Emmanuel de Becker et Jean-Yves Hayez Que penser de… ?
LA PÉDOPHILIE
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avertissement Les auteurs de cet ouvrage, laïcs proches du monde chrétien, mais indépendants face au discours officiel des autorités ecclésiastiques, ont souhaité donner ici et là leur point de vue sur les récents tourments vécus par l’Église catholique. Ils n’ont été l’objet d’aucune censure, mais leur opinion n’exprime pas systématiquement celle du directeur de collection ni de la maison d’édition.
Emmanuel de Becker, psychiatre infanto-juvénile, chef du service de psychiatrie infanto-juvénile et coordinateur de l’équipe SOS-Enfants des Cliniques universitaires Saint-Luc (Bruxelles) est professeur à la Faculté de médecine de l’Université catholique de Louvain. Jean-Yves Hayez, psychiatre infanto-juvénile, docteur en psychologie, premier chef du service de psychiatrie infanto-juvénile des Cliniques universitaires Saint-Luc (Bruxelles), est professeur émérite à la Faculté de médecine de l’Université catholique de Louvain. Ensemble et séparément, les auteurs ont publié de nombreux articles et ouvrages centrés sur la souffrance de l’enfant liée entre autres aux différentes formes de maltraitance à son égard.
Directeur de collection : Charles Delhez, s.j. © 2018, Éditions jésuites Belgique : 7, rue Blondeau • 5000 Namur France : 14, rue d’Assas • 75006 Paris info@editionsjesuites.com • www.editionsjesuites.com ISBN : 978-2-87356-801-6 Dépôt légal : D.2018, 4323.13 Maquette et mise en page : Jean-Marie Schwartz Imprimé dans l’Union européenne
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Introduction « Le danger n’est pas ce que l’on ignore ; c’est ce que l’on tient pour certain et qui ne l’est pas. » Cette citation de Mark Twain est particulièrement adaptée aux situations de maltraitance envers les enfants, tant leur complexité ébranle les certitudes et la subjectivité et suscite l’émoi. Tant à l’égard de la victime qu’à celui de l’auteur, nous ne sommes jamais à l’abri d’adopter des positions dictées davantage par nos émotions et représentations subjectives que par l’analyse rigoureuse de l’ensemble des paramètres à l’œuvre. Les réflexions qui suivent sont issues de notre pratique clinique belge : sur le plan de l’organisation institutionnelle, notre pays a ses spécificités, mais il s’inspire largement des valeurs, objectifs et méthodes animant tout professionnel concerné par l’enfant en souffrance. C’est ceci que retiendra surtout le lecteur d’autres régions. Le terme pédophilie présent dans le titre de l’ouvrage fait référence à l’attirance sexuelle d’un adulte ou d’un grand adolescent envers les enfants. Désigné comme trouble mental, il entraîne habituellement un comportement d’abus répréhensible, que l’auteur ressente ou
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non une détresse à son propos. Dans le langage courant, ce terme est lourdement chargé moralement et émotionnellement. Quant aux scientifiques en quête de précisions, ils donnent à la pédophilie une signification structurale plus réduite et précise dans le vaste champ des abus. Nous y reviendrons au chapitre 1. La pédophilie renvoie à la maltraitance sexuelle sur mineurs d’âge. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit celle-ci comme l’exploitation abusive à fin sexuelle d’une victime, dans ses diverses modalités : attitudes malsaines, attouchements, pénétrations, agressions sexuelles avec violence ou prostitution n’en sont que quelques exemples. La maltraitance de l’enfant, physique, psychologique ou sexuelle représente une question touchant la santé individuelle et celle du système familial aussi bien que la santé publique, l’ordre social et l’éthique. Elle constitue une matière transdisciplinaire qui interroge au premier abord les réalités de la violence et du plaisir. La maltraitance transgresse les tabous fondateurs de l’humanité, interdisant qu’un être humain en agresse gratuitement un autre ou exerce sur lui une emprise entravant sa liberté d’être, avec son projet de vie spécifique, telle qu’on la voit dans l’inceste. Ces considérations ouvrent la réflexion sur les notions de violence, de haine, d’agressivité et de transgression. En nous inspirant de Bergeret, nous considérons la violence comme une force pulsionnelle primaire, fondamentale et fondatrice, première expression du torrent de la vie. D’autres auteurs ont une conception différente :
