Erik Galle
À l’école des moines Vie quotidienne et sagesse monastique
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À l’école des moines
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Erik Galle
À l’école des moines Vie quotidienne et sagesse monastique
« Béthanie »
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Titre original : In de leer bij de monnik. Monastieke accenten in het dagelijks leven © 2018, Halewijn nv Halewijnlaan 92, 2050 Antwerpen www.halewijn.info Pour l’édition en français © 2019, Éditions jésuites Belgique : 7, rue Blondeau, 5000 Namur France : 14, rue d’Assas, 75006 Paris www.editionsjesuites.com Traduction : Jacques Weisshaupt sj et Daniel Sonveaux sj Dépôt légal : D.2019, 4323.17 ISBN : 978-2-87356-832-0 Maquette : Jean-Marie Schwartz Imprimé en Europe
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Avant-propos
L
es abbayes exercent, aujourd’hui encore, un puissant attrait. Leurs hôtelleries sont très fréquentées. Dans une culture fort sécularisée, il peut sembler quelque peu étrange à première vue que la vie des moines continue à susciter de l’intérêt. Le temps n’a manifestement aucune prise sur une sagesse monastique vieille de plusieurs siècles. Séjourner comme hôte dans une abbaye ne laisse pourtant pas indifférent. Le silence y est éloquent. Nous n’y sommes pas habitués. Il n’existe aucun compteur pour dénombrer les stimuli qui nous touchent chaque jour, ou encore pour calculer la somme des doses de bruit qu’il nous faut encaisser. Le silence invite à faire une halte. Dans le silence, ce que nous nous imposons de taire remonte à la surface. Quand vous êtes l’hôte d’une abbaye, vous entrez en contact avec un univers qui reste le plus souvent caché.
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Avant-propos
L’existence des moines a pour caractéristique d’être cachée. Non pas qu’ils veuillent fuir le monde. Les moines veulent précisément s’ouvrir totalement, à la fois à euxmêmes, à Dieu, à autrui et au monde. Mais ils le font à leur manière, en descendant jusqu’à cette région de soi-même où l’être humain prend racine. C’est comme si les moines perçaient une fenêtre dans la réalité, une ouverture vers ce qui, d’ordinaire, est invisible. Le moine choisit de vivre intensément de Dieu et cela lui donne un point de vue original. Si nous nous plongeons dans l’histoire, nous voyons comment le monde monastique a pris naissance tel un mouvement vers l’extérieur, comme une émancipation par rapport à l’environnement afin d’en être plus profondément solidaire. Souvent, les moines vont s’établir à distance du monde habité. Ils se tiennent hors de la ville. Cette distance au sens propre n’est pas due au hasard. L’objectif visé n’est pas seulement de rechercher le silence. Cet éloignement symbolise la prise de distance critique par rapport à la culture existante, et la manière dont la foi est vécue. La vie monastique nous présente un miroir. Dans ce livre, nous nous mettons à l’école des moines. Notre point de départ est que l’on voit mieux les choses lorsque l’on prend de la distance. Au fil de trente petits chapitres, nous examinerons des situations concrètes du quotidien à la lumière de la conception monastique de la vie. Comment le moine (idéal) voit-il notre manière de vivre, qui est Dieu pour lui, quel sens ont pour lui se taire, le silence, la vie en communauté avec d’autres, les rapports avec la nature ? Comment les accents que le moine (la
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Avant-propos
moniale) 1 met dans sa vie peuvent-ils devenir pour nous des questions prioritaires à intégrer dans la nôtre ? Ce qui frappe avant tout, c’est que le moine vivant dans une abbaye n’est pas quelqu’un venant d’une autre planète, mais un homme comme tout le monde. Sa vision du réel et sa manière de l’aborder sont différentes en raison des choix particuliers qu’il fait. Entrer en dialogue avec la vision monastique du monde donne vraiment matière à réflexion. Quand nous adoptons une saine distance à l’égard de la culture dominante qui veut si facilement nous mettre tout entier à sa remorque, nous faisons là une première et importante démarche monastique. Chaque chapitre est assorti d’une prière qui nous met chaque fois en contact avec le moine qui sommeille en nous-mêmes. •
1.¥Dans ce livre nous utilisons le substantif masculin « moine », mais il va de soi que par ce terme général nous désignons aussi les moniales, c’est-à-dire les femmes qui se sont engagées dans le même genre de vie religieuse.
