Dans ce conte philosophique, Mgr André-Joseph Léonard, arche vêque de Malines-Bruxelles, nous expose la quête de éophile, un jeune étudiant en droit qui se pose de nombreuses questions sur les réalités du monde dans lequel il vit. La lecture des huit sermons prêchés par John Henry Newman à Dublin sera pour lui l’occasion de redécouvrir la foi chrétienne, qui l’aidera à répondre à ses interrogations. Avec avidité, il parcourra les textes sacrés ainsi que les écrits de philosophes et de grandes figures de l’Église, tels Soloviev ou Maxime le Confesseur, puis notera ses pensées et réflexions dans un journal. Avec éophile, le lecteur interrogera les rapports entre science et religion, revisitera les fondements de la foi chrétienne, réfléchira au dialogue interreligieux et à l’œcuménisme et confrontera toutes ces réalités aux questions d’actualité.
Mgr André-Joseph Léonard Mgr André-Joseph Léonard a été nommé archevêque de MalinesBruxelles le 18 janvier 2010 et, en 2011, membre du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation. Il est l’auteur d’une bonne vingtaine d’ouvrages consacrés à des questions de philosophie, de théologie ou de pastorale.
ISBN 978-2-87356-536-7 Prix TTC : 11,95 €
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© 2012, Éditions Fidélité, 7 rue Blondeau, 5000 Namur. Dépôt légal : D. 2012, 4323.16 ISBN : 978-2-87356-536-7 Maquette et mise en page : Jean-Marie Schwartz Imprimé en Belgique
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ette passion habitait éophile depuis son enfance. Dès son plus jeune âge, il raffolait de remonter le cours d’un ruisseau jusqu’à sa source. Haletant, il gravissait les ultimes pentes, soutenant sa marche de pierre en pierre, le long d’un mince filet d’eau qui devait couler, en principe, du sommet de la colline. Mais, une fois parvenu à l’origine tant convoitée, sa déception était d’autant plus vive que sa quête avait été ardente. Un petit marécage d’eau boueuse, d’où suintait un infime ruisselet. Un début insignifiant. Il se mettait alors à réfléchir. D’où venait donc l’eau de ce bourbier primordial ? Sans doute de quelque nappe d’eau souterraine, probablement alimentée par les averses de ces dernières semaines, peut-être même par les pluies de ces derniers mois ou années. Il se consolait alors à la pensée que son ruisseau avait sa source dans la course folle des nuages. Son cœur s’apaisait donc en débouchant sur cette immensité du ciel et de la terre qui, de toujours, l’avait fasciné, elle aussi. Plus tard, devenu un adolescent à l’esprit curieux, sa recherche s’était déplacée vers d’autres sujets d’admiration. Celui de l’ordre qui régnait autour de lui, sans qu’il en fût l’origine. Parfois, en effet, il créait de l’ordre. Il lui arrivait de bricoler un ustensile en assemblant des bouts de bois. Ou de graver un cœur transpercé dans l’écorce d’un chêne. Il connaissait bien la source de cet ordre. Sa propre intelligence et sa propre volonté. Et quand, lors de ses 5
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promenades, il découvrait au carrefour de deux chemins une croix de bois ou quelque dessin inscrit dans l’écorce d’un bouleau, il savait, sans l’avoir vu, que quelqu’un était passé par là. Mais l’extraordinaire agencement d’un bout de bois, la prodigieuse complexité d’un arbre, d’où cela venait-il ? Le peu de biologie qu’il avait étudié en classe lui donnait une réponse. Les principes de la physique, le surgissement de la vie, sa complexification spontanée, les lois de l’évolution. Cela le satisfaisait dans un premier temps. Puis sa quête rebondissait. N’y avait-il pas, derrière tout cela, l’œuvre d’une pensée et d’une volonté ? Pas celle d’un homme, certes. Quelqu’un d’autre ? Mais qui ? On l’avait mis en garde à l’école contre la pensée de Dieu, contre le créationnisme et le « dessein intelligent ». Tout devait s’expliquer naturellement. Pas besoin de Dieu pour cela. Longtemps, il s’en tint à cette position prudente. Mais un jour, un éclair traversa son esprit. Le professeur de mathématiques l’avait envoyé au tableau démontrer devant ses camarades que la somme des angles d’un triangle est égale à deux droits. Habilement, il avait dessiné un triangle, opéré les constructions nécessaires, tiré les conclusions qui en découlaient et prouvé la vérité du théorème. Avec succès. Revenu à sa place, il s’était souvenu des derniers cours de biologie et de physiologie. Au fond, tout ce qu’il venait de réaliser au tableau s’expliquait très bien de manière mécanique, selon les lois de la physique et de la physiologie. Une tempête neuronale dans son cerveau. Des messages électriques et chimiques vers les muscles de son bras droit. Une contraction des muscles de sa main produisant l’appréhension d’un bout de craie. Des mouvements permettant à celle-ci de déposer un peu de poussière blanche sur le tableau. Et le tour était joué ! Ce qu’il fallait démontrer. CQFD. Oui, il en était bien ainsi. Mais, en même temps, il avait la conviction intime d’avoir réfléchi pendant cette démonstration, d’avoir organisé sa pensée en vue d’arriver à la preuve recherchée.