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pour eux, l’agressivité est la pulsion primaire fondamentale, et la violence un mode d’expression inacceptable de celle-ci, celui de l’acte antisocial et destructeur. Mais pour nous, l’agressivité concerne davantage un objet ou un ensemble d’objets précis, souvent humains, et est plus affinée ; c’est une tendance à attaquer (ad gradere : « marcher vers »), à chercher la prise de pouvoir sur l’autre ou la mise à distance des menaces de celui-ci. L’acte agressif est donc intrinsèquement relationnel ; il suscite parfois le plaisir chez son auteur, mais parfois aussi la culpabilité, car celui-ci est ambivalent envers sa cible. Enfin, la civilisation et la culture socialisent violence et agressivité, leur permettant de s’exprimer dans des formes constructives, socialement acceptables, par la pensée, la parole et l’action (art de l’argumentation et de la négociation, « sublimations » dans des sports où il faut gagner, et parfois durement…). Les maltraitances contre les enfants interpellent les volets de la protection, de l’aide, des soins et de la sanction et leurs interactions. Elles nécessitent donc une approche diversifiée à partir des compétences sociologique, juridique, éducative, psychologique, médicale, spirituelle. Nous aborderons ces champs en précisant que nous sommes souvent amenés non à une « certitude », mais bien à des « inquiétudes », des doutes, des suspicions de maltraitance envers un enfant précis (de Becker, Maertens, 2015). Aujourd’hui plus que jamais, la sexualité dans ses diverses déclinaisons occupe le terrain médiatique et le discours social, faisant écho aux mentalités centrées sur
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les droits individuels, sur la consommation, sur le corps et son image et représentant une part de marché commercial gigantesque. Le langage et la réflexion sur le sens y sont largement mis de côté, cédant la place aux invitations à l’acte où le plaisir occupe la part belle. La primauté de l’individualisme se voit également fort promotionnée dans nos sociétés en quête de néovaleurs, au détriment de la solidarité et de la justice sociale. Cette constatation patente semble encore s’amplifier au fil des ans : « Qu’importe si je suis papa de deux garçons de 10 et 12 ans… si je veux me transformer en femme, c’est mon droit… ils n’ont qu’à dire : mon papa, c’est une femme… au pire, un psy les aidera à comprendre. » Il en va ainsi de nos jours, où les bébés d’un an doivent régulièrement aller en résidence égalitaire au bon plaisir des parents séparés, même si de rassurantes exceptions invitent à entretenir un optimisme que Braconnier qualifie d’intelligent (Braconnier, 2015). Ces visées portant sur le culte du Soi individuel et la quête du plaisir s’intriquent aux incroyables avancées des technologies de communication et d’information, dans leurs dimensions d’accessibilité, de rapidité et de séduction de masse. Plus que jamais, l’homme moderne est happé dans une spirale faite d’impulsivité et d’immédiateté. Et le sexe tourbillonne dedans.
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Les différentes acceptions de la cellule familiale Un autre paramètre à prendre en considération concerne la famille ou plutôt les familles : certainement en milieu urbain, la cellule familiale recouvre différentes acceptions, la famille nucléaire ne constituant plus le référentiel standard. Pour s’en convaincre, il suffit de demander à un enfant de dessiner sa famille ! Corollaire à ces bouleversements dans tant de configurations familiales plurielles, les questions de dynamique de couple dans leurs volets de responsabilité, de fonction et de rôle parentaux continuent à se complexifier et à fragiliser tant les mères que les pères. Il n’est guère aisé au xxie siècle d’assurer affection, protection et éducation dans l’harmonie, la cohérence et la continuité auprès de l’enfant. Ces qualités, répondant pourtant à ses besoins de base, font régulièrement défaut. Ainsi par exemple, l’exercice d’une saine autorité est souvent problématique. Le père est trop régulièrement absent, des hommes vont et viennent dans la maison, exerçant peu ou prou d’autorité. Parfois débordée, la mère est partagée entre son être-femme, être-travailleur, être-mère et être-père à l’occasion. L’enfant est quelque peu laissé à lui-même, sans repères stables. Ailleurs, pris dans les slogans de consommation et de plaisir individuel, les adultes en position parentale cèdent aux caprices de l’enfant, le comblent de biens matériels au risque de fabriquer un enfant-tyran. Ils n’osent plus ou ne désirent plus proposer et au besoin
