La résistance d'un cardinal. Le cardinal Mercier, l’Église et la Guerre 14-18

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Jan De Volder

La résistance d’un cardinal « Ce pouvoir n’est pas une autorité légitime. Et dès lors, dans l’intime de votre âme, vous ne lui devez ni estime, ni attachement, ni obéissance. »

Jan De Volder

La résistance d’un cardinal Le cardinal Mercier, l’Église et la Guerre 14-18

Jan De Volder, historien, est titulaire de la Chaire Cusanus « Religion, Conflit et Paix » à la KU Leuven.

ISBN 978-2-87356-680-7 Prix TTC : 19,50 €

9 782873 566807

En couverture : © AVB-CAPGM & © AVB

Le cardinal Désiré-Joseph Mercier, archevêque de Malines, incarnait, pendant la ­Première Guerre mondiale, la résistance des Belges à l’occupation allemande, en ­Belgique occupée et à l’étranger. Sa lettre pastorale Patriotisme et Endurance de Noël 1914, qui est reprise entièrement en annexe de ce livre, reçut un écho international. Son conflit avec l’occupant allemand fit de lui un héros des Alliés. Son attitude patriotique influença son regard sur la politique nationale, notamment sur la « question flamande ». Les Allemands ne savaient pas toujours bien comment se situer par rapport à cet homme d’Église, encombrant et influent. Même le pape de l’époque, Benoît XV, n’était pas toujours heureux de la ligne de conduite adoptée par le prélat belge. Alors que Mercier justifiait l’effort de guerre comme une cause juste en vue de la restauration de l’indépendance de la Belgique, le pape Benoît XV craignait que « ce massacre inutile » ne signifie rien d’autre que « le suicide de l’Europe ». Par une analyse critique de la politique du cardinal Mercier et de celle du pape Benoît XV, ce livre explique les différentes positions des responsables d’Église face à la Grande Guerre, la plus meurtrière qu’ait alors connue l’humanité.

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Extrait de Patriotisme et Endurance, Lettre pastorale de Noël 1914 du cardinal Mercier

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La résistance d’un cardinal Le cardinal Mercier, l’Église et la Guerre 14-18 Traduit du néerlandais par Anne-Marie Delcourt, Christine Janssens et Anne Dupont

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Collection Histoire Directeur de collection : Charles Delhey, s.j.

© 2014, Uitgeverij Lanoo nv. For the Original Edition. Original Title: Kardinaal Verzet. Translated from the Dutch Language. www.lannoo.com ©  2016, Éditions Jésuites. For the French Edition Belgique : 7, rue Blondeau • B-5000 Namur France : 14, rue d’Assas • F-75006 Paris email : info@editionsjesuites.com http://www.editionsjesuites.com Dépôt légal : D.2016, 4323.21 ISBN : 978-2-87356-680-7 Illustrations de couveture : © AVB-CAPGM. Armée belge, Infanterie de ligne. Carte postale éditée par Nels (2e série) © AVB-CAPGM. Armée belge, En présence de l’ennemi. Carte postale éditée par Nels (2e série) © AVB-Collection des Journaux et Périodiques. J914. 12 sept. 1914 Imprimé en Belgique

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Avant-propos La résistance d’un cardinal

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oici un ouvrage bienvenu, qui affronte une thématique majeure : la position du   cardinal Désiré-Joseph Mercier par rapport à la Guerre 1914-1918. Thématique majeure car elle touche des sujets fondamentaux de notre histoire : la Première Guerre mondiale, déferlement mondial de violence à échelle industrielle ; la Belgique, pays en pointe dans de monde en 1914 ; l’Église belge, à l’apogée de sa puissance par ses organisations multiples, présentées à son congrès de 1909 ; le cardinal Mercier, personnalité exceptionnelle aux niveaux humain, intellectuel et spirituel ; le pape Benoît XV, homme de paix soucieux des catholiques et des populations de tous pays. Sur ces sujets, les idées sont parfois bien arrêtées : ainsi le cardinal Mercier a-t-il été vu comme une vedette en Belgique francophone et comme un obscurantiste en Flandre. Quant à la guerre 1914-1918, il faut savoir que le pays qui en a le plus souffert est l’Empire Ottoman, devenu l’actuelle Turquie, où le nombre de victimes s’éleva à 5 000 000, plus que les victimes réunies de l’Allemagne et de la France. Le second pays martyr fut la Russie, avec 3 000 000 de victimes. Les souffrances ne sont pas toujours où l’on croit. Au moment où l’on fête le centenaire de la Première Guerre mondiale, il est opportun de revisiter ces domaines avec une vision renouvelée, pour mieux connaître notre passé et mieux comprendre notre actualité. C’est à cela que s’attache Jan De Volder. Il bénéficie d’une ­vision d’historien grâce à sa profession d’universitaire, d’une expérience de Flamand par son ancrage culturel et d’une connaissance de la réalité mondiale par son activité de chroniqueur international. Il est bien placé pour relire avec une vision nouvelle les éléments d’alors. Par le présent ouvrage, publié d’abord en néerlandais, il redonne vie au cardinal Mercier et fait comprendre les motivations et l’action de l’archevêque en les éclairant par le pointde-vue du pape Benoît XV. Il élargit la question de la Guerre 1914-1918 bien au-delà 5