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Certes, s’objectait-il à lui-même, cette prétendue réflexion de son esprit durant son travail au tableau avait, elle aussi, comme soubassement une tempête neuronale. Celle-ci ne débouchait peut-être pas sur des mouvements physiques perceptibles, mais elle était bien présente dans son cerveau. Il ne le niait pas. Mais cette autre tempête était, à nouveau, habitée par des raisonnements logiques d’un autre ordre que l’effervescence de ses neurones. Il se hasardait ainsi à supposer que les deux lectures de la même aventure géométrique étaient peut-être vraies en même temps. Il s’en convainquait d’autant plus facilement qu’une pensée lui montait à l’esprit à la faveur d’une troisième tempête neuronale. Cyclone sur cyclone… Au fond, tout son travail au tableau, les signes inscrits à la craie et sa prétendue réflexion intellectuelle, tout cela était un jeu gratuit. Car, dans la bonne vieille géométrie de ce brave Euclide, le théorème n’avait en lui-même aucun besoin d’être démontré. Il n’avait cure de ses laborieuses constructions au tableau ni de ses prouesses mathématiques. Il était vrai de toute éternité dans le ciel des vérités géométriques. En un sens, c’est cette vérité absolue qui s’était servie de lui et du tableau pour se démontrer à notre usage. Mais, en elle-même, elle planait au-dessus de nous depuis toujours. Elle n’avait besoin ni de craie ni de tempêtes neuronales. Elle était vraie parce qu’elle était vraie. C’était comme s’il avait grimpé au sommet d’une grange grâce à une échelle et que l’échelle eût ensuite été retirée, le laissant à la joie d’explorer un fenil enchanteur. Une joie qui, pour l’instant, lui suffisait. Il s’en extasiait. Plus tard, un autre sujet d’émerveillement l’envahit. Il s’en souvenait comme si c’était hier. Il avait dix-huit ans. Il se promenait dans un beau jardin à la française. Tout à coup, son regard fixa un vulgaire caillou sur le sol de l’allée où il cheminait sans penser à rien de précis. Ce caillou existait. Il était plutôt que de ne pas être. Il aurait sans doute pu ne pas exister. Mais il existait.
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Il « était » bel et bien. Juste à côté, un frêle brin d’herbe avait poussé dans les interstices du gravier. Il était, lui aussi. Il s’affirmait. éophile aurait pu le piétiner ou l’arracher. Cela n’eût pas anéanti la vérité préalable de son être. Soudain, il aperçut une minuscule fourmi qui gravissait rapidement la paroi du brin d’herbe. Elle existait, elle aussi. Sans doute percevait-elle ce brin d’herbe. L’inverse n’était probablement pas vrai. Mais qui sait ? Par contre, il était presque sûr que cette fourmi le percevait, lui. Un mastodonte effrayant. Cette pensée se mit à l’obséder. Jusqu’à présent, la fourmi faisait simplement partie du décor de sa promenade. Mais lui-même ne faisait-il pas partie de son environnement à elle ? Il était un centre d’observation. Mais elle était aussi, à sa manière, le centre du monde. Tout gravitait autour d’elle. Il n’était plus qu’une hideuse masse de viande surplombant la colossale chaîne de montagnes qui entourait cette fourmi. Elle était. Elle existait indéniablement. Cet étonnement se mua aussitôt en un nouvel émerveillement. Le caillou était splendidement organisé. Un géologue aurait pu disserter des heures à son sujet. Le brin d’herbe était prodigieusement plus complexe encore. Un botaniste aurait pu lui en conter à perdre souffle. Et la fourmi était un abîme infiniment plus abyssal encore. Un biologiste aurait pu passer toute sa vie à en décoder la construction et le fonctionnement. Mais, au-delà de tous ces ordres admirables, éophile savourait la pure joie de l’existence. Cette explosion de l’être. Ce triomphe sur le néant. Cette pure exultation d’être plutôt que de ne pas être. Et lui aussi existait. Jamais il ne s’était senti plus heureux d’être. En dépit de tout. Car, par l’échelle de cette obsédante complexité des choses et en suivant le fil lumineux de leur existence, il s’était élevé à l’idée d’une autre pensée, d’une autre volonté que les siennes. L’idée de quelque chose ou peut-être de Quelqu’un qui serait — Dieu sait comment — l’origine de l’être des choses et
