Prologue de Jean. Harmoniques bibliques

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Jean Radermakers Jean Radermakers, s.j., est professeur d’Écriture Sainte à la Faculté de Théologie jésuite de Bruxelles. Il est l’auteur de commentaires des évangiles de Matthieu, Marc et Luc, ainsi que du livre des Actes des Apôtres repris aux éditions Lessius. Il a publié chez Lessius Dieu, Job et la Sagesse (Bruxelles, 1998) et chez Fidélité, avec Charles Delhez, Apprendre à lire la Bible (Namur, 2006). Il anime de nombreux groupes bibliques.

Anne Wouters Anne Wouters est artiste peintre. Après un graduat en art plastique, elle a illustré des livres pour enfants (L’École des Loisirs, Averbode, Milan, De Boeck). Elle a participé à différentes expositions et elle anime des ateliers de peinture méditative.

ISBN 978-2-87356-547-3 Prix TTC : 27,50 €

9 782873 565473

Jean Radermakers Anne Wouters

Prologue de Jean

Rendre Jésus présent au lecteur grâce aux paroles de la Bible, tel est l’itinéraire symbolique proposé par l’auteur. Il les accompagne des images d’une artiste, suggestives par leurs formes et leurs couleurs, pour reposer les yeux du cœur et baigner la mémoire de larmes de douceur. L’auteur, pour présenter le texte du Prologue, a choisi une structure insolite, puisqu’il le divise en neuf unités, s’inspirant en cela du chandelier à neuf branches de la fête de Hanoukkah ou Dédicace. Son commentaire s’inscrit ainsi dans le sillage de la tradition juive en empruntant un procédé caractéristique d’interprétation appelé harizah qui signifie « collier ». Il s’agit en effet d’enfiler, comme des perles, diverses paroles analogues de l’Écriture pour souligner un point important du texte à méditer. Les très belles œuvres évocatrices d’Anne Wouters font appel à l’imagination et à la sensibilité. Elles invitent le regard à la contemplation et servent de tremplin à notre esprit qui demeure charnel.

Prologue de Jean

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Jean Radermakers Anne Wouters

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Harmoniques bibliques



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Jean Radermakers et Anne Wouters

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Nihil obstat : Père Frank Janin, s.j., Provincial BML, 14 février 2013. © 2013, Éditions Fidélité, 7 rue Blondeau, 5000 Namur. Dépôt légal : D.2013, 4323.06 ISBN : 978-2-87356-547-3 Maquette et mise en page : Jean-Marie Schwartz Imprimé en Belgique


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Liminaire

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es pages que vous allez lire sont comme un commentaire du Prologue de Jean. Non pas une explication ou une élucidation, mais une prière inspirée par le premier verset de la Lettre aux Hébreux : « De multiples fois et de maintes manières, Dieu, jadis, a parlé à nos pères par les prophètes. En ces jours qui sont les derniers, il nous a parlé en son Fils. Il l’a établi héritier de toutes choses, lui par qui il a fait les temps et les mondes… » (He 1, 1-2). Ces deux versets font écho au Prologue du quatrième évangile et au début de la première lettre johannique : « Ce qui dès le commencement était, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont caressé du Verbe de Vie… — car la Vie s’est manifestée, et nous l’avons vue, et nous en témoignons, et nous vous annonçons la Vie éternelle ; celle-ci était auprès du Père et à nous se manifesta… — Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons pour que vous aussi soyez en communion avec nous. Et notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Nous vous écrivons ceci pour vous mettre en joie, et pour que votre joie soit à son comble. » Pour toucher Jésus vivant à travers son corps évangélique, c’est-à-dire l’Écriture, pour nous laisser imbiber du parfum de sa présence, nous avons sans cesse à relire

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la totalité de la Bible, où il s’est raconté et où il se raconte chaque fois qu’à nouveau nous contemplons ses paroles incandescentes. Relire Jésus avec les mots de la Bible en les laissant s’incruster en nous : tel est le genre de commentaire que je vous propose, avec les images d’une artiste, suggestives par leurs formes et leurs couleurs, pour reposer les yeux du cœur et baigner notre mémoire de larmes de douceur.


