Le vent parfumé du désert

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Giorgio Gonella

Le vent parfumé du désert Le désert, comme la voix de Dieu, a un langage discret. Mais ce lieu n’est pas facile à vivre, car il « dépouille », il est « beau et terrible », comme le mystère de Dieu. On y est « à un pas du paradis, mais aussi de l’enfer ». De la communauté de Qumran aux Pères du désert et ceux de l’Église, des ermites antiques aux frères des Bédouins du Sahara et à Charles de Foucauld, de Maître Eckhart à François d’Assise, des mystiques médiévaux aux opprimés de la terre : une aventure de la pensée, mais aussi un journal d’émotions, un vrai chemin vers la « solitude bienheureuse ». Un livre pour les croyants et pour ceux qui cherchent.

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Le vent parfumé du désert

Illustration de couverture : © Luca Galuzzi – www.galuzzi.it

Giorgio Gonella

ISBN 978-2-87356-528-2 Prix TTC : 18,95 €

Le vent parfumé du désert Sur les traces de Dieu, entre solitude et communion

« Chaque page m’a apporté une griffe et une caresse » (Arturo Paoli)

Giorgio Gonella, fils de Guido (un des fondateurs de la Démocratie chrétienne avec Alcide De Gasperi), est né à Rome en 1947. Il a participé aux mouvements de 1968. À la suite de la lecture de l’Évangile et de diverses expériences de foi, il est entré chez les Petits Frères de l’Évangile (Charles de Foucauld). Il a vécu à New York dans une petite fraternité, au milieu de personnes souffrant de problèmes d’alcoolisme et de drogue, gagnant sa vie en travaillant comme conducteur de bus scolaire. En 2008, avec trois autres frères, il a créé une communauté d’accueil dans une région rurale, sur les flancs de la Sierra Madre (Mexique).

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Le vent parfumé du désert Sur les traces de Dieu, entre solitude et communion Préface d’Arturo Paoli

Traduction : Jean-Marie Faux, s.j.


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Édition originale : © 2010, Casa editrice Il Margine, Trento (Italie) Titre original : Nel deserto il profumo del vento ISBN 978-88-6089-067-2

Édition française : © 2013, Éditions Fidélité, 7 rue Blondeau, 5000 Namur Dépôt légal : D.2013, 4323.31 ISBN : 978-2-87356-528-2 Maquette et mise en page : Jean-Marie Schwartz Imprimé en Belgique


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Préface d’Arthur Paoli

L

’ami ne pouvait me faire un don plus opportun au soir de mon existence. Chaque page m’a apporté une griffe et une caresse. Sitôt le cadeau déballé de son enveloppe postale, je ne pus m’empêcher de retourner sans cesse à ce manuscrit qui m’apportait un message de souffrance et de joie. Me revint un lointain souvenir du désert où j’avais éprouvé le besoin d’adorer et de compatir. Compatir ? Oui, à mon propre cœur, interpellé sans pitié par des sentiments contradictoires qui ne le laissaient pas en repos. Maintenant, en trois jours, j’ai achevé la lecture de ces pages et je me trouve devant elles, incapable de les présenter en évoquant brièvement leur contenu. Que dire d’attrayant pour que ce livre aille en de nombreuses mains, spécialement de jeunes ? Mais, quand je pense avoir découvert des motifs de joie ineffable, une souffrance me transperce. Spontanément, j’ai repensé à l’envoi des soixante-douze disciples qui nous est raconté au dixième chapitre de saint Luc. A l’aube de mon sacerdoce, ce récit m’avait beaucoup interpellé : pourrais-je, 5


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Préface

avec les mêmes mots, envoyer les jeunes que j’aurais rencontrés pour annoncer la Bonne Nouvelle à leurs contemporains ? Depuis cette époque, ce chapitre n’a cessé de m’interroger. D’où provenaient ces soixante-douze ? Qui étaient-ils ? Peut-on les identifier avec ces vanu-pieds qui entrent en scène dans l’écrit de frère Giorgio ? Pour quels motifs Jésus se fie-t-il à eux en les envoyant « en toute ville et lieu où il avait l’intention de se rendre ? » Que savaient-ils de lui ? Ils ne devaient pas faire de longs récits. Il leur demandait d’annoncer une seule parole qui renfermait tout son projet : paix. Mais les siècles ont passé et l’Église qui représente le Christ dit à ces soixante-douze : arrêtez-vous ! Savez-vous qui vous envoie ? Savezvous que dire quand vous annoncez le « Royaume de Dieu » ? L’Église nous en demande peut-être trop. Il nous faut longuement remplir beaucoup de formalités. Jésus, lui, nous avait demandé de nous dépouiller de tout, de garder un seul vêtement pour recouvrir notre nudité. Ainsi, nous nous sommes éloignés, nous sommes partis à la recherche d’engagements plus légers ; mais ceux-ci nous ont vite déçus. Maintenant nous nous sentons seuls, tremblants de froid et nous regardons autour de nous pour voir qui peut nous offrir un engagement. Et, en attendant, nous prenons quelque aphrodisiaque… en attendant… A New York, Giorgio s’est senti au désert et ce désert l’interrogeait, touchant toutes ses fibres. Giorgio a compris que Jésus n’a pas donné délégation à l’Église, à la manière d’un chef d’entreprise qui arrive à la pension. Jésus lui-même, dans sa vie de Ressuscité selon le projet du Père, est le témoin vivant d’une alliance secrète entre le mystère de la pauvreté et le mystère de Dieu. Partageant la même condition charnelle, il est le plus humilié des pauvres et, du coup, le plus proche de tous les humains, toujours proche de qui sent resurgir en son cœur le besoin d’aimer. Il me semble que notre frère Giorgio a lu notre temps de la même manière qu’un autre intellectuel, un prophète : ce temps est caractérisé par la mort du prochain, tout simplement (Luigi Zoja, la Morte del prossimo).