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des frontières de l’État belge et la considère dans sa portée internationale, en tenant compte de toute l’histoire ultérieure. Ainsi le lecteur belge découvre que Benoît XV avait sans doute raison contre Mercier, alors qu’il est habitué à entendre un avis inverse. On constate ainsi qu’avec ce pape, on passe du concept de guerre juste au concept d’inhumanité de la guerre, ce qui motiva l’initiative de paix de Benoît XV du 1er août 1917. Cela valut au pape les grandes remontrances de catholiques français : l’écrivain Léon Bloy voyait en lui un nouveau Ponce Pilate et le père dominicain Sertillanges écrivait : « Saint Père, nous ne voulons pas de votre paix ! » Grâce au déplacement opéré par Jan De Volder, l’esprit du lecteur se trouve vivifié car il perçoit une ampleur nouvelle à des événements connus et il est stimulé à mieux comprendre la réalité actuelle, en particulier celle de la guerre et de la paix. Un avantage collatéral de cette étude est qu’elle présente au public un aperçu bibliographique à jour sur le cardinal Mercier, alors qu’il n’est plus guère paru d’étude générale à son sujet depuis dix-sept ans et qu’aucune biographie exhaustive n’existe, tant la richesse de cette personnalité décourage le chercheur ! Merci à Jan De Volder de s’y être consacré. Jean-Pierre Delville, évêque de Liège

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Introduction

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a voilà, à droite de la cathédrale de Bruxelles Saint-Michel et Sainte-Gudule. La statue   du cardinal Désiré-Joseph Mercier, archevêque de Malines et primat de la Belgique pendant vingt ans, de 1906 jusqu’à sa mort en 1926. Il en est advenu ce qu’il advient à la plupart des statues : on passe devant sans la remarquer. De nombreuses communes belges ont une rue, une place ou une avenue qui porte le nom de Mercier. Dans son village natal, Braine l’Alleud, un collège bien connu porte son nom. Mais la tentative de quelques citoyens de transformer sa maison natale en musée n’a abouti à rien : le musée a dû fermer ses portes, faute de visiteurs1. Sa tombe dans une chapelle latérale de la cathédrale Saint-Rombaut à Malines suscite peu d’intérêt, sauf lors de ce malheureux 23 juin 2010, quand quelques magistrats zélés l’ont fait ouvrir à la vaine recherche d’endroits secrets où l’archevêché aurait caché sa documentation sur les abus sexuels dans l’Église. Mais qui fut le cardinal Mercier ? Une génération plus ancienne de Belges se le rappelle peut-être encore comme un grand patriote. Dans la mémoire collective de nombre de Flamands par contre, il est surtout catalogué comme un ennemi du mouvement flamand. Mais pour le reste ? Le nom du cardinal Mercier semble faire partie du mobilier belge, sans vraiment évoquer quelque chose. Il était étonnant de constater que, dans le tsunami des publications et des séries télévisées accompagnant en Belgique le centième anniversaire du début de la Première Guerre Mondiale, on ait prêté si peu attention à la figure et au rôle de Mercier. La « Brave Little Belgium » de 1914-1918 a produit deux héros de renommée internationale : son roi et son cardinal. Chaque enfant en Belgique grandit avec la figure du roi Albert I, dont il entend parler à l’école. Mais le cardinal Mercier ? Couvert par la poussière de l’histoire, il a été relégué aux oubliettes.