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Dédicace évangélique

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ous avons délibérément choisi de reconnaître au Prologue johannique une structure quelque peu insolite, en divisant le texte en neuf unités de un à trois versets chacune. L’inspiration nous est venue de la présentation concentrique des neuf branches du candélabre particulier utilisé à la fête juive de Hanoukkah commémorant la dédicace du Temple de Jérusalem. Le Prologue de Jean se présente en effet comme une dédicace de l’ensemble de son évangile. Une analogie apparaît entre le rite de la fête et la construction littéraire du Prologue. De plus, son origine remonte à la même époque en déployant le même symbolisme festif. Dans la tradition juive, la fête de Hanoukkah, la septième de l’année, a lieu au solstice d’hiver, le 25 du mois de Kislev. Elle dure huit jours et s’apparente à plus d’un titre à notre fête de Noël. Elle est aussi reconnue comme « la fête des lumières » et elle revient au même moment de l’année, fin décembre. À cette occasion, les familles juives se rassemblent dans les synagogues et surtout dans les maisons, autour d’un chandelier (qu’on nomme hanoukkiyah) à huit branches plus une neuvième (le shamash, qui sert d’allumoir). L’assemblée chante des psaumes et des airs populaires pour exalter le courage national et célébrer la joie de la Présence de Dieu retrouvée au sein du peuple.

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Chacun des jours de cette semaine festive mais non chômée, on allume successivement les lumières du candélabre en pensant à la victoire des frères Maccabées qui, au iie siècle avant notre ère (167 – 164), opposèrent une résistance farouche à la persécution d’Antiochus IV Épiphane. Résolu à helléniser la population juive, ce prince gréco-syrien avait installé sur l’esplanade du Temple la statue de Zeus Olympien que l’auteur du livre de Daniel stigmatise comme « l’abomination de la désolation » (Dn 12, 11 ; cf. 2 M 1, 18 – 2, 18 ; Mc 13, 14). Une fois le Temple reconquis par les partisans sous la conduite de l’hasmonéen Judas Maccabée (le Martel), il s’imposait de resacraliser la sainte Demeure profanée par les païens. Le Talmud (traité Shabbat 21b) et différemment les livres des Maccabées — considérés comme apocryphes par le judaïsme, car écrits en grec — font allusion à une légende mémorable racontant « le miracle de la lumière ». On devait notamment rallumer le lampadaire central du Temple (la Menorah à sept branches, symbolisant le peuple illuminé par le Présence divine). Comme l’huile consacrée ayant été souillée par les païens ne pouvait plus servir, on devait fabriquer une nouvelle réserve de combustible cachère, ce qui prenait huit jours de travail. Or on trouva une fiole d’huile sacrée, scellée au nom du grand prêtre, contenant la ration précise de vingt-quatre heures de lumière. On la fit brûler un premier jour et — ô miracle ! — elle se maintint jusqu’au huitième, le temps requis pour fabriquer l’huile nouvelle. C’est cette légende qu’évoquent la fête et ses rites. La tradition talmudique attache une plus grande importance au « miracle de la lumière » qu’à la victoire armée de la résistance hasmonéenne qu’elle commémore. Elle souligne le verset de Zacharie 4, 6 à propos de la vision du candélabre du sanctuaire et de son huile : « Voilà la parole du Seigneur à Zorababel : Ce n’est ni par la puissance ni par la force, mais bien par mon esprit [que j’agis] ». Dieu, en effet, travaille dans l’histoire humaine non par la violence, mais par la douceur de l’amour. Ainsi, dans le sillage de la fête juive de Hanoukkah, le Prologue de Jean rappelle la création du monde en sept jours, symbolisée par la Menorah, qui représente schématiquement la stature humaine pourvue de sa capacité de recevoir la lumière divine par tous ses membres. Le chiffre huit ajoute à celui de l’histoire humaine une unité supplémentaire, la faisant émerger à la réalité messianique, qui est proprement l’accès au divin.