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Préface

En rassemblant les noms que, comme dans un chœur, il cite à chaque page de son livre, Giorgio Gonella conclut ainsi : « Voici les témoins de la foi du désert qui interpellent la religion. Ils nous parlent d’un Dieu autre que le Dieu tout-puissant de la religion. Un Dieu dépouillé. Sans nom. Un Dieu qui préfère la tente au temple. Un Dieu “désert” qui aime les espaces vides. Et la liberté. Si lointain ! Si proche ! »


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Les gémissements de l’âme Ainsi parle le Seigneur : « Est-ce toi qui me construirais une maison pour ma résidence ? Je n’ai jamais habité de maison depuis le jour où j’ai fait monter Israël d’Egypte jusqu’aujourd’hui mais j’étais sous une tente, dans un abri. Pendant tout ce temps où j’ai voyagé avec tous les Israélites, ai-je dit à un seul des juges d’Israël, que j’avais institués comme pasteurs de mon peuple Israël : « Pourquoi ne m’avez-vous pas bâti une maison de cèdre ? » (2 Sa 7, 5-7)

Qui

était sur la place Saint-Pierre ce jour-là ne pourra jamais oublier le moment où la foule décida que la fumée était vraiment blanche. En fait, elle n’était pas tellement blanche. A 9


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chaque conclave, le problème est toujours le même : devoir interpréter si ce gris tire sur le noir ou sur le blanc. C’est la durée qui décide. Quand elle continue à fumer plus qu’une petite minute, la fumée est blanche. Roncalli était parmi les papabili. Quand fut annoncé qu’il était le nouveau pape, les gens se regroupèrent autour de ceux qui avait un journal. Tous voulaient voir le visage du nouveau pape. Voir le visage était important. Immanquablement, à voir la bonne face pacifique d’Angelo Roncalli, les gens souriaient, heureux. Ce visage invitait à l’optimisme, il faisait espérer. Après la figure austère, sévère de Pie XII, qui avait dû guider l’Église à travers le nazisme et la guerre, ce visage paisible d’un paysan semblait inaugurer une nouvelle époque. Plus tard, on ne se lassera pas non plus d’admirer la photo de son frère agriculteur, maniant la houe, portant des lunettes épaisses comme le verre d’une bouteille de Coca-Cola. Puis il y eut cette soirée de pleine lune : le nouvel élu s’entretint avec tous ceux qui avaient la chance de se trouver sur la place Saint-Pierre. Il avait l’amabilité bonhomme et la simplicité d’un curé de campagne. Jean XXIII a voulu le concile. Seuls les spécialistes savaient exactement ce qu’était un concile et ce qu’il impliquait. Pour nous, jeunes et sans expérience, il s’agissait d’une énorme assemblée dont on ne mesurait pas trop l’importance et l’impact potentiel. Il fallut du temps pour se rendre compte que le concile préparait vraiment des changements radicaux, de structure et de mentalité. C’était vraiment l’aurore d’un jour nouveau. J’ai vécu l’époque du concile comme le moment « structurant » de ma foi chrétienne. Il m’a laissé une empreinte profonde qui ne s’effacera jamais. Je n’en ai pourtant pas suivi les travaux en professionnel, mais c’était comme une atmosphère générale qui vous imprégnait tout l’être, sans qu’on puisse vraiment la définir. Des théologiens, longtemps réduits au silence, voire condamnés, devenaient des experts conciliaires et rédigeaient des documents

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qui promettaient de révolutionner des siècles de tradition ecclésiale et ecclésiastique. L’Église se réappropriait des thèmes et des principes pour lesquels les Églises protestantes avaient lutté au temps de la Réforme. Des personnages jusqu’alors « suspects », que nous, les jeunes, fréquentions presque en secret, étaient redécouverts comme des prophètes : Mounier, Mazzolari, Balducci, don Milani et tant de théologiens français. Désormais, plus de doute : le pape au visage souriant et au frère paysan avait mis en route, consciemment ou non, une puissante machine qui semblait ne plus devoir s’arrêter. Il avait provoqué une avalanche. L’un après l’autre, sortaient des documents surprenants. Ils parlaient du respect de la liberté religieuse, des semences de vérité dans les religions non chrétiennes, de vie liturgique dans la langue de tous les jours, de renouveau des pratiques religieuses, liturgiques, ecclésiales. On sentait une nouvelle ouverture au monde, à la culture laïque, au service de l’humanité.