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imposer un cadre de vie et de sociabilité destiné à être intériorisé et à devenir un cadre interne dans l’appareil psychique de l’enfant. Les éléments se trouvent réunis pour voir apparaître une toute-puissance par rapport aux normes et même par rapport aux lois universelles fondamentales. Un auteur comme Barbier considère qu’on dispose là des ingrédients de la fabrique d’une perversion, dans le sens d’un rapport de « triche » à l’égard des lois (Barbier, 2013). D’une manière générale, si au fil des ans le fonctionnement psychique marqué par la culpabilité et l’angoisse semble moins présent, des personnalités dites manipulatrices et psychopathes sont plus fréquemment rencontrées, d’aucuns estiment déjà que « les manipulateurs sont parmi nous » : les staffs et réunions cliniques évoquant la psychopathologie des patients parlent immanquablement de tels troubles de la santé mentale. La construction psychique est tributaire de l’environnement tout comme celui-ci est influencé par les actions et le langage de l’homme. Autant nos collectivités modifient leur manière d’être, autant l’individu transforme progressivement vision du monde, styles interactionnels et mécanismes de défense. Il en ressort logiquement des retentissements sur les personnalités rencontrées sur le terrain et cette évolution retentit sur l’évaluation et le traitement de ces situations. Par ailleurs, nos interventions portent plus fréquemment aujourd’hui sur des auteurs mineurs d’âge. Les nouvelles tendances sociétaires tout juste décrites influencent la nouvelle construction de leur « Soi » à par-
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tir de la puberté : la tendance à l’agir impulsif ou sexuel s’est accrue, mais aussi, et paradoxalement la mise en place de dépressions atypiques, liées à l’absence de repères et de sens proposé à leur vie : de nombreux jeunes semblent isolés, laissés pour compte, insuffisamment investis. Ces dépressions peuvent conduire à des décharges compensatoires pour s’étourdir, se donner de l’importance, depuis l’abus sexuel jusqu’aux tueries américaines en passant par l’alcool et les drogues : nous les désignons ici comme « équivalents dépressifs ».
Du côté des victimes Du côté des victimes, l’agression sexuelle laisse son empreinte de façon patente ou latente ; bien des cas de figure se rencontrent. Quelques enfants semblent en sortir indemnes psychiquement, quelques autres s’en trouvent attirés précocement par le plaisir sexuel, mais la majorité est traumatisée sous l’une ou l’autre forme. Ainsi, un « pseudo-conformisme », aussi rassurant puisse-t-il paraître, correspond vraisemblablement à ce que nous appelons un « mécanisme de défense », c’està-dire un procédé mental non volontariste pour chasser loin de la mémoire consciente des éléments internes qui nous font souffrir ; plus précisément, on peut penser au déni et au clivage. Le déni consiste à se refuser avec force à croire que quelque chose de négatif ait pu exister, en affirmant parfois même le contraire (« Mon père ne m’abuse pas. Il est d’un dévouement sans limites »). Le clivage consiste
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en un dédoublement de personnalité, avec un mur épais entre les deux facettes : l’enfant met hors circuit la part qui souffre lors et de par l’abus… celle-ci est chassée du champ de sa conscience et il n’existe la plupart du temps plus que l’enfant bon élève de la vie… mais il arrive malgré tout des moments où l’enfant martyrisé et en colère revient à la surface, irruptions qui ne sont pas vraiment sous le contrôle de la volonté ! Si la destruction psychique liée à l’abus dépend de divers facteurs personnels et contextuels, bien des souffrances et déséquilibres affectifs complexes durant l’enfance et l’adolescence trouvent une origine au moins partielle dans la maltraitance subie. Sans viser à être exhaustifs, évoquons l’Histoire. Via maints récits à travers les époques, on constate que l’enfant, individu vulnérable par essence, a toujours été victime de mauvais traitements variés. Durant l’Antiquité, le père a droit de vie ou de mort sur un nouveau-né. À Rome, les actes sexuels avec les enfants, au moins les esclaves, se déroulent à ciel ouvert. La période du Moyen Âge est également sombre : l’enfant y est considéré comme un être fondamentalement doué de malice suscitant la méfiance, et comme une propriété réclamant des mesures strictes de dressage. Encore au xixe siècle, l’enfant est soumis à un assujettissement éducatif, avec recours aux punitions corporelles ; dans les milieux populaires et pauvres, il est mis au travail de manière précoce. À la fin du xixe siècle émerge alors le concept de maltraitance, inscrit en toutes lettres dans les textes juri-
