Myriam Tonus
L’Évangile dans la chair
Préface de Mgr Albert Rouet
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Myriam Tonus
L’Évangile dans la chair Préface d’Albert Rouet
« Béthanie »
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Illustration de couverture : Martin Schongauer, Jésus tire Adam et Ève hors de leurs tombes à la résurrection. Huile sur panneau de bois. Fin xve siècle. Musée Unterlinden, Colmar.
© 2020, Éditions jésuites Belgique : 141, avenue de la Reine, 1030 Bruxelles France : 14, rue d’Assas, 75006 Paris www.editionsjesuites.com Dépôt légal : D.2020, 4323.10 ISBN : 978-2-87356-848-1 Maquette : Jean-Marie Schwartz Imprimé en Europe
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Pour Geo Longrée, qui fut mon premier évangile.
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Ce ne sont pas ceux qui sont forts qui ont besoin de mĂŠdecin, mais ceux qui ont mal. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des errants. Mc 2, 17
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S
’agit-il d’une usure ? Les mots prennent de l’âge et se dévaluent. Les institutions connaissent des crises d’arthrose. Elles font encore semblant de marcher, mais les jointures perdent leur souplesse. Le sacré se métamorphose et s’en va papillonner sur d’autres parterres que les nôtres. À tout cela, vingt siècles d’histoire nous ont habitués. Nous avons appris à changer les pièces, à trouver des termes plus neufs, à mettre en cure les fonctionnements paralysés. Depuis longtemps, nous savons faire des infiltrations : un peu de musique rythmée, beaucoup de « réseaux sociaux », quelques sessions de management, et la machine repartira. Une restauration donc : des perspectives d’avant le Concile, plus Internet et beaucoup de téléphones portables… Ce diagnostic relève d’un rebouteux. Il ne s’agit pas de cela. Alors, la baisse des effectifs ? Il pleut des statistiques comme giboulées en mars. À ce propos, quelques réflexions : la
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pastorale s’est crispée sur le nombre, au besoin en imposant, par la peur ou la séduction. Jésus, lui, insistait beaucoup plus sur la conversion profonde, celle du cœur, que sur une quantité d’adhérents, dont il se méfiait. On compte encore la « pratique » religieuse comme le vieux curé totalisait ceux qui avaient fait leurs pâques, calculant le nombre d’hosties qui restaient. C’est beaucoup restreindre la pratique évangélique. On reste encore dans l’étalage, la vitrine, la peinture… Le vrai problème est bien plus loin. C’est de toute autre chose que parle ce livre, une chose d’avant les présentations, d’avant les médications et les thérapies. Avant les rafistolages pour retaper du vieux. Je garde en mémoire cette question d’un adolescent : « Peut-il encore sortir du neuf de votre vieille affaire ? » Du neuf, donc de l’unique, et non du nouveau qui reste du retapé mis au goût du jour. Quoi de neuf ? Telle est la question qui rend possible la foi, celle qui est relation vivante. Ce livre parle de chair et de parole. Les deux surgissent au présent. La chair est traversée par le désir. Elle n’est pas une momie. La parole s’adresse aujourd’hui à un humain qui l’écoute dans sa chair. Il ne suffit pas de lire une parole, il faut la dire et l’entendre : « La foi naît de l’écoute » (Rm 10, 14). Avec du souffle et un ton approprié. La chair n’est pas ce qu’un pessimisme moral en a fait. Elle désigne l’homme concret, tel qu’il se présente, avec un corps solide ou maladif, une histoire tissée de joies et de déceptions, de travaux et d’espoir… l’homme ordinaire. Le Christ ne s’est pas incarné dans une humanité idéale, avec une anthropologie préétablie. Pour venir en humanité, il a consenti à la réalité. C’est avec une chair concrète qu’il a manifesté combien Dieu
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aime, en premier, cet humain effectif. Le Fils ne s’adresse pas à une idée de l’homme, mais à des personnes réelles, telles qu’elles lui arrivent. Parce qu’il les accepte, qu’il consent à ce qu’elles sont, il décèle en elle une clarté, une espérance dont elles n’avaient peut-être pas même l’idée, ou qu’elles rejetaient faute de s’en estimer capables. Ce faisant, il les révèle à elles-mêmes. Cette chair, loin d’être inerte, porte un désir toujours inassouvi, plus grand qu’elle, plus intense. On peut aisément en caricaturer les excès. Cette police tend à domestiquer l’ardeur de son élan. Elle arrive parfois à le réprimer si violemment que sa force se retourne en répression plus forte encore contre les autres. Ces refoulements parés de vertu ont tué Jésus. Non pas que le Christ ait laissé libre cours à un désir anonyme, toujours capable de noyer une liberté. Ce serait, en effet, rabattre la chair sur elle-même, donc l’exaspérer en cette clôture. Jésus a placé, devant l’illimité du désir, l’infini d’un amour à recevoir et à communiquer. En touchant l’homme au cœur, à partir de son besoin de santé ou de reconnaissance, il lui a ouvert une porte sur l’horizon de sa marche. Pas à pas, avec la patience de l’amitié. Ainsi donne-t-il à l’humain la conscience de sa dignité, parce qu’il le respecte infiniment. Il l’aime d’agapè, sans image préconçue. Ce livre le montre avec bonheur. La chair parle. Myriam Tonus y revient souvent. Je n’insiste pas. Il est cependant un aspect de la parole que j’aimerais développer ici, bien que l’auteure se défende d’écrire un nouveau livre sur la réforme de l’Église (ils abondent !). Une réforme peut se contenter d’un simple accommodement. Ici, le point de départ est autre : toute parole émane d’une personne unique et vise, même en groupe, des personnes uniques