Dieu ne parlait plus latin Un changement vraiment radical dans la vision même de l’Église s’annonçait. L’accent était mis sur l’Église comme « peuple de Dieu », plutôt que comme structure ecclésiastico-religieuse. L’Église allait se définir à partir du bas, non d’en haut. Le chemin de la communion, du dialogue, de la recherche s’ouvrait. Le mouvement suscité par le concile créait les conférences épiscopales qui devraient se réapproprier des pouvoirs décisionnels jusqu’alors centralisés ; les paroisses allaient créer des conseils paroissiaux. L’Église se redécouvrait porteuse d’une vision de l’humanité qui place la personne avant la structure. On se mit à relire avec des yeux nouveaux le chemin des premiers disciples et de la communauté primitive des Actes des

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Apôtres : simple chemin de communion de pêcheurs et de gens ordinaires, toujours en confrontation dialectique avec les grandes institutions religieuses et politiques. On se mit à rêver d’une Église, non plus préoccupée de gérer ses propres structures mais de servir, d’annoncer et de dénoncer. L’Église va-t-elle faire le saut ? Saura-t-elle effacer des plis incrustés depuis des siècles ? Saura-t-elle redécouvrir l’Évangile comme aventure de la foi, plutôt que comme gestion de la religion ? L’optimisme régnait, l’espérance aussi. Peut-être aussi quelque ingénuité. Me revient à l’esprit une image classique, souvent utilisée à l’époque : le concile a ouvert à l’improviste portes et fenêtres dans l’Église. Un vent de renouveau et de communion a chassé l’air rance de siècles de confinement. L’image est lancée, elle évoque clairement l’expérience de la Pentecôte. Et puis, qu’est-il arrivé ? Dans les décennies qui ont suivi, au cours des pontificats postérieurs, on a assisté à une sorte d’enfouissement progressif de la nef conciliaire. Pas un naufrage soudain, mais une sorte de lent ensablement. Et les fameuses portes et fenêtres ouvertes ? Beaucoup furent timidement entrouvertes, d’autres entrebâillées, d’autres enfin clairement fermées. Ceux de ma génération, qui ont vécu la naissance du mouvement conciliaire, puis de son ensablement progressif s’interrogent. Ils ne comprennent pas. Tantôt, ils enragent ou gémissent, tantôt ils ont le sentiment d’étouffer, victimes d’une sorte de claustrophobie spirituelle. Le désir d’analyser et de comprendre se heurte à une situation complexe et embrouillée, à de profondes frustrations. Certes, manque la distance critique suffisante et il faut éviter de se laisser aller à des réactions simplistes qui voudraient identifier ou dénoncer immédiatement les « coupables », en l’occurrence tel ou tel pape. Une réalité est en tout cas certaine : nous vivons un autre moment historique, avec de nouvelles données politiques, sociales, culturelles et spirituelles.

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Une chose frappe particulièrement : nous vivons dans un monde marqué par la peur et l’insécurité, à tous les niveaux. Jamais sans doute dans l’histoire, le monde n’a été aussi « sûr » : tout est « assuré ». Et pourtant, jamais l’humanité ne s’est sentie aussi menacée, aussi insécurisée. La peur se vend avec de plantureux bénéfices, ce qui explique qu’elle soit produite et commercialisée à l’échelle industrielle. Politiciens et médias la distribuent et la reproduisent à leur propre avantage. Dans ce contexte, l’aventure fait peur et les fenêtres ouvertes augmentent l’insécurité. Alors, on refait des frontières, on les renforce ; les contrôles se voient multipliés et les signes d’identité mieux spécifiés. Traduit en termes ecclésiaux, tout cela veut dire : publier de nouveaux catéchismes, mieux définir la doctrine et le dogme (définition impérative du contenu de la foi), redonner valeur aux rites et à tout ce qui fait du christianisme une religion plutôt qu’une communauté de foi, en revenir à des formulations claires de la morale, revaloriser le rôle de la hiérarchie aux dépens de la base qui est en recherche. Celui qui a peur retrouve un légitime sentiment de sécurité transmis par une religion organisée. D’ailleurs, depuis que le monde est monde, la religion n’a-t-elle pas toujours été un des principaux antidotes contre la peur ? L’atmosphère des années conciliaires semble désormais bien lointaine. A la redécouverte de l’Évangile comme aventure de foi, comme aventure « sous la tente », succède aujourd’hui la redécouverte du christianisme comme solide édifice religieux. Du fragile tissu de la tente, nous voici à la robustesse rassurante de la pierre ! Et la solidité de cet édifice de pierre attire aussi pas mal de non-croyants. Au Dieu qui habitait la tente, au milieu d’un peuple pèlerin, succède de nouveau le Dieu qui habite le temple, dans des murs solides. Il procure la sécurité et parle clairement.