1.  Voir l’article de Sarah Devaux, « Qui se souvient du cardinal Mercier ? » dans Le Soir du 30 août 2014. 7

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Cela ne vaut pas seulement pour le grand public et les médias, mais d’une certaine façon également pour les historiens. Les publications sur Mercier par des historiens louvanistes tels Roger Aubert, Robrecht Boudens et Henri Haag ont à peine été poursuivies par une nouvelle génération après leur disparition. La biographie tant attendue, après celle d’Aloïs Simon de 1960, qu’Aubert aurait pu écrire pendant sa longue et fructueuse vie, n’a jamais été finalisée. Il faudra sans doute attendre l’historien « qui ait le temps et la capacité » de réaliser cette biographie intégrale et critique2. L’on peut compter sur les doigts d’une main les monographies scientifiques sur Mercier, et il y a peu de publications journalistiques ou de documentaires télévisés. Cela est sans doute dû en partie au rétrécissement du regard de nos contemporains, qui, par ignorance ou par aversion, ont du mal à évaluer à sa juste mesure le rôle social et politique de l’Église en Belgique d’il y a plus d’un siècle. La sécularisation semble devenue le paradigme au travers duquel regarder le passé. Certes, Sophie De Schaepdrijver et d’autres historiens contemporains de la Guerre 1914-1918 mentionnent Mercier dans leurs publications, en particulier sa lettre pastorale « Patriotisme et Endurance » de Noël 1914. Elle est incontournable. Mais tout compte fait, l’on évoque peu comment et pourquoi le leader de l’Église de Belgique est devenu le visage et le symbole de la résistance du peuple belge pendant les quatre ans de l’occupation allemande. Comment comprendre et évaluer ce comportement patriotique, notamment dans la comparaison avec la politique, super partes, du pape Benoît XV ? Avec la ligne, très prudente, suivie par le roi Albert I ? Avec l’attitude d’autres évêques européens, qui étaient à la tête de leur troupeau qui se passionnait, qui souffrait et qui mourait pour cette guerre fratricide européenne? Il y a vingt ans, j’ai défendu à Rome une thèse de doctorat au sujet de la politique vaticane à l’époque du pape Benoît XV (1914-1922), pendant et après la Première Guerre Mondiale, en particulier vis-à-vis de l’occupation allemande de la Belgique. Les Archives Secrètes du Vatican, à peine ouvertes pour la période en question étaient ma source principale, des documents précieux qui jetaient une lumière nouvelle sur la figure du cardinal belge et sa relation avec le pontife. Aujourd’hui, dans ces années du centenaire de la guerre 1914-1918, je veux non seulement éclaircir et approfondir le rôle remarquable de Mercier pendant la Première Guerre Mondiale, mais je tenterai également, en le comparant à la politique papale de cette époque, de formuler quelques observations sur la vision catholique sur la guerre et la paix, sur le rôle de l’Église et de ses leaders, dans un moment-clé de l’histoire européenne et mondiale. À la fin de cette publication, le lecteur trouvera aussi le texte de la lettre pastorale la plus connue de Mercier, « Patriotisme et Endurance », de Noël 1914. Bien que le texte 2.  Voir Jan De Maeyer, « L’Église se tourne vers le peuple, 1884-1926 », dans L’archidiocèse de MalinesBruxelles : 450 ans d’histoire, t. 1, Halewyn, Anvers, 2009, p. 108. 8

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introduction

soit inévitablement daté en langage et en théologie, il vaut toujours la peine d’être lu, surtout comme document d’époque d’un moment crucial de l’histoire nationale. Il exprime sans doute parfaitement les sentiments de tout un peuple, traumatisé par l’invasion allemande et la violence envers des personnes innocentes qui s’en est suivie, et déprimé par la perspective d’une domination allemande de longue durée, voire définitive. Par ses paroles, le cardinal Mercier a pris sur lui le leadership moral de la résistance intérieure et a ainsi offert à la nation une indispensable perspective du futur. Mais, comme nous le démontrerons, « Patriotisme et Endurance » n’est certainement pas un texte prophétique, à la lumière de l’évolution politique et ecclésiale du siècle qui a suivi. Pour cela, il s’agit trop d’un éloge religieux de la guerre patriotique, ce qui était loin du jugement de « massacre inutile », expression heureuse et prophétique de Benoît XV, qui depuis a fait l’histoire. Ce livre a paru en néerlandais, chez Lannoo, en 2014. Je tiens à remercier de tout cœur Christine Janssens et Anne Dupont qui ont aidé à la réalisation de cette traduction française. Je suis reconnaissant aux Éditions Jésuites, et notamment de son directeur le père Charles Delhez, qui ont voulu publier ce livre. Ma gratitude va encore vers tous les historiens qui m’ont aidé à comprendre la complexité de la politique ecclésiastique de ce temps, et notamment mes promoteurs de thèse de l’époque, Agostino Giovagnoli et Émile Lamberts, et Andrea Riccardi et Roberto Morozzo della Rocca. Je tiens finalement à ­remercier de tout cœur Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège, grand connaisseur de l’histoire de l’Église, qui a accepté d’en écrire l’avant-propos. Anvers, le 11 novembre 2015

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La Belgique catholique et l’invasion allemande en 1914 Le cardinal Mercier, primat d’une nation catholique

