Rivages 1. Sens et spiritualités by Éditions jésuites

ivages SENS & SPIRITUALITÉS

BIMESTRIEL

Accepter nos émotions

N° 1 • novembre - décembre 2016 • Bureau de dépôt : Namur 1 • N° d’agr. : P 301046

Éveiller au bien commun

Changer notre modèle économique

Soûr-Dâs Chants de séparation et d'union

Se changer soi-même pour changer le monde

La religion comme promesse À l’aube d’un jour nouveau

Réussir ? les méga-churches américaines ivages | n° 1 | novembre-décembre 2016 Éditeur responsable : Charles Delhez, 7 rue Blondeau, 5000 Namur • Rédactrice en chef : Pascale Otten • Secrétaire de rédaction : Stéphane Dupuis • Comité de rédaction : Alain Arnould, Charles Delhez, Jean-Pol Gallez, José Gérard, Vanessa Greindl, Jean-François Grégoire, Marie-Raphaël de Hemptinne, Armel Job, Hugues d’Oroc, Guy Ruelle, Jacques Scheuer, Luc Templier, Myriam Tonus, André Wénin, Lambert Wers • Maquette et mise en page : Véronique Lux • Abonnements : Nicolas Tonus, 7, rue Blondeau, 5000 Namur, info@editionsjesuites.com, 081 22 15 51 • Prix abonnement Belgique 1 an, 6 numéros : 24,50 EUR (36,00 EUR pour l’étranger) ; abonnement 2 ans, 12 numéros : 45,00 EUR (68,00 EUR pour l’étranger) ; abonnement de soutien : 40,00 EUR ; à partir de 10 abonnements groupés à la même adresse : 21,50 EUR par abonnement (33,00 EUR pour l’étranger) • Prix au numéro : 5,00 EUR • BE64 0688 9989 0952, IBAN GKCCBEBB – Paraît tous les deux mois • ISSN 2506-9829 • Rivages est une publication des Éditions jésuites. Crédits photographiques : Fotolia.com : couverture © Jacob Lund, 4e de couverture © sdbower, p. 6-7 © ekina, p. 8 © kevron2001, p. 9 © Choat Boonyakiat, p. 12 © ellenamani, p. 13 © Al, p. 14, p. 15 © andreiuc88, p. 18 © pilipa, p. 22-23 © Photomorphic Pte. Ltd., p. 24 © robert, p. 25 © Vl. Vrangel • Bigstock : p. 31

Éditorial

Sommaire Pascale Otten

Je suis sur la rive. Les deux pieds sur la rive, sable ou terre, je regarde vers le large. Son immensité m’inspire. Elle ouvre une dimension sacrée. Je voudrais y plonger ou prendre ma barque à sa rencontre. Inspiration, aspiration à aller plus loin, voilà peutêtre ce que nous suggère cette vue du rivage. Il y aura plus loin d’autres rivages : comment seront-ils ? Vais-je aller à la rencontre de l’autre, du ToutAutre ou de moi-même au cours de ce voyage ? Le tout sans doute puisque c’est un voyage au cœur de l’intériorité. Pour cela, je mettrai dans mes bagages écoute, empathie, amour et je rencontrerai l’autre différemment d’une rencontre en surface. Faire l’expérience de l’autre, c’est aussi se mettre à sa place, le comprendre au-delà des apparences sans renier qui je suis.

Rencontres • Olivier De Schutter : se changer soi-même afin de pouvoir changer son environnement, la société et le monde ...... 4 Propos recueillis par Charles Delhez • L’essentiel est invisible pour les yeux .......... 8 Philippe Laeremans

• Célébration dans une méga-church américaine ................................................................................. 20 Sébastien et Tamara

Sagesse

• Lecture biblique ................................................................... 14 André Wénin • On ne peut mettre le vent en cage ................... 16 Christophe André

• Soûr-Dâs. Chants de séparation et d’union .................................................................................... 18 Jacques Scheuer • La relation entre Dieu et l’homme ................... 22 Lambert Wers

• La religion comme promesse ................................ 28 Hicham Abdel Gawad

Être en relation • Enfants prodigues .............................................................. 13

Cela peut conduire à ouvrir une nouvelle façon de voir, de vivre.

Armel Job

« Lorsque je rencontre l’autre sans préjugés, la nécessité de changer m’apparaît clairement, cela ouvre la voie à un nouveau départ », dit Anselm Grün.

• Éveiller au bien commun ........................................... 26

Ce nouveau départ, Rivages le prend avec une équipe enthousiaste de partager ses découvertes avec vous, nos lecteurs ! Nous vous souhaitons d’être ressourcés de ce temps de pause que sera peut-être pour vous la lecture de Rivages.