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Il s’agit bien sûr, dans ces pages, de simplifications qui négligent toutes les nuances nécessaires, mais celui qui cherche désespérément à comprendre est forcé de simplifier. Y a-t-il un autre chemin ? Celui qui désormais se sent dépaysé va forcément penser à la Légende du Grand Inquisiteur de Dostoïevski, ce chef-d’œuvre auquel nous ne cesserons jamais de nous confronter. Le vieux cardinal qui finira par juger et condamner Jésus, ce jour-là à Séville, est un homme intègre. C’est un homme de pouvoir, mais qui prend honnêtement soin des besoins de son troupeau, et pour cela est contraint de corriger « les erreurs » du Christ. Presque nonagénaire, le cardinal comprend que les êtres humains ont peur de la liberté, de l’aventure. Ce sont des êtres marqués par la peur. Jésus, en les appelant à la liberté, les rend malheureux, les traumatise. Dès lors, la vocation du cardinal, celle de l’Église, serait de rendre la paix à ces malheureux, en les ramenant dans la bâtisse sûre de l’institution religieuse : on s’y sent protégé, les principes y sont clairs et la doctrine est dispensée avec des recettes éprouvées, qui ne requièrent que d’être appliquées. Portes et fenêtres y sont résistantes et solidement fermées. Le vieil homme d’Église, au fond, est bon (même si, en tout cela, il trouve aussi son propre intérêt…). Il désire que les gens soient heureux. Mais sa grande erreur est de ne pas désirer que les gens grandissent : mieux vaut un bonheur fait de renoncement et d’abdication que la croissance d’une liberté qui comporte l’angoisse de devoir faire des choix personnels, avec le risque de perdre. Jésus a trop cru en l’être humain : c’est pourquoi il faut le faire disparaître. Le bon cardinal devient inquisiteur et perd tout scrupule. Cette parabole de Dostoïevski a valeur universelle : elle s’applique à chacun de nous. C’est une métaphore de nos débats intérieurs. Mais il est légitime de l’évoquer à propos des changements présents dans la vie de l’Église, face au retour fort ambigu au discours institutionnel, à la directive morale, au catéchisme bien défini.

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Dans le contexte culturel de notre monde, caractérisé par la peur de la liberté et par une crise du sens de la responsabilité personnelle, l’Église n’a pas été capable de continuer à marcher sur le chemin prophétique ouvert par le Concile, en disant une parole différente. Elle a préféré s’aligner sur tant d’autres institutions, politiques, culturelles, sociales, qui essaient de rendre la sécurité aux gens. Et surtout sur les traditions séculaires qui recommandent ce chemin. Évidemment, les changements ne se sont pas limités au niveau du gouvernement central de l’Église, ou de sa doctrine générale. Ce mouvement d’inversion de l’esprit conciliaire a pénétré, par capillarité, dans toutes les sphères de l’Église, même les plus périphériques. Aux États-Unis, pendant les élections présidentielles de 2004, beaucoup d’évêques et quelques théologiens ont multiplié les menaces d’excommunication : quiconque vote pour un candidat qui a soutenu les lois sur l’avortement sera « excommunié » (sic !). Un sale coup pour ceux qui pensaient ne plus jamais entendre prononcer ce mot d’excommunication, pour ceux qui la considéraient comme le résidu d’une époque désormais révolue. D’ailleurs, la menace d’excommunication est aujourd’hui brandie exclusivement à propos de questions directement ou indirectement liées à la vie sexuelle. Jamais pour la guerre ou la peine capitale. Presque tous les documents ou les prises de position de l’épiscopat se réfèrent à la morale sexuelle, de manière obsessionnelle, pathologique peut-être. A un niveau encore plus local, on pourrait donner d’innombrables exemples de ce retour à un christianisme qui accentue le caractère magistériel, moral et rituel, mais ce n’est ni utile ni nécessaire de s’y attarder : passons outre.

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La tente secrète Le souvenir des soirées sur la place Saint-Pierre sous la fenêtre de Jean XXIII, avec l’espérance ouverte par le concile, nous fait mal aujourd’hui. On se croyait au début d’un mouvement nouveau, destiné à s’approfondir dans les années et décennies suivantes. Or maintenant, nous nous retrouvons dans un monde très différent et la réalité ecclésiale change et continue à changer. Inévitablement, nous nous sentons dépaysés, comme un peu aliénés, voire claustrophobes. Il nous arrive quelquefois de nous sentir bel et bien trahis et la tentation de « partir » est forte. Mais « à qui irions-nous ? » (Jn 6, 68). Lutter et se mobiliser n’est pas non plus chose facile et l’on se retrouve à porter sa propre foi avec un sentiment de profonde solitude. Qui a cru pendant des années à la possibilité d’un changement radical des mentalités et des structures de l’Église se sent seul, terriblement seul. Comment gérer cette solitude spirituelle, à l’intérieur d’une Église dans laquelle on est né, où on a grandi et que l’on continue à aimer loyalement ? Pour beaucoup d’entre nous, la gestion positive de cette solitude fait surgir une exigence précise : revaloriser l’intériorité dans tous ses aspects. Alors de nouvelles portes s’ouvrent. La solitude intérieure est redécouverte comme un élément intégrant de l’expérience fondamentale de la foi. Nous assumons cette solitude comme une valeur. L’expérience de frustration devient possibilité de croissance. Nous l’accueillons comme une alliée alors qu’elle s’était insinuée en nous comme une ennemie. Nous débarrassons la foi de tant de décors extérieurs ou d’expressions triomphalistes qui la rendent parfois arrogante. Nous cessons alors de posséder la foi comme une richesse ou un instru-