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ême si cela peut paraître inimaginable un siècle plus tard, en 1914, la Belgique était   non seulement une des nations les plus prospères du monde, mais également une des plus catholiques. Sur les quelque 7,5 millions d’habitants, plus de 95 % avaient reçu le baptême catholique. Certains chiffres en disent long : sur les 60 communes de l’arrondissement de Charleroi, déjà à l’époque une des régions les plus sécularisées de Belgique, seuls 12 271 des 169 730 enfants ne furent pas baptisés, c’est-à-dire 7 % environ1. Malgré une baisse de la pratique religieuse dès le début du xxe siècle – surtout dans les parties les plus industrialisées du pays – les églises étaient bien remplies lors des messes dominicales, tant dans les villes qu’à la campagne. La communion régulière, instaurée sous le pontificat de Pie X (1903-1914), en était un des facteurs moteurs. Les processions, pèlerinages et autres formes de dévotion populaire rythmaient et organisaient la vie de nombre de ménages. L’Église avait beaucoup de ramifications dans toutes les couches de la population : elle constituait de loin l’organisation non-­gouvernementale la plus grande et la plus puissante du pays, dont le pouvoir politique était depuis plus de trente ans aux mains du parti catholique. Le pays comptait alors six diocèses : Malines, Gand, Bruges, Namur, Tournai et Liège. L’archidiocèse de Malines – qui contenait à l’époque encore toute la province d’Anvers 1.  Voir Édouard de Moreau, « Congrès et œuvres catholiques. Pratique religieuse et moralité » dans Dictionnaire d’Histoire et de Géographie Ecclésiastiques, vol. 7, Letouzey et Ané, Paris, 1934, cols. 742-746. 11

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– fut par son étendue et sa population de plus de deux millions d’âmes un des principaux diocèses du monde. La structure paroissiale, ramifiée dans de nombreuses organisations, couvrait tout le territoire national : à sa tête, on trouvait les curés et vicaires, dont l’influence dans la vie de la plupart des ménages belges était palpable. De Schaepdrijver décrit bien ce réseau capillaire catholique en citant l’exemple de la commune de Soignies dans le Hainaut. Autour de 1910, celle-ci comptait certainement quinze institutions catholiques pour neuf mille habitants : « Une école primaire, un “Cercle Léon XIII”, une bourse du travail, une école ménagère, une Jeune Garde Catholique, des syndicats, un comité électoral, un service de distribution de “bons” journaux, une mutuelle-maladie et une mutuelle-pension, des patronages et diverses sociétés2. » À côté du clergé séculier, le clergé régulier connut également un grand essor : en 1910, on recensait 58 351 religieux, même s’il faut compter parmi eux quelques milliers de Français qui avaient trouvé refuge en Belgique suite à leur expulsion de France en 1905. Les ordres religieux, tant masculins que féminins, jouaient un rôle important dans la société, particulièrement dans les domaines de l’enseignement et des soins aux malades. La vie contemplative fleurissait également, encore renforcée par les couvents français, qui, depuis la sévère législation anticléricale de 1905, avaient quitté le territoire national pour s’établir de l’autre côté de la frontière. Grâce à cela, la Belgique comptait le réseau le plus dense d’abbayes bénédictines et trappistes du monde. Cette vie dynamique de l’Église catholique belge s’étendait bien au-delà des frontières nationales : un nombre étonnant de missionnaires belges ont contribué à la communication de l’Évangile et à la construction de l’Église naissante dans des régions éloignées en Amérique, en Afrique et en Asie. Quand, en 1908, l’État indépendant du Congo, jusqu’alors propriété privée du roi Léopold II, fut transféré à la Belgique au titre de colonie nationale, la ferveur missionnaire de la Belgique catholique connut un élan supplémentaire. De plus, depuis le dernier quart du dix-neuvième siècle, un réseau moderne et efficace de mouvements s’était créé à côté des paroisses avec leur organisation et leurs structures traditionnelles. Il ancrait les agriculteurs, les ouvriers, les étudiants et les femmes dans ce qu’on allait appeler « le pilier catholique ». De nombreux laïcs, hommes et femmes, ont joué un rôle primordial dans ce catholicisme social en forte croissance, même si à la tête des différentes sections, on retrouvait généralement des prêtres diocésains tenant bien en main les rênes selon une logique hiérarchique et cléricale. Par la construction de ce pilier, l’Église belge a réagi, de façon plus immédiate et adéquate qu’ailleurs, aux nombreux changements sociaux qu’entraînait la modernité. Cela freina également la montée de l’idéologie marxiste et les troubles anarchiques qui surgissaient alors dans tout le monde industrialisé. 2.  Sophie De Schaepdrijver, La Belgique et la Première Guerre mondiale, Peter Lang, 2004, p. 22. 12