• Je ne sais pas ......................................................................... 24 Myriam Tonus José Gérard

• Rivages .......................................................................................... 29 Jean-Pol Gallez

Art

• À l’aube d’un jour nouveau ....................................... 10 Hugues d’Oroc

• La poésie éclaire le monde ...................................... 12 Guy Ruelle

• Calligraphie .............................................................................. 17 Luc Templier

À lire ....................................................................................................... 31 S’abonner .......................................................................................... 31

n° 1 | novembre-décembre 2016 |

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| nterview |

Olivier De Schutter « Se changer soi-même afin de pouvoir changer son environnement, la société et le monde. » Propos recueillis par Charles Delhez

Une course de vitesse est lancée : les écosystèmes se dégradent et les liens sociaux se distendent plus vite que le système ne parvient à réagir. Olivier De Schutter plaide pour une « conversion spirituelle », pour un renforcement de la « société civile », c’est-à-dire de tout l’ensemble des associations au sein desquelles des individus s’investissent, sur une base volontaire, dans la construction d’une action collective.

Élu en 2004 secrétaire général de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH), Olivier De Schutter, professeur des droits de l’homme et de la théorie du droit à l’Université catholique de Louvain, s’est concentré sur la question des impacts de la mondialisation économique. « Le mandat de Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, inauguré en 2008, a été la suite naturelle de ce travail. » Malgré les progrès impressionnants de l’agriculture et la croissance de sa productivité, il reste, hélas ! plus de 800 millions de personnes sous-alimentées dans le monde, 2 milliards de personnes souffrant de déficits en micronutriments, alors que 600 millions de personnes sont obèses. « C’est cet échec que j’ai voulu comprendre », explique-t-il.

Y a-t-il un lien entre l’écologique et l’alimentation? Oui, et dans deux sens. D’une part, nos régimes alimentaires ont un impact écologique considérable. Toujours plus riches en protéines animales,

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ils sont faits d’aliments transformés et produits par une agriculture de plus en plus industrialisée et très dépendante du pétrole. Près d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre lui est lié de près ou de loin. D’autre part, la hausse des températures menace les rendements des principales cultures, surtout dans les régions tropicales. La montée des eaux fait courir le risque d’une salinisation des réserves d’eau douce dans les zones côtières. Les sécheresses et les inondations à répétition, déjà, ont des impacts sur la volatilité des prix. Les conséquences risquent d’être très problématiques pour l’avenir. Il faut s’orienter vers la diffusion des pratiques agroécologiques qui peuvent être très productives et qui travaillent dans le respect des écosystèmes.

Les solutions techniques et les dispositifs économiques vous semblent insuffisants? Les limites planétaires à une croissance infinie sont bien connues. Depuis le milieu des années 1970, notre utilisation des ressources et notre production de déchets dépassent les capacités de la Terre. Les services d’origine écosystémique sont en cours de dégradation rapide ou exploités de manière irrationnelle : ainsi l’eau douce, la pêche intensive, la purification de l’air et de l’eau… L’augmentation des gaz à effet de

serre est également en phase d’alerte. Pourtant, rien ne bouge. Je suis arrivé à la conclusion que l’action locale, conduite au départ des initiatives d’hommes et de femmes ordinaires, en lien avec les acteurs économiques locaux et les collectivités publiques locales, représente un potentiel considérable pour la transition.

Vous avez été touché par l’encyclique «Laudato si»... En situant la transition écologique dans sa dimension spirituelle, le pape François dit clairement que c’est en nous que se trouvent les solutions. C’est à la fois un message d’espoir, car cela signifie que nous ne devons pas attendre pour agir et que chacun, à son échelle, peut faire une différence pourvu qu’il fasse un examen de conscience ; et c’est un message qui responsabilise, car cela signifie que l’on doit se changer soi-même afin de pouvoir changer son environnement, la société et le monde. La transition repose en effet sur les motivations intrinsèques des acteurs sociaux. Elle mise sur les récompenses « inhérentes » que le comportement pro-environnemental amène pour les individus. Il y a en effet un réel plaisir d’apprendre et de contribuer à l’action collective. De plus, la convivialité accompagne l’action conduite avec d’autres, le sentiment de contribuer au changement et le fait d’agir en conformité avec les valeurs que l’on professe procurent de la satisfaction. n° 1 | novembre-décembre 2016 |

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Merci de l’intérêt que vous portez à nos publications.

| hronique |

Rivages Jean-Pol Gallez

De tous les lieux bibliques, les rives des fleuves et des mers ont manifestement quelque chose à nous dire.

(Mt 13), qu’il enseignait le cœur de la vie évangélique, les Béatitudes, sur l’une de ses proches collines (Mt 5), qu’il guérit deux hommes possédés (Mt 8, 32) ou des infirmités diverses et variées (Mt 15, 29), qu’il y multiplia les pains par deux fois (Mc 6, 30 et 8, 1), et qu’il se promena sur l’eau comme s’il arpentait encore le rivage (Mc 6, 45).

Un premier exemple, le Jourdain, lieu de passage obligé des Israélites en route vers la Terre promise (Jos 1, 11) ; lieu aussi d’un tournant dans l’histoire du salut depuis le baptême de Jésus par Jean (Mt 3, 13). Déjà des foules nombreuses accouraient à la rencontre de David au Jourdain pour aider le roi à passer d’une rive à l’autre (2 Sam 19, 18-19). De grandes foules suivaient aussi Jésus : elles affluaient de nombreuses régions « et du territoire situé de l’autre côté du Jourdain » (Mt 4, 25). C’est encore « de l’autre côté de la rivière » (Mt 19, 1) que Jésus se rendit pour y entamer sa montée vers Jérusalem. La rivière estelle lieu de passage obligé du chemin spirituel ?

