae, 2007 La non-violence active, née au XXe siècle, développe une lecture de cette page d’évangile en rupture avec l’interprétation multiséculaire. Elle fait parler Mt 5, 38-42 avec une singulière vigueur et sort du sens passif que lui a donné la Tradition. Quelle est aujourd’hui
ANNEXES
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l’interprétation qui approche le mieux ce passage de l’évangile de Matthieu et le sert ? Cette étude rigoureuse répond à cette question en quatre temps : 1) la lecture non-violente actuelle est passée au crible d’une solide exégèse contemporaine ; 2) elle est ensuite mesurée à l’aune de la Tradition par l’examen historique de deux mille ans d’interprétation ; 3) ce parcours historique débouche sur un essai d’actualisation de Mt 5, 38-42 à partir de la non-violence active, dans une navette incessante entre évangile et sciences humaines ; 4) la quatrième partie est une reprise de l’ensemble dans la perspective d’un renouvellement possible du discours de l’Eglise sur cette page d’évangile et sur la doctrine traditionnelle de la guerre juste et de la légitime défense.
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Bibliographie
Biblique, Spirituel et Psychologique • Jean RADERMAKERS, s.j., La bonne nouvelle de Jésus selon saint Marc, Bruxelles, Institut d’Etudes Théologiques, 1974. • Carlos BRAVO GALLARDO, s.j., El Evangelio de Marco. Historia de un conflicto, Familia Pasionista, 1989. • Bargil PIXNER, With Jesus through Galilee according to the fifth Gospel, Corazin, 1992. • Stan ROUGIER, Montre-moi Ton Visage ! Variation sur les Psaumes, Paris, Desclée de Brouwer, 1995. • Benoît STANDAERT, L’évangile selon Marc. Commentaire, Paris, Cerf, coll. « Lire la Bible », 1997. • Marie BALMARY, Le Sacrifice interdit, Paris, Grasset, 1986 (Le Livre de poche, 1997). • André WÉNIN, Pas seulement de pain. Violence et alliance dans la Bible, Paris, Cerf, 1998. • Paul BEAUCHAMP, s.j., « La violence dans la Bible », Etudes no 3904, avril 1999. • Simone PACOT, L’évangélisation des profondeurs, Paris, Cerf. Tome 1, 1999 ; tome 2, 2002 ; tome 3, 2003. • Jean VANIER, La source des larmes, Paris, Parole et Silence, 2001. • Jean MONBOURQUETTE, Apprivoiser son ombre, Paris, Bayard, 2001. • Lytta BASSET, Sainte colère. Jacob, Job, Jésus, Paris, Bayard, 2002. • Sœur Jeanne d’Arc, o.p., Les Evangiles. Nouvelle traduction, Paris, Desclée de Brouwer, 2005. • Philippe BACQ, s.j. et Odile RIBADEAU DUMAS, Un goût d’Evangile. Marc, un récit en pastorale, Bruxelles, Lumen Vitae, 2006.
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• Benoît & Ariane THIRAN-GUIBERT, Entrer dans l’Evangile pour sortir de la violence, Namur, Fidélité, 2006.
Témoignages • Amadou HAMPATÉ BÂ, Vie et enseignement de Tierno Bokar, Paris, Seuil, coll. « Points Sagesses », 1980. • Etty HILLESUM, Une vie bouleversée suivi des lettres de Westerbork, Paris, Seuil, 1995. • Tim GUÉNARD, Plus fort que la haine, Paris, J’ai lu, 1999.
Non-violence • René GIRARD, Le bouc émissaire, Paris, Grasset, 1982. • Hildegard GOSS-MAYR, Oser le combat non-violent aux côtés de Jean Goss, Paris, Cerf, 1998. • Jacques SEMELIN, La non-violence expliquée à mes filles, Paris, Seuil, 2000. • Martin LUTHER KING, Minuit, quelqu’un frappe à ma porte, Paris, Bayard, 2000. • Les luttes non-violentes au XXe siècle, Alternatives non-violentes, tome I : nos 119-120, été-automne 2001. • Jean VANIER, Recherche la paix, Mesnil Saint-Loup, Le Livre ouvert, 2003. • Pat PATFOORT, Se défendre sans attaquer. La puissance de la nonviolence [sic], Baeckens Books, 2004. • Marshall ROSENBERG, La communication non-violente au quotidien, Saint-Julien-en-Genevois, Jouvence, 2004. • Thomas d’ANSEMBOURG, Etre heureux, ce n’est pas nécessairement confortable, Montréal, Ed. de l’Homme, 2004. • Laurien NTEZIMANA, De la bonne puissance pour la justice et la réconciliation, Antwerpen, Pax Christi international, 2004. • Jean-Marie MULLER, Dictionnaire de la non-violence, Le Relié, 2005. • Bruno & Isabelle ELIAT-SERCK, Oser la relation… exister sans écraser, Lyon et Namur, Chronique Sociale et Fidélité, 2006. • Etienne CHOMÉ, Tends l’autre joue. Ne rends pas coup pour coup. Mt 5, 38-42 : Non-violence active et Tradition, Bruxelles, Lumen Vitae, 2007.