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appelées à écouter et à manger cette parole pour en faire la vie de leur vie. Donc la parole déborde, et de loin, les mots. Pour autant, elle reste paradoxale dans son énonciation, à la fois unique et sociale. Un petit d’homme apprend à parler. Il reçoit les mots et la grammaire, la syntaxe et l’art de composer une phrase. Donc un « patron », comme pour un vêtement. Parfois, l’apprentissage est rude, mais sans lui la parole ne quitterait pas le stade du cri. Ce langage cadré peut étouffer toute parole originale. En cette conformité, il répète des propos convenus. Mais, dans ce travail collectif, l’humain peut aussi apprendre à dire « je ». Se couler dans les conventions du parler correct effectue le premier pas vers l’expression originale du sujet, même en respectant la grammaire, la syntaxe et l’univers limité de la phrase. Le lieu de la socialisation langagière est aussi l’endroit où surgit le plus personnel. La parole de tous y devient parole unique. Le rapport aux autres qui précède l’émergence du sujet favorise une parole neuve. Et elle y retentit. Ce qui retentit dans cette nouveauté, c’est, dans le meilleur des cas, que les codes du langage laissent ouvert un vaste espace de possibles. Ils n’ont pas tout prévu, ils n’ont pas déjà tout dit. Ces possibles sont le terrain de la liberté. Une parole de révolte retourne les expressions. Elle ne les change pas. C’est pourquoi sa victoire la rend aussi intransigeante que ses adversaires d’hier. Il me semble que le propos véritable de ce livre se tient en ce lieu de naissance. C’est beaucoup plus qu’un rajeunissement de mots défraîchis. C’est autre chose que des gadgets de modernité. Il y est question de la parole, très exactement d’une « chair parlante », c’est-à-dire, au milieu des humains, d’une
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histoire unique qui commence à dire « je ». Et cela touche l’Église au cœur. Comme groupe social, aux limites indécises, l’Église donne un « patron » pour découper l’habit de la parole. Il n’y a pas de vocabulaire chrétien (sauf quelques mots), mais il y a une grammaire avec son souffle et son élan, et une syntaxe avec ses références. Il y a surtout le ton, le style. La parole de l’Église lui vient d’un Autre, chair et parole. La communauté est au service de cette source dont elle n’est pas la maîtresse. Alors l’Église se trouve devant un choix : ou bien serrer le cadre au point de ne laisser s’exprimer que des répétitions et des commentaires de ces répétitions — et le résultat visible en est une insignifiance piquetée de duretés minoritaires. Ou bien cette Église prend au sérieux la phrase de Paul : « C’est pour la liberté que le Christ nous a libérés » (Ga 5, 1). L’homme libre étant celui qui a le droit et le devoir d’intervenir dans les affaires de sa ville. Il s’oppose en cela aux « esclaves sans statut ». Le même Paul fait de tout chrétien — fût-il civilement un esclave — un acteur de sa communauté (1 Co 12, 7). Citant saint Augustin, le concile Vatican II rappelait que l’Esprit s’adressait à tous à partir des derniers des fidèles laïcs (Sur l’Église, 12). Son souffle fait surgir des paroles à ne pas éteindre (1 Th 5, 19). Nous ne sommes pas encore sortis des structures féodales, pour les territoires et ses « seigneurs », pour la profonde division entre enseignants et enseignés, c’est-à-dire entre majeurs et mineurs. Dans ces collets, la parole est étranglée. Certains redoutent que, sans plus de limitations, les bavardages et les sanglots émotifs ne s’emparent de la parole pour la soumettre à leurs terribles lois. Pourtant, la parade est
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prévue, qui requiert un service particulier : celui de la communion. Car plus est émise une parole fortement personnelle, plus sa vérité a besoin de relations. Exactement comme à la chair il faut des circuits pour communiquer. Myriam Tonus se défendait d’écrire un ouvrage sur la rénovation de l’Église. Avec plus de pertinence et de profondeur, elle conduit le lecteur jusqu’à un point où il lui faut écouter et prendre la parole, c’est-à-dire exister. Car la Parole du Christ rend parlant (dans les évangiles, il pose 253 questions). À l’Église, déjà, ont été confiées la chair des humains, leur histoire, leurs faiblesses, leurs joies. Mais cette confiance ne prendra sens que si elle sait entendre ce que disent ces vies : leur parole. Cela ne relève pas d’un système religieux, même bien pourvu. C’est une question de foi. Je veux dire : croyons-nous en ceux à qui le Christ fait confiance ? Albert Rouet archevêque émérite de Poitiers •
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Introduction
Un homme possédait cent moutons. Il en perdit un, qui était sorti pendant la nuit. L’homme fit le tour de la clôture et répara les trous. Le lendemain, au matin, il se rendit compte que dix moutons étaient sortis. Il décida de placer des fils barbelés au-dessus de la vieille clôture. En vain : le jour suivant, dix autres moutons avaient disparu. L’homme électrifia la clôture, sans plus de succès. Chaque nuit, des dizaines de moutons quittaient l’enclos. L’homme se désespérait de voir son troupeau diminuer chaque jour. Il eut beau les appeler, les appâter avec la nourriture qu’elles connaissaient, rien n’y fit.