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de leur prodigieuse aptitude à être comprises par sa modeste pensée à lui. Aussitôt après, il se souvint du théorème et de son éternelle vérité en soi. Il crut qu’il allait s’évanouir. Son esprit s’alluma d’un grand feu. Un ouragan neuronal, pensa-t-il. Mais c’était plus que cela. Sa pensée s’affolait comme l’aiguille de la boussole à proximité du pôle. Peut-être cette Pensée d’avant sa pensée, ce Vouloir d’avant sa dérisoire volonté, existaient-ils, eux aussi, de toute éternité. D’une existence souveraine, jubilante, indomptable. Il avait mentalement soustrait l’échelle du monde et le faisceau lumineux de l’être. Il se retrouvait devant la Source lumineuse de toute existence et de toute intelligibilité. Il entrevoyait que cette Source était peut-être indifférente au fait d’être source. Elle coulait pour elle-même et en elle-même depuis toujours. Elle était parce qu’elle était. Il s’assit sur un banc afin de ne pas défaillir. Et, tel le hibou apparemment endormi, il ferma les yeux, ébloui par tant de clarté. L’heure avait avancé. Autour de lui, les ombres s’étaient allongées. C’est dans ce clair-obscur qu’il revint progressivement à lui-même. Deux heures plus tard, la nuit était tombée. Une nuit sans lune, particulièrement sombre. Il leva les yeux. Le ciel étoilé se déployait au-dessus de lui. Chantait-il la gloire de Dieu ? Il n’osait trop y croire, malgré le désir qu’il en avait. Mais la voûte céleste suffisait pour l’instant à son bonheur. Et, au fur et à mesure que sa réflexion s’y appliquait, ce ciel étoilé au-dessus de lui le remplissait d’une admiration sans cesse croissante. Quelques années plus tôt — il devait avoir treize ans — une autre expérience l’avait marqué. Elle revenait maintenant à sa mémoire. Il s’était à cette époque rendu coupable d’un acte dont il avait encore honte aujourd’hui. C’est alors que sa conscience morale s’était vraiment éveillée pour de bon. Auparavant, il n’avait connu que les innocents scrupules d’une âme enfantine. Mais, lors de cette aventure mémorable, il avait eu le vif sentiment
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d’une voix qui lui disait à l’intérieur de lui-même : « Ce que tu as fait est mal. » Il sourit en y pensant avec le recul du temps : « Une tempête neuronale précoce… » Mais la chose était sérieuse. Ce qui l’avait surtout impressionné, c’est que cette voix retentissait à l’intérieur de lui-même et cependant semblait venir de l’extérieur de sa propre personne. Une voix impérieuse. On aurait pu penser qu’il s’agissait de la voix de ce qu’il appelait désormais d’un grand mot : la raison. Cette merveilleuse ouverture de notre esprit sur l’univers et sur l’universalité. Et, effectivement, cette voix lui murmurait : « Tu as mal agi en faisant une exception à ton profit ; souhaiterais-tu vraiment que chacun en fasse autant, y compris à ton égard ? » Mais la raison n’est pas quelqu’un. Or il avait très nettement l’impression que cette voix était celle de quelqu’un parlant dans le sanctuaire intime de son être. Une parole bouleversante qui ne lui indiquait pas seulement le bien, mais le lui imposait, et qui, s’il l’avait bafouée, le jugeait, voire le condamnait, suscitant en lui un sentiment mêlé de gêne, de culpabilité, voire de remords. Plus tard, quand le foisonnement du cosmos et l’effervescence de la vie eurent aiguisé en lui la question d’un Dieu créateur, il se demanda si, peut-être, ce n’était pas la même Parole éternelle qui retentissait dans l’univers et dans son cœur. Et de manière bien plus personnelle dans l’intimité de sa conscience que dans l’immensité des galaxies. Le ciel étoilé au-dessus de lui, certes, mais, plus encore, la loi morale en lui, voilà qui, plus il y réfléchissait, suscitait chez lui un émerveillement toujours accru1. Que d’ambiguïté cependant dans ces deux voix ! La splendeur du cosmos, l’exubérance de la vie le faisaient rêver d’une Intelligence suprême, d’une Volonté généreuse à l’origine de tout.