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diques. Ainsi, pendant des siècles, l’enfant est celui qui ne parle pas (in-fans) et ne bénéficie point de statut propre. Ni sa parole ni ses actes ne sont considérés ; pour peu qu’on l’entende, son discours ne signifie à l’auditeur que fantasmes et productions imaginaires. En particulier, s’il parle de sexe, c’est bien parce qu’il est ce que Sigmund Freud appelle un « pervers polymorphe ». Vers 1950, à partir d’observations pédiatriques (entre autres celles de C. Henry Kempe), apparaît aux ÉtatsUnis le concept de « l’enfant battu ». C’est par le constat de son corps objectivement agressé que des adultes attentifs à l’enfant commencent à se préoccuper de sa réalité et à prendre conscience de son vécu. Il faudra attendre 1989 pour que l’enfant soit reconnu comme objet et sujet de droit, à travers la signature quasi unanime de la Convention internationale des Droits de l’Enfant. Dans la deuxième partie du xxe siècle, les allégations de maltraitance révélées par celui-ci sont alors enfin prises en considération. Cependant, ces révélations commencent alors parfois à être recueillies de manière naïve, à l’emporte-pièce, enfermant l’enfant dans sa première version, ne souffrant d’aucune critique ni nuance. Par un phénomène de balancier, la société enfin consciente de siècles d’inadéquations désirait-elle apaiser une culpabilité collective ? Elle a ainsi adopté une position quelque peu angélique, percevant l’enfant tel un être toujours authentique, non ambivalent, dépourvu de pulsions agressives et de capacité de tromper… En corollaire, elle a désigné un bouc émissaire de rêve : le pédophile, le monstre parfait, bien
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plus innommable que l’industriel qui délocalise sans autre raison que son profit personnel ou que le criminel détruisant l’équilibre écologique de la planète.
Un enfant mieux protégé Ainsi, l’enfant semble mieux reconnu et protégé depuis une époque récente. Des mobilisations adultes se mettent en place pour qu’il soit mieux respecté au niveau de ses besoins fondamentaux qui se répartissent selon quatre axes : les besoins primaires concernent l’intégrité physique dans ses différentes déclinaisons (alimentation, soins corporels…). Le deuxième axe porte sur la sécurité, dans ses aspects matériels et affectifs ; les dimensions de stabilité, de régularité, de cohérence sont incluses dans ce registre. L’axe suivant concerne les limites : il est essentiel que l’enfant rencontre des adultes qui, d’une manière à la fois ferme et affectueuse, énoncent et fassent respecter une ligne de démarcation entre sociabilité et égocentrisme, contenant les plus folles de ses pulsions et les plus inacceptables de ses désirs. Enfin, le quatrième axe est spirituel : l’enfant, pour se construire, étayer progressivement son identité, désire être reconnu comme être aimable, en étant écouté, valorisé, encouragé, en partageant de la pensée avec les adultes… C’est par l’ensemble de ces marques et manifestations de l’environnement socio-familial qu’il peut se réaliser. Il établit ainsi progressivement sa place singulière et unique au sein d’une communauté, en s’assumant
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comme personne dotée d’une sécurité de base solide et d’une estime personnelle adéquatement développée. Les parents, principales figures d’attachement et d’éducation, sont donc attendus dans les diverses déclinaisons de la parentalité. « Suffisamment bon… bon, mais pas trop » (selon l’expression consacrée de Winnicott), l’adulte participe au développement de l’enfant à tous les niveaux. Il l’aide entre autres à progresser vers un idéal personnel, même si, comme le pied de l’arc-enciel, celui-ci recule à mesure que l’on avance vers lui. S’il est indéniable que la société a évolué, reconnaissant à l’enfant un statut réel, force est de constater, non sans amertume, combien elle peut toujours surprendre et se reprendre par l’un ou l’autre mouvement régressif. « Rien n’est jamais acquis à l’homme », écrivait Aragon. Ainsi, si le châtiment corporel a été retiré des méthodes éducatives dans les sociétés industrialisées et notamment dans leurs écoles, certaines régions des États-Unis viennent de lancer des recherches-actions dans quelques écoles « pilotes », réinstaurant la punition corporelle comme sanction négative : punir en frappant permettrait-il à l’enfant d’intégrer plus facilement les notions de limites et de rapport correct à l’autorité ? Et dans le champ de la sexualité, c’est probablement le même début de régression : Outreau a semé le glas de la confiance de principe faite à l’enfant qui, admettons-le, avait parfois été un peu aveugle (Gryson-Dejehansart, 2009). Mais quelques arbres qui avaient fabulé si pas menti, font qu’on se méfie davantage de toute la forêt. Et cela reste trop souvent une vraie bataille d’amener la com-
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munauté à continuer à faire confiance à tel Gavroche des bas quartiers, dont le noyau dur de ce qu’il affirme est fiable, mais qui bafouille, a un vocabulaire pauvre et en rajoute peut-être, tellement il craint qu’on ne le croie pas. Et les institutions, non seulement redeviennent suspicieuses, mais encore manquent de nouveau de générosité pour s’adapter vraiment à son rythme et à ses besoins. Une vigilance active doit donc animer de manière continue tous les professionnels concernés par l’enfant et l’adolescent, et la société en général, afin de veiller au respect de leur personne, condition première de leur épanouissement.