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Se taire
A
u début, ça va. Je veux dire, les trente premières secondes, disons mêmes les deux premières minutes. Dans le cercle, tout le monde se tait. Quelqu’un se met à toussoter. Quelqu’un joue avec ses cheveux. Les regards sont baissés. Qu’est-ce qui fait que nous éprouvions tant de difficulté à nous taire un quart d’heure durant ? Se taire nous paraît contre nature. Cela remonte au temps où nous étions à l’école. Nous sommes maintenant des adultes. Nous ne nous laissons pas imposer sans plus de nous taire. Ce n’est pas qu’à l’avenir nous devrons toujours nous taire, mais cela peut avoir un sens profond de pratiquer de temps en temps cet art. La Règle de Benoît consacre un chapitre au silence. La raison sous-jacente de l’invitation adressée aux moines de garder le silence n’a rien de négatif, au contraire. Il s’agit d’abandonner quelque chose pour laisser quelque
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chose d’autre se passer. On a affaire ici à une volonté de s’ouvrir. « Se convertir » se traduit en anglais par to change your heart, changer votre cœur. Il s’agit de ce changementlà. Passer de la parole au silence a pour objectif d’apprendre à écouter avec son cœur. Quand nous bavardons tout le temps, nous ne savons même pas que notre cœur dispose aussi d’une capacité d’entendre. Se taire, c’est donner toutes ses chances à cette oreille-là. L’enjeu n’est pas qu’il soit interdit de parler. Pas besoin de mettre sur nos lèvres un compteur de mots. Se taire, c’est lubrifier les charnières de la porte de notre cœur, pour qu’elle s’ouvre plus aisément. À titre de comparaison : vous terminez ce que vous avez en bouche avant de prendre un autre aliment. Dans l’Ancien Testament, Samuel dit à un moment donné : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute. » Il a donc l’intention de se taire. Le ton de cette phrase sonne tellement juste que nous sommes vite persuadés qu’il s’agit là d’une attitude de base idéale pour nous adresser à Dieu. Avoir sur les lèvres ce genre de phrase, voilà qui est facile. Vivre son contenu, c’est tout différent. Cela demande une conversion et davantage de temps que nous ne le pensions. Car quand nous descendons au plus profond de nousmêmes, nous constatons en toute honnêteté qu’y vit un tout autre désir. Nous continuons à changer en douce la place des verbes en les intervertissant. Notre être le plus intime exprime autre chose que notre bouche. Au lieu de « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute », cela devient « Écoute, Seigneur, ton serviteur parle ». Dans la vie monastique, insister sur le silence vise une attitude intérieure. Il s’agit d’une réorganisation fondamentale
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Se taire
de notre intériorité. Nous pourrions la comparer à l’introduction d’un nouveau plan de circulation. Je dois penser à une rue où il y a un rétrécissement. Deux autos ne peuvent pas s’y croiser. Plaçons-y un nouveau panneau de signalisation. Désormais, c’est celui qui vient dans l’autre sens qui a toujours la priorité. L’écoute vient toujours en premier lieu. Nous voici d’emblée arrivés à l’un des points centraux de l’expérience monastique. Ce n’est pas par hasard que la Règle de Benoît commence par le mot « Écoute ». Nous pourrions presque affirmer que ce mot à lui seul contient déjà tout ce qui va suivre. Si nous apprenons réellement à écouter avec notre cœur, nous comprendrons bien tout ce qui s’ensuit. D’abord donc, se taire. Si nous parlons tout le temps, nous ne savons pas que notre cœur peut aussi entendre. Se taire, c’est donner toutes ses chances à l’oreille du cœur. Toi, ô Dieu, Tu ne m’as jamais interrompu. Tu as attendu que je me taise pour prendre Toi-même la parole. Quelle patience infinie n’as-Tu pas eue déjà avec moi !