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L’Église catholique en Belgique a également produit nombre de penseurs et d’intellectuels éminents. L’université catholique de Louvain, qui en fut le centre, était à l’époque la seule institution catholique au monde où l’on abordait toute forme de pensée et de science. Il ne faut dès lors pas s’étonner que dans cette catholicité belge dynamique et multicolore, constituée de paroisses, d’ordres religieux, d’abbayes, de mouvements, d’organisations, de missions et de centres de la pensée, aient surgi toutes sortes de nouvelles idées. Un certain nombre d’entre elles, canalisées entre autres dans le mouvement liturgique et œcuménique, auront une grande influence et aboutiront plus tard au Concile Vatican II (1962-1965). L’abbaye bénédictine de Chevetogne, bien connue de nos jours, jouera un rôle essentiel tant sur le plan œcuménique que liturgique, sous l’influence de son fondateur dynamique Dom Lambert Beauduin. À la tête de ce réseau catholique imposant se trouvait, en août 1914, le cardinal DésiréJoseph Mercier. Bien que le primat de Belgique n’ait aucun pouvoir juridique en dehors de son diocèse, il a incarné comme personne d’autre l’Église belge de son époque. Au long du xixe siècle, la tradition qui faisait de Malines et de l’archidiocèse le centre de la dynamique Église belge s’était accrue. Bien avant que les conférences épiscopales ne soient instaurées officiellement, les évêques belges se réunissaient au moins une fois par an autour du primat et archevêque de Malines. En 1906, Mercier avait succédé au cardinal PierreLambert Goossens comme archevêque de Malines. L’année suivante, il avait reçu le titre de cardinal. Né le 21 novembre 1851 à Braine l’Alleud, Désiré-Joseph Mercier était le cinquième sur neuf enfants d’une famille d’entrepreneurs3. Il avait fait ses preuves comme professeur ordinaire à l’université de Louvain. En tant que jeune prêtre trentenaire, il y avait été nommé professeur ordinaire à la faculté de Philosophie. Avant cela, il avait enseigné pendant quelques années au petit séminaire de Malines. À Louvain, il fut impliqué dans la fondation de l’Institut Supérieur de Philosophie, qui, sous sa direction, devint une institution internationale renommée du néothomisme : son objectif était de confronter la philosophie séculaire de Thomas d’Aquin aux nouvelles questions qui émanaient des progrès scientifiques fulgurants dans tous les domaines de la connaissance humaine. La forte personnalité de Mercier, esprit perspicace et professeur brillant, son ouverture aux questions de la modernité et sa défense de la liberté d’examen, ont parfois compromis ses relations avec le recteur et les autorités romaines. Bien que sur le plan philosophique et scientifique il fut sans doute progressiste, il resta suffisamment orthodoxe pour ne pas se laisser piéger par le modernisme4, activement combattu depuis Rome, en particulier 3.  Voir Luc Courtois, « Le cardinal Mercier : introduction à l’étude d’une personnalité », dans Le cardinal Mercier (1851-1926), un prélat d’avant-garde, publications du Professeur Roger Aubert rassemblées à l’occasion de ses 80 ans. Hommage édité par Jean-Pierre Hendrickx, Jean Pirotte et Luc Courtois, pp. 79-97. 4.  Mouvement chrétien préconisant une nouvelle interprétation des croyances et des doctrines traditionnelles, en accord avec l’exégèse moderne. Le nouveau Petit Robert, sous la direction de Josette Rey-­ Debove et Alain Rey, Dictionnaires Le Robert, Paris, 1996, p. 1421. 13

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pendant le pontificat de Pie X. À plusieurs reprises, l’influence et l’autorité de Mercier ont protégé des savants accusés de sympathies modernistes. Au final, le point de vue de Mercier l’emportait souvent. Son élection comme archevêque en 1906, même si elle n’allait pas de soi, suscita finalement peu d’étonnement. Rapidement, Mercier s’est avéré non seulement comme un des membres du collège des cardinaux les plus intellectuels et les plus ouverts, mais en tant qu’archevêque, il fit également ses preuves comme excellent organisateur et leader spirituel. La formation spirituelle du clergé séculier lui tenait à cœur. Ses liens étroits avec le moine bénédictin Lambert Beauduin l’amenaient à suivre le mouvement liturgique et œcuménique avec attention. Mais surtout, la nécessité de rendre la foisonnante vie associative catholique plus efficace, celle de canaliser et de structurer ses dynamiques retenait toute son attention. En 1909, il organisa à Malines le Congrès National des Œuvres, qui fut indéniablement d’une importance capitale pour le développement de la vie associative et la construction de la démocratie chrétienne naissante. Compte tenu de tout cela, Mercier eût fait un dirigeant méritoire de l’Église belge, comme ses prédécesseurs les cardinaux Goossens et Victor-Auguste Dechamps l’avaient été également, chacun à sa façon. Mais c’est bien son attitude pendant la guerre 19141918 qui fera de lui le cardinal belge le plus célèbre, même au-delà des frontières nationales.

L’invasion allemande C’est cette Belgique prospère, neutre et catholique que les armées allemandes ont envahie le 4 août 1914, un mardi aussi ensoleillé que tragique. Elles suivaient ainsi la stratégie que leur général Alfred von Schlieffen avait développée dix ans plus tôt pour faire plier la France le plus vite possible. L’espoir répandu en Belgique qu’il serait possible, tout comme en 1870, d’échapper à la confrontation franco-allemande, s’avérait ainsi être une illusion. Mais l’espoir allemand que la Belgique, petit pays mal préparé militairement, se limiterait à une protestation formelle ou une résistance symbolique, fut également une erreur de calcul. Inspirée par une poussée de fierté nationale, l’armée belge a résisté hardiment pendant les premiers jours de l’invasion, depuis les forts de Liège. Par frustration des retards subis dans le timing serré de leur progression, les armées allemandes se sont, dès le début, livrées à des opérations de vengeance inouïes, n’épargnant même pas les cibles civiles. Liège et Anvers ont eu le triste honneur, en ce mois d’août 1914, de figurer parmi les premières villes de l’histoire où des cibles civiles furent victimes de bombardements aériens, initialement à partir de zeppelins. Là où les troupes allemandes passaient, des villages entiers étaient rasés, des notables pris en otage et souvent fusillés. Lorsqu’on supposa que des civils avaient tiré sur des soldats, les représailles allemandes furent impitoyables. La peur 14