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ment d’affirmation de nous-mêmes. Au contraire, nous apprenons à nous laisser posséder par la foi, un peu comme ses prisonniers. Nous redécouvrons que croire est une forme de pauvreté. Quelque chose qui nous rend humbles, parfois même humiliés. Le sentiment de déroute éprouvé devant la situation actuelle de l’Église et du monde se transforme alors en communion avec le mystère du Christ, plutôt qu’en aliénation ou en encouragement à fuir. Loin des places publiques et des chaires, nous découvrons la valeur de la cellule, la richesse de la tradition mystique chrétienne, la piste du désert. C’est la « protestation » la plus créative qui puisse s’imaginer en ce moment. C’est même un chemin de maturation personnelle. Et une manière de lécher ses plaies. Au moment où il devient difficile de trouver un espace de liberté et d’aventure dans la réalité ecclésiale institutionnelle, nous découvrons de nouveaux espaces de liberté et d’aventure dans le chemin intérieur de la foi : là, le désert, le doute, la lutte, le risque ont leur place. Nous retournons habiter sous la « tente » secrète de notre espace intérieur où la foi est un voyage. Nous retrouvons cette profonde veine spirituelle qui court tout au long de l’histoire de l’Église et en a toujours été la force cachée.

Le désert Il ne s’agit pourtant pas de découvrir un nouveau registre de la foi, de s’engager dans un chemin spirituel inexploré, mais plutôt de retrouver un chemin qui fut toujours présent dans l’expérience ecclésiale et le sera toujours. Le désert, la spiritualité mystique sont au cœur de l’histoire de l’Église, même si parfois le moralisme dominant ou le dogmatisme doctrinal les ont un peu obscurcis. Ils refleurissent périodiquement. Dans les moments de crise, ils adoucissent les plaies d’une foi blessée.

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Entendons-nous bien, car nous risquons de recourir à des termes trop ambigus. A parler de tradition mystique, d’aucuns pensent tout de suite à des phénomènes extraordinaires, à des révélations sensationnelles : extases, visions, singularités spirituelles… Phénomènes qui souvent appartiennent au champ de la parapsychologie spirituelle et sont présents dans toutes les religions. D’ailleurs, ils relèvent parfois de la « pathologie religieuse » et gare à qui les utilise comme preuves de véracité spirituelle. La tradition mystique à laquelle nous pensons est exactement à l’opposé. C’est la tradition de ceux qui ont centré leur vie sur l’écoute du silence de Dieu, qui se sont présentés l’âme totalement nue devant le mystère « beau et terrible » de Dieu. Ceux-ci sont devenus familiers du « langage discret du silence », de la présence de Dieu au cœur de l’absence ou de la banalité quotidienne. Des gens honnêtes au point d’être tourmentés. Des gens assez courageux pour vivre à un pas du paradis, mais aussi à un pas de l’enfer. Les Pères du désert, le Pseudo-Denys l’Aréopagite, maître Eckhart, Jean de la Croix ont toujours été des points de référence importants dans le chemin de foi des chrétiens. Aujourd’hui, pour beaucoup d’entre nous, ils restent le pain quotidien qui nourrit une foi inquiète et blessée. Dans la solitude et la disette spirituelle, il est toujours conseillé de retourner à une nourriture solide. Dans un moment de lutte intérieure, il est salutaire de retrouver la force des grands lutteurs du passé qui, comme Jacob, ont lutté avec Dieu au gué de Yabboq et en sont sortis vivants, vivifiés. Mieux vaut risquer un os fracturé que mourir d’aridité. Ou de tristesse. Pourtant, ne recourons pas sans prudence à ce mot mystique pour parler du chemin sans extase des grands maîtres de la foi. C’est un lent et long chemin. Un chemin de dépaysement, d’ignorance, d’expropriation, de vide intérieur. Rien de pyrotechnique. C’est le chemin du désert, là où la foi des grands monothéismes est née ; elle y retourne périodiquement pour se renouveler et se

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purifier, pour y trouver une ancre de salut dans les moments de crise. Au désert, la foi blessée trouve ce repos divin qu’aucune doctrine sur Dieu ne pourra jamais lui donner. Elle retourne à ses origines et retrouve vie. La « fuite au désert », mal vue peut-être dans l’Église postconciliaire, car elle apparaissait comme une « fuite », est de nouveau valorisée dans beaucoup de milieux. En réalité, il ne s’agit pas du tout de fuite. Le désert authentique, au contraire, est refus de la fuite, refus du divertissement au sens pascalien du mot (diversion, distraction, acte de détourner). Il nous console en nous isolant dans un monde exclusivement nôtre. Il est un retour à la vérité. Il est ouverture à l’Autre. Nous ne parlons évidemment pas du désert dans sa réalité géographique, mais du désert intérieur, celui de l’âme (même si le désert géographique en est un symbole éminent et fondamental). Ce désert intérieur si souvent rencontré dans notre chambre. C’est encore le même Pascal qui, dans une célèbre pensée, disait : « Tout le malheur des hommes provient d’une seul chose : ne pas savoir rester tranquilles dans une chambre » (Pensée no 139). Tranquillité, solitude dans sa chambre, vie mystique, intériorité. Le désert, aujourd’hui, recommence à appeler, comme il a toujours appelé dans les moments critiques de l’histoire.