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En lecture partielle‌
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Table des matières
Avant-propos ……………………………………………
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Se taire ……………………………………………………
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Garde du cœur ……………………………………………
13
Marche au désert …………………………………………
17
Répétition
………………………………………………
21
Désirer ……………………………………………………
25
Silence …………………………………………………… 29 Double vue ………………………………………………
33
Permis de séjour pour vous-même
………………………
37
Aimer les mots ……………………………………………
43
Être « liké » ……………………………………………… 47 Ouverture cachée …………………………………………
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Table des matières
Pacte de stabilité …………………………………………
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Écouter en connivence ……………………………………
59
Toujours plus vide ………………………………………
63
Au travail ………………………………………………… 67 Sans poste vacant …………………………………………
73
Autour du rien …………………………………………… 77 Pas choisi personnellement ………………………………
81
Allant de soi ………………………………………………
85
Solfège ……………………………………………………
89
Mirages de l’actualité ……………………………………
93
Vers la périphérie ………………………………………… 97 Dieu vulnérable ………………………………………… 101 Hospitalité ……………………………………………… 105 Apport personnel ………………………………………… 109 Rien au-dessus …………………………………………… 113 L’école du cœur ………………………………………… 119 Prier pour ne pas être aveugle …………………………… 123 Naturellement …………………………………………… 127 Sainte gérance …………………………………………… 131 Table des matières ……………………………………… 135
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Dans la collection « Béthanie » Enzo Bianchi, Le discernement, 2019, 132 p. Réginald de Béco, Pour une foi libre. Credo d’un laïc, 2019, 408 p. Emiliano Lambiase, Andrea Marino, Pleine conscience et tradition spirituelle chrétienne, 2018, 276 p. Guy Martinot, Marthe Mahieu-De Praetere, La Viale. Un chemin pour renaître, un lieu pour vivre, 2018, 152 p. Gilberte Degeimbre, Le dernier coup de sonnette. Mes souvenirs, préface de Mgr Vancottem, 2018, 160 p. Anne-Florence Perras, Anne Orcel, Xavier Ernst, Un jeune à la foi, préface de Jean-Marie Petitclerc, 2018, 144 p. Charles Delhez, Trop envie de le dire, 2017, 192 p. Jean-Michel Laurent, Dégonfler des baudruches. Pensées pour inviter à penser, 2017, 128 p. Bruno Régent, La saga d’Abraham, 2017, 240 p. Dolores Aleixandre, La leçon du figuier. Billets d’encouragement. Avec humour, 2017, 176 p. José Luis Sicre Diaz, Satan accuse. Le procès des évangélistes, 2017, 338 p. Rosario Carello, Les coups de fil du pape François. Récits de tendresse, 2017, 152 p. Claire Van Leeuw, Joseph Cardijn. Au nom des jeunes ouvriers, préface d’Étienne Grieu, 2017, 312 p. Giovanni Cucci, Paradis virtuel ou enfer.net ? Risques et possibilités de la révolution digitale, 2016, 120 p. Karin Seethaler, La force de la contemplation. Trouver la guérison dans le silence, 2016, 168 p. Gérard Fomerand, Le christianisme intérieur, une voie nouvelle ? 2016, 224 p. Francesco Lorenzi, La route du Soleil, 2016, 368 p. Ghislain du Chéné, Marie, femme de Cléophas. Autobiographie, 2016, 184 p. Gérard Bénéteau, Quelque 2000 ans après… Osez encore y croire, 2016, 96 p. Tommaso Guadagno, Un chemin du cœur. Itinéraire spirituel pour entrer dans le Réseau mondial de Prière du Pape, l’Apostolat de la Prière, 2016, 192 p. Dolores Aleixandre, Aux portes du soir. Vieillir avec splendeur, 2016, 214 p. Bénédicte Oriou, Rassure mes copains, préface de Lytta Basset, 2016, 208 p. Nikolaas Sintobin, Moquez-vous des jésuites… Humour et spiritualité, 2016, 90 p.