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C’est à partir d’une neuvième branche nommée shamash (dérivé de shèmèsh, « soleil », d’une racine qui signifie « utiliser, employer », que le candélabre est allumé : « la lumière éternelle », identifiée à la Présence de Dieu en Is 60, 19-20, illumine progressivement tout le luminaire. Dans l’évangile de Jean (8, 12 ; 9, 5), Jésus, à son tour, se présente comme « la lumière du monde » éclairant ceux qui le suivent et se laissent illuminer par lui. Il transmet ainsi sa flamme à chaque âme humaine. Selon la tradition juive, la Torah constitue cette illumination pour celui qui l’étudie et devient ainsi lumière pour les autres. Dans l’évangile johannique, Jésus accomplit cette illumination. Il est ce soleil que rappelle la réserve d’huile oubliée, première et miraculeusement inépuisable : « Je suis la lumière du monde », dit Jésus — « Vous êtes la lumière du monde », affirme-t-il ailleurs (Mt 5, 14 ; Jn 12, 35-36). Tel est, en bref, le message du Prologue. De la sorte, dans notre structure inspirée de la hanoukkiyah, le premier verset, remémorant le début de la création dans la Genèse, est « employé », à l’instar du shamash, comme la révélation initiale : le Verbe auprès de Dieu capable de diviniser l’humanité entière en la personne du Fils bien-aimé, conférant à chacun sa qualité d’enfant du Père, au sens fort du terme. Le premier jour est celui de la lumière qui éclaire tout homme, et le huitième découvre que tous les hommes sont, en Christ, tournés vers le sein du Père. Il est clair que la fête de la Dédicace du Temple au temps de Jésus, comme l’atteste 2 M 2, 1-12, relayait, en filigrane, l’édification de la Tente sacrée du désert (Ex 40, 24-25), puis l’inauguration du premier Temple par Salomon (1 R 8, 10-11), ellemême reprise par la vision d’Ézéchiel 43, 1-5 prophétisant la construction du second Temple après l’exil. Jean est d’ailleurs le seul évangéliste à mentionner la fête de la Dédicace (Jn 10, 22-34) durant laquelle Jésus enseignait sous le portique de Salomon. Il apparaît comme Celui qui donne « la Vie éternelle » et qui s’offre aux hommes comme le Fils envoyé du Père, avant de se présenter à Marthe et Marie comme le Ressuscité qui rend la vie à leur frère Lazare (Jn 11, 25-26). Le candélabre de Hanoukkah désigne la fonction de l’homme : « réfléchir » la lumière divine à travers celui qui se manifeste « Lumière du monde ». Le Prologue de Jean raconte comment Jésus dévoile à l’homme la lumière infinie présente en toute créature et spécialement dans l’être humain. Jésus est comme le soleil — le shamash — lumière cachée qui « s’emploie » à allumer en l’homme la flamme divine. La lumière éclaire et transfigure. Ainsi la lecture du Prologue johannique éclaire

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pour nous le sens du quatrième évangile et pareillement nous transfigure, à l’instar de Jean le témoin, en enfant de Dieu : fille ou fils unique que chacun est en Christ. Si nous avons ajusté la structure littéraire des dix-huit versets du Prologue johannique à la disposition des neuf branches de la hanoukkiyah, ce n’est pas pour imposer au texte une cote mal taillée en raison de certaines correspondances formelles. C’est plutôt pour manifester jusqu’à quel point l’Écriture en sa totalité fait partie d’un corps où les mêmes thèmes se redisent avec des formules ou des images similaires qui s’appellent et se répètent, faisant ainsi surgir des analogies inédites entre les deux traditions juive et chrétienne. C’est déjà vrai au plan des idées ou des thèmes qui se déroulent en continuité grâce à des reprises correspondantes, dessinant des trajectoires à travers la Bible entière jusqu’en des détails, voire des constructions matérielles des textes et des réalités concrètes ayant trait aux rites de la fête. Le Prologue de Jean, il est vrai, est un texte majeur de cet évangile, et même du Nouveau Testament, tandis que la fête de la Dédicace du Temple a été ajoutée tardivement, puisqu’elle date de l’époque grecque et qu’elle fut instaurée par la suite parmi les fêtes d’Israël. Néanmoins, la thématique de Hanoukkah et celle du Prologue de Jean sont tellement proches qu’il est difficile de ne pas les percevoir en séquence, d’autant que la fête qui célèbre la restitution du Temple au culte saint commémore aussi la mise en service de la Tente sainte du désert en Ex 40, 35-36 et la consécration du premier Temple par Salomon à Jérusalem en 1 R 8, 10-13. Ces textes s’adressaient déjà au lecteur pour l’introduire dans le sanctuaire de la Parole vivante au cœur du peuple, annonçant le Verbe fait chair dans l’incarnation du Fils de Dieu en Jésus de Nazareth et en tous les enfants de Dieu qui constituent l’humanité. Même la coutume populaire d’offrir aux enfants une toupie (dreydel en yiddish) à la fête des lumières n’échappe pas à cette symbolique commune, car la toupie porte les lettres hébraïques rappelant quatre mots désignant le mystère célébré : nés gadol hayah sham (« un grand signe advint là »). N’est-ce pas rappeler aussi la révélation du Prologue : le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous ? Il nous est bon de terminer cette présentation en citant Armand Abecassis qui conclut ainsi son ouvrage en deux tomes sur les fêtes juives, concernant la Hanoukkah : « La fête est ce temps mythique, symbolique, auquel vient périodiquement s’alimenter l’histoire pour échapper à la violence et au dessèchement. Sans histoire, pas de fête, mais sans fête pas d’histoire. La fête