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de ces francs-tireurs était bien ancrée depuis la guerre franco-allemande et le commandement de l’armée allemande avait ordonné de réprimer cette menace par les moyens les plus durs. L’invasion par la vallée de la Meuse a laissé une traînée de sang dans les provinces de Liège et de Namur, puis également dans le Brabant et dans le Hainaut, et a provoqué des destructions jamais vues en Belgique. À Andenne, 211 citoyens ont été fusillés, à Tamines 384, à Dinant, qui fut complètement réduite en cendres, 674. Selon des études récentes, au moins 6 000 civils ont été tués en Belgique entre le 5 août et le 21 octobre 1914, 14 000 maisons ont été détruites, dont quelques centaines d’églises. Il est frappant de constater combien l’Église catholique et le clergé ont été visés. Dans les villages et les villes frappés par la soif de vengeance des Allemands, provoquée par la résistance belge inattendue, ce fut souvent l’église qui brûla en premier. Il était coutume de prendre en otage le maire et le curé du village occupé. Certains d’entre eux furent froidement fusillés sans autre but que de terroriser la population. Entre autres les curés de Spontin, Hastière, Tintigny, Hottlet, Latour, Anthée, Onhaye et Surice ont été fusillés sans pardon dans les premières semaines de la guerre. À d’autres endroits tels Houffalize, Laroche, Leuze, Rochefort, Vielsalm, Franchimont, Auvelais, Han et Yvoir, des doyens, prêtres de paroisse et diacres ont été maltraités, parfois jusqu’à ce que mort s’ensuive. Certains religieux n’ont pas échappé à la violence, comme par exemple le bénédictin Gillet d’Anloy fusillé lui aussi. L’évêque de Tournai, Mgr Charles Gustave Walravens, fut torturé, emmené comme otage et soumis à une longue marche exténuante. Après cette expérience douloureuse, il fut relâché, mais fortement marqué par cette épreuve, il mourut peu de temps après. Le 23 août 1914, 42 otages ont été fusillés sur la place devant l’abbaye de Leffe, près de Dinant. Deux frères, qui avaient essayé de s’enfuir par la rivière, furent abattus également. Au total, une cinquantaine de prêtres et de religieux innocents ont été fusillés lors de l’invasion de la Belgique. Les régions flamandes ne furent pas épargnées non plus. Le 19 août, les Allemands fusillèrent cent citoyens innocents près d’Aarschot lors d’une opération de représailles. Quelques jours plus tard, Pierre Dergent, curé de Gelrode en Brabant flamand, y fut également exécuté après avoir transporté trois blessés graves de son village à Aarschot5. C’est à Louvain, centre intellectuel catholique belge par excellence, que l’excès de violence connut son point d’orgue. Le 25 août, après qu’on eut repéré des soi-disant francs-tireurs, les Allemands se déchaînèrent sur la ville universitaire séculaire. De nombreuses maisons de civils furent pillées et brûlées. On mit le feu à l’église gothique 5.  Sur la poussée des sentiments religieux au début de la guerre, voir l’article informatif de Gerrit Vanden Bosch « Geloven in oorlogstijd. Het religieuze leven in het aartsbisdom tijdens de Eerste Wereldoorlog », dans Trajecta, Religie, cultuur en samenleving in de Nederlanden, 23 (2014), numéro thématique Religie en de « Groote Oorlog » in de Nederlanden. Religion and the « Great War » in the Low Countries, pp. 337-377. 15