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Christian Vinel, La maladie peut faire grandir. Témoignage et réflexions, préface de Mgr Jean Kockerols, 2015, 142 p. Pape François, 100 textes sur la miséricorde, préface du cardinal Danneels, 2015, 108 p. René Stockman, La boîte de Pandore. Réflexion sur l’euthanasie sous une perspective chrétienne, 2015, 148 p. Jacques Naedts, Saint Monon. Le saint ermite de Nassogne, 2015, 112 p. Robert De Coster, La Parole qui a changé le monde. Six révolutions de Jésus de Nazareth, préface de Jean Delumeau, 2015, 128 p. Nicole Timbal, Pierre Teilhard de Chardin. Un homme de Dieu au cœur de la matière, préface de François Euvé, s.j. et postface de Thierry Magnin, 2015, 470 p. Monique Hébrard, Pour une Église au visage d’Évangile. Douze urgences, 2014, 174 p. Luc Lannoye, Car ils seront consolés. Les grâces de l’écoute et prière, préface de Mgr Léonard, 2014, 280 p. Rosario Carello, 80 fioretti du pape François. Récits authentiques, 2014, 126 p. Juvénal Rutumbu, La Pâque du chrétien, préface de Mgr Vancottem, 2014, 88 p. Corinne Delalande, Quand je rencontre mon frère malade, 2014, 88 p. José Davin, Les personnes homosexuelles. Un arc-en-ciel près des nuages, 2014, 126 p. Michel Salamolard, Communautés chrétiennes. Osez la crise !, 2014, 198 p. José Davin, Lorsque la vie prend de l’âge. Pour continuer sereinement la route, 2013, 136 p. Marthe Mahieu, L’étoile de Nativitas. Monica Nève au cœur des Marolles, 2013, 120 p. et CD audio. Jean-Marie de Marneffe, La joie d’un moine. Journal mystique, 2013, 128 p. José Mpongo Ponte, Les voies du bonheur conjugal, 2013, 124 p. Henri Weber, Quand bourgeonne l’espérance. 24 récits tout simples, 2013, 70 p. Arthur Buekens, Quand la Bible parle de pardon, 2013, 142 p. Gérard Fomerand, Renaissance du christianisme. Le retour aux origines, 2013, 284 p. Giorgio Gonella, Le vent parfumé du désert. Sur les traces de Dieu, entre solitude et communion, préface d’Arturo Paoli, 2013, 192 p. José Davin et Paul-Emmanuel Biron, Quand germe la semence. Chemins pour l’Église de demain, 2012, 216 p.
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Christophe Rouard, Quinze regards sur les apparitions de Beauraing, préface du cardinal Julien Ries, 2012, 244 p. Mgr André-Joseph Léonard, La Divine Tragédie. Libre parcours dans la foi chrétienne, 2012, 122 p. Dan Beaurain-Gaël, François d’Assise, l’insoumis de Dieu, 2012, 424 p. Pascale Dalcq, Et votre joie sera parfaite. Témoignage. Itinéraire d’une résurrection, 2012, 134 p. Pierre Favre, La foi dans la peau. Témoignage, 2012, 244 p. Didier Vandevelde et Bruno Senny, Dieu en rit encore. Perles d’ados, 2012, 126 p. Hubert Jacobs s.j. (dir.), Saints et bienheureux de Belgique, 2012, 136 p.
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Achevé d’imprimer en septembre 2019 sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery 58500 Clamecy Dépôt légal : septembre 2019 Numéro d’impression : XXXXXX Imprimé en France La Nouvelle Imprimerie Laballery est titulaire de la marque Imprim’Vert®
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À l’école des moines La sagesse monastique s’avère fort précieuse au milieu d’un monde sécularisé. Ce livre confronte notre style de vie à cette sagesse. En éclairant des situations concrètes grâce au mode de vie des moines, nous apprenons à connaître différemment la vie monastique. Le moine est continuellement à la recherche d’un bon équilibre et d’une distance adéquate par rapport à ce qui se passe en lui et autour de lui. Cette quête de l’intériorité dans le réel offre un rééquilibrage idéal par rapport à la vitesse, au bruit et à la soif de performance caractéristiques de notre culture. Introduire des accents monastiques dans la vie quotidienne, voilà une excellente recette.
Erik Galle
ISBN 978-2-87356-832-0 Prix TTC : 14,00 €
9 782873 568320
Photo de couverture : © Richard Boutin / CIRIC
Erik Galle est prêtre et psychothérapeute. Il est l’auteur de différents ouvrages sur la croissance spirituelle et le bonheur. Sa familiarité, tant avec la vie monastique qu’avec le cheminement intérieur de libération traverse les 30 méditations rassemblées dans ce livre.