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1 De quoi et de qui s’agit-il ? L’abus sexuel Nous employons indifféremment les termes abus (sexuels), agression ou maltraitance sexuelles dirigées contre l’enfant. Ils signifient l’entraînement de celui-ci dans une activité sexuelle par un ou plusieurs individus dont la motivation est habituellement purement égocentrique, dictée par le plaisir, ou le pouvoir, ou les deux. À des degrés divers, l’enfant concerné, encore immature et dépendant, ne comprend pas le sens plein et entier de ce qui lui arrive : il peut donc tenter de s’opposer, se soumettre tout de suite ou se laisser tromper. Il est rare qu’il donne un consentement éclairé. Il y a encore l’exploitation sexuelle de l’enfant à des fins lucratives dans la prostitution ou la pédopornographie. Elle émane bien plus souvent d’organisations délinquantes que d’individus. Les chiffres épidémiologiques cités par l’OMS en 2014 montrent qu’un adulte sur quatre rapporte avoir été abusé ou maltraité physiquement durant son enfance.
En lecture partielle‌
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Bibliographie • D. Barbier, La fabrique de l’homme pervers, Odile Jacob, Paris, 2013. • K. Baril, M. Tourigny, « Le cycle intergénérationnel de la victimisation sexuelle dans l’enfance : modèle explicatif base sur la théorie du trauma », dans Carnet de notes sur les maltraitances infantiles, 2015, 4-1, p. 28-63. • M. Béague, N. Chatelle, E. de Becker, « L’abus sexuel intrafamilial : discussion médico-psycho-juridique sur la pertinence du modèle de prise en charge », dans Acta Psychiatrica Belgica, 2015, 1, p. 24-35. • A. Braconnier, Optimiste, Odile Jacob, Paris, 2015. • F. Calicis, M. Mertens, « Une expérience de thérapie de groupe pour auteurs d’infraction à caractère sexuel », dans Thérapie familiale, 2008, 29-2, p. 221-242. • S. Cirillo, Mauvais parents : comment leur venir en aide ? Fabert, Paris, 2006. • E. de Becker, « L’enfant victime d’abus sexuel et sa famille : évaluation et traitement. Vingt ans après ? » dans Annales médico-psychologiques, 2017, 175-5, p. 415-421. • —, M.-A. Maertens, « Le devenir de l’enfant victime de maltraitance sexuelle », dans Annales médico-psychologiques, 2015, 173-9, p. 805-814.
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Bibliographie
• —, « L’adolescent transgresseur sexuel », dans La psychiatrie de l’enfant, PUF, Paris, 2009, 52-2, p. 309-338. • M.-C. Gryson-Dejehansart, Outreau, la vérité abusée, Hugo-Doc, 2009. • Y.-H. Haesevoets, Regard pluriel sur la maltraitance des enfants, Kluwer, Bruxelles, 2003. • J.-Y. Hayez, La sexualité des enfants, Odile Jacob, Paris, 2004. Épuisé en librairie, disponible sur Internet. • —, « La fiabilité de la parole de l’enfant », dans Enfances & Psy, 2007, 36, p. 61-79. En lecture sur www.jeanyveshayez.net/ 536-fiab.htm. Un document audio reprend et actualise ce thème : « Authenticité et fiabilité de la parole de l’enfant », à écouter via www.jeanyveshayez.net/tele-wmv/2015-001.wmv • —, « Ados auteurs d’abus et de pseudo-abus », dans Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, 2010, 58-3, p. 112-119. En lecture sur www.jeanyveshayez.net/brut/626-ados.htm • —, E. de Becker, L’enfant victime d’abus sexuel et sa famille. Évaluation et traitement, PUF, Paris, 1997. • —, La parole de l’enfant en souffrance : accueillir, évaluer et accompagner, Dunod, Paris, 2010. • D. Lecompte, Église et sexualité, Fidélité, coll. Que penser de… ? no 94, Paris/Namur, 2017. • J.-P. Mugnier, Les stratégies de l’indifférence (5e éd.), Fabert, Paris, 2008. • R. C. Summit, « The child sexual abuse accommodation syndrome », dans Child Abuse and Neglect, 1983, 7, p. 177-193.