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En lecture partielle‌


Bibliographie succincte Amara Michael et Roland Hubert (éds), Gouverner en Belgique occupée. Oscar von der LanckenWakenitz. Rapports d’activité 1915-1918, Coll. Comparatisme et Société 1, Bruxelles, Presses interuniversitaires européennes, 2004. Aubert Roger, Les deux premiers grands conflits du cardinal Mercier avec les autorités allemandes d’occupation, Louvain-la-Neuve, Peeters, 1998. Becker Annette, Les cicatrices rouges 14-18. France et Belgique occupées, Fayard, Paris, 2010. Becker Annette, La guerre et la foi. De la mort à la mémoire 1914-1930, Coll. U histoire contemporaine, Paris, A. Collin, 1994. Becker Jean-Jacques, Le Pape et la Grande Guerre, Bayard, Paris, 2006. Becker Annette, « Églises et ferveurs religieuses », dans Audoin-Rouzeau, Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918. Histoire et Culture, Paris, Bayard, 2004, pp. 731-741. Boniface Xavier et Bethouart Bruno (dir.), Les chrétiens, la guerre et la paix. De la paix de Dieu à l’esprit d’Assise, coll. Histoire, Presses Universitaire de Rennes, Rennes, 2012. Boniface Xavier, Histoire religieuse de la Grande Guerre, Paris, Fayard, 2014. Boudens Robrecht, « Kardinaal Mercier volgens het archief van de Wilhelmstrasse », dans Collationes. Vlaams Tijdschrift voor Theologie en Pastoraal, 1972, pp. 505-545. Boudens Robrecht, Kardinaal Mercier en de Vlaamse Beweging, Leuven, s.e., 1975. Boudens Robrecht, Two Cardinals : John Henry Newman, Désiré Joseph Mercier, coll. Bibliotheca Ephemeridum theologicarum Lovaniensium 123, Leuven University Press, Leuven, 1995. Boudens Robrecht, « Een Vaticaanse visie op kardinaal Mercier in de Jaren 1917-1918 », dans Wetenschappelijke Tijdingen, 1/1991, pp. 28-44. Chiron Yves, Mercier, Désiré Joseph, dans 1914-1918-online. International Encyclopedia of the First World War, edited by Ute Daniel, Peter Gatrell, Oliver Janz, Heather Jones, Jennifer Keene, Alan Kramer and Bill Nasson, issued by Freie Universität Berlin, Berlin 2014-10-08 (voir : http://encyclopedia.1914-1918-online.net/article/Desire_Joseph_Mercier). 189

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Courtois Luc, Hendrickx Jean-Pierre, Pirotte Jean (éds), Le cardinal Mercier (1851-1926). Un prélat d’avant-garde. Hommage au professeur Roger Aubert, Academia, Presses Universitaires de Louvain, 1994. Dauphin Frédéric, « L’Église belge et la mémoire de la Grande Guerre : le comité interdiocésain, 19191922 », dans Revue d’Histoire Ecclésiastique, 92 (1997) 3-4, pp. 797-842. De Geest Mark, Brave Little Belgium. 13 verhalen over België in de Eerste Wereldoorlog, Manteau, Antwerpen, 2013. De Volder Jan, Benoît XV et la Belgique durant la Grande Guerre, Bibliothèque de l’Institut historique belge à Rome, Bruxelles-Rome, 1996. Erzberger Matthias, Souvenirs de guerre, Paris, Payot, 1921. Haag Henri, « Le cardinal Mercier devant la guerre et la paix », dans Revue d’histoire ecclésiastique, 79 (1984), pp. 709-783. Haag Henri, « Les origines de la pastorale “Patriotisme et Endurance” du cardinal Mercier », dans Revue d’histoire ecclésiastique, 94 (1999) 2, pp. 436-470. Haag Henri, Le comte Charles de Broqueville, Ministre d’État et les luttes pour le pouvoir (1910-1940), Louvain-la-Neuve, Bruxelles, 1990. De Maeyer Jan, « L’Église se tourne vers le peuple, 1884-1926 », dans L’Archidiocèse de MalinesBruxelles : 450 ans d’histoire, 2 t., Anvers, Halewijn, 2009. De Schaepdrijver Sophie, La Belgique et la Première Guerre mondiale, Bruxelles, Peter Lang, 2004. Lademarcher Horst, « Kardinal Mercier, das deutsche Generalgouvernement und die Politik des Heiligen Stuhls », dans Landschaft und Geschichte. Festschrift für Franz Petri zu seinem 65. Geburtstag am 22. februar 1968, Bonn, 1970, pp. 325-358. Lätzel Martin, Die katholische Kirche im Ersten Weltkrieg. Zwischen Nationalismus und Friedenswillen, Regensburg, Friedrich Pustet, 2014. Lambert Beauduin, «Le cardinal Mercier et ses suffragants en 1914 », dans Revue générale belge, juillet 1953, pp. 410-419. Lipkes Jeff, Rehearsals – The German Army in Belgium, August 1914, Leuven University Press, Leuven 2007. Maes Thomas G., Antwerpen 1914. Bolwerk van België tijdens de Eerste Wereldoorlog, Antwerpen, Houtekiet, 2013. Mayence Fernand (éds), La correspondance de S.E. le cardinal Mercier avec le gouvernement général allemand pendant l’occupation 1914-1918, Bruxelles-Paris, 1919. Mayeur Jean-Marie, « Trois papes : Benoît XV, Pie XI, Pie XII » dans Histoire du christianisme, vol. 12, Guerres mondiales et totalitarismes (1914-1958), Paris, Desclée, 1990. Mercier Joseph-Désiré, Œuvres pastorales. Actes, allocutions, lettres, 7 t., Bruxelles-Paris, 1911-1929. 190