1. Cf. Emmanuel Kant, Critique de la raison pratique, première phrase de la conclusion de l’ouvrage.
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Mais, en même temps, le silence de ces espaces infinis l’effrayait2. Que d’obscurité à côté de tant de lumière ! Les trous noirs hantaient son imagination. Des astres si massivement égoïstes qu’ils ne laissent même pas s’échapper la lumière. Il en frémissait d’horreur. Oui, à certains moments, la nature se dévoilait à ses yeux toute parée d’une beauté avenante, encourageante, presque maternelle. Mais, à d’autres, comme une marâtre indifférente. Pire, comme un monstre sauvage et cruel, dévorant ses propres enfants. Les catastrophes aveugles le révoltaient profondément. Et surtout cette tyrannie d’une vie qui ne survit qu’en tuant. Une boucherie généralisée… Même la voix lumineuse de sa conscience le laissait perplexe. Elle était si souvent recouverte par tant d’autres voix, par le bruyant gargouillis de ses passions. Pourquoi donc ne lui parlaitelle pas avec plus de clarté encore et, surtout, plus d’attrait ? Et si, dans un éclair de lucidité, il s’abîmait de confusion devant toutes les vilénies de sa vie, quelle n’était pas sa peine de ne sentir en cette voix que la froideur du jugement et non une parole de douceur et de bienveillance qui lui eût réchauffé l’âme ! Il avait maintenant plus de vingt ans et s’était engagé dans de brillantes études universitaires, quand un rapprochement saisissant s’imposa à sa pensée. Il l’avait toujours pressenti au fond de lui-même. Mais ce frémissement de son subconscient n’avait jamais affleuré à sa pensée diurne. Éduqué jadis dans une école vaguement confessionnelle, il avait entendu parler de ce qu’on appelait pudiquement « les valeurs chrétiennes ». Parmi elles, la bonté, la bienveillance, la douceur, le pardon. On les illustrait, à l’occasion, par des passages de l’Évangile, mais sans trop s’y attarder, pour ne pas donner l’impression de racoler les jeunes
2. Blaise Pascal, Pensées, édition de Philippe Sellier, pensée 233, Paris, Classiques Garnier, 1999, p. 256.
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intelligences. Il en était donc resté à un Jésus relativement anonyme, une sorte de cocarde, un porte-drapeau des valeurs dites évangéliques. Mais, connaissant son amour de la langue anglaise, un de ses anciens professeurs lui avait offert le recueil des huit sermons prêchés à Dublin par John Henry Newman, ce célèbre théologien anglican devenu prêtre catholique en 1845. Newman avait été chargé de créer à Dublin l’Université catholique d’Irlande. L’ouverture officielle avait eu lieu en 1854. Deux ans plus tard, l’église bâtie juste à côté par Newman fut à son tour inaugurée. C’est ainsi qu’en 1856 et 1857 Newman put y prononcer des sermons à l’intention de la communauté universitaire. En lui offrant ces célèbres « Sermons de Dublin3 », son ancien maître avait sans doute eu quelque arrière-pensée. éophile se mit littéralement à dévorer ce livre qui, par son ton à la fois calme et passionné, parlait puissamment à son cœur et à son intelligence. Mais c’est seulement parvenu au troisième sermon qu’il comprit l’intention secrète de son professeur de langues. Tous les prophètes de l’Ancien Testament, expliquait Newman, s’étaient languis de la venue du Messie : « Ah ! Si tu déchirais les cieux et si tu descendais ! Les montagnes fondraient en ta présence…4 » Et maintenant que les Apôtres avaient, enfin, reconnu sa présence, ils aspiraient à sa nouvelle venue, non plus dans l’humiliation, mais dans la gloire : « Voici qu’il vient sur les nuées du ciel ! Et tous le verront, y compris ceux qui l’ont transpercé5. » Ils se souvenaient de sa promesse : « Je viens bientôt… » et suppliaient avec d’autant plus d’ardeur : « Oh oui, viens, Seigneur Jésus6 ! » 3. Édités par Newman dans la collection des Sermons preached on Various Occasions, London, Longmans, Green, and Co. 4. Isaïe 63, 19. 5. Apocalypse 1, 7. 6. Apocalypse 22, 20.