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y marque la différence : les temps ne se ressemblent pas et il y a une hiérarchie qui sépare les temps qui absorbent et épuisent l’homme, et les temps qui le ressuscitent, le régénèrent et le relancent en lui donnant la vie créatrice » (Les temps du partage, tome 2, Les fêtes juives de Roch Hachanah à Pourim, Paris, Albin Michel, 1993, p.160).

Nous pouvons dès lors proposer notre traduction du Prologue et sa structure en forme de hanoukkiyah : * °

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Au commencement était le Verbe*, et le Verbe était auprès de Dieu et le Verbe était Dieu. 2 Il était au commencement auprès de Dieu. 3 Tout par lui advint, et sans lui rien n’advint de ce qui est advenu. 4

En lui Vie était, et la Vie était la lumière des hommes. 5 Et la Lumière dans l’obscurité luit, et l’obscurité n’a pu s’en emparer. 6

Advint un homme, envoyé de Dieu. Son nom : Jean. 7 Il vint pour un témoignage, pour témoigner de la Lumière, afin que tous croient à travers lui. 8 Lui n’était pas la Lumière, mais pour témoigner de la Lumière. 9

Elle, la Lumière véritable qui éclaire tout homme, advenait dans le monde. 10 Elle était dans le monde et le monde advint par elle, et le monde ne la connut pas. 11 Il vint chez soi, et les siens ne l’accueillirent pas. 12

Or à ceux qui le reçurent, il a donné faveur de devenir enfants de Dieu,

* Traduction personnelle de Jean 1, 1-18. Verbe est mieux que Parole car le mot est masculin, et il s’agit de l’« Acte de Parole », le « Parler ». Toutefois, nous utiliserons le terme Parole dans la suite de notre texte.

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Dieu, nul ne l’a vu, jamais. Un unique engendré, Dieu, lui qui est tourné vers le sein du Père, celui-là l’a raconté.

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Car de sa plénitude nous avons tous reçu, et grâce sur grâce. 17 Car la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité advinrent par Jésus Christ.

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Jean témoigne de lui, et il crie, disant : « C’est de lui que j’ai dit : Vient derrière moi celui qui devant moi advint, car avant moi il était. »

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Et le Verbe devint chair, et il planta sa tente parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, comme d’un fils unique venant du Père, plein de grâce et de vérité. 13

à ceux qui croient en son nom, qui non de sang ou de vouloir de chair, ni de vouloir d’homme, mais de Dieu furent engendrés.

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Au commencement… Celui qui écrit cet évangile commence en parlant du commencement.

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Dans la nuit, une lueur fulgurante a jailli en leur ventre, illumination intérieure, invisible pour les yeux du dehors. La semence de vie qui avait fait s’entrechoquer les planètes, fait jaillir des lames de feu et des tornades de tempête, commençait son travail dans le creux de la femme, aux replis de son être, ouvrière de tendresse.