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bibliographie succincte

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Table des matières AVANT-PROPOS.....................................................................................................  5 INTRODUCTION...................................................................................................  7 LA BELGIQUE CATHOLIQUE ET L’INVASION ALLEMANDE EN 1914....... 11 Le cardinal Mercier, primat d’une nation catholique............................................. 11 L’invasion allemande............................................................................................. 14 Le Conclave de 1914............................................................................................. 18 Le pape Benoît XV et le dilemme belge................................................................. 21 « PATRIOTISME ET ENDURANCE » (Noël 1914)................................................ 27 Le cardinal Mercier et la chute d’Anvers................................................................ 27 Le choix du cardinal mûrit..................................................................................... 31 Patriotisme et Endurance....................................................................................... 35 Il y avait des alternatives......................................................................................... 38 EN CONFLIT AVEC L’OCCUPANT (1915).......................................................... 43 La réaction allemande............................................................................................ 43 La réaction du Vatican........................................................................................... 52 Héros de la nation................................................................................................. 57 MERCIER ET BENOÎT XV (1916)......................................................................... 61 Une nouvelle crise.................................................................................................. 61 Exil à Rome ?......................................................................................................... 63 Lettre aux évêques d’Allemagne et d’Autriche........................................................ 66 Chez le pape.......................................................................................................... 68 Triomphe à Rome................................................................................................. 75 Bras de fer sur le retour.......................................................................................... 78 À notre retour de Rome......................................................................................... 80 193

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DÉPORTATIONS ET PILLAGES (1916-1918)....................................................  85 La résistance aux déportations..............................................................................  87 Vers une condamnation publique papale ?...........................................................  90 Pression vaticane..................................................................................................  94 LA QUESTION FLAMANDE................................................................................  97 Flamenpolitik......................................................................................................  97 Vers la séparation administrative.......................................................................... 101 L’attitude de Mercier pose question à Rome........................................................ 103 Realpolitik romaine............................................................................................. 111 L’ÉGLISE ENTRE LA GUERRE ET LA PAIX..................................................... 115 La guerre aux yeux de Mercier et Benoît XV........................................................ 115 Première recherche d’une solution négociée......................................................... 117 Vers un compromis en 1916 ?.............................................................................. 122 La proposition de paix du pape Benoît XV.......................................................... 127 « L’heure la plus amère de notre vie ».................................................................... 132 La fin de la guerre................................................................................................ 135 HÉROS DES ALLIÉS............................................................................................. 141 Vers une solution de la question romaine ?........................................................... 141 La Belgique après l’armistice................................................................................ 144 Voyage triomphal aux États-Unis........................................................................ 155 ÉPILOGUE.............................................................................................................. 161 ANNEXE................................................................................................................. 171 BIBLIOGRAPHIE SUCCINCTE........................................................................... 189

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Achevé d’imprimer le 23 mai 2016 sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique)

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La résistance d’un cardinal « Ce pouvoir n’est pas une autorité légitime. Et dès lors, dans l’intime de votre âme, vous ne lui devez ni estime, ni attachement, ni obéissance. »

Jan De Volder

La résistance d’un cardinal Le cardinal Mercier, l’Église et la Guerre 14-18

Jan De Volder, historien, est titulaire de la Chaire Cusanus « Religion, Conflit et Paix » à la KU Leuven.

ISBN 978-2-87356-680-7 Prix TTC : 19,50 €

9 782873 566807

En couverture : © AVB-CAPGM & © AVB

Le cardinal Désiré-Joseph Mercier, archevêque de Malines, incarnait, pendant la ­Première Guerre mondiale, la résistance des Belges à l’occupation allemande, en ­Belgique occupée et à l’étranger. Sa lettre pastorale Patriotisme et Endurance de Noël 1914, qui est reprise entièrement en annexe de ce livre, reçut un écho international. Son conflit avec l’occupant allemand fit de lui un héros des Alliés. Son attitude patriotique influença son regard sur la politique nationale, notamment sur la « question flamande ». Les Allemands ne savaient pas toujours bien comment se situer par rapport à cet homme d’Église, encombrant et influent. Même le pape de l’époque, Benoît XV, n’était pas toujours heureux de la ligne de conduite adoptée par le prélat belge. Alors que Mercier justifiait l’effort de guerre comme une cause juste en vue de la restauration de l’indépendance de la Belgique, le pape Benoît XV craignait que « ce massacre inutile » ne signifie rien d’autre que « le suicide de l’Europe ». Par une analyse critique de la politique du cardinal Mercier et de celle du pape Benoît XV, ce livre explique les différentes positions des responsables d’Église face à la Grande Guerre, la plus meurtrière qu’ait alors connue l’humanité.

La résistance d’un cardinal

Extrait de Patriotisme et Endurance, Lettre pastorale de Noël 1914 du cardinal Mercier

Histoire Histoire

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