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Table des matières Introduction ............................................................ 5 1. De quoi et de qui s’agit-il ?.................................. 17 2. Vignettes cliniques .............................................. 31 3. Pourquoi en arriver à l’abus ? .............................. 51 4. Les signes et impacts de l’abus sexuel ................ 73 5. La prise en charge................................................ 85 6. Quelques mots sur la prévention ........................121 7. Pour faire vaciller nos certitudes ........................129 Bibliographie ..........................................................141 •
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Philippe Wargnies et Pierre Warin, Saint Paul, 2008. Geneviève Comeau, Le dialogue interreligieux, 2008. Guilhem Causse, Les banlieues, 2009. Silvana Panciera, Les béguines, 2009 ; 2e éd. 2011. Arnaud Join-Lambert, Les expériences de mort imminente, 2010. Dominique Collin et Dominique Lawalrée, La musique sacrée, 2010. Pierre de Riedmatten, Le Saint-Suaire, 2011 ; 2e éd. 2015. Jacques Vermeylen, Vatican II, 2012. Denis Lecompte, Les spiritualités nouvelles, 2012. Pierre Mourlon Beernaert, Les quatre évangiles, 2013. Jacques Dessaucy, Les diaconesses, 2013. Jérôme Rousse-Lacordaire, L’ésotérisme, 2014. François Mathijsen, Les expériences paranormales, 2014. Jean-Michel Maldamé, Création et créationnisme, 2014. Michel Mallèvre, Les évangéliques, 2015. Benoît Malvaux, La vie consacrée, 2015. Philippe Cochinaux, La miséricorde, 2015. Emilio Platti, L’islamisme, 2015. Xavier Dijon, Les réfugiés, 2016. Silvana Panciera, Le yoga, 2016. Xavier Dijon, Le transhumanisme, 2017. Michel Salamolard, Les homosexuels, 2017. Denis Lecompte, Église et sexualité, 2017. Jean-Marie Faux, L’enseignement social de l’Église, 2018. Ignace Berten, La théorie du genre, 2018.
Achevé d’imprimer le 15 juillet 2018 sur les presses de l’imprimerie Bietlot, à 6060 Gilly (Belgique)
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Emmanuel de Becker, psychiatre infanto-juvénile, chef du service de psychiatrie infanto-juvénile et coordinateur de l’équipe SOS-Enfants des Cliniques universitaires Saint-Luc (Bruxelles) est professeur à la Faculté de médecine de l’Université catholique de Louvain. Jean-Yves Hayez, psychiatre infanto-juvénile, docteur en psychologie, premier chef du service de psychiatrie infanto-juvénile des Cliniques universitaires Saint-Luc (Bruxelles), est professeur émérite à la Faculté de médecine de l’Université catholique de Louvain. ISBN 978-2-87356-801-6 Prix TTC : 9,50 €
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Photo de couverture : © Tatyana Tomsickova | Dreamstime.com
Transgressant les tabous fondateurs de l’humanité, la maltraitance sexuelle de l’enfant, souvent et improprement appelée la pédophilie, concerne tant la santé individuelle et celle du système familial que la santé publique et l’ordre social, y compris au sein de l’Église. S’appuyant sur cinq cas cliniques, les auteurs développent une réflexion sensible et accessible sur les tenants et aboutissants des abus sexuels sur enfants. Qui en sont les auteurs et les victimes ? Quelle responsabilité pour l’entourage ? Pourquoi ? Les signes et les impacts de la maltraitance sexuelle sont également décrits avant de discuter des grandes lignes de la prise en charge. Enfin, les auteurs font état de leur expérience sur les limites et échecs de la prise en charge, la « traumatisation secondaire » ou encore la prévention.