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À la lisière de l’Église se dresse Jean le témoin, encadré dans la fenêtre prophétique, disciple de Jésus, frère de Jacques, fils de Zébédée, le voyant de Patmos. Il introduit les hommes « aux noces de l’Agneau » (Ap 19, 9) : celles de Cana, celles du Golgotha…

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C’est aussi le langage des deux amants du Cantique où ils détaillent, l’un après l’autre, les attraits de leur aimé en s’en renvoyant la louange. Pourquoi dire l’amour divin en terme d’éros humain, sinon parce que le plus sacré de l’homme confine à la sainteté de l’amour qui est vraiment nôtre tout en dépassant notre compréhension. Nous découvrons ainsi que cet amour nous est d’abord donné à vivre et qu’il excède notre existence alors qu’il la comble. Rien en nous ne peut nous combler tant que nous nous heurtons à nos limites. Mais l’amour humain nous permet de percevoir que l’autre (sexe) peut éveiller et amplifier la réalité que nous vivons parce qu’il en est l’excès ou la surabondance, l’au-delà de nos limites qui vient à nous pour y demeurer. Commentaire interprétatif : en nourrissant notre lecture de résonances évocatrices, de réminiscences venues d’un arrière-fond qui est la cohérence même de la Bible, notre lecture utilise une glaise artistique pour pétrir une statue, une figurine, une danse, un tableau dynamique, laissant jouer librement une mémoire inspirée et inspiratrice qu’on appelle tradition. L’Écriture lue dans la Tradition juive et chrétienne tout ensemble. Telle nous paraît la musique parfumée et colorée du Prologue de Jean. L’acte de lecture devient ainsi une véritable liturgie, élan d’amour envers Dieu présent à notre histoire et communion avec nos sœurs et nos frères. « Je n’ai pas fini d’explorer la nuit, de drainer son épaisseur pour l’amener au commencement de la parole. Long chemin de délivrance. Passage de la mort à la vie. Mourir n’est pas disparaître, c’est renaître à soi. » Magda Hollander-Lafon, Quatre petits bouts de pain. Des ténèbres à la joie, Paris, Albin Michel, 2012, p. 129

Achevé d’imprimer le 25 mars 2013 sur les presses de l’imprimerie $$$ à $$$ (Belgique).



Jean Radermakers Jean Radermakers, s.j., est professeur d’Écriture Sainte à la Faculté de Théologie jésuite de Bruxelles. Il est l’auteur de commentaires des évangiles de Matthieu, Marc et Luc, ainsi que du livre des Actes des Apôtres repris aux éditions Lessius. Il a publié chez Lessius Dieu, Job et la Sagesse (Bruxelles, 1998) et chez Fidélité, avec Charles Delhez, Apprendre à lire la Bible (Namur, 2006). Il anime de nombreux groupes bibliques.

Anne Wouters Anne Wouters est artiste peintre. Après un graduat en art plastique, elle a illustré des livres pour enfants (L’École des Loisirs, Averbode, Milan, De Boeck). Elle a participé à différentes expositions et elle anime des ateliers de peinture méditative.

ISBN 978-2-87356-547-3 Prix TTC : 27,50 €

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Jean Radermakers Anne Wouters

Prologue de Jean

Rendre Jésus présent au lecteur grâce aux paroles de la Bible, tel est l’itinéraire symbolique proposé par l’auteur. Il les accompagne des images d’une artiste, suggestives par leurs formes et leurs couleurs, pour reposer les yeux du cœur et baigner la mémoire de larmes de douceur. L’auteur, pour présenter le texte du Prologue, a choisi une structure insolite, puisqu’il le divise en neuf unités, s’inspirant en cela du chandelier à neuf branches de la fête de Hanoukkah ou Dédicace. Son commentaire s’inscrit ainsi dans le sillage de la tradition juive en empruntant un procédé caractéristique d’interprétation appelé harizah qui signifie « collier ». Il s’agit en effet d’enfiler, comme des perles, diverses paroles analogues de l’Écriture pour souligner un point important du texte à méditer. Les très belles œuvres évocatrices d’Anne Wouters font appel à l’imagination et à la sensibilité. Elles invitent le regard à la contemplation et servent de tremplin à notre esprit qui demeure charnel.

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