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l’évangile dans la chair À la fin, l’homme fit construire un mirador. C’est là qu’il vit désormais, surveillant les quatre moutons qui lui restent. Les 96 autres vivent loin de l’enclos. Leurs agneaux ne savent même plus ce qu’est un berger.
Que le lecteur, la lectrice me pardonnent ce détournement de la parabole que l’on trouve chez les évangélistes Mathieu et Luc. Ce genre littéraire, chemin buissonnier de la pensée, permet d’évoquer, en peu de mots, des situations à la fois familières et complexes qui demanderaient, en d’autres styles, d’interminables explications. La parabole ne démontre ni ne sermonne. Elle se contente — et c’est là son efficacité — de raconter une histoire que chacune et chacun peut reprendre à son compte, méditer… ou oublier. La religion catholique est aujourd’hui, en Europe occidentale, dans une situation historiquement inédite. La sécularisation, entamée au xviiie siècle, lui a définitivement retiré toute autorité temporelle et politique. La science a désormais une entière autonomie. Même en matière morale et éthique, la religion est devenue un cadre et référent de pensée parmi d’autres. Tout de même, il y a bien encore des personnes qui se déclarent catholiques ! Certes. Mais déjà faudrait-il distinguer celles qui se revendiquent d’une identité « passive », historique, de celles qui sont, comme on dit, des pratiquants réguliers. D’après le rapport rendu, en novembre 2018, par l’Église, il y aurait un peu plus d’un million de catholiques en Belgique, dont moins de 4,5 % de fidèles assistent
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régulièrement à la messe dominicale, même si 9,42 % se déclarent encore pratiquants. Des fidèles vieillissants : l’assistance de plus en plus essaimée est, dans la plupart des églises, composée d’hommes et de femmes qui ont plus de 60 ans. Peu ou pas de familles, quasiment pas de jeunes. Quelques paroisses font exception ; sans minoriser le moins du monde leur dynamisme, il serait toutefois imprudent d’y voir l’assurance d’un renouveau possible : les exceptions n’enraient jamais l’avancée d’un mouvement global. La crise est évidente de quelque côté que l’on regarde ce qui, il y a moins d’un demi-siècle, se présentait encore fièrement comme le « pilier » chrétien : parmi les mouvements associatifs, mutuelles, syndicats, lieux d’enseignement qui se réclament encore de la tradition chrétienne, la plupart ont rompu le lien hiérarchique qui les liait historiquement à l’Église — notamment les mouvements de jeunesse qui ne conservent avec elle, au mieux, qu’un lien symbolique. Quant aux vocations presbytérales, elles sont devenues, elles aussi, bien rares : en Belgique, un prêtre sur cinq est d’origine étrangère et les quatre autres sont, pour la plupart, d’un âge avancé. Des diacres et assistantes paroissiales pallient quelque peu la vacance des postes. On peut évidemment hausser les épaules et ne voir dans ces chiffres que l’expression d’un pessimisme bien à l’opposé de l’espérance chrétienne. On peut évoquer une crise, par définition passagère. C’est bien ce qui se faisait dans les années 1980, lorsque l’économie mondialisée a commencé à s’imposer. On parlait alors de « la crise » et seuls quelques oiseaux de mauvais augure évoquaient la possibilité d’une
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mutation profonde. Quelques décennies plus tard, on voit ce qu’il en est advenu : un ordre ancien est en passe de disparaître et l’on n’en finit pas de ressentir, l’une après l’autre, les ondes de choc de ce qui s’annonce comme un avenir particulièrement opaque. Ce qui se produit dans la religion catholique est probablement du même ordre, et l’on éprouve autant de difficulté et de crainte à envisager l’impossible : la fin d’un système que l’on pensait immuable, éternel. Serions-nous donc à la fin de quelque chose ? Serait-il possible qu’au terme de vingt siècles d’histoire humaine, habités d’une Parole 1 et d’un souffle qui ont transformé celles et ceux qui en vivaient, on assiste, impuissants et médusés, à la disparition de ce qui paraissait aussi indispensable à l’humain que l’air et la nourriture ? Les civilisations et les religions sont mortelles — leurs vestiges glorieux font désormais partie du patrimoine artistique et touristique. Comment ne pas y songer lorsque des jeunes, dûment éduqués et qui ont suivi pendant douze ans deux heures de cours de religion, reconnaissent ignorer ce qu’est une basilique, le Vendredi saint… ou qui est le pape François ? La plupart d’entre eux ont été baptisés, un certain nombre a encore fréquenté le catéchisme jusqu’à la confirmation, devenue une sorte de « sacrement de conclusion ». Mais désormais, c’est comme si Dieu et la religion s’étaient effacés de leur paysage intérieur. Ils ne rejettent 1.¥Chaque fois que dans ce texte le mot Parole est indiqué avec une majuscule, c’est pour désigner spécifiquement les Écritures. Avec une minuscule, il désigne une parole humaine — ce qui ne diminue en rien la puissance agissante de cette dernière.