Mais l’Église n’est-elle pas maîtresse d’intériorité ? Ce retour à l’intériorité n’est pas seulement une exigence de survie pour qui porte sa propre foi dans une telle solitude, c’est aussi une « mission » dans un monde comme le nôtre, si pauvre en paix intérieure, en références humaines profondes. Nous vivons dans un contexte politique et social où le profit est le principal ressort, où les références ultimes valent toujours dans

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le sens de l’extériorité. Le bien-être financier, l’éternelle jeunesse, la négation obsessionnelle de la mort… tout semble se conjurer pour supprimer la dimension de l’intériorité comme si elle était nuisible, non salutaire ou, dans la meilleure des hypothèses, inutile. Le profit fait courir ; perdre son temps est considéré comme un péché capital. Or, l’intériorité exige le pas lent et la halte. Elle exalte la perte de temps comme essentielle pour la construction de l’être humain et le développement des relations humaines. Cette relation humaine, aujourd’hui, est, sous bien des aspects, malade, difficile. Comment l’ouverture à l’altérité pourrait-elle être facile quand on n’est plus bien dans sa peau ? Le désert est un chemin de réconciliation avec son moi authentique et, en conséquence, un chemin de guérison de l’aspect relationnel de la vie. Redécouvrir son intériorité, c’est aussi redécouvrir l’autonomie de l’autre et son visage « glorieux ». La capacité d’entrer en relation se purifie également. Évagre le Pontique, mystique au-dessus de tout soupçon, ne disait-il pas que « l’amour est fils du désert » ? Le sentiment d’aliénation, qui rend si précaire l’équilibre psychologique de tant de personnes, est tel que seul ce voyage à travers la terre « étrangère » du désert peut rétablir un sentiment d’équilibre et d’« appartenance ». Paradoxe incroyable sur lequel ont joué souvent les pères du désert qui exaltaient la xeniteia (le fait de « se faire étranger ») comme le seul vrai chemin pour retrouver sa patrie. Mais le vide du désert crée l’angoisse. Aliéné de lui-même, l’être humain a besoin de remplir le vide, la paroi qui pourrait devenir miroir. Pour fuir ce vide, nous vivons dans une spirale croissante de bruit, de stimulations continues, d’activisme. Le silence fait peur, comme on a peur de s’arrêter et se de regarder soi-même. Et l’on pourrait continuer à citer tant d’aspects malades de notre monde, à montrer combien ils sont étroitement liés à une vision réductrice de l’être humain avec la fuite de l’intériorité qui en ré-

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sulte. Cette analyse serait trop longue et exigerait de fortes compétences. Il suffirait d’en pointer quelques indices, quitte à prendre le risque d’être accusé de pessimisme facile. Mais l’optimisme forcé est une autre maladie de notre époque : obligation de se montrer toujours positif, fermer les yeux sur tout ce qui menace le fil fragile sur lequel repose un bonheur à bon marché. Que de conseils psychologiques à quatre sous vont dans cette direction ! Or, la vie chrétienne est orientée vers ce qu’Emmanuel Mounier appelait l’« optimisme tragique » : un optimisme radical sur l’ultime issue de notre pèlerinage, mais accompagné d’une sérieuse prise de conscience des nuages et des obstacles sur le chemin. La foi chrétienne prend au sérieux la souffrance et la mort. C’est sa grande sagesse. Elle sait qu’elles sont l’unique chemin vers la résurrection et la vie. Il n’y en a pas d’autre. Ce que nous voulons souligner est que le monde d’aujourd’hui meurt de soif, une soif qui n’est pas d’abord une soif de réponses morales ou de sécurités proposées de l’extérieur (celles du vieux cardinal de Séville, chez Dostoïevski), mais une soif de réconciliation intérieure, de sens de la vie, d’un supplément d’âme qui puisse recoudre la personne et ses relations. Notre Église est trop occupée à discuter de cellules souches et de détails de chambre à coucher alors que l’âme de tant de personnes meurt de soif. Des Églises protestantes de type pentecôtiste promettent des raccourcis peu réalistes vers un Dieu tout miracle et pure exaltation joyeuse. Pourquoi notre Église ne retrouve-t-elle pas la veine spirituelle profonde qu’elle a pourtant toujours portée en son sein ? Nous en avons désespérément besoin. Pourquoi ne redevient-elle pas maîtresse d’intériorité et porteuse du mystère ?