Table des matières évangélique
Préambule (1, 1-15). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Prologue (1, 1) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Premier tableau : Jean le Baptiste (1, 2-8) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Deuxième tableau : le baptême de Jésus (1, 9-11) . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Troisième tableau : Jésus au désert (1, 12-13) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Quatrième tableau : début de la mission de Jésus (1, 14-15). . . . . . . . . . 35
Quel type de Messie ? (1, 16 – 8, 30) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Jésus s’adresse aux juifs (1, 16 – 6, 56) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 L’action de Jésus (1, 16 – 3, 7) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 L’appel des disciples (1, 16-20) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Il enseigne avec autorité (1, 21-22) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 A la rencontre de l’autre… d’abord les petits ! (1, 23 – 2, 12) . . . . . . . . . . 41 Un démoniaque (1, 23-28) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 La belle-mère fiévreuse (1, 29-31) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 Jésus guérit, expulse les démons et prie seul (1, 32-39) . . . . . . . . 45 Un lépreux (1, 40-45) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 Un paralytique (2, 1-12) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 Rencontres avec les « justes » (2, 5 – 3, 6) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 Le paralytique : controverse sur le pardon des péchés (2, 6-12) . . 54 L’appel de Lévi : controverse sur l’accueil des pécheurs (2, 13-17) 56 Controverse : temps du jeûne ou de la noce ? (2, 18-22) . . . . . . . 58 Controverse sur le Sabbat (2, 23-28) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 Guérison un jour de Sabbat d’un homme à la main paralysée (3, 1-6) 60
La pédagogie de Jésus (3, 7 – 6, 56) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 Pression de la foule sur Jésus (3, 7-12) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71 Institution des Douze (3, 13-19). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 Intervention de sa famille et des responsables religieux (3, 20-35) . . . . . . 74 Les discours en paraboles (4, 1-34) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Parabole du semeur (4, 1-20) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 Parabole de la lampe et de l’écoute (4, 21-25). . . . . . . . . . . . . . . . 84 Parabole du grain qui pousse tout seul (4, 26-29) . . . . . . . . . . . . . 85 Parabole de la graine de moutarde (4, 30-32) . . . . . . . . . . . . . . . . 86
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JÉSUS NON-VIOLENT Explications des paraboles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Saut de puce en pays païen (4, 35 – 5, 20) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 La tempête apaisée (4, 35-41) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 Le démoniaque gérasénien (5, 1-20) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 Notre responsabilité personnelle (5, 21 – 6, 56) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Guérison d’une hémorroïsse et de la fille de Jaïre (5, 21-43) . . . . 99 Visite à Nazareth (6, 1-6) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 La mission des Douze (6, 7-13) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 Hérode et Jésus — Exécution de Jean Baptiste (6, 14-29) . . . . . . 113 Le retour de mission et le premier « partage » des pains (6, 30-44) . 117 Jésus marche sur les eaux (6, 45-52) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126 Guérisons au pays de Génésareth (6, 54-56) . . . . . . . . . . . . . . . . 131
Voyage en pays païen (7, 1 – 8, 30) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 Enseignement sur le pur et l’impur (7, 1-23) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 Guérison de la fille d’une Syrophénicienne (7, 24-30) . . . . . . . . . . . . . . 141 Guérison d’un sourd-bègue (7, 31-37) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145 Deuxième « partage » des pains (8, 1-10) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 Les pharisiens demandent un signe (8, 10-12). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153 Le levain des pharisiens et d’Hérode (8, 13-21) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154 Guérison d’un aveugle à Bethsaïde (8, 22-26) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158 Profession de foi de Pierre (8, 27-30). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
Table des matières
Préface de Jean Radermakers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Introduction. Pourquoi lire l’Evangile aujourd’hui ? . . . . . . . . . . 11 Une lecture nouvelle, centrée sur la violence et la non-violence . . . . . . . . 12 Une vision particulière de la violence et de la non-violence . . . . . . . . . . . 13 Où commence la violence ? La roue du changement de regard. . . . . . . . . 14 « Etre non-violent » ce n’est pas « ne jamais être violent » ! . . . . . . . . . . . 16 Quel est le point de vue de Marc ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Marc témoin de Pierre… en prise directe avec l’expérience des disciples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Comme l’a vécu Pierre, Marc nous fait rencontrer d’emblée Jésus adulte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Un Jésus et des disciples très humains . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Marc nous ancre dans le réel : le pays et la culture juive . . . . . . . 18 Marc nous fait parcourir, dans la foi, le chemin du Jésus de l’histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Trois étapes dans la pédagogie de Jésus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Un évangile court qui facilite une lecture globale . . . . . . . . . . . . 20 Différents intervenants… différentes parts de nous-mêmes . . . . 21 Une traduction qui ouvre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Entrer dans une expérience qui nous donne de vivre plus intensément… . 22