Lieux de manifestations significatives de Dieu à travers toute l’histoire biblique et des épisodes marquants du ministère de Jésus, les rives invitent alternativement à s’asseoir et à regarder pour se laisser emporter par le souffle de la Parole ou à oser la traversée à la recherche d’autres rives. C’est le lieu où se laisser brasser par les vagues de l’amour divin, rafraîchir par sa tendresse, nettoyer par son pardon, le lieu où guérir nos infirmités ou simplement se reposer après l’effort. Nos rives quotidiennes sont tour à tour ces lieux de découvertes profondes et de ressourcement ou ces lieux d’audace et de franchissements. Lieux risqués aussi où notre esprit peut se mettre à rêver mollement en confondant l’horizon qui nous appelle avec du vide sans espérance. Puissions-nous trouver nos rivages d’Évangile pour fertiliser notre intelligence spirituelle « comme l’Euphrate en crue répand ses eaux, ou comme le Jourdain au temps de la moisson » (Sir 24, 26) !

Pensons encore au lac de Galilée, que Jésus arpentait pour y chercher ses premiers disciples, Simon-Pierre et André, son frère (Mt 4, 18). C’est là qu’il y apaisa la tempête (Mt 8, 26), qu’il enseignait ordinairement (Mc 4, 1), le plus souvent en paraboles

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Une équipe enthousiaste ivages

Vous venez de lire le premier numéro de . Comme vous avez pu le constater, la revue RiveDieu prend un nouveau départ. Si elle change de nom, elle ne change pourtant pas de rive. Mais elle s’ouvre à de nouvelles rives, de nouvelles propositions. Ensemble, nous allons goûter, voir, découvrir, réfléchir… Nous vous présentons ci-dessous l’équipe éditoriale. Certains noms vous sont familiers. Vous pourrez faire connaissance avec les nouveaux membres au fil des numéros.

Guy Ruelle La lecture et l’écriture comptent parmi les grandes joies de sa vie. Par son expérience des relations issue de sa profession de thérapeute, il sait comment nous faire partager sa passion.

Pascale Otten

Intéressée par toutes formes d’art et par la pédagogie , elle est historienne de l’art et travaille dans l’enseignement.

Myriam Tonu

mptinne

Marie-Raphaël de He

e vous propose, Moniale bénédictine, ell quotidienne de ue à partir de sa pratiq s bibliques qui on ati dit la Bible, des mé le goût d’aller voudraient vous donner e plus loin dans la lectur

Charles Delhez

Laïque domin icaine et chroniqueuse , formée en sciences soci ales et en théologie. Ces disciplines so nt devenues ses lunettes de vi e et d’écriture qu ’elle déploie avec dynamis me et vivacité .

Jésuite, formé en sociol ogie, il enseigne les sciences religieuses à l’Université de Namur et est l’auteur de nomb reux ouvrages. Dans tous ces domaines , il est attentif à répondre aux défis de notre tem ps.

Alain Arnould Dominicain, il est aumônier des artistes. En tant qu’historien de l’art , il est conservateur du musée d’art religieux à la basilique de Koekelberg.

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José Gérard, Vanessa Greindl, Jean-Françoi s Grégoire et Armel Job traiteront rég ulièrement des question s de relations humaines. Et Lambert Wers, André Wénin, Lu c Templier, Jacques Scheuer, Hugu es d’Oroc et Jean-Pol Ga llez nous feront découvrir différ entes sagesses et forme s d’art.

à lire |

André Fossion et Jean-Paul Laurent

LIRE POUR VIVRE Soixante-dix lectures de textes évangéliques Tables liturgiques

272 pages 13,5 x 20,5 cm 24,00 € ISBN 978-2-87324-539-9

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Prenant appui sur les travaux d’analyse du discours, les soixante-dix lectures présentées ici tentent de déployer dans un langage simple quelques-unes des richesses toujours nouvelles des évangiles. Cet ouvrage sera utile aux catéchistes, aux animateurs, aux enseignants, aux prédicateurs, à tous ceux qui veulent partager leur intelligence de la Bonne Nouvelle. Et, aussi, plus largement, à ceux qui désirent la découvrir, la comprendre, la méditer, la vivre et en vivre.

BON D ’ABO N N EM EN T Retrouvez Rivages tous les deux mois en librairie religieuse ou abonnez-vous en renvoyant ce bon d’inscription à Éditions Jésuites, 7 rue Blondeau, 5000 Namur, Belgique Tél. +32 (0)81 22 15 51 | Fax +32 (0)81 22 08 97 e-mail : info@editionsjesuites.com

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ivages L’une des voies vers la liberté intérieure n’est pas à trouver dans l’affirmation de soi, mais juste dans le fait d’être là. Juste être soi, ni plus ni moins, et être ouvert à l’autre. Alexandre Jollien, Petit traité de l’abandon, Seuil, Paris, 2012, p. 99.

Prix TTC : 5,00 €