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pas la religion — ils l’ignorent. Comme ils ignorent que certains jeunes vont aux JMJ, à Taizé ou dans une aumônerie étudiante. Le savent-ils que cela les laisse indifférents — tout comme ils sont indifférents à la foi de leurs grandsparents, ce qui suscite inquiétude de beaucoup de ces derniers. Si leurs parents sont sortis des églises et s’attardent « au parvis » (il nous faudra interroger cette expression désormais convenue dans l’Église…), eux-mêmes vivent leur vie — y compris les événements tragiques qui peuvent la traverser — sans que la « question de Dieu » n’affleure jamais. Et sans qu’ils en ressentent un quelconque manque. Sont-ils athées ? Même pas. Parce que se dire athée, c’est encore se référer au théos, à un dieu, fût-ce pour le nier. Pourquoi ce focus sur les jeunes ? Parce qu’ils sont l’avenir. Et que dans leurs préoccupations d’avenir, la religion est absente. La religion, oui — mais la foi ? Ces jeunes ne croient-ils donc en rien sinon au plaisir immédiat, comme le prétendent des esprits grincheux ? Mais qu’est-ce que « croire » ? La foi est-elle nécessairement associée à un contenu religieux ?… Il va nous falloir, là encore, prendre le temps de revisiter nos représentations habituelles de ces mots. Et, surtout, refuser fermement et d’emblée de céder au pessimisme et au défaitisme. Tenir ensemble la réalité du constat, si lourd soit-il, et la nécessaire espérance. En gardant à l’esprit que l’espérance n’est pas à confondre avec l’optimisme : elle est volonté de ne pas se résigner à l’accablement et même, c’est lorsqu’apparemment il ne reste rien (ou si peu) que l’espérance, de possibilité se fait devoir. Car l’accablement, on le connaît.
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C’est celui de ces croyantes et croyants de plus de quarante ans — en tout cas de celles et ceux qui continuent de tracer leur chemin, devancés par une Parole qui pour eux fait sens, qui leur donne d’avancer, même s’ils et elles ne savent plus très bien où ils marchent. Ils sont déstabilisés non seulement par la mutation de la société, mais aussi parce qu’ils ont comme perdu le goût de la religion qui pourtant leur était familière. La vie ecclésiale, les rites, toute cette « culture catho », ça ne leur dit plus rien. Au sens propre : cela ne leur parle plus. C’est l’accablement de cette « étrange communauté », comme l’appelait le théologien Maurice Bellet, qui regroupe sans qu’ils se connaissent celles et ceux qui sont sur « un chemin sans chemin » : « On savait se tenir et vers quoi l’on marchait. Il y avait une carte et des routes sur la carte. Mais maintenant, plus de cartes, plus de routes […]. Ici, ces références ont cessé. Le vide du désert ne s’inscrit en rien. Il n’offre aucun espace à la parole. L’homme religieux peut dire : Dieu est silence : le sage peut dire : le Sans nom est au-delà de tout. Ici, que peut dire l’être humain ? Rien. C’est le Rub al-Khali de l’Arabie, le désert du désert où tout ce qui donnerait repères, pistes, source, habitation a disparu […]. Il s’agit de celles et ceux qui avaient et qui ont du goût pour la vie, qui ont voulu le meilleur, qui se sont avancés en un chemin de création et communion ; et ils se sont trouvés, peut-être d’un coup, jetés dans ce qui était pour eux la fin de tout 2. »
2.¥Maurice Bellet, Un chemin sans chemin, Paris, Bayard, 2016, p. 13-15.