Préambule. Une rencontre qui change la vie (1, 1-15) . . . . . . . . . . 23 « C’est lui ! » et « c’est maintenant ! » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Prologue : une nouvelle création (1, 1) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 1er tableau : une nouvelle libération (Jean le Baptiste 1, 2-8) . . . . . . . . . 27 2e tableau : l’expérience fondatrice (le baptême de Jésus 1, 9-11) . . . . . . 30 3e tableau : Jésus a vaincu la violence (au désert 1, 12-13). . . . . . . . . . . 33 4e tableau : le règne de Dieu, c’est maintenant ! (1, 14-15). . . . . . . . . . . 34 Un chemin initiatique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
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Chapitre 1. Tout part du regard… (1, 16 – 3, 6) . . . . . . . . . . . . . . . 37 Mettre l’être humain au centre (1, 16-20) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 L’autorité d’une parole qui fait ce qu’elle dit (1, 21-22) . . . . . . . . . . . . . 40 Ceux qui sont jugés comme « rayés » sont relevés ! (1, 23 – 2, 12) . . . . . 41 Combattre le mal et pas la personne (1, 23-28) . . . . . . . . . . . . . . 42 Un contact qui réintègre dans le groupe (1, 29-31) . . . . . . . . . . . 44 Face au risque du succès, le besoin de recul (1, 32-39) . . . . . . . . 45 Rencontrer l’autre au-delà de sa lèpre (1, 40-45) . . . . . . . . . . . . . 47 « Re-susciter » la vie (2, 1-12) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50 Synthèse des rencontres entre Jésus et les « rayés » . . . . . . . . . . . 52 Ceux qui se croient « transparents » sont interpellés ! (Mc 2, 5 – 3, 6). . . 53 Rétablir la relation avec Dieu et avec l’autre (2, 6-12) . . . . . . . . . 54 Il n’y a pas de relation interdite (2, 13-17). . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 Invitation à la nouveauté (2, 18-22) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Le seul critère : au service de l’homme (2, 23-28) . . . . . . . . . . . . 59 L’enjeu : sauver une vie… c’est-à-dire chaque vie ! (3, 1-6) . . . . . 60 Oser la « colère pour »… défendre la valeur absolue de chaque vie . 62 Synthèse des rencontres entre Jésus et les « transparents » . . . . . 63 Sommes-nous « programmés » à l’envers ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Schéma « TOUT PART DU REGARD » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67
Chapitre 2. Oser et croire (3, 7 – 6, 56) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69 La stratégie de Dieu : par contagions successives ! (3, 7 – 5, 20) . . . . . . . 71 Accueillir, tout en se ménageant un espace (3, 7-12). . . . . . . . . . 71 Créer un noyau générateur de paix (3, 13-19) . . . . . . . . . . . . . . . 72 Vers une nouvelle fraternité (3, 20-35) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Les paraboles, stratégie non-violente de Jésus . . . . . . . . . . . . . . . 78 L’échec apparent est intégré dans le plan de Dieu (4, 1-20) . . . . 80 La vie est semée partout… (4, 3b-20) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
Place centrale du regard et de l’écoute… (4, 21-25) . . . . . . . . . . . 84 La fécondité passe malgré tout (4, 26-34) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Ouvrir une brèche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Entrer dans l’expérience : tempête, violence, fécondité (4, 35-41) . 90 Nous avons tous nos païens ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 Entrer en soi et oser une demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Mettre des mots sur la violence qui nous habite (5, 1-20). . . . . . 95 Tout changement rapide a un coût élevé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97 La semence est plantée dans le dernier des derniers . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
Notre mission : devenir coresponsable (5, 21 – 6, 56). . . . . . . . . . . . . . 100 Face à la vie qui s’en va (5, 21-43) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
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Oser le contact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 De la mort à la vie… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 Redevenir protagoniste de sa propre vie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105 Ta confiance t’a sauvée !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106
Incrédulité du regard qui se porte sur les apparences (6, 1-6) . . 107 Devenir acteurs ensemble (6, 7-13) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 La force de la vérité dérange (6, 14-29) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 Coulisses de la violence : pouvoir et regard des autres . . . . . . . . . . . . . . . 114
Entre enthousiasme et inquiétude (6, 30-44). . . . . . . . . . . . . . . 117 Apprendre l’audace et la confiance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