En lecture partielle‌


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Index des noms cités A Abbey, Edward 122 Abraham 24, 36, 45 Adam 79 Agar 126 Al-Hallaj 53 Alice, personnage des Contes de l’Ohio 47 Anderson, Sherwood 47 Anne 126 Antoine du Désert 25, 55, 56 Arsène (père du désert) 36 Augustin d’Hippone 65, 80, 82, 84, 99, 145, 182

François d’Assise) 142 Bonaventure 43 Bonhoeffer, Dietrich 89, 90, 91, 108 Bouyer, Louis 34 Bowles, Paul 91, 92

C Cassien 35 Chrysostome, Jean 151, 152 Chryssavgis, John 46, 48, 49, 66, 109 Climaque, Jean 55 Constantin 32 Crace, Jim 28 Cyrille d’Alexandrie 83

Dostoïevski, Fedor 14, 21, 132, 133, 140 Drewerman, Eugen 141

E Eberhardt, Isabelle 62 Eckhart (Maître) 18, 37, 39, 42, 50, 75, 77, 82, 85, 93-104, 111-119, 121, 129, 140, 143, 144, 150, 167, 178 Eco, Umberto 172 Élie (prophète) 157 Éphrem le Syrien 55 Évagre le Pontique 20

F B Balducci, Ernesto 11 Barth, Karl 169 Basile le Grand 68, 69 Benoît de Nursie 69 Bernanos, Georges 148 Bernard de Clairvaux 172 Bernardone, Pierre (père de saint

D Dahoum, personnage des Sept piliers de la Sagesse 63 Daniel 131 Dante Alighieri 95 David 71 Davy, MarieMadeleine 31, 48, 89, 94, 177 Debray, Régis 36

Foucauld, Charles de 37, 62, 118, 142, 171, 173, 174, 178 François d’Assise 43, 45, 50, 57, 122, 142, 150, 151, 171-174, 178, 181, 191 Fulgencio, personnage de Severina 148

G Giotto 43

186


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Index des noms cités Grégoire de Nazianze 69, 77 Grégoire de Nysse 68-75, 79, 80, 84, 86, 94, 143, 150, 178 Grégoire le Taumaturge 68 Griffin, Bede 103

45, 46, 55, 56, 82, 83, 98, 105, 126-130, 132, 135-141, 143, 146, 149, 152-161, 164, 168-175, 178, 181-183, 189 Job 126, 131, 147, 170, 178

Longin (père du désert) 49 Louth, Andrew 141 Luc (l’évangéliste) 5, 126-129, 136, 138, 141, 146, 160 Luria, Isaac 164-169

M H Hansen, Ron 119, 121 Hideyoshi, Toyotomi 135, 162

I Ibn Arabi 101, 147 Ignace d’Antioche 32 Irénée de Lyon 38 Isaac 157, 164, 165, 169 Isaïe 24, 111, 130, 131, 141

J Jacob 18 Jean Baptiste 28 Jean de la Croix 18, 37, 94 Jean le Nain 109 Jean XXII 95 Jean XXIII 10, 16 Jérémie 126, 130, 131 Jésus de Nazareth 6, 14, 23, 25, 26-33, 36,

K Karamazov, Dmitri, personnage des Frères Karamazov 139, 140, 161 Kichihjiro, personnage de Silence 135, 136, 161, 178 Kit, personnage du é dans le désert 40, 91, 92

L Lane, Belden C. 52, 55, 110, 112, 122 Lawrence, omas Edward (dit — d’Arabie) 44, 55, 62, 63, 64, 92, 143 Léon (frère) 181 Le Saux (Henri) 103, 104, 110, 111 Léon-Dufour, Xavier 29

187

Macrine la Contemplative 69 Mahomet 45 Mariette, personnage de l’Extase de Mariette 119, 120, 121, 148, 161, 178 Marmeladov, personnage de Crime et Châtiment 132, 135, 144, 161, 178 Massignon, Louis 62 Matthieu (l’évangéliste) 126, 127, 137, 138 Maxence, Jean-Luc 141 Mazzolari, Primo 11 McGinn, Bernard 111 Merton, omas 35, 55, 56, 161 Milani, Lorenzo 11


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Index des noms cités Moïse 36, 45, 46, 7075, 81, 84, 88, 95, 137 Monchanin, Jules 103 Mounier, Emmanuel 11, 21

O O’Toole, Peter 62 Ondaatje, Michael 62, 116 Origène 68, 82, 182 Osée 112, 126

P Pacôme (père du désert) 31 Pambone (père du désert) 66 Pascal, Blaise 19, 61, 147 Paul (l’apôtre) 36, 82, 91, 92, 105, 172 Pénélope 88 Pie XII 10 Pierre (l’apôtre) 172 Pierre (évêque de Sébaste) 69 Port, personnage du é dans le désert 91, 92 Proba 145, 146 Pseudo-Denys l’Aréopagite 18,

85-87, 93, 94, 111, 112, 119, 178 Psichari, Ernest 62

Storr, Anthony 47 Swami Abhishiktananda voir Le Saux

R Rilke, Rainer Maria 125 Rodrigues (père), personnage de Silence 135, 136 Rokuemon, Hasekura, personnage de Samuraï 161 Rouner, Leroy 48, 180 Rumi, Gialal al-Din 133

S Salomon 131 Scholem, Gershom 165, 166 Scot Érigène, Jean 111 Severina, personnage de Severina 148, 149, 150, 178 Shusaku, Endo 134, 135 Silone, Ignazio 148, 150 Sonia, personnage de Crime et Châtiment 132

T Teresa (Mère) 69, 148 éophile 66 érèse d’Avila 37 esieger 62 omas 84, 158 omas d’Aquin 86 Tolstoï, Léon 58, 59

U Unamuno, Miguel de 76, 144

W Weil, Simone 163, 164, 166, 167, 178 Whitehead, Alfred North 48 Wiesel, Élie 179, 180

Z Zevi, Sabbatai 134 Zoja, Luigi 6


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Table des matières Préface d’Arthur Paoli ............................................................