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Cette étrange communauté n’est pas de celles que l’on peut encore observer aujourd’hui dans le monde catholique et auxquelles elle n’arrive plus à s’identifier. Pour faire court et en posant clairement les limites de la description, disons que deux profils de communautés sont assez visibles. Le premier se caractérise par un retour à la tradition, aux formes que l’on pensait définitivement disparues depuis le concile Vatican II. On songe bien sûr aux traditionalistes purs et durs qui ont trouvé, à travers Internet et les réseaux, des moyens démultipliés de faire entendre leur voix dans l’espace social. Mais on songe aussi à ces communautés et mouvements qui entendent vivre et promouvoir un style de foi qui exclut le doute, le questionnement et valorise l’obéissance joyeuse à l’Évangile… et aux autorités hiérarchiques qui l’incarnent. On songe enfin à ces jeunes prêtres et religieux fraîchement ordonnés qui revendiquent le port d’habits et de signes distinctifs, marqueurs clairs de leur identité. Pour ces catholiques affirmés et fiers de l’être, le concile Vatican II n’est plus qu’un évènement parmi d’autres dans l’histoire de l’Église ; au regard de la sécularisation et de la laïcisation de la société sans dieu (ce dont ils ne rendent pas tous le concile responsable), il leur semble indispensable et urgent de revenir à une évidence, matérielle et spirituelle, de la foi et la foi telle qu’énoncée par le magistère. Face à un catholicisme qui ne cesse de se fissurer par le fond, ces croyants ont opté pour la sécurité du béton. Le second profil de croyants est celui, apparemment opposé, de celles et ceux qui sont demeurés fidèles aux ouvertures permises par le concile Vatican II il y a plus de
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50 ans. Ils ont vécu l’événement comme une libération porteuse de promesses pour l’avenir. Ils se sont réjouis de ce que « l’esprit de l’Évangile » ait remplacé le petit catéchisme pour guider les consciences. Enfin l’Église passait au monde ! (Mais où était-elle donc avant ? soufflent les mauvaises langues…) Pendant un demi-siècle, ils ont tissé des solidarités, ont rappelé sans relâche que la dimension horizontale de la foi était au moins aussi importante que la verticale et que la libération des humains était la concrétisation de la résurrection. Ils se sont passionnés pour l’exégèse et les grilles de lecture du texte biblique. Mais au fil du temps, l’écart s’est creusé entre eux et une Église peu soucieuse, à leurs yeux, de suivre la marche du monde. Les prières liturgiques de la messe dominicale ne leur parlent plus. Ils n’arrivent plus à dire un Credo élaboré au ive siècle. La Tradition fait certes partie de l’histoire du christianisme, mais il serait temps de la remiser au passé, d’adopter de nouveaux langages, de dépoussiérer les dogmes, bref de proposer une foi en adéquation avec ce que les hommes et les femmes du xxie siècle peuvent en entendre. Face à un catholicisme encalminé dans ses formes et sa théologie traditionnelle, ces croyants ont opté pour la dilution. Il arrive que l’on parle de ces deux profils de croyants en évoquant un combat entre le passé et l’avenir. Intéressante formule, car un combat suppose que les adversaires se trouvent sur un terrain commun ! Et de fait, par-delà les apparences, c’est bien le cas. En effet, s’il est assez facile de lier les partisans d’un recentrage vigoureux à la structure hiérarchique de l’Église catholique, il serait téméraire de
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prétendre que les partisans de la modernité s’en sont définitivement libérés. Au contraire, on retrouve assez souvent chez eux les signes d’une forme de « contre-dépendance » par rapport à cette Église : « On nous dit que… et nous, on dit que… » — ce qui, on l’admettra, revient à se situer sur le même terrain que l’autre. Béton et dilution ne sont que les deux formes d’une même attitude : celle qui consiste à demeurer dans l’espace tel qu’il se présente, sans vraiment en repenser les fondements. Et dans les deux cas, un malheur menace : celui de voir la Parole confisquée au profit de conceptions particulières, que ce soit pour « mettre les grandes vérités au congélateur : elles se conservent, mais elles sont immangeables 3 », ou pour en faire une sorte de fast-food facile d’accès, qui finit par se confondre avec les droits humains et une sagesse qui ne requiert aucun effort particulier. Ce livre ne parlera pas de l’Église et de ses malheurs. Nombreux sont aujourd’hui les ouvrages qui la questionnent et en exposent, avec plus ou moins de rigueur, les sources de dysfonctionnement. Et l’on ne peut que saluer le courage des théologiennes et théologiens dont la réflexion est fondée sur la conviction que l’on peut encore penser un avenir pour le christianisme, sans rupture ni mutation. Je n’en suis pas absolument persuadée. Et quand bien même cela pourrait s’envisager, il faudrait, pour traiter le mal, en finir avec les emplâtres et les placebos, refuser les explications trop faciles, descendre assez profond pour identifier les racines blessées. Pour prendre un exemple qui ne sera pas davantage 3.¥Id., Minuscule traité acide de spiritualité, Paris, Bayard, 2010, p. 86.