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Des disciples allaient, par milliers, par centaines de milliers, par centaines de millions leur emboiter le pas et, sans attendre sa nouvelle venue, s’enflammer d’amour pour cet Unique entre tous. Mille dévotions allaient s’allumer en leur cœur pour cet homme qui appartenait à la fois à leur passé, à leur avenir et, avec tant de tendresse, à leur présent. Ils allaient scruter chaque trait de son visage, vénérer ses cinq plaies, son précieux sang, son cœur sacré. Ils allaient contempler, à travers les siècles, son enfance, sa vie cachée au village, tous les actes de sa vie publique, son agonie, sa flagellation, sa croix et sa gloire. Tout requérait leur attention aimante et minutieuse : sa crèche, sa maison familiale à Nazareth, sa tunique sans coutures, le linge dont Véronique épongea son visage ensanglanté, la plus infime parcelle de sa croix, les clous qui transpercèrent ses mains et ses pieds, son suaire et son linceul. Tout. Son nom habiterait le cœur et fleurirait sur les lèvres de multitudes de vierges consacrées, de moines et de moniales, de prêtres, d’hommes et de femmes de toutes conditions et de tous états de vie : « Jésus ! » Martyrs, confesseurs de la foi, docteurs de l’Église, prédicateurs, ermites, ascètes du désert, pères et mères de famille, enfants, adolescents et vieillards, tous trouveraient en lui la force et la douceur de leur existence, la lumière et le parfum, l’aliment et le remède de leur vie, pour le temps et pour l’éternité. Rien que ce nom, si fort et si doux, en toutes les langues du monde — « Jésus » — suffisait à les enchanter et, bien qu’il aimât beaucoup l’anglais, éophile apprécia les mots latins en lesquels Newman résumait cette joie liée à l’amour du Bien-Aimé : « in aure dulce canticum, in ore mel mirificum, in corde nectar coelicum7 ». éophile interrompit ici sa lecture. Un souvenir récent refluait à sa mémoire. Il avait vu à la télévision une multitude de
7. « Pour l’oreille un doux cantique, dans la bouche un miel merveilleux, dans le cœur un nectar céleste. »
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En lecture partielle‌
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Du même auteur • La foi chez Hegel, Paris, Desclée, 1970. • Commentaire littéral de la Logique de Hegel, Paris, Vrin, 1974. • Cohérence de la foi. Essai de théologie fondamentale, Paris, Desclée, 1989. • Le fondement de la morale. Essai d’éthique philosophique générale, Paris, Cerf, 1999. • Foi et philosophies. Guide pour un discernement chrétien, Bruxelles, Lessius, 2001. • L’évêque et le fou (avec Henry Haas), Paris, Sarment, 2001. • L’Église, Marie et la femme, Québec, Anne Sigier, 2002. • Dieu exauce-t-il nos prières ? « Demandez et vous recevrez », Paris, Éd. de l’Emmanuel, coll. « Vie spirituelle », 2002. • Le cœur de la foi chrétienne, Paris, Emmanuel, 2003. • La mort et son au-delà, Paris, Presses de la Renaissance, 2004. • Pastorale et catéchèse des sacrements. Impasses et perspectives, Québec, Anne Sigier, 2005. • Métaphysique de l’être. Essai de philosophie fondamentale, Paris, Cerf, 2006. • Catholique… que du bonheur ! (avec Henry Haas), Paris, Sarment et Jubilé, 2007. • Les raisons d’espérer. Court traité théologique suivi de « Voyage d’hiver », conte apocalyptique, Paris, Presses de la Renaissance, 2008. • Les raisons de croire, Paris, Sarment et Jubilé, 2010. • Ton corps pour aimer. La morale sexuelle expliquée aux jeunes, Paris, Mame et Edifa, 2009.
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• L’Église vous aime. Un chemin d’espérance pour les séparés, divorcés, remariés, Paris, Emmanuel, 2010. • Monseigneur Léonard. Entretiens avec Louis Mathoux, Paris et Bruxelles, Parole & Silence et Mols, 2006. • Agir en chrétien dans sa vie et dans le monde, Namur, Fidélité, 2011.
Série pastorale « Bonnes Nouvelles » (aux Éditions de l’Emmanuel, Paris) • No 1. Marie vous parle. La Vierge au cœur d’or ou le Message de Beauraing, 2006. • No 3. La morale en questions. Dialogue à propos de l’encyclique Veritatis Splendor, 1994. • No 5. Jésus Christ, le même hier, aujourd’hui et à jamais, 1996. • No 6. Viens, Esprit Créateur ! 1997. • No 7. Père, que ton Règne vienne ! 1998. • No 8. Trinité d’amour. Eucharistie pour notre route, 1999. • No 9. Viens, Seigneur Jésus ! Retraite au Vatican, 1999. • No 10. Par la confiance et l’amour. Un chemin de vie spirituelle avec érèse de Lisieux, 2002.
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Achevé d’imprimer le 14 septembre 2012 sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique)
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