5

Prémisse

Les gémissements de l’âme ..................................

9

Dieu ne parlait plus latin ............................................................ La tente secrète ............................................................................ Le désert .................................................................................... Mais l’Église n’est-elle pas maîtresse d’intériorité ? ..........................

11 16 17 19

Chapitre premier

Le chemin du désert................................ 23

Le désert fondateur ...................................................................... Jean, un « fou » de Dieu .............................................................. Jésus, fils du désert ...................................................................... Le moine et la chambre nuptiale .................................................. Le témoignage radical de la foi ....................................................

189

24 25 27 30 32


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Table des matières

Chapitre 2

La nudité de l’esprit .......................................... 39

En voyage vers le désert intérieur .................................................. Le dépouillement ........................................................................ La solitude .................................................................................. Le silence .................................................................................... Le désir ...................................................................................... La mort ...................................................................................... La prière .................................................................................... Apprivoiser le vide spirituel .......................................................... Le parfum caché ..........................................................................

Chapitre 3

Voie négative .................................................... 65

éologie apophatique ................................................................ Le Dieu ineffable et les ténèbres de Grégoire de Nysse .................... Dieu indicible ............................................................................ Dieu inimaginable ...................................................................... Dieu insaisissable ........................................................................ Descendre de notre montagne… pour remonter sur celle de Dieu, voyageurs légers........................ En tout croyant, un non-croyant ..................................................

Chapitre 4

40 41 45 49 52 55 57 61 62 66 68 78 81 84 85 89

Dans les ténèbres lumineuses ............................ 93

Devenir rien .............................................................................. 95 Il n’y a pas de terme… ................................................................ 106 Le désert, métaphore de Dieu ...................................................... 110 Deux déserts ................................................................................ 113 Nouveaux yeux et nouveaux visages .............................................. 115

Chapitre 5

Le désert des haillons ........................................ 125

La pauvreté, lieu privilégié de la rencontre avec Dieu .................... 126 Bienheureux vous les pauvres, vous qui avez faim maintenant, vous qui pleurez maintenant… 128

190


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Table des matières Venez vous aussi, ivrognes ............................................................ 132 Bienheureux vous les bons, compagnons de voyage des opprimés ...... 136 Bienheureux le désert .................................................................. 138 Dieu, compassion universelle ........................................................ 141 La valeur sacramentelle de la pauvreté .......................................... 145 Le véritable autel : le corps humilié du Christ ................................ 151

Chapitre 6

Un Dieu vidé .................................................... 153

Le charpentier de Nazareth.......................................................... 154 Présent et glorifié ........................................................................ 157 La kénose du samouraï ................................................................ 161 La kénose de Dieu ...................................................................... 164 Le centre de la croix, lieu de rencontre des spiritualités .................. 169 Entre solitude et compagnie des hommes : François et Charles ........ 171

Chapitre 7

Joie parfaite ...................................................... 177

Retour vers le futur ...................................................................... 179 La plénitude retrouvée ................................................................ 181

Références bibliographiques des citations .............................. 184 Index des noms cités.............................................................. 186


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Achevé d’imprimer le 4 novembre 2013 sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique)



Le vent parfumé du désert - couv 04-11-13 16h19 Page1

Giorgio Gonella

Le vent parfumé du désert Le désert, comme la voix de Dieu, a un langage discret. Mais ce lieu n’est pas facile à vivre, car il « dépouille », il est « beau et terrible », comme le mystère de Dieu. On y est « à un pas du paradis, mais aussi de l’enfer ». De la communauté de Qumran aux Pères du désert et ceux de l’Église, des ermites antiques aux frères des Bédouins du Sahara et à Charles de Foucauld, de Maître Eckhart à François d’Assise, des mystiques médiévaux aux opprimés de la terre : une aventure de la pensée, mais aussi un journal d’émotions, un vrai chemin vers la « solitude bienheureuse ». Un livre pour les croyants et pour ceux qui cherchent.

9 782873 565282

Le vent parfumé du désert

Illustration de couverture : © Luca Galuzzi – www.galuzzi.it

Giorgio Gonella

ISBN 978-2-87356-528-2 Prix TTC : 18,95 €

Le vent parfumé du désert Sur les traces de Dieu, entre solitude et communion

« Chaque page m’a apporté une griffe et une caresse » (Arturo Paoli)

Giorgio Gonella, fils de Guido (un des fondateurs de la Démocratie chrétienne avec Alcide De Gasperi), est né à Rome en 1947. Il a participé aux mouvements de 1968. À la suite de la lecture de l’Évangile et de diverses expériences de foi, il est entré chez les Petits Frères de l’Évangile (Charles de Foucauld). Il a vécu à New York dans une petite fraternité, au milieu de personnes souffrant de problèmes d’alcoolisme et de drogue, gagnant sa vie en travaillant comme conducteur de bus scolaire. En 2008, avec trois autres frères, il a créé une communauté d’accueil dans une région rurale, sur les flancs de la Sierra Madre (Mexique).

Giorgio Gonella


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