Face à la tentation, le rappel de la conscience (6, 45-46) . . . . . 125 Nouvelle tempête intérieure : renoncer au « dieu baguette magique » (6, 47-54) . . . . . . . . . . 127 La relation brise la peur et l’imaginaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
Regard et contact ! (6, 54-56) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 Schéma « OSER ET CROIRE » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
Chapitre 3. S’ouvrir à « l’ennemi » (7, 1 – 8, 30) . . . . . . . . . . . . . . 135 Prendre soin de ce qui se passe à l’intérieur de nous (7, 1-23) . 135 L’initiative de l’ennemi : reconnaître son rayé (7, 24-30) . . . . . 141 Apprendre à écouter et parler : un accouchement (7, 31-37). . . 145 Inviter l’ennemi à notre table (8, 1-10) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 Rééduquer notre regard face à l’ennemi proche puis lointain. . 149 Le signe à découvrir : l’ennemi se convertit (8, 10-12) . . . . . . . 152 Obnubilés par le manque et l’aspect matériel (8, 13-21) . . . . . . 154 La guérison de notre aveuglement est progressive (8, 22-26) . . 158 Le contenu du changement de regard. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159 Se libérer du regard des autres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 Des plus proches aux plus éloignés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Une expérience intérieure et personnelle de Dieu (8, 27-30) . . 163 Schéma « S’OUVRIR À L’ENNEMI » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 166
En conclusion. Contemplons le chemin parcouru…. . . . . . . . . 167 Schéma « CHANGER NOTRE REGARD » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167 D’abord prendre soin de la violence qui surgit en nous… . . . . 170 Sortir du regard binaire pour entrer dans une logique de complémentarité…. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170 Et après ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
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JÉSUS NON-VIOLENT
ANNEXES Annexe 1. Résumé des trois étapes… des trois livres . . . . . . . . . 175 Préambule — Une rencontre qui change la vie (Mc 1, 1-15) . . . . . . . . . 175 1re étape (1er livre) — Changer notre regard (Mc 1, 15 — 8, 30) . . . . . . 175 2e étape (2e livre) — Traverser nos peurs (Mc 8, 31 — 10, 52) . . . . . . . 176 3e étape (3e livre) — Passer de la mort à la vie (Mc 11, 1 — 16, 8). . . . 178 Publication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 Nos sources…. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
Annexe 2. Présentation de l’association « Sortir de la Violence ». . 181 Quatre branches d’activités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181 Membres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
Annexe 3. Témoignages . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183 Annexe 4. Collection « Sortir de la Violence ». . . . . . . . . . . . . . . 185 Oser la relation… Exister sans écraser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185 Entrer dans l’Evangile pour sortir de la violence . . . . . . . . . . . . . . . 186 Tends l’autre joue. Ne rends pas coup pour coup. . . . . . . . . . . . . . . 186
Annexe 5. Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189 Biblique, Spirituel et Psychologique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189 Témoignages. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190 Non-violence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190
Table des matières évangélique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191 Table des matières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
Achevé d’imprimer le 5 mars 2010 sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique)
Benoît & Ariane Thiran-Guibert Depuis 1998, ils ont approfondi l’évangile de Marc à partir du contexte de leur vie et de celle des participants aux sessions qu’ils animent. De la dynamique de ce récit, ils ont tiré une pédagogie performante d’apprentissage de la relation non-violente. Cofondateurs de l’association « Sortir de la Violence », ils ont publié en 2006 Entrer dans l’Évangile pour sortir de la violence aux éditions Fidélité. ISBN 978-2-87356-459-9 Prix TTC : 16,95 €
Une production Sortir de la Violence ASBL 9 782873 564599
Benoît & Ariane Thiran-Guibert
Tome 1 Changer notre regard
Ce livre nous offre à la fois une solide réflexion spirituelle sur la gestion de la violence dans les conflits et un précieux outil pédagogique pour nous initier à la prière transformatrice et à la nonviolence dans nos incompréhensions mutuelles. Les croyants s’y trouveront en pays de connaissance, et ils percevront que cet évangile qu’ils croyaient connaître les engage à sortir de la violence. Ceux qui ne croient pas en la divinité de Jésus ne se sentiront aucunement étrangers au propos, car toute personne de bonne volonté peut y trouver une aide efficace pour améliorer ses relations. Peut-être quelques-uns y découvriront-ils l’actualité de cet homme hors du commun qu’est Jésus de Nazareth. Écrit dans un style simple mais percutant, ce livre représente une véritable école de liberté intérieure en même temps qu’il apprend à lire l’évangile dans une perspective d’action non-violente interpellatrice. Jean Radermakers, s.j., extrait de la Préface
Jésus non-violent
Jésus nous apprend a` vivre notre violence et a` développer notre non-violence
Benoît & Ariane Thiran-Guibert
Jésus non-violent Nouvelle lecture de l'évangile de Marc
Tome 1
Changer notre regard Préface de Jean Radermakers