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développé dans ce livre, il ne suffit pas de pointer le célibat obligatoire des prêtres pour comprendre la pédophilie, l’homosexualité ou le refus d’ordonner des femmes. Si la sexualité et les rapports entre le masculin et le féminin, entendus comme archétypes structurants en amont des contextes particuliers, demeurent occultés par de pieux discours sur l’image de la femme-mère et le don total de soi, les choses risquent bien de demeurer en l’état. L’Église est une organisation et c’est en tant que telle qu’elle doit être (re)pensée. Le christianisme est une religion, c’est-à-dire une production humaine inscrite dans l’histoire et comme telle, inévitablement appelée à changer — ce qu’elle n’a cessé de faire depuis ses origines. Mais la Parole ? Mais la foi ? Impossible d’enclore la Parole dans le cadre d’une religion, sauf à l’asservir. Impossible de réduire la foi à un corpus de croyances si respectables soient-elles. L’espace de la Parole et de la foi qu’elle nourrit excède de toutes parts les limites commodes qu’on voudrait lui assigner. C’est en amont et c’est au-delà. C’est dans la vie et dans le plus-quevie. Cela concerne chaque humain et l’humanité tout entière. Et cela concerne le tout de l’humain, en sa chair. Pas seulement son âme, son cœur, son esprit — comme on voudra les appeler —, mais ce qu’il est et qui est irréductible à qui ou quoi que ce soit. Qu’il se déclare ou non « croyant » n’a, au final, que peu d’importance si cette qualification ne renvoie qu’à l’adhésion à une religion. La frontière, désormais, ne passe plus clairement entre celles et ceux qui « ont la foi » et celles et ceux qui ne l’auraient pas ou plus. La Parole se donne à tout être
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humain sans condition. Elle est Évangile, c’est-à-dire annonce de bonheur, heureuse annonce pour la vie présente de chacune et chacun, quels que soient son histoire, ses combats, ses défaites et les charretées d’errances et de fautes qu’il ou elle trimballe. L’Évangile, c’est dans la chair qu’il parle et non d’abord dans les méandres de l’intellect même si l’intelligence, on le verra, en est une fidèle et précieuse auxiliaire. L’une des spécificités de la foi chrétienne, c’est qu’elle croit en un Dieu qui s’est donné à voir dans l’Histoire, à travers un être humain, Jésus le Christ. Scandale absolu pour les autres religions ! Que la religion du Dieu incarné ait réussi à isoler soigneusement l’âme et le corps au point de concentrer tout l’intérêt, toute l’énergie sur la première, il y a là, c’est peu de le dire, un motif de perplexité… Et si cette scission était de nos jours, dans une société qui a réhabilité le corps et l’unité de l’être humain, l’une des causes de la désaffection de tant d’hommes et de femmes par rapport à ce qu’ils pensent être le message de l’Évangile ? C’est l’une des causes probables, mais non la seule. Je proposerai dans ces pages quatre autres hypothèses et l’ensemble n’épuise évidemment pas la réflexion. Dans son ouvrage Le christianisme n’existe pas encore 4, Dominique Collin présente une synthèse au scalpel d’un christianisme apparemment à bout de souffle. Je partage la plupart de ses constats et propositions, certains de mes propos paraîtront un écho de son essai. C’est inévitable, car nous labourons le même champ et surtout, nous partageons une passion 4.¥Dominique Collin, Le christianisme n’existe pas encore, Paris, Salvator, 2018.
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commune pour la Parole et son annonce. Maurice Bellet fut et reste pour lui comme pour moi, comme pour tant d’autres, une source d’inspiration particulièrement féconde. Les ouvriers de la vigne, humbles tâcherons de la Parole dans lesquels je me reconnais, ont un désir commun : laisser se dire cette Parole décidément toujours in-ouïe : extraordinaire, oui, mais que peut-être l’on n’a pas encore vraiment entendue. Et puis, à chacune et chacun avec ce qu’il/elle est, son histoire, son approche singulière, l’offrir en cadeau de vie, de croissance et de bonheur. La première partie du livre, consacrée à la situation actuelle du christianisme, pourra paraître accablante à d’aucuns, voire manquer à la nécessaire espérance. Au contraire. Ne serait-ce pas désavouer la Parole que de la laisser s’affadir et se perdre dans les enlisements d’une religion ? La seconde partie se propose de puiser aux sources des Écritures pour (re)trouver la saveur d’une foi tournée vers l’avenir. •
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Chapitre 1
Qu’est-il arrivé ?
1. L’être humain divisé La faute à Platon
Le monde dans lequel nous vivons, que nous pouvons appréhender grâce à nos sens, est affecté par le changement et la dégradation. En dehors de lui existe un monde qui contient l’essence même des réalités que nous percevons : les Idées, immatérielles, éternelles et immuables. Les objets de la réalité sensible sont formés d’après les Idées, mais celles-ci existent par elles-mêmes, indépendamment de notre aptitude à les connaître. Le « vrai » monde, c’est celui des Idées, parce qu’il est permanent. Le monde sensible ne tire son être qu’en participant ou en imitant le monde supérieur. L’être humain est, lui aussi, composé de deux réalités : le corps et l’âme, clairement distincts. L’âme est supérieure 27
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Table des matières
Préface, par Albert Rouet ………………………………… Introduction
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Chapitre 1. Qu’est-il arrivé ? …………………………… 1. L’être humain divisé …………………………………… La faute à Platon ……………………………………… Retrouver l’unité ……………………………………… 2. Des mots à la parole …………………………………… La parole agissante ……………………………………… L’ordre symbolique …………………………………… Pas les mots de Dieu …………………………………… Question de confiance …………………………………… 3. La morale ou la grâce ……………………………… Devoir ou cadeau ? …………………………………… L’amour sous condition ………………………………… 4. Au travail ! …………………………………………… 195
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Table des matières
Chapitre 2. Demain aura souci de lui-même …………… 1. La fin d’un discours englobant ………………………… 2. Quand la foi parle …………………………………… 3. Parle, j’écoute ………………………………………… 4. Je ne suis pas venu pour les justes ………………………… 5. À la santé du monde ! ………………………………… 6. La vie autre ………………………………………… 7. Naître, boire, manger ………………………………… 8. Si je n’ai pas l’amour… ………………………………
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Chapitre 3. Faites ceci en mémoire de moi ……………… 1. La foi comme instance de jugement ……………………… 2. Deviens ce que tu es …………………………………… 3. Transmettre ? ………………………………………… 4. Jamais seul devant Dieu ………………………………
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Ces humains qui guettent un signe ……………………… 185 Table des matières ……………………………………… 195
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Dans la collection « Béthanie » Michel BACQ, L’empathie fait des miracles. Témoignages et exercices, 2020, 156 p. Dominique COLLIN, Croire dans le monde à venir. Lettre de Jacques à nos contemporains, 2020, 132 p. Hugues DELÉTRAZ, Le disciple que Jésus aimait. La Passion vue par Jean, 2020, 240 p. Vincent Flamand, Quand Dieu s’efface…, préface d’Emmanuel Carrère, 2019, 108 p. Erik Galle, À l’école des moines. Vie quotidienne et sagesse monastique, 2019, 144 p. Réginald de Béco, Pour une foi libre. Credo d’un laïc, 2019, 408 p. Emiliano Lambiase, Andrea Marino, Pleine conscience et tradition spirituelle chrétienne, 2018, 276 p. Guy Martinot, Marthe Mahieu-De Praetere, La Viale. Un chemin pour renaître, un lieu pour vivre, 2018, 152 p. Gilberte Degeimbre, Le dernier coup de sonnette. Mes souvenirs, préface de Mgr Vancottem, 2018, 160 p. Anne-Florence Perras, Anne Orcel, Xavier Ernst, Un jeune à la foi, préface de Jean-Marie Petitclerc, 2018, 144 p. Charles Delhez, Trop envie de le dire, 2017, 192 p. Jean-Michel Laurent, Dégonfler des baudruches. Pensées pour inviter à penser, 2017, 128 p. Bruno Régent, La saga d’Abraham, 2017, 240 p. Dolores Aleixandre, La leçon du figuier. Billets d’encouragement. Avec humour, 2017, 176 p. José Luis Sicre Diaz, Satan accuse. Le procès des évangélistes, 2017, 338 p. Rosario Carello, Les coups de fil du pape François. Récits de tendresse, 2017, 152 p. Claire Van Leeuw, Joseph Cardijn. Au nom des jeunes ouvriers, préface d’Étienne Grieu, 2017, 312 p. Giovanni Cucci, Paradis virtuel ou enfer.net ? Risques et possibilités de la révolution digitale, 2016, 120 p. Karin Seethaler, La force de la contemplation. Trouver la guérison dans le silence, 2016, 168 p. Gérard Fomerand, Le christianisme intérieur, une voie nouvelle ? 2016, 224 p. Francesco Lorenzi, La route du Soleil, 2016, 368 p.
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Ghislain du Chéné, Marie, femme de Cléophas. Autobiographie, 2016, 184 p. Gérard Bénéteau, Quelque 2000 ans après… Osez encore y croire, 2016, 96 p. Tommaso Guadagno, Un chemin du cœur. Itinéraire spirituel pour entrer dans le Réseau mondial de Prière du Pape, l’Apostolat de la Prière, 2016, 192 p. Dolores Aleixandre, Aux portes du soir. Vieillir avec splendeur, 2016, 214 p. Bénédicte Oriou, Rassure mes copains, préface de Lytta Basset, 2016, 208 p. Nikolaas Sintobin, Moquez-vous des jésuites… Humour et spiritualité, 2016, 90 p. Christian Vinel, La maladie peut faire grandir. Témoignage et réflexions, préface de Mgr Jean Kockerols, 2015, 142 p. Pape François, 100 textes sur la miséricorde, préface du cardinal Danneels, 2015, 108 p. René Stockman, La boîte de Pandore. Réflexion sur l’euthanasie sous une perspective chrétienne, 2015, 148 p. Jacques Naedts, Saint Monon. Le saint ermite de Nassogne, 2015, 112 p. Robert De Coster, La Parole qui a changé le monde. Six révolutions de Jésus de Nazareth, préface de Jean Delumeau, 2015, 128 p. Nicole Timbal, Pierre Teilhard de Chardin. Un homme de Dieu au cœur de la matière, préface de François Euvé, s.j. et postface de Thierry Magnin, 2015, 470 p. Monique Hébrard, Pour une Église au visage d’Évangile. Douze urgences, 2014, 174 p. Luc Lannoye, Car ils seront consolés. Les grâces de l’écoute et prière, préface de Mgr Léonard, 2014, 280 p. Rosario Carello, 80 fioretti du pape François. Récits authentiques, 2014, 126 p. Juvénal Rutumbu, La Pâque du chrétien, préface de Mgr Vancottem, 2014, 88 p. Corinne Delalande, Quand je rencontre mon frère malade, 2014, 88 p. José Davin, Les personnes homosexuelles. Un arc-en-ciel près des nuages, 2014, 126 p. Michel Salamolard, Communautés chrétiennes. Osez la crise !, 2014, 198 p. José Davin, Lorsque la vie prend de l’âge. Pour continuer sereinement la route, 2013, 136 p. Marthe Mahieu, L’étoile de Nativitas. Monica Nève au cœur des Marolles, 2013, 120 p. et CD audio. Jean-Marie de Marneffe, La joie d’un moine. Journal mystique, 2013, 128 p. José Mpongo Ponte, Les voies du bonheur conjugal, 2013, 124 p.
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Henri Weber, Quand bourgeonne l’espérance. 24 récits tout simples, 2013, 70 p. Arthur Buekens, Quand la Bible parle de pardon, 2013, 142 p. Gérard Fomerand, Renaissance du christianisme. Le retour aux origines, 2013, 284 p. Giorgio Gonella, Le vent parfumé du désert. Sur les traces de Dieu, entre solitude et communion, préface d’Arturo Paoli, 2013, 192 p. José Davin et Paul-Emmanuel Biron, Quand germe la semence. Chemins pour l’Église de demain, 2012, 216 p. Christophe Rouard, Quinze regards sur les apparitions de Beauraing, préface du cardinal Julien Ries, 2012, 244 p. Mgr André-Joseph Léonard, La Divine Tragédie. Libre parcours dans la foi chrétienne, 2012, 122 p. Dan Beaurain-Gaël, François d’Assise, l’insoumis de Dieu, 2012, 424 p. Pascale Dalcq, Et votre joie sera parfaite. Témoignage. Itinéraire d’une résurrection, 2012, 134 p. Pierre Favre, La foi dans la peau. Témoignage, 2012, 244 p. Didier Vandevelde et Bruno Senny, Dieu en rit encore. Perles d’ados, 2012, 126 p. Hubert Jacobs s.j. (dir.), Saints et bienheureux de Belgique, 2012, 136 p.
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Achevé d’imprimer en mai 2020 sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery 58500 Clamecy Dépôt légal : mai 2020 Numéro d’impression : 004209 Imprimé en France La Nouvelle Imprimerie Laballery est titulaire de la marque Imprim’Vert®
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L’Évangile dans la chair
« Avec pertinence et profondeur, Myriam Tonus conduit le lecteur jusqu’à un point où il lui faut écouter et prendre la parole, c’est-à-dire exister. » Mgr Albert Rouet, extrait de la préface
Myriam Tonus Laïque dominicaine et formée en théologie, Myriam Tonus est l’héritière littéraire du théologien Maurice Bellet. Après une carrière professionnelle au sein de l’enseignement, elle est actuellement accompagnatrice de mouvement de jeunesse (Patro), aumônière en hôpital psychiatrique et chroniqueuse dans divers médias. Elle a publié récemment Ouvrir l’espace du christianisme. Introduction à l’œuvre de Maurice Bellet, Albin Michel, 2018.
ISBN 978-2-87356-848-1 Prix TTC : 18 €
9 782873 568481
www.editionsjesuites.com
Illustration de couverture : Martin Schongauer, Jésus tire Adam et Ève hors de leurs tombes à la résurrection.
La religion catholique vit aujourd’hui une crise profonde. Mais ce qui est en train de s’effacer, ce n’est peut-être pas la Parole, source de vie pour les humains, mais un discours auquel on l’a réduite et des pratiques dont le sens s’est perdu. Si elle n’est pas dans la chair, la foi finit par s’épuiser. En mettant au jour les processus qui ont contribué à l’émergence de la crise, Myriam Tonus ouvre un espace pour penser l’avenir de la foi. Nourrie par l’écoute des textes bibliques, elle en offre dans ce livre une lecture à la fois fidèle et résolument ancrée dans le monde tel qu’il est.